chroni-coeur vol 8#3

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Dans ce numéro Mot du président D r Serge Lepage p. 1 Mot de la rédactrice en chef D re Anique Ducharme p. 2 Hémodynamie et insuffisance cardiaque D r Marc Jolicoeur p. 3 Partenaires jusqu’à la fin D re Annie Dore M me Sonia Heppell p. 4 Défaillance cardiaque de prédominance droite D re Laure Dominguez Pérez p. 4 Approche clinique de la douleur articulaire chez le patient insuffisant cardiaque Dr Ariel Maseto p. 5 Travaux du Comité d’utilisateurs de Vision C+ p. 6 Combiner les diurétiques et autres alternatives thérapeutiques chez le patient réfractaire ? M. Jean Bournival p. 7 Comment diagnostiquer et traiter une cardiopathie induite par des agents chimiothérapeutiques D r Richard Sheppard p. 7 Fibrillation auriculaire et insuffisance cardiaque Dre Eileen O’Meara p. 8 Protocole IC-IECA p. 9 Rhabilitation et défaillance cardiaque D re Marie-Hélène LeBlanc p. 10 Défaillance cardiaque de prédominance droite D re Laura Dominguez Pérez p. 10 Stratégie invasive précoce dans la myocardite fuminante D r Guillem Caldentey Adrover p. 12 Les multiples visages de l’ECMO D r Mehrdad Razmpoosh p. 13 La myocardite à cellules géantes D r Maxime Berthelot-Richer p. 13 Le coeur chroni BULLETIN OFFICIEL DE LA SOCIÉTÉ QUÉBÉCOISE D’INSUFFISANCE CARDIAQUE Vol. 8 n o 3 Mot de votre Président Bonjour à tous, Votre relation avec la SIQC Il est important de se rappeler que la Société québécoise d’insuffisance cardiaque est un organisme sans but lucratif qui a été formé il y a maintenant près de 10 ans pour le meilleur soin des patients atteints d’insuffisance cardiaque. Vous êtes tous au courant des efforts déployés par la Société québécoise d’insuffisance cardiaque; ceci se manifeste par l’actualisation d’un réseau à travers la province de cliniques d’insuffisance cardiaque soutenues par le logiciel Vision C+, par des démarches effectuées auprès des divers paliers gouverne- mentaux non seulement pour l’obtention de subventions mais pour aussi l’amélioration des soins aux patients et finalement par les outils didactiques de la SQIC. Ceux-ci comprennent non seulement les congrès annuels et les congrès régionaux, mais également l’ensemble des articles de soutien aux soins/patients tel que les fournitures, ainsi que le livre « Mieux vivre avec l’insuffisance cardiaque » qui verra bientôt la publication de sa 2 e édition. Toutes ces réalisations sont bien entendu le fruit du travail de nos nombreux membres ainsi que l’association avec des partenaires pharmaceutiques. L’ensemble des activités de la SQIC ne sont pas le travail d’une seule personne mais bien de l’ensemble des personnes qui s’impliquent de près ou de loin dans ces activités. Sans leur travail et leur appui, rien de ceci ne serait possible. Ceci m’amène, non seulement à remercier ceux et celles qui par le passé et encore aujourd’hui nous appuient, mais aussi à solliciter votre appui et votre aide. Tous sont bienvenus pour participer d’une façon ou d’une autre à l’élaboration et à la réalisation d’une de ces activités que ce soit par contribution financière, par désignation de responsables locaux, par la réalisation d’une conférence et/ou la publication d’un article dans le ChroniCoeur, par la participation à un de nos comités et/ou nos sous-comités, par l’implication au congrès et par la réalisation d’activités particulières, telle les levées de fonds. Suite à la page 2 1

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Page 1: Chroni-Coeur Vol 8#3

Dans ce numéro

Mot du président

Dr Serge Lepage p. 1

Mot de la rédactrice en chef

Dre Anique Ducharme p. 2

Hémodynamie et insuffisance

cardiaque

Dr Marc Jolicoeur p. 3

Partenaires jusqu’à la fin

Dre Annie Dore

Mme Sonia Heppell p. 4

Défaillance cardiaque de

prédominance droite

Dre Laure Dominguez Pérez p. 4

Approche clinique de la douleur

articulaire chez le patient insuffisant

cardiaque

Dr Ariel Maseto p. 5

Travaux du Comité d’utilisateurs

de Vision C+ p. 6

Combiner les diurétiques et autres

alternatives thérapeutiques chez

le patient réfractaire ?

M. Jean Bournival p. 7

Comment diagnostiquer et traiter

une cardiopathie induite par des

agents chimiothérapeutiques

Dr Richard Sheppard p. 7

Fibrillation auriculaire et

insuffisance cardiaque

Dre Eileen O’Meara p. 8

Protocole IC-IECA p. 9

Rhabilitation et défaillance

cardiaque

Dre Marie-Hélène LeBlanc p. 10

Défaillance cardiaque de

prédominance droite

Dre Laura Dominguez Pérez p. 10

Stratégie invasive précoce dans

la myocardite fuminante

Dr Guillem Caldentey Adrover p. 12

Les multiples visages de

l’ECMO

Dr Mehrdad Razmpoosh p. 13

La myocardite à cellules géantes

Dr Maxime Berthelot-Richer p. 13

Le coeur

chroni BULLETIN OFFICIEL

DE LA SOCIÉTÉ QUÉBÉCOISE

D’INSUFFISANCE CARDIAQUE

Vol. 8 no 3

Mot de votre Président

Bonjour à tous,

Votre relation avec la SIQC — Il est important de se rappeler

que la Société québécoise d’insuffisance cardiaque est un organisme

sans but lucratif qui a été formé il y a maintenant près de 10 ans

pour le meilleur soin des patients atteints d’insuffisance cardiaque.

Vous êtes tous au courant des efforts déployés par la Société

québécoise d’insuffisance cardiaque; ceci se manifeste par

l’actualisation d’un réseau à travers la province de cliniques

d’insuffisance cardiaque soutenues par le logiciel Vision C+, par

des démarches effectuées auprès des divers paliers gouverne-

mentaux non seulement pour l’obtention de subventions mais pour

aussi l’amélioration des soins aux patients et finalement par les

outils didactiques de la SQIC. Ceux-ci comprennent non seulement

les congrès annuels et les congrès régionaux, mais également

l’ensemble des articles de soutien aux soins/patients tel que les

fournitures, ainsi que le livre « Mieux vivre avec l’insuffisance

cardiaque » qui verra bientôt la publication de sa 2e édition.

