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Asie du sud-est et Chine : des foyers touristiques en pleine expansion L’Asie du sud-est est un vaste ensemble littoral et archipélagique qui couvre 4,5 millions de Km2 et regroupe 11 pays différents et 593 millions d’habitants (dont 114 millions pour la seule île de Java, qui possède la plus forte densité insulaire au monde). Cet ensemble très hétérogène présente une grande variété de paysages modelés par le climat de mousson qui prévaut dans toute cette aire géographique. Région de passage qui représente aujourd’hui un des plus importants lieux de transit du trafic maritime, l’Asie du sud-est a subi de multiples influences qui ont modelé son histoire et sa culture : l’héritage indien jusqu’au Xe siècle après JC puis l’influence de la Chine et du confucianisme à partir du XIIIe siècle et également celle de l’Islam grâce aux marchands de la route de la Soie puis, à partir du XIIe siècle, du commerce maritime avec le monde musulman. La colonisation européenne, à partir du XVIe siècle, a contribué également à enrichir cette culture protéiforme qui se perçoit dans la variété des coutumes, des religions mais aussi des types ethniques. L’Asie de l’est possède un patrimoine naturel très important et très diversifié, propice à de multiples formes de tourisme : treks au Cambodge ou au Laos, ou dans les grands parcs de la Thaïlande et de l’Indonésie, activités auxquelles il faut ajouter le tourisme balnéaire qui se pratique à Bali, en Thaïlande ou en Malaisie. A cela s’ajoutent d’innombrables vestiges, monuments et édifices religieux qui témoignent de la richesse des civilisations qui se sont succédées dans cette région comme les temples bouddhistes de la Thaïlande ou encore l’incroyable site d’Angkor au Cambodge. A) Une position géographique exceptionnelle

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Asie du sud-est et Chine : des foyers touristiques en pleine

expansion

L’Asie du sud-est est un vaste ensemble littoral et

archipélagique qui couvre 4,5 millions de Km2 et regroupe 11

pays différents et 593 millions d’habitants (dont 114 millions

pour la seule île de Java, qui possède la plus forte densité

insulaire au monde). Cet ensemble très hétérogène présente

une grande variété de paysages modelés par le climat de

mousson qui prévaut dans toute cette aire géographique.

Région de passage qui représente aujourd’hui un des plus

importants lieux de transit du trafic maritime, l’Asie du sud-est a

subi de multiples influences qui ont modelé son histoire et sa

culture : l’héritage indien jusqu’au Xe siècle après JC puis

l’influence de la Chine et du confucianisme à partir du XIIIe

siècle et également celle de l’Islam grâce aux marchands de la

route de la Soie puis, à partir du XIIe siècle, du commerce

maritime avec le monde musulman. La colonisation

européenne, à partir du XVIe siècle, a contribué également à

enrichir cette culture protéiforme qui se perçoit dans la variété

des coutumes, des religions mais aussi des types ethniques.

L’Asie de l’est possède un patrimoine naturel très important et

très diversifié, propice à de multiples formes de tourisme : treks

au Cambodge ou au Laos, ou dans les grands parcs de la

Thaïlande et de l’Indonésie, activités auxquelles il faut ajouter le

tourisme balnéaire qui se pratique à Bali, en Thaïlande ou en

Malaisie. A cela s’ajoutent d’innombrables vestiges, monuments

et édifices religieux qui témoignent de la richesse des

civilisations qui se sont succédées dans cette région comme les

temples bouddhistes de la Thaïlande ou encore l’incroyable site

d’Angkor au Cambodge.

A) Une position géographique exceptionnelle

Le terme « Asie du sud-est » est à l’origine une dénomination

militaire qui remonte à la création, en 1943 du South East Asia

Command ou SEAC, pour prendre en charge l'ensemble des

opérations alliées dans la région, contre le Japon impérial.

Aujourd’hui, l'Asie du Sud-Est désigne deux ensembles

géographiques : l'Asie du Sud-Est continentale ou Indochine,

péninsule du continent asiatique située entre la Chine et l'Inde,

et l'Asie du Sud-Est insulaire ou Insulinde, vaste archipel

s'étendant entre l'Asie et l'Océanie. Elle regroupe la Birmanie,

Brunei, le Cambodge, l'Indonésie, le Laos, la Malaisie, les

Philippines, Singapour, la Thaïlande, le Timor oriental, le

Vietnam. Cependant, selon l'Association internationale du

transport aérien (IATA), l'Asie du Sud-est comprend beaucoup

plus de régions, à savoir les pays suivants : Birmanie, Brunei,

Cambodge, Chine sans Hong Kong SAR et Macau SAR,

Taïwan, Île Christmas, Îles Cocos, Guam, la région

administrative spéciale (SAR) de Hong Kong, Indonésie,

Kazakhstan, Kirghizistan, Laos, la SAR de Macao, Malaisie, Iles

Marshall, Micronésie, Mongolie, Îles Mariannes du Nord,

Palaos, Philippines, Russie d'Asie, Singapour, Tadjikistan,

Thaïlande, Timor oriental, Turkménistan, Ouzbékistan, et

Vietnam.

La richesse culturelle de l’Asie du sud-est tient à sa position de

carrefour exceptionnelle. L’Asie du sud-est peut à la fois être

considérée comme une « méditerranée » géographique, dont

les limites sont constituées par la façade continentale et

l’archipel indonésien, et comme un véritable pont continental

entre Asie et occident, entre océan Indien et Pacifique.

