iconographie chrétienne histoire de dieu (1843)
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"
G
COLLECTIONDE
DOCUMENTS INEDITSSUR L'HISTOIRE DE FRANCEPDBLIS
PAR ORDRE DU ROIET PAR LES SOINS
DU MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
TROISIME SRIE
ARCHOLOGIEINSTRUCTIONS DU COMIT HISTORIQUE DES ARTS ET MONUMENTS
srt-
ICONOGRAPHIECHRTIENNE
HISTOIRE DE DIEUPARM.
DIDRON
DE L\ BIBLIOTHQUE ROYALE
SECRTAIRE DU COMITE HISTORIQUE DES ARTS ET MONUMENTS
PARISIMPRIMERIE ROYALEM DCCCXLIII
H
VnATVi"
ICONOGRAPHIECHRTIENNE.
INSTRUCTIONS.
II,
INTRODUCTION.
Depuis
le
ix"^
sicle
de notre re jusqu'au xvii^,
le
christianisme
a fait sculpter, cis^er, graver,' peindretit
tisser
une innombrable quanles glises
de statues
et
de figures dans
les cathdrales,
de pa-
roisses et les chapelles; dans les collgiales, les
abbayes
et les prieurs.
Certaines grandes glises,
comme comme
les
Notre-Dame de Chartres, de,
Reims, de Paris
et
d'Amiens, sont ornes de deuxla
de
trois,
de quatre
mille statues en pierre; ou,et celles
mme
cathdrale de Chartres
de Bourges
et
du Mans, deil
trois, quatre,
cinq milleglise,
figures peintes sur verre. Autrefois
n'y avait pas,
une seule,
tant petite ft-elle
,
qui ne possdt trente
quarante
cent figures
peintesle
ou
sculptes. Qu'entre le
plus petit on prenne une
nombre le plus lev et le nombre moyenne pour la multiplier par la
quantit des
les dvastations
politiques
monuments religieux qui existaient en France, soit avant hrtiques du xvi'= sicle soit avant les destructions du XYiii*^, et l'on comprendra toute l'importance que le,
christianisme avait donne
l'art figur.
/i
INTRODUCTION.Deces personnages excutes par des sculpteursla,
des ciseleurs ou
des peintres, les intempries des saisons,les rvolutions
succession des sicles,le
humaines en ont singulirement diminule
nombre;
cependant tout
personnel figur de Chartres et de Bourges existe
en entier, et celui de Lyon aux trois quarts; de celui de Reims et
de Strasbourg
il
reste plus de la moiti. Les grandes cathdrales,
celles qui taient le plus peuples, ont
moins
souflrtla
que
les glises
de second ou de troisime ordre; en sorte que
France
est
mme
aujourd'hui d'une richesse incroyable en statues et en vitraux. Laseule ville de Troyes possde neuf glises claires encore de verrires histories, et qui vont
du xm" au
xyii*^
sicle.
Tous
ces personnages sculpts et peints dans les glises sont reli:
gieux, peu d'exceptions prs
c'est
toujours dans
la
Bible et
la
L-
gende dore, quelquefois danslaires,
les fabliaux et autres posies
popu-
rarement dans
les
chroniques, presque jamais dans l'histoire
pi'oprement dite, qu'il faut en chercher l'explication. C'est avec les
deux premiers ouvrages en maintudierl'art
,
la
Bible et la Lgende, qu'on doit
figur de nos cathdrales, etP.
non
pjis
avec lesle
Monusystme
ments de
la
monarchie franoise, du
Montfauco*, dont
pourrait faire
tomber dans de graves
erf eurs.