Toutes ces réalisations sont bien entendu le fruit du travail de

nos nombreux membres ainsi que l’association avec des partenaires

pharmaceutiques. L’ensemble des activités de la SQIC ne sont pas

le travail d’une seule personne mais bien de l’ensemble des

personnes qui s’impliquent de près ou de loin dans ces activités.

Sans leur travail et leur appui, rien de ceci ne serait possible. Ceci

m’amène, non seulement à remercier ceux et celles qui par le passé

et encore aujourd’hui nous appuient, mais aussi à solliciter votre

appui et votre aide.

Tous sont bienvenus pour participer d’une façon ou d’une

autre à l’élaboration et à la réalisation d’une de ces activités que ce

soit par contribution financière, par désignation de responsables

locaux, par la réalisation d’une conférence et/ou la publication d’un

article dans le ChroniCoeur, par la participation à un de nos

comités et/ou nos sous-comités, par l’implication au congrès et par

la réalisation d’activités particulières, telle les levées de fonds.

Suite à la page 2

1

Page 2: Chroni-Coeur Vol 8#3

Bienvenue à cette nouvelle publication du

ChroniCœur. Alors que l’automne est bien enclen-

ché et que nos journées raccourcissent, j’espère

que cette édition vous permettra de vous remémo-

rez d’excellents souvenirs du congrès.

Ce numéro est spécial puisqu’entièrement

consacré à notre récente réunion scientifique; vous

y trouverez donc les résumés des différentes pré-

sentations s’étant tenues tout au long de ces deux

mémorables journées. Pour ceux qui n’ont pas eu

la chance d’y assister, vous y trouverez un aperçu

des discussions et de la grande variété des sujets

abordés. Il ne vous restera plus qu’à mettre notre

prochain rendez-vous à votre agenda, soit les 20 et

21 septembre 2013, au Château Bonne Entente, à

Québec.

En terminant, je vous invite personnellement à

visiter en grand nombre notre site internet :

www.sqic.org. Ce site se veut un outil tant d’infor-

mations cliniques utiles que de référence. Ainsi,

vous y trouverez les nouveaux algorithmes de trai-

tement pharmacologique, basés sur les recomman-

dations de la Société canadienne de cardiologie

2012 récemment présentées (CCC 2012, Toronto).

Vous y trouverez également “Le ChroniCoeur” en

version pdf et des liens utiles dont l’un en collabo-

ration avec le groupe “The Heart.org”. Ici encore,

vos commentaires seront grandement appréciés.

Bonne lecture!

Anique Ducharme, MD MSc, FRCP [email protected]

Un mot de la rédaction Par Anique Ducharme, MD, MSc.

2

Toutes les contributions sont appréciées. Le travail de

sélection des conférences ne devrait pas être uniquement

le reflet du travail du Comité du congrès mais également

provenir de la base puisque les sujets devraient être

proposés par l’ensemble de nos membres.

Ce qui nous amène bien entendu au fait d’être

membre de la société. Je vous rappelle que vous pouvez,

en tout temps et cela tout à fait gratuitement, devenir

membre de la SQIC en vous inscrivant via notre site web

(www.sqic.org). Sollicitez les collègues de votre clinique à

devenir membre de notre Société. Une autre façon de

devenir membre, c’est lors de votre inscription au congrès

annuel. Je vous encourage à participer à nos congrès et

certainement à devenir membre. Le fait d’être membre

souligne votre appui à la Société québécoise d’insuffisance

cardiaque, vous permet de recevoir les bulletins électro-

niques de la société ainsi que les informations sur nos

différentes activités. Nous aimerions, au cours de l’année

2013, voir augmenter le nombre de nos membres et si

possible le doubler (188 membres en 2012). Espérant vous

voir en grand nombre joindre la famille de la SIQC.

Donc, je vous invite fortement à participer aux

activités de la SQIC et d’en faire partie activement. Votre

aide est précieuse!

Serge Lepage, MD

Président de la SQIC

[email protected]

Votre relation avec la SQIC (suite de la page 1)

Page 3: Chroni-Coeur Vol 8#3

3

Hémodynamie et insuffisance cardiaque—

Approche diagnostique et thérapeutique

L’hémodynamicien assiste au diagnostique et au

traitement de la défaillance cardiaques de plusieurs

façons. Le cathétérisme cardiaque est notamment

l’outil de référence pour préciser les diagnostics tels

que la cardiomyopathie restrictive, les shunts

cardiaques et pour évaluer la réversibilité des

résistances pulmonaires avant une éventuelle

transplantation. La biopsie myocardique est de plus

en plus utilisée lors d’épisode de myocardite aigue.

Mais c’est sur le plan thérapeutique que

l’hémodynamie aura le plus progressé au cours des

dernières années. L’utilisation croissante d’assistance

ventriculaire percutanée, tel que l’«impella» ou

encore le «tandem heart» permet une souplesse dans

la stabilisation des patients en choc cardiogénique

avant une éventuelle transition vers un cœur

mécanique ou une transplantation. Une pléiade de

nouvelles technologies devraient encore venir

améliorer la performance de ces instruments dans un

futur rapproché.

Sur le plan de la coronaropathie, il est désormais

possible de revasculariser des territoires

myocardiques autrefois considérés hors de portée

notamment par le biais de la recanalisation des

occlusions totales chroniques. Avec l’utilisation

combinées des approches antegrade et rétrogrades, il

est désormais possible d’atteindre des taux de succès

procéduraux avoisinant les 90% lors de ces

recanalisations. Bien qu’il persiste un doute sur la

pertinence de la revascularisation complète chez les

patients souffrant de cardiopathie ischémique, la

recanalisation des occlusions chroniques peut

s’avérer salvatrices chez des certains patients, en

particulier si ces derniers sont particulièrement

symptomatiques et angineux.

L’évolution la plus spectaculaire de la cardiologie

d’intervention aura certainement été l’avènement des

traitements percutané de valvulopathies cardiaques.

Depuis plusieurs décennies l’hémodynamicien

pouvait soulager les sténoses mitrales par le biais

d’une valvuloplastie. Plus récemment, l’implantation

de bioprothèses par voie fémorale ou transapicale est

venue transformer le pronostic des patients souffrant

de cardiopathie valvulaire causée par la sténose

aortique. De toutes les valvulopathies, celle qui est le

plus étroitement liée à la défaillance cardiaque est

très certainement la régurgitation mitrale. Cette

dernière est parfois cause, parfois conséquence de la

défaillance. En revanche, elle demeure trop souvent

non-traitée, faute d’option efficace et accessible à

faible risque.

