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avec les Tsiganes présentation 2 ‘équipe, réunie pour la réalisation de ce lossier, veut proposer aux élèves et aux mseignants un outil leur permettant de’ nieux comprendre les réalités de la vie les gens du voyage, audelà des repré- sentations, souvent fausses, que nous sortons les uns et les autres. 3n trouvera, dans les pages qui suivent : l Une fiche,“Approche pédagogique”, présentant les objectifs du dossier et pro- posant une démarche pour sa mise en 32uvre ; l Treize fiches thématiques, compor- tant chacune : -en première partie, des informations pour les enseignants, sur le thème traité, -en seconde partie, des documents de travail pour les élèves : textes! cartes, dessins, photos... Ces “FICHES ELEVE” sont destinées à être photocopiées, distri- buées et exploitées par les élèves, pour une “pédagogie sur documents”. l Des annexes, comprenant, outre le commentairedesdquzedi~positives,des bibliographies et des adresses utiles. D’après VAN GOGH rous nos remerciements vont à M. Juan ieDiosRAMIREZHEREDIA,parlemen taire européen, qui a bien voulu préface: Fe travail et donner son témoignage (fi fies no 13 et 14). V.E.A. -TSIGANES p.

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avec les Tsiganes

présentation 2 ‘équipe, réunie pour la réalisation de celossier, veut proposer aux élèves et auxmseignants un outil leur permettant de’nieux comprendre les réalités de la vieles gens du voyage, audelà des repré-sentations, souvent fausses, que noussortons les uns et les autres.

3n trouvera, dans les pages qui suivent :

l Une fiche,“Approche pédagogique”,présentant les objectifs du dossier et pro-posant une démarche pour sa mise en32uvre ;

l Treize fiches thématiques, compor-tant chacune :

-en première partie, des informationspour les enseignants, sur le thème traité,

-en seconde partie, des documents detravail pour les élèves : textes! cartes,dessins, photos... Ces “FICHES ELEVE”sont destinées à être photocopiées, distri-buées et exploitées par les élèves, pourune “pédagogie sur documents”.

l Des annexes, comprenant, outre lecommentairedesdquzedi~positives,desbibliographies et des adresses utiles.

D’après VAN GOGH

rous nos remerciements vont à M. JuanieDiosRAMIREZHEREDIA,parlementaire européen, qui a bien voulu préface:Fe travail et donner son témoignage (fifies no 13 et 14).

V.E.A. -TSIGANES p.

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présentation p. 1sommaire p. 2

préface p .3approche

pédabbgique p- 4

2 V.E.A. -TSIGANES

le premier voyagecitoyens du monde

le temps de vivreune place pour chacun

un peuple en fête / violons et guitares

paroles tsiganesles chemins de la vie

tsiganes et “gadjé”un peintre tsigane en Alsace

les gitans dans la littérature espagnoleles tsiganes dans la littérature européenne

la musique tsigane dans la musique classique

les tsiganes et l’Europedepuis le palais de l’Europe à Strasbourg,

un gitan nous parle.. .

8121620242832364042465256

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annexes l lscolarisation des enfants tsiganes :

références de textes “européens”une résolution du Conseil des Communautés

Européennes sur les enfants tsiganesbibliographie

musiques d’aujourd’hui des Tsiganes d’Europequelques associations qui travaillent

en milieu tsigane

commentaire des diapositives

62

636464

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66

Ce dossier a été élabor6 par Marcel DAVAL’,et Francis GARCIA et Henri HAEFFELÉ. duCEFISEM* de l’Académie deSt&bourg, avecla collaboration de Claude ARLAUD, pro- 1 Marcel DAVAL, 22, rue des Corps de Garde -

fesseur de lettres (pour la fiche no Il), Jean-67100 STRASBOURG

Paul KREMPP, professeur d’espagnol (fichez CEHSEM : cenbe de ~~~~~~~ el &lnfonnahonpourlaScolarisationdeslhfankdeMigrank.École

no 10) et Bernard RIEDIN, professeur d’édu-cation musicale (fiche no 12).

Normale de Strasbourg, 141, route de Colmar -67089 STRASBOURG Cedex.

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LE DROIT A ÊTRE RECONNU DANS SON IMAGE PROPRE,

Monsieur Juan de Dios RAMIREZ HEREDIA,député au Parlement Européen.

Je suis extrêmement heureux de rédigerces lignes de présentation pour le Dossierpédagogique du C.R.D.P. de Strasbourgsur les Tsiganes, dont les premiersdestinataires sont les enseignants et lajeunesse d’Alsace. Je suis en effetconvaincu qu’ils représentent le terrainle mieux préparé pour recevoir et fairegrandirlasemencedelacompréhension,du respect et de la solidarité entre lesêtres humains.

Nous sommes nombreux, parmi lesGitans européens, à être engagés dansune lutte qui ne se limite pas à chercherdes formes de vie plus justes pour lesplus pauvres d’entre nous, maiss’emploie largement aussi à modifierl’imagefalsifiéeetdéforméequelasociétéa de nous. Nous, Gitans européens,sommes victimes de la croyancegénéralisée que nous serions unecommunauté dangereuse, sans histoireni culture, dont il faudrait se garder pouréviter des mauxirréparables. Les conflits,que nous vivons actuellement danscertains pays de la C.E.E., viennent duretard que nous subissons et qui est dûen grande partie au fait que l’on neconnaît pas véritablement notre peuple.

Ce dossier peut être d’une grande utilitépour nous aider à rendre effectif le droitdes personnes et des peuples à êtrereconnus dans leur image propre. Lalecture de ces pages apportera auxenseignants et aux jeunes desconnaissances utiles et nécessaires pourmieux nous comprendre. Et le débat, qui

ne manquera pas de s’instaurer dans lesclasses, constituera sans doute unnouveau motif de sintéresser à notrecommunauté. Nous en attendons lesmeilleurs résultats.

Nous,Gitans européens, désirons obtenirle respect de la part de la société danslaquelle il nous est donné de vivre. Noussommes convaincus que l’on ne respectepas et que l’on aime moins encore ce quel’on ne connaît pas. A partir demaintenant, ceux qui étudieront cedossier seront mieux à même de nousaider à faire que le droit à être reconnudans son image propre soit aussi un droitpour les Gitans européens.

Note : Le mot “gitan” est spécifique du groupedes Tsiganes espagnols, dont fait partie MonsieurRAMIREZ HEREDIA. Dans le cours du dossier,c’est le mot “tsigane” qui sera employé, termegénérique s’appliquant à l’ensemble des gens duvoyage (cf. fiche no 1).

V.E.A. -TSIGANES 3

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l notionnels

l méthodologiques

il s’agit d’entrer, avec les éleves,dans la réalité du monde tsigane, à

travers :

présenter les gens du voyage,d’hier et d’aujourd’hui :

-histoire- implantations- modes de vie,- traditions,- littérature,- musique, etc.

développer chez les élèves desréflexes de vérification”d’idéesreçues” par :

- l’analyse de documentshistoriques, géographiques,sociologiques ;- la comparaison de documentsde sources diverses ;- la confrontation desreprésentations aux documentset témoignages ;- la réalisation de tableaux,panneaux, cartes, exposessynthétisant la recherche.

rUN TRAVAIL SUR LES REPRiSENTATIONS

Aborder le thème des “Tsiganes” néces-site l’expression des représentations dontles jeunes sont porteurs vis-à-vis de cettepopulation minoritaire.Un questionnaire à réponses ouvertescourtes (voir ci-après) permettra lerecensement des représentations desélèves, ou d‘un public-test choisi par lesélèves (autres élèves, familles . ..).Il s’agit de prendre en compte cesreprésentations pour construire unconcept, aussi objectif que possible, quine se placera pas à côté des idées reçues.Ce travail appelle bien sûr quelquesprécautions si un élève tsigane se trouvedans la classe.Pratiquement/ on veillera à dédramati-ser l’activité d’émergence des représen-tations en la rendant anonyme et collec-tive.

4 V.E.A. - TSIGANES

a ) Chaque élève est invite à remplir lequestionnaire ;

b) Une synthèse des réponses, parthème, sera faite sur une grandefeuille que l’on conservera ;

c) Par équipe, et dans les sourcesdocumentaires traditionnelles(dictionnaires, encyclopédies...), onpartira à la recherche de définitionsdes termes utilisés pour chaquethème ;

d) Cette première approche sera mise«en réserve», l’exploitation dudossier pouvant commencer alors ;

e) Le même questionnaire pourra êtrepropose une nouvelle fois, à l’issuede toutes les activités qui auront étémenées...

Note

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UN TRAVAIL DE DOCUMENTATION

Les élèves seront invités à collectionner tous les documents Qu’ils oourront trouversurlesujet (extraitsdepresse,photos,morceauxchoisis...),chezeuxetautourd’eux.On pourra également conduire unerecherchedocumentaireen B.C.D. (BibliothèqueCentre Documentaire, dans les écoles élementaires) ou au C.D.I. (Centre deDocumentation et d’Information, au collège). Une fiche”Recherche documentaire”est proposée ci-après.

