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L’origine du langage “l’origine des langues n’est pas düe aux prémiers besoins des hommes ; il seroit absurde que de la cause qui les écarte vint le moyen qui les unit. D’où peut donc venir cette origine ? Des besoins moraux, des passions. Toutes les passions rapprochent les hommes que la necessité de chercher à vivre force à se fuir. Ce n’est ni la faim ni la soif, mais l’amour la haine la pitié la colère qui leur ont arraché les prémiéres voix.”(J.-J. Rousseau, Essai sur l’origine des langues, chap. II) La tour de Babel (1563) d’après Pieter Bruegel l’Ancien La question sur l’origine du langage humain est triple : pourquoi a-t-il été créé, quand, et comment s’est-il développé ? La question du pourquoi et la question du comment sont les questions les plus théoriques ; ainsi, il n’est pas étonnant de constater une grande variété d’opinions et de spéculations dans ces domaines-là. Pour certains, comme Jean-Jacques Rousseau, l’origine du langage et son évolution seraient liées aux passions et à des chants

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L’origine du langage“l’origine des langues n’est pas düe aux prémiers besoins des

hommes ; il seroit absurde que de la cause qui les écarte vint le moyen qui les unit. D’où peut donc venir cette origine ? Des

besoins moraux, des passions. Toutes les passions rapprochent les hommes que la necessité de chercher à vivre force à se fuir.

Ce n’est ni la faim ni la soif, mais l’amour la haine la pitié la colère qui leur ont arraché les prémiéres voix.”(J.-J.

Rousseau, Essai sur l’origine des langues, chap. II)

La tour de Babel (1563) d’après Pieter Bruegel l’AncienLa question sur l’origine du langage humain est triple : pourquoi a-t-il été créé, quand, et comment s’est-il développé ? La question du pourquoi et la question du comment sont les questions les plus théoriques ; ainsi, il n’est pas étonnant de constater une grande variété d’opinions et de spéculations dans ces domaines-là. Pour certains, comme Jean-Jacques Rousseau, l’origine du langage et son évolution seraient liées aux passions et à des chants mélodiques ; pour d’autres, la naissance du langage serait conditionnée par un changement dans l’organisation sociale qui aurait rendu necessaire la parole humaine (Dessalles 2000 : 329sqq.). Les théories diverses ont pris une telle ampleur au XIXe siècle que la Société de Linguistique de Paris s’est vu obligée d’exclure officiellement

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l’origine du langage comme objet de communication dans leurs statuts du 8 mars 1866 :

“La Société n’admet aucune communication concernant, soit l’origine du langage, soit la création d’une langue universelle”(article 2, dans Bulletin de la Société de Linguistique de Paris 1 (1871), p. III)

La plupart des introductions à l’histoire du français prennent le latin, vulgaire ou classique, comme point de départ dans leurs descriptions (ainsi Huchon 2002, Chaurand 1999). Cependant, grace au matériel attesté et à la reconstruction, nous pouvons aller beaucoup plus loin dans la généalogie.

0.0.1. Le français, une langue indo-européenne

La famille des langues indo-européennes se divise en dix branches dont deux sont éteintes aujourd‘hui (le tokharien et les langues anatoliennes). Le français fait partie des langues romanes, qui descendent du latin. Le latin lui-même appartient à la branche italique de l’indo-européen.On a cru pendant longtemps que l’italique et le celtique forment ensemble une branche plus grande, l’italo-celtique. Cependant, les indices et les caractéristiques en commun des deux branches sont insuffisants pour considérer cette “super-branche” comme prouvée (Clackson et Horrocks 2007: 32sqq., Hock 2000: 134sq., Meier-Brügger 2003: 39).

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La famille indo-européenne représentée sous forme d’arbre généalogique, élaborée d’après Crystal 2010: 308 et Fortson IV 2010: 10. Cliquez sur l’image pour voir la version agrandie. Addenda : Dans le groupe indo-iranien, il manque la troisième sous-branche, le nurustani.→ On remarquera que presque toutes les langues en Europe font partie de la famille indo-européenne, sauf le hongrois, l’estonien, le finnois, le basque et quelques petites langues en Laponie et au Caucase.La plupart des romanistes divisent la Romania, l’ensemble des langues romanes, en plusieurs sous-groupes. On trouve à l’Est le sarde, l’italien péninsulaire, le corse, le sicilien et le roumain qui forment la Romania orientale (Wüest 2003: 646), à l’Ouest les autres langues romanes, qui constituent la Romania occidentale : l’italien septentrional, le rhéto-roman, ainsi que le groupe de l’ibéro-roman (portugais et espagnol) et le groupe gallo-roman. Le gallo-roman du nord comprend les dialectes d’oïl et le français qui en est issu, le gallo-roman du sud et de l’est comprend l’occitan et le franco-provençal (Harris et Vincent 1988: 13sqq.). Le catalan est le plus souvent compté comme membre de l’ibéro-roman (ibid.: 12, Walter 1988: 59) mais du point de vue historique, il se situe au fond entre l’ibéro-roman et le gallo-roman (Rohlfs 1966

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: 6).

