année 1 n°2 avril 2017 -...

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Un appui venu du monde associatif 1 Vous prendrez bien un café ? 1 Infos du CAPE 1 Introduction de Daniel COMTE 2 Parole donnée à l’association Culture et Progrès 2-3 Les échanges 3-4 Retour des trois observatrices 5 Les infos du CAPE 5 Compléments 6 Dans ce p’tit grain : Le p’tit grain Un appui venu du monde associatif Le 3ème café de l’éducation organisé par le CRAP en partenariat avec CANOPE et DJSCS s’est tenu ce mercredi 12 avril dans les locaux de Canopé. Notre café a réuni 13 participants dont 4 qui s’étaient pré-inscrits, plus exactement 9 que nous avons eu le plaisir d’accueillir hors pré-inscription. Une des participantes est repartie en cours de débat. Deux autres personnes se sont présentées à l’accueil, ont demandé si Philippe MEIRIEU était présent et la réponse ayant été négative, ne se sont pas installées parmi nous. Notre collaboratrice et co- animatrice Alexandra MAURER étant retenue par une formation à l’ESPE du Tampon, j’ai assuré seul l’animation.. Après le café d’accueil et les remerciements d’usage, j’ai rappelé le fonctionnement du dispositif et le cadre d’observation « à la De Péretti » qui avait été très apprécié lors du premier café et que je souhaitais poursuivre ce jour et lors des prochains cafés : - Un-e observateur-trice des notions abordées - Un-e observateur-trice de l’éthique - Un gestionnaire du temps J’ai rappelé le rôle des animateurs : - La distribution de la parole, le plus équitablement possible (sous l’œil de l’observateur d’éthique) - La reformulation et de temps en temps le déplacement du questionnement vers de nouveaux champs (ce qui alimente l’observateur des notions abordées). Les infos du 3 ème café de l’éducation CRAP-CANOPE à la Réunion COMMENT FAIRE SEXPRIMER LES JEUNES DANS ET HORS DE LÉCOLE ? Année 1 n°2 Avril 2017 Le café de l’éducation de Saint-Denis de la Réunion proposé le 2ème mercredi de chaque mois par le CRAPCahiers pédagogiques et CANOPE de la Réunion est un des nombreux ateliers que ce dernier a mis en place. La café est ouvert à toute personne intéressée par les questions de l’éducation. Pré-inscription conseillée sur le site de CANOPE. Toutes les informations sur le prochain café en page 5 C’est le Collectif des Associations Partenaires de l’Ecole qui existe au niveau national. Qu’elles soient association complémentaire de l’École, mouvement pédagogique, mouvement d’éducation populaire, parfois les deux ou les trois en même temps, elles situent leur action avec, dans et autour de l’École. Outre le CRAP (Cercle de Recherche et d’Action Pédagogique) se trouvent à la Réunion : La Ligue de l’Enseignement Les CEMEA (Centres d’Entraînement aux Méthodes d’Education Active) L’ICEM Freinet (Institut Coopératif de l’Ecole Moderne et d’autres associations qui se manifesteront pour nous permettre d’actualiser notre rubrique CAPE avec notamment quelques informations de ce collectif. Quelques infos du réseau en page 5 Vous connaissez le ? Vous prendrez bien un ?

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Page 1: Année 1 n°2 Avril 2017 - ac-reunion.frlycee-pierre-lagourgue.ac-reunion.fr/wp-content/uploads/sites/146/20… · Un appui venu du monde associatif 1 Vous prendrez bien un café

Un appui venu du monde associatif

1

Vous prendrez bien un café ?

1

Infos du CAPE 1

Introduction de Daniel COMTE

2

Parole donnée à l’association Culture et Progrès

2-3

Les échanges 3-4

Retour des trois observatrices

5

Les infos du CAPE 5

Compléments 6

Dans ce p’tit grain :

Le p’tit grain

Un appui venu du monde

associatif

Le 3ème café de l’éducation

organisé par le CRAP en

partenariat avec CANOPE et

DJSCS s’est tenu ce mercredi 12

avril dans les locaux de Canopé.

Notre café a réuni 13

participants dont 4 qui s’étaient

pré-inscrits, plus exactement 9

que nous avons eu le plaisir

d’accueillir hors pré-inscription.

