assaut sur et prise de inchon 15 septembre 1950 · 2013. 10. 24. · tionnaire amphibie tout entier...

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53 " L'assaut couronné de succès sur Inchon ne pouvait être accompli que par les Marines des Etats-Unis " Assaut sur et prise de Inchon 15 septembre 1950 A la mi-août de 1950, la situation des troupes américai- nes et Alliées en Corée devenait rapidement très criti- que. Sous les implacables attaques de la NKPA, l'Ar- mée du Peuple Nord Coréen qui était supérieure en nombre et en équipement, les forces amies avaient été repoussées dans un petit périmètre de résistance autour de la ville, au port vital, de Pusan à l'extrême pointe méridionale de la péninsule Coréenne. S'accrochant avec acharnement à ce dernier morceau de véritable Etat, les défenseurs attendaient l'offensive à outrance qui était destinée à les jeter à la mer. La gravi- té de leur position était illustrée d'une manière vivante par les mots d'un observateur militaire Britannique qui écrivit au sujet de la très réelle possibilité "d'être face à une retraite de Corée" si la véhémente attaque n'était pas repoussée. C'est dans cette atmosphère de crise et de danger, confronté au spectre de la défaite, qu'un homme pensait

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Page 1: Assaut sur et prise de Inchon 15 septembre 1950 · 2013. 10. 24. · tionnaire Amphibie tout entier serait forcé de rester sur place en se tournant les pouces en attendant la prochaine

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" L'assaut couronné de succès sur Inchon ne pouvait être accompli que par les Marines des Etats-Unis "

Assaut sur et prise

de Inchon

15 septembre 1950

A la mi-août de 1950, la situation des troupes américai-

nes et Alliées en Corée devenait rapidement très criti-

que. Sous les implacables attaques de la NKPA, l'Ar-

mée du Peuple Nord Coréen qui était supérieure en

nombre et en équipement, les forces amies avaient été

repoussées dans un petit périmètre de résistance autour

de la ville, au port vital, de Pusan à l'extrême pointe

méridionale de la péninsule Coréenne.

S'accrochant avec acharnement à ce dernier morceau de

véritable Etat, les défenseurs attendaient l'offensive à

outrance qui était destinée à les jeter à la mer. La gravi-

té de leur position était illustrée d'une manière vivante

par les mots d'un observateur militaire Britannique qui

écrivit au sujet de la très réelle possibilité "d'être face à

une retraite de Corée" si la véhémente attaque n'était

pas repoussée.

C'est dans cette atmosphère de crise et de danger,

confronté au spectre de la défaite, qu'un homme pensait

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en termes de victoire. Faisant face à un ennemi qui n'avait connu que le succès, avec ses propres

forces délabrées et tenant tout juste sur eux-mêmes, le Général Douglas McArthur, Commandant

Suprême des Forces Alliées en Corée, vit l'opportunité pour une écrasante contre-attaque.

Quoique victorieuse jusqu'ici, la NKPA, ainsi que l'estimait McArthur, avait couru jusqu'à en être

hors d'haleine. Ce que les communistes avaient n'avait pas été gagné sans prix. Leurs troupes de la

ligne de front avaient été abîmées, leurs approvisionnements avaient été mangés rapidement, leurs

véhicules commençaient à chanceler et à peiner par manque de maintenance. Si les troupes fati-

guées qui tenaient le Périmètre de Pusan pouvaient tenir leur place un peu plus longtemps, les Nord

Coréens seraient mûrs pour un coup de grâce. Ce que McArthur avait en tête n'était pas de simple-

ment renvoyer les forces Nord Coréennes, mais de les détruire complètement.

Comme d'autres armées d'invasion avant eux, les Nord Coréens avaient pénétrés dans le Sud par le

chemin d'un corridor naturel sur le terrain, courant à travers de Séoul et vers le Sud dans la région

occidentale de la Corée du Sud. C'était le long de cette route que courait la longue ligne de ravitail-

lement de la NKPA.

