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Coraf Action Coraf Action 5e bimestre 2015 pRoDUCtEURS Et UtILISAtEURS AU CEntRE DE LA REChERChE AgRICoLE N° 80 www.coraf.org LEttRE D'InFoRMAtIon BIMEStRIELLE poUR LA REChERChE Et LE DévELoppEMEnt AgRICoLES En AFRIqUE DE L'oUESt Et DU CEntRE Burkina Faso, Mali, ghana et Cameroun Qui nourrit les semences, nourrit l’alimentation En Afrique subsaharienne, depuis plus de cinquante ans, les formes de production et de mise à disposition des semences des variétés améliorées (non traditionnelles) par les puissances publiques sont vraiment en mutation. Elles se sont, en effet, révélées d’importants intrants pour tout système de production et de culture. En ce qu’elles déter- minent l’accroissement des rendements et la valorisation des autres intrants (entre 25 et 40 % d’augmentation de la productivité), leur potentiel plus élevé aidant, et atténuent les contraintes de toute sorte. L E poètE pRéSIDEnt SEnghoR, nE disait-il pas que « l’homme est au début et à la fin de tout développe- ment » ? Si cette assertion est avérée dans le temps, alors quatre Systèmes nationaux de recherche agricole (SnRA) ne se sont guère trompés en mettant en place le « projet de renforcement de la recherche et du développement des systèmes semenciers en Afrique de l’ouest et du Centre ». Et ce, pour une durée de trois ans, de 2011 à 2014. En lançant ce projet sous-régional, au sein du CoRAF/WECARD soutenu par le Commonwealth Scientific Institute for Research organizati on (CSIRo), le bras technique de l’Australian Agency for In- ternational Development (AUSAID), et l’In- ternational Crops Research Institute for Semi-Arid tropics (ICRISAt), l’Institut de l’environnement et des recherches agricoles (InERA) du Burkina Faso, l’Institut de recherche agricole pour le développement (IRAD) du Cameroun, le Savannah Agricultural Research Ins- titute (SARI) du ghana et l’Institut d’é- conomie rurale (IER) du Mali avaient le même but. C’est-à-dire contribuer à l’amé- lioration de la disponibilité, de la deman- de et de l’accessibilité des semences améliorées de qualité à l’ensemble des productrices et producteurs nationaux. Ainsi que le même objectif général qui est de renforcer, de manière participa- améliorées des principales cultures vivriè- res et oléo-protéagineuses que sont, res- pectivement, le sorgho, le mil, le maïs, le niébé et l’arachide, à l’échelle aussi bien nationale que sous-régionale. Non-fonctionnement et fonction- nement irrégulier des comités... Mais le malheur est que le Secteur privé s’y n’était même pas inscrit aux abonnés absents, surtout dans l’industrie semen- cière, lui manifestant ainsi peu d’inté- rêt. D’où le vide créé dans le marché qui ne demande qu’à être occupé. En effet, beaucoup de programmes nationaux de reproduction n’ont pas de systèmes éta- blis pour le maintien des producteurs de semences des variétés homologuées et sont encore moins liés aux systè- mes publics ou privés de production de semences de base. Ce qui est sûr et certain est que tous les pays ne peuvent se permettre de main- tenir des programmes de reproduction pour toutes les cultures importantes au profit de leurs petits producteurs et comp- tent sur les programmes de sélection génétique des Centres internationaux de recherche agronomique (CIRA) pour la mise à disposition des nouvelles variétés et la fourniture des semences de pré-base et de base. Cela va s’en dire que, dans un tel contexe, une approche plus coordonnée est né- tive et durable, les capacités des systè- mes de production et de diffusion des performantes semences des variétés

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Coraf Action

Coraf Action5e bimestre 2015

pRoDUCtEURS EtUtILISAtEURS AU CEntRE DE LA REChERChE AgRICoLE

N° 80www.cor

af.org

LEttRE D'InFoRMAtIon BIMEStRIELLE poUR LA REChERChE Et LE DévELoppEMEnt AgRICoLES En AFRIqUE DE L'oUESt Et DU CEntRE

Burkina Faso, Mali, ghana et Cameroun

Qui nourrit les semences, nourrit l’alimentationEn Afrique subsaharienne, depuis plus de cinquante ans, les formes de production et de mise à disposition dessemences des variétés améliorées (non traditionnelles) par les puissances publiques sont vraiment en mutation. Ellesse sont, en effet, révélées d’importants intrants pour tout système de production et de culture. En ce qu’elles déter-minent l’accroissement des rendements et la valorisation des autres intrants (entre 25 et 40 % d’augmentation de la productivité), leur potentiel plus élevé aidant, et atténuent les contraintes de toute sorte. 

LE poètE pRéSIDEnt SEnghoR, nE

disait-il pas que « l’homme est audébut et à la fin de tout développe-

ment » ? Si cette assertion est avéréedans le temps, alors quatre Systèmesnationaux de recherche agricole (SnRA)ne se sont guère trompés en mettanten place le « projet de renforcement dela recherche et du développement dessystèmes semenciers en Afrique del’ouest et du Centre ». Et ce, pour unedurée de trois ans, de 2011 à 2014.En lançant ce projet sous-régional, ausein du CoRAF/WECARD soutenu parle Commonwealth Scientific Institute forResearch organization (CSIRo), le brastechnique de l’Australian Agency for In-ternational Development (AUSAID), et l’In-ternational Crops Research Institute forSemi-Arid tropics (ICRISAt), l’Institutde l’environnement et des recherchesagricoles (InERA) du Burkina Faso,l’Institut de recherche agricole pour ledéveloppement (IRAD) du Cameroun,le Savannah Agricultural Research Ins-titute (SARI) du ghana et l’Institut d’é-conomie rurale (IER) du Mali avaient lemême but. C’est-à-dire contribuer à l’amé-lioration de la disponibilité, de la deman-de et de l’accessibilité des semencesaméliorées de qualité à l’ensemble desproductrices et producteurs nationaux.Ainsi que le même objectif général quiest de renforcer, de manière participa-

améliorées des principales cultures vivriè-res et oléo-protéagineuses que sont, res-pectivement, le sorgho, le mil, le maïs, leniébé et l’arachide, à l’échelle aussi biennationale que sous-régionale.