L'instructiont le
du peuple
et l'dification
des fidles semblent avoir
but principal
et gnral
que
se proposait le christianisme en
adoptant ce
mode
curieux d'ornementation historie. Des textes de
toutes les poques tmoignent que telle tait la pense qui a prsid l'excution et
l'ordonnance des figures et des statues qui remreligieux.
plissent les
monuments
Ces textes sont nombreux; on
se
contentera d'en rappeler quelques-uns, en
commenant pardans
le
plus
nouveau, par une inscription qui se
lisait autrefois
l'glise
de
Saint-Nizier de Troyes, et qui a disparu avec la fentre historie de
personnages au bas de laquellefit,
elle taitpeinte.,
Un cur de Saint-Nizierles fentres
peindre sur verre au xvi^ siclela
les
principaux sujets de l'Evangile
de
Lgende
et
du dogme,
et les plaa
dans
de
la nef,
du chur, de
l'abside et des bas-cts,
o on
les voit
encore aujour-
INTRODUCTION.d'hui.
5:
Au
bas de
la
fentre occidentale,diffrente, en /;33,- lela
il
crivit
Sanct plebi Dei.III
A
une poque bien
pape Sixte
ddiait aussi
au peuple de Dieuet sousles
mosaque de Sainte-Marie-Majeure,qu'il
Rome,extr-
personnages sacrs:
avait fait reprsenter plaait
cette inscription
Xistas episcopus plebi Dei^.xvi*^
Donc, aux deux
mits du
moyenles
ge, au v^ et au
sicle, vivait la
mme
pense
formule par
mmes
paroles; entre ces
deux
limites, cette pen-
se a t dveloppe en dtail et souvent Ainsi, la fin
commente avec loquence.d'Italie
du
vii^ sicle,
Benot Biscop, abb de Weremouth,
en Angleterre, orna de peintures rapportesavait fait btir.Il
une
glise qu'il
voulait qu'en entrant danslire,
la
maison de Dieu tous,
mme(le
ceux qui ne savaient pasils
eussent sous leurs regards, partoujours aimable
tout o
les dirigeraient, l'imageIl
du Christ
et
ses saints.
provoquait ainsi
la
mditation sur
le bienfait
de
l'incarnation divine, et rappelait, en
montrant^.
lele
jugement dernier,
qu'on devait s'examiner avec svritJean Damascne,
Pour
mme
motif saint
au
viii'^
sicle
,
dfendait les images.
Les images
parlent, s'crie l'loquent apologiste; elles ne sont ni muettes, ni
prives de vie
comme
les idoles
des paens.
Ende
effet,
toute peinture
que nous
lisons dans l'glise raconte,
comme
si
elle parlait, l'abais-
sement du Christ pour nous,
les miracles
la
mre de Dieu,le
les
actions et les combats des saints.l'intelligence; elle
Toute image ouvre
cur
etet
nous engage
imiter
d'ime faon merveilleuse''.
ineffable les personnes qu'elle reprsente'
Ciampini
Vetera monimenta, p. ig, pars prima. Quatenus intrantes ecclesiam omnes etiam litterarum ignari, ,
,
qiiaqiiaversum
inteii-
1
derent, vel seniper amabilem Chrlsli sanclorumque ejus, quamvis in imagine, contemplarentiir
1
adspeclum
;
vel dominica: incarnationis graliam vigilantiore
mente
recoleipsi
urent; vel extremi discrimen examinis, quasi coram oculis habenles, districlius se
examiriarememinissent.il [Act. SS. on. S. Bened.lie
3 vol.
oule
il'
sicle bndict.,
Vie
S. Benot Biscop, premier ahb de Wcremoiith, crite parIl
Bde
Vnrable son
disciple. )uli
Eliam loquunlur (imagines), nec mutae prorsus sunt omnisve sensus expertes,idola.
gentiumsionem,
Omnis enim
pictura
quam
in ecclesia
legimus, aut Christi ad nos demis-
aut Dei genitricis miracula, aut sanctorum certamina et res gestas, veiut ima-
en une plus grande joie
et j'aperus sans voile les deux cours du
Ce fleuve devenu rond, et cette surface, longue d'abord, s'tant ramasse en disque, Dante raconte"' ce qu'il aperoit dans cetteROSE, et dittrait:
Sous
la
forme d'une rose blouissante
se
mon-
donc moi
la sainte milice
que
le
Christ pousa avec son
sang; mais l'autre, qui en volant voit et chante la gloire decelui qu'elle
aime
,
et
dont
la
bont
la
fit
si
grande
,
commesaveur
un essaim
d'abeilles tantt se
plongeant dans
les fleurs, etla
tantt s'en retournant la ruche
o dj
se
forme
de son miel
,
descendait dans l'immense rose orne de tant de
feuilles; puis elle
en ressortait pour revenir
l
o son amourde flamme
demeure sans cesse. Ces
esprits avaient tous le visage
et les ailes d'or, et le reste tait
d'une
telle
blancheur, qu'aula fleur
cune neige n'en approche. Lorsqu'ils descendaient dansde degr en degr,ils
rpandaient, en secouant leurs
ailes, la
paix et l'ardeur qu'ils venaient de puiser dans le sein de Dieu.
