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MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION NATIONALE, DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET DE LA RECHERCHE Direction des Personnels Enseignants CERTIFICAT D’APTITUDE AU PROFESSORAT DE L’ENSEIGNEMENT DU SECOND DEGRÉ CAPES ET CAERPC ITALIEN CONCOURS INTERNE Rapport présenté par Monsieur Raymond ABBRUGIATI Professeur des Universités Président du jury Session 2005

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MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION NATIONALE,DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

ET DE LA RECHERCHE

Direction des Personnels Enseignants

CERTIFICAT D’APTITUDE AU PROFESSORATDE L’ENSEIGNEMENT DU SECOND DEGRÉ

CAPES ET CAERPC

ITALIEN

CONCOURS INTERNE

Rapport présenté par Monsieur Raymond ABBRUGIATIProfesseur des Universités

Président du jury

Session 2005

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Sommaire

• Sommaire p. 2

• Observations du Président du jury p. 3

• Composition du jury – Modalités du concours p. 4

• Statistiques p. 5

• Répartition géographique p. 6

• Sujet de l’épreuve écrite d’admissibilité p. 7

• Le commentaire guidé p. 9

• La traduction p. 21

• L’épreuve de compréhension-expression p. 27

• L’épreuve d’exploitation pédagogique de documents p. 37

• Exemples de documents de compréhension-expression p. 47

• Exemples de documents de pédagogie p. 55

Les rapports de jury sont établis sous la responsabilité des Présidents de jury.

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Observations du Président du jury

Le présent rapport est le résultat d’un important travail de reformulation, à partirdes résultats de la session 2005, des principes qui régissent chacune des épreuves. Lejury espère qu’il sera utile aux formateurs et aux futurs candidats.

Le commentaire guidé est un exercice très différent du commentaire dirigé ; lerapport propose une méthode d’approche par lectures successives, de la reconstructiondu sens littéral à partir des indicateurs qui émaillent le texte, à la perception, grâce à laphrase de guidage, de son fonctionnement littéraire et de son sens profond.

La traduction. La synergie entre la traduction universitaire (qui se veut aussisourcière que possible) et le commentaire est ici opportunément illustrée.

L’épreuve de compréhension-expression. Sont fournies, de façon circonstanciée,les clefs d’une préparation intelligente et efficace, pour une épreuve très rapide,exigeant une gestion du temps rigoureuse et un entraînement aussi intense que varié.

L’exploitation pédagogique de documents demande au candidat de montrer toutela palette de son savoir-faire pédagogique, mais aussi son aptitude à construire uneséquence tenant compte de la spécificité et de l’intérêt du document ; il est invité àrépondre à cette double exigence de façon intelligente et équilibrée.

Le tableau ci-dessous rend compte de l’évolution récente du concours.

En quatre ans, le nombre d’inscrits augmente de 117,8 % ; le nombre de postes de31,5 % ; avec un rapport postes/inscrits qui passe ainsi de 11,6 % à 7 %, le concoursdevient sensiblement plus sélectif. Ces chiffres témoignent de l’attractivité croissante duconcours. L’important renouvellement du vivier dynamise les préparations et contribueà la qualité du recrutement : la moyenne des admis, pendant ces quatre années, nedescend en effet jamais au-dessous de 11/20 (11,63/20 en 2005).

Les collègues du jury ont répondu à cette situation très évolutive par unemobilisation et une déontologie sans failles. Au moment de quitter mes fonctions, jetiens à témoigner de leur très fort engagement et de leur dévouement. Mes pensées lesplus cordiales vont également à ceux qui, à tous les niveaux (Ministère, Rectorat,établissements d’accueil, surveillance), ont veillé à la bonne marche de chacune desphases du concours. Aux candidats heureux qui viennent d’être admis, j’adresse, aunom de l’ensemble du jury, toutes mes félicitations. Aux candidats de la session 2006,je souhaite un travail fructueux et une réussite à la hauteur de leur engagement et de leurmérite.

Aix, le 27 mai 2005.

Raymond Abbrugiati

CAPES interne (public) 2002 2003 2004 2005

Postes 19 20 20 25

Inscrits 163 185 276 355

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Composition du jury

• Raymond ABBRUGIATI, Professeur des Universités, Université de Provence, Président• Gérard VITTORI, Professeur des Universités, Université de Rennes 2, Vice-Président• Pellegrina FISCHETTI, IA-IPR, Rectorat de Nice, Vice-Présidente• Bianca CONCOLINO, Maître de conférences, Université de Poitiers• Brigitte FARELLE-MAURIN, Professeur agrégée CPGE, Lycée Daudet, Nîmes• Edwige FUSARO, Maître de conférences, Université de Nice• Yannick GOUCHAN, Maître de conférences, Université de Provence• Elsa LESOURD-CHAARANI, Maître de conférences HDR, Université de Nancy• José PAGLIARDINI, Professeur agrégé, Université de Provence• Alexandra RAINON-MARTINEZ, Professeur certifiée, Lycée Victor Hugo, Paris• Carole ROUX, Professeur certifiée, Collège Fernand Léger, Berre• Angelo TOTARO, Professeur agrégé HC, Lycée du Coudon, La Garde

*

Modalités du concoursBO n° 15 du 20 avril 2000 – Section langues vivantes étrangères

a) Épreuve écrite d’admissibilité. Commentaire guidé en langue étrangère d’un texte enlangue étrangère accompagné d’un exercice de traduction (version et/ou thème). Durée del’épreuve : cinq heures. Coefficient : 1.

b) Épreuve orale d’admission. Épreuve professionnelle en deux parties.1. Exploitation pédagogique de documents en langue étrangère (notamment audio,

textuels, vidéo) soumis au candidat par le jury. Cette partie de l’épreuve comporteun exposé suivi d’un entretien. Elle tient compte du niveau d’enseignement (collègeou lycée) dans lequel le candidat a une expérience. Le candidat fait connaître ceniveau au moment de l’inscription au concours. Cette partie se déroule en français, àl’exception des exercices de toutes natures qui sont présentés en langue étrangère.Durée de la préparation : deux heures. Durée de l’exposé : trente minutes maximum.Durée de l’entretien : vingt minutes maximum.

2. Compréhension et expression en langue étrangère. Cette partie de l’épreuveprend appui sur un document audio, textuel ou vidéo en langue étrangère, ou sur undocument iconographique dont le candidat prend connaissance en présence du jury.Elle consiste en un compte rendu suivi d’un entretien, les deux se déroulant enlangue étrangère. Durée : vingt-cinq minutes maximum.

Coefficient total : 2. Chacune des parties entre pour moitié dans la notation.

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Statistiques de la session 2005

CAPES interne

Nombre de postes mis au concours 25Admissibilité

Nombre de candidats inscrits 355Nombre de candidats non éliminés 314Nombre de candidats admissibles 62Moyenne des candidats non éliminés (sur 20) 7,59Moyenne des candidats admissibles (sur 20) 11,45Barre d’admissibilité (sur 20) 10,05

AdmissionNombre de candidats admissibles (62–1 ne remplissant pas les conditions administratives) 61Nombre de candidats non éliminés 61Nombre de candidats admis sur liste principale 25Nombre de candidats inscrits sur liste complémentaire /Barre d’admission de la liste principale (sur 60) 29,25 (= 9,75/20)Barre d’admission de la liste complémentaire (sur 60) /

Moyenne portant sur le total général (admissibilité + admission)Moyenne des candidats non éliminés (sur 60) 26,93 (= 8,98/20)Moyenne des candidats admis sur liste principale (sur 60) 34,90 (= 11,63/20)Moyenne des candidats inscrits sur liste complémentaire (sur 60) /

Moyenne portant sur le total des épreuves d’admissionMoyenne des candidats non éliminés (sur 40) 15,48 (= 7,74/20)Moyenne des candidats admis sur liste principale (sur 40) 23,24 (= 11,62/20)Moyenne des candidats inscrits sur liste complémentaire (sur 40) /