Une des participantes est

repartie en cours de débat. Deux

autres personnes se sont

présentées à l’accueil, ont

demandé si Philippe MEIRIEU

était présent et la réponse ayant

été négative, ne se sont pas

installées parmi nous.

Notre collaboratrice et co-

animatrice Alexandra

MAURER étant

retenue par une

formation à l’ESPE du

Tampon, j’ai assuré

seul l’animation..

Après le café d’accueil

et les remerciements

d’usage, j’ai rappelé le

fonctionnement du

d i s p o s i t i f e t l e c ad r e

d’observation « à la De Péretti »

qui avait été très apprécié lors du

premier café et que je souhaitais

poursuivre ce jour et lors des

prochains cafés :

- Un-e observateur-trice des

notions abordées

- Un-e observateur-trice de

l’éthique

- Un gestionnaire du temps

J’ai rappelé le rôle des

animateurs :

- La distribution de la parole, le

plus équitablement possible

(sous l’œil de l’observateur

d’éthique)

- La reformulation et de temps

en temps le déplacement du

questionnement vers de

nouveaux champs (ce qui

alimente l’observateur des

notions abordées).

Les infos du 3ème café de l’éducation CRAP-CANOPE à la Réunion COMMENT FAIRE S’EXPRIMER LES JEUNES DANS ET HORS DE L’ÉCOLE ?

Année 1 n°2 Avril 2017

Le café de l’éducation de

Saint-Denis de la Réunion

proposé le 2ème mercredi de

chaque mois par le CRAP—

Cahiers pédagogiques et

CANOPE de la Réunion est un

des nombreux ateliers que ce

dernier a mis en place.

La café est ouvert à toute

personne intéressée par les

questions de l’éducation.

Pré-inscription conseillée sur le

site de CANOPE.

Toutes les informations sur le

prochain café en page 5

C’est le Collectif des Associations Partenaires de l’Ecole qui

existe au niveau national.

Qu’elles soient association complémentaire de l’École,

mouvement pédagogique, mouvement d’éducation

populaire, parfois les deux ou les trois en même temps, elles

situent leur action avec, dans et autour de l’École.

Outre

le CRAP (Cercle de Recherche et d’Action Pédagogique)

se trouvent à la Réunion :

La Ligue de l’Enseignement

Les CEMEA (Centres d’Entraînement aux Méthodes

d’Education Active)

L’ICEM Freinet (Institut Coopératif de l’Ecole Moderne

et d’autres associations qui se manifesteront pour nous

permettre d’actualiser notre rubrique CAPE avec

notamment quelques informations de ce collectif.

Quelques infos du réseau en page 5

Vous connaissez le ? Vous prendrez

bien un ?

Page 2: Année 1 n°2 Avril 2017 - ac-reunion.frlycee-pierre-lagourgue.ac-reunion.fr/wp-content/uploads/sites/146/20… · Un appui venu du monde associatif 1 Vous prendrez bien un café

La première formulation de la problématique de ce café était limitée à la parole et nous avions à l’esprit quelques exemples éloquents où faire surgir la parole est un moyen de limiter les actes de violence. Le bons sens populaire dit que celui qui n’a pas les mots pour le dire a toujours les poings.

Mais très vite, il nous est apparu que la parole n’était que la partie émergée de l’iceberg des expressions.

Remémorons nous le mime Marceau s’exprimant sans mots devant un auditoire captif : il n’y a pas plus éloquent que cette absence de parole.

Aussi allons-nous ouvrir le débat à toutes les formes d’expression des jeunes.

Pour nous recentrer sur un sujet aussi large, nous avons été contraints d’éluder deux questions que vous avez toutes et tous dû vous poser :

- D’abord le pourquoi ? Pourquoi faire s’exprimer les jeunes.

Si j’ai ouvert une piste de réponse en évoquant une des conséquences qui serait la diminution de la violence, il en reste beaucoup d’autres autour du bien-être, du plaisir et de ces 3ème et 4ème «é» de cette Ecole Educatrice, Emancipatrice et Epanouissante, cette 4é qui a été ce que nous avons esquissé comme horizon à ces

cafés de l’éducation. Je vous renvoie à l’article paru dans le numéro de mars avril des Cahiers pédagogiques.

