Atelier RAMDAMFranck Dibon & Olivier Misischi

AU BON COIN / COIN DES REVES14, Rue Denfert-Rochereau - 93200 Saint-Denis

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Au Bon Coin, petit projet sur lequel convergent l’essentiel des problématiques environnementales et sociales d’aujourd’hui, est devenu pour nous l’expression des enjeux de l’architecture du quotidien : petite, humble et modeste, elle peut être perçue comme négligeable mais c’est la somme de tous ces petits qui forment la ville et participent de son évolution.

En 2011, nous avons été approchés par une maîtrise d’ouvrage privée pour la requalification d’un petit immeuble situé au bord du canal Saint-Denis qui bien qu’insalubre était occupé par plusieurs familles.Un bâtiment comme tant d’autres en Seine-Saint-Denis mais ayant la particularité d’avoir été pris en photo par Robert Doisneau dans les années 40, auquel il doit son nom Au Bon Coin, et qui de ce fait suscitait le vif intérêt de la mairie, des Bâtiments de France et des associations de riverains.

Nous étions en présence d’un bâti sur lequel convergeait une double problématique liée au renouvellement urbain : le mal logement et la sauvegarde du patrimoine.

De ce constat est née l’idée de profiter du projet architectural pour défendre une vision du patrimoine qui soit vivante, et de saisir cette opportunité pour explorer de nouvelles pratiques dans un lieu aujourd’hui en désuétude. En proposant des interventions avec les habitants, changer le regard porté sur ce lieu et le réinventer pour l’inscrire dans un nouveau cycle de vie.

Patrimoine et durabilité sont pour nous des valeurs communes qui n’ont de sens que si elles sont partagées par les habitants qui s’y identifient. Notre approche est d’associer démarche environnementale et démarche sociale comme les deux faces d’une même pièce. Le projet s’inscrit dans le principe de «cycle de vie» où les matériaux sont les traces des multiples aventures humaines qui ont traversé et traverseront le lieu.

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AI R E S

5 logements locatifs sociaux - restructuration et extension

Phase PRO/DCE

SCI « Au Bon Coin »

Saint-Denis (93)

201 m² SHAB

400 000 € HT

Bureau Thermidor (BET Environnement)ICTEC (BET TCE & Economie du projet)Michèle Constantini (Photographe)

Au Bon Coin

Situation du site en pointe d’ilôt, le long du canal Saint-Denis

Au Bon Coin pris par Robert Doisneau Vue actuelle de l’immeuble

Vue du projet depuis le sud de la rue Denfert-Rochereau

© M

ichèle Constantini

© Robert D

oisneau

Offrir un meilleur cadre de vie

Reloger

Le projet s’inscrit dans un bâti existant insalubre dans lequel vivent plusieurs familles, aux faibles ressources, symptomatique de certains quartiers du centre de Saint-Denis aujourd’hui en plein renouvellement.

Le projet s’inscrit dans le cadre de la requalification des quartiers anciens dégradés. L’initiative est privée, mais grâce aux aides de l’ANAH et à la volonté du maître d’ouvrage de favoriser la mixité, la majorité des logements projetés conservent leur vocation sociale.A sa demande, nous avons réfléchi à la possibilité qu’une partie des habitants puissent rester sur site pendant et après le chantier. Aussi, le projet prévoit-il une extension en bois qui permettrait de les reloger avant la réhabilitation de l’existant. Un partenariat avec la ville de Saint-Denis est également en cours pour permettre aux familles nombreuses d’obtenir de plus grands logements.

Renouveler le patrimoine

S’inscrire dans un cycle de vie...

... Pour le bâtiment

Le réemploi de l’existant, en déconstruisant uniquement ce qui est nécessaire.

La valorisation de la brique, matériau marquant du passé industriel de la Plaine Saint-Denis.

L’utilisation du bois pour l’extension, matériau aujourd’hui le plus adapté aux contraintes du site, grâce aux avantages que procurent sa mise en œuvre: diminution des déchets grâce à la préfabrication, chantier sec, peu polluant, économie d’énergies, réduction des nuisances.

Favoriser la déconstruction future grâce à des assemblages à sec, et en favorisant les cycles courts par le réemploi direct.

... Pour l’habitant Au Bon Coin, connu pour son café est devenu un lieu de référence. Le canal, autrefois industriel et peu accueillant, concentrait son activité sociale dans le petit café, havre d’humanité au milieu d’un territoire hostile. Aujourd’hui le canal devenu attractif, Au Bon Coin n’est plus à l’intérieur mais doit se diffuser sur l’espace public qui l’entoure.

Le projet prévoit le percement du pignon grâce à de larges baies afin d’offrir des vues sur le canal et ainsi retourner le bâtiment, et à travers lui la ville, qui lui tournait le dos .

Le temps du projet et du chantier sera l’occasion d’investir l’espace public et d’organiser des événements avec les habitants, des artistes et les écoles, pour que chacun participe à la mutation du quartier et crée le patrimoine commun d’aujourd’hui et de demain.

