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§5bis « La foi, c’est l’actualité de l’Ecriture. Une flèche qui perce le cœur : IL S’AGIT DE TOI. » COMMENT ECOUTER LA PAROLE DE DIEU 4 ème dimanche de l’Avent – année B – 21 décembre 2014 – Evangile de Luc 1, 26-38 En cette ultime étape du chemin d’Avent, je vous invite, avant de lire, de regarder et contempler. Sur Google, demandez : « fra Angelico annonciation » et vous re-découvrez la petite reproduction des merveilles. Surtout - ma préférée- la fresque du couvent dominicain de Saint Marc, à Florence, où

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§5bis « La foi, c’est l’actualité de l’Ecriture. Une flèche qui perce le cœur :

IL S’AGIT DE TOI. »

COMMENT ECOUTER LA PAROLE DE DIEU4 è m e dimanche de l ’Avent – année B – 21 décembre 2014 – Evangile de Luc

1, 2 6 - 3 8

En cette ultime étape du chemin d’Avent, je vous invite, avant de lire, de regarder et contempler. Sur Google, demandez : « fra Angelico annonciation » et vous re-découvrez la petite reproduction des merveilles. Surtout - ma préférée- la fresque du couvent dominicain de Saint Marc, à Florence, où chaque frère avait sur un mur de sa cellule un chef-d’œuvre.

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http://www.idixa.net/Pixa/pagixa-0901160837.html

Contemplons Marie. Dans un lieu nu, sans décoration, mais ouvert vers un jardin (le paradis), une jeune femme simplement vêtue, sans fards ni bijoux. Qui est-elle ? Saint Luc ne dit rien de ses qualités, ses vertus, ses privilèges. Elle habite dans un petit village perdu et dédaigné de Galilée (Jn 1, 46) ; elle doit avoir environ 14-15 ans, l’âge où l’on mariait les filles ; on a célébré son mariage avec Joseph, un charpentier, descendant lointain (et désargenté) du grand roi David ; selon la coutume, elle vit encore chez ses parents avant de commencer la vie commune avec son époux.

Que fait-elle ? Elle écoute de tout son être. ELLE EST ECOUTE.Un envoyé de Dieu, légèrement incliné devant elle, lui parle. Le peintre l’a représenté selon l’image habituelle mais Luc ne dit même pas que Marie l’a vu. Seul importe le message : il vient de Dieu.Le plus grand événement de l’histoire n’est pas que l’homme s’envole vers les astres mais que Dieu descende vers l’humanité. Et cet événement est conversation. Echange entre deux libertés. D’emblée offre de la joie : « Réjouis-toi » (et non l’ancienne traduction banale : « Je vous salue »). Tu es

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« comblée de grâce » : l’amour de Dieu t’a remplie au maximum et te sera conservé à jamais.

À cette parole, elle fut toute bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation.

Comment, nous, écoutons-nous la Parole de Dieu ? Avec impatience (j’ai tant de choses à faire). Avec scepticisme (est-ce que c’est vrai ?). Avec ennui (bof je connais). Avec lassitude (le prédicateur est si long !). Pouvons-nous acclamer une Parole dite « de Dieu » si elle nous laisse froids, impassibles ?

1) CHERCHER A COMPRENDRE LE SENS

Marie, elle, s’ouvre à l’écoute et cette Parole la bouleverse, la chamboule – preuve qu’elle vient bien « de Dieu » et elle se laisse saisir par elle. Elle questionne, elle cherche à la comprendre c.à.d. elle consent à se laisser prendre par elle. La foi commence par une surprise, un étonnement, un choc de tout l’être et elle secoue l’intelligence, suscite des questions, éveille le désir de savoir.

