brochure des dix ans de l'ailf (2002-2012)

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2002-2012 DIX ANS AU SERVICE DES LIBRAIRES FRANCOPHONES

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Page 1: Brochure des dix ans de l'AILF (2002-2012)

2002-2012DIX ANS AU SERVICE DES

LIBRAIRES FRANCOPHONES

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éditorial Mars 2002. Alors qu’une quarantaine de li-braires issus de trente pays viennent de créer l’AILF, l’association qui allait les représenter au niveau international, qui pouvait imaginer où ils en seraient dix ans après ? L’enjeu était incer-tain, les moyens limités, mais tout au long de ces années, l’enthousiasme, l’énergie et la soli-darité sans faille des équipes ont permis à l’AILF d’être toujours présente, et surtout de pouvoir afficher son bilan avec une certaine fierté.

Rappelons-nous : l’AILF naissante s’était fixé plusieurs axes de travail, centrés entre autres sur la formation, l’information, les relations interprofessionnelles et celles avec les pouvoirs publics, ainsi que l’adoption d’une charte. Qu’en est-il aujourd’hui ? La formation et les échanges d’expériences, ce sont quarante-deux sessions et séminaires et autant d’accompagnements individualisés, dans trente pays sur cinq continents. L’information, c’est l’accès aux bases de données pro-fessionnelles et le travail en cours pour une base de données de livres du Sud. Les relations interprofes-sionnelles, ce sont les contacts permanents avec les fournisseurs dans une optique de représentation et de défense des intérêts des libraires ; c’est la présence de l’AILF auprès des instances où peut se discuter l’appui aux libraires francophones  : l’OIF et le BIEF, historiquement nos premiers soutiens, les ministères de la Culture et de la Communication et des Affaires étrangères et européennes, le Centre national du livre, l’Institut français, la Centrale de l’édition, et d’autres encore. Quant à la Charte des libraires fran-cophones, on sait qu’elle a été lancée à Beyrouth en 2009, et que ses critères sont exigeants.

Ajoutons à cela la Caravane du livre et de la lec-ture en Afrique, les états des lieux sur le terrain, les enquêtes sur les relations entre libraires et établis-sements culturels à l’étranger, ou celles sur les frais d’approche et de transport. Toutes ces réalisations, et bien d’autres encore, vous sont racontées et détail-lées dans ce document. Il suit le cheminement de l’AILF, année après année, en soulignant chaque fois que nos actions ont connu un prolongement et des résultats. L’aventure s’est donc poursuivie et enrichie au fil des ans et des équipes qui ont pris le relais.

Et prendre le témoin, c’est accepter de regarder dans la même direction en jetant toutefois des coups d’œil autour de soi. Les objectifs définis se précisent, les partenariats se construisent, l’association trouve ses marques au service des libraires, les défis latents se manifestent à la mesure des attentes. La profession-nalisation des membres par les programmes de for-mation et la promotion de la littérature francophone deviennent les fers de lance du plan quadriennal élaboré en 2005. Ainsi, la littérature francophone non prescrite, faiblement présente dans l’offre de la majorité des librairies en Afrique, appelait à une action d’envergure alliant l’économie du livre et l’engagement culturel et social de notre association. Cette idée inspirée par la rencontre entre une libraire française et une libraire africaine fut saisie, un contenu

donné, une initiative lancée. Une aventure commença avec la Caravane du livre et de la lecture. Elle met en mouvement chaque année, l’espace de quelques jours et après un travail acharné, des libraires volontaires d’une dizaine de pays qui vont à la rencontre de mil-liers de lecteurs là où ils se trouvent, hors des librai-ries, sillonnant avec des partenaires culturels routes et pistes, dunes et déserts, villages lacustres ou blottis à flanc de colline, publics des capitales comme jeunes élèves des coins les plus reculés. Dans toute pédago-gie, le résultat se sculpte et prend forme lentement. La Caravane du livre, à son insu peut-être, restitue aux jeunes lecteurs africains les multiples pouvoirs du livre, le pouvoir en particulier de la connaissance qui, comme le dit si bien Irène Assiba d’Almeida, « une fois acquise, nous appartient de façon si totale que rien ni personne ne peut nous l’arracher ». Ouverte et atten-tive à tous les horizons, à toutes les priorités, fidèle à ses objectifs, l’AILF a mis l’accent sur ce chantier de la lecture qui n’est autre que celui du transfert d’un pou-voir à ceux qui en sont privés.

Nous devons ces résultats, certes, à l’appui de nos partenaires, mais aussi et surtout à un remarquable travail d’équipe qui, malgré les divergences et les dif-férentes mentalités et cultures des administrateurs, a su convertir ces diversités en richesses. Les seuls objectifs poursuivis étaient le développement de l’AILF, ainsi que le service à ses membres. Les trois présidents qui se sont succédé ont travaillé dans la continuité  : ils sont restés fidèles aux partenaires initiaux et ont continué à en chercher de nouveaux. Ce souci constant a permis à l’AILF de passer d’une association demandeuse d’aides à une association prestataire de services. Ce statut renforce le partena-riat de l’AILF avec des institutions qui, comme elle, tra-vaille pour l’objectif commun du service de la langue française et des cultures francophones.

Prendre acte de tout le travail accompli, c’est aussi voir ce qu’il reste à faire. La crédibilité acquise au-jourd’hui par l’AILF dans le domaine du livre est manifeste. Cette première décennie d’existence n’est donc qu’un nouveau départ sur des bases solides et des projets qui vont assurer de meilleures conditions aux libraires francophones dans le monde, avec l’obli-gation de prendre en compte les nouveaux enjeux – dont celui si important du numérique – qui se présentent à eux.

Soyez-en sûrs, l’AILF, qu’un observateur désigna un jour sous le nom d’Internationale fraternelle, reste aux avant-postes, pour le bien commun des libraires francophones et l’accès de tous, partout, au livre.

Philippe Goffe, Agnès Avognon Adjaho, Michel Choueiri.

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Présidents de l’AILF : Philippe Goffe (2002-2005), Agnès Avognon Adjaho (2005-2008), Michel Choueiri (2008-2012)

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2002NAISSANCE DE L’AILF.En 2000, l’opération « 100 libraires du monde », orga-nisée par France Édition (devenue le BIEF, Bureau international de l’édition française), avec le soutien du ministère des Affaires étrangères et européennes et du ministère de la Culture et de la Communication, réunit une centaine de libraires au Salon du livre de Paris. Ces rencontres sont l’occasion d’échanges riches entre libraires, et renforcent leurs relations avec les professionnels du livre. Le dialogue entre libraires est engagé.

L’idée d’une association internationale de libraires prend forme en 2001 lors du colloque de Beyrouth consacré à la librairie dans l’espace francophone, or-ganisé par l’Agence intergouvernementale de la fran-cophonie (aujourd’hui Organisation internationale de la francophonie) et France Édition, à l’initiative de deux libraires libanais, Michel Choueiri et Nadim Tarazi. Un groupe de libraires se met à travailler sur les statuts de cette future association.

C’est le 27 mars 2002 que l’Association internatio-nale des libraires francophones est créée à Paris, au siège de l’Agence intergouvernementale de la francophonie. Quarante libraires de trente pays repré-sentent les quatre coins du monde. Philippe Goffe, libraire à Waterloo, en Belgique, en devient le premier président.

Les objectifs sont divers et expriment un choix cou-rageux dans un contexte d’économie centripète, comme l’indique le mouvement de concentration dans l’édition.

VIVENDI UNIVERSAL PUBLISHING (VUP)-HACHETTE : UN ENJEU POUR LA DIVERSITÉ ET L’INDÉPENDANCE D’UN RÉSEAU DE LIBRAIRIES.Le phénomène de concentration qui marque cette même année le marché francophone mobilise la profession européenne. Le groupe VUP (ex-Presses de la Cité) est en difficulté, et Hachette s’en porte

acquéreur. En parallèle avec l’action d’éditeurs fran-çais, le SLF (Syndicat de la librairie française) et les LFB (Libraires francophones de Belgique) saisissent la Commission de Bruxelles car le problème a une dimension européenne. La crainte est évidemment la constitution d’un groupe d’édition présent dans tous les secteurs de la chaîne du livre (édition, diffusion, distribution, librairie et médias), et pouvant repré-senter jusqu’à 60 % du marché. C’est l’indépendance de la librairie face à ses fournisseurs qui est en jeu, tant en France qu’en Belgique francophone. En Suisse romande, où le secteur de distribution est déjà do-miné par le groupe français Hachette, actionnaire de OLF Diffusion et de Diffu-Livres, cette concentration suscite également de vives réactions. Finalement, le groupe VUP sera scindé en deux parts, l’une (La-rousse et le pôle universitaire) passant dans le giron d’Hachette, l’autre donnant naissance à un nouveau groupe, Éditis-Interforum.

Dès sa création, l’AILF se veut solidaire des autres associations professionnelles et lance un appel dans son premier numéro d’En direct du réseau.

CETTE MÊME ANNÉE 2002, UNE ASSOCIATION INTERNATIONALE D’ÉDITEURS INDÉPENDANTS VOIT LE JOUR.Lorsque l’Alliance internationale des éditeurs indépendants naît en 2002, elle dresse le constat d’un secteur du livre qui risque d’être placé sous domination de pouvoirs politiques forts, d’autorités religieuses diverses ou de grands groupes finan-ciers. Dans l’espace spécifique de la francophonie, l’Alliance, comme l’AILF, prend acte de la prédation des grands groupes monopolistiques sur les marchés locaux, menaçant la diversité culturelle.

