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LIVRES ET MANUSCRITS Bernard Le Borgne Librairie L’Œil de Mercure 9 rue Maître Albert Paris 5e

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Librairie L'Oeil de Mercure

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Page 1: Catalogue 2012

LIVRES ET MANUSCRITS

Bernard Le Borgne

Librairie L’Œil de Mercure

9 rue Maître Albert

Paris 5e

Page 2: Catalogue 2012

Librairie ancienne L’œil de Mercure

BERNARD LE BORGNE EXPERT CNES

9, rue Maître Albert 75005 Paris

Tel : 01 43 54 48 77 Email : [email protected]

Conditions de vente : Le port est en sus. Les ouvrages sont expédiés par colissimo. Tous nos ouvrages sont garantis collationnés complets, sauf mention contraire. Tous les documents présentés sont des originaux. En tant qu’expert agréé à la CNES (Chambre Nationale des Experts Spécialisés), nous garantissons l’authenticité de tous les documents présentés.

Illustration de couverture : N° 87 Ci-dessus : N° 31 Quatrième de couverture : N° 82

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1 - Fragment de marbre antique gravé portant des inscriptions grecques « KAI TETR HORO EKT ».

A vue : 7 x 5 x 3 cm. (IIIe siècle ?)

Quatre lignes gravées en Grec ancien, d’une belle patine, fragment probable d’un édifice funéraire. Du plus bel effet décoratif.

200 €

2 - MANDAGOTUS Electionum praxim : et formas. xxv. instrumentorum ea in re necessarioru[m] ante oculos pone[n]s. Anno tatiunculis non paucis ad glosas adjectis. Godefri di de Marnef, in vico divi Jacobi ad signu Pellicani, XXV dec. 1506.

In-8, en demi-basane verte XIXe, dos plat orné d'un décor romantique d'arabesques en à-froid. Feuillets e1 et g8 manquants. (1bl), (8) (titre, tabula capitulorum, tabula quotationum), LXXX ff. Un séduisant exemplaire de cet important texte de droit canon. Le cardinal Guillaume de Mandagot fut au centre de la sombre affaire qui entoura l'élection du Pape Jean XXII, alors considéré comme le cardinal le plus digne d'accéder au trône papal afin de mener une lutte acharnée contre le simonisme et le népotisme ; son élection échoua.

Elégante typographie des presses d'Estienne, exemplaire annoté d'une écriture humanistique par un érudit de l'époque.

600 €

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3 - ARISTOTE

Decem libri Ethicorum Aristotelis ad Nicomachum, ex traductione Ioannis Argyropili Byzantii ; comuni, familiariq ; Iacobi Fabri Stapulensis commentario elucidati, & singulorum capitum argumentis praenotari. ADJECTUS Leonardi Artini de moribus Dialogus ad Galeotu, Dialogo paruoru moraliu Aristotelis ad Eudemium fere respon. Parisiis, Vaenales habentur in officina Simonis Colinaei chalcographi, e regione scholae Decretorum. 1522. In-8 en plein veau d'époque, dos à 4 nerfs avec manques, mors supérieur faible. Plats supérieur et inférieur ornés d'une roulette dite aux ananas entrelacés, entre deux filets droits en à-froid délimitant un espace rectangulaire au centre des plats ; traces d'usure. Tranches dorées, ciselées sur les trois tranches, supérieure et inférieure à motifs d'arabesques de type Renaissance, et sur la tranche latérale au nom du possesseur Anatolius Parthauldi. (1bl), folioté 349, (1bl). Une édition rarissime et convoitée de l'Ethique à Nicomaque d'Aristote réunissant les personnalités les plus éminentes de l'humanisme : Jean Argyropoulos (1395-1453), acteur essentiel du renouveau de la culture classique en Europe occidentale, en est ici le traducteur. Ce texte d'Aristote est commenté par Jacques Lefèvres d'Etaples (v. 1455-1538), l'un des précurseurs de la Réforme en France, éminent érudit, inventeur d'une nouvelle critique linguistique qui lui vaudra les foudres des autorités ecclésiastiques. L'édition est enfin augmentée d'un texte de Leonardo Bruni dit l'Arétin (1369-1444).

Du XIIe au XVe siècle, les éditions grecques et les traductions latines de l'Ethique à Nicomaque se succèdent et sont maintes fois commentées, dénaturant au fil des temps le texte initial d'Aristote. Par sa démarche novatrice, Lefèvres d'Etaples propose une édition épurée qui aura une influence déterminante sur la pensée et l'éthique des lettrés français. Plusieurs ex-libris manuscrits : Laurent Rabot, savant jurisconsulte du XVIe siècle, conseiller au parlement de Dauphiné ; Joseph-Marie Timon-David, prêtre catholique marseillais, fondateur de la congrégation des timonistes au XIXe siècle qui se donne pour mission de répondre aux besoins spirituels de la classe ouvrière.

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Cet ouvrage est habillé d'une exceptionnelle reliure contemporaine sortie d'un atelier parisien dont l'activité est signalée de 1510 à 1535. La roulette dite aux ananas entrelacés utilisée en ornementation des plats inférieur et supérieur se retrouve sur certaines des reliures ayant appartenu à Louis XII et sont signalées sur des ouvrages souvent parisiens imprimés entre 1520 et 1535 (cf. Denise Gid, Catalogue des reliures françaises estampées à froid (XVe-XVIe siècle) de la bibliothèque mazarine, Tome II, planche 38, AEa8). Les tranches ciselées italianisantes portent de façon très originale le nom du premier possesseur. Un cas semblable nous a été signalé sur une édition d'Ovide imprimée à Paris chez Simon de Colines en 1532. A notre connaissance, aucun exemplaire de ce type n'est apparu en vente ces dernières années, et il nous a été impossible de trouver un cas semblable de cette même provenance dans les bibliothèques publiques. Une spectaculaire reliure renaissance sur un des textes les plus lus et commentés de la pensée humaniste. L'exemplaire est vierge de toute restauration, avec ses traces d'usure originelles, sur lesquelles nous avons décidé de ne pas intervenir.

3000 €

4 - pseudo SENEQUE Senecque des mots dorez : des quatre vertus cardinalles, de latin translate en françoys (composé par Claude de Seyssel). Paris, par Alain Lotrian et Denis Ianot, imprimeurs et libraires demourans en la rue neufue nostre Dame a l'enseigne de lescu de France. (c. 1525-1532) Petit in-8 gothique, en demi-chagrin brun, dos à quatre nerfs orné de filets et caissons en à-froid, titre frappé en lettres dorées, tranches rougies (reliure du XIXe s.). Traces de restauration sur de nombreux feuillets, une coupure latérale sans atteinte au texte en haut des cahiers a, b et c (seul le feuillet a4 est rogné court avec atteinte à la composition et au texte) ; manque le feuillet d8 (illustré d'un bois). (1bl), folioté 112, (1bl). Très rare édition, première traduction française, par Claude de Seyssel, de cet ouvrage faussement attribué à Sénèque et plus vraisemblablement rédigé au Ier siècle par l'évêque Saint Martin de Brague. Ce charmant ouvrage traite des quatre vertus cardinales – ici : prudence, magnanimité, continence, justice – qui parcourent toute l'histoire de la philosophie, de Platon à Saint Augustin en passant par Aristote et Cicéron. La « table des notables motz dores » en fin d'ouvrage, permet de se rapporter alphabétiquement à chacune des vertus, afin de consulter ponctuellement ce charmant ouvrage. Une très rare édition, ornée de 49 bois dans le texte, d'une délicate facture très XVIe dans l'esprit, avec de nombreux personnages en costume, nefs, scènes de la vie quotidienne, chevaliers en armure, le tout agrémenté de phylactères indiquant l'identité des personnages.

1 200 €

Page 6: Catalogue 2012

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5 - Impression sur vélin. Canon de la messe (collection Hachette). circa 1540. Quatre bi-feuillets de parchemin enluminés, composant le Canon de la messe d'un missel imprimé à Paris en 1540. Caractères gothiques imprimés en noir et rouge. Le feuillet signé « t » est une composition pleine page, 33,5 x 22,5 cm : scène de la crucifixion placée dans un encadrement renaissance à motifs architecturaux anthropomorphes, travaillée à l'or liquide, agrémentée de compositions de fruits et de végétaux. Chargé en son bord inférieur d'une croix d'or cantonnée soutenue par deux anges. Sur un paysage au naturel, Marie et saint Jean se tiennent au pied de la croix, le Christ est l'horizon, étant nimbé d'un dégradé d'or auquel se mêlent le bleu et le gris ardoise du ciel et des nuages.

En vis-à-vis, entouré d'un encadrement du même type, Dieu en majesté est entouré du symbole des quatre évangélistes et d'une nuée angélique sur fond étoilé. L'ensemble des deux peintures est posé sur un fond bleu-roi. De part et d'autre du cadre de chacune des images se lisent les initiales GM (Guillaume Merlin). Ces spectaculaires peintures revêtent un fond de bois gravé ici entièrement réutilisé et transcendé par une délicatesse de trait – notamment dans le moelleux du drapé finement rehaussé d'or et dans l'ombrage des visages – qui fait de ces peintures des œuvres à part entière. Œuvres d'un artiste ayant probablement travaillé à la Cour royale, elles portent encore, dans la partie supérieure du vélin, les piqures de fixation de la feuille sur le chevalet. Les grands missels imprimés au XVIe siècle possédaient pour certains le Canon imprimé sur peau de vélin. Ces impressions font d'ailleurs l'objet d'une rubrique spéciale dans l'ouvrage de Van Praet décrivant le fond des vélins du Roi. La présente peinture est extraite du Missale Parisiense, imprimé à Paris par Guillaume Merlin, circa 1540, in-folio. Van Praet en décrit deux exemplaires, mais aucun n'est connu en coloris d'époque.

Page 7: Catalogue 2012

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L'extrême qualité de ce travail suggère une commande particulière conservée en tant qu'œuvre par la suite par ses différents possesseurs. Elle passa dans la collection Hachette, dont elle constituait l'un des joyaux.

18 000 €

6 - [Reliure] SALLUSTE C. Crispi Sallustii. De L. Sergii Catilinae coniuratione, ac Bello Iugurthino historiae. Eiusdem in M. T. Ciceronem Innectiua. M. T. Cic. in C. Crispum Sallustium Recriminatio. Forcii Latronis Declamatio contre L. Catilinam. Fragmenta quaedam ex libris historiarum C. Crispi Sallustii. Lyon, Sébastien Gryphe, 1545. In-16, 271 p. Exemplaire réglé, relié en veau brun de l'époque, plats ornés d'un décor d'entrelacs peints à la cire en rouge, vert et bleu ciel sertis d'or, dos lisse orné de trois compartiments de fers croisés délimités par 4 bordures de filets rouges et petits fers, quelques légers repeints dans les dorures, quelques annotations anciennes marginales, trou de ver marginal. Imprimé dans un petit corps italique.

Reliure française à riche décor mosaïqué d'entrelacs à la cire

vraisemblablement parisienne. Inconnu à Baudrier. Provenance : Trichet 1554 (signature sur le titre). « Dono dedit Jacobo Sarraceno (…) » S'agit-il de Jacques Sarrazin (1592-1660), célèbre sculpteur ? mr Mainville 1706 (signature sur la page de garde).

5 500 €

Page 8: Catalogue 2012

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7 - [Reliure macabre] Martyrologium romanum. Ad nonam Kalendarii rationem, & Ecclesiasticae historiae veritatem restitutum. Parisiis, Apud Societatem Typographicam, 1588.

In-8, plein veau brun, plats et dos ornés d'un semé de larmes argentées, avec au centre et en angle des plats une tête de mort et ses tibias, traces d'argenture sur les plats, reliure de l'époque. Exemplaire réglé. Manques importants à deux feuillets (déchirure et découpure). Quelques restaurations.

Cachet de la Bibliothèque du Grand Séminaire de Montauban, de la bibliothèque d'Alfred Piat, ex-libris Bibliotheca Elseghemensis.

Très rare exemple de reliure à décor macabre, exécutée pour les confrères de la congrégation des Pénitents, fondée par Henri III, et à laquelle appartenait l'entourage royal.

2 500 €

8 - [Reliure] Marcellus Palingenius Stellatus Marcelli Palingenii Stellati Poëta doctissimi Zodiacus vita : hoc est, De hominis vita, studio, ac moribus optime instituendis. Libri XII. Suivi de : Homerici Centones a Veteribus Vocati Homerokentra: Virgiliani Centones Utrique in Quaedam Historiae Sacrae Capita Scripti. Suivi de : Nonni Poetae Panopolitani Paraphrasis Santi Secundum Ioannem Evangelii. - Lugduni, 1581 - Paris, Estienne, 1578 - slnd. Petit in-8, en plein-vélin à recouvrement estampé sur le plat supérieur « IRN » et daté 1594. Sur le premier contre-plat, estampe rehaussée représentant Atlas entouré des quatre empires (Asirria - Persia - Roma - Graeci) et de leurs attributs respectifs. Dans un cartouche : « In argentina. Stephanus Pater aet. 61 foelicite sculpsit Ihoani filio inve. 1580 ». (7 bl), 366 p., (40 ff. table) ; (4), 73 p., (2bl) ; 247 p., (7bl). Le premier texte est un poème satirique sur les mauvaises mœurs, contenant de vives attaques contre le Pape et le clergé. Un texte corrosif qui explique sans doute le double cryptage du nom de l'auteur : sous forme de palindrome, dont les premières lettres nous donnent Mercellus Palingenius Stellatus, anagramme du véritable nom de l'auteur, Pierangelo Manzolli, né à Stellata près de Florence. Réunion de trois textes dans une reliure de choix datée, monogrammée et ornée d'une gravure datée et signée ; condition remarquable.

2 200 €

Page 9: Catalogue 2012

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9 - SOLUTIVE (Barthélémy) Les Sept trompettes pour éveiller les pecheurs et les induire à faire penitence. Traduite de l'Italien en François par Charles Jouve. Rouen, Jean Oursel, s.d. [c. 1616].

In-8 en vélin souple, dos lisse, tranches mouchetées de rouge (Reliure de l'époque). (10 ff.), 368 p., 80 p. Rare édition populaire illustrée de trois scènes bibliques, d'un portrait de l'auteur en méditation et de 7 figures à pleine page montrant la sonnerie des sept trompettes, le tout gravé sur bois dans le texte. Relié à la suite : Breve instruction pour mediter sur les effusions du sang de nostre Seigneur. Rouen, Jean Oursel, s.d., 11 bois dans le texte. Il existe une édition lyonnaise sans figure de ce texte ; les illustrations d'une naïveté grandiloquente sont particulièrement attachantes dans cette publication provinciale. On y note notamment le réemploi de bois du XVIe siècle ayant probablement été utilisés en illustration de livres d'heures.

600 €

10 - MONTCHRESTIEN (Anthoine de) Les Tragedies d'Anthoine de Montchrestien sieur de Vasteuille. A Monseigneur le Prince de Condé. Edition nouvelle augmentée par l'Autheur. A Rouen, Chez Pierre de la Motte, demeurant à la basse vieil-tour, prés la halle au blé, 1627. In-8, en plein veau porphyre, dos plat orné à la grotesque, pièce de titre de maroquin, fil doré extérieur et intérieur en encadrement des plats, tranches dorées. (1bl), (8), 480 p., (1bl). Edition excessivement rare des Tragédies d'Antoine de Montchrestien renfermant, en plus de l'Ecossaise dont le thème est relatif à Marie Stuart, une Bergerie en prose, le Tombeau de Barbe Guiffard et la Complainte de la ville de Rouen. Antoine de Montchrestien, né à Falaise en 1570, est considéré comme l'inventeur de l'économie politique moderne et est à ce titre reconnu comme l'un des plus importants penseurs du XVIIe siècle. Continuateur de Garnier et de Malherbe, il est le grand précurseur de Corneille et, dit-on, l'inspirateur de Jean Racine. Voué à un destin hors du commun, il meurt en 1621 égorgé dans une rue obscure près de Domfront. Ses écrits sont d'une insigne rareté.

1 000 €

Page 10: Catalogue 2012

8

11 - [J.-A. de THOU] HEINSIUS (Daniel) Danielis Heinsii Sacrarum Exercitationum ad Novum Testamentum, Libri XX. In quibus Contextus Sacer illustratur, SS. Patrum aliorumque sententiae examinantur, Interpretationes denique antiquae aliaeque ad eum expenduntur. Quibus Aristarchus sacer, emendatior nec paulo auctior, Indicesque aliquot uberrimi accedunt. Lugduni Batavorum, Ex Officina Elseviriorum. 1639. In-folio, en plein-veau aux armes de Jacques-Auguste de Thou, dos à 6 nerfs orné de fleurons et des monogrammes IAGG dans les caissons. Mors faibles.

(XII), 966 p., (84).