Dans le jugement de McArthur, il n'y avait qu'un endroit pour couper la ligne de ravitaillement de la

NKPA, un endroit qui permettrait la destruction totale de la NKPA. Cet endroit c'était la ville por-

tuaire d'Inchon sur la côte Ouest de la Corée du Sud. Un assaut amphibie à Inchon et une course

rapide vers l'intérieur scellerait le destin de la NKPA. Il y avait d'autres zones possibles comme ob-

jectifs, mais aucune n'offrait le potentiel de mettre collectivement les cous de la NKPA dans un

nœud coulant. Inchon était le centre stratégique de gravité de l'entière situation en Corée au cœur de

l'été de 1950. Saisir Inchon, et dans les mots, oubliés depuis longtemps, d'un soldat confédéré dans

une autre guerre, "Vous devez jouer la musique pendant que l'autre gars a à danser."

L'obstacle dans tout cela c'était qu'Inchon était un cauchemar hydrographique, quelque chose de

taille à faire sortir le Commandant d'un Corps Expéditionnaire Amphibie d'un sommeil profond le

cœur martelant. Les eaux peu profondes des côtes occidentales de Corée étaient une barrière natu-

relle qui arrêterait les navires envoyés, ne fournissant l'accès à la côte que seulement par des canaux

étroits, réduits. L'approche vers Inchon était particulièrement délicate, un passage tortueux à travers

un passage confus d'obstacles de sable et de plages de vase où un Commandant de navire imprudent

pourrait trop aisément s'échouer et bloquer le passage de chaque navire qui le suivrait. De forts cou-

rants multipliaient les chances de mésaventures.

Les hommes du 5ème

Marines étaient préparés

pour le vide de 1,5 m entre la péniche de débar-

quement et le haut de la digue. Ils utilisèrent des

échelles d'escalade lorsqu'ils déboulèrent à terre

dans les vagues d'assaut le 15 septembre sur la

Plage Rouge (Red Beach).

Au-delà de l'approche du port même il y avait

l'infâme zone qui relevait de la marée, parmi les

plus hautes au Monde, où la différence entre ma-

rée haute et marée basse pouvait atteindre quasi

10 m. Une plage de débarquement utilisable à

marée haute, pouvait devenir 2.000 m et plus de plages de vase, impraticables à marée basse. Si cela

n'était pas assez, la pointe de marée haute nécessaire pour rencontrer le tracé des exigences pour les

LST (Tank Landing Ships = bateaux de débarquement pour chars), ne laisserait seulement que trois

heures et ne se présenterait que pendant quelques jours à la mi-septembre. Parmi ces jours le meil-

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leur d'un mauvais lot était le 15 septembre. Même alors, les conditions de marée ne seraient pas

bonnes, elles seraient simplement, les moins mauvaises.

Pour finir, il y avait l'Ile de Wolmi-do. Reliée au Continent par une digue, Wolmi-do se trouvait

carrément sur la route des navires, route qui menait aux seules plages de débarquement possibles.

Avant que le problème de Inchon puisse être abordé, Wolmi-do devait être neutralisé. De ce fait,

comme une chose pratique, l'opération Inchon devrait être conduite en deux actes. Wolmi-do devait

être sécurisé avant que quelque chose d'autre puisse être entrepris. De ce fait aussi, le Corps Expédi-

tionnaire Amphibie tout entier serait forcé de rester sur place en se tournant les pouces en attendant

la prochaine marée haute, 12 heures plus tard. Des choses graves pouvaient se produire pendant ces

12 heures, des choses auxquelles les Amiraux et les Généraux n'aimaient pas songer.

Le Contre-Amiral James H. Doyle, dont la Force Tactique 90 aurait à faire face au problème de

devoir surmonter ces décourageants obstacles, était un ancien expérimenté en opérations amphibies.

Un vétéran de beaucoup d'entreprises similaires dans le

Pacifique, le Contre-Amiral Doyle était très reconnu

comme étant le premier Commandant des Opérations

Amphibies de la Marine. Considérant le grand nombre de

complications d'un débarquement à Inchon, il n'eut que

ceci à dire lors d'une rencontre avec McArthur le 23

août: "Général, je n'ai pas été consulté ou n'ait donné

mon opinion au sujet de ce débarquement. Quoi qu'il en

soit, si on m'avait posé la question, le mieux que je pour-

rait dire est que Inchon n'est pas impossible."

(A gauche). Une coordination étroite entre les fantassins

et les tankistes fut la clé du succès de la poussée à travers

d'Inchon et vers Séoul. (Photo Sergent Frank C. Kerr.)