Comme l’exprime la « Déclaration des éditeurs indé-pendants et solidaires  » adoptée à Dakar en 2003, les éditeurs indépendants souhaitent peser, avec d’autres professionnels de l’écrit, sur les négociations internationales concernant la diversité culturelle, et sur le développement des politiques publiques du livre et de la lecture dans chaque État. Consciente du nécessaire renforcement, en Afrique francophone no-tamment, du lien entre éditeurs et libraires, l’Alliance a très tôt souhaité collaborer avec l’AILF, devenue « membre observateur » de l’association en octobre 2004. L’Alliance est aujourd’hui composée de 85 mai-sons d’édition et collectifs d’éditeurs représentant 360 maisons d’édition de 45 pays différents. Elle orga-

nise des rencontres internationales, mène des actions de plaidoyer en faveur de l’indépendance, soutient des projets éditoriaux internationaux et contribue à la promotion et à la diffusion des productions du Sud. Pour une meilleure accessibilité des œuvres et des idées, elle souhaite favoriser la promotion de la bibliodiversité. (Source  : Alliance internationale des éditeurs indépendants)

UN CONSTAT IDENTIQUE : LA LIBRAIRIE SOUFFRE À L’INTERNATIONAL DE PROBLÈMES D’APPROVISIONNEMENT.La première rencontre professionnelle de l’AILF a lieu en octobre 2001 à Tunis, avec pour thème central la formation professionnelle. Ce rendez-vous regroupe le Cafed (Centre africain de formation à l’édition et à la diffusion), l’Association des éditeurs afri-cains et France Édition. Il est décidé que les actions de formation se feront dans un premier temps en collaboration avec ce dernier organisme. Cette coo-pération fructueuse perdure. D’autres sujets sont également abordés à Tunis. Lutter contre l’isolement des libraires, notamment ceux du Sud, répondre aux questions relatives aux marchés locaux, améliorer l’accès à l’information, aux délais de livraison, aux conditions commerciales, à Internet, etc., tels sont les premiers enjeux abordés. Le lancement d’un bulletin d’information évoquant diverses initiatives et offrant une tribune aux libraires, ainsi qu’une enquête sur les besoins en formation sont prévus, en plus de mesures d’aide à l’accès aux outils bibliographiques et de jumelages. Le financement de 40 000 € par l’Agence intergouvernementale de la francophonie (AIF) est attribué dans le cadre de l’aide à la promotion, à la diffusion et à la circulation du livre francophone.

TÉMOIGNAGES DE DEUX LIBRAIRES FRANCOPHONES AYANT PARTICIPÉ À UN JUMELAGE EN LIBRAIRIE... « La demande de livres est différente : chez nous c’est un outil de connaissances et non de plaisir, ce qui justifie son coût pour les faibles revenus. » (Sœur Louise de Bon Pasteur, Togo)

« Il est important pour les libraires d’obtenir des délais plus longs pour que la trésorerie suive les échéances, sinon le livre est reçu au moment où il doit être payé. » (Stéphanie de La Préface, France)

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Libraires présents à l’Agence intergouvernementale de la francophonie lors de la création de l’AILF, en mars 2002 © Livres Hebdo

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par an. Ce fonds a une double vocation : fonds d’auto-assurance (délivrance de garanties en complément de celles de l’assureur-crédit) et fonds d’intervention d’urgence (aide exceptionnelle au transport ou annu-lation d’une partie des encours). Le premier pays à bé-néficier de ce fonds, en 2003, est l’Égypte. Suite à une forte dévaluation de la livre égyptienne, une quote-part des encours de libraires est prise en charge par ce fonds sur plusieurs mois. En 2006, il apporte une aide exceptionnelle au transport pour les importations de livres de trois pays  : Liban, Haïti et Madagascar. En 2010, il permet l’annulation des encours des libraires haïtiens au lendemain du tremblement de terre du 12 janvier. Ce fonds fournit également des garanties pour une douzaine de libraires, la liste étant évolutive chaque année en fonction des positions de l’assureur-crédit (Coface).

DE 2002 À 2012, COMMENT LA SITUATION AVEC L’ASSURANCE-CRÉDIT COFACE A-T-ELLE ÉVOLUÉ ?Coface est un assureur-crédit, c’est-à-dire un assureur garantissant à son assuré le paiement de ses créances, si le débiteur est défaillant, en général du fait d’une procédure collective précédant ou suivant l’état de ces-sation des paiements décrété par un tribunal. Les pro-cédures juridiques sont assez semblables aujourd’hui dans un très grand nombre de pays. Pour optimiser leur police d’assurance et le suivi des dossiers, les édi-teurs français représentés par leurs distributeurs, d’une part, et Coface, d’autre part, ont souhaité une gestion mutualisée de l’assurance concernant leurs créances auprès des libraires et grossistes de l’étranger et des Dom-Tom. C’est dans ce but qu’a été créée, en 1974, la Centrale de l’édition, groupement d’intérêt écono-mique entre éditeurs, distributeurs, exportateurs, sou-haitant bénéficier de cette police d’assurance. Coface, à l’époque organisme public et seul habilité à garan-tir des créances à l’export, a été depuis privatisée (en totalité en 2000) et compte désormais de nombreux concurrents dans un marché mondial. Suite à la crise financière de 2008-2009 et à la forte hausse des primes d’assurance, la Centrale de l’édition et ses adhérents ont mis en concurrence les propositions des différents intervenants possibles sur le marché. À l’issue de cette large consultation, le contrat avec Coface a été renou-velé pour trois ans, à compter de janvier 2011. Dans ce dossier, l’action conjointe de lobbying des libraires français (SLF), belges (SLFB) et de l’AILF a été significa-tive. (Source : Centrale de l’édition)

COMMENT LE MÉTIER DE LIBRAIRE A-T-IL ÉVOLUÉ CES DERNIÈRES ANNÉES ?Ce qu’en dit, en 2012, Michel Ollendorff, auteur du Métier de libraire, publié en 2004 au Cercle de la librairie : « Médiateur, passeur de textes, le libraire n’a pas changé de métier. Cependant, la pratique n’est plus tout à fait la même en raison de nombreux changements techniques et environnementaux. Choisir des livres dans

2003Historiquement, la professionnalisation des libraires et des acteurs de la chaîne du livre a toujours fait partie des axes défendus par les pouvoirs publics fran-çais. Dans le passé, des opérateurs comme l’Asfodel (devenue l’INFL en 1998), l’Asfored, puis France Édi-tion (le BIEF actuel) ont mené des actions de forma-tion à l’étranger. Quant au Cafed, opérateur de l’OIF, il accueillait les formations dans son centre, à Tunis.

L’AILF DEVIENT UN ACTEUR À PART ENTIÈRE DE LA PROFESSIONNALISATION DES LIBRAIRES.Dès sa création, l’AILF devient le partenaire privilégié du BIEF pour les séminaires et formations des libraires dans les pays du Sud. Il s’agit de rendre les libraires pleinement acteurs dans cet enjeu de la formation, comme le soulignait alors son président, Philippe Goffe  : « Face à l’édition fortement indus-trielle, les libraires restent des artisans, insé-rés dans des environnements peu homogènes. Nous sommes confrontés à la double exigence de structurer une offre éditoriale très diversi-fiée, souvent difficile d’accès, et de répondre aux demandes de clients qui, pour certains, sont de mieux en mieux informés. En même temps, les meilleurs connaisseurs de notre mé-tier sont ceux qui le pratiquent au quotidien, et qui peuvent ainsi en apprécier les besoins réels. La formation est donc aussi une affaire de libraires. »

L’AILF développe donc une stratégie qui s’articule autour des axes suivants  : la formation de libraires formateurs entretenue par une formation continue  ; l’accompagnement individualisé des libraires en dé-marrage d’activité ou demandeurs d’intervention ; les formations systématiques aux règles du métier ; enfin, les séminaires thématiques destinés aux dirigeants de librairies. En 2003, trois formations ont réuni des libraires au Maghreb, au Proche et Moyen-Orient et en Afrique de l’Ouest.

RÉPONDRE AUX DIFFICULTÉS ÉCONOMIQUES DANS CERTAINS PAYS.Une des missions que s’est assignée l’AILF est d’appe-ler ses partenaires, publics et privés, à intervenir lors de situations de crise dans certains pays. Elle est donc intervenue plusieurs fois dans les questions touchant l’assurance-crédit.

En 2003, la Centrale de l’édition crée le Fonds d’inter-vention pour répondre à des blocages tels que le refus par l’assureur-crédit de délivrer des garanties sur certains pays (Iran, Irak, Rwanda...) ou une situation économique, politique, ou tout sinistre nécessitant une aide rapide aux libraires et grossistes. Ce dispo-sitif est financé à parité par les éditeurs (via la Cen-trale de l’édition) et le ministère de la Culture et de la Communication, pour un montant moyen de 60 000 €

la production pléthorique des éditeurs, ce qui correspond au projet du libraire, est l’essence même du métier. C’est définir son offre. Le cœur du métier consiste bien à créer une offre conçue, voulue et maîtrisée, diversifiée et de caractère, seule capable de lutter avec les grandes surfaces spécialisées ou alimentaires qui, elles, visent exclusivement à répondre à la demande de la clientèle de masse. Certes, répondre à cette demande reste aussi un souci majeur, mais le vrai métier du libraire, celui qui va le faire perdurer longtemps, c’est d’abord de trouver le moyen de pousser son offre vers sa clientèle en fonction de la connaissance fine qu’il a de celle-ci.

La médiation a changé de nature. De “libraire médiateur”, centre du magasin, on est passé à “assortiment médiateur”. Le libraire se fait plus discret et, à sa place, ce sont la mise en scène de l’assortiment, les classements, le type de promotion et de mise en avant qui se chargent de tout ou partie de la médiation.

Les techniques ont fortement évolué. La pro-fession s’est dotée d’outils d’Édi (Échange de données informatisées) très sophistiqués. La commande initiée dans la librairie entre di-rectement dans les traitements informatiques des distributeurs par Dilicom interposé. L’informatisation de la gestion de stocks est fréquente. Les logiciels, très compliqués dans leur conception, demandent des SSII (socié-té de services en ingénierie informatique) dédiées, tout à fait au courant des arcanes du métier. Les compétences indispensables – culture générale et connaissances com-merciales, comptables, techniques – restent toujours les mêmes. Cependant, des bases de données, l’accès à l’information par Internet, permettent au libraire de maîtriser le flux d’informations. La concurrence d’Internet est forte. La nécessité d’être présent sur Inter-net passe par la création de sites vitrines ou marchands, individuels ou collectifs, à même de s’inscrire dans ces nouvelles manières de consommer. Néanmoins, les clients, de plus en plus seuls, sont à la recherche de contacts réels. C’est une des chances du métier. »

Formation au Niger en 2007 © AILF

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laire grâce à la lecture et non la télévision, moins encore le téléphone portable. En quatre années de Caravane du livre et de la lecture, nous avons développé la présence de la librai-rie dans le pays. L’État voit de plus en plus en nous un opérateur culturel vers qui il peut se tourner pour demander des conseils et orien-tations sur le livre. Il en est de même pour le public. Une nouvelle image de la librairie s’est créée. Alors qu’il y a de cela quelques années, on nous confondait avec de simples commer-çants de livres. » (Ngartara Ngaryengue, librairie La Source, N’Djamena, Tchad)

« Depuis 2004, la Caravane a permis d’enri-chir le fonds en littérature africaine et de dé-couvrir des titres parfois méconnus. La créa-tion de l’Association ivoirienne de libraires a par la suite été une opportunité pour consti-tuer un stock national dans lequel toutes les librairies membres pouvent puiser pour s’ali-menter en littérature. » (Koffi Medard Prao, librairie de France, Abidjan, Côte d’Ivoire)

