biographie de jacob lorber - le scribe du dieu

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    Histoire de la Vie

    DeJacob LORBER

    Raconte par Karl Gottfried Ritter von Leitner aprs de longuesannes de connaissance personnelle

    La prsente biographie de Jacob Lorber est la fidle reproductiond'un manuscrit laiss par Karl Gottfried Ritter von Leitner.

    Ce manuscrit fut rdig par le vieux pote environ dans sa 84 anne,et, selon ses dispositions testamentaires, il fut aprs sa mort confi

    la bibliothque provinciale du Joanneum de Graz et incorpor encette bibliothque o il se trouve actuellement.

    St. Editrice de la Nouvelle JrusalemBietigheim - Nol 1930

    Troisime dition - 1930

    Version italienne traduite parNol Reynaud

    Traduction revue et corrige pour la prsente dition lectronique

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    JACOB LORBER

    Le thosophe styrien

    par Karl Gottfried Ritter von Leitner

    La personne la plus remarquable que j'ai eu la chance de connatre durant lesannes de ma longue vie est celle de Jacob Lorber, un thosophe, qui mrited'tre plac ct des hommes les plus remarquables et les plus minents dessciences thosophiques.

    Aussi vais-je essayer de dcrire dans les pages qui suivront - courtes certes, maisbases sur des donnes prcises et fidles - les vnements de sa vie extrieure,ainsi que d'y ajouter, d'aprs ce que j'ai vu et entendu, le rcit des faits

    extraordinaires qui se sont manifests dans sa vie intrieure.

    La Famille

    On trouve trace de la famille Lorber dj au 17ime sicle dans la rgionvallonne de la Styrie infrieure, et prcisment deux cousins Gaspard et PaulLorber qui, dj en 1631, rsidaient sur la colline de Gradise, qui est rpertoriedans le domaine comtal de la seigneurie de Stubenberg Mureck, et connue sousle nom de Purgstallberg. Ces deux cousins cdrent leur possession laparoisse de St- Leonhardt pour la construction d'une chapelle qui fut peu aprs

    transforme en un lieu de plerinage ddi la Sainte Trinit.Pas trs loin de cette localit, dans la bourgade de Kanischa(*), dpendant de laparoisse de Jahring, au milieu des vignes sur la rive gauche de la Drave, le prede Lorber, Michel, mari Maria Tautscher, une Sorabe(**), avait en propre lesfonds numros 4 et 5 dnomms Berghold.

    Michel Lorber en personne exploitait lui-mme les deux fonds, et de ceux-ci ilretirait aussi principalement les moyens de subsistance pour sa famille. Mais ilse consacrait aussi la musique; en excutant expriment il jouait de la plupartdes instruments, et, avec une matrise particulire, du clavecin; de sorte queplusieurs fois, il lui fut rserv la distinction de faire valoir ses minents dons

    musicaux en se produisant sur cet instrument en prsence de l'illustre ami descoutumes populaires, le trs vnr archiduc Jean d'Autriche, quand celui-cidemeurait dans ses proprits de Picken l'poque des vendanges.

    Cette souplesse dans le domaine de la musique lui offrit aussi l'occasion de seprocurer quelques gains accessoires qui furent bien accueillis, en particulierquand il eut s'associer alors une compagnie de musiciens qui se nommait

    (*) Aujourd'hui en Slovnie. (N.d.T.)(**)Eine Wendin. Les Wendes ou Sorabes constituent une minorit allemande de langue slavetablie dans la Lusace, dans le sud-est du Brandebourg et le nord-est de la Saxe.(N.d.T)

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    Les Schwarzenbacher, compagnie trs connue et apprcie mme au-del desfrontires de la Styrie, et qu'il en dirigea ensuite les concerts en qualit de matrede chapelle.

    Malgr leur teneur de vie simple, les parents de Lorber ne mconnaissaient pas lavaleur d'une culture suprieure, et ils ne reculrent devant aucun sacrifice dans la

    mesure o leurs forces le leur permettaient pour aider activement leurs enfants,au nombre de trois, l'acqurir.

    Michel, le second, aprs avoir achev ses tudes, choisit la carrire judiciaire, aucommencement comme administrateur, et ensuite comme substitut de notaire.Joseph, le plus jeune, se consacra l'enseignement; et Jacob, l'an, est justementcelui dont il s'agira d'exposer les mmorables aventures dans les pages quisuivent.

    La Jeunesse

    Jacob Lorber, n le 22 juillet 1800, en la rsidence de ses parents, passa l lesannes de son enfance, prenant part aux travaux de la campagne. Il tait djentr dans sa neuvime anne quand il commena frquenter l'cole rurale deJahring, o il obtint les premiers enseignements dans la lecture, l'criture etl'arithmtique. Il fut un lve actif et zl, avide d'apprendre, et manifesta uneprcoce prdilection pour la musique, art dans lequel dj son pre lui-mmel'avait initi.

    Une aptitude rare dans cet art se manifesta occasionnellement un jour, lorsqueson pre l'emmena avec lui en se rendant au chef-lieu voisin de Marbourg, etl'amena l'auberge Zum Lamm. L, ils trouvrent un parent aveugle del'aubergiste, qui charmait les htes admiratifs en jouant de la harpe d'excellentemanire. Jacob tourna immdiatement toute son attention vers ce musicien,s'assit ct de lui, et se mit observer minutieusement le travail des mains duharpiste aveugle, et resta, tout concentr sur lui-mme, couter les mlodies.Depuis ce jour, il ne cessa plus de prier instamment son pre de lui acheter uneharpe; et le pre satisfit bientt le dsir du garon qui se montrait plein de talent.Et, bien que ce dernier net plus que quelque fois l'occasion d'entendre levirtuose aveugle qu'il admirait tant, et de regarder attentivement comment ilmaniait son instrument, il russit, grce un tenace et diligent entranement seformer lui-mme, et devenir progressivement un joueur de harpe expriment.

    Alors le pre, qui faisait fonction de matre de chapelle de sa compagnie demusiciens et devait s'absenter bien souvent durant de longs jours, confia sonJacob, pour l'instruction ultrieure de la musique, au matre d' cole de la localit,Anton Udl.

    Ds lors, ce dernier instruisit son docile lve peu peu au maniement de diversinstruments, mais de prfrence celui du violon, du piano et de l'orgue, et ilarriva avec lui de rconfortants rsultats; et il put encore s'apercevoir que, suite l'excellente oreille musicale qui s'tait rvle chez son lve, il pourraitl'employer avec succs comme assistant dans ses travaux accessoires d'accordage

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    et de rparation d'orgues; et en effet pendant quelque temps il le fit aussipratiquer un tel genre de travail.

    lve et Matre

    Pendant ce temps, d'enfant, Lorber s'tait fait jeune homme, et, suivantl'impulsion pas encore bien prcise vers une culture spirituelle suprieure, aucours de l't 1817, il quitta le bourg natal pour se rendre dans la ville deMarbourg qui tait distante seulement de deux milles environ, pour y frquenterl'institut prparatoire la carrire de matre d'cole primaire.

    Lorsqu'il eut fini ces cours avec des rsultats satisfaisants il commena sacarrire d'enseignant, comme supplant d'abord St. Egydi, puis peu aprs dansle mme poste St. Johann im Saggthale.

    En ce dernier lieu, un chapelain de cette paroisse qui, en le frquentant

    quotidiennement, avait eu l'occasion d'en observer les capacits peu ordinaires, leprit particulirement en affection, lui donna quelque instruction en latin et lepoussa se consacrer la carrire ecclsiastique et entreprendre cette fin lestudes voulues.

    Suivant le conseil donn, Lorber, l'automne de 1819, revint Marbourg et se fitinscrire comme lve au gymnase de la ville. tant donn qu'il tait djpassablement plus g que ses condisciples et d'un comportement plus srieux, ilfut bien vite nomm Famulus de sa classe, et comme tel, il devait exercer unecertaine surveillance sur les autres tudiants, et il lui incombait galementcertaines petites tches dans l'cole, tches pour lesquelles il percevait un petitsalaire mensuel. En outre, durant le service divin scolaire de chaque jour, iljouait aussi de l'orgue l'glise et en recevait de modestes honoraires, et ilpouvait dj aussi enregistrer quelques recettes accessoires bien agrables endonnant des leons de violon, tude qu'il avait pu dj complter entre-temps.

    Aprs que de cette faon, dans des conditions assez satisfaisantes de vie, il euaccompli avec de trs bons rsultats les cinq classes du gymnase, il se rendit - enpartie pour continuer ses tudes et en partie dans le but de se perfectionnerdavantage dans le jeu du violon - l'automne de 1824 Graz, la capitale de laprovince; et l, il poursuivit ses tudes comme tudiant priv dans la siximeclasse du collge.

    Mais les difficults se procurer une subsistance suffisante dans une grande ville

    qui lui tait absolument trangre, de mme que les nouvelles circonstances quilui rendaient plus difficiles de conserver encore durant ses tudes la positionprminente dont il avait joui jusqu' prsent parmi ses condisciples, lui firentprendre tellement en grippe les tudes, qu'au second semestre dj il quitta lecollge et chercha vivre en donnant des leons en priv.

    Il prit un tel poste de prcepteur auprs d'une famille trs respectable de Graz, etil en instruisit avec d'excellents rsultats les enfants durant cinq annes dans lesdiverses matires scolaires, dans la musique et dans le dessin, o il avait acquisune certaine habilet en tudiant seul.

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    Toutefois, malgr toute l'estime dont il se trouvait entour dans cette famille, ilsentit le besoin de s'assurer une position stable pour l'avenir. C'est pourquoi,dans l'anne 1829, il frquenta le cours de pdagogie suprieure pour lescandidats la matrise dans les coles primaires, et il obtint de cet institut uncertificat qui le recommandait en tant que matre parfaitement apte.

    Mais quand, en 1830, sa premire demande pour tre pris dans l'enseignement nereut pas de suite favorable, lui qui se dcourageait facilement renona nouveau ce plan, et y renona mme pour toujours.

    Le Musicien

    Alors il se consacra entirement la musique, donna des leons de chant, demme que de piano et de violon, et composa mme quelques chansons etquelques morceaux de concert; de cette faon il vint en contact avec le musicien

    et compositeur renomm Anselme Httenbrenner qui vivait alors commepropritaire foncier Graz et faisait fonction de dirigeant de la SocitPhilarmonique Styrienne. Celui-ci lui procura aussi l'occasion de se produire enpublic comme violoniste durant les concerts de la dite Philarmonie, et il acceptamme quelques compositions de Lorber dans la revue musicale un sou qu'ilrdigeait lui-mme.

    En 1828, alors que Paganini suscitait l'enthousiasme parmi les Viennois, toujoursamoureux de l'art, avec ses extraordinaires prestations au violon, Lorbers'empressa lui aussi de se rendre Vienne pour assister la virtuositenchanteresse de cet archet; et il eut la chance de faire la connaissancepersonnelle de Paganini, et d'obtenir mme de lui quelques heures d'instruction.

    partir de ce moment, et pour la priode suivante de sa vie, Paganini constitual'idal auquel il s'effora d'arriver sans cesse et avec le plus grand zle; et ilregardait souvent avec une sorte de dvote admiration limage lithographie dugrand violoniste quil conservait toujours dans sa chambre. Mais vers cettepoque il fut en contact aussi avec d'autres virtuoses de son instrument prfr, leviolon.