Carte approximative des langues romanes d’un point de vue historique, sans le roumain. D’après Walter 1988: 59, Huchon 2002: 66, Duval et al. 2011: 651 et la carte de Walter Strauß (université de Bochum).On lit souvent que le français standard, dans son histoire, est simplement le dialecte de Paris ou de l’Ile de France tel qu’il s’est développé dans cette ville (Lodge 1997: 143, Harris et Vincent 1988: 14) mais cela semble erroné. Le français s’est nourri de multiples sources au cours de son histoire, parmi lesquelles le parler de l’élite de la cour royale semble avoir joué un rôle majeur (Wüest 2003: 656) ; d’ailleurs, il ne faut pas oublier qu’il existe aujourd’hui plusieurs français régionaux (Midi, Canada, Belgique, Suisse, Afrique,…) qui varient dans leurs accents, leur vocabulaire et leurs structures (cf. Walter 1988).→ Pour résumer la généalogie (< = fait partie de) :le français < langue d’oïl < groupe gallo-roman < langues romanes < sous-branche latino-faliscienne < branche italique < indo-européen < nostratique ?…

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0.0.2. La méthode comparative

Comment peut-on savoir si deux langues sont en parenté l’une avec l’autre, qu’elles ont une langue-mère commune et qu’elles font pour cette raison partie de la même famille ? En ce qui concerne la famille indo-européenne, on peut nommer le célèbre discours de William Jones, président de la Asiatic Society, en 1786 comme point de départ de la grammaire comparée. Dans cette époche-là, on était fasciné par l’orient et, en particulier, par le sanscrit. Jones remarqua que plusieurs langues différentes avaient tant de points grammaticaux en commun qu’il était presque impossible de prétendre que les ressemblences étaient le fruit du hasard, et qu’il fallait donc penser que toutes ces langues avaient une langue-mère commune :

Le sanscrit, quelque soit son origine, est d’une structure merveilleuse ; plus parfait que le grec, plus copieux que le latin, et raffiné de façon plus exquise que les deux, bien qu’il porte en lui une affinité avec tous les deux, dans les racines des verbes comme dans les formes de la grammaire, qui est plus grande que le hasard probablement puisse produire ; tellement grande, ma foi, qu’aucun philologue ne pourrait examiner toutes les trois langues sans être convaincu qu’elles sont surgies d’une source commune, qui, peut-être, n’existe plus : il y a une raison semblable, quoique non pas dans le même degré, de supposer que la langue gotique et le celtique, bien que melangés avec un idiome très différent, avaient la même origine que le sanscrit ; et que le vieux persan pourrait être ajouté à la même famille, si ceci était la place pour discuter la question concernant l’origine de la Perse.(traduit de “The third Anniversary Discourse, delivered

2 February, 1786″. in Jones 1807: 34sq.)Mais plusieurs décennies passèrent d’abord avant qu’une méthode scientifique ne soit developpée. Au Danemark et surtout en Allemagne, des philologues comme Rasmus Rask, Franz Bopp et Jakkob Grimm étaient les premiers qui comparaient les langues diverses dans la première moitié du XIXe siècle, et plus

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tard, August Schleicher developpait son modèle d’arbre généalogique et des caractéristiques de la proto-langue reconstruite. (cf. Fox 1995: 19sqq.). Mais comment peut-on reconstruire une proto-langue quand on n’a que l’évidence des langues-filles (c-à-d. aucun document écrit dans la langue-mère) ?Le premier pas consiste à rassembler des correspondences de mots (ou de morphèmes) des langues qu’on pense être parentées. D’habitude, on prend les stades les plus anciens de chaque langue et des mots qu’on croit être des mots inherités. Les emprunts doivent être exclus. Un resultat possible serait par ex.:

français: père

pied

mère

italien: padre

piede

madre

espagnol: padre

pie madre

portugais: pai pé mãe

latin: pater

pes

mater

grec ancien:

patér pōs

méter

sanscrit: pitā pātmat

ár

ancien anglais:

fæder fōt

mōdo

r

turc: ata ayak

anne

finnois: isä jalka

äiti

Quand on a ces listes de mots, on voit par ex. que les correspondences de p- intial et de m- initial sont réguliers entre les langues romanes mais aussi quand on prend encore en compte le latin, le grec, le sanscrit et l’anglais, dans lequel p devient f. Ce sont ces regularités qui constituent la base pour l’affirmation

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que deux langues sont parentées. On voit aussi que les correspondences du turc et du finnois ne sont pas reguliers, voire n’ont souvent aucune ressemblence avec les mots des autres langues, ils ne semblent donc pas faire partie de la même famille des langues.Le mot proto-indo-européen pour “père” a-t-il commencé avec f (comme en anglais) ou avec p ? Plusieurs critères sont à respecter: ainsi, il faut tenir compte du son qu’ont la majorité des langues (p) mais aussi dans quelle direction des changements phonétiques vont d’habitude : est-ce plus souvent p qui devient f ou vice-versa ? (critère appellé directionalité). En plus, il faut tenir compte du système phonologique dans son ensemble et des caractéristiques universelles des langues (Campbell 2004: 122–167, Fox 1995: 57–91). Dans le cas présenté ici, c’est un *p- (l’astérisque signifie que la forme est reconstruite) qu’on reconstruit pour le proto-indo-européen. Cela signifie aussi qu’un changement phonétique s’est produit dans l’anglais (et les autres langues germaniques) où un *p indo-européen est devenu f (cf. Walter 1988 : 33).Les Néogrammairiens, un groupe de linguistes de la fin du XIXe siècle, qui se composait, entre autres, de August Leskien, Karl Brugmann et Hermann Osthoff, mettait en avant le fait que certaines correspondences affichent une telle régularité qu’on peut les formuler dans des lois phonétiques: p > f. Malheureusement, il y a aussi des exceptions : il existe des changements irréguliers, des changements par analogie et des emprunts qui troublent l’image. Et bien souvent, un mot est substitué par un autre ou disparait tout simplement dans une des langues, de sorte que le lexique commun à comparer des langues-filles devient de plus en plus petit à travers le temps.