« La Caravane du livre et de la lecture que j’organise depuis six ans m’a permis de conso-lider les rapports avec mes clients, de donner plus de lisibilité à la librairie, notamment grâce aux déplacements à l’intérieur du pays. Les Burkinabais ont compris l’importance du livre et de la lecture dans la vie d’un enfant et d’une personne. À mon échelle, j’ai pu trans-former ma librairie spécialisée en ouvrages universitaires et professionnels en une librai-rie générale, en augmentant considérable-ment le fonds en littérature. » (Thierry Millogo, librairie Mercury, Ouagadougou, Burkina Faso)

« La Caravane m’a permis de faire des ren-contres extraordinaires avec des auteurs qui ont à cœur de rencontrer leurs lecteurs. La Caravane, c’est aussi l’occasion de saisir le bonheur des lecteurs qui parviennent en un jour à se procurer des ouvrages à prix bonifiés tout en rencontrant leur auteur. » (Lina Husseini, librairie Athéna, Dakar, Sénégal)

« La Caravane nous permet d’aller à la ren-contre de nos lecteurs, en dehors des murs de nos librairies, et de nous placer véritablement comme des acteurs culturels. L’image du li-braire change, il n’est plus perçu seulement comme un “commerçant de livres”, et le re-tour de nos lecteurs est gratifiant. En rendant le livre accessible par le prix, nous répondons à un véritable besoin. » (Loubna Joheir Fawaz, librairie Vents du Sud, Nouakchott, Mauritanie)

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2004QUELLE ÉVOLUTION DANS LES RELATIONS ENTRE ÉDITEURS ET LIBRAIRES ?En France, comme l’indique une étude sur « la ren-tabilité des librairies de premier niveau  », réalisée par le ministère de la Culture en 2004, l’identité de la librairie passe par sa capacité d’investissement – un enjeu difficile compte tenu d’une rentabilité souvent insuffisante.

Dans les faits, beaucoup de libraires se plaignent d’un déséquilibre  : le travail réalisé sur les ouvrages de fonds n’est pas justement rémunéré. Certains d’entre eux estiment que le taux de remise doit être diffé-rencié afin de préserver l’avenir de la diversité édi-toriale. C’est ce que propose Christian Thorel, de la librairie Ombres Blanches, à Toulouse, dans un article de Livres Hebdo : « Il faut trouver un moyen de rémunérer le travail fait sur les ouvrages de fonds et passer la barre symbolique des 40 %. Les remises accordées sur le qualitatif ne suf-fisent plus. » (Livres Hebdo n° 573 – 15/10/2004)

L’enjeu est complexe. Pour preuve, en 2011, à l’occa-sion des Rencontres nationales de la librairie à Lyon, Christian Thorel revient sur le rôle du libraire qui semble sous-estimé par les éditeurs...

« Pour pouvoir exister, un livre a besoin d’une mise en place minimale d’au moins 500 à 1 000 exemplaires que lui assure le réseau des librairies de la ville. Ce sont ces librai-ries qui amplifient le son des éditeurs, relaient celui des médias. Si ce réseau est conduit à se dispenser de livres de vente lente qu’elles retournent systématiquement parce qu’ils sont principalement vendus dans un autre réseau, c’est la production même de ces livres qui sera remise en cause. Pourquoi ne pas relever aussi que les relations entre libraires et éditeurs font trop la place à des relations libraires - diffuseurs, et que cette médiation n’est pas de même nature ? » (Livres Hebdo n° 866 – 20/05/2011)

La hausse de la TVA de 5,5 à 7 %, qui devrait être effective au 1er avril 2012, va affecter les libraires français car elle pourrait entraîner une augmenta-tion du prix public des livres ou une perte de marge et une dévalorisation des stocks pour les librairies françaises.

L’AILF se veut solidaire, même si pour elle il est dif-ficile de mesurer les conséquences de cette hausse de la TVA pour les libraires à l’étranger, sauf pour les ouvrages Hachette, vendus TTC à l’export.

LES RELATIONS ENTRE LES ÉDITEURS FRANÇAIS ET LES LIBRAIRES À L’ÉTRANGER.En 2003, au Salon du livre de Paris, l’AILF avait invité plusieurs directeurs export à débattre des relations commerciales avec les libraires à l’étranger. À l’ordre du jour, les questions de l’approvisionnement, les conditions de retour, la couverture Coface, les diffi-cultés d’information...

En novembre 2011, à l’occasion du séminaire à Hong Kong, des libraires ont déploré le fait que certains édi-teurs et distributeurs accordent les taux de remise sur le seul volume des achats et ne prennent pas plus en considération les difficultés des libraires à l’étranger.

UN EXEMPLE DE PARTENARIAT CONSTRUCTIF ET PÉRENNE : LA CARAVANE DU LIVRE ET DE LA LECTURE.L’idée d’une Caravane du livre et de la lecture est née en 2002, lors du jumelage d’une librairie française (La Préface à Colomiers, Haute-Garonne) et d’une librai-rie togolaise (Bon Pasteur à Lomé). Elles découvrent rapidement que les auteurs africains se trouvent mieux représentés dans les rayons de la librairie fran-çaise qu’au sein de la librairie africaine. Très vite, c’est la question du prix des ouvrages de littérature qui se révèle être l’obstacle majeur. Les premiers acteurs que l’AILF a souhaité rencontrer sont les éditeurs qui ont, pour beaucoup, accepté de se lancer dans l’aventure en proposant des remises exceptionnelles sur ces ouvrages. Les libraires africains ont, de leur côté, préparé les animations qui allaient compléter les expositions ventes.

L’IMPACT DE LA CARAVANE DU LIVRE ET DE LA LECTURE... En 2004, une poignée de libraires originaires de quatre pays (Côte d’Ivoire, Bénin, Togo, Burkina Faso) se mobilisent et sensibilisent plusieurs centaines de personnes.

En 2011-2012, neuf pays organisent une Caravane du livre et de la lecture – Bénin, Niger, Mali, Bur-kina Faso, Togo, Côte d’Ivoire, Sénégal, Tchad (depuis 2007) et Mauritanie (depuis 2011) – à laquelle des dizaines de milliers de personnes participent.

... SUR LES LIBRAIRES AFRICAINS ?« Jamais un événement littéraire n’a pu atti-rer autant de monde. Au cours d’une des édi-tions pendant laquelle le cinéma numérique faisait partie de la Caravane, les populations de toutes les régions visitées ne cessaient de nous demander de prolonger notre séjour. » (Haoua Sankarani, librairie Burama, Niamey, Niger)

« Ce qui nous pousse à poursuivre d’année en année la Caravane du livre, c’est la volonté d’éduquer les nouvelles générations à la culture de la lecture. Dans ce sens, nous les sensibilisons et insistons sur la réussite sco-

La Caravane du livre au Burkina Faso en 2011 © AILF

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Des libraires de l’AILF sont devenus formateurs. Être un bon libraire est une chose, devenir formateur en est une autre. Aussi un groupe de libraires de l’AILF a-t-il suivi un cycle de formation de formateur.

En 2003, une dizaine de libraires AILF ont effectué leur première formation, animée par Marina Lemon-nier (INFL), en présence de Pierre Myszkowski (BIEF). Le thème portait sur les premiers pas de la formation et la gestion des dynamiques de groupes.

Une deuxième formation a eu lieu en 2006 pour agrandir le vivier de formateurs et réfléchir à l’avenir de l’AILF. Une quinzaine de personnes ont travaillé sur des cas concrets, toujours avec Pierre Myszkowski, afin d’envisager une méthodologie commune, no-tamment sur les accompagnements individualisés. Ce groupe a également participé à une réflexion sur les objectifs de l’association. Ce travail a été rendu possible grâce à l’intervention d’une société spéciali-sée dans la « gestion du cycle de projets », elle aussi dénommée BIEF (Bureau d’ingénierie en éducation et formation, à Louvain-la-Neuve, en Belgique).

En 2008, la troisième formation a permis de tra-vailler efficacement avec un formateur de l’INFL sur la construction des modules de formation, la défini-tion des objectifs et le découpage par séquences. Ces apprentissages théoriques ont été mis en application à travers la construction de quatre modules de formation (« Renforcer l’identité de sa librairie » ; « Constituer et développer son assortiment » ; « Mieux rentabiliser sa librairie : le stock et ses aspects financiers » ; « Gérer son équipe en librairie »). Ce travail de mutualisation des données, partant de l’approche empirique des libraires, est pour nous fondamental car il permet de structurer une offre selon des objectifs spécifiques. Une charte d’engagement du libraire a été élaborée à l’occasion de cette rencontre.

2005LA FORMATION, AXE CENTRAL DES ACTIONS DE L’AILF.L’AILF a très vite proposé, en partenariat avec le BIEF, des formations et séminaires de libraires sur l’ensemble des zones francophones du Sud (Maghreb, Afrique sub-saharienne, Moyen-Orient et océan Indien). Ainsi, trois rencontres ont été organisées en 2003-2004-2006, cinq en 2005 et quatre en 2007-2008  ! Depuis, ces manifestations se sont poursuivies, en collaboration avec les partenaires habituels, mais parfois aussi ini-tiées par l’AILF seule, ou avec les SCAC.

Quels sont les effets des formations sur le quo-tidien des libraires ?

« L’expérience algérienne témoigne parfaite-ment de la nécessité d’entreprendre ce genre d’actions. Les différents séminaires, ciblant dans un premier temps les responsables de librairie, ont été suivis d’une formation sur deux ans, montée sur la base d’un diagnostic qui a balisé le terrain et permis de dégager les thématiques adéquates. Ces séminaires de formation ont sans nul doute atteint leur ob-jectif, celui de transmettre un réel savoir-faire. Mais, au-delà, il était important de saisir les contours d’un métier qui, par sa dimension culturelle, donne au libraire un rôle phare au cœur de la société. Il fallait passer par ces rencontres pour prendre la mesure de sa véri-table place et observer son environnement de manière éclairée, avec l’ambition d’aller plus loin dans la quête de solutions interprofes-sionnelles et d’idées de développement. Pour nombre de librairies, des murs sont tombés, des locaux ont été agrandis, des fonds nou-veaux et des rayons ont été développés, des programmes d’animation montés, etc.

