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et pour moi Comment ma vision de la mort conditionne-t-elle ma propre vie ?

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ma vision

de la mort

conditionne-t-elle

ma propre vie ?

face

à la

mor

tRites et Ouvertures

Un itinéraire autour des pratiques et des espérances proposées dans quelques grands courants spirituels.

Ces panneaux s’inspirent de l’exposition « Lorsque je serai porté en terre » réalisée en 2004 par le département Théologie Education Formation de l’Eglise Evangélique du Canton de Neuchâtel.

Coordinatrice : Elisabeth Reichen-Amsler

face

à la

mor

t« Tout ce que nous disons sur la mort n’est que bavardages de vivants.

C’est pour moi une arrogance de dire : « c’est une autre naissance » comme si c’était de l’ordre de l’évidence ; comme pour s’épargner quelque chose de l’ordre du passage.

La mort est si immense qu’on ne peut pas la regarder sans avoir les yeux brûlés. C’est comme le soleil, la mort.

Même si nous sommes croyants, ce que nous aimerions nous épargner, à tout prix, c’est le passage par l’effroi sacré. Notre société n’en veut en aucun cas. Il n’en est pas question. Pas question d’être confronté au Tout Autre. A quelque chose qui fait froid dans le dos ; mais qui fait aussi frémir d’impatience, de reconnaissance. »

Christiane Singer, essayiste

chris

tiani

smeLa veillée

Jusqu’aux années 60 et parfois encore actuellement : - dans la tradition catholique, on veille le mort, un cierge allumé à ses côtés, signe de la lumière perpétuelle.- du côté protestant le moment de la mort marque une rupture nette. L’accent est placé sur l’accompagnement des vivants àla famille endeuillée.

La toilette et l’installation du mort

Dès le décès constaté, on ferme les yeux du mort, on pratique la toilette du corps, on habille le défunt de son plus beau costume, et on l’installe dans son cercueil.

La levée du corps

Jusque dans les années soixante, au moment de fermer le cercueil et de quitter définitivement la maison, une brève liturgie réunissait la famille avant d’aller au cimetière.

chris

tiani

smeLe rituel de l’enterrement

Le rituel d’enterrement consiste (en présence du corps), à vivre un temps de prière dans l’église ou dans le temple. Il est composé de lectures bibliques, d’une évocation de la vie du défunt, d’une prière de reconnaissance pour ce qu’il a été et d’une prière d’intercession pour les vivants. Dans la tradition catholique, une messe est généralement célébrée et l’on pratique le rituel d’aspersion d’eau bénite sur le cercueil, rappel de la grâce du baptême. On se rend ensuite au cimetière pour mettre le corps en terre et le rituel se termine par un repas.

Inhumation ou incinération ?La pratique traditionnelle chrétienne consiste en l’inhumation des corps. Toutefois depuis le début du XXe siècle, dans les villes notamment et pour des raisons pratiques, l’incinération est de plus en plus usitée. Depuis le concile Vatican II 1962-65, les catholiques acceptent aussi la crémation.

chris

tiani

smeLe cercueil

Jusqu’au milieu du XIXe siècle, c’est recouvert d’un drap seule-ment que l’on glissait les morts dans la fosse. L’imposition de mesures hygiéniques rigoureuses a peu à peu rendu les cercueils obligatoires. Ceux-ci étaient confectionnés par les menuisiers. Ils étaient constitués de quatre planches brutes. Ils étaient parfois fabriqués à l’avance (on les essayait en se couchant dedans, on les conservait au galetas, en les utilisant pour stocker les noix, le grain et autres provisions à l’abri des souris), soit construits spécifiquement pour le cadavre par le menuisier du village sitôt après le décès. A l’aube de la seconde guerre mondiale un cercueil coûtait une soixantaine de francs.

Le délai avant l’enterrement

Quand survient le décès, on attend trois jours avant de mettre le corps en terre. Cette durée s’inspire des trois jours qui séparent la mort de la résurrection de Jésus.

cath

olic

ismeEt après...

Le baptême porte de la vie éternelle

La résurrection, dès les premiers Chrétiens, est représentée par l’arbre de vie, qui fleurit sur la croix. La mort a été clouée sur le bois sec de la croix, le mal a été vaincu, et la résurrection du Christ a ramené cet arbre à la vie. L’eau et le sang jaillis de son côté sont devenus source de vie éternelle.Pour entrer dans la vie éternelle, dans le Royaume, il faut être comme des enfants, dit Jésus. Il suffit de retrouver la relation confiante au Père. Celui qui peut appeler Dieu « Père » est déjà habité par l’Esprit Saint, nous dit saint Paul.

