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1 ANALYSE D’UNE COURBE ENVIRONNEMENTALE DE KUZNETS AXEE SUR LE NIVEAU DE DEVELOPPEMENT Version préliminaire Sabine GARABEDIAN MCF Economie du développement durable CEMOI, Université de La Réunion RESUME : L’hypothèse de l’existence d’une courbe environnementale de Kuznets a été éprouvée depuis les travaux pionniers de Grosmann et Krueger (1995). Cependant, traditionnellement, une telle courbe relie les dommages à l’environnement au niveau de revenu par tête. Or, dans le cadre d’un développement durable, il n’est plus possible de restreindre le développement aux seuls indicateurs de croissance comme le PNB par habitant. L’objectif de cet article est donc d’étudier l’existence d’une courbe environnementale de Kuznets qui lierait les dommages à l’environnement aux niveaux de développement mesuré par l’Indice de Développement Humain (IDH), lequel étend la notion de développement aux « capacités » au sens de Sen (1990). Nous intéressant particulièrement aux enjeux du changement climatique sur les processus de développement, une attention particulière est portée aux émissions de CO2. Cela nous amène à caractériser l’atteinte à l’environnement par la les émissions de CO2. Nous avons souhaité tester l’existence d’une telle courbe dans le cadre d’une soutenabilité faible et forte du développement durable, nous avons donc considéré deux types de dommage : les émissions de CO2 par unité de PIB et les émissions de CO2 par tête. L’analyse menée met en exergue l’existence d’une courbe environnementale de Kuznet correspondant à un principe de soutenabilité faible, en revanche elle ne permet pas de vérifier l’existence d’une telle courbe pour le principe de soutenabilité forte. MOTS-CLES : IDH, soutenabilité, développement durable, émissions de CO2. CLASSIFICATION JEL : O13 ; O11 ; O57

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ANALYSE D’UNE COURBE ENVIRONNEMENTALE DE

KUZNETS AXEE SUR LE NIVEAU DE

DEVELOPPEMENT

Version préliminaire

Sabine GARABEDIAN

MCF Economie du développement durable CEMOI, Université de La Réunion

RESUME : L’hypothèse de l’existence d’une courbe environnementale de Kuznets a été

éprouvée depuis les travaux pionniers de Grosmann et Krueger (1995). Cependant,

traditionnellement, une telle courbe relie les dommages à l’environnement au niveau de revenu

par tête. Or, dans le cadre d’un développement durable, il n’est plus possible de restreindre le

développement aux seuls indicateurs de croissance comme le PNB par habitant. L’objectif de cet

article est donc d’étudier l’existence d’une courbe environnementale de Kuznets qui lierait les

dommages à l’environnement aux niveaux de développement mesuré par l’Indice de

Développement Humain (IDH), lequel étend la notion de développement aux « capacités » au

sens de Sen (1990). Nous intéressant particulièrement aux enjeux du changement climatique sur

les processus de développement, une attention particulière est portée aux émissions de CO2. Cela

nous amène à caractériser l’atteinte à l’environnement par la les émissions de CO2. Nous avons

souhaité tester l’existence d’une telle courbe dans le cadre d’une soutenabilité faible et forte du

développement durable, nous avons donc considéré deux types de dommage : les émissions de

CO2 par unité de PIB et les émissions de CO2 par tête. L’analyse menée met en exergue

l’existence d’une courbe environnementale de Kuznet correspondant à un principe de

soutenabilité faible, en revanche elle ne permet pas de vérifier l’existence d’une telle courbe pour

le principe de soutenabilité forte.

MOTS-CLES : IDH, soutenabilité, développement durable, émissions de CO2.

CLASSIFICATION JEL : O13 ; O11 ; O57

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1. INTRODUCTION

La mesure du niveau de développement et du bien-être d’une économie fait partie aujourd’hui,

plus que jamais, des thèmes de recherche fondamentaux de l’économie du développement qui

s’étend désormais au développement durable. Jusqu’au début des années 1990, les indicateurs

traditionnels de la comptabilité nationale, dont la pierre angulaire est le Produit Intérieur Brut

(PIB), se sont imposés dans le domaine, aussi bien au niveau des gouvernements nationaux, pour

la conduite de la politique économique du pays, qu’au niveau des grandes institutions

internationales, pour la sélection des économies en développement nécessitant une aide

financière. Cependant, le PIB se focalise essentiellement sur la production marchande et se prête

donc davantage à la mesure des économies sous l’angle global de l’offre qu’à celle des niveaux

de vie. Comme le soulignent les rapports Duharcourt (2007) et, très récemment, Stiglitz et al.

(2009), le PIB souffre de multiples imperfections ne lui permettant d’approcher le développement

que de manière très partielle.

Devant l’évidence de telles limites, les initiatives se sont multipliées, afin de proposer des

indicateurs alternatifs de mesure de la richesse de l’économie, en rupture avec le cadre

méthodologique gouvernant la construction du PIB.

D’un côté, avec l’élaboration du nouveau concept de « développement humain » initié par A.

Sen, un ensemble d’indicateurs, dont l’objectif est de replacer l’être humain au centre des débats

sur le développement, voit le jour grâce aux travaux du Programme des Nations-Unies pour le

Développement [PNUD] (PNUD, 1990). Au fil des années, ces travaux vont être affinés pour

déboucher sur ce qu’on appelle aujourd’hui l’« indicateur de développement humain » (PNUD,

2008), ainsi que sur diverses extensions.

D’un autre côté, sous l’impulsion du travail pionnier de Nordhaus et Tobin (1973), du célèbre

rapport Brundtland (CMED, 1987) et des recommandations issues du sommet de Rio de 1992, de

nombreuses propositions se sont intéressées à l’importance du concept de soutenabilité dans le

processus de développement. Ces dernières, issues à la fois du monde académique (Pierce et

Atkinson, 1993 ; Cobb et Cobb, 1994 ; Atkinson et al., 1997 ; Osberg et Sharpe, 1998 ; Nourry,

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2008 ; Pierce et al., 2008) et du milieu institutionnel (l’agence Redefining Progress, la Banque

Mondiale, Global Footprint Network, les Nations-Unies, etc.) tentent de couvrir les trois

dimensions du développement durable telles que définies par la commission Brundtland (1987),

à savoir les volets économique, social et environnemental, tout en s’efforçant de les regrouper

pour obtenir une mesure scalaire unique (l’Indicateur de Bien-Être Economique [IBEE],

l’Indicateur d’Epargne Véritable [IEV], l’Empreinte Ecologique [EE], …).

Parmi les entraves à la soutenabilité du développement, le programme des nations unis pour le

développement insiste fortement sur les incidences en termes de développement du changement

climatique depuis son rapport de 2007/2008 intitulé « la lutte contre le changement climatique :

un impératif de solidarité humaine dans un monde divisé ». En effet, un « développement

classique », qui ne prendrait pas en considération les risques et opportunités découlant du

changement climatique, ne permettra pas de faire face aux Objectifs du millénaire pour le

développement arrêtés au Sommet du millénaire (ONU, 2010). Même si de nombreuses activités

de développement contribuent à réduire la vulnérabilité aux divers effets du changement

climatique, dans certains cas, elles risquent de l’accroître. Par exemple, des plans d’aménagement

des zones côtières qui omettraient de prendre en compte l’élévation du niveau des mers

exposeraient des populations, des industries et des infrastructures de base à des menaces

significatives et risqueraient de ne pas se révéler viables sur le long terme. En outre, les

considérations liées au changement climatique peuvent accroitre l’importance de soutenir des

secteurs tels que l’agriculture, le développement rural et la gestion des ressources en eau.

Les risques suscités par le changement climatique doivent donc être pris en considération

systématiquement dans la planification du développement à tous les niveaux, de manière à y

intégrer des mesures d’adaptation. En effet, les théories du développement supposent l’existence

d’un cercle vertueux étant censé mener de la compétitivité à la protection de l’environnement

laquelle devrait à son tour engendrer de la compétitivité. Or, la vérification d’un tel enchainement

nécessite une évaluation qui passe par la construction d’un indicateur transcrivant non seulement

le niveau de développement atteint mais également la capacité que ce développement perdure

dans le temps. Dépassant le clivage entre mesure du développement et mesure de la soutenabilité,

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nous avons donc construit un Indicateur de Développement Humain Soutenable (IDHS) qui

intègre la dimension soutenable à l’évaluation du développement.

La suite de cet article est organisée de la manière suivante. Dans une deuxième section nous

exposons les impacts du changement climatique sur le développement dans une première partie

afin de mettre en évidence la nécessité d’intégrer des attributs environnementaux dans l’indice de

développement humain que nous présentons dans une seconde partie. Dans une troisième section

nous interrogeons sur la validité du cercle vertueux Compétitivité-Revenu-Environnement (CRE)

sous un principe de soutenabilité forte et faible. Pour cela nous présentons dans une première

partie les deux approches de la soutenabilité qui sous-tendent la théorie du développement

durable, et dans une seconde partie, nous présentons chacune des hypothèses qui sous-tende

l’enchainement de ce cercle CRE. Ainsi à travers l’hypothèse de Porter (1991) sur les stratégies

« win-win » nous pourrons voir comment une forte réglementation environnementale peut

conduire les entreprises à être plus compétitive, et à travers la courbes environnementale de

Kuznets, nous verrons comment une amélioration du revenu par tête engendre une amélioration

de l’environnement. Ces deux aspects font alors émerger deux attributs différents pour rendre

compte de l’impact du développement sur l’environnement en termes de changement climatique :

les émissions de CO2 par unité de PIB et les émissions de CO2 par tête. Ces deux attributs sont

alors intégrer, dans une quatrième section, à l’Indice de Développement Humain pour donner lieu

à l’Indice de Développement Humain Soutenable (IDHS), dont nous présentons, dans une

première partie une méthodologie générale qui permette son extension, et dans une seconde partie

nous étudions les résultats de cet IDHS dans sa forme faible et dans sa forme forte dans le cas

général. Cette étude fait apparaitre des faits stylisées qui sont par la suite appliqué au cas plus

particulier des Petites Economies Insulaires (PEI).

