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CATHY GILLEN THACKER La fiancée du chirurgien ANNIE CLAYDON Un patient très spécial

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  • CATHY GILLEN THACKER

    La fi ancée du chirurgienANNIE CLAYDON

    Un patient très spécial

  • La fiancée du chirurgien

    CATHY GILLEN THACKER

    Traduction française deGENEVIÈVE BLATTMANN

  • HARPERCOLLINS FRANCE83-85, boulevard Vincent-Auriol, 75646 PARIS CEDEX 13Service Lectrices — Tél. : 01 45 82 47 47

    www.harlequin.fr

    ISBN 978-2-2803-8089-8 — ISSN 0223-5056

    Titre original :DR. COWBOY

    Si vous achetez ce livre privé de tout ou partie de sa couverture, nous vous signalons qu’il est en vente irrégulière. Il est considéré comme « invendu » et l’éditeur comme l’auteur n’ont reçu aucun paiement pour ce livre « détérioré ».

    Collection : Blanche

    © 1999, Cathy Gillen Thacker.© 2013, 2018, HarperCollins France pour la traduction française.

    Ce livre est publié avec l’autorisation de HARLEQUIN BOOKS S.A.

    Tous droits réservés, y compris le droit de reproduction de tout ou partie de l’ouvrage, sous quelque forme que ce soit.Toute représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal.

    Cette œuvre est une œuvre de fiction. Les noms propres, les personnages, les lieux, les intrigues, sont soit le fruit de l’imagination de l’auteur, soit utilisés dans le cadre d’une œuvre de fiction. Toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou décédées, des entreprises, des événements ou des lieux, serait une pure coïncidence.

    Le visuel de couverture est reproduit avec l’autorisation de :

    Image : © SHUTTERSTOCK/ROYALTY FREE

    Tous droits réservés.

    Ce roman a déjà été publié en 2013.

  • 7

    1.

    La fête battait son plein. Presque tous les habitants de Laramie, Texas, étaient présents dans le saloon local pour fêter les soixante-trois ans du Dr John McCabe.

    Ses frères aînés n’avaient pas ménagé leurs efforts pour organiser l’anniversaire du patriarche, constata Jackson, le plus jeune des quatre : un trio de musiciens country jouait sur l’estrade au fond de la salle, et plusieurs filles en tenue sexy, bottes en lamé et gilet à franges, dansaient sur la petite scène quand elles n’entraînaient pas les participants sur ce qui tenait lieu de piste.

    — Qui est-ce ? demanda-t-il à Shane, le casse-cou de la fratrie, en désignant une des filles qui s’avançait vers le micro pour chanter.

    — C’est Lacey, la fille de la boulangère, l’informa son frère.

    Jackson considéra la jeune femme, pensif.C’était donc elle !S’il n’avait encore jamais vu Lacey Buchanon, il avait

    déjà eu affaire à elle : d’après ce qu’il en avait expéri-menté, elle était suffisamment effrontée pour qu’il se tienne soigneusement à distance.

    Ce qui n’empêchait pas qu’elle soit un plaisir pour les yeux : poitrine haute, taille fine, hanches rondes, des jambes à rendre folles de jalousie tous les mannequins de Dallas… Et de toute évidence, sa voix sensuellement rauque mettait les hommes en transe.

    Au bout d’un moment, sans cesser de chanter, Lacey

  • 8

    descendit de l’estrade et s’avança vers leur table. Mais au lieu de s’arrêter devant leur père ainsi que le prévoyait la petite mise en scène, elle ôta son Stetson de la tête de Jackson et le remplaça par le sien.

    — Vous vous trompez de personne, articula Jackson.Pas facile d’être discret tout en se faisant entendre

    par-delà la musique.Elle lui adressa un sourire éblouissant tout en faisant

    non de la tête.Il la saisit par le bras et, s’efforçant d’ignorer son

    délicieux parfum, l’attira près de lui pour lui crier à l’oreille :

    — Cette réception est pour mon père !Avec un sourire empreint de mystère, elle se recula et

    annonça, assez fort pour que tout le monde l’entende :— Mais ceci, cow-boy, est pour vous…Alors, avec une lenteur insupportable, toujours sans

    cesser de danser, elle déboutonna son gilet à franges.Il en eut soudain la bouche sèche.Lacey laissa tomber le gilet à ses pieds, révélant le

    body en lamé or qui ne cachait rien de ses formes par-faites. Puis elle se pencha vers son père.