0.0.3. Exemple : trois

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Le nombre “3″ (trois) dans quelques langues indo-européennes, avec comme point de départ le mot indo-européen *tréies. À droite (pour comparaison) “3″ en quelques langues non-indo-européennes de l’Europe. Plus sur les nombres indo-européens dans Gvozdanović 1991.

I.

LA BELLE LEGENDE

Nous avons tous appris à l'école la fable suivante:

En 52 avant Jésus Christ, Jules César envahit la Gaule, alors Celte.Puis les Gaulois vont oublier purement et simplement leur langue celtique pour parler le latin!

En 476 après Jésus Christ lorsque l'Empire Romain d'Occident disparaît, le territoire qui deviendra la France est alors peuplé de Gallo-Romains parlant tous latin et qui assimiliront rapidement les Francs et autres Wisigoths égarés dans le secteur! Ces derniers se mettant à parler sagement latin, comme tout le monde, non mais sans blague!

Bref au Vem, VIem, VII siècle et suivants l'ensemble des habitants de la Francia Occidentalis parlent un excellent latin qui

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toutefois va petit à petit dégénérer.

Nos ancêtres les Gaulois, mélangés d'envahisseurs divers auraient donc gentillement oublié leur langue celtique originale pour se mettre à parler le latin. D'abord parfaitement (!), puis de moins en moins bien, jusqu'à ce que leur langue devienne... le français.

II.

LES ANOMALIES

La gentille fable racontée ci-dessus comporte trois principales anomalies:

1. La supposée langue celtique de nos ancêtres les Gaulois n'a pas pu disparaître ainsi.

2.◦ La langue française ne compte aujourd'hui, en tout et pour

tout que...50 mots d'origine gauloise◦ En dehors de la Bretagne colonisée seulement APRES

après la chute de l'Empire Romain d'Occident, il n'existe aucune région en France où soit attesté l'usage d'un dialecte celtique à travers l'Histoire.

3.4. Si l'ensemble des habitants de la Gaule avaient parlé une

langue celtique jusqu'en 52 avant Jésus Christ, il serait forcément resté dans la France d'aujourd'hui, bien plus que 50 mots d'origine gauloise! Et l'usage de dialectes celtiques aurait aussi perduré dans le temps dans de nombreux coins de France.

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5.6. Les habitants de la Gaule n'ont JAMAIS parlé une langue

celtique, ni avant ni après l'invasion romaine.7.8.9.10. L'écart existant entre les langues française et latine est

bien trop important pour que le français soit issu du latin.

11.◦ Nous savons aujourd'hui lire, pratiquement sans difficulté,

un texte de Montaigne (1533-1592 ) qui a 500 ans d'âge. Nous devrions donc, en toute rigueur être capables, sinon de lire, au moins de déchiffrer et de comprendre le sens général d'un texte latin du Vem siècle, la distance temporelle séparant Montaigne du Vem siècle n'étant que deux fois celle qui nous sépare de Montaigne. Or, nous savons que ce n'est pas du tout le cas.

◦ Le français médiéval du XIem siècle ne comprend pratiquement pas de déclinaisons. Or le latin en comporte six.. Il est difficile d'envisager une telle simplification de notre langue en seulement cinq siècles. Les langues à déclinaisons que nous connaissons aujourd'hui en Europe, allemand ou russe par exemple, ne se sont pas simplifiées à cette vitesse! pourtant les états qui les ont portées ont subi ces cinq derniers siècles largement autant d'invasions destructrices, que la Gaule n'en connu entre les cinquième et onzième siècle.

12. L'immense majorité des habitants de la Gaule n'a JAMAIS parlé le latin

13.14.15.16. L'existence des variantes dialectales présentes en France

est incompatible avec une origine unique, latine, de toutes ces langue ou dialectes, dits "latins".

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17.18. Raisonnons par l'absurde et imaginons que la Gaule ait parlé

uniformément latin à la fin du Vem siècle. Des variantes dialectales se seraient alors créées, correspondantes aux entités politiques ou de civilisations apparues entre la fin de l'Empire Romain et aujourd'hui. Or, entre le Vem siècle et aujourd'hui, AUCUNE entité politique ou de civilisation n'a jamais englobé dans un même ensemble la Wallonie, l'ïle-de-France et la Suisse Romande. Or ces trois régions pratiquent des "dialectes", très proches, à savoir, pratiquement le français classique.

19.20. La conclusion est que:21.22. Les lignes de séparation existantes entre les dialectes dits

"latins" de la langue française sont ANTERIEURES à la colonisation de la Gaule par les Romains.

23.24. Elles correspondent à des séparations de populations ayant

eu lieu avant la conquête de la Gaule par les Romains.25.26.

III.

LE SCENARIO LE PLUS VRAISEMBLABLE

Des anomalies décrites ci-dessus, nous déduisons le scénario le plus vraisemblable.

