Bats toi pour moi

Melinda Jackson

Bats toi pour moi

Melinda Jackson

« Tu peux essayer autant que tu veux, tun'arriveras pas à empaqueter tous testrucs d'enfance dans ces boîtes, metaquina ma mère, l’œil attendri. »

Je lâchai les livres de dessins que jetenais dans les mains.

« Mais, maman, je n'ai pas envie de me

séparer de tous ces trucs. J'ai tellement desouvenirs qui y sont liés, soupirai-je.

– Ils devraient rester dans ton cœur,pas dans ces choses sans vie. Lisa, si turestes attachée à toutes ces vieilleries,comment vas-tu être capable de faire dela place pour toutes les nouveautés quit'arrivent ? Maintenant, finis tes valises etva dormir un peu. N'oublie pas que notreavion part de bonne heure, demain, merappela-t-elle en m'embrassant sur lefront avant de sortir de ma chambre. »

Abandonner des affaires ne m'était passi facile. J'avais passé toute mon enfancedans cette maison. Malgré tout, je n'étaisplus un enfant, elle avait raison, j'allaissur mes dix-neuf ans. Nous déménagions

pour l'Oregon en raison du travail de monpère. La banque ouvrait une nouvelleagence là-bas et lui en avait confiél'entière responsabilité. Eh bien,j'imagine que c'était sa récompense pourson travail de manager dévoué.

« Oregon City est célèbre pour sesforêts et sa végétation. Tu vas adorer lefeuillage des arbres, ma puce. »

Mon père avait utilisé ces mots pourme tenter, mais il ignorait complètementque je n'étais pas une inconditionnelle deces espaces verts. J'aimais ma vieillemaison et mes amis. En tant qu'enfantunique, je prenais le plus grand plaisir àpasser du temps avec eux. Je m'imaginaisque les seuls amis que je pourrais me

faire dans cette forêt seraient deszombies. J'évacuai ces penséesdouloureuses et me mis au lit en espérantque l'Oregon ne serait pas si terrible,après tout.

« Le vol était si long, presque sixheures, gémis-je. »

Je posai la tête sur l'épaule de ma mèrependant que la voiture nous amenait à lamaison pavillonnaire où nousemménagions. Mon père s'absorbait dansl'observation de la verdure et des plantes,dont il essayait de se rappeler lesdifférents noms, rencontrés lors de seslectures. Portland avait l'air si ennuyeux.J'étais déjà complètement assommée.Enfin, nous parvînmes à destination. Je

me sentis quelque peu soulagée enconstatant que nous nous trouvions dansun quartier on ne peut plus normal, et nonpas dans une maison hantée en pleinmilieu de la forêt. La vie n'était pas sicruelle, après tout.

Minuit sonnait lorsque nous fûmes plusou moins installés dans le nouveaulogement. Ma chambre se situait à l'étage.Ma mère et mon père, eux, prirent celledu rez-de-chaussée. La maison était petiteet mignonne.

Je montai dans ma chambre et ouvrit lafenêtre, dans l'espoir de respirer un peud'air frais. Je ne sentis rien. Tout ce queje pouvais voir était la fenêtre de lamaison du voisin. Je m'interrogeai sur

l'identité de l'occupant de cette pièce ; jepouvais peut-être me faire un nouvel ami.Malheureusement, les lumières étaientéteintes. Il devait sans doute dormir à uneheure pareille.

*

Mon père me conduisit à l'Universitéde Portland. Comme c'était le premierjour, il m'avait accompagnée. Quoique laroute fut longue, les vents matinauxréussirent à m'apaiser.

« Bon courage. Je sais que tu vasassurer ! furent les mots que mon pèreproféra en guise d'au revoir. »

Je souris et lui dis au revoir d'un gestede la main. Quand je dépassai la grille de

l'établissement, quelques garçons meregardèrent fixement, ce qui me troublalégèrement. Attendez un peu ! Je n'étaispas si moche que cela. Je mesurais unmètre soixante-dix et avais les cheveuxbruns et bouclés qui me tombaient sur lesépaules. Ma garde-robe proposait unmeilleur choix de vêtements que laplupart des filles que je croisais sur monchemin. Je portais un pull-over bleumarine à manches longues et un pantalonnoir, ainsi que, à l'épaule, un sac àbandoulière noir ; j'étais très présentable.

Je dépassai le groupe de mesobservateurs et essayai de trouver lechemin vers mon cours. Soudain, jepercutai quelqu'un.

« Aïe, tu peux pas regarder où tu vas ?lançai-je, presque en lui criant dessus.

– Je suis désolé, s'excusa-t-ilnerveusement. »

Je le détaillai du regard. Il était à peineplus grand que moi, avait les cheveuxnoirs, et j'avais l'impression, sanspouvoir dire pourquoi, qu'il étaitasiatique.

« Humm, est-ce tu serais asiatique ? luidemandai-je, incapable de contenir macuriosité.

– Non, à cent pour cent américain,répondit-il en riant.

– Désolée, me rattrapai-je en memordant la lèvre. En fait, ta couleur de

cheveux... »

À mon tour de me sentir nerveuse.

« Je me suis teint les cheveux,expliqua-t-il dans un hochement de tête,un sourire sur les lèvres.

– En tout cas, je m'appelle Lisa, c'estmon premier jour. Je suis étudiante eninformatique, dis-je en lui tendant lamain.

– Oh, ça fait de nous des camarades declasse. Enchanté, je suis Rick. »

Nous nous serrâmes la main. Rick mefit visiter l'université. Nous parlâmes denos vies à tous deux. Il étaitcomplètement geek, mais se montrait trèspoli et très chaleureux.

« Oh, mon Dieu ! Il y a un cafard surma robe ! s'écria une fille. »

Elle se mit à sauter partout pendant queles autres se moquaient d'elle. L'endroitétait rempli d'abrutis complètementinsensibles. Je m'avançai et conduisisl'élève dans les toilettes. Là, je m'emparaidu cafard sur sa robe. Je n'étais pas unebimbo, apeurée par le moindre petitinsecte.

« Merci de m'avoir sauvée, dit-elleavant de me prendre dans ses bras.

– Pas de souci, répondis-je en rompantl'étreinte. »

Je me tournai immédiatement pourpartir de la pièce, sa présence se révélant

être une véritable torture pour mes yeux.Sa robe me rappelait la période rétro desannées soixante-dix.

« Salut, je m'appelle Stéphanie, mecria-t-elle dans le dos. »

Tant mieux pour toi, mais pourquoiagresser mes fragiles oreilles ? songeai-je. Puis, je lui refis face et lui adressai unfaux sourire. Cependant, elle se mit alorsà me suivre.

« Eh, tu es nouvelle, ici ? »

Je hochai la tête avant de presser lepas. Pourtant, elle ne comprenait pas etpersistait à me suivre. Qu'est-ce qu'elleétait bête !

« Dans quel cursus ? me demanda-t-

elle à nouveau. »

Bon sang ! Sa voix enjouée me tape surles nerfs. Je me dis que je ne pourrais medébarrasser d'elle qu'en me montrantagressive.

« Écoute, mademoiselle la citrouille, tupeux continuer à jacasser toute seule,mais, moi, je dois y aller. Et, bon sang,arrête de me suivre, s'il-te-plaît. »

Le volume de ma voix était un peu plusélevé que d'ordinaire, et le petitfroncement de sourcils sur son visage mefit comprendre que je l'avais offensée.Argh ! Je détestais me montrer grossièremais elle m'agaçait vraiment. Avec cetteimpression de culpabilité, je retournaidans ma salle de cours, sans même lui

jeter un dernier regard. Mince alors !Pourquoi ne pouvais-je pas être sanscœur ?