    Le violoniste Ernst qui, aprs s'tre produit Vienne, avait donn des concertsaussi Graz et y avait connu Lorber, resta avec lui en correspondance pistolairependant longtemps. Le violoniste Vieuxtemps vint aussi, dans une semblablecirconstance, le trouver dans sa modeste chambre. Lorber fit aussi laconnaissance de son compatriote provincial, le concertiste de violon EdouardJll, avec qui il resta en relation.

    Progressivement aussi, les mrites de Lorber en tant que violoniste furent mis enrelief dans la presse. En octobre 1839, lorsqu'il eut donn un concert dans lasalle des chevaliers au palais de la Dite, o il joua la premire partie d'unconcerto de de Briot(*) et un morceau de bravoure bas sur une chansonpopulaire trs aime qu'il avait lui-mme compos, le supplment d'alors de la

    (*) Charles de Briot, compositeur et violoniste belge (1802-1870). (N.d.T)

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    Grazer Zeitung, qui s'intitulait Der Aufmerksame s'exprima comme suit dansson numro 129 au sujet de sa tendance artistique:

    Monsieur Lorber n'est pas un violoniste qui se meut dans les limites indiquespar une quelconque cole; c'est un autodidacte absolu. Incontestablement nousnous trouvons en face d'une personne doue d'un talent plus qu'ordinaire, et

    l'habilet artistique, laquelle monsieur Lorber est arriv grce une diligenceinfatigable et un emploi trs particulier de ses dons musicaux naturels, estvraiment admirable.

    C'est avec stupfaction que nous le voyons surmonter des difficults, et affronterdes passages trs risqus dont on devrait douter de la possibilit d'excution, sil'audace presque toujours victorieuse de Lorber ne venait pas nous persuader ducontraire. D'un seul coup d'archet il matrise de 120 160 notes. Ses notespiques sont trs belles, et les trilles, les doubles notes, les fltes, les pizzicatiavec une main et autres semblables acrobaties, il les excute avec une extrmefacilit, et souvent mme avec une trs bonne puret. Mais justement parce qu'il

    sort de l'ordinaire, il arrive alors que, tandis qu'il joue, les difficultss'accumulent et se chevauchent avec une exubrance si fantastique, qu'en raisonde ces difficults et de ces dissonances, on ne russit saisir rien d'autre quecelles-ci; et alors, il n'y a plus lieu de parler de son, de mlodie, d'expression, etdonc, d'un vrai plaisir pour l'auditeur.

    Le soin et la persvrance de monsieur Lorber prsenter de telles productionsinsolites de l'art sont certes dignes d'loges; mais combien plus spontane et plusunanime ne serait pas la cordiale participation des auditeurs, s'il orientait sontalent considrable non pas uniquement vers le difficile, mais aussi vers levraiment beau qui au fond est le seul lment rmunrateur. L'accueil fait par lepublic au concertiste fut trs beau et digne des mrites de monsieur Lorber.

    Lorber ne se laissa pas intimider par ces bienveillants avertissements de lacritique, mais ce fut pour lui bien plutt comme un stimulant persvrer avecun zle redoubl dans ses aspirations artistiques. Quand dix ans plus tard,cooprant un concert de bienfaisance, il eut jou avec une rare habilet unrondeau et une mazurka de sa composition, le journal local Aurora(n 36 deMai 1849) ne put se passer, aprs avoir rendu l'hommage voulu ses notespiques et fltes, d'ajouter l'observation que Lorber avait non seulement fait desprogrs normes dans la forme d'art la faon du violoniste Paganini, mais qu'ilavait encore fait siennes de manire vraiment rjouissante la beaut et laplnitude du son. D'aprs le rapport sur le concert que rdigea Anselme

    Httenbrenner, Lorber fut aprs son exhibition acclam par le publicenthousiaste.

    Par la suite, il fut aussi en contact plus troit avec la presse locale, et il fournitaux journaux en gnral, mais plus particulirement au Tlgraph, paraissantalors Graz, des relations sur l'excution d'uvres et de concerts.

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    Les Tendances Spirituelles

    Bien que durant cette priode de temps Lorber considrt que devoir favoriserses propres aspirations d'art tait sa tche principale, celles-ci ne russissaienttoutefois pas satisfaire totalement ses besoins spirituels.

    Il ressentait un intrt particulier pour l'astronomie. Cependant pour pouvoir s'enoccuper sur des bases scientifiques, il lui manquait vraiment les principalesnotions de mathmatiques.

    Mais dans son dsir trs marqu de connaissances suprieures il stait toujourssenti irrsistiblement attir par le spectacle majestueux des profondeurs du cieltoil. Il chercha donc pntrer, pour ainsi dire mcaniquement, dans lesmystres de la construction de l'univers au moyen d'une augmentation artificiellede la puissance de ses facults visuelles, et, dans ce but, il se fabriqua une grandelunette d'approche, russie certes bien que primitive, mais qui par ailleurs taitparfaitement utilisable. Plus tard, il eut la chance de pouvoir tre en possession

    d'un bon tlescope Steinheil.

    Par les clairs soirs d't, et souvent mme tard dans la nuit par temps serein, ilsortait hors de la ville avec sa lunette dapproche en bandoulire, en compagniede l'un ou l'autre de ses amis, et plantait son instrument sur quelque espacedgag; ou bien, mieux encore, il montait sur le Schlossberg, l'amas rocheux quise dressait au milieu de la ville. Et alors il observait lui-mme et montrait aussi ses compagnons, avec un intrt toujours renouvel le globe lunaire couvert detaches, Jupiter avec ses satellites, Saturne avec ses anneaux lumineux, les autresplantes et tout le ciel toil qui se rvlait merveilleusement devant l'objectif desa lunette avec ses myriades de mondes brillants, la voie lacte et les nbuleuses

    stendant dans linfini.Et la jouissance du spectacle sublime offert par lexploration dansl'incommensurabilit de l'Univers, il laccordait aussi volontiers quiconque qui,pouss par la curiosit, se ft approch de son instrument. Et il prouvaittoujours une grande joie et une grande satisfaction lorsque l'tranger invit, ayantretir l'il de la lunette, le remerciait avec un vif loge, quand ce n'tait pasrellement avec quelques mots de pieuse admiration.

    Alors que se ralisait ainsi de faon active sa tentative de pntrer dans le milieuimmense de la cration matrielle, d'un autre ct se levait aussi en luiprogressivement le dsir irrsistible de trouver aussi la voie qui mne aux trsors

    secrets du monde spirituel; et il dut la chercher au-del des limites du pouvoirordinaire de l'intellect.

    Ce fut ainsi qu'il se sentit aussi pouss la lecture d'uvres qui correspondaientaux tendances de son profond sentiment intrieur. Par suite, autant que pouvaitle lui permettre le travail ncessaire sa propre subsistance, il se consacra lalecture de diverses uvres de Justinus Kerner, Jung-Stilling, Swedenborg, JacobBoehme, Johann Tennhardt et J. Kerning, auteurs dont le dernier en particulierfut celui dont les uvres, selon ses dclarations, lui fournirent les repres les plusimportants. Cependant, de ces lectures, qui en gnral se limitrent quelques

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    crits des auteurs mentionns, il ne tira pas une vritable tude, ce qui du resten'tait absolument pas dans ses intentions; mais bien plutt, il mit toujours denouveau de ct ces livres, et il se limita garder constamment sous la main laBible.

    Toutefois, de la lecture de cette dernire il ne faisait pas non plus une occupation

    journalire, c'est--dire habituelle et extrieure, mais il recourait au Livre deslivres seulement quand il s'y trouvait amen par quelque circonstance extrieureou bien par quelque impulsion intrieure.

    De toute faon, malgr toute son inclination explorer trs srieusement les plusprofonds mystres, Lorber resta bien loign de toute forme de bigoterie; aucontraire, il a toujours t et est toujours rest dans la vie quotidienne uncompagnon d'humeur joyeuse et sereine. Seulement cette poque, comme il lervla plus tard, s'installa progressivement une priode o il fit des songes trssignificatifs, dont il se mit noter par crit ceux qui lui parurent les plusimportants.

    La vocation suite lappel de la voix intrieure spirituelle

    Lorber tait dsormais arriv l'ge de quarante ans sans avoir trouv desituation stable.

    En cette priode de sa vie cependant, il lui arriva de Trieste l'invitation inesprede prendre l-bas un poste de second matre de chapelle des conditions trsacceptables. Il accueillit l'offre et prit immdiatement toutes ses dispositionspour le dpart. Mais c'est alors qu'un vnement vint imprimer soudain une toutautre direction au cours de sa vie.

    Le 15 mars 1840, 6 heures du matin - ainsi qu'il le raconta plus tard ses amis il avait peine fini sa prire du matin et il tait sur le point de quitter son lit,quand il entendit rsonner dans se poitrine, gauche l'emplacement du cur,une voix qui, distinctement, lui parla ainsi: Lve-toi, prends ta plume et cris!

    Il obit aussitt cette mystrieuse intimation, prit en main sa plume et crivitmot pour mot ce qui lui fut dict intrieurement.

    Et ce fut l'introduction l'uvre La Maison de Dieu ou encore: L'histoire dela Cration primordiale du monde spirituel et matriel, et l'histoire des premierspatriarches. Et les premires phrases de cette uvre furent les suivantes:

    Ainsi parle le Seigneur pour chacun, et cela est certes vridique et fidle: Quiveut parler avec Moi, qu'il vienne Moi, et Je lui mettrai la rponse dans soncur. Mais seuls les purs, dont le cur est rempli d'humilit, ceux-l seulemententendront le son de Ma Voix. Et avec celui qui Me prfre au monde entier etM'aime comme une douce pouse aime son poux, avec celui-l Je M'en iraibras-dessus bras-dessous; il Me verra toujours, comme le frre voit son autrefrre, et comme Je le voyais dj de toute ternit quand il n'tait pas encore.

    Aprs cet vnement Lorber dclina sans retard l'offre qui lui avait t faite, et, partir de ce moment, durant une priode de vingt quatre ans, c'est--dire jusqu'

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    sa mort, il servit de zl crivain pour ces trs mystrieuses inspirations, en secomportant en toute humilit comme un serviteur du Seigneur.

    L'crivain de Dieu

    Durant cette priode, Lorber allait commencer son uvre d'crivain, uvre quids lors constitua la tche principale de son existence, qui l'occupa presquechaque jour, dj de bon matin avant le petit djeuner que souvent, dans lafougue du travail, il laissait parfaitement intact.

    cette fin, il s'asseyait, gnralement la tte couverte d'un bonnet, une petitetable, l'hiver tout ct du pole, et, tout concentr sur lui-mme, il conduisait saplume sans interruption avec une assez bonne rapidit, mais sans faire aucunepause pour rflchir, et sans rien corriger de l'crit, comme quelquun qui il estdict quelque chose par un autre.