Le scénario le plus probable est le suivant:

Autour de 2000 avant Jésus Christ, les Indo-Européens arrivent en Europe. Parmi ces derniers, il y a une population "proto-latine" c'est à dire parlant une langue dont seront issus plus tard le français ET le

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latin.Les Proto-Latins s'installent entre autres, en Gaule comme en Italie.Autour de 800 avant Jésus Christ, des Celtes conquièrent la Gaule. Ils s'assimilent rapidement au peuple conquis et se mettent à parler eux-même, entre eux et avec les peuples qu'ils ont soumis une langue proto-latine qui n'est autre qu'un très vieux français.Les envahisseurs de langue celtique vont s'assimiler au peuple qu'ils ont conquis et pratiquer sa langue exactement comme plus tard les Normands s'assimileront aux Français et oublieront leur langue germanique pour ne pratiquer que le français.En 52 avant Jésus Christ, les Romains conquièrent la Gaule.Les habitants de la Gaule d'alors qui en ont besoin, n'ont aucun mal à parler le latin qui est une langue proche de la leur. Ces gens sont les commerçants, les politiques, les militaires mais PAS l'ensemble de la population.Les habitants de la Gaule qui en ont besoin vont se mettre à pratiquer le latin d'autant plus facilement que cette langue est proche de la leur. Il s'est passé ce qui se passera plus tard, par exemple en Ukraine où, à l'époque de l'Union Soviétique, les Ukrainiens qui voulaient faire carrière se mettaient aisément au russe, sans que pour autant l'Ukraine ne devienne globalement russophone.Puis, lorsque l'Empire Romain s'efface, les habitants de la Gaule arrêtent de pratiquer le latin comme seconde langue, pour ne plus parler que l'ancien français.

Un scénario compatible avec les anomalies pointées ci-dessus.

Avec ce scénario, il n'y a plus d'anomalie.

1. La langue de nos ancêtres habitant la Gaule avant l'arrivée des Romains ne disparaît pas.

Cette langue, plus proche du vieux-français du Moyen-Âge que du latin, va simplement évoluer vers... le français tel qiue nous le parlons.

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En dehors de la Bretagne tardivement colonisée, il n'y aucune trace de pratique d'un quelconque dialecte celtique en France pour la simple raison que, dans aucune région, les habitants de notre pays n'ont jamais parlé durablement de langue celtique!

2. L'écart existant entre les langues française et latine s'explique.

Dans ce scénario, le latin n'est pas l'ancêtre de la langue française mais seulement une langue "soeur" ou "cousine"! Le français et le latin ont simplement un ancêtre commun qui est une langue proto-latine. Le français se sépare du latin non pas il y a 1500 ans comme on voudrait nous le faire croire, mais peut-être il y 4.000 ou 5.000 ans, voire plus, bien avant, en tout cas, la conquête de la Gaule par César. On comprend bien alors l'écart important qui existe entre les deux langues.

3. L'existence des variantes dialectales présentes en France se comprend.

Les séparations des population pratiquant par exemple langue d'Oc et langue d'Oïl, se sont faites à des périodes antérieures à la conquête romaine. Il est même possible que la séparation entre ces langues soit apparue AVANT que les peuples qui les parlent n'occupent la Gaule!

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IV.

CONSEQUENCES.

Cette thèse a plusieurs conséquences.

Je laisse au lecteur le soin de les envisager. Je citerai les deux principales.

1. La première est non des moindres, est redoutable, puisqu'elle est tout simplement que...L'ENSEMBLE DE NOS DICTIONNAIRES SONT FAUX!

Je parle pour ce qui concerne l'étymologie. Pour expliquer

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l'origine de la plupart des mots de notre langue, les auteurs de nos dictionnaires font appel au latin et pensent sottement tomber juste, puisque le mot latin ressemble bien souvent au mot français!

C'est ainsi que le mot "Ourse", pour nos dictionnaires est censé venir du latin "Ursa"; alors que la forme originelle indo-européenne "rksos" est franchement aussi proche du français que du latin!

2. La deuxième conséquence est blessante pour notre amour-propre, puisqu'elle est que: NOUS NE SOMMES PAS, NI PAR LA CULTURE NI PAR QUOI QUE CE SOIT D'AUTRE, LES DESCENDANTS DES FIERES LEGIONS DE ROME OU DES BRILLANTS ECRIVAINS LATINS!

Nos ancêtres les Gaulois ont pratiqué à un moment de leur histoire, le latin, comme seconde langue, pour avoir accès à toutes les richesses de l'Empire Romain, celà d'autant facilement que la langue internationale de l'époque était proche de leur langue maternelle, un facteur qui explique parmi d'autres, la réussite de l'intégration, comme nous dirions aujourd'hui(!), des Gaulois à l'Empire! Puis lorsque l'Empire a disparu les Gaulois ont tout simplement cessé de parler latin pour que ne le conserver qu'à l'état de langue écrite...morte!Nous ne sommes pas plus les descendants des Romains que les Ukrainiens ne sont ceux des Russes!

L´histoire du français

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     Le français porte mal son nom, qui vient du peuple germain qu´étaient les Francs Or notre langue n'est pas germanique, elle est romane, c'est-à-dire d'origine latine, et ce n'est que plus tard qu'elle subit l'influence des Francs. De plus, on a souvent tendance à faire remonter notre langue au gaulois, langue celtique, ce qui est une erreur.  

1. L'Europe linguistique à l'aube de l'Histoire  

a) Avant les Indo-européens       Les Gaulois n'étaient évidemment pas les premiers habitants de la Gaule, mais on sait peu de choses sur les populations qui les avaient précédés, si ce n'est quelques noms de peuples comme les Aquitains, les Ibères ou les Ligures (voir carte ci-dessous). Les quelques traces de ces langues non-indo-européennes se retrouvent surtout dans des noms de fleuve (comme la Loire, anciennement Liger, ou Seine, … ) et de lieux (Manosque, Tarascon, Luchon, …), ainsi que quelques rares mots que l'on peut qualifier de "pré-celtiques ", (comme avalanche, motte, jabot, …). Cependant, si le ligure et l'ibère restent des langues mystérieuses, on en connaît plus sur l'aquitain grâce à ses lointains descendants, les Basques, qui ont su résister au fil des siècles.