Et ces multitudes volantes, quoique interposes entreParadis, chant xxx.'
la fleur,
Ibidem, chant xxxi.
150et le
INSTRUCTIONS.haut, n'arrtaient nila
vue, ni la splendeur; car la lu-
mire divine pntre tellement l'univers, selon qu'il en estdigne,
que rien ne peut
lui faire obstacle.
ORIGINE ET PATRIE DE LA GLOIRE.
Il
reste
maintenant
chercher l'origine de
la gloire
,
dire
le lieu et le
temps oest
elle est ne.la gloire a t
Quantmire
l'poqueil
o
employe pourles
la
pre-
fois,
impossible de
le savoir; if
semble que l'usagereli-
de cette formegions.
soit aussi
ancien que
plus anciennes
On
trouve le,
nimbe
et l'aurole sur les plus vieux
mo-
numents hindousments du monde.
qui paraissent tre les plus vieux
monu-
Les gyptiens n'ont pas ignordisque lenticulaire qui surmonte
la
gloire,
car le grand
la tte
de plusieurs divinits
gyptiennes, qui est blanc ou rouge, les plus lumineuses detoutes les couleurs; qui estsi
bien accentu
et si
bien color
sur une peinture gyptienne qu'on voit auparat bien ressembler au nimbe'".
muse du Louvre \ On a dj fait remarquer plus
haut que
le
Christ peint fresque dans l'glise de Montoire
portait sur sa ttecercl
une espce de sphre ou disque gyptien comme on cercle la boule du monde. L'Harpocrate^.
gyptien est frquemment nimb
Le nimbeeffet,
tait
en usasfe chez
les
Grecs,
et les
Romains. En
sur les peintures d'HerculanumChai-les(
Girc se montre
'
Muse
X
,
salles gyptiennes. Hune orbem Egyptii in sunimo Romanes sumpsisse licet suspicari,:
'
Ciampini
Votera monimenta , pars 2) dit
capiteet va-
Il
simulacrorum suorum locabantfiasse, habita decoris ratione,
Ab
illis
quod
capiti cui
divinum quid inesse putabant, eofait
situ
corona aplarelur.
Ainsi, d'un globe les,
Romains auraient
un
disque.
Antiquit explique
tom. IV.
Ulysse
la tte
entoure d'un nimbe,
ICONOGRAPHIE CHRETIENNE. 151 comme se reprsentent orvierge Marie et les saints du christianisme. La
dinairement
la
magicienne
s'offre ainsila
dans
sa gloire,
au moment o Ulysse
veut la forcer, l'pe ses
main
de rendre leur ancienne forme
sandre et un Priam,
compagnons changs en pourceaux par elle. Une Castrois convives assis une table, dans un une femme triclinium, le tout peint dans le Virgile du \ atican'
'^
;
sur un vase grec qui est grav dans l'Antiquit explique de
Montfaucon
;
divers personnages peints sur les grands vases
grecs de la collection
du Louvre;
le
buste de l'empereur Claude^;
l'empereur Trajan'' sculpt sur
l'arc
de Constantin,xviii''
trois
places diffrentes; le Valentinien trouv, aul'Arve^;
sicle,
dans
les
empereurs Maurice
et
Phocas gravs sur leurs m-
'
Antiquit explique
,
tom. V
,
p.
i
i3.pi.