- Autre question éludée dans ce débat à venir : le « faire » dans faire s’exprimer.

Les jeunes ont-ils besoin qu’on les fasse s’exprimer ? Ne peuvent-ils s’exprimer sans nous ?

A l’évidence, c’est bien sûr qu’ils sont capables d’expression par eux-mêmes ; il

suffit de penser à tous ces spectacles musicaux ou de hip-hop où les adultes ont assez peu à dire.

Alors pourquoi ce faire dans la question de départ ?

Le « faire s’exprimer », c’est seulement notre action d’éducateur, que nous soyons parents, acteurs assoc iatifs ou professionnels de l’éducation. Nous leur offrons un cadre, notre regard, notre bienveillance j’espère et nos compétences certainement.

Pour lancer le débat, nous allons donc avoir deux points d’appui qui mettent en exergue des outils ou des dispositifs reconnus pour faciliter les expressions des jeunes.

Les premiers sont dans le champ de l’Ecole ; il s’agit d’une courte vidéo filmée dans une école REP+ de la banlieue montpelliéraine. Dans une classe du 1er degré, vous verrez fonctionner la pratique du Débat Philosophique à Visée Educative.

Le deuxième dispositif sera présenté par Guillaine et Annick, de l’association Culture et Progrès, qui mettent en avant un travail conduit en partenariat avec la Cité des Arts à partir d’un outil extrêmement intéressant : le théâtre forum.

Vous serez bien sûr tout à fait libres d’ouvrir les échanges à d’autres formes d’expression si elles sont au s e r v i c e d e l ’ Ed u ca t i o n , d e l ’ E m a n c i p a t i o n e t d e l’Epanouissement du jeune.

Je terminerai cette introduction en situant nos interrogations dans le cadre de cette société du 21ème siècle où les avancées technologiques permettent de multiples formes de communication dont sont friands les jeunes :

- Qu’en faisons-nous, parents, éducateurs pour faire de nos jeunes les citoyens responsables de la société de demain ?

- Est-ce une chasse gardée, une bulle d’évasion pour nos jeunes ?

Voyez, les sujets à creuser pour nos échanges à venir ne manqueront pas.

Mais commençons par la 1ère vidéo.

Page 2 Le p ’ t i t grain Année 1 n°2

L’intervention de Daniel COMTE, Cahiers Pédagogiques

Parole donnée à Guillaine et Annick de l’association Culture et Progrès

Il s’agit d’un extrait de 6 minutes d’une discussion à visée philosophique (DVP) dans la classe de Sylvain CONNAC professeur des écoles dans une école élémentaire de la banlieue nord de Montpellier. A l’école Balard, l’innovation pédagogique est un axe majeur du projet de l’établissement au service des élèves de ce quartier prioritaire de La Paillade à Montpellier. La classe que l’on voit à l’écran est une classe coopérative, multi niveaux, du CP au CM2.

Sur la forme, on remarque l’institutionnalisation de la DVP avec

des rôles attribués à plusieurs élèves : le président de séance, un

distributeur de parole, un reformulateur, un synthétiseur …. Le

président, Yassine, 10 ans en CM2, annonce les règles : « on ne

se moque pas, on écoute celui qui parle et les gêneurs au bout de

trois fois seront exclus ».

Il lance un tour de table qui s’ouvre par l’enseignant.

Sylvain C. annonce le thème de la discussion du jour « Qu’est-ce

qu’une insulte ? » et fait rappeler les exigences de la DVP :

définir, poser des questions, ne pas répéter ce qui a déjà été dit

… L’écoute est optimale, chacun attend son tour pour

s’exprimer.

Sur le fond, des temps se succèdent où le sent des mots est

interrogé, des définitions proposées. Des exemples donnés. Les

reformulations permettent de clore une partie et d’entrer dans

une autre en élargissant à partir de questions d’élèves. Une

synthèse finale permet à chacun d’avoir une idée claire autant de

ce qui a été défini que rejeté et, en l’occurrence, de mesures à

prendre pour éviter d’user d’insultes.