Non-fonctionnement et fonction-nement irrégulier des comités...

Mais le malheur est que le Secteur privés’y n’était même pas inscrit aux abonnésabsents, surtout dans l’industrie semen-cière, lui manifestant ainsi peu d’inté-rêt. D’où le vide créé dans le marché quine demande qu’à être occupé. En effet,beaucoup de programmes nationaux dereproduction n’ont pas de systèmes éta-blis pour le maintien des producteurs desemences des variétés homologuées etsont encore moins liés aux systè-mes publics ou privés de productionde semences de base. Ce qui est sûr et certain est que tous lespays ne peuvent se permettre de main-tenir des programmes de reproductionpour toutes les cultures importantes auprofit de leurs petits producteurs et comp-tent sur les programmes de sélectiongénétique des Centres internationaux derecherche agronomique (CIRA) pour lamise à disposition des nouvelles variétéset la fourniture des semences de pré-baseet de base. Cela va s’en dire que, dans un tel contexe,une approche plus coordonnée est né-

tive et durable, les capacités des systè-mes de production et de diffusion desperformantes semences des variétés

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cessaire, entre les SnRA, CIRA et sociétés privées, en vue d’as-surer la disponibilité de ce matériel génétique inclus dans lescatalogues semenciers nationaux. L’explication de telles préoccupations se trouve dans les faitssuivants. D’abord, le marché semencier viable peine toujoursà se développer, malgré la disponibilité de technologies sim-ples, abordables et facilement transférables, telles que lesvariétés améliorées ou certifiées, produites par la recherchenationale et internationale, et d’énormes investissements faitspar les services publics et les partenaires financiers. En cela,aucun niveau n’est épargné, que ce soit la production et lavulgarisation de semences, leur stockage, conditionnementet distribution. De surcroît, ce marché demeure restreint et nepeut soutenir d’importants investissements commerciauxdestinés, pour la plupart, aux cultures vivrières. Ensuite, rien n’est surprenant de ce qui précède, vu que lessystèmes nationaux, qui les sous-tendent, sont les premiersà être inefficaces et incapables à offrir des semences dehaute qualité aux utilisateurs. Enfin, l’environnement politique, juridique et réglementairen’est pas pour améliorer les choses, vu sa faiblesse ainsi quel’inexistence, le non-fonctionnement ou le fonctionnementirrégulier des comités nationaux de diffusion des variétés, letout limitant l’accès aux semences de nouvelles variétés sé-lectionnées. 

Renforcement des capacités des acteurs semencierssur toute la chaîne de valeur

pour y arriver, le projet sous-régional entend, concrètement,inventorier et analyser les systèmes semenciers actuels à tra-vers un diagnostic participatif de leurs potentialités, contraintes oulimites, et envisager des solutions à lever, coûte que coûte ;évaluer, de la même façon, les principales variétés destinéesaux semences identifiées par les acteurs lors du diagnostic ;identifier et documenter ceux pouvant améliorer durablementle développement rural et la sécurité alimentaire ; renforcerles capacités des acteurs pour une meilleure démultiplication,diffusion et adoption croissantes des semences améliorées ;assurer efficacement la gestion et le suivi-évaluation du projet,au niveau national comme sous-régional.Au Burkina Faso, les agriculteurs ne sont pas suffisammentsensibilisés sur les avantages liés à l’utilisation des semencesdes variétés améliorées générées par la recherche. qu’on nes’étonne donc guère qu’ils les adoptent faiblement : environ11 % en 2009 et 15 % en 2012, selon le ministère en chargede l’agriculture. La conséquence en est que les rendements du sorgho, dumil, du maïs, de l’arachide, du soja, du sésame, du niébédans une moindre mesure, se retrouvent bien en-deçà deleur potentiel, rendant très faible l’impact de l’investissementde la recherche et de la vulgarisation. Autrement dit, plus de80 % des producteurs dépendent encore du système tradi-tionnel et informel de production de semences basé sur lapratique familiale d’utilisation d’une partie de la récolte précé-dente comme semence pour les cultures de la campagnesuivante. Au Mali, le projet sous-régional a commencé ses activitésdans un contexte socio-politique favorable, mais la crise sur-venue après pouvait inquiéter sans être nullement une contrainte à sa correcte exécution, surtout quand le pays est

en voie de retrouver son intégrité et sa sécurité menacées.C’est ainsi que, de la période de janvier à décembre 2012, leprojet a, vaille que vaille, réalisé l’essentiel des activités pro-grammées, dont les tests variétaux, les journées portesouvertes dans tous les sites, toutes les plateformes d’innova-tion technologique, leurs plans d’action, leurs plans de formationde l’ensemble de leurs membres, leur animation quotidienne, etc.De telle sorte qu’une seule activité n’a été finalisée, il s’agit del’étude de la chaîne de valeur de la filière semencière qui, dureste, ne l’a pas été non plus dans les autres pays. tout sim-plement parce que n’a pas été réalisé le questionnaireconsensuel censé être appliqué dans tous les pays-pilotes, etce dans le souci de comparaison des résultats des différentspays et de facilitation de la conception des modèles de sys-tèmes semenciers transférables au reste des pays del’Afrique de l’ouest et du Centre, voire de toute l’Afrique auSud du Sahara.