Les documents recueillis seront alors classes selon les thèmes du dossier :

l L’histoiredesTsig :laconstitutiondes groupes, les langues... (fiche 1)l Les rapports à l’espace, - le voyage, lacaravane, le stationnement -, et autemps, œlui qui passe et œlui qu’il fait ;le travail, l’argent, les loisirs... (fiches 2et 3)l Lafamilleetl’organisationdugroupe :les enfants, les anciens, les handicapés ;la naissance, le mariage, la mort, lareligion, les pèlerinages.. . (fiches 4 et 7)l La culture au quotidien : fêtes,rassemblements, musique... (fiches 5 et12)l L’écrit, la littérature tsigane - contes,proverbes, poésies -, mais aussi lesTsiganes dans la littérature. . . (fiches 6,10 et 11)e Tsiganes et non-tsiganes, en Alsace,en Europe : la discrimination, laméfiance, le rejet... (fiches 8 et 13).

UN TRAVAIL D’EXPLOITATIONExploitation, par groupe, et selon les thèmes choisis, des documents destinés auxélèves et proposes dans ce dossier, ainsi que des documents «personnels» recueillislors de la recherche documentaire. Il s’agit :

l de bien lire et comprendre le contenude chaque document, pour en extraireune ou deux idées essentielles, s’il s’agitde textes ;l d’émettre le plus de remarquespossibles à partir de documents nontextuels (par analyse ou comparaison).

Cette phase d’appropriation des documents pourra faire l’objet de synthèsesprésentées sous forme de :

l frises historiques,0 cartes géographiques,. panneaux à afficher,l albums,l exposes, etc.

afin d’obtenir un travail net dans sa forme et rigoureux dans son contenu.Ces travaux seront bien entendu complétés, précises, rectifiés par les enseignants,à partir des informations qui leur sont proposées dans ce dossier.

IPOUR UNE OUVERTURE INTERCULTURELLE

Un rappel des “représentations”, confrontées aux travaux réalises, permettra desensibiliser les élèves aux aspects aléatoires des prises de position que nous sommesamenés à prendre face aux phénomènes marginaux, non conventionnels.

Cette prise de conscience saura, nous en sommes persuadés, contribuer à luttercontre le racisme, la xénophobie et permettre une cohabitation, plus harmonieuse etplus intelligente, de cultures différentes.

V.E.A. -

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Si l’on te dit “TSIGANE”, à quoi penses-tu ? (5 mots)

Connais-tu des TSIGANES 7

Que connais-tu des TSIGANES ?D’où viennent-ils I

Où habitent-ils T

Que font-ils :

Aimerais-tu être TSIGANE I

Pourquoi L

6 V.E.A. -TSIGANES

.

*

.

.

.

. cl Oui

.0 non

.

. 0 Oui

. c l non

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chercheoc entaire

Ce dossier peut s’inscrire dans unedémarche à trois niveaux :

Il n’est évidemment pas question dedemanderauxélèvesde”sedocumentersur les Tsiganes”, sans préalables nidémarche claire et cohérente.On peut alors proposer 4 étapes quipourraient se résumer de la manièresuivant :

QUESTIONNEMENT

CONTRAT DE TRAVAIL

TRAITEMENT DEL’lNFORMATION

RÉALISATIONDE LA PRODUCTION

ET RESTITUTION

1. Faire émerger les représentations, les“idées reçues”, . . . par rapport au mondedes voyageurs : mobiliser les connais-sances, les organiser, se questionner,élaborer une problématique.2. Se documenter dans les lieux deressources disponibles (BCD, CDI, BM,BDP, parents, amis, etc.).3. Compléter, prolonger les donnéesainsi recueillies, à l’aide du présentdossier.Si les niveaux 1 et 3 sont développés parailleurs, il nous paraît utile de préciserquelques points relatifs à la “RECHER-CHE DOCUMENTAIRB”(voir ci-des-sus, page 5).

l s’interroger par rapport à l’objet d’étude. Ici : Les Tsiganes ;l organiser les questions en sous-thèmes (histoire des Tsiganes, mode de vie,

déplacements, loisirs, etc.) en fonction des intérêts et des demandes des enfants.

l rechercher des mots “vedettes” ou mots-clefs qui permettent de rentrer dans lefichier matières ;

l se répartir le travail ;0 chercher les documents (livres, diapos, revues, . ..> adéquats par rapport au thème,

à l’aide du fichier matières ;l chercher grâce aux index, sommaires, tables des matières, titres . . . les passages qui

permettent de répondre aux questions (constitution d’une “feuille de route”) ;0 définir le mode de restitution.

0 Prendre des notes, faire des dessins, croquis, collectionner des diapos etc.Ces éléments seront organisés, classes... échangés entre groupes, selon les SOUS-

thèmes.

* Selon le contrat de travail, chaque groupe présentera, oralement, par écrit,parpanneaux, par montage audio-visuel... le fruit de ses recherches.

V.E.A. -TSIGANES

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LE PREMIER Lorsqu’ils arrivent 3 Paris, le 17 août1427, les Tsiganes, pour le moins, nepassent pas inaperçus. Avec leur teint

VOYAGE noir et leur accoutrement étrange, ilsfascinent plus qu’ils ne font peur. Parceau’ils se disent comtes de la “PetiteEgypte” (Grèce actuelle), on les

surnomme Egyptiens (d’où Gitans en francais, Gitanos en espagnol, Gypsies enanglais). Certains parmi eux ont des lettres de recommandation du roi Sigismondde Bohème. On les appelle Bohèmes, Bohémiens, Boumians... Le terme Tsigane,Ziegeuner en allemand, est à rattacher lui aussi à la Grece, les Athinganos étant unesecte religieuse grecque. Mais toutes ces dénominations renvoient aux pays traversespar les Tsiganes, et non à leur pays d’origine.

VENUS DE L’INDE

ROMS, MANOUCHES,GITANS, YENICHES

8 V.E.A. -TSIGANES

0 faudra attendre 1eXVIUème siècle pourque soit fait le rapprochement entre lalangue parlée par les Tsiganes (leromanès) et les parlers de l’Inde. Enapprofondissant les recherches, ondécouvrira qu’ils auraient quitté le Nord-Duest de l’Inde (Penjab) vers le Xèmesiècle. C’est également l’étude de lalangue qui permit de découvrir leuritinéraire depuis l’Inde, puisqu’ils ontemprunté des mots à tous les paystraversés. Ils séjournent en Perse, enArménie, dans le Caucase, en Grèce,puis en Transylvanie, Hongrie,Roumanie.

Les différents groupes, que nousconnaissons aujourd‘hui en Europe,j’expliquentégalementparl’histoire. LesRoms,fortementimplantésdanslespaysiel’Est,surtoutenHongrieetRoumanie,ne viendront qu’au XIXème siècle enFrance. Leurs femmes portent encore leslongues robes bariolées, héritées de cespays. Les Manouches (ce mot veut direhomme en sanskrit) ou Sinti séjournentkrès longtemps en Alsace, en Allemagne,dans les pays germaniques. Leurtradition musicale connaît deuxtendances différentes : la musiquetsigane traditionnelle, importée deHongrie, et le jazz manouche, à la suitede Django Reinhardt. Les Gitans, quanti eux, ont fait souche en Espagne où ilssont très nombreux encore actuellement,linsi que dans le sud de la France.kIanitasdePlata,leflamenco,lesSaintes-Maries-de-la-Mer évoquent bien cegroupe si chaleureux. Il faudrait ajouter,àcestroisgroupestsiganes,lesYéniches,qui ne sont pas d’origine indienne maisqui ont pris le mode de vie des Tsiganes.Malgré leurs cheveux blonds et leursyeux bleus, on les confond souvent avecles Tsiganes. Leur origine estcontroversée, mais ils sont sans douteoriginaires des pays germaniques etnordiques.

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“LAISSEZ-NOUS SUIVRE NOTRE CHEMIN”Lorsqu’ils arrivent chez nous, au quinzième siecle,

ils n’ont rien de commun avec les Vandales, Huns,Francs, Wisigoths et autres Goths qui quelques siècles

plus t& ont déferlé sur l’Occident. Ils n’ont pas d’armes.Au contraire, ils se coulent dans la vague des pélerins qui

se rendent vers les hauts lieux de la Chrétienté d’alors.Aucune volonté de puissance, aucun désir d’accaparer,

d’occuper, de coloniser le pays. Simplement une demandeanodine : “laissez-nous suivre notre route”. Pourtant peu de

peuples vont susciter un tel rejet, provoquer de telles passions.. .

DE LA SUSPICIONA L’EXCLUSION

EN FRANCE,

EN ALLEMAGNE,EN AUTRICHE,

EN SUISSE.