b) Les Gaulois        Le gaulois est une langue celtique, qui appartient à la grande famille des langues indo-européennes.         Environs 6 mille ans avant notre ère, des populations parlant des langues dites indo-européennes, occupaient les régions du Caucase et de la mer Noire : une partie de ces populations s'est dirigée plus tard vers l'Inde, tandis que

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l'autre déferlait sur presque la totalité de l'Europe et engendrait cinq grands courants de langues (hellénistique, germanique, slave, romane et celtique ). C'est ainsi que les Celtes, nos Gaulois, sont arrivés dans la région qui allait devenir la Gaule au cours du premier millénaire avant JC.          Le gaulois va donc à partir de -800 se mêler aux parlers locaux évoqués plus haut. Mais la pénétration gauloise était plutôt superficielle et inégale, et cohabitait avec ces langues non-indo-européennes. De même, ne subsiste aujourd'hui de la langue gauloise que quelques dizaines de termes, ruraux en général, comme charrue, chêne, glaner, sillon, …).    

L'Europe linguistique à l'aube de l'Histoire

2.Les temps romains

       Quoi qu'il en soit, vers 120 avant JC, avait commencé la conquête romaine de la Gaule. En un peu plus d'un demi-siècle, l'ensemble de la Gaule était dans l'orbite romaine et les Gallo-romains abandonneront finalement leur langue celtique en faveur du latin. Ils se mirent à

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parler latin à leur façon, avec leur accent, leur prononciation. Ainsi, dans leur bouche, "auguste"  par exemple, devint agosto, puis aosto, aoust et enfin août.

3. Les invasions barbares

       Ainsi, ce latin ne ressemblait déjà plus guère à celui de Rome quand débarquent au IIIieme siècle des envahisseurs germains (Burgondes, Wisigoths, et bien sûr les francs ). L'installation des Francs en Gaule va laisser quelques 400 termes dans le vocabulaire gallo-romain, en particulier des termes de la guerre (arquebuse, trêve, flèche,…) et du vocabulaire rural (guêpe, bûche, roseau,…) . Mais ces envahisseurs vont peu à peu adopter la langue gallo-romaine, en particulier grâce à la conversion au catholicisme de leur chef Clovis, ce qui va contribuer à maintenir la pratique du latin ( comme véhicule de la vie religieuse ) . Trois siècles plus tard, Charlemagne encourage lui aussi l'enseignement du latin. Ainsi, cette duplicité Latin/germain va se généraliser et peser sur la langue française en gestation.        NB: Les invasions vikings du IXe et Xe siècle n'ont donné que des parlers locaux et un peu de vocabulaire marin (cingler, hauban, vague,…) .      

Les mouvements de population en Gaule du IVe au Xe siècle

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4. Les débuts du français

     Il est difficile de déterminer avec exactitude la "date de naissance" du français car les premiers textes en français sont rares. Le plus célèbre est celui des "Serments de Strasbourg", signé en 842 par les petits-fils de Charlemagne, (voir extrait ci-dessous ), qui est considéré comme le premier document officiel de la langue française; une langue encore bien loin de celle que l'on parle actuellement !    

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    On peut également citer la "Séquence de sainte Eulalie", suite de 29 vers qui raconte la vie exemplaire d'une jeune fille martyrisée au IVe siècle. Dans ce texte en ancien français écrit au IXe siècle, on reconnaît déjà mieux notre langue contemporaine.    

5. Le Moyen-Age : le temps des dialectes

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      Cependant, malgré ces premiers textes, il serait abusif de parler de LA langue française à cette époque. Le latin ressassé par des bouches différentes avait fini par prendre des formes aussi différentes dans chaque région. Ce morcellement en dialectes divers fut d'autant plus facilité par le système féodal et le cantonnement autour de la terre du seigneur. On distingue ainsi à cette époque trois principaux dialectes : -la langue d'oc (dans laquelle oui se dit "oc" ) avec un parler plus proche du latin. -la langue d'oïl (où oui se dit "oïl" ) influencé par les langues germaniques. -le franco-provençal (parler de type occitan qui se rapproche de la langue d'oc)

-et de nombreux parlers plus régionaux : basque, catalan, breton, flamand, alsacien, …    

Les principaux dialectes

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HISTOIRE DE FRANCE 

-   Vers 1600 avant Jésus-Christ, les Celtes ou Galls, établis dans la Gaule repoussent les Ibères vers les Pyrénées et les Alpes.

-  Vers 1200 avant Jésus-Christ : les Phéniciens créent de nombreux comptoirs, ouvrent des routes, fondent Nemausus (Nîmes).

-   Epoque incertaine : Les Belges envahissent la partie septentrionale des Gaules. Extension de quelques tribus jusque auprès des Pyrénées. Fondation de Tolosa (Toulouse).  

-   En 753 avant Jésus-Christ : fondation légendaire de Rome. 

-   Vers 600 avant Jésus-Christ : Invasion des Cimmériens, Cimbres ou Kymris.

-   En 600 avant Jésus-Christ : Etablissement des Phocéens (Grecs). Fondation de Massilia (Marseille), puis d'Adge et d'Antipolis (Antibes).

-   En 587 avant Jésus-Christ : Expéditions des

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Gaulois en Italie sous Bellovèse, en Bohême sous Sigovèse.

-   En 398 avant Jésus-Christ : Les Celtes envahissent le nord de l'Italie. Prise de Rome.

-   En 280 avant Jésus-Christ : Expédition désastreuse en Grèce. L'armée se retire de Macédoine.