    — Bon anniversaire, docteur McCabe, dit-elle en l’embrassant sur la joue.

    — Merci, ma fille, dit John en l’embrassant à son tour avec une affection qui surprit Jackson.

    Se connaissaient-ils aussi bien, ou était-ce une simple démonstration de l’hospitalité texane ?

    — Et maintenant, à votre tour, cow-boy, déclara alors la jeune femme de sa voix sensuelle en l’emprisonnant dans son regard émeraude, alors que sa main se refermait sur son poignet.

    — Mon tour ? Et pour quoi ?— Vous verrez bien.Avec un clin d’œil appuyé, elle l’entraîna vers la salle

    à l’arrière du saloon, en distribuant force sourires en

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    réponse aux quolibets que leur lançaient les hommes sur leur passage.

    Puis la porte se referma derrière eux, et il se retrouva seul avec la séduisante chanteuse.

    Comme tout homme, il appréciait les jolies femmes, mais pas question de se laisser éblouir par l’écrin s’il ne contenait que de la pacotille. Il avait toujours placé la barre de ses exigences très haut, ce qui lui valait parfois d’être chahuté par ses frères et ses amis. Cependant, pour l’instant, autant jouer le jeu afin d’en finir et de retourner au plus vite auprès de sa famille.

    Il inclina la tête, troublé malgré lui.— Et maintenant ? demanda-t-il.— Vous n’avez pas peur de moi, n’est-ce pas ? demanda

    Lacey en battant coquettement des cils.Au prix d’un effort, il s’arracha à la contemplation

    des formes parfaites de la jeune femme et redressa les épaules.

    — Peur ? Bien sûr que non.— Alors, asseyez-vous. Je pourrais vous attacher, mais

    je préfère que vous vous soumettiez à mes desiderata de votre plein gré, dit-elle avec un sourire craquant.

    Dans l’espoir d’abréger au plus vite cet épisode, il obtempéra et prit une chaise tout en continuant à s’inter-roger sur le sens de ce petit numéro.

    — Ah oui ? Et quels sont-ils, ces desiderata, si ce n’est pas indiscret ?

    Soudain, la jeune femme perdit son sourire aguicheur et reprit son sérieux.

    — J’ai besoin de votre coopération, docteur McCabe.Il secoua la tête.— Je vois ce que vous allez me demander. Mais j’ai

    déjà un job, désolé.

    * * *

  • 10

    Lacey affronta sans ciller la détermination du regard de Jackson McCabe, d’un bleu évoquant les lointaines mers du Sud.

    — Vous allez travailler pour un groupe chirurgical prestigieux de Fort Worth. Oui, je sais.

    Il étira ses lèvres sensuelles.— Alors, pourquoi tout ce cinéma ?Elle tira une chaise à son tour pour s’asseoir face à lui.— Parce que vous ne commencez que dans un mois

    et que, en attendant, vos capacités seraient bien plus utiles ici, expliqua-t-elle simplement.

    Elle vit les traits de Jackson se figer sensiblement.— Désolé, mais il n’est pas question que je reste à

    Laramie.Elle fit de son mieux pour cacher sa frustration.— Pourquoi dites-vous cela ? insista-t-elle patiem-

    ment. Vous avez grandi ici.— Et j’en suis fier  ! Mais je n’ai aucune intention

    d’y passer ma vie.— Personne ne vous le demande. Et d’ailleurs, entre

    vos études et votre internat, il y a au moins treize ans que vous êtes parti d’ici.

    — Exact, confirma-t-il en relevant une mèche de cheveux bruns sur son front. Et maintenant, c’est à Fort Worth que je vais aller m’installer.

    Elle en était sûre, jamais elle n’avait rencontré d’homme plus buté et d’esprit plus étroit que celui-ci !