'
Montfaucon [Antiquit explique, tom. XIII,:
35,
p. 8i4),
prend
cette
femme pourVoyezterre cuite,
Proserpine
tout
fait
croire
que
c'est
Diane
,
ou plutt la lune
la desse
de
la nuit.
enpi.
effet,
dans Sroux d'Agincourt [Recueil de fragments de sculpture antique enl'atlas
28), et danssoleil et
allemand de
la
Symbolique de Creuzer,dont,
pi.
h,
la reprsentation
dula et
de
la
lune, trans chacun dans un char quatre che^aux et sortant de
mer pour
clairer le
monde. La lune,
,
les
chevaux sont conduits partournure,
le,
gnie
ail
nimb du sommeilla
a le
mme nimbe
la
mme
costume que
Proserpine de Montfaucon. Le
soleil est
mme ge le mme nimb comme la lune de plule:
sieurs cordons circulaires s chappent
une une
foule de rayons courts et en forme de perlessalles
allonges. Voyez encore, dans le
muse Charles X,table
trusques
,
un des grands
vases
grecs placs au centre d'une salle, sur
de marbre.
Antiquit explique, tom. V, p. 162.'
L'arc de Constantin est orn des dpouilles de celui de Trajan. Sur un bas-relief,fait
on voit Trajan qui
un
sacrifice Apollon.
Trajan a autour de sala tte
tte
un
cercle d'or
lumineux,le
tel
que
les peintres le
mettaient autrefois leurs
de nos
saints.
Les Romains
donnaient aussi leurs dieux et
empereurset
:
ce cercle tait appel nimbus. Plinel'a
dit
de ce nimtiw que Caligula
l'a
usurp
que Trajan
mrit. (Antiquit explique,
6* vol. pi.'
179
et i83.;lit
Sur un disque en argent, trouv en 1721 prs de Genve, dans l'ancienvoit Valentinien entour dIl
de l'Arve,
on
un nimbeune,
la tte.
L'empereur
est reprsent faisant deset
largesses ses soldats.
tient
victoire aile qui le
couronne
qui a les pieds poss
sur
un
globe. [Antiquit explique
tom. XIV,
pi.
28,
p. 5i.)
152dailles;
INSTRUCTIONS.une innombrable quantit de figures grecques et role soleil sous la forme d'un jeune homme,celle
maines reprsentantla
lune sous
d'une
femme;
les diverses constellations,
l'Apollon des mdailles de Rhodes, le Soleil rayonnant des as
romains', les divinits astronomiqueschini^,
du planisphre de Bianle
les autres
dieux du panthon antique et
chef de ces
dieux, Pan qui
fait
danser
les satyres et
qui est
nomm Panet
lumineux^, toutes ces figures de
l'histoire,le
de l'allgorie,
du
mythe
religieux se
montrent avec
nimbe
trac
absolument
commeet
celui qui orne la tte de saint Jean-Baptiste, de l'ange
de Jsus-Christ. Enfin, Servius,
comme on
l'a
vu plus haut,la tte
dit
quele
le
nimbe
est
un
fluide
lumineux qui environnele
ou
corps des dieux. Virgile lui-mme connaissait
nimbe,
lorsqu'il parleciel
du
petit Iules
dont une flamme descendue dubaiser la chevelure. Voici le pasfait
venait caresser et
comme
sage de Virgile, auquel on a dj
allusion;
il
explique
parfaitement'
la
nature de l'aurole et rappelle ces deux cornes\?>' vol.
Antiquit explique,
pi.
47.
"
Muse du Louvre,
salle
de
la
Melpomne.
Ce monument, trouv surtte
Aventin en 1706, et o sont gravs des dieux paens avec laappel planisphre de Bianchini,
cerne
le mont du nimbe, est
parce que le savant astronome italien de ce
nom
est le
premier qui
l'ail
publi.
On
y voit les figures gyptiennes des dcans, divinits subal-
ternes, chacune desquelles l'astrologie gyptienne avait attribu la prsidence de dix
jours de chaque moissignes, on a
;
en plaant
trois
dcans sousla
1
influence de chacun des douze
donc
trente-six dcans.
Le zodiaque deplus,
cathdrale d'Athnes a trente-cinqn'est
figures seulement; l'une
manque et, de
aucune des autres
nimbe.