Singapour est aujourd’hui le premier port en termes de trafic de

conteneurs et les côtes sont parsemées de ports et de villes

maritimes qui sont des plaques tournantes du commerce entre

les pays de la Triade.

L’Asie du sud-est peut se diviser en deux grands ensembles :

Au nord : l’ensemble côtier est continental qui se situe en

dessous de la barre himalayenne et comprend la péninsule

indochinoise et la façade littoral de la Chine

L’ensemble archipélagique et insulaire qui s’étend globalement

sur les Philippines et l’Indonésie.

Les littoraux de l’Asie du sud-est se trouvent donc baignés à la

fois par l’océan indien et l’océan pacifique et enserrent, entre la

péninsule indochinoise, la façade orientale de la Chine, les

Philippines et l’île de Bornéo, la mer de Chine, espace maritime

comparable à la Méditerranée ou aux Caraïbes (position et

climat).

Cet ensemble géographique très hétérogène se caractérise

également par la diversité de son climat. L’Asie est située dans

la zone tropicale et subit donc un climat de mousson

caractérisé par l’opposition entre saison sèche et saison

humide. La saison humide s’étend de juin à septembre et est

marquée par de très fortes précipitations accompagnées par

des moyennes de températures élevées (avec des maxima

pouvant atteindre 40 à 45°. L’hiver en revanche reste chaud

(24° à Delhi en janvier) et marqué par de faibles précipitations)

ce qui définit donc les périodes de transition entre saison

humide et sèche (mars à mai et septembre à novembre)

comme des périodes de visite idéales. Sur le plan touristique, le

principal avantage de l’Asie est son caractère insulaire, littoral

et archipélagique. Ces caractéristiques géographiques et

climatiques permettent à l’Asie du sud-est de disposer d’un

patrimoine naturel, mais aussi culturel, exceptionnel.

B) La richesse du patrimoine de l’Asie du sud-est

La biodiversité présente en Asie du sud-est est particulièrement

impressionnante. Le nombre élevé de parcs nationaux (environ

300) démontre la richesse d’un réservoir naturel couvert à 40%

par les forêts tropicales. Elle est renforcée par le caractère

insulaire de nombreuses régions qui confère à la faune et à la

flore un caractère unique. On trouve dans certaines îles des

espèces géantes, comme le célèbre, et redouté, Varan de

Komodo, ou au contraire des espèces naines comme le

Rhinocéros nain de Sumatra et des variétés très différentes de

primates, d’oiseaux, d’insectes et d’espèces marines.

Rhinocéros nain, rats et araignées géantes, papillons aux

dimensions fabuleuses, l’Asie du sud-est dispose des atouts «

tropicaux » susceptibles de fasciner les touristes internationaux

et en particulier occidentaux pour lesquels cette région

représente encore une destination véritablement exotique. A

cela s’ajoute la très grande variété des paysages, façonnés par

les milieux et les hommes : paysages de riziculture de la

péninsule indochinoise ou de l’Indonésie, paysages

montagneux de l’intérieur des terres en Thaïlande ou en Chine,

panoramas spectaculaires de la baie d’Halong (300 îlots

rocheux sculptés par l’érosion) ou du lac du Tonlé Sap au

Vietnam et au Cambodge, incroyable diversité humaine et

naturelle du delta du Mékong et de ses milliers d’îlots et de

marchés flottants, plages de sable fin et criques idylliques de

Thaïlande.

Cette incroyable diversité du patrimoine naturel s’accompagne

d’une richesse culturelle également impressionnante. L’Asie du

sud-est possède une culture millénaire organisée à partir de la

pratique de la riziculture, autour de laquelle se sont développés

des foyers humains qui comptent aujourd’hui parmi les plus

importants et les plus anciens de la planète. A partir de cette

culture se sont développées de brillantes civilisations : empire

des Hans en Chine, royaumes Khmers du Cambodge qui ont

construit les temples et l’ensemble palatial d’Angkor, royaume

de Thaïlande…etc Bien évidemment, les vestiges nombreux

laissés par ces civilisations concourent à renforcer l’attrait

touristique de la région.

Sur le plan culturel, l’Asie du sud-est a été marquée par

l’influence à la fois religieuse et philosophique chinoise, avec le

taoïsme et le confucianisme. Le moine Confucius (Konf-fu-zi,

551-479 AVJC) a élaboré son système de pensée alors que la

Chine traversait une importante période de troubles. Ce

système est fondé sur le respect de la propriété et celui des

ancêtres et surtout le sacrifice de l’individu au profit du groupe.

Cette philosophie est devenue en Chine une véritable religion

d’Etat et a continué à imprégner la société chinoise même avec

l’écroulement de l’empire (1911) et l’avènement de la Chine

maoïste (1949). Le confucianisme s’est répandu bien au-delà

des frontières chinoises et a imprégné une grande partie des

populations de l’Asie du sud-est.