Si le Contre-Amiral Doyle était confronté à des problè-

mes monumentaux pour mener la Force Tactique dans la

zone de l'objectif, le Commandant de la Force de Débar-

quement, le Major Général Oliver P. Smith, avait égale-

ment la tâche décourageante de déposer cette Force de Débarquement par surprise. La 1re Division

de Marine du Major Général Smith était éparpillée aux quatre vents. Un de ses régiments, le 5ème

Marines du Lieutenant-Colonel Ray Murray, était à ce moment fortement engagé au combat dans le

périmètre cerclant Pusan. Le 1er Marines, commandé par le redoutable Colonel Lewis B. "Chesty"

Fuller, et assemblé en hâte avec des Marines cueillis de postes et casernements à travers tout le

Corps de Marine, ainsi que de réservistes rappelés, n'avait même pas encore atteint le Japon.

Tout comme le 1er Marines, le 7

ème Marines du Colonel Homer Letzenberg n'existait même que sur

papier deux mois auparavant. Combien était vide le placard pouvait se voir d'en le fait que le 3ème

Bataillon de Litzenberg n'était que quelques jours plutôt encore le 3ème

Bataillon 6ème

Marines. Sur

les flots dans la Méditerranée lorsque la bataille éclata en Corée, le Bataillon avait été envoyé en

vitesse par le Canal de Suez et l'Océan Indien, recevant sa nouvelle nomination en cours de route.

Le 7ème

Marines n'arriverait pas à temps sur la zone pour prendre part au débarquement. Le Major

Général Smith aurait à conduire une Division d'assaut n'ayant que la taille de deux Régiments qui

ne s'étaient jamais entraînés ensemble. Toutefois, ils débarqueraient, et ce serait le 15 septembre.

Ce matin là à 0520h, après deux jours de volées de coups constants par des canons de marine, le

signal traditionnel "Mettez à terre la Force de Débarquement" était arboré au haut du mât du Navire

Amiral du Contre-Amiral Doyle, l'USS Mount McKinley (AGC-7). Même lorsque les éléments de

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l'assaut du 3ème

Bataillon 5ème

Marines du Lieutenant-Colonel Robert "Bob" Taplett montèrent à

bord de l'embarcation de débarquement qui les emmènerait à Wolmi-do, les Corsairs aux empenna-

ges de goéland de l'Escadrille de Chasse de la Marine, VMF-323 du Major Arnold Lund et le VMF-

214 du Major Bob Keller continuaient de bombarder, la mettant à plat, l'île avec des bombes, des

roquettes et du napalm. Tirant à bout portant, les destroyers Southerland (DDR-743), Gurke (DD-

783), Henderson (DD-785), Mansfield (DD-728), De Haver (DD-727) et Swenson (DD-729) en-

voyèrent plus de 1.700 obus de 5 pouces dans les abris souterrains de défense de la NKPA.

(A gauche). Le Lieutenant-Colonel Bob Taplett observant la

progression de son 3ème

Bataillon 5ème

Marines, qui versa le

premier sang lorsqu'il débarqua sur l'Ile de Wolmi-do, tôt le

15 septembre.

Plus loin en aval les croiseurs Rochester (CA-124) et Toledo

(CA-133) avec les croiseurs Britanniques HMS Kenya et

HMS Jamaïca, ajoutèrent leurs projectiles de 6 et 8 pouces

aux salutations orageuses. Complétant la pluie de destruction,

les trois lanceurs de roquettes de l'Unité 4 du Support de Feu

du Commandant Clarence T. Doss, satura les défenseurs de

Wolmi-do avec 3.000 roquettes à explosif puissant de 5 pou-

ces.

Regardant depuis la passerelle du Mount Mckinley, le Lieute-

nant Général Lemuel C. Shepherd Jr., Commandant Général

de la Flotte Navale du Pacifique, dont l'expérience sur le

champ de bataille remontait à 1918 en France, nota, "Je n'ai

jamais vu un meilleur tir. L'île entière était recouverte d'ex-

plosions d'obus venant des croiseurs et des destroyers."

C'était tout à fait comme si les défenseurs Nord Coréens de Wolmi-do – un hochepot de conscrits

hâtivement réunis et sans entraînement – ne pouvaient pas partager la vue de la scène comme le

Lieutenant Général Shepherd. Ils étaient complètement assommés.

