École primaire les statistiques aux enfants statbel veut ... · de confort, on doit trouver des...

1
8 Le Soir Mardi 15 octobre 2019 8 société PAULINE MARTIAL C ’est un cours un peu particulier qui attendait les élèves de 4 e pri- maire de l’école communale de Limauges à Céroux-Mousty ce lundi après-midi. Au programme : pas de mathématiques à proprement parler, mais bien une animation avec une am- bassadrice de Statbel, l’Office belge de la statistique (1). Sandrine de Waleffe et une vingtaine d’autres statisticiens quittent cette semaine leurs bureaux pour investir les écoles et aller à la ren- contre de pas moins de 1.800 élèves ré- partis à travers 27 écoles, situées en Flandre, en Wallonie et à Bruxelles. Leur objectif ? Familiariser ces enfants à l’usage des statistiques. « Nous es- sayons de leur faire prendre conscience que les statistiques sont partout autour d’eux. Elles les concernent personnelle- ment, tout comme leurs amis ou encore leur commune. Il faut aussi leur faire comprendre qu’il ne suffit pas de faire parler les chiffres, il faut qu’ils soient fiables », explique Sandrine de Waleffe. Interactif et intuitif Pour les aider à y voir plus clair, Statbel a conçu en décembre 2018 un site inter- actif baptisé « Statbel Junior » (2). « Il a été pensé par nos experts avec l’aide d’un spécialiste en visualisation des données et a fait l’objet d’une phase de test auprès de plusieurs écoles. Cet outil recense un certain nombre de chiffres sur chaque commune belge, chiffres qui peuvent être utilisés par les enseignants et les élèves de 4 e , 5 e et 6 e primaire, âgés de 8 à 12 ans, qui ont déjà quelques no- tions de la statistique », confie Wendy Schelfaut, porte-parole de Statbel. Le site, à la fois interactif et intuitif, sert de support durant l’animation au cours de laquelle les ambassadeurs de Statbel abordent des cas concrets. « On part des données qui concernent leur commune, ici c’est Ottignies-LLN. On observe avec eux, par exemple, combien d’enfants de leur âge habitent la com- mune, la répartition hommes-femmes, les types de bâtiments les plus fré- quents sur le territoire, le nombre d’ac- cidents qui y est recensé. On compare également la situation de leur com- mune avec celles des entités voisines pour essayer de susciter chez eux des questionnements », développe San- drine Waleffe. Et la sauce semble prendre parmi les élèves, à l’instar de Valentin qui a décelé une information qui l’intrigue : « A Ot- tignies-Louvain-la-Neuve, il y a plus de garçons que de filles. Mais moi, j’habite à Genappe et c’est l’inverse. C’est bi- zarre. Je ne m’étais jamais posé la ques- tion avant. » Susciter des questionnements Et c’est là que se situe tout l’intérêt de cette animation et de l’outil proposé par Statbel, selon Patricia Lecler, professeur de sciences à l’école communale de Li- mauges. « Les élèves de 4 e primaire sont peut-être encore un peu jeunes, mais chez les 5 e et 6 e , on remarque que ça suscite de véritables interrogations, notamment au niveau des naissances et des décès. A leur âge, ils ne développent pas encore d’eux-mêmes des question- nements liés à l’importance des chiffres. Ce genre d’initiative peut servir de dé- clic », estime-t-elle. Pour amener ces enfants à s’interro- ger de la sorte, les ambassadeurs de Statbel doivent néanmoins faire un ef- fort important de vulgarisation. « C’est un véritable challenge pour nous parce que nous ne sommes pas professeurs. On doit livrer un contenu qu’on maî- trise, mais à un public qui est totale- ment différent de ce à quoi on est habi- tué. On sort totalement de notre zone de confort, on doit trouver des exemples clairs et concrets. Pour leur faire comprendre l’importance de la statistique, je leur donne l’exemple sui- vant : si 1.000 bébés naissent cette an- née mais qu’il n’y a que 700 places dans les crèches, certains enfants n’auront pas de place. Ils comprennent ainsi l’importance de disposer de ce genre de données », affirme Sandrine de Waleffe. Les enseignants voient en « Statbel Junior » un matériel exploitable dans le cadre de leurs cours, notamment ceux de maths, sciences ou géographie. Cer- tains enfants, comme Adam, envisagent même d’utiliser la plateforme à la mai- son : « C’est super-intéressant, on peut apprendre plein de choses sur la com- mune où on habite. En plus, on peut voir des graphiques sur notre tablette, c’est plus facile à comprendre que pen- dant le cours de maths. » Le contenu du site sera, lui, prochainement amélioré avec des thèmes situés au cœur des in- térêts des enfants. (1) statbel.fgov.be/fr (2) www.statbeljunior.be/fr Statbel veut faire aimer les statistiques aux enfants ÉCOLE PRIMAIRE Durant cette semaine, des collaborateurs de l’Office belge de la statistique partent à la rencontre des élèves de primaire. Objectif : les enthousiasmer face aux statistiques. Pas de maths ce lundi pour les élèves de 4 e primaire de l’école communale de Limauges, mais une initiation aux statistiques avec une ambassadrice de Statbel. © DOMINIQUE DUCHESNES. En mars 2019, la Chambre a adopté la