    — Comptez sur votre famille et sur moi pour vous en dissuader ! déclara-t-elle avec force.

    Jackson haussa les sourcils.Il aurait dû se douter que sa famille était dans le coup.— Qui vous a donné l’idée de cette mise en scène ?— Personne. Je l’ai imaginée toute seule. Mais bien

    entendu, docteur McCabe, je n’aurais pas eu à y recourir

  • 11

    si vous aviez répondu à mes coups de téléphone ou aux lettres que je vous adresse depuis trois mois.

    — Je vous ai rappelée une fois.— Mais pas directement. Vous avez choisi de vous

    adresser à ma secrétaire, à l’hôpital.Il se souvenait parfaitement, en effet, d’avoir préféré

    éviter de lui parler et avoir demandé expressément à la jeune femme de prendre un message. Il n’avait alors aucune envie de s’engager dans une longue discussion où il devrait expliquer et justifier sa position.

    — C’est vrai. Et à ce propos, j’ai laissé un message très clair pour vous engager à chercher ailleurs.

    — Ce que j’ai fait. Mais personne ne correspond aussi bien que vous à ce que je cherche. En plus, vous avez de la famille ici. Je croyais que vous seriez ravi de l’occasion que je vous offre.

    — Et vous vous trompiez, admettez-le.La jeune femme releva fièrement le menton.— Pas avant que vous n’acceptiez au moins de venir

    visiter l’aile chirurgicale toute neuve de notre hôpital communal.

    Avant qu’il ait pu répondre, la porte de la salle s’ouvrit à la volée.

    — Alors, comment ça se passe, ici ? demanda Wade, en entrant avec l’autorité du millionnaire qui ne doit sa réussite qu’à lui-même.

    — Elle t’a convaincu ? s’enquit Shane, sur ses talons.Travis, l’aîné, ricana.— J’ai l’impression qu’il lui donne du fil à retordre.Jackson secoua la tête.— Je vois que je fais les frais d’un véritable complot.

    Eh bien, désolé, les gars, mais j’ai à faire ailleurs…Ses trois frères firent bloc devant la porte.— Navré, Jack, dit Wade, mais on a promis à maman

    que tu ne sortirais pas d’ici tant que tu n’aurais pas donné ton accord.

  • 12

    — Ah, parce que même maman participe à cette mascarade ?

    — Eh oui. Elle tenait à ce que quelqu’un essaye de te faire revenir sur ta décision d’aller t’installer à Fort Worth. Et qui d’autre qu’une superbe fille comme Lacey pouvait y parvenir ?

    — Désolé, mais maman aussi va devoir accepter ma décision, rétorqua Jackson.

    Même s’il aimait sa famille. Et même si Lacey Buchanon était aussi sexy qu’il était possible de l’être et l’attirait plus qu’aucune femme depuis très longtemps. Non, il ne resterait pas.

    — J’ai ma propre vie, maintenant, dit-il, contenant mal son agacement. Et je pensais que vous le compren-driez tous les trois.

    Travis haussa les épaules.— On a besoin d’un chirurgien ici, Jackson. Et d’un

    bon. Que tu le veuilles ou non, tout le monde compte sur toi.

    — Mais pourquoi moi spécifiquement ? Je ne suis pas le seul à savoir tenir un scalpel, bon sang !

    — Non, mais tu es le meilleur de tout le Texas à le faire.

    Lacey regarda Jackson avec un petit sourire amusé et satisfait.

    — Alors, qu’en dites-vous ? Vous viendrez avec moi ?Les dents serrées, Jackson soutint un instant son

    regard, puis il leva les yeux vers ses frères.— D’accord, acquiesça-t-il enfin en se levant. Mais

    pas demain : ce soir.— Ce soir ? répéta-t-elle. Mais… Vous ne voulez

    pas rester jusqu’au bout de la fête ?Après l’avoir enveloppée d’un regard délibérément

    langoureux qui, il le savait, ne pouvait que l’irriter, il posa la main sur le bas de son dos et l’entraîna avec lui.