Quant au taoïsme, issu de l’enseignement du moine Lao Tseu,

il postule que le Tao est l’essence et l’origine de toute chose

sur terre et qu’il faut revenir à ce principe en s’abandonnant aux

règles dictées par la nature et l’instinct (wu-wei) sans plus s’en

remettre au calcul et aux mensonges d’une rationalité fausse. Il

suffit donc, pour vivre en harmonie avec la nature et l’univers,

de percevoir le point d’équilibre entre les deux forces

contradictoires qui l’animent, le ying et le yang. De cette

philosophie basée sur la maîtrise de la force vitale et de

l’harmonie sont nés la médecine chinoise (acupuncture), le Taï

Chi, le Feng Shui ou le Qi Jong, pratiques désormais très

populaires en Europe ou en Amérique du nord et qui

contribuent à améliorer l’image de l’Asie du sud-est en tant que

destination touristique.

L’influence de la civilisation indienne s’est fait également sentir

dans toute l’Asie du sud-est. Les deux traditions religieuses et

philosophiques que sont l’hindouisme et le bouddhisme se sont

répandues de façon égale dans toute l’Asie du sud-est.

L’hindouisme, apparu il y a 4000 ans dans la vallée du Gange,

représente aujourd’hui la 3e religion du monde avec 900

millions de pratiquants. Elle repose sur la croyance en un cycle

de réincarnation qui doit aboutir à la recherche du divin présent

en soi et à la fusion avec l’univers à l’issue de ce cycle.

Le bouddhisme, plus récent, est une religion non dogmatique

apparue aux alentours du VIe siècle avant JC grâce à

l’enseignement du prince Siddhârta, devenu le Bouddha après

avoir reçu l’illumination. Le bouddhisme s’appuie sur

l’enseignement du guide spirituel (le Bouddha) et sur une

doctrine (le Dharma) qui, si elle ne comporte pas de dogme,

énonce cependant les principes qu’il est nécessaire de suivre

pour parvenir au Nirvana, à l’extase suprême. Selon cette

doctrine tout autant philosophique que mystique, la vie est une

souffrance causée par nos désirs perpétuellement insatisfaits. Il

faut donc abandonner ces désirs pour mettre fin au cycle

interminable des réincarnations et aboutir à la dissolution de

l’individu dans l’univers, ce qui correspond au Nirvana.

Le bouddhisme n’est pas resté circonscrit à l’Asie du sud-est.

Sa pratique s’est répandue dans le monde entier et a séduit

beaucoup d’occidentaux, participant ainsi à l’attrait grandissant

exercé par l’Asie du sud-est sur les touristes issus de ces

régions. Il imprègne les modes de vie d’une grande partie des

populations d’Asie du sud-est, les principes bouddhistes

n’interdisant pas la pratique d’une autre religion.

En plus des influences chinoises et indiennes, il faut noter

également la présence de l’islam et du christianisme qui

témoigne des contacts entre l’Asie et le monde arabo-

musulman, de plus en plus importants à partir du VIIIe siècle

après JC, et avec les Européens, notamment à partir du XIVe

siècle et jusqu’à la décolonisation au cours des années 1940 et

1950.

On compte ainsi 200 millions de musulmans en Asie du sud-

est, dont 175 millions pour la seule Indonésie qui représente le

premier pays musulman du monde (le reste se répartissant

entre la Malaisie, les Philippines et le Sri Lanka). Le nombre de

pratiquants du christianisme est sensiblement le même mais

avec une répartition plus éclatée (84 millions aux Philippines,

40 en Chine, 24 en Inde, 21 en Indonésie, 14 au Cambodge, 14

en Corée du sud…pour les principales communautés).

La position de carrefour de l’Asie du sud-est et les échanges

incessants qui ont lieu dans la région depuis l’Antiquité ont

abouti à un syncrétisme religieux et culturel qui fait toute la

richesse des civilisations qui occupent cette aire géographique.

En Malaisie par exemple, chrétiens et musulmans emploient de

la même manière le nom « Allah ». Cette richesse culturelle se

déploie avec magnificence à Angkor, le plus grand ensemble

de temples au monde. Enfin cette richesse est aussi celle de la

diversité humaine. Peuples d’origine mongole, indienne,

bengalie, chinoise, australoïde, mélanésienne, micronésienne

ou papoue se côtoient et se mélangent depuis des millénaires

sur les îles et les littoraux de l’Asie du sud-est, ce qui se traduit

également par la diversité linguistique : plus de 400 langues

véhiculaires et vernaculaires sont pratiquées dans cette zone.

Pour le touriste occidental, un voyage en Asie du sud-est

représente aussi la découverte de l’altérité à travers la diversité

des pratiques, des coutumes et des visages.

C) Un des pôles les plus dynamiques du tourisme mondial

encore marqué par certains handicaps

A l'occasion de sa 19ème Assemblée générale, l'OMT a

présenté un rapport sur le tourisme dans le monde en 2030.