Un très bel exemplaire en veau AUX GRANDES ARMES DE JACQUES-AUGUSTE DE THOU, grand maître de la librairie du Roi en 1596, qui amassa une des plus belles et importantes bibliothèques de son temps. Ce fin bibliophile avait au fil des ans fait évolué les fers de ses armes ; le présent exemplaire, frappé des fers et chiffres 7 et 9 décrits par Olivier (pl. 216), provient du fond constitué par son fils aîné, qui hérita de la bibliothèque de son père et l'augmenta jusqu'à sa mort (il fut décapité le 12 septembre 1642 sur ordre de Richelieu).

1 350 €

Page 11: Catalogue 2012

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12 - (…) Pièces originales du procès en sorcellerie du couvant de Louviers. Fort volume in-folio (dim. : 36,5x25cm) en plein vélin moucheté, de plus de 1 500 p. manuscrites. Ecrit de plusieurs mains, rédigé entre 1643 et 1647 inclus. Composé du recollement des rôles (interrogatoires, procès-verbaux, exorcismes, confrontations, récits) du procès en sorcellerie du couvent de Louviers. Commençant par ces mots « Copie du procès-verbal de ce qui est arrivé au monastère de Louviers au passage du corps de Picard, 20 mai 1643 » et terminant par « par la dite Bavant dit que tout ce qu’elle a dit est véritable. / Ledit Boulay retiré. Ladite Bavant a este exhortée de dire si elle a quelque chose à dire à la cour. Dit qu’elle n’a plus rien à dire. ».

La possession du couvent de Louviers est le 3ème cas de possession collective de couvent de la première moitié du XVIIe s. Succédant aux cas des couvents d’Aix et de Loudun, il est à la fois le plus célèbre et le plus mystérieux des trois. Connu par quelques pièces imprimées publiées entre 1643 et 1652, ainsi que par les pamphlets du médecin Yvelin (1643), cet événement extraordinaire marque à la fois le paroxysme de l’état de possession démoniaque dans le royaume de France, et signale la fin des grands procès en sorcellerie du XVIIe s. Le procès, au déroulement chaotique, et aux rebondissements aussi inattendus que spectaculaires, se terminera par un bûcher sur lequel le prêtre Boulay sera brûlé vif, ainsi que la dépouille de son prédécesseur le prêtre Picard, exhumé sur l’ordre de l’évêque d’Evreux. La figure centrale de cette étonnante histoire, Madeleine Bavent, quant à elle, sauvera sa vie au prix d’une incroyable défense, et d’une résistance à la torture hors du commun. Ce faisant, elle créera un précédent aux conséquences historiques : la fin de la chasse aux sorcières en France. Immortalisée par Jules Michelet dans La Sorcière en 1862, Madeleine Bavent a toujours été présentée comme la victime innocente de l’obscurantisme et de la folie fondamentaliste des chasseurs de sorciers. Décrite comme esprit faible, ballotée au fil des événements, elle fut, pour de nombreux historiens, la figure du martyr, de la sauvagerie religieuse. L’étude de ce manuscrit révèle un personnage beaucoup plus complexe et énigmatique ; on y découvre une femme à la force de caractère insoupçonnable, endurant les tourments jusqu’aux frontières de la folie, mais aussi renaissant de l’épreuve avec une obstination en tous points remarquable. Utilisant les incohérences de l’accusation, et s’en servant afin de pousser le système jusqu’à l’absurde, elle réussit à sauver sa vie, mettant un terme, bientôt définitif, à la chasse aux sorcières dans les couvents du royaume de France.

Page 12: Catalogue 2012

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Le manuscrit débute le mercredi 20 mars 1643 à 5 heures du soir dans une atmosphère de violence extrême et nous plonge d’emblée au sein d’un couvent possédé par le diable. La description est précise, comme peut l’être un procès-verbal ; les convulsions et actes de possession démoniaque sont scrupuleusement décrits. La personnalité de Madeleine Bavent se détache de ce magma et concentre très vite l’attention des juges. C’est dans l’atmosphère normande lourde du XVIIe s., rétrograde et superstitieuse, que Madeleine Bavent, jeune orpheline, entre au couvent. Placée sous la protection du père David puis du père Picard son successeur, elle prend alors de facto le pouvoir au sein du couvent et engendre un réseau de jalousie et de rancœur de la part de ses consœurs. A la mort de Picard, en butte à une haine accumulée sur plusieurs dizaines d’années, Madeleine est dénoncée, accusée de commerce avec le diable. Torturée, harassée d’interrogatoires, privée de nourriture, en proie à une infection à la mamelle, probablement forcée, elle cède rapidement et se désigne comme victime expiatoire idéale. Les chefs d’accusation sont multiples – messes noires, sabbats, etc. – et frôleraient le ridicule, si l’on ne connaissait le sort réservé aux sorcières…

Madeleine est convaincue d’avoir eu des rapports avec le prêtre Picard, alors confesseur du couvent, d’avoir utilisé les enfants nés de cette union à fins de sabbat, d’avoir participé, en présence de Belzébuth, à des messes noires. On l’accuse également d’avoir bénéficié du soutien du père David, premier confesseur de l’institution, de s’être livrée à l’adamisme, sur l’ordre de celui-ci, c’est-à-dire de s’être exhibée

nue à la confession, et dans l’enceinte du couvent. On la suit au fil des interrogatoires s’enfoncer dans une description du monde maléfique avec un luxe de détails qui stupéfie jusqu’à ses juges mêmes. Pour connaître l’endroit du corps par lequel le diable s’est infiltré, ses juges doivent piquer chaque partie de la peau ; la douleur est terrible. Lorsque son bourreau doit recommencer, elle pleure, supplie… Elle « avoue » son commerce avec le diable : « J’avais trop mal » « C’est parce que Monseigneur d’Evreux m’avoit promis de mourir », dira-t-elle plus tard. Mais pour les juges, même ses larmes sont à charge. Accusée de sorcellerie, Madeleine n’a alors plus d’issue : sorcière, elle doit être brûlée ; si elle est relapse, elle doit être brûlée… Au fil du temps, alors que la jeune femme semble avoir franchi le seuil de la folie, nous découvrons une incroyable stratégie qui consiste à entraîner ses persécuteurs dans un dédale aux conséquences insupportables pour eux. En effet, Madeleine avoue tout, mais elle avoue aussi qu’au sabbat se trouvaient d’autres personnes : les sœurs qui l’accusent et la mère supérieure du couvent. Défaisant un à un les fils de la trame ourdie contre elle, rendant caducs les chefs d’inculpation, elle en vient à réduire son procès à une alternative : soit on abandonne l’idée de la brûler vive, et l’on interrompt de fait le scandale, soit on persiste dans cette direction, et les juges se retrouvent alors dans l’obligation de placer sur le même bûcher la mère supérieure et les autres sœurs, qui, incidemment, représentent toute la noblesse normande. Dans les derniers interrogatoires, Madeleine proclame qu’elle est bien allée au sabbat, mais qu’elle ne saurait dire « si cela était en songe ou en réalité »…ce que la cour accepte, créant un consensus, somme toute assez pratique.

Page 13: Catalogue 2012

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En effet, lassé par cet excès de zèle, le pouvoir central ne veut plus cautionner les chasseurs de diable. Les familles, dont celle du prêtre Picard, se retournent contre la hiérarchie ecclésiastique. Empêtrés dans une affaire mal montée, les procureurs, désemparés, ne savent plus quoi faire ; on laisse alors Madeleine tranquille pendant un temps. Les années s’écoulent… Mais un événement survient qui va tout relancer : l’une des sommités religieuses à l’origine de cette chasse meurt subitement… Le diable est évidemment à l’origine de cette mort, Madeleine est une sorcière, le procès doit reprendre. Un obscur curé de campagne, le père Boulay, homme violent, est dénoncé par Madeleine. Arrêté, interrogé et convaincu de commerce avec le diable, il sera, après avoir été passé à la question extraordinaire, brûlé vif. Les restes du père Picard, déterrés pour la seconde fois seront jetés sur le bûcher. Madeleine, quant à elle, aura la vie sauve, les poursuites contre la mère supérieure seront abandonnées. Nous découvrons en Madeleine Bavent un personnage hors du commun, à la force de caractère insoupçonnable, ayant réussi non seulement à déjouer les attaques combinées de l’église et de ses coreligionnaires, mais aussi sauvant sa vie, mettant un terme, bientôt définitif, à la chasse aux sorcières dans les couvents du royaume de France. Ainsi s’achève le manuscrit. Le couvent de Louviers fut détruit, l’intégralité des pièces manuscrites de cette extraordinaire histoire fut brûlée sur l’ordre du parlement de Rouen. Quelques années plus tard, un nouveau couvent est en proie à la possession démoniaque, mais cette fois-ci, l’Etat intervient immédiatement, et la principale intéressée, Barbe Buvé, est considérée comme démente. En ce sens, Madeleine nous apparaît comme la figure emblématique d’une nouvelle ère. Madeleine Bavent est la dernière sorcière.

120 000 €

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13 - [RACINE] Justinus (Marcus Junianus) Ivstinvs Cum Selectissimis Variorum observationibus et Accurata Rencensione Antony Thysy IC. et Profess. in Acad. Leid. (LIVRE AYANT APPARTENU A JEAN RACINE, ANNOTE DE SA MAIN) Lvgdvni Batavorvm, 1650. In-8, en plein veau d'époque, dos à 5 nerfs orné à la grotesque. Reliure usagée, coiffes manquantes, mors abîmés. Coupure de 3 cm en haut de la page de titre (sans atteinte au texte), collationné complet. PRECIEUX EXEMPLAIRE DU TRAGEDIEN JEAN RACINE (1639-1699), dont il porte deux fois la signature, une fois sur le titre et une fois à la fin.

Comportant deux traits de plume : - p. 59 sont soulignées des lignes concernant Cyrus ; Racine, dans Esther, Acte III, Scène IV, évoque Cyrus. - p. 213, de façon beaucoup plus significative, un trait en marge signale un passage concernant Alexandre le Grand, que Racine reprendra presque intégralement en le citant dans la Deuxième préface d'Alexandre le Grand, amputé des deux termes « concubitu redemptum », jugés trop inconvenants par l'auteur :

« Les amours d'Alexandre et de Cléofile ne sont pas de mon invention : Justin en parle, aussi bien que Quinte-Curce. Ces deux historiens rapportent qu'une reine dans les Indes, nommée Cléofile, se rendit à ce prince avec la ville où il la tenait assiégée, et qu'il la rétablit dans son royaume, en considération de sa beauté. Elle en eut un fils, et elle l'appela Alexandre. Voici les paroles de Justin : Regna Cleofidis reginae petit, quae, cum se dedisset ei, regnum ab Alexandro recepit, illecebris consecuta quod virtute non potuerat ; filiumque, ab eo genitum, Alexandrum nominavit, qui postea regno Indorum potitus est. »

La tragédie Alexandre le Grand fut représentée pour la première fois par la troupe de Molière au Palais Royal le 4 décembre 1665. C’est à la suite des représentations qui suivirent que Molière se brouilla avec Jean Racine. Le succès de la pièce fut énorme, elle fut jouée plusieurs fois devant le roi qui l’apprécia fort. Lors de sa publication en 1666, Racine y joignit une première préface, où il raillait les critiques qui l’avaient vilipendé. Lors de la seconde édition en 1776, le tragédien y joignit une autre préface où il indiqua nettement ses sources : le VIIIe livre de Quinte-Curce, la Vie d’Alexandre de Plutarque, l’Anabase d’Arrien et les Histoires de Justin. Et pour répondre aux polémiques, il affirmait ainsi être au plus près de la réalité historique. Emouvant exemplaire, source d’inspiration du premier grand succès de Jean Racine alors âgé de 25 ans.

5 000 €

Page 15: Catalogue 2012

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14 - [PASCAL (Blaise)] HODENCQ (Alexandre de) Sentence de Monsieur le Vicaire général de Montseigneur l'eminentissime Cardinal de Retz, Archevesque de Paris, Portant Approbation DU MIRACLE arrivé en l'Eglise du Monastere de Port-Royal, au Fauxbourg S. Jacques à Paris, le Vendredy 24. Mars 1656 sur les quatre heures du soir, en la

personne de Damoiselle Marguerite Perier, pensionnaire de cette Maison, en suite de l'attouchement du Reliquaire d'une sainte Espine de la Couronne de N. Seigneur Jesus-Christ, qui est dans ledit Monastere ; Avec permission d'informer des autres Miracles qui s'y sont faits depuis. A Paris, Chez Pierre Targa, 1656. Grand in-8, en cartonnage bradel à la cuve. 4 ff.

Très rare sentence originale établissant le miracle dit de la Sainte Epine, survenu le 24 Mars 1656 en l'abbaye de Port-Royal. Marguerite Perier, nièce de Blaise Pascal, pensionnaire de Port-Royal, atteinte d'une fistule lacrymale aux conséquences dramatiques, fut miraculeusement guérie après l'apposition d'un reliquaire contenant une véritable épine de la couronne du Christ. Cette intervention miraculeuse aura des effets considérables sur Blaise Pascal ; survenu l'année de l'interdiction des Provinciales, cet événement convaincra le philosophe du bien-fondé de son combat et de la nécessité de poursuivre son œuvre. Pascal envisage alors d'écrire un ouvrage sur les miracles, projet qui évolue jusqu'à devenir un vaste ouvrage d'apologie de la religion chrétienne, qui n'est autre que les différents feuillets qui composeront les Pensées. Afin d'immortaliser cet événement miraculeux, Blaise Pascal changera de sceau, substituant un œil entouré d'une épine, à l'agneau pascal original.

600 €

15 - ISARN (Samuel) La pistole parlante, ou La métamorphose du louis d'or. Dédiée à Mademoiselle de Scudéry. Paris, 1660. In-12, en plein veau raciné. Reliure de la fin du XVIIIe siècle, dos plat à motifs d'urnes, pièce de titre de maroquin rouge. (1bl), 48p. (Lettre galante à Mademoiselle de Scudéry, Réponse de Mademoiselle de Scudéry), (1bl). Édition originale de ce rare opuscule de S. Isarn très représentatif de la préciosité au XVIIe siècle, dédié par

l'auteur à Mlle de Scudéry dont il était éperdument amoureux. La pièce nous livre les pérégrinations d'une pistole bavarde clamant ses aventures : tirée d'une mine en Perse, enterrée par un avare, déterrée après plusieurs siècles, fondue par un fin chimiste (« Mais il ne fit que s'y morfondre, / Il eut beau me fondre et refondre, / Le bonhomme fut confondu / Car je ne fus que fondu. » p.24), tantôt bague, tantôt montre, chaîne ou cachet de lettres à secrets, etc., pour finalement rejoindre la bourse du poète, la pistole déborde de récits galants à conter. Le poète saura-t-il conserver sa bourse pour les entendre ? Notons que le texte contient en édition originale une réponse de Mlle de Scudéry, dans laquelle elle vante l'originalité de ce petit texte.

Un rare et charmant ouvrage, provenant de la bibliothèque de G. Mouravit (ex-libris et mention autographe : « Opuscule fort rare, par Samuel Isarn »). Le réputé bibliophile qu'était G. Mouravit témoigne de l'insigne rareté de cet opuscule.