CAERPC

Nombre de postes mis au concours 20Admissibilité

Nombre de candidats inscrits 35Nombre de candidats non éliminés 33Nombre de candidats admissibles 10Moyenne des candidats non éliminés (sur 20) 7,83Moyenne des candidats admissibles (sur 20) 10,89Barre d’admissibilité (sur 20) 9,65

AdmissionNombre de candidats admissibles 10Nombre de candidats non éliminés 10Nombre de candidats admis sur liste principale 6Barre d’admission de la liste principale (sur 60) 28,70 (= 9,57/20)

Moyenne portant sur le total général (admissibilité + admission)Moyenne des candidats non éliminés (sur 60) 26,39 (= 8,80/20)Moyenne des candidats admis sur liste principale (sur 60) 32,79 (= 10,93/20)

Moyenne portant sur le total des épreuves d’admissionMoyenne des candidats non éliminés (sur 40) 15,50 (= 7,75/20)Moyenne des candidats admis sur liste principale (sur 40) 21,33 (=10,67/20)

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Répartition géographique (session 2005)

CAPES interne

Académies Admissibles AdmisA02 Aix-Marseille 10 3A03 Besançon 1 0A04 Bordeaux 1 1A05 Caen 2 0A06 Clermont-Ferrand 3 1A07 Dijon 1 1A08 Grenoble 5 2A09 Lille 1 0A10 Lyon 3 0A14 Rennes 1 1A15 Strasbourg 3 2A16 Toulouse 3 1A17 Nantes 1 1A18 Orléans-Tours 1 0A20 Amiens 4 3A22 Limoges 1 0A23 Nice 10 4A27 Corse 4 1A90 Paris-Versailles-Créteil 6 4

CAERPC

Académies Admissibles AdmisA02 Aix-Marseille 1 1A08 Grenoble 3 1A10 Lyon 1 1A11 Montpellier 1 0A20 Amiens 1 0A23 Nice 1 1A90 Paris-Versailles-Créteil 2 2

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Sujet de l’épreuve écrite d’admissibilité

Texte

Era, per lui estraneo, una processione uniforme, in maggioranza di donne, tra lequali faticava a distinguere le differenze : c'erano quelle in grembiale a quadri e quellein nero con cuffia e scialletto, e le monache bianche e nere e grige, e chi abitava al« Cottolengo » e chi pareva arrivasse da fuori apposta per il voto. Per lui, tanto, eranotutte della stessa partita, beghine senza età, che votavano allo stesso modo, e così sia.

(D’improvviso gli venne da pensare a un mondo in cui non ci fosse più labellezza. Ed era alla bellezza femminile che pensava).

Queste ragazze con le trecce, magari orfane o trovatelle allevate dall’istituto edestinate a restar lì tutta la vita, a trent’anni hanno ancora l’aria un po’ infantile, non sidistingue se perché un po’ attardate di mente o perché sono vissute sempre lì, e sidirebbe passino direttamente dall’infanzia alla vecchiezza. Si somigliano come fosserosorelle, ma in mezzo ad ogni gruppo se ne distingue sempre una più brava, che fa ladiligente a ogni costo, spiega alle altre come si fa a votare, e per quelle che sono senzadocumenti va a firmare che le conosce, come è previsto dalla legge.

(Rassegnato a passare tutta la giornata tra quelle creature opache, Amerigo sentivaun bisogno struggente di bellezza, che si concentrava nel pensiero della sua amica Lia.E quello che ora ricordava di Lia era la pelle, il colore, e soprattutto un punto del suocorpo – dove la schiena fa un arco, netto e teso a percorrere con la mano, e poi subitos’alza dolcissima la curva dei fianchi –, un punto in cui ora gli pareva si concentrasse labellezza del mondo, lontanissima, perduta).

Una delle « brave » già aveva firmato per altre quattro. Arrivò senza cartad’identità una di quelle tutte in nero che Amerigo non sapeva se erano monache o cosa.– Conosce nessuno ? – le chiese il presidente. Quella faceva di no, sbigottita.

(Cos’è questo nostro bisogno di bellezza ? si domandava Amerigo. Un carattereacquisito, un riflesso condizionato, una convenzione linguistica ? E cos’è, in sé, labellezza fisica ? Un segno, un privilegio, un dato irrazionale della sorte, come – tracostoro – la bruttezza, la deformità, la minorazione ? O è un modello via via diverso chenoi ci fingiamo, storico più che naturale, una proiezione dei nostri valori di cultura ?)

Il presidente insisteva : – Si guardi intorno se c’è qualcuno che conosce, che possatestimoniare.

(Amerigo pensava che invece d’esser lì avrebbe potuto passare la domenica tra lebraccia di Lia, e questo suo rimpianto ora non gli pareva in contrasto con il doverecivile che l’aveva portato a fare lo scrutatore : anche far sì che la bellezza del mondonon passi inutilmente – pensava – è Storia, è opera civile…)

La donnetta nera muoveva gli occhi intorno senza raccapezzarsi, e allora saltòfuori la solita « brava » e disse : – La conosco io !

(La Grecia… pensava Amerigo. Ma porre la bellezza troppo in alto nella scala deivalori, non è già il primo passo verso una civiltà disumana, che condannerà i deformi aesser gettati dalla rupe ?)

– Ma conosce tutti, quella lì ! – si levò la voce acuta della donna in arancione. –Presidente, le domandi un po’ se sa il nome.

(Per pensare alla sua amica Lia ora Amerigo sentiva come di dover chiedere scusaa quel mondo deserto di bellezza che per lui era diventato la realtà, e Lia appariva nel

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ricordo come non vera, una parvenza. Era tutto il mondo di fuori a diventare parvenza,nebbia, mentre questo, di mondo, questo del « Cottolengo », ora riempiva talmente lasua esperienza che pareva il solo vero).

Italo Calvino, La giornata d'uno scrutatore, Einaudi, 1963.

Commentaire guidé. Commentate il testo mostrando, tra l’altro, come forma econtenuto illustrano una progressiva presa di coscienza del protagonista.

Traduction. Les cinq premiers paragraphes : de « Era, per lui estraneo » à « faceva dino, sbigottita ».

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Le commentaire guidé

1. Conseils méthodologiques

Le commentaire de texte est un exercice difficile et exigeant qui requiert unepréparation sérieuse. L’épreuve, en effet, doit permettre au jury d’apprécier les capacitéset le savoir-faire des candidats dans des domaines aussi divers et complémentaires quela compréhension du texte, la rigueur de l’analyse, la méthode dans l’organisation de laréflexion, dans la présentation et dans l’illustration des arguments, la qualité del’expression écrite et, bien sûr, la correction linguistique. Il va sans dire – mais peut-êtreest-il bon quand même de le rappeler – que cela ne s’improvise pas et que seuls lescandidats entraînés ont des chances raisonnables de bâtir un commentaire convaincant.

Dans l’esprit de l’épreuve, le texte est choisi en raison de ses qualités littéraires,de sa richesse expressive, de son originalité, du potentiel complexe d’exploitation etd’analyse qu’il recèle. Cela signifie concrètement que le texte est envisagé comme uneunité autonome, avec son propre point de départ et son propre point d’arrivée, dotéed’un ensemble de ressources lexicales, grammaticales et stylistiques. En d’autrestermes, le jury n’attend nullement des candidats une connaissance de l’auteur, del’œuvre, ou des circonstances de sa production. Il s’agit, redisons-le, de commenter letexte, non le contexte. Situer ou éclairer ponctuellement le texte dans l’introduction ducommentaire est, certes, possible et légitime, mais l’étalage de connaissances plaquéesartificiellement constitue une grave erreur de méthode et conduit à un échec certain.