Annick s’appuie sur un diaporama

pour présenter l’association dont

quelques éléments sont rapportés ci-

après :

Premier élément mis en avant :

des valeurs et des principes

Deuxième entrée : 4 axes porteurs

pour les actions développées :

La parole n’est que la partie

émergée de l’iceberg des expressions

3-culture et éthique :

Valorisation du patrimoine culturel ET naturel

de l’île en développant la bienveillance et

l’altérité

2-social :

Favoriser la mixité sociale,

développer une démarche

d’éducation à la citoyenneté

et au vivre ensemble

1-écologique :

Projets EEDD innovants, promotion d’une conscience

écologique, sensibilisation à l’écocitoyenneté, prise de conscience

de la relation entre besoins physiologiques et appauvrissement

des ressources

4-éducatif :

Favoriser toute initiative de projets éducatifs

et pédagogiques de qualité afin de

rendre les apprenants autonomes.

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Page 3 Le p ’ t i t grain Année 1 n°2

.Adapter les savoirs au contexte sociétal … … sans oublier la famille

Avant que ne soit lancé le débat, les observateurs se désignent : Isabelle BERTIL pour les Notions Abordées, Catherine LE GUILLOUX

pour l’éthique et Fabienne CUQ pour la gestion du temps.

En 2016 et 2017, quoi de neuf ?

~ Evolution du concept Petits Rangers vers des éco camps colos

à Cilaos et à la Rivière des Remparts

~ Participation à la semaine créole

~ Partenariats avec la direction de la Politique de la Ville de St

Denis (Projets de quartiers PRUNEL)

~ Soutien à la parentalité

~ Ateliers de soutien scolaire

~ Accompagnement des écoles de la Source sur des actions

EEDD

~ Mise en place d’une action Théâtre Forum « Jeunesse-

Education-santé » / conduites à risques chez les adolescents de

quartiers prioritaires

Quelques exemples de projets réalisés

Le projet construit collectivement lors de la journée des

associations du centre ville.

L’organisation du projet s’appuie sur l’élaboration d’une carte

mentale

Théâtre forum

Le théâtre de l’opprimé a été invité à La Réunion pour former des

personnes (ex. Thématique « Violences faites aux femmes ») ; des

partenaires sont associés : la Cité des Arts, Théâtre Grand

Marché. Une formation de 5 jours qui est beaucoup plus qu’un

outil mais une méthode de travail particulière.

Annick lance une vidéo présentant l’action du théâtre forum.

On retiendra :

~ Les objectifs : faire parler des jeunes sur des questions qui

les concernent ; réfléchir ensemble de façon ludique

~ Les moyens : l’expression de comportements asociaux dans un

périmètre sécurisé

~ Les thématiques : les conduites à risques

Le théâtre forum permet de jouer un rôle pour travailler sur les

comportements, de se mettre à la place de l’autre ; c’est une

pratique collaboratrice, un outil d’intelligence collective.

Il n’y a pas de spectateurs mais des « spect-acteurs ».

Dans le théâtre forum, le joker est neutre, il évite que l’acteur ne

sorte de ses gongs ; il n’y a pas de solutions préétablies. La 2ème

partie, c’est l’improvisation.

Le théâtre forum renvoie à l’essence du théâtre : chez les Grecs,

le théâtre se déroulait dans le forum.

Pour en savoir davantage sur le Théâtre Forum une présentation plus approfondie que ce qui a été projeté lors du café ici

Quand on joue un personnage, on se joue

quelque part. C’est une thérapie par la

mise à distance, par l’altérité

Les échanges

1ère question : donnez votre point de vue sur l’utilité des dispositifs présentés

Pour lancer le débat, je souhaiterais que vous me disiez en quoi les outils présentés peuvent faire grandir les jeunes.

Mireille pense que dans tous les cas, hors

ou dans l’école, les outils présentés

proposent un cadre de sécurité. Ils

sécurisent parce qu’ils fixent les limites de

ce qui peut être dit. Ce qui se dit ne sort

pas du cadre de la classe (confidentialité).

Elle confirme, ce qui

n’est pas visible dans la

vidéo, qu’un écrit restitue

l a d i s c u s s i o n

philosophique. Elle

reconnaît que, le public

étant fortement défavorisée (95 % dans

cette école de La Paillade ), il y a un risque

face aux croyances de la famille ; ce qui est

discuté à l’école peut être à contresens des

pensées familiales.