400 €

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16 - Saint Augustin Les Confessions de S. Augustin, Traduites en François, par Monsieur Arnauld d'Andilly. Nouvelle edition. Avec le Latin à costé, reveu & corrigé exactement sur douze anciens Manuscrits, & des Notes à la fin, où l'on rend raison des principales corrections. Par Monsieur Arnauld son frere, Docteur en Theologie de la Maison de Sorbonne. A Paris, Chez Pierre le Petit, 1667. In-8, en plein-veau, dos à 5 nerfs orné de fleurons, tranches mouchetées, armes frappées au centre des plats (à trois têtes de lion, Olivier 1966 reproduit, attribué

sous toutes réserves à Jean-François Willot, conseigneur d'Annoire). (1bl), 4 ff (titre, avis au lecteur, approbation des docteurs), 8 ff (table des chapitres), 11 ff (De latina divi augustini confessionum editione quae in hoc volumine exhibetur ; lectori benevolo.), (1bl). Édition aux armes de cette fameuse traduction augmentée d'Arnauld d'Andilly, imprimée par Pierre le Petit (imprimeur de Port-Royal). Agréable exemplaire malgré quelques menus défauts. 300 €

17 - MONTFAUCON DE VILLARS Le Comte de Gabalis ou Entretiens sur les sciences secretes. Paris, Chez Claude Barbin, 1670. In-8, en plein veau, dos à 4 nerfs orné de fleurons. (2), 327 p. Edition extrêmement rare de ce texte fameux, de très nombreuses fois réédité, contrefait, plagié, moqué et encensé. L'abbé Montfaucon de Villars naquit en 1635. Embastillé pour participation aux troubles, il est libéré à la mort de Mazarin. De retour dans ses terres, il assassine son oncle en compagnie de ses frères et sœurs, pour des questions de vengeance familiale. Echappant à la roue, il n'arrivera cependant pas à se soustraire à la vengeance des Roses Croix ; on le retrouve assassiné en 1665 sur la route de Lyon. Dans ce sulfureux ouvrage, le Comte de Gabalis, Montfaucon de Villars, tout en feignant d'attaquer les superstitions, dévoile les secrets et rites de plusieurs sociétés occultes, ce qui est probablement la cause de son exécution. Exemplaire modeste de l'édition originale rarissime de ce livre. 800 €

18 - NICOLE (Pierre) Essais de Morale. Contenus en divers Traittez sur plusieurs devoirs importans. Seconde Edition, reveuë, & corrigée. A Paris, Chez la veuve Charles Savreux, 1671. In-12, en plein-maroquin, dos à 5 nerfs orné de fleuron. Plats frappés aux armes du Vicomte (qui deviendra Marquis) Charron de Ménars (Olivier pl. 185). (2bl), (11 ff), 468 p., (2bl). Somptueux exemplaire en maroquin aux armes, des Essais de morale de Nicole, paru anonymement. Il parut par la suite de 1672 à 1678 trois autres volumes chez Savreux. La collection elle-même fut poursuivie après sa mort et sous le nom de Nicole jusqu’en 1755, pour former une collection de 25 volumes in-12. Exceptionnel exemplaire relié aux armes de Jean-Jacques Charron Vicomte de Ménars (1643-1718), grand bibliophile qui acquit vers 1679 la collection des De Thou qu’il vendit en 1706 au cardinal de Rohan. Le reste de sa bibliothèque fut vendue à La Haye après sa mort à l’exception de 850 manuscrits qui finirent à la Bibliothèque Royale en 1755. 1 500 €

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19 - Le Moyne, (P.) Les œuvres poétiques, enrichies de très-belles figures en taille-douce. A Paris, chez Thomas Jolly, au Palais, en salle des Merciers, à la Palme & en son magasin, rue Saint Jacques, aux Armes d'Hollande, 1672.

In-4, en demi-chagrin noir, dos plat. Reliure XIXème. 1 ff (titre), 12 ff (Dissertation du poème héroïque), 450 p. découpées en plusieurs livres : « Saint Louis ou la Sainte Couronne Reconquise » avec un ensemble de gravures placées en vis-à-vis de chaque livre. SUIVI DE « Entretiens et Lettres poétiques » SUIVI DE « Hymnes et Éloges poétiques », 1 ff (Privilège du Roy). Illustré de gravures baroques et de vignettes en tête de chapitre dessinées par P. Mignard et gravées par G. Scotin.

Fortes mouillures affectant la marge inférieure des cinq premiers feuillets, sans atteinte au texte.

800 €

20 - BARENGER (André-Thomas de) Le Guide fidele de la vraie gloire présenté à Monseigneur le duc de Bourgogne, instruisant ce jeune prince des choses qu'il doit croire, demander, pratiquer, frequenter, et eviter pour être Roy pendant tous les siècles. Les Articles du Symbole, les demandes de l'Oraison Dominicalle, les Commandements de Dieu, et de l'Eglise, les Sacrements, et les prechez Capitaux sont representez d'un côté du fueillet, avec des desseins en taille douce, et expliquez de l'autre d'une manière tout-ensemble Theologique, familiere, et methodique. Par le Rd Père André Thomas Barenger Religieux Augustin et Docteur en Théologie. Paris, 1688. In-8, pleine basane granitée, dos à 5 nerfs orné de fleurons, tranches mouchetées (Reliure de l'époque). Coiffes et coins restaurés. Non paginé. Édition originale de ce guide du père Barenger exposant les connaissances jugées nécessaires à la foi catholique. TRÈS BEL OUVRAGE ENTIÈREMENT GRAVÉ EN TAILLE-DOUCE (y compris le texte), composé de 102 feuillets, non paginés, dont 49 planches gravées en taille-douce par Franz Erlinger et Guerard jeune. Le texte est imprimé uniquement au verso des feuillets de sorte à avoir les gravures en regard. Ex-libris manuscrit de Pauline Pontagny (1789), puis de Julie Robinet Pontagny (1798), bourguignonne, avec une note manuscrite sur un feuillet final. Édition non citée par les bibliographes, dont on ne connaît que quelques exemplaires conservés dans les bibliothèques. Le feuillet de Préface a été recollé sur un feuillet.

600 €

Les œuvres poétiques de Le Moyne, gravure (détail).

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21 - [La Fontaine (Jean de)] Huile sur toile (58x72cm) représentant Jean de La Fontaine, sur la fin de sa vie, en compagnie de son confesseur, l’Abbé Pouget. circa 1690.

Sur la fin de sa vie, en 1693, Jean de La Fontaine tomba gravement malade. L’église saisit cette opportunité pour obtenir la conversion du célèbre fabuliste. C’est le jeune curé de Saint Roch, nommé Pouget et âgé de seulement 26 ans, qui fut choisi pour cette délicate mission, l’objectif étant de faire renier à l’auteur ses écrits scandaleux. Brillant esprit, le père Pouget parvint à appâter La Fontaine ; les discussions se déroulèrent deux fois par jour pendant douze jours. Fatigué et probablement troublé par la perspective de sa mort prochaine, Jean de La Fontaine cède sur toute la ligne : il s’engage à ne plus s’occuper de ses contes, à renier publiquement auprès de ses confrères de l’Académie Française ses écrits scandaleux, à ne plus rien écrire d’autre que des ouvrages de piété et des traductions de psaumes.

En plus de ces reniements, le père Pouget, qui connaît l’existence de pièces inédites de La Fontaine, exige que celles-ci soient brûlées ; ce point est le plus difficile à faire accepter, mais Pouget ne cède pas d’un pouce, il fait appel à deux théologiens de la Sorbonne qui prennent connaissance des écrits et confirment la sentence d’autodafé. Jean de La Fontaine abdique, et jette ses manuscrits au feu. Il n’a été dressé aucune copie de ceux-ci, et l’œuvre sera perdue à jamais.

La confession publique a lieu dans la chambre même de l’écrivain. Les académiciens convoqués découvrent un homme exsangue qui leur fait aveu de son impiété, reniant au nom de Dieu ses écrits pernicieux. Pour le jeune père Pouget, c’est un triomphe qui lui vaut une gloire immédiate. Les personnes les plus en vue le choisissent comme confesseur, l’abbé de Tallemant et Mme Deshoulières voulurent que Pouget les assiste dans leurs derniers moments. La Fontaine, lui, se rétablit, mais sa vie était brisée. Il survivra quelques années encore, et s’éteindra en 1695, âgé de 74 ans. Ce tableau, contemporain de l’évènement et non publié, nous montre un aspect inconnu de Jean de La Fontaine, au visage émacié, écoutant pensivement le prêche du jeune curé. Pouget désigne le ciel de la main droite ; de sa main gauche, il tourne une page des Saintes Ecritures. Cette scène intense se déroule dans la bibliothèque de Jean de La Fontaine. Provenance : La toile est demeurée dans le domaine privé jusqu’à ce jour, et a été restaurée par un aïeul des possesseurs en 1890. Au cours de cette restauration, on trouva de bon goût de rajouter une barbe et une tonsure au jeune prêtre jugé sans doute trop immature.

15 000 €

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22 - (...) Devises et Emblemes curieux Anciennes & Modernes Tirées des plus celebres Auteurs. Nouvellement inventées en Latin, en Francois, en Italien, en Allemand. Augsburg, bei Lorenz Kroniger und Gottlieb Göbels,1699. Petit in-4, en demi-basane rouge frottée XIXe. 102 p. foliotées 51, constituées de 50 planches composées de 12 ou 15 emblèmes par page figurées dans des médaillons numérotés dont l'explication et la devise trilingues se trouvent dans le texte placé en vis-à-vis. Un livre très intriguant et étrange, tant par la teneur des images, que par l'ambiguïté des devises.

200 €

23 - [Manuscrit] BLACHE (Abbé) Recueil de pièces manuscrites et imprimées relatif à l'histoire de l'abbé Blache, dans lequel se trouvent d'importantes transcriptions d'interrogatoires menés par les jésuites sur les personnes de représentants du mouvement janséniste. In-4 en plein-veau usagé, dos à 5 nerfs portant mention « Blache tome II ». Le mélange débute par un compte-rendu imprimé de l'histoire de Blache et des pièces trouvées par le commissaire du Parlement au Collège Louis le Grand en 1763 (118 p.). Suivi de plusieurs centaines de pages manuscrites de l'époque (1704) d'interrogatoires faits dans la salle basse du château de la Bastille : confirmation de l'existence de réseaux, identités se dissimulant sous de nombreux pseudonymes, intentions secrètes de la cabale janséniste, etc. Seconde pièce imprimée : « Déposition juridique de l'abbé Blache pour rendre témoignage de deux miracles que le ciel a bien voulu faire en sa faveur par l'intercession du serviteur de Dieu Vincent de Paul, lorsque le déposant était détenu prisonnier injustement dans un cachot de la prison à Saint-Lazare-lès-Paris », 1706 (20 p.) Suivi à son tour d'une très volumineuse suite de descriptions de documents transcrits en tout ou partie, et d'une suite de mémoires, plaidoyers, contre-mémoires, etc., concernant la très enchevêtrée Affaire Blache. L'ensemble s'achève par une copie (brouillon ?) d'une lettre de l'abbé Blache à Madame de Maintenon contre le Père Lachaise : « en luy envoyant un placet au Roy, contre le Père La Chaise, confesseur de sa majesté qui doit faire bannir les jésuites hors du Royaume pour la seconde et dernière fois pour le mesme fait qui les fit bannir par arrest du Parlement de Paris du 29 décembre 1594. En date du 18 mars 1709. » Le Père Blache était persuadé qu'un complot visait à empoisonner le roi Louis XIV. Fascinant ensemble de pièces concernant la lutte sans merci opposant les courants janséniste et jésuitique à la fin du XVIIe siècle.

1 500 €

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24 - ALBERT LE GRAND Les admirables secrets d'Albert le Grand contenant Plusieurs Traités sur la conception des Femmes, & les vertus des Herbes, des Pierres precieuses, & des Animaux avec leurs figures. Augmentés d'un Abregé curieux de Phisionomie & d'un Preservatif contre la Peste, les Fievres malignes, les Poisons, & l'infection de l'air Tirés & Traduits sur des Anciens Manuscrits de l'Auteur, qui n'avoient pas encore parus. A Cologne, Chez le Dispensateur des Secret. 1705.

In-12, très agréable reliure pastiche en veau marbré, dos orné de fleurons et de faux nerfs, tranches rougies. (3bl), (3 ff - titre, Avis), (13 ff - Tables), (4bl). Une édition bien agréable du Grand Albert, car illustrée d'une série de bois naïfs représentant des animaux aux pouvoirs étranges et puissants : merle, taupe, vautour, anguille, côtoient veau marin ou chameau à l'anatomie approximative. Issu d'une longue tradition orale, le manuel du Grand Albert est un des classiques de la littérature populaire, du XVe siècle jusqu'à la Révolution. En même temps compilation de remèdes probablement efficaces contre les infections quotidiennes, et fatras de superstitions abracadabrantes, l'ouvrage est une lecture captivante. Il n'est pas abusif de relever une certaine poésie involontaire dans ces litanies maladroites et naïves.

400 €

25 - NAUDE (Gabriel) Apologie pour les grands hommes soupçonnez de magie. A Amsterdam, chez Jean Frédéric Bernard, 1712. In-8 en plein veau moucheté, dos à 5 nerfs orné de fleurons, pièce de titre, exemplaire aux armes du Comte Le Blanc de la Combe (frappées postérieurement), chiffres frappés aux angles. (1 bl), frontispice par Lamsveld, (9) (préface et table des chapitres), 470 p., (2bl). Dernière édition augmentée de ce texte défendant la mémoire des esprits éclairés accusés de sorcellerie par les fanatiques de tous temps. Gabriel Naudé (1600-1653), l'un des plus grands érudits de son temps, est le bibliothécaire le plus renommé du siècle. Ses innombrables lectures l'ont amené à publier ce plaidoyer. Un courageux hommage rendu aux novateurs confrontés à l'obscurantisme, par G. Naudé, par exemple dans le chapitre V, « Que les Mathématiques ont faict soupçonner de Magie plusieurs de ceux qui les ont pratiquées. »

600 €

26 - WALLIN (Georgio) Historia Josephi Fabri Lignarii: Liber Apocryphus Ex Codice Manuscripto Regiae Bibliothecae Parisiensis Nunc Primum Arabice Editus, NEC Non Versione Latina Et Notis Illustratus a Georgio Wallin, sveco. Lipsiae (Leipzig), 1722. Petit in-folio, demi-reliure, sorte de demi-basane blanche usée (reliure étrangère (?)). (8), 110 p., (1). Très étrange travail sur un manuscrit apocryphe écrit en langue arabe sur l'histoire de la vie de Joseph. Ce manuscrit, détenu par la bibliothèque royale, a été publié an caractères arabes, et traduit et commenté en latin, par les soins de l'érudit Georgio

Wallin. Cet énigmatique manuscrit pourrait être l'œuvre de sectataires vouant un culte particulier à Joseph père de Jésus-Christ. Divisé en 32 chapitres, abondamment commenté en notes de bas de page, le texte est comparé à diverses sources hébraïques, latines, grecques, etc. Surprenant et rare. 650 €

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27 - BOUGEANT (Pierre) Les Quakres francois, ou Les Nouveaux trembleurs, comédie. A Utrecht, Chez Henryk Khyrks le Jeune, 1732. In-12 en demi-veau, pièce de titre de maroquin rouge, reliure de l'époque, papier à la cuve, tranches rougies. (1bl), 44 ff, (1) gravure sur bois.

Petite pièce de théâtre réputée introuvable, prenant pour cible les convulsionnaires du diacre Parîs. Dans cette saynète, l'auteur dénonce ce qu'il juge être une duperie montée de toute pièce par les tenants de la « secte janséniste ». On connaît les incroyables prestations des fameux convulsionnaires sur la tombe du diacre Parîs au cimetière Saint-Médard. Transes, pâmoisons, visions de toutes sortes étonnèrent alors tellement les parisiens qu'ils s'y rendirent en masse, rendant nécessaire l'intervention de la maréchaussée. Le père Bougeant est également l'auteur d'un Amusement philosophique sur le langage des bêtes qui lui valut la réprobation des autorités ecclésiastiques.

Agréable exemplaire en reliure d'époque illustré d'une très curieuse figure en fin d'ouvrage représentant un convulsionnaire dans une position acrobatique. Des bibliothèques d’Hyacinthe Théodore Baron, Docteur en médecine (ex-libris gravé), et de l'acteur Allouys Dazincourt. Amusante et introuvable plaquette.

450 €

28 - DIDEROT (Denis) Lettre sur les aveugle, à l’usage de ceux qui voyent. A Londres, 1749. In-8 en plein-veau moucheté, dos plat orné de fleurons, pièce de titre de maroquin rouge. Manques en coiffes de queue et de tête. (1bl), 220 p., (1bl). 6 planches. Une des trois versions de l’édition originale signalée par Adams de ce texte paru clandestinement, dans lequel Diderot, s’interrogeant sur la perception visuelle des aveugles, questionne ouvertement l’universalité de la religion, même révélée. Se faisant, il se place résolument du côté du matérialisme et de l’athéisme. Cet écrit fut interdit et valut à son auteur trois mois de prisons, interrompant par-là même la publication de l’Encyclopédie.

800 €

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29 - Portefeuille de dame en soie brodée (XVIIIe s.). Petit portefeuille en soie brodé, doublé de tabis rose, à motifs de rubans et toile et motifs floraux surbrodés de fil d'or et composé de deux soufflets à rabattant dont, l'un avec serrure. Quelques légers usure et manques.

Petit portefeuille de dame (?) destiné à recueillir quelques secrets et billets tendres. Très bel objet XVIIIe dans un bel état de conservation intérieur.

500 €

30 - CALMET (Augustin) Traité sur les apparitions des esprits, et sur les vampires, ou les revenants de Hongrie, de Moravie, &c. Par : R. P. Dom Augustin Calmet, Abbé de Sénones. Nouvelle édition revûe, corrigée & augmentée par l'Auteur : Avec une lettre de Monsieur Le Marquis Maffei sur la Magie. A Paris, Chez Debure l'aîné, 1751. 2 volumes in-12, en plein-veau marbré, dos à 5 nerfs orné de fleurons, pièce de titre de maroquin rouge, tranches rougies. Dos et nerfs frottés, coiffes usées.