L’Association des libraires algériens (Aslia) s’est investie dans la modernisation des ou-tils de gestion, en aidant à l’acquisition d’un logiciel spécifique. Au final, ces formations, prétextes pour se retrouver, sortir de son iso-lement, ont abouti à créer une dynamique collective indéniable. En même temps, des rencontres de libraires de l’espace maghré-bin, au Maroc, à Tunis puis à Alger, ont éten-du cette dynamique en allant à la rencontre d’autres expériences, d’autres acteurs, en tissant de nouveaux liens, des voies complé-mentaires pour échanger et partager. Cela n’aurait pu se faire sans l’engagement de partenaires et de personnes complètement dévoués à leur tâche. » (Fatiha Soal, librairie Kalimat, Alger, Algérie)

LA LECTURE, ENJEU MAJEUR DES PROFESSIONNELS DU LIVRE.L’enquête Ipsos / Livres Hebdo «  Les nouveaux lec-teurs », réalisée en 2005, montre que si les lecteurs sont un peu plus nombreux à avoir lu un livre par an (avec un taux élevé chez les 25-34 ans), ils sont da-vantage consommateurs, considérant le livre comme un produit marchand. Sophie Martin, directrice générale d’Ipsos Culture, remarque  : « C’est l’an-née du pratique, du people, de la psycho. » Les autres genres plébiscités sont les témoignages, les faits divers inspirés de la presse quotidienne et, dans une moindre mesure, les livres sur le bien-être.

Difficile de trouver l’équivalent d’Ipsos au Sud. Pour l’AILF, le seul laboratoire actif en termes de lectorat est devenu la Caravane du livre, qui a permis de déjouer les opinions selon lesquelles seuls les ouvrages sco-laires et universitaires faisaient basculer les chiffres. En l’espace de trois ans (de 2004 à 2007), les données montrent un intérêt exponentiel pour les ouvrages de littérature africaine, et les commandes de dix libraires atteignent 165 088 €. Mais le livre est bien plus qu’une marchandise, c’est un « outil de construction ou de reconstruction de la personne, à long terme », comme le souligne si justement la nou-velle présidente de l’AILF, Agnès Avognon Adjaho, libraire à Cotonou, au Bénin, élue en 2005 et coordi-natrice de la Caravane du livre dans ce pays jusqu’en 2010. Elle recueille cette même année des témoi-gnages d’auteurs et de lecteurs béninois montrant que le livre n’est pas qu’un produit marchand...

« Quand je pense à une caravane, je vois un groupe de voyageurs réunis pour franchir une contrée désertique. Cette contrée, c’est celle de l’ignorance que le livre peut abolir. Et la Caravane se déplace comme une masse vivante, une masse mouvante ondulant dans les méandres du savoir par le truchement du livre qui, lui-même, est, comme le disait Sartre “une grande forme en mouvement”. » (Irène d’Almeida, professeur béninoise de littéra-ture et critique littéraire à l’université d’Arizona)

« Dans ce désert, la Caravane devient une quête de l’excellence. Pour paraphraser Aimé Césaire, je dirais que ce voyage est une invita-tion à la reprise de l’initiative historique ; un défi lancé à nous-mêmes pour que nous puis-sions atteindre les oasis où, en nous désalté-rant, nous allons puiser une nouvelle inspira-tion. » (Nouréini Tidjani-Serpos, auteur béninois)

« Jean Pliya a renforcé mon amour pour la lecture. Il m’a amenée à comprendre des histoires traditionnelles, à les différencier, et surtout m’a fait ressentir le désir de pou-voir écrire moi-même un livre. » (Une élève de 12 ans au Bénin)

En 2011, l’AILF commande un documentaire filmé sur la Caravane du livre. Le pays choisi, pour des questions de disponibilité, est le Burkina Faso. Un film centré sur l’intérêt d’une manifestation unique en Afrique subsaharienne, et qui contribue à amener les livres aux lecteurs, et les lecteurs au livre.

Ci-dessus : Formation des libraires formateurs à l’INFL, en 2008 © AILF Ci-dessous : Formation de libraires au Niger, en 2007 © AILF

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2006L’année des Francophonies et de la Diversité culturelle en 2006 est l’occasion pour de mul-tiples acteurs du livre de célébrer les auteurs francophones. L’AILF, sollicitée par la Société des gens de lettres et le festival Livres d’Afrique, évoque alors le travail de promotion des litté-ratures francophones, notamment à travers la Caravane du livre et de la lecture.

L’AILF OUVRE SON SITE INTERNET (www.librairesfrancophones.org) ET FAVORISE L’ACCÈS AUX BASES DE DONNÉES PROFESSIONNELLES.Le pas est franchi, l’AILF inaugure son site Internet en collaboration avec Oliance. À la fois espace de res-sources et vitrine des actions de l’AILF, ce site donne aussi une visibilité à tous les membres de l’associa-tion. Par ce biais, les professionnels du livre vont pouvoir suivre toutes les réalisations sur le terrain menées par l’AILF aux quatre coins du monde. Mais, également, lire les commentaires des libraires qui participent à nos actions. Ceux-ci vont y trouver de nombreuses informations utiles. Et le grand public va découvrir à travers ce site l’activité de l’association et la vie des librairies francophones à l’étranger.

La meilleure preuve de la curiosité des internautes est l’augmentation exponentielle des abonnés à la newsletter de l’AILF et les demandes de renseigne-ments qui illustrent le souhait d’ouvrir une librairie, faire un stage, développer un rayon, dialoguer avec des confrères...

Aujourd’hui, avec ses 1 238 abonnés, la Lettre de l’AILF présente chaque trimestre une sélection d’ar-ticles sur ses actions, des coups de projecteurs sur des thèmes et la vie des librairies à l’étranger. En 2011, l’AILF a lancé sa page Facebook, qui regroupe déjà plus de 533 amis... En 2012, elle décide de refondre son site Internet, pour répondre aux nouvelles fonc-tionnalités du Web.

QUEL USAGE DE DILICOM PAR LES LIBRAIRES À L’ÉTRANGER ? La tendance observée en France et à l’étranger est la même, dans des proportions bien évidemment diffé-rentes. Toutefois, de 2004 à 2010, le nombre de lignes de commandes a doublé, passant de 45 à 98 millions en France, et de 289 000 à 609 000 à l’étranger. Lors d’une enquête réalisée par l’AILF auprès de ses membres en 2010, il apparaît que 50 % d’entre eux passent des commandes par Édi (Échange de don-nées informatisées). Début 2011, à travers son site, Dilicom donne accès à la quasi-totalité de l’offre en livres numériques. Le nouveau moteur de recherche permet d’afficher à l’écran toutes les versions d’un livre, sous format papier ou numérique, et de le com-mander via Dilicom.

COMMENT DILICOM SOUTIENT-IL LE RÉSEAU DES LIBRAIRES DE L’AILF ?Le réseau Dilicom, qui compte 8 000 libraires utili-sateurs, 1 600 distributeurs et 220 représentants, soutient depuis 2004 les efforts de l’AILF en faveur du développement des commandes électroniques. Il verse pour cela une redevance à l’association, pro-portionnelle aux lignes de commandes transmises par les libraires à destination des distributeurs. Dilicom offre aux libraires étrangers un service de transmission de commandes à titre gratuit depuis 1989, ainsi qu’une subvention destinée à financer des actions de promotion.

ET QU’EN EST-IL DE L’USAGE DE LA BASE DE DONNÉES ELECTRE ?Depuis 2006, Electre-Livres Hebdo offre des tarifs pré-férentiels aux membres de l’AILF, selon des critères spécifiques (chiffre d’affaires pour Electre et zones géographiques pour Livres Hebdo). Malgré ces efforts, Electre demeure une base de données que beaucoup de libraires à l’étranger ne peuvent se procurer puisque seuls une dizaine d’entre eux y ont accès, soit 10 % des membres du réseau.

COMMENT L’AILF CHERCHE-T-ELLE À VALORISER LES ÉCRITS FRANCOPHONES ? COMMENT TRAVAILLER À UNE BASE DE DONNÉES FRANCOPHONE ?

En 2004, à l’occasion du Sommet de la franco-phonie de Ouagadougou, des libraires africains de la sous-région rencontrent pour la première fois collec-tivement des éditeurs du Nord spécialisés en littéra-ture africaine, ainsi que des auteurs du prix des Cinq Continents, comme Andreï Makine ou Lyonel Trouillot.

Depuis 2004, la sélection de littérature africaine de la Caravane du livre offre un fonds d’ouvrages évolutif et de plus en plus représentatif des éditeurs africains. En 2006, une dizaine d’éditeurs du Sud y figurent (Ruisseaux d’Afrique, Sankofa & Gurli, Presses uni-versitaires d’Afrique-AES, Edilis, Ganndal, Donniya...), rejoints l’année suivante par quatre autres confrères (Jeunes Malgaches, Graines de pensées, CLE, Lemba).

En 2012, la sélection compte dix-sept éditeurs francophones du Sud : AES, Al Kitab, Cauris éditions, CLE, Donniya, Elyzad, Edilis, Graines de pensées, Ifri-kiya, Jamana, Jeunes Malgaches, Ndzé, NEAS, Ruis-seaux d’Afrique, Tarik éditions, Tropiques éditions et Vizavi.

En 2009, à l’occasion de « Beyrouth, capitale mon-diale du livre  », les libraires de l’AILF présentent un fonds Sud incluant des titres d’Afrique subsaharienne et du Maghreb (réalisé par des libraires du Maghreb), avec CulturesFrance, nouvel opérateur du ministère des Affaires étrangères. Cette même année, des édi-teurs et libraires africains sont réunis à Cotonou par le BIEF et l’AILF pour échanger sur les relations inter-professionnelles.

Ce travail de fond et les rencontres entre libraires et éditeurs, organisées par le BIEF et l’AILF, ont permis de développer les relations entre éditeurs et libraires africains, qui sont passées de 0 en 2004 à 25 % des commandes globales en 2011.

En 2011, l’AILF participe à un chantier de res-tructuration d’Afrilivres, aux côtés de l’Alliance des éditeurs indépendants et d’Afrilivres, sous les aus-pices de l’Institut français, pour mieux promouvoir et distribuer les catalogues des éditeurs africains. Une étude sur la diffusion et la distribution du livre afri-cain au Sud a été lancée, et a débouché en ce début 2012 sur un appel à candidatures pour une personne chargée de relancer le site Internet et de repenser la question de la distribution.

En 2012, l’AILF invite ses membres à présenter l’ouvrage d’un auteur francophone, leur «  coup de cœur », sur le stand de la Librairie du Sud de l’Institut français (anciennement CulturesFrance), à l’occasion du Salon du livre de Paris.