Il
est remar-
quable quetandis
les divinits les divinits
gyptiennes du planisphre de Bianchini ne sont pas nimbes,
que
grecques correspondantesparl, aurait-il,
le sont.
Le nimbe, malgr
la
prsence
du globe dont nous avonsseulement parles
donc
t
inconnu aux Egyptiens,?
et pratiqu
Grecs qui
alors
,
auraient pu l'emprunter aux Hindous,
Dans
l'Inde
on a toutesmentaire.
les
formes du nimbe; on y trouve l'aurole aussi
du moins
l'tat rudi-
Antiquit explique, toiii. XI pi. 55, p. 166. Le Pan qui a deux cornes au front porte un nimbe form de courts et nombreux rayons qui s'ordonnent en cercle. 11 y a dans tous ces nimbes romains une assez grande varit de formes. ^,
ICONOGRAPHIE CHRTIENNE.lumineuses que Mose avait au front',et ce visage,
153
flamboyant
dont
les
Hbreux
taient blouis et ef'rays
lorsque leur lgisil
lateur et leur chef descendit
du mont Sina olli
venait de
confrer avec Dieu;
,
presque loujours peint de ce magnifique sujet
qu'on appelle'
la sainte liturgie,
ayta XsiTOvpjla.
Le
livre
que
tient le Christ est
ferm quelquefois, maisexpliqueles
il
est
ouvert la plupart dulivre
temps. Voici
comment Guillaume Durand....
deux manires de figurer ce
mystrieuxn
-,11
Divina majestas depingilur quandoque
cum
libro clause in
manibus
quia
ncmo
inventus est dignus aperire illum nisi leo de tribu Juda. Et quandoque
cumv,
libro aperlo, ut in illoet liber vilae.,
quisque lgat quod ipsedivin, ojf. lib. I, cap.
est
lux mundi, et via
,
veritas ac vila,,
(
Radonale
m). (Voyez dans l'Apocalypse cbap.)
verset 5'
l'allusion faite
au lion de
la tribu
de Juda.
C'est le salut
que Jsus adressait d'ordinaire,
ses aptres et ses disciples.
Dansle
le triclinium
de Saint-Jean-de-Latran ses aptres la
la
mosaque deIl
l'abside, qui est
de
l'an
797,
Christ
donne
mission de baptiser.;
est
debout
,
surse
unlit
tertre
d'o
sortent les quatre fleuves mystiques
il
montre un
livre ouvert,
o
ce Pcij; vohis.
(Ciampini
,
Vet. moni. 2' pars, tab.le livre
Sg
,
p.
128). Ces paroles d'amour sont graves ga sa
lement sur
que
tient le
Dieu escort d'un sraphinGuillaume Durand
gauche
et
d'un chrubin
sa droite, et^
qu'on voit sculpt en marbre Saint-Saturnin de Toulouse.
C'est prcisment le texte
que
cite
,
et
qui est
tir
de saint Jean
vangliste.*
A'
Saint-Laurent de Gnesla
,
sur
le
tympan de,
la porte principale.
'
Sur
mosaque de Saint-Marc de Rome d'ol'Histoire
est tir le
pape Grgoire IV nimbe
carr,il
donn dans
du nimbe,
p.:
10:
le Christ est
au centre des personnages;vita.
tient
un(
livre ouvert sur lequel est crit
Ego sum,
lux.,
Ego sum1
Ego sum
resur-
rectio.*
Voir Ciampini
,
Vct. moni. 2* parsvi" sicle,
pi.
07
p.
19.)
Sur une mosaque du
Saint-Michel de Ravenne. Saint-Michel a t bti
en 545.'
Ces deux deruires inscriptions sont peintes toutes deux
la fois:
sur un livre quevidit
tient
un Christ excut en mosaque
Saint-Michel
de Ravenne
Qui
me
vidit et
ICONOGRAPHIE CHRTIENNE.In principio eratyislfjil
297
Verbum ^'.