    En parlant de cela, il dit plusieurs reprises que durant l'audition de la voix quilui parlait intrieurement il avait aussi la vision de ce qui formait le sujet de lacommunication. ce qu'il assurait, il lui tait plus facile encore dnoncer leschoses perues intrieurement, s'il pouvait les communiquer verbalement uneautre personne. Et en effet, il dicta quelques-uns de ses amis, aussi bien desimples passages que des uvres entires de plus d'une centaine de pages. Ences cas, il s'asseyait auprs de celui qui crivait, en regardant tranquillementdevant lui, sans interrompre sa dicte, pas mme pour un moment, et sans faired'ajout, ni changer soit mme une simple expression.

    Et quand son travail de dicte devait tre, pour une raison quelconque,interrompu pour un temps plus ou moins long, soit mme durant des jours ou dessemaines, il fut toujours en mesure de continuer sa dicte en parfaite harmonieavec ce qui avait t crit prcdemment, sans avoir besoin de le relire, ou aumaximum peut-tre les derniers mots ou les dernires lignes.

    La Parole Vivante

    En l'anne 1858, Lorber crivit de la manire suivante un ami, au sujet de lasource spirituelle qui parlait en lui, et qu'il percevait comme la Voix de Jsus-Christ, comme la Parole Vivante:

    Au sujet de la Parole intrieure et de la faon dont on la peroit, je ne peux riendire dautre, venant de moi-mme, que la Parole trs sainte du Seigneur, jel'entends tout prs du cur comme une pense suprmement claire, limpide etpure, comme une parole prononce.

    Nul, bien qu'il me soit proche, ne peut entendre quelque chose d'une quelconquevoix. Mais, pour moi, cette voix de grce rsonne plus distinctement et plusprcisment que n'importe quel son, mme fort, sorti d'une bouche matrielle.Mais c'est aussi tout ce que je peux dire par exprience. Je dois ajouter ensuiteque rcemment une femme trs dvote envers le Seigneur, s'est adresse Lui

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    par mon entremise, et elle en eut la rponse que je rpte ici textuellement; etvoici ce qu'elle disait:

    'Ce que fait maintenant mon serviteur, trs pauvre au sens terrestre, devraientmaintenant pouvoir le faire tous ceux qui confessent vraiment Mon Nom. Carpour tous vaut la Parole de l'vangile o il est dit: Vous devez tous tre

    enseigns par Dieu! Qui n'est pas attir par le Pre, ne peut venir au Fils. Maiscela signifie: Vous devez parvenir la sagesse intrieure de Dieu, au moyen devotre amour actif et vivant pour Moi, et de l'amour qui s'ensuit pour votreprochain dans le besoin! Car l'amour vrai et actif constitue en chacun justementMa Personnalit Mme agissant immdiatement dans son cur, comme le rayonvivant du soleil agit en chaque goutte de rose, en chaque plante et en tout ce queporte la Terre.

    Donc pour qui M'aime vraiment par-dessus toute chose et de toutes ses forces,son cur est aussi rempli de Ma flamme vitale et de la plus vive lumire manantde cette flamme! Et qu'avec cela, entre Moi et un homme qui M'aime par-dessus

    tout, il doive subsister une relation continuelle et trs limpide, cela est tout aussiclair qu'il est clair qu'un grain de bl sain, dpos dans un sol fcond, doit, sousl'action du chaud rayon de soleil, pousser vigoureux et porter un fruit riche debndiction.

    Mais que cela soit vraiment possible avec les hommes, ds lors que lesconditions places dans l'vangile trouvent leur accomplissement, de cela, Monserviteur en est un tmoignage pour toi! Cependant, Je dois te dire encore unechose, c'est qu'une simple vnration et une admiration mme profonde et dvotede Ma divine perfection ne servent rien.

    De semblables soi-disant pieux chrtiens, il y en a en quantit en ce monde, et

    pourtant ils n'arrivent qu' peu ou rien. - Par contre, pour qui veut arriver Mavivante Parole en lui-mme, tout tient ce qu'il soit compltement actif selon MaParole. Que cela soit dit pour que vous en fassiez profiter tout un chacun !'

    Voil, cher ami, il t rpondu ainsi le plus compltement possible votredemande. Et il serait certes excessivement os que moi, malheureux pcheur, jeveuille y ajouter encore quelque chose de moi-mme.

    Votre Jacob Lorber

    Intermde Mondain

    Aprs que pour Lorber quatre annes aient t employes ce travail d'criture et donner des leons de musique, il reut de ses deux frres en 1844 l'invitation se rendre auprs d'eux pour les aider traiter quelques affaires prives. Des deuxfrres, l'un tait administrateur et l'autre, matre de poste, tous les deuxdomicilis Greifenbourg en Carinthie suprieure.

    Et, comme Graz, o le nombre des enseignants de musique croissait toujoursplus, gagner sa vie devenait pour lui chaque anne un problme toujours plusdifficile, il rsolut d'accepter l'offre, et il prit cong de la ville o il avait sjourn

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    jusqu'alors, ainsi que de ses amis.

    Il se consacra dsormais aux soins des affaires que lui avaient confies ses frres.Ses nouvelles fonctions consistaient dans la surveillance de quelques fournituresde bois prises par eux, surveillance laquelle il fallait ajouter aussi la ncessitde faire des voyages plus ou moins loin. Ceux-ci le conduisirent ainsi

    Innsbrck, Bolzano et mme Milan, o il donna un concert applaudi au thtre deLa Scala. En cette dernire ville il eut aussi l'occasion de faire l'acquisition d'unexcellent violon qui lui avait t recommand comme un stradivarius, qui s'avratre en tout cas un trs bon instrument qui par la suite lui rendit de trs bonsservices.

    Durant son sjour en Carinthie suprieure il fit diverses ascensions alpines, entreautres celle du Grossglockner; et de ces grandioses panoramas alpins il fit aussides esquisses que, plus tard, Graz, il complta au fusain; et si l'on ne veut pascritiquer vraiment rigoureusement la perspective, on dut sans autre reconnatreque mme en ce qui concerne le dessin, il n'tait pas sans avoir de bonnes

    dispositions naturelles, bien qu'il n'et pas eu l'occasion de s'instruire en cet art.

    Le Retour Graz - Vocation Spirituelle

    En 1846, aprs s'tre acquitt de ses charges en Styrie suprieure, Jacob Lorberrevint Graz et y reprit son ancienne activit qu'il continua dsormais avecdiligence durant plus d'une dcennie. Ce n'est qu'en 1857 qu'il s'loigna nouveau de Graz pour quelques mois, quand il s'associa deux minents matresde harpe et de guitare, et entreprit un tour artistique dans les capitales desprovinces autrichiennes, en se produisant pour sa part comme concertiste de

    violon, le violon tant rest son instrument prfr. son retour Graz il reprit son activit comme enseignant de musique, maisresta encore pendant quelque temps en relation avec ses compagnons de voyagedu moment; et l'occasion de manifestations publiques, il s'exhiba avec eux detemps en temps en productions musicales toujours accueillies avec faveur.

    Alors que Lorber de cette faon, par des tournes dans les salles publiques deconcert, ou aussi plus tard en se produisant dans sa patrie en divers lieux dedivertissement, paraissait comme musicien de profession, lui, ce-faisant,poursuivait deux buts. Il voulait avec cela, d'un ct s'assurer un gain plus grandque celui qu'il aurait pu attendre du travail pnible et maigrement rmunrateur

    des leons donnes, et d'un autre, il voulait chapper certains regards dont il secroyait observ avec dfaveur et dfiance en raison de son mystrieux travaild'crivain, et dvier l'attention de ces gens plutt sur son activit de musicienprofessionnel.

    Malgr cela, au cours de sa nouvelle activit, bien qu'avec ses compagnons il fttoujours appel jouer sur une scne leve et richement illumine, il se sentaitcertes un peu oppress. Et un trait caractristique de sa manire de penser estrvl par le fait que, plusieurs fois, il eut s'exprimer dans le sens que Dieusrement l'avait plac dans cette situation afin d'humilier son orgueil d'artiste qui

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    parfois avait perc en lui.

    Mais il dut bientt faire la constatation que, par suite de cette occupationaccessoire, bien qu'il passt les heures d'avant midi gnralement assis sa table crire, il tait toutefois trop distrait et trop gn en ce travail que depuislongtemps dj il considrait comme tant la vraie vocation de sa vie. Il renona

    donc bientt de nouveau compltement cette occupation accessoire, et il secontenta partir de ce moment de se procurer sa subsistance uniquement endonnant des leons de musique et en se consacrant l'accordage des pianos.

    Mais ces ressources, bien que les besoins de Lorber fussent extrmement limits,ne pouvaient plus lui suffire lorsque, les annes avanant en nombre, il taitdevenu trop dlicat de sant pour rsister la fatigue des frquentes alles etvenues souvent lointaines que lui imposait cette activit; alors ses amis vinrentspontanment et affectueusement son aide.

    La Riche Moisson

    Dans les annes qui suivirent, son activit d'crivain de ce qui lui taitintrieurement suggr fut reprise avec un zle renouvel. Et le fruit de cetteactivit fut en particulier luvre principale, le Grand vangile de Jean, publiplus tard en dix volumes, ainsi que des explications obtenues incidemment surdes passages difficiles de la Bible, sur des songes trs significatifs, et encore descommunications concernant diverses circonstances au bnfice de ses amis.

    Outre le Grand vangile de Jean en dix volumes (1851/1864), sortit aussi de laplume de Lorber une srie imposante duvres en partie en plusieurs volumesqui dj considrs du point de vue du nombre et de la masse rendenttmoignage dune fcondit spirituelle vraiment surprenante!

    Parmi ces uvres, il faut mentionner:

    - La Maison de Dieu, qui est lhistoire de lhumanit depuis Adam en 3volumes (1840/1844)

    - La Lune (1841)

    - Saturne (1 volume, 1841/1842)

    - La Mouche, Le Grossglockner

    - Le Soleil Naturel (1842)

    - Le Soleil Spirituel (2 volumes, 1842/43)

    - Explications de textes bibliques (1843)

    - L'Enfance de Jsus ou L'vangile de Jacques (1843/44)

    - L'change de lettres entre Jsus et Abgar

    - L'ptre de l'aptre Paul aux Laodiciens (1844)

    - La Terre (1 volume, 1846/47)

    - L'vque Martin (1 volume, 1847/48)

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    - Robert Blum (2 volumes, 1848/51)

    - Les Trois jours au Temple (1859/60)

    Conclusion de la vie de Lorber

    Quand Jacob Lorber en cette ferveur dactivit eut dpass sa soixantime anne,ses forces physiques commencrent progressivement, bien que d'une manire peine perceptible pour ceux qui taient autour de lui, dcliner, tandis que sonnergie spirituelle continuait se manifester avec une puissance intacte.

    Durant les deux annes qui prcdrent sa disparition, avec une frquencetoujours plus grande, il eut exprimer les pressentiments de sa mort; malgr cela,il ne donna aucune importance ce sentiment de sa diminution, et il continuasans changer son habituelle teneur de vie.

    Ses amis observrent cependant en lui une excitabilit accrue, la disparition

    graduelle de sa gaiet d'avant parfois mme irrsistible, et une tendance toujoursprsente une disposition d'esprit trs srieuse.