*

Il importe, avant tout, de bien comprendre le texte dans ses principaux élémentsconstitutifs : les lieux (éviter les confusions géographiques), l’époque (ne pas faired’anachronisme), les personnages (distinguer le ou les protagonistes des personnagessecondaires) et l’action (interpréter correctement le récit afin de ne pas commettre decontresens rédhibitoires pour le commentaire). Cela n’est possible qu’au prix deplusieurs lectures. Commencer par deux lectures intégrales nous semble être unminimum, mais dans le cas de notre texte il faut procéder à au moins trois lecturescomplètes et attentives.

Première lecture : reconstruction du sens littéral

La première lecture peut se faire indépendamment de la phrase de guidage et apour finalité de mettre en relation les différents éléments, indicateurs ou indices quipermettent de bien comprendre le sens global du texte. On peut ainsi comprendre quel’action se déroule dans un institut (l. 8) appelé « Cottolengo » (l. 3), peuplé dereligieuses (l. 3) et de femmes handicapées ou infirmes (l. 10, 24-25), un dimanched’élections (l. 4, 28). Le protagoniste, Amerigo (l. 14), se trouve à l’intérieur duCottolengo pour y accomplir une mission civique (l. 29), celle de scrutateur (l. 30).Quant à l’époque à laquelle se déroulent les événements narrés, on peut logiquement la

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situer entre 1946 (année où, pour la première fois, les femmes ont pu voter en Italie) et1963 (date donnée de la publication du roman de Calvino). Les informations apportéespar notre première lecture peuvent se limiter à ce stade de la compréhension du texte.

S’en tenir à ces premiers éléments de compréhension, c’est-à-dire à ce que ditexplicitement le texte, permet d’éviter de se fourvoyer dans des interprétations erronéesà des degrés divers de gravité, qui ont été sanctionnées en conséquence.

Ainsi, le jury a accepté, dans la mesure où cela ne compromettait pas la suite del’analyse, que certains candidats aient confondu le Cottolengo (célèbre hospice turinois)avec un couvent, un lycée, un hôpital, une mairie, un quartier, voire une commune. Enrevanche, il n’a pu tolérer que l’on fasse du Cottolengo un village sicilien peuplé deveuves et de casalinghe, emblématique de la condition féminine dans le Sud de l’Italieou de l’exclusion méridionale du miracle économique italien, au point d’y voir lacondamnation implicite du capitalisme et de l’industrialisation de l’Italie du Nord, ou unplaidoyer en faveur du monde rural dans le cadre d’une opposition ville-campagne.

De même, si le jury a accepté – et parfois apprécié – que certains candidatsattribuent au nom scrutatore une double acception (celle d’une personne qui assumeune responsabilité au sein d’un bureau de vote et celle d’un observateur attentif dumonde qui l’entoure), il n’a pas toléré que d’autres candidats fassent l’impasse sur lamission civique du protagoniste, pour ne voir en lui qu’un simple observateur. A fortiorilorsqu’Amerigo devient le témoin visuel d’une cérémonie au cours de laquelle de jeunesreligieuses prononcent leurs vœux (en raison d’une interprétation erronée du mot voto).

Deuxième lecture : perception de la dynamique du texte

La deuxième lecture doit être effectuée à la lumière de la phrase de guidage, quiapporte plusieurs indications. Elle invite d’abord les candidats à lire le texte dans le sensd’une « progressiva presa di coscienza del protagonista ». Cela signifie clairement quecette lecture doit leur permettre non seulement de percevoir un cheminement intérieurdu protagoniste, mais encore de comprendre la nature de sa prise de conscience et ce quila provoque. La phrase de guidage suggère ensuite que l’attention des candidats se porteà la fois sur la forme et sur le contenu du texte, sans dissocier ces deux éléments dansleur commentaire. Elle indique, enfin, par l’incise « tra l’altro », que d’autres axes delecture peuvent être envisagés par les candidats, dans les limites d’une démarchecohérente, qui ne perde pas de vue le guidage proposé.

La relecture du premier et du dernier paragraphe du texte permet à elle seule demesurer le chemin parcouru par le protagoniste. D’une approche initiale distante (l. 1-3), empreinte d’un certain mépris politique (l. 4-5), d’un monde auquel il se sentparfaitement étranger, Amerigo parvient à une perception finale très forte de ce mêmemonde (l. 40-41), à la reconnaissance profonde, à travers un sentiment de culpabilité(l. 38), de la réalité humaine misérable du Cottolengo (l. 39). Et, bien que cela ne soitqu’implicite, on peut en déduire que cette prise de conscience donnera un sens nouveauà son engagement et à sa mission politiques.

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Le reste du texte, dans une alternance régulière de description et de réflexion,montre les étapes successives de la prise de conscience d’Amerigo, à partir d’un constatd’absence de beauté féminine à l’intérieur du Cottolengo. Ce qui s’impose d’abord àl’esprit du protagoniste, c’est l’image de son amie Lia, une image physique et connotéed’érotisme, dans une évocation géométrique de la beauté charnelle (l. 16-17). Puis, saréflexion évolue en une série d’interrogations sur la nature et les fondements culturelsde la beauté. Cette étape de la réflexion est scandée par un rythme ternaire récurrent(l. 22-26). Les interrogations du protagoniste suscitent à leur tour une référenceclassique et idéalisée de l’esthétique : la Grèce (il s’agit, bien entendu, de la Grèceantique). Particulièrement emblématique dans une gradation culturelle des valeurs,l’évocation de la Grèce permet à Amerigo de prendre conscience du caractère néfaste etinhumain que pourrait représenter une valorisation excessive du beau, et elle l’incite àreconsidérer sa propre perception de la réalité à l’aune de la misère humaine quil’entoure dans le Cottolengo.

Quant à l’alternance entre les phases narratives-descriptives et les phasesnarratives de réflexion, elle est principalement mise en évidence, sur le plan formel, parla concomitance de deux discours : d’une part, un discours narratif-descriptif, sansparenthèses, consacré à la description des personnages et au récit du déroulement duvote ; d’autre part, un discours narratif-réflexif, entre parenthèses, qui relate la réflexiondu protagoniste, son cheminement intérieur. A priori, donc, deux textes qui, à premièrevue, pourraient donner l’impression d’une relative autonomie dans leurs progressionsparallèles.

Troisième lecture : vérification de l’hypothèse

La troisième lecture a pour finalité essentielle de vérifier cette hypothèse : ils’agit, cette fois, de lire successivement les deux discours, l’un sans l’autre, afin de serendre compte de leur degré respectif d’autonomie ou de perméabilité, ainsi que de leurdegré respectif d’importance. La logique narrative de l’extrait invite à lire d’abord lediscours sans parenthèses et ensuite le discours entre parenthèses. Une autre finalité decette démarche consiste à mieux distinguer la pluralité des voix dans le récit, au gréd’un croisement complexe des discours direct, indirect et indirect libre, surtout en ce quiconcerne le monologue intérieur d’Amerigo.

On constate de la sorte que, si le premier discours, descriptif et événementiel, peuteffectivement être lu de manière autonome, il n’en va pas de même du second, dont lavocation réflexive ne peut se développer que parce que le premier existe. On constate,par ailleurs, qu’au-delà d’une parfaite égalité numérique des paragraphes qui composentles deux discours, la description suit une courbe décroissante au fil du récit, alors qu’àl’inverse la réflexion s’étoffe et que les pensées du protagoniste apportent uneinformation croissante. La réflexion prend ainsi le pas sur la description et confère audiscours entre parenthèses une primauté de contenu.

Il convient enfin de remarquer que si les parenthèses signalent bien,typographiquement, les phases réflexives de la narration, elles n’en sont pas moins desfrontières poreuses quant aux différents types d’énonciation, car elles accueillent aussibien le discours indirect libre (par l’absence de marquages tels que les guillemets, les

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tirets ou les verbes introducteurs), que le discours direct (avec des interrogations duprotagoniste rapportées au présent de l’indicatif), ou que le discours indirect (avec lavoix toujours très présente du narrateur).