J'assistai à tous les cours et lestrouvais très intéressants. Les ordinateursétaient vraiment mon truc. Je rencontraiquelques personnes de la promotion etéchangeai avec eux de grandesconversations constructives. Certains demes nouveaux camarades restèrent avecmoi à la bibliothèque et m'aidèrent avecmes notes.

Sur le chemin du retour, j'enroulai monécharpe autour de la tête et enfonçai lesmains dans mes poches. Il n'était que septheures, même si les routes se révélaientpresque vides de monde. J'empruntai un

raccourci que Rick m'avait indiquémenant de l'université à ma maison. Laroute était étroite, et les trottoirs secouvraient en grande partie d'arbresverts. L'air frais de la nuit et ces arbustesbroussailleux créaient une atmosphèresinistre.

Soudainement, le bruit de moteurs enplein rugissement m'assourdit. Regardantdroit devant moi, je remarquai un groupede motards. Leurs vêtements semblaientcomplètement abîmés. Ils portaient tousdes vestes en cuir noirs. Ils hurlaient etroulaient à toute vitesse. Leur apparitionme prit au dépourvu et, dans ma panique,je laissai tomber mon sac. Ils avaient l'airtellement agressifs et je me sentaistellement seule que, oui, j'éprouvai un peu

de peur. Je me cachai dans l'ombre demon trottoir. Ils ne me remarquèrent pasdu tout et finirent par s'en aller, tout aussivite. Heureusement qu'il y avait moins delampadaires sur cette route.

Le reste de la semaine passa lentementau rythme de cette vieille routine :université, études et famille. J'étaisvraiment ennuyée au plus haut point decette vie circulaire, circulaire comme jel'appelais parce qu'elle poursuivaittoujours le même chemin. Pas dechangement, pas d'amusement. Tout ceque je souhaitais, c'était m'enfuir.

« C'est le week-end, maman, j'ai enviede sortir et de m'amuser en boîte. »

Je fis des yeux de chien battu à ma

mère, qui était occupée à cuisiner unepizza.

« Non, chérie, tu ne serais pas ensécurité à traîner dans les boîtes. Je nepeux pas te laisser y aller seule. »

Elle sortit du fromage du frigidairesans même daigner me regarder.

« Maman, s'il-te-plaît, je suis adulte,maintenant, argumentai-je. »

Elle posa son bol sur le meuble decuisine et roula des yeux en ma direction.

« Lisa ! Sois gentille et va dans tachambre. Je ne veux rien entendre deplus. »

Bon sang, elle me réprimandait pour devrai. Quel âge avais-je ? Dix ? Je traînais

les pieds, impuissante, jusqu'à l'étage.

Je détestais ma vie. Elle était presquesemblable à celle d'un oiseau en cage. Jerêvais de cette période où je pourraism'envoler de cette cage solidementverrouillée et goûter à l'arôme de l'airfrais. À dix-huit ans, je n'étais jamaissortie avec personne. Pendant que toutesmes amies de l'école se baladaient aubras de leur copain, je me baladais avecdes livres. Voilà tous les avantages d'êtreun enfant unique. Mes parents m'avaientmise en garde contre le fait de sortir avecle premier venu, parce qu'il ne ferait queprofiter de moi. Puis, ma mère me racontatellement d'histoires de cœurs brisés et degrossesses d'adolescentes que je prispeur à l'idée de sortir avec quelqu'un. Je

savais bien qu'ils m'aimaient et qu'ils semontraient simplement soucieux de monbien-être, mais quand même ! Je méritais,moi aussi, d'être avec quelqu'un quipuisse apporter bonheur et enchantementdans ma triste vie.

Je m'assis à mon bureau et tapai ladernière page de mon devoir. Super !Maintenant, je n'avais plus rien à faire.J'éteignis la lampe de bureau et lachambre devint aussi sombre que ma vie.

Je posai les coudes sur le bureau etpenchai la tête vers l'avant. Les yeuxfermés, j'essayais de me perdre dansl'obscurité. Alors, à ce moment précis, unrai de lumière me toucha les paupières. Jerelevais les yeux et découvris que la

lueur provenait de la fenêtre de monvoisin. J'étais quelque peu intriguée parcette fenêtre puisque je n'avais vupersonne sortir ou entrer dans cettemaison. J'ignorais pourtant pourquoi lemystère qui entourait cette persiennem'excitait à ce point. Ou, peut-êtrem'ennuyais-je tellement que des chosesaussi stupides pouvaient susciter monintérêt. Quoi qu'il en soit, rien ne putm'empêcher de lancer un coup d’œil àtravers cette fenêtre.

Les mains jointes, je me dirigeai versla fenêtre blanche à double battant.J'écartai le rideau violet, de la mêmecouleur que mes murs. La fenêtre d'enface était complètement ouverte, ce quime permettait d'observer la quasi-totalité

de la chambre du voisin. Oui, il s'agissaitbien d'une chambre puisque je voyais sonlit, un miroir de plain-pied et quelquesinstruments de sports à soulever avec despoids ; je ne connaissais pas le nom detels outils. Les vêtements éparpillés ettoutes les affaires non rangées indiquaientclairement que c'était une chambre degarçon. Il n'y avait personne à l'intérieur.Je n'avais tiré que la moitié du rideaulorsqu'une scène à couper le souffle sedéroula sous mes yeux.

Un type musclé se tenait en face dumiroir plain-pied. Presque nu, il neportait que cette serviette en dessous deses hanches. De l'eau coulait de sescheveux bruns le long de son torse largeet de ses abdominaux développés. Et

cette couleur de peau... son corpssemblait peint de chocolat au lait fondu.J'eus la sensation d'être morte et d'avoiratteint le paradis. Je ne le voyais que deprofil mais le spectacle était suffisantpour que je sente mes mains tremblerd'excitation puis de nervosité, ainsi quede beaucoup d'autres sentiments qui neme paraissaient pas clairs alors. Il était sigrand ! Bon sang, je devais à peine luiarriver à hauteur des épaules. Pourquoiest-ce que je pensais à cela ? Il sedéplaça dans sa chambre. J'eus la chanced'apercevoir son autre bras, qui étaitcouvert de tatouages jusqu'au coude.C'était un rebelle. De le savoir m'excitaplus que n'importe quoi d'autre. J'avaistoujours fantasmé de sortir avec ce genre

de type. Je désirais me faire embrasseravec brutalité. Je lançai un nouveau coupd’œil. Malheureusement, il avait éteintles lumières. Je soupirai et fermai lesrideaux. Autant de sensualité se révélaittrop à supporter pour mon petit cœur.Toute la nuit, je songeai à lui et à sa peaucouleur chocolat au lait. Lisa ! Ne pensepas à lui, un beau gosse dans son genredoit déjà être pris.

« Lisa, chérie, lève-toi et viens terégaler : j'ai fait des gaufres. »

Purée ! Elle ne cessait jamais de metraiter comme un bébé. Le matin étaitfroid. Je m'enveloppai dans macouverture et décidai, tout en me dirigeantvers la salle de bain, de hasarder un

regard à mon voisin macho. Je memordillai la lèvre et tirai les rideaux. Àma grande déception, les fenêtres étaientencore fermées. Monsieur Canon dormaitsans doute. J'avais tellement envie decontempler son visage de séducteur. Jeme frappai la tête, cette tête quifantasmait bêtement.

