analyse comparée production de soja au brésil et en argentine
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Comprendre les réalités économiques et techniques des producteurs de soja au Brésil et en Argentine.TRANSCRIPT
Analyse comparée de la production de soja au Brésil et en Argentine
SoftCommoditiesIntelligence –Mai 2010
Jean-MarieLecuyer – Mai 2010
Introduction
Cette présentation s’intéresse d’avantage aux producteurs qu’aux acteursagroindustriels présents en aval de la chaîne de valeur du soja
Acteurs du “boom” de la production agricole sudaméricaine, cesproducteurs sont souvent présentés comme les principaux bénéficiaires dela bonanza que connaissent les commodités agricoles ces dernières années
La réalité est en vérité plus complexe: pression fiscale pour lesuns, isolement logistique pour les autres, réduisent considérablement larentabilité finale des producteurs.
Le principal objectif de ce travail est de déterminer les problématiquesauxquels font face les producteurs de soja dans ces deux pays.
Jean-MarieLecuyer – Mai 2010
2 réalités différentes
Le Brésil et l’Argentine occupent respectivement la seconde et latroisième place sur le podium des principaux pays producteursde soja. Brésil: Récolte 2009/10: 67 millions de tonnes
Argentine: Récolte 2009/10: 55 millions de tonnes
On aurait tort de mettre ces deux pays sur le même plan: Packtechnologique, type de sols, modèle économique et fiscalitésont radicalement différents d’un pays à l’autre.
Il convient donc d’analyser en détails les éléments caractérisantces 2 systèmes productifs pour comprendre les perspectives àmoyen-long terme et les besoins futures des agriculteurs de cesdeux pays.
Jean-MarieLecuyer – Mai 2010
Jean-MarieLecuyer – Mai 2010
Brésil, répartitiongéographique de la production de soja
Parana24%
Mato Grosso
31%
Goias12%
Mato Grosso
do Sul
9%
Minas Gerais
5%
Sao Paulo3%
Bahia5%
Reste Brésil11%
Répartition de la production par état
La production de soja au Brésil seconcentre à plus de 50% sur desfrontières agricoles, zones trèséloignées des ports où lalogistique est particulièrementcompliquée
La production du Mato Grosso lorsde la dernière campagnereprésente près de 21 millions detonnes, soit 31% du total pays.
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Le soja à la conquête des frontières agricoles brésiliennes
D’abords cultivé dans la région sudest du Brésil, le soja s’est déplacévers la frontière agricole, sur lesterres bon marché du “Cerrado”
L’Etat du Mato Grosso estaujourd’hui le principal producteurnational
Depuis 2000/05, les états duTocantins et du Maranhãoconnaissent un boom del’agriculture principalement liée àl’expansion du soja
1990-2000
2005-
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Structure des coûts et bénéfice net du producteur brésilien du Mato Grosso (Sorriso)
Engrais32%
Produits de traitement
14%
semences7%
Main d'œuvre5%
Machines (location, carbu
rant)10%
Impôts6%
Assurance3%
Assistance technique
1%
Transport3%
Stockage5%
Intérets financiers
3%
Amortissement équipement et
bâtiments6%
Autres coûts fixes5%
Répartition des coûts par hectare Prix tonne soja Fob Sorriso(Mato Grosso): US$ 257
Rendement moyen Sorriso:30 quintaux/Ha
Revenu brute: US$771
Total des coûts parhectare: US$ 720
Marge nette: US$50/Ha
Les engrais représententprès d’1/3 des coûts!
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Fragilité du modèle de production
Avec une marge nette oscillant entre 40 et US$50/Ha, le seulmoyen pour les agriculteurs du Mato Grosso de faire de l’argentavec le soja est de cultiver d’immenses surfaces (>3000 Ha)
La rentabilité de ces producteurs est fragile et chaque variationde prix sur les intrants stratégiques (engrais et carburants)peuvent remettre en question la viabilité économique.
Tant que le prix de la tonne de soja permet de supporter le prixdu gasoil et des engrais, le modèle est viable. Mais quandsurvient un déphasage brutal comme ce fut le cas en octobre2008 (début de la campagne), tout s’effondre.