proposition de loi instau- rant un « droit à l’oubli » de 10 ans pour les per- sonnes ayant souffert d’un cancer. En l’absence de rechute endéans ce délai, elles ne pourront plus être exclues d’une assurance solde restant dû ou être contraintes de payer une surprime. « Cette durée de 10 ans est prise de façon arbi- traire. De par les études statistiques que nous menons depuis 2 ans, nous souhaitons la ré- duire. En effet, pour certains cancers particu- liers, on va essayer de démontrer qu’au bout d’un certain temps, par exemple 4 ou 5 ans, les anciens malades récu- pèrent le même risque de mortalité que la po- pulation générale. Il n’y aura alors pas de raison de les exclure plus long- temps de l’accès à une assurance solde restant dû et donc du droit à l’emprunt », explique le P r Catherine Legrand (UCLouvain). L.TH. Vers un droit à l’oubli non arbitraire ÉCLAIRAGE LÆTITIA THEUNIS L es statistiques quantifient l’incerti- tude. Elles s’immiscent partout dans notre quotidien. En médecine, en pharmacologie mais aussi en marketing, dans le domaine des assurances, pour le calcul des pensions ou encore pour la gestion globale de l’énergie et la prévi- sion des pics de demande. Elles inter- viennent dès qu’une théorie analytique, c’est-à-dire démontrable par des équa- tions, n’est pas envisageable. Même la mise en évidence du Boson de Brout-En- glert-Higgs, récompensée du prix Nobel de physique en 2013, a nécessité un large développement statistique. « Via les statistiques, on accède à une perspective sur le monde qu’il est impos- sible d’obtenir autrement. Par exemple, le salaire brut médian en Belgique (2016) est de 3.053 euros. 50 % des Belges gagnent donc moins et 50 % plus. Ou encore : 15 % des Belges ont déjà pris du cannabis au moins une fois dans leur vie », explique le D r Nathan Uyttendaele, chargé de cours en statistiques à l’UCLouvain. Le progrès médical doit beaucoup aux statistiques, notamment via les essais cliniques. « Un médicament développé pour avoir un effet positif sur telle mala- die est testé en double aveugle, avec un groupe témoin qui reçoit un placebo. Alors que des guérisons surviennent dans les deux groupes, les statistiques permettent d’identifier si le médicament a réellement un effet », explique Eric Cornélis, professeur de mathématiques à l’UNamur. De quoi faire le tri entre mé- thodes et médicaments qui fonctionnent et ceux qui échouent. En génomique, les statistiques sont in- contournables pour tenter de répondre à des questions majeures. « Quel gène ou quelle combinaison de gènes sont res- ponsables de telle maladie ? Y a-t-il une combinaison de gènes qui permettra de mieux répondre à un traitement ? L’ob- jectif final, mais on en est encore loin, c’est la médecine personnalisée : il s’agi- ra d’adapter au mieux le traitement en fonction du profil génétique du bénéfi- ciaire », explique Catherine Legrand, professeure de statistiques et biostatis- tiques à l’UCLouvain. Dans le calcul des primes d’assurance, des notions de calculs statistiques inter- viennent car il s’agit de faire de la prédic- tion du risque. La probabilité que chaque type d’événement arrive est cal- culée, ainsi que son coût. La prime est ainsi définie, en incluant l’astuce de la mutualisation : on ne cotise pas indivi- duellement pour ses risques, mais pour les risques de la population dont on fait partie. « Un enseignement de base » En marketing, les statistiques sont indis- pensables à la conception de publicités ciblées. Certaines chaînes, comme Col- ruyt, envoient des bons d’achat person- nalisés à leurs clients, pour les tenter de consommer davantage. Outre des cou- pons promotionnels pour des produits qu’ils utilisent déjà, ils reçoivent ainsi des bons pour des biens que des clients du même profil achètent. A l’ère du numérique, la capacité de calcul d’un smartphone est supérieure à celle des ordinateurs qui ont permis à l’humanité de fouler la surface de la Lune en 1969. De quoi permettre aux statisticiens de construire des modèles de prédiction toujours plus précis. Pour le meilleur et pour le pire. « A l’avenir, sur la base d’une photo, on sera capable de prédire l’orientation sexuelle d’une personne », pointe le D r Uyttendaele. La population générale est-elle suffi- samment armée pour comprendre ce monde truffé de statistiques ? La ré- ponse est largement négative. « Quelques notions me semblent indis- pensables à la population générale », commente le P r Legrand. « Elles de- vraient être un enseignement de base, au même titre que les maths et l’ortho- graphe. C’est à cause de ce manque de connaissances que les statistiques ont mauvaise réputation. » Et que des édiles peu scrupuleux font dire n’importe quoi aux chiffres pour asseoir leurs décisions. « De façon générale, dès le plus jeune âge, il faudrait enseigner l’esprit critique, matière englobant les statistiques », conclut le D r Uyttendaele. Il y contribue avec « Chat Sceptique », sa chaîne you- tube de vulgarisation des statistiques qui compte pas moins de 110.000 membres. vie quotidienne Les statistiques nous cernent