Le barrage de pulvérisation continua presque jusqu'au moment où les rampes des LCVP (bateau de

débarquement de personnel et de véhicules) des vagues d'assaut s'abaissèrent sur les points de dé-

barquement désignés. Le 1re Classe Fred Davidson un vétéran des combats du mois d'août dans le

Périmètre de Pusan, était un fusilier de la Compagnie G du Lieutenant Bob "Dewey" Bohn, 3ème

Bataillon 5ème

Marines.

"Il régnait un calme d'enfer", se rappela Davidson. "Les seuls bruits étaient les moteurs des LCVP

et le claquement de l'eau sur la proue." Puis un vol de Corsairs surgit en hurlant. "Le rugissement de

leurs moteurs nous frappa comme une

bombe. Ces Corsairs arrivèrent volant au

travers de la fumée vers la plage à pas plus

de 10 m au dessus de nos têtes. Des douilles

chaudes et vides d'obus tombèrent sur nous.

Vous parlez d'un support aérien rapproché!"

Dit le 1re Classe.

Puis Davidson, et chacun d'ailleurs, furent

trop occupés pour noter le timing parfait et

l'exécution de l'assaut.

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Avec les Compagnies H et G de front, les éléments de conduite du 3ème

Bataillon 5ème

Marines

avancèrent au-delà des plages de débarquement et s'occupèrent de leurs objectifs initiaux. L'officier

Commandant de la Compagnie H, le Capitaine Pat Wildman, envoya immédiatement deux Sections

pour sécuriser la pointe extrême au Nord de Wolmi-do, puis amena le gros de sa Compagnie vers le

côté lointain de l'île pour bloquer la fin de la digue menant au Continent. Les hommes du génie de

combat attachés à la Compagnie ne perdirent pas de temps en plaçant un champ de mines anti-chars

pour prévenir une contre-attaque venant de la ville. Ceci fait, Wildman pivota sur sa droite, conti-

nuant avec la Compagnie G du Lieutenant Bohn, qui était occupé alors à saisir la particularité do-

minante de l'île, une hauteur de 105 m connu sous le nom de Radio Hill (la Colline de la Radio).

(A gauche). A J + 2, les Marines firent rapidement mouvement sur la route qui mène à Séoul jusqu'à

ce que un tir de snipers les ralentisse fortement. Les Marines répondirent avec agressivité pour dis-

suader les Nord Coréens qui essayaient d'être des héros.

La résistance était légère, dispersée et inefficace. Ces Nord coréens qui choisissaient de se battre

étaient rapidement achevés. D'autres étaient assemblés, stupéfaits et incohérents avec leurs mains au

dessus de leur tête.

A 0650h, le Lieutenant-Colonel Taplett avait sa Com-

pagnie de réserve, la Compagnie I du Capitaine Bob

McMuller et un peloton de chars M26 débarqués. C'est

à ce moment que l'équipage d'une voiture blindée en-

nemie eut la mauvaise idée de s'aventurer au dehors de

la ville et d'emprunter la digue. Le long canon bombé

de 90 mm du char du Sergent-Chef Cecil Fullenton

claqua une fois et la voiture blindée explosa.

Une poignée de Nord Coréens, dépassés par les vagues

d'assaut, essayèrent de se battre depuis les abris où ils

s'étaient cachés. Agissant méthodiquement sur leur

route, les équipes de chars et infanterie fermèrent her-

métiquement un par un chaque trou, enterrant les occupants. Ensuite, rapidement Taplett était capa-

ble de transmettre le message, "Wolmi-do sécurisé à 0800h." La prise de Wolmi-do s'était déroulée

exactement comme cela avait été planifié. Aucun Marine n'avait été tué. Dix-sept avaient été bles-

sés.

Avec Wolmi-do neutralisé, les préparations pour l'assaut sur Inchon même étaient en route sans

pause, bien que l'actuel débarquement n'était pas possible avant la marée haute de 1730h. Lorsque

les Marines de Taplett rassemblèrent les derniers défenseurs de Wolmi-do, les Corsairs et les Dou-

glas Skyraiders de la Marine de la Force Tactique 77 du Contre-Amiral Edward C. Ewen commen-

cèrent d'interdire tout mouvement dans un rayon de 45 km autour de Inchon. A 1430h les gros ca-

nons des croiseurs s'y joignirent, mettant à plat des objectifs dans les faubourgs du Nord et de l'Est

de la ville. Lorsque les éléments de l'assaut du 5ème

Marines du Lieutenant-Colonel Murray et le 1er

Marines du Colonel Fuller commencèrent de monter à bord des bateaux de débarquement, les des-

troyers commencèrent des tirs raccourcis sur les plages de débarquement: Rouge et Bleu.

