certificat d’aptitude au professorat de...

25
MINISTÈRE DE LA JEUNESSE, DE L’ÉDUCATION NATIONALE ET DE LA RECHERCHE Direction des Personnels Enseignants CERTIFICAT D’APTITUDE AU PROFESSORAT DE L’ENSEIGNEMENT DU SECOND DEGRÉ CAPES ET CAERPC ITALIEN CONCOURS INTERNE Rapport présenté par Monsieur Raymond ABBRUGIATI Professeur des Universités Président du jury Session 2004

Upload: hakien

Post on 15-Sep-2018

220 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

MINISTÈRE DE LA JEUNESSE,DE L’ÉDUCATION NATIONALE ET DE LA RECHERCHE

Direction des Personnels Enseignants

CERTIFICAT D’APTITUDE AU PROFESSORATDE L’ENSEIGNEMENT DU SECOND DEGRÉ

CAPES ET CAERPC

ITALIEN

CONCOURS INTERNE

Rapport présenté par Monsieur Raymond ABBRUGIATIProfesseur des Universités

Président du jury

Session 2004

2

Sommaire

• Sommaire p. 2

• Observations du Président du jury p. 3

• Composition du jury – Modalités du concours p. 4

• Statistiques p. 5

• Répartition par académies p. 6

• Sujet de l’épreuve écrite d’admissibilité p. 7

• Le commentaire guidé p. 8

• La version p. 13

• L’épreuve de compréhension et expression p. 17

• L’épreuve d’exploitation pédagogique de documents p. 23

Les rapports de jury sont établis sous la responsabilité des Présidents de jury.

3

Observations du Président du jury

Depuis sa création, le concours interne a favorisé la mobilité à l’intérieur de la FonctionPublique ; il a permis l’absorption, au sein du corps des certifiés, de catégories (PEGC, AE,MA) dont la mise en extinction laissait présager une diminution progressive du nombred’inscrits. Cette attente est démentie par les chiffres. La session 2004 se caractérise en effet parune très forte augmentation : de 163 inscrits en 2002, on passe à 185 en 2003, et à 276 en 2004.Parmi les nouveaux inscrits, on trouve d’anciens candidats au CAPES externe qui, remplissantles conditions requises, se sont orientés vers le concours interne. Pour eux, celui-ci a représentéune voie de recrutement à part entière. De ce fait, la fonction du concours a évolué.Parallèlement, on constate une augmentation du nombre des ressortissants italiens inscrits etadmis au concours. De 1993 à 2003, le nombre d’inscrits passe de 2 à 27. Celui des admis de 0 à8, avec un cumul d’admis de 48 pour la période, qui témoigne de la mobilité des italiens et deleur capacité à s’intégrer dans le système français. L’augmentation du vivier et son évolutionsociologique se traduisent, sur le plan des résultats, par un niveau tout à fait satisfaisant, commeen témoignent les barres d’admissibilité et d’admission, ainsi que la moyenne des admis. Lejury a eu le plaisir d’assister à d’excellentes prestations, qui ont été reconnues comme il se doit.

Ce concours devenant nettement plus sélectif, les candidats sont, plus que jamais, invités às’y préparer sérieusement : le commentaire et la traduction sont des exercices difficiles ;l’épreuve de compréhension et expression, très rapide, exige un véritable entraînement. Celled’exploitation pédagogique requiert une connaissance des pratiques d’enseignement qui nes’improvise pas. Une préparation est proposée par le CNED et par certaines académies. Leprésent rapport de jury fournit les grandes orientations.

Compétence linguistique (en italien et en français), intelligence du document et capacité àen transmettre les valeurs : telles sont les qualités professionnelles requises pour exercer lemétier de professeur d’italien. Des pages qui suivent, je retiens donc surtout l’esprit résolumentet concrètement professionnel avec lequel le jury aborde son travail d’évaluation, aussi bienpour l’épreuve d’admissibilité que pour celle d’admission : loin d’être opposées, les épreuvesorales de compréhension et expression et d’exploitation pédagogique sont ainsi conçues commedeux moments complémentaires d’une même démarche. La capacité à élaborer et à mettre enœuvre une stratégie pédagogique ne prend son sens que si le document est compris ; la capacitéde compréhension d’un document justifie et fonde la démarche pédagogique. Le candidat quiréunit, de façon équilibrée, les qualités requises par ces deux épreuves a des chances d’être unbon professeur.

Au nom du jury, je félicite les lauréats et je souhaite aux candidats de la prochaine sessionun travail fructueux.

Raymond ABBRUGIATI

4

Composition du jury

• Raymond ABBRUGIATI, Professeur des Universités, Université de Provence, Président• Gérard VITTORI, Professeur des Universités, Université de Rennes 2, Vice-Président• Pellegrina FISCHETTI, IPR, Rectorat de Nice• Pierre BENEDITTINI, Professeur agrégé de Chaire supérieure, Lycée Édouard Herriot, Lyon• Bianca CONCOLINO, Maître de conférences, Université de Poitiers• Giuseppina DI GIORNO, Professeur certifiée, Lycée Marguerite de Flandre, Gondecourt• Brigitte FARELLE-MAURIN, Professeur agrégée CPGE, Lycée Daudet, Nîmes• Elsa LESOURD-CHAARANI, Maître de conférences, Université de Nancy• José PAGLIARDINI, Professeur agrégé, Université de Provence• Alexandra RAINON-MARTINEZ, Professeur certifiée, Lycée Victor Hugo, Paris• Carole ROUX, Professeur certifiée, Collège Fernand Léger, Berre• Angelo TOTARO, Professeur agrégé HC, Lycée du Coudon, La Garde

*

Modalités du concoursBO n° 15 du 20 avril 2000 – Section langues vivantes étrangères

a) Épreuve écrite d’admissibilité. Commentaire guidé en langue étrangère d’un texte enlangue étrangère accompagné d’un exercice de traduction (version et/ou thème). Durée del’épreuve : cinq heures. Coefficient : 1.

b) Épreuve orale d’admission. Épreuve professionnelle en deux parties.1. Exploitation pédagogique de documents en langue étrangère (notamment audio,

textuels, vidéo) soumis au candidat par le jury. Cette partie de l’épreuve comporteun exposé suivi d’un entretien. Elle tient compte du niveau d’enseignement (collègeou lycée) dans lequel le candidat a une expérience. Le candidat fait connaître ceniveau au moment de l’inscription au concours. Cette partie se déroule en français, àl’exception des exercices de toutes natures qui sont présentés en langue étrangère.Durée de la préparation : deux heures. Durée de l’exposé : trente minutes maximum.Durée de l’entretien : vingt minutes maximum.

2. Compréhension et expression en langue étrangère. Cette partie de l’épreuveprend appui sur un document audio, textuel ou vidéo en langue étrangère, ou sur undocument iconographique dont le candidat prend connaissance en présence du jury.Elle consiste en un compte rendu suivi d’un entretien, les deux se déroulant enlangue étrangère. Durée : vingt-cinq minutes maximum.

Coefficient total : 2. Chacune des parties entre pour moitié dans la notation.

5

Statistiques

CAPES interne

Nombre de postes mis au concours 20Admissibilité

Nombre de candidats inscrits 276Nombre de candidats non éliminés 243Nombre de candidats admissibles 50Moyenne des candidats non éliminés (sur 20) 6,46Moyenne des candidats admissibles (sur 20) 10,47Barre d’admissibilité (sur 20) 9

AdmissionNombre de candidats admissibles 50Nombre de candidats non éliminés 47Nombre de candidats admis sur liste principale 20Nombre de candidats inscrits sur liste complémentaire /Barre d’admission de la liste principale (sur 60) 26,90 (= 8,97/20)Barre d’admission de la liste complémentaire (sur 60) /

Moyenne portant sur le total général (admissibilité + admission)Moyenne des candidats non éliminés (sur 60) 26,41 (= 8,80/20)Moyenne des candidats admis sur liste principale (sur 60) 33 (= 11/20)Moyenne des candidats inscrits sur liste complémentaire (sur 60) /

Moyenne portant sur le total des épreuves d’admissionMoyenne des candidats non éliminés (sur 40) 15,91 (= 7,96/20)Moyenne des candidats admis sur liste principale (sur 40) 22 (= 11/20)Moyenne des candidats inscrits sur liste complémentaire (sur 40) /

CAERPC

Nombre de postes mis au concours 15Admissibilité

Nombre de candidats inscrits 32Nombre de candidats non éliminés 31Nombre de candidats admissibles 6Moyenne des candidats non éliminés (sur 20) 6,19Moyenne des candidats admissibles (sur 20) 8,94Barre d’admissibilité (sur 20) 8,00

AdmissionNombre de candidats admissibles 6Nombre de candidats non éliminés 6Nombre de candidats admis sur liste principale 2Barre d’admission de la liste principale (sur 60) 25 (= 8,33/20)

Moyenne portant sur le total général (admissibilité + admission)Moyenne des candidats non éliminés (sur 60) 20,28 (= 6,76/20)Moyenne des candidats admis sur liste principale (sur 60) 26,55 (= 8,85/20)

Moyenne portant sur le total des épreuves d’admissionMoyenne des candidats non éliminés (sur 40) 11,33 (= 5,67/20)Moyenne des candidats admis sur liste principale (sur 40) 18,50 (= 9,25/20)