Upload: others

Post on 27-Feb-2021

0 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: ÉCOLE PRIMAIRE les statistiques aux enfants Statbel veut ... · de confort, on doit trouver des exemples clairs et concrets. Pour leur faire comprendre l’importance de la ... Pour

8

Le Soir Mardi 15 octobre 2019

8 société

PAULINE MARTIAL

C ’est un cours un peu particulierqui attendait les élèves de 4e pri-maire de l’école communale de

Limauges à Céroux-Mousty ce lundiaprès-midi. Au programme : pas demathématiques à proprement parler,mais bien une animation avec une am-bassadrice de Statbel, l’Office belge dela statistique (1). Sandrine de Waleffe etune vingtaine d’autres statisticiensquittent cette semaine leurs bureauxpour investir les écoles et aller à la ren-contre de pas moins de 1.800 élèves ré-partis à travers 27 écoles, situées enFlandre, en Wallonie et à Bruxelles.Leur objectif ? Familiariser ces enfantsà l’usage des statistiques. « Nous es-sayons de leur faire prendre conscienceque les statistiques sont partout autourd’eux. Elles les concernent personnelle-ment, tout comme leurs amis ou encore

leur commune. Il faut aussi leur fairecomprendre qu’il ne suffit pas de faireparler les chiffres, il faut qu’ils soientfiables », explique Sandrine de Waleffe.

Interactif et intuitifPour les aider à y voir plus clair, Statbela conçu en décembre 2018 un site inter-actif baptisé « Statbel Junior » (2). « Ila été pensé par nos experts avec l’aided’un spécialiste en visualisation desdonnées et a fait l’objet d’une phase detest auprès de plusieurs écoles. Cet outilrecense un certain nombre de chiffressur chaque commune belge, chiffres quipeuvent être utilisés par les enseignantset les élèves de 4e, 5e et 6e primaire, âgésde 8 à 12 ans, qui ont déjà quelques no-tions de la statistique », confie WendySchelfaut, porte-parole de Statbel.

Le site, à la fois interactif et intuitif,sert de support durant l’animation aucours de laquelle les ambassadeurs deStatbel abordent des cas concrets. « Onpart des données qui concernent leurcommune, ici c’est Ottignies-LLN. Onobserve avec eux, par exemple, combiend’enfants de leur âge habitent la com-mune, la répartition hommes-femmes,les types de bâtiments les plus fré-quents sur le territoire, le nombre d’ac-cidents qui y est recensé. On compareégalement la situation de leur com-

mune avec celles des entités voisinespour essayer de susciter chez eux desquestionnements », développe San-drine Waleffe.

