appendice ier - bmsenlis.com · ... prieur-curé de st-martin de chauny en 1704, il y écrit...

100
APPENDICEIer CATALOGUE DES SEIGNEURS DE CANNY ET VARESNES OBSERVATIONS PRELIMINAIRES l 1" Notre but. — Les dernières pages du précédent Catalogue contiennent le résultat partiel de nos recherches sur François de Barbanson, seigneur de Canny et Varesnes et bailli de Senlis de 1543 à 1567. Cette étude nous a conduit à visiter plusieurs dépôts d'archives, à interroger de nombreux documents, recueils et ouvrages. Grâce à eux, nous avons vu cette seigneurie de Canny déjà constituée au XIe siècle ; sa prospérité rapide et continue s'explique par la valeur des titulaires et leurs nobles alliances. Aux Le Flamenc succèdent les de Barbanson, à ceux-ci les Duprat-de-Barbanson. Mais, ces trois Maisons sont unies par le sang ou le mariage : elles apparaissent à travers les âges, comme trois branches issues d'un même tronc huit fois séculaire. La Révolution a détruit ou dispersé les témoins de toutes ces gloires: notre tâche est d'en recueillir les débris épars depuis les Croisades jusqu'à nos jours. § IIe Nos Sources. — Le Précis Statistique de Graves sur le canton de Noyon, art. Varesnes, est le point de départ do notre Notice. Mais, pré- occupé de l'étendue d'une oeuvre embrassant tout le département, l'auteur n'a pu dire tout ce qu'il savait; il a surtout négligé d'indiquer ses sources. Nous suppléerons difficilement à sa concision, comme à son silence. — L'histoire généalogique . . . des Grands Officiers par le P. Anselme, contient un article consacré aux Le Flamenc, dont l'un fut Maréchal de France : il nous servira de guide pendant les trois pre- miers siècles. — Dom Labbé a composé une Histoire de Chauny, que nous avons consultée avec fruit: Né à Blois en 1665, prieur de N.-D. d'Harcourt, puis chanoine de la Congrégation de France, le Père Christophe Labbé est en 1696, professeur de théologie à Ham et prieur- curé de l'église St-Sulpice de cette ville; il y publie, en 1700, la Vie de Vaneng, patron de Ham et de Fécamp, rééditée en 1873 par M. Hardy, avec Notice historique et biographique ( V. Reliques de St-Vaneng par l'abbé Corblet, dans Le Vermandois t. IIe, p. 344); prieur-curé de St-Martin de Chauny en 1704, il y écrit l'Histoire de cette ville et de ses dépendances; il est en 1714, prieur-curé de St-Martin de Blois, où il meurt en 1716 : ce dernier ouvrage est resté manuscrit ; l'original est conservé au château du Mont-Renaud ( Comin e de Passel, cant. Noyon);

Upload: vuhanh

Post on 16-Sep-2018

214 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

APPENDICE Ier

CATALOGUE

DES

SEIGNEURS DE CANNY ET VARESNES

OBSERVATIONS PRELIMINAIRES

l 1" Notre but. — Les dernières pages du précédent Cataloguecontiennent le résultat partiel de nos recherches sur François deBarbanson, seigneur de Canny et Varesnes et bailli de Senlis de 1543 à1567. Cette étude nous a conduit à visiter plusieurs dépôts d'archives, àinterroger de nombreux documents, recueils et ouvrages. Grâce à eux,nous avons vu cette seigneurie de Canny déjà constituée au XIe siècle ;sa prospérité rapide et continue s'explique par la valeur des titulaireset leurs nobles alliances. Aux Le Flamenc succèdent les de Barbanson,à ceux-ci les Duprat-de-Barbanson. Mais, ces trois Maisons sont uniespar le sang ou le mariage : elles apparaissent à travers les âges,comme trois branches issues d'un même tronc huit fois séculaire.La Révolution a détruit ou dispersé les témoins de toutes ces gloires:notre tâche est d'en recueillir les débris épars depuis les Croisadesjusqu'à nos jours.

§ IIe Nos Sources. — Le Précis Statistique de Graves sur le canton deNoyon, art. Varesnes, est le point de départ do notre Notice. Mais, pré-occupé de l'étendue d'une œuvre embrassant tout le département,l'auteur n'a pu dire tout ce qu'il savait; il a surtout négligé d'indiquerses sources. Nous suppléerons difficilement à sa concision, comme à sonsilence. — L'histoire généalogique . . . des Grands Officiers par leP. Anselme, contient un article consacré aux Le Flamenc, dont l'un futMaréchal de France : il nous servira de guide pendant les trois pre-miers siècles. — Dom Labbé a composé une Histoire de Chauny, que nousavons consultée avec fruit: Né à Blois en 1665, prieur de N.-D.d'Harcourt, puis chanoine de la Congrégation de France, le PèreChristophe Labbé est en 1696, professeur de théologie à Ham et prieur-curé de l'église St-Sulpice de cette ville; il y publie, en 1700, la Vie deVaneng, patron de Ham et de Fécamp, rééditée en 1873 par M. Hardy,avec Notice historique et biographique ( V. Reliques de St-Vaneng parl'abbé Corblet, dans Le Vermandois t. IIe, p. 344); prieur-curé deSt-Martin de Chauny en 1704, il y écrit l'Histoire de cette ville et de sesdépendances; il est en 1714, prieur-curé de St-Martin de Blois, où ilmeurt en 1716 : ce dernier ouvrage est resté manuscrit ; l'original estconservé au château du Mont-Renaud ( Comine de Passel, cant. Noyon);

— 4 —

mais, il en existe diverses copies, plus ou moins défectueuses, d'aprèslesquelles ont été faites les publications suivantes : 1° Dans la revueLe Vermandois, «Les Origines, l'Etat, l'Histoire de la ville de Chauny..»t. 1er et IVe; ces divers articles, indiques dans les tables, ont été tirés àpart, en trois fascicules, St.-Quentin 187G; « Notices sur diverses« paroisses relevant de Chauny dans les doyennés voisins, Ham, Genlis,« Annois, Cugny, Essigny, Flavy, Happencourt, Jussy, Lier, Mannessie,« Moy, Rémigny, St-Simon, Caumont, Âutreville, Bichancourt, Bac-« Erbleincourt, Caillouel, Crépigny, Commanchon, Caumont. » T. Ier IIe IIIe2° Dans le Journal de Noyon, année 1883, « Dépendances de Chauny« dans le doyenné de Noyon, Âppilly, Babœuf, Beaugies, Beaulieu-le-« Comte, Berlancourt, Candor, Grisolles, Guy, Dives, Flavy-le-Meldeux,« Fréniches, Guivry, Magny, Maucourt, Mondescourt, Noyon, Ourscamp,« 'Pimprez, La Potière-Pesée, Quesmy, Ribécourt, Salency, Sempigny,« Ville »; l'article consacré à Mondescourt contient une liste desseigneurs de ce lieu et de Cauni (Canny), qui enrichit cette Maison d'undegré et la rattache à la première Croisade. — L'inventaire sommairedes Archives de l'Oise, rédigé avec la plus judicieuse critique parMe Coüard-Lhuys, nous a fourni des documents scrupuleusementanalyses et datés. Mais, le fond de la seigneurie de Varesnes n'a réaliséqu'en partie nos espérances : ses huit portefeuilles, sommairementclassés et cotés, ne renferment pas de titres antérieurs au XVe siècle;parmi les modernes, beaucoup de pièces de comptabilité d'un intérêtsecondaire. Il en est â peu près de même pour la seigneurie de Formerie:ses dossiers ont été explores par M. Bellou, auteur d'une monographiedudit bourg insérée dans le t. XIIe de la Société Académique deBeauvais. Nous devons, néanmoins, à ces deux groupes de la série E.plusieurs documents importants: leur analyse trouvera place dans notretexte, ou leur transcription parmi nos pièces justificatives.

— Aux Archives Nationales, nos recherches ont été particulièrementfructueuses : grâce à la bienveillance de l'Administration qui, à chacunede nos demandes, a répondu par des listes d'originaux à consulter. Denotre dossier, coté 24215, nous extrayons ce qui suit: — « T. 138 1 à10,« cartons contenant les papiers de la famille Barbanson classés et inven-« tories par les commissaires de la République, après confiscation contre« l'émigré Duprat-Barbanson: T. 1381, Terre de Vitteaux et Dépendances,« Renseignements à la propriété, Pièces de procédure, Foys et Hom-« mages, Aveux, Dénombrements, Lettres missives, Notes diverses.« T. 138 2-4, Terre de la Vatteline, laquelle est une seigneurie des Grisons« à l'entrée de l'Italie, près du canton de Bornio. Donation de la dite« terre par le roi François I" à l'ex-cardinal Duprat, 9 novembre 1515, etc.« T. 138 5-7, Terres de Précy, Sépeaux et Cudot, Recueil de titres depuis« 1193. T. 138 4-5-7 , Châtellenie de Fresne-Saint-Mammets, Renseignements« à la propriété, Arpentages, Dénombrements, etc ; Anciens titres;

« T. 1387-9 Terres de Canny, Varesnes, Pontoise, Coarcy, Mondescourt,

« etc. Renseignements à la propriété, Etats, Mémoires, Hommages,« Baux, etc. Varesnes, Fondation de l'hôpital, Acquisitions faites dans« ce but, Plans de la terre de Canny etc. T. 13810, Terres de Maucreux« Faverolles, Ancienville et Dépendances, le tout compris en la Baronnie« de Formerie, Titres de propriété, Droits d'usage des habitants, anciens« Aveux, Pièces justificatives des droits seigneuriaux, etc. Recueil de« titres relatifs aux terres de Clessy et Geugnon depuis 1545 etc. Terre de« Formerie et dépendances, anciens titres concernant la Forêt-le-Duc,« autrement dite de Saint-Léger-des Fourcherets, etc. Maison de Vendôme,« à Paris, Titres de 1699 à 1737. Hôtel de Barbanson, rue de Babylone, à« Paris, prisée estimative, faite le 10 février 1791. —J.J. 145, (Registres du« Trésor des Chartes) f° 60, no 140, Remissio pro N. Lecourt, 1394. —« Série E. Divers arrêts relatifs à la famille de Barbanson. — Série II.« L.L. 963 bis, Gilles Le Flamenc, clerc, natif de Bapaume. Extrait du t. IIe« du Recueil intitulé: « Tombeaux des personnes illustres, nobles, célèbres« et autres inhumées dans les églises de Paris. » — Titres généalogiques« de la famille de Barbanson: M. 270, Hommage d'un fief à Quierzy par« M™" veuve de Barbanson de Cani à Mre d'Halwin, 1568 et 1573 (deux« pièces); Dénombrement d'un fief à Morlincourt, fait en 1464 à Chris-« tofle de Barbenson de Cani; Partage entre les frères Jean et François« de Barbanson de Cani, 1501 ; Contrat de mariage de Louis de Barbanson« de Cani et Delle Catherine de Schomberg, 16 août 1588; M. 405, Acqui-« sition de partie du bois du Caisnoy par Raoul Le Flamenc de Cani, 1256.« Accord entre Raoul Le Flamenc de Cani et l'Evêque de Noyon, au sujet'« du fief de la Quinzaine. — X. la 1484, f° 264 v°, Arrêt du Conseil concer-« nant Christophe de Brebenchon de Cani; — X. la 1485; f° 5 v° Arrêt« du Conseil en faveur de Jehan de Barbenchon de Cani, 1469; — X. la 1489,« Seigneurie de Varesnes; V. 7. 401, Arrêt du Conseil entre M™ Duprat« de Barbanson de Canny et divers, 1738-1744 ; Y. 73 et 74, Registre des« Bannières pour l'enregistrement des actes et jugements publiés au« Châtelet de Paris: Du 1" mars 1744, Acte de substitution par François« Duprat, comte de Barbanson, en faveur de Antoine-Louis Duprat, marquis« de Barbanson, son fils; Testament dudit Antoine-Louis Duprat, 1 mars« 1774; Z. I? 585, L. P. de Barbenson (branche de Sologne), maître des« eaux et forêt de Romorantin ; P. 16., Anciens hommages de la chambre.« des Trésoriers de France : cote VIm VIIe IIIIXX XVII, hommage de la terre« de Cani, en Normandie, par le prince de Condé, 23 août 1558. Nota que les« titres de la Maison de Condé ont été remis par les archives Royales en 1816« et sont conservés au château de Chantilly. . .. Quant à Canny en« Vermandois, il n'a rien été trouvé ni sur les origines, ni sur les trans-o missions de cette seigneurie. Voir néanmoins an X. 1b 9615, Adjudica-« tion de la terre de Roye, Crapeaumesnil, etc. le 17 janvier 1630 », Cet

— 5—

— 6 —

obligeant avis ne nous laissait aucun doute sur la nécessité d'un recoursaux archives de Chantilly. Mais, les inqualifiables décrets d'exil récem-ment portés contre notre illustre Président d'honneur, Monseigneur leDuc d'Aumale, ont rendu bien difficile l'accès de ce riche dépôt. A lademande par nous adressée à l'archiviste, il a été courtoisement répondu :

« Une partie des archives à été transportée en Angleterre, avec les« Catalogues. Les indications restées à Chantilly ne permettent pas de« répondre avec certitude aux questions posées. D'ailleurs, un grand« nombre des titres restitués en 1816, ont été réclamés par les acquéreurs« des biens vendus à diverses époques », Nous avons compris qu'ilfallait attendre des temps meilleurs; et nous dirons, dans notre PièceJustificative n° 1, quelles lacunes subsisteront provisoirement dansnotre récit. (1) En tout cas, les détails qui précèdent provivent que lesseigneurs de Varesnes conservaient en leur demeure, à Paris, leurs plusprécieux papiers ; en province, leurs officiers ne gardaient que les piècesadministratives. Le lot échu aux Archives de l'Etat provient, sans doute,des saisies faites rue de Babylone; celui de Chantilly n'est qu'un démem-brement de ce dernier; celui de Beauvais a été fourni par les châteauxsitués dans l'Oise; le reste doit se trouver dans d'autres départements.

A Canny comme à Varesnes, les Archives communales possèdentquelques documents modernes ; ils seront analysés ou transcritsdans le présent catalogue ou ses annexes. — L'Inventaire desSceaux de la Collection Clairambault nous a fourni sur les Le Flamencet les de Barbanson de nombreux numéros indiqués dans les tables. —Nous avons aussi parcouru avec un grand profit les divers ouvragesde M. Peigné-Delacourt, notre regretté maître et confrère. Les Cartulairesde Morienval et de Lieu Restauré ont été préparés on publiés avec le concoursde notre Comité, qui lient des exemplaires en nombre à la disposition desérudits. Celui d'Héronval a été édité en 1883 par le Comité Archéo-logique de Noyon. Le Cartulaire et l'Histoire d'Ourscamp sont souventcités dans les deux Appendices qui suivent : l'éloge de cette double publi-cation, fait par tant d'érudits, nous dispense de tout commentaire.

§ IIIe Les Chefs-Lieux. — Deux modestes villages du département del'Oise, arrondissement de Compiègne, distant l'un de l'autre de vingtkilomètres environ, ont donné leur nom à notre Seigneurie. La PièceJustificative n° 1, contient sur Canny et Varesnes, une notice, à laquellele Lecteur voudra bien se reporter.

§ IVe Les Fiefs sont tellement nombreux que leur nomenclature seuleexigerait plusieurs feuillets, et leur monographie un développementsupérieur à celui du Catalogue même. Les Seigneuries annexées pardes héritages ou des alliances ont trouvé, pour la plupart, leur historien.Le récit contiendra sur ce sujet des indications sommaires.

(1) Au moment où s'impriment ces lignes, le Moniteur nous apprend que nosvœux sont en parte exaucés: Monseigneur le Duc d'Amale est libre de rentrer enFrance par l'abrogation du décret du 13 juillet 1886.

LES LE FLAMENC

DE CAUNI (CANNY)

1096-1437.

HERMANN DE CAUNI, est inscrit par Michaud dans sonHistoire des Croisades, sur la liste alphabétique des notablespersonnages engagés dans la première Croisade (1096-1103).

Dom Labbé constate aussi que « Ermand de Cauni » est enTerre-Sainte avec Godefroi de Bouillon. Il a pour successeurs« en la seigneurie de Cauni » les trois Raoul-Le-Flamenc quisuivent, ses fils, petit-fils et arrière petit-fils.

Les armes, de sable à dix losanges d'argent posés trois foistrois et un. — Diction. Héraldique.

RAOUL LE FLAMENC, Ier du nom, seigneur de Canny, Varesnes,Carrépuis, Champien, Beauvoir, etc. Il vivait en 1128, dit leP. Anselme.

NOTA. — Carempuy (al. Quarrépuits), et Champien (al. Chem-pieng, Cempiègne) sont deux villages du canton de Roye (Somme),dont nous adoptons l'orthographe actuelle ; il est souvent question deces fiefs dans les articles suivants: Beauvoir n'est plus qu'an simplelieudit de la commune d'Elincourt-Sainte-Marguerite, canton de Lassi-gny (Oise). L'existence en ce Heu du manoir des Le Flamenc est attestéepar la 929e charte du cartulaire d'Ourscamp, rapportée à l'article deRaoul IV.

§ Ier

RAOUL LE FLAMENC IIe, seigneur de Canny, Varesnes etautres lieux précités — P. Anselme.

« Radulphus Flamens» est l'un des témoins nommés en 1141,dans une charte de Raoul de Coudun confirmant le don demoitié de la dîme de l'Eglise du dit lieu, fait par ses frères auprieuré de Saint-Arnaud. — Cartul. dud, prieuré, par l'abbéGordières, p. 158.

Il est plusieurs fois cité dans le cartulaire d'Ourscamp :« Radulfus, Cognomento Flandrensis, » approuve, de 1150 à1158, l'aumône faite aux religieux des dîmes de Warnaviler,qui sont tenues en fief de lui et qu'il tient de même de Guillaumede Mello (C. 321-23); en 1159, «signurn Radulfi Flamenc»dans un vidimus de l'Evêque de Noyon enregistrant les donsfaits à l'Eglise de Saint-Amand sur le territoire de Lacheni(Lassigny ), — C. 340.

De sa femme, dont le nom est ignoré, il laisse: 1° Raoul,qui suit; 2° Henri sire de Beauvoir, qui fonde une chapelle duconsentement de son frère (P. Anselme) ; 3° Pierre Le Flamenc,seigneur de Biarre et du Plessier, dont sera question à l'articlesuivant. Il est ainsi désigné dans le rôle des chevaliers de lachâtellenie de Montdidier prêtant serment au roi Philippe-Auguste : « Petrus Flanmans, homo, tenet custodiam domus« sue de Plesseio, propter ballium uxoris sue, et debet equita-« tum et exercitum ad usum Viromandensem» — De Beauvillé,Hist. Montdidier, I, 83, 492.

RAOUL LE FLAMENC IIP, chevalier, seigneur de Canny,Varesnes, Carrépuis, etc.

Le P. Anselme constate son existence en 1199, mais non en1299, comme le porte par erreur l'édition de 1712.

En 1198, il prend à bail, du Chapitre de Noyon, les terres etbois du Mesnil, terroir de Lassigny. Le preneur est tenu depayer deux muids de froment livrables chaque année en lagrange du bailleur à Champien; il oblige tous ses successeursen la seigneurie de Carrépuis. — Arch. Oise, G. 198k ; Invent.somm. p. 358

« Raoul Le Flamand» est inscrit, au Cartulaire de Philippe-Auguste, parmi les chevaliers bannerets de Picardie qui ont

vaillamment secondé le roi dans la bataille de Bouvines, le27 Juillet 1214. — De Beauvillé, Hist. Montdidier, I, 95.

« Raoul Flamand, » chevalier, seigneur de Carrépuis,confirme une donation faite en 1220 par son frère PierreFlamand, seigneur de Biarre ci-dessus nommé. Ladite aumônea pour objet la construction de l'église, du presbytère et ducimetière de Biarre. — Arch. Oise, G. 198k; Invent. Somm.p. 340.

Au mois de Février 1227, « Radulfus cognomento Flamenc »,confirme la vente faite aux religieux d'Ourscamp par Gautierd'Antheuil, son homme-lige, et renonce aux dîmes qui lui sontdues autour des loges d'Arsonval. — Cartul. Oursc. G. 556.

Raoul de Cauni, surnommé Le Flamenc, quitte le parti ducomte de Flandre et prend celui du roi de France en 1227. —Dont Labbé, Notice Mondescourt.

Flamand, seigneur de Quesmy, ayant une contestation avecle Chapitre de Noyon, au sujet du terrage sur un essart détri-ché à Lassigny. le différend est réglé par arbitres en août 1429.— Arch. Oise, G. 1984; Invent, p. 360.

Raoul Flament, sire de Cauni, ratifie en 1230 la vente faite àl'abbaye de St-Martin-aux-Bois par Martin de Roye, fils deFaucon, et par sa femme, de leurs droits sur leur vigne deBrétigny. — Arch, Oise, H. 350.

Dans le rôle du tournoi donné à Compiègne, en février 1238,et présidé par Saint-Louis, figure sous le n° 37 « Raous« Flammens: d'or à dix mâcles de gueule en abîme posées« en fasce 3. 3. 3. 1., un lambel de cinq pendants brochant sur« les premiers. » — Le Vermandois (Revue) t. 1er p. 149.

De sa femme Hodierne il eut, dit le P.Anselme, « Adam, quisuit et Regnaud, seigneur de Magny et Varesnes, mort sans« enfans. »

NOTA — Pour découvrir ledit Renaud dans la Maison de Magny,nous avons fait d'assez longues recherches, qui sont réunies dans notreAppendice IIe. Elles nous permettent d'affirmer, dès maintenant: 1° quece Regnaud (al. Renaud) était le gendre et non le fils de Raoul III;2° que le second enfant du dit Raoul était une fille nommée Helvide,mariée à notre Renaud, né Magny et devenu Varesnes par cette alliance;3° que de cette union vinrent plusieurs enfants.

— 10 —

Dans le même temps, nous trouvons encore les homonymes, ou mem-bres de la même famille, qui suivent : Ingelrannus de Cauni intervient àl'une des donations faites en 1179 à l'abbaye de Fonsomme. — De Beau-villé, Docum. sur la Picardie, t. II, p. 12. — « II est question en 1200 d'unHugo de Canny, Noviomensis arbiter. » — De la Fons, une Cité picarde,p. 264. — Flameng (Fleming, etc.) est le qualificatif appliqué à Rainier,Etienne, Guillaume, etc., qui sont présents es années 1200-38, àdifférents actes transcrits au Cartulaire de St-Bertin, par l'abbé Heigneré.

ADAM LE FLAMENC, seigneur de Canny, Varesnes, etc.« succéda à son père (et non à son frère, comme il est écrit par« erreure dans l'Hist. des Gds Officiers, édit. 1112). Il fonde« la chapelle d'Aucourt en 1226 et accorde plusieurs usages à« Varennes. Il est père de Raoul qui suit. » — P. Anselme.

NOTA. — Plusieurs paroisses de l'ancien diocèse de Noyonpeuvent revendiquer cette antique fondation. 1° Maucourt, canton deGuiscard (Magny, Oise). La monographie de ce lieu a été jadis donnéepar Dora Labbé (v. ci-dessus; Observat. Prélimin.) et récemment parM. A. Dufour (voyez Mém. Com. Arch. Noyon, VIII, 1-10). Longtemps unieà celle de Quesmy, cette paroisse ne devient indépendante que vers 1650.La seigneurie de Maucourt, arrière-fief du comté de Noyon, était de lamouvance de la Maison de Magny (v. notre appendice II). Les droits féo-daux s'étendaient sur divers fiefs : Ceux du Chapitre et de Ste Godeberte,de Noyon; ceux de la Charité et des Religieuses de la Croix, de Chauny;celui de l'Eglise de Quesmy, etc.; et enfin, sur le fief de Bugny, le seul quisoit lié à notre sujet. M. Dufour ne donne la liste des titulaires que depuisJean de Canny, qui inaugure en 1533 1e célèbre pèlerinage de St-Leu-St-Gillcs. (V. ci-après p, 30.) Mais, cette nomenclature ne remonteévidemment pas à l'origine du fief: l'auteur lui-même le pressent,lorsqu'il rattache le présent seigneur « à la famille des sires de Babœuf« et de Varesne. » Or, si Jean de Canny laisse son héritage à descollatéraux, il peut néanmoins avoir eu pour prédécesseurs en ce lieu,divers membres de la Maison de Canny, ses ancêtres : l'un d'eux neserait-il pas notre Adam Le Flamenc qui fonde la chapelle dont il s'agitdans ce hameau privé d'église? L'invention du pèlerinage par l'un deses descendants ne serait qu'une pieuse tradition de famille. D'autantplus que le cadastre, à son tour, atteste le long séjour do cette familledans le pays : l'un des bois de Maucourt a conservé d'âge en âgejusqu'à nos jours le nom de Grand-Cani. 2° Sommette-Eaucourt, cantonde Saint-Sinon (Aisne), ne furent réunies qu'en 1819 en une mêmeparoisse : toutes deux ont leur article dans le Dictionnaire de l'Aisne

— 11 —

par Melleville. Il n'y est fait aucune mention de notre chapelle; mais,nous savons par M. Dufour que Jean de Canny en possédait aussila seigneurie au XVI* siècle. Nous avons les mêmes raisons queci-dessus de croire qu'il là tenait des sires de Canny ses ancêtres, etque l'une de ces deux églises peut être l'œuvre de notre Adam LeFlamenc. 3° Nous mentionnerons aussi pour mémoire, le Haucourt,canton du Câtelet, dont l'église est dédiée à Saint Géry, qui est aussile patron de Varesnes.

RAOUL LE FLAMENC IV, chevalier, seigneur de Canny,Varesnes. Beauvoir, Morlincourt, etc. Il épouse une damenommée Marie, avec laquelle il donne les usages de Varesnes,en 1248 — P. Anselme.

Nota que Graves dit simplement « que Raoul cède à sa« femme Marie, les redevances dues sur les usages donnés par« Adam, son père. » — Graves, Cant. Noyon, p. 152.

Ladite Dame Marie est probablement cette « quatrième« fille de Baudouin de Créquy, épouse de Raoul Le Flamant,« seigneur de Cany, » dont parle le P. Anselme au chapitredes maréchaux de France, art. CXIX. L'auteur ajoute, p. 498,édit. 1712, que « étant vieux, il épousa Jeanne des Barres. »Dom Labbé lui donne pour femme Clémence de Saveuse.

En avril 1256, l'official de Noyon notifie que, moyennant300 1. p. outre les droits de lods et vente, le tout à l'instantpayé, Gobert, maieur de Lacheny ( Lassigny), a vendu et déjàlivré « domino radulfo dicto flamenc militi » la huitièmepartie d'un bois dit le Kaisnoi, situé près de Canny ( quoddicitur le Kaisnoi situm inter villam de Cauni) et qui est tenuen fief du seigneur Evêque de Noyon. Le dit bois appartenantau sieur Gobert, comme héritier d'Albéric son père, jadismaieur de Lachény. A cette vente sont présents et consentent:Marguerite, veuve d'Albéric et mère de Gobert, dont les droitsdotaux sont reportés sur un autre bois, dit Granfon, sis au ditLachény ; Colard, Agnès, Emmeline, frère et sœurs du vendeur.— Arch. Nation. M. 405: charte parchin, scels absents.

« Radulfus Flamens » est désigné, dans la 812e charte ducartulaire d'Ourscamp, comme tenant à cens une parcelle deterre comprise dans les biens aumônes aux religieux, en 1257,par l'héritière d'Helvide d'Amblény.

— 12 —

Le Bailli du roi confirmant, en 1266, les dons précédemmentfaits à la même abbaye, nous fait connaître d'autres liens féo-daux entre Ourscamp et les sires de Canny: « à Bétencourt-ès-« Vaux, trois muids de blé ; à Noyon, cinq setiers et demi de« vigne et une maison de l'aumône de Mgr. Robert Lefèvre ;« lesquels on tient de Mgr. Raoul Flamenc et mesires Raous de« l'Evesque et l'Evesque du roi. » — Cartul. Ourscamp, C. 53k.

Règlement pour l'exploitation des bois du Caisnoy, fait enjanvier 1261, entre « Raoul de Flamens, chevalier sire deVaresnes,» Aubert de Hangest écuyer, sire de Genlis, Aubryde Lachény, écuyer, et l'Evêque de Noyon, propriétaires parindivis. —Arch. Oise G. 580.

Le 12 avril 1217, le seigneur de Canny reconnaît avoir reçude l'abbaye de St-Barthélemy de Noyon, patronne de laparoisse de Varesnes, la permission, toujours révocable, de fairechanter la messe en l'oratoire de son château : les offrandes etredevances appartiendront au curé dudit lieu et non auchapelain; ce dernier ne pourra « espouser nule fame, ne« relever au devant dict oratoire, ( c. à. d. célébrer mariages« ni relevailles) sans le congié le presbtre de Varesnes. »— Arch. Oise. H. 512.

NOTA. — 11 ne s'agit ici que d'un renouvellement de privilège. Cettechapelle a été fondée ici en 1261, par Helvide de Varesnes, damede Magny, fille de Raoul III, ci-dessus nommée ; cette fondation seraplus amplement expliquée dans notre Appendice IIe.

En août 1276, échange de divers biens entre le même sei-gneur et l'abbaye d'Ourscamp. La terre cédée par « Raous« Flamens, chevaliers, sires de Kauni, est située entre le« bos que on apèle le Keue Sainct Eloi et l'iaue de l'Oise et« le crois que on dit mgr. Renaut de Magni et Parviler. »Celle qu'il reçoit, « est séans à la Carmoie entre le liu que on« dit Lescouvillon et mon manoir de Biauvoir. » — Cartul.C. 929.

NOTA — Beauvoir est encore un lieudit cadastral et l'Ecouvillonvin hameau de douze feux, en la commune d'Elincourt-Ste-Marguerite ;la Carmoie est une ferme isolée, sise près de là, sur Cannectancourt :

— 13 —

comme Canny, ces deux communes sont de l'arrondissement deCompiègne, canton de Lassigny ( Oise ). En outre, des fouilles naguèrefaites sur le mamelon boisé de Beauvoir, ont mis à découvert desruines importantes: fossés, murailles, tours, entrée d'une forteresseavec pont-levis. ( v. Graves et Coët, ouvrages cités ). La charte donts'agit, ne laisse donc aucun doute sur l'existence de ce manoir au XIIesiècle, comme sur son emplacement. Nous en prenons acte et revien-drons sur ce sujet à la date de 1430, à propos des différentes prisonsde Jeanne d'Arc dans cette région.