Annick précise que le théâtre forum doit

émerger sur quelque chose dans

l’interaction avec les acteurs et elle

convient que certaines choses ne sont pas

entendables dans certains cultures.

Fabienne (de Culture et Progrès) indique

qu’en ne faisant qu’un seul et même

groupe, on réduit au même niveau pour

renforcement philosophique en disant que

cela fait écho à ce

qu’écrit Paul Ricoeur

qui situe le «soi-même

comme un autre» : il y

a deux faces dit-il dans

l’identité : l’identité-

mêmeté et l’identité–

ipséité, c’est là qu’on

se déplace pour être

un autre soi-même.

Guillaine prend

l’exemple du théâtre

forum mis en place au

collège Bourbon sur la thématique du

s e x i s m e . C ’ e s t u n e e s p a c e

d’expérimentation, dit-elle, un laboratoire

où on interagit : le jeune, en opposition

dans le public, se retrouvant en situation

sur scène, est en butée, en difficulté par

rapport à ce qu’il avait prévu de dire. C’est

donc un espace qui lui est donné pour

s’entraîner, ouvrir le champ des

possibles.

faciliter l’expression.

Catherine est convaincue que le théâtre

forum développe l’empathie : « je joue ce

qu’on me demande de jouer, je suis un

personnage » et donc cela aide à grandir.

Patrick ne croit pas à la sécurité complète,

il y a

toujours

des fuites.

Pour

autant il

faut que le

jeune se sente en sécurité, dit-il. La valeur

de la parole est la même pour tous : c’est là

aussi un cadre sécurisant. La non-parole

est également importante, le spectateur

observateur non participant exprime

beaucoup. D’où l’importance de regarder

ce qui se passe dans le public.

Catherine poursuit la notion du jeu de

personnage : « Quand on joue un

personnage, on se joue quelque part. »

Pour elle, c’est une thérapie par la mise à

distance, par l’altérité.

Daniel (animateur) apporte un

Quand on joue un personnage, on se

joue quelque part. C’est une thérapie

par la mise à distance, par l’altérité

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Les échanges (suite)

Page 4 Le p ’ t i t gra in Année 1 n°2 Avr i l 2017

Les échanges (suite)

Page 4 Le p ’ t i t grain Année 1 n°2

à l’Hôtel de ville : à l’entrée à l’école

maternelle, un enfant maîtrise de 180 mots

à 2000 ou 3000 mots selon qu’il est issu

d’un milieu où le code de langage restreint

ou élaboré est en usage. (cf. B.

BERNSTEIN)

Mireille précise le fonctionnement de

l’école Balard qui montre dans la vidéo un

des dispositifs innovants. Pendant six ans

le débat philosophique, appuyé par

Michel TOZZI, se déroule en

simultané dans cinq classes de

l ’école. L’enseignant est un

animateur sans prise de position. Le

débat philosophique est devenu au

cours des six années la Discussion à

V i s é e s D é m o c r a t i q u e e t

Philosophique (donc DVDP).

Guillaine renforce le message sur

l’importance du champ lexical : le sens des

mots valeurs, respect ; il faut un champ

commun de compréhension.

A Dominique qui lui demande si les

jeunes peuvent s’exprimer en créole, elle

répond que le créole est la langue des

émotions ; donc on ne freine pas. Chacun

s’expose.

Dominique note que la langue

créole est une question à laquelle

elle est confrontée en tant

qu’enseignante.

Patrick nuance l’aspect émotion

de cette langue : est-ce émotionnel

ou politique ? demande-t-il. Il y a

des utilisations stratégiques du créole.

Serge fait un lien avec le premier outil qui

était présenté : la discussion

philosophique. Il reconnaît avoir été

surpris par la maîtrise de mots, tels

«reformulation», dans la bouche de jeunes

écoliers de milieux défavorisés. Cela

ressort du code élaboré de langage.

Daniel (animateur) indique que Serge

rappelle les propos de Philippe MEIRIEU,

dans la conférence qu’il a donnée la veille

s’exprime, sort ce qu’il a sur le

cœur. Dès le jour même, tout se

passe mieux en classe avec cet

élève. Analyse de F. Imbert :

l’attente de l’enseignante remplissait

le vide dans lequel elle espérait très

fortement l’inscription de cet élève

et où il ne pouvait donc pas entrer.