T. I : (2), XXVII, 486 p., (1bl). T. II : (1bl), XVI, 483 p. (3). Troisième édition de ce livre singulier, un des premiers traités sur les vampires. Le premier tome traite de l'apparition sous toutes ses formes : des bons et des mauvais anges, des esprits, des spectres, des démons. Il y est question de la magie, des sorciers et des sorcières, et il est démontré, par l'histoire, par l'analyse et par divers récits, que ces faits surnaturels existent bel et bien. C'est dans le second tome qu'est abordée la question des revenants et des vampires de Moravie, avec des

récits de morts étranges causées par des revenants qui viennent sucer le sang de leurs victimes. Il est alors préconisé d'aller déterrer le revenant et de séparer la tête de son corps pour l'empêcher de nuire. A sa sortie, ce livre valut de nombreux tracas à Calmet, qui fut taxé de naïveté et de crédulité ; il ouvrit une polémique peut-être à l'origine du mythe occidental du vampire moderne.

800 €

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31 - DIDEROT (Denis), ALEMBERT (Jean le Rond d') ENCYCLOPEDIE, ou Dictionnaire raisonné des Sciences, des Arts et des Métiers Par une société de Gens de Lettres. Mis en ordre & publié par M. Diderot, de l'Académie Royale des Sciences et des Belles-Lettres de Prusse ; &, quant à la Partie Mathématique, par M. d'Alembert, de l'Académie Royale des Sciences de Paris, de celle de Prusse, & de la Société Royale de Londres. [1751-1780]

17 volumes de Texte et 11 volumes de Planches : Paris, Le Breton, Briasson, David, Durand ; Neuchâtel, Faulche. [De 1751 à 1772] - 4 volumes de Supplément de texte, 1 volume de Supplément de Planches : Rey, Amsterdam, et Panckoucke, Stoupe et Brunet, Paris. [1776-1777] - 2 volumes de Table, Panckoucke, Paris et Rey, Amsterdam. [1780] Complète de ses 3129 planches et tableaux dépliants, ainsi que du grand tableau récapitulatif de la Table des matières plusieurs fois remplié. Soit 35 volumes in-folio (avec les Tables), en plein veau marbré, dos à 6 nerfs orné de fleurons et roulette en queue, pièces de titre et de tomaison de maroquin rouge, miel et vert. Tranches rougies. Quelques légers accrocs mineurs aux coiffes de quelques volumes, et minimes différences de fleurons. Très bel exemplaire complet de la grande Encyclopédie de Diderot et d'Alembert en édition originale (1er tirage). Sans doute l'ouvrage le plus important publié au XVIIIe siècle du point de vue de l'histoire du livre et de l'histoire des idées. La grande Encyclopédie fut imaginée au tournant des années 1740 par quatre éditeurs parisiens, sous l'égide de Denis Diderot et de Jean le Rond d'Alembert. Denis Diderot rédigea et édita le Prospectus destiné à séduire les souscripteurs en novembre 1750. Le premier volume parut en 1751. L'ouvrage ne sera achevé qu'en 1780 avec la publication des tables dites de Mouchon (1776-1780). Dans ce laps de temps, quelques deux cents rédacteurs parmi les plus importants de la pensée française et internationale, une foule innombrable de graveurs, relieurs, fabricants de papier, ouvriers de toute sorte, auront participé à l'une des plus enthousiasmantes épopées de la pensée française. Parmi les rédacteurs, citons Diderot, d'Alembert, Voltaire, Rousseau, d'Holbach, Tressan, Turgot, le Chevalier de Jaucourt, La Condamine, Marmontel, Cochin, etc. Cette monumentale publication, source de tous les savoirs sur le XVIIIe siècle, n'a pas d'équivalent et est encore de nos jours un outil irremplaçable qui nous plonge au cœur du siècle des Lumières. Magnifique exemplaire en reliure uniforme complet de ses planches, textes, suppléments et tables, condition de plus en plus rare.

50 000 €

Page 24: Catalogue 2012

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32 - POPE (Alexander) Histoire de Martinus Scriblérus, de ses Ouvrages & de ses Decouvertes; traduite de l'Anglois de Monsieur Pope (par P.H. Larcher). Londres, 1755. In-8 en plein-veau, dos plat orné à la grotesque, pièce de titre de maroquin rouge, tranches marbrées. Manque en queue. (1bl), XXII, 324 p., (1bl). Le Scriblerus Club était un groupe littéraire informel fondé en 1712 auquel appartenaient Jonathan Swift, Alexander Pope, John Gay, John Arbuthnot, Henry St. John et Thomas Parnell. Le club fut créé dans le but de faire la satire

des excès de l'érudition, ce qui donna lieu à l'écriture des Mémoires de Martinus Scriblerus (du mot anglais scribbler, « gribouilleur », « plumitif »), qui furent sans doute principalement écrits par Arbuthnot lui-même. Le club ferma en 1745. Martinus Scriblerus est donc un auteur fictif dont les membres du club étaient libre d'utiliser le nom pour publier ce qu'ils voulaient, seuls ou à plusieurs mains. Une amusante supercherie littéraire, publiée à l'adresse fictive de Londres (sans doute Paris), ici traduite ou peut-être même rédigée par P.H. Larcher.

150 €

33 - [Manuscrit] (Laurent Angliviel de la Beaumelle / Marianne-Agnès Fauques) Réunion de textes clandestins : Les amours de Zéokinizule, roi des Kofirans, A L'Haye, (par Laurent Angliviel de la Beaumelle). Suivi de : L'histoire de Madame la Marquise de Pompadour, A Avignon (par Marianne-Agnès Fauques). Relié en un volume in-8, en plein-veau, dos plat orné de fleurons, pièce de titre de maroquin verte. Rare et intéressante réunion de ces deux textes ici copiés de la même main, dont les pages de titre ont été réalisées au pochoir afin d'éviter toute localisation par les fontes de caractères. Le premier pamphlet est un roman à clé visant à stipendier la conduite scandaleuse du roi Louis XV, l'engageant à calmer ses ardeurs auprès de ses maîtresses afin de consacrer son énergie à faire le bonheur de son peuple. Le second – qui porte dans le texte la date de 1758 – se veut être la continuation du premier volume et est une copie précédant d'un an l'édition imprimée. Il s'agit d'une description au vitriol de la scandaleuse Marquise de Pompadour, exécrée par la Cour du fait de ses origines roturières mais aussi de son insolente intelligence.

800 €

34 - (...) Journal du Palais, ou Recueil de plusieurs arrêts remarquables du Parlement de Toulouse. A Toulouse, Aux dépens du Sieur Jean-François Forest, 1758-1760. 5 volumes in-4, en plein-veau marbré, dos à 5 nerfs orné de fleurons, pièce de titre de maroquin rouge, tranches rougies. Défaut sur les coiffes du tome 4. Une importante compilation d'arrêts depuis 1690 jusqu'à 1734, qui intéresse le droit coutumier toulousain et qui est particulièrement importante, en ce qui concerne le problème des religionnaires fugitifs. Les nombreux arrêts concernant ces protestants exilés ou de retour en leur foyer montrent à quel

point la société fut traumatisée par ces procédures d’exclusion. 350 €

Page 25: Catalogue 2012

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35 - (LACOMBES, François) Lettres choisies de Christine, Reine de Suède. A Descartes, Gassendi, Grotius, Pascal, Bayle, au Prince de Condé ; au Duc d'Orléans, Régent, à Louis XIV ; à Mademoiselle de Montpensier, à Mademoiselle Lefèvre, à la Comtesse de Sparre, à la Comtesse de Bregi, etc. avec la mort tragique de Monadeski, son Grand-Ecuyer. Suivi de : Lettres secrètes de Christine, Reine de Suède, aux personnages illustres de son siècle, dédiées au roi de Prusse. A Villefranche, Chez Hardi Filocrate, 1759 (Lettres choisies). A Genève, chez les frères Cramer, 1761 (Lettres secrètes).

In-12, en plein-veau moucheté, dos à 5 nerfs orné de fleurons, pièce de titre de maroquin rouge, triple filet en encadrement des plats, frappé aux armes de Jean-Joseph de Bourguignon Bussière, dit le Marquis de la Mure. 1ère partie : (1bl) (faux-titre), XII, 226 p., (1bl) ; 2e partie : (1 titre), 245 p. ; Suivi des Lettres secrètes de Christine de Suède (4), 179 p. (+ table). Un agréable exemplaire aux armes de Jean-Joseph de Bourguignon Bussière, dit le Marquis de la Mure (Olivier, 2245). Cette importante correspondance de la Reine Christine, despote éclairée scientifique et philosophe est augmentée ici d'une édition des lettres secrètes adressées à Descartes, Bensérade, Chanut, Cromwell, Godeau, Mlle de Scudéry, Mazarin, Spon, M. de Pompone.

250 €

36 - TITON DU TILLET Description du Parnasse François exécuté en bronze, à la gloire de la France et Louis Le Grand, et à la mémoire perpétuelle des illustres poètes et des fameux musiciens françois ; dédié au Roi. A Paris, chez Chaubert, Quai des Augustins; chez Duchesne, rue Saint-Jacques; chez Lambert, rue de la Comédie Françoise, 1760. In-folio, en demi-chagrin bleu à coins, reliure XIXème, dos à 4 nerfs orné de fleurons. 2 p. (titre et table), 1 frontispice, 17 planches gravées « Médaillons », 122 p., SUIVI DE « Second supplément du Parnasse François, ou suite de l'ordre chronologique des poëtes et des musiciens » (1), 86 p., (1bl). Titon du Tillet, personnage fantasque, passa sa vie à la conception d'une colossale construction en bronze intitulée « Le Parnasse », dans laquelle auraient dû figurer, sous l'autorité de Louis XIV, les gloires de la littérature et de la poésie française. Ce projet mégalomaniaque fut brusquement interrompu devant le coût supposé de sa réalisation : deux millions de livres ! Titon y substitua alors une publication plus raisonnable dans laquelle on peut admirer le supposé monument. Le très baroque Titon du Tillet mourut terrassé par un rhume à l'âge de 85 ans. Un intéressant exemplaire comptant des annotations et ajouts de l'auteur, qui fut, comme le précise une note autographe en début de livre, « l'exemplaire offert par l'auteur à l'Académie française ».

300 €

Page 26: Catalogue 2012

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37 - ROUSSEAU (Jean-Jacques) Du Contrat social ; ou principes du droit politique, par J. J. Rousseau, citoyen de Geneve. A Amsterdam, Chez Marc Michel Rey, 1762. In-8 broché en couverture dominotée, verte à motif floral. (1) titre, IV p., 202 p. Contrefaçon de l'édition originale de 1762, calquée sur l'édition 134 décrite par Dufour, avec une légère variante par rapport à l'exemplaire décrit dans la bibliothèque de Neuchâtel : dans notre exemplaire, p. 103 ligne 1, la faute « in inévitable » est corrigée. Plaisant exemplaire en brochure d'époque, dominotée, telle que parue, de l'une de ces multiples contrefaçons qui furent le cauchemar de Jean-Jacques Rousseau.

220 €

38 - [Mélange illustré du XVIIIe] M. de ROZOI - (...) - Comte de COMMINGE Les Sens, Poëme en six chants. Seconde édition revuë et corrigée par l'Auteur. Suivi de : Les amans malheureux, ou le Comte de Comminge, Drame en trois actes et en vers ; précédé d'un Discours préliminaire et suivi des Mémoires du Comte de Comminge. Londres, 1767 / L'Esclapart, Libraire au Quai de Gèvres, 1764. In-8, en plein veau marbré, dos plat orné de fleurons, pièce de titre de maroquin rouge, tranches rougies. Fortes brunissures sur les deux premiers feuillets, dos passé. (1bl), 2 ff (Titre gravé), XVI (Épître dédicatoire à Madame de V***.), 174 p. (dont l'Epître au verrou de ma porte) illustrées de 6 gravures sur cuivre. Suivi de 91 p (Faux-titre, titre, discours préliminaire, Les amans malheureux...). Saute de page suivie de 70 p. (Mémoires du Comte de Comminge), (1bl). Intéressante réunion de livres illustrés XVIIIe, provenant de la bibliothèque de Viollet Le Duc dont il porte l'ex-libris. Illustré de gravures sur cuivre en partie signées de la main de Eisen, ponctué d'un curieux titre Épître au verrou de ma porte, dans lequel l'auteur prône les vertus de la retraite ; ainsi seul dans sa chambre, il ferme sa porte aux vices et ne l'ouvre qu'à la vertu. Sans doute faut-il y voir un détournement subtil de l'usage que fit Fragonard du célèbre verrou.

100 €

39 - (DEZALLIER D'ARGENVILLE) Voyage pittoresque de Paris, ou description de tout ce qu'il y a de plus beau dans cette grande Ville, en Peinture, Sculpture & Architecture : Par M. D***. Cinquième édition. A Paris, Chez de Pure Père, 1770. In-12, en plein veau marbré, dos à 5 nerfs orné de fleurons, pièce de titre de maroquin rouge, tranches rougies. (1) frontispice, X, (1) table, 483 p., (2) approbation et privilège du

roi. 1 frontispice gravé en couleur par Robert, et 7 planches dont 4 dépliantes. Agréable exemplaire de cet incontournable guide parisien, ordonné selon la nouvelle division en vingt quartiers, et indiquant pour chacun d'entre eux les indispensables attraits de la capitale.

150 €

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40 - [Manuscrit] (...) Lettres philosophiques, critiques, historiques, nouvelles et galantes sur la liberté d'aimer ; Entre un frère et une seur, dont l'une est à Paris et l'autre qui voyage dans différant (sic) pays de l'Europe. Premiere édition, avec figures ! Dediée a la plus Belle et la plus vertueuse femme de l'univers. A Cithère, au Palais de la Vérité, 1771. In-8, en plein-veau marbré d'époque, dos plat orné de fleurons, pièce de titre de maroquin brun.

1 aquarelle en frontispice, 3 aquarelles in texte. Mors fendus, dos et coiffes abîmés. (4), 6 p., (6 p. non numérotées), 108 p. Très charmant roman épistolaire manuscrit, illustré de non moins charmantes et fraîches aquarelles représentant l'auteur et les protagonistes du récit. Cet écrit spirituel et enlevé décrit les contraintes, avantages et inconvénients, de l'amour sous différents climats, comparé au mariage à la française. Leste et remplie de sous-entendus, cette délicieuse fiction s'inscrit dans une veine littéraire très en vogue à la fin du XVIIIe siècle. Beau manuscrit littéraire dans sa reliure du temps. 1 200 €

41 - DORAT (Claude-Joseph) Fables. Nouvelles. A la Haye, et se trouve à Paris, chez Delalain, rue de la Comédie Française, 1773. In-8, plein maroquin rouge à long grain, dos à 5 nerfs orné de fers spéciaux et fleurons, situé et daté en queue « La Haye 1773 », plats supérieur et inférieur ornés d'une dentelle alternée d'une roulette aux petits points et d'un travail de fers ornementaux à l'intérieur des caissons, dentelle intérieure, tranches dorées. RELIURE signée Thierry, successeur de Petit-Simier. (2bl), 1 frontispice gravé, XXII p. (titre et « Réflexions préliminaires »), (2), 309 p., (3) p. Un des quelques plus beaux livres illustrés du XVIIIème siècle. Un des chefs-d’œuvre de Pierre-Clément Marillier, ici, agréablement relié par Thierry dans un plat maroquin orné dans le gout du XVIIIème siècle. L'ouvrage est illustré de 2 frontispices portant « Fables, par Mr. Dorat » par Marillier et gravés par de Ghendt, avec 1 figure par Marillier et gravée par Delaunay. On y trouve de nombreuses vignettes et culs-de-lampe par Marillier. 1er tirage sur papier de Hollande. 1 500 €

42 - FÉNELON (François de Salignac de La Motte) Directions pour la conscience d'un roi, composées pour l'instruction de Louis de France, Duc de Bourgogne, par feu Messire François de Salignac de la Mothe-Fénelon, Archvêque Duc de Combrai, son Précepteur. Paris, Estienne, 1775. Petit in-8 en plein-veau porphyre, dos à 5 nerfs orné de fleurons, tranches rougies. Epidermure sur le plat inférieur. XII, 160 p. Seconde édition – l'édition originale est parue en 1748 – de ce texte d'éducation dédié au Duc de Bourgogne. 150 €

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43 - (REVERDI) Mémoires d'une reine infortunée. Entremelés de lettres (écrites par elle même) à plusieurs de ses parents et amies illustres, sur plusieurs sujets et en différentes occasions. Traduits de l'Anglois. Londres, Chez J. Bew, dans Pater-Noster-Row, 1776. In-12, en plein veau marbré, dos plat orné de fleurons, tranches marbrées. (2), 192p.