LA ROUMANIE

L’ESPAGNE,

L’étonnement se changera très vite ensuspicion. Lesdifférentsgouvemementseuropéens n’auront de cesse, des lors,que de venir à bout de cette race. Que cesoit par l’exclusion, le bannissement,comme en France, l’extermination pureet simple dans l’holocauste nazi oul’intégration forcée en Espagne et enHongrie, c’est la même volonté d’en finirqui motive au long des siècles lesdécisions des différents pays :

du XVIème au XIXème siècles, nous necomptons pas moins d‘une vingtained’ordonnances, de décrets, de lois con-cernant les Bohémiens, dont cinq sousLouis XIV, qui par ailleurs donnait àVersailles des fêtes tsiganes où lui-mêmes’habillait en tsigane. Toute cette légi-slation interdit le séjour des Tsiganes surle territoire français, les condamne aubannissement. Les hommes sont en-voyés aux galères, les femmes et lesenfants dans les hospices.

dans les pays nordiques, on suivra lamême politique d’exclusion. Partout ilsseront interdits de séjour, avec, suivantles pays et les époques, un durcissementde cette politique qui va autoriser toutepersonne à tuer les gitans impunément(Allemagne, Suède, Norvège...). On vajusqu’à organiser des battues pour lesexterminer complètement (Pays-Bas,Suisse, Lorraine...). Quand à la périodenazie, on considère que 250 000 à 300 000Tsiganes ont été exterminés (surtout enAllemagne et Autriche). Or il semblebien que cet holocauste-là ait été oubliépar l’histoire. Personne n’en parle.

dèslequatorzièmesiècleetjusqu’en 1856,réduira tous les Tsiganes en esclavage.Les femmes, les hommes, les enfantssont vendus sur la place publique. Onsépare les enfants de leurs parents, lesfemmes de leur mari. Ils deviennentesclaves de l’État et des seigneurs.

plus tard (au XVIIIème siecle) l’Autriche-Hongrie en viennent à proposer dessolutions différentes : l’intégrationforcée. En Espagne comme en Hongrie,on distribue des terres aux Tsiganes.

Personne n’a plus le droit de les appelerGitans mais Nouveaux Castillans,nouveaux Magyars. Les Tsiganes, quanta eux, n’ont plus le droit de voyager, de.fréquenter les foires et les marchés. Illeur est interdit de s’habiller en tsigane,de parler leur langue, de se distinguer enquoi que ce soit des gens du pays. Lesmariages entre deux Tsiganes sontinterdits (Hongrie) et les enfants, desl’âge de quatre ans, sont enlevés à leurfamille pour être places dans des familleshongroises.

L’ENLÈVEMENTDES ENFANTS

pour leur donner une autre éducation,est le vieux rêve de beaucoup degouvernements. En Suisse, jusqu’en1960, une association enlève de force lesenfants aux familles et les enferme dansdes institutions où ils sont coupés del’influence de leurs parents !

Pourquoi une telle opposition, un telrejet ? En quoi nous dérangent-ils ceshommes et ces femmes, ces enfants quine possèdent rien, ne revendiquentaucun pouvoir ? Peur et fascinationd’une liberté vécue jusqu’aux limitesextrêmes, au mépris des valeursbourgeoises qui soutendent notresociété... ?

V.E.A. -TSIGANES 9

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R U S S I E

1 BO#EME

MER NOIRE

I

> PALESTINE

PERSE

PARTIS DE L’INDE...

G

AFGHANISTAN

LL Xe-XXe s.

S I N D

Carte des migrations

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DATES D’APPARITIONDES TSIGANE:

EN EUROPE

Byzance [855?1BohêmeCrèteCorfouSerbiePéloponnèseZagrebBâleTransylvanieMoldavieElbeSaxe, Augsbourg,StrasbourgFrance, SisteronDanemarkBologne, RomeParisPays de GallesBarceloneEcosseRussiePologneSuède

EN 1418,ARRIVÈRENT

A STRASBOURG...“En cette année (1418) arrivèrent àStrasbourg et dans tout le pays lespremiers Tsiganes (“Zuyginer”). Ilsétaient environ 14 000 et disperses ça etlà. Ils disaient devoir vagabonder septans et faire pénitence. Ils venaiéntd’Epire,I’hommedelarueditdePetite-Egypte. Ils avaient de l’argent enabondance, payaient tout, ne firent demal à personne, parcoururent tout lepays. Ces sept ans écoulés, on ne lesrevit plus pendant cinquante ans, maisdepuis lors il y a des chenapans qui ontprétendu être dans le même cas que cestsiganes, mais c’est pure tromperie.”

Specklin (1536-1586)

EN ALSACEon les appellera “Zuginer”, “Zuyginer’ou “Ziginei’, et aussi “Heiden” (c’est-àdire Païens), “Spengler” (ferblantiers)“Romanis”, “Allmanis”.

LOUISPAR LA GRACE DE DIEU

ROI DE FRANCEET DE NAVARRE,

à tous ceux qui ces présentes lettresverront SALUT, quelques soins que lesRois nos prédécesseurs aient pris, pourpurger leur Etat, de vagabonds et gensappelés bohèmes ayant enjoint par leursordonnancesauxprévôtsdesmaréchauxet autres juges d’envoyer les dits bohè-mes aux galères sans autre forme deprocès,Néanmoinsil a étéimpossibledechasser entièrement du Royaume cesvoleurs par la protection qu’ils ont detout temps trouvée, et qu’ils trouventencore journellement auprès des gen-tilshommes et Seigneurs justiciers, quileur donnent retraite dans leurs châ-teaux et maisons,. . .. . .et ce faisant enjoignons à nos baillis,(...) d’arrêter et de faire arrêter tousceux qui s’appellent bohémiens ouégyptiens, leurs femmes, enfants, et leursuite, de faire attacher les hommes à lachaîne des forsats, pour être conduitsdans nos galères et y servir à perpétui-té ; et à l’égard de leurs femmes et filles,ordonnons à nos dits juges de les faireraser la première fois, qu’elles auront ététrouvées menant la vie de bohémiennes,et de faire conduire dans les hôpitauxles plus proches des lieux, les enfantsqui ne seront pas en état dé servir dansnos galères, pour y être nourris et élevéscomme les autres enfants qui y sont en-fermés. Et en cas que les dites femmescontinuent de vaguer et de nuire enBohémiennes, de les faire fustiger etbannir hors du Royaume.. .

=O?C?RE L E S BOHE-ylIENS LEVRS FEMMES,

ET CEVX QV1 LEVR DONNENTRETRAITE.

.EnXcgi/lréact Co+l Sofovarai~ d&zccIr 28. Ao$ 5682.

V.E.A. -TSIGANES 11 I

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NE POSSÉDERAUCUNE TERRE

ET NE PAS VOULOIREN POSSÉDER.. .

LES TSIGANESONT VÉCU L’EUROPE

BIEN AVANT NOUS.

“ON EST BIENEN FRANCE”

12 V.E .A . - TSIGANES

Un peuple qui est en situation deperpétuelle errance pose question à nosesprits habitues à un enracinement dansune terre, un village, une patrie.% aimebien revenir chez soi, la oh l’on a sesattaches, ce que l’on possède, sonenvironnement familier. Qn part le matinau travail, on rentre le soir toujours parla même route. L’itinéraire est tout tracé,il fait partie des habitudes. On n’y penseplus depuis longtemps. Mais que l’onchange de travail ou de lieu d’habitation,et il faut du jour au lendemain imaginerde nouveaux chemins, réinventer lequotidien. Lorsqu’on voyage, c’estchaque jour que l’on doit s’adapter à sanouvelle situation. Il est impossible des’installer dans du provisoire. Le lieuque I’on quitte, on ne le retrouvera peut-être qu’un an plus tard, parfois jamais.Qn est partout chez soi et nulle part chezsoi, ce qui revient au même. Ne posséderaucune terre, et ne pas vouloir enposséder, telle est bien l’originalité d’unpeuple qui plonge ailleurs ses racines.

En fait, le chez soi des Tsiganes, c’est làou se trouvent les caravanes, la famille,les amis. On pourrait dire que leur patriec’est d’abord leur sang. Bien sûr, ils ontune nationalité. Ils sont français; lescousins sont allemands, italiens ouespagnols. Lorsqu’ils se rencontrent, iln’y a pas de problème puisqu’ils parlentla même langue, vivent des mêmescoutumes, s’enracinent dans les mêmestraditions. On se rend visite d’un pays àl’autre.Lesfrontièresn’existentpasdansI’esprit de ce peuple, même s’il y aquelques tracasseries douanières.On saitque de l’autre côté, on se retrouvera chezsoi, dans sa famille, dans sa patrie. LesTsiganes ont vécu L’Europe bien avantnous.De tout temps, les tsiganes ont traversélesfrontièresd’abordparcequelagrandefamille dépasse les limites de nos pays etaussi pour des raisons politiques.Lorsque les lois à leur égard dans unpays devenaient trop tracassières, ilsfuyaient dans un autre.Parfois même, ilsrestaient sur la frontière (en Alsace parexemple) afin, en cas d’alerte, de passerplus rapidement de l’autre côté.