*

Au terme de ces trois lectures, les grandes lignes du commentaire sont déjàtracées. Il reste à les organiser sous la forme d’une étude méthodique. Pour ce faire, lescandidats ont le choix entre deux formules : l’explication linéaire ou le commentairecomposé. Rappelons que, pour ces deux méthodes de lecture, la phrase de guidage nesaurait constituer un plan. Elle ne propose qu’une idée directrice, un fil conducteur àpartir duquel il appartient aux candidats de formuler leur propre plan et de s’y tenir toutau long de leur travail.

Une analyse linéaire ne doit en aucun cas prendre la forme d’une longueparaphrase ou d’un alignement de citations du texte. De même, un commentairecomposé ne doit pas s’articuler autour d’une étude séparée des éléments de réflexionassociés par la phrase de guidage. Il s’agit, pour l’une comme pour l’autre méthode, deprocéder, de manière synthétique (comme le suggère le guidage), à une approchecritique et argumentée du texte, qui montre que l’on a compris ce qui est dit (sur lesplans explicite et implicite) et comment cela est dit (il faut démonter les mécanismes defonctionnement du texte). Des citations du texte, ponctuelles et mesurées, viennent alorsétayer la démonstration, mais elles ne doivent aucunement se substituer à elle.

Dans le même esprit critique, lorsque les candidats sont confrontés à des allusionsou à des références dans le texte, ils ne peuvent pas se contenter d’en faire le constat,mais doivent s’efforcer de les expliciter ou de les interpréter en appuyant leursarguments sur des éléments précis du texte, et en les mettant – chaque fois que cela estpossible – en relation avec d’autres éléments de compréhension rencontrés dans lepassage. Cette remarque vaut aussi pour l’étude de la forme : constater la présence ou larécurrence d’un procédé formel dans le texte n’est pas une fin en soi. Il faut, aucontraire, montrer en quoi c’est important et comment cela contribue à la significationdu texte.

Enfin, au moment de la rédaction du commentaire, il faut veiller à soigner laprésentation. Les parties, les sous-parties et les divers paragraphes doivent clairementapparaître et conserver la même mise en forme d’un bout à l’autre du travail. Dans lecadre du commentaire composé, le recours à des titres et à des sous-titres de parties peutêtre bienvenu, à condition qu’il se conforme au plan annoncé. L’écriture doit être lisible,régulière et exempte, autant que possible, de surcharges et de ratures. Quant à lacorrection linguistique, elle mérite toute l’attention des candidats : le jury, en effet, nepeut tolérer d’un futur professeur certifié d’italien, qu’il malmène de manière récurrentela grammaire, le lexique et l’orthographe de la langue qu’il a pour mission d’enseigner.

*

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2. Proposition de corrigé

Introduzione

Questo brano de La giornata d’uno scrutatore, di Italo Calvino, adotta unandamento narrativo dualistico e originale. Il testo, infatti, mettendo in scena unprotagonista intellettuale assorto in una lunga meditazione, oscilla costantemente tra ilromanzo e il saggio.

L’azione si svolge una domenica di elezioni, all’interno del Cottolengo, unospizio dove vivono in comunità delle monache e delle donne recluse, più o menocolpite da handicap e da infermità. Amerigo, il protagonista, assiste al voto inprocessione di queste donne, in qualità di scrutatore.

L’uniformità, la bruttezza e la miseria umana che sfilano sotto gli occhi diAmerigo, suscitano in lui un bisogno di bellezza che si accompagna a una riflessione suifondamenti dell’estetica. Prendendo coscienza della fragilità delle sue certezzeintellettuali e culturali, egli finisce col riconsiderare la sua stessa concezione dellarealtà, in una prospettiva umana di riflessione che annuncia un superamento delproblema estetico.

Cercando di evidenziare le tappe e le modalità di questa presa di coscienza delprotagonista, articoleremo il nostro commento in due grandi parti. Nella prima partestudieremo come la forma e il contenuto del brano organizzano il tessuto narrativointorno allo sguardo del protagonista e, nella seconda parte, come lo strutturano intornoal disagio provato da Amerigo.

*

1. Dall’osservazione alla riflessione : un procedimento alterno

L’osservazione e le modalità empiriche di una presa di coscienza

Sul modello del suo incipit, il testo potrebbe essere soltanto descrittivo enarrativo. Prima mette in scena un protagonista osservatore e testimone, lasciandolo,all’inizio di varie frasi, nell’anonimato pronominale di una terza persona maschile (Era,per lui estraneo..., Per lui, tanto, erano... , D’improvviso gli venne da pensare... ). Maquesto statuto iniziale del personaggio è limitato molto chiaramente ai primi treparagrafi, cioè a quella parte del racconto che precede il vero e proprio inserimento diuna riflessione. In seguito, il testo si arricchisce di un discorso argomentativo econferisce un nuovo statuto al protagonista : d’ora in poi questi non sarà più né unsemplice osservatore né un personaggio anonimo (il suo nome verrà invecesistematicamente citato).

In questo modo, assolvendo una funzione di esposizione, l’inizio del testo èprevalentemente descrittivo. Presenta lo sguardo che il protagonista volge al luogo incui si trova, luogo non anonimo (Cottolengo), e alla popolazione femminile che vi

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risiede (in maggioranza di donne). Il fatto che tale popolazione venga percepita in modoindifferenziato non è la conseguenza di una scelta narrativa a favore di una descrizionesintetica, bensì quella della realtà umana a cui è confrontato il protagonista : le donnedel Cottolengo, infatti, sono caratterizzate dall’uniformità del loro aspetto (unaprocessione uniforme), dai colori smorti che indossano (quelle in nero, le monachebianche e nere e grige), da un’età indefinibile (a trent’anni hanno ancora l’aria un po’infantile [...] e si direbbe passino direttamente dall’infanzia alla vecchiezza), e da unarassomiglianza paragonabile a quella che accomuna i membri di una stessa famiglia (sisomigliano come fossero sorelle).

Dal punto di vista stilistico, l’effetto del corteo processionale, che viene prodottodall’uniformità delle residenti del Cottolengo, è particolarmente sottolineato dalpolisindeto che scandisce tutta la seconda parte della frase iniziale (… e quelle in nerocon cuffia e scialletto, e le monache bianche e nere e grige, e chi abitava… e chipareva…). In quanto all’opacità gregaria di quell’insolito gineceo, essa è posta inevidenza dalla ripetizione, nel giro di poche righe, del verbo distinguere che denota, siadirettamente (faticava a distinguere le differenze, non si distingue se perché…), sia acontrario (se ne distingue sempre una più brava), la difficoltà che il protagonista provanel cogliere dei caratteri distintivi nella moltitudine uniforme e monocolore dellevotanti. Questo contesto spento e privo di risalto si avvera tuttavia propizio al sorgere exabrupto di una riflessione silente in Amerigo : la locuzione avverbiale inizialeD’improvviso, al secondo paragrafo, assume l’effetto di subitaneità senza alcunpreambolo. Dapprima motivata dalla situazione e dalle circostanze (D’improvviso glivenne da pensare…), tale riflessione viene subito destinata ad ispessirsi in una presa dicoscienza che oltrepassa le mura del Cottolengo (… a un mondo in cui non ci fosse piùla bellezza).

La riflessione e l’instaurarsi di un discorso parallelo alterno

In realtà, in un primo tempo è evidente che la riflessione di Amerigo, ancoraembrionale e circostanziale (era alla bellezza femminile che pensava), si nutre della solaosservazione delle donne del Cottolengo, come dimostrano i paragrafi 1 e 3, interamentededicati al loro ritratto di gruppo. Ma l’espressione di questa meditazione riveste find’ora una caratteristica formale che il seguito del testo erigerà a sistema : l’uso delleparentesi. Tutto quello che pensa Amerigo, tutto quello che rientra nell’ambitodell’astrazione e della soggettività verrà presentato e delimitato nel racconto da questisegni grafici. Le parentesi possono così apparire, per il lettore, come i segnali tipograficidel momento riflessivo della narrazione, con la voce narrante che riporta i pensieri delprotagonista.