Le Paradis rouvert aux hommes

Cette image accueille les nouveaux baptisés au choeur de l’église du Latran à Rome : la croix est représentée comme l’arbre de vie du paradis au milieu duquel jaillit une source. L’esprit de Dieu est comme une source d’eau vive, inépuisable en vie éternelle.

La croix source de vie

Au cœur de la croix est représenté le baptême du Christ. Ce mystère du don de Dieu offert à tous les hommes est célébré dans le baptême où nous recevons le don de la vie comme une source abondante et éternelle. Cette source jaillit de Dieu lui-même, du côté transpercé du Christ.

cath

olic

ismeLa croix arbre de vie

Le Christ a montré de quel amour Dieu aime les hommes, en affrontant la mort: «Ma vie nul ne la prend, c’est moi qui la donne», dit-il en témoignant de la vie que Dieu a donnée pour tous les hommes, même ceux qui le crucifiaient, et de l’abondance de son pardon. Il n’a pas regardé les mérites, mais a donné sa vie pour tous, il est allé chercher et appeler la brebis égarée au prix de sa vie.

Les cerfs et les brebis

Au pied de la croix, deux assoiffés se désaltèrent : « Comme un cerf altéré cherche l’eau vive, ainsi mon âme te cherche, toi, mon Dieu ». (Psaume 41,2)

Reconnaître que la vie est un don éternel de Dieu, toujours offert, c’est rentrer dans la relation filiale. Recevoir cette vie comme un don de Dieu, implique l’accueil de toute l’humanité comme une multitude de frères. Celui qui n’aime pas son frère ne connaît pas Dieu. Par l’amour du prochain, on a donc accès à Dieu. Par le respect de la vie et l’accueil du prochain, nous vivons en enfants de lumière et la vie éternelle, l’amour de Dieu pour nous, se manifeste dans le fait de risquer sa vie pour ceux qu’on aime, même les ennemis.

prot

esta

ntism

eEt après...

Une attitude: la confiance

Jésus dit : « celui qui croit en moi vivra, même s’il meurt »

Deux pièges à éviter:1. Faire de l’au-delà un objet de savoir 2. Le passer sous silence

Quelques images de la Bible:

Le grain et la plante« Mais demandera quelqu’un, comment les morts reviennent-ils à la vie ? Quelle sorte de corps auront-ils ? Quand tu mets une graine en terre, cette graine ne peut donner vie à une plante que si elle meurt » I Corinthiens 15, 35-36

La tente et le palais« Nous savons que si la tente dans laquelle nous vivons – notre corps terrestre est détruite, Dieu nous réserve une habitation dans les cieux, une demeure qu’il a faite lui-même et qui durera toujours » II Corinthiens 5, 1

Un festin« Heureux ceux qui ont été invités au festin de l’Agneau ! » Apocalypse 19,9

hind

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eLa mort dans l’hindouisme

« À l’instant de la mort, l’âme revêt un corps nouveau, l’ancien devenu inutile, de même qu’on se défait de vêtements usés pour en revêtir de neufs. Aucune arme ne peut prendre l’âme, ni le feu la brûler ; l’eau ne peut la mouiller, ni le vent la dessécher. » Bhagavada Gita 2.22-23

Pour les hindous, le corps est composé de cinq éléments :La terre, l’eau, le feu, l’air et l’éther.

Lorsqu’un homme meurt, son corps est décomposé dans ces cinq éléments.

Incinération des mortsLa dépouille du défunt est portée par ses proches jusqu’au crématoire où un prêtre prie pour le défunt en vue d’obtenir le salut.

Le corps est déposé sur un bûcher et détruit par les flammes sacrées.

Lorsque le corps s’est entièrement consumé, les cendres sont ramassées à la main et jetées dans le Gange.

Bûcher funéraire sur les bords du fleuve

hind

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eNaissance-Mort-Renaissance

La philosophie hindoue croit en un cycle perpétuel de naissance-mort-renaissance jusqu’à la délivrance de ce cycle.Il y a plus de 8.4 millions de forme de vies possibles, dont la vie humaine est la meilleure.

La vie humaine est celle de l’action, dans laquelle la personne a les facultés de l’esprit, de l’intellect et de la raison qui l’aident à choisir entre différentes options.