Le site de l’AILF réalisé avec Oliance en 2006

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1 La Caravane du livre et de la lecture © AILF

2 Animation dans la librairie El Bourj au Liban © AILF

3 Librairie Edilac au Mali © AILF

4 La Caravane du livre au Tchad © AILF

5 Librairie Kalila Wa Dimna au Maroc © AILF

6 Accompagnement individualisé au Niger © AILF

7 Séminaire de libraires d’Asie/Océanie à Hong Kong © AILF

8 Librairie Leonardo da Vinci au Brésil © AILF

9 La Librairie en Suisse © Olivier Lange

10 Librairie La Pléiade en Haïti © AILF

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pas toujours être au rendez-vous, alors même que les rôles des uns et des autres sont complémentaires. C’est du moins ce que suggère Agnès Debiage dans un article d’En direct du réseau, en 2009 : « Passer des commandes par un réseau local de librai-ries permet d’avoir l’assurance d’un suivi local, de payer en monnaie locale, de partici-per au développement de petites et moyennes entreprises culturelles locales, de promouvoir de manière collective la culture française à l’étranger, de développer des partenariats culturels communs. » Et de continuer en évoquant le rôle du libraire qui pourrait s’engager à son tour sur des délais, des commandes individuelles et à l’unité, la capacité à proposer des conseils de lecture, de dis-poser d’une offre de qualité.

Michel Choueiri en a fait son fer de lance et, dès l’année suivante, a participé aux Journées des mé-diathécaires et Journées du réseau pour encourager davantage de projets communs. En 2011, Jacques Bernard, administrateur, rencontre des représen-tants des alliances françaises et des établissements français à l’étranger pour présenter les actions et la Charte du libraire francophone. En 2012, se profile l’idée d’une charte d’engagement réciproque qui reste à l’état de projet, en partenariat avec le dépar-tement du livre au ministère des Affaires étrangères.

En 2009, un comité de libraires se réunit pour identifier les critères de professionna-lisme d’une librairie. Une enquête préalable auprès d’une trentaine de libraires avait permis de mettre en exergue quelques items. Ce travail pré-paratoire est utile à la réflexion et à la réforme des aides à la librairie à l’étranger puisque des libraires, également administrateurs de l’AILF, siègent officiel-lement à la commission du CNL, chargée de l’aide aux libraires à l’étranger. Ces critères serviront de trame à l’élaboration de la charte en 2009.

Depuis 2011, une enquête réalisée à partir de cas concrets dans une quinzaine de pays permet de décrypter plus précisément les frais d’importa-tion (frais d’approche et de transport). Un certain nombre de pays restent soumis à la TVA ou à diverses taxes (Comores, Madagascar, Mali, par exemple), ou/et à des frais de douane, (Comores, Mexique, Chili, Cameroun, Argentine, Émirats arabes). Des coûts qui, ajoutés aux frais annexes des éditeurs, alourdissent d’autant la note finale.

L’AILF RÉPOND AUSSI À LA DEMANDE DES LIBRAIRES PAR DES ACCOMPAGNEMENTS ET SUIVIS INDIVIDUALISÉS. Depuis sa création, l’AILF a beaucoup travaillé sur le terrain des formations, pour aider à la professionnali-sation des libraires, à la prise de conscience de l’iden-tité de la librairie et à sa bonne gestion. C’est ainsi qu’Agnès Debiage, libraire formatrice intervenant sur la zone océan Indien, explique sa démarche : « En analysant les questionnaires post-formation,

2007L’AILF APPROFONDIT SON APPROCHE ET TENTE DE RÉPONDRE AUX ENJEUX DE LA LIBRAIRIE FRANCOPHONE. En fonction des préoccupations et des réactions exprimées par ses membres, l’AILF a mis en place des enquêtes qualitatives visant à analyser les enjeux du métier de libraire francophone. Certaines ont ainsi servi à penser des politiques ou à organiser des actions de lobbying.

Retour sur quatre enquêtes...

En 2007, une première étude, réalisée auprès de 57 membres, permet de mesurer les besoins réels des libraires.

La formation est le premier axe évoqué. Que ce soit sous forme de « séances plénières », « formation continue », « sur place », « jumelages », « stages » ou « accompagnement personnalisé ».

Le souhait d’avoir un réseau communautaire d’entraide et d’échanges sur des questions rela-tives au métier, les nouveautés, le développement d’un fonds, la présence de la langue française dans le pays, les activités culturelles de la francophonie, les courants littéraires, est un deuxième axe.

Enfin, les membres encouragent l’idée d’un service de conseils et de lobbying auprès des profes-sionnels du livre pour une résolution de problèmes concrets, notamment au niveau de la relation avec les éditeurs («  traitement des commandes  »), du système d’importation («  frais, accords de Florence, norme qualité ») et d’un soutien plus appuyé (« cam-pagne de soutien aux libraires », « plus d’implication dans la vie du libraire »), qui peut, pour certains, se concrétiser par une prise en charge de leur venue au Salon du livre de Paris.

Ces trois axes sont déterminants dans le choix des actions de l’AILF.

En 2008, l’enquête sur les relations entre libraires et établissements culturels et sco-laires français à l’étranger touche une vingtaine de membres. Les collaborations sont souvent cultu-relles et commerciales et peuvent parfois se for-maliser à travers des conventions ou se concrétiser par des appels d’offres ouverts aux marchés locaux. Cependant, les restrictions budgétaires qui ont touché les réseaux culturels et d’enseignement diminuent leur marge de manœuvre, sachant de plus que leurs responsables sont souvent nommés pour une durée limitée. Derrière ces arguments il y a aussi une ques-tion de confiance et de reconnaissance qui ne semble

l’AILF a pris conscience qu’un véritable tra-vail de terrain en librairie s’avérait néces-saire à la demande des libraires eux-mêmes. Il ne s’agissait surtout pas d’appliquer des méthodes toutes prêtes, mais bien au contraire de réfléchir avec le libraire concerné sur son emplacement, sa visibilité, son environnement, son aménagement, son fonds d’ouvrages, sa communication, sa gestion..., tout en prenant en considération les facteurs locaux, bien dif-férents d’un pays à l’autre. »

Et de revaloriser progressivement le métier de libraire, comme le souligne Michel Choueiri en 2011  : « Ces accompagnements permettent aussi de sensibiliser les acteurs culturels du pays à mieux collaborer avec les libraires. Cela aide également les libraires à mieux comprendre les besoins de leurs partenaires culturels afin de mieux les servir. L’objectif est que cette collaboration permette d’élabo-rer une coopération culturelle pérenne. »

ACCOMPAGNEMENTS INDIVIDUALISÉS ET ÉTATS DES LIEUX.

Accompagnement individualisé  : L’AILF n’in-tervient que chez des libraires qui en ont formulé la demande. Le libraire doit préparer une liste de thèmes sur lesquels il souhaite travailler avec le formateur AILF. Chaque librairie a en effet ses spécificités. Cet accompagnement permet un travail très concret et efficace avec le libraire.

État des lieux : Sur demande également, il per-met au libraire formateur d’observer et d’analyser le tissu local des librairies, ainsi que les relations avec les partenaires sur place.

2005 : un accompagnement à Badagry (Nigeria), un état des lieux à Abidjan (Côte d’Ivoire) et en Tunisie (Tunis, La Marsa, Bizerte, Hammamet et Sousse). 2006  : un accompagnement individualisé à Goma, (République démocratique du Congo), à Dubai (Émi-rats arabes unis), à Accra (Ghana), en Côte d’Ivoire  ; un état des lieux en Turquie. Trois de ces suivis ont permis d’accompagner la création de librairies. 2007  : un accompagnement individualisé à Tama-tave (Madagascar) et à Nicosie (Chypre). 2008  : un accompagnement individualisé à Antananarivo (Ma-dagascar), à Tunis (Tunisie) et à Casablanca (Maroc). 2010  : un accompagnement individualisé à Nicosie (Chypre), à Damas et Alep (Syrie), et deux à Antana-narivo (Madagascar). 2011  : un accompagnement individualisé à Madagascar  ; un état des lieux en Guinée et en Espagne.

Librairie Vents du Sud en Mauritanie © AILF

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2008En 2008, alors qu’arrive un nouveau président, Michel Choueiri, libraire à Beyrouth, l’AILF se trouve plu-sieurs fois interpellée par des librairies menacées de fermeture. Elle lance un appel aux pouvoirs publics pour qu’une réflexion de fond soit menée.

DE LA DIFFICULTÉ D’ÊTRE LIBRAIRE. L’EXISTENCE DE LA LIBRAIRIE FRANCOPHONE EST-ELLE EN JEU ? « Le Caire, Milan, New York, São Paulo, la liste des librairies francophones en péril s’égrène. C’est le monde qui change, dira-t-on, à défaut de parler avec résignation de l’Histoire qui avance. C’est surtout un peu de l’aventure de la langue française dans le monde qui est en jeu, et de ce qu’elle repré-sente pour des millions de gens qui vivent, qui pensent, qui lisent en français. Les rai-sons ? On les devine, elles ne sont pas très nombreuses.

Les contraintes économiques d’abord, avec l’augmentation vertigineuse des loyers en centres-villes. C’est le cas à New York, où la Librairie de France, installée au Rockefeller Center, fermera ses portes en septembre. Son loyer aurait dû passer de 300 000 à un million de dollars, et Emmanuel Molho a décidé de mettre fin à l’aventure commencée par son père dans les années 1920. Même chose à Milan, où la Libreria Francese est également confrontée à une augmentation de loyer qu’elle ne peut assumer, et son actuel propriétaire, Enrico Gadda, annonce la fermeture imminente de cette librairie fondée en 1953. L’histoire se répète encore au Caire où, suite au décès de sa fondatrice, Yvette Farazli, la librairie mythique Livres de France, au stock fabuleux, a perdu l’usage de son local historique en centre-ville, et doit se replier sur un autre quartier, mais en étage, pour une question de coût moindre. Au moins peut-on se féliciter qu’elle ne disparaisse pas...

Ce que ces libraires pointent cependant, en plus de la question des loyers, qui touche tout autant les libraires du Nord que du Sud, c’est l’accès onéreux au livre français ou franco-phone. Silvia Monteil, qui gère la Livraria Francesa de São Paulo, fondée en 1947 par son grand-père, y voit la principale menace

pour son activité, comme le font tous les libraires à l’étranger. Le coût du transport et autres “frais d’approche”, bien nommés quand on est de l’autre côté de la planète, sont devenus trop importants pour permettre à ces librairies de répondre, comme elles le voudraient, à leur raison d’être : offrir une offre diversifiée et cohérente de la pro-duction francophone. Faudra-t-il alors se satisfaire de la concurrence des grandes librairies internationales qui présentent un choix limité de livres français ? Ou faudra-t-il se concentrer sur les ventes en ligne, dont on sait pourtant qu’aujourd’hui elles sont en grande partie monopolisées par une poignée d’opérateurs assez puissants pour gérer des bases de données au niveau mondial ?