Quando, con la distanza necessaria, si abbraccia interamente il testo, si coglie (e sivede) senza equivoco il procedimento alterno che regge la sua progressione, il doppiodiscorso che lo costituisce e lo compone. I due assi discorsivi, infatti, sono paralleli,nettamente delimitati e posti in rilievo dalla combinazione di due tecniche grafiche : dauna parte l’uso sistematico delle parentesi in uno dei due discorsi e l’assenza totale diquesti segni nell’altro ; d’altra parte il cambiamento costante di paragrafo, l’inserimentodi un nuovo capolinea ad ogni passaggio da un discorso all’altro. Da un punto di vistaprettamente formale, si osserva che l’autore sconvolge l’uso tradizionale delle parentesi

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in due modi : prima con un impiego alterato (il discorso tra parentesi non commental’altro discorso), poi con una disposizione disgiunta (il discorso tra parentesi non vieneinserito all’interno delle frasi dell’altro discorso, ma costituisce veramente uno spazionarrativo a parte, parallelo e apparentemente autonomo).

Abbiamo dunque, da un lato, un discorso indiretto senza parentesi che,distintamente e in modo relativamente oggettivo, prende lo spunto da una narrazionedescrittiva della realtà sociale e umana del Cottolengo, per approdare a unarappresentazione di scenette dialogate (con, allora, l’inserirsi del discorso diretto).Dall’altro, con una complessità enunciativa che intreccia la voce narrante (discorsoindiretto) e i pensieri del protagonista (discorso indiretto libero e discorso diretto),siamo di fronte a un testo tra parentesi che, seppure non totalmente sprovvisto disequenze descrittive (si veda l’evocazione del corpo di Lia), è essenzialmente di tipoargomentativo e di ordine soggettivo, con conseguente trasformazione del romanzo insaggio. Siamo insomma in presenza di due testi in uno, connessi, scritti e letti in modoalterno. Il primo potrebbe anche essere riletto in maniera autonoma ; la prova risultainvece meno evidente per il secondo, che dipende dall’altro più di quanto non paia.

Possiamo allora soffermarci sull’eventuale preminenza di uno dei due discorsi. Unapproccio critico frettoloso indurrebbe probabilmente a considerarli di ugualeimportanza, in base ai loro diversi scopi espressivi. Ma, con un esame più attento, larisposta può essere precisata mediante due constatazioni. Prima, l’abbiamo detto, leparentesi non hanno qui la solita funzione di delimitare delle osservazioni casuali osecondarie : non sminuiscono affatto il valore del testo che circoscrivono, anzi. Poi, sec’è una perfetta simmetria numerica tra i paragrafi dei due discorsi, non si può direaltrettanto della loro sostanza informativa : l’informazione riguardante la descrizione delCottolengo è decrescente lungo il racconto, mentre quella riguardante i pensieri diAmerigo si dilata e ben presto si avvera di una densità crescente. La riflessione prendedunque rapidamente il sopravvento sulla descrizione, attribuendo al discorso traparentesi una preminenza di contenuto che la seconda parte del nostro commentocercherà di mettere in luce.

*

2. Il disagio di Amerigo e la sua nuova percezione della realtà

Il meccanismo della riflessione

Il campo d’investigazione intellettuale, nel quale penetra di colpo il pensiero diAmerigo, viene prima definito in modo conciso. Si tratta chiaramente di una riflessionesul concetto di bellezza (un mondo in cui non ci fosse più la bellezza), concetto di cuivengono subito precisati i limiti (era alla bellezza femminile che pensava). La bellezzapresa in considerazione è in tal modo limitata alla sua manifestazione fisica nella donna.

La donna – e la sua rappresentazione – è la molla che fa scattare il meccanismodella riflessione e avvia l’iter mentale del protagonista, tramite un gioco di opposizionie di associazioni. Tre sono le rappresentazioni della donna : due donne (Lia e unascrutatrice) e il gruppo delle residenti del Cottolengo. Delle due donne solo la

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scrutatrice è presente, colta attraverso sensazioni visive (in arancione) e uditive (la voceacuta). Mentre Lia è assente, colta, attraverso il ricordo, nel suo aspetto corporeo. Se levotanti e Lia costituiscono, per il protagonista, dei riferimenti espliciti opposti, il ruolodella scrutatrice è invece marginale per quanto riguarda la riflessione estetica, ma in unaltro ambito assume una funzione implicita che spiegheremo più avanti.

Le due principali evocazioni di donne, quella delle donne del Cottolengo e quelladi Lia, sono i catalizzatori successivi di quella che sarà la presa di coscienza diAmerigo. Esse operano una specie di mise en abyme del processo di riflessione : lospettacolo della miseria fisica delle votanti suscita la riflessione sulla bellezzafemminile, che richiama a sua volta il riferimento a Lia ; poi, il ricordo fisico e sensualedi Lia genera una serie di interrogazioni sui fondamenti naturali, storici e culturali dellabellezza, che richiamano allora il riferimento mitico alla Grecia. Nel gioco deiparallelismi e delle opposizioni che caratterizzano il testo, la Grecia può risultareantitetica al Cottolengo, così come Lia è antitetica alle donne dell’istituto.

La rievocazione delle donne si articola intorno a un gioco di opposizioni tra lamassa e la singolarità, il colore e lo squallore, la presenza e l’assenza, e soprattutto fra larealtà e l’astrazione. L’evocazione di Lia, nei pensieri di Amerigo, viene presentatacome una reazione psicologica – non priva di connotazioni di sensualità (la pelle,percorrere con la mano) – al disagio causato dall’assenza di bellezza femminile nelCottolengo (un bisogno struggente di bellezza, che si concentrava nel pensiero dellasua amica Lia). L’allusione si fonda prima su un’opposizione d’ordine cromatico (traquelle creature opache / quello che ora ricordava di Lia era la pelle, il colore). Poi siconcentra su una parte anatomica precisa e descritta dettagliatamente (un punto del suocorpo – dove la schiena fa un arco…). Questa collocazione del centro della bellezzapresenta Lia meno come una donna amata che come un corpo femminile con quello cheha di erotico e di universale. Ma, pur essendo dotata di un corpo sensuale e attraente,Lia è vista da Amerigo attraverso una prospettiva geometrica (un arco, netto e teso… lacurva… un punto), che già annuncia un’idealizzazione estetica che porterà all’allusionesuccessiva alla Grecia. Così il pensiero dell’amica fa da cerniera nella riflessione diAmerigo che approda all’astrazione.

D’altronde, il secondo riferimento è d’ordine insieme geografico, storico eculturale : si tratta della Grecia, della Grecia antica ovviamente. Esso si inseriscenell’ultima parte del testo, cioè al termine dell’ampliamento della riflessione, ed èconseguente all’emergenza, nella mente del protagonista, di una relativizzazione dellascala culturale dei valori (… una proiezione dei nostri valori di cultura ?, … porre labellezza troppo in alto nella scala dei valori). Il semplice fatto di menzionare iltoponimo “La Grecia” consiste nel volgere in forme culturali il concetto di bellezza :l’antica Grecia è ritenuta la sede fondatrice, filosofica (Platone) e mitica (terrad’elezione degli dei) della bellezza (artistica, letteraria, geometrica, naturale, ecc.). Ora,la complessa ricchezza di tale eredità appare come un freno per Amerigo, quando egliprende coscienza che da una considerazione eccessiva del bello potrebbe anche nascereil male (il primo passo verso una civiltà disumana) : una disumanità che consisterebbenel considerare la deformità al pari di un crimine o di un tradimento, con uno spiritoprobabilmente affine a quello delle condanne eseguite una volta dall’alto della Rupetarpea (che condannerà i deformi a esser gettati dalla rupe).

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In tal modo, il ricordo di Lia e l’allusione alla Grecia risultano accomunati dailoro rispettivi valori emblematici, e il fatto che la Grecia rappresenti un notevoleallargamento della prospettiva, riguardo al punto di partenza che era la bellezzafemminile, appare bene come un processo di astrazione e di idealizzazionedell’esperienza estetica nella riflessione del protagonista.