Les enfants de Raoul IV sont : 1° Raoul V qui suit. 2° Jeanchevalier sire de Carandeau [Candor, cant. de Lassigny, Oise),et de Chéméricon (Crémery, cant. de Roye, Somme). Béatrixsa femme meurt en 1262, lui-même en 1265. Leur fils Pierre,chevalier, sire des mêmes lieux, décédé en 1296 après sa femmeAénor, défunte en 1293. Les dessins de leurs tombes, les inscrip-tions, les armes, parmi lesquelles celles de Canny, sont repro-duits en l'Histoire d'Ourscamp, p. 76-77: ces documents modi-fient sensiblement le texte du P. Anselme. 3° Renaud, sire deCampian {Champien, cant. de Roye) en 1274, mort sans en-fants. Le P. Anselme n'indique pas la source de ce renseigne-ment. Mais, le nom de Renaud est tellement l'appellationcaractéristique de la Maison de Magny-Coucy qu'il nous re-porte au gendre de Raoul III, dont est question plus hautet dans notre Appendice IIe. Le présent Renaud parait êtrele fils de celui que nous citions alors, et par conséquent le parentou l'allié et non le fils de Raoul IV. 4° Marie, abbesse deGenlis : elle transige en 1293 au sujet des prés d'Abbécourtavec les chanoines de St-Quentin; elle est encore présenteen cette ville pour les affaires de son abbaye en 1298. ( V. M.Dufour, Notice sur Villequier-Aumont, p. 46, 53 ).

NOTA. — Flamens de Mons est, en 1278, l'un des chevaliers pré-sents au tournoi donné à Hem, hameau entre Bray et Péronne. Lenom de ce preux doit-il être rapproché de cette autre mention duTrouvère parlant de Noyon et de Varesnes : « Là trueve on les bons« joustéors — Les durs, les roides et les fors. . . . ?» (P. Delacourt, LiRouman dou Hem, Analyse,p. 9, 24). Les Le Flamenc du Noyonnais,et ceux du Nord, paraissent en effet être les deux branches d'unemême famille.

— 14 —

RAOUL LE FLAMENC V, chevalier seigneur de Canny,Varesne, Babœuf, Morlincourt, etc. Maréchal de France.

Il exerçait cette charge en 1287 avec Jean II de Harcourtcomme le prouve un état de la maison du roi Phillipe le Bel.— P. Anselme.

L'Evêque de Noyon notifie, en 1289, que la paix est réta-blie entre Raoul Le Flamenc et les religieux d'Ourscamp.Raoul prétendait avoir des droits sur la terre de Valescourtjadis aumônée à l'Abbaye par le comte de Vermandois; mais,devant partir pour la Terre-Sainte, il est venu repentantà Ourscamp; il a renoncé à ses prétentions et fait de nouvelleslargesses. — (Cart. Ourscamp, c. 036 ).

Il épousa d'abord Helvide, fille d'Eustache de Conflans,Maréchal de Champagne et d'Helvide de Thourotte; puis,Jeanne de Chaumont, enterrée à Morfontaines en 1299. Sesenfants furent: 1° Raoul qui suit; 2° Isabel, épouse de Raoulde Guny, seigneur d'Esmevilly ; 3° Florence , alliée àGilles de Wasquehal, châtelain de Douai; 4° Marguerite, unieà Pierre de Moy, seigneur d'Anseauvillers en Beauvoisis;5° Jeanne Le Flamenc de Canny, femme de Thomas, sire deCantaing et Marcoing en 1280. — P. Anselme.

NOTA. — Dans cette nomenclature, nous avons supprimé sousle n° 2 : « Jean, sire de Carambeau ( Candor ), enterré au cloître« d'Orcamp en 1297, père de Mathieu, mort jeune. » Cette mentiona été insérée ici par erreur: elle donne aux deux Raoul IV et V lemême fils, mort à pareille date, enterré au même lieu. Le dit Jeanest assurément le fils du précédent seigneur, ainsi que nous l'avonsindiqué.

RAOUL LE FLAMENC VI, chevalier, seigneur de Canny,Varesnes, Appilly, Babœuf, etc.

En avril 1301, il abandonne aux religieux d'Ourscamp lescens qu'ils lui paient sur une masure touchant à leur maison àNoyon. —Cartul. C. 4O

Le sire de Canny est l'un des six mille chevaliers françaisqui furent tués par les Flamands révoltés dans la bataille deCourtrai, le 14 juillet 1302. — P. Anselme.

Eléonore (al. Aliénor) de Hangest Genlis sa veuve, bâtit la

- 15 -

grosse tour de Varesnes, de 1310 à 1313. Elle acquiert laterre de Mondescourt vendue par le seigneur de Condren;conjointement avec Mathieu de Hangest-Hugueville son frère,elle plaide en 1329 contre la Comtesse de Soissons et la Damede Barbanson pour la succession de Dame Agnès de Bruyères,leur mère. Elle soutient en 1336, un autre procès contrel'évêque de Noyon. — P. Anselme ; D. Labbé.

NOTA. — L'auteur de la Notice sur Villequier-Aumont déjàcitée, donne ladite dame Eléonore comme l'épouse de Raoul V, lemaréchal de France; mais les documents qui précèdent ne permettentpas de douter qu'elle fût réellement la femme du présent seigneur.— (Confr. Mém. Com. Arch. Noyon, VII, 20).

RAOUL LE FLAMENC VII, chevalier, seigneur de Canny,Varennes, Babœuf, Appilly, Mondescourt, du fief de la Quin-zaine de Noyon, etc.

« Li sires de Varesnes est l'un des alliez de Vermandois, de« Beauvoisis, d'Arthoys, de Ponthieu et de Courbie, contre le« Roy, en 1324. » Les fédérés, considérant les excès commispar le roi défunt dans l'altération des monnaies et l'augmen-tation des impôts, s'engagent à n'accepter aucune charge nou-velle que si la justice en est reconnue par douze chevaliers dechacun des pays de Bourgogne, Flandre et Picardie. — DeBeauvillé, Hist. de Montdidier, t. 1er p. 103, 508.

Messire de Cauny, est Grand-Maître de l'Hôpital de Meaux,(D. Labbé); Souverain-Maître de l'hôtel de la reine en 1324.— (P. Anselme).

Il plaide en 1325 contre le vidame de Chartres, son beau-père, pour raison du legs que lui a fait Jeanne de Chartres,sa femme, fille dudit vidame. — Ibidem.

Levasseur « a remarqué dans le Livre Rouge de l'évêché de« Noyon, une chapelle fondée au château de Varesnes, qui« consiste en dix muids de blé de rente, quatre stiers de bois,« maison et jardin: de la fondation de messire Raoul Flamen,« sire de Cauny, et confirmée par Raoul Flamen, son fils, de« l'an 1343. » —Annales. Egl. Noyon p. 998.

Mentions analogues dans D. Labbé et dans Colliette, quiindique la date de 1352 dans ses Annales du Vermandois,

— 16 —liv. XVI, n° 139. Un ancien inventaire des titres de l'évêché deNoyon porte à l'article Varesnes : « 1° Une liasse de parchemin« contenant les titres de la fondation d'une chapelle en l'église« de Varesnes, l'an 1343. » —Arch. Oise, G. 557, cote V.

« Flament Raoul, sire de Canny; sceau rond, écu à dix« losanges 3,3,3,1, au lambel de quatre pendants, penné,« timbré d'un heaume de fasce à volets et cime d'une chauve-« souris dans un vol. — S. RA. . . . — Quittance de vins pour« la garnison de St-Quentin, 6 septembre 1338. — Invent.« sceaux, Collect. Clairambault, n° 3631.

En 1344 « Flamens, sire de Cauny » donna sa fille Jeannede Canni, déjà veuve de Jean de Préaux, en mariage à Philippede Coucy, vicomte de Meaux, e t c : « Comme l'enseignent« des Lettres de 1344 à 1347. . . . gardées aux archives du« chasteau de Varennes. » Les deux époux étant morts avant1350, leurs deux filles mineures demeurèrent au bail et gou-vernement de Jean de Coucy, seigneur d'Havrincourt, cousindes défunts. Aliénor l'aînée devint la femme de Michel dede Ligne et mourut vers la fin de l'année 1371, sans enfants.Jeanne, la puînée, fut mariée à Jean de Châtillon ; le contratfut signé à Paris, le 12 mars 1360, entre « Flamens sire deCanny, chevalier. » aïeul maternel de la future, d'une part . ..etc. — Du Chesne, Mais. Coucy, p. 289, 450.

Raoul Le Flament est cité en 1339 parmi les seigneurs deQuincy-sous-le-Mont. — Melleville, Diction. Hist. Aisne.

Le 28 novembre 1356, « Lettres du roy touchant l'accord« faict entre l'Evêque de Noion et messire Raoul Flament sur« les trois cas réservez en la Quinzaine : Rémission de la« chasse en Louvetain; Arbres près le Croix messire Raoul« Flameng; Droictz et Destroictz de justice, etc. »— Arch.Nation. M. 405. — v. texte, Pièce Justifîcat., n° 2.

NOTA. — L'une des parties contractantes est Gilles de Lorrisévêque, comte de Noyon, Pair du royaume ( 1351-88 ). Prisonnier desNavarrais, dans la déroute de Mauconseil ; il est encore captif en 1362;on le trouve présent aux sacres des rois Charles V et VI (1364, 1380).Quant au fief de la Quinzaine dont le nom sera souvent prononcédans la suite, nous indiquerons brièvement son origine.

— 17 —Le pouvoir temporel de l'évêque provenait de son titre de comte,

sans que l'on sache précisément en quel temps fut institué ce comté,quels en furent les premiers titulaires, à quelle époque il passa dans lamain des évêques avec la pairie. Les dates de 915, 987, 1160, 1213, sontproposées, avec preuves à l'appui, par D. Germain, Colliette, Graves,de la Forte-Maison et Lalanne. En tout cas, dès le XIIIe siècle le pouvoirtemporel des Evêques-Comtes ne rencontre plus qu'un seul obstacledans leur chef-lieu même. La Châtellenie, qui consistait à l'origineen la garde de la forteresse, est devenue, dans la Maison de Thourotte,une juridiction rivale de celle du Prélat. En 1293, Gauthier IIe, châtelainde Noyon et Thourotte, négocie la cession de sa châtellenie au roiPhilippe le Bel. L'évêque Guy-des-Prés obtient du Souverain de luien laisser faire l'acquisition, pour lui-même, moyennant sept millelivres parisis. A cet effet, il vend au Chapitre de Noyon une renteannuelle de 80 muids de blé, ainsi que la forêt de l'Aigue. Moyennantce prix, Gauthier abandonne tous ses droits de justice et autres, tanten la ville qu'en la banlieue, hormis ceux dont le présent texte nousdonne l'intéressante définition: de ceux-là, il fait expresse réservepour lui, ses héritiers et successeurs. Ces différents droits constituèrentle fief dit de la Quinzaine, parce que le plus important de ses privilègesconsistait dans la juridiction sur la foire annuelle ouverte à Noyonle 24 juin, fête de St-Jean-Baptiste, et durait quinze jours. A la gardeet gestion de ce fief étaient attachés : un bailli, un procureur fiscal,un greffier, quatre commissaires, deux huissiers. La Maison de Thou-rotte s'étant fondue dans celle de Le Flamenc de Canny et celle-ci dansles Du Prat-Barbanson, ces derniers se maintinrent en possession etsaisine jusqu'à la Révolution. Cette partielle emprise sur leur omni-potence n'empêche pas les Prélats de s'entourer de tout l'appareilde la souveraineté féodale. Un gouverneur est institué pour remplirles fonctions de châtelain. Le Bailliage, démembré de l'ancien Grand-Bailliage du Vermandois, comprend dans son ressort 83 paroissesou villages, dont Graves donne la nomenclature et de la Forte-Maisonla carte ; la prévôté royale de Noyon y ressortit ; les appellations sontportées nûement au parlement de Paris. De nombreux offices sontcréés près de la Comté-Pairie à titre de fiefs : l'Ecuyer, le Monétaire,l'Echanson, le Maître-d'hôtel, etc.; ces dignités sont recherchées parles familles nobles du ressort; les sires de Canny-Varesnes occupentl'un des premiers rangs parmi ces fieffés ou barons de l'Evéché. —Graves, de la Forte-Maison, etc.

Messire de Canny prend part aux combats livrés dans laPicardie par les troupes du roi contre les Jacques et les Anglo-

III 2

— 18 —

Navarraîs, es années 1357 et 1358. Il est accompagné par sesfils Raoul, Jean et Aubert. Le premier est venu avec troischevaliers et dix-neuf écuyers. L'armée royale éprouve ungrave échec devant la forteresse de Mauconseil près Noyon.Parmi les nombreux prisonniers, l'Evêque de Noyon déjà cité,et le sire de Canny avec ses trois fils; leur rançon coûta dixmoutons d'or. — P. Anselme, — Froissart. — Hist. Ourscamp,p. 249 et seq. — Graves, Gant. Ribécourt,

En secondes noces, le sire de Canny avait épousé Yolanded'Enghien avec laquelle il est enterré à Ourscamp. « Dans le« cloitre de l'Orient, vis-à-vis la porte de l'ancienne biblio-« thèque, est placée une grande tombe bien façonnée, sur« laquelles est tiré le gentilhomme dont elle couvre les cendres,« avec son nom et sa qualité qui se lisent avec peine : Cy gist« Raoul fils de Flament seigneur de Cauni, qui trespassa lan« de grasce M.CCC.LX. — Nos archives lui donnent le titre« de chevalier et il paraît honorablement dans le rang des« bienfaiteurs. Sa dévotion lui donna la pensée de se faire« enterrer auprès de ses ancêtres qui sont proches sa tombe,« où se reconnaît encore l'écusson de Canny. » — HistoireOurscamp p. 81, texte et gravure.

Quatre de ses enfants nous sont déjà connus: Raoul estl'objet de l'article suivant; Jean seigneur de Varesnes, mourutsans enfants d'Isabelle de Walincourt; Aubert fut chanoine deReims, Arras, Soissons et coustre de St-Quentin; Jeanne futmariée comme il a été dit. Les autres sont : Vautier, seigneurde Mondescourt et Brancourt, marié à Jeanne de Bantelu ;Eléonore religieuse à Flines. — P. Anselme.

RAOUL LE FLAMENC VIII, chevalier, seigneur de Canny,Varesnes, Babœuf, Appilly, Mondescourt, etc.

« Flament Raoul: sceau rond; Ecu a dix losanges 3, 3, 3, 1,« timbré d'un heaume, cimé d'une chauve-souris dans un vol;« dans le champ, un cercle de rinceaux: S. RA.... ENC,« SIRE D' CAVNI. CHR. — Quittance délivrée au fermier de« l'inspection foraine de Vermandois, 16 octobre 1362. » —Invent. sceaux. Collect. Clairambault, n° 3632.

Il avait épousé, avant 1356, Marie de Nesles, fille de Guy de

— 19 —

Nesles, Maréchal de France. La dite dame jouissait encoreen 1363 d'une rente sur le trésor, qui lui était échue dans lepartage fait entre elle et ses frères et sœurs, le 25 juin 1353. —P. Anselme, Edit. 1112, p. 499, 527.

Messire Raoul intervient de 1368 à 1371 dans les difficultéssoulevées par la succession de Jeanne de Coucy, sa niècedéjà nommée. La dite dame était morte sans enfants;par son testament, daté de 1368, elle instituait le sire de Cauny,son oncle, comme l'un des exécuteurs de ses volontés. LeParlement le choisit aussi pour l'un des arbitres chargés derègler toutes les difficultés qui s'ensuivirent. La sentence estdu 20 décembre 1371. — Du Chesne, Mais, de Coucy, p. 289 etPreuves.

Il donne en 1376, son dénombrement de la terre de Mondes-court à Jeanne de France, dame de Chauny — D. Labbé.

Le 31 août 1387, transaction entre Raoul Flament, sire deCanny, et l'abbaye St-Barthélemy de Noyon, au sujet des droitsdé justice et seigneurie sur Courcelles. —Arch. Oise, H. 497.

Ses enfants sont: Aubert qui suit et deux fils nommés Jean,morts à la bataille de Nicopolis en 1396. — P. Anselme.

L'un de ces deux fils est nommé dans la pièce suivante,extraite des archives du château de Varesnes : « Robert de« Bethune, sire de Vendueil, vicomte de Miaulx, chevalier,« fait savoir que messire Jehan de Cauny, chevalier, a servy« le Roy en ces présentes guerres, en la frontière de Picardie,« et encore sert, monté et armé..., et est de la carche et« nombre de gens d'armes que le Roy nous a carkié. Scellé en« ladite frontière le 1er aoûst 1383. » — Du Chesne, Mais. deBéthune, p. 208.

AUBERT LE FLAMENC , chevalier seigneur de Canny,Varesnes, Babœuf, Mondescourt, Beauvoir, du fief de la Quin-zaine, etc., Conseiller et Chambellan du Roi et du Ducd'Orléans.

En 1389 il épouse Marie d'Enghien, fille de Jacques deFigreulles — P. Anselme.

Messire Aubert de Canny possède à « Escuveilly » un fief

— 20 —

mouvant de l'Evêque de Noyon — L. Mazières, Notice surRibécourt. p. 39.

Lettres du roi Charles VI, notifiant la rémission accordée à« Colin le Court dit le Pesqueux, povre varlet prisonnier dans« nos prisons de Roye, qui pour gaigner sa vie loyaulment, se« feust mis à servir un nomé Jehan Bouliot, pyonnier ou« fossier, demeurant à un molin que on dit le molin attenant« lez Noyon; lequel Bouliot alait ouvrer en un ouvraige d'un« vivier séant à Morlaincourt, appartenant à notre amé et féal« Aubert de Cauny, chevalier, seigneur de Varesnes. .etc.« Donné à Paris au mois de novembre mil CCC IIIIXX et XIII,« et de mon règne le XIIIIe. Par le Roy, à la relacion du« Conseil, J. de Crespy. » — Arch. Nation. JJ. 145; Reg-.Très. Chartes, n° 140: Remissio pro Nicholao le Court.

Il est parlé d'Aubert le Flamenc et de sa femme en 1419,par Jacques Le Marchant dans sa Flandre. — D. L'abbé.

De 1414 à 1437, le sire de Canny intervient activement dansla défense de la ville de Noyon comme dans ses rapports avecles armées belligérantes. Nous en recueillons toutes lespreuves consignées par De La Fons dans ses Recherches surNoyon, et dans Une Cité Picarde au moyen-age.

Le 18 avril 1414, le Roi, séjournant à Noyon, confie lecommandement de cette ville à Messire de Canny. L'assembléecommunale décide que le vin d'honneur sera offert à M. deCanny et à sa compagnie de gens d'armes. •—• Une Cité Pic.p. 63.

Même décision, le 17 septembre 1418, à l'égard de MM. deLuxembourg, de Genlis et de Canny: on paiera leurs dépensdurant trois jours, attendu qu'ils viennent pour le bien de laville. — Ibid. p. 65.

M. Jehan de Ruillecourt [est soldé par XX liv. de ses gagesde capitaine, en juin 1419. M. de Canny prend laditeCapitainerie, le 7 juillet suivant. La ville lui fournit une torche,le 17 août, pour visiter les remparts. — Ibid p. 26-28.

Le 18 mars 1422, M. de Canny permet la livraison despoudres promises à Mgr. de Luxembourg; M. de Gribauval,porteur de lettres clôses en donne quittance. — Ibid. p. 95.

Il est dit dans le même registre de l'hôtel de ville de Noyon

— 21 —

(fos 16 et seq.), que diverses assemblées furent présidées parM. de Canny capitaine, en juin 1430. Le 22 dudit mois, surl'ordre donné par le duc et la duchesse de Bourgogne résidentsen cette ville, un habitant est exempté du droit de past et degarde appartenant au roi. Cet acte prouve que Philippe le Bon« se trouvait à Noyon lorsque la Pucelle y fut amenée chargée« de fers. » — (Ibid. p. 105 et Recherches, p. 47 ).

Dans l'assemblée plénière qui suit, M. de Canny annonce« que Mgr. de Luxembourg a l'intention de mettre garnison en« la forteresse de Beaulieu aux dépens du pays. A cet effet, on« établit un impôt de XX s. sur chaque village et sur le blé« sortant de la ville et autres voisines. »

NOTA. — Ces deux montions sont étroitement liées au déplo-rable événement survenu depuis peu devant Compiègne. Les faitsrelatifs à la captivité de Jeanne d'Arc ont été minutieusementenregistrés par l'histoire. La tradition locale y ajoute néanmoinsquelques détails dont l'intérêt est justifié par la vénération qu'inspirel'héroïne.

Depuis longtemps, ces créances populaires auraient été mises horsde consteste si les archives du pays, décimées en 1793, n'avaient laissétrop de prise à la controverse. Néanmoins, les cartulaires d'Ourscampet de la ville de Noyon, nous permettent de signaler plusieurs textesqui apportent un utile concours à l'histoire comme à la légende.

1° La Pucelle prise le 24 mai par les archers de Jean de Luxembourg,lui a été immédiatement livrée. Il la tient trois ou quatre joursseulement en son logis au camp de Margny-Clairoix ; elle y estvisitée par le duc de Bourgogne et ses capitaines. Dedans briefs joursensuivans, le sire de Luxembourg l'envoie sous bon conduit auchâteau de Beaulieu; elle y passe les mois de juin, juillet et partied'août ; elle y tente même une évasion bien près de réussir. Cettealerte provoque des précautions nouvelles et bientôt son transfertà Beaurevoir en Cambrésis ( Parceval, de Cagny, Monstrelet, Cartier,Quicherat, M. Wallon etc.). Or les mesures fiscales et militairesconsignées dans le registre noyonnais nous indiquent la nature et ladate des précautions prises à Beaulieu. Entrée « soubz bon conduict »dans la forteresse, la Pucelle n'y avait assurément pas été laisséesans gardiens; il ne s'agit donc ici que de renforts envoyés à lagarnison; leur arrivée a dû suivre de bien près la tentative de fuite.Tous ces faits connexes ont donc pour date celle jusqu'ici nonindiquée des derniers jours de juin 1430.

22

2° La légende a conservé le souvenir d'autres stations imposéesà la captive dans notre département: elles prennent place entreClairoix et Beaulieu. Quelques auteurs ont écrit que la Pucelleavait été conduite à Coudun devant Philippe le Bon. M. de la Fonsaffirme, nous l'avons dit, que Noyon fut le lieu de cette exhibition.Enfin on lit dans le manuscrit d'Hermant sur Beauvais, conservéà la Bibliothèque Nationale : « L'on tient pour une ancienne tradition,« dans l'extrémité de ce diocèse, que la Pucelle Jeanne a demeuré« quelque tems au château de Bolinglise, de la paroisse d'Elincourt,« entre Compiègne et Ressons : et cette croyance populaire est tout« à fait vraisemblable. Mais je ne sais si cela est arrivé avant la« prise. » Disons de suite que la critique substitue, à bon droit,l'antique manoir de Beauvoir à celui plus moderne de Bellinglise.

L'autorité de ces traditions a été sérieusement défendue par lesérudits de la région (1). Beaulieu (2) était à dix lieues environ, au nordde Compiègne: sans être absolument nécessaire, une étape entre cesdeux points n'a rien d'invraisemblable. Les chemins qui lesjoignent existent encore et sont marqués sur les cartes: le plusdirect passe à Coudun et Beauvoir-Elincourt, etc., l'autre par Noyon;tous deux sont sur cette rive droite de l'Oise, dont les territoires,bourgs, villes et forteresses sont occupés par les Anglo-Bourguignonsdepuis leur marche sur Compiègne. Coudun est dans les lignesassiégeantes et le quartier militaire de Philippe le Bon ; mais Noyonest son séjour habituel : le duc s'y trouve probablement encore aumoment de cette bataille à laquelle il ne peut assister. Préveuu durésultat inespéré, il peut donc à son gré et sans aucun risque, appelerla captive sur l'un ou l'autre point : aux courses de ces rudes soldatseffectuées à cheval, en pays soumis, on ne saurait opposer un écartde quelques lieues, les difficultés et les périls du trajet. Il est vrai quel'une de ces deux comparutions exclut l'autre ; mais, toutes les proba-bilités sont en faveur de Noyon. Peu importe dès lors, que lachevauchée vers cette ville ait précédée ou suivie l'étape de Bauvoir :quel que soit l'ordre de marche, la première deviendra d'autant moinscontestable que la seconde sera mieux démontrée.

(1) Peyruau et Lascoux : Revue des Sociétés Savantes (1875), VIe série, p. 22,

381 et seq. — Gomart, Etudes Saint-Quentinoises, t. III, p. 177. — Mém.

Comit. Archéolog. Noyon, t. II, v. table, — Soc. Hist. Compiègne, Bulletin, t. IV,

Excursions, p. 64, etc.

(2) Sur Beaulieu v. Graves et Coët, Cant Lassigny; Leroy-Morel, Notice;

Docteur Guiltert, Notice; etc.

— 23 —

Or, le nom de Beauvoir a été souvent prononcé dans les premières pagesde ce catalogue. Raoul Le Flamenc Ier est seigneur de ce lieu en 1128;Raoul II le donne en apanage à son fils Henri ; et, pour qu'il nereste aucun doute sur la nature de ce fief, Raoul IV détermine lui-même l'emplacement do son manoir de Biauvoir, en 127G (v. sup. p. 8).Héritier de cette longue suite de titulaires, messire Aubert de Canny,Beauvoir, etc. s'est rallié à Philippe le Bon; chargé de la garde duprince, n'est-il pas admis dans ses conseils? Si la Pucelle est conduite àNoyon, si elle traverse ses propres domaines, n'a-t-il pas un rôle assurédans l'entrevue comme dans le choix des étapes? D'autant plus que c'estencore lui, ne l'oublions pas, qui sera chargé, le 28 juin suivant, du ravi-taillement de Beaulieu: tant il est initié à toutes les combinaisons rela-tives à l'infortunée captive. Il nous est donc permis d'espérer que lestraditions dont s'agit ne tarderont guère à prendre place dans ledomaine de l'histoire.

En juillet 1431, le procureur de la Ville requiert le prévôt dela Quinzaine pour M. de Canny, qu'il ait à lui rendre unprisonnier comme bourgeois. — Ibid. p. 50.

Le 22 juillet 1432, vu le consentement donné par M. deCanny, l'assemblée décide que l'on traitera avec Guillaume etCharles de Flavy, gouverneur de Compiègne, qui incendientles faubourgs pour obtenir remise d'un réfugié. — Ibid p. 213.

M. de Canny avec d'autres députés, se rend auprès deMonseigneur de Luxembourg en juillet 1433, pour le prier degarantir la ville contre les incursions dudit sieur de Flavy(Ibid. p. 83.) Suivant un vidimus do 1434, cité par M. Coët, untraité pour le respect mutuel des pays occupés est signé parMM. de Canny et d'Offèmont et ratifié par MM. de Luxembourget de Flavy. — (Notice arrond. Compiègne, p. 198).

Le onze septembre 1434, plusieurs seigneurs du conseil duduc de Bourgogne qui se trouvent à Ham, avec Monseigneur deRichemond, ont écrit à M. de Canny, capitaine de Noyon, pourqu'on leur permît d'acheter du vin : on délibère à ce sujet.— Ibib.p. 81.

M. le capitaine de Noyon et son lieutenant Jean Louchart,sont chargés d'assurer l'exécution du règlement, fait le 16février 1435, pour le logement des étrangers.

Le 6 août suivant, P. Martine et P. Larché sont élus pouraller à Arras, avec Monseigneur Jean de Canny, abbé d'Ours-

— 24 —camp, qui représente la ville dans les négociations pour lapaix. Le traité est en effet signé le 22 septembre, — Ibid.p. 139-47 ; 272-4.

NOTA — L'Historien d'Ourscamp, p. 268, inscrit Jean Ratton commeabbé de 1449 à 1460 ; il mentionne à peine, et sous forme de variante, lenom de Jean de Canny. L'auteur aurait pu consulter les archives deNoyon qui confirment les notes et dessins de Gaignières cités par luien d'autres chapitres : la 38" gravure représente la tombe de cet abbéavec ses noms et qualité; la légende explicative, p. 90, répète « tombede Jehan de Canny, abbé, mort en 1469, »

M. de Canny obtient de l'assemblée du 17 octobre 1435,400 francs pour Mgr. de Bourbon qui doit entrer prochainementdans Noyon. — Ibid. p. 68.

En 1435, Jehan Gossart, serrurier, fut commis quesnonierde la tour estant à l'endroit du jardin de M. de Canny. L'assem-blée décide, en août 1436, que la maison louée par la ville pourM. de Canny sera rendue au propriétaire, à partir de Noëlprochain : « afin que si aucun autre venoit qui fut ordenné par« le Roy cappitaine de Noion, il ne voulust contraindre lesdits« habitans à lui livrer maison. » — Ibid. p. 31.

Le 23 juin 1437, le maire autorise Jean Louchart, baillide la Quinzaine pour M. de Canny, à conduire les prisonniersdudit seigneur dans la prison St-Jean, en l'hôtel de Ville. —Ibid. p. 39.

Messire Aubert Le Flamenc fut aussi chambellan du ducd'Orléans, qui prit la dame de Canny pour maîtresse vers 1406.Etant à son lit de mort, elle appela ses cinq enfants et leur ditque l'un d'entre eux avait le duc pour père. Le prince lereconnut en effet pour son fils. Il devint célèbre dans la suitesous le nom de Bâtard d'Orléans, comte de Dunois. —Ibid. p. 215.

Suivant le P. Anselme, Marie d'Enghien n'eut de son épouxqu'une fille nommée Jeanne, dame de Canny, Varesnes, etc. Ladescendance de l'antique Maison des Le Flamenc était doncéteinte dans sa ligne masculine. Du mariage de leur uniquehéritière devait sortir la seconde branche des seigneurs quinous occupent.

— 25 —Du reste, le nom de cette Maison ne disparait pas des annales de

la province; elle en a même depuis longtemps franchi les limites.Li Flamens de Mons éprouve un grave échec, en 1278, dans les

joutes célébrées par Li Rouman de Hem. — P. Delacourt, Analyse. . . .etc. p. 24.