2. Développement et changement climatique

Les objectifs de développement humain ne peuvent plus aujourd’hui être séparés des objectifs de

développement durable. Or, en ce qui concerne le pilier environnemental du développement

durable, la problématique du changement climatique tient une place prépondérante. Le

Programme des Nations Unis pour le Développement (PNUD) parle du changement climatique

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comme « le problème critique du développement humain pour notre génération. Le

développement consiste en fin de compte à accroître le potentiel humain et à étendre notre

liberté. […] Le changement climatique menace d’éroder les libertés humaines et de limiter nos

choix. ». En effet, les répercutions de ce changement ne concernent pas exclusivement des

aspects biophysiques mais elles touchent de façon plus profonde l’organisation mondiale,

notamment le développement social et économique de tous les pays.

2.1. L’impact du changement climatique sur le développement

Depuis plus de quinze ans, le changement climatique s’est imposé comme l’une des

problématiques majeures du siècle à venir. En effet, le changement climatique ferait peser pour

longtemps une menace grave, susceptible de toucher toutes les parties du globe. D’après les

prévisions, le phénomène aura des conséquences infiniment plus lourdes dans les pays en

développement, en particulier dans les pays les moins avancés et dans les petits États insulaires

en développement, ainsi que sur les populations pauvres et vulnérables de ces pays. Sous l’effet

du changement climatique, des manifestations comme les sécheresses, les inondations, les

événements météorologiques extrêmes et l’élévation du niveau des mers risquent de s’aggraver,

entraînant des pénuries alimentaires, une détérioration des infrastructures et une dégradation de

ressources naturelles indispensables à la subsistance de certaines populations. Cela pourrait aussi

remettre en question les acquis du développement obtenus grâce à la coopération et rendre plus

difficile la réalisation des objectifs fixés dans ce domaine, notamment ceux arrêtés au Sommet du

millénaire, les Objectifs du millénaire pour le développement. Il est donc capital de s’adapter aux

incidences du changement climatique. Il ne s’agit pas que d’un problème d’environnement, mais

bien d’une question qui concerne aussi les dimensions économiques et sociales du

développement durable.

Selon la Banque Mondiale (2010), un réchauffement de seulement 2°C par rapport aux

températures de la période préindustrielle, qui est le réchauffement minimum que le monde peut

compter enregistrer, pourrait provoquer des réductions permanente du PIB de 4 à 5% en Afrique

et en Asie du sud. Or, il est peu probable que la croissance économique à elle seule, puisse être

suffisamment rapide ou équitable pour contrer les menaces du changement climatique, en

particulier si elle est gourmande en carbone et accélère le réchauffement de la planète. Il parait

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alors nécessaire de revoir les modes de développement sinon des opportunités seront perdues et

les coûts augmenteront parce que le monde se sera engagé dans un processus à très forte intensité

de carbone et que les températures suivront des trajectoires à la hausse, pour l’essentiel

irréversible. Or, il ne sera toutefois possible de maîtriser le changement climatique que si les pays

riches comme les pays pauvre adoptent des modes de fonctionnement à moindre intensité en gaz

à effet de serre.

En ce qui concerne les petits états insulaire, l’OCDE prévoit que le changement climatique aura

comme incidences que :

- L’agriculture de subsistance et l’agriculture commerciale seront mises en difficulté. Des

effets dommageables sont également attendus sur la pêche.

- Beaucoup d’îles des Caraïbes connaîtront probablement un stress hydrique plus marqué.

Le changement climatique réduira les quantités d’eau douce disponibles et aggravera la

salinisation de ces ressources.

- Selon toute vraisemblance, l’élévation du niveau des mers amplifiera les inondations,

ondes de tempête, érosions et autres risques côtiers, en menaçant des infrastructures,

agglomérations et installations vitales pour les populations insulaires.

- La dégradation de l’état des zones côtières, notamment l’érosion des plages et le

blanchissement corallien, influera vraisemblablement sur les ressources locales.

- D’ici au milieu du siècle, il est à craindre que le changement climatique réduira les

ressources en eau d’un grand nombre de petites îles (des Caraïbes et du Pacifique, par

exemple) à tel point que la demande ne pourra plus être satisfaite pendant les périodes de

faible pluviosité.

- D’ici à 2050, dans le Pacifique, une baisse de 10 % des précipitations moyennes ira

probablement de pair avec une réduction de 20 % de la lentille d’eau douce sous l’atoll de

Tarawa dans les Kiribati.

- Dans un délai de 30 à 50 ans, voire avant, le blanchissement corallien pourrait survenir

une ou deux fois par an.

- D’ici à 2050, faute de mesures d’adaptation, une île élevée telle que Viti Levu, dans

l’archipel des Fidji, pourrait subir des dommages représentant 23 à 52 millions USD par

an (soit 2 à 3 % du PIB affiché par les Îles Fidji en 2002).

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Afin de prendre en compte les risques liés aux impacts de ce changement climatique dans

l’évaluation du développement, il est nécessaire d’avoir à disposition des indicateurs qui reflètent

la soutenabilité des niveaux de développement atteint par les pays. Nous avons donc choisit de

modifier l’indicateur de développement humain pour qu’il retranscrive au-delà du niveau de

développement atteint, la soutenabilité de ce développement aux vus des émissions engendré par

les modes de développement des pays.

2.2. L’indicateur de développement humain

L’introduction de l’indice de développement humain (IDH) par le Programme des Nations Unis

pour le Développement (PNUD) en 1990 a constitué un véritable tournant dans l’évaluation du

développement des pays. La valeur de l’IDH de chaque pays est publiée tous les ans dans le

rapport mondial sur le développement édité par le PNUD. En effet, contrairement à l’éveluation

du niveau de développement par le PIB, l’IDH s’appuis sur la notion de « capabilities » élaborée

par Sen (1983, 1993) qui insiste sur l’importance que l’amélioration du niveau de vie permette

d’une part, la construction de capacités humaine (en terme de santé, de savoir et de compétence)

et d’autre part, l’amélioration des possibilités de conversion de ces capacités acquise en

réalisation concrète (loisir, activité productives, action dans le domaine culturel social et

politique). Selon le rapport de 1990 :

« Le développement humain est un processus qui conduit à l’élargissement

de la gamme des possibilités qui s’offrent à chacun. En principe, elles sont

illimitées et peuvent évoluer avec le temps. Mais quel que soit le stade de

développement, elles impliquent que soient réalisées trois conditions

essentielles : vivre longtemps et en bonne santé, acquérir un savoir et

avoir accès aux ressources nécessaires pour jouir d’un niveau de vie

convenable. Si ces conditions ne sont pas satisfaites, de nombreuses

possibilités restent inaccessibles » (PNUD, 1990, p. 10).

L’objectif de l’IDH est de transcrire ce concept dans un indice global unique qui

permette des comparaisons sur le plan international et inter-temporel.

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L’IDH propose une nouvelle voie pour mesurer le développement qui combine des indicateurs de

longévité, d’éducation et de niveau de vie1 afin de mesurer le développement humain d’un pays.

La longévité s’exprime à travers l’espérance de vie à la naissance qui donne la capacité des

individus à vivre longtemps et en bonne santé. Cette dimension est certainement la plus

importante dans la mesure où elle représente l’amélioration de l’opportunité de vie, considéré à la

fois comme une finalité à proprement dit mais également comme un moyen d’en réaliser d’autres.

L’éducation donne la faculté aux individus d’accroitre leur savoir. C’est à la fois un critère social,

puisqu’il est impossible de prendre part activement à la vie en société sans une base minimale de

connaissances, et un critère économique, l’éducation faisant partie des facteurs fondamentaux de la

croissance économique (Lucas, 1988). Cette dimension est mesurée par une combinaison entre le taux

d’alphabétisation des adultes et le taux brut de scolarisation. Le niveau de vie, enfin, est censé évaluer

l’accès des individus aux ressources économiques nécessaires pour pouvoir bénéficier d’un niveau de

vie décent. Il est approché par le PIB réel par habitant en PPA, ajusté de manière à prendre en compte

les rendements décroissants du revenu sur le développement et le bien-être.

D’un point de vue technique, la construction de l’IDH repose globalement sur deux étapes

(PNUD, 2008). En premier lieu, il s’agit de déterminer un indice dimensionnel pour chacune des

variables présentées ci-dessus. Cet indice de dimension, noté , pour chaque variable (

pour la longévité, pour l’éducation, pour le revenu) et pour un pays donné se déduit

de :

(1)

Pour chaque dimension, on obtient donc un indice prenant une valeur comprise entre 0 et 1 (ou 0 et

100). Chaque dimension admet une valeur minimum et maximum, la valeur maximum représentant la

valeur la plus forte qu’un pays peut atteindre dans cette dimension, de ce fait, elle représente en

quelque sorte, l’objectif à réaliser à terme.