Depuis quelques années cependant, de nouvelles

technologies percutanées permettent désormais de

traiter la régurgitation mitrale. C’est par exemple le

cas de la «mitra-clip» qui force un rapprochement

des feuillets mitraux pour minimiser l’orifice

régurgitant. Bien qu’utile, la mitra-clip ne peut

traiter toutes les formes de régurgitation mitrales. À

l’instar des valves aortiques, une prothèse mitrales

percutanée complète permettrait de traiter un vaste

bassin de patients défaillant vulnérables et dans le

plus grand besoin de nouvelles options

thérapeutiques.

Avec le programme de recherche TIARA, nous

espérons réaliser cet objectif. Plus que jamais,

l’hémodynamicien est appelé à travailler en

collaboration avec ses collègues cardiologues et

chirurgiens pour le soin des patients avec défaillance

cardiaque.

E. Marc Jolicoeur, MSc MHS FCRP-C FACC

Cardiologue

Institut de cardiologie de Montréal

Page 4: Chroni-Coeur Vol 8#3

4

Partenaires jusqu’à la fin

Le vendredi 14 septembre dernier, lors du 9e

symposium de la SQIC, un atelier traitant de la prise

de décision et des niveaux de soins chez les patients

atteints de maladies chroniques vous a été présenté.

Cet atelier représentait en fait un résumé d’une

formation qui peut être offerte aux médecins, aux

résidents, aux infirmières et à tous les professionnels

impliqués dans les questions de fin de vie. Cet atelier

de 90 minutes propose des outils pour faciliter les

discussions entre les membres de l’équipe soignante

et les patients / familles sur les questions de fin de vie.

Cet atelier de formation est né du partenariat

entre l’Institut de Cardiologie de Montréal, l’Institut

Universitaire de Gériatrie de Montréal, le CSSS –

Institut Universitaire de Gériatrie de Sherbrooke et

le Centre de Pédagogie Appliquée aux Sciences de la

Santé (CPASS) de l’Université de Montréal. La

pierre angulaire de cette formation est une vidéo qui

illustre le long parcours d’un défaillant cardiaque et

les interventions de l’équipe de soins en regard du

niveau de soins et des décisions de fin de vie.

Le comité scientifique est à la recherche

d’animateurs pour diffuser le contenu de cet atelier

dans toutes les régions du Québec. Si vous désirez

faire partie du groupe d’animateurs qui diffusent

l’atelier dans leur milieu ou si vous désirez assister à

l’atelier global de 90 minutes ou simplement obtenir

de l’information sur la tenue de prochains ateliers

dans votre région, vous pouvez entrer en

communication avec :

M. Jean-François Bouchard

CPASS de l’Université de Montréal

514 343-6111, poste 4932

OU

courriel : [email protected]

Annie Dore, MD

Cardiologue Institut de Cardiologie de Montréal

Sonia Heppell, M. Sc. Inf. IPSC

Institut de cardiologie de Montréal

INTEN-CITE—INcidence, TENdances temporelles de faCteurs de

risque de diabèTe post-greffe cardiaque

Le diabète est une complication fréquente de la

transplantation d’organe. Toutefois, l’impact de cette

complication et l’évolution de son incidence chez les

transplantés cardiaques (NODAT) est inconnu. En

effet, peu d’études ont été réalisées chez cette

population. Ce projet d’étude rétrospective visait à

mettre en évidence l’incidence du NODAT à un an

post-transplantation cardiaque et sa variation depuis

1983 chez des patients greffés à l’Institut de

cardiologie de Montréal. Trois cents six patients ont

été inclus. Nos données préliminaires démontrent que

l’incidence du NODAT à 1 an serait de 9.1%. Le

risque de NODAT dans la première année post-greffe

était particulièrement important, puisque le risque

dans les 15 années suivantes était d’environ 0 à 5%

par année. Depuis 1983, une fluctuation du risque de

NODAT a été observée, sans toutefois suivre de

tendance ascendante.

En conclusion, nos données préliminaires

semblent révéler un risque élevé de développer du

diabète post - transplantation cardiaque,

particulièrement durant l’année suivant la greffe.

Marie-Pierre Quirion, Pharm D.

étudiante à la Maîtrise

Kim Lachance B.Pharm.,

étudiante au Ph.D

Anique Ducharme, MD,

Normand Racine, MD,

Michel White, MD.,

Michel Carrier, MD,

Page 5: Chroni-Coeur Vol 8#3

5

Merci à nos membres partenaires pour leur don sans restriction à l’EMC

Approche clinique de la douleur articulaire

chez le patient insuffisant cardiaque—

Gouttes, arthrites et autres conditions musculo-squelettiques fréquentes

Messages clés :

1. Traitement de la polyarthrite rhumatoïde.

Implications dans l’insuffisance cardiaque

a. L’hydroxiquine très rarement peut causer une

myocardiopathie (vacuolaire) ; surtout quand

utilisée chez les patients avec IRC avancée

sans correction de la dose

b. b. Les anti-TNFs sont contre-indiqués

chez les patients avec insuffisance cardiaque

stade 3 ou 4 ; ils peuvent détériorer la fonction

cardiaque dans ce cas ; cependant si utilisés

chez des patients rhumatoïdes sans insuf-

fisance cardiaque, cette classe de médication

est prouvée pour aider à prévenir la MCAS,

maladie plus prévalence dans la PAR que

dans la population générale.

2. Goutte

a. I’utilisation à court terme (moins que 10

jours) de prednisone (dose moyenne de 30 mg/

jour) pour une crise aiguë de goutte est sécure

même chez un patient avec insuffisance car-

diaque ; pas de rétention hydrosodée à court

terme.

b. L’allopurinol est souvent mal utilisé; des doses

sous-optimales sont fréquemment utilisées.

L’objectif primordial est d’obtenir une

uricémie <360 nmol/L. Des doses jusqu'à 600

mg par jour peuvent être nécessaires. Chez un

patient avec IRC, commencer avec des doses

faibles (50 à 100 mg/jour et augmenter

progressivement (faire un contrôle de FSC et

enzymes hépatiques aux 2 mois)

c. Le febuxostat est une option plus facile à

manipuler chez les patients avec insuffisance

rénale (stade 3, pas encore étudié pour l’IRC

plus sévère) ; au contraire de l’allopurinol, le

métabolisme du febuxostat est partiellement

hépatique

3. Arthrose (inclusivement gonarthrose et

lombalgie)

a. Il est maintenant prouvé que les patients qui

souffrent d’arthrose vont fréquemment

développer après des années une condition

hyperalgique : la douleur chronique (centrale)

similaire à la fibromyalgie. La douleur

initialement nocioceptive, localisée à

l’articulation, devient plus étendue en

périarticulaire, dans les tissus avoisinants (ex :

pincée roulée pour la lombalgie). La

duloxetine (un inhibiteur de la recaptation de

la sérotonine et noradrénaline) utilisée pour la

fibromylagie et la neuropathie diabétique, a

été prouvée efficace pour la lobalgie et la

douleur de la gonarthrose. Elle est déjà

approuvée au Canada (médicament

d’exception) pour la lombalgie réfractaire à

l’ acetaminophen et les AINS (ou dans le cas

d’une contre-indication).