Jean Le Flament écuyer, sire de Bonnelles, la Bretesche, des Bordes,et de l'Etang-la-Ville, paraît avoir succédé à Jean de Montaigu commeseigneur de l'Etang, vers 1409. Il devait être de cette famille desLe Flamenc de Canny et Varesnes, dont l'un fut maréchal deFrance, ou issu de cette Maison. De sa femme Alix de Puisieux,il eut pour unique héritière, Jehanne Le Flament, dame des lieuxprécités qu'elle apporta en dot à Guillaume de la Villeneuve, échansonde Madame Michelle de France, fille de Charles VI. — Mém. Soc.Hist. Paris. . t. XI, p. 225.

Jeanne de Cauny est l'épouse de Robert de Roussi, vivant versl'an 1420 et tué en 1450, sous les ordres de Xaintrailles, en Picardie. —Haudicquier, Nobiliaire, p. 462.

Jeanne de Cauny, dame de Grémévillers, a épousé Hermand desCourtils vivant encore l'an 1455 : d'où Guillaume des Courtils et autres.- Ibid. p. 136.

En 1305, Renier Le Flamenc, bourgeois de Paris, maître de lamonnaie du Roi et son frère Pierre prennent part à des joûtesfaites à Paris. Leur hôtel est situé sur la place de Grèves. JehanLe Flamenc est condamné comme faux-monnayeur et noyé en Seine— Mém. Soc. Hist. Paris. ., t. XL p. 17, 41.

Jean Le Flament et autres sont commis par le bailli d'Amienspour conférer une saisine en 1367. Le 14 mars 1470, Jehan Le Flament,trésorier des guerres, reçoit à Amiens le rôle d'une montre dela compagnie do messire Gauvinet du Bailleul. — De Beauvillé,Doc. inéd. de Picardie, t. IIe, p. 95.

Dans un dénombrement de la châtellenie de Bray-sur-Somme, del'an 1374, figure à l'article XXIV messire Le Flament de Crèvecœur,écuyer, à cause de diverses fiefs. — Mém. Antiquaires de Picardie.t. X, p . 536 et seq.

Plusieurs Le Flamenc sont cités par le P. Anselme : l'un est trésorierdes guerres en 1371 et 1383; un autre clerc des arbalétriers en 1373.

Divers Le Flamenc sont bourgeois de Senlis au commencementdu XV" siècle. Ils y possèdent un hôtel qui porte leur nom. —Voir notre Notice sur led. Hôtel, Sentis, 1878.

Les sceaux de Pierre Le Flament, bourgeois de Caen en 1340, deNicolas Le Flament, drapier, bourgeois de Paris en 1371 ; de Jean Le

— 26 —

Flament trésorier des guerres en 1380, sont dessinés sous les numéros3627 à 30, dans l'inventaire de la collection Clairambault.

En 1419, Jean Le Flamant est envoyé de Noyon à Roye pour avoirdes nouvelles du canon qui y était. — De La Vous, ouvr. cit. p. 91.

§ I I .

LES BARBANSON

JEHAN DE BARBANSON Ier du nom, seigneur de Canny,Varesnes, Babœuf, Mondescourt, des fiefs Coquerel et de laQuinzaine, etc. Sénéchal héréditaire du Hainaut, comte deJeumont, seigneur de Werchin, conseiller et chambellan duduc de Bourgogne, et autres terres en Flandre : voir Noticesur cette Maison, Pièce Justificative n° 3.

« Jehan de Barbanson, chevalier, seigneur de Jeumont et« de Mondescourt par Jeanne sa femme, fille unique d'Aubert« de Cauni, fit la foy et hommage au châtelain de Chauny en« 1444. » — Dom Labbé.

Jean de Barbançon, sénéchal de Hainaut, seigneur deWiège, est cité en 1447 parmi les seigneurs de La Ferté-Chevrésis (Aisne), dans le Diction. Histor. de Melleville.

Dénombrement de la terre de Varennes en dix feuilletsprésenté à Mgr. de Mailly, évêque de Noyon, le 22 juin 1449par « Jean de Barbançon » — Arch. Oise, G. 557. Reg. coté V.art. Varesnes.

Le 22 avril 1453, Jean de Barbanson, donne à cens uneparcelle de terre sise à Babœuf par un acte dont le réapmbuleest ainsi conçu: « A. T. G. e t c . . Jehan de Barbenchon,« sénéchal de Haynau, seigneur de Jeumont et de Varesnes,« et Jehanne de Cauny, nostre espouze, fille et héritière de feu« Monseigneur Aubert, en son vivant seigneur du dict Cauny« et de Varesnes » — Arch. Oise, G. 444 bis. et Fond de la.sgie Varesnes, portef. Babœuf.

27

Acte d'homme vivant et mourant donné, pour une parcelle devigne au même lieu, par le Chapitre de Noyon et reçu le 18octobre 1456 par messire Drieu de Humerolles, seigneur deNampcel, comme bailli et gouverneur de Varesnes et de laterre de « Babuef appartenante à Haut et Puissant seigneur« Monsieur de Jeumont, sénéchal de Hainaut, seigneur deCauny.. . etc. » — Arch. Oise, G. 1733.

Dans l'ancienne abbaye de Thure, à Solre-sur-Sambre setrouvait la double épitaphe du présent seigneur et de sonépouse : « Chy gist les corps de hault et puissant seigneur« monseigneur Jehan de Barchenchon, chevalier, seneschal« de Hainaut, baron de Verchin et de Chisoing, premier pair« de Flandre, seigneur de Jeumont et de Wadelincourt, du« Chasteler, des Ardennes, de Thy-le-Chasteau, du Pont-à-« Rosne, Recourt, Préaulx, Villers-sire-Nicole, Blaregnies,« Le Val, Monceau, Hestrud, Merlemont, Tongre, Bauffe,« Acrène, Buisenal, etc., qui trespassa en l'an mil IIIIc LXX,« le premier jour daoust.

« Et madame Jenne, dame héritière de Canny, de Faignolles,« de Warennes, de Quarempuet, Cuinchy, Fresnes, Ville,« Noène, Mont-Nostre-Dame, Wiége, La Ferté, Winchy,« Recquigny, etc., son espeuse, qui trespassa en lan mil« IIIIc LX, à la fin dapvril. » — Extrait d'une Note envoyéepar M. le Conservateur des Archives d'Etat à Mons : V. Pièc.Justificat. n° 3, § 3e.

De cette union étaient venus plusieurs enfants, parmilesquels : Christophe qui suit ; Jean, qui continua la lignée deWerchin, ainsi qu'il est expliqué en la pièce justificativen° 3, § 3e.

Suivant D. Labbé, un fils illégitime dudit seigneur, nomméGuillaume, Bastard de Cauni, fut seigneur de Mondescourt ;Marie des Prés sa femme était veuve en 1461. Claude de Caunileur fils, seigneur de Mondescourt, vend cette terre à Jean deSains écuyer, qui fait la foi et hommage au châtelain deChauny en 1474.

— 28 —

CHRISTOPHE DE BARBANSON, chevalier, seigneur de Canny,Varesnes, Babœuf, conseiller et chambellan du Roi, etc.

Il est aussi seigneur de Lagny (Oise) et de Quincy-sous-le-Mont (Aisne) en 1461. — Melleville, Diction. Histor.

Le 19 août 1462, voulant remettre en valeur sa terre etseigneurie de Varennes, « laquelle à l'occasion de la guerre est« alée en grant diminucion » il traite avec l'abbaye de St-Barthélemy de Noyon au sujet de certains droits et rede-vances. — Arch. Oise. H. 512.

Arrêt du conseil du Roi du mois d'août 1462 dans lequel« messire Christophe de Barbenchon » paraît être demandeuren appel d'une sentence rendue par le bailli de Noyon. —Arch. Nation. X1A 1484, f° 264: — Pièce endommagée.

Cession faite le 29 novembre suivant par Christophe deBarbenson à Guillaume Lortie de un setier de pré en la pâturede « Babuef » moyennant un chapon par an. — Arch. Oise,Sgie Varesnes.

Vers ce même temps, il épouse Jeanne de Sarbrück, qua-trième fille de Robert de Commercy. Es années 1463 à 1474,il donne trois quittances de ce qui a été promis en dot à la ditedame. — P. Anselme, VIII, 536, A.

Du 1er octobre 1464, « Dénombrement d'ung fief nommé le« fief de Morlincourt que Pierre-Philippe, sirurgien du Roy et« son esleu à Paris, tieng et advoue à tenir en foy et hommaige« de Noble et Puissant seigneur Mgr. Xtofle de Barbenchon,« à cause de son chastel et seigneurie de Varesnes, duquel la« déclaration s'ensuit.... » —Arch. Nation. M. 270.

« Messires Christophe de Brabenchon » est inscrit l'un despremiers sur le rôle d'une montre, faite le 1er mai 1470, de97 hommes d'armes et 194 archers cantonnés en Vermandoiset formant l'une des compagnies de Mgr. le Connétable deFrance. — De Beauvillé, Docum. sur la Picardie.

Saisine de cinq quarterons de prés situés « derrière la« chapelle de la réserve de Mgr. Xtofle de Barbenchon, »donnée le 28 janvier 1476 par Me Olivier de Revelle, lieutenantdu bailli du dit seigneur. — Arch. Oise, Sgie Varesnes.

Il est fait allusion aux biens de Mgr. de Cauny en la paroissede Coarcy dans le bail d'une maison sise audit lieu fait le 8

— 29 —

mars 1478 par les religieux de St-Barthélemy. — Arch. Oise,

G. 496.Diverses saisines pour des terres à terrage sont données les

13 février 1477, 20 février 1478, 10 juillet 1479, 2 avril, 18septembre et 12 octobre 1486, par le même Olivier de Revelle,lieutenant de messire Quentin du Bois « escuier, licenssiées lois » conseiller et avocat du roi à Noyon, bailli et gardede la justice de Varesnes, pour N. et P. sgr., Mgr. « Christophe« de Barbenchon, chevalier, sgr. de Cauni et de Varennes. »— Arch. Oise, Sgie Varesnes.

Dans le registre coté V. déjà cité, aux archives de l'Oise,sont indiqués plusieurs dénombrements du fief de la Franc-Foresterie, sis à Pontoise-les-Varennes : l'un est présenté en1482 à Mgr. de Barbanson par Pierre de Caisne; le dernier, du17 août 1487, est donné par Mathieu le Grangiez à « M.Devarennes. » Mais, comme les actes analysés dans cetinventaire sont en déficit dans le fond de l'Evêché de Noyon(G. 557), nous citerons un autre dénombrement, inséré dans lefond non inventorié de la Seigneurie de Varesnes. Il est datéde 1481 et transcrit in extenso aux Pièces Justificatives sousle n° 4.

Parmi les enfants de messire Christophe: Jean, qui suit,et François: procèdent ci-après au partage de la successionpaternelle; Blanche de Barbanson est mariée le 30 janvier 1482à Jean, sire de Suzanne, etc., Vicomte de Breuil, etc., père dedeux fils. — Haudicquier, Nobiliaire Picardie.

JEHAN DE BARBANSON IIe du nom, seigneur de Canny,Varesnes, Babœuf en partie, etc.

« Accord entre les deux frères Jehan et François de« Barbenson pour les terres de la Frette, Bliard, Herly, Thilloy,« le 7 février 1501. — A. T. C. Q. C. P. L. V. Pierre Cant,« garde du scel de la Baillie de Vermandois establie à Roye,« Salut. Sçavoir faisons que pardevant les tabellions soub-« signez comparurent: Noble Personne Jehan de Barbenchon,« seigneur de Cauni, fils aîné de feu Mgr. Xtophle de« Barbenchon, seigneur de Cauni d'une part; Et messire« François de Barbenchon, aussi fils du dit chevallier et dudit

— 30 —

« sire Jehan. . .» Le dit sire de Canny approuve le don desterres précitées jadis fait à son frère par messire Christopheleur père. — Arch. Nation. M. 210.

NOTA. — Blihard est aujourd'hui La Ferté-Chevrésis; La Fretteest une maison isolée, jadis fief noble, dépendant de Fargniers(v, Melleville, Diction. Hist. Aisne). Horly et Thilloy (Tilloloy?) sontdeux communes du canton de Roye ( Somme ). En 1519, ce mêmeFrançois de Barbenson, seigneur de La Ferté-Chevrésis, marie sa filleMarguerite, dame de Montgobert avec Robert de Joyeuse, comte deGrandpré. — P. Anselme.

Le 21 janvier 1507, acte de retrait lignager passé devantMe Cabaret, garde de la justice de Noyon, par Me Sézillegarde de la justice de Babœuf, au nom de « Noble homme« Jehan de Barbenchon, escuier, seigneur de Cauni...etc. »— Arch. Oise, Sgie de Varesnes.

Cession d'une parcelle de vignes à Babœuf, passée devantle même officier pour le même seigneur, le 21 avril 1510.— Ibidem.

Le seigneur de Barbenson de Cauni fournit son dénom-brement à l'abbé d'Ourscamp en 1515. — D. Labbé.

Nous croyons trouver l'indication de son mariage dans leP, Anselme. (Gds Mes des Arbalestrieis, art. Lannoy):« Françoise de Barbançon, fille de Jean de Barbançon,seigneur de Cany et de Gabriel de Bossut est la seconde femmede Philippe de Lannoy-Molembais.

En tout cas, il est certainement le père de Michel qui suit ;très probablement aussi de Antoine de Barbanson écuyer,seigneur de Hangest, qui comparaît par procureur, pour sonfief sis au Sauchoy, à la rédaction des coutumes de la Châtel-lenie de Moreuil, le 29 septembre 1513. —( de Beauvillé, Docum.Inéd. de Picardie).

Nous croyons voir encore un de ses fils dans « Jean de Canny,« seigneur de Sommette et de Bugny: » Ces fiefs sont situés àMaucourt et relèvent de Magny. En 1533, Jean, seigneur desdits lieux, donne à l'église de Bugny une relique de St-Leu-St-Gilles qui devient l'objet d'un pèlerinage très fréquenté.Cette donation est constatée par un procès-verbal fait, en 1530,« sur un mémoire très ancien faisant mention de ses armes,

— 31 —

« qui sont dix losanges de gueule sur un fond d'or. » Dans lamême église, dont la fondation a été expliquée ci-dessus p. 10,sa tombe datée de 1557. — A . Dufour: Notice sur Maucourt,dans Mém. Corn. Arch. Noyon, t. VIII, p. 3.

« Jean de Barbançon » est l'un des lieutenants de M. deSarcus, capitaine général de la Légion de Picardie, instituéeen 1534 en remplacement du régiment de ce nom. — D. Grenier;Introduct. à l'Hist. de Picardie, p. 32, 31.

MICHEL DE BARBANSON, écuyer, seigneur de Canny,Varesnes, etc., Lieutenant du roi en Picardie, chambellan duduc d'Orléans, etc.

Comme seigneur de « Cauni et de Mondescourt, » il donneson dénombrement de cette terre au châtelain de Chaunyen 1515. — D. Labbé.

Dans un inventaire des titres du vidamé d'Amiens de l'an 1515,on lit : « Item, une quictance sans datte de la Cousture des« Biais, séante au terroir de Guivry, près Noyon, et tenue en« fief du seigneur de Varennes-les-Noyon. » — De Beauvillé,Docum. de Picardie, t. IIP p. 305.

Michel de Barbanson épouse en 1522, Péronne de Pisseleu,l'une des trente enfants, des trois femmes, de Guillaume dePisseleu. Elle était la sœur aînée d'Anne, la célèbre duchessed'Etampes ; elles avaient pour mère Anne Sanguin. — Mém.soc. Académ. Beauvais, t. XIII. 2e part. p. 311 et seq.

En 1523 et 1525, messire Michel est condamné par sentencesdu bailliage de Noyon, à payer au Chapitre de cette ville cinqmuids de blé représentant les arrérages d'une rente de deuxmuids due aux chanoines sur la terre de Varennes. — Arch.Oise, G. 1930.

Un dénombrement de la terre de Varesnes, contenant260 fos de parchemin est présenté à Mgr de Noyon, le 15novembre 1535 par messire Michel de Barbanson. — Arch.Oise, G. 557., Reg. coté V.

La biographie de ce seigneur est résumée dans une épitaphetrès élogieuse transcrite en latin et en français par l'historiend'Ourscamp, p. 59 et par D. Labbé dans sa Notice déjà citée.— A peine adolescent, il suit la carrière des armes. Il fait

— 32 —

successivement les campagnes de Savoie, de Piémont, deFlandre. En novembre 1523, il est nommé par le roi capitained'une compagnie de gens-d'armes sous les ordres du duc deVendôme, lieutenant du roi en Picardie. En récompense deses bons services, il succède bientôt au duc dans cette impor-tante fonction.

Le 19 février 1536, il signe l'acte suivant: « Jehan de« Tourceville, chevalier, sgr. de Villebon. etc. garde de la« prévôté de Paris, scavoir faisons que pardevant les notaires« soussignés fut présent Noble seigneur Michel de Barbançon,« escuier, sire de Cauni et de Varennes, lequel recongnust« avoir délaissé, tant à tiltre de rente que par donacion pure et« simple faite entre vifs, à honorable et saige Me Jehan le« Mannyer, procureur à Noyon et Bailly dudit seigneur en sa« dicte seigneurie de Cauni et Varennes, la quantité de quatre« faulx de prez situez entre Sempigny et Pontlévesque. Cestz« don, bail et prinse faictz, tant pour la bonne amour que« ledict seigneur a au dict Mannyer et en considéracion des« bons et loyaulx services qu'il à faictz au dict seigneur puys« dix ans en ça... » — Arch. Oise, Sgie. Varennes., portef. 2e,lias. Sempigny. Original parchemin, scels détruits. Au dosest écrit : « Pour J. Le Mannyer. Pour les 4 faulx de pré de« Sempigny baillés de Mgr de Cauny à 40 s. tz. de cens, 1536.« Ces prez ont estes eschangès avec Mgr. de Noion. »

NOTA. — Que D. Labbé, do même que le panégyriste d'Ourscamp,ont lu sur les épitaphes la date de sa mort fixée au 15 mai 1547; mais ilsajoutent « âgé de trente-six ans. » Cette évaluation est évidemmenterronée, d'après les dates connues de son mariage et de son décès.Marié en 1522, il devait être né à une époque assez voisine de l'an 1500:il avait donc, en 1547, traversé près de la moitié du siècle, soit 46 ans.

« II avait eu de sa noble épouse Pérone de Pisseleux, sœur« d'Anne de Pisseleux, duchesse d'Estampes, maîtresse de« François 1", onze enfans dont il reste encors six vivans.« François, son fils aîné a... fait dresser ce monument pour« honorer les mérites et la mémoire de Monsieur son père« Dans la chapelle de Tous-les-Saints, ou des Canny.., un« beau mausolée élevé de 5 à 6 pieds, proche l'autel à côté de« l'épître, sur lequel paraît l'effigie d'un gentilhomme gisant,

PIERRE TOMBALE DE LA DAME DE WASIERS,DANS L'ÉGLISE DE VARESNES.

— 32 —

« couvert de sa cotte d'armes semée de ses blasons et l'épée« à son côté; et puis, au bas, ce docte épitaphe latin gravé sur« une lame de cuivre (suit le texte — En regard la gravure« d'après Gaignières). . . . Le corps de ce seigneur n'y a pas« été apporté, soit, qu'il ait été perdu en quelque bataille ou« pour toute autre raison. . . ; mais il a servi, depuis pour ses« successeurs. » — Hist. Ourscamp, p. 59 et seq.

Parmi ses enfants nous citerons : 1° François qui suit ; 2° Mariede Barbanson, mariée à Jean de Barret, seigneur de Neuvi-sur-Allier. Devenue veuve pendant les guerres civiles, elle défendson château de Bénégon, en Berry, contre les troupes du roiCharles IX ; son héroïsme lui mérite les éloges du roi et laremise de sa rançon le 6 novembre 1569. ( D. Grenier,Introduct. Hist. Picardie, p. 31.) 3° Bienne de Barbanson,épouse du chevalier de Rohan ; elle est usufruitière, en 1564,de la seigneurie de Bures, par donation de la duchessed'Etampes, sa tante (Soc. Hist. Paris, II, 210). 4° Nicolas deBarbanson, usufruitier dudit Bures, après sa sœur, 1566-72[Ibidem). 5° Charles de Barbanson, puîné de son père, seigneurde Cani (Canny) et d'Angervilliers (Se Oise), gentilhommeordinaire du roi. Usufruitier de Bures de 1572 à 1575, il endevient propriétaire définitif, à la mort de la duchesse, 1580.L'année suivante, il vend tous ses droits à Antoine de Chaulnes(Ibidem). Acte de foy et hommage, pour le fief de Villefeu,par Nicolas de Thou, évêque de Chartres, à Charles deBarbenson, sire de Bures, chambellan du roi (Arch. Se-OiseE. 1108) Charles de Barbanssoy, chevalier, sgr. de Cani etd'Angervilliers, etc. passe différents actes, de 1580 à 1587,chez les notaires des dits lieux (Ibid. E. 4012-17). Il meurtvers la fin de l'année 1594, suivant un acte que nous citonsplus loin, et dans lequel les enfants de son frère aîné inter-viennent comme ses héritiers (Ibidem). Il est inhumé àOurscamp, dans le mausolée dont a été question ci-dessus(Hist. Ourscamp, p. 60). Charles de Barbanson est cité parMelleville, comme seigneur de Voüel (Aisne), en 1557. —(Diction. Historiq).

III

— 34 —

FRANÇOIS DE BARBANSON , chevalier, seigneur de Canny,Varesnes, Babœuf, Mondescourt, Davenescourt, etc. Bailli etcapitaine de Senlis.

Il avait été pourvu fort jeune du gouvernement de Senlis parlettres patentes de François 1er, du 2 mai 1543. — Voir Mém.Com. Archéolog. Senlis, 2e Série, t. VII, p. 113.

Quatre années plus tard, il devient chef du nom et des armesde Barbanson-Canny, par la mort de son père. Il épouseAntoinette de Waizières, l'une des plus riches héritières dePicardie. En effet, dit l'historien d'Ourscamp p. 61, « la« Maison de Noyelle, héritière de celle d'Hangest, est fondue,« avec les terres d'Hangest et de Davenescourt et autres, en« celle de Wasiers et l'une et l'autre en celle de Barbanson... ».

Messire François « servit dans les armées, » dit encore lemême auteur, p. 60; et sa vie paraît n'avoir été qu'une longuesuite d'expéditions, puisque sa présence est à peine signalée àVaresnes aussi bien qu'à Senlis.

En 1550, François de Barbanson rachète à Jean de Follieulela terre de Mondescourt aliénée en 1516, ainsi qu'il a été ditplus haut. — D. Labbé.

Le 3 novembre 1556,. « messire François de Barbenson,« chevalier, seigneur de Varesnes Rabeuf (Babœuf), Pontoise,« Coarcy et Molancourt (Morlincourt) » comparaît à la Réfor-mation des coutumes du bailliage de Vermandois prescrite parordonnance du roi Henri II des 19 août et 15 septembreaudit an. Il est représenté par « maistre Pierre Cordelier,procureur général du Comté de Noyon », lequel s'est aussiprésenté comme fondé de pouvoir de « R. P. E. D. Mre Jeand'Hagest ( Hangest), Evesque et Comte de Noyon, pair deFrance, seigneur de ladite ville... etc ». —-B.de Richebourg,Coutunier Général, t. IIe: Couturn. Baâge Vermandois;Procès-verbal, p. 539 et seq.

Me Bergeron, bailli et procureur de François de Barbenson,chevalier, sire de Canny, Varennes, etc. signe avec le chapitrede Noyon, le 30 janvier 1564, un échange dont nous citeronsplus loin l'annulation. — Arch. Oise, Seigneurie Varesnes.

Le 15 septembre 1667, «messire François de Barbanson,

— 35 —

« chevalier, seigneur de Heudicourt, Manencourt, prévosté de« Péronne; seigneur de Cany, prévosté de Roye; et seigneur« de Hengest Davenescourt, prévosté de Montdidier », compa-raît, par procureur, à la Réformation des coutumes de Péronne,Montdidier et Roye, prescrite par Ordonnances royales des12 février 1558, 4 juillet 1559, 1er juillet 1560, Moulins 10 février1566. Il est représenté par Me Antoine de Haussi, avocat àPéronne. — B. de Richebourg, Coutumier Général, t. IIe:Cout. Péronne — Montdidier — Roye; Proc.-verb. p. 642et seq.

« En 1567, en novembre,... le prince de Condé ayant fait« dresser une armée à Saint-Denis, celle du roi étant conduite« par le connétable Anne de Montmorency, fut donné une« bataille le 10 dudit mois, en laquelle le connétable fut blessé« à mort et, néanmoins, remporta la victoire. » — A. Bernier.Mémoires Originaux (Sentis, 1835) p. 59.

Ainsi, les chroniqueurs Senlisiens n'ont pas su que M. deBarbanson, bailli et capitaine de cette même ville dont ilsécrivent l'histoire, avait été tué près de son vaillant chef.Toutefois, nous en avons pour preuves : 1° L'histoire d'Ourscampqui constate, p. 60, sa mort en cette rencontre ; son inhumationdans le mausolée construit par ses soins; son union avec ladame de Wasiers « qui lui donna de grands biens et trois« enfans » ; 2° La pierre tombale de la dite Dame, en l'églisede Varesnes et sur laquelle sont gravés de précieux détailsbiographiques. L'importance historique de ce monument nousdécide à le reproduire dans le dessin ci-contre. L'inscription,transcrite par Graves, dans son Précis sur le Canton deNoyon p. 154, contient des lacunes que nous avons facilementcomblées. Cette dalle, dont les marges ont été réduites,mesure 2 m. 60 c. de long, sur 1 m. 28 c. ; elle sert aujourd'huid'avant-seuil à la chapelle latérale nord et ses derniers reliefsne tarderont pas à disparaître. Jadis elle recouvrait, dans lachapelle même, les restes de la dame et bienfaitrice du lieu.En 1793, de stupides profanateurs dévastèrent l'église, aprèsle château ; leur ciseau, heureusement inhabile, mutile partielle-ment l'épitaphe et les armoiries; la sépulture est violée; lecorps de la châtelaine, parfaitement conservé dans son cercueil

— 36 —

de plomb, est dispersé au milieu des plus grossières plaisan-teries; le produit des matériaux, à l'instant vendus, enivre cesforcenés dans le cabaret voisin. — ( V. Cambry, Descript.du Département).

NOTA. — La marche des bandes Huguenotes vers Saint-Denis alaissé d'amers souvenirs dans les anciens registres paroissiaux deNanteuil-le-Haudouin, (Oise). Nous citons ces textes dans la Pièce Justi-ficative n° 6, à laquelle nous renverrons encore ci-après, à propos de lapremière union de Louis de Barbanson, qui suit.

La Douairière de Varesnes, tutrice de ses trois enfants,survécut vingt ans à son noble époux.

Le 3 avril 1568, « Reliefs du fief de Quierzy, avec un« dénombrement, présenté à Monseigr Charles d'Halwin,« marquis de Meignelay, etc., par Madame Anthoinette de« Wasiers, veuve de messire François de Barbenson, et« tutrice de noble personne Lois de Barbenson, son fils« myneur. . . . etc. » — Archives Nation., M. 210.

Autre dénombrement du même fief donné par ladite Dameau même seigneur, le 21 juillet 1573, et dont un extrait auxPièces Justificatives, n° 5.

Accord fait, le 18 octobre 1581, entre ladite Dame deBarbenson, en son nom et comme tutrice de son fils Louis,d'une part ; et ,les fondés de pouvoir de dame Madeleinede Savoie, veuve du connétable Anne de Montmorency,d'autre part: au sujet de saisies féodales pratiquées contrela dite duchesse, à raison de devoirs féodaux non faits enversla Dame de Varesnes, pour le fief de Mahéricourt ( Canton deRosières, Somme), mouvant de Varesnes à cause de la terrede Hangest. Ainsi qu'il est expliqué dans le texte transcrit enla Pièce Justificative n° 5.

Madame de Barbanson mourut le 23 mai 1587, laissanttrois enfants :

1° Louis de Barbanson, qui suit:2° Anne de Barbanson, mariée d'abord à Antoine Duprat IV,

chevalier, seigneur de Nantouillet, Précy etc., baron deThoury, etc., prévôt de Paris le 19 février 1553: de cette uniondevait sortir la troisième branche des seigneurs de Varesnes,ainsi qu'il sera expliqué ci-après, p. 40. Ledit Antoine Duprat

— 37 —

était le petit- fils du célèbre Chancelier, et le fils de AntoineDuprat III, prévôt de Paris en 1547, lequel avait épousé Anned'Alègre, dame de Précy et de Viteaux; de ce mariage étaientvenus quatre fils et trois filles, parmi lesquels Antoine, de cujus,continue la lignée de Nantouillet, et François fonde celle deFormerie et Viteaux, dont sera question dans la suite.

3° Marie de Barbanson épouse de Jacques-Auguste de Thou,l'illustre jurisconsulte, président et historien. Dans uneprocuration donnée, le 2 novembre 1594, par ladite Dame àMe Picard, procureur au Châtelet de Paris, il est expliqué:1° qu'elle est autorisée par justice, au refus du sieur de Thou,son mari : 2° qu'elle est héritière de feu Charles de Barbansonci-dessus nommé, son oncle, vivant sire de Canny etd'Angervilliers (Se-Oise); 3° qu'elle a, en outre, les droits cédésde son frère Louis de Barbanson, sire de Cani et Varesnes,aussi héritier bénéficiaire du défunt. — Signatures auto-graphes, dont celle de Marie Debarbanson — Arch. Seine-et-Oise, E. 4019.

Louis DE BARBANSON, chevalier, seigneur, puis marquis deCanny, Varesnes. Babœuf, Coarcy, Appilly, Morlincourt,Mondescourt, etc., des fiefs Coquerel et de la Quinzaine;baron et châtelain de Hangest et de Davènescourt, etc.

Il servit avec honneur sous les rois Henri III, Henri IV etLouis XIII. — Hist. Ourscamp, p. 60.

Contrat de mariage de messire Louis de Barbanson etDamoiselle Catherine de Schomberg, du 16 août 1588. — Arch.Nation. M. 270.

NOTA. — Dans la Pièce Justificative n° 6, nous réunissons diversrenseignements relatifs à la dite Demoiselle, aux seigneurs de Nanteuil,à leurs officiers, à leurs hôtes, aux curés de la paroisse, etc. Ces notessont extraites des anciens registres de l'état-civil du dit lieu.

En 1589, le sire de Barbenson-Cani est grièvement blessé àSenlis, dans les rangs des Royalistes qui ont repris la ville etla défendent contre les Ligueurs; mais, il guérit de ses bles-sures. — Afforty, Collectanea, t. XI, p. 5813.