-   En 279 avant Jésus-Christ : Les Celtes envahissent l'Europe du Sud-Est (Thrace, Macédoine, Péronie, …).

-   En 278 avant Jésus-Christ : Etablissements en Asie Mineure (Galatie ou Gallo-Grèce).  

-   En 218 avant Jésus-Christ : les Gaulois apportent leur appui à Hannibal lors de son passage des Alpes.

-   En 124 avant Jésus-Christ : Intrigues des Romains en Gaule : leur Alliance avec Massilia devenue importante, et qui, les appelant à son aide, favorise leur premier entrée dans la Gaule transalpine.

-   En 118 avant Jésus-Christ : Fondation des premières colonies romaines, Narbonne et Aquae Sextiae (Aix-en-Provence).  

-   En 105 avant Jésus-Christ : défaite des romains face aux Cimbres et aux Teutons.

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-   En 102-101 avant Jésus-Christ : le romain Marius bat les Teutons à Aix-en-Provence et les Cimbres à Verceil.

-   En 60 - 50 avant Jésus-Christ : Progrès de la conquête et pacification de la Gaule par César, suite à l'invasion des Suèves d'Arioviste et des Helvètes. Victoires de César sur les Helvètes non loin de Bibracte et sur les Suèves d'Arioviste en Alsace. Soumission de l'Armorique (occupée par les Vénètes) en l'an 56 avant Jésus-Christ. Les contrées entre le Rhône et la Méditerranée, moins Massilia, devenues province romaine. Les huit campagnes de Jules César. Les luttes pour l'indépendance (Ambiorix, Indutiomar, Vercingétorix). Capitulation de Vercingétorix à Alesia (en l'an 52 avant Jésus-Christ). La conquête est consommée en l'an 50 avant Jésus-Christ.

-   En 41 avant Jésus-Christ : Division par l'empereur Auguste, en Narbonnaise, Lyonnaise, Aquitaine et Belgique, subdivisée plus tard en 17 provinces. Fondation de Lugdunum (Lyon) qui devient capital ou métropole.

-   Après 41 avant Jésus-Christ : Efforts pour l'affermissement de la conquête : - par l'implantation de la civilisation des vainqueurs, avec création à Bibracte (Autun, alors Augustodunum) d'une école pour enseigner aux Gaulois les lettres latines, ainsi qu'une

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école à Massilia, Vienne et Arélate (Arles), - par l'implantation de leur religion, avec interdiction du Druidisme.

Le français est une langue romane parlée en France, ainsi qu'en Belgique, au Canada, au Luxembourg, en Suisse et dans 51 autres pays, principalement localisés en Afrique, ayant pour la plupart fait partie de l’ancien empire colonial français ainsi que la République démocratique du Congo, ancien Congo belge.

Issu de l’évolution du bas latin vers le latin vulgaire puis le roman au cours du premier millénaire de l'ère chrétienne, le français, langue royale, devient une langue juridique et administrative avec l’ordonnance de Villers-Cotterêts en 1539. Par la suite le français, toujours autour du noyau parisien, se diffusera en France, en Europe et dans le monde1. S’ensuit une longue réforme de la langue promue par les académiciens, pour la régulariser et y réintroduire des vocables latins. Le français classique des xvie et xviie siècles devient le français moderne du xviiie siècle, langue véhiculaire de l’Europe. Avec la colonisation, le français se répand en Amérique du Nord au xviie siècle, en Afrique au xixe siècle, ce qui en fait une langue mondiale. Cependant le français perd en influence dans la seconde moitié du xxe siècle, au profit de l’anglais.

Claude Hagège distingue trois périodes de rayonnement du français : la période du Moyen Âge qui s'étend de la fin du xie au début du xive siècle, la période qui s'étend du début du règne de Louis XIV à la fin du xviiie siècle, et la période allant de la fin du xixe au début du xxe siècle2.

Le terme « langue d'oïl », dans certains cas, peut être un synonyme de français.

La langue française a cette particularité que son développement a été en partie l’œuvre de groupes intellectuels, comme la Pléiade, ou d’institutions, comme l’Académie française. C’est une langue dite « académique ». Toutefois, l’usage garde ses droits et nombreux sont ceux qui malaxèrent cette langue vivante, au premier rang desquels Molière : on parle d’ailleurs de la « langue de Molière ».

Devant la prolifération d'emprunts lexicaux à l'anglais, le gouvernement français tente de prendre des mesures pour protéger l'intégrité de la langue. Ainsi, le 7 janvier 1972, il promulgue le décret no 72-9 relatif à l’enrichissement de la langue française, prévoyant la création de commissions ministérielles de terminologie pour l’enrichissement du vocabulaire français. La loi Toubon de 1994 procède de la même préoccupation. Son décret d'application de 1996 a mis en place un dispositif coordonné d'enrichissement de la langue française.

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Au Québec, l’Office québécois de la langue française s’occupe de réglementer l’usage de la langue française, elle-même protégée par la loi 101 du Québec. L'office propose sur l'Internet son grand dictionnaire terminologique3.

