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1 Service du volontariat international de l’Église en France – Association reconnue d’utilité publique 106, rue du Bac cs 80704 75345 PARIS cedex 07 Tél. : +33 (0)1 45 65 96 65 Fax : +33 (0)1 45 81 30 81 Mél. : [email protected] www.ladcc.org Assemblée générale du 7 avril 2018 Rapport moral présenté par Arnoult Boissau, président, au nom du Conseil d’administration. « En demandant au Seigneur de vous aider à servir la culture de la rencontre au sein de l’unique famille humaine, je vous donne la bénédiction apostolique, ainsi qu’à tous les membres de la Délégation Catholique pour la Coopération » Pape François, Audience privée pour les membres de la DCC, Vatican, 25 février 2017. A observer le monde, nous pourrions être incités à nous demander ce qui fonctionne correctement. De retour d'une mission en Centrafrique avec notre Vice-Président et évêque accompagnateur Mgr Papin qui y avait effectué son volontariat il y a 50 ans, je pourrais être tenté d'appliquer ce constat à la situation et aux épreuves que traversent ce pays depuis de nombreuses années. Pour les populations locales et toutes celles et tous ceux (dont de nombreux anciens volontaires) qui ont consacré une partie de leur vie à faire avancer le "développement" dans ces territoires, il peut être décourageant d'observer que c'est parfois une forme de régression qui prévaut; dans des domaines aussi essentiels que l'éducation et la santé, pour ne citer qu'eux. Dans cette traversée du "tunnel", il reste des hommes et des femmes qui ne baissent pas les bras et qui avancent, malgré l'adversité ambiante. Un exemple : celui de trois responsables religieux de ce petit pays de 4,5 millions d'habitants que l'on surnomme : "le pays qui n'existait pas" i . Ainsi Mgr Dieudonné Nzapalainga (archevêque de Bangui), l'Imam layama et le pasteur protestant Nicolas GUEREKOYAME sont à l'origine d'une plateforme interreligieuse qui tente de réconcilier les communautés en Centrafrique. C'est dans ce contexte que la DCC a maintenu le dialogue avec ses partenaires durant toute la période de guerre et de soulèvements, et que depuis 18 mois, elle a été en mesure de mettre à disposition 11 volontaires au service de diocèses qui œuvrent au maintien d'une cohésion sociale. Petite goutte d'eau dans l'immensité des besoins ? Certes… mais qui a une force symbolique certaine, faisant espérer que la sortie du tunnel est possible. Arnoult Boissau

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Page 1: Assemblée générale du 7 avril 2018 Rapport moral - La DCCladcc.org/wp-content/uploads/2018/04/Rapport-moral-2017.pdf · 2018. 4. 19. · 4 3. 50 ans de bénévolat… Une vie associative

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Service du volontariat international de l’Église en France – Association reconnue d’utilité publique 106, rue du Bac – cs 80704 – 75345 PARIS cedex 07

Tél. : +33 (0)1 45 65 96 65 – Fax : +33 (0)1 45 81 30 81 – Mél. : [email protected] – www.ladcc.org

Assemblée générale du 7 avril 2018

Rapport moral présenté par Arnoult Boissau, président,

au nom du Conseil d’administration.

« En demandant au Seigneur de vous aider à servir la culture de la rencontre au sein de l’unique famille humaine, je vous donne la bénédiction apostolique, ainsi qu’à tous les membres de la Délégation Catholique pour la Coopération »

Pape François, Audience privée pour les membres de la DCC, Vatican, 25 février 2017.

A observer le monde, nous pourrions être incités à nous demander ce qui fonctionne correctement. De retour d'une mission en Centrafrique avec notre Vice-Président et évêque accompagnateur Mgr Papin qui y avait effectué son volontariat il y a 50 ans, je pourrais être tenté d'appliquer ce constat à la situation et aux épreuves que traversent ce pays depuis de nombreuses années.

Pour les populations locales et toutes celles et tous ceux (dont de nombreux anciens volontaires) qui ont consacré une partie de leur vie à faire avancer le "développement" dans ces territoires, il peut être décourageant d'observer que c'est parfois une forme de régression qui prévaut; dans des domaines aussi essentiels que l'éducation et la santé, pour ne citer qu'eux.