Pendant le siège de Noyon, qui dure du 24 août au 19septembre 1591, Henri IV a pour résidence la chartreuse du

— 38 —

Mont-Renaud ou le château de M. de Canny, à Varesnes. —De la Forte-Maison: Antiquités de Noyon, p. 128-80.

Le 25 septembre suivant, la forteresse de Davenescourt,appartenant à Messire Louis de Barbanson, sire de Canny,est prise par Thibault de Mailly, capitaine au service de laLigue; il la remet à l'échevinage de Montdidier, dévoué àà l'Union. L'assemblée décide; que ce repaire de Royalistessera détruit. Cet ordre est exécuté en mars 1592, par lemaître canonnier de la ville, qui y emploie de nombreuxouvriers pendant quinze jours. — De Beauvillé: Hist.Montdidier, t. 1er, p. 242.

Par contrat du 7 janvier 1598, Louis de Barbanson, veufsans enfants de Mlle de Schomberg, épouse Hélène de l'Isle,seconde fille du sire de Marivaux. — P. Anselme, VIII, 193 B.

Il assiste aux assises de Chauny en 1609; il avait relevé en1595 pour sa terre de Mondescourt. — D. Labbé.

Le 5 octobre 1609, « messire Louis de Barbenson, chevalier,« seigneur de Canny et Varesnes, à cause du fief du Bois de« Louvetain, de Babeuf, des onze Mazures y estans et de la« Seigneurie de Mondescourt », comparaît, par procureur, à laRéformation des coutumes du baillage et prévôté de Chauny(al. Channy) prescrite par ordonnances royales du 30 avrilprécédent. Il est représenté par Me Anthoine Souillard, procu-reur à Noyon. — B. de Richebourg, Coutumier général t. IIe:Bâage de Chauny, Proc.-verbal, p. 601 et seq.

Veuf en 1610 pour la seconde fois, il épouse, peu de tempsaprès, Madeleine d'Angennes, veuve de Pierre de Bellay, princed'Yvetot, et fille de Nicolas d'Angennes, sire de Rambouillet.— P. Anselme: Grands Offic. Edit. 1712, p. 1660. E.

Garantie fournie les 12 novembre 1612 et 22 avril 1613, auChapitre de Noyon, pour divers cens dûs par « messire Lois« de Barbenson, chevalier, seigneur de Canny, Varesnes,« Babœuf, etc. » — Arch. Oise, Sgie. Varesnes.

Le onze juin 1615, il achète à Me Geuffrin, un moulin à blé.un tordoir à l'huile et deux viviers à Courcelles. —Arch. Oise,H. 498.

Par Lettres-Patentes données à Paris au mois de juin 1616,en faveur de Louis de Barbanson-Canny, la terre de Varesnes

— 39 —

avec ses dépendances, est érigée en marquisat.— Graves:Précis sur Cant. Noyon.

Arrêt de la Table de Marbre en l'année 1620, dans un procèsentre Louis de Barbanson et les habitants de Pontoise etCoarcy, d'une part ; et l'Evêque avec le Chapitre de Noyon,d'autre part; touchant les droits respectifs des parties dans laforêt de Laigue. M. de Barbanson est confirmé dans sa qualitéde Gruyer de la dite forêt comme attachée à son fief deCoquerel, mouvant de l'évêché... etc. La jouissance des droitscontestés est définitivement réglée en 1627, par une transac-tion conclue entre les intéressés. — Arch. Oise, G. 1819.

« Ce généreux gentilhomme n'eut d'enfants d'aucune de« ses trois unions... Ce qui le porta vers la fin de sa vie« à reconnaître héritière de ses grandes possessions la Maison« de Nantouillet du Prat, à condition que l'aîné porterait par« substitution, le nom et et les armes de Barbanson. » [Hist.Ourscamp, p. 60). Cet acte important, daté de 1622, est repré-senté dans le fond de la seigneurie de Varesnes, portef. 4e, parune copie sur papier que nous transcrivons aux PiècesJustificatives, sous le n° 7.

« . . . . Se voyant près de la mort, tant pour son grand« âge que pour une violente maladie. . . ., il fit son testament« en son château de Varesnes, le 21 mars 1627... Il ordonna« que son corps fut déposé... dans le caveau de la chapelle do« Canny. . . . , où il fut mis, avec les honneurs que l'on a« accoustumé de rendre aux personnes de sa naissance,« l'an 1630, au mois de mars ; ayant enjoint de plus à ses héri-« tiers de donner aux Religieux de cette abbaye cent écus« d'or, le jour de ses obsèques, ce qu'ils exécutèrent, y ajou-« tant un ornement de velours noir. . . où partout se voyent« les armes de cette Maison timbrées de la couronne de comte.« L'on ne sauroit assez relever la charité chrétienne de ce« gentilhomme. . , car il remit à tous ses sujets les cens et« rentes qui lui étoient dûs jusqu'au jour de sa mort . . . .

« . . . Au-dessus de ce monument, l'on voit son portrait dans« un tableau avec son casque, sa lance et sa cotte d'armes« armoyée de ses blasons qui sont 3 lions d'argent en champ de« gueule, couronnés et armés d'or... » — Hist, Ourscamp, p. 60.

LES DUPRAT DE BARBANSON

LOUIS-ANTOINE DUPRAT DE BARBANSON. — Né marquis deNantouillet, etc. baron de Thoury, etc., il prend en outre lenom et les armes de Barbanson de Canny, dès le mois demars 1630; en vertu de l'acte de 1622, transcrit en la PièceJustificative n° 7, il se qualifie Marquis de Canny, Varesnes,Baboeuf, Morlincourt, Pontoise, Coarcy etc. Seigneur deMondescourt, Heudicourt, des fiefs de Coquerel, des Onze-Mazures, de la Bretonnière, de la Quinzaine de Noyon, etc.Baron et Châtelain de Hangest, de Davenescourt, etc.

NOTA. — La généalogie de la Maison Duprat (d'or à la fasce desable accompagnée de trois trèfles de sinople, deux en chef et un en pointe)est sommairement indiquée dans tous les grands recueils ; mais, lefonds de la seigneurie de Formerie, aux Archives de l'Oise, contientdes tableaux et documents généalogiques plus complets: ils nousserviront de guides en ce qui concerne les derniers degrés des deuxbranches de Formerie-Viteaux et de Nantouillet, dont la fusion sousle nom de Barbanson de Canny sera expliquée ici-même, p. 46 dece catalogue. D'ailleurs, les auteurs et ascendants du présent seigneursont nommés ou interviennent en la donation de 1622 : Dame MarieSéguier, veuve de Michel-Antoine Duprat, tué dans un duel en 1606,comparaît et accepte comme tutrice de Louis-Antoine et Marie-Madeleine,ses deux enfants mineurs; à la dite petite-nièce du donateur sontattribuées cent mille livres, au jour de son mariage, effectué en effet,en 1626, avec le comte de Castelnau; Dame Anne de Barbanson, sœurdudit seigneur de Canny, donateur, ayeulle desdits donataires, veuveen premières noces de feu Antoine Duprat, chevalier, sire de Nantouillet( v. ci-dessus p. 36 et ci-desssous p. 46 ), et ensuite du sieur René deViaulx, est gratifiée de divers usufruits énumérés dans l'acte. Ajoutonsque le présent seigneur avait épousé, le 16 novembre 1626, Madeleinede Baradat, fille du seigneur de Damery ; il avait donc pour beau-frèreFrançois de Baradat, le favori de Louis XIII, dont il est parlé dansles Mémoires de Saint-Simon, édit. de Boislisle, t,I,p,144.

§ IIIe

— 41 -

Le marquisat de Varesnes a la bonne fortune de captiver,pendant près d'un-demi siècle, l'attention de son nouveaumaître. Son premier soin est de se rendre adjudicataire de laterre de Canny, vendue par arrêt du Parlement le 27 août 1630,ainsi que nous l'expliquons en la Pièce Justificative n° 1.Cette acquisition affranchissait ce fief de tous devoirs féodauxenvers la seigneurie suzeraine. « L'usage prévalut, dès lors, dit« Graves, d'associer le nom des deux chefs-lieux sous la formeCanny-Varesnes. » Pendant les vingt années qui suivent, l'em-bellissement du château est poursuivi malgré deux invasions etdes fléaux divers. Les Espagnols prennent Roye le 1*8 septembre1636; ils laissent derrière eux le Noyonnais ravagé et décimépar la famine et la peste. Les travaux entrepris à Varesnessont un bienfait pour la contrée. L'antique manoir transforméatteint des proportions remarquables; le parc agrandi secouvre d'arbres exotiques ; les belles avenues plantées à cetteépoque ont laissé des témoins jusqu'à nos jours. En mêmetemps, le bac sur l'Oise est remplacé par un pont de pierres,bientôt emporté par l'inondation de 1658: cet hiver est eneffet noté comme l'un des plus désastreux dans la Météorologiedu département par Bottée.

NOTA. — Ces détails sont extraits des Précis de Graves et deM. Coët, déjà cités ; ils les empruntent à la Description du départementpar Cambry. Mais ces récits contiennent une double erreur que nousdevons signaler : ils attribuent la restauration de Varesnes à l'évêque-chancelier Duprat, mort depuis plus d'un siècle , ils mettent à l'actifdu présent seigneur la fondation d'un prix de vertu, institué par l'unde ses descendants, (v. p. 52).

En 1634, Transaction entre le Chapitre de Noyon et M. deBarbanson, seigneur de Varesnes, avec les habitants dePontoise et de Couarcy, par laquelle ceux-ci acceptent 130setiers de bois, au chemin de Courcelles à Sempigny, commereprésentant les 120 setiers qui devaient leur être abandonnéspar la transaction de 1627, ci-dessus mentionnée. Compromis,fait en 1641, entre le dit Chapitre et M. de Barbanson, gruierde la forêt de Laigne à cause de son fief de Coquerel, au sujetd'un abattis de bois fait par le Chapitre. —Arch. Oise, G. 1819,

— 42 —

On lit sur le mur extérieur de l'Eglise paroissiale unemention grossièrement gravée, qui constate le séjour du Roi, auchâteau de Varesnes, du 28 mai au 13 juin 1640.

Deux actes de Louis XIII sont en effet, datés de ce lieu, ditGraves : une déclaration du 29 mai proroge le délai pour laconversion des anciennes monnaies d'or en nouveaux Louis ;un édit du mois de juin règle le cours du billon et crée unoffice de contrôleur spécial. Le 3 juin, le Chapitre de Noyonvient offrir une relique de Ste Godeberte au Roi, qui en avaittémoigné le désir. A la même date « Louis XIII fut prié par« M. de Salency, d'assister à la cérémonie de la Rose ; mais,« se trouvant indisposé, il envoya à la Rosière une bague et« son cordon bleu, et lui permit, et à ses compagnes, de le« porter tant en ce jour qu'aux grandes cérémonies ». — Mém.Histor. des Reliq. de St-Médard, p. 9, 96, 159. — HistRosière Salency, p. 5 etc.

En septembre de cette même année, le curé soutenu parMgr. de Baradat, évêque-comte de Noyon, ne put triompherde l'obstination des nombreux protestants de cette paroisse.Bravant même un arrêt du Conseil d'Etat, deux fois ils repla-cèrent et maintinrent aux pieds de la Croix, sur la place duvillage, le corps d'un réformé récemment décédé. — Arch.de la Commune de Varennes.

De son côté, le bailli du marquisat réprimait les désordresdans les veillées ; il frappait d'amendes les chefs de familledont les enfants ou les serviteurs enfreindraient ses ordres. —Ibidem et M. E. Coët, Notice Arrondt. Compiègne, p. 259.

En 1642, 1648, 1652, sentences du bailliage de Noyon,condamnant M. Du Prat de Barbanson à payer la rente, resti-tuée au Chapitre de Noyon par l'acte d'annulation d'échange,consenti en 1627 par Louis de Barbanson. — Arch. Oise,G. 1133.

Sentences et procès-verbal de compulsoire en 1645, devantservir à prouver, contre M. de Barbanson, que les religieuxde St.-Barthélémy de Noyon ont droit de percevoir certainscens à Varesnes. —Arch. Oise, H. 512.

Une armée Espagnole envahit de nouveau la Picardie en 1653,occupe Roye et menace Montdidier. Les maréchaux de Turenne

— 43 —

et de la Ferté, campés à Varesnes, écrivent aux Montdidérienspour les féliciter de leurs adroites négociations avec l'ennemi,qui renonce, moyennant rançon, au siège de cette ville. Lacontrée n'en est pas moins ravagée par les gens de guerre. —De Beauvillé, Hist. Montdidier, t. 1er, p. 295 et seq.

Louis XIV délivre, au mois de février 1657, des lettrespatentes, datées de Paris, portant confirmation et relief de sur-annatation, pour l'enregistrement de celles de 1616 constitu-tives du marquisat. — Graves, Op-cit.

L'acte généreux de 1622 imposait néanmoins au donatairecertaines clauses et conditions dont l'exécution fut rendue plusonéreuse par les malheurs publics, les grands travaux et lesréceptions royales. Dès le 7 avril 1636, était formulée une« opposition aux criées de la terre et seigneurie de Varesnes« saisie à la requeste de Dame Marie-Magdeleine Duprat,« femme authorisée, au reffus de messire Gabriel de Castelnau,« comte de Clermont, son époux ». D'autres procédures ana-logues se succèdent jusqu'en 1679. — Archives-Nation.T. 138 7-9.

Comme conséquence, les baux judiciaires prennent place audossier. L'un d'eux, fait le 27avril 1661, comprend «les revenus« de ladite seigneurie saisye sur messire Louis-Antoine De

. « Prast de Barbanson à la requeste de Dame Marye-Magdeleine« De Prast, sa sœur, faute de paiement des cent mille livres« stipulées en la Donnation, et pour d'autres causes contenues« en l'exploit de saisye réelle du VIP jour d'avril 1636 ».L'adjudication est prononcée en faveur de Salomon Sézille,pour le prix de 5,120 livres. — Arch. Oise, Seigneurie Varesnes.

En 1573, Louis-Antoine Duprat de Barbanson rend aveu etdénombrement de la terre et seigneurie de Nantouillet à Louisde Bourbon, prince de Condé, comte de Dammartin. — Arch.Seine-Oise, E. 1644-45.

Il meurt au mois d'avril 1681, âgé de 81 ans, ayant eu de sonunique alliance plusieurs filles et fils, dont l'un, nomméFrançois, lui succède.

FRANÇOIS DUPRAT DE BARBANSON, marquis de Nantouillet,etc, baron de Thoury, etc., marquis de Canny, Varesnes, etc,baron d'Hangest, etc., qualifié dans les documents Marquisde Barbanson. ,

En 1684, Arrêt du Conseil du Roi déclarant la substitution,faite par messire Louis-Antoine Duprat de Barbanson, ouverteau profit de messire François, son fils et héritier. — ArchivesNationales, T. 1387-9, lias. 5e,

« François du Prat s'était distingué d'abord, sous le nom de« chevalier de Nantouillet, au passage du Rhin, étant alors« capitaine de Cavalerie au régiment de la Reinie (voy. Mme

« de Sévigné, Lettres, 3 juill. 1672; Boileau, Epitre IV, vers« 107) Il avait acquis la charge de premier maître d'hôtel« de Monsieur, en 1685; mais il n'en possédait plus que la« moitié depuis 1688 De beaucoup d'esprit et de fort bonne« compagnie (dit St Simon dans ses additions au Journal de« Dangeau, n° 33 ), Barbanson excelloit en chansons et en« désoloit Mme de Montauban et Terrat... Monsieur, avec qui« elle vivoit beaucoup, défendit sérieusement à Barbanson« d'en plus faire sur elle, qui s'y engagea. Mais les poëtes« sont trompeurs : celle-ci lui échappa encore, qui, plus jolie« et plus cruelle que pas une, fit grand bruit » et futretrouvée plus tard (Avril 1693) dans les papiers de feueMademoiselle...» sur la plainte de la Dame, Monsieurquerelle Barbanson qui, ne voulant pas dire qui l'a faite,répond froidement : « — Ma foi, Monsieur, vous verrez qu'elle« s'est faite toute seule — Et, en effet, jamais chanson ne fut« plus naturelle (voy. ce que Gaignières dit de l'auteur dans« le Chansonnier, ms. Fr. 12691, p. 453) » — Mémoire de St -Simon, Edit. de Boislisle, t. 1er p. 126,361; t. 11e 282,406, texteet notes.

Le 16 juin 1689, « François de Prast, comte de Barbanson« chevalier, seigneur de Canny, Varesnes, Pontoise, Coarcy,« Morlincourt, Babeuf, Appilly, Mondescourt,et des fiefs de« Coquerel, de la Bretonnière, de la Quinzaine de Noyon, etc.« donne à bail, au 'sieur Sézille, les revenus dudit marquisat« moyennant 12,400 livres » signature autographe deFrançois du Prat de Barbanson — Arch. Oise, Sgie Varesnes.

En même temps, il se préoccupe de l'administration de sonmarquisat de Nantouillet. Les Archives de Seine-et-Oisepossèdent de nombreux dossiers relatifs à cette terre. Maisl'absence absolue de dates dans les cotes de l'inventaire som-maire ne nous permet pas de les utiliser : voir ledit inventaire,t. 1er p. 231-50 et notamment les cotes E. 1640-49.

Le 13 juin 1692, il cède, à l'abbaye St-Barthélemy de Noyon,les chaussées existant entre les viviers de Courcelles, en seréservant la justice. Dans le même temps, réception d'hommevivant et mourant présenté par les dits religieux pour les ditsviviers tenus à cens de M. de Barbanson. —Arch. Oise, H. 498.

« Barbanson, premier maître d'hôtel de Monsieur, mourut« aussi, (23 juin 1695, d'une attaque d'apoplexie), si goûté par« le sel de ses chansons, et l'agrément et le naturel de son« esprit... (Voir la Gazette d'Amsterdam, p. 203).. C'étoit un« homme de beaucoup d'esprit et ' dont les sentimens ont« toujours été regardés comme décisifs sur les beaux ouvrages« (Mercure, juin 1695, p. 262) ». — Mémoires de St-Simon,Edit. de Boislisle, t. II, p. 282 et Notes.

NOTA. — L'Editeur ajoute : « Nous avons écrit Barbanson au« t. Ier p. 126, note 5; mais de nouvelles recherches nous font croire« que c'est le même nom que celui de la Maison flamande de Barbançon.»Le présent Catalogue apportera, nous l'espérons, une utile confirmationaux présomptions du savant annotateur.

De son union avec Anne-Marie Colbert, fille de CharlesColbert, seigneur du Terron, conseiller d'état, il laissaitFrançois, qui suit, et Henri du Prat, chevalier de Malte, dit lechevalier de Barbançon. — Moréri.

FRANÇOIS DUPRAT DE BARBANSON, chevalier, Comte deBarbanson, seigneur de Canny, Varesnes, etc. Marquis deNantouillet, etc., baron de Thoury, de Formerie, de Viteaux,etc. Colonel d'un régiment d'infanterie, puis Brigadier desarmées du Roi, Grand-Veneur de S. A. R. Mgr le ducd'Orléans, etc.

Il épouse Claire-Charlotte-Séraphinedu Tillet, de St-Mathieu,dans la dot de laquelle est la terre de Brunfay, mouvante dela châtellenie de Bray. — Mémoires Antiq. Picardie, t. VII,p. 370.

— 46 —

« Après la mort du dernier maréchal d'Estrées (le duc Jean,« 19 mai 1707), M. le Comte de Barbanson est mis à la tête« de la capitainerie des chasses du Valois, qu'il transmet à« M. le Marquis, son fils. » — Carlier, Hist. Valois, t. II, p. 539.

« Haut et Puissant seigneur Mgr François de Prast, comte deBarbanson, sgr de Canny, Varesnes etc., colonel d'infanterie,afferme les revenus de la terre de Varesnes pour neuf années.Fait en son château dudit Varesnes où il réside habituellement,le 11 novembre 1711. » — Arch. Oise, Sgie Varesnes.

En 1715, les domaines, déjà si vastes, du comte de Barbansonreçoivent un accroissement considérable. Par contrat passédevant de Savigny, notaire à Paris, le 24 août audit an, Mre

Louis-Antoine Duprat, marquis de Viteaux, seigneur deFormerie, etc. fait donation entre vifs de la plus grande partiede ses biens, terres et seigneuries, à Mre François Duprat,comte de Barbanson, seigneur de Varesnes, Nantouillet, etc.son parent, à défaut d'héritiers directes : le donateur seréserve l'usufruit de toutes les choses comprises en la dona-tion, sa vie durant.

NOTA. — Nous n'avons pu retrouver l'original de ladite donation ;mais elle est citée dans diverses pièces de nos dossiers et notammentdans l'acte de foi et hommage dont il sera question ci-apres. Quant àla parenté des deux contractants, il est facile de l'expliquer en peu demots :

Louis-Antoine Duprat, dont s'agit, est baron-châtelain de Formerie,marquis de Viteaux, châtelain de Fresne-Saint-Mammetz, seigneurde Maucreu, Blargies, Jumeau en Bourgogne, etc. depuis 1659; il estné le 29 janvier 1637 : il a donc 78 ans et pas d'héritiers de son unionavec Anne Lenet, fille d'un procureur au Parlement. — Louis-AntoineDuprat, son père occupa les mêmes seigneuries depuis 1631; Anne desBarres, sa femme. — Antoine Duprat, père du précédent et seigneurdes mômes lieux en 1572, est resté avec deux sœurs, sous la tutelled'Anne Séguier sa mère, et la curatelle de son cousin ( neveu de sonpère), Antoine Duprat-Nantouillet, abbé de Bonlieu (al. Beaulieu);il épouse Chrétienne de Sayve qui lui apporte la châtellenie de Fresne-Saint-Mammetz, ainsi qu'il sera expliqué plus loin. — François Duprat,père dudit Antoine, est qualifié d'abord baron du Turt; il épouse AnneSéguier et devient, en 1560, marquis de Viteaux et baron de Formerie,du chef d'Anne d'Alègre, sa mère. — En effet il est le quatrième fils

— 47 —

d'Antoine Duprat, marquis de Nantouillet, prévôt de Paris en 1552(fils et héritier de l'évêque-chancellier ), il épouse en 1527, Anned'Alègre par laquelle, les domaines de Viteaux et Formerie entrentdans la Maison de Duprat et n'en sortent plus, grâce à un procèsgagné par les enfants Duprat contre leur mère remariée. Ces enfantssont : Antoine qui continue la branche aînée de Nantouillet ; Nicolaset Guillaume, dont les biens retournent à leurs frères ; François quireçoit en partage l'héritage maternel et fait la présente branche deViteaux, Jumeaux et Formerie (F . Moréri; Anselme; La Chesnaye,Diction, de la Noblesse ; Mém. Soc. Acadêm. Oise, XII, 710 et seq.

Les signataires de l'acte de 1715 sont donc petits-cousins, étantissus d'une souche commune. Ainsi se réalise, après cinq générations,le retour à la branche aînée des biens d'Anne d'Alègre et la fusiondes deux branches par nous annoncée plus haut. Les indicationsqui précèdent sont d'ailleurs confirmées par l'extrait suivant d'unmémoire rédigé vers 1781 et inséré en T. 1385-7, aux Archives Natio-nales : « . . . La châtellenie de Fresne-Saint-Mammetz fut vendue« par MM. les Commissaires députés pour la vente et revente des« domaines du Roy en Bourgogne. Une première adjudication faite le« 6 février 1570 étant devenue nulle, une seconde fut faite le 20 décembre« 1596 au profit de noble Antoine de Sayve, seignr de Mont, président« de la Chambre des Comptes; après lequel elle passa à Dame Charlotte« Noblet, sa femme, qui la transmit à Dame Chrestienne de Sayve,« leur fille et unique héritière, épouze de messire Antoine Duprat,« chevalier, baron de Formery. De Madame de Sayve, douairière Duprat,« cette terre passe à Messire Antoine Duprat, son fils, baron de Vitteaux,« Formery, Fresne-St-Mammetz, et autres lieux ; duquel elle passe à« Messire Louis-Antoine Duprat, marquis de Vitteaux. Après ce dernier,« M. l'abbé Duprat, son fils, en a joui jusques en l'année 1748, qu'elle« passa à Mr le marquis de Barbanson, père de M. le comte de Barbanson« actuellement possesseur de la dite terre et châtellenie, qui est ainsi« restée dans la même famille depuis 185 ans. . . » Sur une autre piècede la même liasse, la mention suivante : « Par le testament de M. le« marquis de Vitteaux, devant Savigny, notaire à Paris, le 15 juillet 1721« il fait donation en toute propriété de la terre de Fresne à Mre François« Duprat, comte de Barbanson, lequel testament est au rang des titres« de famille du dit seigneur, marquis de Vitteaux. . . »

En conséquence des dites donations, le comte de Barbanson,retenu par le service du Roi, se présente par procureur le20 septembre 1715, pardevant le bailli du comté-pairie de

— 48 —

Beauvais et vidamé de Gerberoy, afin de faire acte de foi ethommage, avec serment de fidélité, pour les dites terres, fiefs,seigneuries et dépendances de Formerie, Blargies, etc. enversMgr l'évêque-comte de Beauvais, duquel elles relèvent en pleinfief: ainsi qu'il a été fait envers le précédent évêque-comte deBeauvais par Mre Louis-Antoine Duprat, le 25 avril 1685. Lecomparant requiert en outre la saisine et investiture des ditesseigneuries : laquelle lui est donnée, après paiement des droitsde chambellage et aussi de quint et requint, modérés à 7m 500liv. — V. le texte transcrit en la Pièce Justiftcat. n° 8.

Néanmoins, le comte de Barbanson n'est encore que le nu-propriétaire, l'héritier désigné, des biens de son généreuxparent. Le marquis de Viteaux conserve l'usufruit et l'admi-nistration de ses domaines pendant les 15 années qui suivent.Nous en avons pour preuves, différentes pièces du fonds de laseigneurie de Formerie, aux Archives de l'Oise: Le 18 mars1724, un bail de la Ferme de l'Eglise est fait à Jean Beaurains,pardevant St.-Aubin, notaire à Amiens, « par H. et P. seigneur« Mre Louis-Antoine Duprat, marquis de Viteaux, sgr châtelain« et baron de Formerie, etc. . . se portant fort pour Mre

« François Du Prat, comte de Barbanson, à qui doit appar-« tenir la dite terre de Formerie après le décès dud. seigneur« marquis de Viteaux.

Même formule, le 27 novembre 1728, dans un bail des hallesde Formerie: le marquis se porte fort pour le comte deBarbanson. . . , Brigadier des armées. . . etc.

Mais, dès les 1er et 10 mars 1731, la receveuse de M. lecomte de Barbanson à Formerie, loue à Sombret, jardinier,une maison que feu M. le Marquis a fait construire, et unemasure audit lieu.

Désormais, tous les actes sont passés par « H. et P. sgr.« Mgr. François Duprat, comte de Barbanson, marquis« de Nantouillet, châtelain et baron de Formerie, etc.« demeurant ordinairement à Paris, en son hôtel, rue d'Orléans,« paroisse de St -Jean-en-Grève proche les Capucins du« marais. » Tel est le bail de deux moulins à vent à Formerie,du 10 juin 1733; tels, divers contrats relatifs à des locationsde terres, de fermes, etc. sur différentes paroisses, et datés

— 49 —des 7 oct., 3 nov., 14 déc. 1734; tel, un échange de biens du 14juillet 1742, au bas duquel: « j'aprouve le présent échange« à Paris ce 9 juin 1744 — Barbenson. » Citons encore desbaux des 28 janv. et 28 mars 1747. — Arch. Oise, SgieFormerie.

Quant à Varesnes, les documents ne sont pas moinsnombreux. Le 16 sept. 1723, M. de Barbanson fournit undénombrement de cette terre à l'évêque comte et pair de Noyon(Arch. Oise, G. 557, registre coté V.) Un bail à ferme desrevenus du marquisat est fait le 10 août 1744: l'état desimmeubles divers dépendant de la recette générale de Varesnes,pour H. et P. sgr. Monseigr le Comte de Barbanson, estconstaté dans un procès-verbal de visite et rapport d'experts,du 10 juillet au dit an. Une déclaration de biens de Mgr. Dupratde Barbanson au terroir de Babœuf, datée du même temps,contient ce qui suit :

« 100 setiers de terre valent 800 1. — 13 faulx de pré. . 192 1. — 5 setiers« de vignes. . . 30 1. — Plusieurs masures. . . 200 1. — Le vinage. . . 100 1.« — Diverses censives... 90 l. — Le moulin à vent. .. 350 1. — Un petit« terrage et un demi rouissage dans la rivière.. . 25 1. — Total du« revenu 1807 I. — Suit, l'état de tous les autres propriétaires possédant« un revenu quelconque en cette paroisse. » — Arch. Oise, Sgie Varesnes.

.Le 30 oct. 1734, Délimitation des Sgies d'Héronval et deMondescourt entre le duc d'Aumont sgr. d'Héronval, etFrançois du Prat, marquis de Varesnes, Babœuf etc. — Cartul.d'Héronval, Préf. p. X.

Expédition d'un arrêt du Conseil d'Etat, dans une constes-tation pendante en 1738-44, entre M. de Périgny, abbé deChastillon. Mme la comtesse de Chamillard et M. FrançoisDuprat, comte de Barbanson — Arch. Nation, V.7 401.

Acte de substitution, par François Du Prat de Barbanson, enfaveur de Louis-Antoine Du Prat, son fils, du 1er mars1744 — Voir un extrait de cet acte en la Pièce Justificative n°8bis, d'après l'original aux Archives Nationales, Y. 74, f° 139.

Bail de la terre et seigneurie de Canny, consistante enchâteau, bâtiments, basses-courts, deux fermes, enclos, terreslabourables, près, moulins, droits de lots et ventes, censives,usages, champarts, etc. ; ledit bail consenti par M. le comte

III 4

— 50 —

de Barbanson, en faveur de Prieux Boulanger, receveur demeu-rant à Popincourt, le 8 oct. 1748. — Arch. Nation. T. 1387-9.

Haut et puissant seigneur François Duprat, comte Barbanson« est décédé à Paris, en la paroisse St-Sulpice, le l5 déc. 1749 »laissant tous ses titres et biens à « Louis-Antoine Duprat,« marquis de Barbanson. . . lequel étoit son seul fils et unique« héritier féodal. . . » (Mém. Soc. Académ. Oise, XII, 716).Le défunt avait en outre une fille, Elisabeth-Eléonore, dontsera question ci-après p. 56 et, plus amplement, aux PiècesJustificatives n° 10 et seq.'