1 Il convient de noter que le PNUD est tout à fait conscient que l’IDH ne mesure pas de manière exhaustive le

développement humain. Il n’inclut pas volontairement des dimensions importantes comme par exemple le respect des droits de l’Homme, la démocratie et l’égalité. Il fournit simplement une grille de lecture élargie pour l’examen du progrès humain et de la relation complexe entre revenu et bien-être.

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Ces bornes inférieures et supérieures, fixées par le PNUD, s’appuis sur les données

suivantes :

- L’indice d’espérance de vie est calculé en prenant 25 ans comme valeur minimum et 85

ans comme valeur maximum de tel sorte que 55 représente une valeur de 0,5

- L’indice d’éducation comprend pour un tiers du taux d’alphabétisation des adultes et pour

deux tiers du taux de scolarisation. Ces taux étant déjà compris entre 0 et 1, la

construction de l’indice d’éducation est l’agrégation pondérée de ces deux taux.

- Enfin, l’indice de niveau de vie admet un minimum de 100$ en Parité Pouvoir d’Achat

(PPA) et un maximum de 40 000$ PPA. La construction de cet indice passe par la forme

logarithmique afin de rendre compte des rendements décroissants du revenu c'est à dire

qu’une augmentation du revenu améliore plus fortement le développement humain pour

des niveaux initiaux de revenu faibles. En d’autres termes, plus le revenu augmente et

moins il contribue à la progression du bien-être (PNUD, 2008).

Les différentes valeurs minimum et maximum sont résumées dans le Tableau 1.

TABLEAU 1 - Les valeurs minimales et maximales pour les dimensions de l’IDH

Dimensions Min Max

Espérance de vie 25 ans 85 ans

Taux d’alphabétisation des adultes 0% 100%

Taux brut de scolarisation 0% 100%

PIB réel par tête (PPA) 100$ 40000$

Source : PNUD (2008)

En second lieu, il est possible de déduire l’IDH comme la moyenne arithmétique des trois

indicateurs de dimension telle que donnée par l’équation (2). Dans la mesure où chaque indice

dimensionnel est compris entre 0 et 1, l’IDH sera lui-même toujours compris entre 0 et 1. Par

ailleurs, plus l’IDH se rapproche de l’unité et plus le développement humain est important.

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(2)

Cependant, depuis sa création, l’IDH a fait l’objet de nombreuses critiques dans la littérature. Au

vu de notre problématique, la principale critique que nous lui apportons est de ne pas rendre

compte de la soutenabilité du mode de développement en cours, et notamment de ne pas prendre

en compte les impacts en termes de changement climatique (et donc en termes d’émission) de ce

développement. En effet, l’IDH n’est qu’une vision spontanée du développement qui permet

certes, des comparaisons inter-temporel mais qui ne permet en revanche pas, de rendre compte du

potentiel de soutenabilité du mode de développement adopté par les pays.

3. Développement durable et Compétitivité

Un développement humain durable doit prendre en compte le développement humain et la

soutenabilité de ce développement. Or, la protection de l’environnement peut apparaitre de prime

abord, comme un frein à la compétitivité d’un pays. Généralement classé dans les biens de luxe,

la protection de l’environnement doit apparaitre seulement dans la deuxième étape du

développement. Le cercle vertueux qui est avancé repose alors sur une boucle Compétitivité-

Revenu-Environnement (CRE) qui est illustré par la figure 1. En effet, l’amélioration de la

compétitivité doit mener à une augmentation du PIB par tête qui permet une protection de

l’environnement accru laquelle permettrait à son tour, l’amélioration de la compétitivité. Or, cet

enchainement trouve son fondement dans deux hypothèses. La première hypothèse est la courbe

environnementale de Kuznets (CEK) qui postule qu’une augmentation du niveau de revenu par

tête permet à terme de réduire les impacts négatifs sur l’environnement. La seconde hypothèse,

est celle avancée par Porter (1991) selon lequel des normes environnementales forte

permettraient d’améliorer la compétitivité des entreprises d’un pays. Cependant, cette boucle

CRE qui permettrait de tendre vers un développement durable n’est pas empiriquement vérifiée.

C’est ce que nous cherchons à tester ici, en faisant une distinction entre une vision faible et forte

de la soutenabilité. En effet, les théories du développement durable se distinguent en deux

approches de la soutenabilité : une approche dite de soutenabilité faible où le progrès technique

incorporé au processus productif est prépondérant puisqu’il prône l’efficience, et une approche

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dite de soutenabilité forte qui prône, quant à elle, la suffisance et intègre les modes de vie dans

leur globalité dans les changements nécessaire. Nous présentons ces deux approches de la

soutenabilité avant d’exposer les deux hypothèses du cercle vertueux CRE : CEK et Porter.

Figure 1: La boucle CRE

3.1. Les deux différentes approches de la soutenabilité : soutenabilité forte vs

soutenabilité faible

L’analyse du développement durable dans son pan environnemental s’appuie essentiellement sur

la notion macroéconomique de « soutenabilité environnementale » (Goodland, 1995 ; Bontems et

Rotillon, 2007). Cette dernière vise alors à réconcilier la poursuite d’objectifs de croissance et de

développement économiques avec les préoccupations de préservation de l’environnement.

Globalement, il existe deux façons de concevoir la soutenabilité environnementale, à savoir dans

ses dimensions « faible » et « forte ».

La soutenabilité faible qui est l’approche dominante au près des économistes, peut être traduit par

un principe d’équité intergénérationnel. L’article fondateur est celui de Hotelling (1931) qui

montre que le prix des ressources non renouvelable doit comporter une « rente de rareté » et doit

croître à un taux d’intérêt permettant à chaque période de conserver l’équilibre :

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Où p représente le prix de la ressource à une date t, le prix de cette ressource à une date

( ), et le taux d’intérêt invariant dans le temps.

L’objectif se présente alors comme le reformule Passet, comme une maximisation sur un horizon

de T années la fonction suivante :

Avec le prix de vente d’une unité de ressource épuisable, la quantité utilisée chaque année,

et le cout de la production globale sous contrainte que toute la production vienne en

déduction du stock et que le total des productions sur la période T soit égal au montant du stock.

Ainsi, la règle de Hotelling d’Hotelling signifie deux choses : D’une part, à l’équilibre le prix

comporte une rente de rareté, et d’autre part, au cours du temps, tandis que le stock de ressources

s’épuise, le prix doit croître de telle manière qu’à l’épuisement (en T), le prix ( ) atteint un

niveau où la demande s’annule.

La règle d’Hotelling sera par la suite complétée par la règle d’Hartwick-Solow qui stipule que

d’équité intergénérationnelle passe par la stabilité intertemporelle de la consommation par tête.

Or, cela exige l’investissement en ressource reproductible des rentes et des profits obtenus par

l’exploitation des ressources épuisables. La fonction d’investissement s’écrit alors comme suit :

Avec , la productivité marginale de la ressource naturelle épuisable, c le coût d’extraction

d’une unité de facteur épuisable exprimé en unités de l’unique marchandise produite par

l’économie, et la ressource épuisable.

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De ce fait, selon la règle d’Hartwick-Solow (1986) la condition de soutenabilité réside dans

l’obligation de compenser en permanence l’utilisation du capital naturel par un investissement en

capital reproductible. Cependant, cette approche sous entend que la génération présente convertit

des ressources épuisable en machine et vit des flux courants provenant des machines et du travail.

Or, si cela peut être crédible en ce qui concerne les ressources épuisables non vitale, il convient

toute fois, d’être prudent sur la pertinence de cette théorie en ce qui concerne les ressources

épuisables vitales comme l’eau ou l’air.

De ce fait, une autre approche c’est développé, en parallèle, qui s’oppose à cette notion de

substituabilité parfaite entre capital naturel et capital construit. En effet, la conception de la

substituabilité entre facteurs de production est formalisée dans le modèle de Stiglitz (1974) grâce

à des fonctions de production à rendements constants de type Cobb-Douglas. Or, l’utilisation de

telles fonctions pour intégrer l’environnement auquel pourrait se substituer du capital

manufacturé pose un problème méthodologique important. En effet, il parait difficile de retenir

l’hypothèse habituelle inhérente à ces fonctions selon laquelle les élasticités partielles de la

production par rapport à chacun des facteurs sont invariables au fur et a mesure que la

substitution s’opère. En fait, la qualité de l’eau ou de l’air diminuant ou la qualité d’une autre

ressource s’abaissant proportionnellement à sa dégradation, il faudra une plus grande quantité de

ressources pour obtenir la même production ou encore, la même quantité de ressource ne

permettra d’obtenir qu’une production plus faible.

En réfutant l’hypothèse d’élasticité de substitution constante, cette approche récuse l’hypothèse

de substituabilité entre capital naturel et capital construit. Il s’ensuit que la soutenabilité exige le

maintient dans le temps du capital produit et, séparément, celui du capiital naturel renouvelable et

non renouvelable. Une définition du stock total de capital K a été donnée par Pearce et Warford

(1993) comme suit :

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Où représente le capital construit, , le capital humain, , le capital naturel auquel on

peut substituer du capital construit, et , le capital naturel auquel on peut pas, ou difficilement,

substituer du capital construit.