6

Répartition par académies

CAPES interne

Académies Admissibles AdmisAix-Marseille 7 2Besançon 2 1Caen 1 1Dijon 1 0Grenoble 12 5Lille 1 1Lyon 4 1Montpellier 1 1Poitiers 2 0Rennes 1 0Toulouse 2 0Nantes 1 1Orléans-Tours 1 1Nice 9 5Corse 1 0Paris-Versailles-Créteil 4 1

CAERPC

Académies Admissibles AdmisAix-Marseille 1 1Grenoble 1 1Nancy-Metz 1 0Poitiers 1 0Nice 1 0Paris-Versailles-Créteil 1 0

7

Sujet de l’épreuve écrite d’admissibilité

Texte

Françoise si accorse del suo malessere e le prese le mani fra le sue, le sussurrò qualcosaall’orecchio che non capì, forse che doveva uscire, ma ormai non aveva importanza, perchétanto la cerimonia era finita, il feretro stava percorrendo la navata centrale portato sulle spalle elei si ritrovò senza rendersene conto sulla stessa automobile guidata dallo stesso autista che lariportava a casa, mentre Françoise l’aveva coperta col suo cappotto e le cingeva le spalle con unbraccio per darle calore. E non fu facile accomiatarsi da lei con la gentilezza, farle intenderedolcemente ma con fermezza che non la voleva per la notte, che voleva entrare da sola e restareda sola in quella enorme casa deserta, che le sarebbero bastate le cure della domestica, nel casoavesse avuto bisogno di qualcosa, che quella era la prima sera della sua solitudine e che volevaentrare da sola nella sua solitudine. Finalmente si staccò, Françoise la baciò con occhi lustri e leientrò nell’anticamera silenziosa, suonò subito il campanello per disfarsi della domestica e disseche si ritirasse pure, non aveva bisogno di niente – che staccasse solo il telefono, per favore.Mentre saliva le scale sentì l’odiosa pendola cinese che batteva sette colpi. Si fermò sulballatoio e aprì quasi golosamente lo sportellino di vetro che custodiva il quadrante. Cominciò afar girare le lancette con un dito, con determinata lentezza, e la pendola battè allegramente leotto, e poi le nove, le dieci, le undici, le dodici. Le fece fare il giro completo e disse : è giàdomani. E poi le fece fare un altro giro e disse : è già dopodomani. E poi tornò indietro, e lapendola ubbidiente battè tutte le ore in ordine decrescente. Ridiscese le scale ed entrò nellabiblioteca, dove ristagnava un vago odore di sigarette. Per attenuarlo accese un bastoncinod’incenso e dischiuse la finestra. Ora stava piovendo forte. Nel caminetto la cameriera avevapreparato una piccola piramide di legna farcita di pigne resinose. Bastò un fiammifero e lefiamme divamparono in un momento, guizzanti e così luminose che poteva anche spengere laluce centrale. La spense. Aprì la cassaforte e ne tolse lo scrigno di mogano. I manoscritti vierano disposti con ordine, in mazzetti tenuti da un elastico come banconote. Su ogni mazzettoc’era una data, e la firma di lui. Li tirò fuori tutti e li guardò uno per uno. Era molto difficilescegliere. Pensò al romanzo, ma poi scartò l’idea. Il romanzo per ultimo, a febbraio, magari. Eneanche la commedia. Meditò sui carteggi. Le poesie sarebbero andate bene, ma forse erameglio il diario. Lo soppesò e guardò le pagine. Trecento, era il numero scritto a lapissull’ultima pagina. Accidenti. Si sistemò sulla poltrona davanti al caminetto e appallottolò laprima pagina, per lanciarla sulle fiamme senza doversi muovere troppo. La vide diventare colortabacco, prima che diventasse cenere. Povero stupido, disse, povero caro stupido. Si abbandonòsulla poltrona e guardò il soffitto. L’inverno sarebbe stato lungo, stava appena cominciando.Sentì che le lacrime le riempivano gli occhi, e lasciò che le scorressero sul viso, abbondanti,inarrestabili.

Antonio TABUCCHI, Aspettando l’inverno, in Piccoli equivoci senza importanza,Feltrinelli, 1985.

Commentaire guidé. Commentare il testo analizzando, tra l’altro, l’espressione dellasolitudine e quella dello scorrere del tempo.

Version. Traduire le texte de « Ora stava piovendo forte. » ( ligne 22 ) jusqu’à la fin.

8

Le commentaire guidé

Conseils méthodologiques

La recherche des idées. Il est avant tout nécessaire de lire plusieurs fois le texteproposé, de façon à en avoir une impression d’ensemble. Ces lectures approfondies, guidées parles indications données dans le libellé, vont permettre de procéder à un travail d’analyse, à unexamen minutieux du texte et à une mise en évidence de ses principaux centres d’intérêt. Onpeut ainsi se poser un certain nombre de questions simples sur le narrateur, sur les circonstancesde l’action, sur le style, sans oublier d’étudier l’expression en fonction du sens.

Le texte peut être compris et apprécié sans que soit nécessaire la connaissance del’œuvre dont il est tiré. Si le candidat a la possibilité de situer exactement le passage, de tenircompte de ses connaissances sur l’auteur, le commentaire n’en sera vraisemblablement quemeilleur. Il ne s’agit cependant pas de plaquer des idées générales sur le texte, mais decommenter ce dernier.

L’organisation du devoir. Le jury admet la formule de l’explication suivie aussi bienque celle du commentaire composé. L’explication suivie ne saurait consister en une successionde remarques ponctuelles et discontinues ; son unité et sa cohérence sont assurées par un axe delecture (suggéré par le guidage) servant de fil conducteur. Le commentaire composé organise lamatière à l’aide d’un plan ; les remarques fournies par le travail d’analyse doivent être classéesen fonction des indications données et de la conclusion prévue, qui est le but vers lequel tout ledevoir doit tendre ; le développement peut alors s’organiser en différentes parties etl’enchaînement des idées doit apparaître clairement.

Rappelons que la phrase de guidage qui accompagne le texte à commenter ne proposepas un plan, mais des pistes, des idées directrices, qui peuvent constituer le fil conducteur del’explication. Le candidat ne doit pas se sentir bridé, ni entravé dans sa liberté d’analyse. Il peutlégitimement proposer, en plus des axes suggérés par le guidage, d’autres axes de lecture(Commentare il testo analizzando, tra l’altro..., disait le guidage) à condition, bien entendu, queson travail fasse preuve de cohérence.

La correction de la langue. Il est primordial qu’un futur professeur certifiéd’italien fasse preuve de la plus grande vigilance dans la correction de la langue.

Proposition de commentaire

Piccoli equivoci senza importanza è una raccolta di brevi racconti, nei quali AntonioTabucchi mette in scena svariate situazioni, che ad una prima lettura possono sembrare talvoltaprive di senso, o difficilmente decifrabili, mentre nascondono interrogazioni sui sogni,sull’inconscio che guida atti e sentimenti, sul lato oscuro della realtà e sul mistero della vita.

Al centro di ogni racconto, c’è l’idea dell’equivoco, capace di condizionare o dideterminare la vita di ciascuno. L’equivoco, l’ambiguità sono presenti anche in questo brano delracconto Aspettando l’inverno, nel quale si assiste quasi ad uno sdoppiamento della personalitàdi una donna che, confrontata alla morte di una persona cara, appare, prima, totalmente priva direazioni, quasi assente dalla liturgia che si svolge in chiesa, mentre, poco tempo dopo, si rivelaattiva, decisa nelle sue azioni, e precisa in tutti i suoi gesti, durante la sua vera cerimoniafunebre, quella che vivrà, in una voluta solitudine e nell’intimità della sua casa. Scritto in una

9

tonalità dolorosa, il brano è attraversato da una riflessione sullo scorrere del tempo e sulla vanitàdelle cose umane.

Il brano inizia quando, alla fine delle esequie, portato sulle spalle, un feretro staattraversando la navata centrale di una chiesa. La protagonista, di cui non si saprà il nome, èaccompagnata da una donna chiamata Françoise, che le prodiga cure e tenerezza. Dalcomportamento di Françoise, dal suo modo di prendere le mani della signora, di coprirla col suocappotto e di cingerle le spalle con un braccio per darle calore, si capisce che la protagonista èuna donna molto intima della persona defunta. Solo verso la fine del brano, e tramite due unicheallusioni (la firma di lui e povero stupido, povero caro stupido), si saprà che la personascomparsa è un uomo, probabilmente il marito della signora, e che quest’uomo era stato unoscrittore, certamente di grande fama, se si considera l’importanza dei manoscritti contenuti nelloscrigno di mogano.

Nelle prime righe del brano, in chiesa, la signora, per una ragione non definita, sembraassente dalla cerimonia funebre, quella ufficiale, che sta per finire. Colta da un malessere,sembra non capire quello che si svolge intorno a lei : non capisce ciò che le sussurra Françoise,non sa se debba uscire o no, si ritrova senza rendersene conto nell’automobile che la riporta acasa... Si direbbe un automa : si affida interamente agli altri, che sono soggetti delle azioni e cheagiscono per lei : a quelli che portano via il feretro sulle loro spalle ; a Françoise, che le prendele mani, che le sussurra qualcosa che lei non capisce, che la copre col cappotto ; all’autista, chela riporta a casa. Tutto contribuisce a dare l’impressione di una persona smarrita, o assorta, innon si sa quali pensieri.