Je m'assis sur une des chaises en boisde notre table familiale et grignotai unegaufre. Miam, elle était vraimentdélicieuse, et le sirop de miel au citron nefit que stimuler mes papilles. Cependant,je devais rester sévère dans mon attitude,je ne pardonnerai pas à ma mère aussifacilement.

« Eh, petite, me salua mon père en

ébouriffant mes cheveux mouillés.

– Papa ! Je ne suis pas petite.

– Alors, répondit-il en riant, qu'est-ceque tu prévois de faire de ta journée ? Tuvas aller quelque part ? me demanda-t-iltout en se versant un café noir. »

Il était diabétique. Je serrai les dents etesquissai un faux sourire à ma mère avantde répondre :

« Non, papa, les enfants comme moi nedevraient pas sortir sans leur maman.

– Oh, ricana mon père, maintenant, jecomprends, c'est pour ça que tu es aussiénervée. Allons, Rosy, tu prévoisd'enfermer ma fille ? Laissons-la faire cequ'elle veut, continua-t-il, à l'adresse de

ma mère. »

Un sourire apparut sur mon visage.J'adorais mon père, il était le plussympathique.

« Ouais ! Papa, je t'adore, lui dis-je enle prenant dans mes bras.

– Je t'aime aussi, ma puce, me fit-ilécho en retournant mon étreinte. Tu peux yaller. Tu n'as pas un ami pourt'accompagner ? s'enquit-il. »

Je fronçai les sourcils à la mentiond'amis puisque j'avais laissé tous mesamis là-bas, à New York. La sonnette dela porte retentit et ma mère alla ouvrir laporte.

« Lisa, regarde, ton amie est là ? »

La voix de ma mère débordaitd'enthousiasme. Amie ? Qui ça ?

Je roulai les yeux vers mademoiselle lacitrouille lorsqu'elle fit une accolade àma mère. Qu'est-ce que c'était que cebordel ? Mademoiselle la citrouillem'avait-elle suivie jusqu'à chez moi ? Jeme pris le visage dans les mains. Je merendais alors compte que l'universn'appréciait guère de me voir souriante.

Mon père avait rendez-vous avec unclient et prit congé de nous. Super,désormais, je me retrouvais coincée entredeux oiseaux gazouilleurs. J'étais dansl'incapacité de comprendre pourquoi mamère et cette fille citrouille s'entendaientaussi bien. Ma mère partit dans sa

chambre et l'autre en profita pours'asseoir à côté de moi. Je l'ignoraicomplètement, concentrée sur mesgaufres.

« Salut, Lisa, je sais que tu dois être encolère contre moi pour venir chez toi sansy avoir été invitée. En fait, j'ai eu tonadresse de Rick. C'est mon ami, dit-elleen adoptant un ton normal qui me surprit.

– Je ne suis en colère contre toi,répondis-je en la regardant. Maintenant,dis-moi, en quoi puis-je t'être utile ? »

Eh oui, je n'étais pas si méchante,après tout. Elle sourit.

« Lisa, je sais que tu es une personnegentille, parce que tu m'as aidée l'autre

jour, sans même me connaître. Lisa, jeveux ton amitié. Je sais ce que tu doispenser, que je suis une folle qui suit lesgens. Mais, tu sais, tous les gens coolm'ignorent à l'université. J'ai vraimentenvie d'avoir un ami sympa et coolcomme toi. »

Elle était littéralement en train de mesupplier. Ses mots me mirent devant lefait incontestable qu'elle était totalementinnocente, sans doute folle, mais soncœur, lui, était bon. C'était ce quicomptait le plus pour moi.

« C'est tellement gentil de ta part. Oui,j'accepte d'être ton amie. »

Je lui fis un sourire authentique, cettefois. Elle me retourna le sourire et me prit

dans ses bras. Elle était tellement bête.

« C'est le week-end, autant sortirquelque part, suggéra Stéphanie tandisque je lui montrais ma chambre.

– Oui, je voulais justement aller enboîte de nuit. J'imagine que tu peux veniravec moi, dis-je. »

Je me débattais dans ma tête sur monenvie de jeter un coup d’œil ou non par lafenêtre.

« Qu'est-ce qui se passe, Lisa ? Tu asl'air confuse, s'enquit Stéphanie.

– Rien, invitons Rick aussi, dis-je enme rongeant les ongles. Je vais l'appeler.J'imagine que je n'ai plus de crédits surmon portable. Je vais utiliser le téléphone

de la maison à la place. »

Je me précipitai à l'étage inférieur. Àmon retour, je surpris Stéphanie, les yeuxgrands ouverts rivés sur ma fenêtre, labouche bée. Sa réaction m'indiquaitqu'elle venait de voir quelque chose dechoquant. Qu'avait-elle bien pu voir ?J'allai à sa rencontre et lui secouer lesépaules.

« Qu'est-ce qu'il y a ? demandai-je, lessourcils levés.

– Ça, expliqua-t-elle, l'index pointévers la fenêtre du voisin. »

Mince ! Elle avait Monsieur Canon.J'aurais dû m'en douter. En tout cas, cen'était pas de sa faute, il était totalement

irrésistible. J'expirai profondément et mepenchai vers la fenêtre. Cette fois, iln'était pas à moitié nu mais portait un tee-shirt blanc moulant et un pantalon troué.Oui, la vue de son torse m'était réservée.Je rougis quelque peu à cette pensée. Ilbut d'abord de l'eau puis s'allongea sur lesol et se mit à faire des pompes. Il lançaun regard dans notre direction. Aussitôt,je fermai le rideau.

« C'est pas juste ! Pourquoi l'as-tufermé ? gémit Stéphanie.

– Ça va la tête ? rigolai-je. Et s'il nousavait vues ? Il aurait pensé que noussommes deux bimbos désespérées. »

Ses lèvres s'arrondirent jusqu'à formerun O.

« Oui, tu as raison. Petite cachottière,je parie que tu le mates tout le temps, metaquina Stéphanie.

– Pas tout le temps, me défendis-je enme mordant la lèvre. Je l'ai seulement vuhier.

– Oh, tu as tellement de chance, tu peuxle regarder quand tu veux, dit-elle enfaisant la moue.

– Oui, lui répondis-je en tirant lalangue, c'est ma passion. »

Nous éclatâmes de rire.

« Est-ce que tu aimes cette boîte ?m'interrogea Stéphanie, l'excitation dansla voix.

– C'est pas mal, mais celles de New

York sont complètement déjantées, luiexpliquai en sirotant mon verre de bière.

– Mais, bon, c'est le mieux que nousayons. Allons danser. Regarde, Rick esten train de draguer. »

Stéphanie indiqua la piste de danse.Nous fîmes signe à Rick qui nous retournale geste.

« Salut, est-ce que tu voudrais bienm'accorder une danse ? m'interpella unevoix. »

Mes yeux tombèrent sur un type grandaux cheveux bruns. Il avait l'air plaisant,sa chevelure lui descendait jusque dans lanuque. Toutefois, sa silhouette maigre etson sens de la mode me refroidirent. Il

portait un tee-shirt rouge et un pantalonblanc. C'était tellement féminin ! Et lerouge n'était pas fait pour les hommes. Jepinçai les lèvres.

« Je ne peux pas danser. Pourquoi tu nedanserais pas plutôt avec mon amie ? »

Son sourire s'évanouit un peu mais ilamena quand même Stéphanie sur la piste.