Dans cette traversée du "tunnel", il reste des hommes et des femmes qui ne baissent pas les bras et qui avancent, malgré l'adversité ambiante. Un exemple : celui de trois responsables religieux de ce petit pays de 4,5 millions d'habitants que l'on surnomme : "le pays qui n'existait pas"i. Ainsi Mgr Dieudonné Nzapalainga (archevêque de Bangui), l'Imam layama et le pasteur protestant Nicolas GUEREKOYAME sont à l'origine d'une plateforme interreligieuse qui tente de réconcilier les communautés en Centrafrique.

C'est dans ce contexte que la DCC a maintenu le dialogue avec ses partenaires durant toute la période de guerre et de soulèvements, et que depuis 18 mois, elle a été en mesure de mettre à disposition 11 volontaires au service de diocèses qui œuvrent au maintien d'une cohésion sociale. Petite goutte d'eau dans l'immensité des besoins ? Certes… mais qui a une force symbolique certaine, faisant espérer que la sortie du tunnel est possible.

Arnoult Boissau

Page 2: Assemblée générale du 7 avril 2018 Rapport moral - La DCCladcc.org/wp-content/uploads/2018/04/Rapport-moral-2017.pdf · 2018. 4. 19. · 4 3. 50 ans de bénévolat… Une vie associative

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" Tu compteras sept sabbats d'années, sept fois sept années,

et les jours de ces sept sabbats d'années feront quarante-neuf ans.

Le dixième jour du septième mois, (…) vous sonnerez de la trompette dans tout votre pays.

Et vous sanctifierez la cinquantième année, vous publierez la liberté dans le pays pour tous ses habitants :

ce sera pour vous le jubilé "

Lev 25:8-18

En 2017 nous avons fêté nos 50 ans. Mais plus qu’une succession d’années, nous avons fêté la Mission que porte la DCC, l’expérience qu’elle fait vivre à l’ensemble des volontaires, et bien sur tous les bienfaits qu’elle produit …. Tel un arbre qui, puisant dans ses racines, produit encore et toujours des fruits.

Il était important pour la DCC de profiter de cette année jubilaire pour revenir à la source. Depuis toujours la DCC est un service d’Eglise et porte un regard d’espérance sur l’humanité. « La DCC reçoit le monde et l’humanité comme le lieu de l’expérience chrétienne. Le sens, l’orientation et l’inspiration de la DCC prennent source dans l’Evangile et la pensée sociale de l’Eglise »ii.

L’Evangile est une parole vivante, la pensée sociale de l’Eglise une parole contemporaine. Nous restons fidèles et attentifs à ces paroles pour les années à venir.

Nos valeurs ne sont pas figées mais elles sont durables : engagement solidaire, respect des dynamiques locales, ouverture à tous, priorité aux plus pauvres, partage dans la rencontre interculturelle.

Le rapport d’activités fait foi de toute la densité de notre année jubilaire, à l’occasion de notre grand rassemblement en 2017, le rapport du Président montrait tout la richesse de notre projet, les nombreux liens tissés avec nos partenaires en France et dans le monde.

Pour ce rapport moral 2017, nous prenons donc le parti de mettre en exergue des paroles fortes prononcées à l’occasion de cette belle année jubilaire, venant souligner toute la pertinence de notre projet associatif en 2017 et pour les années à venir.

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1. 50 ans depuis Populorum progressio… Laudato Si’ !

La DCC promeut souvent cette encyclique fondatrice, du même âge qu’elle : « à chacun d’examiner sa

conscience (…), est-il prêt à (…) s’expatrier lui-même au besoin, s’il est jeune, pour aider cette

croissance des jeunes nations ? ». Néanmoins, la DCC trouve dans Laudato Si’ une énergie nouvelle…

…tant pour le développement des pays… « Le défi urgent de sauvegarder notre maison commune

inclut la préoccupation d’unir toute la famille humaine dans la recherche d’un développement durable et

intégral, car nous savons que les choses peuvent changer »iii

...que pour l’épanouissement des volontaires : « expérimenter que l’on peut vivre intensément avec peu, surtout quand on est capable d’appréhender d’autres plaisirs et qu’on trouve satisfaction dans les

rencontres fraternelles, dans le service, dans le déploiement de ses charismes (…) dans la prière »iv

Humblement mais avec joie et conviction, la DCC est heureuse de contribuer à la vivacité de l’Eglise par l’ensemble des volontaires et bénévoles qui s’y engagent, et à son unité par son ouverture à tous.