Inaspettatamente, un grande mutamento interviene appena la signora si ritrova in casa.Era parsa passiva, ora si dimostrerà decisa e attiva. Era parsa oggetto, ora darà prova di volontà,agirà con fermezza e diventerà, a sua volta, soggetto di tutte le azioni che seguiranno.

Il ritmo dei periodi e delle frasi accompagna questa completa e sorprendentetrasformazione. Tre sole frasi compongono le prime quattordici righe del brano. Scandite damolte virgole, che ne rallentano la lettura, esse conferiscono un ritmo lento, ben adeguatoall’atmosfera generale della cerimonia funebre ; accompagnano il lento procedere del feretro ;rendono palpabile il malessere della signora e danno più rilievo alle affettuose cure di Françoise.Dalla linea quattordicesima in poi – cioè dal momento in cui la signora, dopo essersiaccomiatata da Françoise e dopo essersi disfatta della domestica, si ritrova finalmente sola incasa – il ritmo si accelera e diventa molto più vivace. Le frasi sono molto più corte (più di unatrentina in ventitré righe) e contengono quasi esclusivamente verbi che traducono la decisione,la volontà, l’azione e il movimento : farle intendere, non la voleva, voleva entrare, aprì, le fecefare, accese, tolse, scartò, tirò fuori, lo soppesò e guardò, si sistemò...

Nella prima parte del brano la signora non aveva controllato niente ; gli altri avevanodeciso per lei, e lei si era lasciata fare. Come se quella cerimonia funebre, quella della chiesa,avesse avuto poco interesse per lei. La sua vera cerimonia funebre, la vera cerimonia dicommiato dal defunto, sembra che lei la voglia vivere in casa e in una desiderata solitudine.

Il desiderio di solitudine viene evocato con molta insistenza in questo brano, esoprattutto dalla riga ottava alla riga tredicesima. In queste cinque righe Tabucchi introduce unasovrabbondanza di termini o di espressioni che riguardano la solitudine : voleva entrare da sola[...], restare da sola [...], enorme casa deserta [...], era la prima sera della sua solitudine [...],voleva entrare da sola nella sua solitudine. A tutte queste espressioni vanno aggiunte anchequelle che traducono l’assoluta volontà della signora di disfarsi degli altri e di tutto quello cheavrebbe potuto legarla agli altri : accomiatarsi [...], non la voleva per la notte [...], si staccò [...],disfarsi della domestica [...], si ritirasse [...], staccasse solo il telefono...

La signora sembra voler entrare nella sua solitudine come entra nella sua casa. Lasolitudine sembra dover essere ormai la sua casa. È una casa enorme, deserta, due qualificativi

10

che traducono il vuoto che ha lasciato in lei la scomparsa della persona che era stata fin lìpartecipe della sua vita. Tuttavia non si può non essere sorpresi da quell’indefinibile e vagaimpressione di attesa, quasi di piacere che si manifesta nelle sue parole e nel suocomportamento. Voleva entrare da sola e restare da sola dice il narratore, che subito dopoaggiunge : quella era la prima sera della sua solitudine e voleva entrare da sola nella suasolitudine. Ritrovarsi sola sembra essere per lei una situazione non solo voluta, ma anche attesae sperata. E per questo, per fare il vuoto anche intorno a sé, ha dovuto usare fermezza peraccomiatarsi da Françoise ; per questo, prima di disfarsi anche della domestica, ha dovutochiederle di staccare il telefono. Si prepara a questa prima sera come se si preparasse ad una seraattesa da molto tempo e come se si accingesse a viverla e ad assaporarla con intensità. Desideriodella signora di rinchiudersi in se stessa per ritrovarsi sola con il suo vuoto interiore ? Desideriolegittimo di tirare un po’ il fiato dopo una lunga e dolorosa giornata durante la quale molta genteavrà voluto avvicinarla ? O desiderio di ritrovarsi finalmente sola e libera, padrona dei suoi attie della sua vita futura ? Tabucchi lascia il lettore nell’incertezza e nell’equivoco.

Quando la signora si ritrova finalmente sola, la vera cerimonia funebre (giàpreannunciata, non a caso, dal suono del campanello, alla linea dodicesima) può cominciare, equesta cerimonia può svolgersi solo nel cuore della casa, nel suo luogo più sacro, nellabiblioteca.

Che la biblioteca assuma un carattere sacro e che si tratti di una cerimonia d’aspettoquasi liturgico, molti elementi lo attestano. La biblioteca ha molte similitudini con una cripta,cioè con quel luogo che in una chiesa serve da sepolcro, e al quale si accede scendendo le scale,ciò che fa la signora (Ridiscese le scale ed entrò nella biblioteca...) ; nella cripta aleggia unodore d’incenso (la signora accende un bastoncino d’incenso) e la luce dispensata è quella dellecandele (qui evocate dal fuoco del caminetto) che illuminano quanto basta per permetterel’isolamento e la meditazione (la signora spegne la luce centrale). Certo il narratore dice che lasignora accende il bastoncino d’incenso per attenuare l’odore di sigarette, ma è pur vero chel’incenso ha una forte connotazione religiosa. È un altro esempio dell’estetica dell’ambiguitàtanto cara a Tabucchi, ambiguità che sarà presente fino alla fine del racconto.

Questo stesso procedimento prevale quando la signora, dopo aver spento la luce, apre lacassaforte per toglierne lo scrigno che contiene i manoscritti del defunto. Come non pensare aduna simbolica cerimonia di cremazione ?

La salma si trova nel feretro, trasportata da altri, ed è forse già stata seppellita da altri.Per lei il defunto è lì, nello scrigno di mogano (che fa pensare a un’urna cineraria), ancorapresente nella sua abbondante opera letteraria e soprattutto nel suo diario, il compendio di tuttala sua vita. Il fuoco sfavilla nel caminetto. Un fiammifero è bastato ad accendere quella piccolapiramide di legna, che fa inequivocabilmente pensare ad una simbolica pira. Il diario del defuntoè lì nelle sue mani. Lo apre, strappa la prima pagina – un giorno della vita di lui ? –,l’appallottola e la lancia sulle fiamme. E la pagina diventa cenere. La signora prevede che lacerimonia sarà lunga, perciò, si sistema sulla poltrona, davanti al caminetto per lanciare lepagine sulle fiamme senza doversi muovere troppo. Altre pagine, altri giorni, altri anni, altriricordi, altri momenti della vita di lui spariranno così su quella piccola pira e diventerannocenere e fumo.

È ciò che sembra suggerire il narratore. L’intenzionalità della signora sembra evidente,ma ancora una volta, come in tutto il racconto, il suo comportamento si rivela ambiguo. Infatti,dopo aver strappato e lanciato sulle fiamme la prima pagina, la signora si abbandona sullapoltrona e guarda il soffitto. Continuerà la cerimonia intrapresa ? Continuerà la sua operadistruttrice ? In ogni modo, l’atto di strappare e di lanciare nelle fiamme la prima pagina sembraaverla liberata. Fin lì, occupata a compiere tutti quei piccoli riti, lei non aveva ancora potuto, omeglio, voluto, dare sfogo alla tristezza e al dolore. Solo adesso si abbandona (si arrende ?) elascia – o permette ? – che le lacrime le scorrano sul viso, abbondanti, inarrestabili.

La cerimonia sembra compiuta.

11

Strappando la prima pagina del diario del defunto, la signora si accinge a distruggere latraccia della vita passata di lui e dei ricordi comuni. Tutto il brano è intriso dell’ossessionante epalpabile presenza del tempo, già messa in risalto dal titolo stesso del racconto : Aspettandol’inverno.

Appena tornata a casa, mentre sale le scale, la signora sente la pendola cinese che battele ore. La pendola è subito definita odiosa. Odiosa perché, ad ogni ora, quella pendola le ricordal’inesorabile scorrere del tempo, e odiosa soprattutto oggi, giorno del funerale di una personacara. L’episodio della pendola assume un’importanza particolare in questo brano perché èrivelatore di quel procedimento stilistico di Tabucchi, che abbiamo precedentemente già notato,e che consiste nel portare il lettore su terreni inattesi, o imprevisti, per indurlo all’interrogazioneo alla proiezione. Come interpretare, infatti, il comportamento della signora con la pendola ?

Può sembrare dapprima una specie di vendetta. Oggi la signora sembra voler prendere lasua rivincita, voler vendicarsi di tutte le infinite ferite passate, di tutti gli innumerevoli richiamiall’ordine e dimostrare a quell’odiosa pendola che può sottoporre il tempo alla sua volontà. Sicomporta con essa come si comporterebbe con una persona (la personificazione della pendolaviene suggerita dal carattere inatteso degli aggettivi – odiosa, ubbidiente – o degli avverbi –golosamente, allegramente). E lo fa con determinata lentezza, quasi per far durare più a lungo ilpiacere della vittoria sul tempo. Apre lo sportellino di vetro quasi golosamente ; fa girare lelancette con un dito, soffermandosi, lo si indovina dall’insistenza dell’autore, su ogni ora,facendo battere le otto, e poi le nove, le dieci, le undici, le dodici. Sembra felice di imporre allapendola – al tempo – la sua volontà. Le fece fare ripete a due riprese l’autore. Questa volta è leiche ordina. E, come se non bastasse, dopo aver fatto fare alle lancette un giro completo, e poi unaltro, insiste su è già domani, è già dopodomani, come per dirle che quello è il suo volere.