ANTOINE LOUIS DUPRAT, MARQUIS DE BARBANSON, chevalier,marquis de Nantouillet, etc., baron de Viteaux, Formerie,Hangest, vicomte de Puisieux, seigneur de Canny, Varesnes,etc. ; Maréchal des camps, puis Lieutenant-général des arméesdu Roi; Inspecteur général de la cavalerie-dragons et desécoles d'équitation; Commandant pour S. M. en la généralitéet province du Soissonnais ; Gouverneur des villes et châteauxde Villers-Cotterêts, Coucy, Folembray, Noyon et provincede Valois ; Capitaine des chasses de la capitainerie royale deVillers-Cotterêts ; Premier veneur de S. A. R. Mgr le ducd'Orléans; Grand Gruier de la Basse-Aigue, etc.

Son union avec Delle de Thiard de Bissy en 1735, ainsi quela substitution consentie à cette occasion par son père etconfirmée en 1744, nous sont connues par la Pièc. Justificat.n° 8, art 2e. Demeuré veuf avec un fils, qui sera son héritier,il prend une seconde alliance ' avec Delle Antoinette-Eléonoredu Fay de la Tour-Maubourg ( V. Lefeuvre, Ancien. Maisonsde Paris, t. IV, p. 120 et seq. )

Le 24 février 1752, pardevant notaire à Amiens, M. lemarquis de Barbanson, fait bail des grand et petit hallagesde Formerie. — Arch. Oise. Sgie Formerie.

Il signe, le 20 janvier 1753, en son hôtel rue de Varennes, àParis, un bail pour neuf années de tous les revenus de saterre de Varennes. — Arch. Oise, Sgie Faresnes.

Vers le même temps, il prend à cens une parcelle de terre,sur Courcelles ; elle lui est cédée par l'abbaye de St-Barthélemyde Noyon pour être plantée en bois. — Arch. Oise, G. 1133.

En 1754, « saisie réelle de la terre et seigneurie de Nantouillet,à la requête du sieur Joseph Gallais, bourgeois de Paris.— Décret de la dite terre — Plan de la dite terre et seigneurie,levé à la requête de Mre Lallemant de Nantouillet, devenuseigneur du dit lieu et du comté de Marly-les-Louvres, enParisis. — Arch. Seine-et-Oise, E. 1641-54.

Echange de terres, conclu le 23 mars 1756, avec l'abbayeSt-Barthélemy de Noyon. — Arch. Oise, II. 519.

Inventaire, fait le onze mai 1759, du mobilier du château deVillers-Cotterêts. La prisée commence par le logement deM. le Marquis de Barbanson. — Bullet. soc. Archéolog.Soissonnais, t. X, p. 193 et seq.

Suivant Carlier, le marquis de Barbanson fut Capitaine deschasses du duché de Valois, après son père; Maître desEaux et Forêts, après Louis Racine et autres ; Gouverneur duValois, après le duc de Gêvres, qui était décédé le 19 sept.1757 — Hist. Valois, t. 2e, p. 528, 539; t. 3., p. 112.

Deux Brevets sont contresignés par lui, en avril et mai 1752,en vertu desquels le sieur Tuffreau est nommé capitaine ensecond dans la capitainerie de Coucy, par S. A. R. Mgr. le ducd'Orléans — Arch. Oise. Sgie Formerie.

Ordonnance de M. le Marquis de Barbanson, lieutenantgénéral des armées, etc. capitaine des chasses du duché dede Valois, sur l'exercice des droits de chasse — Arch. Nation.B. 3133.

Par ordre du Roi, du 1er mai 1765, le marquis de Barbanson,lieutenant général, passe en revue le régiment de Languedoc-Dragons — Mém. soc. Acad. Oise. t. XII, p. 714.

Le 15 sept. 1771, transaction, pour la délimitation de leursseigneuries, entre le Marquis de Barbanson, seignr deMorlincourt, et Mre Antoine Dauré, sgr de Salency — E. Coët,Notice Arrondt Compiègne, p. 262.

Testament olographe de M. Duprat, marquis de Barbansondu 1er mars 1774, avec un codicille du 15 dud. mois — Arch.Nation. Y. 73. f° 31 v°. Nota que nous transcrivons ce documentaux Pièces Justificat. n° 8, art. 3, à cause des renseignementsqu'il contient et qui sont intimement liés à la suite de notrerécit: désignation de son fils comme unique héritier féodal;

s

— 52 —

fondation, à Varesnes, d'un hôpital et d'un prix de vertu imitéde la Rozière de Salency ; choix éventuel d'héritiers indirects,dont plusieurs joueront, dans la liquidation de cette seigneurie,un rôle important. Le marquis mourut à Paris le 4 décembre1775.

AUGUSTIN-JEAN-LOUIS-ANTOINE DUPRAT DE BARBANSON,

chevalier, comte de Barbanson, comte souverain de la Valteline,baron de Viteaux, de Formerie, etc. seigneur de Canny,Varesnes, etc. et des fiefs Coquerel, la Bretonnière, des Onze-Mazures et de la Quinzaine de Noyon, etc., gruier féodal dela Basse-Aigue ; Colonel du régiment d'Orléans infanterie, puisMestre de camp du régiment d'Orléans cavalerie, Gouverneurgénéral du Valois et de Villers-Cotterêts, Coucy, Follembrayet Noyon, Capitaine des chasses de la capitainerie royale deVillers-Cotterêts et, en survivance, premier Veneur de S.A. S.Mgr le duc d'Orléans, etc.

Le premier soin du comte de Barbanson est de hâter l'éta-blissement de l'hôpital de Varesnes, déjà commencé par sonpère en l'année 1774. Il veut y joindre une école de fillesdirigée par les mêmes sœurs hospitalières. Le Conseil deFabrique présidé par le curé messire Arnoult de Chaulne, émetun avis favorable. Les documents relatifs à ces négociationssont nombreux en T. 1387-9 aux Archives Nationales: nousles avons indiqués aux Observations préliminaires et lesanalyserons dans les Pièces Justificatives nos 1, 9 et seq.

Le 26 avril 1776, H. et P. Sgr. A. J. L. A. Duprat deBarbanson... etc., demeurant ordinairement en son hôtel àParis rue de Babylone, paroisse St-Sulpice, étant actuellementen son château à Varennes, près Noyon en Picardie, maisretenu par le service du Roi, comparait par fondé de pouvoirau palais épiscopal de Beauvais, devant les officiers dubailliage et comté-paierie dudit lieu : et après avoir payé ledroit de chambellage, ledit procureur « a fait à mon dit« seigneur évêque de Beauvais, les foy et hommage, serment« de fidélité, loyauté et service qui sont dûs pour la seigneurie,« châtellenie et baronnie de Fromerie, ensemble les fiefs de« Belleville, Blargies, Secqueville, Redderie et Beaumentel,

— 53 —

« à la charge d'en donner dénombrement dans le tems pres-« crit par la coutume. »

NOTA. — A 'cet acte, transcrit par M. A. Bellou (Mém. Soc. Acad.Oise XII, 714) est annexée la procuration donnée à Varesnes, devantle notaire Guibert, le 5 janvier précédent. Les droits héréditaires ducomparant sont rappelés dans ces deux pièces : « il est le seul fils« et unique héritier féodal de M" Antoine-Louis Duprat, marquis de« Barbanson, son père, décédé à Paris le 4 déc. 1775; lequel étoit seul fils« et unique héritier féodal de Mre François Duprat, comte de Barbanson,« décédé à Paris le 15 déc. 1749, ayeul dud. comparant, . . . » et parlequel a été présenté le 20 sept. 1715, l'hommage que nous avons men-tionné ci-dessus p. 47 et transcrit aux Pièces Justificatives.

Le 28 Février 1780, acquisition d'une maison à Follembraypar M. le comte de Barbanson, titulaire de la Capitainerie deschasses dudit lieu — Arch. Nation. T. 138.10

En avril de ladite année, à la requête de M. de Barbançonet des religieux de S'-Barthélemy de Noyon, procès-verbald'arpentage et plan des terrains entrepris par la nouvelle routeque ledit seigneur fait construire vers Noyon. Transactionsdiverses entre les Parties — Arch. Oise, H. 505, 513.

Suivant un compte de gestion, tant en recettes qu'en dépenses,présenté par le sieur Augé, régisseur, pour l'année 1881, ladépense annuelle faite à Varesnes s'élève à la somme totalede 50, 035 l. 4 s. 10 d., savoir: Frais d'entretien des bâtimentset autres, 14,764 l. ; Dépenses de l'équipage, 23,479 l. 16 s. 8 d. ;Id. pour l'attelage, 10,33 1.8 s. 2d, ; Id. pour la nourrituredes chevaux 14601. — Arch. Oise, Sgie Varesnes: où cessortes de comptes sont très nombreux.

Le 25 Mars 1786, déclaration, faite au greffe de l'Election deNoyon, par Guibert, notaire audit lieu, au nom de H. et P.sgr. Augustin J. L. A. Duprat de Barbançon, etc. « Attestant« vouloir jouir, exploiter, faire valoir, récolter, toucher..,« par lui-même et à son profit, tous les immeubles, revenus et« droits à lui appartenans et dépendants de ses dites terres« et seigneuries, à commencer par la présente année 1786« inclus. De laquelle déclaration a requis acte, à lui« octroyé... » —Arch. Oise, Ibid.

« M. le Comte de Barbançon, est nommé, en 1789, député

— 54 —

suppléant de la Noblesse aux Etats-Généraux, pour le bailliagede Villers-Cotterêts. Le marquis de Barbançon, son père, étaitseigneur d'Ancienville vers 1774; il portait d'argent à troislieus de gueules, armés, lampassés et couronnés d'or. » —Bul-letin soc. Archéol. Soissonnais, X. 193.

M. de Barbanson quitte la France dans le cours de l'année1791. Déjà l'assemblée Nationale se préoccupe de l'émigration.Elle espère en arrêter les progrès par ses décrets des 19 juillet,1er août, 14 sept., 13 oct. 1791, contenant défense de sortir etordre de rentrer. Mais leur efficacité est atténuée par le vetoroyal. Aussi, le conseil général de la commune de Formerie,tout en signifiant au représentant du sieur de Barbanson,« ci-devant seigneur et propriétaire des halles dudit lieu », deles enlever promptement, lui permet encore d'en disposer à sonprofit — Arch. Oise, Sgie Formerie.

De même à Varesnes, le régisseur J. B. Augée adresse soncomte de gestion pour l'exercice 1791 finissant au 15 janvier1792, à Mgr. Duprat de Barbançon, maréchal des camps etarmées du roi. Le tout conformément aux usages et auxcomptes antérieurs. Parmi les pièces à l'appui: « Etat des« aumônes faites par Monsieur de Barbançon, aux pauvres des« paroisses de Varesnes et dépendances, pendant l'année« 1792. » Des secours en nature, des sommes de 6 et 15 1. sontdonnés à des infirmes ; 361. à des incendiés et des mandiants :la colonne du 12e mois est restée vide, sans doute par suite duséquestre dont sera question ci-après. L'apurement de cecompte est longtemps suspendu et donne lieu à des procéduresadministratives qui sont résumées dans les Pièces Justific. n°9.

NOTA. — Le décret de l'Assemblée Législative mettant les biensdes émigrés sous la main de la Nation, est adopté le 9 et sanctionnéle 12 février 1792. L'inventaire des titres et biens séquestrés estimmédiatement prescrit et exécuté par des commissions spéciales.Les unes sont chargées des titres: elles opèrent soit au chef-lieudépartemental, soit dans les immeubles saisis; nous avons indiquédans nos Préliminaires p. 5, quelle dut être la marche suivie quantaux papiers du présent seigneur. Les autres sont chargées de la priséedes biens : les procès-verbaux de ces opérations sont nombreux dans

— 55 —

les Archives de l'Oise ; nous en donnons quelques extraits ici-mêmeet dans la Pièce Justificative n° 10.

Le 13 septembre 1792, le Directeur du département del'Oise, vu la loi du 8 Avril précédent relative aux biensdes émigrés, etc., déclare que les biens situés à Formerieet qui doivent être administrés conformément aux articlesIII et IV de ladite loi, consistent : 1° En 142 acres de terreà labour ; 2° en 20 acres d'herbages; 3° 132 acres de bois;4° deux moulins à vent avec leurs maisons assis sur 3 acres ;5° le château et dépendances ; 6° des champarts, censiveset autres droits — Mém. Soc. Acad. Oise, XII, 118 : ou Des-cription et plans dud. château.

Le 25 décembre suivant, le conseil général de ladite com-mune se déclare propriétaire de l'avenue, bordée d'arbresfruitiers, qui conduit du château au bois ci-devant seigneurial :le sieur Duprat-Barbançon ayant été dépouillé de sespropriétés comme de ses prérogatives féodales, par les art. 14et 15 de la loi du 28 août 1792. — Ibidem, p. 744.

Le seigneur de Varesnes était en effet officiellement classédans la « Liste générale, formée par le procureur syndic du« département de l'Oise, des particuliers y possédant des biens« et déclarés Emigrés par le Directoire, faute par eux d'avoir« justifié de leur résidence dans la République Française. —« D. n° 122 : Duprat, dit Barbançon, propriétaire à Mondescourt,« Warpond, Lassigny, Salency et Dominois, Brétigny,« Pontoise, Morlincourt, Babœuf, Varesnes, Canny et Noyon,« district de Noyon; à Formerie, Elargies etc., district de« Grandvilliers. » — Imprimerie Desjardins, Beauvais, 1793.

« L'ex-comte Duprat » est l'un des trente-cinq condamnésà mort par le Tribunal Révolutionnaire, le 15 floréal an XI( 4 mai 1794 ). — Moniteur n° 226.

Les ventes mobilières ouvrent à Formerie la série de cesopérations dites Nationales. La municipalité y achète, le 25août 1793, moyennant 4 liv. une cloche pour la commune.Les biens-fonds, dont rémunération précède, sont mis enadjudication les 25 messidor et 21 thermidor an 2 (13 juillet8 août 93) .

— 56 —

A Varesnes, la prisée des objets mobiliers existant dans lesdivers châteaux séquestrés est close le 3 septembre 1793 ; ellemonte a 124 mille 619 livres. Le produit des ventes de cettenature, tant audit lieu qu'ailleurs, s'élève à 169 mille 356 livres.— Pièce Justificat. n° 9.

L'inventaire de tous les biens-fonds, situés dans le départe-ment de l'Oise, est terminé dès le 13 septembre 1792. —(Ibid.).

La première adjudication de ces biens est faite le 1er janvier1794; la onzième et dernière le 12 novembre 1795. Elles pro-duisent une somme totale de cinq millions huit cent-neuf millelivres en assignats, équivalente à six cent dix-neuf mille quatrecent-dix livres en numéraire. — Pièce Justificat. n°s 9 et 10.

Tandis que les folles enchères dispersent son immensefortune, le comte de Barbanson est officier général à l'arméede Condé. Il meurt à Manheim le 19 mars 1797; il y est inhumé.Célibataire, il laisse pour héritiers : dans la ligne maternelle,des cousins, déjà nommés dans le testament de son père(V. Pièce Justific. nos 8, 10); dans la ligne paternelle,Dame Elisabeth-Charlotte Duprat de Barbanson dont il estquestion ci-après. Avec elle, nous verrons s'éteindre un nomdont nous avons rappelé les origines, les splendeurs et lesrevers.

LES HÉRITIERSDE M. AUGUSTIN-JEAN-LOUIS-ANTOINE

DUPRAT DE BARBANSON.

« La succession du défunt comte de Barbançon, réglée par la loi du« 17 nivôse au 2e (6 avr. 94), fut dévolue pour la moitié à la ligne« paternelle représentée par la Dame Charlotte-Elisabeth Duprat de« Barbançon, sa tante et ancienne abbesse de l'abbaye de Saint-Remy (1),« seule héritière de son neveu, ainsi qu'il résulte de l'acte de Notoriété« du 19 mars 1797; et pour l'autre moitié, à M. Louis-Marie-Palamède« Gènestel, comte de Saint-Didier, seul héritier également, du côté« maternel : qualités qui ont été reconnues aux représentants de ces« deux branches par différents jugements, et notamment par le Tribunal« Civil de la Seine, le 4 juillet 1806 », et autres dont sera question ci-après.— Pièce Justificat. n° 10

Le nom de Barbançon est rayé de la liste des Emigrés, le 22 décembre1801. Les héritiers du défunt comte obtiennent du Préfet de l'Oise, le 5avril 1802, un arrêté ordonnant la main-levée du séquestre sur les biensnon vendus situés dans le département, « à l'exception seulement des« bois sis à Formerie, Varesnes et Canny, excédant la contenance de300 arpents ». Cette restitution toutefois, pour devenir effective, exigeaitdes formalités et des enquêtes dont Mme de Barbanson ne devait pasvoir la solution. Par testament authentique du 5 mai 1803, elle institueson légataire universel l'abbé François-Biaise de Malafosse, prêtre, audétriment d'héritiers naturels dont les prétentions se révéleront dans lasuite. Le 28 juin suivant, ladite Dame prête encore son concours à unacte de vente de la ferme de Canny, rapporté en extrait, pièce Justifica-tives n° 10 le véritable acquéreur est le citoyen Bidermann, propriétaireà Paris, en faveur duquel est signée une déclaration de Command. —Pièces Justificat. n° 10

Après la mort de la donatrice, survenue en cette même année 1803,l'abbé de Malafosse est envoyé en possession de son legs universel parjugement du tribunal de Soissons. Au surplus, les droits des héritiersprécités, ou de leurs représentants dans les deux branches, sont ample-ment reconnus par divers jugements, parmi lesquels celui du tribunal

(1) L'abbaye de St-Remy fondée à Senlis vers l'an 1040 fut transférée à Villers-Saint-Georges, faubourg de Villers-Cotterêts. Mme de Barbanson, dernière abbesse,en fut chassée, avec ses religieuses, par la Révolution. — M. Müller, Senlis,Rues et Monuments, p. 591 et seq.; et Notes sur Villers-Cotterêts, par lemême auteur.

— 58 —

civil de la Seine du 4 juillet 1806. Dans le môme temps, ils sont réinté-grés dans l'avenue du château de Formerie, naguères usurpée par lacommune.

Mort vers cette époque, l'abbé de Malafosse laisse pour héritiers desfrères ou leurs enfants, qui font reconnaître leur qualité par un acte deNotoriété en date du 25 juillet 1807. — Pièce Justifiat., n° 10.

La loi du 5 décembre 1814 lève enfin le séquestre qui pèse sur lesbois dépendant de la succession. Leur restitution est ordonnée, le 20janvier 1818, par la Commission officielle de liquidation. Cette décisionest signifiée au comte de St-Didier en son château de Clépé, canton deBoen, par le Préfet du département de la Loire, le 2 mars suivant; auxhéritiers Malafosse, par le sous-suspecteur forestier de Noyon, le 20dudit mois.

Mais alors apparaissent des héritiers inconnus jusque-là, du défuntcomte de Barbanson.

1° MM. du Tillet et de Pleure se prétendent seuls aptes à recueillir,dans la ligne paternelle, le bénéfice de la restitution desdits bois. Leursprétentions sont admises par le Tribunal de la Seine, le 15 juillet 1820 ;par la Cour d'appel, le 26 mai de l'année suivante; par la Cour deCassation, le 18 février 1823. En conséquence, il est procédé, entre euxet M. de St-Didier, au partage en deux lots des bois dont s'agit, devantMe Herbette, notaire à Paris, dès le 21 novembre 1821. Ces deux lotssont mis en vente, le 5 mai suivant, par les soins de Me Mouy, notaireà Noyon, l'un à titre de licitation entre les héritiers paternels, l'autrevolontairement par l'héritier maternel. Les bois de Formerie et deCanny sont adjugés à M. de Pleure, et ceux de Varennes à divers.

2° Mais voici venir Dame Marie Bayeux de Poyanne, princesse deChalais, épouse contractuellement séparée, quant aux biens, de M. Elie-Charles Talleyrand de Perigord, duc et Pair de France, etc., avec lequelelle demeure à Paris et de lui autorisée, Le 22 avril 1823, ladite Dameobtient du tribunal de 1" instance de la Seine un jugement qui lareconnaît la plus proche héritière paternelle du feu comte du Prat deBarbanson; elle est substituée en tous les droits précédemment attri-bués à MM. du Tillet et de Pleure, qui sont condamnés à lui restituerles bois par eux acquis et le prix de ceux qui sont vendus. Ce jugementparait avoir été accepté par les évincés, puisque le 29 juin 1824,Me Defresne, notaire à Paris, procède à une nouvelle adjudication desbois, qui sont adjugés à M. le duc de Gazes. — Pièce Justificative n° 10.

Quant aux héritiers Malafosse, victimes de la première éviction, ilsont conservé leurs droits sur les autres parties de la succession. Conjoin-tement avec M. de St-Didier, ils vendent en 1821, à la commune de

— 59 —

Formerie: 1° moyennant 3 mille 100 fr. l'avenue du château qui leur a étérestituée dès 1806; 2° les halles naguère usurpées par le même procédé;ils présentent une requête au Préfet de l'Oise, le 22 octobre 1825, àl'effet d'être admis au bénéfice de la loi du 27 avril précédent, quiaccorde aux émigrés une indemnité de 30 millions de rente. Le Conseilde préfecture, attendu que les parties justifient de leurs droits etqualités ; que les de Malafosse produisent l'extrait de l'enregistrementdu jugement du tribunal de Soissons envoyant leur successeur en posses-sion du legs universel de la Delle de Barbanson ; le certificat authen-tique de la destruction par les flammes, pendant le siège de 1814, desarchives de ce tribunal, rendant impossible la production de l'originalmême... admet la demande des impétrants et fixe à 201 mille 616 francsla somme à admettre en liquidation. — Pièce Justificat. n° 10.

Enfin, par un dernier acte passé devant M" Budin, notaire à Noyon, le2 juillet 1827, ces mêmes héritiers vendent aux enchères l'avenue duchâteau de Varesnes et diverses parcelles qui sont adjugées au sieurDufour, maire de ladite commune, à laquelle il fait don de son acquisi-tion par acte du 12 mai 1828. — Pièce Justificat n° 10.

PIÈCES JUSTIFICATIVES

PIÈCE N° 1LES CHEFS-LIEUX DE LA DITE SEIGNEURIE.

§ Ier — Canny-sur-Matz ( Cauni, Cani, Cautiurn, CaunisiumCannetum, Caniacum) appartient au canton de Lassigny (Oise),( V. les Notices déjà citées de Graves, p. 48, de M. E. Coët,p. 189).

Au point de vue ecclésiastique, cette paroisse dépendait del'évêché de Beauvais, prolongé sans doute jusque là par l'in-fluence des anciens Pagi. Les Archives de l'Oise possèdentplusieurs Pouillés ; l'un deux, daté de 1707, provient de la venteaprès décès de M. Mathon, archéologue à Beauvais: « Saint-« Michel de Canni, doyenné de Ressons. Le Pouillé du Chapitre« de Beauvais, en 1405, porte ainsi: Ecclesia Sti Michaelis de« Canni, ad decimam 15 l.; Patronus, Abbas de Compendio.« Décimes ordinaires LVIs IIIId ; d° ordinaires et extraordinaires« IV1 VHP IIId; Hameau nul. — Présentation, à la Cure, de« Me Florent Esgret, du 16 mars 1626, par M" Simon Le Gras,

— 60 —

« Evesque de Soissons, comme abbé de St-Corneille de Com-« piègne. — Provisions : Il y en a dans les registres de l'Eves-« ché eu 1526, et dans les insinuations ecclésiastiques en 1557« et 1595. — Visites d'Evesques : Le 1er may 1618, en présence« de Me Antoine Capul, où il est dit que les dixmes du lieu« appartiennent au curé, en rendant 50 liv. par an à l'abbé de« St-Corneille, lequel est condamné à paier un missel, et les« Marguiliers les processionels ; défense de bénir pain« Cormiau (al. Cornudeau, —nuiau), le Jeudy Absolue. »

Dans un autre Pouillé coté G. 2. (1701-91): « Canny, 160« communiants; valeur de la Cure, 500 liv. ; Patron, l'Abbesse« du Val-de-Grâce ; Curés : Me Jacques Lavisse, de ce diocèse,« 1726-31; Me Gabriel Varlet, de ce diocèse, 1731; Me Charles« Hennon, du diocèse d'Amiens, le 17 septembre 1743 ; Me Louis« Faverotte, prêtre du diocèse de Paris, pourvu le 23 septem-« bre 1753; Me Hilaire Woidier, de ce diocèse, par permutation« avec le chapellain de St-Pierre à Longueil-sous-Thourotte,« le 6 may 1760; Me Jean-François Le Maire, par institution« canonique, le 19 may 1791... »

Aux Archives de l'Oise, série Q., dans le registre des ventesnationales, parmi les biens de première origine, on ecclésias-tique, on trouve: « District de Noyon; Canny; Chapelle de« Neelle, 245 liv. — Cure de Canny, 2054 liv. etc. — Fabrique« de Fresnières, 2908 liv. »

L'Eglise paroissiale a remplacé l'antique et vénérée chapelleconstruite sur la fontaine du Matz (M. Coët, p. 191). Elle estcruciforme et d'architecture gothique tertiaire; la nef estlambrissée et moderne (Graves, p. 49). Mais, le portail avecson modeste clocher, le chœur, le transept et ses deux chapellesdatent du XVIe siècle ; les voûtes, hardiment surbaissées, sontsoutenues par des arcs très saillants, aux arêtes prismatiques.Les clefs de voûtes sont ornées de sujets variés ; celle duchœur porte l'écusson de Canny, à dix losanges. Les retom-bées s'appuient sur des culs-de-lampes, ou des motifs divers ;l'un d'eux est un chevalier armé; en face de lui, une femmeornée de ses coëffes : les seigneurs du lieu, peut-être ? Plusieursfenêtres conservent des fragments de vitraux de la mêmeépoque ; dans la chapelle du nord, dédiée à la Sainte-Vierge,

— 61 —

un Père Eternel, en pied, tenant le globe du monde, est d'unelarge facture et d'un beau coloris. A l'entrée du Chœur, unepierre tombale fatiguée porte : « Cy gist le corps de vénérable« et discrette personne Me Liouville, en son vivant presbtre« Curé de Canny, lequel trespassa le premier jour de may,« l'an mil six cent . . . deux. » Les murs sont, en partie, garnisde boiseries provenant dit-on, de l'abbaye d'Ourscamp. (V.Graves, Notice Archéolog.; Woillez, Répertoire Archéolog.).

Dans l'ordre civil, comprenant les rapports militaires, admi-nistratifs et judiciaires, à quel ressort devons nous rattacherCanny? La réponse se dégagera clairement de l'analyse som-maire des procès-verbaux insérés par B. de Richebourg dansson Coutumier Général, t. IIe p. 455 et seq. ; 543 et seq. ;663 et seq.

Les officiers royaux en la ville et gouvernement de Royerefusent de comparaître à la Rédaction des Coutumes deVermandois en 1556, parce que depuis les années 1418 et 1420qu'il a été créé, « le gouvernement de Péronne, Montdidier et« Roie est distinct et séparé dudit bailliage de Vermandois....« Que par ci-devant et de tout temps, il est régi et gouverné« par coustumes différentes à celles dudit bailliage: Que pour« exercer la Justice audit gouvernement, y a un gouverneur,« lieutenans généraux et particuliers, ausquels sont addressées« commissions pour le Roy, pour ce qui concerne le gouver-« nement dudit pays, tant pour le ban, arrièreban, emprunts« sur villes closes, soultes de 50 mille hommes de pied, qu'au-« très subsides et aides, dont l'argent se porte en la généralité« et recepte de Picardie, en la ville d'Amiens tant par les rece-« veurs des domaines que des aides et tailles. Davantages...« que dès l'an 1510... a esté rédigé un cayer des coustumes« dudit gouvernement : lequel toutesfois n'a encores esté« omologué...; mais, que le seigneur de Humières, gouverneur« dudit pays, est à la poursuite pour obtenir lettres patentes...« pour la promulgation desdites coustumes. . . » Les extraitssuivants du même procès-verbal prouvent que la dite protes-tation était fondée et qu'il y fut fait droit. La rédaction descahiers de Noyon, qui font partie de ceux de Vermandois,amène naturellement « la comparition » de l'Evêque, du

— 62 —

Chapitre et des principaux Abbés de ladite ville ; de M" deBarbenson, seignr de Varesne et autres lieux dénommés ennotre Catalogue; du prince de Condé pour ses comtés, châtelle-nies, seigneuries, fiefs sis en Vermandois ; « de Pierre de« Salnove pour son fief de Cauni » ; des manans et habitansdu Plessis de Roye. Les comparans avaient un évident intérêtà maintenir leur ressort dans les plus larges limites ; nousdevons croire qu'ils y mirent tous leurs soins, si l'on en jugepar l'exposé ci-après des luttes soutenues par eux ultérieure-ment. Néanmoins, la Liste alphabétique des localités attribuéesà Noyon ne comprend aucun des fiefs mouvant de la seigneuriede Roye, à l'exception d'un seul : le Plessier-les-Roye, dontles attaches avec Noyon paraissent remonter à l'ère féodale.

Onze années plus tard (1567). les cahiers Coutumiers dugouvernement des trois villes sont enfin révisés et approuvés.Parmi les comparants : « Jean Chocquet, curé de l'église de« Camy [Canny?] »; Le prince de Condé, pour ses seigneu-ries en la prévôté de Montdidier, et pour le fief de Roye, lesterres et seigneuries de Crapaumesnil, Cessoy, les fiefs deClermont, Etangs de Trivot, Clabout, et autres en la prévôtéde Roye; Mre de Barbanson, sgr de Cany. prévôté de Roye;( V. Catalogue) ; les manans et habitans de Canny ; dans la Listedes localités: Canny.

A la question précédemment posée, nous sommes doncautorisés à répondre : dès le XIIIe siècle, Canny est comprisdans le ressort de Roye. Avec cette ville, il est successivementattaché au grand bailliage de Vermandois, au gouvernementde Picardie, à la gouvernance des trois villes.

Resterait à déterminer quelle a pu être la mouvance féodalede Canny, dans les différents âges que traverse notre Catalogue ?C'est une question que nous examinerons à la fin de cetteNotice, au moment où nous décrirons les ruines du château.