Le capital construit est produit grâce à l’utilisation de ressources naturelles. Cela aboutit à la

conclusion de l’existence de limites de l’extension possible de ce capital construit. Certains

auteurs de ce courant parlent alors de « capital naturel critique » pour signifier que l’utilisation

des ressources doit s’arrêter en deçà des seuils limites.

3.2. Les hypothèses du cercle vertueux CRE: CEK et Porter (1991)

L’enjeu des questions relatives au développement durable concerne notamment l’impact sur la

compétitivité. Or, selon le cercle vertueux CRE qui vient d’être présenté une amélioration de la

compétitivité devrait mener selon l’hypothèse macroéconomique d’une courbe environnementale

de Kuznets, à la protection de l’environnement via l’augmentation du revenu par tête, puis une

protection de l’environnement accru devrait mener à une amélioration de la compétitivité selon

l’hypothèse microéconomique de Porter selon laquelle la recherche de l’avantage comparatif dans

une configuration de normes environnementale forte incite les entreprises au progrès technique.

La courbe environnementale de Kuznet (CEK)

La première étape de cette boucle est donc l’hypothèse avancée par Grossman et Krueger (1995)

selon laquelle la courbe de Kuznets peut être observée dans le domaine de l’environnement.

Cette courbe suggère donc que le niveau de développement d’un pays (le plus souvent exprimé

en termes de revenu moyen par habitant) est susceptible d’avoir un effet positif sur

l’environnement. La donnée d’entrée est donc le PIB/hab, et la donnée de sortie (résultante) le

degré de pression sur l’environnement (l’environnement étant le plus souvent entendu ici comme

« cadre de vie »).

Page 15: ANALYSE D’UNE COURBE ENVIRONNEMENTALE DE KUZNETS … · 2.1. L’impact du changement climatique sur le développement Depuis plus de quinze ans, le changement climatique s’est

15

Cela indique qu’initialement la qualité environnementale se détériore avec la hausse du revenu et

qu’à partir d’un certain niveau de richesse la croissance économique s’accompagnerait d’une

amélioration de l’état de l’environnement. Cela induit que la société aura les moyens et la volonté

de réduire le niveau de pollution. Pour cela, une série des facteurs doivent être réunit pour que

lorsqu’un certain niveau de développement est atteint, cela engendre une amélioration relative de

la qualité environnementale. Parmi ces facteurs Selden et Song (1994) cite :

- Une élasticité–revenu positive pour la qualité de l’environnement.

- Des changements dans la composition de la consommation et de la production (exemple :

‘verdissement’ de la demande ; augmentation de la part du secteur des services, c’est-à-

dire tendance vers une économie immatérielle ; etc.).

- Une amélioration du niveau d’éducation et de sensibilisation environnementale.

- Les systèmes politiques soient plus ouverts et les lobbies environnementaux exercent plus

de pression.

Dans une perspective d’échange extérieur, Grossman et Krueger (1993) montrent que les gains de

l’échange, en d’autres termes l’effet richesse de la libéralisation, deviennent la condition

permissive de l’amélioration de l’environnement. Cependant, non seulement, le point de

retournement, se situe aux alentour des de 8000$ par tête, mais de plus, deux autres conditions

doivent être remplis, à savoir, la libéralisation des échanges doit effectivement engendrer une

augmentation des revenus, et la répartition des gains de l’échange doit être égalitaire pour rendre

accessible à tous le dividende environnemental de la libéralisation.

De plus, beaucoup d’étude ont montré l’existence d’une monotonie croissante ou décroissante

entre la pollution et le revenu par tête. Meunié A. (2004) montre par exemple, que « non

seulement cette courbe n’est décelée que pour quelques polluants aux effets localisés, mais même

dans ce cas, de nombreuses critiques méthodologiques fragilisent sa portée ». La relation de

Page 16: ANALYSE D’UNE COURBE ENVIRONNEMENTALE DE KUZNETS … · 2.1. L’impact du changement climatique sur le développement Depuis plus de quinze ans, le changement climatique s’est

16

Kuznets est, généralement vraie pour des polluants aux effets locaux, comme le dioxyde de

soufre, mais, en revanche, pour les polluants aux effets globaux sur l’environnement elle n’a pas

pu vraiment être validée sur de longues périodes2.

Dans cette logique, le niveau de vie, au sens large, permis par un accroissement du revenu par

tête, serait une des clés de la réduction des émissions de CO2. Or, la validité du cercle vertueux

CRE passe alors par une vérification de cette courbe lorsqu’on prend en compte non pas

exclusivement les émissions polluantes issus du système productif mais l’intégralité des

émissions engendré par l’activité économique d’un pays. Ainsi, pour savoir si une telle courbe

répond aux objectifs de soutenabilité forte, nous devons prendre comme indicateur les émissions

de CO2/tête.

L’hypothèse de Porter

La seconde étape du cercle vertueux CRE repose sur la théorie « win-win » proposée par Porter

(1991) puis par Porter et Van Der Linde (1995) selon laquelle dans une configuration de normes

environnementale forte, une recherche d’un avantage comparatif amène à protéger

l’environnement. Cette théorie s’appuis sur l’hypothèse selon laquelle les entreprises soumises à

une réglementation environnementale stricte risque à priori d’augmenter leurs coûts de

dépollution, cependant, dans une perspective dynamique, ces coûts supplémentaires (ou leur

simple perspective) vont pousser les entreprises à une révision générale de leur processus de

production et donc à l’innovation. Ainsi, les efforts d’innovation peuvent non seulement aboutir à

réduire les coûts de dépollution, mais également à augmenter la productivité de l’entreprise. Cet

accroissement de la productivité résulte soit d’une amélioration de la qualité des biens offert, soit

d’une meilleure utilisation des intrants. Porter et Van Der Linde s’appuient sur une multitude

d’études empiriques et en concluent que dans une perspective de concurrence entre pays, une

réglementation environnementale stricte serait une source d’avantage comparatif. Cependant,

Palmer, Oates, et Portney (1995) souligne que les études empiriques ne permettent pas de justifier

une théorie générale d’accroissement profitable de la productivité, notamment du fait que

certaines de celles-ci vont à l’encontre de l’hypothèse de Porter. Cette théorie met l’accent sur le

principe d’efficience prôné par le courant de la soutenabilité faible en faisant de l’innovation et

2 Depuis 1994-1995, il existe une masse de publications qui élargissent le champ des polluants retenus, des données étudiées, et qui amendent ou rejette l’hypothèse d’une telle courbe.

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17

du progrès la pierre angulaire d’un développement soutenable. Ainsi, dans le cadre de l’analyse

de la validité du cercle vertueux CRE et dans le cadre de la réduction des émissions de CO2,

nous devons nous intéresser aux émissions engendrées par le système productif. Nous allons donc

retenir comme indicateur l’intensité carbone qui dans ce domaine rend compte du progrès

technique intégré au système productif.

4. Indice de développement humain et environnemental : proposition de méthode

Le cercle vertueux est censé mener à un développement humain soutenable. Mais si ce cercle

existe, existe-t-il pour une version faible de la soutenabilité ou pour une vision forte. Pour évaluer

le lien entre développement et émissions de CO2, il était donc nécessaire de construire un

indicateur de développement humain qui puisse rendre compte des impacts environnementaux

comme les émissions de CO2 à côté des traditionnelles capabilities. Nous avons donc proposé un

indice de développement soutenable à partir de la méthodologie proposé par Chakravarty (2003)

permettant de construire un indice de développement humain généralisé. Cette méthodologie

permet d’étendre l’IDH traditionnel à d’autres dimensions comme l’environnement en intégrant

d’autres attributs comme les émissions de CO2.

4.1. Méthodologie

Un indice général de développement humain décrit par Chakravarty (2003) pour k attribut de

bien-être donne une grille théorique dans laquelle l’IDH peut être étendu à des composantes

environnementales. Les propriétés suggérées par l’auteur garanti que la méthodologie de l’IDH

ne remet en cause les objectifs de la mesure originale.

Soit xi la valeur d’un attribut i pour un pays donné où i=1,2,..,k. On note les bornes minimum et

maximum de xi respectivement par mi et Mi. L’intervalle [mi ;Mi] est un sous-ensemble de R.

sous l’hypothèse que mi<Mi, l’intervalle ouvert (mi ; Mi) est non vide et si mi=Mi alors

l’intervalle [mi ;Mi] est un singleton (Chakravarty, 2003).

Selon Chakravarty, un indicateur de i est une fonction réelle A qui associe des valeurs

pour chaque . Il suppose pour des raisons techniques que cet

indicateur est deux fois différenciable, ce qui implique la continuité de . Il suggère alors

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18

plusieurs propriétés qui doivent être satisfaites pour généraliser l’IDH si et seulement si il peut

être écrit sous la forme :

Où est deux fois différenciable, croissante, strictement concave, avec et

.

Cinq propriétés sont alors proposées :

i. Normalisation :

ii. Monotonie : à et donnés, une augmentation de induit une augmentation de .

iii. Invariance par translation : avec , tout scalaire

tel que

iv. Homogénéité : pour tout ,

v. Faible gain de l’indicateur pour les différences concernant les valeurs hautes : soit

pour tout niveau atteint par l’attribut . Pour tout tel que

, l’ampleur du gain de l’indicateur est une

fonction décroissante de .