    — Disons qu’elle a un peu perdu de son attrait pour

  • 13

    moi. A tout à l’heure, les gars, dit-il à ses frères. On réglera nos comptes plus tard.

    Le rire de ses trois frères les accompagna jusqu’à ce qu’ils quittent le saloon, non sans que Lacey ait récupéré son gilet à franges.

    Il avait l’intention de lui proposer de la conduire en voiture, mais elle s’arrêta devant une vieille bicyclette rose avec un panier fixé sur le porte-bagages.

    — On se retrouve là-bas ? dit-elle.Il l’arrêta en posant la main sur son poignet. Sa peau

    était chaude sous ses doigts.— Vous y allez à vélo ?— Oui, bien sûr. Pourquoi pas ?— Il est près de minuit.Elle haussa les épaules.— L’hôpital n’est qu’à trois blocs d’ici, et la délin-

    quance est pratiquement inexistante à Laramie. Je ne crains rien.

    Il était conscient de tout cela, ce qui n’empêchait pas que la savoir seule dans les rues lui déplaisait.

    — Et ensuite ? Comment rentrez-vous chez vous ?Du bout de sa botte, Lacey releva la béquille de sa

    bicyclette.— De la même manière. J’habite à deux blocs de

    l’hôpital.— Vous n’avez pas de voiture ? s’étonna-t-il.— Si, bien sûr. Mais je ne l’utilise que quand c’est

    nécessaire. A quoi bon dépenser de l’argent en essence quand il fait beau ? Et en plus, pédaler est un excellent exercice. Autrement dit, je fais d’une pierre deux coups.

    Il poussa un soupir agacé.— Oui, eh bien, désolé, mais je n’ai pas le temps

    d’attendre que vous arriviez là-bas. Alors, reposez ce vélo, vous venez avec moi.

    Elle le considéra, la tête de côté, et il vit briller dans ses yeux la confirmation du fort tempérament qu’il avait déjà entraperçu chez elle.

  • 14

    — Vous êtes pressé ? dit-elle.— Absolument.Dès qu’elle eut reposé sa bicyclette, il la prit par le

    coude pour l’entraîner vers sa voiture, à deux pas.— On ne m’avait pas menti sur votre compte, dit-elle.— Ah non ? Et que vous a-t-on raconté ?— Que vous étiez prêt à tout pour arriver en haut

    de l’échelle. Avec un caractère comme le vôtre, ça ne m’étonne pas.

    — On vous a bien renseignée.En arrivant devant sa Porsche noire, il pressa la

    télécommande déclenchant l’ouverture des portières.— Jolie voiture, dit Lacey avant d’y monter.Il contourna le véhicule et s’assit au volant.— Je trouve aussi. C’est l’un des bonus de mon

    nouveau poste à Fort Worth.— Oh ! Ils vous l’ont offerte ?— Non. Ils la louent pour moi.— Normal, je suppose. Il faut bien que vous puissiez

    vous rendre à l’hôpital.— Exactement.Comme il s’engageait dans la rue, Lacey s’installa

    plus confortablement dans le siège en cuir, et il lui lança un coup d’œil en essayant de ne pas trop s’attarder sur les subtils effluves de son parfum.

    — Vous désapprouvez ?— Disons seulement que je n’accorde pas à cela la

    valeur que vous semblez lui attribuer.Ce qui le laissait indifférent : à chacun ses goûts.— J’aime les belles choses, dit-il.Et il avait travaillé assez dur pour pouvoir se les offrir

    sans fausse honte.Le bâtiment blanc de deux étages de l’hôpital communal

    fut bientôt en vue, et il suivit les pancartes jusqu’au parking du personnel.

    Il se souvenait d’être venu ici avec ses parents quand il était enfant et que tous deux y travaillaient. A

  • 15

    l’époque, il n’y avait encore qu’une quinzaine de lits et très peu de services. Mais aujourd’hui, grâce à de gros investissements, tant financiers qu’humains, l’hôpital pouvait accueillir une centaine de patients et offrait un vrai service d’urgence, ainsi que plusieurs cabinets de consultation pour les médecins exerçant dans la région.