Edition originale de cette correspondance, qui d'après Grimm et Diderot ne serait qu'une création littéraire de M. Reverdi, précepteur du Roi, qui connaissait bien ce qui se tramait alors à la Cour.Ce texte témoigne de l'importance que prend le genre épistolaire aux XVIIe et XVIIIe siècles, et de l’engouement de l'aristocratie pour ce genre à part entière qui permet de faire varier les points de vue et d'amorcer une certaine critique. Sont ici louées les vertus de Caroline, Reine du Danemark, à travers les beaux sentiments qui transparaissent dans sa correspondance. 200 €

44 - ERASME L'éloge de la folie, composé en forme de déclamation, par Erasme, Et traduit par M. Gueudeville, avec les Notes de Gérard Listre, & les belles figures de Holbein. Le tout sur l'original de l'Université de Basle. Nouvelle édition Revue, augmentée, et mise dans un meilleur ordre. A Neuchatel, Chez Samuel Fauche, Libraire du Roi. 1777. In-8, en plein veau marbré, dos plat orné de filets et petits fers, pièce de titre de maroquin rouge, mors et coiffes abîmés. Edition illustrée de gravures sur cuivre in-texte, hors texte et sur feuilles dépliantes, d'après les figures de Hans Holbein. (9) (titre frontispice, avertissement, préface), 234 p., 7 ff (table). Une belle édition de ce célèbre texte d'Erasme, dans lequel le philosophe choisit, de façon surprenante, de personnifier la folie : en effet, il s'agît là d'un éloge de la folie, par la folie elle-même, dans l'esprit de l'exercice rhétorique qu'était la déclamation. Servi dans cette édition par l'imaginaire surprenant de Hans Holbein, qui nous livre une de ses suites les plus remarquables. 400 €

45 - THOMPSON (James) Les Saisons, Poëme Traduit de l'Anglois de Thompson. Paris, Chez Pissot & Nyon, 1779. In-8, en plein veau marbré, dos à 5 nerfs orné de fleurons, pièce de titre en maroquin rouge, triples filets en encadrement des plats, tranches mouchetées. 5 ff (Titre gravé, Avertissement), 4 ff (Epître dédicatoire « A l'Ami des hommes »), 332 p., 4 gravures sur cuivre hors texte et 4 culs-de-lampe

par Eisen, gravés par Baquoy, texte encadré d'un double filet noir, 2 ff (Pivilège du Roy). Plaisante édition illustrée par Eisen, très rousseauiste dans le style, dédiée de façon surprenante à l'Ami des hommes « Honoré Riquetti Comte de Mirabeau », le célèbre économiste physiocrate considéré à juste titre comme l'un des pères de l'économie moderne. Séduisant exemplaire en reliure d'époque portant l'ex-libris de M. Parmentier, l'aîné, Comte de Lunéville.

350 €

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46 - GRAINCOURT (Alfred) Les Hommes illustres de la marine françoise, leurs actions mémorables et leurs portraits. Supplément [...] A Paris, Chez l'Auteur, Louis Jorry & Jean-François Bastien, 1780. In-4, cartonnage d'attente bleu, pièce de titre de maroquin miel, tiré sur papier fort. L'ouvrage se compose de : Introduction, Les Hommes illustres de la marine

françoise, Supplément aux Hommes illustres de la marine françoise du siècle de Louis XIV, Avertissement de l'auteur, Précis historique de Monsieur Mahé de la Bourdonnais, Table des noms. Une passionnante suite de monographies donnant portrait et faits d'armes parfois très détaillés des gloires maritimes de 1643 à 1762. Citons, entre autres figures de légende, les noms de Jean Bart, Duquesne, Dupleix, Rochambaut, Tourville, etc. 17 gravures sur cuivre, dessinées par l'auteur et gravées par Hubert, viennent illustrer le récit. Quelques mouillures éparses, large de marge.

500 €

47 - [Laetitia BONAPARTE] LE SAGE Œuvres de Le Sage, composées de Le Théâtre de la foire ou L'Opéra comique (3 volumes), et du Théâtre français (1 volume). EXEMPLAIRE DE LAETITIA BONAPARTE. A Amsterdam, & se trouve à Paris, Rue et Hôtel Serpente, 1783. 4 volumes in-8, en plein-veau marbré, dos à 5 nerfs orné de fleurons, pièce de titre et de tomaison de maroquin rouge, filet doré en encadrement des plats, frappés aux armes de Anne-Léon II de Montmorency (Olivier planche 810 fer 1) illustrés de 8 gravures.

EX-LIBRIS MANUSCRIT LAETITIA BONAPARTE répété sur chacun des volumes ; ex-libris Robert de Billy. Mouillures et quelques défauts. Intéressante provenance pour cet exemplaire des œuvres de Le Sage, aux armes du Duc de Montmorency, émigré sous la Révolution à Munster, dont la bibliothèque fut dispersée. L'exemplaire passa dans la bibliothèque de Laetitia Bonaparte, mère de Napoléon Ier, puis dans celle de Robert de Billy (1869-1953), ambassadeur français et ami de Marcel Proust.

Trois provenances prestigieuses et rares qui rendent cet exemplaire remarquable.

4 500 €

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48 - DORAY DE LONGRAY (P. J. B.) Faustin ou le siècle philosophique. A Amsterdam, 1784. In-8, en pleine basane, dos à 5 nerfs orné de petits fers ondés, pièce de titre de maroquin beige, tranches rougies, coiffes usées, plats frottés. Reliure allemande. (1bl), 342p, (1bl). Principal ouvrage de Doray de Longray dans lequel il développe à travers ce roman philosophique une critique de son époque.

Après un long voyage initiatique qui lui permet de confronter les divers modèles politiques, Faustin se retrouve en Prusse, sous le règne de Joseph II d'Autriche, qui lui semble être le régime de la raison éclairée, duquel il peut conclure : « c'est sous le règne de Joseph que nous verrons le triomphe universel de la raison & de l'humanité c'est sous lui que commence le siècle des lumières, le siècle de la tolérance, en un mot le vrai SIECLE PHILOSOPHIQUE. »

300 €

49 - MARAT (Jean-Paul) Les chaînes de l'esclavage. Ouvrage destiné à développer les noirs attentats des princes contre les peuples ; les ressords secrets, les ruses, les menées, les artifices, les coups d'état, qu'ils employent pour détruire la liberté, et les scènes sanglantes qui accompagnent le despotisme. Par J. P. MARAT, L'Ami du Peuple. Paris, De l'imprimerie de MARAT, L'an premier de la République (1793). In-8, en demi-percaline verte. 564 p. Edition originale française de ce texte révolutionnaire fondamental sorti des presses mêmes de Marat, d'après un manuscrit déjà entrepris à Londres en 1774, un an avant qu'il ne soit assassiné par Charlotte Corday. Dans ce texte fameux, Marat démonte les mécanismes de l'asservissement du peuple par l'aristocratie. Exemplaire intérieurement très frais.

1 200 €

50 - LAVALLEE (Joseph) Le nègre comme il y a peu de blancs, Par l'Auteur de Cécile, fille d'Achmée. Paris, Bossange, Masson et Besson, an III – 1795. 3 tomes reliés en 2 volumes grands in-16, cartonnage d'époque, pièce de titre de maroquin vert. Titre et faux-titre manquants (2ff). Fameux roman philanthropique abolitionniste dont l'action se situe à Saint-Domingue.

300 €

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51 - ROUGET DE LISLE (Joseph)

Essais en vers et en prose. Par Joseph Rouget de Lisle. A Paris, P. Didot l'Aîné, 1796. In-8, en demi-maroquin rouge (reliure moderne). (2), 157 p. + 5 p. (feuillets musique gravés « L'hymne à l'Espérance »). AVEC ENVOI DE L'AUTEUR « Au citoyen Ferlus » sur le titre. Quelques défauts : rousseurs, restaurations sur quelques feuillets. Edition originale des œuvres de Rouget de Lisle dédiée à Méhul, dans laquelle apparaît, p.57, le Chant des combats, vulgairement l'Hymne des Marseillois, aux Manes de Sylvain Baillis, premier maire de Paris. Cette version de la Marseillaise apparaît ici pour la première fois en six couplets, intégrée aux œuvres de Rouget de Lisle ; elle avait précédemment été éditée en 1792 à Strasbourg. RARE EDITION PORTANT UN ENVOI AUTOGRAPHE DE ROUGET DE LISLE AU CITOYEN FERLUS. François Ferlus (1748-1812), prêtre assermenté, ferment révolutionnaire, et l'auteur de plusieurs projets d'éducation nationale et d'un traité sur

l'affranchissement des nègres. Il est en outre l'auteur de plusieurs opéras mis en musique par Azaïs. Les envois autographes de Rouget de Lisle sont fort rares.

1 200 €

52 - Bible du Petit Poucet, ornée de jolies figures. Paris, Saintin, Rue de l'éperon, s.d. [c. 1800]. In-64 oblong, en plein-veau, double listel en encadrement des plats. Mors supérieur abîmé avec manque. 192 p. Illustré de gravures sur cuivres repliées donnant deux images par planche. Charmante édition miniature.

Ces Bibles miniatures ont commencé à circuler à la fin du XVIIe siècle et constituent une prouesse technique. Celle-ci est particulièrement illustrée d'agréables figures hors texte.

150 €

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53 - LEKAIN Mémoires de Louis Lekain, publiés par son fils aîné ; Suivis d'une correspondance (inédite) de Voltaire, Garrick, Colardeau, Lebrun, etc. Paris, chez Colnet, Debray et Mongie, An IX - 1801. In-8, en demi-veau glacé estampé, dos à 5 faux nerfs, orné au petit fer et en à-froid de motifs romantiques, tranches marbrées. Elégante reliure légèrement postérieure, circa 1830. (1bl), (1 faux titre), XV, 420 p., (3).

Edition originale rare avec le portrait de ces mémoires d’Henri-Louis Lekain, publiés par son fils aîné d'après les manuscrits originaux de son père trouvés à son décès. Henri-Louis Cain, dit Lekain, fut sans doute le plus célèbre des tragédiens français du XVIIIe siècle, correspondant et ami de Voltaire, il révolutionna par sa présence l'art théâtral. Une édition originale rare dans une élégante demi-reliure romantique.

230 €

54 - (Ch.-G. ETIENNE & GAUGIRAN-NANTEUIL) Vie de François-René Molé, comédien français et membre de l'institut national de France. Paris, Chez Desenne & Martinet, An XI - 1803.

In-12, en demi-veau caramel, dos plat orné légèrement insolé. 223 p. (+ table). Edition originale de cette monographie. Molé (1734-1802), célèbre comédien français, connut de son vivant un immense succès, qu'illustre bien l'anecdote suivante : tombé gravement malade en 1766, il lui fut recommandé par son médecin de boire des vins généreux afin de reprendre des forces. Le bruit se répandit, et ce ne sont pas moins de 2000 bouteilles qui furent envoyées par des personnes diverses à la demeure du célèbre comédien.

150 €

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55 - [Manuscrit] Mémoires manuscrits inédits d’un grognard sur la guerre d’Espagne. (1), 606 pp, 1 plan manuscrit. Petit in-4 relié en demi-basane de l’époque, une partie du dos manquante. Ce manuscrit inédit débute par un avant-propos dans lequel l’auteur, Antoine Pellerin, présente ses mémoires, et livre les raisons pour lesquelles il s’est décidé à les écrire : « Un vieux soldat de Napoléon, qui na plus rien, a faire que de pancér cés vielles bléssures et de se plindr de cés douléurs, ne dor qune faible partie de la nui il a letant de repassér cés vielles campagnes Racontér ces hauts faits a ses anfans, et a dautre, les uns diss – coman est til possible dautres disse Voila des craques, anfin plus tart personne nan voudera plus rien croire. Il sa désidé a an écrire un petits volume dese quil a fait et vue depui son anfance jusqua cejour. » La préface se termine par quelques précisions : il n’a rien emprunté à d’autres sources et a écrit ce récit afin que ses enfants, petits-enfants et arrières petits-enfants connaissent sa vie d’aventures, d’honneurs et de gloire.

Antoine Pellerin est né le 4 mai 1790 à Sauvay, dans la Meuse. D’un milieu modeste mais non miséreux, il commence, après une brève scolarité, son apprentissage de maçon à l’âge de 8 ans. A 10 ans, il gagne sa vie. Il rejoint, à 19 ans, la Grande Armée, et intègre à sa demande le 10e régiment de chasseurs à cheval. Le captivant récit de ses campagnes militaires débute par la campagne de Flessingue, et se poursuit par la campagne d’Espagne en décembre 1809, à laquelle il prendra part jusqu’en 1813. Il raconte son premier contact au feu, la terrible traversée des Pyrénées, sous les balles des partisans qui les harcèlent. L’acharnement et la cruauté des combats le marquent profondément, mais dans cette période de la guerre, ordre est donné de ne faire aucun prisonnier. Le contact avec l’ennemi se fait au sabre, voire au corps à corps. Cette guerre est extrêmement cruelle : un jour, lors d’un combat au sabre, il coupe la main de son adversaire à hauteur du poignet ; estimant le combat terminé, il se fait réprimander par son capitaine qui lui ordonne d’achever le blessé. Il se rend à contrecœur à l’infirmerie, où, malgré les supplications du jeune espagnol, il se voit contraint de l’achever sur son grabat.

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Le jeune soldat ne comprend pas la réaction de la population indigène : une jeune femme leur apporte des mets empoisonnés, auxquels il manque de succomber ; un jeune homme dans un champ, faisant mine de leur apporter des fruits, décharge son escopette sur un soldat avant de se faire tuer sur place. Les batailles sont de véritables boucheries, ses compagnons se font hacher par les boulets et la mitraille ; lui-même à plusieurs reprises n’échappe que par miracle à la mort : il reçoit un coup de lance dans le bas-ventre, un coup de fusil lui arrache son épaulette, le blesse et troue son manteau de sept impacts ; un paysan lui tire un coup de fusil de chasse dans le mollet. Ces blessures font partie du quotidien des grognards. Les scènes de pillages, de destructions, d’exactions de toutes sortes, sont ponctuées par des anecdotes et considérations du plus vif intérêt sur l’Espagne : il décrit une corrida, s’attarde sur le charme ténébreux des jeunes femmes espagnoles, et la beauté sauvage de l’Andalousie. Partagé entre la fascination et l’incompréhension, le jeune soldat s’en remet aveuglément à sa hiérarchie. A l’arrivée des troupes anglaises, l’ambiance change sensiblement : désormais, les armées font des prisonniers, il participe lui-même aux principales batailles du corps d’armée du Maréchal Soult : bataille de Badajoz, bataille de Vitoria (le 21 juin 1813), mais l’armée se débande, et reflue au fil des combats ; l’impression est celle d’un désastre, les soldats sont harassés, usés par la violence de cette guerre interminable, les compagnons blessés ou morts se comptent par centaines et la troupe sombre dans la mélancolie. Entre Salamanque et Rodrigos, à l’avant-garde d’une brigade de dragons, l’auteur se retrouve seul dans une ferme. Ouvrant une porte, il découvre alors 58 soldats ennemis « compausé danglé et portugais ». Faisant mine d’être accompagné d’une escouade, il leur intime l’ordre de déposer les armes et de se rendre, ce qu’ils firent. Faisant, armé de son seul fusil, 58 prisonniers en une seule prise, il sera proposé pour une récompense. Repassant les Pyrénées, il participe aux batailles d’Orthez (février 1814), et de Toulouse ; il est gravement blessé, une balle lui traverse le corps sous l’épaule, lui brisant l’omoplate, et il perd deux doigts. Transporté dans des conditions épouvantables d’hôpital de campagne en grange insalubre, il survit miraculeusement aux infections et séquelles diverses. Handicapé, il est réformé et renvoyé dans ses foyers le 24 mai 1814. Il traverse à pieds une France devenue hostile, et c’est sous les crachats et les insultes qu’il regagne son village. Les armées d’occupation prussiennes sont à quelques lieues de chez lui, aussi c’est avec enthousiasme qu’il répond présent pendant les Cent jours. Assiégé à Rocroi, il rendra définitivement les armes après Waterloo. La suite des mémoires narre la vie de l’ancien grognard de 1816 à 1856. Devenu garde-forestier, il occupe fermement sa fonction, défendant jusqu’au bout le souvenir de l’empereur. Ouvertement anticlérical, il ne manque aucune occasion pour rappeler le rôle de boutefeu de l’église espagnole. Accumulant quelques biens, Pellerin fait des retours constants sur ses campagnes militaires, et en 1852, à la suite du coup d’Etat, il écrit au ministre afin d’obtenir la légion d’honneur. Ces mémoires, d’une lecture captivante, au style brut et sincère, sont à mettre sur le même plan que les mémoires de Jean-Roch Coignet ou du sergent Bourgogne. Il est très rare de rencontrer des mémoires de soldats de l’Empire, il est exceptionnel d’en découvrir d’inédits à ce jour, comme le sont ces mémoires du brigadier Antoine Pellerin, qui « dans lecour de [ses] services [a] assisté a 70 engagement Bataille ou comba ».