Dans la pensée hindoue, ni le paradis, ni l’enfer ne sont éternels, mais ils ne sont que des intervalles entre des renaissances. Tout le monde doit d’abord séjourner un peu de temps en enfer, pour expier les péchés des vies les plus récentes.

Le paradis est obtenu par des bonnes actions, mais seulement pour un temps limité jusqu’à l’épuisement des mérites accumulés.

« Les actions exécutées conformément aux injonctions scripturaires mènent celui qui les a faites aux planètes célestes, pour un plaisir sensuel prolongé.Quand ils ont joui de ces plaisirs célestes, quand leurs mérites se sont épuisés, ils reviennent sur cette Terre mortelle. Un bonheur fragile, tel est donc, après avoir suivi les principes des Védas, le seul fruit qu’ils récoltent. » Bhagavada Gita 9.20-21

Cérémonie funéraire

hind

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eEt après...

«L’âme ne connaît ni la naissance ni la mort. Vivante, elle ne cessera jamais d’être. Non née, immortelle, originelle, éternelle, elle n’eut jamais de commencement, et jamais n’aura de fin. Elle ne meurt pas avec le corps.

A l’instant de la mort, l’âme revêt un corps nouveau, l’ancien devenu inutile, de même qu’on se défait de vêtements usés pour en revêtir de neufs.

Aucune arme ne peut prendre l’âme, ni le feu la brûler ; l’eau ne peut la mouiller, ni le vent la dessécher.

L’âme est indivisible et insoluble ; le feu ne l’atteint pas, elle ne peut être desséchée. Elle est immortelle et éternelle, omniprésent, inaltérable et fixe.

Il est dit de l’âme qu’elle est indivisible, inconcevable et immuable. La sachant cela, tu ne devrais pas te lamenter sur le corps.»

Bhagavada Gita 2.20-25

juda

ïsmeLa préparation du défunt

La mort avérée, on ferme la bouche et les yeux de la personne défunte, et on lui recouvre le visage.Le corps mort étant considéré comme impur, on le dépose sur un support réputé imperméable à l’impureté (le sol) jusqu’au moment du lavement.Les pieds doivent être tournés en direction de la porte.

Le lavement Le caractère sacré d’un être humain ne prend pas fin avec son décès. C’est pourquoi il faut procéder le plus rapidement possible à sa toilette Les membres de la « confrérie du devoir » accomplissent cette tâche. Le corps est lavé dans le plus grand respect de haut en bas avec de l’eau tiède. Après le lavement, le corps est vêtu d’une chemise simple de lin cousue à la main et qui n’a pas de poche, car rien de ce monde ne peut être emporté dans le monde à venir.

La veilléeLa dépouille n’est jamais laissée seule jusqu’à l’enterrement. Les veilleurs lisent des Psaumes. Dans certaines familles, les amis et voisins viennent auprès du défunt pour lui demander pardon de tous les torts et peines qu’ils auraient pu lui causer durant sa vie.

En Europe centrale, des sociétés de funérailles surnommées « les saintes compagnies » se faisaient un devoir d’enterrer les morts de la communauté juive qui ne pouvaient subvenir aux frais du rituel.Fin XVIIIe siècle, Prague.

L’enterrementIl a lieu très vite, si possible le jour suivant le décès pour éviter la dégradation du corps. Le Talmud prescrit de poser son travail quand on voit une procession de deuil. La cérémonie est simple et courte. Il n’y a pas de musique, pas de fleurs, pas d’habits de deuil, et le discours du souvenir est très bref.Il s’agit d’affirmer la réalité de la vie et de l’accepter.

Le cortège et la conduite au cimetièreL’accompagnement du défunt jusqu’à sa dernière demeure est considérée comme un devoir fondamental et un acte de charité.La tradition commande de marquer des pauses en chemin pour montrer qu’on n’est pas pressé d’enterrer le mort. Arrivé au cimetière, le cercueil est mis à plat au fond du trou, les pieds vers l’est pour qu’au moment de la résurrection, lorsque les morts se lèveront, leurs visages soient tournés vers Jérusalem.