    Dj au dbut de l'anne 1864, il affirma avec une conviction absolue qu'il neverrait pas 1865. Peu aprs il tomba rellement malade et fut contraint de garderle lit durant trois mois.

    Et, bien qu'avant se ft montr parfois accabl, et qu'il se fut mme parfoisexprim avec des paroles amres au sujet de l'incertitude de sa position dans lavie, partir de ce moment il fut un vrai modle de patience et de pieusersignation. Et mme si parfois il se rpandait en lamentations, ses plaintes ne serapportaient pas tant ses propres tourments que plutt au destin menaant en

    gnral l'humanit. En ces occasions, il avait l'habitude de rpter volontierspresque gaiement quelques vers qu'il avait trouvs une fois crits sur un mur etqui lui taient rests en mmoire:

    Le soleil vient, le soleil s'en va;Chaque animal s'en trouve joyeux;L'homme seul, l'homme, lui seul,Sent le poids de la vie et de la douleur.

    Cependant, mme tandis qu'il tait tendu sur son lit de douleur, il trouvaitencore toujours de temps en temps la force de dicter l'un ou l'autre de sesjeunes amis quelque chose de vraiment profond.

    Avec l'arrive du printemps il se remit progressivement, et il tait permisd'esprer qu'il gurirait compltement, d'autant plus qu'il avait commenc quitter nouveau sa chambre et se rendre au grand air. Il voulut mmereprendre sa teneur habituelle de vie, mais il retrouva plus son tat premier desant; au contraire, il resta faible, et affirma avec une assurance toujours plusgrande l'approche de la fin de sa prgrination terrestre.

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    Le Dpart

    Deux jours avant que cela n'arrivt vraiment, il se trouvait encore en visite auprsde connaissances. Et la matresse de maison avait prpar pour lui un plat qui luiplaisait beaucoup. Il le gota mme d'excellent apptit, mais ensuite il se mit

    dire: Vraiment trs bon, toutefois dans deux jours je ne serai plus.

    On fit ce qui tait possible pour lui enlever de la tte cette ide mlancolique,mais il persista dans son affirmation qui effectivement se montra bien fonde.

    Dj le jour suivant, alors qu'aprs le repas il tait sur le point de rentrer chez lui,il fut frapp sur la route d'un soudain crachement de sang qu'il prit cependant sipeu au srieux que le soir mme il alla retrouver sa compagnie habituelle.

    Mais dj durant le parcours pour revenir chez lui se manifesta nouveau uncrachement de sang qui ne cessa plus; c'est aussi pourquoi, lorsqu'il fut rentr,Lorber, pour ne pas troubler le repos de ses voisins, ne demanda aucune aide de

    ces derniers.Le matin suivant on le trouva encore vtu, couch, le visage tourn vers le mur etavec les draps couverts de sang. Un mdecin, que firent venir les voisins, lui fitprendre un mdicament, mais il dclara que dsormais toute aide humaine taitparfaitement inutile.

    Alors on envoya quelqu'un en hte la paroisse proche et peu aprs un prtreparut lui aussi prs du lit du patient. Mais comme celui-ci gisait djinconscient, le reprsentant de l'glise demanda une parente prsente l pourassister le malade, si Lorber avait frquent l'glise. Et celle-ci rpondit que celadevait certainement tre connu, vu que Lorber avait en personne, en des

    occasions de grandes solennits ecclsiastiques, prt son aide la chorale demanire dsintresse. Aprs quoi, le prtre demanda cette parente si elle taitencore dispose prendre sur elle la responsabilit morale s'il donnait aumourant les sacrements. Et aprs que, sans hsiter, elle eut donn une rponseaffirmative, le prtre, sans autre objection remplit son office, puis s'en alla.

    Pendant ce temps, les amis les plus intimes de Lorber avaient t avertis del'imminent danger qui menaait sa vie; mais justement alors, avec une extrmeviolence, clata un orage qui empcha quelque peu leur venue immdiate.Lorber, qui entre-temps s'tait un peu remis, demanda tre plac autrement surson lit, et prcisment de sorte que, alors que durant dix ans il avait dormitoujours avec les pieds tourns vers l'occident, il se fit placer de manire avoir

    au contraire la tte tourne vers ce point cardinal et les yeux tourns du ct o lesoleil se lve.

    Pendant ce temps les amis s'taient hts de venir malgr la pluie torrentielle, etparmi ceux-ci aussi le mdecin du lieu qui tait aussi son ami; mais Lorbern'arriva pas avaler le mdicament que ce dernier lui avait prescrit. Il restapendant quelque temps immobile et dolent puis il commena soudain tendre lecorps nergiquement comme un soldat qui voulait se redresser, se plaaparfaitement couch sur le dos, le visage tourn vers le Levant; et, tandis qu'au-dehors la nature tait en tumulte avec l'clatement des clairs et le grondement du

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    tonnerre, il resta absolument tranquille. En cet instant aussi commena la phasede l'agonie, et, aprs un quart d'heure, le serviteur du Seigneur se trouvadoucement endormi, alors que son esprit, depuis longtemps dj appartenant unmonde suprieur, avait fait retour en la patrie ternelle (24 aot 1864).

    Sa dpouille mortelle fut ensevelie dans le cimetire de St Leonhardt prs de

    Graz, et un nombreux cortge l'accompagna sa dernire demeure. Mais certes,la majorit entendit avec cela rendre un dernier hommage au virtuose de violontrs connu, plutt qu'au thosophe qu'elle ne connaissait presque pas du tout.

    L'un de ses amis marqua l'emplacement o la dpouille de Lorber reposemaintenant, au moyen d'une simple pierre, avec, gravs au ciseau sur la partieantrieure, le nom, le jour de la naissance et de la mort du trpass, ainsi que lesparoles consolatrices adresses un jour par Paul aux Romains dans son ptre(14-8):

    Si nous vivons, c'est pour le Seigneur que nous vivons,et si nous mourons, c'est pour le Seigneur que nous mourons.Soit donc que nous vivions, soit que nous mourions,nous sommes au Seigneur.

    (ptre aux Romains, 14-8)

    Plus tard, plusieurs d'entre les amis de Lorber achetrent le fonds o il y avait latombe et ils firent planter de chaque ct de la pierre tombale un thuya, dont lenom allemand arbre de la vie rappelle de manire trs expressive la missionvivifiante de l'esprit extraordinaire qui en cette place a restitu la terre son

    enveloppe mortelle.

    La Personnalit extrieure de Lorber

    L'aspect extrieur de Lorber ne correspondait en aucune faon la reprsentationqu'un connaisseur de ses uvres transcendantales aurait pu se faire de lui. Il taitplutt le contraire de cette personnalit thre qu'au regard de ses crits onaurait ventuellement eu motif de supposer de lui.

    Sa personne physique, de stature suprieure la moyenne et de forte carrure,

    montrait en elle-mme une certaine duret. La tte tait plutt grande, le fronthaut et large, les lvres charnues, les traits du visage doux et rguliers; sa figurervlait une grande affabilit et ses yeux gris-bleu, bienveillance et douceur. Ilportait des cheveux bruns partags sur le front et tombant sur la nuque, et lementon tait orn d'une barbe pleine de la mme couleur brune, devenue ensuitegrise, dans les derniers jours de sa vie.

    Quand il se produisait avec son violon prfr, il apparaissait toujoursimpeccablement vtu de noir, mais ordinairement il ne se souciait cependant pastrop de son habillement. Et quand cet homme, trs peu voyant, allait par la route,de son pas lent et quelque peu lourd, personne n'aurait souponn en lui le

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    mdiateur de ces trs mystrieuses communications qui remplirent des milliersde pages d'impression et qui comptaient dj une troupe d'enthousiastesadhrents en divers pays mme trs lointains.

    Lorber, dans ses rapports avec ses semblables tait trs modeste et mmecarrment trop humble parfois pour notre temps, o les gens sont plutt ports

    faire plus ou moins justement talage de leur propre valeur; toutefois, mmedurant la priode o il se consacra sa srieuse mission d'crivain, il restatoujours un bon compagnon. Son travail journalier achev, il avait l'habitude depasser les soires joyeusement en compagnie d'amis devant un bon verre de vindu pays.

    Si la conversation tournait autour de questions mondaines souvent il racontait depetites histoires et des anecdotes des plus drles; de sorte que l'hilarit devenaitgnrale et les auditeurs se divertissaient beaucoup. Mais si taient prsentesd'autres personnes de mme disposition d'esprit, le discours prenait un pli plussrieux; alors il semblait comme plong dans une atmosphre de srieux absolu

    et de paix vraiment extraterrestre, et de ses lvres loquentes jaillissaient desides et des enseignements des plus nobles et des plus profonds; de sorte quesouvent les auditeurs dans leur tension d'esprit taient frapps par une sorte defrisson sacr. Mais si personne de la compagnie ne lui offrait l'occasion des'exprimer, il tait capable de rester silencieux des heures durant sans prendreaucunement part aux conversations.

    Parfois certes, il arrivait que des non-initis, qui gnralement n'avaient entenduque chuchoter la hte quelque chose au sujet de sa mystrieuse fonctiond'crivain, s'associassent, htes non dsirs, aux runions du soir de ses amis, etqu'en ces occasions ils cherchassent se moquer de lui avec toutes sortes detaquineries; en de semblables occasions, gnralement, il ne prtait pas attention

    la moquerie tente, ou bien il rprimandait le moqueur d'un regard si srieux etavec des paroles si graves qu' la fin il passait celui-ci toute vellit pourl'avenir de se moquer de lui cause de sa fonction d'crivain secret, comme ilarriva celui qui l'avait ainsi interpell: Eh bien, Lorber, qu'y a-il de nouveau?Vous qui tes l'crivain du Bon Dieu ?!

    Le Style Spirituel de Lorber

    Et maintenant que j'ai tent de dcrire dans ses lignes principales le cours de lavie extrieure de Jacob Lorber, et de fournir une image le plus possibleressemblante de sa personnalit physique, je me sens encore, par acquit deconscience, le devoir d'y ajouter, conformment l'exacte vrit, ce dont je fusmoi-mme tmoin, en ce qui concerne les extraordinaires conditions spirituellesdans lesquelles, durant 24 ans, il vcut et travailla, et ce qui vient indniablement le caractriser comme l'un des plus remarquables et plus intelligents mdiumcomme il est d'usage en gnral dappeler ceux qui servent d'intermdiaires dansles rapports entre les intelligences terrestres et extra-terrestres - et ce prcismentil y a dj presque quarante ans, c'est--dire une poque o personne ne croyait la possibilit de semblables rapports, et alors qu'il n'y avait mme pas encore

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    quelqu'un qui et la plus petite ide de la relle et mme frquente existenced'individus ayant des dispositions de cette nature; ce qui, de nos jours, estincontestablement confirm par des milliers de tmoins dignes de foi.

    Il a dj t racont plus haut comment Lorber, au matin du 15 mars 1840, futappel par une voix perue intrieurement faire fonction, partir de ce

    moment, d'crivain au service de la mme voix. Dj le 19 ou le 20 du mmemois, Lorber me rencontra le soir sur la place principale de Graz claire par lapleine lune, et, aprs m'avoir cordialement salu, il me dit: J'ai quelque chose vous dire! Je suis en train de recevoir une rvlation !