Malgré tout, les Tsiganes français sereconnaissent français et ne voudraientpas être d’une autre nationalité.“On estbien en France“, répètent-ils fréquem-ment. Ils sont même d’une région : l’en-droit où les caravanes s’arrêtent pour lesquatre ou cinq mois d’hiver, quand levoyage devient impossible. Ils se dési-

gnent entre eux par ces contrées ou vil-les : les alsaciens, les parisiens, les gensde Tarbes ou de Forbach... 4 y a de peti-tes différences de mentalité ; on en rira àl’occasion, mais on reste très proche,comme faisant partie de la même fa-mille. On voyagera ensemble dès lesbeaux jours, on se séparera quand lefroid arrivera. Chaque famille regagne-ra alors la ville ou le village où elle al’habitude de passer l’hiver. Les enfantsy fréquenteront l’école. La commune derattachement où l’on vote, où Yon payeles impôts, où l’on a son adresse postale,coïncide habituellement avec ces quar-tiers d’hiver. Ce n’est pas toujours le cascependant. On n’est jamais totalementfixé à un lieu. Il peut arriver, pour uneraison ou une autre, qu’on passe un ouplusieurs hivers ailleurs. De toute ma-nière cette sédentarisation imposée esttoujours subie comme une contrainte.On rêve au printemps, quand les carava-nes reprendront la route... Mais le no-madisme est unmode devie difficile etqui le devient de plus en plus. Un Etatorganisé quadrille son territoire, affectechaque parcelle dans un Plan d’accu-pation des Sols qui ne laisse plus aucuninterstice pour les terrains vagues, leslieuxdestationnement sauvage. CommedisaitunManouchealsacien:“EnFrance,il n’est pas interdit de voyager, il estseulement interdit de stationner !“. LeproblèmequotidiendesGensduVoyage,c’est de pouvoir trouver chaque jour unendroit où s’arrêter. Il faut parfois payertrès cher un pré, un champ, un parking,une place publique, à une commune ouà un particulier. Selon la loi française, lesvoyageurs peuvent arrêter leurs carava-nes, dans chaque commune, au moinspendant quarante-huit heures. Mais lesdélais sont beaucoup trop courts pourêtre réalistes. De telles limites empê-chent tout travail, toute scolarisation desenfants. Et souvent la loi n’est pas res-pectée par les municipalités.

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EN FRANCE,UNE SOLUTION MiDIANE

SÉDENTARISATIONFORCÉE

“A LAND OHNE ZIGINERESCH KE FREIES @ND”

(Roger Siffer)

Entre la Hollande où les Tsiganes sontprisonniers des terrains qu’on aaménagés pour eux, et YItalie où regneencore une grande liberté, la solutionfrançaise apparaît comme une solutionmédiane. Il faut dire que les Tsiganesredoutentetboudentsouventlesterminsréservés aux nomades, que les villesaménagent pour eux. Ils les ressententcomme autant de limites a leurs libertés.“Il paraît que l’on descend des Indiensde l’Inde, disait un Tsigane. Et bien, moije vous dis qu’on descend des Indiensd’Amérique. Eux aussi vivaient commenous. Et maintenant on les a parquésdans des réserves, comme on veut faireavec nous”. Sans compter l’image,toujours présenteà l‘esprit des Tsiganes,des camps de la dernière guerre.

Les difficultés du voyage ont amené lasédentarisation forcée de plus d’un tiersdes Tsiganes de France. Or, dans laplupart des cas, la sédentarisation necorrespond pas à une intégration, mais àune marginalisation plus grande.Paradoxalement, les voyageurs sontmieux intégrés (relations, travail...) queles sédentaires. L’arrêt du voyagecorrespond à une perte de dynamisme,une paupérisation croissante de lafamille qui n’a plus les ressources pourcontinuer le voyage. On assiste alors àune détérioration progressive de leurmode de vie. Les Tsiganes ne font pasexception, mais passent par l’évolutiondifficile de tous les peuples en voie desédentarisation qui sont de par le monde(nomadesduSahara,Touareg,Peulsetc.).Seul le voyage pourrait sans douteredonner à ces familles le dynamismenécessaire pour sortir de leur misère etrepartir d’un nouvel élan.

Un proverbe alsacien dit : “Un pays sansTsiganes n’esf pas un pays libre”. Pourtantles pancartes “Interdit aux nomades”fleurissent encore, etrares sontles jours,dans le monde du voyage, où l’on n’estpas chasse. L’été, lorsque des milliers detouristes accrochent leur caravane, ils nese doutent pas combien cette vie debohème, qu’ils apprécient tant, doit êtreconquise de haute lutte chaque jour partout un peuple. Ceux qui pour quelquessemaines adoptent ce genre de vie, se-ront peut-être les mêmes qui demainchasseront les Gens du Voyage de leursvillages. Pourquoi une telle intolérance,un tel rejet ? La différence fait peur. Sinous savions dépasser cette peur, nous

deviendrions capables de comprendrel’autre et de nous enrichir de nos diffé-rences.

V.E.A. -TSIGANES 13

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EXTRAIT!DE LA CIRCULAIRI

DU 27.06.1 W!CONCERNAN

LE STATIONNEMENDES CARAVANE:

Les caravanes peuver

se garer librement dans les bâtiments <remises, et sur le terrain où est implantéla construction constituant la résidentde l’utilisateur(R 443-13).

stationner même plus de trois mois sules terrains aménagés pour l’accueil decampeurs et des carevanes(R 443-4 a).

stationner en dehors de ces terrainaménagés sur toutes autres parcellcprivées sous les conditions suivante :* accord de la personne ayant la jouis

sance des lieux,0 une durée maximale de trois mois pa

an, consécutifs ou non, car tout stctionnement pendant plus de trois moipar an, consécutifs ou non, d’une carivane ou autocaravane, y est subordonné à l’obtention, par le proprittaire du terrain sur lequel elle est in5tallée, ou par toute personne ayant 1jouissance du terrain, d’une autorisation délivrée par le maire au nom de 1commune ou au nom de 1’Etat selon 1Cas( articles R 443-4 à R 443-5-3),

* une occupation d’une même parce11par 6 caravanes, autocaravanes 01abris de camping au plus.

14 V.E.A. -TSIGANES

LE PLD’OCCUPATION

DES S0l.SP.O.S.

OBJET DU RÈGLEMENT D’URBANISMJ2

Le règlement d’urbanisme définit, en le normalisant, le droit applicable, à lacommune, à la zone ou au terrain.Cedroit n’est pas uniforme; il varie d’une zone à uneautre, car la ville est un milieudifférencié et les sites urbains ou naturels ne peuvent être. soumis aux mêmesdispositions...Mais ce droit est fondamentalement différent suivant qu’il concerne les ZonesUrbaines ou les Zones Naturelles.

LES ZONES URBAINES

Sont les zones bâties ou non bâties, pourvues d’équipe-ments ou susceptibles d’être équipées et bâties dans undélai que la commune a fixé et qu’elle s’engage à respec-ter (3 ans par exemple). Dans les zones urbaines,les ter-rains sont présumés constructibles.Il y a autant de zones urbaines qu’il y a de type d’urba-nisation, actuels ou futurs, à maintenir ou à susciter. Onles appelle UA, UB, UD, UE, etc.

ructibles. On les a classées enL familles.

” Quelles sont lescaractéristiques de

Zones d’urbanisation NA :Yles ne sont pas équipées et;Ont destinées à l’être. Elles

chacune de ces zones?”

wont urbanisées plus tardquand les équipements viendront.

Eones naturelles ordinaires NB :Ce sont des zones de banlieues peu construites et>eu équipées, qui ne sont pas destinées à être très urbanisées.

Cones de richesses économiques ou naturelles NC : Ce sont des zones à protégerle l’urbanisation car elles supportent des richesses à sauvegarder (agriculture, en>remier lieu, mais aussi gisements du sous-sol).

cones de site, de risques ou de nuisances ND : Ce sont aussi des zones à protégerie l’urbanisation, car elles ont une valeur esthétique certaine et constituent un>atrimoine par leur paysage ou leur intérêt écologique (forêt). Ce sont aussi les zonesiangereuses (avalanches) ou soumises à une nuisance.

In brochure de la Sofedir

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“A LANDOHNE ZIGINER

ESCH KEFREIES LAND”

Roger Siffer

Entre VOYAGE.. .

BONJOUR MONSIEUR Bonjour Monsieur le Maire I ILE MAIRE... 1 il est temps de vous décider

On ne peut plus se fairefinissez de nous rejeter

Et dites à vos administrésque nous sommes vous le savez

de la même nationalité

Arrachez vos pancartes“Interdit aux nomades”

Ces terrains de campeursoù les gens viennent en éfé

reçus avec chaleurmais pourquoi nous sont-ils fermés

Vous nous rékroez il est vraiquand nous voulons nous arrêter

lieu de décharge ef bourbier.En nous voyant vous dites

Ils sont sales ef mal habillesBraves gens je vous invite

dans la boue à venir marcherDe vos yeux vous verrez

notre vie que vous ignorezElle n’est pas sans difficultésPourtant Monsieur le Maire

quand nos enfants doivent allerau service militaire

comme par hasard vous les trouvezMais lorsqu’il nous faut stationnersur les places ou près des bosquets

la police vous nous envoyez

Arrachez vos pancarte%ferdit aux nomades”.

Texte d’une chanson de Lik,sinto (manouche) piémontais,

auteur-compositeur-interprète.