Ariel Masetto, MD

Rhumatologue, CHUS

Page 6: Chroni-Coeur Vol 8#3

Lors du dernier congrès de la SQIC en

septembre dernier, les membres du Comité se sont

réunis pour déterminer notre calendrier de

développements pour 2012-13. Nous continuerons à

établir notre liste de priorités jugées «critique»,

«majeure» ou « mineure» au fil des nombreuses re-

quêtes reçues.

Quelques changements déjà apportés ou à venir

En regard du calcul de la clairance de la

créatinine, après de multiples consultations et

discussions, il a été décidé de laisser aux cliniciens le

choix quant au type de poids (idéal, sec, maigre,

ajusté) à utiliser dans la formule de Cockroft et

Gault. De plus un nouveau champ permet de saisir le

taux estimé de filtration glomérulaire (TeFG) que

votre laboratoire peut vous produire à partir de la

créatinine ajustée.

Dans la section histoire cardiaque, on bonifie

l’information sur les stimulateurs cardiaques et les

défibrillateurs en ajoutant les termes

« implantation», « désactivation », « changement de

boitier » et « resynchronisation ».

Comme mentionné dans l’article précédent, la

saisie des données devra être rigoureuse pour

maximiser l’utilité de nos rapports périodiques et

exploiter au maximum notre nouveau module de

recherche à venir. Également, certaines sections de

VisionC+ seront refaites pour éviter des problèmes

comme la duplication lors de saisie de données qui est

actuellement possible (ex. MCAS et cardiopathie

ischémique comme étiologie d’IC).

Nouveauté

Le module de recherche a été présenté en grande

première au dernier congrès. Les possibilités

d’études locales, régionales et provinciales seront au

rendez-vous. L’utilisation de ce module est

relativement simple mais les cliniciens devront

d’abord recevoir une formation.

Le Comité de recherche de la SQIC se penchera

sur les règles à suivre par tous les établissements et

par tous les chercheurs en ce qui concerne les devis

d’étude. Aucune donnée ne sera exploitée sans

l’accord de l’établissement et sans l’approbation de

la SQIC, si indiqué.

Poursuite du déploiement de VisionC+ dans la

province

Pour terminer, il existe actuellement 50 cliniques

d’insuffisance cardiaque au Québec. Trente d’entre-

elles utilisent Vision C+. Le déploiement dans une

dizaine d’autres établissements devrait se poursuivre

au cours des prochains mois mais les ressources

humaines devront être disponibles pour appuyer ces

centres. Notre coordonnatrice, madame Carole

Drouin, maintenant à la retraite, a accepté l’offre de

la SQIC de poursuivre son mandat à raison d’une à

deux journée(s)/semaine en attendant une relève

éventuelle. Un gros MERCI à Carole.

D’ici notre prochaine chronique, je veux

remercier les gens du CRED qui, dans l’ombre,

travaillent très forts avec les moyens financiers dont

ils disposent.

Un gros hiver nous attend…

Jean Bournival, pharmacien

Pour le Comité des utilisateurs de Vision C+

Travaux du Comité d’utilisateurs de Vision C+

6

Page 7: Chroni-Coeur Vol 8#3

Les patients admis pour insuffisance cardiaque avec

signes de congestion et réfractaires aux diurétiques

représentent un challenge thérapeutique encore de nos

jours.

Les principales causes de résistance aux diurétiques

sont multiples mais n’impliquent les diurétiques eux-

mêmes que rarement. L’activation neurohormonale, le

bas débit cardiaque et l’insuffisance rénale chronique sont

responsables d’une diurèse insuffisante.

Pour bien utiliser les diurétiques, il faut comprendre

leurs propriétés pharmacodynamiques et pharmaco-

cinétiques. Les diurétiques ne seront efficaces que s’ils

peuvent se rendre aux différents sites d’action sur le

néphron et ce à doses thérapeutiques efficaces.

L’inhibition séquentielle tubulaire par la combinaison de

deux ou trois diurétiques contribue à potentialiser la diu-

rèse de façon spectaculaire pour certains patients.

L’utilisation du salin hypertonique en combinaison

avec de hautes doses de furosémide pourrait rétablir un

volume circulant plus efficace et ainsi disponible pour fil-

tration et élimination. Ce traitement devrait faire l’objet

d’une validation thérapeutique à plus grande échelle dans

les prochaines années mais peut être utile dès maintenant

chez les patients réfractaires avant de songer à l’ultrafil-

tration comme solution ultime mais qui n’est accessible

que dans une minorité de centre hospitalier.

Jean Bournival, phramacien

Hôtel-Dieu de Lévis

COMMENT FAIRE AU JUSTE —

Combiner les diurétiques et autres alternatives thérapeutiques

chez le patient réfractaire ?

Les cardiopathies qui sont dues aux agents de

chimiothérapie suite aux traitements de cancer deviennent

un problème clinique important pour les oncologues et les

cardiologues. Les agents typiquement responsables de

cette forme de toxicité sont utilisés pour le traitement du

cancer du sein et inclus les anthracyclines (l’adriamycin)

et les inhibiteurs de HER-2 (Herceptin ou Trastuzumab).

On retrouve aussi les agents qui inhibent les kinases de

tyrosines affectant l’apoptose qui sont utilisés de plus en

plus pour traiter plusieurs cancers différents (rénaux,

hématologiques…). Ces agents sont capables de causer des

cardiopathies toxiques, mais ont aussi des effets cardio-

vasculaires secondaires importants.