    Après être rapidement allée enfiler une blouse dans le vestiaire, Lacey le précéda vers les ascenseurs au fond d’un couloir menthe et blanc.

    — Ça ne vous ennuie pas si je m’arrête deux minutes pour voir une patiente avant de vous montrer la salle d’opération ? demanda-t-elle.

    Il secoua la tête.Pour lui tout comme pour elle, les patients passaient

    avant tout.— Pas du tout. Où voulez-vous que j’attende ?— Vous pouvez m’accompagner, si vous voulez.— Vous avez peur que je vous fausse compagnie ?Lacey esquissa un léger sourire.— Possible…L’ascenseur les déposa au service de pédiatrie,

    reconnaissable à ses couleurs pastel et ses animaux en peluche exposés dans le couloir.

    Deux infirmières arrivaient dans leur direction. Il ne connaissait pas la plus jeune, qui semblait être enceinte d’au moins sept mois. En revanche, il reconnut sans mal Ada Peterson. Celle-ci travaillait à l’hôpital depuis des années et n’avait pas caché sa désapprobation lorsqu’il avait annoncé son intention d’aller pratiquer la méde-cine ailleurs.

    Comme elles arrivaient à leur niveau, Ada sourit à Lacey.

    — Heureuse de voir que vous avez réussi à convaincre le Dr McCabe de vous accompagner.

    Jackson serra les dents.A priori, tout l’hôpital était au courant de la stratégie

    de Lacey pour le ramener avec elle. Bravo.

  • 16

    L’infirmière plus jeune hocha la tête, la main posée sur son ventre rond.

    — C’est rassurant de savoir qu’il est là, au cas où la petite Molly…

    Un coup de coude discret de sa consœur la convainquit de s’interrompre.

    Il remarqua que le rouge était monté aux joues de Lacey. Pour la première fois, celle-ci était visiblement à court de mots.

    Ce qui n’était pas son cas à lui.— A plus tard, mesdames, dit-il en prenant d’autorité

    le coude de Lacey pour l’entraîner dans le couloir, avant de la pousser dans un débarras encombré de fournitures.

    — Mais que faites-vous ? protesta-t-elle.Il pressa l’interrupteur.Même s’il n’aurait pas refusé de passer quelques

    instants en sa compagnie dans le noir, il voulait voir son visage quand elle répondrait à ses questions.

    — Que croyez-vous que je fasse ? dit-il en la fixant sans aménité. Je veux des réponses.

    — Quelles réponses ?— Eh bien, à propos de cette petite Molly, déjà.

    Qu’est-ce que j’ai à voir avec elle ?Lacey pinça les lèvres puis soupira.— Pour l’instant, rien.Il la considéra avec scepticisme.Ce n’était pas la première fois qu’on lui forçait la

    main pour venir en aide à quelqu’un, et il s’était juré de ne jamais plus se laisser abuser, encore moins par une femme. Et, jusqu’à preuve du contraire, Lacey appar-tenait à cette catégorie.

    — Cette patiente…— Molly Weatherby, marmonna-t-elle.— … est-elle un cas chirurgical ?— Il est encore trop tôt pour le dire. En attendant,

    je dois aller la voir.

  • 17

    Le repoussant, elle ressortit du débarras et continua de remonter le couloir, le laissant libre de la suivre ou non.

    Intrigué malgré lui, il lui emboîta le pas.La petite Molly, cinq ans, était appuyée contre sa mère

    qui, assise près d’elle sur le lit, lui lisait une histoire. Ses cheveux roux frisés tranchaient sur son pyjama d’hôpital rose pastel, et ses joues empourprées ainsi que ses yeux bleus brillants trahissaient une forte fièvre. Un goutte-à-goutte était fixé avec un sparadrap sur son bras, et elle serrait contre elle un nounours râpé de son bras libre.

    — Bonjour, Patricia, dit Lacey en saluant la femme avant de se pencher vers Molly. Hé, dit-elle. C’est ton copain ? Comment s’appelle-t-il ?

    — Bidou. Je l’ai amené avec moi parce que je peux pas dormir sans lui.

    — Bonjour, Bidou, dit Lacey. Il est très mignon. J’adore sa salopette vert pomme.