On pourrait dire que ces questions (loyers, transmission, Internet et numérique...) ne concernent pas que les librairies franco-phones, mais bien l’ensemble de la profes-sion, au Nord et au Sud. Il faut cependant rappeler la fragilité particulière des librai-ries représentées au sein de l’AILF. Dans la plupart des pays, aucun système de protec-tion des prix, ni d’appui substantiel à la pro-fession n’existe. [...]. Le péril est réel.

C’est pourquoi on ne peut qu’encourager et défendre les initiatives qui sont prises pour permettre cette présence de librairies, notam-ment lorsqu’elles sont implantées dans les locaux des alliances françaises ou des centres culturels, couplant ainsi des loyers moins éle-vés à la constitution de pôles francophones (surtout dans des zones non francophones), comme c’est le cas à Bangkok, Istanbul, Abu Dhabi, Alexandrie ou Cracovie... De même que nous semble essentielle la réflexion que mènent les pouvoirs publics, et que doivent aussi mener les éditeurs, sur les conditions de circulation des livres, autant entre le Nord et le Sud qu’entre les pays du Sud. » (Philippe Goffe, En direct du réseau n° 10/2008)

EN FRANCE AUSSI, LA QUESTION DE LA SURVIE DES LIBRAIRIES SE POSE. ELLE EST INTIMEMENT LIÉE À LA TRANSMISSION...En 2008, une étude sur les difficultés de transmission de librairies en France dresse un constat de taille.

Les années 1970, dans la mouvance de Mai 68, et les années 1980, avec l’instauration de la loi sur le prix unique, ont été propices à l’ouverture de librairies. Trente ans plus tard, les fondateurs ou repreneurs de ces établissements sont à l’âge de la retraite. Cinquante pour cent des dirigeants des quatre cents premières librairies françaises, réalisant 4 millions de chiffre d’affaires annuel, sont dans ce cas. Les trans-missions s’avèrent difficiles, compte tenu du contexte économique peu attractif, des faibles marges déga-gées par l’activité, d’un climat de grande morosité et du déclin des centres-villes au profit des périphéries.

LE LIVRE FRANÇAIS SE VEND-IL MIEUX AUJOURD’HUI ? QUELQUES CHIFFRES...Si l’on se fie aux chiffres, sur le périmètre «  Grand Export  » (non inclus la Belgique, le Luxembourg, la Suisse et le Canada), il semblerait qu’entre 2002 et 2011 le nombre d’importateurs de livres fran-çais ait légèrement diminué, passant de 668 à 649. Cependant, le nombre d’importateurs, libraires ou grossistes possédant au moins une librairie en propre a sensiblement augmenté, passant de 386 à 398. Le reste du marché est entre les mains d’importateurs divers (grossistes purs, institutionnels, représenta-tions françaises à l’étranger : instituts, alliances fran-çaises, ambassades...).

La question du ratio création / disparition de librai-ries est en même temps difficile à cerner, les critères «  type d’acheteur  » n’étant pas comparables entre 2002 et 2011. Le ratio apparent serait de quatre librairies créées pour trois disparues.

Les tendances de l’exportation du livre français sur les dix dernières années (entre 2000 et 2010) indiquent un chiffre positif de 13 %, clairement plus important sur les zones spécifiquement francophones, où le chiffre a particulièrement augmenté : en tête bien sûr le quatuor Belgique - Suisse - Canada - Luxembourg (+ 52,1 %), suivi de près par le Maghreb (+ 46,8 %) et le Liban (+ 42,6 %), puis l’Afrique francophone (+ 30,2 %) devançant les Antilles, hors Dom (+ 4,7 %).

Dans les pays non francophones, l’Afrique enregistre une augmentation de + 26,7 %. Une exception puisque la tendance dans ces pays non franco-phones est à la baisse, et non des moindres comme ces chiffres l’attestent  : - 72,6 % pour l’Europe de l’Est, - 50 % pour les États-Unis, - 39,5 % pour l’Asie et l’Océanie. Un pays francophone, Haïti, dont on connaît les particularités, a également été marqué par une forte baisse (- 44,6 %). Viennent ensuite l’Eu-rope de l’Ouest - Union européenne non francophone (- 29,7 %), l’Amérique latine (- 19,7 %), le Proche et Moyen-Orient, hors Liban (- 23,7 %).

La part de l’export (incluant cette fois la Belgique, le Luxembourg, la Suisse et le Canada) dans le chiffre d’affaires de l’édition française est, selon les statis-tiques douanières, stable à 25 %, soit un livre sur quatre vendus à l’export. (Source : Centrale de l’édition)

Librairie Oum El Dounia en Égypte © AILF

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LA CHARTE DU LIBRAIRE FRANCOPHONE.Le libraire francophone s’engage à...

... Assurer le professionnalisme de son équipe : n Partager avec son équipe un projet de librairie et lui assurer la formation nécessaire au développement de ses compétences. n Garantir à sa clientèle un accueil et une écoute de qualité grâce à une équipe francophone capable de l’orienter dans ses choix et de prodiguer des conseils de lecture.

... Développer une offre de qualité  : n Faire de sa librairie un espace ouvert au public, lieu de rencontres, de circulation des savoirs, des idées et des émotions. n Tendre vers une offre diversifiée, cohérente avec le projet de la librairie, en valorisant non seulement les nouveautés, mais aussi le fonds et l’édition francophone locale. La connaissance et la promotion de ces différents fonds éditoriaux, y compris l’édition indépendante, font partie des com-pétences spécifiques des librairies francophones, par-tout dans le monde. n Garder son autonomie dans le choix de son assortiment de livres, qui ne peut être captif, c’est-à-dire déterminé par un distributeur, un grossiste, une centrale d’achat ou toute entité autre que le libraire lui-même. n Se poser comme agent culturel en proposant des animations dans et hors les murs et en participant à la vie culturelle locale.

... Veiller à la qualité de son service à la clien-tèle : n Disposer de tous types d’outils profession-nels de recherches bibliographiques (catalogues, bases de données...) et pratiquer dans la mesure du possible le service de commandes à l’unité. n Four-nir à sa clientèle une information aussi précise et fiable que possible  : clarté dans les délais, la dispo-nibilité et le prix des livres. n Offrir aux collectivités locales un service professionnel d’information, de conseil et d’approvisionnement.

... Favoriser les relations entre libraires et avec l’interprofession : n Développer le dialogue et la collaboration avec ses confrères, y compris au sein des associations professionnelles, pour se connaître et se respecter. n Exercer une concurrence saine et loyale en évitant toute position monopolistique et en respectant les réglementations en usage en matière de prix du livre et de remises. n Respecter la pro-priété intellectuelle, les voies légales d’approvision-nement, et ne pas vendre des livres de contrefaçon. n Favoriser le dialogue avec les autres acteurs du livre, dans le respect des règles et usages commer-ciaux, et de la place de chacun dans la chaîne du livre. n Être libraire détaillant, reconnu légalement par les autorités compétentes du pays.

En 2012, une soixantaine de libraires disent répondre à ces critères ou souhaiter les atteindre. Son affichage en librairie est un gage de professionnalisme aux yeux des clients, mais aussi des partenaires insti-tutionnels locaux qui sont assurés de la volonté du libraire de répondre aux critères qualitatifs précités.

2009En mars 2009, le rapport sur la politique de soutien au livre français à l’étranger, confié par Christine Albanel, ministre de la Culture et de la Communica-tion, à Marc-André Wagner (secrétaire général du Centre national du livre) et à Olivier Poivre d’Arvor (directeur de CulturesFrance), est présenté au Conseil du livre à Paris.

Selon ce rapport, un quart du chiffre d’affaires de l’édition française est représenté à l’international, ce qui légitime fortement une mobilisation économique et culturelle et une réflexion de fond sur les objectifs et les moyens mobilisés par la France (10 millions d’euros) en faveur du livre français à l’étranger. Sont formulées plusieurs propositions autour de la néces-sité d’adopter une stratégie commune des acteurs publics (MAEE et MCC) avec un renforcement des actions du CNL en faveur des librairies francophones, et, à l’étranger, un acteur au service de cette straté-gie : le réseau culturel français. En outre, est décidée la constitution d’un portail d’informations unique sur le livre français à l’étranger.

Ce rapport souligne donc l’importance du soutien à la diffusion du livre français en version originale, qui passerait par un appui renforcé aux librairies de qualité, à travers notamment l’attribution d’un agrément. Dans les pays de la francophonie du Sud, il s’agirait d’encourager l’adaptation du prix du livre au marché local (coédition, cessions, baisse des prix) et de favoriser la structuration des réseaux de diffusion à travers des actions de professionnalisation.

Dans le cadre de la RGPP (Révision générale des politiques publiques), la plupart des actions du MCC et du MAEE sont confiées à leurs opérateurs respec-tifs, le Centre national du livre et CulturesFrance (qui deviendra l’Institut français). Ces deux établissements publics demeurent, avec leur ministère de tutelle, les partenaires privilégiés de l’AILF, en plus de l’OIF.

L’AILF ET LA CHARTE.De son côté, en 2009, avec l’appui déterminant de l’OIF, et particulièrement de son directeur de la langue française et de la diversité culturelle et linguistique, Frédéric Bouilleux, et de Wallonie-Bruxelles International, l’AILF lance la Charte du libraire francophone, lors du Salon du livre franco-phone de Beyrouth. La mise en place de cette charte est le fruit du travail d’un comité de libraires qui s’est appuyé sur l’enquête réalisée par l’AILF sur les critères de professionnalisme des librairies. Cette étude a également contribué à la réflexion de la commission qui a accompagné la réforme de l’aide à la librairie francophone à l’étranger du Centre natio-nal du livre français.