2017 a été l’occasion pour la DCC d’être reçu par le pape François en février, d’intervenir à l’Assemblée Plénière des évêques à Lourdes, de formuler son projet pastoralv, de produire une documentation de référence sur le volontariat en Eglisevi, de susciter de nombreux témoignagesvii.

« Ce dont je peux témoigner, c’est que l’expérience du volontariat, le service des populations particulièrement déshéritées, la rencontre interculturelle et interreligieuse, la fréquentation au quotidien de prêtres, de religieux et religieuses, de communautés chrétiennes jeunes et vivantes font faire à chacun un chemin humain et spirituel indéniable. Cette expérience est souvent déterminante pour des choix de vie et pour des engagements humains, spirituels et ecclésiaux ultérieurs »viii

Mgr Jean-Louis Papin,

Évêque accompagnateur et vice-président de la DCC

2. 50 ans de développement en question… Le volontariat plébiscité !

La notion même de « développement » est questionnée par les organisations. Cela étant, le volontariat reste pertinent. Nos partenaires, anciens ou nouveaux, poursuivent l’expression de leurs besoins. En revanche ces besoins changent, de nouveaux métiers sont attendus : chargés de projet, de communication, métier de l’écologie… Les profils attendus sont de plus en plus exigeants. L’insertion locale, dans des contextes interculturels et interreligieux complexes, devient plus que jamais un savoir-être incontournable.

Cette demande d’expertise et de capacité d’intégration n’est possible qu’avec la mobilisation des bénévoles, les liens forts avec les pouvoirs publics en France et à l’étranger, nos réseaux tels que les espaces de France Volontaires.

Le volontariat en France bénéficie d’un statut privilégié, d’un soutien de principe sincère de la part du Ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères mais il demande à être mieux financé. La DCC tient une place majeure dans les collectifs et actions de plaidoyer.

« Le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères s’attache (…) à faire reconnaître le volontariat comme une composante essentielle des politiques de coopération. Cet engagement est une manifestation explicite du partenariat qu’il souhaite développer avec la société civile, dont le rôle est maintenant reconnu par tous en la matière. A tous ces titres, il renouvelle à la DCC, à l’occasion de son jubilé, son soutien aux programmes exemplaires qu’elle mène en vue d’un monde plus solidaire »

M. Michel Tarran,

Délégué pour les relations avec la société civile et les partenariats, Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères

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3. 50 ans de bénévolat… Une vie associative pleine de jeunesse !

On peut dire de la DCC que son cœur de métier est le volontariat de solidarité internationale, mais son cœur ne bat que parce que des bénévoles font preuve d’une implication régulière, rigoureuse, engagée. Près de 200 bénévoles permettent à la DCC de recruter, former, accompagner les 200 volontaires envoyés chaque année, et agissent en France pour que le volontariat en Eglise soit davantage connu et la DCC identifiée dans chaque diocèse.

2017 a été l’occasion de se retrouver, de fêter « en famille » les 50 ans de la DCC avec cette belle clameur : « 50 ans, et toujours volontaire ! ». Un grand merci à tous les bénévoles pour leur engagement.

Cette fête a été porté par tous nos bénévoles, tout au long de l’année, en France et à travers le monde, qu’ils en soient tous remerciés : délégués en diocèses, formateurs, chargés de mission, bénévoles du siège…

« Cet engagement à accompagner tous les ans une armada bleue et pleine d’espérance de futurs volontaires m’a apporté beaucoup de joie ! Cela m’a permis aussi de développer des talents cachés : accompagner au mieux les élèves que je côtoie par une relation plus humaines et plus à l’écoute. Enfin, cela me permet de faire découvrir à mes enfants ce qu’est le bénévolat, mais aussi de leur parler du volontariat. Peut-être de futurs volontaires, qui sait ? »

Marie,

Formatrice DCC de stage de 2012 à 2017

Photo de la famille lors du rassemblement des 50 ans de la DCC à Jambville, Ascension 2017

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4. 50 ans d’envoi de volontaires… La DCC accueille des volontaires en France !