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SWOT du producteur du Mato Grosso
Forces Faiblesses
• Précipitations régulières et constante d’une année sur l’autre•Terres relativement bons marché permettant d’acquérir degrandes superficies• Réserves de terres type cerrado encore inexploitées• Gouvernement appuyant l’agriculture, pratiquant un politiquefiscale raisonnable vis-à-vis du secteur
• Manque criant d’infrastructures impactant fortement sur larentabilité finale des producteurs . Les coûts liés au transport dela production sont extrêmement élevés (trois fois plus importantsqu’aux Etats-Unis sur la même distance)• Les sols pauvres des frontières agricoles obligent lesproducteurs à appliquer jusqu’à 300 kg d’engrais par hectare, soit6 fois la dose pratiquée par leurs voisins argentins.•Gazoil agricole 15% plus cher que sur les zones côtières
Opportunité Menaces
• La valorisation de la production de la production des grains surplace via l’installation d’usines modulable de biodiesel représenteun moyen d’acquérir un carburant moins cher, et aussi des’approprier le processus d’ajout de valeur en commercialisant lessous produits (tourteaux de soja) vers les élevages intensifs deporcs ou poulets.• Développement de nouveaux couloirs d’exportation via LeNordeste (Port de São Luis dans l’Etat du Maranhão). La ligneferroviaire Norte-Sul, déjà en fonction, devrait charger de plus enplus de grains. La réduction des distances, et le coûts, pluscompétitif que celui des camions, devrait contribuer à diminuerles coûts liés au transport.
• Nouvelle hausse brutale du prix du pétrole provocant unecacade d’augmentations sur des postes de dépense tels que letransport ou les engrais azotés.• Si le gouvernement fédéral ne tient pas ses promesses sur lamodernisation des réseaux routiers et ferroviaires, les coûts detransport plomberont les agriculteurs distants des ports•Risque informationnel: le soja est accusé de déforestation de laforêt amazonienne par de nombreuses ONG. Ces acteurs de lasociété civile pourraient mener des campagnes de boycott dusoja brésilien similaires à celles pratiquées contre les producteursd’huile de palme en Indonésie.
Jean-MarieLecuyer – Mai 2010
Jean-MarieLecuyer – Mai 2010
Production de soja en Argentine
Production 2009/10: 55 millions detonnes, récoltées sur plus de 17 millionsd’hectares
La production de soja se concentreessentiellement sur les zones de Pampa
On observe depuis le début des années2000 une avancée du soja sur des terres dunord du pays, autrefois considéréescomme marginales
Cette poussée est principalement liée auxprix des terres, moins chères dans cesprovinces. Le prix de l’hectare dans lecœur de la Pampa est en effet devenuprohibitif, atteignant parfois US$ 14.000.
Cœur de la production de soja
Zones de production secondaires
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L’expansion de la culture du soja en Argentine
La culture du soja s’estconsidérablement développéeau cours de la dernièredécennie, gagnant du terrainsur d’autres cultures telles quele tournesol ou le maïs.
Cette préférence pour la “reineverte” est principalement liée àses faibles coûts d’exploitationet ses bons prix de vente surcette période.
Le complexe agroindustriel dusoja est aujourd’hui un desprincipaux moteurséconomiques du pays et agrandement contribué à releverl’économie argentine après lacrise de 2001
18,2
29.2
0.0
5.0
10.0
15.0
20.0
25.0
30.0
35.0
1998 /99
1999 /00
2000 /01
2001 /02
2002 /03
2003 /04
2004 /05
2005 /06
2006 /07
2007 /08
2008 /09
2009 /10
Superficie semée en Soja en millions d'Ha
Superficie totale semée en millions d'Ha
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Structure des coûts et bénéfice net des producteurs de soja argentins
Cas pratique d’un producteur de soja de Córdoba. Rendement par hectare de 28 quintaux. Prix de la tonne de soja: US$ 340
Bénéfice netdu
producteur
US$ 100/Ha
Propritairedes terres: 600 ha de
soja
Le producteur perçoit 10,5% de la valeur qu’il génère
Droits à l’exportations:
US$ 333
Autresimpôts:
US$ 76
Chargeimpositive
US$ 410
Frais
US$ 440
Plantation, machines et
agrochimiquesUS$222
Coûtsindirects et d’infrastructure
US$ 219
13 Source: La Voz Negocios, Margenes Agropecuarios
Revenu de la production*
US$ 951,6
* Les valeures correspondent à un hectare
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Les solsnaturellementriches en phosphore, la manne du “sojero” argentin
74%
40%
35%
30%
22%
10%
4% 2%
27%
Centro Córdoba
Este Córtdoba
Oeste Córdoba
Centro Santa Fe
Sur Santa Fe
Norte Bs As
Sudeste BsAs
Entre Rios TOTAL
Taux de non utilisation d'engrais pour le soja par zone
Les sols riches enphosphore permettentaux agriculteurs d’obtenirde bons rendements sansmême utiliser d’engrais
La Province de Córdobaest celle qui produit le plusde soja en Argentine.
C’est aussi celle où l’onfertilise le moins!