Renouvellement urbain

Le percement du pignon marque le retournement de l’immeuble Au Bon Coin sur le canal

Le phasage de l’opération prévoit une possibilité de relogement

Le temps du projet et du chantier sera l’occasion pour les habitants, d’nvestir l’espace public au pied du Bon Coin

Depuis sa création en 2009, l’agence interroge dès l’origine du processus de conception architecturale, la dimension environnementale du projet.Considérant le projet et son contexte comme un tout, les méthodes développées tiennent compte du site, de sa destination, du cycle de vie des matériaux et de leurs usagers.

Caractère bio-climatique de la conception architecturale

Dans le cadre d’une réhabilitation/extension, il est très difficile de prendre en compte de façon intégrale les principes bioclimatiques car l’orientation du bâtiment est prédéfinie.Cependant, les choix retenus sur ce projet sont des solutions simples, qui permettent à la fois un meilleur respect du confort et de la santé humaine, ainsi que du bâti existant :

- Résolution des problèmes d’humidité et de moisissure intérieurs dans l’existant par piquetage intégral de l’enduit ciment existant et choix d’un enduit à la chaux perspirant.

- Choix d’un isolant intérieur sain, à énergie grise faible, et hygroscopique: la ouate de cellulose. Parce que le bâtiment existant est classé, l’isolation par l’intérieur a dû être privilégiée. Elle est associée à l’installation de menuiseries extérieures bois performantes et à la mise en œuvre d’une ventilation hygroréglable de type B.

- Percement de menuiseries en façade ouest afin de dégager des vues sur le canal et de favoriser une ventilation traversante.

- Pour le confort d’été, protections solaire par conservation des volets existants, et l’ajout de stores extérieurs en façade ouest.

Analyse Cycle de Vie Énergétique

Le projet s’inscrit dans une démarche globale d’ Analyse Cycle de Vie ÉnergétiqueLes matériaux et systèmes choisis le sont, non seulement dans l’idée d’une diminution de la consommation énergétique pendant la vie en œuvre du bâtiment, mais également d’une prise en compte de l’énergie nécessaire à la fabrication et à la mise en œuvre des produits (énergie grise), de l’énergie de transport, ainsi que de l’énergie nécessaire à la déconstruction du bâtiment.Cette première analyse pourra déboucher sur une prise en compte de l’ensemble des paramètres d’une Analyse Cycle de Vie (consommations d’eau, toxicité humaine, etc.).

Pour ces raisons, la construction de l’extension est réalisée en ossature bois, avec une isolation globale du bâtiment (neuf et extension) en ouate de cellulose. Les menuiseries sont en bois.

En ce qui concerne les systèmes, les choix faits sont simples et efficaces :- Une mini-chaufferie collective gaz pour un chauffage basse température et la production d’ECS,- Un système de récupération de chaleur sur les eaux grises (Power-Pipe) pour le préchauffage de l’eau chaude sanitaire - Une ventilation mécanique hygroréglable de type B.

Comparer ces choix à ceux faits lors d’une rénovation/extension classique (béton, isolants traditionnels), à travers un outil logiciel Analyse Cycle de Vie, nous permettra de justifier la pertinence de notre démarche.

Critères énergétiques et environnementaux

Principe d’une comparaison graphique de l’analyse Cycle de Vie

Vue du projet depuis le nord de la rue Denfert-Rochereau

Soucieux d’interroger la notion de patrimoine vivant, nous avons voulu offrir Au Bon Coin aux habitants et artistes de Saint-Denis, le temps d’un été.

De cette volonté est née l’idée d’un Coin des Rêves. En collaboration avec le 6b, association d’artistes locaux, il fut décidé qu’un satellite de leur festival La Fabrique à Rêves prendrait place à l’endroit même où Au Bon Coin accueillait jadis les passants dionysiens dans un havre d’humanité.

Débarrassé de sa porte murée en rez-de-chaussée par notre grande équipe, le Coin des Rêves vient se réconcilier avec la vocation première de ses murs, et redevient une fenêtre sur les abords du canal et de la rue Denfert-Rochereau.

Un projet participatif

Inauguré fin mai en présence de différents acteurs politiques de la ville de Saint-Denis, le Coin des Rêves accueille, du 8 juin au 2 septembre 2012, des événements artistiques et associatifs, et est ouvert à tous. C’est un lieu commun, reconnecté à l’espace public, qui favorise les rencontres, et engage la participation des visiteurs.

Une sorte de «FAR» dans la ville.

Deux jeunes du Coin.Fête d’inauguration.

Fête d’inauguration le 25 mai, sur le parvis du Coin des Rêves. Accroche de l’enseigne en présence des élus et des habitants du quartier, lors de l’inauguration.

Démolition du mur condamnant l’entrée.

Jeux pour enfants, proposés par l’association Under Construction, le 31 juin.

Couscous de quartier, le 6 juillet. Réalisation d’une fresque par des graffeurs dyonisiens

Vernissage de l’exposition photos sur la guerre d’Algérie de Denis Guéville, le 6 juillet.

Les Ateliers du Vent, recyclage d’objets du quotidien avec les enfants du quartier par Elise Legrand, du 24 au 28 juillet

Repas de quartier Indien, Poulet Tandoori, le 21 juillet. Les moutons de l’association Clinamen!Spectacle de rue, La Teatreria le 21 juillet.

Installation «Paroles du Coin des Rêves» par l’artiste Rejane Lhote, le 4 août.