L’AGRÉMENT DU CNL « LIBRAIRIE FRANCOPHONE DE RÉFÉRENCE ».En 2010, le Centre national du livre, devenu l’un des principaux soutiens de l’AILF, met en place un nouveau dispositif consacré aux librairies franco-phones à l’étranger. Il s’articule autour de deux types d’aides : n Une aide à la création, destinée à ac-compagner, pendant trois ans, les projets de création de librairies francophones et d’implantation de fonds d’ouvrages en français dans les librairies internatio-nales. Cette collaboration porte sur la constitution des fonds, mais également sur les outils permettant le développement qualitatif de l’activité : informati-sation, outils de sélection bibliographique, formation de personnels francophones. n Un agrément « li-brairie francophone de référence » a pour objec-tif de favoriser la pérennisation et le renforcement d’un réseau de librairies de qualité commercialisant le livre français à l’étranger. Cet agrément, valable trois ans, ouvre la possibilité de solliciter deux dispo-sitifs d’aide : 1. la diversification des fonds (subven-tions à l’achat de livres, exclusivement en français) ; 2. la valorisation des fonds : soutien à la promotion de la création littéraire (animations et outils d’infor-mation, tels que sites Internet, catalogues théma-tiques, bulletins d’information...).

Pour obtenir cet agrément, les librairies franco-phones doivent répondre à un ensemble de critères qualitatifs et quantitatifs.

Lancement de la Charte du libraire francophone lors du Salon du livre franco-phone de Beyrouth, en novembre 2009 © Livres Hebdo, Catherine Andreucci

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2010Une année de tourmente pour de nombreux libraires à travers le monde, mais aussi de ren-contres, avec une ouverture vers des régions non francophones.

FAIRE VIVRE SA LIBRAIRIE MALGRÉ LA TOURMENTE. « Instabilité politique, révolutions, catas-trophes naturelles, coups d’État, problèmes sécuritaires, dévaluations... frappent là où on ne les attend pas forcément. On se souvient de 2010, qui a commencé par le dramatique tremblement de terre en Haïti entraînant, entre autres, la destruction de la librairie La Pléiade à Port-au-Prince. Les problèmes de sécurité au Niger ont marqué les esprits à travers des enlèvements spectaculaires. Les élections compliquées en Côte d’Ivoire et le climat de guerre civile de l’époque. Les pre-miers soulèvements populaires en Tunisie, en décembre 2010, étaient le signe avant-cou-reur d’une puissante révolte du monde arabe, en quête de liberté. La Tunisie a ouvert la voie avec la révolution de jasmin et la fuite tant voulue de Ben Ali. Le peuple égyptien a réussi l’inimaginable : obtenir la démission de Moubarak après trente années de pouvoir. [Ajoutons à ce constat la situation dramatique en Syrie.] Avec le pouvoir des médias, la réa-lité parfois si lointaine devient soudainement très proche. On voit, en toutes circonstances, une population se battre au quotidien pour survivre dans un contexte difficile. On entend des commerçants confier leurs angoisses, leurs difficultés. Comment les libraires fran-cophones de ces pays vivent-ils ces périodes de troubles ? Des librairies ont dû baisser leur rideau en Tunisie, au Caire, en Côte d’Ivoire, les chiffres d’affaires ont chuté de manière colossale, parfois de 60 à 90 % selon les pays, et les quelques commandes passées par les libraires concernent des nouveautés ou des titres “qui étaient censurés aupara-vant”, comme en Tunisie. » (Agnès Debiage, En direct du réseau n° 12/2011)

DES LIBRAIRES DE PAYS NON FRANCOPHONES SE RÉUNISSENT À PARIS.C’est dans le cadre des nouvelles mesures proposées depuis 2010 par le CNL qu’a eu lieu la première édi-tion du programme « Libraires francophones à Paris », organisée par le BIEF. Une quinzaine de libraires ve-nant pour la plupart de zones non francophones (Aus-tralie, Chili, Pologne, Israël, Chine, Italie) ont rencontré des éditeurs, des libraires, des diffuseurs, des auteurs, et ont pu partager le quotidien d’un libraire français.

« Je pense très souvent à “ma” librairie de stage à Saint-Denis et j’en parle à tout le monde. Malgré des réalités si différentes, nous avons tant de choses en commun, la passion, la pression, même certains profils de clients qui se retrouvent dans nos deux mondes. J’envie le calme radieux de Sylvie et j’aime me souvenir de son rire... Je suis repartie forte d’un enthousiasme renouvelé, confortée aussi dans la qualité de mon tra-vail. Sur certains rayons comme la jeunesse, je n’ai pas senti de véritable brèche entre mes connaissances et celles de mes collè-gues français. Par contre, en littérature, un abîme, je n’en suis pas fière, mais je l’ex-plique par nos réalités si différentes. J’ai un mal fou à vendre de la littérature sortie des sentiers battus et je n’arrive pas à suivre le pas des nouveautés. Je réfléchis à faire chan-ger cela. » (Maryline Noël, librairie Le Comptoir, Santiago, Chili)

Un an plus tard, pour donner suite aux échanges de Paris, deux séminaires sont organisés : l’un en Amérique latine, programmé par le BIEF et auquel participe Philippe Goffe, l’autre en Asie, conçu et mis en place par Jacques Bernard, de l’AILF, en collaboration avec le BIEF.

Dans ces zones si éloignées, il semble que beaucoup d’enjeux se rejoignent : des frais d’approche élevés (les disparités sur les frais locaux et les taux de remise accordés par les éditeurs / distributeurs en Asie ont suscité le débat), un besoin d’analyse ou de veille de la concurrence exercée par les nombreuses centrales d’achat (Side, LDE, Amazon, Fnac, etc.), les nouveaux acteurs commerciaux, notamment avec la vente de livres numériques, qui demeure pour beaucoup de libraires un sujet de préoccu-pation majeur. Derrière ces questions, c’est toute l’identité du métier de libraire francophone, son rôle dans des pays où la place de la culture est de plus en plus disputée, qui est en jeu.

« Grâce à cette rencontre, je me suis rendu compte des difficultés des nouvelles librai-ries, comme celles de Bolivie et de Colombie. Prendre conscience des problèmes présents dans les différents pays, savoir qu’au Chili la TVA est à 19 %, alors qu’elle est nulle au Brésil, nous force à penser que seule l’action concertée des intéressés (libraires, éditeurs et pouvoirs publics) sera capable de créer des conditions plus favorables au livre et à la lecture. Réussir à obtenir des tarifs spéciaux à la poste, par exemple, ou l’adoption du prix unique, sera le résultat d’un effort collectif, parfois même suprana-tional. » (Milena Duchiade, librairie Leonardo da Vinci, Rio de Janeiro, Brésil)

LA RÉGULATION DU PRIX DU LIVRE, UNE EXIGENCE ET UN COMBAT PERMANENTS.Réponses à travers des témoignages, en Suisse, en Belgique, au Québec et au Liban.

« La Suisse est entourée de pays où le prix de vente du livre est soumis à une loi ou à une réglementation. La Suisse romande est un marché d’importation où 80 % des livres proviennent de France, où ils sont soumis à la loi Lang. Depuis 1993, la Suisse romande n’a pas de réglementation sur le prix du livre et, en 2000, avec l’arrivée d’une grande chaîne française, une guerre des prix bouleverse les usages commerciaux, et depuis lors une cin-quantaine de librairies ont dû fermer leurs portes. En 2004, une initiative parlementaire a relancé le projet d’une loi pour la régle-mentation du prix du livre (LPL). Le 18 mars 2011, cette loi a été adoptée, mais immédia-tement contestée. Elle sera donc soumise au vote du peuple le 11 mars 2012, en espérant que les enjeux de la chaîne du livre soient justement reconnus. » (Sylviane Friederich, La Librairie, Morges)

« En Belgique, le prix fixe du livre est en débat depuis l’adoption de la loi Lang en France en 1981. Le marché belge francophone est en effet adossé au marché français : 80 % des livres sont importés de France, et si au départ la différence de monnaie entre les deux pays justifiait un différentiel de prix, celui-ci n’a plus de raison d’être depuis le marché unique européen et l’euro. Mais aucune des proposi-tions de loi déposées au Parlement belge n’a abouti à ce jour. Les blocages viennent évi-demment de ceux pour qui le livre est un pro-duit de consommation comme les autres, mais aussi de certains importateurs, dont les filiales belges des deux principaux groupes éditoriaux français, qui pratiquent un mark-up élevé sur les prix. Sans oublier bien sûr que les deux langues principales parlées en Belgique, le français et le flamand, induisent des marchés distincts, et des visions du livre différentes. » (Philippe Goffe, librairie Graffiti, Waterloo)

« Au Québec, nous n’avons pas le prix unique du livre mais, avec la loi 51, dont nous fêtons aussi les trente ans cette année, les librairies agréées obtiennent toutes obligatoirement 40 % de remise de la part des éditeurs agréés. » (Dominique Lemieux, Librairies indépendantes du Québec, Livres Hebdo n° 866 – 20/05/2011)

« L’expérience des libraires importateurs de livres au Liban est très intéressante. Créé il y a une quinzaine d’années, le syndicat des im-portateurs de livres a réussi, au moment où le gouvernement annonçait l’application de la TVA sur les produits et services, entre autres sur les livres, non seulement à la faire abo-lir, mais aussi à éliminer les taxes douanières sur les livres. En l’absence de loi, ils ont décidé d’appliquer entre eux un prix unique, relativement bien respecté par la profession. » (Michel Choueiri, librairie El Bourj, Beyrouth)

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sont à l’ordre du jour... Et toujours sont à pointer les pratiques de certains acteurs, concernant la tabellisa-tion (Suisse, Belgique), le prix export TTC (Hachette) et la surenchère sur les marchés publics.

Mais il y a aussi ce qui change, et ce qui va chan-ger, notamment avec les nouvelles technologies, la vente en ligne et le numérique.

n La vente en ligne frappe différemment les mar-chés francophones. De plus en plus présente au Nord, elle évoluera certainement dans les pays du Sud en fonction de la progression du paiement en ligne. Ce qu’il est important de souligner ici, c’est la difficulté d’accès pour les libraires aux bases de données néces-saires à la vente en ligne. Et les réponses sont contras-tées entre l’Europe, où les bases sont très onéreuses et où le seul projet fédérateur, 1001libraires.com, n’a pas encore abouti ; le Québec, où les libraires se sont regroupés au sein d’une association qui s’est donné les moyens d’un portail commun (ruedeslibraires.com) ; et les pays du Sud où, à part le projet Afrilivres mentionné plus haut, peu de choses existent.

n Le numérique pose des questions tout aussi es-sentielles, avec également des évolutions contrastées. Il semble ressortir des interventions, notamment celle de François Gèze, qu’il reste un (petit) peu de temps aux libraires pour s’adapter, le marché français étant encore en voie de structuration, et la demande des lecteurs encore assez limitée. Et, là aussi, la différence avec l’expérience québécoise est criante. Une veille numérique s’impose en tout cas, ce qui est aussi le rôle des associations.