Au niveaunational, seulement 27%des producteurs de sojaappliquent des engrais.
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Argentine: Evolution de l’usaged’engrais
78
65
111
130
56 59
80
94
49
23
51
4 6
31 27
0
20
40
60
80
100
120
140
1979-81 1989-91 1999-2001 1999-2002
Evolution de l’usage des engrais sur les pays du Cône Sud en kg/Ha
Brasil Uruguay
Paraguay Argentina
Si l’on compare avecles autrespays duMERCOSUR, letauxd’utilisationd’engrais enArgentineapparaitcommeétant les plus faiblede la zone
-
0.5
1.0
1.5
2.0
2.5
3.0
Extracción Reposición
Extraction Vs. Reposition de nutriments 2009 en millions de Tn
S
K
P
N
Mais cettesurexploitation dessols conduira tôt outard à une chutebrutale desrendements si lesagriculteursn’augmentent pasl’application d’engrais
15
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SWOT Producteur argentin
Forces Faiblesses
• Coûts de productions les plus compétitifs au monde grâce àl’excellente qualité des sols et au pack technologique alliantsemis direct, sélection génétique et combo sojaRR/glyphosate• Les zones de production sont proches des ports, la logistiqueest efficace et les coûts sont raisonnables.• L’agriculteur grâce à de nouveaux outils comme le « silo sac »peu conserver ses grains et attendre le bon moment pourcommercialiser sa production.• Le paiement en grain est très répandu et permet auxproducteurs d’acquérir presque tout type de bien (duglyphosate au véhicule 4x4)
•La charge fiscale liée aux taxes à l’exportation et autresimpôts est très importante représente un véritable fardeaupour les producteurs• Les problèmes d’approvisionnement en carburant aumoment de la récolte sont fréquents• Le risque climatique est chaque année plus présent et met enpéril la rentabilité. L’irrigation est peu développée, leproducteur reste dépendant des caprices du climat• Le processus d’ajout de valeur à la production primaire(crushing du soja pour faire de l’huile) est aux mains des grandsgroupes agroindustriels. Les producteurs se limitent à la ventedu grain.
Opportunité Menaces
• Certains producteurs se professionnalisent sur le commercede grains et développent la vente directe aux exportateurssans passer par le circuit traditionnel• Le biodiesel autoproduit permet aujourd’hui aux producteursde se s’autosuffire en carburant, s’éloignant ainsi de lavolatilité des prix du pétrole et des pénuries toujours plusfréquentes• Nouvelle génération d’agriculteurs entrepreneurs forméetechniquement et réceptive au concept de création de valeurlocale
• Les sols s’appauvrissent rapidement et les producteursfertilisent peu: cela pourrait se traduire par une chute brutaledes rendements d’ici 5 à 10 ans selon les experts• Certaines mauvaises herbes sont chaque année plusrésistante au glyphosate, remettant en cause les gains promispar le pack semences transgéniques/glyphosate.• Risque climatique toujours plus fréquent (2008/09 annéessèches)
Jean-MarieLecuyer – Mai 2010
Conclusion
Les deux modèles sont fragiles à différents niveaux
La rentabilité des producteurs du Mato Grosso disparait à partir du moment où le pétrole etses dérivés atteigne un prix élevé et que celui du soja ne s’aligne pas sur cette tendance
Les sols argentins connus pour leur qualité s’appauvrissent d’année en année et trop peu deproducteurs fertilisent à des niveaux satisfaisant. A un tel rythme, l’effondrement desrendements est inévitable sur la durée.
Créer un modèle productif plus résilient, moins dépendant des contraintesextérieures:
Adopter une vision à long terme et préserver le principal capital de production (le sol) estindispensable si les producteurs de soja profiter du boom de la demande mondiale enprotéines. Il faudra pour cela gérer de manière efficace la nutrition des sols et des plantes
Traitement industriel d’une partie de la production via usine modulable de biodiesel. Lesproducteurs, en plus de s’autosuffire en carburant, s’approprier la création de valeur jusquelà détenue par les agroindustriels. Par la même occasion, Ils deviendront acteurs dudéveloppement local en s’alliant à des éleveurs de la zone (vacheslaitières, porcs, consommateurs de tourteaux de soja, sous produit de la fabrication debiodiesel)
Jean-MarieLecuyer – Mai 2010
Sourcesconsultées
www.cisoja.com.br Centro de Inteligência da Soja (BR)
Financial Times “Farming in Brazil”
www.intagro.com Corredor de granos (AR)
www.bcr.com.ar Bolsa de Comercio de Rosario (AR)
Photos:
www.flickr.com/photos/amicor
www.flickr.com/photos/liviaauler