5 000 €

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56 - [Curiosité littéraire] (…) Histoire abrégée de Napoléon-Le-Grand, écrite quelques années avant sa naissance. Par Suétone et une société de gens de lettres romains ; Traduction de M.r S. M. A Nevers, De l’imprimerie de Lefebvre le Jeune, 1814. In-8 broché, couverture muette d’origine. 43 p. Très amusant pamphlet publié en 1814 à Nevers, à l’imitation de La vie des douze Césars de Suétone, avec le texte latin en vis-à-vis. Napoléon y est bien sûr décrit sous les traits d’un monstre perfide, dont l’heureuse providence a délivré la France.

120 €

57 - (...) Modes de Paris. Album composé de 36 feuillets, présentant des types de coiffures vus de face et de dos, datés à la plume de novembre 1814 à 1819. In-8 à l'italienne (22 x 14 cm), en plein veau glacé bordeaux, filet en encadrement des plats, dos muet orné de fers et filets ornementaux à motif floral, plats supérieur et inférieur décorés d'une grande plaque mosaïquée de rouge, jaune et vert en encadrement d'un cartouche frappé en son centre de « Modes de Paris » (plat supérieur). Gardes de moires blanches estampées (reliure vers 1er tiers du XIXe s.). Ce charmant recueil est composé d'une base finement gravée au trait, dessinant une silhouette féminine vue de face et de dos, terminée à l'aquarelle ou au crayon, avec une telle finesse qu'une loupe est nécessaire pour faire la part de la gravure et du dessin. Ces maquettes pourraient être les travaux originaux de Jean-Nicolas Palette, éditeur de la revue L'Art du Coiffeur et inventeur de ce type de modèles. Hypothèse d'autant plus séduisante que certaines de ces gravures portent à la plume la date de réalisation manuscrite de celles-ci. L'une d'entre elle, très précise, nous indique « Coiffure d'une Paysanne dessinée aux Tuileries ». Un charmant album dans un état de conservation remarquable, d'une très grande délicatesse. Joints à titre de comparaison, quelques tirages du Journal de l'art du coiffeur et de Costumes parisiens, de même format et de même esprit, mais d'une qualité naturellement bien inférieure à celle de notre album.

1 300 €

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58 - LOISEL Album de dessins : Paris et ses alentours, 1814 à 1829. Album de dessins, in-8 oblong en demi-maroquin rouge, cartonné rouge, composé de 32 dessins à la plume et au crayon avec quelques rehauts d'aquarelle. Un intéressant album de voyage signé d'un certain Loisel, daté et localisé, composé de vues de l’Italie et des environs de Paris. La partie concernant les abords de la capitale est particulièrement intéressante car très détaillée, avec un fort souci de réalisme.

Paris : - Saint-Cloud et le Mont Valérien et le Calvaire de Belle Vue (sur double page) - A la villa Coublay (3 vues) - A Paris, le Pont de Seine (?), avec en arrière-plan Montmartre (vers 1815) - A Portes (2 vues) - l'aqueduc d'Arcueil (3 vues, 1814) - A Vélizy, à Bièvre (deux dessins) - de dedans la Porte de Madrid, à Neuilly - A La Roche (deux dessins) - Saulx, vue des rochers - Hauteurs de Châtillon, à Châtillon - le 13 septembre 1828, Saint-Cloud, de la terrasse, près de la lanterne de Diogène - Abbaye de Montmartre (1829) - Butte Montmartre (1820) Italie : - Guaridate, près de Naples - Couvent d'Aricia, près d'Albano - baptistaires et églises à Florence - Route de Santa-Pietra Suisse : - Fabrique de poteries de terre à Ferney (Voltaire) Un remarquable document sur les abords de la capitale au début du XIXe siècle. 500 €

59 - HAÜY (Abbé) Traité des caractères physiques des pierres précieuses, pour servir à leur détermination lorsqu'elles ont été taillées. 1817. In-8, demi-vélin blanc doré à coins, plats en tabis rose, pièce de titre, dos orné, tranches mouchetées, reliure XIXe. XVI (table), XXII, 253 p., 16 p. (Notice des principaux ouvrages (…) composant la librairie Mme Ve Courcier), 3 planches dépliantes gravées sur cuivre (complet). L'Abbé Haüy (1743-1822) enseigne la minéralogie au Muséum national d'histoire naturelle avant que ne soit créée spécialement pour lui en 1809 une chaire à la Sorbonne. Grand classique de la minéralogie – dont la valeur a toujours cours –, cet ouvrage permet l'identification des pierres, la détermination de leur caractère et les principes de leur taille. Grâce aux recherches passionnées de l'Abbé Haüy, la minéralogie et la cristallographie ont acquis un véritable statut scientifique. Rousseurs éparses en début de volume. Édition originale très élégamment reliée. 1 200 €

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60 - [Manuscrit] BLONDEAU (Pierre François) Délassements de l'esprit ou Manuscrit complet de Littérature En tous genres, politique, Philosophique, et morale, tiré des meilleurs Auteurs tant anciens que modernes, et contenant des Pièces inédites. En deux parties avec une Table des matières à la fin de chaque partie, Par Pierre Francois Blondeau.

8 mai 1822.

Fort in-folio, en pleine basane cerise, orné sur les plats d'une importante composition estampée à froid à motif de lyre, encadrée d'une roulette palmée, dos plat. 1er plat détaché. 1ère partie : 832 p. 2ème partie : 586 p. Une imposante compilation de chansons manuscrite. Cette impressionnante compilation rédigée sur plusieurs années regroupe plusieurs centaines de pièces rares ou curieuses, allant de l'envolée patriotique, à la satire de mœurs, en passant par le vaudeville et la chanson à boire. Ecrite d'une ample et très lisible écriture appliquée, chaque pièce est présentée par des titres de différentes couleurs - rouge, vert, ocre, or, bleu, etc. - dans des effets calligraphiques remplissant parfois toute la page. Les pièces de Voltaire y côtoient les couplets révolutionnaires entonnés lors de la célébration des Arbres de la Liberté. Plus loin, une chanson grivoise extrêmement crue succède à l'hymne chanté devant l'Eglise métropolitaine de Paris le jour de la Fête de la Raison. Certains airs ont visiblement été choisis parce qu'ils étaient à la mode, et d'autres pour leur côté provocateur. Cette surprenante production est passée entre les mains d'un amateur anglais, William Bury, dont on voit la signature autographe. Pourrait-il s'agir du William Henry Bury, célèbre assassin pendu pour le meurtre de sa femme, et que d'aucuns suspectent d'être le véritable Jack l'Eventreur ?

1 200 €

61 - CONDORCET (Nicolas de) Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain ; suivi de Réflexions sur l'esclavage des nègres : Par Condorcet. A Paris, 1822. In-8, en demi-veau glacé, dos plat, tranches marbrées. Mors faibles. (1bl), VIII, 440 p., (1bl). Une édition qui regroupe : - l'Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain ; - suivi de : Réflexions sur l'esclavage des nègres, avec, en post-scriptum, un tableau de la législation des Etats-Unis relativement à la servitude des noirs ; - suivi d'une Adresse au corps électoral contre l'esclavage des noirs ; - suivi de Sur l'admission des députés des planteurs de Saint-Domingue à l'Assemblée Nationale ; - suivi de l'Adresse à l'Assemblée Nationale sur les conditions d'éligibilité. Une édition courageuse, à une époque – 1822 – où l'esclavage est rétabli dans nos colonies.

600 €

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62 - (…) Portraits des plus illustres littérateurs français gravés par les meilleurs artistes d'après des originaux authentiques, et accompagnés de notices biographiques. Paris, Lami-Denozan & Firmin Didot, 1828. Grand in-8 réimposé, en plein chagrin vert bouteille, dos à 5 nerfs orné aux petits fers, tranches dorées, reliure signée Hardy. 50 portraits gravés par Hopwood, Fry, etc.

Exemplaire réimposé sur grand papier vélin. Cf. Lachèvre, « Bibliographie des Keepsake ». Très curieuse production sortie des presses de Firmin Didot, imprimée par le procédé stéréotype dont il fut l'inventeur. Véritable prouesse technique, la plaque stéréotypée écrite en caractères minuscules est ici placée au centre de la page, afin de renforcer par de vastes marges l'élégance de la typographie.

80 €

63 - PEIGNOT (Gabriel). Choix de testamens anciens et modernes, remarquables par leur importance, leur singularité, leur bizarrerie. Avec des détails historiques et des notes. Paris, Renouard, Dijon, Lagier, 1829. 2 vol in-8, en demi-percaline vert empire, pièces de titre de maroquin brun datées en queue 1829. XXIV, 429 pp ; 496 p. Une étude très approfondie sur ce thème peu banal où apparaît, pour la 1ère fois, le texte du testament de Napoléon dans son intégralité. Outre quelques testaments excentriques, dont certains incroyables d'imagination, on remarquera le travail biographique et le recensement d'épitaphes célèbres et curieuses. Citons le cas de cet excentrique anglais, irlandophobe, qui légua une somme annuelle de 10 £, laquelle somme sera employée à acheter une certaine quantité de whisky. « Il sera donné à vie au public que cette liqueur sera distribuée à un certain nombre de particuliers irlandais seulement ; ils s'assembleront sur le cimetière où je dois être enterré, là, on leur donnera chacun un bâton de bois de chêne et un couteau. Je veux que cela ait lieu tous les ans le 17 mars et le 10 octobre. Ma raison est que les habitants grossiers d'Irlande, chaque fois qu'ils s'assemblent, ne manquent que d'armes pour s'entre-détruire, et j'ai voulu prendre le moyen le plus efficace pour les assembler, dans l'espérance qu'avec le temps ils dépeupleront eux-mêmes leur pays. »

400 €

64 - [Dessins] (…) Carnet de voyage, c. 1830-1840. In-8 oblong en demi-basane d'époque. Charmant carnet de voyage (c. 1830-1840), composé de 18 dessins et aquarelles, essentiellement de marines, souvent très fins et localisés : « Navire anglais », « Les gendarmes à Caen » (fortin), « Paquebots anglais à Caen, abbaye des dames », diverses études de bateaux à voile, personnages, petites esquisses

probablement de la même région, un beau deux-mâts, silhouettes de marins, etc. Le reste du carnet, composé de papiers de diverses couleurs, est demeuré vierge.

250 €

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65 - [Caricature] Important ensemble de plus de 35 dessins originaux au crayon, fusain et plume avec rehaut de gouache, ayant été publié ou ayant été conçu en vue de publication du journal La Caricature en 1831, 1832 et 1833. Album in-4 à l'italienne. Ces œuvres sont majoritairement de la main d'Auguste Bouquet, né à Abbeville (Somme) le 13 septembre 1810, et mort prématurément à Lucques (Italie) le 21 décembre 1846. Peintre, lithographe, graveur et caricaturiste français, Bouquet fait ses études à l'École des beaux-arts de Paris. Élève d'Ary Scheffer, il s'oriente sous l'influence du maître vers l'art nazaréen. Il réalise de nombreuses lithographies de caricatures pour les journaux L'Artiste, La Caricature (1831-1834), Le Charivari (1832-1833), Le Triboulet (1843), ainsi que pour l'ouvrage de Jules Janin Deburau, l'Histoire du théâtre à quatre sous (1832).Collaborateur et ami de Philippon, Honoré Daumier et Grandville, Auguste Bouquet fait partie de cette génération de caricaturistes courageux qui osèrent défier la censure, et dont la cible privilégiée était Louis-Philippe. Les dessins élaboratoires des bois ou lithographies n'étaient généralement pas conservés, et restaient chez l'imprimeur. Un ensemble aussi riche est, à notre connaissance, unique en son genre ; on découvre entre autre les passerelles qui pouvaient exister entre les différents caricaturistes : un personnage de Grandville se remarque au milieu d'une composition de Bouquet, certains autres croquis, non signés, pouvant être de la main d'un Daumier, ou inspirés par lui.

Description : l'ensemble de ces documents est contenu dans un album in-4 à l'italienne : 1 dessin au crayon et plume représentant Louis-Philippe masqué déguisé en république fuyant les quolibets des enfants, publié dans La Caricature (inversée) n°223 pl. 225 du 14 mars 1833 (tirage joint) ; 1 dessin au crayon et lavis rehaussé de blanc, publié dans La Caricature n°81 pl. 163 représentant La cène d'après Raphaël, intéressante composition élaboratoire de la lithographie finale, portant une légende différente de l'imprimé, ce dessin anonyme

pourrait être attribué à Honoré Daumier ; 1 dessin au crayon intitulé « père-scie » publié dans La Caricature n° 85 pl.170 le 14 juin 1832, on y voit le magistrat Jean-Charles Persil tenter de décapiter le journaliste Charles Philipon à l'aide de son grand nez transformé en lame de scie, Philipon est allongé les mains liées sur une pile d'exemplaires de la revue La Caricature dont il était directeur; au verso : un travailleur appuyé sur un râteau s'adressant à un figaro bedonnant, légendé à la plume « Oh ! Figaro, comme te voilà gros et gras - Que voulez-vous Monseigneur la misère… » signé A. Bou ; 1 dessin au fusain représentant la liberté enchaînée à laquelle Louis-Philippe apporte à manger, suivi de personnages serviles ; 1 dessin au crayon et à la plume, Louis-Philippe sous forme de poire, entouré de rayons de soleil, est assis sur un chariot conduit par Figaro ; 1 dessin à la plume représentant un personnage en bonnet dissimulant un gourdin dans son dos au milieu d'une troupe de dindons, et légendé « mes succulents amis, je vous ai rassemblé pour vous demander à quelle sauce vous désirez être mangé… C'est nous faire Seigneur toujours beaucoup d'honneur » ; 1 dessin au fusain et crayon publié dans La Caricature sous le titre « les favoris de la poire » ; 1 dessin au fusain et crayon représentant un homme portant cocarde sur son chapeau et son gilet, embarqué par 4 soldats, et légendé à la plume « je vous prie de croire Messieurs que je ne suis pas du tout républicain » ; 1 dessin à la plume d'un autre style avec un homme urinant contre un mur à l'abri d'un parapluie, et légendé « comme quoi, en épanchant ses ordure le long d'un mur avec un parapluie, il y pousse ensuite la poire » ; 1 dessin au crayon d'une autre main : un empereur nu conduisant un char au milieu d'une foule ; 1 dessin au fusain et crayon représentant un angelot fessu dans la chevelure duquel se devine le visage de Louis-Philippe...

12 000 €

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66 - CERVANTES (Miguel de) L'Ingénieux Don Quichotte de la Manche, traduit et annoté par Louis Viardot, vignettes de Tony Johannot. Paris, J.-J. Dubochet et Cie, 1836-1837. 2 vol. gr. in-8, reliés en demi-chagrin violine à coins, filets dorés de mors et de coins, dos avec cadre de filet doré, orné en long d'un beau décor romantique d'arabesques à-froid souligné d'entrelacs et de petites roses au fer doré (reliure d'époque). Tome I : faux titre, frontispice, faux titre orné, titre à la date de 1836, 744 p. Tome II : faux titre, frontispice (deux personnages assis à un balcon), faux titre orné, différent du tome premier. Exemplaire possédant toutes les caractéristiques de l'édition originale, sauf la page de titre du tome II qui est à la date de 1840 (?).

Belle édition illustrée de 800 vignettes in-texte, gravées sur bois par Tony Johannot. Exemplaire de tout premier tirage possédant bien à la page 256 la figure avec la tête tournée à droite. Le frontispice (Don Quichotte assis) est « avec les moustaches ». Un des très beaux illustrés du XIXe siècle dans une fraîche reliure romantique.

180 €

67 - PERRIN (Olivier) Galerie bretonne, ou Vie des Bretons de l'Armorique, par Feu. O. Perrin du Finistère, gravée sur acier par réveil et publiée par M. Perrin fils, avec texte explicatif par M. Alexandre Duval, de l'Académie française. Paris, Isidore Pesron, Libraire-éditeur (...) en Bretagne, chez les principaux libraires. 1835, 1836 et 1838. 3 volumes in-8, demi-veau glacé vert à coins, dot plat orné de filets et à froid (reliure romantique contemporaine). Dos légèrement passé. Ouvrage illustré de plus de 120 gravures au trait hors texte. (2) Faux-titre, titre, 196p. (T1) ; (2) Faux-titre, titre, 161p. (T2) ; (2) Faux-titre, titre, 162p. (T3). Sans doute l'un des livres les plus importants sur les mœurs et coutumes des Bretons sous l'Ancien Régime. Comme nous l'apprend la préface, cet ouvrage est le fruit de 40 ans d'observations et de notes prises sur le vif sur la vie quotidienne de la paysannerie bretonne. Au fil des trois volumes, qui nécessitèrent trois années de conception, sont abordés tous les thèmes de la vie quotidienne : naissances, mariages, processions, chants, coutumes et superstitions populaires attachées aux rites anciens, taolénou, bénédiction des bestiaux, fiançailles, création du mobilier, etc. Irremplaçable témoignage et premier ouvrage ethnologique sur la Bretagne, l'ouvrage de Perrin, qui ne se rencontre que très rarement, se trouve ici dans une reliure strictement contemporaine.