La Mairie, l'Ecole, l'Instituteur sont installés, proche l'église,dans un modeste bâtiment sans étage. Dans la salle du Conseil,une armoire humide renferme les Archives municipales: 1° unesérie incomplète des registres de l'Etat-civil, depuis 1679. Lepremier fascicule, non relié, contient des actes disséminésjusqu'en 1717: « le 31 may 1705, décès de Me Georges Langlois,

— 63 —

« curé de cette paroisse; En août 1716, est inhumé, en« l'église, Adrien Chevallier, recepveur de la terre de Canny« pour M. de Barbenson, avec Elisabeth Boullanger, sa« femme. — Le tome IIe, couvert de parchemin, est intitulé :« Registre.... cotté et paraphé par Nous Claude Gaullière,« président, lieutenant général au Bailliage et Gouvernement« et Prévosté de Roie, pour servir pendant l'année 1751... »Même mention sur les cahiers consacrés aux trois annéessuivantes. En 1764, paraphe et visa de « L. Ch. Billecoq,« conseiller du Roy, lieutenant criminel au Bailliage de Roie,« pour l'empeschement de M. le Lieutenant-général. Le 4 mai« 1767, décès de Me Boulanger, receveur des Dames du Val-« de Grâces. Le 16 janvier 1772, inhumation, dans l'église, de« Pierre Boulanger, fermier audit lieu, en présence de Florens« Boulanger, conseiller du Roye en l'élection de Montdidier,« fermier de Foirestelle, paroisse des Boiteaux ; de Adolphe« Boulanger, fermier de Popincourt, et du sieur Pierre« Boulanger de la Marlière, seigneur de Pontlétrier, officier« chez le Roy. » — Le t. IIIe comprend les années 1788-91 :« le 23 janvier 1791, inhumation de Jean-Antoine Langlet,« receveur de M. de Barbanson en cette paroisse, signé Dobel,« curé de Canny; Chemitte, curé de Lassigny». 2° Une collec-tion incomplète des Actes et Documents administratifs depuis1790. 3° Deux Registres ainsi cotés : « Premier Registre de la« paroisse St-Michel de Canny, district de Noyon, départe-« ment de l'Oise, contenant cent feuillets paraphés par Michel« du Pouchy, élu Président de l'assemblée de la dite paroisse,« le 24 janvier 1790. Au f° 193, délibération du 1er pluviose an 2« (20janv. 1794), dans laquelle sont nommés deux commissaires« pour assister à la vente des biens de la Fabrique, à laquelle« criée il doit être procédé le 12 dudit mois (31 janv., » un peuplus loin, on lit: « Le 5 nivôse, troisième année républicaine,« (25 décembre 1795), le Conseil général de la commune assem-« blé à l'effet de choisir deux citoyens pour opérer l'évaluation« des biens de l'émigré du Prat, conjointement avec le citoyen« Billa, commissaire nommé par le Directoire du District de« Noyon, pour en dresser procès-verbal d'après l'estimation« desdits Experts: ont été nommés MM. Vasseur et P.-F.

— 64 —

« Gonnet, qui ont accepté et prêté serment ». Ce recueil estclos en 1820. Le « Deuxième Registre destiné à inscrire les« actes de délibérations du Maire et du Conseil de la commune« de Canny, à compter des six derniers mois de l'année 1820,« paraphé par Vasseur, Maire dudit Canny », n'est pas épuisé.4° Un dossier relatif aux Biens et Droits de la Commune.Il est divisé en deux parties : la première contient un Règle-ment des Usages : « Le Maire considérant qu'à défaut« d'un règlement clair et constant, . . . . il résulte souvent des« contestations entre les Usagers, . . . . a l'honneur de pro-« poser (à l'approbation préfectorale) le règlement« suivant. — Art. 1er — Les biens communaux consistent en« 37 hectares, 85a 79c ( 84 journaux environ, ancienne mesure« de Roye), savoir: 31 h., 77 a., 36c, en terres labourables,« divisées en soixante-huit lots et demi ( non compris celui« assigné à l'instituteur ) renommés contenir chacun 45 ares« 7 c. environ, ou un journal ; et 6 h., 8 a., 43 c, en pâtures« et friches communes, soit 13 journaux 1/2, y compris le« grand chemin qui les traverse. Art. 2. — Ces biens sont« inaliénables : ceux ou celles qui sont appelés à en jouir,« sous les conditions ci-après, n'ont qu'un simple usufruit.« Art. 3. — La jouissance ne peut s'obtenir : 1° que par suc-« cession directe des père et mère aux enfants ; 2° par droit« d'ancienneté de cotisation aux contributions (soit foncières,« soit mobilières, soit des portes et fenêtres, art. 6). A r t . 4. —« Il n'est rien innové à l'égard de ceux qui sont actuellement« en jouissance.. ; elle sera transmise comme les autres.».Art. 5. — Les enfants seuls ont droit au lot paternel; lespetits-enfants et autres parents en sont exclus. Art. 6. — Encas de concurrence entre des enfants mariés et des célibataires,la préférence sera donnée soit au plus ancien marié, soit auplus ancien cotisé, soit au plus âgé. Art. 7. — La veuve succèdeà son époux défunt; les enfants succèdent, en commun, ausurvivant ; en se mariant ils perdent leur droit, qui reste audernier. Art. 8. — Tout ménage nouvellement venu dans lacommune n'a droit à un lot qu'après un an et jour de cotisation.Art. 9. — Une absence d'un an et jour entraîne la déchéance,excepté pour les militaires en service. Art. 10. — Les réfrac-

r ancien potager

— 65 —

taires à la loi militaire perdent tous leurs droits. Art. 11. —Les célibataires vivant en commun n'ont droit qu'à un lot.Art. 12. — Les nouveaux mariés ayant chacun un lot ne gar-dent que celui du mari. Art. 13. — Et ils le conservent encores'ils vivent en commun avec leurs parents usufruitiers eux-mêmes; mais, ils n'en gardent qu'un au décès de ceux-ci.Art. 14. — Le preneur d'un lot vacant par décès avant le1er juillet remboursera « les labours, semences et amendises »aux héritiers du défunt; après cette date, ceux-ci ont droitde faire la récolte pendante. Art. 15. — « L'Instituteur de la« Commune jouira toujours d'un lo t . . . de 35a 20c ( 3 journ.« environ)....» Art. 16. — « Lorsqu'un lot... devient vacant,« celui ou celle à qui il échoit... doit, avant de se mettre en« jouissance, faire la déclaration au Maire, qui reconnaît son« droit sur un registre à ce destiné et... l'envoie en possession.« Art. 17. •— Tous règlements, antérieurs à celui-ci, qui pour-ce raient exister, soit aux archives de la Mairie, soit ailleurs,« seront considérés comme nuls et non avenus. — Fait et rédi-« gé en la Mairie de Canny ce 10 décembre 1810... Signé au« registre Vasseur, Maire.

« En marge est écrit: Vu et approuvé, conformément à la« délibération du Conseil municipal du 3 avril dernier et à« l'avis du Sous-Préfet, à titre de règlement pour l'avenir, du« droit d'usage... Beauvais, 9 juin 1820. Pour le Pair de France,« Préfet de l'Oise, le Conseiller de Préfecture délégué. —« Signé D'Elbée. »

NOTA. — Les litres de propriété desdits Usages ne sont pas rappelésdans l'acte; la Mairie de Canny ne possède aucun document de ce genre;notre Catalogue ne nous fournit aucun renseignement sur ce sujet.Néanmoins, nous avons cru devoir donner l'analyse du présent Règle-ment, parce qu'il enregistre des coutumes locales probablement trèsanciennes.

La deuxième partie de ce dossier contient l'arrêté préfectoraldu 25 avril 1804, portant liquidation de l'ancien hôpital dumarquisat de Varesnes; les modestes droits de la commune deCanny sont fixés à un lit affecté à ses indigents malades, dansl'hospice de Noyon. Nous transcrivons cette pièce à l'articleVaresnes, qui suit:

III 5

— 66 —

5° Le Cadastre, avec des annexes, portant la date de 1820.Nous en extrayons les indications topographiques suivantes:— Rues du Village; Grande-Rue; rue Bastien; rue du Matz;rue du Sac; rue Basse; ruelle du Four; rue Pierre-Adem;rue Pierre-Diot; rue de Nesles. — Cours d'eau: Le Matz.(Massum), prend sa source (SonC.) lieudit le Bouillon; il a pouraffluent le Rû des Royots, qui traverse la Son B.

Section et Lieux-dits : — Son A. dite du Mesnil, les Alisons,le Mesnil, le Verlot, les Vingt Journaux de la Croix, les Longs-Champs, les Haies-Friquettes, la Fossette, le Cimetière auxChevaux, le Mont Pierre Gros. Son B. dite des Royots; le Closaux Faînes, la Sole de la Ruelle de Nesles, la, Hulotte, les Royots,la Cognée, le Champ Gamin, la Croisette, les Usages, lesBassiers, les Petits-pieds, les Fosses, le Champ du Loup; lesQuatorze Journaux, les Douze Journaux, la Fontaine Meunier,le Chemin Perdu ; Son C. dite du Village : le Bouillon, le Village,la Marlière, la Soie du Moulin, la Chaussée, le Marais. Son

D. dite de la Ferme de Canny: le Bois du Château, lesCroupes, le Bouillon, la Ferme; la Grande-Pièce, les CinquanteJournaux. — Les Chemins : 1° Chins de grande communication :de Compiègne à Roye par Ressons, n° 41 ; de Compiègne à Royepar Lassigny, n° 142; de Noyon à Beauvais, n° 146 ; de Gury àRoye, n° 160;. 2° Chins vicinaux ordinaires : de Roye a Com-piègne, n° 3; chin dit Ruelle de Nesles, n° 4; de Plessierde Roye à Canny n° 5; de Fresnières à Roye-sur-Matz; deCanny à Gury; de Beuvraigne à partir de la Ferme; duPoirier; de Canny à la Ferme; du Tour-de-Ville ; duMoulin; du bois du Mesnil, de Canny à la Taulette; deFresnières à Lassigny; sente des Usages; Chin de Beuvraignesà partir du Bouillon de Canny, sente dite de la Brèche àSauvis ; sente du Mont Pierre Gros ; sente du Chin Blanc.

Le Château et ses dépendances. — A sept cents mètres environde l'église, vers l'Ouest, sur un plateau qui se relève lentementdepuis les rives du Matz, était assise la forteresse (castellum),dont parlent Graves et Coët, sans indiquer leurs preuves. Lesépaisses murailles, avec tourelles et mâchicoulis, le manoir, sachapelle mentionnée dans les Pouillés, ont été rasés, disent-ils,par ordre de Richelieu, en 1629. Toutefois, la plate-forme

— 67 —

quadrangulaire qui les portait, les fossés doubles et profondsqui les entouraient, sont restés à peu-près intacts. Les dessinsci-joints nous dispensent d'une longue description.

Ce tertre, évidemment artificiel, suppléait au relief insuffisantdu terrain. Sans aucun doute, il succédait à l'une de ces Moitesde l'ère féodale primitive, si nombreuses dans la région (V.Graves et M. Coët ) et dont de Caumont a cité tant d'exemplesdans son Cours d'Antiquités, t. Ve. La motte de Canny paraîtavoir été constituée par les seuls déblais dès fossés ; l'eau deces derniers, aujourd'hui disparue, était alimentée par leségoûts de la plaine et des bois prochains. Dans le massif cen-tral étaient ménagées des galeries voûtées en pierres de moyenappareil; l'une d'elles sert encore de cave ou de silo. De cetteéminence, l'œil embrasse le panorama de tout l'ancien domaine.Au premier plan, vers le nord, la Ferme contigüe aux ruineset entourée de ses cultures; plus loin, à gauche, le Bois duChâteau (111 hect. 68 a.) ; à droite, le bois du Mesnil (35h. 50 a.);et celui du Mont-Pierre-Gros (20h. 91 a.). Les bois de Cannyne se distinguaient pas de la forêt de Bouveresse (Graves,Cant. Lassigny, p. 93, 95), et passaient pour les plus beaux dupays avant les modernes défrichements ; séquestrés par laTerreur, ils furent restitués aux héritiers de nos seigneurs parle Consulat, ainsi qu'il est expliqué plus loin, pièce n° 10. —Fort modeste, sans doute, aux premiers temps de cette histoire,la demeure des tenanciers a pris ensuite de sérieux développe-ments. Les bâtiments d'exploitation, construits avec les débris duchâteau, occupent les quatre côtés d'un vaste quadrilatère. LeColombier seigneurial y est représenté par une tour cylindri-ques du XVIe siècle. A l'extérieur un bandeau large et saillantindique sa division en deux étages, dont le premier n'a jamaisperdu sa destination primitive. Le rez-de-chaussée est ornéavec un luxe imprévu: la voûte en moyen appareil, est soute-nue par six arcs en ogive, aux arêtes prismatiques, qui s'appuientsur les élégants châpiteaux de colonnettes munies de leur socle :c'est trop d'honneur pour la gent gallinacée que lui offrir unpareil séjour. Près de là, le logis et une grange: les restaura-tions successives n'ont pas effacé l'empreinte des anciensmaîtres ès arts de maçonnerie. Dans l'habitation, tout est

— 68 —

adapté aux usages modernes, sans que l'hospitalité y soit moinspatriarcale; plusieurs pièces sont décorées de panneaux etboiseries provenant, dit-on de l'abbaye d'Ourscamp, commecelles de l'église.

Les origines de cette seigneurie, ses relations féodales pen-dant le moyen-âge, ne pouvaient manquer de nous préoccuper.Par malheur, le destin commun à toutes les seigneuries secon-daires est d'avoir perdu les actes de leur naissance. Elles sesont obscurément constituées dans le chaos des IXe et Xe siècles,au sein duquel s'est élaboré le nouveau régime politique etsocial. L'historien les surprend florissantes vers l'an 1000; ilne peut qu'interroger les ruines qu'elles ont laissées dansleurs fréquentes et rapides transformations. Les restes, dontle plan précède, nous répondront, discrètement sans doute,mais leur témoignage n'en a pas moins sa valeur. Et d'abord,ne nous rapprochent-ils pas de l'enfance du régime, cette motteavec son donjon et ses remparts de terre, « imitation plus ou«moins altérée du prétoire des camps romains (De Caumont,op. cit. ) ? Les preux qui s'y abritent ont assurément deshommes d'armes derrière ces palissades, des domaines pourles nourrir, des serfs pour les cultures et les corvées. Ils ontaussi des ancêtres ; déjà ils considèrent ce lieu comme leurplus ancien patrimoine, sinon comme le berceau de leur race:à preuve, cette pieuse et persévérante tradition qui obligerachacun de leurs successeurs, jusqu'à nos jours, à inscrire lemodeste nom do Canny comme le premier de leurs titres.Toutefois, ils ne prétendent avoir jamais été ni comtes, nibarons. A l'exemple de tous les chevaliers de même ordre, ilsse rangent sous la bannière de l'un des grands vassaux de laCouronne; en échange de son patronage, ils lui rendent l'hom-mage et la foi. Or, le feudataire le plus proche est celui deVermandois. Il est représenté à Roye par un lieutenant; cedernier a d'abord le titre de châtelain, parce qu'il a la garde decette forteresse et autres voisines ; mais il devient prompte-ment seigneur héréditaire, et la plupart des fieffés d'alentourreconnaissent sa suzeraineté. Telle est la logique du système:elle n'est contredite ici par aucune des données de l'Histoire.

Mathieu III de Roye est d'abord seigneur du Plessier et

— 69 —dépendances, tant à cause de l'acquisition par lui faite en 1323,qu'en vertu des droits cédés par Marguerite de Ville, safemme. Devenu seigneur châtelain de Roye par la mort deMathieu II avec lequel s'éteint la branche aînée, il réunit sespropres titres à ceux de ses prédécesseurs (M. Coët, Hist. RoyeI, 78). Or, « la terre de Canny appartenait aux seigneurs« de Roye, à la branche cadette qui possédait la seigneurie de« Plessier ; elle resta dans cette famille jusqu'au mariage« (juin 1551) de Léonore de Roye, unique héritière du nom.« avec Louis 1er de Bourbon, prince de Condé, qui devint ainsi« seigneur de Canny, » M. Coët (Ibid. p. 178-86 ; Notice.arrondt Compiègne, p. 189), L'auteur envisage, sans doute,ici la mouvance féodale et non la seigneurie utile et directe quiest aux mains des Le Flamenc depuis plusieurs siècles. En cecas, nous aurions une fois de plus sous les yeux un complet exem-ple des multiples relations créées par ce Régime : Canny, arrière-fief, centre lui-même d'une hiérarchie secondaire, relève duPlessier; celui-ci meut médiatement do Roye, fief suzerain,lequel est tenu lui-même du Roi, à cause de sa gouvernancedes Trois Villes. Toute vraisemblable qu'elle soit, la situationféodale de Cauny méritait d'être éclairée par des textes précis.Dans les ouvrages précités, M. Coët n'en indique aucun etnous dirons plus loin pourquoi nous ne pouvons suppléer à sonsilence. Il propose, néanmoins, deux arguments favorables à sathèse.

1°. — Nous avons, dit-il, une lettre du prince de Condéau gouverneur des trois villes, dans laquelle il semble consi-dérer Canny comme faisant partie de ses domaines : « La« Fère, 15 avril 1564. Monsr d'Humyères, je scay.... qu'il y« a grand nombre de personnes de Roye, le Plessier, Guerbigny,« Crapeaumesnil et autres lieux circonvoisins qui sont de« la religion refformée.... je leur ay permis et accordé que,« es terres qui m'appartiennent, hors la ville de Roye et« ses faulxbourg, ils puissent... exercer le ministère de lad.« religion, sans aucun empeschement, et mesmes aler à Cany,« si bon leur semble... A quoy je m'asseure que scaurez bien« et prudemment pourveoir... » Des quelques mots souslignéspar nous naissent deux questions: De quel droit le prince pré-

— 70 —

tend-il assurer à ses coréligionniaires le bénéfice des édits« es terres qui lui appartiennent, mesmes à Cany » ? Evidem-ment en vertu de ses prérogatives seigneuriales, et d'ellesseules, puisque la plupart des localités qu'il désigne ne sontpas comprises dans son gouvernement de Picardie. Mais,pourquoi s'arrête-t-il aux portes de cette ville de Roye dontses prédécesseurs ont jadis pris le nom et réglé les destinées ?Parce que ce brillant état des anciens seigneurs du lieu n'estplus maintenant qu'un souvenir. Cette décadence a commencédès la réunion du pays à la Couronne ; elle se poursuit par lacréation des bailliage et prévôté, par la rédaction des coutu-mes ; elle est accélérée par les luttes de Condé en faveurde la Réforme, par les confiscations prononcées contre lui,par la chute du nom dans la Maison de la Rochefoucauld.Mais qu'importe, après tout, que le siège de la seigneurie soittransféré dans quelque château voisin, si les relations entresuzerain et fieffé n'en gardent pas moins leur valeur relative ?Or, nous la retrouvons entière au XVIIe siècle, dans la liquida-tion de la seigneurie de Roye, qui nous fournit notre secondargument.

2° — « Le petit-fils de Charlotte de Roye, François II de la« Rochefoucauld, comte de Roye et de Roucy, perdit« la terre et seigneurie de Roye ; elles furent adjugées par« arrêt du Parlement du 17 août 1630, au profit de M. de« Belleforière de Soyecourt, seigneur de Thilloloy..., déjà« acquéreur, en 1626, de la terre de Guerbigny vendue par« Henri II de Bourbon..: Il fut défendu à l'acquéreur de pren-« dre le titre de seigneur de Roye, et à ses officiers de se dire« bailli ou procureur fiscal de ladite seigneurie ; la seule quali-« fication permise fut celle de seigneur du fief de Roye, confor-« mément au procès-verbal de la Coutume. » (M. E. Coët,Hist.Roye, t. 1er, p. 46, 118, 123, etc.

NOTA. — Dans nos Remarques Préliminaires et dans notre Catalogue,nous avons déjà cité l'acte d'adjudication de la terre de Roye et dépen-dances, conservé aux Archives Nationales en X. Ib 9G15.

« Quant au domaine de Canny, il fut aussi vendu... et devint,« par acquisition, la propriété de la Maison Duprat de Bar-

— 71 —

« banson, dont les membres prirent le titre de Barbançon-« Canny, seigneurs de Varennes... » (M. Coët, Notice, arrondt.« Compiègne). Graves donne une autre version tout autantdénuée de preuves : « Le domaine de Canny appartint auxa seigneurs de Monchy-Humières, ensuite à M. de Barbanson..»(Précis, Cant. Lassigny, p. 49). Quel que soit le texte de cescontrats restés jusqu'ici introuvables, quelle qu'ait été, dansles temps passés, la situation féodale de Canny, les droitshonorifiques et utiles sont désormais réunis dans la mêmemain, qui portera devant la Comté-Pairie de Noyon l'hommagedu sire de Canny-Varesnes.

Sans doute, l'analyse sommaire qui précède, laisse place àplus d'une objection. Pour les prévenir, nous avons eu recours,mais en vain, à toutes les sources qui nous étaient indiquées.A Paris comme à Laon, il n'a rien été trouvé, malgré la par-faite obligeance des Directions spéciales. M. l'Archiviste dela Somme n'a rencontré qu'une seule pièce relative à ce lieu :« Alexandre de Fescamps seigneur de Fescamps, fait donation« à Quentine Hubert, sa cousine, de tous les droits qu'il peut« avoir dans une maison sise à Canny, 1662-72 — G. 554. ».A Beauvais, Canny est représenté dans le fonds des communes,par une liasse insignifiante ; dans le fonds de l'évêché de Noyon,un registre contenant l'inventaire des titres dudit évêché, auXVIIIe siècle, aurait pu nous fournir de grandes lumières:« Boette P. — Plessis de Roye — 1° Dénombrement en par-« chemin de la terre de Plessier fourni par Mathieu de Roye,« 1372. 2° Idem de partie du même fief, 1425. 3° Id. du même« fief en 20 fos parchin par Charle de Roye, 1537. 4° Relief du« même fief au nom de M. le prince de Condé, copie papier,« 1555. 5° Idem par Charles de Bourbon, sans date. 6° Dénom-« brement par Antoine de St-Germain, 52 fos parchin, 1628.« 7° Bail fait par le même des étangs du Plessier et du fief de« la Bucaille 1637. 8° Accord entre le même et le sieur« François Godefroy au sujet de lade terre, 1639. 9° Relief par« le même Godefroy, 1639. 10° Réception de foy et hommage« et serment de fidélité pour lade terre, 1631. 11° Dénombre-« ment fourni par ledit Godefroy, 90 fos parchin, 1663. 12° Idem« par Félix de Vrévin, 1687. 13° Procédures faites par M.

III 52

— 711 —

« Declermont contre Marie-François, marquis de Hautefort, et« son père, touchant les dixmes de Templeux.... 14° Procédures« pour le relief de la terre de Plessis de Roye.... etc. »G, 557, f° 13. — Par malheur, les pièces originales visées danscet inventaire n'existent plus, et le nom de Canny n'est pasprononcé dans ces cotes sommaires.

A Chantilly, dans le fond de Condé signalé à notre attentioncomme il a été dit dans notre préface, nous espérions trou-ver : soit à l'acquisition du Plessis en 1323, soit les contratsde mariages de différents seigneurs de Roye ; quelques-unsdes actes féodaux rendus au suzerain par les fieffés deCanny; le décret des saisies de 1568, ou des rémissions posté-rieures ; le dossier des ventes de 1628 à 1630? Mais, ledéplorable exil de Mgr le duc d'Aumale a longtemps misobstacle à l'ouverture des Archives. Des travaux entreprisdepuis son heureux retour, n'en permettront l'accès que dansquelques mois. Nous publierons donc prochainement un nouvelappendice à cette partie de la présente Notice.

§ IIe— Varesnes ( Varinae, Varenna) est dit aussi Varennes-les-Noyon, pour le distinguer de ses homonymes en Seine-et-Marne et Somme. Cette commune compte environ 560 habitants ;elle est située sur l'Oise, à 6 kilomètres sud-est du chef-lieu,auquel son sort est lié depuis l'origine des temps historiques.Cette partie du Noyonnais abonde en vestiges de l'occupationromaine. L'antique Chaussée de Varennes (calceia, cauchie)conduisait les rois Mérovingiens de Noviomagus (Noyon) àleur Palatium Carisiacum (Quierzy). Les cartes enregistrentencore diverses sections rectilignes de cette voie : elle sort deNoyon par le faubourg de Chauny, confondue avec la route deLa Fère jusqu'à la rencontre du chemin d'Hesdin; là, elle reprendson nom, passe au delà de Morlincourt et franchit l'Oise àVaresnes; le château à droite, l'église à gauche, les lieuxpublics, les demeures privées s'échelonnent sur son parcoursvers le sud; elle quitte le bourg avec le chin de Pontoise, tourneà l'est sous le nom de Chemin de Brétigny, longe la colline deCrémont semée de débris gallo-romains, traverse les défriche-ments de la forêt du Louvetain, et pénètre dans Brétigny quiconfine à Quierzy ( V. Graves, Précis cant. Noyon ; Notice

— 712 —-Archéolog. ). Il va sans dire que Varesnes fit toujours partiedu Bailliage de Noyon, comme de son diocèse. Pendant lapériode féodale les juridictions temporelle et spirituelle, réuniesdans les mains de l'Evêque-Comte et Pair, ont les mêmes ettrès larges limites : l'une ressortit au grand Bailliage deVermandois, l'autre à l'archevêché métropolitain de Reims.Mais, la réunion du Vermandois à la Couronne (XIIe siècle),avec toutes ses dépendances, les rapides progrès du Pouvoirroyal, diminuent singulièrement l'autorité des justices seigneu-riales: elles sont bientôt soumises à des officiers placés par leRoi dans les chefs-lieux mêmes. Nous en avons pour exemplesRoye, Chauny et surtout Noyon dont le ressort perd une partiedu terrain attribué aux deux autres. La rédaction des coutumesau XVIe siècle, consacre ces graves changements; nous emprun-tons aux procès-verbaux officiels les mentions qui intéressentla seigneurie de Varesnes et ses dépendances. Les « Coutumes« générales et particulières du bailliage de Vermandois et« anciens ressorts d'icelui » sont datées de 1556. L'Evêque deNoyon, le Chapitre, les Abbés de cette ville y comparaissentpour leurs diverses seigneuries sises dans le ressort de Noyon;messire François de Barbenson, comme seigneur de Varennes,Babeuf, Pontoise, Coarcy, Morlincourt. Ces mêmes localitéssont inscrites sur la Liste Alphabétique des lieux soumis àladite coutume.

« Les cayers coutumiers de la Gouvernance, Bailliage et« Prévoté de Channy (1510), ou de Chaulny (1609) » sont plusexplicites. Parmi les comparants : « Messire Louis de Barbençon,« seigneur de Canny, Varesnes, Mondescourt et des fiefs du Bois« de Louvetain, de Babeuf et des Onze-Mazures y estans ; Le« Curé de l'Eglise de Babeuf, à cause des Onze-Mazures sises« audict lieu; Le sieur Eloy Henne, lieutenant dudict Babeuf, à« cause dudict fief des Onze-Mazures. Les Officiers du Roi en la« ville de Noyon protestent contre la convocation des seigneurs« et communautés de divers villages, parmi lesquels Sempigny,« Appilly, Babeuf, Mondescourt, Varenne, etc. pour la juri-« diction desquels il y a procès pendant au parlement entre eux« et les Officiers de Chauny : lesquels ont obtenu, par surprise,« un arrêt contre lequel il y a requeste civile obtenue, reçue et

— 713 —« jointe au principal. Tous lesquels villages ont toujours été« régis suivant la coutume, tant du bailliage de Vermandois,« que de la particulière, et appartiennent à la juridiction de« la dite ville. — Par les Officiers de Chauny a été dit que« ceux de Noyon feignent ignorer les actes royaux par lesquels« les sièges des deux villes ont été érigés et séparés. Dès l'an« 1186, sous Philippe VI, Chauny a été réuni au domaine royal« de l'Ile-de-France et distrait du Vermandois ; en 1354 il a« été donné en appennage au duc Philippe d'Orléans, qui l'a« transmis à ses successeurs sous le nom de Fief d'Orléans. Il« fut alors pourvu d'une juridiction particulière, de la quelle« furent distraits les vassaux de l'Evesque, et créez Juges et« Officiers pour iceulx audict Noyon et sons titre d'Exemp-« tion de Chaulny à Noyon : de quoy se voyent encore plusieurs« titres et actes... Lequel état des deux ressorts n'a pas été« modifié par le retour de Chauny à la Couronne en 1498, sous« Louis II d'Orléans devenu le Roi Louis XII; car la ville de« Noyon ne fust oncques Royale, ains appartenante aud. sieur« Evesque, fors quelques maisons qui sont du fief d'Orléans; Or,« du Roy, à cause de son chastel aud. Chaulny et fief d'Orléans,« sont mouvans.... tous les villages et censés dont s'agit... »

La paroisse de Varennes faisait partie du diocèse dont lesiège fut transféré, en 531, de Vermand à Noyon, par St-Médard ; elle y fut maintenue par le concile provincial tenudans cette ville en 814, qui fixa les limites entre les évêchés deNoyon et Soissons, sur la rive gauche de l'Oise. Il est dit, auCartulaire de St-Barthélemy, que Lambert, évêque de Noyonet Tournai, confirma à la dite abbaye les cures données parses prédécesseurs ; il y ajouta celle de Varennes, sous réserved'un droit de contrôle, qui explique l'intervention de ses succes-seurs dans les concessions de chapellenie au château duditlieu (V. notre Catalogue, an. 1261, 1271, 1343). On lit dans lePouillé de ce diocèse au XVIIIe siècle, par Peigné-Delacourt :« Varesnes; Patron, St-Géry, 11 août; Nominateur, l'abbé de« St-Barthélemy ; seignr, M. de Barbanson ; Bailliage et« Election de Noyon ; Intendance, Soissons; Revenu, 550 liv.« La chapellenie du château rapportait plus de 400 liv., suivant« le titre d'érection conservé aux archives de l'évêché... »

— 714 —

La Mairie, ses Archives. — Au centre du village, une placeornée de tilleuls encadrant un calvaire : en face, à l'est etséparé par la grande rue déjà décrite, un modeste bâtimentcontient la Mairie, les Ecoles, le logement du Maître. LesArchives municipales ne renferment que des documentsmodernes.