I I V.E.A. -TSIGANES 15 I

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1E TEMPSDE VIVRE

PRIVILÉGIERL’AUJOURD’HUI

S’ORGANISERAUTOUR

DU PRÉSENT

VIVREAU RYTHME

DES SAISONS

Dans la langue “roman&s”, un seul etm5me mot désigne à la fois hier et de-main. Nous qui sommes habitués àpenser le temps en trois dimensions- hier,aujourd’hui,demain -,imaginonsun instant un univers mental où seuls se-raient pensables l’aujourd’hui et ce quin’est pas aujourd’hui... En rejetant dansle même flou temporel ce qui est passé etce qui n’est pas encore, le tsigane aprivilégié l’aujourd’hui comme seulmoment important. Cela va nécessaire-ment entraîner des comportements, deshabitudes de vie bien différents desnatres. L’aujourd’hui est donc premier.Cette heure, cette minute sont premi&-res. C’est au fond le seul instant quicompte vraiment.

L’organisation concrète de la vie dugroupe se module autour de l’impor-tance du présent. Sur la place où station-nent les caravanes, les hommes décidentde partir le lendemain. Un, plusieursjours passent, sans que rien ne bouge.On n’a pas changé d’avis : des élémentsnouveaux sont apparus qui retardent lesprojets. Quelqu’un du groupe est à l’hô-pital, ou retenu par une panne de voi-ture. Un autre a une affaire ou des dé-marches administratives en cours. Onattend des cousins qui doivent arriver.Or, il est absolument impensabled’abandonner une famille, même pourquelques jours. Donc on attend, maiscelan’aaucuneimportance,puisque seulle présent compte. Un jour,en unedemi-heure, toutes les caravanes auront dis-parues. Les décisions sont vite prises,vite réalisées, mais tout aussi vite aban-données, remises à plus tard.

Restés très proches de la nature, les Tsi-ganesviventaurythmedessaisons,maisseule la belle saison est v&itablementimportante, parce que c!est le temps duvoyage. L’hiver, quand le vent, la neige,le verglas empêchent tout déplacement,quand les caravanes se serrent, commepour avoir plus chaud, sur des placesréservées aux nomades à la périphériedes villes,les Tsiganes subissent, commeune blessure, cette sédentarisation for-cée, et rêvent aux premiers beaux jours.On ne sait pas si ce sont les images dufutur ou celles du passe qui alimententleurs rêves, tant les deux sont mêléesdans leurs pensees. Comment imaginerl’été qui vient sans qu’apparaissent lesimages des années passées ? Printempset départ coïncident, et lorsque cela ar-rive, c’est tout l’élan vital de ce peuplequi est libéré. Alorsles sédentaires, ceux

qui ont dû abandonner le voyage, fontl’effet d’oiseaux migrateurs auxquels onaurait coupe les ailes à l’heure des Granddesmigrations. Temps du voyage, tempsdelasédentarisation :lesdeuxfacesd’unmode de vie ; et distinction différentesans aucun doute des jalons qui mar-quent l’organisation de .notre année :temps du travail - temps des vacances,puisque la distinction loisirs-travail tra-verse chaque journée des Tsiganes.

i

16 V.E.A. -TSIGANES I I I

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TRAVAILLER POURFAIRE VIVRESA FAMILLE

PERSONNEN’EXIGERA

DAVANTAGE

LE TEMPSAUX LOISIRS

MÊME LE PASSÉFAIT PARTIE

DU PRÉSENT

Certains évoquent volontiers aujourca’htila civilisation des loisirs, comme modèle.de société. Avoir du tempe pour coi, telest bien le désir de la plupart des gensdont la vie est trop souvent accaparéepar le travail. En monde tsigane, le tra-vail et l’argent sont restés à leur justeplace, c’est-a-dire au service de l’homme.On travaille pour faire vivre sa famille,mais on ne cherche pas à posséder tou-jours plus. Si quelques heures de travailsuffisent 21 “faire bouillir la marmite”,pourquoi travailler plus 1 Les métierssont choisis en fonction de cette liberté.D’où la prédilection des tsiganes pourles métiers de commerce (marchés, foi-res, colportage...) ou de l’artisanat (lu-therie, cannage et rempaillage de chai-ses, vannerie...), métiers compatiblesaussiaveclenomadisme. Pourvivreainsi,il ne faut pas toujours courir après denouveaux besoins, mais se contenterd’une vie simple. L’espace limité d’unecaravane empêche d’ailleurs l’accumu-lation de biens inutiles.

Au jour le jour, on se contentera de peu.S’il n’y a que des pommes de terre ou despâtes à manger, personne n’exigera da-vantage. C’est que la journée a été mau-vaise. Mais si le commerce a été bon, si ona biengagné, l’argent sera dépensé pourle plaisir de tous. Au lieu de mettre del’argent de côté pour les jours difficilesou d‘essayer de se constituer un capitalen travaillant toujours plus, on organise-ra une grande fête pour tous les amis, etl’argent sera dépense en une seule soi-rée. Celui qui agirait autrement seraitvite accuse d’avarice. De la même ma-nière, les enfants qui ont un peu d’argentde poche se doivent de le dépenser avecles copains, sinon ils risquent de se cou-per très vite du groupe.

Une telle vie laisse beaucoup de tempsaux loisirs. On travaille quelques heures,avant midi le plus souvent. L’après-midi,les longues soirées, c’est du temps poursoi, pour sa famille, pour ses amis. Onallumera un feu, un de ces innombrablesfeux qui illuminent les campements detous les nomades de la terre, et pendantde longues heures on discutera, onracontera des histoires, on fera de lamusique, on prendra le temps de vivre.Temps primordial où se refait lacohésion du groupe, la conscienced’appartenir au même peuple.

C‘est aupres du feu que les anciens ra-content les histoires d’autrefois. C’estpar eux, par leur parole, que le passe,tout le passe de leurs familles, de leur

peuple, devient présent. Dans une civili-sation orale, comme celle des tsiganes, laparole est beaucoup plus ‘importanteque l’écrit. Les livres n’existent pas ; ons’en méfie. Ils peuvent être dangereux,puisqu’ils racontent des histoires diffé-rentesdecellesdelatraditionorale.Tousles livres qui ont été écrits sur l’histoiredes Tsiganes l’ont été par des”gadj6”(non-tsiganes). Or il faut bien constaterque la plupart du temps, ils témoignentd’un parti pris contre les Tsiganes. L’his-toire des Tsiganes n’intéresse pas lesTsiganes. La tradition orale, celle quiapparaît dans la parole des anciens, neremontequ’à quelquesgénérations. Maisc’est leur histoire saisie de l’intérieur,histoire dont ils sont fiers. Les anciensont une place primordiale puisque leurparole témoigne de toute la sagesse d’unpeuple, qui s’est transmise de père enfils, depuis des générations.

V.E.A. -TSIGANES 17

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D”ITALIE EN FRANCE...UN MANOUCHE

RACONTESES SOUVENIRS

Avec les ZIEGLER et les WEISS, nousétionscinqfamillesstationnéesprèsd’unchamp de maïs (...)Mais un beau jour, les autorites nous ontprévenus que nous serions bientôt ex-pulsésd’Italie, vers le paysdenotre choix.C’est avec regret que l’on a appris lanouvelle car on était très bien la. Les«gadjé» travaillaient avec nos chevauxdans les champs. Ils nous donnaient enéchange des pommes de terre, des chouxet un peu d’argent.La consigne était la même pour tous lesManouches entrés en Italie. La plupartétaient Français ou nés en France (...)Alors, les Ndanouches qui n’avaient rienà se reprocher ont dit qu’ils voulaientretourner en France. D’autres ont choisil’Afrique, l’Espagne, le Portugal, I’Alle-magne, la Belgique, la Suisse, malheu-reux de se disperser vers des pays loin-tains, où il arrivait qu’on ne voulait pasles admettre, tant qu’ils n’avaient pasmontré la preuve de leur nationalité. Ilsfinissaient pas venir en France, terreaccueillante entre toutes (...)

J’ai noté tout œla sur le témoignage de mes parents au cours de leurs longuesrandonnées sur les routes de France, d’après les traditions de leurs Anciens dont ilsavaient gardé les mœurs primitives. Tout cela était pour moi une sourced’informations pleines d’intérêt que je gravais dans ma mémoire.

Extraits de «Où vas-tu Manouche ?>P de Joseph DOERR, dit Coucou, 1982

TRAVAIL18 V.E.A. -TSIGANES

ET LOISIR

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DE LA ROULOTTE.. .

Comme les Manouches ont vécu princi-palement du travail de spectacle jus-qu’en 1924, c’est peu après qu’ils ontacheté des camions et des conduites inté-rieures. Ils ont ainsi fait un nouveau pasvers l’évolution des temps ; mais cela nes’est pas fait tout seul. Il leur a fallutransformer les carrosseries de leurs

r roulottes pour en faire des châssis decamions. Entraînés par l’émulation, ilsont bientôt eu chacun leur voiture auto-mobile. Mais de nouveaux problèmes sesont poses pour eux. Il leur a fallu payerdes impôts pour avoir le permis de con-duireetlacartegrise,pourpouvoirroulerà l’essence. Qu’ils fussent artisans oucommerçants, ils sont devenus contri-buables comme tout le monde, mais leurbudget s’est trouvé bien inférieur auxdépenses occasionnées par ce change-ment de vie, d’autant plus qu’ils se sontpiqués au jeu en voulant faire de la vi-tesse, fiers qu’ils étaient de tenir un vo-lant.