Au ghana, les études et essais variétaux sont menés confor-mément aux résultats attendus : identification des contrainteset opportunités pour accéder aux semences des variétésaméliorées de la part des producteurs ; confirmation de laperformance des variétés à haut rendement au cours de testsparticipatifs en exploitation agricole ; identification des coûtsdes vrais réseaux de distribution des semences ; renforcementdes capacités des acteurs semenciers sur toute la chaîne devaleur ; coordination et suivi-évaluation du projet.Et c’était en comptant avec les défis rencontrés que sont lespluies tardivement installées, dans le nord et le sud de lasavane guinéenne, les difficultés à faire se coopérer les pro-ducteurs, l’excessive étroitesse de la plupart des champs dela région de l’extrême-est et leur non-préparation pour recevoir

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les semis, d’où le retard essuyé dans l’application de la plani-fication et la fertilisation initiale. S’y ajoute la difficulté à dépla-cer les intrants, spécialement les fertilisants, et à cultiver leschamps avec un engin à moteur, etc.

l’adoption est reconnue pour être vraiment faible, moins de 50 % en moyenne

Au Cameroun, l’étude diagnostique identifie les producteurs,transformateurs, commerçants et consommateurs comme lesacteurs semenciers, tout comme elle repère les contrainteset opportunités des systèmes de semences formels, met enévidence les deux systèmes semenciers formels et informelsporteurs et détermine les coûts de production des semencesdes variétés améliorées. L’étude de suivi-évaluation a permis d’apprécier plusieursparamètres dont la mise en œuvre des plateformes d’inno-vation technologique, tout comme la pertinence de la sélec-

pour cela, de mai à juillet 2012, des plateformes d’innovationtechnologique multi-actrices sont mises en place, partout ;elles regroupent la quasi-totalité des acteurs intervenant dansla filière semencière ; leurs plans d’action sont élaborés ainsique des plans de formation de leurs membres.Dans l’ensemble, les pays ont en commun deux grands sys-tèmes semenciers : le traditionnel et le moderne. Ces systèmessont animés par des acteurs producteurs et des utilisateursdes semences améliorées, dont l’adoption est reconnue pourêtre vraiment faible, moins de 50 % en moyenne, il en est demême de leur utilisation qui est autour de 40 %. Leurs coûts deproduction sont aussi variables, d’un pays à un autre. Leur fai-blesse, au Mali, s’explique surtout par la non-prise en comptedans les calculs des coûts de la certification au champ et labo-ratoire. Des leçons apprises, il y en a eues, car les producteurs ontbien eu des tests variétaux une bonne connaissance des varié-

tion des trois sites de recherche en champ paysan et en stationde recherche (milieu contrôlé), aussi concernées que le sontles performances des variétés à hauts rendements. En fin de compte, il n’y a pas d’essais « mères ou enfants »qui n’ont pas été bien récoltés, dans le cadre des tests varié-taux effectués sur les différents sites, pour lesquels les quatreéquipes nationales ont toutes fourni les données climatiquesen rapport avec le niveau de la pluviométrie, le nombre de joursde pluie, la température moyenne et maximale, le niveau duvent, etc. En conséquence, il apparaît nécessaire, voire indis-pensable, que leurs représentants ou acteurs soient formés àl’utilisation du modèle ApSIM pour pouvoir aider dans la concep-tion des modèles de systèmes semenciers durables adapta-bles aux différentes zones agro-écologiques.

tés améliorées et, par conséquent, ont parfaitement appréciéà la fois l’amélioration du rendement, la précocité des varié-tés eu égard aux conditions agro-climatiques souvent hos-tiles et, enfin, les qualités organoleptiques exprimant le bongoût de leurs produits dérivés.

Contact : Aboubakar njoyaCoRAF/WECARD, Bp 48 Dakar RpCp 18523, Dakar, Sénégaltél. : (221) 33 869 96 18Fax : (221) 33 869 96 31E-mail : a.njoya @coraf.orgInternet : www.coraf.org

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Burkina Faso

semence, nourriture du sol donne nourriture

de l’homme

AL’oUESt, AU CEntRE-oUESt Et AU CEntRE-SUD, RégIonS

connues pour se situer dans la zone soudanienne dupays, il y a implanté ses bases pour contribuer à ac-

croître la disponibilité, la demande et l’accessibilité à un éventailde semences de qualité répondant aux réels besoins et bienadaptées aux conditions locales des producteurs. « Il », c’estle triennal (2011-2014) « projet de renforcement de la rechercheet du développement des systèmes semenciers en Afrique del’ouest et du Centre » qui fait le point de ses activités dérou-lées durant l’année 2012.Mais cela est-il possible, alors que plus de 80 % des produc-teurs burkinabè sont encore tributaires du système traditionnelde production de semences, basé sur la pratique familiale d'u-tilisation d'une partie de la récolte précédente comme semenceà la prochaine campagne ? négatif. D’autant que, n’étant passuffisamment sensibilisés sur les avantages liés à l’utilisationdes semences des variétés améliorées générées par la recher-che, ils les ont peu adoptées. Selon le Ministère en charge del’agriculture, ils l’ont fait à environ 11 %, en 2009, et à environ15 %, en 2012. Dans ces conditions, s’attendre à ce que les rendements desprincipales céréales — sorgho, mil, maïs — et des principaleslégumineuses — arachide, soja, sésame, niébé dans unemoindre mesure — ne soient bien moindres à leur rendementpotentiel est un leurre ! Et, du coup, dur est le constat que l’im-pact de l’investissement de la recherche et de la vulgarisa-tion s’en trouve très affaibli.

indispensable est l’investissement dans leur organisation ou…

Autant comprendre que pour renforcer les systèmes de pro-duction et de diffusion des semences des variétés amélio-rées, performantes et durables, le projet sous-régional s’estétendu, dans la zone soudanienne, en toute connaissance decause. En effet, au village de Karangasso-vigué, situé àl’ouest dans la zone sud-soudanienne, tout est relativementbien arrosé, entre 800 et 1 100 millimètres de pluies par an, etdoté de sols plus ou moins fertiles. Un noyau d’organisationdes producteurs semenciers y existe et l’entrepreneur semen-cier nAFASSo, partenaire du projet, y intervient, depuis 2008,dans la production et la distribution des semences végétales.A pouni, situé au Centre-ouest dans la zone nord soudanien-ne, il pleut entre 650 et 800 millimètres d’eau par an et les solsy sont peu fertiles. Ce village passe pour être dynamique dansla production de semence de niébé insufflée par l’appui de lastation de recherche de l’InERA (Institut de l’environnement etdes recherches agricoles) de Saria. C’est ainsi que des pro-ducteurs semenciers se sont organisés, attirant ainsi l’intérêtdes distributeurs de semences des partenaires que sontnAFASSo et AgRopRoDUCtIon.