Je souhaitais tellement pouvoir danseravec Monsieur Canon. Je soupirai et merendis compte que mon téléphone sonnaitdepuis quelque temps. Le numéro de mamère apparut sur l'écran. Je secouai latête et sortis pour prendre l'appel.

« Maman, il n'est que neuf heures,pourquoi es-tu si nerveuse ? Très bien, je

serai rentrée à dix heures. »

J'appuyai sur le bouton pour raccrocheret jetai le téléphone dans la pelouse.

« Je déteste ma vie, murmurai-je en meprenant la tête dans les mains. »

Je regardai les autres filles : ellesgloussaient et marchaient main dans lamain avec leurs copains. Pourquoi nepouvais-je pas être aussi insouciantequ'elles ? Je n'étais pas si moche etj'avais conscience d'avoir l'air attirantedans ce pantalon marron et ce top vert,que je portais en dessous de mon pull-over noir à paillettes en arrivant.Pourquoi aucun mec ne s'intéressait àmoi, alors ? Percevait-il que desbarrières de protection m'entouraient ? Je

réalisai qu'une larme venait dem'échapper des yeux et roulaient le longde ma joue.

« Les choses sans vie ne peuvent pascomprendre ta frustration, dit une voixd'homme derrière moi. »

La voix semblait si agréable que je meretournai immédiatement pour en voir lepropriétaire. L'espace d'un instant, je fusincapable de distinguer si j'étais dans unrêve ou dans la réalité. Je n'osais pluscligner des yeux. L'homme de mes rêvesse tenait face à moi. Il me tendait montéléphone. Cependant, je ne pouvaisbouger d'un pouce, sa présence sous mesyeux me tétanisant.

Il agita la main devant mes yeux. Je

clignai des paupières et inspiraiprofondément. Le problème n'était pasrésolu, malgré tout. Qu'allais-je bienpouvoir lui dire ?

« Voici ton téléphone. Est-ce que ça va? me demanda-t-il en s'approchant d'unpas.

– Pourquoi ? Je n'ai pas l'air bien ?bégayai-je.

– Je ne pense pas, non, répondit-il ensouriant et en indiquant mon visage, d'ungeste de la main. »

Je me touchai la tête et me rendiscompte qu'il me montrait en fait leslarmes. Je détournai les yeux.

« Pourquoi détestes-tu ta vie ? Un

problème de copain ? Pourquoi est-ceque quelqu'un quitterait une si jolie fille ?Ne pleure pas pour un idiot. »

Avait-il dit « jolie » ? Il me trouvaitjolie. Toutefois, il pensait également quej'étais une bimbo qui pleure stupidementpour des garçons.

« Je ne pleurais pas pour un garçonquelconque. J'ai d'autres problèmes,répliquai-je sèchement avant de récupérermon téléphone.

– C'est un tel soulagement ! soupira-t-il. »

Je ne compris pas où il voulait en veniret, avant que j'aie pu le lui demander, ils'était déjà retourné pour partir.

« Eh, tu t'appelles comment ? ne pus-jem'empêcher de lui demander. »

Il pivota sur ses talons et me sourit.Cette fois, je remarquai ses fossettes.Waoh, trop mignon.

« Je m'appelle Alex. Enchanté det'avoir rencontrée, Lisa. »

Il me fit un clin d’œil et s'éloigna. Bonsang ! Comment pouvait-il bien connaîtremon nom ? J'eus l'idée de lui courir aprèspour lui poser la question, quoiquel'intuition que ce serait vraiment un gestedésespéré me rattrapa. J'étais néanmoinssûre que nous aurions d'autresconversations.

« Est-ce qu'on doit partir maintenant ?Regarde, la fille qui porte la robe bleuevient de me faire un clin d’œil, gémitRick, les yeux rivés sur la piste de danse.

– Tu es tellement désespéré, mec.Crois-moi, les filles n'aiment jamais lestypes trop collants. Elles veulent plutôt unhomme qui a du style, de la présence et...»

Tandis que je parlais, l'image deMonsieur Canon me revint en face desyeux. Sa démarche, sa voix, tout était siattirant. Rick claqua des doigts devantmes yeux.

« Mademoiselle la rêveuse, sors de tesfantasmes. Tu as raison, j'imagine. Ce neserait pas sage de prendre la première

fille bourrée qui vient. Allons-y. Je vaisvous déposer, les gens. Où est Stéphanie? »

Nous regardâmes partout mais nepûmes la trouver. Après plusieurstentatives d'appel, elle répondit :

« Lisa ! Je suis avec Ryan. Vous n'avezqu'à partir à deux. Je vous rejoindrai plustard. »

Puis, elle interrompit la conversationsans même me donner le temps deprononcer un mot. Je soupirai. Qui étaitRyan ? Oh, probablement ce mec au tee-shirt rouge.

« Elle est partie baiser ? s'enquit Rick,le visage inquiet. »

Je fis la moue et acquiesçai.

« C'est tellement dans son habitude,soupira-t-il avant notre départ. »

Comment connaissait-il mon nom ?Cette question et son visage souriantm'empêchaient de dormir. Est-ce qu'ilm'avait vue le regarder, attirée par soncorps ? Je me rongeais les ongles alorsqu'un sentiment de gêne m'envahissait.J'étais assise à côté de la fenêtre etlançais quelques regards occasionnels àtravers l'intervalle des deux rideaux.J'avais éteint la lumière. Ma chambreétait complètement plongée dans le noir,quoique quelques rayons de lumièresprovenant des lampadaires s'immisçaientà l'intérieur. La faible luminosité donnait

une ambiance agréable. J'entendis le sond'un moteur et jetai un œil à la barrière duvoisin.

*

Purée ! C'était lui sur sa moto. Àchaque fois, il ne faisait que mesurprendre un peu plus avec sonincroyable personnalité. Je soupirai etcontinuai de le regarder comme un enfantcontemplerait son bonbon préféré. Jem'imaginai m'installer derrière lui sur samoto et le serrer étroitement. À cetteseule pensée, un frisson me parcourut despieds à la tête. Je serais complètementdéroutée s'il me touchait, me disais-je.Pas que cela allait arriver. Un typecomme lui ne s'intéresserait jamais à une

personne ennuyeuse, cloîtrée et geek dansmon genre. Je fronçai les sourcils et memis au lit, les bras autour de mon oreiller.

« Vraiment ? Tu espères que je vaisécouter les détails de ta nuit « de passion» ? Enfin, comment peux-tu coucher avecun type que tu ne connaissais que depuisune heure à peine, répliquai-je sèchementà Stéphanie tandis que les autres étudiantsse retournaient vers notre table. »

J'avalai la dernière gorgée de monchocolat chaud et partis du réfectoire.Stéphanie me suivait.

« Mais il était si beau, s'exclama-t-elle. »

Est-ce qu'elle était sérieuse ? Une fille

devrait coucher avec un garçonsimplement parce qu'il était beau ? Quefaire des sentiments et des émotions alors? Peu importait ! La plupart des fillessemblaient comme elle, mais pas moi.Pour moi, les sentiments et le physiques'avéraient aussi importants l'un quel'autre.

« Ah, vous êtes là, déclara Rick ennous rejoignant dans le couloir. Il y aquelque chose qui ne va pas, Stéph ? Ondirait que tu n'en as pas eu assez ?poursuivit-il en lui faisant un clin d’œil. »

Ce mec avait de l'humour ? Je ne lesavais pas. J’éclatai de rire.