    Cette fois, comme chacun le trouvera naturel, je craignis pour la raison dunouveau et pauvre prophte. Mais, comme, cause de sa profondeur desentiments, je l'avais en grande estime depuis que je le connaissais, j'acceptai trsvolontiers l'offre qu'il me fit de m'apporter prochainement ses rveriescommeil tait port appeler ses crits; et dj les jours suivants il m'apporta quatrefeuillets remplis recto-verso et trois demi-feuilles o tait contenu tout ce qu'il

    avait crit jusqu'alors de La Cration primordiale du monde spirituel etmatriel qui arrivait jusqu' la fin du douzime alina du cinquime chapitre.L'crit, de sa propre main, tait certes, ici et l, incorrect au point de vue del'orthographe, mais par ailleurs net et sans aucune correction.

    Dj quand Lorber lut en ma prsence les premires pages de cet crit quicontenaient des enseignements et des avertissements, la simplicit, l'importance,et en partie aussi l'lvation de ces indications trs nettes, firent sur moi uneimpression tout fait inhabituelle, et elles m'amenrent suivre aussi dansl'avenir, avec la plus grande attention, le droulement de ce remarquablephnomne.

    Ds le 25 mars, je me rendis personnellement chez Lorber qui habitait alors unepetite pice donnant sur la cour au premier tage de l'auberge Zum weissenKreuz, dans ce que l'on nommait le Nouveau monde(*) - pour tre, suite soninvitation, tmoin en personne de la faon dont se droulait son activitd'crivain. Aussitt aprs moi, parut aussi mon ami le musicien AnselmeHttenbrenner, qui avait t le premier initi par Lorber dans son mystre et quiavait dj fait pour lui une copie de ce qui jusqu'alors avait t crit.

    Lorber, que nous trouvmes dj en train d'crire, continua tranquillement sontravail en notre prsence, avec une relative rapidit, sans jamais s'interrompre etsans tenir aucun livre devant lui, simplement concentr sur lui-mme.

    Lorsqu'il eut fini le 33

    ime

    paragraphe du cinquime chapitre de l'uvre djmentionne, il dposa sa plume, enleva son bonnet et dit mi-voix: Deogratias!. Aprs quoi il nous lut ce qu'il avait crit, au commencement avec unair indiffrent; mais quand, ayant commenc lire le 22ime paragraphe, il arrivaau point o il est dit: Cette larme jaillit du cur de la Divinit, et s'appelait,s'appelle et s'appellera toujours: La Misricorde, alors il clata en larmes, et enraison de l'motion dont il tait submerg, il dut plusieurs fois s'interrompre pourfinir la lecture, de sorte que nous aussi nous en restmes profondment mus.

    (*) Sans doute le nom de l'immeuble, mais ce n'est pas prcis dans le texte. (N.d.T.)

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    Pendant longtemps encore je rendis visite Lorber presque chaque jour quand ilcrivait, restant parfois de une trois heures sans interruption tmoin de sa trsmystrieuse occupation et en ces occasions se renouvelrent souvent des scnesmouvantes du genre mentionn ci-dessus; et une fois mme, aprs avoir fini leneuvime chapitre, les yeux pleins de larmes, il s'cria: Mais comment est-il

    donc possible de ne pas aimer le Seigneur ?!

    Les Preuves de lInspiration Spirituelle

    Au cours de cette singulire mission d'crivain il arriva cependant aussi queLorber ne saisisse pas lui-mme ce qu'il tait en train d'crire, ou ne comprennepas quelque mot particulier.

    Un cas semblable arriva le 26 mai 1840. Sur une demande d'un ami au sujet dela faon dont on devrait lire les prophtes, il avait crit une brve explication, quidisait en substance que, pour ce faire, il tait ncessaire de se munir d'une fortelentille grossissante. Mais, nous ses amis, nous ne fmes pas capablesd'interprter comme il faut ces paroles videmment symboliques.

    Lorber manifesta aussitt son avis que par forte lentille grossissante il fallaitentendre la grce de Dieu. Nous objectmes alors que l'homme ne peut pas,comme il est prescrit en ce cas, prendre de lui-mme la grce de Dieu son gr,et que d'ailleurs il tait encore fait mention de la grce en particulier plus loin.Mais il resta ferme dans son affirmation et rpondit que l'homme peutcertainement mriter la grce de Dieu, et donc que l'acquisition de la grcedpend sans aucun doute de lui-mme. Aprs quoi, nous nous sparmes.

    Mais le jour suivant, Lorber me communiqua quau sujet de la discussion qu'ilsavaient eue le jour prcdent, il avait interrog sa voix intrieure, dont il avaitobtenu de la manire habituelle la rvlation textuelle suivante:

    Que les autres n'aient pas compris mes paroles ne peut tre tonnant, mais il fauts'tonner que tu ne les aies pas non plus comprises, toi! Cette lentillegrossissante, c'est lhumilit, dont le concept est beaucoup plus vaste que vous nelestimez vous ordinairement. C'est elle qui fait apparatre trs petit le moi, alorsqu'elle fait apparatre grand ce qui trouve hors dudit moi.

    ce genre d'vnements appartient aussi celui qui se manifesta le 14 juin 1840.Je me trouvais cette fois de nouveau auprs de Lorber alors qu'il continuaitd'crire un pome en vers dans L'histoire de la Cration primordiale dj

    mentionne.

    Aprs avoir termin la dixime strophe (chapitre 3 -verset 6), il se tourna versmoi en disant: prsent j'ai d crire un mot qu'en vrit, je ne comprendsmme pas. Que peut donc vouloir dire verjahen ? Et, ceci dit, il me tendit lefeuillet crit pour que je l'examinasse; et je remarquai que la fin de cette stancedisait:

    Wrdet ihr dann wohl euch Meiner groen Liebe nahen? Nein, sag' Ich; in alleZweifel wrd't ihr euch verjahen!

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    (Vous approcheriez-vous alors plus de Mon si grand amour? Non, Je vous le dis;dans tous les doutes vous vous seriez ...!)

    Je me souvenais certes tre dj tomb sur ce mot en lisant des textes en vieilallemand, c'est--dire en allemand mdival; toutefois, sur le moment je ne pusm'exprimer avec certitude sur sa signification. Mais dans les jours suivants,

    aprs que j'eus consult divers lexiques, je trouvai finalement dans le dictionnairede l'idiome mdival haut allemand de Wolf Ziemann, Leipzig 1838, les mots:jach... jahen... et encore les drivs, gaen. gahen... et finalement la page 544:vergahen, avec la signification de: sich zum Schaden eilen, ubereilen(se hter son propre dtriment) phrase qui dans notre cas allait comme un gant, car alors lesecond vers signifiait:

    In alle Zweifel wrdet ihr euch jh (gach ) strzen!

    ou bien dans la forme populaire encore en usage vergaschen( vous couleriez pic dans tous les doutes).

    De toute faon, que cette explication soit ou non la bonne, ce qui a t dit icifournit sans autre la preuve la meilleure que, tandis que Lorber crivait, il nesuivait pas les suggestions de sa propre intelligence, mais bien plutt celles d'uneintelligence trangre.

    Mais une preuve plus convaincante encore et plus incontestable que cela estfournie par l'vnement suivant:

    Le 25 juin 1844, Anselme Httenbrenner me donna lire quelques passages queLorber avait crit deux jours auparavant. En ceux-ci il tait communiqu queSchelling, Steffens et Gustave A. avaient t appels, ou mieux, choisis pourprparer les esprits des Protestants la parution de ces nouveaux critsthosophiques. En confirmation de cela, dans la mme communication taientcits textuellement, avec l'indication exacte des numros des pages respectives,deux passages de l'uvre de Steffens, La fausse thologie et la vraie foi.

    Ni Anselme Httenbrenner, ni Lorber ne savaient alors quelque chose au sujet deSteffens, pas mme son nom. Lorber fut par consquent extrmement heureuxquand le premier, qui entre-temps avait consult le lexique de Brockhaus, luirapporta qu'il existait vraiment un crivain de ce nom, qui avait effectivement faitimprimer une uvre sous le titre- mentionn.

    Vu que moi non plus, bien que connaissant trs bien de nom cet auteur, je neconnaissais pas l'uvre en question, j'en fis aussitt la commande la librairie del'Universit, qui me la fit parvenir le 24 juillet. Je la remis le soir mme Anselme Httenbrenner, et le matin suivant je me rendis chez lui pour savoirquels avaient t les rsultats de la comparaison entre le texte du manuscrit etcelui de l'uvre imprime. Httenbrenner avait dj trouv dans le livre lepassage indiqu par Lorber avec la mention des pages 5 et 6, et je pus meconvaincre par moi-mme qu'il concordait textuellement avec ce qui figuraitdans le manuscrit de Lorber, seulement qu'en ce dernier quelques motsparaissaient inadapts.

    D'autres passages cits par Lorber, qui auraient d se trouver aux pages 109, 129et 136 de l'uvre, Httenbrenner navait pu en trouver trace. Et pas mme au

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    cours d'ultrieures recherches faites en commun par nous deux, nous nerussmes trouver dans l'uvre ce qui et concord mot pour mot avec le textedans le manuscrit de Lorber; mais bien plutt nous relevmes dans luvreimprime des points qui taient marqus du mme esprit qui constituait la basedes citations de Lorber.

    Mais comme nous n'avions notre disposition que la seconde dition de cetteuvre, il reste la possibilit, qui n'est pas exclure, que ces passages figurentpeut-tre textuellement dans la premire dition de la mme uvre.

    De toute faon la concordance textuelle rellement constate entre les passagesdes pages 5 et 6 de l'uvre imprime et ceux du manuscrit de Lorber montrentque ces derniers ont t crits par lui sous l'influence d'une intelligence diffrentede la sienne, chose qui certes doit sembler incomprhensible, et mme unemystification, tous ceux qui se bouchent obstinment les yeux et les oreillesdevant cette preuve base sur la science exprimentale humaine.

    Les vangiles de la Nature

    Au commencement, ce que la voix intrieure avait dict, Lorber l'avait crit enrestant silencieux. Mais bientt il commena noncer sur-le-champverbalement ce qu'il entendait dire en lui. Le 25 juillet 1840 AnselmeHttenbrenner me communiqua que, selon l'indication de la voix intrieure deLorber, nous devrions, par son entremise, interroger un rocher.

    Le matin suivant huit heures, tous les deux nous nous runmes avec quelquesautres initis encore, et Lorber lui-mme, sur le Schlossberg de Graz o, pour lebut indiqu ci-dessus, nous choismes le rocher qui s'levait derrire laWinzerhaus (la maison du vigneron), hauteur de laquelle se trouve la faadeouest de l'difice sur lequel taient placs les canons d'alarme incendie.