Tale insistenza suggerisce un desiderio della signora di proiettarsi in un tempo, in unfuturo, che lei si augura meno doloroso, o anche di accelerare il tempo per rendere più brevel’attesa dell’inverno. Salendo le scale la signora ha sentito la pendola che batteva sette colpi. Lesette di sera : è la fine del giorno e la notte sta cominciando. Nello stesso modo, l’invernosarebbe stato lungo, stava appena cominciando : come la sera è la fine del giorno, cosìl’inverno è l’ultima stagione dell’anno, e tutti e due simboleggiano la fine della vita. Si sa cosìche la signora è probabilmente già anziana e, quando si abbandona sulla poltrona alla fine delracconto, si capisce che si arrende, che è pronta e che aspetta, nella tristezza, la finedell’inverno, cioè la fine della sua vita.

L’episodio della pendola è anche importante perché determina il comportamento dellasignora ed influisce sulle sue decisioni. Qualunque sia stata la sua motivazione quando ha apertolo sportellino di vetro per far girare le lancette, è evidente che questo contatto quasi fisico con iltempo la induce a pensare al defunto e determina la sua decisione di ridiscendere le scale perandare nella biblioteca, mentre precedentemente aveva intrapreso di salirle, quelle scale.

Nella biblioteca, subito dopo aver acceso il fuoco nel caminetto e aver spento la lucecentrale, la signora apre la cassaforte per toglierne lo scrigno di mogano che contienel’importante opera letteraria del defunto, certamente pronta ad essere pubblicata : il romanzo, lacommedia, i carteggi, le poesie, il diario.

Al momento di scegliere la prima opera da ridurre in cenere, la signora, per la prima edunica volta, esita, e il narratore insiste molto su questa esitazione : Era molto difficile scegliere.Pensò al romanzo, ma poi scartò l’idea. Il romanzo per ultimo, a febbraio, magari. Meditò suicarteggi. Le poesie sarebbero andate bene, ma forse era meglio il diario. Perché tantaesitazione ? Come al solito, il narratore si guarda bene dal dare una qualsiasi spiegazione. Peròla scelta della signora appare logica. Manoscritto voluminoso di trecento pagine, che lasorprende molto (Accidenti), il diario contiene i ricordi di ogni giorno. Sono quei ricordi che leidecide di cancellare per prima, e per sempre, per sé e per gli altri. Poi verranno probabilmente lepoesie ed infine, per ultimo, il romanzo, a febbraio, magari. A febbraio, cioè nel cuoredell’inverno, che coinciderà, simbolicamente, con la fine della vita della signora. Così

12

moriranno insieme tutti e due. Per la volontà di lei, anche lui, che era forse destinato asopravviverle nella memoria dei posteri, sparirà definitivamente con lei, e con l’ultima paginadel romanzo, trasformata anch’essa in cenere.

Povero stupido, [...] povero caro stupido. Come interpretare questa frase che contienenello stesso tempo rimprovero e affetto ? Come è già successo in altre numerose occasioni nelbrano, questa frase è detta in stile indiretto libero. Essa viene pronunciata dalla signora quandola prima pagina del diario ha finito di consumarsi nelle fiamme. Come mai, sembra voler dire lasignora, il defunto non ha potuto accorgersi della vanità delle cose umane, al punto di averattribuito tanta importanza e tanto valore a tutti quei manoscritti contenuti in uno scrigno dimogano, di averli tutti ben disposti in ordine, in mazzetti tenuti da un elastico come banconote,cioè come altrettanti oggetti preziosi che avrebbero potuto procurargli più tardi ricchezza egloria ? Come mai aveva potuto dare tanta importanza ad una fuggevole gloria mentre eradestinato, come tutti, a consumarsi in cenere ! Si pensa a certi dipinti del Seicento nei qualierano rappresentati libri, pergamene ed altri simboli dei beni e dei piaceri terreni, ma tuttisovrastati da un teschio che ne attestava il carattere passeggero. Aspettando l’inverno, la signorasembra condividere le parole vanitas vanitatum et omnia vanitas, con le quali l’Ecclesiastainsegna che tutto è illusione e delusione quaggiù.

Attento osservatore dei comportamenti umani e attratto dai personaggi tormentati epieni di contraddizioni, Antonio Tabucchi rappresentaa, nelle ultime pagine di Aspettandol’inverno, una donna confrontata, in un’attesa solitudine e in un voluto silenzio, all’inesorabilescorrere del tempo e al senso della vita, temi frequenti nelle sue opere. Come in tutti gli altriracconti contenuti nel libro Piccoli equivoci senza importanza, l’autore mette in scena, anche inquesto brano, situazioni e personaggi ambigui e cosparge tutto il suo tessuto narrativo di segni(campanello, pendola, incenso, piccola piramide di legna, diario...) che derivano come tantipiccoli misteri in mezzo alla precisione della sua lingua e che, lungi dal proporre risposte oschiarimenti, inducono il lettore a dubitare, a proiettarsi nei personaggi, ad interrogarsi e, indefinitiva, a riflettere su se stesso.

Angelo Totaro

13

La version

Commentaire des correcteurs sur les copies

La traduction fait partie de l’épreuve écrite telle qu’elle est définie par les textes officiels.En tant qu’exercice, elle obéit à des règles générales qu’il convient de rappeler d’emblée. Letraducteur doit respecter la disposition typographique du texte ; il ne lui est pas permis de créerà sa guise des alinéas, de démembrer des phrases, de modifier la ponctuation forte. Il n'est pasconseillé non plus de rajouter des signes de ponctuation qui ont été volontairement omis parl'auteur (comme les guillemets, dans le cas présent). Toute modification de la ponctuationsecondaire (virgules, tirets) doit être soupesée avec attention, parce qu'elle peut entraîner destransformations radicales du sens. L'emploi inconsidéré de signes de ponctuation est sanctionnéau même titre que l'emploi mal contrôlé des mots et expressions. Nous invitons les futurscandidats à se préparer en consultant le chapitre II (§ 83 à 135) du Grévisse, relatif aux signesgraphiques.

De même, l'ordre de la phrase ne peut être modifié qu'avec précaution. Le fait, parexemple, que Tabucchi ait placé en position d'attribut et en fin de phrase les deux adjectifs(abbondanti, inarrestabili) qui viennent clore le passage, a une importance particulière, tant surle plan morphosyntaxique que sur le plan stylistique : les adjectifs postposés sont ainsi mis enrelief, leur redoublement marque une progression sémantique tout en créant un effet de rythmeconclusif. Il ne pouvait qu'être dommageable de les banaliser en les ramenant auprès dusubstantif ( « elle sentit que des larmes abondantes, etc. »).

Si elle n'est justifiée par aucun impératif linguistique, toute omission, qu'elle résulte d'uneétourderie, ou qu'elle soit intentionnelle, est assimilée à un refus de traduction et lourdementsanctionnée.

D’un autre côté, il n’est pas indiqué d’embellir la traduction, grâce à des ajouts, dessurtraductions, et tout ce qui tend à enrichir sans justification le texte : par exemple, les phrasesnominales (« Il romanzo per ultimo », « E neanche la commedia ») doivent être maintenues enl’état.

Pour le reste, l’exercice requiert une connaissance approfondie de la morphologie dufrançais écrit (en particulier les conjugaisons des verbes, y compris au passé simple), et lamaîtrise des règles de transformation essentielles qui permettent le passage de l'italien aufrançais : entre autres, celles qui président à l'emploi des pronoms personnels (« sentì che lelacrime le riempivano gli occhi»), ou à l'expression du futur dans le passé (« sarebbero andatebene », « sarebbe stato lungo »), qui, en français, nécessite l’emploi du conditionnel présent(conviendrait, serait long) ou bien, dans certains cas, du futur immédiat dans le passé (allaitêtre long).

Le texte de la version, relativement court, ne présentait aucune complexité syntaxique : lesphrases, brèves, juxtaposées, au plus près des gestes et des pensées du personnage, appellentune traduction sans effets rhétoriques, respectant la concision de l'original, et même, parendroits, sa platitude. Une telle exigence ne constitue pas forcément une solution de facilité :aussitôt qu'apparaissent des risques d'incorrection, d'impropriété, ou de choix non conforme auxhabitudes idiomatiques du français, par exemple dans le cas de « la firma di lui », « ma poiscartò l'idea », « e neanche la commedia », « era meglio il diario », « sarebbero andate bene »,« si sistemò sulla poltrona », des ajustements sont nécessaires.

Les difficultés lexicales ne sont pas non plus extrêmes. Les correcteurs ont constatétoutefois que des termes comme « farcita », « guizzanti » ou « carteggi » ont suscité de fortes

14

hésitations, révélées par la multiplicité des traductions proposées, allant de l'inexactitude aunon-sens :

Farcita : « farcie de / fourrée de / faite de /composée de / agrémentée de / criblée de /incrustée de / mêlée à / parsemée de / entourée de / humide de (?) / moisie de (?) / enchevêtréede (??) / pourrie de (??) ».