800 €

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68 - Panneau vantant les bienfaits de la bière de mars (c. 1840). Etat : mouillures et brunissures.

Très amusante et importante composition, au lavis, à l'encre et à l'aquarelle (98 x 137 cm). Vantant d'un point de vue grandiloquent et moral les mérites de la bière, comparés aux effets destructeurs du vin rouge. Les affres du vin rouge : ivresse, violence et perte d'emploi. Les bienfaits de la bière : opulence, tempérance et joie de vivre.

600 €

69 - BARTHELEMY L'art de fumer, ou La pipe et le cigare, Poème en trois chants, suivi de notes. Paris, Lallemand-Lépine, Martinon et Paul Masgana, 1844. In-8 en demi-veau tabac, dos plat orné de fleurons. (1bl), 94p., (1 erratum). Un amusant poème sur ce sujet singulier, augmenté d'un long erratum savant et pittoresque sur le tabac et l'art de pétuner.

80 €

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70 - Daguerréotype (circa 1845) Daguerréotype demi-plaque, à vue 14 x 11 cm, dans un bel encadrement d'origine, verre d'origine ; rehaussé en couleur. Représentant un père et sa fille, une mention manuscrite au dos nous donne l'identité des personnes représentées : « Monsieur Louis Vérité et Mlle Louise Vérité mariée à M. Jules Jouet ». Un daguerréotype surprenant de vie, centré sur le visage de cette petite fille au regard sombre, presque inquiétant, qui donne à l'image comme une touche surnaturelle.

800 €

71 - CABET (Etienne) Voyage en Icarie - Fraternité (...) - Bonheur commun. Paris, Bureau populaire, 1848. In-8, demi-basane verte, dos plat orné de motifs romantiques. (VIII), 600 p. Exemplaire en reliure du temps de cette édition de 1848 de ce voyage manifeste en pays d'Icarie, dans laquelle Cabet expose en trois parties les principes de la communauté icarienne et les axes de sa doctrine. Rare dans une telle condition.

150 €

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72 - [Album de photographies] Reportage photographique, circa fin des années 1850 - début 1860 (1863 ?) : le château de Ranay. 38,5 x 30 cm, in-folio à l'italienne en pleine percaline frappée sur le plat supérieur « Ranay ». 34 photographies tirées sur papier salé. Un reportage photographique réalisé au tournant du XIXe siècle (entre 1855 et 1863 au plus tard) sur le château de Ranay, situé sur la commune de Saint-Martin-des-bois, dont la date de restauration permet de situer la date de ces prises de vue. L'album se compose de photographies 9 x 5,5 cm disposées par 4 par page et de grands tirages d'environ 20 x 15 cm en pleine page. Ces

photographies représentent l'état du château tel qu'il était avant l'exécution des travaux d'embellissement, et la demeure en cours de restauration. L'observation attentive des photographies indique une véritable mise en scène de chacune d'entre elles : femmes en crinoline, enfants accoudés sur des traverses de bois afin d'éviter de bouger, etc. Deux photos de groupe du personnel du château (femmes de chambres, lavandières, etc.), portrait du propriétaire en pied dans le parc, simulant une action de chasse, en barque sur l'étang, auprès d'une serre, etc. Les temps de pose de chacun de ces clichés sont importants, comme l'indiquent les effets de bouger sur certains détails (traces de mouvements). Cet étonnant travail a été exécuté semble-t-il par un photographe expérimenté, et très soigneusement monté

dans un album spécialement conçu à cet effet. Il se dégage de cet ouvrage une grande cohérence : il s'agit en effet d'un reportage photographique sur le château de Ranay, et non d'un recueil classique de photographies de famille. L'originalité du thème – la restauration d'un château mis au goût du temps – semble être un cas unique dans les annales photographiques ; aucun album de ce type n'est en effet recensé dans les collections publiques, ni dans les ventes de ces vingt dernières années. L'originalité de cette démarche tient sans doute à la personnalité du propriétaire des lieux, Arthur-Marie-Pierre Marquis de Quinemont,

propriétaire terrien légitimiste rallié au bonapartisme. L'on peut penser que l'homme, impressionné par les grands travaux ordonnés par Napoléon III, aura souhaité s'inscrire dans cet élan. Plat supérieur détaché, coiffe supérieure manquante, quelques feuillets détachés des onglets. Très bel état de conservation des clichés.

3 500 €

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73 - GUIZOT (Guillaume) Ménandre, étude historique et littéraire sur la comédie et la société grecques par Guillaume Guizot. Paris Didier Libraire et Editeur, 1855. In-8 en veau blond, dos à 5 nerfs daté en queue 1855, pièce de titre de maroquin noir, tranches jaspées (Mourlier). Aux armes du Marquis Pavée de Vendeuvre. (1bl), (3), 457 p., (1). Bel exemplaire armorié de cette importante étude sur le théâtre grec, couronnée par l'Académie française en 1853.

80 €

74 - [Almanach] Almanach napoléonien, pour l'an 1857. Rouen, Chez Mégard et Cie, éditeur, 1857. Petit in-8, broché et cousu à la main, couverture jaune illustrée d'un portrait de Napoléon III, timbre de colportage sur la page de titre. Gravures sur bois naïves dans le texte. Agréable almanach de colportage avec sa couverture d'origine cousue main, illustré de gravures édifiantes (portraits de l'Empereur et d'Eugénie) ou curieuses (combats navals, tenues de soldats, etc.). Très amusant et pittoresque, avec météorologie conçue pour l'année, un horoscope (qui fonctionne toujours très bien), et de sages conseils toujours d'actualité.

50 €

75 - PHILIPS (J.P.) (Joseph DURAND DE GROS) Cours théorique et pratique de braidisme ou hypnotisme nerveux considéré dans ses rapports avec la psychologie, la physiologie et la pathologie et dans ses applications a la médecine, a la chirurgie, a la physiologie expérimentale a la médecine légale et a l'éducation, Par le Docteur J.P. PHILIPS. Paris, 1860

Grand in-8 en demi-maroquin rouge, dos à 5 faux-nerfs, couverture d'origine conservée. Coins légèrement usés, rousseurs éparses en début et fin de volume. (1bl), XII, 180 p., (1bl). Du nom de James Braid, médecin anglais qui a publié en 1843 un livre fondateur sur ce sujet. Sous le pseudonyme de Philips, Durand de Gros reprend ici les idées de Braid enrichies de ses propres théories et expériences sur l'hypnose. Il ouvre la voie à l'Ecole de la Salpêtrière et au travail de Charcot sur l'hystérie.

Edition originale. Texte précurseur dans l'histoire de la psychanalyse. Très peu commun. 650 €

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76 - [Photographies] 31 photographies de musiciens, circa 1860-1870. Album de photographies en chagrin estampé à froid, in-8, composé de 31 photographies de format cartes de visite, uniquement de musiciens. Une rare réunion de photographies XIXe de musiciens ayant posé avec leur instrument : violon, mandoline, cor, bugle, flûte, violoncelle, viole, quatuor à cordes, clarinette, etc. La plupart de ces clichés, pleins de charme, portent le nom des photographes.

800 €

77 - MUSSET (Alfred de) Œuvres. Paris, Charpentier, 1867. 10 volumes in-16, plein maroquin janséniste, dos à nerfs, tranches dorées, roulette intérieure (reliure signée A. Bertrand). Quelques rousseurs. Timbre humide « Auguste Fontaine ». Très bel exemplaire dans un élégant maroquin rouge signé, de ce livre illustré par la photographie, tiré à petit nombre. Auguste Fontaine, libraire et grand bibliophile, aimait à faire relier ses propres livres par les plus habiles relieurs de l’époque ; sa librairie, sise passage des Panoramas, était un haut-lieu de rencontres littéraires et bibliophiliques. Bel exemplaire de cette édition de luxe illustrée de 29 photographies par Collin.

550 €

78 - SOULARY (Joséphin) Les Diables bleus, nouvelles poésies. Paris, Alphonse Lemerre, éditeur ; 1870. Très bel in-8, en demi-maroquin bleu à long grain et à coins, filet doré sur les plats, dos à cinq nerfs à belle ornementation de fleurons, daté en queue, tranche supérieure dorée. Imprimé sur beau papier. (1bl), VIII (faux titre, titre, dédicace), 174 p., (1) (table des matières), (1bl).

Une très belle édition de ce recueil de poèmes de l'estimé poète en son temps, Joséphin Soulary. Baudelaire lui-même ne manquait pas de louer ses vers, il écrit dans une lettre à Armand Fraisse du 18 février 1860 : « Que M. Soulary soit un grand poète, cela est évident aujourd’hui pour tout le monde, et cela a été évident pour moi dès les premiers vers que j’ai pu lire de lui. » Si les poètes les plus appréciés en leur temps ne sont pas toujours ceux qui passent à la postérité, la remarquable reliure de maroquin bleu à long grain qui accompagne le recueil témoigne néanmoins de l'admiration que suscitaient les poèmes de Soulary. Sainte-Beuve n'hésitait pas à voir en lui l'un des plus grands sonnettistes du siècle. Une très belle édition qui mérite sans doute que l'on s'y attarde, afin de redécouvrir ces poèmes qui ont marqué le XIXe siècle. 250 €

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79 - GUILLEMIN (Amédée) LE SON, notion d'acoustique physique et musicale, ouvrage illustré de 70 figures gravées sur bois. De la collection Petite encyclopédie populaire. Paris, Librairie Hachette, 1875. Petit in-8, en demi-veau blond orné de petits fers à la grotesque, pièce de titre en maroquin rouge, illustré de 70 gravures sur bois. (1bl), 1 ff (Faux-titre), 1 ff (Titre), VIII, 268 p., 2 ff (Table), (1bl). Agréable exemplaire de cet ouvrage de vulgarisation scientifique, illustré de pittoresques gravures sur bois représentant toutes les propriétés de l'acoustique (telles que la réfraction des ondes sonores, l'étude optique des mouvements vibratoires, etc.).

40 €

80 - L'ombre de Van Gogh : Souvenir du Tambourin... Deux tambourins issus de la succession René-Paul Huet (1844-1928), peintre français élève de Pils et de Paul Huet son père. Ces tambourins peints proviennent du fameux cabaret Le Tambourin, tenu par Agostina Ségatori (1841-1910), modèle de Manet, Corot et Vincent Van Gogh, dont le musée Van Gogh d'Amsterdam possède une œuvre la représentant dans son établissement, ainsi qu'un tambourin décoré par H. Tode ayant appartenu à Vincent (comme on peut le voir sur l'affiche du café). Cet endroit maintes fois décrit, refuge de tous les talents mis à l'écart du Salon Officiel, était uniquement meublé de tambourins : tables-tambourins, chaises-tambourins, etc. Ces tambourins étaient mis à la disposition de chacun pour vaincre la surdité des critiques officielles. Ces objets, peints par les plus importantes figures de la fin du siècle (Gauguin,

Van Gogh, Pissarro, Toulouse-Lautrec, etc.), ainsi que tous les tableaux qui ornaient les murs, parmi lesquels figuraient les plus importants chefs-d’œuvre du siècle, furent vendus à l'encan pour quelques francs. On dit que parmi ces tableaux, se trouvaient les Iris et les Tournesols de Vincent Van Gogh, versés en gage pour quelques repas en 1887. Ces deux tambourins se présentent tels qu'ils étaient à l'époque, peinturlurés sur les bords et décorés sur la peau de deux compositions anonymes, dont une particulièrement intéressante car manifestement empreinte d'esthétique néo-impressionniste : dans la palette douce d'un soleil levant, deux voiliers se dessinent sur une mer calme, avec en avant-plan audacieusement placée, une mouette qui structure l'espace. Le deuxième reprend un motif floral fin de siècle : œillets, papillons, oiseaux.

1 500 €

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81 - FABRE DE LAMAURELLE (Sosthène) Archives de l'Amiral Sosthène Fabre de Lamaurelle, composées de 12 cahiers manuscrits, rédigés de 1884 à 1886 et relatant des faits et souvenirs sur l'ensemble de la carrière de l'Amiral. 12 carnets in-8 et grand in-8 en demi-percaline à coins cartonnés de couleur bordeaux, verte, noire et bleue. Archives de l'amiral Fabre de Lamaurelle

Sosthène Fabre de Lamaurelle entre dans la Marine en 1826. On le retrouve aux Antilles en 1835, où il établit une carte du canal des Bahamas, avant de devenir Aide de camp du Prince de Joinville. Il participe ensuite à la campagne du Mexique, à la prise de Saint-Jean d'Ulloa, et prend part à l'expédition qui ramène les cendres de Napoléon Ier. De 1857 à 1858, il commande le « Suffren » pendant la campagne de Crimée, et l' « Arcole » pendant la campagne d'Italie. Il est fait Commandeur de la Légion d'Honneur le 6 août 1858. Au 1er janvier 1869, il est Commandant supérieur de la Marine en Algérie, poste qu'il occupera jusqu'en février 1872. Nommé Vice-Amiral le 4 février 1872, il est enfin membre du Conseil d’Amirauté au ministère de la Marine, puis quitte le service actif le 13 août 1879. Ces archives, rédigées dans une écriture fine et lisible, se composent de : - un carnet portant en titre « Commission d'enquête sur les actes du Gouvernement de la Défense Nationale » (exceptionnel témoignage d'un acteur majeur des événements ayant secoué l'Algérie de 1870 à 1873) - un carnet de notes diverses (1884-1885), en partie sur la guerre du Tonkin - un carnet sur les ateliers chrétiens de Saint Pierre de Chaillot (1885) - un journal tenu au jour le jour de février 1885 à janvier 1887 (6 carnets numérotés de 1 à 7. Pas de numéro 2.) - un carnet de souvenirs (1887-1888), témoignant au jour le jour de la montée du boulangisme - un carnet de poésies - un carnet intitulé « Le Feuilleton » Le premier carnet relate les troubles occasionnés par la Commune à Alger même et par la grande insurrection arabe qui lui succéda. Le récit extrêmement précis de l'ambiance insurrectionnelle de la ville d'Alger opposée à la marine nationale déployée en rade est absolument saisissant. Seul responsable de l'autorité militaire sur les lieux, l'Amiral Sosthène Fabre de Lamaurelle doit contenir l'insurrection populaire et endiguer la masse révolutionnaire qui tente de s'emparer des arsenaux. Grâce à d'habiles manœuvres alliées à un sens certain de la diplomatie, le bain de sang est évité, mais l'explosion sociale génère un soulèvement généralisé des populations arabes. Le récit circonstancié des événements est servi dans ce document par des extraits d'articles de presse, et par des relations extérieures qui complètent le tableau de cette guerre méconnue. Les autres documents, journaux intimes et carnets littéraires, n'en sont pas moins intéressants. Le fils de l'Amiral étant en 1884 embarqué au Tonkin, nous suivons au jour le jour les récits des combats de notre flotte en Mer de Chine. Avec l'anxiété d'un père aimant, l'Amiral guette l'arrivée du courrier et relate les faits d'arme de son fils. Celui-ci, après une campagne glorieuse, sera rapatrié sanitaire à Toulon avant la fin du conflit et gagnera au feu ses nouveaux galons. La partie domestique des carnets nous plonge au cœur des préoccupations du patriarche empli d'amour filial ; il note avec humour et tendresse les faits et gestes de la famille élargie. Une large partie des écrits concerne les événements contemporains : évolution du conflit au Tonkin, mort de Victor Hugo, agitations politiques à la Chambre des députés, montée du boulangisme ! Le tout accompagné d'analyses et de considérations politiques d'une grande finesse ; l'Amiral Fabre de Lamaurelle ne dissimulant pas sa sensibilité monarchiste. Deux cahiers sont enfin franchement littéraires, l'un sur les dangers des feuilletons (très amusant), l'autre de poésies légères. Un bel ensemble passionnant et varié, éclairant une période tumultueuse de notre histoire.

1 500 €

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82 - Netsukes XIXe siècle. 4 petites statuettes type NETSUKE en ivoire, à tête mobile, hauteur 5,4 cm. Ces charmantes et fascinantes petites

statuettes s’inspirent du théâtre nô et

révèlent leur nature à la fois positive et

maléfique, dans un changement quasi-

instantané.