« Au moins, ça te fait rire, ditStéphanie en faisant la moue. Mais, Rick,

tu ne devrais pas te moquer de nous deuxcomme ça.

– Vous deux ? Arrête les conneries, ilne va même pas décrocher à tes appels.Un mec comme lui, ça ne fait qu'utiliserles filles, essayai-je de lui expliquer.

– Beurk ! Non, ce n'est pas vrai, et je tele prouverai. Non seulement il vadécrocher, mais, en plus, il va m'inviter àsortir avec lui, affirma-t-elle, pleine dedéfiance.

– Je parie qu'il va ignorer tes appels,déclarai-je, confiante.

– D'accord, les amis, faisons un vraipari. Que diriez-vous de cinquantedollars ? suggéra Rick.

– Il n'y a pas de mal à gagner cinquanteballes. C'est entendu pour moi, acceptaStéphanie, l'excitation dans la voix.

– Elle va ressentir une perte à la foisémotionnelle et financière, dis-je dans unrictus.

– Je tiens pour Lisa, ria Rick. »

Stéphanie nous tira la langue etcomposa un numéro sur son téléphone.Elle appuya sur le bouton de l'appel, puisnous attendîmes.

Elle réessaya plus de cinq fois.Personne ne répondait. Stéphanie fronçales sourcils :

« J'imagine que vous aviez raison. Jesuis bête, c'est un crétin ! »

Je glissai le bras autour de ses épaules.

« Oublie-le, il n'en vaut pas la peine. »

Elle acquiesça. Rick soupira.

« C'est la vie. Elle est remplied'événements imprévus. Bon, il faut queje travaille sur un projet. À plus tard, dit-il avant de se précipiter vers labibliothèque. »

Un vrai rat de bibliothèque ! Je vérifiail'heure sur ma montre.

« Oh, non ! Ma mère m'a demandé depasser prendre quelques courses ausupermarché. Salut, Stéphanie, dis-jedans un souffle avant de partir avecprécipitation.

Oh, non, il est déjà six heures. Maman

va sûrement me narguer, m'exclamai-jeintérieurement en empruntant le raccourcijusqu'à chez moi. La route était à nouveaupresque déserte. J'espérais ne pluscroiser le gang des motards parce qu'ilsme donnaient l'impression d'être trèsdangereux. Les motards me rappelèrentAlex, la nuit dernière, quand je l'avais vurouler sur la sienne. Lui, il paraissaitgentil et pas du tout effrayant.

Mon attention se focalisa alors sur unemoto qui s'approchait de moi. Jepaniquai. Le type sur l'engin portait uncasque. Je ne voyais donc pas son visage.Cependant, il dévia avec la moto, peut-être pour me sauver. Je me montrais sipeu prudente à marcher en plein milieu dela route en me perdant dans mes pensées.

C'était tout moi. La moto percuta un arbre.Mince ! Le motard devait s'être fait mal.Je me précipitai à son secours. Il étaittoujours assis sur son engin. Je ledétaillai de la tête aux pieds pour vérifiers'il avait été blessé. Heureusement, lecasque l'avait sauvé. Aucune trace desang. Je détestais le sang.

« Est-ce que ça va ? demandai-je,nerveuse. »

Il ouvrit la visière de son casque. Levisage qui apparut me tétanisa pendantquelque temps. Oh mon Dieu ! C'étaitMonsieur Canon, enfin, Alex. Il m'adressaun sourire.

« Détends-toi, je vais bien, dit-il. »

Lui et son sourire de tombeur.

« On se rencontre à nouveau, mavoisine au cœur brisé. Ne me dis pas quetu essayais de te suicider en marchant enplein milieu de la route, poursuivit-il, unsourire malicieux aux lèvres. Qui auraitbesoin de se suicider ? Tu viens de metuer des yeux. »

Quoi ? Comment pouvait-il dire unechose pareille ?

« Écoute, c'était par mégarde. Pasbesoin de te moquer de moi comme ça,dis-je en faisant la moue, avant de partir.

– Hé, je faisais simplement dusarcasme. Ce n'est pas de ma faute si jen'ai jamais vu ton visage souriant. Tu es

soit en train de pleurer, soit blessée, dit-il. »

Quelles conneries ! Il ne meconnaissait pas assez pour avancer de telspropos. Je ne pleure jamais. D'accord,peut-être quelques fois, quand je prendsmon oreiller dans les bras.

« Nous nous sommes vus que deux fois,rétorquai-je sèchement. »

Il plissa les lèvres pour retenir un éclatde rire puis leva les sourcils.

« Ah bon ? Je n'ai pas cette impression.»

Je plaçai mes cheveux derrièrel'oreille. Bon sang ! M'avait-il aussi vuelorsque je le regardais de ma fenêtre ?

« En fait... »

Avant que je ne puisse prononcer maphrase, il me coupa la parole :

« Ne pense pas que je suis un pervers,mais je t'ai vue depuis ma fenêtre. Tu esune fille très calme et triste, voilà ce quej'en ai déduit, dit-il doucement. »

Je soupirai. Je ne savais pas commentriposter. Oui, il avait raison, j'étais tristeet enfermée.

« Je pense que je devrais y aller. Jesuis en retard. Prends soin de toi, dis-jeen évitant son regard. »

Après quelques pas en avant, je sentisquelqu'un me toucher la main. Jem'arrêtai, me retournai et tombai nez à

nez avec Alex. Que voulait-il, désormais? Oui, j'étais une perdante, peut-être qu'ilsouhaitait se moquer de moi.

« Lisa, j'avoue que je t'ai observéequelques fois de ma fenêtre, je n'ai pas pum'en empêcher. Tu es si mignonne. J'avaisvraiment envie d'en savoir plus à tonsujet, dit-il en me regardant intensément.»

Coconut, voilà qui il me rappelait.C'était un motard dur à cuir, un culturisteet un rebelle si on s'en tenait à son allureextérieure. Pourtant, au fond de lui, c'étaitun type attentionné. Mes lèvress'arrondirent dans un faible sourire.

« Mais nous n'avons rien en commun. Ilnous serait très difficile de nous entendre

comme amis, dis-je, confuse.

– Oui, tu as raison. Nous appartenons àdes mondes différents. Mais, tu ne pensesque ce serait intéressant de visiter chacunle monde de l'autre, répliqua-t-il en mefaisant un clin d’œil. »

Cette proposition semblait vraimentintéressante. J'adorerais éprouver lasensation de sa vie à mille à l'heure.

« Hum, j'imagine qu'on peut essayer,concédai-je en me mordant la lèvreinférieure. »

Il sourit et se frotta les mains.

« Super ! Commençons aujourd'hui. Jet'emmène voir un combat de MMA. Est-ce que ça te va ? On dit huit heures ?

demanda-t-il. »

Mes yeux s'arrondirent de stupeur.Parlait-il vraiment de combat ? Je n'enavais jamais vu en vrai auparavant. Cettesimple pensée me donna la chair depoule. Puis, je me calmai.

« Je ne vais pas pouvoir venir, mamère ne me laissera jamais sortir à huitheures, dis-je en fronçant les sourcils. »

Il y pensa quelques secondes et me pritla main à nouveau. Il dessinait des lignesle long de mes doigts du bout de sesphalanges. Son contact m'électrisait. Puis,il me toucha le menton et me releva la têtepour que je le regarde dans les yeux.