D'après les projections de croissance qui y sont dévoilées, les

arrivées dépasseront 1,8 milliard en 2030, grâce à une

croissance annuelle de 43 millions de touristes. Les arrivées

internationales enregistrées par les destinations des économies

émergentes devraient continuer à progresser deux fois plus vite

(4,4% par an) que celles des économies avancées (2,2% par

an). En termes absolus, on calcule que les économies

émergentes d'Asie, d'Amérique latine, d'Europe centrale et

orientale, des régions de l'Europe orientale bordant la

Méditerranée, du Moyen-Orient et d'Afrique vont recevoir en

moyenne chaque année 30 millions d'arrivées supplémentaires,

contre 14 millions pour les destinations traditionnelles des

économies avancées d'Amérique du Nord, d'Europe ou encore

d'Asie et du Pacifique. On assistera à une progression des

parts de marché de l'Asie et du Pacifique (30% en 2030 contre

22% en 2010), du Moyen-Orient (8% contre 6%), de l'Afrique

(7% contre 5%), tandis que la baisse se poursuivra en Europe

(41% contre 51%) et dans les Amériques (14% contre 16%),

surtout à cause du ralentissement de la croissance en

Amérique du Nord. En 2030, l'Asie du Nord-Est sera la sous-

région la plus visitée au monde avec 16% des arrivées totales,

devançant l'Europe du Sud et de la Méditerranée avec 15% de

part de marché en 2010. Ces vingt prochaines années, une

partie importante des arrivées proviendra des pays d'Asie et du

Pacifique, avec une croissance annuelle de 5,0% et 17 millions

d'arrivées internationales supplémentaires en moyenne chaque

année. L'Europe arrive en deuxième position avec en moyenne

16 millions de nouvelles arrivées par an - elle connaîtra une

croissance beaucoup plus modérée (2,5% par an) mais part

d'une position nettement plus favorable. Le reste des 10

millions d'arrivées supplémentaires chaque année sera en

provenance des Amériques (5 millions), d'Afrique (3 millions) et

du Moyen-Orient (2 millions). L’Asie du sud-est peut être

considérée comme l’un des pôles les plus dynamiques du

tourisme international avec une croissance de 8 à 10% des flux

en 2004 et 2005, de 6% en moyenne depuis 2008 jusqu’en

2012. La Chine, 3e destination mondiale en 2010 a vu les

arrivées de touristes internationaux sur son territoire progresser

de 79% entre 2000 et 2010. La Thaïlande, qui arrive aujourd’hui

en 11e position dans le classement des plus grandes

destinations, a connu elle une augmentation de 65% entre 2000

et 2010 et la Malaisie, 9e région touristique dès 2010, de 141%

sur la même période. Enfin Hong Kong, qui pointait en 2010 à

la 13e place, a connu une progression de 128% entre 2000 et

2010. Même si les résultats d’autres pays, comme l’Indonésie

par exemple, restent beaucoup plus modestes, il n’est rien de

dire que le tourisme en Asie du sud-est est un des secteurs

économiques les plus dynamiques, reflétant en cela

parfaitement la tendance mondiale. Même les aléas climatiques

(Tsunami en 2004 et raz-de-marée au Japon en 2011) ou

l’instabilité politique (coup d’Etat en Thaïlande en 2006) ne

réussissent pas à inverser cette tendance.

Du Japon à l’Indonésie, la qualité et le développement des

infrastructures touristiques et des réseaux de communication

sont cependant très variables. En Chine, le réseau routier et

ferroviaire, même s’il est de bonne qualité, est beaucoup plus

concentré sur le littoral de l’est du pays. En Thaïlande, les

liaisons entre Bangkok et la partie sud du pays sont bonnes

mais les axes sont moins développés, ou de moins bonne

qualité, dans le nord. La qualité des routes est bien moins

évidente au Vietnam, au Laos, au Cambodge, aux Philippines

ou en Indonésie, ce qui pèse sur le développement de l’activité

touristique. Les infrastructures sont aussi très inégalement

développées. Dans les principaux pays d’Asie du sud-est, ce

sont surtout les investissements réalisés par de grands groupes

étrangers (Accor, Hilton…) qui ont permis la modernisation et le

développement du parc hôtelier bien que les autorités en

Thaïlande ou en Chine par exemple aient réalisé des

investissements importants dans ce secteur.

Dans une moindre mesure que l’Afrique, l’Asie du sud-est est

marquée par une certaine instabilité politique. Les régimes

politiques sont très variés et la démocratie libérale reste

l’exception. La Chine, le Vietnam, Brunei, la Birmanie, la

Thaïlande, la Malaisie et la Corée du nord restent des régimes

autoritaires à des degrés très différents, ou des régimes semi-

démocratiques très fragiles. Le Japon, la Corée du sud et

Singapour constituent les exceptions démocratiques de cette

zone. Il convient donc d’être prudent dans une zone ou le trafic

de stupéfiants et le tourisme sexuel sont très développés mais

peuvent être également très sévèrement réprimés quand les

autorités décident de faire « un exemple » pour punir des trafics

qu’elles tolèrent largement par ailleurs car ils alimentent de

façon souterraine une grande partie de l’économie. Il faut

rappeler à ce titre que l’Indonésie n’a signé aucun accord

d’extradition avec la France ce qui peut placer les

ressortissants de ce pays dans une situation très dangereuse

en cas d’arrestation et de condamnation. Enfin l’Asie du sud-est

est travaillée par de fortes tensions géopolitiques : les menaces

récurrentes de la Corée du nord envers la Corée du sud et son

voisin japonais ou les tensions entre la Chine et le Japon ou

entre la Chine et Taïwan menacent de façon récurrente

l’équilibre de la région.

IX - La Thaïlande : une destination montante

La Thaïlande est un pays à l’industrie touristique florissante,

détenant de nombreux atouts pour attirer les foules de visiteurs.