Au village de Boura, situé au Centre-Sud dans la zone souda-nienne, 750 à 1 000 millimètres de pluies y tombent chaqueannée et les sols y apparaissent relativement fertiles. La produc-tion de semences y est à ses débuts mais tout peut aller plusvite, car, vu les potentialités non négligeables, AgRo-pRo-DUCtIon s’intéresse vraiment au développement de la filière.C’est dans un tel environnement que l’équipe nationale burki-nabè a mené les activités de 2012 prévues et abouti à desrésultats préliminaires appréciables. L’Inventaire et l’analyse,faits sur les systèmes semenciers actuels en procédant à undiagnostic participatif de leurs potentialités et contraintes,révèle l’existence de trois principales catégories. Le systèmeinformel dit traditionnel, dominé par la culture des céréales ouplantes vivrières, où le contrôle de la production s’avère diffi-cile. Le système formel dit conventionnel, dominé à la fois parla culture du coton, du maïs, du niébé, du sorgho, etc., où le ma-tériel végétal amélioré n’est pas la seule ressource utilisée. Et,enfin, le système semencier communautaire qui est, en fait,une synthèse des deux systèmes mais ôtés de leurs défautsdu reste corrigés.Le premier système appelé informel ou traditionnel, essen-tiellement construit sur le socle des connaissances ances-trales en matière de sélection, n’en est pas moins incapablede garantir la conservation du potentiel génétique qui se perd,au fil du temps, sans que son renouvellement ne soit aussiefficace. Il n’arrive donc pas à adapter les semences produitesaux variables environnementales qui, elles, sont en perpé-tuelle évolution.Le deuxième système dit formel ou conventionnel est régi parles lois, règlements et normes auxquelles sont soumis le Sec-teur public et le Secteur privé spécialisés et chargés du rôlede produire, d’homologuer, de certifier, de distribuer ou de déli-vrer des droits de propriété intellectuelle, etc. Le Service publicy joue un rôle d’organisation, ce qui consiste à produire lessemences de pré-base et de base, à former et à choisir lesproducteurs et à établir les contrats de production, à identifierles variétés à cultiver selon les localités, à effectuer le suivi etles contrôles de qualité. Cependant, s’il fonctionne bien pourcertaines cultures de rente, telles que le coton, le café, lecacao, l’hévéa, etc., rares sont les autres qui n’ont pas sou-vent pour goulot d’étranglement l’approvisionnement régulierdes producteurs en semences de qualité, les pays concernésse démenant comme ils peuvent (imparfaitement) dans la cor-recte maîtrise de leur secteur semencier.or la disponibilité à temps des semences de base est une descontraintes qui influence l’efficacité de ce type de système.Déjà en 2009, AgRA (Alliance pour la grande muraille verteen Afrique) montre que, de 1997 à 2007, seul un tiers de lademande en semences améliorées a été satisfaite, en Afriquede l’ouest. Ce sont-là autant de raisons pour lesquelles impé-ratif est de développer un Secteur privé local assurant la pro-duction de ces premières denrées et la diffusion de celles certifiées pour leur meilleure adoption par les producteurs.Mais il se trouve que la privatisation et la transposition àl’Afrique de l’ouest de ces lois, règlements et normes d’obé-dience européenne est une grave erreur et une menace à lasouveraineté alimentaire. Dès lors, rien n’étonne guère dansl’action de l’équipe burkinabè de considérer leur inadaptationparce que peu encline à prendre en compte les intérêts dessemenciers encore moins à satisfaire leurs vrais besoins.

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Dans le troisième système semencier dit communautaire, ilsemble que les villageois le font fonctionner relativement bien,sauf qu’il demeure inefficace à fournir les semences de nou-velles variétés aux producteurs. Une meilleure interface entreles petits producteurs ou les organisations communautairesde base et le Secteur public faciliterait probablement l’accès etla disponibilité des semences des variétés préférées par lespremiers. par conséquent, est plus qu’indispensable l’inves-tissement dans leur organisation ou le renforcement de leurscapacités ainsi que dans les marchés des produits agricoles.

grandement facilitées par l’emploi de la traduction du français en langues locales

quelques 189 productrices et producteurs, soit un peu plus de64 pris dans chaque site, sont visités dans le cadre de l’étudediagnostique qui a permis de saisir ce qui caractérise cesderniers du point de vue social et économique. Leur profil estsu à partir de leur qualification comme semencier ou non-semencier. Ainsi, parmi les semenciers, on compte dans les53 personnes 4 femmes, soit 1,1 %, et 49 hommes, soit 21,9 %. parmi les non-semenciers, sur les 136 personnes, ondénombre 39 femmes, soit 20,7 %, et 87 hommes, soit 51,3 %. pour dire qu’en tout et pour tout, sur le total des deuxsegments, les 53 semenciers et semencières représentent 28 % et les 136 non-semenciers et non-semencières 72 %.Autrement dit, les 43 femmes font 22,8 % et les 146 hommes77,2 %.qualifiés comme chef d’exploitation, les données suivantes,recueillies auprès d’eux, recoupent celles toute antérieures : les43 femmes représentent 22,8 % et les 146 hommes 77,2 %.voici, maintenant, d’autres variables des tableaux 1 à 7 qui lescaractérisent.

tableau 1 : Age moyen, minimal, maximal et écart-type selonle genre du chef ou de la cheftaine d’exploitation

tableau 2 : Répartition selon le niveau d’instruction et legenre du chef ou de la cheftaine d’exploitation

tableau 3 : nombre moyen d’hommes et de femmes membresdu ménage et selon le genre du chef ou de la cheftaine d’ex-ploitation

tableau 4 : nombre moyen d’hommes et de femmes actifsde l’exploitation selon le genre du chef ou de la cheftained’exploitation