Les plages n'étaient pas prisées. La Plage Rouge, la zone du 5ème

Marines, n'était pas du tout appro-

priée. L'eau s'arrêtait abruptement à une digue empierrée qui même à marée haute requérra des Ma-

rines de Murray de quitter leurs barges de débarquement en escaladant des échelles. La Plage Bleu

du 1er Marines était un peu meilleure. Un peu plus au Nord, au large de la Plage Rouge, la sortie de

plage ne menait pas directement dans la ville. Ainsi, la Plage Bleu avec ses sorties rétrécies n'avait

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même pas été regardée par deux fois, et sans aucun choix en la matière, par un planificateur amphi-

bie.

Malheureusement, Rouge et Bleu étaient tout ce qu'il y avait. Il faudrait le faire avec. Le sergent

Irvin R. "Dick" Stone, le chef d'une Section d'assaut du 1er Bataillon 5

ème Marines, avait débarqué à

Peleliu exactement jour pour jour, six ans plus tôt. A Peleliu en fin de compte il y avait eut une

plage. A Inchon, dès qu'il passa sa tête au dessus de la digue, il se retrouva au milieu d'une ville.

Stone ne savoura pas la perspective.

A 1724h, avec des bourrasques de pluie tombant par intermittence, Stone et les premières vagues du

1er Bataillon 5

ème Marines passaient la ligne de départ et montaient cette menaçante digue. Une

pluie de roquettes de 5 pouces, plus de 2.000, venant du LSMR-403 les précédait, couvrant la plage

et son flanc Nord. Presque trop tôt pour les Marines qu'elles transportaient, les barges de débarque-

ment mettaient en place leur nez contre la face de la digue et les échelles d'escalade étaient mises en

place.

Même pendant que l'enfer faisait rage juste quelques blocs plus loin, les Marines fatigués, de se

battre et assidus au combat, de la 1re Division de Marine firent un arrêt avant de continuer l'élimina-

tion, maison par maison, des soldats Nord Coréens.

(A gauche). Parmi les premiers à passer par-dessus le

mur se trouvait le 1er Lieutenant Baldomero Lopez,

menant son 3ème

Peloton de la compagnie A du 1er

Bataillon 5ème

Marines. Antérieurement un enrôlé de

la Marine dans la Seconde Guerre Mondiale, Lopez

avait rejoint le Corps de Marine via l'Académie Na-

vale des Etats-Unis, où il avait été un boxeur de qua-

lité. Confronté immédiatement à un bunker, Lopez le

réduisit au silence avec une grenade, puis se tourna

pour jeter une autre grenade sur un second bunker.

Des balles déchirèrent son bras et son épaule. La grenade amorcée tomba sur le sol. Sans hésitation,

Lopez se laissa tomber sur la grenade et l'attira à lui, absorbant l'entière force du souffle lorsque la

grenade explosa. Cette action désintéressée lui valut la Médaille d'Honneur à titre posthume.

Avec le 1er Bataillon 5

ème Marines du Lieutenant-Colonel George Newton et le 2

ème Bataillon 5

ème

Marines du Lieutenant-Colonel Hal Roise, avançant en ligne, le 5ème

Marines submergea les défen-

seurs Nord Coréens du 226ème

Régiment. Ensemble, les deux Bataillons grimpèrent les pentes de

l'objectif principal, Cemetery Hill (la Colline du Cimetière), et continuèrent vers la toute proche

plus haute masse voisine, Observatory Hill (la Colline de l'Observatoire). Les Nord Coréens qu'ils

rencontrèrent étaient toujours étourdis par les tirs du pré assaut. Ils furent amenés comme prison-

niers. A 1815h, Observatory Hill était solidement aux mains des Marines.

Il y avait aussi la lucrative prise par les Marines de la Brasserie Asahi, qui se trouvait donc aussi

aux mains des Marines. Des yeux avides se renfrognèrent grandement lorsque la brasserie prit feu et

brûlât pour devenir une carcasse en ruine, et l'accompagnement de l'explosion des tonneaux et des

bouteilles et de l'assortiment de murmures de gros mots.