    — Moi aussi, dit Molly en embrassant la peluche.— Dis-moi, tu n’as pas sommeil ?Elle se tourna vers le lit de camp qui avait été apporté

    pour Patricia et qui, de toute évidence, n’avait pas été utilisé.

    — Après la journée épuisante que vous avez eue toutes les deux, je croyais vous trouver endormies.

    — J’arrive pas à dormir, expliqua Molly.Patricia passa tendrement sa main dans les cheveux

    fins de sa fille.— Je crois qu’elle a de la fièvre.Lacey jeta un coup d’œil à la feuille de température

    au bout du lit, et Jackson put voir par-dessus son épaule que le dernier relevé mentionnait 38,8 °C.

    — Et ton ventre ? Tu as toujours mal ? s’enquit-elle.— Ça fait un peu mal là, répondit la fillette en tapo-

    tant le centre de son petit ventre rebondi.— Tu veux bien me laisser voir ?

  • 18

    * * *Consciente du regard attentif de Jackson à sa gauche,

    Lacey palpa l’abdomen de Molly. Comme précédemment, elle n’y ressentit aucun spasme musculaire ni résistance. Elle y posa ensuite son stéthoscope.

    — Et est-ce que tu as toujours envie de vomir ? demanda-t-elle.

    Molly grimaça.— J’ai encore mal au cœur, des fois.— Mais les remèdes et les perfusions ont déjà fait

    leur effet, intervint Patricia. Elle n’a pas eu de nausées depuis plusieurs heures. Savez-vous s’il s’agit d’une grippe intestinale ou d’une appendicite ?

    — Nous ne pouvons pas encore prononcer de diagnostic, répondit Lacey. En principe, en cas d’appendicite, en dehors de la température élevée, on remarque une sensi-bilité en bas à droite du ventre et une augmentation des globules blancs. Or, jusqu’à présent, Molly n’a manifesté aucun de ces symptômes.

    — Ce qui pourrait vouloir dire que c’est une grippe intestinale, et le fait qu’elle se soit déclenchée pendant un voyage en voiture n’a rien arrangé, je suppose.

    — C’est possible, en effet, confirma Lacey. Mais comme nous n’avons aucune certitude, je préfère garder Molly ici encore un peu. Il arrive qu’une maladie mette du temps à se révéler. Nous devrions être fixés d’ici un jour ou deux tout au plus.

    — Donc, si elle se remet rapidement, c’est qu’il s’agit d’une grippe intestinale, et dans le cas contraire c’est l’appendicite, conclut Patricia.

    — Exactement. Seul le temps nous le dira.— En tous les cas, je vote pour la grippe, soupira

    Patricia.Alors que la blouse de Lacey s’entrouvrait, Molly

    remarqua le gilet à franges.— T’as été à une fête ? demanda-t-elle.

  • 19

    — Eh oui. On ne peut rien te cacher, hein ?— Je peux voir dessous ?Docilement, Lacey défit les boutons de sa blouse et

    lui montra le gilet à franges.— Oh ! C’est beau ! Et c’est qui, lui ? s’enquit encore

    Molly en relevant la tête vers Jackson.— C’est un docteur, comme moi, expliqua Lacey.

    Il s’appelle Jackson McCabe. A ne pas confondre avec le Dr John McCabe, son père, qui a fait pendant long-temps partie du personnel de cet hôpital, ajouta-t-elle à l’intention de Patricia. A présent, nous allons vous laisser, mais je reviendrai demain matin à la première heure. D’accord ?

    Une fois dans le couloir, elle se tourna vers Jackson.Elle avait conscience qu’il ne lui avait pas tout à fait

    pardonné le fait de lui avoir un peu forcé la main, mais il était le seul chirurgien disponible à des kilomètres à la ronde. S’il y avait une urgence pendant qu’il séjournait en ville, il serait automatiquement mis à contribution, que cela lui plaise ou non.

    — Merci d’être resté pendant que je parlais à Molly, dit-elle brièvement.