Guizzanti : « frétillantes / sautillantes / vacillantes / pétillantes / crépitantes / chaudes /ardentes / vigoureuses / puissantes / éclatantes / éblouissantes / étincelantes / scintillantes /flamboyantes / fuyantes / rampantes (?) / allongées (?) / sifflantes (?) / aiguisées (?) /joyeuses (?) ».

Carteggi : « écrits / manuscrits / œuvres / essais / feuillets / pages de garde / paperasses /vieux papiers / paplards (sic) / couvertures / pochettes / cartons / esquisses (?) / en-têtes (?) ».

Le sens exact de mogano a bien souvent été ignoré : « bois / bois précieux / ébène /chêne / érable / aulne / albâtre / cuir / tissu / velours / satin », pour ne rien dire des barbarismesauxquels le terme a donné lieu.

D'autres termes, comme pigne, mazzetti, banconote ou appallottolò, ont parfois été malcompris et/ou mal traduits, de même qu'accidenti dont certains n'ont pas compris qu'il s'agissaitd'une interjection, pourtant très courante en italien.

Corrigé proposé

Il pleuvait fort à présent. Dans la cheminée, la femme de chambre avait préparé unepetite pyramide de bois truffée de pommes de pin résineuses. Il suffit d'une allumette et lesflammes jaillirent en un instant, dansantes et si lumineuses qu'elle pouvait même éteindrel'éclairage central. Elle l'éteignit. Elle ouvrit le coffre-fort et en retira le coffret d'acajou. Lesmanuscrits y étaient rangés en bon ordre, en liasses maintenues par un élastique, comme desbillets de banque. Sur chaque liasse, il y avait une date et sa signature à lui. Elle les sortit touteset les regarda une par une. Il était très difficile de faire un choix. Elle pensa au roman, maisensuite elle écarta cette idée. Le roman en dernier, en février, peut-être bien. La pièce de théâtrenon plus. Elle réfléchit à la correspondance. Les poésies feraient l'affaire, mais le journal intimeétait peut-être préférable. Elle le soupesa et regarda les pages. Trois cent, tel était le numéroinscrit au crayon sur la dernière. Bigre. Elle s'installa dans le fauteuil devant la cheminée etroula en boule la première page pour la lancer dans les flammes sans avoir à faire trop demouvements. Elle la vit prendre une couleur tabac avant de se transformer en cendres. Pauvreidiot, pauvre cher idiot. Elle se laissa aller dans le fauteuil et regarda le plafond. L'hiver seraitlong, il ne faisait que commencer. Elle sentit que les larmes emplissaient ses yeux, et elle leslaissa couler sur son visage, abondantes, incoercibles.

Observations des correcteurs sur la traduction

Stava piovendo : rappelons que dans la locution « il est en train de... », en toute rigueur,le pronom ne peut être que le substitut d'un agent animé accomplissant une action (« il – Pierre,Paul ou Jacques – est en train de manger ») et non le sujet impersonnel (non-agent) d'unprocessus (pleuvoir, neiger, grêler, etc.).

Caminetto : il s'agit d'une cheminée telle qu'on en trouve dans les appartements. Leterme apparaissant comme tel dans les dictionnaires unilingues, le suffixe n'a pas à être explicitédans la traduction.

Cameriera : les traductions « femme de chambre » et « bonne » ont été admises. Leterme « camériste » désigne une personne attachée au service d'une princesse, et par extension,d'une femme de la haute société, ou d'une célébrité.

Piramide di legno : « pyramide de bois ». Il s'agit d'un empilement ordonné, par tailledécroissante, de bûches et de bûchettes (legna) destinées à faire partir le feu. La traduction« pyramide en bois » est totalement à proscrire, puisqu'elle se référerait à un objet manufacturé.

15

Farcita : « Truffée » : Le terme « farcito » dans l'expression « un compito farcito dierrori » serait ainsi traduit : « une copie truffée d'erreurs ». La traduction « pleine de » est tropimprécise ; la traduction « garnie de » a été admise, mais non les traductions « farcie, fourrée »qui font référence à des préparations culinaires ; « avec des » a été assimilée à un refus detraduction.

Pigne resinose : « Pommes de pin résineuses ». Il s'agit de pommes de pin cueilliesavant dessèchement, et qui contiennent encore de la résine.

Divampare : s'agissant de flammes, elles ne peuvent que « jaillir », ou « s'élever ».« S'enflammer », « s'embraser » serait tautologique ; « éclater » ne vaut que si le sujet est « lefeu », « l'incendie ».

In un momento : « en un instant » est préférable à « en un moment ».Guizzanti : « che si agita, si torce, freme, sussulta ; che procede con scatti repentini ; che

manda bagliori vivi e improvvisi » (Battaglia). La luminosité étant prise en charge par l'adjectifsuivant, il est logique de considérer ici que l'impression rendue est celle d'un mouvement vif etirrégulier des flammes.

Luce centrale : il n'appartient pas au traducteur de définir la nature (« lustre »,« plafonnier ») de cette source de lumière située au centre de la pièce, ni de préciser qu'il s'agitde la source de lumière principale.

Cassaforte : bien que le terme « coffre » désigne couramment, dans certains locaux, uncoffre-fort, mieux valait préciser ici la nature de ce coffre. Scrigno : la définition italienne du terme n'est pas exactement celle que l'on trouve enfrançais. « Piccolo forziere in cui si custodiscono denaro, gioielli e in genere oggetti edocumenti preziosi ». La traduction « coffret » répond mieux à l'emploi qui est fait de l'objet, àsavoir de renfermer les œuvres manuscrites d'un écrivain. La traduction « écrin » ne seraitappropriée que dans le cas de bijoux ou d'argenterie. D'autres traductions n'ont pas étéacceptées : « mallette, écritoire, chemise, classeur, étui, pochette, portefeuille, porte-documents,tiroir, chevalet (?) ».

Mazzetto : rappelons qu'un mazzo, quand il s'agit de feuilles de papier, doit être traduitpar « liasse ». Cette traduction est imposée, de surcroît, par la comparaison avec des billets debanque (banconote). La firma di lui : l'auteur prend soin de préciser que la signature est celle du défunt etnon celle de la protagoniste, ce qu'il est indispensable de faire apparaître clairement dans latraduction. À éliminer : « sa signature », « sa propre signature », « une signature, la sienne ».Sont incorrectes : « la signature à lui » ; « la signature de lui ».

Li tirò fuori tutti : la construction de la phrase précédente indique que le pronom est unsubstitut de mazzetti.

E neanche : il y a ici une anacoluthe, puisqu'aucune phrase négative n'apparaît dans cequi précède. Toutefois, on peut suivre en filigrane la pensée du personnage, tantôt exprimée audiscours indirect (scartò l'idea), tantôt exprimée au discours indirect libre (sarebbero andatebene, ma...). Le lecteur est amené à reconstituer la totalité de la phrase elliptique : neanche lacommedia sarebbe andata bene. Le traducteur, quant à lui, doit s'en tenir à la partie émergée, etconserver les phrases nominales.

La commedia : le terme ne désigne pas forcément en italien une pièce comique ; il estsouvent utilisé dans la langue moderne comme synonyme de « opera teatrale ».

Carteggi : le terme « correspondance » qui se réfère aux relations épistolaires d'unepersonne, est utilisé au singulier, quel que soit le nombre des correspondants.

Sarebbero andate bene : « feraient l'affaire », « conviendraient ». « Aller bien » n'estpas approprié.

Trecento : le numéral « cent » prend la marque du pluriel s’il s’agit d’une quantité (troiscents personnes), mais demeure invariable s’il correspond à un numéro d’ordre (allez à la pagetrois cent).

Accidenti : grâce à une interjection (sans point d'exclamation !), l'auteur insère ici, dansle langage mental d'une dame, l'expression d'une surprise mêlée d'admiration et, peut-être, d'une

16

nuance de contrariété. Il faut éviter les termes trop violents (« bon sang ! »), trop grossiers, tropargotiques, ou désuets, voire humoristiques (« saperlipopette ! »).

Doversi muovere : une fois choisi le manuscrit, la veuve s'installe dans un fauteuil, etopte pour une procédure qui favorise l'économie des mouvements : rouler une page en boulefacilite sans aucun doute le lancer.

Color tabacco : « tabac » est une nuance de brun.Stupido : l'adjectif est employé ici comme un substantif. Il est impératif d'éviter les

adjectifs qui ne se prêtent pas à cette transformation (comme « stupide ») et qui, de plus,aboutissent en contexte à des contre sens (« pauvre bête ! »).

Stava appena cominciando : la forme progressive ne doit pas être confondue, malgré laprésence du appena, avec un passé immédiat. Il n'est pas facile de la rendre en français, nitoujours conseillé de le faire, étant donné la lourdeur du résultat.

Inarrestabili : la traduction littérale aboutit à un barbarisme (« inarrêtables »). Il fautdonc trouver des adjectifs qui signifient, littéralement, « que l'on ne peut arrêter, ou contenir » :c'est-à-dire « incoercibles », « irrépressibles ». Un peu plus éloignés de ce sens,« intarissables », « inépuisables » ont été néanmoins admis.