    Lorber se plaa face au rocher et nous dicta, nous tous qui tions prts crire,durant un quart d'heure; puis, ayant t drangs par hasard, nous nous vmesamens abandonner cet emplacement et poursuivre notre travail dans monhabitation. Tant que nous nous trouvions sur la montagne, Lorber tenait leregard tourn vers le rocher; dans mon habitation par contre, il regardait devantlui comme en un rve, et il dictait sans interruption, corrigeant seulementrarement quelque mot, et sans excessive rapidit, de sorte qu'un crivain un peuleste pouvait trs bien le suivre en crivant. De temps en temps seulement il

    acclrait un peu son dbit. En cette occasion sa dicte eut pour objet une brvehistoire de la cration, de la formation et du dveloppement de la Terre, del'lvation des montagnes, et en particulier de la formation du rocher signal plushaut, ainsi que des indications sur les premiers habitants du pays.

    Lorsque vers midi nous arrivmes la fin de la communication, Lorber nousavoua avoir t au dbut quelque peu proccup, compte tenu du doute quilavait si l'exprience russirait ou non; mais sa voix intrieure l'avait toujours nouveau encourag. Il ajouta encore que cette fois, en dictant, il n'avait pasentendu la voix de la manire habituelle, c'est--dire, comme en rvant, mais il

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    avait eu bien plutt une impression comme si tout ce qu'il avait communiquersortait comme du rocher, qui lui tait rest prsent comme une ralit quand il setrouvait ensuite enferm dans la chambre, tant donn qu'il l'avait accueilli en luitout fait spirituellement.

    Quatre jours aprs, nous allmes la source d'Andritz, un limpide petit ruisseau,

    riche en truites, qui jaillit silencieusement du fond rocheux dans une crique de lavalle, en ce temps-l encore enveloppe de solitude romantique, au pied duSchckel dans la direction Nord-Ouest de Graz, et, qui au dbut de son coursforme un clair petit tang limit par un mur moiti en ruines, et alors encoreombrag par des tilleuls plus que centenaires.

    En cet endroit, tandis qu'il regardait d'un air serein le tranquille miroir de l'eau,Lorber nous dicta durant deux heures des rvlations trs profondes au sujet de laformation et des origines de semblables sources pures, et sur les faons dont ellescooprent aux buts du monde physique et du monde spirituel.

    Et durant le voyage de retour vers la ville, il nous raconta en outre que les choses

    naturelles avec lesquelles il se mettait en communication lui apparaissaienttoujours comme personnifies. Ainsi, dans le cas prcdent, le rocher sur laSchlossberg lui tait apparu sous la figure d'un vieillard l'aspect sombre etsvre; et, le jour dont nous avons parl, la source avait pris ses yeux l'aspectd'une toute jeune fille srieuse et calme.

    De cette manire, il nous dicta une srie de dissertations sur des choses diverses,comme par exemple: la fort, les vignes, l'hutre perlire, la colombe, etc... Lessujets taient choisis sur notre initiative seule, et dans l'instant il les dveloppait,toujours sans aucune prparation.

    Et en ces occasions, il tait enfin trange de constater que, quoique le choix des

    sujets ft fortuit, toutes les communications reues en rponse se terminaientpresque systmatiquement par une reprsentation sur la faon dont l'lmentspirituel s'levait progressivement, au milieu de vigoureux combats, de la matireapparemment morte, jusqu'au sommet le plus haut de son dveloppement, c'est--dire, l'homme.

    Et la conclusion de presque tous ces thmes consistait en un enseignement moralqui tait ainsi reprsent symboliquement dans l'objet trait, qui devenait ainsiune parabole bien concrte; raison pour laquelle aussi Lorber prit l'habituded'appeler les communications de ce genre des vangiles de la nature.

    Voyant et Entendant, pas dcriture automatique

    De ce qui a t dit jusqu prsent, on peut relever que Lorber, partir de saquarantime anne, fut un mdium entendant d'une importance exceptionnelle,comme sans doute il serait class l'poque actuelle o les facultsmdiumniques, mme un degr bien moindre, se sont normment multiplies.Trs remarquable doit apparatre aussi le fait que Lorber soutenait entendretoujours dans le cur cette voix qu'il appelait la Voix du Seigneur; tandis qu'ilpercevait celle d'autres esprits dans la rgion occipitale de la tte.

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    Bien que Lorber ait crit de manire mdiumnique des milliers de feuilles, on nepeut cependant pas le placer dans la classe des vritables crivains-mdiums,c'est--dire de ceux dont la main est guide mcaniquement par une intelligencetrangre. L'action d'crire resta au contraire pour lui toujours une actionindpendante, bien qu'crivant seulement ce qu'il entendait dict par cette voix

    venant d'une intelligence trangre, qu'il affirmait percevoir comme avecl'oreille.

    Lorber tait aussi un mdium voyant. Il n'y a pas l de preuves, mais seulementses propres affirmations. Lorsque quelqu'un dcdait dans le cercle de nosparents et de nos connaissances, il nous racontait avoir vu la personne rcemmentdcde, il en dcrivait l'aspect, donnait des nouvelles des conditions danslesquelles elle se trouvait dans l'au-del et nous transmettait souvent salutationset autres messages.

    En particulier, il recevait souvent la visite d'un esprit fminin qui m'avait t trscher durant la vie et encore maintenant(*), et elle me faisait parvenir par son

    entremise des conseils et parfois mme des avertissements qui ensuite semontrrent effectivement utiles. Il dcrivait aussi la figure de cet esprit, de sorteque, de son extrieur qui s'ennoblissait progressivement toujours plus, on pouvaitdduire aussi le dveloppement spirituel progressif de l'me. Selon lareprsentation de Lorber, cet esprit fminin apparut la premire fois environ sixmois aprs son dpart de cette Terre, avec le visage serein, et sa personneenveloppe dans un vtement gris clair larges plis, que plus tard il vit bord auxourlets de couleur pourpre, ainsi qu'orn d'une ceinture de mme couleur.

    Quelque temps aprs le vtement apparut de couleur bleue claire, puis blanc, etenfin blanc brillant et resplendissant comme la neige. L'apparition portait lachevelure droule et retombant derrire la nuque; durant les mouvements qu'elle

    faisait on pouvait apercevoir dans les larges manches les bras bien forms, tandisque les pieds nus ne pointaient que peu hors du drapement du long vtement.

    Mais l'occasion d'une de ses visions, pour ma part, j'acquis la pleine convictionque de telles visions correspondaient une ralit absolue. Un jour, il meraconta avoir eu la nuit prcdente, alors que la lune brillait, nouveau unevision qui me concernait; c'est--dire qu'il avait aperu soudain, quelquedistance de son lit, se tenir une vieille dame de stature plutt petite mais trapue,qui tenait trangement ses deux yeux totalement ferms, et qui le pria de mesaluer et de me dire de bien vouloir parfois lui adresser ma pense, car cela luiferait du bien. cette communication je restai bahi et heureux en mme temps;

    ayant reconnu immdiatement dans l'apparition une chre parente morte peu detemps auparavant l'ge de plus de 80 ans, qui durant les dernires semaines desa vie avait t frappe d'un tel relchement des paupires qu'elle ne pouvait plusles soulever et tait reste comme aveugle. Mais Lorber ne pouvait quedifficilement avoir eu l'occasion de connatre cette vieille dame, car lorsquecelle-ci tait venue en dernier se trouver dans cette dplorable condition, il n'ensavait absolument rien. Sa description qui concordait typiquement avecl'extrieur effectif de la dfunte et avec son tat de ccit, vint ainsi fournir une

    (*) L'pouse de Leitner morte encore jeune (N.d.E)

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    preuve indniable de l'identit de cet esprit avec ma parente.

    Suggestions Mdicales

    Des cas se manifestrent aussi o Lorber exera une action curative, pasrellement comme un vrai mdecin soignant au moyen d'une nergie bienfaisantemanant de lui, mais bien seulement comme un mdium prescrivant desmdicaments ou des processus curatifs qui lui sont suggrs par des esprits, dontl'application tait parfois suivie de petits rsultats, mais parfois aussi de bons etsurprenants rsultats.

    Ainsi arriva-t-il que le 19 mai 1852, alors que je m'apprtais, comme j'avaiscoutume de le faire dj depuis quelques annes, partir en voyage pour Wilbad-Gastein, afin d'y entreprendre une cure, il me communiqua des recommandationsde la part de cet esprit affectueux qui pensait beaucoup moi et dont j'ai faitmention auparavant. Ces recommandations allaient dans le sens qu'en cetteanne je devrais prendre seulement sept bains, et en outre d'une dure de pas plusde douze minutes. Mais les premiers bains firent sur moi un effet si salutaire,qu'aprs le septime bain, je me trouvai si bien que, ne faisant aucun cas del'avertissement reu, je pensai part moi que cela aurait t rellement dommaged'interrompre la cure balnaire entreprise avec autant d'avantage, aussiintempestivement et sans motifs particuliers, si l'on fait abstraction de cetavertissement pour lequel il n'existait pas de garantie absolue d'authenticit. Jecontinuai donc la cure. Mais le huitime bain sembla dj avoir des effets moinsbnfiques, et aprs le neuvime je me sentis la tte oppresse et des douleursdans les dents; en outre, je perdis le sommeil et l'apptit, et je me retrouvai d'unemanire gnrale avec un tel malaise que j'estimai ncessaire de consulter lemdecin de la maison de cure, le docteur von Hnigsberg.

    Celui-ci me visita et me prescrivit d'avoir m'abstenir de prendre le bain durantdeux jours, puis de revenir le voir. Je fis comme il m'avait conseill, et, pass lesdeux jours, je me reprsentai devant lui. Il renouvela alors sa visite et conclut endisant: Ne prenez plus de bains, pour cette anne cela suffit pour vous. Votrenature est dj sature. Je suivis son conseil; je me reposai encore quelquesjours en cette bienfaisante atmosphre alpine, puis je partis et restai toute l'annesuivante en parfait tat de sant comme si j'avais ponctuellement accomplientirement mon habituelle cure balnaire. Au cours des deux ou trois tssuivants, je pris nouveau dans ces sources mes habituels 21 25 bains avec

    d'excellents rsultats.Quelques annes plus tard cependant, je reus par l'entremise de Lorber nouveau la prescription de la part de l'esprit que nous savons, de prendre en cetteanne seulement neuf bains. Mais l'agrable sensation de l'augmentation de lapuissance vitale qui s'tait manifeste en moi aprs les neuf bains permis, fut siforte que moi, faible de foi, je me laissai entraner ngliger l'avertissement,continuant aussi cette fois la cure..hlas avec le mme insuccs, comme lapremire fois. Aprs le onzime bain se manifestrent nouveau tous cesinconvnients qui s'taient produits la premire fois; et le mdecin du lieu, la

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    seconde fois aussi, me dfendit de surcharger davantage ma nature avec laraction des eaux de Gastein.

    Mais les onze bains eurent de nouveau aussi, au cours de l'anne suivante, lemme effet salutaire qu'en d'autres annes la cure complte de trois semaines.

    Une autre fois, il m'arriva de me trouver durant quelque temps souffrant d'unefaiblesse nerveuse qui, non seulement entamait mon intgrit physique, maisopprimait aussi mon moral et influait sinistrement mme sur mes facultsspirituelles, provoquant en moi un indfinissable sentiment d'incertitude etd'angoisse qui m'tait de faon pnible un obstacle dans l'expdition de mesaffaires prives et de ma charge et me causait ainsi un prjudice.