L’ange lui dit alors : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. « Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus ». Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. »

Les Ecritures d’Israël – ce que nous appelons Ancien Testament – racontent l’histoire d’un peuple qui va d’échec en échec mais qui ne désespère jamais. Dieu a fait une promesse donc il la tiendra ; nous n’avons jamais été capables de constituer une communauté heureuse, bâtie sur le droit et la justice donc Dieu, un jour, nous enverra le Roi qui, enfin, achèvera le Dessein de Dieu ; l’oracle du prophète Isaïe au roi Akhas – et qui ne s’était pas réalisé à son époque – n’est plus un événement du passé, il s’accomplira un jour : une jeune femme enfantera le Messie.

Marie connaît bien cette prophétie qui était lue et commentée par le rabbin de la synagogue…mais ce qui la bouleverse, c’est

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qu’elle s’adresse aujourd’hui à elle. On sort d’une leçon d’histoire (« en ce temps-là ») et d’une promesse projetée dans un avenir lointain. CETTE FEMME C’EST TOI MAINTENANT.

La foi c’est l’actualité de l’Ecriture. Une flèche qui perce le cœur : IL S’AGIT DE TOI.

Marie pourrait bien s’esquiver, se déclarer indigne, demander un délai de réflexion, renvoyer à une plus grande dame puisqu’elle n’est qu’une petite paysanne, solliciter un moment pour aller demander la permission à ses parents ou à Joseph….Non, elle entre dans le dialogue, elle accepte.

2) BUTER SUR SES LIMITES : RECONNAITRE L’ŒUVRE DE DIEU

Mais après avoir questionné sur le sens du message, elle bute à présent sur la possibilité de sa réalisation qu’elle comprend immédiate. « Comment… ? » puisque je vis encore chez mes parents et n’ai pas de relations conjugales (sens du verbe « connaître » en ce temps)

Marie dit à l’ange : « Comment cela va-t-il se faire puisque je ne connais pas d’homme ? »L’ange lui répondit : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu.

L’humanité ne peut, d’elle-même, se donner « le sauveur » : tous les essais ont échoué et les plus beaux projets ont basculé dans la barbarie. Le XXème siècle l’a à nouveau prouvé. L’humanité ne peut se « faire » par ses seules ressources : elle doit recevoir de Dieu même. Jadis les hommes avaient bâti un sanctuaire sur les ordres de Dieu mais il avait fallu que la Gloire de YHWH descende et investisse le lieu le plus saint. (Exode 40, 34 ; 1 Rois 8, 10). Aujourd’hui Marie est appelée à être le Nouveau Temple et son fils, en elle, sera « le Saint des Saints ». Après l’échec répété des lieux sacrés, des idéologies, des tyrans, voici le temps de la femme, docile au Souffle de Dieu et devenant réceptacle de la Vie nouvelle. La maison de Dieu est dorénavant le corps humain.

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C’est pourquoi Marie pourra appeler son enfant « IESHOUAH » (en hébreu : « Dieu sauve ») car le salut n’est ni financier, ni culturel, ni scientifique, ni politique. Il est radicalement œuvre de Dieu : pardon des péchés, libération du mal, communion à la Vie divine. A cette profondeur, il n’est plus question de territoire, d’armée, de faste, de palais, de banques mais d’un peuple nouveau qui, à l’exemple et à la suite de Marie, se laisse bousculer et pénétrer par la Parole pour être la communauté pauvre, pacifique, heureuse. Avec Marie et Joseph, l’Eglise ne se fait pas elle-même, elle ne se construit pas. Perdant tout orgueil et toute morgue, elle jubile de reconnaissance et de gratitude. « Réjouis-toi, Eglise, comblée ! ».

Or voici que, dans sa vieillesse, Élisabeth, ta parente, a conçu, elle aussi, un fils et elle en est à son sixième mois, alors qu’on l’appelait la femme stérile. « Car rien n’est impossible à Dieu ». »

Marie n’a demandé aucun prodige pour contrôler la vérité du message : celui-ci porte sa propre authenticité et elle fait confiance. Mais « un signe » lui est révélé : sa cousine, demeurée stérile après plusieurs années de mariage, est enceinte – ce que Luc a raconté peu avant. Marie apprend, dans la joie, qu’elle est précédée. Car on ne vit sa vocation qu’ensemble. L’indice de la réalité du message reçu et accepté, c’est la vie chez l’autre. La vocation personnelle relie toujours aux autres.