« La vraie question est : est-ce que tu

as envie d'y aller ? demande-t-il, leregard intense.

– Bien sûr ! Je n'ai jamais vu de vraicombat avant, répondis-je, la voix un peuplus haute que d'ordinaire.

– Très bien, dit-il dans un sourire,alors, tu t'y rendras. Personne ne pourrat'en empêcher.

– C'est impossible, soupirai-je. »

Il se pencha vers moi. Je sentais sonsouffle contre mon visage. Le battementde mon cœur s'accéléra, sa proximité mefaisait un effet fou.

« Et si je te faisais sortir en douce ?murmura-t-il. »

À mon tour, cette fois, de contenir un

rire. Son plan paraissait tellement tentantet amusant. Cependant, ce garçon était uninconnu. Comment pouvais-je risquer deplacer ma confiance en lui ? Oh, allez,Lisa ! Ne pense pas comme ta mère. Tupeux quand même t'occuper de toi. Cen'est pas comme si tu allais coucher aveclui. En plus, ça te libérera, alors, vas-y.Les voix dans ma tête ne cessaient dem'inciter à le suivre.

« Ne t'en fais pas. Je te ramènerai cheztoi saine et sauve. Promis. »

Ses yeux brillaient de sincérité. Jefinirais par le regretter si je lui disaisnon.

« D'accord, ça paraît amusant,acceptai-je en faisant un clin d’œil.

– Le clin d’œil le plus innocent quej'aie jamais vu, commenta-t-il dans unsourire. »

Ses yeux doux me faisaient rougir. Mesjoues devinrent intégralement pivoine.

« Et maintenant, voilà que tu rougis. »

Il continuait de me fixer de ses yeuxnoisette. Je détournai le regard.

« Ton imagination te joue des tours.

– D'accord, c'est ce que nous verrons,murmura-t-il. »

Mon téléphone vibra. Lorsque je vis lenom de ma mère apparaître sur l'écran, jeme souvins que j'aurais déjà dû être à lamaison. Je me frappai le front.

« Purée ! Alex, je suis vachement enretard.

– Ne t'en fais pas, chérie, je vais teramener chez toi en un clin d’œil, montederrière moi, m'invita-t-il, toujours trèsdécontracté. »

Cette proposition semblait touteaguichante. À présent que nous étionsdevenus amis, rien de mal ne pouvaitm'arriver. Je n'avais en plus jamais étésur une moto auparavant. Ce serait uneaventure agréable.

« D'accord, dis-je. »

Pourquoi ne pouvais-je pas montercorrectement dessus ? Je glissais dusiège. C'était tellement gênant. Il ne

cessait de me jeter des regards et cachaitsa bouche sous sa main. Rahh ! Il semoquait de ma stupidité, j'en étais sûre.Je lui lançai un regard ennuyé. Puis, il semit derrière moi, posa les mains sur meshanches et, avant que je ne puisse direquoi que soit, il me souleva et m'installasur la moto.

« Et voilà, dit-il. »

Je n'étais pas légère, quoiqu'il m'aitsoulevée sans faire aucun effort. Sesexercices de musculation portaient leurfruit.

« Serre-moi fort, je ne roule paslentement mais je ne veux pas que tu tecasses la jambe, taquina-t-il.

– Très amusant, allez, ramène-moi chezmoi, maintenant, réclamai-je.

– D'accord, mademoiselle, dit-il. »

Il démarra la moto. Sur ses indications,je le tins par les épaules d'une fortepoigne. Elles étaient si larges et simusclées. Nos corps étaient très serréssur la moto, ce qui m'excita. Je sourisface aux réminiscences de mon rêve quim'apparaissaient devant les yeux, un rêveoù je le prenais dans mes bras trèsétroitement.

Comme promis, il me déposa chez moien toute sécurité. Je le remerciairapidement et courus à l'intérieur de lamaison. Les battements de mon cœurétaient rapides et mes joues en feu. Il ne

devait pas me voir ainsi. Je tendis lescourses à ma mère et lui mentis enprétendant qu'il y avait la queue ausupermarché. Je ne pouvais perdre un amiaussi cool qu'Alex à cause de la naturesurprotectrice de mes parents.

Après le dîner, je montai directementdans ma chambre et me changeai. Jechoisis d'enfiler un pantalon en jean à lacouleur passée, un top beige et une vesteblanche pour suivre avec le reste de mesvêtements. Je portais mes Converseblanches, pour complémenter monapparence relâchée. J'attachais mescheveux en queue de cheval. Je trépignaisd'excitation.

Il était huit heures et quart lorsque Alex

m'envoya un message pour me dire dedescendre. Mon père était en ville et mamère, dans sa chambre. Je remerciai machance d'avoir la voie libre.

« Je suis là, m'enthousiasmai-je,excitée. »

Assis sur sa moto, il me détailla de latête aux pieds, un sourire satisfait sur levisage. Il portait une veste en cuir,semblable à celle qu'il avait plus tôt,quoique plus marron. Je me sentisquelque peu gênée.

« Qu'est-ce qu'il y a ? m'enquis-je.

– Rien, tu es la première que jeconnaisse à porter des fringuesdécontractées quand elle sort avec un

type. La plupart des filles portent desshorts ou des robes moulantes pour mettreen valeur... enfin, tu vois ce que je veuxdire, dit-il, un sourire malicieux auxlèvres. »

Pensait-il que je faisais partie de cesfilles faciles ?

« Je ne suis pas comme elles,répondis-je sèchement.

– Je sais que tu es spéciale. »

Punaise, son voix était si profonde.Puis, il détourna les yeux.

« Est-ce que je dois te soulever ànouveau ? demanda-t-il en indiquantl'arrière de sa moto.

– Non, laisse-moi essayer. »

Je me mordis la lèvre. Cette fois,cependant, je réussis à monter seule.

« Yes ! »

Je le serrai étroitement contre moi puisil démarra la moto. Tout d'abord, lavitesse élevée m'effraya. Je l'agrippaifermement par les épaules. Cependant, àmesure que la route défilait, une certainesensation de liberté m'envahit. Je fermailes yeux et respirai ouvertement.

Puis, la moto s'arrêta.

« Nous sommes arrivés, annonça Alex.»

Je lançai un regard autour de moi. Lasalle était minable et bondée. Des ridesapparurent autour de mes yeux. Il sauta de

la moto et se mit à rire :

« Ce n'est pas si atroce que ça, viens. »

Il tendit la main vers moi. J'y glissai lamienne et me laissai conduire àl'intérieur. Je me sentais tellement ensécurité lorsque nous marchions maindans la main. Il me demanda de prendreune place dans les tribunes et m'avertitqu'il reviendrait quelques instants plustard. Beurk ! C'était un endroitnauséabond qui regorgeait de gensdégoûtants, tous occupés à fumer del'herbe. Quelques types tentèrent même dem'approcher mais je m'éloignai aussitôt.Quinze minutes passèrent. Alex nerevenait toujours pas. Avais-je eu tort delui faire confiance ?

L'animateur du combat annonça le nomdes combattants, bien que je ne puisserien entendre à cause des rugissements dupublic. À ce moment précis, je décidai departir. Je m'arrêtai aussitôt dans mon élanlorsque j'entendis les gens chanter le nomd'Alex. J'étais à la fois choquée etsurprise de constater qu'il était sur lering. Il agita la main face à la foule. Ilétait donc un combattant de MixedMartial Arts, intéressant ! Je me mis enretrait pour le regarder combattre. Sesmouvements, ses coups de poing, sescoups de pied, tout était tellementpuissant et sophistiqué que ce typepourrait sans doute tenter sa chance aucinéma. L'inquiétude m'envahit lorsque lecombattant adverse le frappa au visage et

que ses lèvres saignèrent. Si quelquechose lui arrivait, qui me ramènerait à lamaison ?