Pour les anthracyclines (AC), il y a différentes

manifestations de cardiotoxicité. La toxicité peut se

présenter tôt, quelques journées après la dose d’AC. D’u-

ne autre part, ces agents peuvent présenter une insuf-

fisance cardiaque quelques mois après la dose ou même

des années après avoir terminé les traitements. La

mortalité cardiovasculaire reliée à la cardiotoxicité chez

les patients qui reçoivent ces agents peut être augmentée 5

fois plus que chez les autres patients. Trastuzumab

(Herceptin) cause une toxicité cardiaque différente et elle

est possiblement renversable dans plusieurs cas. La

toxicité de Herceptin est aussi plus fréquente chez les

patients qui reçoivent l’AC. L’incidence de mortalité

cardiovasculaire et insuffisance cardiaque avec Herceptin

est autour de 0.6-4.0%. Les inhibiteurs de tyrosine kinase

(ITK) sont nombreux et chacun a un profil différent de

toxicité cardiaque, incluant l’insuffisance cardiaque,

l’hypertension artérielle et les épanchements pleuraux.

Chez les patients en oncologie qui reçoivent ces

chimiothérapies, ils doivent avoir eue une échographie,

une MUGA (ventriculographie scintigraphique) ou même

une résonance magnétique (IRM). Des études récentes

démontrent la possibilité de diagnostiquer des problèmes

cardiaques avant même la présence de cardiopathie. Les

troponins, les BNP et possiblement certains paramètres

échographiques (« strain » du ventricule gauche) peuvent

démontrer la cardiotoxicité avant même les manifestations

cliniques. Cela pourrait être envisagé pour certains

traitements. Quand la fraction d’éjection (FE) diminue

d’une façon importante, il faut normalement cesser les

traitements, mais les lignes directrices pour ce type de

protocole ne sont pas encore standardisées.

Suite à la page 8

COMMENT FAIRE AU JUSTE —

Comment diagnostiquer et traiter une cardiopathie induie par des

agents chimiothérapeutiques—adriamycine, Glivec et autres

7

Page 8: Chroni-Coeur Vol 8#3

La prévalence de la fibrillation auriculaire (FA)

atteint 40% dans l’insuffisance cardiaque (IC) avancée.

Les patients avec IC et FA peuvent différer de la popula-

tion globale des insuffisants cardiaques, quant à leurs

comorbidités, aux traitements concomitants et au

pronostic. Les données sont variables quant à l’impact de

la FA sur le pronostic chez les insuffisants cardiaques, et

la présence de FA semble avoir un impact pronostic

négatif mieux démontré dans l’IC avec FE préservée.

Lors d’un diagnostic de FA chez un insuffisant c

ardiaque, on doit s’assurer d’identifier et traiter les causes

réversibles (e.g. hyperthyroïdie, hypokaliémie); ainsi

qu’évaluer les options pharmacologiques pour le contrôle

de la fréquence cardiaque ou, si indiqué, du rythme

cardiaque. Une anticoagulothérapie doit être considérée,

tel que décrite selon les recommandations de la Société

Canadienne de Cardiologie1. Une ablation du nœud AV et

l’implantation d’un pacemaker ou une ablation au niveau

des veines pulmonaires peuvent être considérés dans des

cas sélectionnés2.

Une relation bidirectionnelle existe entre l’insuffisance

rénale chronique (IRC) et la FA. Une large étude récente

a démontré que les risques d’événements thrombo-

emboliques sont accrus en présence d’IRC, de même que

les risques de saignements associés à l’anticoagulothérapie

et à l’aspirine. L’aspirine n’a pas protégé les patients

atteints d’IRC des AVC dans cette étude3.

Le degré d’insuffisance rénale, les anomalies structu-

relles, neurohumorales et inflammatoires associées à la

FA; ainsi que l’utilisation de digitale et d’agents anti-

arythmiques pourraient mitiger les bénéfices des antago-

nistes des récepteurs minéral corticoïdes (ARMs) chez les

patients avec IC, dysfonction systolique et FA. Les pa-

tients de l’étude AF-CHF ayant reçu de la spironolactone

avaient plus de mortalité arythmique que ceux qui n’en

recevaient pas au départ, possiblement en relation avec

des taux de potassium anormaux4 chez ces patients

souvent atteints d’IRC plus marquée (que les patients IC

sans FA). Il faut toutefois considérer que le traitement

par ARM n’était pas réparti de façon aléatoire dans cette

étude et que les patients qui en recevaient avaient un

risque plus élevé de mortalité et de morbidité. Dans l’étu-

de EMPHASIS-HF, le sous-groupe de patients avec FA a

bénéficié du traitement par l’eplerenone5. La prévalence

d’IRC modérée était moindre dans EMPHASIS-HF que

dans AF-CHF.

La surveillance de la fonction rénale et du potassium

est fortement recommandée chez les patients avec IC et

FA.

Références 1. Can J Cardiol. 2011 Jan-Feb;27(1)

2. Can J Cardiol. 2011 Jan-Feb;27(1)

3. Oleson et al. N Engl J Med 2012;367:625-35

4. O’Meara et al. Circ Heart Fail 2012;5(5):586-93

5. Swedberg K et al. J Am Coll Cardiol. 2012;59(18):1598-

603

Eileen, O’Meara, MD, cardiologue

Institut de cardiologie de Montréal

Le traitement pour la cardiopathie connue chez ces

patients sont similaires aux traitements pour nos patients

en insuffisance cardiaque et dans le contexte d’autres étio-

logies (IECA, IRA, bêta bloquants). Finalement, le but

maintenant est de diagnostiquer le problème avant qu’il

arrive et aussi d’essayer de prévenir la toxicité cardiaque

chez les patients qui reçoivent des chimiothérapies. Pour

prévenir la toxicité, il y en a quelques médicaments qu’on

peut utiliser (dexrazoxane), mais des études en cours exa-

minent la possibilité d’utiliser des bêta bloquants même

avant une chute de fraction d’éjection importante et basé

sur des prises de sang ou des paramètres particuliers en

échographie.

Le domaine de « cardio-oncologie » devient un domai-

ne de plus en plus important, pour les oncologues et les

cardiologues. Il va nécessiter une bonne communication

entre ces deux spécialités dans le contexte de patients com-

pliqués et beaucoup de thérapies complexes avec des effets

cardiovasculaires importants.

Richard Sheppard, MD, cardiologue

Hôpital juif de Montréal

Comment diagnostiquer et traiter une cardiopathie induie par des

agents chimiothérapeutiques—adriamycine, Glivec et autres Suite de la page 7

Fibrillation auriculaire et insuffisance cardiaque

8

Page 9: Chroni-Coeur Vol 8#3

9

Page 10: Chroni-Coeur Vol 8#3

Réhabilitation et défaillance cardiaque

La réhabilitation est une approche multidisciplinaire

qui permet de s’adresser aux facteurs de risque et d’en-

courager des modifications de comportement pour main-

tenir un style de vie sain. Le volet éducationnel permet

aux patients d’avoir une meilleure compréhension de leur

maladie chronique et favorise l’adhérence à la médication.