La normalisation signifie que le niveau d’un indicateur pour un attribut i est 0 et 1 dans les cas

extrêmes quand l’attribut admet une valeur minimum et maximum. Sous la propriété de

monotonie, une augmentation de la valeur pour toute dimension augmente la valeur de l’IDH.

Invariance par translation répond quand à elle directement aux critiques de l’IDH avant 1994

(Costantini et Monni, 2008). Il dit que si la valeur actuelle d’un attribut ainsi que ses bornes

inférieure et supérieure sont augmenté de la même valeur absolue, alors il n’y a pas de

changement dans la valeur de l’indicateur. La propriété d’homogénéité requière l’insensibilité

d’un indicateur à l’unité de mesure de l’attribut. Ainsi, un faible gain de l’indicateur pour les

hauts niveaux de différences atteints signifie que l'augmentation de l'indicateur à des niveaux

faible est supérieure à une augmentation équivalente à des niveaux plus élevés.

Sous ces axiomes, la forme fonctionnelle de l’IDH pour k attribut peut être écrite comme suit :

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19

Pour intégrer à l’IDH des considérations environnementales, nous adoptons un attribut

environnemental qui remplit quatre de ces cinq conditions. En effet, pour avoir un attribut qui

découle des stratégies écologique, nous avons opté pour un attribut mesuré en unité physique. Or,

dans ce cas, si les quatre premières propriétés sont pertinentes, ce n’est pas le cas de la cinquième

propriété qui traduit la loi de l’utilité marginale. En effet, si cette loi s’applique aux

considérations humaines, elle n’est en revanche pas significative pour ce qui concerne les

considérations physiques. Par exemple, une augmentation de CO2 de 0,5 tonne à 1 tonne a le

même impact environnemental qu’une augmentation de 1 tonne à 1,5.

Pour construire un Indicateur de Développement Humain Soutenable (IDHS), nous utilisons la

forme fonctionnelle proposé par Chakravarty (2003) comprenant les trois attributs traditionnel

que sont la longévité, l’éducation, et le niveau de vie ( ) auxquels nous adjoignons un

attribut environnemental ( ). L’IDHS est alors la moyenne arithmétique de ces quatre index.

Soit , l’index de longévité, , l’index d’éducation, , l’index de niveau de vie, et ,

l’index environnemental, nous pouvons écrire :

4.2. IDHE fort vs IDHE faible

Le choix des attributs du pilier environnemental devait donc permettre de faire la différence entre

une forme faible et une forme forte de la soutenabilité dans le but de savoir si le cercle vertueux

CRE s’applique à l’une ou l’autre des visions. Nous avons déjà mentionné que l’hypothèse de

Porter traite exclusivement du système productif ce qui induit qu’elle répond à une vision faible

de la soutenabilité. En revanche pour que le cercle CRE soit véritablement efficace en termes de

développement humain soutenable, l’hypothèse de la CEK devrait répondre à une soutenabilité

forte c'est à dire s’appliquer à l’ensemble des émissions engendré par l’activité économique.

Ainsi, en comparant les niveaux de développement atteint par les pays lorsqu’il est mesuré par un

indicateur de développement humain soutenable faible et un indicateur de développement humain

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soutenable fort, nous pourrons voir si le cercle CEK est validé sous le principe de soutenabilité

faible et/ou forte.

Si les attributs traditionnels ne portent pas à discussion, en revanche les attributs exprimant les

impacts environnementaux en termes d’enjeux du changement climatique doivent respecter les

propriétés énoncées. Ainsi, pour construire l’indicateur de développement humain soutenable

dans sa version faible, nous avons retenu comme attribut environnemental, l’intensité carbone qui

exprime les émissions de CO2 par unité de PIB, et pour construire l’indicateur de développement

humain soutenable dans sa version forte, nous avons retenu les émissions de CO2 par tête. Dans

un premier temps nous avons transformé ces deux attributs en indice compris entre 0 et 1, en

suivant la méthodologie présentée précédemment. Pour cela, nous avons choisit pour les

émissions par unité de PIB une valeur maximum de 2,07 kt qui correspond à la valeur maximum

pour 2005 atteinte par un pays (soit le Kazakhstan), et 40 pour les émissions par tête qui correspond

à la borne incluant l’ensemble des niveaux d’émissions par tête hors Qatar, le Koweït étant le second

plus gros éméteur dee CO2 par tête avec 37,5t (pour exemple, le Luxembourg atteint 25t/tête). Dans

un second temps, nous avons effectué les calculs pour l’IDHS dans sa forme forte et faible pour

l’ensemble des pays (la liste complète des pays est présentée en annexe). Nous avons par la suite

observé des groupes de pays particuliers afin d’en observer les particularités.

Vue globale :

Afin d’avoir une vu d’ensemble, nous avons regroupé les pays par tranche de valeur de leur IDH.

Ainsi le tableau 1 présente les cinq tranches, avec les valeurs moyennes par tranche pour l’IDH,

les émissions de CO2 par tête, les émissions de CO2 par unité de PIB, l’IDHS dans sa version

forte et faible, la différence entre ces deux IDSH, et la variation entre l’IDHS version forte et

faible avec l’IDH traditionnel.

gr Tranche IDH CO2/tête CO2/ PIB IDHS Fort

IDHS Faible

Fort -

Faible

IDHS Fort

– IDH

IDHS Faible

- IDH

1 0,9-1 0,945 10,796 0,383 0,891 0,912 -0,021 -0,054 -0,032

2 0,8-0,9 0,842 10,138 0,645 0,827 0,802 0,025 -0,153 -0,174

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3 0,7-0,8 0,755 2,942 0,656 0,799 0,738 0,061 -0,009 -0,066

4 0,5-0,7 0,586 1,152 0,356 0,684 0,648 0,036 0,013 -0,019

5 0-0,5 0,420 0,226 0,183 0,566 0,542 0,023 0,069 0,049

Ainsi nous pouvons observer que les pays ayant des niveaux d’IDH élevé ont affiche des

meilleures performances en termes d’IDHS faible que fort. En effet, les pays dont l’IDH est

compris entre 0,9 et 1 (groupe 1) affichent, en moyenne, une perte de 0,021 lorsque leur niveau

de développement est évalué par un IDHS forte (0,891) par rapport à un IDHS faible (0,912).

Nous pouvons noter que c’est la seule tranche pour laquelle l’évaluation par l’IDHS fort est

moins importante que celle pour l’IDHS faible. Cela vient du fait que si les émissions de CO2 par

unité de PIB ont été réduit grâce à l’incorporation du progrès technique dans le processus

productif et au développement d’activité économique moins polluantes comme le secteur des

services, en revanche, les émissions de CO2 par tête sont très élevées du fait d’un mode de vie

très énergivore. La tendance que l’on observe est que le processus de développement entraine

effectivement une diminution des émissions de CO2 par unité de PIB comme le postule le cercle

CRE mais en parallèle, il entraine une augmentation les émissions de CO2 par tête dans des

proportions considérables, comme le montre le graphique 2.

Figure 2 - Emissions de CO2 par tête et par unité de PIB en fonction des niveaux de développement

Cependant, ce groupe n’est pas le plus sensible à l’introduction de la soutenabilité

environnementale via les émissions de CO2. En effet, la tranche des pays dont l’IDH est comprit

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entre 0,8 et 0,9 (groupe 2) est celle qui perd le plus de point en termes d’évaluation du

développement. En effet, si la différence entre l’introduction de la soutenabilité forte et faible

n’est pas remarquable, en revanche la perte engendrée par cette introduction par rapport à l’IDH

est des plus importantes avec -0,153 pour la soutenabilité forte et -0,174 pour la soutenabilité

faible. En effet, pour ces pays, les émissions de CO2 par tête atteignent déjà des niveaux

importants, voir semblables à ceux du groupe 1 alors qu’ils gardent également des émissions de

CO2 par unité de PIB importante n’ayant à priori pas incorporé de progrès technique ou

transférer leur activité économique vers des activités peu polluante. Ce pic apparaitre sur la

figure 3 où l’on peut observé que la diminution de l’évaluation du développement lorsqu’il

intègre la dimension environnementale est la plus importante par rapport à l’évaluation de l’IDH

traditionnel.

Figure 3 - impact de l'introduction de la soutenabilité forte et faible dans l'évaluation du développement par rapport à l'IDH

Nous pouvons également observer pour les pays dont l’IDH est comprit entre 0,7 et 0,8 (groupe

3) qu’il existe une différence importante (la plus importante) entre une évaluation du

développement intégrant une soutenabilité forte et une soutenabilité faible (0,061) en faveur de la

soutenabilité faible cette fois. En effet, si les émissions de CO2 par unité de PIB sont élevées au

même niveau que celles du groupe 2, en revanche les émissions de CO2/tête sont bien en deçà

des groupes précédents. Cela indique que si le système productif est dans la phase haute des

émissions n’incorporant que de façon limité le progrès technique, comme le groupe 2, en

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revanche les modes de vie ne se sont pas encore modifier dans un sens « trop » polluant.

Cependant, quelques soit la version de la soutenabilité qui a été intégré, l’évaluation du

développement des pays de ce groupe entraine une diminution par rapport à l’IDH.