    — Vous trouverez un moyen de me dédommager de ma patience et de ma compréhension, j’en suis sûr, répondit Jackson d’un ton enjôleur.

    Ignorant cet appel du pied, elle se dirigea vers le bureau des infirmières où elle déposa le dossier et le stéthoscope, redressa les épaules et reprit son rôle de guide.

    — Vous allez être étonné de ce que nous avons fait avec la salle d’opération, annonça-t-elle.

    Bien sûr, le sol et les murs étaient les mêmes, mais l’équipement, de la table aux moniteurs et aux lasers, était entièrement neuf. Ç’avait été un gros investisse-ment pour l’hôpital, mais cela en avait largement valu la peine, si elle en croyait le regard admiratif que Jackson promena autour de lui une fois sur les lieux.

    — Toutes vos économies ont dû y passer, ironisa-t-il.

  • 20

    Elle acquiesça avec fierté.— Il a fallu trouver des fonds, oui. Mais on a réussi.Jackson étudia le matériel, saisit un scalpel, le reposa,

    continua de promener son regard un peu partout. Puis il eut une moue dubitative.

    — Malheureusement, cela reste la seule salle d’opé-ration de l’hôpital.

    Elle croisa les bras en s’appuyant contre la table.— Pour l’instant, elle nous suffit, puisque nous n’avons

    qu’un seul chirurgien à bord.Il secoua la tête avec un demi-sourire amusé.— Désolé, Lacey, mais vous n’arriverez pas à me

    donner mauvaise conscience. Vous aurez beau me promener dans les services et me montrer autant de patients que vous voudrez, ce sera toujours non.

    — Il est permis de rêver, non ? répondit-elle avec un haussement d’épaules.

    — Non. Acceptez une fois pour toutes que je ne travaillerai pas dans votre hôpital. Je veux que vous me promettiez de ne plus jamais me reparler de cela.

    — Pas question. Laramie a trop besoin d’un chirurgien.— Ecoutez, j’ai tout mon temps. Nous ne sortirons

    pas d’ici tant que vous n’aurez pas promis.— C’est ce que vous croyez…Toutefois, comme elle esquissait un pas vers la porte,

    il la retint par la taille.— Je vais crier si vous ne me lâchez pas, le menaça-

    t-elle. Le personnel sera ici dans la seconde.— Je connais une méthode très efficace pour vous

    en empêcher.— Ah oui ?— Oui.Et il se pencha vers elle.

  • CATHY GILLEN THACKER

    La fi ancée du chirurgienLacey sait qu’il ne lui sera pas facile de convaincre le brillant Dr Jackson McCabe de revenir dans sa petite ville natale, Laramie ; mais l’hôpital local a besoin d’un chirurgien, et qui d’autre mieux que Jackson, l’enfant du pays, pourrait occuper ce poste ? Aussi décide-t-elle d’user de tout son charme lors d’une soirée où Jackson est convié, pour le persuader d’accepter le poste. Sauf que rien ne se passe comme prévu : non seulement c’est elle qui tombe sous le charme irrésistible de Jackson, mais voilà que ce dernier lui propose un marché. Si elle accepte de jouer sa fi ancée pour décourager toutes les femmes qui cherchent à l’attirer dans leurs fi lets, il veut bien prêter main forte à l’hôpital pour quelques semaines…

    ANNIE CLAYDON

    Un patient très spécialNick Hunter, ici ? Dans sa salle de consultations ? Abby a bien du mal à cacher sa stupéfaction, et les pensées se bousculent dans sa tête : comment va-t-elle pouvoir traiter l’homme qui lui a brisé le cœur sans un mot d’explication, il y a tant d’années, et qui n’a jamais quitté ses pensées depuis ? Il faut qu’elle se reprenne. Après tout, Nick est un patient comme les autres. Ou presque… Car au moment où elle croise son regard – et qu’il la reconnaît à son tour – Abby y voit briller, outre une étincelle de surprise, la lueur fugace du désir… Et s’il avait toujours des sentiments pour elle ?

    ROMANS RÉÉDITÉS - 7,05 €1er janvier 2018

    www.harlequin.fr 2018

    .01.

    63.9

    673.

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