La rivalutazione della (delle) realtà

Ma tali riferimenti non sono affatto fini a se stessi. Dapprima pensati come deirifugi estetici ideali e rassicuranti (un bisogno struggente di bellezza, che si concentravanel pensiero della sua amica Lia), diventano poi anch’essi, in opposizione alla realtà delCottolengo, i fermenti di un profondo turbamento (Per pensare alla sua amica Lia oraAmerigo sentiva come di dover chiedere scusa) che sfocia in uno sconvolgimento dellecertezze del protagonista (e Lia appariva nel ricordo come non vera, una parvenza). Ilcambiamento altera, in Amerigo, la percezione della realtà del cittadino venuto adadempiere una missione civica all’interno del Cottolengo. Egli prende allora coscienzadel carattere estremamente concreto e invadente della miseria umana circostante.

Basta rileggere il primo paragrafo e paragonarlo all’utima frase del testo permisurare l’evoluzione di Amerigo. All’inizio del testo, si tratta di un personaggio legatoalla realtà esterna (Era, per lui estraneo), che entra in contatto con il mondo privo dirilievo del Cottolengo (una processione uniforme), conscio del carattere politico dellapropria presenza in tale luogo (erano tutte della stessa partita… votavano allo stessomodo). Alla fine del testo, la prospettiva risulta totalmente rovesciata : gli interessipolitici non vengono più menzionati, si sono dileguati al pari di Lia e di tutto ciò che ècollegato al mondo esterno (Era tutto il mondo di fuori a diventare parvenza, nebbia), eAmerigo non è più l’estraneo che stentava ad inserirsi nell’opacità del Cottolengo(questo, di mondo [...] pareva il solo vero) : al contrario, è il mondo esterno, ora, che gliappare estraneo.

Eppure, tra questi due momenti, il contesto politico e civico che giustifica lapresenza di Amerigo nel Cottolengo viene più volte ricordato : sommariamente neipensieri del protagonista (non gli pareva in contrasto con il dovere civile che l’avevaportato a fare lo scrutatore), ma regolarmente nell’evocazione dello svolgimento delvoto (per quelle che sono senza documenti […] come è previsto dalla legge, Arrivòsenza carta d’identità…). Spetta, in realtà, ad altri personaggi – nell’occorrenza alpresidente del seggio e alla scrutatrice – assumere questa funzione narrativa dicontestualizzazione. Il racconto, allora, ricorre allo stile diretto che accentual’opposizione tra i personaggi attivi, politicamente coinvolti, e Amerigo, protagonistapensante che non partecipa al dialogo, non bada alla regolarità dell’elezione, e non siintromette nella polemica nascente. Amerigo si è astratto dalla realtà circostante delvoto, che non coglie e non registra più che come un semplice sfondo sonoro. Sembratagliato fuori dal suo ruolo politico, dalla sua missione civica, e se ne giustificamediante un’altra forma di dovere morale (anche far sì che la bellezza del mondo nonpassi inutilmente – pensava – è Storia, è opera civile…). L’effetto di contrasto tra lavivacità del discorso diretto della polemica e la pacatezza del discorso indiretto liberodella riflessione, vale inoltre a suggerire la distanza che separa la scrutatrice e Amerigo :

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non giungendo alla presa di coscienza del protagonista, la scrutatrice diventa così, anchelei, una realtà estranea per Amerigo.

L’opposizione tra il silenzio distante di Amerigo e le proteste contestuali della suacollega è, da questo punto di vista, molto netta e facilmente osservabile (si levò la voceacuta della donna in arancione / Per pensare alla sua amica Lia ora Amerigo… ). Ma ilruolo contraddittorio della scrutatrice nel racconto non si limita a questo. Comeabbiamo già accennato sopra, il suo personaggio assume anche una funzione simbolicaimplicita. Infatti, nell’universo femminile del testo, lei rappresenta, dopo le residenti delCottolengo e dopo Lia, una terza categoria, un terzo tipo di donna. Proprio come Lia, lascrutatrice è opposta all’immagine indifferenziata delle recluse dell’istituto, ma non sulpiano estetico. Tale opposizione si manifesta, qui ancora, tramite una caratteristicacromatica (della donna in arancione). Il colore arancione della scrutatrice, che spicca inmodo singolare di fronte all’uniformità nera (oppure “bianca, nera e grigia”) dellevotanti, è emblematico della vivacità del personaggio, della sua facoltà di reagire, dicontestare, e di rifiutare il broglio elettorale. In questo senso, essa si oppone davvero aicolori smorti delle donne del Cottolengo, emblematici invece dell’opacità fisica ementale, nonché del gregarismo.

Lento viaggio della presa di coscienza

Il tessuto testuale rende conto della presa di coscienza lenta e faticosa di Amerigo.Due esempi basteranno a documentarla : l’analisi del processo di ricerca (tastoni, sipotrebbe dire) e il sistema delle voci.

In Amerigo, il senso dell’umano, nella sua concreta realtà, dà più ampiadimensione all’impegno politico, al termine di una meditazione intorno all’idea dibellezza. L’ottavo paragrafo del testo sintetizza la problematica estetica che occupa lospirito del protagonista, dal punto di partenza (tra le braccia di Lia) al punto d’arrivo(la bellezza del mondo). Tra queste due estremità, il processo di riflessione èessenzialmente fondato su una successione di interrogazioni : è il principio che reggetutto il paragrafo 6. Il lettore vi è, del resto, invitato a condividere le interrogazioni diAmerigo, tramite l’uso di alcuni deittici personali della prima persona plurale (questonostro bisogno di bellezza, che noi ci fingiamo, dei nostri valori). Il modus operandi delragionamento poggia su un procedimento ternario complesso. Tre interrogazioniprincipali, rette dallo stesso verbo essere, trasformano gradualmente il concetto dibellezza da nozione innata e naturale di « bisogno », a carattere acquisito e artificiale di« modello », di proiezione culturale :

Cos’è questo nostro bisogno di bellezza ?E che cos’è, in sé, la bellezza fisica ?O è un modello che noi ci fingiamo [...] una proiezione… ?

Inoltre, in tre tempi, dei gruppi ternari moltiplicano, spezzandole in segmentinominali, le prime due interrogazioni :

Un carattere acquisito,un riflesso condizionato,una convenzione linguistica ?

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Un segno,un privilegio,un dato irrazionale della sorte…

la bruttezza,la deformità,la minorazione ?

Parzialmente ascendenti, queste tre gradazioni non costituiscono né sempliciinterrogazioni retoriche né risposte interrogative. Hanno due scopi precisi : da una parte,triplicando l’informazione, esplicitano con diverse idee parallele le domande che si faAmerigo ; dall’altra, suggeriscono l’opposizione tra il dubbio (con l’uso e la ripetizionedell’articolo indeterminativo) e la realtà (con le tre occorrenze dell’articolodeterminativo), che si susseguono nei suoi pensieri. In modo che, se le prime due triadirientrano nel campo della congettura e dell’ipotesi, la terza invece, da vera e propriaclimax, esprime chiaramente una dolorosa coscienza dell’evidenza.

È proprio quest’evidenza incalzante che, alla fine del brano, si è radicatasaldamente nella mente di Amerigo (ora riempiva talmente la sua esperienza),confondendo le sue certezze al punto di indurlo a riconsiderare le sue idee e i suoiideali, i fondamenti intellettuali della sua cultura e della sua cognizione della realtà ;perfino al punto di sostituire, nella percezione del protagonista ora mosso da un senso dicolpa (sentiva come di dover chiedere scusa), una realtà con un’altra (quel mondodeserto di bellezza che per lui era diventato la realtà).