Les arrivées de touristes en Thaïlande ont dépassé le seuil des

22 millions pour l’année 2012 selon l’Autorité du Tourisme de

Thaïlande (source : Veille Info Tourisme/TAT News). Les

entrées de touristes internationaux, selon les chiffres

communiqués par la TAT, ont augmenté de 15 % par rapport à

2011 et ont généré pour le pays plus de 965 milliards de bath

de recettes (environ 24 milliards d’euros), soit une hausse de

24 % par rapport de 2011 à 2012. La Thaïlande est donc

considérée comme la première destination d’Asie du sud-est

devant la Malaisie, la seconde si l’on considère toute l’Asie et

l’ensemble de la Chine (en comptant également Macao et Hong

Kong, considérées comme des provinces chinoises). En dépit

des troubles politiques et des aléas naturels qui ont frappé la

Thaïlande en 2011, l’industrie touristique s’est redressée à un

rythme spectaculaire. Cette progression est due à plusieurs

atouts. Il y a tout d’abord plusieurs Thaïlande : la région de

Bangkok et ses environs avec ses dix millions d’habitants, 2) Le

sud de la péninsule, ses plages et ses îles, qui font de la

Thaïlande la première destination d’Asie pour le tourisme

nautique et balnéaire, 3) le nord, ou le tourisme est plus axé sur

la découverte des vestiges et des impressionnants parcs du

pays.

A) Généralités

En thaï, Pratet Thaï ou Muang Thaï signifie le « pays des

hommes libres ». L’ancien royaume de Siam qui a toujours

résisté à la colonisation couvre aujourd’hui 514000 km2 (51e

Etat du monde par sa superficie). Il est bordé à l’ouest par la

Birmanie (Myanmar), au sud par la Malaisie, à l’est par le

Cambodge et au nord-est par le Laos. La Thaïlande est une

monarchie constitutionnelle. Sa capitale est Bangkok (« la cité

des anges » en Thaï), la monnaie, le bath et la langue officielle

le thaï.

Soixante-six millions de personnes vivaient en Thaïlande en

2011, la population étant composée à 75% de Thaïs, de 14%

de Chinois et de 3% de Malais. La Thaïlande a connu depuis

les années 1970 un développement économique très rapide

fondé en partie sur celui de l’industrie touristique. Elle fait figure

aujourd’hui de NPI (Nouvelle Puissance Industrielle ou

Nouveau Pays Industriel), après avoir longtemps fait partie du

groupe des « bébés tigres », rassemblant un certain nombre de

« pays ateliers d’Asie » (Malaisie, Indonésie, Thaïlande,

Philippines). La croissance du tourisme en Thaïlande s’appuie

sur les flux en provenance d’Europe et des Etats-Unis mais

aussi sur la très forte hausse du tourisme en provenance de

Chine ou de Russie qui dope l’activité touristique au « pays des

hommes libres. »

B) De nombreux atouts naturels et culturels

La Thaïlande s’étend sur 1770 km du sud au nord et sur 800

km d’est en ouest pour la partie la plus large. Au centre du

pays, autour de Bangkok, on trouve une vaste plaine traversée

par le Chao Phraya, le plus grand fleuve de Thaïlande après le

Mékong et la Salween, mais aussi le seul fleuve dont le cours

se situe intégralement sur le territoire thaï (Menam Chao

Phraya, menam signifie fleuve, et chao phraya, « le seigneur

des eaux »). Long de 372 km, il est l’un des axes de transport

et de communication majeurs du pays sur lequel on observe le

ballets incessants des barges de transport et des bateaux-taxis

qui transportent indifféremment locaux et touristes. De

nombreux bras du grand Chao Phraya se prêtent d’ailleurs tout

à fait à la promenade en bateau et au tourisme fluvial en raison

des paysages tout à fait admirables du delta du fleuve. La

plaine alluviale (rappel : un alluvion est une portion de terre

située entre des affluents dans une région deltaïque, c’est-

à dire le delta d’un fleuve. On parle d’une zone alluviale) est

la principale région agricole mais aussi la région la plus peuplée

du pays. A l’embouchure du fleuve, des mangroves côtières

entourent la baie de Bangkok et représentent déjà une

importante région pour le tourisme balnéaire.

(Chonburi, Thonburi, Chantaburi…). A l’est de Bangkok, on

trouve le parc national du Ban Kao Lang (570 km2) qui porte le

nom du mont Kao Lang, dans la province de Nakhon. Ce parc

offre à la vue ses magnifiques champs d’orchidées et est par

ailleurs réputé pour ses chutes d’eau spectaculaires. En

poursuivant 65 km plus au nord, à partir de la ville de

Kanchanaburi, on trouve le wat (« wat » signifie temple en

thaï) daen Maha Mongkhol, un temple entièrement blanc dit

aussi « temple au 1600 marches ». Un peu plus haut, c’est-à

dire à 200 km à l’ouest de Bangkok à la même latitude, on

trouve le parc d’Erawan, accessible également au départ de

Kanchanaburi, qui est l’un des plus beaux parcs de Thaïlande,

connu pour ses nombreuses chutes, l’une des principales

attractions pour les farangs (touristes) dans la région.