T is rov xer^iov
Alors
il
n'y a plus de doute, cette personne de la Trinit
est bien le Christ; car tous ces attributs, tous ces textes
con-
viennent
lui, et la jlupart d'entre
eux ne peuvent convenir
qu' lui seul. Aprs les
nombreuxici
et divers portraitsil
donnsne pa-
de Jsus-Christ, surtout dans l'Histoire du nimbe'',rat
pas utile de donner
ceux qui prsenteraient
les divers
caractres
que nous venons de rappeler.
Uncles,
sujet
ne
laisse
frquemment reproduit aux xii*, xiii*^ et xiv*^ siaucune incertitude sur le personnage qui enSurles vitraux et les
occupe
la partie principale.
miniatures
des manuscrits excuts surtout pendant les trois sicles que
nous venons de nommer, onsouventassis,
voit
un personnage debout, plus
autour duquel rayonnent sept petites colombes.les
Ce personnage ayantmaisc'est l'une
pieds nus, ce pourrait tre
un
aptre;
des trois personnes divines, parce qu'il porte
un nimbepritsPatremtient
crucifre.,
Or
ces
colombes symbolisent'',
les sept es^,
de Dieu
et d'aprs IsaeEgoet Pater
d'aprs l'Apocalypse
d'aprs
est sur le verso;
anum
sumiis est sur le recto.
Outre sou
livre, Jsus1,
une croix beaucoup plus haute que
lui.
(Voyez Ciamp. Vet. mon. pars
pag. 80,
tab. 34.)'
Les monuments o celte inscription est reproduite sont eninutile de les citer.la plupart des livres
si
grand nombre
,
qu'il
semble"
Sur
que tiennentle
les figures
grecques du Christ Pantocralor.les
(Voyez le dessin n Ag, p. 181.) Dansinscriptions crites sur le livre
manuscrit de Panselinos nous donnons toutes;
que
tient le Christ
ces inscriptions sont
nombreuses
et
varient suivant les endroits o le Fils de Dieu est reprsent et suivant les fonctionsqu'il remplit. Ainsi, lorsqu'il est
en ange de
la
grande volont, on;
lit
sur
la
banderole
ou
le livre qu'il tient,
:
Moi
,
je viens de Dieu et j'y retourne
car je ne suis pas
venu
de moi^
mais
c'est lui
qui m'a envoy.
Voyez particulirement pages 36, 87, S
et
53, planchesfils
7, 8,
i5et 17. D'autres
portraits vont suivre et complteront le'
signalement du
de Dieu.
Prophet. cap. xi
,
v.
1,
2 et 3.
'
Chap.
V, versets 6, 11 et 12.
INSTHncTlONS.
II.
38
298les
INSTRUCTIONS.docteurs de TEgliso',
c'est le fils
de Dieu,
c'est
Jsus qui lut
spcialement anim des sept esprits divins. Ainsi donc, toutesles fois
qu'on verra un personnage jeune ou g, barbu ou im-
berbe, nimb ou sans nimbe, entour de sept colombes, on
peut affirmer hardiment que ce personnage est
le fils
de Dieu.
Nous n'en dirons pas davantage sur ce
sujet, parce
que nous y
reviendrons avec plus de dtails dans l'histoire du Saint-Esprit^.
Un
autre sitrue, mais indirect et tir de l'histoire, sert :
c'est quand, dans une scne vanun personnage accomplissant les actions que rYangile attribue Jsus. Dans ce cas, lors mme que ce personnage serait dpouill de tous les caractres que nous
reconnatre Jsus-Christglique, on voit
avons signals, on ne peut hsiter cette partie
le reconnatre.,
Mais, dans
de l'iconographie chrtienne
nous ne parlons
du Verbe qu'en l'envisageant comme Dieu
et
non pas commela
homme
,
nous faisons
l'histoire
de
la
seconde personne dela terre;
Trinit avant et aprs son existence sur
nous ne
devons donc pas
traiter cette question,l'histoire
qui trouvera son d-
veloppement complet dansD'ailleurs
cvanglique de Jsus.et qu'il faut
un sujet frquemment reprsent,de Laudibas sanct Crucis,
menP'vol.