Annick demande ce qu’on met dans les mots : quel champ lexical ?

Isabelle rappelle qu’il faut bien être conscient que donner la parole,

c’est avoir un pouvoir. Il faut apprendre aux jeunes à prendre la

parole.

Annick acquiesce et dit qu’il

faut laisser l’espace pour que la

parole soit prise.

Daniel apporte un nouveau

complément : « ce qui est dit est

extrêmement important et a été

étudié par Francis Imbert ;

c’est un psycho-sociologue qui

a travaillé sur les « quoi de neuf », ces temps d’échanges mis en place

dans le 1er degré. Il raconte le cas d’une enseignante qui a dans sa

classe un enfant-bolide (il définit ces enfants comme incapables de se

cadrer, de se discipliner tant ils sont chargés de problèmes et

questionnements internes). Elle attend chaque semaine qu’il vienne

s’exprimer dans son « quoi de neuf » hebdomadaire et jamais il ne s’y

inscrit. Un jour il s’inscrit dans le quoi de neuf de la classe voisine,

Complément / Francis Imbert

Enseignant-chercheur en sciences de l'éducation. Agrégé de

philosophie. Maitre de conférences à l'Institut universitaire

de formation des maîtres de Créteil, et psychanalyste,

fondateur en Seine-Saint-Denis du Groupe de recherche en

pédagogie institutionnelle (GRPI).

L’ouvrage cité est : « Médiations, institutions et loi dans la

classe / pratiques de pédagogie institutionnelle » de Francis

Imbert, Groupe de recherche en pédagogie institutionnelle,

Éditions Sociales Françaises – ESF

Un extrait de l’analyse de cet ouvrage en page 6 par Claudine

Blanchard-Laville, Université Paris-

X Nanterre

La parole et la langue

La langue utilisée, que nous dit-elle?

A l’entrée à l’école maternelle, un enfant maî-

trise de 180 mots à 2000 ou 3000 mots selon

qu’il est issu d’un milieu où le code de langage

restreint ou élaboré est en usage.

D’autres formes d’expression que la parole

Utilisez-vous ou connaissez-vous d’autres dispositifs, outils, moyens qui favorisent d’autres formes d’expression des jeunes ?

nuance toutefois en disant que parfois le

sens est perdu dans la sonorité.

Il y a donc un vrai travail à accomplir sur

ce mode

d’expression

qu’est le

slam.

Serge indique plusieurs dispositifs mis en

Isabelle aux CEMEA, organise des

ateliers sur l’expression écrite, le slam, la

poésie, même si le public est illettré.

Patrick qui anime

lui aussi des ateliers

d’écriture est

d’accord sur le

slam comme mode d’expression ; il

place par la JPA (Jeunesse au Plein Air), tel

« Kriké, kraké la Konpani » ou l’édition de

petits livrets dans les centres de loisirs.

Il confirme que la JPA contribue à la lutte

contre l’illettrisme et pense qu’il faut

poursuivre la formation continue des

animateurs qui sont en prise de risque par

rapport à l’écriture des jeunes.

Des animateurs peuvent être en prise de

risque par rapport à l’écriture des jeunes.

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Page 5 Le p ’ t i t gra in Année 1 n°2 Avr i l 2017

La synthèse de l’observatrice des notions abordées par Isabelle

Le retour de l’observatrice de l’éthique du dispositif par Catherine

Catherine n’a relevé aucun manquement à l’éthique de nos débats. Elle retient

une grande bienveillance qui a baigné tous les échanges.

Le retour de la gestionnaire du temps par Fabienne

Fabienne a tenu le temps avec sérieux et

efficacité

Isabelle nous rapporte un cheminement de la réflexion qui

démarre dans la notion de cadre sécurisant apportés

par les outils présentés : la confidentialité, les interactions

entre acteurs pour le théâtre forum, la parole au même niveau,

l’empathie mais aussi la non-parole sont au service de cette

sécurisation.

Le débat s’est orienté ensuite vers l’expérience de

l’altérité : se mettre dans le rôle de l’autre, connaître les

difficultés de la prise de parole se produisent dans un espace

d’expérimentation, un laboratoire pour les expressions.