Pendant que le 5ème

Marines maintenait une prise ferme sur la ville, le 1er Marines coupait par des-

sus la lisière Sud de la ville. Sa mission: sécuriser l'approche principale propre à la ville, ouvrant la

route pour une avance vers Yongdungpo et Séoul. Tout comme le 5ème

Marines, le 1er Marines dé-

barqua avec deux Bataillons côte à côte, le 2ème

Bataillon 1er Marines du Lieutenant-Colonel Allan

Sutter sur la gauche et le 3ème

Bataillon 1er Marines du Lieutenant-Colonel Tom Ridge sur la droite.

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Débarquant de "Luis" (véhicules de débarquement tractés qui étaient les précurseurs des véhicules

d'assaut amphibies actuels), les premières vagues d'assaut de Sutter et de Ridge furent déposées à

terre, tandis que résonnait un bombardement provenant des HMS Jamaïca et HMS Kenya, des des-

troyers USS Gurke et USS Henderson et un déluge de roquettes envoyés en rugissant par le LSMR-

401 et le LSMR-404.

Il y avait toujours des Nord Coréens disposés à se battre. Ils n'étaient pas trop nombreux pour le 1er

Marines de Chesty Puller, une écrasante grêle de tirs de canons de la Navale et les bombes, roquet-

tes, napalm et tirs de 20 mm des Corsairs des Marines et des

Skyraiders de l'Aéronavale. Comme pour régler le compte de

l'effet de toute cette artillerie, des tirs du HMS Jamaïca met-

tait hors d'usage un dépôt de munitions Nord Coréen dans un

prodigieux grondement. A terre, les Compagnies d'assaut, D

et F, de Sutter, débarquées à contre-jour, dispersèrent la

résistance. Dans l'obscurité tombante et une pluie constante

les unités de feu du 1er Marines glissaient, trébuchaient et

sacraient sur le chemin les menant vers leurs objectifs

initiaux, mettant en déroute les quelques défenseurs hébétés

qui tentaient de s'opposer à eux.

A 0200h au matin du 16 septembre, Inchon était fermement

aux mains des Marines Une 1re Division de Marine qui avait

été rassemblée de rien, avait, comme un rouleau compresseur

balayé tout ce qui se trouvait sur son chemin. Le total des

pertes s'élevait à 21 Marines tués, 1 disparu et 174 blessés. Cela avait été une opération conjointe

des Marines et de la Navale comme dans le manuel, qui avait pris les Nord Coréens complètement

par surprise. En dépit des renversants obstacles naturels, à la fin du Jour J, le Contre-Amiral Doyle

avait mis 30.000 hommes à terre. Parlant du Commandant qui avait refusé d'accepter l'impossibilité

d'Inchon, le Lieutenant Général Shepherd, un futur Commandant du Corps de Marine, a dit, "Doyle

est un grand commandant et est le meilleur officier des opérations amphibies que j'aie jamais ren-

contré." Il reste au Général Oliver P. Smith d'avoir le mot final, "La raison qu'Inchon paraissait

simple était que c'était des professionnels qui l'avaient fait."

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F4U Corsair

(Source: archives personnelles de GVA.)

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Prise de Séoul

" La Bataille des Barricades "

Merci à la "Gazette du Corps de Marine" et aussi à son auteur Lynn Montross

pour l'autorisation de pouvoir utiliser cet article.

Les opérations militaires sur un terrain urbanisé (MOUT: Military Operations on Urbanized Ter-

rain), ce n'est pas quelque chose de neuf.

Avec la ligne principale des approvisionnements des Nord Coréens coupée, les forces ennemies

dans la partie Sud de la péninsule s'étaient rapidement retrouvées trop éloignées pour faire la sou-

dure. Dans certains secteurs toute résistance organisée avait cessé, et des unités entières de Nord

Coréens fondaient au loin lorsque les troupes enterrèrent leurs armes et changèrent leurs uniformes

en vêtements civils.