Pierre Benedittini

17

L’épreuve de compréhension et expressionen langue étrangère

Documents proposés

Articles de journauxAlessandra Arachi, Maternità, riscossa delle quarantenni. Ora fanno più figli delle ventenni,Corriere della sera, 17/12/04.Andrea Benvenuti, Devolution in classe, L’Espresso, 26/11/02.Umberto Eco, Non ha potere chi usa il telefonino, L’Espresso, 23/06/1991.Umberto Eco, Al tuo bambino non devi dire quanto è bello leggere prima di dormire,L’Espresso, 16/03/2000.Gino Gullace Raugei, È una grande vittoria ai punti : salvate 200 vite in 2 mesi, Oggi,17/09/03.Bruno Manfellotto, Comandanti della terza età, L’Espresso, 07/11/02.Enrico Mentana, Perché la croce riguarda tutti, Il Mondo, 07/11/03.Sebastiano Messina, TG, per mezzo secolo la voce del potere, Repubblica, 03/01/04.Paolo Possamai, Tute blu a chiamata, l’azienda ci riprova, Repubblica, 08/02/03.Fruttero e Lucentini, Odio e orgoglio, Panorama, 06/06/02.Umberto Eco, Internet è divina, L’Espresso, 10/02/00.Eugenio Scalfari, Il principe incostante, Repubblica, 24/01/03.S.A, La conquista del tempo pieno, Repubblica, 16/01/04.

Textes littérairesElena Gianini Belotti, Le vecchie favole, Dalla parte delle bambine, Feltrinelli, 1973.Rosetta Loy, L’autista Francesco, La porta dell’acqua, Rizzoli, 2000.Raffaele Nigro, extrait d’Adriatico, Giunti, 1998.

Enregistrements audioInterview de Mario Monicelli, Italia cinema, n°13 (DVD), mai 2003.Interview de Marina Cicogna (Présidente d’Italia Cinema) et de Moritz de Hadeln (Directeur dufestival de Venise), Italia cinema, n° 14 (DVD), septembre 2003.Extrait de : Maurizio Ambrosini, La fatica di integrarsi. Immigrati e lavoro in Italia, Bologna,Il Mulino, 2001.Article Acqua minerale San Pellegrino, L’Espansione, octobre 2001.

Enregistrements vidéoImprenditori italiani in Albania, RAI 1, Pinocchio, 1997.L’inno nazionale, RAI 2, Neonlibri, 2001.Intervista a Roberto Gervaso, « Il Temerario », RAI 1, Unomattina, 2003.Intervista a Beppe Severgnini, « Il Temerario », RAI 1, Unomattina, 2003.Iniziativa umanitaria a Palermo, RAI 1, Unomattina, 2003.Agriturismo, RAI 2, Eatparade, 2003.Extrait du film La Famiglia d’Ettore Scola, 1986.Extrait du film Tutti giù per terra de Davide Ferrario, 1997.

Modalités de l’épreuve

L’épreuve d’une durée de vingt-cinq minutes, en langue italienne, s’appuie sur dessupports variés : texte, accompagné ou non d’une illustration ; enregistrement vidéo ou audio.Le candidat, autorisé à prendre des notes, prend connaissance du document en présence du jury ;

18

les extraits audio ou vidéo sont écoutés ou visionnés deux fois ; les textes écrits sont laissés aucandidat pendant une durée de six minutes puis retirés. Le candidat dispose ensuite d’uneminute pour organiser ses notes. Le candidat est invité à présenter son exposé, à l’aide de sesnotes (pendant une durée allant de cinq à huit minutes) ; suit alors un entretien avec le jury (cinqà dix minutes environ). Il s’agit d’une épreuve qui mise sur la rapidité de la compréhension etdes réactions.

Esprit de l’épreuve

Il est clair que l’épreuve ne se résume pas uniquement à la stricte compréhension de lalettre du document proposé, même si celle-ci est fondamentale. L’exercice, qui a pour objectifd’évaluer la capacité du candidat à pénétrer le sens du document, ne se limite pas à une simplerestitution du texte (écrit ou enregistré). Le jury n’attend pas du candidat une explication au sensuniversitaire du terme, qui serait inconcevable compte tenu des règles régissant l’épreuve, maisun exposé montrant que le document a été compris non seulement dans son ensemble (les faitset leur succession ou leur articulation, le repérage des personnages et leurs relations, les lieux )mais aussi dans ses replis. Il s’agit là d’une compréhension plus fine qui porte aussi bien sur lefonctionnement du texte (par exemple, les oppositions, les paradoxes, la récurrence de tel ou telterme) que sur les références culturelles (allusions historiques par exemple). Le jury attend aussiqu’un réseau de significations soit esquissé et qu’une ligne interprétative soit dégagée, fût-ce defaçon sommaire.

Quelques conseils

Une remarque préliminaire concerne la gestion du temps : bon nombre de candidatsavouent qu’ils n’ont pas eu le temps de prendre connaissance de la totalité du texte écrit ou del’extrait enregistré parce qu’ils se sont enlisés dans une lecture trop analytique et n’ont pas« balayé » le texte. C’est pourquoi nous suggérons quelques pistes.

Conseils concernant la compréhension. Le jour de l’épreuve, il convient de mobiliser uncertain nombre de réflexes que seul un entraînement régulier à la lecture et à l’écoute permetd’acquérir. Il est impératif de tenir compte d’éléments tels que le paratexte qui (faut-il lerappeler ?) fait partie de l’énoncé. À commencer par la date : il peut y avoir, en effet, undécalage entre le contenu de l’extrait et la situation actuelle. Quant au titre, il requiert uneattention toute particulière ; dans certains cas, il éclaire le sens (Le vecchie favole) ; dansd’autres, il est carrément décalé par rapport au contenu : c’est le cas de l’article intituléMaternità, riscossa delle quarantenni. Ora fanno più bambini delle ventenni, qui ne faitréférence qu’au phénomène des mères âgées de quarante ans, alors que le texte rapporte lesrésultats d’une enquête de l’ISTAT sur différents faits de société tels que l’adoption, le mariageou le moral des Italiens. Il en va de même pour le texte Non ha potere chi usa iltelefonino ; alors que le titre laisserait penser que les propriétaires de portables, dans leurtotalité, n’ont pas le pouvoir qu’ils croient, l’auteur n’examine en réalité que quelquescatégories d’utilisteurs et concentre la satire sur le groupe des nouveaux riches. Il est égalementconseillé de distinguer l’intitulé de la rubrique de celui du texte proprement dit : Profondo Nordn’est pas le titre d’un article mais la dénomination d’une rubrique que l’on trouve chaquesemaine dans L’Espresso, au même titre que L’Antitaliano de Giorgio Bocca ou que Il Bestiariode Gianpaolo Pansa ; deux extraits vidéo appartiennent à une même série d’émissions, « IlTemerario », terme qui méritait d’ailleurs d’être relevé (puis expliqué et commenté). Enfin,l’auteur du document ne doit pas laisser indifférent : le fait que ce soit une femme (Le vecchiefavole d’Elena Gianini Belotti) qui parle des personnages féminins dans les fables n’est pasanodin. Fruttero et Lucentini ne sont pas « l’auteur » mais « les auteurs » de l’article Odio eorgoglio. Même si le candidat sait peu de choses sur Umberto Eco ou sur Eugenio Scalfari, il est

19

clair que l’approche des textes proposés par ces deux éditorialistes ne peut être que différente decelle d’un article dont le but est d’informer (texte cité sur la maternité) ou d’une chronique dontla fonction est d’exprimer une opinion (texte de E. Mentana).

Dans un laps de temps très bref, le candidat formule donc des observations qui devront luipermettre d’identifier le document de façon sommaire, et de passer à une deuxième phase :celle qui permettra d’opérer un repérage des éléments pertinents.

Nombre d’informations contenues dans le document contribuent à une premièreconstruction du sens : depuis les indices factuels (noms propres, noms de lieux, chiffres, dates)jusqu’aux indices grammaticaux (faut-il rappeler que le genre des mots, la personne des verbessont autant d’indications utiles à l’identification du narrateur, de la narratrice ou despersonnages), en passant par les figures de style comme les redondances, les négations(neanche, non, dans le texte de R. Nigro) ou par les marqueurs (par exemple la succession, avecles mots tels que primo, successivo, terzo ; l’opposition avec invece). Les indices visuels commel’ameublement, les vêtements dans l’extrait de La famiglia d’E. Scola ou les graffiti, les siglesdans Tutti giù per terra apportent des éléments précieux pour la compréhension : identificationde l’époque dans le premier cas, appréhension de la psychologie du personnage dans le second(le monde est aux yeux du personnage un labyrinthe de signes). Les éléments sonores, dans lecas de la vidéo, ne sont pas non plus à négliger : les bruits d’assiettes et de couverts, detramway, revêtent une signification bien particulière dans l’extrait de Scola, mettant face-à-facel’univers familial et le tramway où s’est déroulé le drame (le docteur Giordana, victime d’un voln’a pas pu payer son billet).

La sélection de ces informations, leur classement voire leur hiérarchisation, ne peuventavoir lieu que si le candidat, au préalable, a correctement identifié le document et s’il a saisi àquelle catégorie il appartient : la construction du sens mobilisera des compétences différentesselon qu’on a sous les yeux un texte polémique sur le portable ou que l’on écoute un exposéargumentatif sur l’immigration islamique, ou encore que l’on regarde une émission de télévisionde divertissement diffusée le matin.