Du ier au ve siècle : interactions entre latin vulgaire et langue gauloise[modifier]

L’histoire de la langue française commence avec l’invasion de la Gaule par les armées romaines sous Jules César de 58 à 50 av. J.-C. On considère que la Gaule comptait alors environ 10 millions d’habitants. Après la conquête, les soldats et les commerçants romains ont importé avec eux le sermo cotidianus, ou latin vulgaire. Malgré l'apparente similitude des deux langues (syntaxe, numération, morphologie), il n'y a pas de continuité entre le gaulois et le latin. Le remplacement de la langue vernaculaire par le latin vulgaire a été plutôt lent et ne s'est pas fait de manière uniforme dans toutes les classes de la société, dans les villes et dans les campagnes, ainsi que dans toutes les régions. Il ne s'achève qu'après plusieurs siècles, sur les bases d'un latin vulgaire déja très altéré en Gaule du nord, probablement après l'évangélisation des milieux ruraux sous Dagobert. Le latin fonctionne comme langue de l’écrit et de l’administration, tandis que le gaulois, de tradition orale puisqu’il ne s’écrivait pas ou peu, continue d'avoir une fonction de langue d’échange jusqu'au iiie siècle dans les centres urbains qui ont connu un essor rapide sous les Romains et encore postérieurement comme langue quotidienne dans les milieux ruraux, notamment ceux éloignés des grands centres de romanisation que sont les villes et la Méditerranée.

Le latin vulgaire[modifier]

Article détaillé : Latin vulgaire.Le latin vulgaire se distingue du latin classique par le fréquent usage de la métaphore : on utilise manducare (« mâchouiller », > manger) au lieu du classique edere (« manger ») ou parabolare (dérivé de parabola « parole » , > parler) au lieu de loqui (« parler »), le recours aux diminutifs *auricula (> oreille) et *genuculum (> genou), par la simplification des formes morphosyntaxiques :

27. les genres et cas voient une réduction progressive aux seuls nominatif et accusatif (alors qu'il y en a six en latin classique), la déclinaison du neutre est ramenée à celle du masculin, et des modèles de déclinaisons (troisième, quatrième et cinquième déclinaisons) s’alignent sur les modèles les plus fréquents (première et deuxième déclinaisons).

Le latin vulgaire (ou latin populaire) voit l'apparition des formes verbales analytiques avec un futur de type venire habeo (vénire áio, d'où « je viendrai » en français, vindré en catalan ou vendré en castillan), les

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formes passives de type amatus sum a valeur de présent (alors qu'en latin classique amatus sum a valeur de passé), et le passé de type habeo panem manducatum (áio pane manducatu, « j'ai du pain mangé », d'où le sens « j’ai mangé du pain »). Disparaissent le supin, le participe futur (morituri te salutant ne peut être traduit que par une périphrase en français moderne), et les infinitifs futur et parfait (amaturum esse, approximativement « être destiné à aimer », et amavisse, approximativement « avoir aimé », peuvent difficilement se traduire en français moderne). Les temps du passé du subjonctif se confondent et se réduisent.

Certains adverbes adoptent aussi des formes analytiques telles que in hac hora (d'où le français « encore », le catalan encara ou l'italien ancora). Les adverbes adoptent la forme en -mente (bonamente, d'où « bonnement »).

L'ordre des mots tend à se fixer. Cela est dû à la réduction des cas aux seuls nominatif et accusatif. En outre, au niveau phonétique, le « m » final, significatif de l'accusatif, disparaît dans la langue parlée (rosam prononcé [rosa, roza] se confond avec le nominatif rosa). Les prépositions, du coup, progressent : ad pour marquer le datif ou l'accusatif (eo ad Roma(m) < eo Romam), de pour marquer le génitif. L'adjectif, l'épithète et le génitif se placent après le substantif (le nom commun). Le verbe prend une position médiane dans la phrase (et non finale, comme en latin classique).

On constate un enrichissement des phonèmes (sons, voyelles et consonnes) avec l'augmentation des phonèmes vocaliques (c'est-à-dire les voyelles telles qu'elles sont dites, plutôt qu'écrites). Cela provient du fait que le système « voyelles courtes/longues » du latin classique est remplacé en latin vulgaire par un système « voyelles ouvertes/fermées ». Ainsi [é] court devient [è], [é] long devient [é] court, tandis que [o] court devient « o ouvert » (comme dans « bonne »), et [o] long devient « o fermé » (comme dans « zone »). Par conséquence, certaines voyelles courtes disparaissent : caldus (calidus, d'où l'adjectif français « chaud » ou le substantif espagnol caldo (« bouillon »). Certaines diphtongues se réduisent : oru(m) < aurum (« or »). Certaines voyelles longues simples se diphtonguent. Mais la diphtongaison n'est pas propre au latin vulgaire, puisque les voyelles longues ne se diphtongueront qu'à partir du ive siècle; on la rencontre néanmoins dans toute la Romania : français « pied », espagnol pie (<péde(m)). Ce phénomène sera davantage le fait de la Gaule à partir du vie siècle. Les sons [v] et [z] apparaissent (vivere était prononcé [wiwere] en latin classique). Les consonnes sourdes intervocaliques se sonorisent : [vida] (< vita), [roza] (< rosa). Les consonnes affriquées apparaissent : [k] se palatise devant e et i devenant ainsi ky/ty puis tsh (en Italie) et ts (en Espagne et en Gaule), voire se sonorise entre deux voyelles (en Gaule) : placere prononcé [plajdzere] (d'où « plaisir »).

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Le substrat gaulois[modifier]

Articles détaillés : Gaulois (langue) et Langue celtique.Lors de la mise en place du pouvoir romain, La Gaule était peuplée d'une multitude de tribus celtes et belges qui, pour la plupart, parlaient le gaulois (ou plutôt, de nombreuses variantes[réf. nécessaire] sans doute mutuellement intelligibles car ayant un fond commun important). Après la conquête du pays en 51 av. J.-C., et au cours des siècles suivants, la langue des Romains (le latin vulgaire) fut peu à peu adoptée par tous, mais le bilinguisme dut être une réalité jusqu'à la fin du ive siècle selon certains4, ou du ve siècle selon d'autres5,6.