Bangkok elle-même est une métropole frénétique de plus de dix

millions d’habitants. Depuis septembre 2006, le principal point

d’arrivée pour les touristes à Bangkok, et en Thaïlande, est le

Suvarnhabumi International Airport, situé à 25 km de la

métropole thaïlandaise. Bangkok-Suvarnabhumi est un des

aéroports les plus fréquentés d'Asie et dans le monde, c'est le

18ème aéroport mondial, avec plus de 48 millions de passagers

en 2011. Des taxis relient l’aéroport au centre de Bangkok pour

environ 300 bahts (environ 8 euros. 1 baht = 0,03€). On peut

aussi profiter du service de bus, encore plus économique mais

au fonctionnement encore assez anarchique et aléatoire, ou

d’un mode de transport plus emblématique de la Thaïlande et

de toute l’Asie du sud-est : le tuk-tuk, un tricycle motorisé

thaïlandais servant de taxi pour des sommes très modiques

(« tuk tuk » signifie « économique » en thaï). Depuis 2010

cependant, un autre moyen extrêmement rapide de rallier le

centre-ville au départ de l’aéroport est le Suvarnabhumi Airport

Express Rail Link (SARL), connecté au métro de Bangkok, le

Bangkok Transit System (BTS), ou « Skytrain », qui comprend

deux lignes et permet de voyager vite pour une somme là

encore très modique (40 bahts au maximum soit 1 euro).

Bangkok dispose d’une forte capacité hôtelière grâce à la

présence de grandes chaînes internationales (Royal Orchid,

Sheraton, Hilton, Sofitel, Banyan Tree…etc) et comporte un

grand nombre d’attractions et de sites appréciés des touristes

dont la célèbre maison de Jim Thompson (Jim Thompson’s

house). Arrivé en Thaïlande au lendemain de la guerre de

1944, Jim Thompson était un agent des services secrets

américains. Séduit par le pays, il entreprit de développer la

production de la soie thaïlandaise en présentant notamment

des échantillons de tissus à Edna Chase, directrice du

magazine Vogue, à partir desquels fut présenté un modèle de

robe qui reçut un très bon accueil après avoir été présenté dans

le magazine. En s’appuyant sur un réseau de tisseurs locaux,

Thompson fonde en 1947 la « Thaï Silk Company » dont les

produits connaissent un très grand succès. Devenu un

industriel prospère, Thompson fait construire dans le centre de

Bangkok la maison qui porte encore aujourd’hui son nom et y

accumule les objets d'art anciens, laques birmanes, bronzes

cambodgiens, peintures et sculptures. Jim Thompson disparut

mystérieusement en 1967, lors d'un séjour chez des amis en

Malaisie.

Les monuments par ailleurs les plus connus et les plus visités

de Bangkok sont le Wat Pho et le Wat Saket (« Temple de la

montagne d’or »), temple bouddhique dont le chedi (pagode)

doré s’élève à 78 mètres de hauteur, perché sur une colline

artificielle. Il date du XIVe siècle (époque Ayutthaya) et fut

complètement restauré au XVIIIe siècle sur ordre du roi Rama

Ier. Il se visite pour la somme très modique de 10 bahts (25

centimes d’euro). Le Wat Pho, quant à lui, est un des plus

grands et des plus anciens temples bouddhistes de Bangkok. Il

est situé à l'est de la Chao Phraya, immédiatement au sud du

Palais royal (Bangkok), et abrite une statue de Bouddha couché

de 15 mètres de haut et 45 mètres de long, entièrement

recouverte de feuille d’or, qui représente Bouddha sur son lit de

mort. Le Palais Royal de Bangkok a lui été construit en 1782

par le roi Rama Ier sur la rive gauche (orientale) de la Chao

Phraya. Il abrite non seulement la résidence royale et la salle

du trône, mais aussi un grand nombre de bureaux

gouvernementaux et le temple du Bouddha d'Émeraude (Wat

Phra Kaeo).

Les amateurs peuvent aussi assister aux matchs de boxe

thaïlandaise, le sport national, dans l’immense Lumpinee

Stadium qui accueille les compétitions les plus importantes.

Parmi les nombreux champions qui se sont produits dans le

stade, Dieselnoi Chor Thanasukarn est resté dans les

mémoires après avoir remporté tous les titres dans les années

1980 et s’être finalement retiré de la compétition…faute

d’adversaire capable de le battre. Bangkok possède également

un certain nombre de marchés couverts qui font sa renommée,

dont le marché de Chatuchak, sans doute le plus grand et le

plus connu.

Enfin la description de Bangkok serait incomplète sans évoquer

Pat Pong, quartier chaud de Bangkok s'adressant

principalement, mais non exclusivement, aux touristes

étrangers et aux expatriés. Pat Pong, ainsi que la station

balnéaire de Pattaya, située plus à l’est de Bangkok, sont

devenus emblématiques d’une forme de tourisme qui

représente malheureusement une écrasante part des revenus

souterrains générés par la fréquentation des étrangers. Le

tourisme sexuel s’appuie en Thaïlande sur trois types de

pratique : la prostitution dite « classique », la pédophilie et les

« copines », de jeunes, voire très jeunes, thaïs qui

accompagnent le temps d’un séjour les touristes étrangers en

se faisant entretenir. Certaines agences de voyage, notamment

aux Etats-Unis, n’hésitent pas à faire établir des « contrats de

virginité » par les « fournisseurs » pour garantir plus

efficacement la clientèle contre les risques liés au Sida.

Cependant, depuis quelques années, les efforts du

gouvernement thaïlandais pour lutter contre le tourisme sexuel

ont été nettement plus marqués après des années de laisser-

faire. Conséquemment, c’est le Cambodge, où les autorités

sont devenues beaucoup moins regardantes, qui est devenu le

nouveau centre du tourisme sexuel en Asie du sud-est, avec la

pratique des « mariages arrangés » ou de « l’adoption de

complaisance » entre touristes étrangers et très jeunes filles ou

garçons. Il faut cependant noter que les Thaïlandais restent

dans leur pays la première clientèle pour la prostitution qui est

considérée encore très largement comme une forme

traditionnelle d’initiation sexuelle.