Au terme de la première écoute (premier visionnage/première lecture) le candidatdoit avoir :

– reconstitué les grandes lignes du document (« ce que dit » le document),– déterminé à quelle catégorie il appartient et repéré les enjeux principaux : ce que le

document veut montrer et pourquoi ; comment il « fonctionne » .La deuxième écoute (deuxième visionnage/deuxième lecture) doit permettre :

– d’affiner la compréhension des contenus,– d’appréhender la spécificité du document et d’en préciser les enjeux.

Concrètement, il est vivement conseillé aux candidats de pratiquer, chaque jour, la lecturerapide (livres et journaux) et l’audition ou le visionnage dans les conditions duconcours (émissions de télévision, films) ; la presse écrite peut être consultée, au moins enpartie, sur Internet ; l’accès aux chaînes italiennes peut s’effectuer grâce aux moyenstraditionnels (parabole ou câble) ou bien grâce à Internet : le sitewww.raiclicktv.it/raiclick/pc/website offre la possibilité de visionner des films, des journauxtélévisés, des émissions. Il ne faut pas négliger non plus l’entraînement à la prise de notes, quis’avère être un sérieux handicap pour de nombreux candidats.

Conseils concernant l’expression et l’entretien. Le terme « expression » recouvre uncertain nombre d’exigences communément admises :

– la correction de la langue : correction lexicale, grammaticale, syntaxique. Certainscandidats ignorent l’expression « couper la parole » ou la traduction du terme« émission », confondent « regista » et « produttore », commettent des erreurs sur lesarticles, les pronoms personnels, voire les conjugaisons ; l’emploi du subjonctif n’estpas toujours maîtrisé ;

– la précision et la richesse des énoncés ;

20

– la qualité phonologique : le respect de l’accentuation et de la mélodie de la phrase, maisaussi la justesse de l’intonation et la fluidité du discours.

Mais ce terme fait aussi référence à des qualités de communication et à des exigencesintellectuelles indispensables à tout enseignant :

– les qualités d’interlocution : le candidat doit déployer des qualités d’enseignant :articuler les mots, regarder son auditoire, montrer qu’il a quelque chose à dire, àprouver, à défendre ; un ton ennuyé et blasé n’a aucune chance de convaincre un jury etencore moins des élèves ;

– la précision, la clarté, la concision et l’organisation du discours : ce sont là desexigences fondamentales que tout enseignant doit avoir à l’esprit : il ne suffit pas deparler avec aisance un italien correct ; encore faut-il structurer son propos de façonclaire ; le délayage ou le verbiage sont à proscrire.

Quant à l’entretien avec le candidat, il permet de préciser des points qu’il a abordésrapidement, de compléter ce que la rapidité de l’exercice n’avait pas permis de développer et,bien sûr, de rectifier les erreurs.

De façon pratique, le candidat pourra s’entraîner efficacement dans ses classes, sansnégliger aucun moyen permettant de risciacquare i panni in Arno (conversation avec lesassistants ou des locuteurs natifs, voyages…).

Qu’entendre par « compréhension fine » ?

Par ce terme il faut bien sûr entendre les précisions détaillées fournies par le texte (lesdonnées chiffrées, les références historiques, par exemple), mais aussi la complexité de l’énoncéou encore la subtilité du raisonnement que la toute première approche avait laissé seulemententrevoir. Compte tenu de la rapidité de l’épreuve, il n’est pas demandé au candidat d’avoir« tout » vu ; les meilleures prestations sont celles qui ont non seulement rendu compte ducontenu du document avec exactitude et précision mais qui ont également su saisir ce qui faitfonctionner l’extrait : une argumentation (Il principe incostante), les écarts par rapport à ungenre (« Il Temerario »), les implications culturelles (Iniziativa umanitaria a Palermo)… Pourrésumer, on peut dire qu’un compte rendu satisfaisant prend acte de la cohésion du document,des moyens expressifs et de la dimension culturelle.

Cohérence du document. Un document n’est pas seulement une succession de phrases oud’images ; il a une cohérence interne qu’il convient de dégager.

Le cas le plus classique et qui devrait être familier aux candidats est celui d’un texte quis’articule autour d’une ou plusieurs idées ; le billet de Bruno Manfellotto, Comandanti dellaterza età développe le problème du renouvellement de la classe dirigeante des PME de Vénétie ;l’article Internet è divina part de l’idée qu’Internet est une religion et envisage les implicationspolitiques ; Enrico Mentana (Perché la croce riguarda tutti) affirme que l’Europe s’identifie auchristianisme, ce qui l’autorise à présenter la croix comme symbole universel du mondeoccidental. Quant au texte de R. Nigro extrait du roman Adriatico, il propose une vision du Sudoriginale : c’est autant une région défavorisée qu’un espace sillonné de flux migratoires, aumême titre que le reste de l’Europe.

Un texte peut être organisé en une suite de paragraphes comme, par exemple, La conquistadel tempo pieno ; les paragraphes sont classés et agencés de façon à montrer les conséquencesdésastreuses de la loi Moratti : la nouvelle organisation déboucherait sur une régression socialeet sur une modification des contenus d’enseignement, que dénonce le journal.

Le document vidéo L’inno nazionale est construit autour de deux thèmes : d’une part, laRépublique et la patrie (images en couleurs du Président Ciampi, au début et à la fin ; lesbersagliers, défenseurs de la patrie) ; d’autre part, le Risorgimento et la patrie (images en noir etblanc évoquant la République Romaine, Mameli, Mazzini et les grandes luttes de l’Unité) ; àl’instar de l’article concernant l’école, les images qui se succèdent pendant que le journaliste

21

raconte l’histoire de l’hymne national, illustrent la thèse du Risorgimento comme acte fondateurde la République et de la patrie.

Moyens expressifs. Il peut s’agir de procédés littéraires : le texte de R. Nigro utilise unesymbolique (jeu de couleurs entre rouge, noir et blanc ; sauterelles) pour suggérer l’atmosphèreirréelle, voire mythique à laquelle se trouve confronté le narrateur.

Il peut s’agir aussi d’un détournement des codes ou des genres :– Le texte d’Eugenio Scalfari, Il principe incostante, est un hommage funèbre à Gianni

Agnelli, décédé en 2003 ; mais, au lieu de vanter les mérites du chef d’entreprise,l’auteur le présente dans son humanité tout en soulignant le caractère tragique de sondestin.

– Les deux interviews issues de l’émission « Il Temerario » illustrent le détournementd’un genre : non seulement le journaliste change de statut (il est interviewé) mais encoreil subit les assauts de quatre voire cinq ragnette ou inquisitrici ; le studio est transforméen une « arène » : au centre, l’invité qui, malgré cela, n’a pas l’air de trop souffrir (sa« témérité » est toute relative). Il s’agit d’un spectacle léger souligné par les jeux delumières.

– Le débat dirigé par G. Lerner (Imprenditori italiani in Albania) donne d’un problèmesocio-économique (les délocalisations d’entreprises vers les pays à main-d’œuvre bonmarché) une représentation dramatisée qui oppose un chef d’entreprise (un industrielitalien de la chaussure, qui a délocalisé son entreprise en Albanie et se dit prêt à d’autrestransferts) à un représentant syndical ; le choix des invités (physique, voix,personnalité) est une espèce de casting qui répond au souci de dramatisation del’émission, en même temps qu’il laisse immédiatement deviner le parti-pris dujournaliste animateur.

Référent culturel. L’italianité des documents proposés est un signe (ou une suite de signes)qui entre dans la construction du sens. Quelques exemples :• L’image de la femme qui s’affirme dans la vie sociale :

– dans l’émission (Iniziativa umanitaria a Palermo) la jeune femme policier, souriante etplutôt agréable à regarder, cautionne une initiative humanitaire mais aussi la légalité :elle incarne un modèle d’émancipation et d’engagement civique ;

– dans les émissions « Il Temerario », les vallette (veline) muettes et dénudées ont cédé laplace à des jeunes femmes modernes, qui interrogent l’invité « téméraire » ; le jeu de laséduction, évident (champ/contre-champ, gros plans sur les visages, maquillage), setravestit en une sorte d’offensive culturelle – sans grande ambition ! – qui traduit avechumour une évolution de la condition féminine.

• L’image de l’Italie ouverte aux problèmes mondiaux :– le document Iniziativa umanitaria a Palermo montre une Italie engagée dans l’action

humanitaire ;– le document Imprenditori italiani in Albania montre une Italie entrepreneuriale en quête

de main d’œuvre bon marché (délocalisations en Inde, en Chine).Dans ces documents, le vieux réflexe italien de l’autodépréciation est corrigé par l’image d’uneItalie qui affirme sa présence dans le monde. Le jury a apprécié l’aptitude de certains candidatsà repérer les indices culturels, à les mettre en perspective, et à considérer les documents avecune distance critique.

Un minimum de culture est nécessaire pour comprendre le document et le décoder ; il nes’agit pas de connaissances érudites mais simplement de savoir qu’il y a eu, par exemple, lesAccords du Latran en 1929 et une révision du Concordat en 1984, que la législation du travail aévolué, ou que le Néoréalisme se situe après 1945.