La fin de la guerre civile Coréenne était en vue, mais il ne restait pas de repos aux Marines qui fi-

rent un champ de bataille de l'ancienne capitale. Chaque barricade de rue était un nouvel objectif,

avec des intervalles de 350 à 500 mètres, l'ennemi avait élevé des obstructions sur la route avec des

sacs de sable, qui s'étendaient sur toute la largeur, d'un côté à l'autres. Des mitrailleuses et des ca-

nons anti-chars étaient dissimulés dans les maisons adjacentes et les approches étaient semées de

mine anti-chars.

L'objectif était la ville entière de Séoul et l'organisation était à peu près laissée aux obsédés et bar-

bouillés Marines qui luttèrent jusqu'au bout, maison par maison, et de barricade en barricade. Une

de ces batailles dans la bataille était engagée par la Compagnie D du 1er Marines qui avançait sur

quelques 400 mètres sur un large boulevard bordé d'arbres et qui prit une barricade faite de sacs de

sable qui bloquait la route. Les hommes venaient justement de faire sauter une barricade similaire

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pour se frayer un chemin, tard dans la matinée du 26 avec l'appui de l'artillerie, des chars et de

l'aviation. Et maintenant tout le processus devait être répété pendant que les pertes étaient évacuées.

Cette bataille avait un trait caractéristique aux autres, même qu'elle implique un Bataillon, une

Compagnie ou un Peloton. En premier lieu les hommes du Génie exploraient l'avant, longeant les

côtés de la rue pour rechercher les mines anti-chars. Pendant que l'infanterie attendait, des bruits

d'autres batailles et des tirs pouvaient être entendus par-dessus toute la ville qui volait en éclats et

toujours remplie de civils invisibles qui se blottissaient dans les décombres. Puis la terre semblait se

remuer lorsque les hommes du Génie faisaient exploser les mines ennemies par piles de six. Les

chars entraient en action, hachant la nouvelle barricade de leurs canons de 90 mm. Lorsqu'ils avan-

çaient en grondant, recevant en retour les tirs ennemis, l'artillerie aplatissait le barrage en lui en-

voyant des geysers de débris. Trois Corsairs grondaient au dessus des têtes, contrôlant leurs posi-

tions avant de plonger presque à hauteur des toits pour arroser la barricade avec des flots de coups

de calibre 50. Quelques-uns des ennemis s'enfuyaient en courant, mais les tireurs de BAR (fusil-

mitrailleur) les descendaient avant qu'ils ne tournent le coin.

Maintenant l'infanterie avançait sur une file des deux côtés de la rue en s'accroupissant, leurs visa-

ges sales portaient la curieuse expression raide d'hommes au combat. A mi-chemin, une maison en

feu dégageait tant de chaleur que les Marines haussèrent leurs efforts pour se hâter de passer. "Dé-

ployez-vous, vous les originaux!", cria un sous-officier. Et aussitôt un autre cri pouvait s'entendre,

"Homme du Corps!"

Des volets en fer étaient arrachés des façades des bâtiments pour servir de brancards, et lorsque les

pertes étaient emportées vers l'arrière, l'Infanterie avançait dans la brume de fumée et de poussière.

A 40 mètres les hommes du BAR et une Section de 60 mm se perdit, et les équipes de feu serrèrent

les côtés, à l'abri du vent, des chars lorsque le premier M26 fit son chemin après que toute l'artillerie

et tous les Corsairs en aient terminés avec la barricade - une petite masse de sacs de sable et ce qui

semblait être un amas d'étoffes et qui était réellement des ennemis morts. Un autre objectif avait été

pris, et les hommes de la Compagnie D se reposèrent un moment avant de continuer de marcher

d'un pas pesant vers la prochaine position défensive.

Durant les trois journées principales de la bataille de rues, les Marines déplorèrent les pertes de 112

tués et de 543 blessés. Toutefois, les deux Régiments maintenaient assez d'esprit pour s'abandonner

à un concours amical de lever de drapeau. Le 2ème

Bataillon 1er Marines et le 3

ème Bataillon 5

ème

Marines, gardant le contact avec les Régiments, atteignirent le Palace Changdok en même temps à

1500h le 27 septembre. Les hommes de la 5ème

Unité de Combat Régimentaire furent les premiers à

arracher le drapeau ennemi et à hisser

le "Stars and Stripes". Quoiqu'il en

soit, une demi-heure plus tard, le 1er

Marines était officiellement crédité

d'avoir hissé le premier drapeau, ce qui

avait eut lieu à la première résidence

de l'Ambassadeur des Etats-Unis.