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tableau 5 : nombre moyen de garçons et de filles membresde l’exploitation selon le genre du chef ou de la cheftained’exploitation

tableau 6 : nombre moyen d’hommes et de femmes sco-larisés dans les exploitations selon le genre du chef ou dela cheftaine d’exploitation

tableau 7 : Superficies moyennes des exploitations selonle genre du chef ou de la cheftaine d’exploitation

pour en venir à la mise en place des plateformes d’Innovation(pI) technologique multi-actrices, toutes les précautions sontprises pour la faire précéder de l’information de leurs membressur ses principes, atouts, limites, la restitution des résultatstechniques des tests expérimentaux, la définition de leurs rôleset responsabilités. En somme, afin de parvenir à l’élaborationcollective des activités de la campagne agricole, les méthodesparticipatives étaient usitées et grandement facilitées par l’em-ploi de la traduction du français en langues locales. Ainsi dans les trois communes rurales — commune rurale depouni, de Karangasso vigué et de Boura — où intervient leprojet, les plateformes se composent des autorités politiquescommunales, administratives et coutumières locales qui joue-ront un rôle non négligeable de plaidoyer efficace auprès desdécideurs ; la recherche agricole représentée par l’InERA quiy a impliqué ses équipes, dont les chercheurs du projet, et desdirections régionales des provinces du Centre et de l’ouest ;les services déconcentrés auprès des communes et chargésde l’encadrement des producteurs  dans les domaines dudéveloppement rural, de l’agriculture, de l’élevage et de l’envi-ronnement.

elle se révèle résistante à la Verse et au striga

Sur le plan institutionnel, les plateformes comptent égalementparmi ses membres le Service technique national des semenceset ses démembrements régionaux chargés du contrôle et del’inspection de cette denrée ; les organisations de producteurset de productrices de semences certifiées représentées parl’Union des groupements de producteurs de semences ; lessociétés privées de distribution de semences ; la Chambre com-munale d’agriculture nouvellement crée  ; les institutions demicro-finances ; les média locaux et nationaux ; les autres pro-jets et programmes ; les groupements et associations de pro-ductrices et de producteurs non-semenciers, les ong et laSociété civile utilisatrices potentielles des semences certifiées.Sur le plan de leur fonctionnement, les contraintes à affrontersont nombreuses et variées. Le coût élevé, l’absence de pointsde vente précis et la méconnaissance de la nomenclature dessemences améliorées se posent avec plus d’acuité aux utilisa-teurs. quant aux producteurs semenciers, qu’ils soient collectifsou individuels, ils font essentiellement face aux rudes conditionsde production semencière, aux coûts élevés des intrants asso-ciés aux itinéraires techniques, aux difficultés d’écoulement decelles produites, aux retards de paiement des produits livrés, àl’excessive longueur du temps d’acquisition des certificats devente. S’y ajoutent le manque d’information sur la demande

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pour une bonne planification de la production, la mévente desemences de base, la faible capacité de stockage et le casse-tête financier. Les services techniques ne sont pas épargnés dans leur travaild’inspection des champs, les sites de production abritant cesderniers leur étant inaccessibles, sans compter le nombre insuffi-sant de ses services tout comme les moyens financiers réservésaux missions sur le terrain. Il en est de même des distributeursd’intrants, dont le métier n’est pas de tout repos avec la fraudeet les contrefaçons, la méconnaissance des semences des prin-cipales cultures céréalières, les difficultés d’accès aux crédits, lanon-application des textes règlementaires sur les semences etle manque de concertation en leur sein.Les institutions de micro-finance, telles les caisses populaires,en ont aussi eu pour leur grade : faible taux de remboursement,détournement de but du crédit par les producteurs et mécon-naissance des activités agricoles par la structure d’octroi decrédit. En ce qui concerne les autorités locales et la presse, leur faibleméconnaissance des produits de la recherche, des technolo-gies et de l’innovation est manifeste ; et c’est, d’ailleurs, laraison pour laquelle elles souhaitent être formées sur les connais-sances élémentaires de la recherche et du développementagricoles.Sur le plan cultural, avec les pluies survenues d’avril à octobre2012, pouni a recueilli 958 contre 733,1 millimètres en 2011,en 46 jours, Karangasso vigué 1 081,6 contre 959 millimètresen 2011, en 55 jours, et Boura 1 093 contre 1 086,5 millimètresen 2011, en 68 jours. pour les tests de démonstration sur lesorgho, le maïs, le niébé et l’arachide, l’équipe a dû procéder,cependant, au remplacement de la variété de sorgho, Sariasso03 pas beaucoup appréciée par les producteurs par une nou-velle variété plus performante, grinka (« s’empresser de l’avoir »en dioula, soit dit en passant), parce que donnant un meilleurrendement ; de la variété tE3 d’arachide par une autre appeléeFleur 11 qui répond au mieux aux critères de sélection retenuspar les femmes : cycle court (90 jours), bonne grosseur etblancheur des grains, forte teneur en huile, goût, etc. En effet,cette dernière, qui a un port érigé et des graines rouge-clair,peut se cultiver dans les zones à faible pluviométrie de moins600 millimètres. Son potentiel de rendement est de 1,5 à 2 tonnes de gousses à l’hectare, avec un taux de décorticage de70 à 72 % et une teneur en huile de 50 %. Ces caractéristiquessont meilleures que celles de la tE3, les femmes l’ayant préféréepour la grosseur et la couleur des graines. A ceci s’ajoute l’in-suffisante quantité des semences de tE3, durant cette cam-pagne agricole 2012-2013. La culture de la variété blanche de maïs SR21 à cycle intermé-diaire (110 jours) nécessite une quantité d’eaux de pluie de 800 millimètres au moins, garde sa résistance à la maladie dé-nommée Striure et donne plus de 4,5 tonnes à l’hectare. Barka,qui est une variété extra-précoce de 90 jours, se cultive sous650 à 900 millimètres d’eau en moyenne. particulièrement résis-tante à la sécheresse, elle a un rendement potentiel de 5,5 tonnesà l’hectare. La culture de la variété jaune précoce de 97 jours, quinécessite 900 millimètres d’eau en moyenne, est riche en pro-téines, et son haut potentiel de rendement de fourrage, dû à sabiomasse verte et à la maturité, avoisine 6,7 tonnes à l’hectare.Wari,  la variété jaune précoce de 91 jours, n’a pour besoinmoyen d’eau que 800 millimètres pour sa production, son ren-dement potentiel étant de 6,4 tonnes à l’hectare.