Un troisième temps d’échanges a creusé la notion de champ

lexical : les mots, la prise de parole et la langue ont

été interrogés. Le champ lexical est facilitateur en ce sens qu’il

sécurise l’espace ; encore faut-il que la parole soit prise et celui

qui la donne la détenant comme un pouvoir peut, par ses

attentes, empêcher l’expression. Est ensuite posée la question

de la langue utilisée : le créole, langue des émotions mais

également de revendication.

Le volet éducatif est réinvité dans le débat : plus important

que la langue elle-même, ce qui fait grandir, c’est le

code de langage en usage dans la famille ou les lieux

d’éducation. Le développement des modes d’expression est un

outil de lutte contre l’illettrisme.

Enfin, liberté d’expression et risques encourus constituent le dernier temps du débat. Le nécessaire

apprentissage du traitement de l’information, l’éthique des

dispositifs comme garante de la protection du jeune

constituent une base à construire pour éviter les dérives de

l’expression. Plusieurs sont citées lors de cette synthèse : la

colère qui s’exprime, la confiscation de la parole et le risque

d’expression du croire et non du savoir, comme si c’était un

savoir.

Les arts de la rue ont conclu ce retour de l’observatrice en

écho à la parole confisquée : doit on l’entendre comme un

moyen de détour pour l’expression ?

Quand prendrez-vous

votre prochain ?

Page 5 Le p ’ t i t grain Année 1 n°2

Quelques infos des associations du

La Ligue de l’Enseignement a

été le partenaire privilégié de la

ville de Saint Denis et du

Conseil pour la Culture,

l’Education et l’Environnement

(CCEE) dans l’organisation des 1ères Rencontres de

l’Education de l’Océan Indien.

Le CRAJEP, le CRAP - Cahiers Pédagogiques, l’Université et

le Rectorat ont fait partie du Comité de pilotage de cet

événement qui a permis d’accueillir Philippe

MEIRIEU les 13 et 14 avril 2017.

Le n° 536

de mars - avril 2017->

Hors série

numérique ->

"Le numérique de la Société à l'Ecole :

un bien commun à partager ?"

Une introduction inédite pour ce 4ème café de l’année placée sous le signe de la connexion

Le numérique abordé, de la Société vers l’Ecole, sous différents angles qui répondront aux profils dégagés lors de la mise en situation des premières minutes

Les dernières parutions

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Page 6 Le p ’ t i t grain Année 1 n°2

L’ouvrage de Francis Imbert (cf note de bas de page, p.5) et plus

globalement le travail qu’il conduit avec le GRPI font

remarquablement écho aux dispositifs présentés puisque le quoi de neuf

est une des institutions de l’école coopérative comme la discussion

philosophique vue en vidéo.

Extrait de la recension de Claudine Blanchard-Laville dans la

Revue française de pédagogie, volume 112, 1995. Didactique des

sciences économiques et sociales. pp. 130-132:

Le livre est entièrement fabriqué à partir de vingt-cinq « petites

histoires », comme Francis Imbert aime à dire, qui se sont

réellement passées dans des vraies classes, avec des vraies

maîtresses qui ont acquis à ses côtés la manière de raconter. Des

micromonographies, rassemblées presque à la queue leu leu,

même si les commentaires interprétatifs entrecoupent les récits,

cela transporte une telle densité de vécu que cela fait force de

preuve. La charge émotionnelle que ces cas rapportés charrient

ne peut nous laisser indifférents. Ces récits que l'on pourrait tous

nommer des « récits de passages » nous transmettent une telle

énergie vivante que l'on arrive à sentir, comme si on les touchait,

des zones restées mortes chez des sujets vivants, à la fois chez les

élèves et chez les maîtresses, en train de s'éveiller, de se dégeler et

de se désenkyster. Cela ne peut manquer de produire un effet

bouleversant chez le lecteur.

Cet « exercice », faire écrire des histoires de cas par les maîtresses

d'école elles-mêmes et les travailler avec elles, Francis Imbert le

conduit avec le Groupe de Recherche en Pédagogie

Institutionnelle pratiquement inchangé depuis 1992. Ces récits

sont travaillés dans le cadre de ce qu'il appelle un atelier de

pédagogie institutionnelle.