La déchirureAvant de combler la fosse, les proches parents du défunt opèrent sur leur vêtement « la déchirure rituelle », dans la zone du cœur.

juda

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La cérémonie funèbreElle se déroule en général dans une salle attenante au cimetière. Elle peut être dirigée par le rabbin, quand bien même sa présence n’est pas obligatoire.La cérémonie est brève. Elle comprend une sélection de psaumes sur la résignation de l’homme face à la volonté divine. L’oraison funèbre est généralement prononcée sur la tombe même.En Israël, le corps est inhumé sans cercueil. Dans les pays occidentaux, où la législation impose l’inhumation dans un cercueil, il est courant d’employer un bois très ordinaire, car dans la mort toutes les différences sociales sont suspendues. Il contient généralement un peu de terre d’Israël pour que le corps puisse rester en contact direct avec la terre selon le verset : « Tu es poussière et tu retourneras à la poussière. »Tout le monde recouvre le cercueil avec de la terre. On dit alors la prière du Kadich qui loue la grandeur de Dieu. C’est l’une des prières les plus importantes de la liturgie juive.

La communauté Elle forme ensuite une haie où doit passer la famille en deuil à qui il est dit : « Que le Seigneur vous console, vous et tous les affligés de Sion et de Jérusalem ! »La parenté comprend ainsi qu’il n’y a pas de retour chez le défunt, mais à la vie, et qu’elle n’est pas seule.

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ïsme

juda

ïsmeEt après...

La Torah ne parle pas de façon explicite d’une résurrection des morts.

Les Maîtres du Talmud insistent toutefois sur le principe de l’immortalité de l’âme.

Maïmonide, auteur des « treize articles de la foi juive » affirme :«Je crois d’une foi parfaite qu’il y aura une résurrection des morts, au moment qui plaira au Créateur, loué soit Son Nom, et Son souvenir sera exalté pour toujours et pour l’éternité des éternités ».

Les rites et les traditions liés au deuil et au respect du défunt sont souvent imprégnés du principe que «l’âme retourne vers Dieu, dont elle émane.» Mettre en terre un être humain qui a tenté durant toute une vie de s’élever spirituellement, c’est comme planter une graine qui extérieurement ne présente aucun signe de vie, mais qui est porteuse de la vie, afin qu’elle s’enracine et vive encore.

Magnifié et sanctifié soit le grand Nom dans le monde qui sera renouvelé et où il ressuscitera les morts et les élèvera à la vie éternelle. (kadich d’enterrement)

islam

Le croyant face à sa mort Pour les musulmans, le décès n’est pas un passage angoissant. Le cadavre n’inspire ni peur, ni répulsion. La mort ponctue un voyage. Elle est une étape transitoire entre le monde terrestre et l’au-delà annoncé comme meilleur et durable. Il est caractérisé par la vision de Dieu, source de bonheur.Le prophète Mohamed lui-même s’est éteint paisiblement, le 8 juin 632, fort d’un sentiment du devoir accompli.

Le lavement du corps

Tout de suite après le constat de la mort, les proches procèdent au lavement rituel du défunt. Ce lavement est un acte saint.Le cadavre est mis sur une table, lavé, puis rincé avec de l’eau.Les cheveux d’une femme sont défaits, lavés, séchés et arrangés autour de la tête.Un deuxième lavage est accompli avec du savon.Le corps doit arriver pur devant Dieu. Il est autant respecté que l’âme.

Tombeau de Mahomet, à Médine. (Image populaire imprimée en Syrie, environs 1960-70), Collection Pierre et Micheline Centlivres, Photo Micheline Centlivres-Demont, Neuchâtel

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Le rituel avant l’enterrement Le corps est emporté à la mosquée où se déroule le rituel qui précède l’enterrement. Il s’agit d’une prière lors de laquelle les participants demandent à Dieu de prendre pitié du défunt et de lui pardonner ses fautes, ainsi que leurs propres fautes, car un jour chacun devra faire ce chemin.

L’enterrementEn principe, il n’y a pas de cercueil. Mais dans les pays occidentaux, celui-ci est obligatoire. Le mort est enterré là où il est décédé. Les tombes doivent être simples. Elles sont dirigées vers la Ka’bah, le temple sacré de la Mecque.Une fois le défunt enterré, un proche ou une personne sage reste près de la tombe et fait des invocations afin de l’aider à répondre aux questions que lui poseront les anges.Trois éléments essentiels accompagnent le défunt à sa dernière demeure : sa famille, ses biens et ses actes. Sa famille et ses biens retournent à la maison, ses actes se mettent en route avec lui pour le voyage vers Dieu.