    Lorber, requis d'un conseil ce sujet, obtint pour moi au moyen de la voixintrieure la suggestion du remde suivant: Prends du vin rouge naturel et del'huile d'olive qui soit pure, et avec ce mlange frictionne-toi matin et soir lapoitrine, le dos et la nuque; et le soir mme la tte et tout particulirement lestempes en pleine foi et confiance dans le Seigneur; toutefois, durant ce temps tu

    dois t'abstenir de l'usage du caf et du mauvais vin.Aprs que j'eus fait usage de ce remde pendant quatre ou cinq jours, je metrouvai nouveau si renforc dans mon corps et dans mon esprit, qu'ayantrcupr ma srnit d'esprit, ma rsolution et mon nergie, je pus avec uncourage renouvel remplir toutes mes obligations comme avant que le mal ne seft manifest. Ce que Lorber partir de ce moment appela l'onguentvanglique* produisit le mme bienfaisant effet, plus tard aussi, plusieurs fois,lorsque je l'appliquais de longs intervalles contre les rechutes du mme mal, oubien lorsque se manifestait un tat de faiblesse uniquement physique cause d'unpied qui avait t bless des annes auparavant.

    Par souci de la vrit, je dois ajouter ici qu'un autre remde qu'il eut merecommander pour ce mal au pied, soit en raison de la dose trop forte dumdicament prescrit, soit peut-tre cause de l'emploi trop violent que j'en avaisfait, produisit un effet par contre dfavorable.

    Matrialisations

    la fin, il arriva aussi un cas qui laissa supposer que Lorber ait eu l'aptitude sedvelopper en mdium mme pour des matrialisations, comme notre poquesont appels ceux qui font fonction d'intermdiaires pour produire de semblables

    phnomnes.

    Cette fois, il habitait une pice au rez-de-chausse dans la Wickenburggasse, oson bureau tait situ vraiment ct de la fentre droite de laquelle, pas trsloigne, il y avait la porte d'entre.

    Un jour, ainsi qu'il me le raconta lui-mme, alors quil tait assis table, occupjustement crire, il vit soudain se tenir ct de lui sa droite, entre la table etla porte, une silhouette fminine, vtue la mode alors en usage, qui lui souriait;et lorsqu'il eut lev les yeux du papier qu'il avait devant lui, elle le regarda d'un

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    air affectueux et gai, presque comme quelqu'un qui et russi une surprise qu'ilavait projet de faire. En cette silhouette il reconnaissait mademoiselle R. unejeune fille qui avait t son lve, ayant tudi avec lui le chant pour se consacrer cet art sur les scnes, mais qui tait morte depuis quelque temps.

    Et quand elle se fut aperu de la stupfaction que son visage trahissait, alors qu'il

    tait en train de la regarder fixement, elle lui parla ainsi: Oui, oui, c'est bienmoi! Touche-moi donc! Et comme il hsitait le faire, elle insista et renouvelal'invitation en disant: Eh bien, touche-moi! Et quand Lorber, cdant cesinstances, tendit les mains pour la toucher, il sentit effectivement la rsistancelastique d'un corps humain; mais ds que ses mains se furent nouveau cartesde ce corps, l'apparition toute entire disparut soudain.

    En coutant le rcit de cet vnement je restai compltement dconcert;toutefois je n'osai rien objecter au narrateur qui faisait lui-mme une mine on nepeut plus tonne et mystrieuse et je laissai tomber le sujet, dont j'tais port croire qu'il se bast plus sur une illusion des sens que sur une ralit effective,

    sachant bien que Lorber restait toujours un peu mortifi quand il sentaits'exprimer mme le moindre doute sur la vrit de ses paroles.

    Ce n'est que dans les temps trs rcents que de tous les cts, en particulier del'Angleterre et de l'Amrique, commencrent affluer de frquentes nouvelles ausujet de l'apparition tangible et plastique d'esprits; et lorsque des savants derenom, non seulement de ces pays, mais aussi d'Allemagne, commencrent rendre tmoignage de la ralit de semblables phnomnes; alors seulement jeme souvins du rcit de Lorber; et ce rcit acquit dsormais mes yeux une valeurd'autant plus grande, que son objet se trouva remarquablement confirm par desphnomnes de mme caractre constats l'poque actuelle; et avec cela il taiten mme temps dmontr que pour Jacob Lorber il peut tre ainsi, en cette sorte

    de mdiumnit, revendiqu le droit d'antriorit.Tandis que je conclue ainsi mon consciencieux rcit de la vie de Jacob Lorber etde ses dons extraordinaires, je suis parfaitement conscient qu' l'poque prsentenombreux sont ceux qui, entravs dans la vision du monde sous l'angle troit dela matrialit, considreront mon ami Lorber - et moi aussi son biographe - sinonrellement comme des filous, du moins comme des gens victimes d'un mauvaistour de leur propre imagination, et en tant que tels, selon leur caractre, ils noustourneront en drision ou nous plaindront.

    Les plus bienveillants et les plus doux d'entre eux chercheront peut-tre m'excuser, moi, le presque nonagnaire, en disant que mon ge avanc a

    tellement affaibli les facults de mon intelligence et de ma raison, qu'on puissecomprendre que j'ai voulu me poser en tmoin des faits merveilleux raconts ici.

    ces doux juges je dois cependant faire observer que, ce que j'eus raconter,trouva son droulement entre ma quarantime et ma soixante quatrime anne, etdonc une poque o, en rgle gnrale, les nergies spirituelles de l'hommen'ont pas l'habitude de dcliner encore jusqu'au niveau de l'irresponsabilit. cette poque il m'tait confi des charges en diverses administrations publiques,et j'avais alors aussi publi quelques uns de mes crits.

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    APPENDICE

    Communications accrdites sur le compte de Lorber

    (Rdiges d'aprs des notes crites par une contemporaine)

    Les relations remarquables sur les faits et gestes de Jacob Lorber existent engrand nombre, et leur concordance avec la vrit reste ici et l plus ou moinsconstamment prouve. Beaucoup de celles-ci rentrent tout fait dans le domainedu prodigieux et du surnaturel. Je veux donc raconter ici quelques pisodes de lavie de Lorber, afin que l'humanit voit comment le Bon Pre dans le Ciel faitpour protger les Siens, et comment Il fait pour les conduire et les guider.

    Lorber ne passa pas sa vie en solitaire et sans joie, car il comptait des proslytesparmi les meilleures familles. Ceux-ci, au cours de sa mission d'crivain divin,

    l'ont aussi surveill et rigoureusement contrl, et ce fut une bonne chose, enparticulier pour les successeurs. Car maintenant il n'est permis personned'affirmer que les paroles qu'il a crites, devenues ensuite de considrablesvolumes, ne sont pas d'origine divine.

    Ses meilleurs amis et fidles disciples furent: Le docteur Justinus Kerner, ledocteur F. Zimpel, le bourgmestre de Graz Antoine Httenbrenner, son frre, lecompositeur Anselme Httenbrenner, le pote et secrtaire provincial de laStyrie, Karl Gottfried Ritter von Leitner, le docteur Antoine Kammerhuber,Lopold Cantily, pharmacien Graz, et de nombreux autres encore, parmilesquels aussi une femme trs estime, la propritaire Antonia Grossheim deGraz qui me mit personnellement en possession des notes contenant le court rcit

    des pisodes qui suivront.Gnralement ces personnes mentionnes se rassemblaient auprs de Lorberquand il tait occup son travail d'criture et en ces occasions ils l'observaientavec la plus grande attention. Car madame Grossheim en particulier n'y prtaitpas si facilement foi, raison pour laquelle elle surveillait minutieusement etrigoureusement tout, ne ngligeant mme pas de pousser une inspection dans letiroir du bureau et dans l'armoire de Lorber pour s'assurer qu'il n'y tenait pas deslivres ou des crits cachs. Mais il ne puisait aucune source trangre, et leseul livre qu'il eut constamment entre les mains, ce fut la Bible.

    Quand il avait compltement rempli un petit cahier, il arrivait alors souvent

    qu'une phrase restt coupe, et l'un ou l'autre de ses amis prenait avec lui lecahier pour le lire en paix. Quand le jour suivant, l'crivain mettait la main unautre petit cahier, la dernire phrase du jour prcdent reprenait exactement l oelle avait t coupe, de sorte que dans la succession des phrases il ne se rvlaitaucune interruption.

    Lorsque Lorber eut fini d'crire dj plusieurs petits cahiers, il arriva qu'uncertain Johann Busch, ensuite diteur et fondateur de l'actuelle entreprised'dition La Nouvelle Jrusalem, eut connaissance des uvres que Lorber avaitcrites. Busch vint alors Graz pour faire la connaissance personnelle de

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    Lorber. Il croyait dj l'authenticit de ses crits, pour en avoir entendu parleret pour les avoir lus. Et quand il arriva Graz, il s'informa du lieu de la demeurede Lorber; et l, dj devant la porte de Lorber, il se mit genoux et resta l prier et soupirer. Lorber, qui tait justement en train de consulter la Bible,s'aperut qu'il y avait quelqu'un dehors.

    Et comme les soupirs semblaient ne pas vouloir finir, il ouvrit la porte, et,comme chacun peut se l'imaginer, il resta stupfait en voyant une personne qu'ilne connaissait pas, se tenir agenouille devant sa porte en poussant des soupirs.Il l'interpella en disant:

    Que veut dire cela? Levez-vous et dites-moi pourquoi vous faites ainsi et quelest le motif de votre venue ?

    Alors Busch demanda:

    Est-ce vous le saint prophte qui crit tant de belles choses ?

    Et Lorber en toute modestie rpondt:

    Certes, je suis Lorber, mais je ne suis en rien un saint. Veuillez entrer, etensuite, sans tre drangs, nous pourrons parler des belles choses, et vouspourrez tre prsent quand je serai appel par le Seigneur crire.

    Lorber avait le lger dfaut que, lorsqu'il tait agit, en parlant ou eninterrogeant, il bgayait en particulier aux premiers mots; mais d'habitude cettedficience ne se manifestait pas en lui.

    Les deux, c'est--dire, Lorber et Busch, s'entretinrent longuement et souvent desemblables sujets. Et Busch la fin s'offrit donner ces crits l'impression; cequ'il fit aussi. Il fut ainsi le fondateur de l'entreprise d'dition des uvres deLorber, existant aujourd'hui Bietigheim (Wurttemberg) o se trouvent aussisous bonne garde les manuscrits originaux de Lorber qui y furent transports plustard.

    Toutefois avec le temps, en dpit de toutes les prcautions employes, parmi lesgens, commena se rpandre le bruit que Lorber tait occup des criturestrs mystrieuses, et on le menaa d'en avertir les autorits de police. Alors cefut nouveau encore Madame Grossheim qui servit d'intermdiaire pour sauverla situation. Les manuscrits furent empaquets et mis l'intrieur de sacs quifurent transports dans la remise bois de madame Grossheim, et l, tenuscachs derrire les piles de bois, jusqu' ce que de tels bruits se dissipent; aprsquoi les crits revinrent la demeure de l'auteur.