Sappiamo già che accanto alla voce narrante che racconta del Cottolengo, quelladi Amerigo non si leva sempre in modo chiaro ; in effetti, nella parentesi del paragrafo6, chi legge non distingue se si tratti del personaggio o del narratore. Quando ilpersonaggio si allontana dalla realtà e dai fatti, non è lui a raccontare il suo itinerario maè la voce narrante a riferirlo, come avviene nell’ultimo paragrafo. La difficoltànell’elaborazione di nuovi punti di riferimento si può cogliere nella sintassi complessa(l’ipotassi : mentre, talmente che) che sancisce il capovolgimento delle certezze-valori :nel testo, « questo » si riferisce alla realtà del Cottolengo che ha assorbito, mentre« quello » (quel mondo) rimanda ai valori di prima.

Si tratta, insomma, della rielaborazione di un sistema di valori da parte delprotagonista, prima impegnato nell’azione civile o politica. La ricerca del personaggiosi compie in un labirinto di forme, di colori, di voci, di segni che Amerigo deveriorganizzare e ricomporre per costruire una nuova gerarchia.

*

Conclusione

Tanto per la sua forma quanto per il suo contenuto, questo passo de La giornatad’uno scrutatore possiede una grande ricchezza espressiva. Fondato interamente su duediscorsi costruiti in alternanza, riesce ad associare strettamente nella narrazione unregistro di descrizione e un registro di riflessione. Benché il racconto venga espresso interza persona singolare con la mediazione di una voce narrante, l’iniziativa e la

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focalizzazione dei due registri spettano al protagonista Amerigo, testimone di una realtàumana desolante, ma anche attore di una presa di coscienza che dà un nuovo senso alsuo impegno politico, e di cui il narratore è a sua volta “scrutatore”.

José PAGLIARDINI

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La traduction

1. Nature et objectifs de l’exercice

Il était proposé aux candidats de la session 2005 de traduire une partie (lignes 1 à21) du texte de Calvino soumis également à leur commentaire. Rappelons les objectifsgénéraux de l’exercice de « version » : la traduction doit placer le lecteur de languefrançaise dans une situation de compréhension identique ou, à défaut, fortementsimilaire à la situation de compréhension du lecteur de langue italienne face au texteoriginel. Autant dire que le candidat doit effectuer la double opération decompréhension du texte d’origine en chacun des éléments qui le constituent, et de« transcription » en langue française de cette compréhension initiale.

Compréhension du texte source. La compréhension est l’acte fondamentalpréparatoire de toute opération de traduction. Toutefois, il convient de préciser unechose : cette compréhension à restituer n’est pas seulement une compréhension globale,c’est aussi et surtout une compréhension du texte en chacun de ses détails, dans unecirculation ininterrompue de la signification entre chacun des choix d’expression del’auteur (choix lexicaux, choix stylistiques, choix d’organisation syntagmatique, choixsyntaxiques) et la totalité des autres choix à travers lesquels se réalise le texte. Lacompréhension réelle passe donc par un échange continuel entre l’unitié signifianteminimale et l’ensemble organisé des autres unités, où chacun des choix opérés parl’auteur correspond à un effet de signification auquel il s’agit, bien entendu, d’êtresensible. C’est dans cette maîtrise intime de la signification du texte à traduire que l’ona le matériau qui permettra de jauger chacune des propositons de traduction au regard dece qu’elle permet de rendre de la richesse initiale du texte (une richesse qui peut êtredans certains cas une sobriété d’expression, une retenue dans les effets, une abstention àutiliser des possibilités stylistiques offertes par la langue) et de ce qu’elle retire ouajoute aux choix d’expression du texte proposé à la traduction. Le rappel de cet objectifpermet donc de souligner qu’une traduction universitaire doit rendre compte d’unecompréhension initiale du texte qui soit fine et sensible, appuyée sur une saisie exactede ce qu’il est convenu d’appeler le « sens » ; mais elle doit aussi respecter lesmodalités mêmes de l’énonciation, ou, à défaut de pouvoir les respecter telles quelles,tout au moins en rendre compte au plus près des effets de signification propres àchacune des deux langues italienne et française.

Maîtrise de la langue cible. La bonne réalisation de ces objectifs généraux passepar la bonne qualité de l’expression française : correction de l'orthographe d’usage et del’orthographe grammaticale, respect de la syntaxe, ponctuation conforme aux règles dela langue française (sachant que, sur ce point, les pratiques diffèrent d’une langue àl’autre), respect de l’emploi des majuscules et des minuscules.

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2. Proposition de traduction

C’était, pour lui, étranger, une procession uniforme, en majorité de femmes,parmi lesquelles il avait du mal à distinguer les différences : il y avait celles en tablier àcarreaux et celles en noir portant coiffe et petit châle, les religieuses blanches, noires etgrises, et celles qui habitaient au « Cottolengo » et celles qui paraissaient arriver dudehors spécialement pour le vote. Pour lui, de toute façon, elles étaient toutes du mêmelot, des bigotes sans âge, qui votaient de la même façon, et ainsi soit-il.

(Tout à coup il se mit à penser à un monde dans lequel il n’y aurait plus labeauté. Et c’était à la beauté féminine qu’il pensait).

Ces filles avec des tresses, peut-être des orphelines ou des enfants trouvéesélevées par l’institut et destinées à rester là toute leur vie, ont à trente ans encore l’airun peu enfantin, et l’on ne distingue pas bien si c’est parce qu’elles sont un peuattardées mentales ou si c’est parce qu’elles ont toujours vécu là, et on dirait qu’ellespassent directement de l’enfance à la vieillesse. Elles se ressemblent comme si ellesétaient sœurs, mais au milieu de chaque groupe on en distingue toujours une plusdégourdie, qui fait du zèle à tout prix, qui explique aux autres comment on fait pourvoter, et qui, pour celles qui n’ont pas de papiers, va signer qu’elle les connaît, commecela est prévu par la loi.

(Résigné à passer toute la journée parmi ces créatures ternes, Amerigo ressentaitun besoin poignant de beauté, qui se concentrait dans la pensée de son amie Lia. Et cequ’il se rappelait maintenant de Lia était sa peau, la couleur et surtout un point de soncorps – là où le dos fait un arc, net et tendu sous la main qui le parcourt, et oùimmédiatement s’élève très doucement la courbe des hanches –, un endroit oùmaintenant il lui semblait que se concentrait la beauté du monde, très éloignée,perdue).

Une des filles « dégourdies » avait déjà signé pour quatre autres. Il en arriva unesans carte d’identité, de celles tout en noir dont Amerigo ne savait pas si elles étaientreligieuses ou qui sait quoi. – Vous ne connaissez pas quelqu’un ? – lui demanda leprésident. Elle faisait signe que non, désemparée.

*

3. Commentaire à la proposition de traduction

Littérarité/oralité du texte source. La traduction ci-dessus tente de restituer unecaractéristique générale du texte de Calvino, à savoir une oralité assez marquée : ainsi lepremier paragraphe est composé d’énumérations successives, où les éléments descriptifss’accumulent et où la phrase, qui semble se constituer au fil des perceptions dupersonnage, n'obéit pas à un schéma d’organisation ordonné et équilibré ; on trouveégalement des expressions comme « che fa la diligente ad ogni costo », « va a firmareche le conosce », ou encore « faceva di no » ou bien « se erano monache o cosa ». Danscette dernière formulation, ce sont les interrogations du personnage lui-même quisemblent se glisser dans l’expression, tout comme dans le « e così sia » (ligne 5),constituant ainsi de très brefs moments de style indirect libre. Bien entendu, cesparticularités de l’expression doivent, dans la mesure du possible, être respectées, soit

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littéralement, lorsque la simple transcription reste recevable dans la langue française,soit à travers des formules par lesquelles le caractère d’oralité demeure perceptible(ainsi « c’erano quelle in grembiale e quelle in nero » a été traduit « il y avait celles entablier à carreaux et celles en noir », formulation incorrecte en français d’un point devue normatif, mais correspondant à la pratique orale de la langue).