600 €

83 - [Album de photographies] CLARY (Joachim) Album photographique du Japon (c. 1900). La Cypango lointaine restituée dans un album photographique unique ayant appartenu à Joachim Clary, ami et inspirateur de Marcel Proust

Album photographique in-folio à l’italienne, 21 x 26 cm. Contenant 186 photos de format 8 x 6 cm, montées sur onglet par ensemble de 4, recto-verso sur carton fort. Reliure de l'époque, demi-basane noire frottée à coins. Un passionnant et superbe album composé à la fin du XIXe siècle, témoignant d’un voyage touristique en Birmanie (72 photos), puis au Japon (114 photos). Par un parti-pris tout à fait moderne, le photographe dans cet album s’est attaché à rendre compte de la vie quotidienne : combats de sumos en plein air, pilonnage des céréales, rues commerçantes, paysans sur les flancs

du Mont Fuji, jeunes femmes en kimono, pousse-pousse, pagodes et jardins, couchers de soleil, étendards et banderole, scènes de pêche en bord de grève, cimetière shintoïste, jonques, ponts suspendus, etc. Bien que de format modeste et de tirage visiblement amateur, il se dégage de cet ensemble une ambiance envoûtante et mystérieuse. Cet album est l’œuvre de Joachim Clary (1875-1918) (mention manuscrite, signature autographe sur le premier contre-plat), japoniste de la première génération, ami intime de Marcel Proust, Lucien Daudet, Robert de Montesquiou, inspirateur supposé de Marcel Proust pour la partie japonisante de La Recherche du Temps Perdu. Il vivait lui-même en compagnie d’un valet japonais, ramené d’un voyage à Kyoto où ce dernier travaillait comme garçon d’hôtel. Il est l’auteur de L’île du soleil couchant, paru chez Arthème Fayard en 1912, roman sur le Japon cité par Marcel Proust dans une de ses lettres de novembre 1912. Un important album s’inscrivant dans la mouvance japoniste de la fin du XIXe siècle. Le japonisme en France eut de nombreux adeptes : des impressionnistes à Toulouse-Lautrec, des frères Goncourt à Marcel Proust. Mais très rares sont les témoignages de première main qui nous sont parvenus du Japon lui-même. Cet album en est la parfaite illustration. Radicalement différent dans sa conception des classiques albums de souvenirs rapportés par des officiers en escale, il exprime la fascination qu’exerçait Cypango sur les jeunes créateurs de la fin du siècle.

1 800 €

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84 - POULTNEY BIGELOW While Charlie was away. London, 1901. Percaline éditeur usagée aux mors. Ex-libris manuscrit Mary C. Murray de 1904. Abondamment et spirituellement illustré d'aquarelles : des scènes de genre traitées dans une palette délicate sont vivement brossées, souvent comiques, très fin de siècle dans l'esprit.

250 €

85 - [Photographies] Mistinguett & Chevalier 10 vues stéréo (négatifs sur verre) et 10 contretypes de Maurice Chevalier (vues originales et inédites). Photos réalisées en 1912, représentant Maurice Chevalier seul en costume de Prosper, Maurice Chevalier et Mistinguett en costume de scène, Mistinguett dans sa loge avec sa costumière, un clown, Mistinguett seule montrant ses belles gambettes... Dans sa boîte d'origine sur laquelle est noté « Miss et Chevalier ». Joint : une dizaine de tirages sur papier de ces plaques. Un émouvant témoignage sur ces deux monstres sacrés, l'un des couples les plus emblématiques de la France d'avant-guerre. Maurice Chevalier, étonnamment jeune et beau, offre ici un visage qu'on ne lui connaît guère.

250 €

86 - MARDRUS (J. C.) Histoire d'Aladin et de la lampe magique. Pékin, Collection Coréenne Composée Sous La Direction De Victor Segalen Pour Georges Crès & Cie, 1914. Deux volumes grand in-8 étroit (reliure chinoise cousue de fil vert), emboîtage en soie sauvage vert émeraude doublé de papier de riz et à deux fermoirs en ivoire. Légères usures sur l'emboîtage. 87 p. Tirage à 630 ex., ici l'un des 570 ex. num. sur Vergé Pelure (n°82).

La collection « Coréenne » a été créée à Pékin par Victor Segalen (1878-1919), arrivé en Chine en 1908, pour les éditions Georges Crès. Segalen édite trois ouvrages pour cette collection : Stèles (1912), Connaissance de l'Est de Paul Claudel (1914) et l'Histoire d'Aladin la même année. Cet ouvrage mêle des éléments de calligraphie arabe en ornementation à un travail typographique occidental et une reliure extrême-orientale comme l'explique Victor Segalen dans la justification d'édition : « Les maximes arabes qui le décorent ont été choisies et gravées à Péking par des calligraphes chinois auxquelles ils étaient familiers : car les Mahométans sujets de la Chine sont nombreux. » Très bel exemplaire de ce livre étrange, rareté bibliophilique mais aussi édition princeps des Mille et une nuits imprimée en Chine. 600 €

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87 - [Photographies] 35 photographies légères, circa 1920, portant pour certaines le label Film Art, ou des monogrammes C, PC, etc. 35 photographies originales sépia et noir et blanc en tirage d'époque, de 1900 à 1930. Ces photographies de studio à l'éclairage travaillé, souvent prises en contre-plongée, jouent volontiers sur l'érotisme des regards, une mise en scène délicate autour du thème des amours ancillaires. Un bel ensemble représentatif du froufroutant érotisme d'avant-guerre.

600 €

88 - CARTERET (L.) Le Trésor du Bibliophile Romantique et Moderne (1801-1875). Paris, 1924-1928. 4 volumes in-4, brochés non coupés à l'état de neuf. 4 volumes totalisant 1860 p., Illustré de 281 planches dont 251 sont en couleur. Cette bibliographie est un choix de livres du XIXe siècle, les plus estimés parmi les Éditions Originales et les Livres illustrés. Divisée en deux parties, elle est précédée de propos bibliophiliques, notices sur les auteurs et agrémentée de 281 documents, titres, autographes, reliures et couvertures originales en réduction , reproduites en couleur. I. - Éditions originales. Tome premier : A à K . Tome second : L à Z . II . Livres Illustrés. Le quatrième volume comprend les tables. La délicatesse des reproductions couleur au pochoir différencie ce tirage original des années 1920, de la belle réédition de 1976. Un très bel exemplaire broché à l'état de neuf de cet incontournable usuel, véritable bible concernant l'époque romantique.

500 €

89 - [Livre de photographies] Nus. La beauté de la femme. Album du premier salon international du nu photographique. Daniel Masclet, Paris, 1933

96 photographies, « gravées [en héliogravure] et imprimées chez Braun et Cie ». In-4, broché, à l'état de neuf. Cet album fut publié à l'occasion du premier salon international du nu photographique tenu à Paris en 1933. Cette luxueuse publication regroupe pour la première fois les noms des photographes les plus réputés, dont Albin-Guillot, Baccarini, Beck, Caillaud, Pierre Boucher, Frantisek Drtikol, Evansmith, Andres Feiniger, Franz Fiedler, E.O. Hoppé, Manassé, Daniel Masclet, Jean Moral, Laszlo Moholy Nagy, Man Ray, Verneuil, Yva, Alois Zych. On y trouve notamment le très célèbre Violon d'Ingres de Man Ray. Exemplaire à l'état de neuf.

900 €

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90 - BAYLE (Dr. François) Croix gammée contre Caducée. Les expériences humaines en Allemagne pendant la Deuxième Guerre mondiale. Neustadt, 1950. Fort in-8, relié en pleine toile noire éditeur. XXVII, 1521 p.

Lors du premier procès de Nuremberg, les médecins et scientifiques furent tenus à l'écart. Ce n'est que quelques années plus tard que l'ampleur de la barbarie nazie fut révélée au monde, notamment les épouvantables expériences médicales pratiquées sur les déportés à Dachau, Auschwitz, etc. Cette lente prise de conscience assez incompréhensible de nos jours est à resituer dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale et avant la définition du Crime contre l'humanité. Cet impressionnant document, dont la lecture est parfois éprouvante, étonne par le candide et stupide système de défense des accusés, qui manifestement eux-mêmes n'ont pas saisi l'ampleur de l'horreur à laquelle ils ont participé. Un exemple parmi d'autres, celle du professeur Schilling, médecin volontaire affecté au camp de Dachau, qui poursuivit ses expériences in vivo sur les maladies infectieuses ; il ressort de ses déclarations qu'il n'était pas au courant des violences occasionnées aux prisonniers dans le camp, que si c'était à refaire (sic), il utiliserait plutôt des volontaires, et il termine sa déclaration par une demande d'autorisation à la Cour de poursuivre ses travaux afin d'en démontrer la valeur scientifique. Le Docteur Schilling sera pendu à la fin de son procès.

200 €

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91 - MOREL (Abbé Maurice) Compositions à l’huile sur papier.

Figure atypique de l’art moderne, Maurice Morel est tout à la fois peintre, critique et abbé. Né à Ornans en 1908, il s’installe à Paris à la fin des années 1920 pour poursuivre ses études théologiques. Au même moment, il envoie ses poèmes à Max Jacob qui l’encourage dans la voie de l’écriture, marquant le début d’une indéfectible amitié entre les deux hommes. Peu à peu, Morel fréquente également les milieux artistiques. Il participe à l’organisation d’expositions (Galerie Lucy Krohg, 1933), crée un atelier de peinture, effectue ses premières conférences. Son activité de critique se développe pendant la guerre, alors qu’il soutient le mouvement Jeune France marqué par l’idée de l’art sacré, question au centre de la pensée de Morel. Devenu un proche de Georges Rouault, il

préface son Miserere, célébrant ainsi avec passion la « transcendance quasi sacramentelle » de l’ouvrage. Dans les années 1950, Maurice Morel devient à la demande du Pape conseiller des Musées du Vatican pour les acquisitions en art contemporain. Grâce à lui sont achetées des œuvres de Bazaine, Manessier, Villon et bien sûr Rouault. Parallèlement, Morel ne cesse de peindre. Dans les années 1960, encouragé par ses amis, il consent de manière certes très confidentielle à exposer à son tour. Il réalise également quelques vitraux et tapisseries pour l’Église. Affaibli depuis les années 1980 par de graves ennuis de santé, Abbé Morel meurt en 1991. « Une peinture n’est pas religieuse par son sujet ou sa technique, mais par son esprit. » Voilà ce qu’affirme Maurice Morel dans un texte-manifeste intitulé « Pour un art religieux » (1946). Voilà aussi ce qui résume le mieux sa démarche artistique. On sait peu de choses de la genèse de son œuvre. Très tôt, il veut devenir peintre. Une visite, enfant, au musée de Besançon l’a beaucoup marqué. Mais ses premières peintures connues datent des années 1950. Il s’agit de compositions abstraites articulées le plus souvent autour d’une structure linéaire évoquant le vitrail. Morel révèle là un sens aigu de la couleur jouant sur des camaïeux tantôt très sourds, tantôt plus acides. Il ne cesse de chercher, d’inventer, là grattant le papier, ici utilisant un support plus brillant, enduisant parfois la surface d’une fine couche de cire. C’est pour ses travaux de petit format qu’on lui connaît l’inventivité la plus foisonnante, dans une recherche constante de la spiritualité par la forme. Il se concentre parfois uniquement sur le noir et le blanc, dans des compositions plus lyriques où, à l’instar d’autres artistes à la même époque, le geste du peintre se trouve au centre de l’œuvre. Le plus souvent, Morel utilise comme support du papier recyclé soigneusement conservé puis choisi (cartons d’invitation, réclames, emballages, etc.).

91 a : 31 x 24 cm. 500 €

91 b : 31 x 24 cm. 500 €

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À la fin des années 1970 et au début des années 1980, le travail de Maurice Morel prend une orientation nouvelle, plus figurative. Avec une même obsession, il déploie dans des dizaines de petits dessins le motif hypnotique de l’horizon. Parfois naturaliste – on reconnaît un bosquet, une vague –, il est le plus souvent traité sur un mode méditatif, comme un paysage de rêve. On retrouve le même goût du coloris, alternant des ambiances de brumes mystérieuses et l’éclat violent d’une lumière d’été. Le vieil artiste, dans un « recueillement purifiant » pour reprendre ses propres mots jadis appliqués à d’autres, propose ici une vision apaisée, remarquablement épurée : une peinture emplie d’esprit. D’autres œuvres de l’Abbé Morel sont disponibles en boutique.

92 - [MOREL (Abbé Maurice)] - BRASSAI Deux tirage originaux par Brassai de l’Abbé Morel au milieu de ses livres, portant au dos son timbre humide.

De très belles images de l’Abbé Morel, empreintes d’une atmosphère nimbée et poétique.

93 - [Dessins] KEOGH (Tom)

92 a : 29,5 x 23 cm. 600 €

92 b : 29, 5 x 23 cm. 600 €

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Quatre dessins.

93 a : 50,3 x 40 cm. 350 € 93 b : 45 x 31 cm. 350 € Affichiste de talent et dessinateur surdoué, Tom Keogh n'a laissé derrière lui que quelques livres illustrés, un

grand nombre d'esquisses, de costumes, notamment pour Rolland Petit, quelques projets de décors, et dit-on,

de nombreuses dettes. D'un talent comparable à celui de Bérard dont il était l'ami, ses œuvres témoignent d'un

goût exquis empreint de nostalgie, où se dessinent les silhouettes de Zizi Jeanmaire et Roland Petit.

93 c : 56 x 38 cm. 300 € 93 d : 32 x 32 cm. 220 €

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94 - MICHAUX (Henri) Vers la complétude. GLM (1967).

Une délicate plaquette sortie des presses de Guy Lévis Manot, portant ce magnifique envoi d'Henri Michaux, aussi humble que poétique. In-8 en feuillets, couverture, non coupé. Achevé d'imprimé le 31 décembre 1966 par Guy Lévis Mano, « un des quelques exemplaires hors commerce, marqués HC ».

ENVOI AUTOGRAPHE SIGNE D’HENRI MICHAUX À RENE BERTELE : « A René Bertelé, quelques uns des instants qu'on croit inoubliables ».

800 €

95 - MICHAUX (Henri) En rêvant à partir de peintures énigmatiques. Fata Morgana, 1972. In-8 en feuillets sous couverture. Edition originale tirée à 1270 exemplaires, exemplaire 51/60 sur arche, 2ème grand papier après 10 sur Japon. Couverture légèrement insolée. 72 p.

« Que soit aux défunts accordée une dernière faveur. Cercueil coudés pour morts préférant reposer assis... à demi "redressés" déjà. »

300 €

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96 - MICHAUX (Henri) Jours de silence. Fata morgana, 1978.

In-8 étroit. Edition originale tirée à 1800 exemplaires, un des 60 exemplaires numérotés sur Ingres d'arches, deuxième grand papier après 20 exemplaires sur Japon.

Edition originale de ce texte magnifique écrit juste au-dessus de ces jours de silence où s'entend l' « Eau lapée par la langue d'un loup ».

250 €

97 - MICHAUX (Henri) Une voie pour l'insubordination. Fata morgana, 1980. In-8 broché non coupé, couverture éditeur à rabats. Edition originale tirée à 1800 exemplaires, un des exemplaires sur vergé teinté. 67 p.

80 €

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98 - MICHAUX (Henri), Catalogues d’expositions.

Œuvres récentes, 16 mars – fin avril 1971. Le Point Cardinal, Paris, 1971. Couverture illustrée en noir, frontispice reproduisant une aquarelle en couleur, 28 œuvres reproduites et rétrospectives des expositions d’Henri Michaux. Etat de neuf.

Œuvres nouvelles, 26 novembre 1874 – fin janvier 1975. Le Point Cardinal, Paris, 1974. Couverture en couleur, frontispice en couleur, 26 œuvres reproduites en noir et 2 en couleur. Préface originale de Jean-Dominique Rey.

Œuvres récentes, 17 novembre – fin décembre 1976. Le Point Cardinal, Paris, 1976. 20 œuvres reproduites, dont 2 en couleur. Importante rétrospective des expositions Michaux depuis 1937.

Œuvres récentes, 15 avril – 15 juin 1980. Le Point Cardinal, Paris, 1980. Couverture en noir et blanc. 33 œuvres reproduites.

Œuvres récentes, 30 mai – fin juillet 1985. Le Point Cardinal, Paris, 1985. Couverture en couleur, frontispice en couleur. Présentation par Bernard Collin. 22 œuvres reproduites en noir et en couleur. Textes par Emil Cioran, Octavio Pav et Yves Peyré.

70 € pièce

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99 - Livre magique Livre amulette écrit sur écorce d'arbre en alphabet (guèze ?), replié en accordéon, entre deux plaquettes de bois noir sculptées à motifs de lézards stylisés et de feuille d'arbre. Ce fascinant petit livre est illustré de mystérieux diagrammes et figures ésotériques (dragon, serpent, étoile, figure anthropomorphe), probablement formules de nature magique, dessinés à la plume et rehaussés d'un beau rouge.

280 €

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Retrouvez désormais la Librairie L’Œil de Mercure sur Internet

http://oeildemercure.com

Nouveautés, précédents catalogues, listes thématiques,

paiement sécurisé, compte personnalisé, etc.

(Nous continuerons bien évidemment l’édition de catalogues papier…)

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