La culture de la variété de sorgho Sariasso 01, à panicule lâchede 120 jours sensible à la verse, nécessite 900 millimètresd’eau au moins et donne un rendement potentiel de 3,5 à 4 ton-nes à l’hectare. La variété de sorgho rouge, Framida, est assezfarineuse et très appréciée pour son aptitude à se prêter à lapréparation de la bière locale appelée « dolo ». Au rendementpotentiel élevé jusqu’à 3,7 tonnes à l’hectare, cette variété àpanicule fusiforme et compacte se cultive dans les zones à plu-viométrie moyenne de 900 millimètres. La variété ICSv 10-49-110 à 120 jours, cultivée surtout dans les zones à pluviométriecomprise entre 650 et 750 millimètres, a un rendement poten-tiel de 4 tonnes à l’hectare. A panicule dressée et compacte,elle se révèle résistante à la verse et au Striga, et sa biomasseun excellent fourrage. L’y rejoint la variété grinkan.

les productrices et producteurs ont-ils des préférences sur les variétés employées ?

La culture de la variété d’arachide Sh 67 A précoce de 90 jours,à port semi-érigé et à graine rouge, sensible à la Rosette etrésistante à la Rouille, a pour rendement potentiel 1,5 tonne degousse à l’hectare, pour taux de décorticage 55 à 60 % et pourteneur en huile 50 %. La variété RMp 12, à cycle long de 135à 150 jours et à port semi-érigé, se cultive en zone sud souda-nienne qui reçoit 800 à 1 200 millimètres de pluies chaqueannée, avec une excellente résistance à la Rosette mais esttrès sensible à la Rouille. Son rendement potentiel est de 3 à 4 tonnes de gousse à l’hectare avec 72 % au décorticage etune teneur en huile de 49 % de la graine sèche. La variétéRMp 91, à cycle long de 135 à 150 jours, à graine rose et àport semi-érigé, se cultive dans les zones à pluviométrie mo-yenne supérieure à 800 millimètres. très résistante à laRosette et tolérante à la Cercosporiose, elle a un rendementpotentiel de 3 à 4 tonnes de gousse à l’hectare, un taux dedécorticage de 68 % et une teneur en huile estimée à 48 %. Lavariété Fleur 11, à port érigé et à graines rouge-clair, peut secultiver dans les zones à faible pluviométrie de 600 millimètresd’eau au moins. Son rendement potentiel est de 1,5 à 2 tonnesde gousse à l’hectare avec un rendement au décorticage de70 à 72 % et une teneur en huile de 50 %. La variété KvX 61-1sucré à port semi-érigé a besoin d’eaux d’une quantité de 400et 800 millimètres pour boucler son cycle de 70 jours. Elle esttrès sensible aux attaques des insectes et maladies d’ori-ginevirale. Son rendement potentiel est de 1,5 tonne de gousse àl’hectare. La culture de la variété KvX 745-11p a un doubleobjectif  : donner des graines et du fourrage. Car elle a unpotentiel de production de 800 kilos à 1 tonne de graine et de3 tonnes de fane à l’hectare. très sensible aux attaques desinsectes et maladies d’origine virale, cette variété de 75 joursse cultive dans les zones à pluviométrie comprise entre 400 et800 millimètres. La variété KvX 442, précoce de 67 jours àport semi-érigé, exige 400 à 600 millimètres d’eau en moyen-ne et une protection efficace contre les insectes, parce quetrès sensible. Son rendement potentiel est de 1,5 à 1,8 tonnede gousse à l’hectare. La variété It 98 K-205, assez précoceet à port semi-érigé, demande un minimum de 400 millimètresd’eau pour boucler son cycle de 65 jours. Elle est très sensibleaux insectes mais résistante aux maladies d’origine virale.Son rendement potentiel est de 1,2 tonne de gousse à l’hec-tare. pour l’essai-mère réalisé dans chacun des trois villages-sites,est adopté un dispositif expérimental en blocs complètement

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choisis au hasard. A cause de l’indisponibilité des parcelles, ila abrité les 4 variétés des 4 cultures, dans le même espace.La culture de chacune est répétée 4 fois sous 2 niveaux de ferti-lisation. Soit au total 128 parcelles élémentaires de 5 x 5 mètreschacune, séparées d’une allée de 2 mètres. L’allée qui sépareles 2 niveaux de fertilisation, elle, est de 5 mètres.A l’instar de la précédente campagne, l’application des engraisest la même. Sur le maïs et le sorgho, l’équipe nationale aemployée 3 tonnes de fumure organique, 200 kilos de npK(azote, phosphore et potassium) et 150 kilos d’urée par hec-tare. Sur l’arachide et le niébé, elle a mis 3 tonnes de fumureorganique et 150 kilos de npK par hectare. Cette fois, elle s’estégalement servie du fumier produit en station de recherchesous forme de compost, afin de pallier à celui peu disponible etde mauvaise qualité apporté, l’année passée, par le grou-pement des productrices et producteurs sur les tests collectifs.Aussi bien sur les parcelles initialement emblavées en maïs, ensorgho, en arachide et en niébé, l’équipe a recouru à la rotationdes cultures.

tableau 8 : Rendement en grains de sorgho en fonction du site, de la fertilisation et de la variété (n = 4)

poursuivant avec le maïs, le tableau 9 atteste du bon com-portement de la variété Barka sur les 3 sites, tandis qu’àBoura et à Karangasso vigué, la SR21 s’est mieux com-portée et, à pouni, la variété Wari a donné un meilleur ren-dement que la variété Espoir. La combinaison de la fumureorganique et minérale a donné de meilleurs résultats quel’apport unique d’engrais minéraux, sauf pour la variétéBarka qui s’est mieux comportée, à Boura.