1° Une série de « Registres des Baptesmes, Mariages, sépul-« tures de la Paroisse de Saint-Gaugeri commençans en l'année« 1621. » Dans le tome 1er, trois sentences du bailliage seigneurialrelatives à des legs faits à l'Eglise pour des Obits. Les deuxpremières sont rendues le 29 mars 1639 « ès plaids tenus à« Varennes par Charles Le Pannetier, conseiller et procureur« du Roy, Bailli général de la terre et seigneurie de Varennes« pour Mgr le marquis de Nantouillet ; » l'autre, le 3 décembre1641. par Me Barthélémy Le Brun, lieutenant du précédentbailli. Le 10 septembre 1640, sont transcrites les piècessuivantes : « A Monseigneur le Révérendissime, Evesque de« Noion, pair de France. Remonstrent humblement François« Boulanger, prebstre, curé de Varennes et Barthélemi Le« Brun, lieutenant dudit village..., que plusieurs habitans« appartenans à la religion réformée s'efforcent d'enterrer un« des leurs en la place publique, aux pieds de la Croix...,« encore bien que le Curé ait ordonné que le défunt fût mis« en son propre jardin... » suivent, une sentence conforme del'Evêque et le procès-verbal des opérations du lieutenantcriminel envoyé par lui. Cette procédure était autorisée par unarrêt du Conseil d'Etat interdisant aux Réformés toute sépul-ture en ce lieu. La cote analytique de toutes ces pièces setrouve aux Archives de l'Oise, en G. 557, Registre coté V.Les souvenirs de Calvin à Noyon,(1) l'influence du prince deCondé à Roye et à Canny expliquent aisément cet engouementpassager pour la Réforme ; mais, les Varennois nous donne-ront ci-après la mesure de leur affection pour l'antique foi deleurs pères.

2° Deux registres, relatifs à l'administration de la commune,

(1) Sur Calvin, voir les Historiens du Noyonnais: De La Fons,p. 65; DeLa Forte-Maison, p. 237.

— 715 —

embrassent les faits accomplis depuis la fin du XVIIIe siècle.Le premier porte ce titre : « Le présent Registre a été coté et« paraphé par Nous, Bailly général de la Justice dudit Varesnes« et dépendances, pour servir au Sindic de l'assemblée« municipale de lade paroisse pour y inscrire tous les ordres« qu'il recevra dont il mettra les dattes en marges, y inscrire« aussy les déboursés qu'il fera, même ceux qu'il peut déjà« avoir fait pour la communauté de lade paroisse. Ce premier« mars mil sept cens quatre vingt huit. — Muisvert. » Cerépertoire est parfaitement tenu, et sans lacunes, jusqu'au2 septembre 1792: les pages suivantes contiennent les délibéra-tions municipales depuis 1829 — Le second registre est paraphé,à la même date, par le même bailli « pour servir à inscrire« toutes les délibérations et arrêtés de l'assemblée municipale« de la paroisse de Varesnes, avec indication en marge de« chaque acte de l'objet dont il sera traité, en conformité de la« lettre circulaire du Bureau Intermédiaire de l'assemblée« d'Election de Noyon, du 25 févr. dernier... » Au f° 49, sousla date du 16 sept. 1792, on lit: « Souscription pour fournir des« subventions au District de Noyon, en vertu de la lettre« circulaire de MM. dudit District du 12 de ce mois, afin d'aider« à nourrir et coucher les volontaires nationaux qu'on est« obligé de cantonner dans ledit district: 1° Le Cen Augée,« pour M. de Barbançon, 36 matelats, 30 paillasses, 72 draps,« 36 couvertures.... etc. » — Au f° 73: « Le 25 prairial an IIe

« (13 juin 1794), Nomination d'un commissaire pour la décla-. « ration, et estimation des terres et prés et denrées y crois-« santes appartenans à la Nation, à cause de l'émigration de« Duprat-Barbançon » — Puis, viennent les sombres jours dela Terreur: l'interdiction du culte, le pillage de l'église, lavente des cloches, etc. Toutefois, la majorité, sage et clairvoy-ante, proteste contre ces violences insensées. Nous en trouvonsla preuve au f° 82 et suivants : « Cejourd'hui vingt-cinq ventôse,« an IIIe de la République Française (Dimanche 15 mars 1795),« la Municipalité étant assemblés : d'après que la lecture à été« faite le jour d'hier, dans l'après-midi, dans les rues de cette« commune, au son de la sonnette ordinaire, par l'agent« national de ladite commune, de la circulaire à lui adressé

— 72 —

« par l'agent national près le District de Noyon en datte du 17« de ce mois (7 mars 95) concernant l'exercice des cultes; le« peuple ayant manifesté que son vœu étoit d'exercer le culte« catholique tel jour que bon lui sembloit, et qu'au moyen de« ce qu'il ne se professoit dans cette commune que ce culte, et« qu'au surplus la ci-devant église n'étant pas vendu et ne« servant à rien, il entendoit faire son rassemblement dedans ;« que, puisqu'elle faisoit partie des biens nationaux et que lui« dépendoit de la république, ce seroit lui faire la plus grande« injustice de l'en priver. En conséquence, ledit agent, vu la« rixe qui auroit pu arriver en voulant résister contre le vœu« général du peuple, s'est retiré; et surtout, d'après qu'il lui a« été déclaré qu'il ne devoit pas ygnorer que tous les citoyens« et citoyennes assemblés le décadie dernier avoient tous« adoptés le culte catholique, puisqu'il y étoit présent, et que« le dit jour ils avoient nommés le citoyen de Chaune pour« leur ministre.

« Et ce jourd'hui, voyant qu'effectivement l'intention du« peuple étoit de célébrer son culte en la dite ci-devant église,« nous nous y sommes transportés pour lui faire les observa-« tions qu'exige la loi et la lettre dudit citoyen agent national ;« mais, ayant trouvé un rassemblement de plus de cinq cents« âmes, et considérant le danger qu'il y avoit à courir de part« et d'autre en opposant au vœu général des citoyens qui« n'étoient rassemblés que pour l'exercice de leur culte, et« que de tous cottés il en arrivoit: raison pour quoi, et surtout« vu l'impossibilité de nous opposer à leur vœu, nous avons« crus qu'il étoit de la prudence de rester neutre pour éviter« des massacres. De tout quoi nous en avons fait et dressé le« présent acte pour servir et valloir ce que de raison.... Fait et« signé en présence de l'agent national lesdits jour et an » —Au f° 104 v°: « Le 1er jour complémentaire de l'an XI ( 18 sept.« 1803), Procès-verbal d'installation de Mon Sieur Charles« Merlieu, nommé par Mon Sieur l'évêque d'Amiens, Beauvais« et Noyon, et agréé par le Gouvernement; lequel s'est prê-« senté et a célébré le Saint-Sacrifice de la messe dans l'église« de cette commune comme desservant y préposé. Nous maire« et adjoint, assistés du conseil municipal, l'avons admis dans

— 721 —

« ces fonctions.... Nous obligeant à son égard à tout ce à quoi« le Gouvernement jugera à propos de nous astreindre tant« pour le logement que pour la pension et autres émoluments« due à ces fonctions... » —F0 115: réparations faites à l'égliseen 1810, — F0 124 : Le 2 sept. 1817, Etat de marché fait entre laCommune et M. Cavillée (Nicolas), fondeur à Carrépuits, pourrefondre la cloche St-Géry, de Varesnes et en faire deux autres.

NOTA. — Nous donnerons ci-après les inscriptions de ces trois cloches.

3° Une liasse contenant les documents relatifs aux Usagesde Varesnes, qui les doit à la libéralité de ses seigneurs : lapremière donation est enregistrée par notre Catalogue en1226 ; d'autres sont notées en leur temps. Mais le dossiermoderne n'en garde pas le souvenir ; il ne remonte pas audelà du XVIIe siècle.

« Archives du Royaume, Son Domaniale. — Déclaration« du 31 mars 1634, des marestz et pasturages occupés et que« jouissent les manans et habitans de Varesnes, ensemble« les terres et prez séans sur le terroir et prairye du dict« Varesnes, appartenant au ban ville et commune du dict« lieu...., chargez du droict de terrage vers Monseigr le« Marquis de Nantoillet, seigr de Canny, du dict Varesnes« et aultres lieux, assavoir : pour les terres, de unze zerbes« l'une, et pour les prez, de trois marchept l'un, qui est le« tier de la dépouille. » — Suit la désignation : 1° de 43faulx de marais ou pâtures, en 3 pièces : l'une de 25 faulx,dite le grand marais, « où va pasturer le bestial dudit lieu, »jusque vers Pont à la Fosse ; l'autre de 8 faulx, dit des Vou-loires, et Marquais Hubert; le dernier de 18 faulx, dit desWarnaulx « où les habitans de Ponthoise et Courcy ont« aussi le droit de pasture. » 2° de 15 pièces de terre, dontla recette totale est de 53 liv. 1 sol. 3° de 12 pièces de prédonnant une recette totale de 116 liv. 15 s. — « La somme« totalle des receptes se montent à huict vingts neuf livres« seize sols tournois. Sur laquelle fault prendre, chascun« an, cinquante-trois liv. un sol pour satisfaire aux frais« et despences pour l'Eglise, attendu que le revenu d'icelle« n'est suffisant...., et le surplus est emploie tant à la« nourriture des pauvres enfans orphelins, que pour l'entre-

— 722 —

« tennement des pavez et chaussées du dit Varesnes. —« Pardevant Nous, nottaires royaulx héréditaires à Noyon,« soubsignez.... sont comparez.... Jehan Flaman, procureur« sindicque de la terre et seigneurye du village de Varesnes,« Election de Noyon, ressort du Parlement de Paris, Jacques« Topinart, procurr d'office, Guillaume Rollin, greffier,« Anthoine Oudebois, habitans du dict village, disans avoir«Charge dé la commune des dicts habitans du dict village« de Varesnes; lesquelz, satisfaisans à l'ordonnance de MM.« les Commissaires généraulx dépputtez par le Roy pour la« levée des droictz de francs fiefs et nouveaux acquestz, ont« dict et affirmé qu'à la dicte commune.... appartiennent les« marestz et pastures contenus es trois premiers articles de« la présente déclaration qu'ils estiment valloir, par chascun« an, la somme de 38 liv. tourn. (1) ; comme aussy.... les« terres et prez mentionnez es articles suivans.... affermez....« huict vingt neuf livres seize sols, faisant avec le revenu« desdictz marestz la somme de deux cents neuf livres seize« sols : de laquelle somme les dictz habitans sont contrainctz« de prendre 53 liv. tourn. pour subvenir à l'entretenement« de leur Eglise en sorte qu'il ne reste que sept vingts seize« liv. seize sols tournois.... Et ont aussy.... desclaré que« la pluspart desdictz deniers sont par eulx annuellement« emploies tant à l'entretenement des chaussées que aux« aulmosnes qu'ils font aux pauvres honteux du dict village,« qui y sont en grand nombre. — Signé à la minutte, parles« comparant et les Notaires. Copie collationnée, scellée et« délivrée à Paris, le 8 juillet 1844, par Letronne, garde-« général des Archives, sur la minute cotée 2,848, en un« volume faisant partie de l'ancienne chambre des Comptes, et« déposée Son Domaniale, n° 748 P. »

« Déclaration du 4 sept. 1708. — D'un rôle pour les Usagers« de la Généralité de Soissons est extrait ce qui suit : Rolle« des sommes que le Roy.... a ordonné estre payées, avec« les deux sols pour livres d'icelles, à ses procureurs

(1) Cette évaluation ne figure pas dans la Déclaration qui précèdeet porte le total du revenu à 207 liv. 16 s. que les commissaires ins-crivent plus bas pour 209 liv.

III 53

— 723 —

« préposez en exécution de l'Edit du mois de may 1708.de« la Déclaration.... du 28 juillet en suivant, et des arrestz« rendus.., par les Communautez laïques de la généralité de« Soissons pour les droitz de nouveaux acquestz par elles« deües à cause des droitz d'usages qui leur appartiennent:« le tout sur le pied des liquidations qui ont esté faites en« exécution de la Déclararation.... du 9 mars 1707. — Election« de Noyon. Article 467. — La Communauté de Varesnes,« à cause du droit d'usage sur trente-quatre arpents de« marais et quatorze arpens de brossailles, en dix articles ;« le Premier du droit de pasture sur les chemins qui« tournent autour du pré du parc, en commun avec les« habitans de Babœuf; le Deuxiesme, de faire boire leurs« bestiaux dans la rivière d'Oise par les dits chemins ;« le Troisiesme, de quatre arpens de pasture dite de Lombry ;« le Quatriesme, de vingt arpens de pasture appelez le« grand marais ; le Cinquiesme, de trois arpens de marais« appelez le marquais Hubert et de Vouloir ; le Sixiesme de« dix arpens de pasture en brossailles appeliez les Pastyes ;« le Septiesme, de dix sept septiers de marais appeliez le« marais de Warnaulx ; le Huitiesme, de douze septiers de« marais scituez entre le dit Varesnes et Pontoise, en commun« avec les habitans de Pontoise et de Couarcy; le Neufviesme,« d'un septier de marais, appeliez le marais de Queussiez,« en commun avec les habitans de Pontoise et de Couarcy ;« et le Dixiesme de trois faulx de marais appeliez le Hautain;« Estimez mil huit cens quarante livres, à cinquante livres« l'arpent de marais, et dix livres l'arpent de brossailles :« Payera, pour le droit de nouvel acquest, à cause de six ans« et quatre mois de jouissance, la somme de vingt neuf livres« trois sols — Fait et arresté au Conseil royal de finances tenu« à Versailles le 4 sept. 1708. — Signé Louis, et plus bas,« Phélippaux, Daguesseau, de Beauvillier, Desmarestz —« Extrait collationné par nous garde général des Archives du« royaume, sur la minute... dudit rôle déposé à la Son Domaniale,« portefeuille QQQ. 86; Paris 8 juillet 1844, Letronne. »

Parmi les biens communaux figure, en outre, l'ancienneavenue du château, longue d'environ 325m sur 25m,.créée au

— 724 —

XVIIe siècle, ainsi que nous le dirons en son temps, séquestréeen 1793; restituée vers 1820: elle est comprise dans la licitationgénérale faite peu après, par les héritiers et dont un extraitaux pièces justificatives qui les concernent. Ci-contre, l'actegénéreux des donateurs qui transporte à la commune le bénéficede leur acquisition.

« Pardevant Me Budin, notaire à Noyon... le 12 mai 1828,« furent présents M. Sébastien Dufour, propriétaire, maire« de Varesnes, y demeurant, et dame Vauvillé son épouse..;« Et M. François Cléroy, marchand de bois, demeurant aussi« à Varesnes, et dame Driencourt son épouse; lesquels ont« par ces présentes fait donation entre vifs, en la meilleure« forme que donation puisse se faire, à la commune de Varesnes,« d'un terrain de la contenance de 77 ares 44 cent. ( ou 2 setiers« 3 verges) planté de jeunes arbres, formant autrefois l'avenue« du château ; appartenant aux donateurs comme leur ayant« été adjugé suivant procès-verbal du 27 juillet 1827... contenant« adjudication définitive d'une partie des biens dépendant de« la succession de M. Augustin-Jean-Louis-Antoine Duprat« de Barbançon... » Suivent, les détails relatifs 1° au paiementde la somme de 2,800 francs, outre les frais, payée par lesacquéreurs; 2° l'établissement du droit de propriété, qui seratranscrit en la pièce Justificative n° 10.

4° Le Cadastre daté du 19 février 1833 nous a fourni lesrenseignements suivants :

Limites du territoire : Au nord, sur une longueur d'environ4 kilom., le territoire est séparé de Morlincourt et Salencypar le lit très sinueux de l'Oise; de Brétigny, à l'est, par lerû de Camelin, qui atteint la rivière au lieu dit le Pré-de-fer ;à l'ouest, par le ruisseau des Trouées qui longe les terresde Pontoise, jusqu'à la Marteloye où il se jette dans l'Oise; ausud, vers Caisne et Cuts, par le Chin de grande communicationn° 2, de Noyon à Amiens, et par une ligne conventionnelle.

NOTA. — Les fréquents débordements de cette rivière ontlaissé d'amers souvenirs dans toutes les communes riveraines :à Pontoise on a noté ceux de 1858, 1726, 1816 (v. Graves,Précis Cant. Noyon, p. 5. — Bottée, Météorolog. Dépar-tement.); à Varesnes le niveau de plusieurs crûes est tracé sur

— 725 —

l'église, ainsi que nous le dirons plus loin. Pour prévenir cefléau, de sérieux projets avaient été formés dès le XVIIe siècle;« Rivière d'Oise — Arrêts collationnés des libéralités accor-« dées au Duc de Guise pour rendre cette rivière navigable de« Noyon à Guise, lui accordant, en outre, trois perches de terre« de chaque côté, droits seigneuriaux et taxations de Nouvion« à Simpigny et à La Fère, 1662. » (Saffroy, libraire, Près St-Gervais, Seine, Catalog. Avr. 1881, n° 3120 : in f° 16 p. )

Chemins. — Extrait du Tableau général dressé en exécutionde l'arrêté préfectoral du 20 janvier 1840: Chemin de Varesnesà Brétigny; id. de Varesnes à Pontoise; id. à la Marteloye;Autre Voirie de la Marteloye; Chin Vert, de Pontoise àBrétigny, appelé Chin du Haut et du Bas de Crémont depuisl'embranchement du Chin du Bas de Varesnes et de la Collinière;Pied-de-sente d'entre deux Marquais; Chin de la Fondrée;Chln Mitoyen des Parties; id. de Varesnes à Cuts, au chin desVaches ; id. de la Carrière; id. de la Sablonnière ; id. du Turbier ;id. du Pont-à-la-Fosse ; ruelle de l'Hôpital ; Chin des Ponchons ;id. des Cinq Saulx; id. de la Derrière; Pied-de-Sente de laMarteloye au pont de Pontoise.

NOTA. — Plusieurs de ces chemins ont été successivementclassés dans les différentes catégories de la voierie départemen-tale; ainsi, le Chin vers Pontoise et Cuts est devenu vicinal, etse relie au chin de grande communication de Noyon à Bléran-court ; celui de Brétigny porte le n° 87 dans la même catégorie.

Rues du Village.—Rue du Grand Pavé; id. de l'Hôpital;id. du Turbier; ruelle de l'Eglise; id. du Passeur; id. du Port;le Port; rue du Greffier; ruelle Marmande; Avenue du Château,ou La Plairie; rue de l'Auditoire; id. du Grand Marquais; id.du Boucher; ruelle Chenard; id. Requin; rue St-Géry; id. duMoulin; id. du Capitaine; ruelle des Cinq Saules; rue desHurteaux; ruelle Entre deux Marquets.

Divisions cadastrales: — Section A, dite du Village: La HautePartie; la Basse Partie; la Place; Près de la Place; leMarquet Hubert ; l'Eguillon ; entre deux Marquets ; (1) leMarais du Bouloir ; la Collinière; Bois des Basses Parties ; le

(1) Marquet, Marquais : forme picarde de Mercasius, Marais; Les lexiquesdonnent aussi Marcais, Marchais,

— 73 —

Haut de Crémont ; (2) l'Epinette ; le Bas de Crémont; leChin Vert; les Cinq Saulx; la Marteloye ; Près le Port; leCamp Pinot; le Marais de la Derrière; le Pré Mal-à-Bras ;le Pré Plantin; Au-dessous du Plantin; Près le Verger; laDerrière; le Moulin à Vent; En face le Moulin; le Village. —Section B, dite la Haute et Basse Prairie: le Grand Marais;la Fosse Quatrin ; Prés la Ruellette ; la Petite Bosse; leCamp des Saulx; la Grande Bosse ; la Haute Prairie ; Près la,Fosse des Bédents ; le Cailleux ; Au-dessous du Champcouvert; Entre le Turbier et le Champ couvert ; le Champcouvert ; Entre le Cailleux et le Champ couvert ; le Pré de laVille; la Grenouillère; la Senseigne; le Chin de Brétigny; leViez Maupin; les Prés Ponchon ; la Basse Prairie ; Au-dessousdu Ponchon ; le Pré de l'Horloge ; les Prés Lumière ; les LongsTiers ; la Bloquette ; le Pré Harang ; la Sensurelle ; le Bois duLombry; le Camp Guérin ; le Marséclin ; le Pré Saint-Pierre.

Peigné-Delacourt (dans son Histoire d'Ourscamp, p. 269, etsa Technologie Archéolog. p. 46) indique un autre lieu-dit duterritoire de Varesnes, dont le Cadastre ne fait pas mention;l'auteur lui-même ne détermine pas clairement son emplace-ment. Il dit simplement « qu'un lieu dit La Pallée se rencontre,« dans une situation analogue, à Compiègne comme à« Varesne, aboutissant également à l'Oise... Dans ces mentions« d'une pallea (palissade) se trouve la preuve de l'existence« des appareils de chasse décrits dans de précédents mémoires« sur la chasse à la haie . » Ce lieu-dit nous parait devoir êtrecherché vers la Marteloye, dans le voisinage de la Chaussée deVaresnes et du Bois de Louvetain.

L'altitude moyenne du village est de 35 mètres ; mais, leterritoire se relève sensiblement vers le sud où le Haut deÇrémont est le point culminant. Là, s'étendait naguère, jusquesur les pays voisins, la forêt de Louvetain, contenant 1004arpents divisés en 13 ventes. Les seigneurs de Varesnes l'avaientmerveilleusement aménagée pour la chasse, ainsi qu'il se voit

(2) Une tradition, dénuée de preuves, signale en ce lieu des souterrains.On y rencontre, il est vrai, des tuiles et autres débris gallo-romains;les eaux s'y infiltrent dans la terre avec une surprenante facilité.aucune fouille, aucune constatation scientifique, n'a jamais été faite.

(2) Une tradition, dénuée de preuves, signale en ce lieu des souterrains.On y rencontre, il est vrai, des tuiles et autres débris gallo-romains;les eaux s'y infiltrent dans la terre avec une surprenante facilité.aucune fouille, aucune constatation scientifique, n'a jamais été faite.

— 731 —

sur le plan conservé aux Archives Nationales en T. 138 10.Vendue vers 1824 par les héritiers de Barbanson (v. pièceJustificat. n° 10), elle fut défrichée et livrée à la culture. En1836, « M. Dermigny, maire de Crisolles, propriétaire de la« forêt de Varesnes, entreprit l'exploitation d'un dépôt de« cendres pyriteuses mises à découvert par les défrichements ;« Mais, ayant reconnu la richesse de cette minière, analogue« à celle de Brétigny, il organisa, en 1846, une usine pour en« extraire des sulfates de fer et d'alumine. » Après quelquesannées de prospérité, cette fabrique fut fermée en 1863. Laportion de cette forêt située sur Pontoise porte encore lenom de Bots de Varesnes ; elle contient 38 hectares aménagésen 6 coupes bisannuelles. Deux autres bois bordaient celui deLouvetain: le Bois des Hautes-parties (al. Pastis) contenait17 hectares, dont une fraction appartient à la commune; leBois du Lombry (Lambris) de 4 hectares, est aussi unepropriété communale. Tous deux ont été défrichés et misen culture en 1866 (v. Graves, Précis, p. 10, 201, 215; Topo-graphie Géognostiq. p. 223).

Les Ecoles. — « Extrait des minutes aux contracts reçus« par Me Margerin et son confrère notaires à Noyon. Du 14«juin 1749, Furent présentes..., sœur Marie-Marguerite« Gourdin, supérieure, et sœur Berthe, dépositaire de la« Maison des Nouvelles Catholiques de la Sainte-Famille de« Jésus, à Noyon, toutes deux représentant la communauté de« ladicte Maison, et administratrices de la fondation faicte« par messire Charles-Nicolas-François Margerin, presbtre,« chappelain de l'Eglise de Noyon et curé de la paroisse de« St-Etienne dudict Noyon et déservie en la chappelle St-« Nicolas de Morlincourt, y demeurant, par contract passé« devant ledict Margerin... le 15 juillet 1746, en faveur de la« sœur d'école de Varennes pour instruire les pauvres enfants« de ladicte paroisse gratuitement : lesquelles ont par ces« présentes reconnues... avoir octroyé à tiltre de ferme et« redevances en argent.... à Claude Magnier, marchand de« chanvre audict Varennes et Barbe Lebrun, sa femme... les« immeubles dont la déclaration ensuict... » — Archiv. Oise,Sgie Varesnes.

— 732 —« Etat des revenus de l'Ecole des Filles de Varennes — La

« Fabrique de la paroisse donne 30 livres. — Le Sindic de la« communauté des habitants, 30 livres. — L'Ecollage des« enfans, sur le pied de 3 sols par mois, suivant l'usage, les« pauvres estant exempts, 36 livres. — Revenus Ordinaires;« Nicolas Mannier, doit 6 liv. ; Claude Mercier, 3 liv. : Une« faulx de pré et cinq quartiers de terre donnent un revenu« susceptible d'augmentation de 31 liv.; une maison et un« jardin, 40 liv. — Total général: 176 livres. » — Arch. Oise,Sgie Varesnes.

Cette dotation fut notablement accrue par les libéralités desdeux derniers seigneurs de Varesnes. « Le 7 juillet 1776,« Délibération du Conseil de Fabrique présidé par messire« Arnoult de Chaulnes, Curé de la dite paroisse. Le Conseil« consent à l'établissement de l'Ecole des Filles dans l'Hôpital« fondé audit lieu par feu Monseigneur le marquis de Barbanson,« père du présent seigneur comte de Barbanson, et à ce que« la direction de la dite école soit confiée aux sœurs du dit hôpital;« ainsi qu'il est porté au testament dudit seigneur donateur.. »— Arch. T. 138 7-9: où plus. lias, intituléesEcoles, Hôpital. — Voir aussi Pièce Justificat. n° 8 § 3e.

Hôpital. — II a été fondé par le testament de messire Antoine-Louis Duprat, marquis de Barbanson, en date du 14 sept. 1774,dont est extrait ce qui suit:

« Je fonde sur les terres de Varennes et de Canny une« somme de deux mille livres de rente pour l'entretien des sœurs« grises, ou autres hospitalières, pour avoir soin des malades« de Varennes, Pontoise, Morlincourt, Babœuf, Apilly et« Mondescourt. On leur fera bâtir, indépendamment de cette« somme, une maison commode, où il puisse y avoir six lits« pour les malades; on y joindra un jardin d'un arpent... Les« sœurs seront nommées et subordonnées au seigneur, à qui« elles rendront compte des deniers. » Le codicille daté du joursuivant, ajoute: « J'augmente de mille francs de rente la fonda-« tion de mon hôpital de Varennes... s'il fallait des lettres-« patentes, on les obtiendrait, et seroient payées sur le fond« de mes biens... » Les travaux ordonnés par le Marquis lui-même; sont promptement achevés par son fils et successeur.

— 733 —Les sœurs y sont installées dès le mois dejuillet 1776; elles acceptent en outre la direction de l'école desfilles; et l'une des pièces du dossier ajoute: « sous la surveil-lance de M. le Curé. » D'autres documents sont relatifs àdes acquisitions de terres faites en 1780, pour la mêmefondation. — Arch. Nation. T. 138 7-9

La pièce suivante, dont la copie est conservée dans lèsarchives municipales de Canny, commune de Varesnes, nousdira quels furent les destins de cette fondation.

« Le Sous-Préfet de Compiègne, vu la délibération prise le« six de ce mois (27 mars 1804) par la Commission de Bienfai-« sauce du canton de Noyon, par laquelle, pour l'emploi de« trois parties de rentes appartenantes à l'Hospice de Varesnes« liquidées à 1033 fr. de rente annuelle avec jouissance du 1"« Vendémiaire an XII (24 sept. 1803).... elle propose: 1° de« faire transférer dans les bâtimens composant l'hospice de« Noyon six lits destinés, suivant le titre de fondation de« l'hôpital de Varesnes, aux pauvres malades des communes« de Varesnes, Mondescourt, Apilly, Babeuf, Pontoise, Canny« et Morlincourt. ainsi que le linge faisant partie de chacun des« dits lits ; 2° De payer annuellement aux administrateurs de« l'Hospice de Noyon la somme de Neuf cents francs à raison« de 150 francs par lit, pour être employée tant à l'entretien de« ces lits qu'à l'acquit des médicaments et autres secours....

« Considérant qu'il est de notoriété publique que depuis« longtemps l'hospice de Varesnes est destitué des moyens« nécessaires pour remplir le but de sa fondation et qu'il est« instant de prendre les mesures convenables pour faire jouir« les pauvres, pour l'avantage desquels il a été fondé, des« secours que permet de leur accorder la réduction au tiers« des revenus dont jouissait cet hospice;

« Considérant que les mesures proposées par la Commission« de bienfaisance du canton de Noyon paraissent propres« à atteindre cet objet en perpétuant, autant que les circon-« stances actuelles le permettent, le but de la fondation de« l'hospice de Varesnes

« Considérant enfin que les mesures proposées pour utiliser« le restant des revenus de cet hospice paraissent également

— 734 —

« conformes au but de la fondation et aux instructions rela-« tives à la répression de la mendicité;

« Estime qu'il y a lieu d'approuver la dite délibération et« d'en autoriser l'exécution, aux conditions suivantes :

« 1° Que le Maire de la commune de Varesnes procédera,« après.... publications faites , à l'adjudication au plus« offrant et dernier enchérisseur, en présence de l'un des« membres de la Commission de bienfaisance de Noyon au« Bail à loyer, pour trois, six ou neuf années, des bâtimens« composant l'hospice de Varesnes et des jardins en dépendant;« du Mobilier existant dans le dit hospice, le linge excepté« qui sera remis à l'hospice de Noyon ; pour le produit« tant de cette Vente que de la dite Location être employé« à la distribution des secours à domicile aux indigens« invalides dans chacune des communes intéressées ; 4° Que« le maire de Varesnes adressera le procès-verbal de cette« adjudication à la Sous-Préfecture de Compiègne pour y« être approuvé ; 5° Que le maire de Varesnes assistera à la« remise des six lits dont s'agit aux administrateurs de l'hos-« pice de Noyon et signera les inventaires qui en seront« dressés ; 6° Que les administrateurs des hospices de Noyon« s'obligeront au bas de l'un des inventaires portant leur« reçu des lits et du linge...., à recevoir, sur les invitations« qui leur en seront faites par les maires des communes de« Varesnes, Mondescourt, Appilly, Babœuf, Pontoise, Mor-« lincourt et Canny, les pauvres malades des dites communes« et de les y faire soigner et traiter à l'égal des autres« malades reçus audit hospice: et ce, moyennant le« paiement annuel de la somme de neuf cents francs, à« raison de cent cinquante francs par lit, à laquelle se monteH la rétribution proposée par la dite délibération. — 7° Que la« Commission de Bienfaisance du canton de Noyon, justifiera,« dans son compte annuel, de l'emploi fait en distribution de« secours à domicile aux pauvres invalides demeurant dans« lesdites communes et dont l'état leur sera remis par le« Bureau-auxiliaire de chaque commune, tant du surplus de« la dite rente de 1033 fr., que du produit de la vente du« mobilier et de la location des bâtimens et jardins dépendans

— 735 —

« de l'hospice de Varesnes. — A Compiègne le 28 germinal« an XII (18 avr. 1804) de la R. F. signé Jarry-Mancy — Vu et« approuvé l'avis du S.-Préfet de Compiègne, à la préfecture« de l'Oise, le 3 floréal an XII (23 avr. 1804 ), signé Belderbusch,« Préfet de l'Oise... — Envoyé par le S.-Préfet à la Commis-« sion de Bienfaisance du canton de Noyon, laquelle est« chargée de prendre, de concert avec le maire de Varesnes et« la commission de l'hospice de Noyon, les mesures néces-,« saires pour l'exécution des dispositions contenues en l'avis...« ci-dessus, Signé J. Mancy—Pour copie conforme... Reneufve.