Et la sauce semble prendre parmi lesélèves, à l’instar de Valentin qui a déceléune information qui l’intrigue : « A Ot-tignies-Louvain-la-Neuve, il y a plus degarçons que de filles. Mais moi, j’habiteà Genappe et c’est l’inverse. C’est bi-zarre. Je ne m’étais jamais posé la ques-tion avant. »

Susciter des questionnementsEt c’est là que se situe tout l’intérêt decette animation et de l’outil proposé parStatbel, selon Patricia Lecler, professeurde sciences à l’école communale de Li-mauges. « Les élèves de 4e primairesont peut-être encore un peu jeunes,mais chez les 5e et 6e, on remarque queça suscite de véritables interrogations,notamment au niveau des naissances etdes décès. A leur âge, ils ne développentpas encore d’eux-mêmes des question-nements liés à l’importance des chiffres.Ce genre d’initiative peut servir de dé-clic », estime-t-elle.

Pour amener ces enfants à s’interro-ger de la sorte, les ambassadeurs deStatbel doivent néanmoins faire un ef-fort important de vulgarisation. « C’estun véritable challenge pour nous parce

que nous ne sommes pas professeurs.On doit livrer un contenu qu’on maî-trise, mais à un public qui est totale-ment différent de ce à quoi on est habi-tué. On sort totalement de notre zonede confort, on doit trouver desexemples clairs et concrets. Pour leurfaire comprendre l’importance de lastatistique, je leur donne l’exemple sui-vant : si 1.000 bébés naissent cette an-née mais qu’il n’y a que 700 places dansles crèches, certains enfants n’aurontpas de place. Ils comprennent ainsil’importance de disposer de ce genre dedonnées », affirme Sandrine de Waleffe.

Les enseignants voient en « StatbelJunior » un matériel exploitable dans lecadre de leurs cours, notamment ceuxde maths, sciences ou géographie. Cer-tains enfants, comme Adam, envisagentmême d’utiliser la plateforme à la mai-son : « C’est super-intéressant, on peutapprendre plein de choses sur la com-mune où on habite. En plus, on peutvoir des graphiques sur notre tablette,c’est plus facile à comprendre que pen-dant le cours de maths. » Le contenu dusite sera, lui, prochainement amélioréavec des thèmes situés au cœur des in-térêts des enfants.

(1) statbel.fgov.be/fr(2) www.statbeljunior.be/fr

Statbel veut faire aimer les statistiques aux enfants

ÉCO

LE P

RIM

AIR

E

Durant cette semaine, des collaborateurs de l’Office belge de la statistique partentà la rencontre des élèves de primaire.Objectif : les enthousiasmer face auxstatistiques.

Pas de mathsce lundi pour les élèvesde 4e primaire de l’écolecommunale de Limauges, mais une initiation aux statistiques avec une ambassadrice de Statbel.© DOMINIQUE DUCHESNES.

En mars 2019, laChambre a adopté laproposition de loi instau-rant un « droit à l’oubli »de 10 ans pour les per-sonnes ayant souffertd’un cancer. En l’absencede rechute endéans cedélai, elles ne pourrontplus être exclues d’uneassurance solde restantdû ou être contraintes depayer une surprime.« Cette durée de 10 ansest prise de façon arbi-traire. De par les étudesstatistiques que nousmenons depuis 2 ans,nous souhaitons la ré-duire. En effet, pourcertains cancers particu-liers, on va essayer dedémontrer qu’au boutd’un certain temps, parexemple 4 ou 5 ans, lesanciens malades récu-pèrent le même risquede mortalité que la po-pulation générale. Il n’yaura alors pas de raisonde les exclure plus long-temps de l’accès à uneassurance solde restantdû et donc du droit àl’emprunt », explique lePr Catherine Legrand(UCLouvain). L.TH.