Aussi autour de chaque essai s’affairaient 32 personnes, 16femmes et 16 hommes, qui ont doublé leur nombre issu desgroupements de producteurs non semenciers membres desplateformes.quant aux essais-enfants mis en place, les 32 producteursvolontaires de chaque village-site les ont constitués en 2 blocsde 2 parcelles élémentaires de 10 x 10 mètres. Ils ont séparéces dernières d’une allée de 1 mètre et les blocs (formant les2 niveaux de fertilisation) de 2 mètres. Chaque paysan a reçuet testé 2 variétés de chaque culture et les traitements enfumure sont les mêmes : application des engrais minéraux —npK et urée — sur toutes les parcelles ainsi que de la fumureorganique sur une partie de la parcelle.De ces tests expérimentaux, l’équipe a obtenu des résultatspréliminaires indéniables. Commençant par le sorgho, onremarque sur le tableau 8 que les variétés ICSv et Framidaexpriment au mieux leur rendement potentiel sur les parcellesoù il y a de l’apport de fumure. L’effet combiné de la fumureorganique et minérale est donc considérable.

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Lui faisant suivre l’arachide, l’équipe se rend compte que lesrendements atteints sont plus intéressants, à Boura et à pouni,à cause surtout du traitement double de fumier et le sont mieux,à Karangasso vigué, comme l’atteste le tableau 10, ci-contre.

tableau 9 : Rendement en grains de maïs en fonction de la fertilisation et de la variété (n = 4)

tableau 10 : Rendement de gousses d’arachide en fonction de la fertilisation et de la variété (n = 4)

Finissant par le niébé, le constat est le même, partout : lesvariétés KvX442 et KvX61-1 se sont mieux comportées, letableau 11, ci-après, en apporte la preuve.

parmi celles de l’arachide, la Fleur 11. parmi celles du maïs, àBoura, ils préfèrent Barka, tandis qu’à Karangasso vigué,Wari. parmi celles de niébé, à pouni, ils préfèrent It98K-205,tandis qu’à Karangasso vigué et à Boura, KvX 442. parmicelles de sorgho, à Boura, ils choisissent Framida, tandis qu’àKarangasso vigué, ICSv1049.

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tableau 11 : Rendement en graines de niébé en fonction de la fertilisation et de la variété (n = 4)

Selon les investigations de l’équipe burkinabè, les produc-trices et producteurs ont-ils des préférences sur les variétésemployées ? La réponse étant affirmative, tous préfèrent,

tableau 12 : variétés préférées par les producteurs et productrices, en fonction des sites

Coraf action

Lettre d’information trimestrielle du Conseil ouest et Centre africain pour la recherche et le développement agricoles. Le CoRAF/WECARD est une association internationale a but non lucratifnée, en mars 1987, et regroupe actuellement 22 Systèmes nationaux de recherche agricole (SnRA) de la sous-région. Il s’appelait alors la   Conférence des responsables de recherche agronomique africains etfrançais, changée, en 1995, en   Conférence des responsables de larecherche agricole en Afrique de l’ouest et du Centre, puis, en son actuelnom, en 1999. Le CoRAF/WECARD a pour vision et pour mission la réduction durable de la pauvreté et de l’insécurité alimentaire par une augmentation de la croissance économique induite par l’agriculture et l’amélioration durabledu système de recherche agricole, de la productivité, de la compétitivité etdes marchés par la satisfaction des principales demandes des acteursadressées aux SnRA.parmi celles-ci, les données et informations scientifiques vulgarisées quevéhicule, depuis octobre 1996, Coraf Action éditée avec à travers leprogramme sur les semences en Afrique de l’ouest du CoRAF/WECARD,le présent appui financier bureau Afrique de l’ouest de l’USAID (UnitedStates Agency for International Development).

directeur de publicationpaco Sérémé

directeur de la rédactionAbubakar njoya

directeur adjoint de la rédactionAnatole Yékéminan Koné

Rédacteur en chefArmand Faye

Comité de rédaction et de lectureErnest Assah Asiedu, george Muluh Achu

Abdourahamane Sangaré, hamadé Kagoné,Abdulai Jalloh, niéyidouba Lamien,Yacouba Diallo, Francis ofoe Konu,

Abdourhamane Issoufou Kollo, Julienne Kuiseu

mise en pagesngor Sarr

Alassane Dia

postage en ligneMoussa Fall,

ndèye oulèye Anne

documentation, édition et diffusionCoRAF/ WECARD

Version anglaise disponible

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En somme, aux dires des membres de cette équipe, le sorghoa mal réagi à l’application de la fumure organique. Les varié-tés Framida et ICSv1049 ont fourni les meilleurs rendements,alors que grinkan, pourtant bien appréciée, a subi des pertesestimées à près de 30 %, ce qui est tout de même alarmant,même si les sociologues ont jeté leur dévolu sur elle du fait deson comportement exemplaire vis-à-vis des oiseaux destruc-teurs. toujours selon eux, les variétés de maïs Barka et SR21font des rendements comme nulle autre pareille. Les variétésd’arachide Sh67 et Fleur 11 gardent toujours leur précieuseplace de plus performantes avec un cycle plus long. Les varié-tés de niébé KvX-442 et KvX 61-1, quant à elles, font lesmeilleurs rendements parmi leurs consœurs.