Pour le groupe de pays ayant des niveaux d’IDH compris entre 0,7 et 0,5 (groupe 4), nous

pouvons voir que, comme pour le groupe 3, l’intégration d’une soutenabilité forte est meilleure

en termes d’évaluation que l’introduction d’une soutenabilité faible. En effet, ces pays gagnent en

moyenne des points dans l’évaluation de leur développement par l’IDHS forte par rapport à

l’IDH (0,013) alors qu’ils en perdent dans l’évaluation de leur développement par l’IDHS faible

par rapport à l’IDH (-0,019).

Enfin pour les pays dont l’IDH est inférieur à 0,5 (groupe 5), l’intégration de la soutenabilité dans

sa version forte comme faible entraine une meilleure évaluation de leur développement du fait de

la faiblesse des émissions de CO2 que ce soit par unité de PIB ou par tête. Cela traduit un faible

développement du système productif ainsi que des modes de vie peu émetteur. Cependant

puisque ces pays sont amenés à ce développé, il est fort probable qu’il suive le schéma de

développement des pays des autres groupes en termes d’émissions.

A partir de cette analyse nous avons établit un rapport entre le niveau de développement et le

niveau des émissions par tête et par unité de PIB. Ce rapport, présenté sur la figure 3, est exprimé

à travers les indices dimensionnels construit pour chaque type d’émissions. Nous pouvons alors

décomposer en trois phases le processus de développement soutenable.

- Premièrement, il existe une phase de transition qui apparait lorsque le niveau d’IDH se

situe entre 0,7 et 0,8. Durant cette phase les émissions de CO2 par unité de PIB

augmentent fortement3 du fait du développement du système productif lequel n’incorpore

le progrès technique que de façon limité. En revanche, les émissions par tête restent

faibles.

- Cette première phase est suivit d’une seconde phase, lorsque le niveau de développement

est comprit entre 0,8 et 0,9. Durant cette phase, les émissions de CO2 par tête augmentent

fortement et les émissions de CO2 par unité de PIB restent inchangées par rapport à la

3 L’indice de CO2 par unité de PIB double, passant de 0,168 à 0,317.

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première phase. L’augmentation des émissions par tête vient du transfert des gains de

compétitivité. Or, ces transferts induisent des modifications des modes de vie plus

émettrices de CO2. Cette phase peut être qualifiée d’« explosion polluante ».

- Enfin, la troisième phase, s’observe alors lorsque le niveau de développement est comprit

entre 0,9 et 1. Les émissions de CO2 par unité de PIB diminuent car le système productif

incorpore un plus fort progrès technique et car l’activité économique se développe autour

de secteur moins polluant comme le tertiaire. En revanche, durant cette phase, les

émissions de CO2 par tête continu d’augmenter même si cette augmentation est plus

modérer que durant la phase 2 puisque les modes de vie restent inchangés.

Figure 4 - indice d'émission par tête et par unité de PIB en fonction du niveau de développement

A partir ce cette analyse globale, nous pouvons conclure que si le cercle CRE semble être validé

dans ce cas d’une soutenabilité faible, en revanche il ne l’est pas dans le cas d’une soutenabilité

forte. En effet, l’introduction des émissions de CO2 par tête vise ici à pointer la non soutenabilité

des modes de vie de ces pays qui ont pourtant accès à un fort niveau de développement. Ces

résultats nous permettent de conclure qu’une forte compétitivité de la part des pays qui permet

d’accéder à un fort niveau de développement n’induit pas une protection de l’environnement forte

en termes d’émissions de CO2, comme le supposait la courbe environnementale de Kuznets. En

effet, si l’amélioration du niveau de vie permet d’obtenir des meilleurs résultats en termes

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d’émissions issues du système productif, en revanche, il a pour conséquence d’augmenter les

émissions par tête du fait de la modification des modes de vie au profit d’activités plus

polluantes. Ainsi, il existe un certain seuil de développement où le cercle CRE connait une

« fuite » comme l’illustre la figure 2.

Figure 5: le cercle CRE ouvert

Les Petites Economies Insulaires

Si on s’intéresse maintenant plus particulièrement aux petits espaces insulaires (PEI) tel que

définit par la CNUCED (liste complète en annexe). Nous pouvons remarquer sur le tableau 3, que

10 sur 24 PEI se situent dans le groupe 3 (0,7< IDH<0,8) et que 7 sur 24 dans le groupe 2

(0,8<IDH<0,9). Au total, la majeure partie d’entre eux (70%) sont dans les phases 1 et 2 c'est-à-

dire ayant de fortes émissions de CO2 par unité de PIB et sont amenés à augmenter leurs

émissions de CO2 par tête lors de leurs développement. Ce constat est d’autant plus inquiétant

que 10 d’entre eux appartiennent au groupe 3 c'est à dire au groupe allant commencer sa phase

d’« explosion polluante ».

Tableau 3

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Pays IDH IDHS

Fort

IDH

Faible

Phase de

dév.

Singapore 0,922 0,865 0,884 3

Bahrain 0,866 0,750 0,742 2

Seychelles 0,843 0,840 0,829 2

Saint Kitts and Nevis 0,821 0,846 0,839 2

Tonga 0,819 0,857 0,845 2

Antigua and Barbuda 0,815 0,824 0,806 2

Trinidad and Tobago 0,814 0,705 0,613 2

Mauritius 0,804 0,837 0,824 2

Dominica 0,798 0,839 0,817 1

Saint Lucia 0,795 0,833 0,800 1

Samoa 0,785 0,834 0,819 1

Dominican Republic 0,779 0,821 0,794 1

Grenada 0,777 0,816 0,798 1

Fiji 0,762 0,814 0,793 1

Saint Vincent and the Grenadines 0,761 0,810 0,786 1

Guyana 0,750 0,801 0,756 1

Jamaica 0,736 0,777 0,674 1

Cape Verde 0,736 0,798 0,789 1

Vanuatu 0,674 0,753 0,737 0

Sao Tome and Principe 0,654 0,737 0,703 0

Solomon Islands 0,602 0,700 0,676 0

Comoros 0,561 0,670 0,660 0

Papua New Guinea 0,530 0,645 0,625 0

Haiti 0,529 0,646 0,630 0

Réunion4 0,870 .. .. 2

Enfin, avec un niveau d’IDH de 0,870, La Réunion est à l’étape charnière où l’amélioration de

son intensité carbone doit s’accompagner d’une réduction des émissions de CO2 par tête si elle

souhaite s’encrer durablement dans un processus de développement soutenable.

4 Les calculs sont également en cours en ce qui concerne la région de La Réunion. En effet, si les données sont

disponibles en ce qui concerne les émissions de CO2 par tête, les bilans de l’intensité carbone sont en cours de finalisation par l’ARER.

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5. Conclusion

La construction d’un indicateur de développement humain soutenable à pour but de rendre

compte, au-delà du niveau de développement atteint, la soutenabilité potentielle de ce

développement. Cet indicateur permet notamment de moduler à la baisse l’évaluation des pays

dont le mode de production et le mode de vie engendre des fortes émissions de CO2 malgré un

niveau de développement fort. Cet outil, trouve un intérêt particulier lors de la comparaison avec

l’IDH traditionnel. En effet, les différences qu’ils font apparaître apportent une information sur

les impacts en termes d’émission des processus de fonctionnement des pays. De plus, l’utilité

d’un tel outil, aux vus des enjeux environnementaux notamment du changement climatique, est

d’effectuer un suivit temporel visant à instaurer des politique de développement permettant de

réduire les impacts en termes d’émission des modes de production et de consommation. Enfin, la

possibilité d’avoir deux types d’IDHS reposant tout deux sur des types de soutenabilité

différente, permet d’observer l’origine des risques de non soutenabilité, s’ils attraient plutôt aux

choix de développement du système productif ou plus globalement à ceux des modes de vie.

L’analyse qui a été mené met en exergue que le cercle vertueux Compétitivité-Revenu-

Environnement répond au principe de la soutenabilité faible, mais ne répond pas, en revanche, au

principe de soutenabilité forte. En effet, a partir des données globales, nous avons identifié trois

phases liant le processus de développement et les émissions de CO2. Cela fait apparaitre qu’il

existe bien une diminution des émissions de CO2 par unité de PIB montrant l’existence d’une

amélioration de l’intensité carbone comme le postule la courbe environnementale de Kuznets. En

revanche, les modifications de mode de vie engendrées le développement augmentent les

émissions de CO2 par tête ce qui vient infirmer la possibilité d’un développement soutenable à

terme.

En s’intéressant plus particulièrement aux implications pour les PEI, nous pouvons constater que

la majeur partie de ces pays se situe dans la phase 1 du processus de développement c'est à dire

qu’ils n’ont pas encore commencé leur explosion polluante. Cela signifie que des politique de

sensibilisation devront être mises en place afin d’éviter une augmentation émissions de CO2 par

tête. Les autres pays, comme la Réunion, se situent dans la phase 2, c'est à dire que l’amélioration

de son intensité carbone doit s’accompagner d’une réduction des émissions de CO2 par tête si

elle souhaite s’encrer durablement dans un processus de développement soutenable.

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28

La question subséquente porte alors sur les moyens de rétablir le cercle CRE. Cette question peut

se décliner en deux temps : A quelle niveau de développement ce situe exactement le seuil où

apparait la fuite ? Et auquel des piliers du développement (niveau de revu, niveau d’éducation,

niveau de vie) ce seuil est-t-il corrélé ?