Cependant, il riposta avec plus dehargne et assomma son adversaire. J'étaistrès impressionnée par ses capacités decombat. Le spectacle était vraiment unebonne expérience. Stéphanie et Rickseraient jaloux quand je leur dirais quej'avais vu un combat de MMA. Jepourrais me la jouer.

Quelque temps plus tard, il revint versmoi.

« Est-ce que tu as aimé ma petitesurprise ? me demanda-t-il en me tapantsur l'épaule.

– Pourquoi ne m'as-tu pas dit que tuétais un combattant aussi génial ? Lafaçon dont tu boxais était super cool !m'exclamai-je, excitée. »

Il ne réagit pas mais continua deregarder de tous côtés, ce que je trouvaisétrange. Soudain, il m'agrippa le bras etm'enjoignit en me poussant :

« Partons d'ici. »

Je le suivis.

« Ne te retourne pas, va droit devant,murmura-t-il. »

Je sentais de la tension dans sa voix.Nous quittâmes la salle, il me souleva etm'installa sur la moto avant de monter lui-aussi et de partir précipitamment.

« Il y a quelque chose qui ne va pas ?interrogeai-je, un peu effrayée.

– Des types en avaient après toi, ilsavaient l'intention de... peu importe,maintenant, on est en sécurité, cria-t-il. »

Heureusement qu'Alex avait senti ledanger. Il se montrait très protecteurenvers moi, ce qui me touchait beaucoup.

« Et voilà, Cendrillon ! Tu es de retourchez toi avant minuit, me lança-t-il enm'adressant un clin d’œil et un souriremalicieux tandis que nous approchions duportail de ma maison. »

Je lui rendis son sourire et m'apprêtai àme remettre sur mes pieds lorsqu'ilm'arrêta dans mon élan.

« S'il-te-plaît, laisse-moi t'aider,proposa-t-il. »

Il me souleva, me tint quelquessecondes entre ses bras puis me reposasur le sol. J'étais confuse.

« Pourquoi ce geste ? demandai-je. »

Il passa la main dans ses cheveux.

« J'aime bien ça, je dirais. »

Je rougis. Oh mon Dieu ! Il aimait metoucher, il aimait que je sois près de lui.

« Bonne nuit, marmonnai-je avant decourir à l'intérieur pour qu'il ne me voiepas en train de rougir. »

En fermant la porte derrière, je sautaisur mon lit. La vie semblait tellement

pleine de couleurs lorsqu'il était à côté demoi. Sa présence semblait être l'oxygènequi me remplissait les poumons.J'embrassai l'oreiller et m'imaginai que jel'embrassais, lui. Je rougis quand j'eusconscience de mes actions. Honnêtement,je devenais folle de lui. Alors, à cemoment précis, j'entendis des coupsfrappés à ma fenêtre. Qui était-ce ? Est-cequ'un type de cette salle minable m'avaitsuivie jusqu'à chez moi ? Mes mains etmes pieds se glacèrent immédiatement.J'avalai ma salive.

« Qui ? »

J'eus du mal à prononcer ce mot seul.

« Eh, Lisa ! N'aie pas peur, c'est moi,Alex, dit la voix. »

Je n'avais jamais été aussi soulagéed'entendre une voix. Mais que faisait-il àma fenêtre ? Purée ! Il avait escaladé lagouttière pour venir jusque-là ? Je couruslui ouvrir la fenêtre et l'aidai à rentrerdans ma chambre.

« T'es devenu fou ? Pourquoi prendreautant de risques pour venir ici ? »

Je plissai les yeux face à lui.J'attendais une réponse pleine d'esprit desa part. Au lieu de cela, il me jeta unregard nerveux, comme si quelque chosele tourmentait. Il abaissa les yeux puis semit à taper du pied sur le sol, légèrement.

« Euh, Lisa... je ne sais pas comment ledire. Mais je ne pouvais simplementpas... m'empêcher de venir ici, avoua-t-il

doucement avant de relever la tête pourme regarder. »

Ses yeux brillaient d'émotions, desémotions que je ne comprenais pas maisqui m'intriguaient. Ses mots, pleinsd'innocence, m'allèrent droit au cœur. Ilétait incapable de rester loin de moi, ilavait une envie irrépressible de setrouver à mes côtés. C'était si mignon.Aucun garçon ne m'avait jamais dit cesmots, auparavant. Je soupirai et continuaià le regarder, en sentant de la chaleur meréchauffer le cœur. J'ignorais pourquoimais mes yeux se couvrirent d'un voile.Aucun de nous deux ne dit mot. Nous nousregardions simplement. Soudain, je merappelai ma mère. Bon sang ! Que sepasserait-il si elle le voyait dans ma

chambre ? Elle me tuerait. Je m'éclaircisla gorge.

« Alex, s'il-te-plaît, va-t-en,maintenant, dis-je, nerveuse, tout en memordillant les lèvres. »

Il s'approcha de moi et me toucha lamain.

« S'il-te-plaît, laisse-moi rester encoreun peu plus, supplia-t-il. »

Je soupirai et ouvris la bouche pourdire quelque chose. Cependant, il posason index sur mes lèvres.

« Chut, ne gâche pas ce moment,murmura-t-il. »

Les battements de mon cœurs'accélèrent tandis qu'il caressait mes

lèvres de ses doigts. Il abaissa la têtepour être à mon niveau. Je clignai desyeux tandis que son souffle profondm'enveloppait le visage. Je voyais lapassion dans ses yeux alors qu'ilm'effleurait lentement les lèvres de sabouche. Je m'emparais de sa main et ilentrecroisa ses doigts avec les miens.Tout mon corps tremblait à ses douxgestes. Je ne pouvais pas croire que jevivais mon premier baiser. Tous mesmembres étaient engourdis. J'étais mêmeincapable de lui rendre son baiser.

Après ce léger contact, il rompit lebaiser et se détourna.

« Tu as raison, je ferais mieux departir. »

Il esquissa un mouvement vers lafenêtre. Toutefois, je refusais de luilâcher la main.

« Lisa, ma main, souffla-t-il. »

La seule pensée de son départ megonflait le cœur et me faisait monter leslarmes aux yeux.

« Non ! Tu n'as pas le droit de mequitter, criai-je presque. »

Il esquissa un petit sourire et m'effleurala joue.

« Comment pourrais-je te quitter ?Depuis la première fois où je t'ai vue,depuis que je te connais, tu es toujoursdans mes pensées, et dans mon cœuraussi, peut-être, dit-il doucement.

– Peut-être ? m'enquis-je.

– Je ne m'y connais pas dans cesdélicates affaires de cœur, avoua-t-il enpassant la main dans ses cheveux. »

Il était si sincère, si innocent que je luiadressai un léger sourire et le serraiétroitement dans mes bras. Je ressentaisplus que du désir, c'était le besoin qui megonflait la poitrine. Il me serra contre lui.

« Lisa, tu es vraiment spéciale pourmoi et je ne peux pas m'en aller loin detoi, me murmura-t-il à l'oreille.