Grande Mosquée de Genève, lieu de prière

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Et après...

Ce qu’en dit le Coran

Ceux qui disent : «Notre Seigneur est Allah», et qui se tiennent dans le droit chemin, les Anges descendent sur eux : « N’ayez pas peur et ne soyez pas affligés ; mais ayez la bonne nouvelle du Paradis qui vous était promis ! Nous sommes vos protecteurs dans la vie présente et dans l’au-delà ; et vous y aurez ce que vos âmes désireront et ce que vous réclamerez, un lieu d’accueil de la part d’un Très Grand Pardonneur, d’un Très Miséricordieux».

Dieu maître de la vie et de la mort

C’est Dieu qui fait vivre et mourir ; la mort n’est qu’une étape. Le séjour dans la tombe est un état transitoire, agréable ou pénible en fonction de la foi et des actes de la personne défunte, interrogée par les anges Munkar et Nakir.A la fin des temps, la résurrection générale marque le jugement dernier, qui destine les uns aux peines de l’enfer et les autres à la vie éternelle, au paradis.

SagesseLa mort n’est pas un malheur, mais un décret divin. Elle est un prolongement de la vie, une nouvelle patrie.Ceux qui restent doivent l’accepter avec espoir. La lecture et la méditation du Coran est source de paix. Les défunts peuplent les souvenirs des musulmans. Ils sont des points d’orientation pour les vivants.

L’accompagnement des mourantsLes proches du défunt s’occupent de tout. Ils accueillent les membres de la famille, leur offrent à manger. Le mourant prononce le credo qui affirme qu’il n’y a pas d’autre Dieu sinon Allah, et que Mohamed est le messager de Dieu.

Le constat de décèsOn ferme les yeux du défunt immédiatement. Il est couvert d’un drap épais. Les cris sont interdits. Pleurer est cependant une miséricorde.

Peinture d’un martyr de la guerre Iran-Iraq , Meybod (Iran) 24.11.1998Photo Micheline Centlivres-Demont, Neuchâtel

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Dans les années 60

La mort fait l’objet d’études scientifiques. Des recherches sont entreprises en particulier par Elisabeth Kübler-Ross et Raymond Moody. Cet auteur a notamment publié un livre célèbre « La vie après la vie » en 1975. Il rassemble dans cet ouvrage des témoignages de personnes « revenues » après un décès attesté (Near Death Experience) dans le but de percer le mystère de la mort et de l’au-delà. Certaines similitudes sont constatées dans leurs témoignages (sentiment de paix – bruits – tunnel obscur – décorporation – contact avec d’autres êtres bienveillants – l’être de Lumière – panorama de la vie – frontière ou limite – retour) qui vont conduire à l’élaboration de théories scientifiques.

Aujourd’hui

D’énormes bémols ont été apposés aux « vérités » tirées des travaux mentionnés ci-dessus. On sait désormais que les expériences de mort imminente sont individuelles, et par conséquent différentes d’un cas à l’autre. Des observations médicales ont montré qu’une absorption excessive d’oxygène ou de CO2 peut conduire au genre d’hallucination que les équipes de Mme Kübler-Ross ont prises en considération comme des éléments réels.

Photo peinture Jérôme Bosch : Le paradis céleste

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La mort n’est rienDifficile de parler de la mort, car elle échappe à l’expérience. En effet, c’est la vie qui est. La mort, c’est quand la vie s’achève. En soi elle n’est rien. Elle n’a pas d’existence.La vie ce sont les traces que nous laissons, en nous, en chacun de ceux avec qui nous interagissons et dans le monde où nous agissons. À la mort, nous cessons de faire de nouvelles traces et les traces en nous disparaissent.Toutes les autres restent.L’approche de la mort ne pèse pas à celui qui, étant arrivé au bout de ses moyens et ses forces, regarde ses traces en disant « c’était bien ». Elle est triste pour le mourant qui constate : « mes traces ne valent pas grand-chose».Elle est scandaleuse quand elle interrompt une vie en construction.

«Si, comme je le crois, la mort c’est le néant, il n’en est rien : le néant ne fait pas sens. Donc, de ce point de vue, la vie n’a pas de sens : nous n’allons vers rien d’autre que le rien. C’est pourquoi il nous faut profiter de là où nous sommes. Telle est la dimension tragique de l’existence.»

(André Comte-Sponville / né en 1952 / Interview par Djénane Kareh Tager pour «Actualité des Religions»)