'
Noiamment Rliaban Maur,
figura
XVI, pag. 3 12,
des OlOuvres coniplles.
Audu
chapitre de l'aurole
,
page
1
23 planche o nous avons reproduit une miniature,,
psautier de saint Louis consei'v la bibliothque de l'Arsenal. Jsus, assis au centre
d'un ovale de branchages et au sommet d'un arbre gnalogique, est entour de sept
colombes divines. Dans
l'glise
de Saint-Denis, suret
les vitraux
donns par Suger, on
voit
deux
fois le fds
de Dieu cuirass
nimb des
sept esprits.
Le
mme
sujet est peint sur
un
vitrail
dela
la
Sainte-Chapelle de Paris, sur
un
vitrail
d'une glise de village, prs de
Reims, surde
rose septentrionale de la cathdrale de Chartres, etc.
A l'histoire duIsae.
Saint-
Esprit, nous donneronsla cathdrale
deux gravureset
tires,
l'une d'un manuscrit, l'autre d'une verrire
de Chartres,
qui prsentent les esprits prophtiss parle Venjier de Solas,
Les septla Bi-
esprits sont encore peints
dans
curieux manuscrit que possde
bliothque royale.
On
ne peut
citer tous lesils
monuments qui reproduisentsont
les esprits
animant
et
entourant
le fds
do Dieu, tant
nombreux.
ICONOGRAPHIE CHRTIENNE.tionnerici,
299
l'sume la vie mortelle de Jsus
:
c'est le
triomphe
du Christ aprs son ascension. Cette apothose, remarquablede conceptionet
souvent admirable d'excution, couronne
tous les actes de l'humanit divine. Les portes
du
ciel s'taient
ouvertes pour laisser sortir
le
\erbe, qui
allait
accomplir sa
mission sur la terre; trente-trois ans aprs, elles se rouvrent
pour recevoir l'Homme-Dieu revenant prendrede son pre. Alorsles les
sa place ct
anges
et les
saints portent
en triomphe,Telest le su-
uns leur matre
et les autres leur librateur.
jet peint
ou sculpt dans
les
monuments du moyen
ge, avec
des dtails plus ou moins nombreux.TRIOMPHE Dr CHRIST.
Lorsque
les
temps furent accomplis, quatre mille quatre
ans aprs la cration duFils sur la terre vivre et
monde, Dieumourir pourla faute
le
pre envova son
les
hommes.
Il
avait
promis un rparateur dele
d'Adam,il
et, lorsqu'ilfils, le
jugea
moment venu de,
tenir sa parole,
appela son
Verbe
divin
pourles
tre l'organe et fagent de sa volont
suprme.Voil que
Suivant
prophties, la seconde personne de la Trinit r:
pondit cet appel par ces paroles de Davidje viens'.
J'ai dit
:
Le
Fils se fait;
donc immdiatement
le
messager
la volont de son Pre il s'offre en sacrifice jDour le salut du monde, et accepte avec empressement toutes les souffrances qu'il lui faudra endurer pour expier les crimes du genre humain.
de
L'art a trs-souvent reprsent cet acte de
dvouement, quis'a-
prend son origine danschve oleil
le ciel, se
poursuit sur la terre, et
a commenc. Tout ce qui se passe sur terre, nous
rservons pour fhistoire de la vie
humaine duet ce
Christ; mais
nous devons signaler ce qui prcde'
qui suit l'incarnation
Psal. XXXIX, vers. 8.
o
Tune
dixi
:
Ecce venio.
u
38.
300
INSTRUCTIONS.l'glise
du Verbe. DansGrce, o
grecque
comme
dans l'Eglise latine, on
a dessin la scne o le Verbe dit au Pre:les traditionsle sujet est
Me
voil.