• Le gallo-roman conservera la syntaxe[réf. nécessaire] et l'influence sur le vocabulaire fut certaine : il subsisterait en français moderne environ 150 mots courants, si l'on exclue les termes dialectaux, mais aussi les termes et expressions dont l'étymologie reste mal éclaircie et qui pourraient dans certains cas, s'expliquer par une action du substrat gaulois. Ex. : aveugle < bas-latin aboculis présenté souvent, sans argument convainquant, comme un calque du grec, jusqu'à la découverte sur le Plomb de Chamalières du terme celtique exsops ayant précisément la même signification qu'aboculis « privé d'yeux »7. La numération vigésimale (par vingt, exemple : quatre-vingt-dix au lieu de nonante) proviendrait du gaulois, car on la trouve aussi en breton et dans les autres langues celtiques, mais elle existe également en danois (langue germanique) et en basque (langue non indo-européenne). Le suffixe de localisation -(i)-acum, issu du gaulois -acon (< celtique commun -āko(n)), qui s'inscrit dans la toponymie, marque les territoires où le celtique a été parlé et il s'est souvent confondu avec le suffixe -etum, autre suffixe toponymique d'origine gauloise, car ils ont une signification proche et aboutissent parfois finalement tous deux aux finales -ey, -ay et ont une signification proche. -etum / -eta a aussi donné le suffixe collectif -aye > -aie toujours productif en français et qui sert à désigner un ensemble de végétaux (plantes, arbustes, arbres) appartenant à la même espèce (Chênaie, Saulaie, etc.). Quant à -(i)acum, il a permis de créer d'innombrables toponymes qui sont parvenus jusqu'à nous aujourd'hui sous diverses formes selon les régions : -ac (dans la partie sud de la France et en Bretagne) ou en -ay, -ai, -ey, -é ou -y (dans la partie nord et centrale de la France, en Suisse romande et en Belgique romane8, d'où les villes Cognac, Tournai, Cernay, Neuilly, Chaillé, etc.). On trouve également de nombreux toponymes de types divers, mais dont l'étymologie est indiscutablement gauloise. L'influence du vocabulaire d'origine gauloise sur le gallo-roman se manifeste surtout par des mots attachés au terroir (tels que char/charrue, arpent, bâche, borne, alouette, bruyère, bouleau, chêne, if, druide, chemin, suie, caillou,

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galet, marne, etc.), aux produits qui intéressent peu le commerce romain (tels que ruche9, mouton, crème, raie, tanche, vandoise, tonneau10, jarret, etc.) ou aux toponymes (Voir toponymie française).

• L'action du substrat gaulois dans l'évolution phonétique du latin de Gaule est plus difficile à déterminer. Cependant elle est certaine, puisque attestée sur des inscriptions, pour l'évolution du groupe /pt/ et /ps/ qui se sont confondus avec /kt/ et /ks/, c'est-à-dire réduits à /xt, xs/ puis à /it, is/ (/i/ second élément d'une diphtongue). Exemple : capsa > *kaxsa > caisse; captīvus > kaxtivus > vieux français chaitif > chétif11. La voyelle [y] (le « u » français, y du grec classique ou ü allemand) était présente en gaulois, mais certains linguistes estiment que ce sont les Francs qui l'ont réintroduite en Gaule alors que pourtant le u est connu en breton (la Bretagne a résisté a la colonisation franque et à son influence). Certaines évolutions phonétiques décrites comme aberrantes pourraient être liées à une action du substrat gaulois. Ex: coudre (coudrier) < *colurus, par métathèse, < latin corylus, influence du gaulois *collos Cf. irlandais, gallois, breton coll.

Autres caractéristiques du gaulois :

• C'est une langue à déclinaisons et conjugaisons, avec un lexique riche en dérivations et compositions (suffixes, préfixes) :

• Ver-cingeto-rix (« supérieur-marcheurs (guerriers)-roi »).• Présence de phonèmes étrangers au latin classique : l'affriquée [ts]

parfois écrite par un d barré (le français « souche » serait issu d'un gaulois *tsukkā)12; présence de la voyelle [y].

La langue gauloise reste cependant mal connue, malgré un corpus croissant d'inscriptions découvertes lors de fouilles archéologiques, souvent de courtes phrases, des bribes d'expression, dont l'interprétation est malaisée. La connaissance de cette langue s'est enrichie de nombreuses publications sur les inscriptions, dans lesquelles ces dernières sont analysées de manière systématique. Il est possible que la mise au jour de nouvelles inscriptions en langue gauloise et leur analyse précise puissent encore expliquer certaines caractéristiques de la langue française jusqu'alors mal éclaircies ou encore non analysées de manière convaiquante.

Du ve au ixe siècle : le gallo-roman[modifier]

Les siècles de la fin de l'antiquité au début du Moyen Âge sont essentiels pour comprendre la génèse de français qui va s'élaborer pendant cette longue période. Il se dégage peu à peu du latin vulgaire parlé en Gaule du nord par des altérations successives liées à des facteurs linguistiques « internes », mais aussi à d'autres plus « externes ». Même s'il n'existe pas de témoignages directs du gallo-roman, les linguistes le déduisent de formes bas latines et d'ancien français véritablement attestées ou non.

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Les étymons gallo-romans se notent généralement en petites capitales : latin classique TOTU > *TŌTTU (l'astérisque signifie que cette forme n'est pas attestée) > ancien français tot > français tout. L'étymon gallo-roman avec [t] géminé est postulé par le maintien de [t] dans la forme féminine tote > toute.