L’éducation et la supervision permettent aux patients d’é-

valuer leurs objectifs personnels et d’atteindre un niveau

d’autogestion efficace de leur maladie. Plusieurs études

montrent qu’une bonne autogestion est probablement liée

à une réduction du taux de réhospitalisation.

Indépendamment de la fraction d’éjection, l’intoléran-

ce à l’effort est reliée aux anomalies de remplissage diasto-

lique du ventricule gauche. Chez la personne âgée, le volu-

me éjectionnel à l’effort est particulièrement dépendant

du remplissage diastolique. Ceci est d’autant plus impor-

tant que la fréquence cardiaque maximale à l’effort dimi-

nue avec l’âge.

Les patients atteints d’insuffisance cardiaque chroni-

que qui s’engagent dans un programme d’entrainement

physique supervisé augmentent leur capacité aérobique et

leur tolérance à l’exercice. Ceci est dû à l’amélioration de

la fonction endothéliale en périphérie de même qu’à l’a-

mélioration de la fonction musculaire via une meilleure

fonction aérobie et les paramètres ventilatoires sont égale-

ment bonifiés. Les patients bénéficient de l’activité physi-

que régulière car il y a diminution de la fatigue et de la

dyspnée à l’effort. Chez les personnes âgées, on note un

effet bénéfique sur la qualité de vie et la capacité fonction-

nelle. Un meilleur équilibre, la prévention des chutes et

une amélioration des fonctions cognitives sont parmi les

bénéfices de l’exercice.

La réhabilitation et l’autogestion dans la défaillance

cardiaque sera un des sujets inclus dans la mise à jour des

prochaines recommandations de la Société canadienne de

cardiologie dans l’insuffisance cardiaque chronique.

Marie-Hélène LeBlanc, MD, cardiologue

IUCPQ—Hôpital Laval

Défaillance cardiaque de prédominance droite —

Échec du traitement habituel

Présentation d´un cas clinique:

Un patient de 75 ans consulte son médecin de famille

pour une histoire de dyspnée progressive depuis 3 semai-

nes accompagnée d’œdème des membres inférieurs et dis-

tension abdominale.

Il est connu pour certains facteurs de risque cardio-

vasculaires dont l’hypertension artérielle, un diabète de

type II non-traité, un ancien tabagisme et une insuffisance

rénale chronique. Il a été traité par prostatectomie pour

un cancer de la prostate et est actuellement anticoagulé

pour une thrombophlébite profonde.

Les détails de son examen clinique ne sont pas initiale-

ment disponible, mais un traitement avec du furosémide

40 mg par voie orale die était débuté avec soupçon de dé-

faillance cardiaque droite.

En ce moment nous pouvons considérer différentes

étiologies ayant ce tableau clinique:

1) Hypertension pulmonaire :

- Maladie pulmonaire obstructive chronique chez un

patient ex-fumeur

- Thrombo-embolie pulmonaire chez un patient avec

antécédent de thrombophlébite profonde (moins

probable à cause du traitement anticoagulant)

2) Dysfonction droite primaire :

- Infarctus du ventricule droit (ischémie silencieuse

chez patient diabétique)

- Valvulopathie droite

3) Dysfonction droite secondaire à une cardiopathie gau-

che

- Cardiopathie ischémique gauche (ischémie silencieu-

se chez patient diabétique)

- Valvulopathie gauche

4) Shunt intracardiaque

5) Cardiomyopathie restrictive

6) Pathologies du péricarde

- Épanchement péricardique

- Péricardite constrictive

Malgré une augmentation du traitement médical, le

patient n’éprouvait pas d’amélioration dans ses symptô-

mes de dyspnée ou son œdème progressif ; il a été admis à

l’hôpital pour des investigations plus approfondies. Suite à la page 11

10

Page 11: Chroni-Coeur Vol 8#3

Défaillance cardiaque de prédominance droite —

Échec du traitement habituel Suite de la page 10

À l’examen physique, il démontrait une tension vei-

neuse centrale élevée avec signe de Kussmaul, un Knock

péricardique, absence de souffles, une diminution du mur-

mure vésiculaire pulmonaire bi-basal, une hépatomégalie

ainsi qu’un œdème des membres inférieurs à godet.

Les investigations donnaient un ECG qui démontrait

un rythme sinusal avec des voltages réduits mais sans évi-

dence d’ischémie aiguë ou ancien infarctus. La radiogra-

phie pulmonaire montrait des épanchements pleuraux

bilatéraux, mais plus prononcé à gauche et un index car-

dio-thoracique préservé.

Malgré une tentative de furosémide intraveineux, la

résistance aux diurétiques s’est accompagnée d’une dété-

rioration de la fonction rénale. L’épanchement pleural

gauche fut ponctionné et la biochimie démontrait un liqui-

de transudatif.

Une échocardiographie transthoracique révélait une

absence de valvulopathie, une fraction d’éjection du ven-

tricule gauche de 60%, avec une dysfonction diastolique

du type restrictif, une interdépendance ventriculaire avec

septal bounce, une masse épicardique entourant la partie

antéro-apical du ventricule gauche, une dilatation de la

veine cave inférieure (29 mm) qui était fixe, avec varia-

tions respiratoires significatives des flux mitral et tricuspi-

dien et une importante dilatation du sinus coronaire.

La coronarographie démontrait une absence de mala-

die athérosclérotique significative et le bilan hémodynami-

que mettait en évidence une onde "y" proéminente dans

l’oreillette droite avec une morphologie de courbe en

"W". Le signe de "dip-plateau" ou "root square" avec

égalisation des pressions de remplissage. Pour mieux défi-

nir le péricarde et myocarde, une IRM a été faite et a pu

montrer un péricarde fibreux de 6 mm d’épaisseur et un

rehaussement du myocarde au gadolinium qui était com-

patible avec une myopéricardite.

Avec le diagnostique de péricardite constrictif et un

tableau de défaillance cardiaque persistant une péricar-

diectomie totale était effectué. On notait une diminution

immédiate de la TVC de 32 mmHg à 17 mmHg. Le pério-

de postopératoire passait sans complication. Le rapport

final d’anatomo-pathologie confirmé un péricarde épaissi

par des tissus fibreux, dont l’épaisseur maximale était

d’environ 0.6 à 0.7 cm, c'est-à-dire, une organisation fi-

breuse extensive sur une péricardite fibrino-

hémorragique.

Commentaires :

Physiopathologie de la péricardite constrictive.