Ces évolutions modifient sensiblement le rapport au livre d’une partie des lecteurs, mais également le regard des éditeurs sur la librairie. Quel rôle demain pour la librairie ? On pourrait présenter la question différemment et dire la nécessité de s’interroger, non plus seulement sur les technologies de notre métier, mais penser en termes de fonction  : à quoi peut servir une librairie, quel rôle devra-t-elle jouer demain ?

____________________* Accord de l’Assemblée générale de l’Unesco par lequel les États contractants s’engagent à ne pas appliquer de droits de douane et autres impositions à l’importation ou à l’occasion de l’importation, notamment des livres.

20112012ET AUJOURD’HUI, QU’EN EST-IL DE LA PRÉSENCE DU LIVRE FRANÇAIS À L’ÉTRANGER ET DU RÉSEAU DE LIBRAIRES FRANCOPHONES ?Réponse à travers les éléments de conclusion avan-cés par Philippe Goffe à l’issue de la rencontre de Tunis, réunissant éditeurs et libraires francophones en novembre 2011, sous l’égide du BIEF et de l’OIF.

Le discours sur la présence nécessaire de la langue française dans la circulation des idées s’incarne à travers des actes  : une volonté des pouvoirs publics d’œuvrer au soutien de la chaîne du livre, y compris dans sa sphère marchande. Mais on sait aussi qu’en fonction des régions, cette démarche est inégale et né-cessite une mutualisation des acteurs concernés. De-puis quelques années déjà, des formations d’éditeurs et de libraires, et l’organisation plus récente de ce type de rencontre conjointe, permettent de mesurer le che-min parcouru et d’aller au-delà du simple constat des difficultés rencontrées dans l’exercice de nos métiers.

Au regard de la librairie, deux axes expriment de façon claire le « grand écart » auquel elle est confrontée. D’une part, des questions récur-rentes, auxquelles les libraires tentent d’ap-porter des réponses, d’autre part, la grande métamorphose qui s’opère sous nos yeux, et qui concerne les enjeux du futur.

Les questions récurrentes

n La diffusion. C’est essentiellement le manque d’informations qui est pointé. Et surtout l’opacité qui prévaut dans les relations entre les éditeurs et les libraires, due principalement aux intermédiaires que sont les distributeurs. Les faire se rencontrer n’est donc pas vain. Cela vaut pour le Nord, mais aussi et surtout pour le Sud, où les éditeurs et les libraires semblent encore bien souvent s’ignorer.

n La distribution. 1.  D’abord, l’éternelle question du transport Nord-Sud, toujours coûteux et difficile. L’enquête de l’AILF sur les frais d’importation (frais de transport et d’approche) peut apporter un regard plus précis sur l’adaptation des aides accordées par les pou-voirs publics. C’est aussi, pour mention, la question de l’assurance-crédit, mais l’on peut dire qu’aujourd’hui la concertation entre les acteurs est une réalité. 2. Le (presque) impossible transport Sud-Sud. L’étude lancée par l’Institut français, l’Alliance des éditeurs indépendants, l’AILF et Afrilivres apportera sans doute un début de réponse, à concrétiser dans les mois qui viennent. 3. Le non-respect par les États des accords de Florence et du protocole de Nairobi *.

n Les prix. Tout le monde pointe l’accès difficile aux livres, dû aux prix non adaptés aux marchés. Mais les échanges ont aussi montré que dans les rapports Nord-Sud les choses évoluent : au-delà des opérations de «  bonification  » des prix (Caravane du livre, prix Monde arabe chez Actes Sud...), les coéditions, les ces-sions de droits, et même l’impression à la demande,

EN FRANCE, COMMENT LE LIVRE SE PORTE-T-IL APRÈS LES RENCONTRES NATIONALES DE LA LIBRAIRIE DE LYON ? En France aussi, il est des questions récurrentes au-tour des relations interprofessionnelles et de la santé financière des librairies. La récente étude sur la situa-tion économique et financière des librairies indépen-dantes (période 2003-2010), réalisée par l’Institut d’études économiques Xerfi pour le SLF et le Service Livre et Lecture, sur un échantillon de 300 libraires, montre que les librairies françaises sont à la limite de l’équilibre. Une situation qui se manifeste par des chiffres d’affaires en recul, en deçà des performances du marché du livre, de faibles marges commerciales et une faible progression.

La politique du livre en France est réglementée par la loi Lang depuis 1981. Dix ans après, un protocole d’accord sur les usages commerciaux, dénommé « Ac-cords Cahart », a été signé entre les représentants des éditeurs et des libraires, puis modifié en 2001 et 2008.

La complexité des relations entre éditeurs et libraires a été largement débattue lors des Rencontres natio-nales de la librairie à Lyon, où sont apparus deux mondes qui ont parfois du mal à se comprendre.

Selon Jean-Marie Ozanne (librairie Folies d’Encre à Montreuil), les libraires se sont approprié l’esprit de la loi Lang en misant sur le qualitatif de leur offre, mais les éditeurs l’auraient perdu de vue, privilégiant le quantitatif au qualitatif.

Les éditeurs, de leur côté, se rendent compte, comme Laurent Beccaria de la maison d’édition Les Arènes, que la séparation croissante entre les éditeurs et les libraires se fait au profit des diffuseurs qui maîtrisent les conditions commerciales.

La librairie est certainement à un tournant. Les libraires ont toujours la passion de leur métier, et, à l’heure d’Internet, nouvel outil de gestion et de communication, ils savent ce qu’ils apportent à la société dans laquelle ils vivent. Et, pour paraphraser leurs confrères améri-cains, réunis au sein d’IndieBound, association des librairies indépendantes : L’AILF relie les libraires, les lecteurs, les détaillants indépendants et les associa-tions locales, tous ceux qui croient passionnément qu’une saine économie de proximité contribue à la prospérité de tous.

Éditeurs et libraires se retrouvent à Tunis en novembre 2011, sous l’égide du BIEF et de l’OIF © Livres Hebdo, Catherine Andreucci

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QUE PEUT FAIRE L’AILF POUR VOUS ?

n Accompagner votre professionnalisation : par des formations ou séminaires ou, selon les besoins, des accompagnements individualisés (à étudier au cas par cas chaque année).

n Accompagner la mise en place locale d’une opération de promotion de littérature francophone, comme la Caravane du livre et de la lecture ou toute action visant à fédérer des actions d’animation autour du livre.

n Représenter vos intérêts auprès de certains professionnels français (Coface, directeurs export...) ou locaux (établissements scolaires français à l’étranger, CCF, SCAC).

n Réaliser des diagnostics pour comprendre les enjeux de la profession.

n Proposer une veille pédagogique et technologique.

n Disposer d’une page Internet sur notre portail de libraires membres www.librairesfrancophones.org.

n Offrir des réductions pour un abonnement à Livres Hebdo et Electre, pour des formations

de l’Institut national de formation de la librairie.

n Apporter des informations sur le réseau et sur le métier via nos lettres électroniques.

n S’entendre sur un engagement commun autour d’un projet solidaire et fédérateur.

n Défendre la librairie dans la chaîne du livre par une prise de parole collective.

n Défendre la position d’agent culturel du libraire, membre d’un réseau valorisant la culture francophone.

MODALITÉS D’ADHÉSION

La cotisation annuelle est fixée à 75 € par librairie, plus 20 € par point de vente supplémentaire.

Pour adhérer à l’AILF, vous pouvez remplir la fiche libraire en téléchargement sur le site Internet de l’AILF (http://www.librairesfrancophones.org) et nous l’envoyer par courriel à [email protected] ou par courrier à l’adresse suivante : 11, rue Caillaux, 75013 Paris, France.

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NOS PARTENAIRES

Cette plaquette a été réalisée en mars 2012 grâce au soutien de

Livres Hebdo, Electre et l’Organisation internationale de la francophonie.Quelques repères : w un marché mondial

de plus de 220 millions de francophones w près de 150 libraires membres répartis sur les cinq continents w 42 formations assurées depuis 2002 w 1 238 abonnés à la Lettre d’information w 57 adhérents à la Charte du libraire francophone w des dizaines de libraires ont bénéficié d’accompagnements individualisés assurés par des professionnels.

Rédaction : Anne-Lise Schmitt, Philippe Goffe, Agnès Debiage, avec la collaboration d’Étienne Galliand et Thierry Quinqueton (AEI), Michel Ollendorff, Olivier Aristide (Centrale de l’édition), Vincent Marty (Dilicom), Natacha Kubiak (CNL), Pierre Myszkowski (BIEF).Maquette : Vincent Voulleminot. Photos : AILF et Livres Hebdo. Correction : Nathalie Capiez. Impression : Société Solink.

Nous remercions tout particulièrement LIVRES HEBDO, qui nous a permis de diffuser cette plaquette avec leur numéro consacré au Salon du livre de Paris 2012 et de consulter leurs archives des dix dernières années. Nous remercions également l’Organisation internationale de la francophonie, qui a financé la réalisation de cette plaquette.

Conseil d’administration : w Président : Michel Choueiri, libraire à Beyrouth (Liban) w Vice-président : Philippe Goffe, libraire à Waterloo (Belgique) w Secrétaire générale : Sylviane Friederich, libraire à Morges (Suisse) w Trésorière : Anaïs Massola, libraire à Paris (France).

Administrateurs : w Jacques Bernard, libraire à Fremantle (Australie) w René Yediéti, libraire à Abidjan (Côte d’Ivoire) w Chiel Lijdsman, libraire à Kigali (Rwanda) w Yacine Retnani, libraire à Casablanca (Maroc) w Renata Sader, libraire à Dubai (Émirats arabes unis) w Fatiha Soal, libraire à Alger (Algérie) w Ngartara Ngaryengue, libraire à N’Djamena (Tchad).

Ont également été administrateurs de l’AILF entre 2002 et 2011 : Agnès Adjaho, Marie Reine Amouzou, Michèle Capdequi, Véronique Carton, Agnès Debiage, Faouzi Daldoul, Lofti El Haf, Molly Fournel, Monique Lafontant, Smail Mhand, Normand Provençal, Cheikh-Omar Sylla.

Siège social : ASSOCIATION INTERNATIONALE DES LIBRAIRES FRANCOPHONES 11, rue Caillaux, 75013 Paris (France) [email protected] Port. : +33 (0)6 63 06 49 64 Tél. : +33 (0)1 44 41 13 24Fax : +33 (0)1 46 34 63 83

Sites Web : www.librairesfrancophones.orgwww.facebook.com/ailf.libraires

Contacts : Anne-Lise Schmitt et Aude Mayans.

Photos de couverture : Librairie À Livre ouvert-Le Rat conteur, Bruxelles. © À Livre ouvert-Le Rat conteur