L’apparitiondel’automobileaboulever-sé la manière de vivre des Manouches. Ilnous a fallu abandonner nos circuits àtravers la campagne, d’autant plus quele cinéma officiel a commencé à envahirles villages. Nous avons dû laisser nosrandonnées au cœur de la nature ai-mante, où malgré notre pauvreté, toutnous tombait pour ainsi dire du ciel.

Coucou JIOERR

* I a A IA CARAVANE

V&A. -TSIGANES 19

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NE PLACEPOUR

CHACUNLES ENFANTS

LES HOMMES ET LES FEMMES

20 V.E.A. -TSIGANES

Entre la famille restreinte (10 caravanes)et les grands rassemblements religieux(plus de mille caravanes), l’organisationconcrete des groupes ne change guère.On se rassemble, on se sépare en fonc-tion des circonstances, des impératifs dela vie, mais on retrouve partout lesmêmes structures sociales et familia-les.

Enfant ou adulte, homme ou femme,chacun a sa place dans le monde tsigane.Au milieu des caravanes, les enfantsjouent ensemble, les filles d’un c&é, lesgarçons de l’autre. Les jeunes, les hom-mes mariés, les femmes mariées, lesanciens,touss’int&grentdansleurgrouperespectif, en dépendent totalement,n’existent que par lui. 11 est bien difficile,voire impossible de suivre un cheminoriginal et personnel. C’est le groupequi est premier, qui détermine la façonde penser et d’agir de chacun. Dans untel monde, il y a peu de place pour lasolitude, puisque le fait d’être seul re-viendrait à se mettre en marge. Au con-traire, qu’on soit enfant, jeune ou adulte,on est pris dans un réseau de relations,de contraintes et d’obligations qui resi-tue constamment l’individu au centredu groupe.s’il n’y a aucune honte a parler des sujetsles plus personnels à l’intérieur d’unsous-groupe - les enfants entre eux, lesadolescents, les femmes mariées, etc. -toute parole est ressentie comme incon-venante d‘un sous-groupe à un autresous-groupe. Un jeune aura honte deparler devant son père, devant un an-cien, devant une femme. Se serait leurmanquer de respect. En fait, la honten’est que l’autre face du respect. Unproverbe manouche dit: “Quand lahonte disparaîtra, il n’y aura plus demanouches”. Manquer de respect à unancien, en lui disant des paroles incon-venantes, voilà qui risque de remettre encause la cohésion du groupe. Si un en-fant manque de respect envers un adulte,celui-ci ira trouver le père de l’enfant etc’est lui qui réprimandera son fils. S’il nelefaitpas,ilsetrouvera enconflitenverscelui qui est venu le trouver en toutebonne foi. Mais personne n’a jamais ledroit de corriger les enfants des autres.Les enfants sont très aimés ; ils sont desrois. Mais ils savent les limites de leurliberté et ne risqueront pas de perdreleur place privilégike au cœur de lafamille.

L’organisation concrete de la vie, l’itiné-raire du voyage, la recherche de terrainspour stationner, les contacts avec lesmairies, l’installation de l’eau, de l’élec-tricité, des poubelles, etc. tout cela est

sous la responsabilité des hommes dequarante à cinquante ans. Chaquedéci-sion à prendre pour l’ensemble des cara-vanes fait l’objet d’une réunion où ilsdonnent leur avis. On ne prend de déci-sion que si tout le monde est d’accord.Il n’y a pas de chef, ni de roi (contraire-ment à ce qu’on peut lire dans lesjournaux); c’est le consensus qui faitloi. D’ailleurs un homme qui voudraitse mettre en avant, prendre les décisionsà la place des autres, serait tout de suiteremis’ à sa place. Nous avons donc af-faire à un mode de gouvernement dé-mocratique où jamais la liberté n’estaliénée entre les mains d’un chef. Pour-tant la cohésion du groupe est remar-quable.Comme dans bien des sociétés tradi-tionnelles, la femme, chez les Tsiganes,joue un rôle de première importance,même si très souvent les apparencessemblent démontrer le contraire. En ef-fet, dans ce monde patriarcal, l’hommesemble occuper toute la place - ce sontles hommes qui décident, organisent,commandent - reléguant les femmesdans l’oubli des besognes ménagères.En fait, les femmes exercent une in-fluence discrète mais de premier ordre.Ce sont elles les gardiennes du foyer,elles sur qui reposent la cohésion de lafamille, l’éducation des enfants ; ceux-ciportent le nom de leur mère. Dans biendes cas, elles influencent ou sont à l’ori-gine des décisions prises parles hommes.Et que dire de la place de la grand-mère ? Toute la vie du groupe passerapar elle, plus encore que par son mari.La société tsigane semble faire peu deplace à la femme. Mais en regardant deplus près, des situations concrètes fe-raient presque penser au matriarcat decertaines sociétés nomades, comme lesTouareg par exemple...

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LES ANCIENS Les Tsiganes sont souvent scandalisesde voir le sort que les “gadj4” réserventB leurs vieux : ils les mettent dans deshospices, les abandonnent entre desmains étrangères, les réduisent à l’inuti-lité la plus totale. Dans les famillesmanouches, non seulement les anciensne sont pas relégués en marge de la viedu groupe, mais ils y jouent un r81e detout premier plan. Ce sont eux les dé-tenteurs de la sagesse, de la mémoirecollective, eux qui connaissent et rév&-lent la tradition orale. Aucune décisionimportante ne sera prise sansleuravis. Ilne s’agit plus, bien sûr, des décisionsconcernant l’organisation concrète de lavie, mais celles qui engagent l’avenirdes tsiganes : un changement dans les

i habitudes, dans le mode de vie, dans latradition. Face aux adaptations néces-

1 saires à la société environnante, il fautque le groupe veille à préserver sa cul-

~turc originale. Seuls les anciens, à causede leur longue expérience, peuvent direla parole juste, celle qui ira dans le sensde la logique de leur vie, afin d’éviterque l’équilibre soit mis en péril par unemauvaise décision. Alors, en toute occa-sion, on les écoutera et on leur fera plai-sir par des petites gentillesses. Le jour deleur anniversaire, des centaines de per-sonnes viendront partager leur joie. Et lesoir, autour du feu, les enfants écoute-ront les histoires qui viennent de si loin,qui font peur parfois, mais qui témoi-gnent de toute la vie de leur peuple.C’est chaque jour qu’il faut refaire lacohesion du groupe, face aux menacesde toutes sortes qui la guettent. Lors-qu’un différent apparaît entre deuxpersonnes, entre deux familles, c’estencore aux anciens qu’on fera appelpour que cela ne dégénère pas en ba-garre. Si1 n‘y a pas d’autre solution, lesfamilles se sépareront. “Éloignez vostentes, rapprochez vos cœurs” disent lesTouareg, autre peuple nomade vivantde la même sagesse. Le temps arrangebienles choses. Parfoisle comportementd’un homme, d’une femme, d’un jeune,risque de mettre en danger tout legroupe. Là encore les chefs de famille etles anciens iront leur parler pour qu’ilschangent de conduite. Au cas où ils refu-seraient de revenir à de meilleurs senti-ments, ils risqueraient le bannissement.L’on mesure toute l’importance de lasolidarité à l’intérieur du groupe, dèslors qu’une famille est dans le malheur.Tout le monde est atteint par le malheurdes autres, par une caravane qui brûle,la maladie, le décès d’un membre dugroupe. Qn fera rapidement une quêtepour pallier les problemes materiels,mais surtout on resserrera les liensfraternels, on soutiendra la famille, on

ne la laissera jamais seule. Un malade àl’hapital verra passer à son chevet tout legroupe. On lui apportera à manger 3chaque repas ; on fera tout ce qu’il estpossible de faire pour qu’il ne manquede rien et guérisse rapidement.

LES HANDICAPÉSLes handicapés, les aveugles ont uneplace tout à .fait privilégiée au sein dugroupe. Loin de les abandonner dansune structure spécialisée, on s’en occu-pera avec beaucoup d’attention et beau-coup d’amour. L’enfant handicape estencore plus aimé, plus choyé que lesautres enfants. Il ne viendrait jamais àl’esprit de se moquer de lui. Mais sou-vent, les parents doivent lutter contre lasociété des “gadjé” qui, obéissant à uneautre logique, s’empresse de retirer lesenfants de la famille pour les placer dansdes établissements spécialises où “ilsseront mieux”. Régulièrement les Tsiga-nes doivent faire face à de tels problè-mes. Quand deux logiques opposéess’affrontent, il est parfois impossible deréconcilier les points de vue : alors laseule arme qui reste aux Tsiganes estd’accrocher la caravane et de partir versd’autres cieux.