– Alors, reste, lui dis-je en le regardantdans les yeux. »

Il me toucha à nouveau le visage. Je nepus me retenir plus longuement. Je me mis

sur la pointe des pieds et lui suçai labouche. Il me prit par les hanches etapprofondit le baiser. Trop vite, lescontacts légers cessèrent, et il inséra salangue dans ma bouche. Il explorait toutema bouche dans un geste qui me paruttellement bon que je me mis à gémir. Jelevai les mains pour les glisser dans sescheveux, impatiente.

Il sentit mon souffle se saccader etrompit le baiser. Nous échangeâmes unregard, soupirant tous deux. Ce baiserévanescent était simplement magique. Ils'approcha de moi, et sans mêmem'avertir, il me poussa sur le lit. Surpriseet intimidée, je me cachai la tête dansl'oreiller. Il monta sur le lit et retiral'oreiller de mon visage. Je lui jetai un

timide coup d’œil et aperçus son torsedénudé. Il était à cheval sur moi, jesentais son érection contre mon vente.Punaise ! Il était trop canon pour restersaine d'esprit. Mes mains refusaient dem'obéir et se levèrent jusqu'à caresserson torse parfait. Mes doigts agrippèrentses tétons en bouton de rose. Il m'adressaun sourire séducteur et enfouit son visagedans mes cheveux.

« Lisa, j'ai tellement envie de toi. Est-ce que tu as envie de moi ? demanda-t-il.Je te désire, soupira-t-il. »

Ses mains tremblaient quand il meretira mon top et mon pantalon. C'était mapremière fois et non la sienne, alors,pourquoi tremblait-il autant ? Il me fit

m'allonger sur l'oreiller. Son corps chaudse colla contre le mien. J'enfonçai mesongles dans son dos. Il se cabra quelquepeu. Puis, il passa la langue sur seslèvres. Ses yeux débordaient de passionlorsqu'il m'embrassa sur le front, sur lenez, sur les joues. Puis, il couvrit debaisers mon cou et ma poitrine. Lesbattements de mon cœur s'emballaienthors de toute mesure. Ses baisers mefaisaient mouiller. Je le voulais àl'intérieur de moi sans plus attendre.

Alex me suçait et me mordillait lesseins. Il était tellement incroyable.Personne ne m'avait jamais touchée ainsi.Chacun de ses gestes me renvoyaitcomme un courant électrique le long demon corps. Je ne pouvais en supporter

davantage. Je voulais sentir son pénis enérection dans mon vagin ! Alors, il seredressa quelque peu et me toucha lavulve de ses doigts, ce qui me fit rougir ànouveau. Puis, il plaça le bout de songland au bord de mon vagin. Il medemanda à nouveau si je me sentais bien.J'acquiesçai. Lentement, il me pénétrajusque dans les profondeurs de monvagin. La sensation de son pénis en moi,de savoir que nous faisions un me fitsentir complète.

Il se mit à faire un mouvement lent deva-et-vient contre ma vulve mouillée.Quelques minutes plus tard, il accéléra lacadence, en s'insérant toujours plus loin.Tout mon sexe palpitait, mon corpstremblait d'un orgasme à un autre.

Il mit deux doigts à l'intérieur de monvagin. Il continuait les va-et-vientdoucement, conservant le même rythme.Je sentis ensuite ses doigts se courbervers le haut. Une incroyable pressionmontait en moi. Alex reprit sa cadence,avec douceur d'abord puis, plus jegémissais, plus il devenait brutal. Jeperdis toute retenue et remuai sous sesmains. C'était le plus incroyablesentiment au monde !

Je m'endormis sans m'en rendre compteentre ses bras musclés et protecteurs. Ilm'appartenait désormais.

*

Le matin suivant, je me réveillai dansun grand soupir. Je regardais à côté de

moi et me rendis compte qu'il était parti,ce qui m'attrista. J'étais nue encore. Jerougis, enveloppai le drap autour de moncorps puis me dirigeai vers la salle debain pour prendre une douche chaude. Jeprévoyais de l'appeler après ma douche.

Trois semaines passèrent sans que jen'aie aucun signe d'Alex. Sa maison étaitverrouillée et son numéro de téléphones'affichait comme un numéro non attribué.

Il ne prit pas même la peine derépondre à mes messages. J'en conçusquelques pensées. Et si c'était uneaventure d'un soir pour lui ? Mes yeux seremplissaient de larmes lorsquej'admettais n'avoir été qu'un jouet pourlui.

Je perdis tout espoir. Il m'avaitabandonnée.

Je tombai en dépression. Mes amis etma famille remarquèrent le changementdans mon comportement maisn'abordèrent guère le sujet. Mon pèrepensait que j'étais triste parce que NewYork me manquait. Il m'amena donc enweek-end avec lui là-bas. Je me sentis unpeu mieux en revoyant mes vieux amis.Nous restâmes longtemps à parler. Cettenuit-là, ma mère ne m'empêcha pas desortir dans les bars.

Mes amis et moi prîmes quelquesverres. Pourtant, le vide de mon cœur nese remplissait guère davantage.

Ils me forcèrent à danser. J'obtempérai

en effectuant quelques pas lorsque,soudain, mes yeux se braquèrent sur uncoin de la pièce. J'étais sûre d'avoiraperçu Alex. Il paya sa boisson et partitdehors. Je le suivis.

« Hé, monsieur le Volage, hurlai-jedans son dos tandis que nous atteignons laroute.

– Lisa ! s'exclama-t-il en se retournant.Que fais-tu ici ? »

Je soupirai et m'approchai de lui.

« Ne t'en fais pas, je ne vais pas tesupplier de revenir dans ma vie. Jecherche simplement des réponses.Pourquoi as-tu joué avec mes vraissentiments ? Pourquoi as-tu fait semblant

d'être si innocent et sincère ? Pourquoim'as-tu fait sentir si libre ? »

Je l'agrippai par la veste et fondis enlarmes. Il m'enveloppa dans ses bras.

« Je n'ai pas joué la comédie. Je devaism'éloigner de toi parce que je ne suis pasquelqu'un de bien pour toi, soupira-il. »

Je le contemplai, les yeux remplis delarmes.

« Tu es la meilleure chose qui ne mesoit jamais arrivée. »

Il me caressa le visage et m'essuya leslarmes.

« Ta mère m'a demandée de partir. Ellem'a vu quand je suis parti de la maison.Elle a dit qu'un mauvais type dans mon

genre pouvait gâcher ta vie, avoua-t-il enbaissant les yeux.

– Waoh ! Et tu es simplement parti ? Tun'as même pas essayé de t'imaginer ce quiallait m'arriver ? Et mes sentiments ?criai-je. »

Il demeura coi. Puis, il avala sa salive.

« Lisa... je t'apprécie beaucoup. Je suisattachée à toi comme à personne d'autre.Je ne suis pas doué pour prendre desdécisions. J'ai simplement pensé que tuméritais mieux. Mais ça me fait mal derester loin de toi, dit-il, le regard brillantd'intensité, les yeux voilés.

– Alors, ne reste pas loin de moi. Jesuis sûre que mes parents comprendront

que nos sentiments sont réels. »

Je lui fis un petit sourire. Il se penchapour me coller le front contre le sien.

« Lisa, je veux que ce moment durepour toujours. Je te veux près de moi pourtoujours, dit-il avec sincérité enenveloppant mes hanches de ses bras. Jeposai ma tête contre sa poitrine.

« Moi aussi, murmurai-je en fermantles yeux. »

FIN

Merci d'avoir lu mon livre!