C) Un tourisme balnéaire encore très dominant

Le nord de la Thaïlande ne manque pas d’attraits. Il s’agit d’une

région plus sauvage et plus montagneuse, en partie couverte

par la forêt tropicale. Située à une altitude moyenne variant

entre 1200 et 1500 mètres, cette région frontalière du Laos et

du Myanmar est surplombée par le Doi Inthanon, le plus haut

sommet de Thaïlande, qui culmine à près de 2600 mètres, dans

la province de Chiang Mai. Le climat est beaucoup plus rude

dans cette région et les températures beaucoup plus basses

que dans le reste du pays en raison de l’influence

montagnarde. La randonnée (Trekking) est une des principales

attractions du Nord de la Thaïlande. De nombreux circuits

incluent du rafting (descente de rivière en radeau) ou des

promenades à dos d'éléphant. Le sommet du Doi Inthanon se

trouve dans le parc national qui a pris son nom et qui offre 482

km2 de nature somptueuse, sans doute l'écosystème le mieux

préservé de la Thaïlande. Le tourisme ethnique et alternatif se

développe très rapidement dans cette région sous la forme des

visites organisées dans les Hill tribes (tribus des montagnes).

De la même manière cependant que les masaïs au Kenya,

l’explosion de la fréquentation touristique bouscule le mode de

vie traditionnel des tribus karen qui vivent dans cette région.

La richesse de l’architecture religieuse permet également aux

touristes d’admirer les multiples temples bouddhiques qui

parsèment cette partie du pays, le Wat Phrathat Doi Suthep par

exemple, situé à 15 km de la ville de Chiang Maï et accroché

aux flancs du Doi Suthep, qui offre une vue magnifique sur un

panorama saisissant de pentes verdoyantes et escarpées

entourant le Doi Suthep. Enfin, le nord-est du pays, la région de

l’Isan est la plus pauvre de la Thaïlande et aussi la moins

visitée. Elle s’étale sur le large plateau de Korat et son relief est

moins marqué, hormis la présence des monts Dang Rek à la

frontière sud avec le Cambodge, tandis que le fleuve Mékong

délimite la frontière est, avec le Laos.

En dépit des richesses culturelles et naturelles du nord de la

Thaïlande, la dominante absolue du tourisme dans ce pays

reste balnéaire. De Phetchaburi à Narathiwat, tout au sud, le

littoral de la péninsule s'étend sur des centaines de kilomètres

et d'innombrables îles dans la mer d'Andaman et le golfe de

Thaïlande ; Phuket, Krabi, Ko Samui, Ko Tao figurent parmi les

îles ou les plages les plus connues. La province de Phuket est

sans doute la plus connue et la plus fréquentée. C’est une île

desservie par un aéroport international et par un pont qui la

relie au continent. L’île est couverte à 70% par les forêts et

Phuket a bâti sa renommée sur ses plages paradisiaques :

Patong, Kanon ou Kata. On peut aussi évoquer la province de

Krabi et ses 130 îles (celle de koh Phi Phi a servi à tourner le

film La Plage). Détail intéressant : une des productions de l’île

est le nid destiné à la cuisine chinoise. Plus à l’ouest, l’île de

Koh Tapu (koh signifie île en thaï) est devenue « l’île de

James Bond » (L’homme au pistolet d’or, 1974, Demain ne

meurt jamais, 1997), l’île abrite également le parc national de

Ao Phang Na. De nombreuses autres îles participent à la

renommée de la première destination balnéaire d’Asie du sud-

est, Koh Samui et ses coraux (le Queen Victoria y a fait escale

en 2008), Koh Pha Ngan (où a lieu en septembre la full moon

party) et bien sûr Koh Lanta, à 70 km de l’archipel de Krabi.

Si la Thaïlande s’apprête sans doute à rentrer dans le top 10

des destinations mondiales et s’est déjà imposée comme une

des plus importantes destinations d’Asie (après la Chine), la

hausse de la fréquentation touristique fait courir de grands

dangers à des environnements naturels de plus en plus

dégradés. Ces splendides panoramas, ces forêts ou ces plages

de rêve représentant l’argument touristique premier du pays, le

gouvernement thaïlandais doit mettre en place une politique de

préservation plus efficace afin de conserver intacts les atouts

touristiques du pays. Par ailleurs, le tourisme sexuel reste aussi

une activité encore très peu contrôlée et qui, tout en

représentant une part non négligeable des recettes touristiques

(occultes), nuit à l’image du pays.

X - Et le reste de l’Asie…

A) La Chine, poids lourd du tourisme mondial

Le poids lourd du tourisme en Asie reste bien sûr la Chine

(sujet de géographie du tourisme du BTS 2012). Quand Mao

Zedong a pris le pouvoir en 1949 avec la création de la

République Populaire de Chine, le tourisme n’a pas constitué la

première priorité du pouvoir maoïste dans le contexte très dur

de la guerre froide naissante et le pays s’est refermé sur lui-

même. Pendant plus de quarante ans, les rares touristes qui

ont visité le pays étaient originaires du bloc de l’est. A partir de

1973 et la normalisation des relations entre la Chine et les pays

occidentaux (la Chine populaire remplace à cette date la Chine

nationaliste au Conseil de Sécurité permanent des Nations

Unies), les premiers touristes venus de l’ouest, notamment des

Américains, ont commencé à arriver dans l’empire du milieu.