V.E.A. -TSIGANES 21

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SEUL. *.

photo CRDP d e R o u e n

22 V.E.A. -TSIGANES

ou AU SEIN DU GROUPE FAMILIAL ?

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UNE FAMILLEEN MiTRESSE

Au cours de l’été 1988, une décision dutribunal va venir bouleverser la vie d’unepaisible famille tsigane. Cela se passedans une petite ville du nord de l’Al-sace, où la famille habite depuis plu-sieurs années un appartement pauvremais remarquablement entretenu. Deuxenfants aveugles sont nés et ont grandiau sein de ce foyer, entourés de toute latendresse de leurs parents et frères etsœurs, car en monde manouche, leshandicapés sont tres choyés et aimés. Aumoment des faits, les deux enfants ontrespectivement sept et neuf ans. Ils nefréquentent pas l’école, ni un établisse-ment spécialisé pour aveugles, non àcause de la négligence des parents, maissimplement parce que ceux-ci veulentprotéger leurs enfants si fragiles contreun univers bien difficile pour eux, où ilsseraient privés de la chaleur familiale.Un directeur d’école croit bon de signa-ler au juge que ces deux enfants ne sontpas scolarises. Sans parler aux parents, àl’assistante sociale ou toute autre per-sonne connaissant la famille, le jugeprend sa décision : retirer les enfants à lafamille pour les placer dans un établisse-ment spécialisé. Comprenez l’émoi des

parents lorsque les gendarmes se pr6-sentent à leur porte. Une seule solution :la fuite. Alors pendant plusieurs semai-nes, la famille va errer dans les forêts,déjouant les recherches. La situation estdramatique, mais toute la famille l’ac-cepte pour ne pas &re séparée des deuxpetits. Émues par le sort de cette famille,plusieurs personnes vont intervenir au-près du juge des enfants qui, deux moisplus tard, revient sur sa décision. Mieux,et par décision du juge, une enseignantedu Centre Braille intervient maintenantdirectement au domicile des deux aveu-gles pour dispenser un enseignementspécifique. Le cauchemar est fini. Un telfait met en évidence deux modèles desociétés qui ont bien du mal à coordon-ner leurs pratiques.

V.E .A . 1 TSIGANES 2 3

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UNPEUPLE

E NFÊTE

LE FEU -ROI

LE PLAISIRD ’ Ê T R E

ENSEMBLE

TOUT ESTPRÉTEXTE

A LA FÊTE

2 4 V.E.A. - TSffiANES

“Connais-tu le roi des Tsiganes 7”L’homme qui me pose la question, l’airmalicieux, me montre un feu au milieudes caravanes. ‘“Tu vois, il suffit d’allu-mer un tout petit feu et les gens serassemblent, attirés comme malgré eux.Noussommesbienautourd’unfeu.C’estlui qui fait Yunité entre nous, qui assistea nos querelles, a nos réconciliations.C’est lui la lumière et la chaleur de noslongues soirées, lui qui anime nos fêtes.C’est vraiment lui notre roi ; nous n’envoulons pas d’autre. Quand on regardele feu, on oublie tous ses soucis, et lesimages viennent, merveilleuses ; imagesdu passé, images d’instants de bonheurqu’on a vécus ou qu’on voudrait vivre”Les marnes paroles auraient pu naîtresur les levres d’un Targui ou d’un Peul,tellement tous les nomades de la terre seressemblent. Là où il y a un campement,on découvre un feu. On y passe desheures attachantes où l’amitié, le par-tage, l’hospitalité, la fête nous ouvrent àl’intimitéd’unpeuple,àcequ’iladeplusprécieux.

Le monde tsigane, constamment mena-cé dans son intégrité par les sociétésdans lesquelles il est amené à vivre, abesoin de ces temps forts où se refait lacohésion du groupe, où l’on ne chercheque le plaisir d’être ensemble, de parler,de rire, d’écouter ou de jouer de la musi-que ensemble. Cela fait partie de la vietsigane. Même si parfois le feu est rem-placé par une salle de restaurant, cesrassemblements spontanés sont essen-tiels, indispensables. Sans eux, le groupese désagregerait, partirait en lambeaux.La télévision, quoiqu’on dise, reste se-condaire, juste pour meubler les heuresd’ennui où rien ne se passe. Le reste dutemps, on privilégiera, au film sur lepetit écran, la longue veillée ensemble.Mais que sera l’évolution ? En ce do-maine, nul ne peut le prédire.

Dans ce mode de vie, où une place im-portante est faite aux loisirs, tout estprétexte à la fête : un anniversaire, unefête religieuse ou profane, un baptême,une communion, un pèlerinage... Etcomme ce sont cinquante à cent famillesquivoyagentensemble,lesoccasionssonttrès nombreuses. Faire la fête, c’estd’abord rassembler le maximum demonde. Il va sans dire que tous les Tsiga-nes sont invités. Et eux, pour qui l’hospi-talité est une valeur fondamentale, sescandalisent de la mesquinerie et l’ava-rice des “gadjé” dans l’organisation defestivitésfamilialesouamicales.Unefêtese prépare. Plusieurs jours auparavant,

les hommes auront fait les préparatifs :trouver une tente ou une salle en cas depluie, faire les achats, prévoir des musi-ciens.,. Les femmes s’affairent pour pré-parer la nourriture : salades nombreuseset grillades le plus souvent, tartes etgâteaux en abondance. Certaines fêtesdurentunapres-midi,maislaplupartdutemps plusieurs jours. On mange, onboit, on discute, on écoute l’orchestre, ondanse ; on est heureux d’être ensemble.Les nuits sont courtes et les levers diffici-les, mais personne ne se plaint puisquec’est la fête.

ANNIVERSAIREL’anniversaire ne sera jamais oublié, pourun petit enfant, comme pour un hommed’âge mur. Mais plus la personne est

-sage et respectée, plus on la fêtera. Tousles membres du groupe passeront au-pres d’elle pour lui apporter leurs ca-deaux -le plus souvent une bouteilledécorée de quelques fleurs -, et lui sou-haiter leurs meilleurs vœux pour ce jouret les jours à venir. Les cadeaux vien-dront s’entasser sur une table à la vue detous. Ce jour-là, la personne fêtée seraroi ; on accédera à ses moindres désirs.Car la fête,dans son abondance, sa somp-tuosité, est l’envers nécessaire d’une viemalgré tout bien rude. On oublie, dans lafête, bien des heures difficiles.

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UNE MUSIQUEINCARNÉE

MÉLODIESET RYTHMESEMPRUNTÉS

DE LANOSTALGIE

AL’EXUBÉRANCE

LE

Aussi loin que l’on puisse remonter dansle passé, l’image du Tsigane musicienest présente dans les textes et dausl’imaginaire. De la musique tsiganehongroise au jazz de Django Reinhardt,du flamenco aux choeurs russes, desczardas aux danses roumaines, quellevariétk et quelle creation étonnantes !Pourtant, malgré la diversité des styleset des instruments, on perçoit partout lamême sensibilité tr&sprofonde,la mêmenostalgie. C’est une musique qui parleau cœur, une musique intensément in-carnée dans la vie de ce peuple, dans sessouffrances, dans ses errances séculai-res.

La musique des Tsiganes pose question.Comme ils ont glané des mots dans tousles pays traverses, les Tsiganes ontemprunté des mélodies, des rythmes...Liszt a écrit qu’il n’y aurait sans doutejamais eu de musique tsigane sans lesHongrois, et jamais de musique hon-groise sans les Tsiganes.. . On pourraiten dire autant du flamenco par rapportà l’Espagne, de la rencontre hier deDjango Reinhardt avec le jazz ameri-tain, de la rencontre aujourd’hui desmusiciens manouches et des rythmesbossanova.Maiscelan’estpasfortuit,siles Tsiganesont laissé le plus souvent decôté la musique des pays nantis, pours’attacher à l’expression de peuplespersécutes. Alors, avec leurs violons etleurs guitares, ils ont crée un universmusical étonnant, d’une sensibilité quin’appartient qu’à eux.

Lorsque l’on écoute un morceau demusique tsigane, un czardas ou un chœurrom par exemple, ce qui étonne d’abord,c’est la facilité avec laquelle les musi-ciens et les chanteurs passent d‘uneexpression de profonde nostalgie à l’exu-bérance extrême. Par le jeu des rythmessuccessifs, les musiciens nous font ac-céder de la tristesse à la joie débor-dante, et cela avec la plus grande liberté.Faut-il chercher là les accents d’une vieballottée au gré du hasard, plongeantdans les nuits les plus sombres ou dan-sant dans l’exultation de la fête ? Tousles sentiments peuvent s’exprimer parlamusique, bien mieux qu’avec des mots,et les Tsiganes ont ce don peu communde faire accéder, avec leurs instruments,aux réalités les plus profondes et lesplus fondamentales.