Vers un droità l’oubli non arbitraire

ÉCLAIRAGELÆTITIA THEUNIS

L es statistiques quantifient l’incerti-tude. Elles s’immiscent partout

dans notre quotidien. En médecine, enpharmacologie mais aussi en marketing,dans le domaine des assurances, pour lecalcul des pensions ou encore pour lagestion globale de l’énergie et la prévi-sion des pics de demande. Elles inter-viennent dès qu’une théorie analytique,c’est-à-dire démontrable par des équa-tions, n’est pas envisageable. Même lamise en évidence du Boson de Brout-En-glert-Higgs, récompensée du prix Nobelde physique en 2013, a nécessité un largedéveloppement statistique.

« Via les statistiques, on accède à uneperspective sur le monde qu’il est impos-sible d’obtenir autrement. Par exemple,le salaire brut médian en Belgique(2016) est de 3.053 euros. 50 % desBelges gagnent donc moins et 50 % plus.Ou encore : 15 % des Belges ont déjà prisdu cannabis au moins une fois dans leurvie », explique le Dr Nathan Uyttendaele,chargé de cours en statistiques à

l’UCLouvain.Le progrès médical doit beaucoup aux

statistiques, notamment via les essaiscliniques. « Un médicament développépour avoir un effet positif sur telle mala-die est testé en double aveugle, avec ungroupe témoin qui reçoit un placebo.Alors que des guérisons surviennentdans les deux groupes, les statistiquespermettent d’identifier si le médicamenta réellement un effet », explique EricCornélis, professeur de mathématiquesà l’UNamur. De quoi faire le tri entre mé-thodes et médicaments qui fonctionnentet ceux qui échouent.

En génomique, les statistiques sont in-contournables pour tenter de répondre àdes questions majeures. « Quel gène ouquelle combinaison de gènes sont res-ponsables de telle maladie ? Y a-t-il unecombinaison de gènes qui permettra demieux répondre à un traitement ? L’ob-jectif final, mais on en est encore loin,c’est la médecine personnalisée : il s’agi-ra d’adapter au mieux le traitement enfonction du profil génétique du bénéfi-ciaire », explique Catherine Legrand,professeure de statistiques et biostatis-

tiques à l’UCLouvain.Dans le calcul des primes d’assurance,

des notions de calculs statistiques inter-viennent car il s’agit de faire de la prédic-tion du risque. La probabilité quechaque type d’événement arrive est cal-culée, ainsi que son coût. La prime estainsi définie, en incluant l’astuce de lamutualisation : on ne cotise pas indivi-duellement pour ses risques, mais pourles risques de la population dont on faitpartie.

« Un enseignement de base »En marketing, les statistiques sont indis-pensables à la conception de publicitésciblées. Certaines chaînes, comme Col-ruyt, envoient des bons d’achat person-nalisés à leurs clients, pour les tenter deconsommer davantage. Outre des cou-pons promotionnels pour des produitsqu’ils utilisent déjà, ils reçoivent ainsides bons pour des biens que des clientsdu même profil achètent.

A l’ère du numérique, la capacité decalcul d’un smartphone est supérieure àcelle des ordinateurs qui ont permis àl’humanité de fouler la surface de la

Lune en 1969. De quoi permettre auxstatisticiens de construire des modèlesde prédiction toujours plus précis. Pourle meilleur et pour le pire. « A l’avenir,sur la base d’une photo, on sera capablede prédire l’orientation sexuelle d’unepersonne », pointe le Dr Uyttendaele.

La population générale est-elle suffi-samment armée pour comprendre cemonde truffé de statistiques ? La ré-ponse est largement négative.« Quelques notions me semblent indis-pensables à la population générale »,commente le Pr Legrand. « Elles de-vraient être un enseignement de base, aumême titre que les maths et l’ortho-graphe. C’est à cause de ce manque deconnaissances que les statistiques ontmauvaise réputation. » Et que des édilespeu scrupuleux font dire n’importe quoiaux chiffres pour asseoir leurs décisions.« De façon générale, dès le plus jeuneâge, il faudrait enseigner l’esprit critique,matière englobant les statistiques »,conclut le Dr Uyttendaele. Il y contribueavec « Chat Sceptique », sa chaîne you-tube de vulgarisation des statistiques quicompte pas moins de 110.000 membres.

vie quotidienne Les statistiques nous cernent