Au total la compréhension « fine » permet de définir la spécificité d’un document,l’originalité de ses enjeux et de ses formulations ; elle implique aussi que le candidat est apte àprendre ses distances par rapport à n’importe quel type de document.

22

Conclusion

Dans un temps très bref, le candidat révèle les aptitudes linguistiques, intellectuelles,expressives, que l’on attend de tout enseignant. Cette épreuve reproduit un moment clé de ladémarche pédagogique : après avoir examiné un document, l’enseignant le rejette ou le retient,en fonction d’indices décelés en quelques secondes. Cet exercice, ainsi entendu, s’articuleparfaitement avec l’exploitation pédagogique dont il est le préalable indispensable.

Brigitte FARELLE-MAURIN

23

L’exploitation pédagogique de documents

Sujets proposésVidéo La bambina in giallo, vidéo publicitaire Barilla.Venezia, cassette vidéo Bell'Italia, Mondadori.Il presepe, extrait de la rubrique Neon libri du TG2 RAI2, décembre 2001.Tosca, extrait d'un film d'animation d'après la Tosca de Giacomo Puccini, La Cinquième vidéo,1993.Audio Pinocchio il furbo, extrait d'une fable de Tante storie per giocare, Gianni Rodari, 1974.Western di cose nostre, extrait d'une nouvelle de Il mare colore del vino, Leonardo Sciascia,Einaudi, 1973.TextesPoveretto, poveretti, Gianni Rodari, Il libro degli errori.Luciana, la moglie del controllore Egidio, Fabio Fazio, Una volta qui era tutta campagna, 1994(texte accompagné d'un dessin).Il diavolo, Gianni Rodari, Il libro degli errori (texte accompagné d'un dessin).Document iconographiqueImage publicitaire Posa plastica, la raccolta differenziata degli imballaggi in plastica.

Modalités et objectif de l’épreuve La préparation dure deux heures. L’épreuve comprend deux parties : un exposé d’une

durée maximum de 30 minutes, suivi d’un entretien d’une durée maximum de 20 minutes. Ellese déroule en français. Cependant, le candidat est invité à donner en italien les exemplesd’élucidation de vocabulaire et les exercices de grammaire qu’il propose, ainsi que les questionsposées aux élèves et les réponses attendues. Les supports sont aussi variés que ceux que lesprofesseurs peuvent utiliser en classe : texte d’auteur, article de journal, photographie, dessin,bande dessinée, publicité, séquence de film, extrait d’émission télévisée, enregistrement audio,etc. Cette épreuve permet au jury d’apprécier la capacité du candidat

1) à caractériser rapidement un document et à en évaluer l’intérêt (littéraire, historique,esthétique, civilisationnel…) ;

2) à évaluer son potentiel pédagogique ;3) à le didactiser et à proposer la démarche pédagogigue opportune.

Nature, spécificité et intérêt du document

Le premier moment (nature et intérêt du document) implique la mise en œuvre desqualités exigées dans l’épreuve de compréhension et expression : l’exploitation pédagogiqued’un document n’est envisageable que s’il a été compris. Le candidat emploiera donc lapremière partie de son temps de préparation à analyser attentivement la forme et le contenu dudocument. Seule une bonne analyse du document lui permettra de fixer ensuite des objectifsdidactiques pertinents. Ainsi, c’est l’étude des différents éléments (le vieil homme, la mère,l’enfant, etc.) composant l’image publicitaire Posa plastica qui permet de dégager le messagetransmis (la nécessité de recycler le plastique pour préserver l’avenir). Le texte Poverettopoveretti (à propos de Galilée) s’éclaire en grande partie par l’explication du titre. Lors de

24

l’exposé, le candidat commencera par présenter les résultats de son étude (nécessairementrapide) du document, afin de montrer qu’il en a compris le contenu (explicite et implicite) et lefonctionnement. C’est sur ces résultats que s’appuiera sa démarche didactique.

Une erreur assez fréquente consiste à ne considérer le document que comme un prétexte,et à plaquer des connaissances théoriques qui ignorent sa spécificité et son intérêt. Certainscandidats, par exemple, ne semblent pas avoir perçu que le texte Poveretto poveretti est engrande partie dialogué ; que les documents La moglie del controllore et Il diavolo sont destextes illustrés et qu’il convenait d’exploiter aussi le dessin. D’autres se sont empressés detransformer le document vidéo Venezia en script ou en plan de Venise, et… d’oublier la cassettevidéo, démarche qui équivaut à ne pas traiter le sujet. Un candidat a traité Western di cosenostre en compréhension de l’écrit, oubliant qu’il s’agissait d’un support sonore. Pour Tosca,certains candidats ont proposé l’étude des notes de contextualisation, au détriment du livret et dela cassette vidéo. Il s’agit – rappelons-le – de reconnaître la nature du document et de le traiteren conséquence. Le document n'est pas qu’un prétexte à l’enseignement de quelques mots etrègles de grammaire. Toute la démarche doit viser à construire du sens afin de donner auxélèves le plaisir de comprendre, d’apprendre, et de communiquer. C'est ce vers quoi tendent lesmeilleurs exposés.

Potentiel pédagogique du document

Le deuxième moment (potentiel pédagogique du document, détermination des objectifs)met le document en relation avec le public destinataire ; il s’agit de traduire l’intérêt culturelintrinsèque du document en un programme d’acquisitions qui prendra place dans un momentdéterminé de la progression. Après avoir analysé le document, le candidat fixera donc sesobjectifs pédagogiques :

- linguistiques (intonation, accentuation, choix du lexique à élucider et à mémoriser,points de grammaire à traiter…) ;

- culturels (aspects littéraires, esthétiques, cinématographiques à mettre en lumière ;contenu civilisationnel ; références historiques, sociologiques…) ;

- conceptuels et méthodologiques.Ces choix sont induits par le document. Ils dépendent aussi du public destinataire : le

candidat devra alors déterminer la classe à laquelle il destine le document, ainsi que la place dela séquence d’apprentissage dans la progression, sur la base des obstacles prévisibles et deséléments facilitateurs d’apprentissage. Ce dernier point a souvent été négligé.

Peu de candidats se sont servis de la notion de compétence. On relira attentivement letableau des compétences présenté dans le Cadre européen commun de référence pour leslangues (www.culture2.coe.int/portfolio/documents/cadrecommun.pdf). La connaissance desnouveaux programmes de seconde et première, du nouveau programme de CAP et des livretsd’accompagnement aux programmes est également indispensable.

Didactisation et techniques pédagogiques

Le troisième moment (didactisation, choix des stratégies pédagogiques) représente lemoment le plus technique. Le candidat y montre la palette de son savoir-faire pédagogique endétaillant les modalités

- de l’élucidation et du réemploi  du vocabulaire ;- de la présentation ou de la révision des points de grammaire ;- de l’accès à la compréhension globale et approfondie ;- de la mise en évidence de l’implicite ;- de l’élaboration du commentaire ;- des apports culturel, conceptuel et méthodologique

25

- de l’évaluation.La mise en œuvre pédagogique ne saurait se limiter à une exhibition de connaissancesthéoriques ; le jury attend une véritable proposition de séquence d’apprentissage (deux, trois ouquatre heures). Il peut être opportun de donner le détail (consignes, exercices, questionnement,activités ludiques, etc.) d’une seule heure de cours, et de présenter de façon synthétique le restede la séquence, jusqu’à l’évaluation finale. Il est toutefois possible de procéder de façondifférente, par exemple de choisir, dans l’ensemble de la séquence, les phases essentielles quiferont l’objet d’une présentation détaillée. Dans tous les cas, il faut se garder de deux extrêmes :l’exhaustivité, qui amène à fixer des objectifs irréalistes et irréalisables ; les choix troprestrictifs, qui amènent à négliger certaines phases incontournables.

L’élucidation du vocabulaire est un point que les candidats ont des difficultés à traiter.Les phrases illustrant le mot à élucider sont souvent équivoques, c’est-à-dire inefficaces dupoint de vue de l’élucidation. La question Cosa ti metti d’inverno ? – par exemple – a demultiples réponses possibles, autres que maglione. Par ailleurs, il convient de distinguer lesdifférentes étapes du travail lexical (élucidation / vérification / réemploi) et de varier lesstratégies d’élucidation et de réemploi : synonymie et antonymie ; inférence d’après lecontexte ; reconnaissance des procédés de dérivation et de la valeur des affixes ; recours à lamorphosyntaxe…

L’étude de la grammaire gagne à être liée au sens du document. Ainsi, le texte La mogliedel controllore, composé d’un premier paragraphe au passé et d’un deuxième au présent,appelait, plutôt que la révision du subjonctif (une seule occurrence dans le texte), l’étude destemps du récit et du lien entre la forme et le sens.

Maîtrise de l’italien aussi bien que du français ; capacité à comprendre un document, à enapprécier le potentiel pédagogique et à le didactiser ; clarté du propos ; simplicité et dynamismede l’interlocution : telles sont les qualités attendues du futur professeur certifié. Ces qualités secultivent et se développent : le candidat se préparera d’autant mieux à cette épreuve qu’ils’entraînera à l’analyse des documents les plus divers, et qu’il mettra en œuvre, tout au long del’année, dans ses classes, les conseils donnés dans les rapports de jury.

Pellegrina FISCHETTI