Cet ouvrage arrive en particulier à bien nous faire saisir comment

les dispositifs institutionnels mis en place dans la classe se

constituent en supports de médiation, à condition que

l'enseignant se risque, remette sa maîtrise en jeu et assume les

effets d'ouverture, à condition qu'il ne laisse pas la parole

s'engourdir ou devenir une parole captive. Pour que l'institution

finisse par supporter une réalité vivante, l'enseignant doit accepter

de se confronter à l'imprévu, il doit se risquer à tenir la place de

«passeur ».

Pour justifier la nécessité de telles pratiques scolaires, Francis

Imbert estime que le problème prioritaire aujourd'hui pour l'École

est celui de la socialisation des élèves et que la fonction éducative

est passée, en partie, de la famille à l'école. Pour lui, cette

socialisation, qu'il distingue de la moralisation aussi bien que de la

normalisation, suppose « une mise en pratique de la loi », à travers

l'articulation de dispositifs de médiations. Les histoires racontées

dans l'ouvrage nous montrent comment « le face à face quotidien

de l'enseignant avec les élèves peut devenir autre chose qu'un

rapport de forces qui dégénère en violence réciproque ». Ainsi

l'enfant « bolide » pourra apprendre à vivre en société et on

assistera au réveil de Narcisse.

Les quelques pages d'introduction théorique et de conclusion qui

encadrent ces récits me semblent avoir acquis une qualité

didactique certaine, dans le sens où j'ai l'impression que Francis

Imbert a fait l'effort de nous fournir des références éclairantes sur

les notions lacaniennes qu'il utilise dans ses analyses. Il a su

trouver des citations extraites de textes signés par des analystes

lacaniens qui apportent de réelles élucidations sur cette approche

souvent opaque pour le lecteur débutant et qui manifeste ici toute

sa force interprétative.

Le livre est organisé en regroupant les histoires selon une

cohérence thématique.

Dans les commentaires qui accompagnent les récits, le lecteur

verra peut-être son attention attirée par tel ou tel fait, alors que

l'accent est mis sur tout autre chose. Au fond, cela prouve bien

que toute interprétation supporte une part de projection mais que

l'intérêt prédominant ici réside dans le partage du travail

d'élucidation avec les institutrices elles-mêmes dans cet espace de

pensée et d'écriture que Francis Imbert a su imaginer et faire

vivre.

Appuyons-nous sur son exemple pour créer à notre tour des

ateliers-laboratoires favorables à l'émergence d'un espace pour

sentir et pour penser, où la parole puisse être mise au travail et où

une rencontre féconde et vivante puisse s'effectuer entre

chercheurs et enseignants.

Claudine Blanchard-Laville, Université Paris-X Nanterre

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Compléments aux débats

Le rôle du maître dans la discussion philosophique, article

paru dans « Pratiques philosophiques »

par Daniel COMTE : lien

Rapportée ici : la pratique de l’enseignant qui organise des débats

philosophiques en classe de CM1 de la périphérie montpelliéraine. Cet article apporte les éléments d’une pratique de débat

philosophique assez proche (localement et sur le fond) que l’extrait vidéo lors du café n’a pu présenter. Elément intéressan t : cela se

passe le jour où l’inspectrice a répondu à ma demande d’inspection. C’est la première fois qu’elle assiste à un débat philosophique en

école primaire et c’est, je ne le savais pas alors, mon dernier jour d’enseignement, clôture d’une première partie de vie

professionnelle.

Des moments à visée philosophique avec des enfants en ZEP par Sylvain CONNAC (présent sur vidéo) lien

Ce texte présente le travail d'une équipe d'enseignants de l'école élémentaire Antoine Balard de Montpellier. Il tend à présenter la

mise en place et la pratique de discussions à visée philosophique avec des enfants en ZEP. Cette étude est le fruit d'une valorisation

par le service des innovations pédagogiques du MEN, en particulier, sur le Languedoc Roussillon, par la DAFPI. Dans chaque

académie, un tel service existe et se met à disposition des éventuelles équipes qui souhaitent s'engager dans une pratique innovante.

Pour les lecteurs de la version papier du P’tit Grain, voici l’adresse du site ci-dessus :http://pratiquesphilo.free.fr Ensuite recherche / auteurs

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