Les musiciens tsiganes s’exprimerontd’autant mieux que la structure danslaquelle ils entrent laisse la place a une

grande liberté. Ainsi en est-il du jazz.Sur une suite d’accords qui se répètent,le soliste improvise, laisse courir sonimagination musicale par des cheminsinsoupçonnés. La répétition des accordslui sert de points de repere et il s’aven-ture toujours’plus loin, la où sa sensibi-lité l’entraîne. C’est sans doute pour celaque cette musique nous atteint au plusprofond de nous-mêmes.

ET LA DANSE

La danse fait souvent partie intégrantede la musique - chants et danses deRoumanie, de Hongrie, des Balkans... -et vient ajouter un plus à une expressionmusicale déjà si riche. Il est bien difficilede séparer la musique de la danse. On lesretrouve toutes deux dans les fêtes, oùelles atteignent leur paroxisme. C’estdans le peuple tsigane, dans lesrassemblements de ce peuple, qu’il fautvivre la musique et la danse tsiganes.C’est là sans doute qu’on en saisira toutela signification.

V.E.A. -TSIGANES 2 5

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FÊTED’HIEI

Musique e t danse awSAINTES-MARIES-DE-LA-MER

BIRELI LAGRÉNÉen a7ncert

26 V.E.A. -TSIGANES

ElD’AUJOURD’HU

Ine halte de bohémiens dam les Vosges

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‘i:b$?\, a*s\ : : , G $ *i l e s années\P*‘ ‘“,F,:t lgfj5-1975, le &bri&i’<$ *;:;;,

,/‘, h

>,,:, gitan Manitas de Plata,‘i‘ C‘ - de son vrai nom Do-

minique B a l i a r d o -associé à son cousin le

chanteur José Reyes, fitconnaître le son des guitaresde Camargue autour dumonde, du Carnegle Hall deNew-York au Royal AlbertHall de Londres.

Vingt ans plus tard, les filsde José : André et Nicolas, avecleur beau-frère Chico, ont ap-pelé au sein des Gipsy Ringsleurs cousins, les neveux deManitas: Diego, Tonino et Pa-CO Baliardo. Ensemble, depuis1988, ils sont devenus lesseules s tars internationles« made in France D.

Affranchis des règlesstrictes du Flamenco (qu’ilssavent interpréter commeleurs-cousins d’Eso.agnej, lesGipsy KïngsaoK?ënt leur suc-cès mondial à l’énergie conte-nue dans leur musique: desrythmiques venues du flamen-co, du rock aussi bien que de lasalsa s’y mêlent pour donnerune couleur parfaitement ori-ginale qui traduit, mieux queles mots, sentiments et émo-tions retrouvés.

s Mosaïque 3, leur dernier al-bum, montre l’étendue de leurspossibilités, la variété de leurinspiration, la permanence deleur fabuleux a Gypsy touch n.

GIPSYKINGS

LES SEULES STARSINTERNATIONALES

“MADE IN FRANCE” !

UNE CHANSONDES GIPSY KINGS

PENA PENITA lEra un vagabundo y era un gitano...

Yo le he visto llorar me hi zodano ver llorar.Era un vagabundo y era un gitano...

Lloraba !.. Pena penita !

QUE J’AI DE LA PEINE !C‘était un vagabond et c’était un gitan...

Moi je l’ai vu pleurer et ça m’a fait mal de voir pleurer cet homme.C’était un vagabond et c’était un gitan.,.

Il pleurait !... Que j’ai de peine !

V.E.A. -TSIGANES 27

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DE L’IMPORTANCEDE LA PAROLE

CONTES,POÈMES,

PROVERBES

E TL’ECRIT ?

m LA VÉRITENE SE QIT BIEN

QU’EN ROMANÈS”

28 V.E.A. -TSIGANES

Ferpkuatit un long pas& de traditionorale, les Tsiganes âcmrdent une grandeimportance 2i la parole. Tout se dit, toutse discute dans le monde du voyage. Etsi aucun chef ne peut jamais prendre dedécision à Ia place de tous, les hommesqui assument les responsabilitbs nepourront le faire qu’avec l’avis de tous.Toute opinion, toute idée nouvelle estpasséeaucribledelacritiqueavantd’êtreadoptée, ce qui explique la cohérence etl’unanimité de la pensée qui nous éton-nent toujours lorsque nous abordons ungroupe tsigane.

La tradition orale, hérit& d’une longuehistoire, continue d’évoluer en fonctiondes contingencesactuelles. Elle n’est pasfigée. Il ne faut pas rêver d’une race etd’une culture tsiganes pures quiviendraient directement de l’Inde. Lepeuple tsigane s’est fait tout aulong duchemin qui l’a conduit jusqu’à nous, etcontinue à se faire aujourd’hui. Latradition orale, c’eskà-dire la parole d’unpeuple qui se transmet de père en fils, ouplutôt des générations passées auxgénérations futures, est faite de contes,de po+mes, de musiques, de proverbesqui nous font entrer dans un mode depen&ebienparticulier,propreaumondedu voyage. Nous essaierons ici d’écouterces paroles, révélatrices d’une cultureprofondément originale. Rappelons icicette parole de Jaurès qui s’accorde sibien avec le monde tsigane : %tre fidèle,c’est transmettre du foyer des ancêtresnon la cendre mais la flamme”.

L’importance de l’orah+& ia quasi ab-sence de l’écrit posent question. Tous leslivres, ou presque, qui parlent des Tsiga-nes, ont été écrits par des “gadjé” et trèssouventen oppositionauxTsiganes. (Cf.fiche sur la littérature). Ces textes ontcolporté de grossières erreurs dans les-quelles ceux-ci ont bien du mal de sereconnaître. Depuis les temps ancestraux,une méfiance se manifeste donc à l’en-contre de tout livre, tout écrit qui sontressentis comme dangereux pour l’en-semble du peuple tsigane. N’est-ce pas àpartir d’études approfondies sur cepeuple et celui des Juifs que fut élaboréet mis en place l’holocauste de la der-nière guerre ? Un proverbe tsigane dit :YMéfie-toi du “gadjo” qui vient chez toi.Il a quelque chose derrière la tête”. Qns’en méfiera davantage encore s’il sepermet d’écrire.

La langue “romanès” est tenue secrète.Elle ne peut se révéler. Un “gadjo” quivoudrait apprendre la langue seraitsuspecté aussitôt. Comme c’est par elle

que se véhicule toute la tradition orale,celle-ci est souvent inaccessible au non-Tsigane. Un autre proverbe dit : “Lavérité ne se dit bien qu’en romanès”.Cela ‘revient à dire qu’au “gadjo” onpeut mentir, s’jl se permet de poser desquestions trop indiscrètes.On comprend dès lors que l’école puisseapparaître a bien des Tsiganes commedangereuse. On lui demande d’appren-dre à lire et B écrire aux enfants, maiscertainement pas d’aller au-delà. L’écoledispense la culture des “gadjé” et noncelle des Tsiganes. Elle risque de mettredans la tête des enfants bien des idéescontraires a la tradition orale et au modede pensée tsiganes. C’est comme si ondemandait aux “Français” de mettreleurs enfants dans une école tsigane,arabe ou russe... !Sans doute manifeste-raient-ils quelques oppositions...

POURTANT,AUJOURD’HUI,DES TSIGANES

ÉCRIVENT...Pourtant I’époque actuelle est charnièrepuisque les premiers livres tsiganes sontparus. En Hongrie, en Espagne, enFrance, des Tsiganes écrivent. Ce n’estpas encore entré dans les moeurs, maisc’est là sans doute le signe d’uneévolution irréversible.

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QUELQUESPROVERBES

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LEDERNIER

DIMANCHE

‘Nous ne voulons qu’une chose : lais-sez-nous suivre notre route” (proverbemanouche)

“Les montagnes ne bougent pas, maisles Tsiganes bougent“ (proverbe rom)

“Un Tsigane sans chevaux n’est plus unTsigane” (Hongrie)

“Qui voyage beaucoup, apprend beau-coup” (proverbe rom)

“Avec un seul derriere, on ne peuts’asseoir sur deux chevaux” (proverberom)

“Ne te gratte pas où cela ne te dérangepas” (proverbe rom)

“L’herbe plie sous le vent. Elle tientencore quand le vent est passe” (devisetsigane)

“Le feudesTsiganes ne s’éteindra jamais”(proverbe manouche)

‘Tourl’hommeassoiffé,unegoutted’eauest comme un lac” (proverbe rom)

Zorsque l’on retrouve le goût du pain,on a la joie dans le coeur” (proverbemanouche)

“Avant que ne vienne la haine et la ba-garre, accroche ta caravane et part”(proverbe manouche)

“La vérité ne se dit bien qu’en romanès”(Espagne)

C’était le dernier dimancheOù fai joué pour toi

Où fai chanté pour toiLa dernière fois

Cétait le dernier dimancheOù j’ai chanté pour toi

Où fai joué pour toiLe dernier dimanche

Voici maintenant le tempsOù nous quittons le pays

Avec notre roulotte, notre chevalMais toi tu n’es pas là

Qu’avons-nous besoin d’argent ?Qu’avons-nous besoin d’or ?

Notre richesse c’est notre roulotte, notre cheval.MaLs tu n’es plus là.

SCHIWCKENACK,auteur-compositeur manouche allemand

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