cc485 19a25 exp-sp...services assurantiels ou accompagnement technique, les outils du big data...

1
CIRCUITS CULTURE PAGE 20 JUILLET/AOÛT/SEPTEMBRE 2014 MONSANTO 1 milliard de dollars dans l’analyse de données En rachetant la société américaine The Climate Corporation pour près d’un milliard de dollars en 2013, Monsanto mise sur l’analyse de données, notamment climatiques. Services assurantiels ou accompagnement technique, les outils du Big data répondent à des ambitions fortes chez Monsanto, pour l’instant restreintes à l’Amérique. LES EXPÉRIENCES P lus de 150 milliards de données de sols et 10 trillions (10 18 ) de don- nées météo : voila ce qu’accumu- lait déjà en 2010 The Climate Corpo- ration, jeune société américaine créée en 2006 par deux anciens ingénieurs de chez Google. Son objectif : déve- lopper l’analyse de données météorolo- giques, afin de réaliser des simulations et proposer aux agriculteurs des pro- duits d’analyse, de conseil et de ges- tion des risques. Voyant le potentiel des techniques de cartographie détaillée, Monsanto rachète en octobre 2013 la start-up de la Silicon Valley, pour 930 millions de dollars (685 millions d’euros), soit la plus importante acqui- sition pour le leader mondial des se- mences depuis sept ans. « L’objectif de Monsanto est de fournir aux agriculteurs des solutions durables, pour produire plus avec moins d’in- trants, explique Yann Fichet, directeur des affaires institutionnelles et indus- trielles, chez Monsanto France. Pour obtenir l’expression maximale du poten- tiel génétique de nos semences dans toutes les situations, encore faut-il les cultiver dans des conditions adaptées. Analyser les bases de données des sols et de la météo permet ainsi d’optimiser les conduites, pour faire s’exprimer au mieux les potentiels des cultures. » De meilleures prises de décisions Pour Yann Fichet, les outils de gestion de bases de données doivent accom- pagner la prise de décision par l’agri- Si l’analyse de données pour accompagner les agriculteurs prend de l’ampleur aux USA, Yann Fichet, directeur des affaires institu- tionnelles et industrielles chez Monsanto France, n’observe pas encore le même dynamisme en France. MONSANTO LES EXPÉRIENCES CIRCUITS CULTURE PAGE 21 JUILLET/AOÛT/SEPTEMBRE 2014 Fin juin 2014, Monsanto annonçait plus de 20 millions d’hectares suivis avec son outil Climate Basic TM intégrant les analyses de données. Plus de 500 millions d’hectares devraient être prochainement suivis par le service Climate PRO TM and FieldScripts, intégrant également l’analyse de données. culteur : « Pour chaque culture, l’agriculteur prend entre 30 et 40 décisions ! Afin d’être guidé au mieux pour prendre les bonnes décisions, l’analyse de données offre un avantage certain de fiabilité. Selon les zones de vos parcelles et grâce à la connaissance des nom- breuses données météo- rologiques, de sols et des cultures précédentes, vous pouvez par modélisation savoir au mieux quand se- mer, mettre l’engrais, les produits phyto, irriguer, récolter, etc. » D’après certains experts, le gain permis par l’analyse de données serait aux États-Unis de 7 à 12 q/ha sur le rendement du maïs. Si l’analyse de données permettra à Monsanto d’apporter un conseil pointu, des opportunités semblent aussi se des- siner sur l’aspect assurantiel. « Aux États-Unis, la discussion avec les assurances agricoles a lieu depuis de nombreuses années. Certains assureurs proposent ainsi de meilleures primes d’assurances aux producteurs s’équipant d’outils de gestion des risques. Les outils d’analyses de données peuvent ainsi apporter des réponses », complète Yann Fi- chet, avouant qu’en France, le débat n’est pas aussi avancé qu’en Amérique du Nord. « En Europe, nous nous privons de certaines technologies, comme les OGM, permettant d’aug- menter la production avec moins d’intrants. L’analyse des bases de données par- ticipe à améliorer les résul- tats globaux, à condition de se donner tous les moyens d’y arriver. Vous ne pouvez pas construire le toit d’une maison s’il vous manque un mur », déplore-t-il. Si la valorisation du Big data chez Monsanto n’en est encore qu’à ses débuts, et pour l’heure restreinte au seul territoire nord et sud-américain, l’entreprise annonçait fin juin 2014 des résultats supérieurs à ceux initialement fixés, avec plus de 20 millions d’hectares suivis avec l’outil Climate Basic TM et plus de 500 millions d’hectares attendus pour le service Climate PRO TM and FieldScripts, intégrant les analyses de données entre autres. OLIVIER LÉVÊQUE D’après certains experts, le gain permis par l’analyse de données serait de 7 à 12 q/ha sur le rendement du maïs aux États-Unis. MARCHELLO74 - FOTOLIA