Dans la péricardite constrictive, on note une restric-

tion du remplissage ventriculaire qui est effectuée de fa-

çon rapide pendant la proto-diastole, c’est qui est respon-

sable de l’apparition du signe de "dip-plateau" et qui cau-

se aussi le profil restrictif. Il y a aussi des changements

respiratoires dynamiques avec une dissociation entre la

pression intracardiaque et intrathoracique, qui donne lieu

à une interdépendance du remplissage ventriculaire.

En termes d’étiologie la plus part des cas (55%), sont

d’étiologie inconnue ou idiopathique, 13% post-chirurgie

cardiaque, 10% post-radiation et dans 22% des cas il s’a-

git de cas variés (tuberculose, post-péricardite, insuffisan-

ce rénal chronique en traitement avec hémodialyse, mala-

dies du tissu conjonctif, infiltration néoplasique etc.)

Les symptômes liés à la péricardite constrictive sont

représentatifs de la défaillance cardiaque droite : œdèmes

des membres inferieures, distension abdominale, anorexie,

fatigue et dyspnée à l’effort.

Comme signes cliniques on peut trouver une disten-

sion jugulaire avec effondrement diastolique rapide (signe

de Friedreich), signe de Kussmaul, pouls paradoxal, hépa-

tomégalie, ascite, ictère, knock péricardique à l’ausculta-

tion, entre autres reliés à une surcharge volémique droite.

Pour faire le diagnostique de péricardite constrictive il

faut soupçonner tout cas avec une élévation des pressions

veineuses droites, une surcharge volémique, une résistance

aux diurétiques, des poumons clairs et une fonction du

ventricule gauche normal.

On peut diviser le traitement en deux grands groupes,

le traitement médical avec diurétiques (palliatif) et le trai-

tement chirurgical par péricardiectomie. Les résultats

chirurgicaux dépendent de la cause sous-jacente, l’idiopa-

thique est l’étiologie avec le meilleur pronostique tandis

que la post-radique a le pire pronostic et avec un pronosti-

que intermédiaire on a l’étiologie post-chirurgical et les

variés.

Laura Domínguez Pérez, MD, Fellow Cardiologie

Institut de Cardiologie de Montréal

11

Page 12: Chroni-Coeur Vol 8#3

Comité exécutif—2012-2013…. suite de la page 3

Dr Serge Lepage, Président

Dr François Tournoux, 1er Vice-Président

Mme Nathalie Nadon, 2e Vice-Présidente

Dr Marc Frenette, Secrétaire-Trésorier

a/s Dr Serge Lepage

688, rue Prospect, Bureau 209

Sherbrooke, Qc J1H 1A8

Tél. : 819-542-2750

Les textes et illustrations ne peuvent être reproduits

sans l’autorisation écrite de l’éditrice de la SQIC. Les

opinions exprimées dans le bulletin d’information

SQIC ne reflète pas nécessairement celles de l’éditrice

ou de la SQIC. De plus, les produits et services dont il

est fait mention dans le bulletin d’information ne sont

ni approuvés, ni recommandés par la SQIC, sauf

quand il en est fait mention formellement.

Stratégie invasive précoce dans la myocardite fulminante

Présentation d´un cas clinique:

Un patient de 21 ans sans antécédent consulte à

l´urgence pour symptômes rapidement progressifs

d’insuffisance cardiaque dans un contexte de tableau

respiratoire viral. L´échocardiographie initiale démontre

une dysfonction ventriculaire gauche sévère, avec

détérioration importante 24 heures plus tard. La

coronarographie est normale et la biopsie est compatible

avec une myocardite. Le patient présente instabilité

clinique avec signes de bas débit malgré un support

inotrope musclé, nécessitant l’implantation d’un support

gauche de type Impella 5.0L au deuxième jour de

l´admission, sans complications, et un traitement avec

corticoïdes IV est tenté. La FEVG se normalise après 3

jours de support et le patient a reçu son congé au jour 7,

sous traitement avec B-bloquants et IECAs.

Commentaires:

La myocardite fulminante est un processus

inflammatoire myocardique caractérisé par de

l’insuffisance cardiaque rapidement progressive.

L´étiologie est principalement virale, les Coxsackies et

adénovirus étant les plus fréquents. Les facteurs qui

déterminent l´évolution d’une myocardite vers fulminante

ou non fulminante ne sont pas connus, mais souvent les

patients avec myocardite fulminante présentent des

symptômes d´infection virale les jours précédant le

diagnostic, et ils se présentent avec une insuffisance

cardiaque plus aiguë et un état hémodynamique souvent

précaire. Bien que ces patients soient plus instables et

présentent une pathologie potentiellement mortelle à court

terme, le pronostic à un an est meilleur que dans les cas de

myocardite non fulminante, la majorité des patients

récupérant leur fonction systolique cardiaque en 7-10

jours. Le traitement de cette condition est principalement

de support et l´utilisation de corticoïdes est controversée,

puisqu’il y a très peu de littérature dans ce sous-groupe de

patients.

Le recours à l’implantation d’un support

hémodynamique doit être considéré précocement, s’il n´y

a pas de réponse aux inotropes et/ou le patient présente

des signes de choc cardiogénique. Un transfert dans un

centre de greffe est alors nécessaire pour offrir toutes les

options au patient. Le choix du type de support mécanique

dépend en grande partie de l´évaluation du ventricule

droit. Si la dysfonction est principalement gauche et que le

VD présente une fonction acceptable, il est raisonnable

d’opter pour un support uniquement gauche (Impella,

Tandem heart...), alors que s’il y a une atteinte important

du VD, l´ECMO (Extra Corporeal Membrane

Oxygenator) sera probablement le meilleur choix.

Toutefois, avec l’avènement récent des supports

mécaniques droits percutanés (Impella), il s’agit vraiment

d’une décision au cas par cas. Avec un traitement agressif

de la myocardite fulminante, la récupération ventriculaire

complète est fréquente et la greffe cardiaque n´est pas

nécessaire dans la majorité des cas, une fois passée la

période aiguë.

Guillem Caldentey, MD,

Fellow insuffisance cardiaque et greffe

12

Page 13: Chroni-Coeur Vol 8#3

Les multiples visages de l’ECMO —

Le quoi, où, qui, quand comment de l’ECMO

Il existe peu de données vis-à-vis les résultats de

l’ECMO (Extracorporeal Membrane Oxygenation). Cette

technologie dérivée de la pompe à circulation extra-

corporelle, permet le support ventilatoire ou

hémodynamique des patients hémodynamiquement

instables ou avec insuffisance respiratoire.