(A gauche). Chars entrant dans Séoul,

passant une barricade Nord coréenne

démolie, qui barrait la route.

La tranchante diminution de la résis-

tance le 28 septembre était indiquée

par les pertes, lesquelles chutèrent à 12 tués et 28 blessés. Le jour suivant, le 1er Marines reçut la

Page 11: Assaut sur et prise de Inchon 15 septembre 1950 · 2013. 10. 24. · tionnaire Amphibie tout entier serait forcé de rester sur place en se tournant les pouces en attendant la prochaine

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délicate tâche de garder les rues lorsque le Général McArthur remis la ville au Président de la Ré-

publique de Corée Syngman Rhee. Pendant que les troupes de la ROK marchaient dans la parade, le

1er Marines patrouillait derrière le lieu pour parer à tout vacarme irrespectueux comme des explo-

sions de grenades ennemies ou obus de mortier. Il restait assez de poches de résistance pour que le

danger soit réel pour les troupes assignées fatiguées, autant que les 3.500 mètres de terrain de bor-

dure, pour le Bataillon. Mais les invisibles Marines firent leur travail si bien que pas un tir ne fut

tiré sur les personnalités durant les cérémonies de la libération de Séoul.

Pendant que les 1er et 5

ème Marines bataillaient sur leur chemin à travers Séoul et que le 32

ème d'In-

fanterie atteignait les faubourgs Est, le 7ème

Marines prenait les objectifs qui lui étaient assignés au

Nord de Séoul contre une résistance de plus en plus inflexible. Avec la chute de la ville, le Xme

Corps exploita ses possessions de la clé du Centre de Communications ennemi. On s'attendait à ce

que les forces ennemies rabattues devant l'avance de la 8ème

Armée, n'essayent de s'échapper vers la

Corée du Nord en passant à travers de la zone du Corps, l'un ou l'autre comme Unités organisées ou

comme des traînards en habits civils cherchant un asile au dessus du 38ème

Parallèle. En raison de

surveillance contre ces éventualités, le Xme Corps éleva des positions défensives dans un sinueux

demi-cercle, commençant à Inchon, passant par Suwon au Sud, passant le Han à peu près à 25 km à

l'Est de Séoul, puis passant à 18 km au Nord de la ville et retour à la côte près d'Inchon. Le long des

approches principales du périmètre depuis l'Est et du sud, des positions d'arrêt furent installées entre

10 à 20 km de la ligne de défense.

La Rivière Han coulant au travers de la zone du Corps, formait une frontière naturelle entre la 1re

Division de Marine dans le Nord et la 7ème

Division d'Infanterie t la 187ème

Unité de Combat Régi-

mentaire dans le Sud. Dans Séoul, c'était le 17ème

Régiment ROK qui s'occupait de la sécurité.

Dans leur zone propre les Marines dressèrent des positions défensives. Cette tâche fut accomplie

pour le 30 septembre, avec le 1er Marines à l'Est, le 7

ème Marines au centre et le 5

ème Marines à

l'Ouest. Le jour suivant, ces dispositions furent modifiées lorsque le 1er Marines étendit ses lignes

sur la gauche pour prendre à son compte les positions du 7ème

Marines, relevant ces troupes qui

avaient une nouvelle mission à accomplir au Nord.

Une des merveilles de l'Opération Inchon-Séoul avait été la performance de ce Régiment qui avait

reçut son entraînement d'unité dans le combat. En partie à dessein aussi bien qu'aux circonstances,

ces arrivés tardifs avaient acquis l'expérience par étapes graduelles, de ce fait ils se comportèrent

comme des vétérans dans leurs combats au Nord de Séoul pendant que les deux autres Régiments

prenaient la ville.

Aujourd'hui:

Le terrain urbain n'a pas changé beaucoup au cours du dernier demi Siècle. La technologie s'est

améliorée. L'armement s'est amélioré. Le Commandement et le contrôle se sont améliorés avec

l'image du renseignement devenant plus claire. Mais la clé pour la victoire dans cet environnement

brutal reste l'entraînement et le travail d'équipe de la petite Unité. Les Pelotons et les sections assu-

rent la victoire. La nécessité pour intensifier l'entraînement grandi toujours plus fort lorsque nous

affrontons les menaces asymétriques du 21ème

Siècle.