Lexique. D’une façon générale, le texte à traduire ne comporte pas de difficultélexicale majeure pouvant faire obstacle à une bonne compréhension ; tout au plus le motCottolengo pouvait être méconnu de certains candidats, ce qui n’était en soi aucunementrédhibitoire (rappelons que Cottolengo est un nom propre, celui du fondateur d’unhospice pour personnes affectées de handicaps physiques ou mentaux ; textuellement ils’agirait donc de « l’hospice Cottolengo »).

Grammaire, syntaxe. Il n’y a pas à signaler non plus de difficulté grammaticaleou syntaxique particulière pouvant rendre délicate la compréhension du texte italien.Seule l’expression « – Conosce nessuno ? » (l. 20) a pu être saisie de façon imparfaite,car l’absence de la négation (« non ») n’est en aucune façon un trait habituel de l’oralitéen italien (à la différence du français sur ce point) ; nous avons là, au contraire, uneformulation prégnante sur le plan du choix stylistique, puisqu’elle traduit le désir dulocuteur (le président du bureau de vote) que la jeune électrice, dépourvue de carted’identité, puisse néanmoins voter ; et ce désir est dans le même temps accompagné dusoupçon que cette jeune fille ne puisse être reconnue de personne, la reconnaissanceétant la condition sine qua non pour que le vote soit possible. La suite du texte confirmecette attente du président (ligne 27 : « Il presidente insisteva : – Si guardi intorno se c’èqualcuno che la conosce… »).

Contexte et choix lexicaux. C’est la pression du contexte qui guide laproposition de traduction de la phrase des lignes 15 à 18 (« E quello che ora ricordava…perduta »), en particulier les trois mots « punto » (« punto del suo corpo »), « arco »(« dove la schiena fa un arco, netto e teso… »), et « curva » (« s’alza dolcissima lacurva dei fianchi »). De toute évidence ces trois mots sont empruntés au domaine de lagéométrie et, dans l’économie générale du texte, ils marquent la présence simultanéed’éléments liés à la sensualité (« la pelle, il colore »… « s’alza dolcissima… ») etd’éléments qui font participer la beauté concrète du corps de Lia d’une représentationplus abstraite de la beauté ; cette représentation idéalisée, qui sera ensuite développéedans toute l’interrogation sur la beauté (lignes 22 à 26) et qui débouchera surl’évocation de la Grèce, tout autant que sur les aberrations auxquelles son culte exclusifpeut conduire (lignes 34 à 35), passe précisément par une saisie « géométrique » de labeauté comme pur agencement de formes se dégageant de la matière sur laquelle ellessont encore perceptibles. Il en découle un choix de traduction pour le mot « punto » et,de façon peut-être moins marquée, pour le mot « curva » : normalement, c’est-à-dire endehors du contexte dont nous venons de décrire les tenants et les aboutissants, « unpunto del suo corpo » aurait reçu comme traduction « un endroit de son corps », quiserait la seule formulation recevable en français. De même, « curva » aurait pu êtretraduit par « courbure ». Dans les deux cas, on n’aurait pas saisi la contributionfondamentale du passage au développement de la réflexion du personnage. C’estpourquoi, par souci du respect de la cohérence interne du texte, il convenait d’utiliser enfrançais les équivalents des termes géométriques employés à dessein par l’auteur dans le

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texte italien, à savoir les mots « point », « arc » et « courbe » : ici se rejoignent les deuxtypes d’exercice demandés aux candidats, les exercices de commentaire et detraduction, cette dernière se trouvant éclairée, et même orientée, par l’analyse littéraire.

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4. Quelques difficultés

Après ces considérations qui donnent l’indication de la manière concrète dont lespréceptes généraux relatifs à la compréhension et au respect de l’énonciation peuventêtre mis en œuvre, nous pouvons jeter un regard rapide sur quelques-unes des difficultésqu’ont pu rencontrer les candidats.

Lexique. Lexicalement, le mot « partita » (l. 4) est emprunté au domaineéconomique et commercial ; il désigne un lot de marchandises, un stock. Sans enconnaître toujours la signification exacte, bon nombre de candidats ont eu l’intuition desa signification dans le contexte et n’ont pas commis de contresens rédhibitoire dansleur traduction (la traduction « acabit » a pu être acceptée, mais « partie » ou « bord »constituent des contresens).

Par contre, même si le mot « trovatelle » (l. 8) n’était pas particulièrementdifficile à comprendre, le jury a pu relever de nombreuses fautes dans les traductionsproposées (« enfants adoptées », « enfants recueillies »).

Quant au mot « beghine » (l. 4), il ne pouvait être traduit par « béguines », quidésigne les membres d’un ordre religieux, implanté particulièrement en Belgique ; ils’agissait de toute évidence d’un faux ami à propos duquel les candidats auraient dûexercer la plus grande vigilance.

Le mot « brava » (l. 12), très courant dans la langue italienne, ne pouvait enaucun cas signifier « brave », qui a un tout autre sens en français que celui du mot« brava » en italien.

Enfin, l’expression « sentiva un bisogno… » (l. 14) ne pouvait pas recevoird’autre traduction que « ressentait un besoin… ».

Grammaire, syntaxe. Pour ce qui concerne la grammaire et la syntaxe, le juryattendait naturellement une attention particulière des candidats à la traduction de formestelles que « pensare a un mondo in cui non ci fosse più la bellezza », qui devait rendre lavaleur hypothétique du subjonctif ; sur ce point les attentes du jury n’ont pas toujourstrouvé satisfaction (on a pu lire « penser à un monde où il n’y avait plus la beauté »).

Plus forte a été la déception du jury pour la traduction de « dove la schiena fa unarco, netto e teso a percorrere con la mano » (l. 16-17). La formulation « netto e teso apercorrere… » n’a été qu’exceptionnellement bien comprise, la plupart des candidatsproposant des traductions totalement erronées et montrant sur ce point un manquecertain d’expérience de la langue italienne (le « a » a souvent été lu comme un « da » :« un arc, net et tendu, à parcourir avec la main » ; ou bien « en le parcourant avec lamain », « qu’on parcourait avec la main »).

Enfin, nous ne pouvons qu’inciter les candidats à relire très attentivement latraduction qu’ils proposent, parce que seule une bonne relecture permet de saisir lespoints d’achoppement dans la construction syntaxique : et ces points ne peuvent surgir

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d’une confrontation mot à mot ou ligne à ligne du texte italien et de sa traductionfrançaise, les deux langues ayant dans certains cas des constructions grammaticales ousyntaxiques différentes. Ainsi ne pouvait être recevable une traduction au fil du texte de« a trent’anni hanno ancora l’aria un po’ infantile, non si distingue se perché un po’attardate… ». En français la proposition « non si distingue …. » ne peut figurer quecomme une incise, c’est-à-dire qu’elle doit impérativement être accompagnée des signestypographiques marquant pour le lecteur cette nature d’incise : on pouvait utiliser destirets typographiques « – on ne distingue pas si… – », ou bien recourir à la solution ci-dessus proposée (coordination : « et on ne distingue pas bien… »), ou encore opérer unetransformation de la proposition indépendante en proposition subordonnée (« dont on nedistingue pas… »). Ici, c’est la compréhension d’une phrase tout entière qui est en jeu,et l’objectif de la traduction est, dans tous les cas, la bonne restitution de cettecompréhension.

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5. Conclusion

Les quelques exemples sur lesquels nous nous sommes arrêté montrentl’exigence de rigueur intellectuelle qui doit présider à la production d’une traduction.Nous ne saurions insister suffisamment sur le lien intime entre l’analyse du texte et satraduction. Une bonne traduction découle d’une bonne compréhension des enjeux del’énonciation et des effets de signification dont ils sont porteurs. C’est riches de cette« philosophie » du texte littéraire que les candidats doivent se prêter à l’exercice detraduction ; celui-ci montre aussi bien les capacités globales de ce que nous appelleronsl’intellection que l’aptitude à évaluer ce que chaque proposition de traduction ajoute ouretranche au texte initial. La version finalement livrée est le résultat de ce processuscomplexe de circulation constante entre expression et signification.

Gérard VITTORI

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