ANNEXE

Annexe 1

Rang IDH

Pays IDH CO2/ tête

CO2/ PIB

IDH Fort

IDH Faible

Variation IDHS Forte-Faible

Variation IDHS

Fort- IDH

Variation IDHS Faible- IDH

1 Iceland 0,968 7,60 0,240 0,929 0,947 -0,019 -0,040 -0,021

2 Norway 0,968 19,10 0,530 0,857 0,912 -0,055 -0,111 -0,056

3 Australia 0,962 16,20 0,580 0,870 0,901 -0,031 -0,092 -0,061

4 Canada 0,961 20,00 0,690 0,846 0,887 -0,042 -0,115 -0,074

5 Ireland 0,959 10,50 0,310 0,904 0,932 -0,028 -0,055 -0,027

6 Sweden 0,956 5,90 0,210 0,930 0,942 -0,012 -0,026 -0,014

7 Switzerland 0,955 5,40 0,170 0,933 0,946 -0,013 -0,023 -0,009

8 Japan 0,953 9,90 0,360 0,903 0,921 -0,018 -0,050 -0,032

9 Netherlands 0,953 8,70 0,300 0,910 0,929 -0,018 -0,043 -0,024

10 France 0,952 6,00 0,230 0,927 0,936 -0,010 -0,026 -0,016

11 Finland 0,952 12,60 0,450 0,885 0,910 -0,024 -0,067 -0,042

12 United States 0,951 20,60 0,560 0,835 0,896 -0,061 -0,117 -0,055

13 Spain 0,949 7,60 0,330 0,914 0,922 -0,008 -0,035 -0,027

14 Denmark 0,949 9,80 0,330 0,901 0,922 -0,021 -0,049 -0,027

15 Austria 0,948 8,60 0,290 0,907 0,926 -0,019 -0,041 -0,022

16 United Kingdom

0,946 9,80 0,340 0,898 0,918 -0,020 -0,048 -0,028

17 Belgium 0,946 9,70 0,340 0,899 0,918 -0,020 -0,047 -0,028

18 Luxembourg 0,944 25,00 0,480 0,802 0,900 -0,098 -0,142 -0,044

19 New Zealand 0,943 7,70 0,350 0,909 0,915 -0,006 -0,034 -0,028

20 Italy 0,941 7,80 0,300 0,907 0,920 -0,013 -0,034 -0,021

21 Hong Kong, China (SAR)

0,937 5,50 0,190 0,918 0,930 -0,011 -0,019 -0,007

22 Germany 0,935 9,80 0,380 0,890 0,905 -0,015 -0,045 -0,030

23 Israel 0,932 10,40 0,470 0,884 0,892 -0,008 -0,048 -0,040

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24 Greece 0,926 8,80 0,430 0,890 0,893 -0,003 -0,037 -0,033

25 Singapore 0,922 12,30 0,480 0,865 0,884 -0,019 -0,057 -0,038

26 Korea (Republic of)

0,921 9,70 0,510 0,880 0,879 0,001 -0,041 -0,042

27 Slovenia 0,917 8,10 0,430 0,887 0,886 0,001 -0,030 -0,031

28 Cyprus 0,903 9,20 0,450 0,870 0,873 -0,003 -0,033 -0,030

29 Portugal 0,897 5,60 0,310 0,888 0,885 0,002 -0,009 -0,012

30 Brunei Darussalam

0,894 24,00 ,, -0,894 -0,894

31 Barbados 0,892 4,70 ,, -0,892 -0,892

32 Czech Republic

0,891 11,40 0,660 0,847 0,839 0,008 -0,044 -0,052

33 Kuwait 0,891 37,10 1,810 0,686 0,700 -0,013 -0,205 -0,191

34 Malta 0,878 6,10 0,360 0,870 0,865 0,005 -0,008 -0,013

35 Qatar 0,875 79,30 ,, -0,875 -0,875

36 Hungary 0,874 5,60 0,370 0,871 0,861 0,010 -0,004 -0,013

37 Poland 0,870 8,00 0,680 0,853 0,820 0,032 -0,018 -0,050

38 Argentina 0,869 3,70 0,310 0,879 0,864 0,014 0,010 -0,005

39 United Arab Emirates

0,868 34,10 1,570 0,688 0,711 -0,024 -0,180 -0,157

40 Chile 0,867 3,90 0,380 0,876 0,854 0,022 0,009 -0,013

41 Bahrain 0,866 23,90 1,300 0,750 0,742 0,008 -0,116 -0,124

42 Slovakia 0,863 6,70 0,510 0,855 0,836 0,020 -0,008 -0,027

43 Lithuania 0,862 3,80 0,320 0,873 0,858 0,015 0,011 -0,004

44 Estonia 0,860 14,00 1,120 0,808 0,760 0,048 -0,053 -0,100

45 Latvia 0,855 3,00 0,280 0,873 0,857 0,015 0,018 0,002

46 Uruguay 0,852 1,60 0,190 0,879 0,866 0,013 0,027 0,014

47 Croatia 0,850 5,30 0,480 0,854 0,830 0,025 0,004 -0,020

48 Costa Rica 0,846 1,50 0,170 0,875 0,864 0,011 0,029 0,018

49 Bahamas 0,845 6,70 ,, -0,845 -0,845

50 Seychelles 0,843 6,70 0,440 0,840 0,829 0,011 -0,003 -0,014

51 Cuba 0,838 2,30 ,, -0,838 -0,838

52 Mexico 0,829 4,20 0,460 0,846 0,816 0,029 0,017 -0,013

53 Bulgaria 0,824 5,50 0,720 0,834 0,781 0,053 0,010 -0,043

54 Saint Kitts and Nevis

0,821 3,20 0,220 0,846 0,839 0,007 0,025 0,018

55 Tonga 0,819 1,10 0,160 0,857 0,845 0,012 0,038 0,026

56 Libyan Arab Jamahiriya

0,818 9,30 ,, -0,818 -0,818

57 Antigua and Barbuda

0,815 6,00 0,460 0,824 0,806 0,018 0,009 -0,009

58 Oman 0,814 13,60 0,880 0,776 0,754 0,021 -0,039 -0,060

59 Trinidad and Tobago

0,814 24,90 2,050 0,705 0,613 0,092 -0,109 -0,201

60 Romania 0,813 4,20 0,540 0,834 0,795 0,039 0,021 -0,018

61 Saudi Arabia 0,812 13,60 1,020 0,774 0,736 0,038 -0,038 -0,076

62 Panama 0,812 1,80 0,280 0,848 0,825 0,023 0,036 0,013

63 Malaysia 0,811 7,50 0,760 0,811 0,766 0,045 0,000 -0,045

Page 30: ANALYSE D’UNE COURBE ENVIRONNEMENTALE DE KUZNETS … · 2.1. L’impact du changement climatique sur le développement Depuis plus de quinze ans, le changement climatique s’est

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64 Belarus 0,804 6,60 1,030 0,812 0,729 0,083 0,008 -0,075

65 Mauritius 0,804 2,60 0,240 0,837 0,824 0,013 0,033 0,020

66 Bosnia and Herzegovina

0,803 4,00 ,, -0,803 -0,803

67 Russian Federation 0,802 10,60 1,170 0,785 0,710 0,075 -0,017 -0,092

68 Albania 0,801 1,20 0,260 0,843 0,819 0,024 0,042 0,018

69 Macedonia (TFYR)

0,801 5,10 0,830 0,819 0,751 0,068 0,018 -0,050

70 Brazil 0,800 1,80 0,240 0,839 0,821 0,018 0,039 0,021

71 Dominica 0,798 1,50 0,260 0,839 0,817 0,022 0,041 0,019

72 Saint Lucia 0,795 2,20 0,380 0,833 0,800 0,032 0,038 0,005

73 Kazakhstan 0,794 13,30 2,070 0,762 0,596 0,167 -0,032 -0,199

74 Venezuela (Bolivarian Republic of)

0,792 6,60 1,200 0,803 0,699 0,104 0,011 -0,093

75 Colombia 0,791 1,20 0,190 0,836 0,820 0,015 0,045 0,029

76 Ukraine 0,788 7,00 1,180 0,797 0,698 0,099 0,009 -0,090

77 Samoa 0,785 0,80 0,160 0,834 0,819 0,014 0,049 0,034

78 Thailand 0,781 4,20 0,560 0,810 0,768 0,041 0,029 -0,013

79 Dominican Republic

0,779 2,20 0,330 0,821 0,794 0,026 0,042 0,015

80 Belize 0,778 2,90 0,440 0,815 0,780 0,035 0,037 0,002

81 China 0,777 3,80 0,700 0,809 0,748 0,061 0,032 -0,029

82 Grenada 0,777 2,70 0,290 0,816 0,798 0,018 0,039 0,021

83 Armenia 0,775 1,20 0,310 0,824 0,794 0,030 0,049 0,019

84 Turkey 0,775 3,20 0,450 0,811 0,777 0,034 0,036 0,002

85 Suriname 0,774 5,20 0,780 0,798 0,736 0,062 0,024 -0,038

86 Jordan 0,773 2,90 0,660 0,812 0,750 0,062 0,039 -0,023

87 Peru 0,773 1,10 0,220 0,823 0,803 0,020 0,050 0,030

88 Lebanon 0,772 4,20 0,920 0,803 0,718 0,085 0,031 -0,054

89 Ecuador 0,772 2,20 0,600 0,815 0,757 0,059 0,043 -0,015

90 Philippines 0,771 1,00 0,220 0,822 0,802 0,020 0,051 0,031

91 Tunisia 0,766 2,30 0,320 0,810 0,786 0,024 0,044 0,020

92 Fiji 0,762 1,20 0,240 0,814 0,793 0,021 0,052 0,031

93 Saint Vincent and the Grenadines

0,761 1,70 0,290 0,810 0,786 0,024 0,049 0,025

94 Iran (Islamic Republic of)

0,759 6,40 0,930 0,779 0,707 0,072 0,020 -0,052

95 Paraguay 0,755 0,70 0,180 0,812 0,795 0,017 0,057 0,040

96 Georgia 0,754 0,80 0,320 0,811 0,777 0,034 0,057 0,023

97 Guyana 0,750 1,90 0,470 0,801 0,756 0,045 0,051 0,006

98 Azerbaijan 0,746 3,80 1,060 0,786 0,681 0,104 0,040 -0,065

99 Sri Lanka 0,743 0,60 0,150 0,804 0,789 0,014 0,061 0,046

100 Maldives 0,741 2,50 ,, -0,741 -0,741

101 Jamaica 0,736 4,00 1,060 0,777 0,674 0,103 0,041 -0,062

102 Cape Verde 0,736 0,70 0,110 0,798 0,789 0,009 0,062 0,053

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103 El Salvador 0,735 0,90 0,200 0,796 0,777 0,019 0,061 0,042