Graves écrivait en 1851: « Il ne reste plus aux pauvres de« Varesnes qu'une rente de 96 fr. 98 c. avec un lit dans l'Hôtel-« Dieu de Noyon ; les lits affectés aux cinq autres communes ci-« dessus nommées, ont la même origine. » — Préc. Cant. Noyon.

Prix de vertu. — Il avait aussi son origine dans le mêmetestament du marquis de Barbanson: « Je fonde, sur les terres« de Varesnes et de Canny, une somme de mille francs par an« pour marier trois filles de la terre de Varesnes, Pontoise,« Morlaincourt, Babœuf, Apilly et Canny. Tous les ans, elles« seront choisies par le seigneur, et ne pourront épouser que« des garçons des dites terres ; cette dot sera employée en« choses utiles pour le ménage des mariés, et dix écus seule-« ment pour frais de noces ». Et dans le codicille : « Pour les« filles à marier chaque année, on choisira les plus pauvres. »

L'Eglise. — L'église est moderne, sauf le chœur dont lesvoûtes ornées d'écussons mutilés sont soutenues par des arcsdu XVe siècle ; et une fenêtre à meneaux, dans le transeptméridional (Graves, Précis, p. 158; Notice Archéolog. p. 394.— Woillez, Répertoire Archéolog. p. 149). Le clocher carré,haut de 18m, en charpentes cloisonnées, couvert en ardoises,est placé sur le portail ; il contient trois cloches portant lesinscriptions suivantes.

Grosse Cloche : « L'an 1818, J'ay été Bénite par M. Maillet,« Curé de Varesnes, et nommée Marie-Thérèse-Charlotte par« M. Sébastien Dufour, Maire dudit Varesnes, et Dame« Vauvillé, son épouse. M. Cadet, instituteur. »

Moyenne: « L'an 1843, J'ay été Bénite par M. Thièble, Curé-« doyen de Noyon, assisté de M. Persuart, Curé de Varesnes,

— 74 —

« et nommée Marie-Madeleine ; le parrain, M. Dermigny,« Maire de Crisolles, propriétaire de la forêt de Varesnes ; la« marraine, Dame Baudoux, épouse de M. Cléroy, membre du« conseil municipal; M. Dufour, Maire dudit lieu; Auguste« Margottet, instituteur. »

Petite: « L'an 1843, J'ay été Bénite par M. Thièble, Curé-« doyen de Noyon, assisté de M. Persuart, Curé de Varesnes,« et nommée Catherine-Prudence; le parrain M. Louis-Michel« Lequeux, marguillier; la marraine, Dame Cadet épouse de« Charles-Auguste Margottet, instituteur. M. Dufour, Maire« dudit lieu. »

Chacun des collatéraux est terminé par une chapelle ; celledu nord, dédiée à la Vierge renfermait la sépulture de Madamede Barbanson (V. Gravure et Légende au Catalogue); danscelle du sud, dite de St-Joseph, une dalle plus ancienne,« couverte de caractères gothiques, » fut enfouie dans le caveauqu'elle recouvrait, pendant la réfection du dallage, vers 1846(Renseignement transmis par un ancien Instituteur de laditecommune)

Autour de l'Eglise, un vaste Cimetière, entouré de solidesmurailles ; il domine l'Oise, dont les crues fréquentes sontnotées par les clercs: sur les contreforts du nord, plusieursrepères d'inégale hauteur avec des dates illisibles. Peut-êtreces signes correspondent-ils aux mentions copiées par Gravesdans la vieille sacristie de Pontoise : « Débordement en 1726;« les 6 août et 7 septembre 1816.... » En tout cas, nous lisonsici : « Entre les 24 et 25 février 1638, la rivière a débordé un« pied de haut en l'Eglise de Varesnes. » Non loin de là, cetautre souvenir: « LE 28 DE MAY 1640 LE ROY EST VENV AVARESNES ET EST REPARTY LE 13 DE JVIN 1640. »

Le Château. — En face et à l'ouest de l'église, un manoirféodal commandait le passage de l'Oise et défendait l'entréedu village. Une dérivation de la rivière entourait l'enceinte,dont les substructions, signalées par Cambry, Graves etWoillez, apparaissent encore dans les basses eaux. Les deuxvues ci-jointes sont les seuls souvenirs conservés de la forte-resse aux XIIIe et XVIIe siècles. Elles proviennent d'unecollection de clichés acquise par M. Payen, notre obligeant

— 741 —confrère, à la vente après décès de M. Delacourt. Sans enindiquer l'origine, l'auteur les a insérées sous les n°" 25 et 26,dans son Pouillé du Diocèse de Noyon, p. 9; tous ces bois (150environ) étaient aussi par lui destinés au projet d'une FranceMonumentale, et à la Topographie Archéologique, arrêtéedès ses débuts par un procès, dont lui-même a noté les phases(V. aussi Cambry, Description du Départem., t. lerp. 407).

L'habitation moderne occupe le même emplacement ; mais,elle n'a rien conservé de ces anciennes splendeurs. Quelques-uns des faits qui la concernent nous sont transmis au nom dela propriétaire actuelle par M. Papegay, son petit-fils :

« Varesnes, 4 août 1887. — Madame Chrétien, ma grand'-« Mère, ne possède aucun des contrats relatifs à la transmis-« sion de la propriété. Si quelques-unes de ces pièces existent« encore, on pourrait les trouver dans l'étude de Me Brasset,« notaire à Noyon, successeur de Me Sézille-Vernon qui a« passé les actes par lesquels notre famille a été mise en« possession de cette propriété.

« J'ai vu tout-à-1'heure un des plus anciens habitants de« Varesnes, vieillard de 86 ans, qui tient de son père beaucoup« de détails sur les événements de 1793 en ce pays. Je résumerai« ses souvenirs et les miens.

« Après l'émigration de M. de Barbançon, le château fut« saisi comme bien national et mis en vente en 1794. Il fut« adjugé à un habitant du pays nommé Rollin, au prix de cent« mille livres, en assignats. Il le démolit l'année suivante,« vendit les matériaux, combla les fossés et, après en avoir« détaché quelques pièces de terre qu'il conserva, il vendit à« M. Herbet, négociant à Paris, l'emplacement sur lequel est« bâtie la maison actuelle ; les quatre murs et la cave sont de« cette époque, la disposition intérieure seule a été changée« depuis. Vers 1818, M. Herbet céda son acquisition à M.« Waubert de Genlis, mon bisaïeul, qui fit démolir les deux« orangeries encore existantes ; il y fit dessiner les jardins et« le parc, par un jardinier écossais nommé Lowely, qui est« aussi le dessinateur des jardins des châteaux de Compiègne« et de Ribécourt. En 1859, après la mort de sa mère et d'un« frère, tué colonel en Italie; ma grand'mère, mariée à l'Inten-

— 742 —

« dant militaire Chrétien, eut Varesnes en partage ; son autre« frère, le général Waubert de Genlis, s'étant fixé ailleurs.

« La grille de l'ancien château n'a pas été détruite; elle« sert actuellement de clôture au château de M. de Poilly, à« Folembray.

« Les précédents châteaux étaient bâtis sur le bord de« l'Oise, faisant face à Morlincourt; il existe encore, dans la« rivière, un ouvrage en maçonnerie qui servait de fondation« à la terrasse détruite. Tels sont les renseignements que j'ai« pu recueillir, et regrette de ne pouvoir vous les donner« plus complets... Veuillez agréer... Signé Papegay. »

§ IIIe — Les Fiefs. — Le jeu des Institutions féodalesdivise naturellement ce paragraphe en deux parties : la premièredevrait comprendre tous les fiefs que des alliances, desacquisitions, des contrats de toute nature, ont placés dans lamouvance de Canny-Varesnes ; la seconde embrasserait tousles fiefs possédés, par des seigneurs étrangers, dans les limitesde notre seigneurie. Mais, notre Catalogue n'est en partie déjàque l'exposé de cette double situation ; et, nous avons consignédans des notes les explications les plus nécessaires. D'ailleurs,les sources nous feraient assurément défaut pour une plusminutieuse analyse. Aux Archives de l'Oise le fond de lacommune de Varesnes n'est pas plus riche que celui de Canny.Le Répertoire imprimé de la Série H, p. 46, affirme, il est vrai,que les fonds des abbayes de Saint-Barthélemi et de Saint-Eloi de Noyon, de Collinances, etc. peuvent fournir quelqueséléments à l'histoire de notre paroisse : mais aucune table nepeut servir de guide à travers ces dossiers. En G. 557, del'Inventaire Sommaire, « un registre coté V. contient un« ancien état des titres de l'évêché de Noyon; » au motVaresnes, sont analysées six liasses relatives au fief de laFranc-foresterie, sis à Varesnes, et mouvant de la Comté-paierie:mais, les originaux sont tous en déficit, et ces cotesinsuffisantes sont tout ce qui nous reste. En G. 601, plancolorié des environs de Varesnes, Pontoise, etc.; en H. 418,registres des contrats notariés relatifs aux mêmes lieux:mais ces documents sont modernes et d'un médiocre intérêt.En outre, les cartulaires imprimés de la région sont peu nom-

— 743 —breux, et les chartriers du comté ont été particulièrementravagés en 1793.

Nous inscrirons donc seulement ici quelques mentions quin'ont pas trouvé place dans les précédents chapitres.

1° Babœuf est l'une des plus anciennes dépendances de Canny-Varesnes: à preuve, ces Onze-Mazures et Louvetain, déjànommés, et cette fontaine qui porte encore le nom de Cany.

A Mondescourt, le moulin fut réédifié, en 1607, par messireLouis de Barbanson. Au XVIIe siècle, les moulins de Coarcyet d'Apilly appartenaient à la même famille (Graves, op. cit.p. 8, 218-20).

2° Un état sommaire des revenus de la trésorerie du Chapitrede Noyon, au XVe siècle, « constate que des Cazées étaient« dues auxdits chanoines par l'Evêque de Noyon, par le baron« de Varesnes, le baron de Catigny et celui de Sermaize, par« le chancelier de la comté-pairie, le sire de Voyennes, par« les chartreux pour le fief de la Bretonnerie, par le baron de« Divette, le sire de Lagny, etc. » — Arch. Oise, G. 1454.

PIÈCE JUSTIFICATIVE N° 2

28 novembre 1356: Transaction et Accord concernans lesdroits de justice et seigneurie à Noyon pendant la Quinzaine

Saint-Jean-Baptiste —13 février 1357: Arrêts d'omologationde la transaction du 28 novembre 1356 qui y est transcriteainsi que les lettres de permission du Roy du 7 novembre1356 (4).

Johannes, Dei gratia Francorum Rex, universis presenteslitteras inspecturis salutem. Notum facimus quod a procura-toribus dilectorum et fidelium nostrorum Episcopi noviomensisex una parte, et Radulfi dicti flamenc, militis, domini de Cauny,ex altéra, de licentia curie obtemperantis litteris nostris, inhac parte procuratoreque nostro consenciente, concordatumexstitit [sicut] (2) in quibusdam litteris, sigillis dictorum

(1) Titre inscrit hors texte par le rédacteur d'un inventaire moderne.(2) Les mots ou les points placés entre parenthèses représentent des

passages dont la lecture est rendue incertaine par les détériorations del'original. La feuille de parchemin déchirée a été recousue sur une

— 744—episcopi et militis ut prima facie apparebat sigillatis [et a]dictis procuratoribus nominibus quibus supra unanimiter etconcorditer traditis, continetur, quarum tenor talis est: A touschiauz qui ches présentes lettres verront, Giles par la grace dedieu evesques de noyon, et Raoulz flamenc sires de cauny,salut en nostre seigneur. Comme (1) tant des temps de nozprédécesseurs comme de nous, plusieur débat aient esté meu etsoient espéré à mouvoir entre nous, Premiers pour ce que nozprédécesseurs et nous Evesques de noyon, disiens et mainteniensque durant le quinzaine de la navité Saint-Jehan chascun anau dit Seigneur de cauny, à cause de son fié de Varennes que iltient de nous à cause de la dicte eveschie, appartenoient et appar-tiennent en le ville et commune de Noyon tele iustiche et seignou-rie tant seulement comme le prevoz de Noyon garde et exerceet fait jugier par les éschevins de Noyon hors de le dicte quin-zaine ; et que à nous Evesque de Noyon appartenoit et appartientseul et pour le tout à cause de le dicte eveschie durant ledicte quinzaine et comme à seigneur souverain, et souz moyendu dit seigneur de Cauny à cause de son dit fié de Varennes,toute lautre iustiche et mesmement tout le cas de haute ius-tiche et de ressort et que diceulz se puet dépendre, et avoientesté et estoient acoustumé de garder et exercer hors de ladicte quinzaine par les bailliz de Novon; et que en excédantle iustiche appartenant au dit seigneur de Cauny durant le dictequinzaine et à ses prédécesseurs, et avoient fait les esploiz quiensuient: Est assavoir priz et levé par eulz ou leur gens unpélerin trouvé mort et ochiz dedens les termes de le commune;Et fait cryer à le banquie mandemens du Roy nostre Seigneurtant sur cours de monoyes comme autres et pour ventes etsubhastations de héritages ; Et avoient priz le mache dusergent à mache de noz prédécesseurs et de nous; Et avoyentdéfendu à brasser godale; Et avoyent priz mesures pour faussetées pain des boulengiers comme trop petit ; Et avoient osté

seconde feuille portant un autre texte dont diverses phrases sont encorelisibles : « Vidimus pour Monsr de Canny à cause de la sentence contre« le Sr Dernanville dis le besgues — Pour ung prisonnier prins devant« la ville de Noyon. . . . XXXVI' — etc. . . . »

(1) En marge est écrit: Desbats et motifs.

— 745 —

estachons qui paravant le quinzaine avoient esté miz par le licenceet auctorité de nos prédécesseurs et de nous et de noz genz; Etavoient durant le qninzaine donné licence et auctorité de fichieren le cauchie et lever hayons et estachons. Et nous sires de Caunydisiens et mainteniens que nous teniens et tenons en une foi ethommage de monsr de Noyon à cause de son éveschie le terrede Varennes et de Babuef et le justice de Noyon durant chascunan le dicte quinzaine, et que à cause a noz prédécesseurset à nous, à cause du dit fié et hommage, avoir appartenu etappartenoient chascun an durant le dicte quinzaine en le dicteville de Noyon et en le commune, toute le iustice et seignouriehaute moyenne et basse, seul et pour le tout, autele comme nozprédécesseurs et nous avons eu et avons à Varennes, à Babuefet en toutes les parties du dit fié et que messires de Noyon etses prédécesseurs, à cause de leur éveschie, ont exercé et exer-cent en le dicte ville et commune de Noyon hors de la dictequinzaine, et que loisablement et sanz excéder noz prédéces-seurs et nous avions fait les esploiz dessus diz ; Et que tant parle dit monsr de Noyon comme par ses prédécesseurs avoientesté amis à nous Sire de Cauny et noz prédécesseurs empes-chemens indeuz es esploiz dessus diz et en chiaux qui ensuient :Est assavoir, Premiers, sur che que nous aviens priz et empri-sonné Jehan de laigny lors barbier et demourant à Noyon pourcertain maléfice fait et perpeté en le dicte ville de Noyon,durant le quinzaine, ens avoir bastu un homme et bouté duneloge à terre, les genz de monsr de Noyon pour le temps disansque on fait avoir péril de mort et estoit murdres et défaitappense ostèrent le dit Jehan de laigny hors de noz prisons,et après en firent tele délivranche les genz dudit monsr

levesque pour le temps comme il leur pleust ; Et sur che quedurant le quinzaine nos genz gardans nostre iustiche avoientpris un faux flourin que uns s'efforçoient de vendre au cangeCristien lemerchier, les gens de monseigneur levesque avoientpriz le dit flourin et emporté en disant que à monseigneur deNoyon appartenoit la cognoissance et la confiscation et liespaves du dit flourin ; Et sur che que en certain temps passé,durant le quinzaine, messire de Noyon pour le temps weillansfaire procession pour le Roy. nostre seigneur loys duc de

— 75 —

normandye, avoit fait défendre par son bailly que nulz nevenst ou meist en vente quelconque marchandise iucquesaprès la procession ; Et en che que li bailly de Noyon pour letemps sestoit efforciez de retenir le court et le cognoissance oupalaiz monseigneur de Noyon dun fié tenu de nous seigneur deCauny à cause de nostre fié de Varennes et de la quele causenous avions requiz le retour ; Et en che que en certaine hostisetenue de nous sires de Cauny aviens recheu à Noyon le déportet délaissement dune cause meue en nostre court à Varennesen cas de retrait pour un certain fié tenu de nous à cause denostre dit fié de Varennes; Et en che que messires de Noyonet si devanchier avoient miz empeschement que durant le dictequinzaine nous eussions un seul sergent qui peust faire arrezet non plus ; Et en che que durant le dicte quinzaine lan miltroiz cenz cinquante cinq li bailliz de Noyon avoit fait prendreun baston ferré que li bailliz disoit mache, que portoit lorsJehan de Carmes de par nous seigneur de Cauny, et par deuxcommissions données par le dit bailli de Noyon tant pour checomme pour messire Pierres de Bericourt sestoit portez lieute-nant du bailly pour nous seigneur de Cauny, sur les quelz deuxcaz procès pent en Parlement en cas dapel ; Et nous Evesquesdisiens et mainteniens les esploiz et empeschemens dessus dizfaiz par nous et noz devanchiers avoir esté et estre faiz bien etdeuement, veue le justiche, seignourie et souveraineté que nousavons en le ville et commune de Noyon et sur le fié que li dizsires de Cauny tient de nous à cause de la dicte éveschie ;Item comme débaz et descors feussent meu et espéré à mouvoirentre nous parties dessus dictes pour autres causes non tou-chans le dicte justiche de le quinzaine, Est assavoir : pourcause de branches cheues dun arbre séant ou grant cheminentre Pontoise et le ville de Cus, et pour certain boz coppé oudit chemin, et que nous parties dessus dictes disiens à nousappartenir les branches, le boz et le iustiche ou dit chemin ;Et pour cause de branches cheues d'un autre arbre séant ougrant chemin par lequel on va de Noyon à Chauny assez prezde le croiz appelée le croix messire le flamenc ; Et pour ce queles genz de nous sires de Cauny avoient priz les sergens duprevost de Noyon trouvez portans verges en nostre ville et

— 76 —

iustice de Mollaincourt, pour lequele prise nous Evesquesaviens fait à nostre gardien complainte en cas de nouveleté etpour lopposition procès pent en parlement ; Et pour cause dele souveraineté et gouvernement de lostel dieu de Pontoise, etde mettre et instituer maistre ou dit hostel. Sachent tuit quenous, parties dessus dictes, eue grant et meure délibération parnoz bons et féaulz conseilliers pour bien de pais et pour leproufit de chascune partie et enquise à noz pooirs la véritésur les débaz dessus diz, sommes venuz à pais et à accort en lamanière qui ensuit, de lauttorité et par la grace que li Roysnostre Seigneur nous a faite en ceste partie, duquel la tempo-ralité de leveschie est tenue en Conté et en Pairie, si comme ilappert par ses lettres dont la teneur sensuit : Johannes (1)Dei gratia francorum rex, universis presentes litteras inspec-turis salutem. Notum facimus quod nos ad supplicationemdilectorum et fidelium nostrorum Episcopi noviomensis etRadulphi flamengi domini de Cauniaco militis, significantiumquamdam causam appellationis emisse per dictum militera adParlamentum nostrum parisiis contra Episcopum predictum,et a baillivo ipsius Episcopi et curia sua in ipso Parlamentonostro motam fuisse, et in ea tantum processum inter partesfuisse quod declaratum exstitit per arrestum ipsas partes infactis contrariis esse, de et super quaquid causa partes predictetractare componereque et pacificare proponunt, nostra superhoc obtenta licencia, qua a pena inde nobis debita vel debendasint immunes ut dicunt, ipsis partibus licenciam huius modipacificandi et componendi in et de causa predicta sine emendaquacumque inde prestantes nobis dedimus concessimus damuset concedimus per presentes de gratia speciali dantes inmandatis dilectis et fidelibus Gentibus Parlementi nostripredicti ceterisque iusticiariis nostris, prout ad eos pertinuerit,quatenus huiusmodi gracia et concessione partes predictas etipsarum quamlibet uti et gaudere faciant et permittant, nichilin contrarium faciendo vel fieri ab aliquo permittendo. Datumin monte leyrico septima die novembris anno Domini mille-simo trecentesimo quinquagesimo sexto.

(1) En marge est écrit : Permission du Roy pour transiger. — Datte desdites lettres du Roy : VII novembre 1356.

— 77 —

Premiers (1), accordé est que chascun an durant le dictequinzaine nous Evesques de Noyon et noz successeurs perpé-tuelment et à touziourz arons à cause de le dicte Eveschieseul et pour le tout toute le iustiche et seignourie en cas derapt de murdre et darsin et tout che qui sen dépent et puetdépendre diceulz, aussi arons le ressort et souveraineté surle dit seigneur de Cauny et sur ses gens comme devant;estant pour user des troiz cas dessus diz, comme pour userdu ressort et de le souveraineté, li offices du bailly et dusergent à mache de nous et noz successeurs Evesques deNoyon ne cesseront mie le dicte quinzaine durant, maisdemourront et pourront user de leurs offices et porteront limachiez qui est à présent, et li autre successeur du machierle mache comme en autre temps hors de le dicte quinzaine.Et pour ce que fraude ne soit commise en imposant volentérapt murdre ou arsin, li bailliz de Noyon et li sergent à machequi sont et qui ou temps avenir institué seront, feront serementà nous Evesques de Noyon ou à noz successeurs que il necommettront fraude ou mal en yceulx cas ou préiudice denous seigneurs de Cauny et de noz successeurs, et ne impo-seront aucun d'yceulz caz a aucune personne hors présentmeffait, se ce nest par bonne et deue information précédent.Item toutes cryées et subhastations regardans et touchans lestroiz cas dessus diz et les ventes et exécutions des fiez tenuzde leveschiet, souz moyen desquels, exécutions seront acquisesà nous Evesques de Noyon et à noz successeurs et pourront estreet seront faites durant le dicte quinzaine par le baillyde Noyon. Item, généralement toute lautre iustiche et sei-gnourie en quelconques caz civilz et criminelz, cryées etsubhastations et tout che qui se dépend et puet dépendre, etli espaves demourront perpétuelment et à touz jours à noussire de Cauny, à noz hoirs et à noz successeurs, et pourronsavoir et aurons autel, nombre de sergens faisans arrez commea messire de Noyon hors de le dicte quinzaine, sauf que noussires de Cauny et noz successeurs ne pourront défendre lebrassin à ceulz qui seront fermiers de nous Evesques de

(1) En marge est écrit : Accords. — Datte de la Transaction,

— 78 —

Noyon et de noz successeurs, maiz nous sires de Cauny etnoz successeurs pourront punir les diz fermiers se il meffonten leur brassin ou en autre manière ; et sauf à nous et ànoz successeurs évesques de Noyon que les hayons ouestachons mis par nous et noz successeurs ou par le baillyde Noyon sanz fraude et en bonne foy de chascun ou avantle dicte quinzaine demourront durant le quinzaine sanz ceque nous sires de Cauny et noz successeurs ou noz genz lespuissions oster se notablement il ne faisoient empeschementaus huisseries ou [...reries] ou aus autres marcheans. Item pource que nous sires de Cauny teniens que en délaissant lestroiz caz de rapt, de meurdre et darsin, noz fiez estoient et noussambloient aminnez ou enlaidiz, Nous Evesques en considéra-tion de ce et pour embelir le fié du dit seigneur de Caunyet noz successeurs évesques de Noyon, nous cesserons doresen avant à touz jours de la chace que nous avons eue iucquesà ore à cause de nostre dict Eveschie es boz de Louvetainappartenans au dict seigneur de Cauny, laquele chace nousavons remise et délaissié et remettons et délaissons du toutet à ses hoirs au proufit de son dit fié et à touz iours et toutce qui à ladicte chace peut appartenir. Et voulons, gréonset accordons que ou dit chemin de Pontoise depuis le fossequi vient du lieu dict les pendus à le cauchie iucques à lepierre Saint Eloy delez le ville de Cuz, ou quel nous sommesvoyer et y avons le justice à cause de nostre dicte Conté etPairie, le dit sires de Cauny, si hoir et si successeurs pourles maléfices ou dommaiges faiz en leur boz, terres et iustiche,puissent par eulz et leur gens arrester et prendre tant enfresque poursieute comme hors fresque poursiente les malfaic-teurs sanz fraude, et mener yceulz malfaicteurs ès prisonsdu dit seigneur de Cauny et de ses successeurs à Varenneset yceulz punir et corrugier. Et voulons et accordons quese les gens dudit seigneur de Cauny et de ses hoirs et succes-seurs trovoient ou dit chemin quelconques autres malfaicteursmeffaisanz ou chemin, quil les puissent prendre et detenir,sauf que se les gens de nous et de noz successeurs évesquesde Noyon survenoient à le prise, les gens dudit seigneur deCauny et de ses successeurs seroient tenu de rendre et

— 79 —rendroient sanz delay les diz malfaicteurs trouvez en meffaitou chemin et priz pour meffaiz faiz ou chemin. Et se lesgens de nous et de noz successeurs évesques de Noyonne survendent a le prise ou as prises, toutevoies noussires de Cauny noz hoirs et noz successeurs et noz gens serienset serons tenu signifier à monseigneur de Noyon, ses succes-seurs ou à leur gens en bonne foi le plus tôt que bonnementpourront et de rendre à eulz les prises et les prisonniers sanzdifficulté ; et ne pourront noz dictes gens prendre les sergensou les serviteurs dudit seigneur de Cauny ou dit chemin pourmaléfice, se il ne sont priz en présent délict et en présentmefïait ; et pareillement se les gens de nous et de noz succes-seurs évesques de Noyon trouvoient ou dit chemin personnesqui eussent mefïait ou porté dommage es boz, es terres et enle iustiche du dit seigneur de Cauny et les prendroient, ilseroient tenu de rendre et de signifier, et les rendroient au ditseigneur de Cauny et ses successeurs ou a leur gens en bonnefoy et sanz difficulté ; et de ce faire seront les sergens de nousparties dessuz dictes et de noz successeurs tenu a faire etferont serement, est assavoir li sergent de Varennes à monsei-gneur de Noyon et à ses successeurs, et li sergent de Carlepontau seigneur de Varennes et à ses successeurs. Et aussi pource que li hostelz Dieu de Pontoise est assiz en le iustice etseignourie temporales du dict seigneur de Cauny en son dit fié,li gouvernement et li administrations demourra au dit seigneurde Cauny et à ses successeurs, sauf que li maistres seraprésentez à nous et à noz successeurs évesques de Noyon, ànoz vicaires ou à noz genz et nous confermerons ou looronsles personnes présentées. Quant aux branches cheues de larbreséant prez le croiz messire Raoul Flamen ou lez deversVarennes, li esploiz et tout che qui en est avenu sera ainsi quese onques ne feust escheuz ou avenuz sanz porter preiudice àlune partie ou à lautre ou temps avenir. Et par voie pareilledune prise faite à Mollaincourt par robert chalot des sergensdu dit Eveschie, de la quele sestoit doluz le procureur du ditEveschie en cas de nouveleté au gardien de leveschie de nousRaoul dessus dit comme dessuz. Et parmi les choses dessusdictes nous parties dessuz dictes voulons et accordons que tous

— 80 —

les esploiz, complaintes, commissions et procès quelconquesfaiz ou entretenuz pour les choses dessuz dictes ou aucunesdycelles soient tenues et réputées et les tenons et réputonspour non faites et non avenues; Et promettons loyaument eten bonne foi, c'est assavoir nous Evesques pour nous et nozsuccesseurs evesques de Noyon, Et nous Sires de Cauny pournous et noz successeurs ou dit fié, à tenir garder et remplirdores en avant perpétuelement et à touz iours toutes les chosescontenues en laccort dessuz dict et chascune dycelles, Etconsentons nous parties dessuz dictes estre condempnées parle Roy nostre seigneur ou par sa court à tenir et garder ceprésent accort; Et nous sires de Cauny renonchons autant ànostre dict appel et à ce qui sen est ensuy parmy laccort dessuzdict. En tesmoignage des queles choses nous Evesques et nousRaoulz flamens chevaliers dessus dictz, avons miz noz seaulz àces présentes lettres faites lan de grâce mil troiz cens cinquantesix le vint huitième iour de novembre. Quibus quidem litteriscurie nostre ut predicitur traditis, Ipsa Curia partes predictaset earum quamlibet ad omnia et singula in suprascriptis litteriscontenta, tenenda, complenda et ad firmiter et ad inviolabiliterobservandam requestam et de consensu procuratorum ipsarumpartium nominibus quibus supra per arrestum condempnavit, etea ut arrestum eiusdem curie et executionem emandaretvoluit et precepit. Tenor vero dictarum nostrarum litterarumsequitur sub hiis verbis : Johannes D. G. F. R. . . . etc. ( mêmetexte que ci-dessus p. 75).. In cujus rei testimonium sigillum[camerarii.., parvi] in absentia magni est appensum. Datum(1)parisius in Parlamento nostro, de consensu Eblonis Seguinidicti Episcopi et Johannis Croleboiz dicti Domini de Caunyprocuratorum, XIIIa die februarii, anno Domini millesimoCCC° quinquagesimo sexto. — Archives Nationales M. 405:Original, parchin in f, scels absents.

En marge est écrit: Datte de l'arrest d'omologation.