L’accueil de volontaires étrangers en France n’est pas une idée nouvelle, l’Eglise connait cette pratique depuis bien longtemps déjà. Nombre d’associations ont eu à cœur de développer des projets d’échanges ou d’accueil. Mais c’est tout récemment que les organismes de volontariat ont engagé concrètement l’accueil de volontaires. La DCC n’expérimente pas cela par mimétisme mais bien parce qu’elle est convaincue que la contribution de l’Eglise au développement ne peut pas se faire que dans un sens. L’expérience du volontariat fait vivre à chacun que c’est dans la réciprocité que l’expérience est vertueuse, alors pourquoi ne pas la vivre en France et donner cette chance à des jeunes issus des pays qui habituellement nous accueillent !

Et quelle fierté pour la DCC de contribuer à développer une culture de l’hospitalité en France, alors que l’actualité ne cesse d’évoquer la « crise des migrants ». Ainsi, la DCC poursuit son œuvre d’ouverture en toute cohérence avec son projet associatif : promouvoir un échange entre les cultures, basé sur la découverte, l’altérité et le partage des compétences.

« Heureusement que la DCC existe. Les jeunes que vous envoyez de France à travers le monde reviennent transformés. Et maintenant vous commencez à envoyer des jeunes de ces pays en difficulté économique en France pour vivre une expérience d’interculturalité qui va les transformer.

Vous envoyez déjà certains de ces jeunes dans des communautés de l’Arche en France qui vont avoir la responsabilité de bien les accompagner. Ainsi est en train de naître une coopération entre la DDC et l’Arche, j’en suis ravi. »

Jean Vanier

Fondateur de l’Arche, partenaire de la DCC pour le volontariat de réciprocité

5. Pour nos prochaines cinquante années… déplaçons nous !

En clôturant l’année jubilaire nous avons ouvert un nouveau cycle. Un cycle de réflexion d’abord. Comme pour un volontariat, un nouveau départ se prépare, se travaille. Avec la démarche Labo 17/19 toute la DCC est mobilisée pour questionner ses principaux enjeux et repérer quelles devront être ses prochaines orientations à compter de 2019.

Cette démarche est inédite par son caractère participatif : toutes les instances ont eu et auront à encore à contribuer à cette réflexion : bénévoles, administrateurs, salariés et ce, par des moyens variés : temps forts nationaux (week-end bénévoles, AG…), Conseils d’Administration, enquêtes en ligne, réflexions en diocèses…

Sans préjugés la DCC prend donc le risque de se questionner et d’évaluer si elle doit s’impliquer dans de nouveaux « champs missionnaires », s’élargir à d’autres périphéries, faire évoluer son mode de contribution au développement etc… Plus d’une dizaine de thématiques travaillées et mises en débat ! La DCC doit-elle soutenir financièrement des projets de partenaires pouvant accueillir des volontaires, faisons-nous du volontariat de réciprocité une activité à part entière, doit-on intensifier des actions spécifiques pour l’Education à la Citoyenneté et à la Solidarité Internationale ou au contraire s’en tenir à notre témoignage de volontaires, faut-il se rapprocher de nouveaux publics comme les entreprises pour susciter de nouveaux types de candidatures, la DCC doit-elle se doter d’une politique de développement en priorisant certains axes comme peuvent le faire des institutions comme l’Eglise ou l’Etat…

Cependant, en toile de fond de tous ces questionnements, des convictions demeurent. La DCC reste un organisme œuvrant pour le développement, tourné vers les plus pauvres, au service de ses partenaires locaux et restant ouverte à toute la diversité des candidatures et des organismes qui nous accordent leur confiance.

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« L’Eglise nous nourrit, nous éduque, nous enseigne, nous forme pour que nous devenions un Evangile vivant »

Madeleine Delbrêl

i Oubangui-Chari, le pays qui n'existait pas par Jean-Pierre TUQUOI - édition La découverte ii Projet associatif de la DCC iii Laudato Si, 13, pape François, juin 2015 iv Laudato Si, 223, pape François, juin 2015 v Projet pastoral de la DCC vi Documents-Episcopat N°10 – 2017 vii Livre « 50 ans et toujours volontaire » viii Documents-Episcopat N°10 – 2017 – Le volontariat en Eglise, un chemin humain et spirituel