Ces premiers visiteurs sont cependant restés très surveillés. En

1975, 30000 touristes à peine visitaient la Chine.

C’est l’arrivée au pouvoir de Deng Xiaoping en 1976 qui a

contribué à changer la donne avec l’initiation d’une nouvelle

politique d’ouverture économique donnant lieu à ce que l’on

appellera par la suite « l’économie socialiste de marché ». Le

secteur du tourisme devient, à partir des années 1980, un des

fers de lance de cette politique. L’administration Générale de

l’Etat au voyage favorise le développement du tourisme dans

les Zones Economiques Spéciales (ZES). Le premier Club

Méditerranée ouvre ainsi ses portes à Shenzen en 1984 et le

second en 1986 à Pékin. Des conditions fiscales avantageuses

favorisent l’installation des grands groupes et la sous-

évaluation du Yuan avantage les touristes en provenance

d’occident dans un pays qui connaît 15% de croissance par an

à partir du milieu des années 80. Le tourisme d’affaire se

développe donc dans un premier temps avant cependant que la

très dure répression de Tian An Men1 n’apporte un tragique

bémol au concert de l’ouverture. Néanmoins, la fréquentation

touristique reprend rapidement et en 2006, avec 46 millions de

visiteurs, la Chine était déjà la 4e destination touristique

mondiale. En 2009, la Chine pointait toujours à la 4e place avec

50,90 millions de visiteurs (OMT) mais l’OMT prévoit que

l’Empire du milieu devrait devenir la première destination

touristique en 2020 avec plus de 135 millions de visiteurs.

B) Le retour du tourisme au Japon

Selon l’OMT, le nombre d'étrangers entrés en 2011 sur le

territoire nippon a chuté de 27,8% en 2011 par rapport au total

de 2010, un plongeon historique à cause des conséquences du

séisme du 11 mars, de l'accident nucléaire de Fukushima et de

1 Les 15 avril 1989 et 4 juin 1989, des révoltes à Pékin contre l’autoritarisme du gouvernement chinois

provoquent l’intervention de l’armée. On évalue à plusieurs milliers de victimes le bilan de la répression qui

écrase dans le sang les velléités d’accompagner l’ouverture économique d’une certaine libéralisation politique.

la flambée du yen. Selon les statistiques publiées par

l'Organisation japonaise du tourisme (JNTO), quelque 6,22

millions de personnes ont séjourné au Japon en 2011,

voyageurs d'affaires compris, contre 8,61 millions l'année

précédente qui avait été marquée par un record de

fréquentation. (source OMT)

Cependant, le nombre d'étrangers venus en 2012 sur le

territoire nippon a augmenté de 34,6% par rapport au total de

2011, avec 8,37 millions d'entrées, un regain qui s'explique par

un apaisement des craintes liées aux conséquences de

l'accident nucléaire de Fukushima. (Source : statistiques

publiées par l'Organisation japonaise du tourisme (JNTO). Le

Japon reste en revanche un des principaux bassins émetteurs

de flux touristiques et l’un des principaux marchés en termes de

dépenses touristiques.

Source (y compris le tableau statistique) : Olivier

Dehoorne, Pascal Saffache et Corina Tatar, « Le tourisme

international dans le monde : logiques des flux et confins

de la touristicité », Études caribéennes [En ligne], 9-10 |

Avril-Août 2008, mis en ligne le 08 septembre 2008,

consulté le 20 février 2013. URL :

http://etudescaribeennes.revues.org/882.

C) Angkor, un joyau du patrimoine mondial

Le Cambodge est l’état successeur de l’Empire khmer hindouiste et bouddhiste qui

régna sur pratiquement toute la péninsule d’Indochine entre le XIe et le XIVe siècle.

Le Cambodge a des frontières communes avec la Thaïlande à l'ouest et au nord-

ouest, le Laos au nord-est et avec le Viêt Nam à l'est et au sud-est. C'est à la fin du

siècle dernier que le site a été désigné sous le nom d'Angkor, qui signifie « capitale »

; les Khmers ne connaissaient qu'Angkor Thom, « la grande capitale » et surtout

Angkor Vat, « la capitale qui est devenue un monastère », lieu de pèlerinage qui a

survécu à travers les siècles. Le site d'Angkor est une vaste zone où se situe un

ensemble de temples, de monuments et de palais édifiés du IXe au XIIe. Les Khmers

nous ont laissé, à travers leurs monuments, le témoignage saisissant d’une

civilisation extrêmement brillante qui a exercé sa domination sur une partie de la

péninsule indochinoise entre le Xe et le XIVe siècle. Angkor, demeure emblématique

à travers le monde des trésors que l'on peut découvrir au Cambodge. Un complexe

immense, noyé dans la jungle, dominé par le fameux Angkor Vat, son principal

temple. Véritable symbole du pays, Angkor est le passage ''obligé'' de tout voyageur

au Cambodge qui pourra s’y rendre de la localité voisine de Siem Reap, située sur

les bords de l’immense lac du Tonlé Sap.

L. Gayard