104 Algeria 0,733 5,50 0,990 0,765 0,680 0,085 0,032 -0,053

105 Viet Nam 0,733 1,20 0,470 0,792 0,743 0,049 0,059 0,010

106 Occupied Palestinian Territories

0,731 0,20 ,, -0,731 -0,731

107 Indonesia 0,728 1,70 0,530 0,785 0,732 0,053 0,057 0,004

108 Syrian Arab Republic

0,724 3,80 1,110 0,769 0,659 0,110 0,045 -0,065

109 Turkmenistan 0,713 8,80 ,, -0,713 -0,713

110 Nicaragua 0,710 0,70 0,240 0,778 0,754 0,025 0,068 0,044

111 Moldova 0,708 1,80 1,050 0,770 0,654 0,116 0,062 -0,054

112 Egypt 0,708 2,30 0,580 0,767 0,711 0,056 0,059 0,003

113 Uzbekistan 0,702 5,30 3,070 0,743 0,406 0,338 0,041 -0,296

114 Mongolia 0,700 3,10 1,900 0,756 0,546 0,210 0,056 -0,154

115 Honduras 0,700 1,10 0,360 0,768 0,732 0,037 0,068 0,032

116 Kyrgyzstan 0,696 1,10 0,650 0,765 0,693 0,072 0,069 -0,003

117 Bolivia 0,695 0,80 0,310 0,766 0,734 0,032 0,071 0,039

118 Guatemala 0,689 1,00 0,250 0,761 0,737 0,024 0,072 0,048

119 Gabon 0,677 1,00 0,160 0,752 0,738 0,013 0,075 0,061

120 Vanuatu 0,674 0,40 0,150 0,753 0,737 0,016 0,079 0,063

121 South Africa 0,674 9,80 0,990 0,694 0,636 0,058 0,020 -0,038

122 Tajikistan 0,673 0,80 0,680 0,750 0,673 0,077 0,077 0,000

123 Sao Tome and Principe

0,654 0,50 0,310 0,737 0,703 0,034 0,083 0,049

124 Botswana 0,654 2,40 0,230 0,726 0,713 0,013 0,072 0,059

125 Namibia 0,650 1,20 0,190 0,730 0,715 0,015 0,080 0,065

126 Morocco 0,646 1,40 0,340 0,726 0,693 0,032 0,080 0,047

127 Equatorial Guinea

0,642 10,50 1,570 0,666 0,542 0,124 0,024 -0,100

128 India 0,619 1,20 0,440 0,707 0,661 0,046 0,088 0,042

129 Solomon Islands

0,602 0,30 0,210 0,700 0,676 0,023 0,098 0,074

130 Lao People's Democratic Republic

0,601 0,20 0,130 0,700 0,685 0,014 0,099 0,084

131 Cambodia 0,598 (,) 0,020 -0,598 -0,598

132 Myanmar 0,583 0,20 ,, -0,583 -0,583

133 Bhutan 0,579 0,20 ,, -0,579 -0,579

134 Comoros 0,561 0,10 0,090 0,670 0,660 0,010 0,109 0,099

135 Ghana 0,553 0,30 0,160 0,663 0,645 0,017 0,110 0,092

136 Pakistan 0,551 0,80 0,410 0,658 0,614 0,045 0,107 0,063

137 Mauritania 0,550 0,80 0,440 0,658 0,609 0,048 0,108 0,059

138 Lesotho 0,549 ,, ,, -0,549 -0,549

139 Congo 0,548 1,00 0,860 0,655 0,557 0,098 0,107 0,009

140 Bangladesh 0,547 0,30 0,150 0,658 0,642 0,016 0,111 0,095

141 Swaziland 0,547 0,80 0,200 0,655 0,636 0,019 0,108 0,089

142 Nepal 0,534 0,10 0,080 0,650 0,641 0,009 0,116 0,107

Page 32: ANALYSE D’UNE COURBE ENVIRONNEMENTALE DE KUZNETS … · 2.1. L’impact du changement climatique sur le développement Depuis plus de quinze ans, le changement climatique s’est

32

143 Madagascar 0,533 0,10 0,190 0,649 0,627 0,022 0,116 0,094

144 Cameroon 0,532 0,30 0,120 0,647 0,635 0,013 0,115 0,103

145 Papua New Guinea

0,530 0,40 0,190 0,645 0,625 0,020 0,115 0,095

146 Haiti 0,529 0,20 0,140 0,646 0,630 0,016 0,117 0,101

147 Sudan 0,526 0,30 0,170 0,643 0,624 0,019 0,117 0,098

148 Kenya 0,521 0,30 0,300 0,639 0,605 0,034 0,118 0,084

149 Djibouti 0,516 0,50 0,250 0,634 0,607 0,027 0,118 0,091

150 Timor-Leste 0,514 0,20 ,, -0,514 -0,514

151 Zimbabwe 0,513 0,80 0,420 0,630 0,584 0,046 0,117 0,071

152 Togo 0,512 0,40 0,290 0,632 0,599 0,033 0,120 0,087

153 Yemen 0,508 1,00 1,250 0,625 0,480 0,145 0,117 -0,028

154 Uganda 0,505 0,10 0,050 0,628 0,623 0,005 0,123 0,118

155 Gambia 0,502 0,20 0,120 0,625 0,612 0,013 0,123 0,110

156 Senegal 0,499 0,40 0,280 0,622 0,590 0,031 0,123 0,091

157 Eritrea 0,483 0,20 0,170 0,611 0,592 0,019 0,128 0,109

158 Nigeria 0,470 0,90 0,920 0,597 0,491 0,105 0,127 0,021

159 Tanzania (United Republic of)

0,467 0,10 0,180 0,600 0,579 0,021 0,133 0,112

160 Guinea 0,456 0,10 0,070 0,591 0,584 0,008 0,135 0,128

161 Rwanda 0,452 0,10 0,060 0,588 0,582 0,007 0,136 0,130

162 Angola 0,446 0,70 0,290 0,580 0,549 0,031 0,134 0,103

163 Benin 0,437 0,30 0,290 0,576 0,543 0,033 0,139 0,106

164 Malawi 0,437 0,10 0,140 0,577 0,561 0,016 0,140 0,124

165 Zambia 0,434 0,20 0,230 0,574 0,548 0,027 0,140 0,114

166 Côte d'Ivoire 0,432 0,30 0,200 0,572 0,550 0,022 0,140 0,118

167 Burundi 0,413 (,) 0,050 -0,413 -0,413

168

Congo (Democratic Republic of the)

0,411 (,) 0,060 -0,411 -0,411

169 Ethiopia 0,406 0,10 0,130 0,554 0,539 0,015 0,148 0,133

170 Chad 0,388 0,00 0,010 0,541 0,540 0,001 0,153 0,152

171 Central African Republic

0,384 0,10 0,060 0,537 0,531 0,007 0,153 0,147

172 Mozambique 0,384 0,10 0,110 0,537 0,525 0,013 0,153 0,141

173 Mali 0,380 (,) 0,050 -0,380 -0,380

174 Niger 0,374 0,10 0,130 0,530 0,515 0,015 0,156 0,141

175 Guinea-Bissau

0,374 0,20 0,240 0,529 0,502 0,028 0,155 0,128

176 Burkina Faso 0,370 0,10 0,080 0,527 0,518 0,009 0,157 0,148

177 Sierra Leone 0,336 0,20 0,270 0,501 0,469 0,031 0,165 0,133

Annexe 2

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33

les PEI au sens de la CNUCED : , à savoir Antigua et Barbuda, Bahamas, Barbade, Bahreïn, Cap

Vert, Comores, Dominique, Fidji, Grenade, Haïti, Maurice, Maldives, Iles Salomon, Jamaïque,

Papouasie Nouvelle Guinée, République Dominicaine, Saint Kitts-et-Nevis, Saint Vincent et les

Grenadines, Sainte Lucie, Sao Tomé-et-Principe, Samoa, Seychelles, Singapour, Timor Oriental,

Trinidad et Tobago, Tonga, Vanuatu.

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