    Lorber jouait du violon avec une grande matrise, mme dans la compositionlibre. Quand il tait sollicit de jouer, il arrivait alors souvent qu'il donnait librecours son amour pour le Seigneur, amour qui s'panchait au violon de maniresi merveilleuse, que non seulement il faisait couler sur ses joues des larmes debonheur et rendait son visage tout rayonnant, mais mouvait aussi les auditeursau point de leur faire partager les pleurs de joie et d'amour.

    Du ct de son pre, Lorber ne pouvait se dire pauvre. Il avait hrit de 12000florins, ce qui, cette poque, reprsentait un gros patrimoine. Mais il s'entrouva bien vite dlivr, et, pour parler de manire terrestre, il resta si pauvre que

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    par la suite il ne russit jamais entasser quelque argent; car il confia sonhritage, fonds perdus, son frre; et mme quand il gagnait quelque chose,l'argent passait rapidement de ses mains celles des pauvres.

    Ainsi arriva-t-il qu'une fois il eut sur lui, dans une petite boite qu'il gardait dansla poche, la somme de 30 sous, alors que justement, en raison de ses occupations

    professionnelles, il se rendait un concert du soir. Chemin faisant, il tomba surun artisan ambulant qui le pria de l'aider. Lorber alors lui donna tout ce qu'ilavait sur lui; mais une fois revenu chez lui, il trouva que dans la petite boite, il yavait encore les 30 sous.

    Combien de fois il lui arriva de se prsenter chez madame Grossheim en luidisant: Chre madame, aujourd'hui je n'ai encore rien mang!. Alors elleallumait rapidement le feu et lui cuisait une soupe afin qu'il pt se restaurer aumoins avec un peu de nourriture chaude. Et si elle en avait, elle lui offrait aussidu pain.

    Madame Grossheim entretenait une relation pistolaire avec un certain Krapohl,

    qui auparavant demeurait J.; par son entremise elle fut en correspondance aussiavec le cur de J. et celui-ci, attir par ses connaissances dans le domainespirituel, voulut faire sa connaissance personnelle, et dans ce but, il vint Graz.Il se rendit en visite chez elle, et par son entremise, il eut l'occasion de connatreaussi Lorber, ainsi qu'un Isralite de Graz qui venait souvent trouver madameGrossheim, dont lui aussi avait appris beaucoup de choses au sujet des crits deLorber.

    Un jour, tous les trois, c'est--dire, Lorber, le cur et l'Isralite, se rencontrrent nouveau en mme temps dans la maison de madame Grossheim, et, durant laconversation, les propos tombrent sur les dictes de Lorber, qui, en ce qui

    concerne celles-ci, eut l'occasion de s'tendre en de nombreux dtails. Tout d'uncoup le cur s'cria: Oh, vous tes un lu de Dieu et Son prophte !

    Et l'Isralite confirma aussi cette opinion. Alors ils tombrent dans les bras lesuns des autres et devinrent tous de bons amis, et Lorber dut faire le rcit de tousles vnements en lien avec sa mission depuis le jour o il avait t appel lacommencer, jusqu' cette poque. Tous rpandirent des larmes de joie enl'coutant et ils remercirent le Seigneur pour les avoir amens se trouver ainsirunis. L'Isralite se sentait le cur si gonfl, qu'il ne put se taire auprs de sescoreligionnaires; mais ceux-ci le prirent en haine en le considrant comme unapostat. Le cur devint ensuite plus tard le confesseur d'un personnage denotorit mondiale.

    Une fois se prsenta Lorber quelqu'un d'important qui se mit lui faire desreproches parce qu'il affirmait tre en rapport avec le Seigneur, et il finit par luidonner une ou deux gifles; puis il s'en alla. S'tant loign de la demeure deLorber, ce personnage se rendit ses affaires dans un moulin; et l, sur unaccident qui lui arriva, il eut la main droite coupe.

    Une autre fois, un homme vint Lorber et lui dit sur un ton de moquerie: Vousdites tre prophte?! Eh bien, maintenant je vais immdiatement vous dnoncer la police. Cet homme se rendit ensuite dans la Raubergasse (c'est l que setrouvait alors les bureaux de la police); mais alors qu'il tait en route, il fut frapp

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    de syncope et il mourut sur place.

    Lorber eut aussi un jour un petit litige avec le Seigneur. Cela se passa ainsi:L'hiver tait aux portes et il faisait dj trs froid. Comme si souvent il luiarrivait de n'avoir pas d'argent pour s'acheter du bois, Lorber avait les doigts tout fait raidis; ce fut alors qu'il dit: Seigneur, si Tu veux que j'crive il faut que Tu

    me procures aussi du bois, car avec le froid qu'il fait, il m'est impossibled'crire. Et, ceci dit, il dposa sa plume et interrompit l'criture. En ce mmeinstant on frappa la porte. Lorber alla ouvrir pour voir qui c'tait. Dehors il yavait un paysan qui demanda:

    Est-ce vous monsieur Lorber ?

    Oui, c'est moi, rpondit celui-ci.

    Voil le bois.

    Quel bois ?

    Eh, celui que je dois apporter ici. O dois-le mettre?

    Mais je n'ai pas command de bois!

    Et pourtant, si vous tes monsieur Lorber, comme il est crit sur ce billet, lebois doit tre livr ici; et si vous n'en voulez pas, je le remporte la maison.

    Lorber examina le billet, et comme l'adresse tait exacte, il conclut en disant:Ehbien, au Nom de Dieu, dposez-le ici !

    Il indiqua ensuite au paysan o il devait dcharger le bois, et ainsi il en futpourvu pour tout l'hiver et put reprendre son travail d'criture. Et, force dequestionner, il arriva savoir que le bois avait t envoy par son ami etprotecteur Ritter von Leitner.

    Nous faisons maintenant encore suivre une lettre de Lorber adresse en 1855 Johann Bush dont il a t fait mention plus haut, lettre qui fournit d'loquentesexplications au sujet des conditions d'me et d'esprit de Lorber.

    Aprs les communications usuelles, le Seigneur prend la parole sur un autre sujetet dicte par la main de Lorber:

    Mon cher ami, tu Me cherches parce que tu M'aimes; mais c'est aussi pourquoiil t'est facile d'observer de manire vivante et efficace mon prcepte de l'amour.Tu vois, les hommes maintenant sont en train d'inventer toutes sortes de choses.Et ceux qui ont beaucoup invent finissent par ne croire rien d'autre...qu'en ce

    qu'ils ont invent et ne penser qu' la faon de pouvoir retirer la plus grandeutilit possible. Mais ceux-ci sont des enfants du monde qui, bien des gards,sont souvent plus aviss que les enfants de la Lumire!

    Mais, de vrais enfants de Mon cur Je donne cependant d'autres choses tout fait diffrentes, dont les habiles enfants du monde n'arriveront jamais se faireune ide en leur esprit corrompu! Regarde! Mon serviteur (Lorber) est vraimentpauvre par amour pour Moi; il pourrait tre trs riche, vu que, en plus de MaGrce, il possde les meilleures aptitudes en tant que musicien. Mais il arenonc des postes et des offres trs avantageuses, et tout, en raison du grandAmour qu'il Me porte. Et quand par hasard il arrive qu'il se trouve avec 2 florins

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    en poche, il se contente de 40 sous, tandis qu'il distribue aux pauvres les 1,60florins qui lui restent.

    Mais c'est aussi pourquoi Je lui ai rendu accessibles tous les trsors des Cieux.Chaque toile, mme lointaine, lui est connue comme cette Terre. Avec les yeuxde son esprit il peut les contempler et les admirer son gr; mais dsormais il se

    soucie peu de telles choses, car pour lui, Je suis le TOUT dans le tout !Or, tu vois, c'est l le seul bon chemin qui conduit Mon Cur! Le jeune hommeriche cit dans l'vangile avait observ la loi volontiers dj depuis son enfance,et aurait d parvenir ainsi la vie ternelle. Mais il lui semblait que cela n'taitpas encore son cas. Il vint donc Moi et Me demanda ce qu'il devait faire pouravoir la vie ternelle! Et Je lui dis: 'Observe les commandements'. Mais il assuraqu'il y tait rest fidle dj depuis l'enfance. Alors J'ajoutai: 'Si tu veux plus,vends tes biens, distribue le produit aux pauvres puis viens et suis-Moi, et alorsles trsors du Ciel seront ta disposition!'

    Eh bien, tu vois, maintenant aussi Je vous dis, chacun: Qui veut tout avoir,

    c'est--dire, Moi-Mme, celui-l doit aussi tout Me sacrifier, afin que nousdevenions un, lui et Moi.

    Et toi, qui M'as dj beaucoup sacrifi, tu obtiendras aussi beaucoup! L'amourpur et dsintress est cependant Mes yeux la chose suprme entre toutes! Quece peu te soit dit ami, pour ta consolation. Amen.

    Post-scriptum de Lorber:

    Ami! Aprs ces paroles, il n'est pas permis ma bouche d'en ajouterd'autres!

    Jacob Lorber

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    Karl Gottfried Ritter von Leitner

    Le rdacteur de la biographie dtaille de Jacob Lorber reproduite en ce petitlivret est le pote autrichien de langue allemande Karl Gottfried Ritter vonLeitner qui, pendant presque un quart de sicle maintint des rapports d'amitiavec Lorber.

    Vu que le nom de Leitner, bien qu'il ait t en son temps compt parmi les plusminents potes allemands de l'Autriche n'est plus connu de la gnrationactuelle, et que sa personne et ses uvres sont malheureusement tombs dansl'oubli, il n'est pas inopportun de donner quelques brves indications sur sa vie.

    De telles indications apparaissent aux lecteurs de la biographie de Lorber qui estofferte ici, d'autant plus ncessaires qu'elles apportent avec cela aux dits lecteursl'occasion de connatre le noble caractre du pote, dont la plus grandeaspiration, ct de ses crations idales, fut la recherche de la vrit.

    Karl Gottfried Ritter von Leitner, descendant d'une famille leve depuis le17ime sicle dans les rangs de la noblesse, naquit le 18 novembre 1800 - donc lamme anne que Lorber - Graz, o son pre occupait la charge de conseillerprovincial comptable, et se faisait aussi remarquer par son activit littraire. Sonpre mourut dj en 1805, et sa mre se remaria en 1807.

    Leitner accomplit ses tudes de collgien Graz, en se consacrant l'tude dudroit; mais il montra toujours une prdilection particulire pour l'histoire de sapatrie, la Styrie, et c'est pourquoi il voulut se consacrer ensuite la carrire del'enseignement dans cette branche particulire. Et de fait, dj en 1824 et 1825 iloccupa provisoirement des postes d'enseignant dans les collges de Cilli et deGraz.

    Comme par ailleurs, dans le mme temps, il avait publi des petits volumes deposies et de nouvelles qui tmoignaient de ses nettes qualits littraires,l'attention de plusieurs potes et de remarquables lettrs du pays fut attire sur sapersonne, et en particulier de Johann von Kalchberg et de l'orientaliste Hammer-Purgstall; et, appuy par ces personnalits, Leitner entra au service de la provincede Styrie.

    En 1835, il fut promu second secrtaire provincial, puis premier secrtaire en1837; et en cette qualit il fut mis la retraite en 1854 cause de sa santdlicate.

    En 1846 il se maria; mais