Marie dit alors : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. »

Retenons le chemin. Marie, silencieuse, a d’abord ECOUTÉ une Parole venue d’ailleurs.Interloquée, ébahie, intriguée, elle a QUESTIONNÉ, elle a cherché à comprendre la signification.

Butant sur ses limites, elle a demandé COMMENT cet oracle était possible. Par l’Esprit, force de Dieu.

Enfin éclairée, et sans demander davantage, elle ACCEPTE.

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Etre la servante n’est pas aveu d’humilité et de pauvreté mais engagement. J’accueille cette Parole pour moi, ce projet qui doit s’accomplir en moi et par moi. Je décide de donner tout mon être afin de laisser s’accomplir ce dessein extraordinaire. Car la foi n’est pas un oui des lèvres, un acquiescement intellectuel, une émotion factice, un rayon religieux perdu dans une vie qui reste païenne mais un don de sa personne afin que la Parole prononcée aille à sa fin. Le Verbe doit devenir chair – et d’abord en Marie. La démarche de foi est celle de la femme qui s’engage dans la maternité : âme, esprit, cœur et corps.

« Que tout m’advienne ». Croire, c’est se mettre au service d’un projet qui nous dépasse mais qui ne peut s’effectuer qu’en nous, par nous. Il s’agit d’humaniser Dieu.

« Alors l’ange la quitta »….Et il ne reviendra plus ! Ni à la crèche ni au Golgotha. C’est la mémoire de l’annonce initiale qui conduit le croyant à persévérer, à travers joies et souffrances, jusqu’à la nouvelle naissance de la Résurrection. Car peut-on avoir un enfant si la mort peut vous l’enlever à jamais ?

Rien n’est plus propice que cette Annonciation pour nous préparer à Noël. Demandons-nous comment nous agissons pour que la Parole se réalise en nous. Parle, Seigneur, me voici pour te servir.

Raphaël Devillers, dominicainTél. : 04 / 220 56 93 - Courriel :

[email protected]

Cantique. Je vous salue Marie. (L-M. Gaine) https://www.youtube.com/watch?v=C_5GpDBhGQo

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Bradi Barth

ANNEXES.

«   Nous cheminons da la foi, non dans la claire vision.   » (2 Co 5   :7) http://lapinbleu.over-blog.net/article-annee-b-temps-ordinaire-11eme-dimanche- 106763884.html

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Détails : -Un lapin avance, avec une démarche incertaine. Il tâtonne.-La lumière est derrière lui. Il avance vers le noir. C’est ce que ressentent les personnes qui ne croient pas en Dieu ; à quoi ça sert d’avancer, si c’est pour aller dans le noir ? dans le mur ? dans le néant ?-Le verset Biblique est en jaune-lumière. Ceux qui ont la chance d’avoir la foi, même s’ils ne voient pas, ont moins peur de l’avenir puisqu’ils savent que Jésus ne les laissera pas tomber.-Les mains et les oreilles du lapin sont tendues vers l’avant. Il a la foi. -Questions -Croire, qu’est-ce que ça veut dire ?Le « You Cat » (catéchisme donné par Benoît XVI aux jeunes des JMJ à Madrid) nous dit au numéro 22 que c’est « chercher unerelation personnelle avec Dieu et croire à tout ce que Dieu montre de lui-même ».Au début de la foi, il y a un ébranlement : l’homme sent que le monde visible n’est pas le tout de son existence. Il trouve peu à peu la confiance pour s’adresser à lui et entrer en relation avec Lui.Croire, c’est donner son accord à Jésus et miser toute sa vie sur lui.-Où en suis-je, de ma foi, d’après cette définition ?C’était donc vrai   !

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http://fidelite.be/livre-Ca%E2%82%AC%E2%84%A2etait-donc-vrai-481.html

Méditation   sur Luc, évangéliste. «   Etonnants paradoxes   ». Marc Girard. (De Luc à Théophile p 17-24)

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