Contact : Armand FayeCoRAF/WECARD, Bp 48 Dakar RpCp 18523, Dakar, Sénégal tél. : (221) 33 869 96 18 Fax : (221) 33 869 96 31 E-mail : [email protected]

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pour fouiller dans le détail de ces préférences, selon qu’ils’agisse des femmes ou des hommes, la variété d’arachideFleur 11 est fortement appréciée, partout, par les deux caté-gories de genre, alors que la variété Sh67A est dépréciéepar toutes les femmes quand elle est la deuxième variété ap-préciée par les hommes. tout à l’opposé, les variétés RMp12et RMp 91 n’ont guère retenu l’attention ni des unes ni desautres, telles qu’en atteste la figure suivante.

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Note de leCtuRe

actes de la Conférence conti-nentale sur les liens entreles preuves produites par larecherche et les politiquespour une adaptation aux chan-gements climatiques en afri-que. Compte rendu d’ArmandFaye, du Sénégal.Sur le climat, les conférences,qui s’y tiennent, de partoutdans le monde, se ressem-blent presque, sauf, pour lemoment, celle qui vient de setenir, à Nairobi, c’était du 10au 12 mars 2015. Son seulsujet aurait pu suffire pour enadministrer la preuve : Confé-rence continentale sur les liensentre les preuves produitespar la recherche et les poli-tiques pour une adaptationaux changements climatiquesen Afrique !

Conviés par « AfricaInteract »et « Agriculture en intelligence(sensible au) avec le climat »,deux grands Projets continen-taux du Forum pour la rechercheagricole en Afrique exécutéspar ses Organisations sous-régionales de recherche agri-cole (OSR), ils étaient 180 par-ticipants venant de toutel’Afrique sub-saharienne aunom du landernau scientifi-que, de la Société civile, desOrganisateurs de producteurs,des Organisations non gou-vernementales, de la sphèrepolitique, des Plateformes régio-nales d’AfricaInteract, du Par-tenariat au développementainsi que des autres secteursnon-étatiques du monde agri-cole, sanitaire, urbain sou-cieux de la question genre.L’intention comme la viséeétaient de les faire se rencon-trer pour partager la massede données et d’informationsproduites et forger une per-spective et un cadre de col-laboration au sein et à traversles 4 sous-régions africaines.

AfricaInteract (voir www. coraf.org), qui était sur la sellette decette conférence, est coordon-née, depuis 4 années (2011),par la Conseil Ouest et Centreafricain pour la recherche et

le développement agricoles(CORAF/ WECARD), en lapersonne du son responsabledu Programme gestion des res-sources naturelles, Dr AbdulaiJalloh, et financièrement soute-nu par le bureau régional pourl’Afrique sub-saharienne duCentre de recherches pour ledéveloppement international(CRDI) du Canada, basé àNairobi et dirigé par le Dr SimonCarter.

Des 17 communications, âpre-ment discutées et disséquées,il ressort ce que l’assemblée,réunie en des commissions eten une séance plénière, ontretenu des conclusions et fi-

nent. Il s’agit du manque criardde preuves scientifiques pré-cises (géographiquement localisées) sur la nature et l’é-tendue des impacts du chan-gement climatique et de lafaiblesse (fragilité) des liensinstitutionnels empêchant l’as-similation des découvertes dela recherche par les décideurspolitiques et le retour de l’infor-mation aux chercheurs.

La cause en est attribuée, enpartie, au manque de capaci-tés techniques dans les scien-ces de la simulation, telle lamodélisation. C’est là qu’inter-vient, d’après le présentateur,le Projet ‘’Enhancing Climate

Soudan et l’Ethiopian Instituteof Agricultural Research (EIAR)entendent y améliorer les capa-cités des institutions de recher-che de la sous-région, lesrendre ainsi capables de livrerà temps les conseils scien-tifiques et les évaluations desexperts destinés aux investis-seurs et décideurs politiques.

Pour y parvenir, M. Kwena ras-sure sur l’impérieuse utilité d’ar-river à mieux évaluer les impactsdu phénomène, coûts et béné-fices des options d’adaptation,en vue d’orienter les risques deplanification et d’investissement ;à impulser les capacités de par-ticipation des institutions de

celé des recommandations en-vers toutes les parties prenantesqui vous sont exposées dansles deux premières éditions). Apartir de celle précédente, nousvous livrons toutes les présenta-tions résumées. Suite.

La troisième communicationporte sur comment impulserl’adaptation de l’agriculture etdes ressources hydrauliquesau changement climatique danspresque toute la Corne de l’Afri-que. Présentée par M. KizitoKwena, officiant au KenyaAgricultural and LivestockResearch Organisation (KAL-RO), elle met en exergue, d’en-trée de jeu, la contrainte ma-jeure qui risque d’annihiler tousles efforts de planification dé-ployés sur l’ensemble du conti-

Change Adaptation in  Agri-culture and Water Resources’’(ECAW) pour combler cettegrosse lacune. C’est un projetde trois ans, financé par lebureau Afrique sub-sahari-enne du Centre de recher-ches pour le développementinternational (CRDI, au traversde son Programme d’adapta-tion au climat en Afrique(PACA) ou Climate ChangeAdaptation in Africa (CCAA), etmis en œuvre par les institu-tions de recherche de quatrepays d’Afrique de l’Est.

La Sokoine University of Agri-culture (SUA) de Tanzanie, laKenya Agricultural and Live-stock Research Organisation(KALRO), l’Agricultural Re-search Corporation (ARC) du

recherche à faire avancer lesconnaissances sur la planifica-tion de l’adaptation ; à faciliter lepartage de ces dernières ainsique des Plate-formes, afin derenseigner les politiques etactions sur le terrain.

Enfin, le présentateur s’aven-ture à convaincre l’auditoireque les résultats provenantde son pays, le Kenya, attes-tent que les changements cli-matiques vont avoir un impactou négatif ou bien positif surla production de pois d’An-gole et de maïs, dans sa zonesemi-aride de l’est, avec desérieuses implications poli-tiques.

A suivre dans la prochaineédition