Upload: others

Post on 08-Jun-2020

5 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: CC485 19a25 exp-sp...Services assurantiels ou accompagnement technique, les outils du Big data répondent à des ambitions fortes chez Monsanto, pour l’instant restreintes à l’Amérique

CirCuits Culture • page 20 Juillet/aOÛt/septeMBre 2014

MOnsantO

1 milliard de dollars dans l’analyse de données

En rachetant la société américaine The Climate Corporation pour près d’un milliard de dollars en 2013, Monsanto mise sur l’analyse de données, notamment climatiques. Services assurantiels ou accompagnement technique, les outils du Big data répondent à des ambitions fortes chez Monsanto, pour l’instant restreintes à l’Amérique.

les expériences

Plus de 150 milliards de données de sols et 10 trillions (1018) de don-nées météo : voila ce qu’accumu-

lait déjà en 2010 The Climate Corpo-ration, jeune société américaine créée en 2006 par deux anciens ingénieurs de chez Google. Son objectif : déve-lopper l’analyse de données météorolo-giques, afin de réaliser des simulations et proposer aux agriculteurs des pro-duits d’analyse, de conseil et de ges-tion des risques. Voyant le potentiel des techniques de cartographie détaillée,

Monsanto rachète en octobre 2013 la start-up de la Silicon Valley, pour 930 millions de dollars (685 millions d’euros), soit la plus importante acqui-sition pour le leader mondial des se-mences depuis sept ans.« L’objectif de Monsanto est de fournir aux agriculteurs des solutions durables, pour produire plus avec moins d’in-trants, explique Yann Fichet, directeur des affaires institutionnelles et indus-trielles, chez Monsanto France. Pour obtenir l’expression maximale du poten-

tiel génétique de nos semences dans toutes les situations, encore faut-il les cultiver dans des conditions adaptées. Analyser les bases de données des sols et de la météo permet ainsi d’optimiser les conduites, pour faire s’exprimer au mieux les potentiels des cultures. »

De meilleures prises de décisionsPour Yann Fichet, les outils de gestion de bases de données doivent accom-pagner la prise de décision par l’agri-

Si l’analyse de données pour accompagner les agriculteurs prend de l’ampleur aux USA, Yann Fichet, directeur des affaires institu-tionnelles et industrielles chez Monsanto France, n’observe pas encore le même dynamisme en France.

Mo

ns

an

to

les expériences

CirCuits Culture • page 21 Juillet/aOÛt/septeMBre 2014

Fin juin 2014, Monsanto annonçait plus de 20 millions d’hectares suivis avec son outil Climate BasicTM intégrant les analyses de données. Plus de 500 millions d’hectares devraient être prochainement suivis par le service Climate PROTM and FieldScripts, intégrant également l’analyse de données.

culteur : « Pour chaque culture, l’agriculteur prend entre 30 et 40 décisions ! Afin d’être guidé au mieux pour prendre les bonnes décisions, l’analyse de données offre un avantage certain de fiabilité. Selon les zones de vos parcelles et grâce à la connaissance des nom-breuses données météo-rologiques, de sols et des cultures précédentes, vous pouvez par modélisation savoir au mieux quand se-mer, mettre l’engrais, les produits phyto, irriguer, récolter, etc. » D’après certains experts, le gain permis par l’analyse de données serait aux États-Unis de 7 à 12 q/ha sur le rendement du maïs.Si l’analyse de données permettra à Monsanto d’apporter un conseil pointu, des opportunités semblent aussi se des-siner sur l’aspect assurantiel. « Aux États-Unis, la discussion avec les assurances agricoles a lieu depuis de nombreuses années. Certains assureurs proposent ainsi de meilleures primes d’assurances aux producteurs s’équipant d’outils de gestion des risques. Les outils d’analyses de données

peuvent ainsi apporter des réponses », complète Yann Fi-chet, avouant qu’en France, le débat n’est pas aussi avancé qu’en Amérique du Nord. « En Europe, nous nous privons de certaines technologies, comme les OGM, permettant d’aug-

menter la production avec moins d’intrants. L’analyse des bases de données par-ticipe à améliorer les résul-tats globaux, à condition de se donner tous les moyens d’y arriver. Vous ne pouvez pas construire le toit d’une

maison s’il vous manque un mur », déplore-t-il. Si la valorisation du Big data chez Monsanto n’en est encore qu’à ses débuts, et pour l’heure restreinte au seul territoire nord et sud-américain, l’entreprise annonçait fin juin 2014 des résultats supérieurs à ceux initialement fixés, avec plus de 20 millions d’hectares suivis avec l’outil Climate BasictM

et plus de 500 millions d’hectares attendus pour le service Climate PROtM and FieldScripts, intégrant les analyses de données entre autres.

Olivier lévêque

D’après certains experts, le gain permis

par l’analyse de données serait

de 7 à 12 q/ha sur le rendement

du maïs aux États-Unis.

Ma

rc

he

llo

74 -

Fo

toli

a