L’ECMO consiste d’une canule de drainage veineux

installée par exposition fémorale ou percutanée (pour

l’installation périphérique) qui est montée au niveau de

l’oreillette droite. Aussi, une canule artérielle permet le

retour du sang oxygéné et peux être installée dans le

système artériel pour le mode veino-artériel ou dans le

système veineux pour le mode veino-veineux. Des

installations centrale et périphérique sont possibles. Les

deux canules sont reliées au système d’ECMO qui permet

l’oxygénation, le retrait carbonique, l’échange calorique et

la propulsion du sang.

À l’Institut Universitaire de Cardiologie et

Pneumologie de Québec, nous avons révisé notre série

d’ECMO datant de 1999 à 2010; 64 cas inclus dont 13

installés en laboratoires d’hémodynamie et 51 installés

dans un environnement opératoire furent identifiés. Il

n’avait pas de différence significative pour les

complications post-installation dans les deux groupes à

moins de plus de difficulté d’installation en salle

d’hémodynamie 31% versus 7% (p<0.05) et une tendance

à plus de saignement en installation opératoire 62%

versus 38% (p=0.06). La mortalité ne différait pas entre

les deux groupes à 85% en installation d’hémodynamie et

77% opératoire. Celle-ci peut être expliquée par des

installations tardives lors de choc profond et décompensé.

Malgré la mortalité élevée, les groupes représentant des

survies intéressantes était les myocardites à 100% (n=2/2),

les greffes à 42% (n=5/12), les insuffisances respiratoire

(n=1/2) et l’hypothermie à 100% (n=1).

En conclusion, l’ECMO consiste en une symphonie de

quelques composantes et demeure une avenue à explorer

dans des indications spécifiques. De nouvelles études

démontrent des survies intéressantes lorsque l’ECMO est

installée plus précocement et le suivi de celle-ci

contribuera à une utilisation plus optimale de l’ECMO.

Mehrdad Razmpoosh MD

Résident de cardiologie

Bagur R., Sénéchal M., Dionne S., Bertrand O.,

Charbonneau É.

IUCPQ—Hôpital Laval

La myocardite à cellules géantes, myocardite fulminante —

Deux indications de biopsies endomyocardiques

La myocardite à cellules géantes est une forme rare

extrêmement sévère de myocardite dont l’étiologie est

auto-immune. Elle se caractérise par un tableau d’insuf-

fisance cardiaque subaiguë progressive et réfractaire. On

note aussi la présence d’arythmies ou de blocs auriculo-

ventriculaires de haut degré chez 50% des patients. Elle

est classifiée comme une cardiopathie dilatée, mais aucune

étude ne s’est intéressée spécifiquement à caractériser la

taille du ventricule gauche ainsi que son évolution.

Nous décrivons la présentation clinique et écho cardio-

graphique de 6 patients atteints de myocardite à cellules

géantes qui ont été suivis dans notre centre.

Clinique

Les 6 patients ont présenté un tableau d’insuffisance

cardiaque progressive et réfractaire d’apparition

subaiguë, avec un début des symptômes estimés entre 1 et

3 mois avant l’hospitalisation.

Trois patients ont présenté un bloc auriculo-

ventriculaire de haut degré nécessitant l’implantation

d’un pacemaker, et 2 de ces derniers ont aussi présenté

des arythmies ventriculaires malignes. Trois de nos pa-

tients n’ont eu ni arythmie ni bloc de haut degré et, chez

ces patients, le diagnostic était très difficile.

Un seul patient a bénéficié de façon soutenue de l’im-

munosuppression. Les autres ont eu soit un échec au trai-

tement ou n’étaient pas traités car jugés instables ou à ris-

que infectieux prohibitif. Il est à noter que les seules don-

nées disponibles concernant l’immunosuppression pour

cette pathologie sont des données rétrospectives ou obser-

vationnelles avec les biais que cela comporte.

13

Page 14: Chroni-Coeur Vol 8#3

À inscrire à vos agendas

Du point de vue écho cardiographique, 4 patients

sur 6 ne présentaient pas de dilatation ventriculaire gau-

che significative à leur première échocardiographie (faite

en moyenne 1 mois après l’apparition des symptômes).

Éventuellement, la majorité ont présenté une dilatation (5

patients), mais chez la moitié, cette dilatation survenait

tardivement, c’est-à-dire, après l’instauration d’un choc

cardiogénique réfractaire ou l’implantation d’un cœur

mécanique.

Les recommandations actuelles stipulent de sus-

pecter une myocardite à cellules géantes et d’effectuer une

biopsie endomyocardique en présence d’une cardiopathie

dilatée d’apparition subaiguë se détériorant de façon ma-

jeure sous traitement. Or, la nécessité de dilatation ventri-

culaire gauche est discutable puisque aucune étude ne

s’est intéressée à caractériser la taille du ventricule gauche

dans cette pathologie, ainsi qu’à décrire son évolution

écho cardiographique.

À la lueur de notre analyse, nous croyons qu’il

peut être envisagé de faire une biopsie en l’absence de di-

latation ventriculaire gauche chez certains patients chez

lesquels le diagnostic est évoqué, c’est-à-dire, devant un

tableau d’insuffisance cardiaque d’apparition subaiguë

qui se détériore sous traitement médical, avec ou sans

arythmies/blocs. Ceci reste à balancer avec le risque de

biopsie qui est d’environ 1% et reste une question de juge-

ment clinique. La rationnelle de cette approche est que la

dilatation peut survenir de façon tardive et que le patient

peut se détériorer de façon importante durant ce délai.

Myocardite fulminante

Finalement, nous avons présenté un cas de myo-

cardite lymphocytaire fulminante diagnostiquée par biop-

sie endomyocardique et ayant bien évolué sous traitement

d’immunoglobulines intraveineuses. Aucune étude d’en-

vergure n’a, pour l’instant, étudié spécifiquement l’utilisa-

tion d’immunoglobulines pour cette pathologie, mais plu-

sieurs rapports de cas et petites séries ont rapporté un bé-

néfice pour ce traitement chez environ une quarantaine de

patients.

Maxime Berthelot-Richer, MD, résident de cardiologie

Christine Bourgault, MD

Marie-Hélène LeBlanc, MD

Bernard Cantin, MD

Christian Couture, MD

Mario Sénéchal, MD

La myocardite à cellules géantes, myocardite fulminante —

Deux indications de biopsies endomyocardiques Suite de la page 12

10e Symposium

Les 20 et 21 septembre 2013

Château Bonne Entente, Québec

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