Mais en
de l'idalisme antique ne se sont japlus grave et plus beau que chez nous.
mais perdues,
Danset
les chapelles latrales, la
demi-coupole qui fresque
les
couvre,
on voit un grand ange imberbe, peint
ou en mosaque,
dployant ses longues
ailes
dans toute leur largeur. La belle
crature est vtue d'un costume charg d'ornements en or et enpierres prcieuses; elle tient la
main un bton
d'or,
comme
pour faire un long voyage. Cet ange aux ailes ouvertes, et qui s'aj^prte descendre du cfel en terre, c'est le Fils de Dieu, c'est celui qui va tre Jsus-Christ. Il porte la tte un nimbecrucifre,la croixle
comme
les
personnes divines,o ov. il
et sur les
branches dequ'il est
du nimbe
est crit
est
en ange, parce
messager (ctyygAo) des ordres divins. Tout autour de sa
tte
on
lit
ces graves parolesla
:
o affeaos th2 mefaahs botahs.fait
Cet ange dec'est,
grande volont
une profonde impressionGrce
;
avec
le
Pautocrator des grandes coupoles, la plus relaait
marquable figure que fart chrtien de
imagine.
L'art antique n'a certainement rien de plus beau; ce type
soutiendrait probablement la comparaison avec le
Jupiter
Olympien que nous n'avons plus'. Chez nous, le mme sujet a t'
trait
d'une faon moins
Il
n'a pas t possible
M. Paul Durand de dessiner, pendant noire voyage en Grce,la
un de ces admirables anges de
grande volont
;
je regrette
donc de ne pouvoir
offrir
ce type invent par les Grecs, et qu'eux seuls ont excut. Ces anges divins sont
nom-
breux en Grce; on en voit surtout Misira, aux Mtores,
,
Salonique
et
aumont Alhos.,
Un
des plus beaux est celui du couvent de Saint-Barlaam
aux MtoresFils
dans l'abside
latrale
du nord;
il
a
pour pendant, dans l'abside mridionale, unEfifiatoti7;X.lit la
de Dieu, im-
berbe, et qui est appel 6tin
Dans
le
Guide de:
la peinture, ce
manuscrit byzanles
que
je cite souvent,
on
prescription suivantela
Au
dehors du sanctuaire, suret
votes des croisillons, reprsentez l'Ange de
grande volont sur un nuage:
support
par quatre anges
;
il
tient
une banderole
et dit
Moi, je viens de Dieu et j'y retourne;
ICONOGRAPHIE CHRTIENNE.leve, mais pluscleste,
301
humaine. Le Verbe
n'est plus
une crature
un messager divin, comme chezenfant,
homme, unfrant.Il
les Grecs; mais un un pauvre tre humain, nu, faible, soufdescend beaucoup moins pour publier la grande vo-
lont de son pre que pour accomplirC'est,
un rude
plerinage.est
en
effetIl
,
sous ce
nom
de plerinage que sa niis^on
annonce.
va donc, pauvre plerin, prendre un bton pourles
s'appuyer dans ses fatigues, et une panetire pour mettreprovisions
du voyage. Un manuscrit du
xiv*"
sicle,
qui appar-
tient la bibliothque Sainte-Genevive, et qui est intitul
Romant
des trois plerinages
\ raconte en vers
le
long
et
pnible
plerinage du Christ. Les vers sont entremls de miniatures
qui traduisent le texte pour les yeux. Jsus, l'entre du pome,va
commencer son plerinage;Enterre
il
se prsente
nu, sous
la
forme
d'un enfant de dix ans, son pre, qui lui adresse ces paroles:oiras l'aval
Auras asss poinne et traval
PourEt de
Adam
de chartre getter
ses peines dlivrer,
Et plus de XXX ans voyageFeras et plerinage
Avant que
il
soit la saison;
DeCar
faire sa
rdemption
se
hommequant
trs bien parfait
N'estoies
feras le fait
De Encar je ne suis pas
li
racheter, complainte
feroit justice enfrainte.,
venu de moi-mme maissur un nuage
c'est lui
pigraphe
:
Jsus-Christ, l'Ange de la volont.
Dans
qui m'a envoy,le
u
Ecrivez cette
second hras de:
la croix, repr-
sentez la voteest sur
Emmanuelpourquoila vieil
,
et disant
sur un rouleau
L'esprit
de Dieu
moi
;
c'est
m'a oint,
et
m'a envoy prcher l'vangile aux pauvres.
Ce plerinage de
humaine
a t
compos par Guillaume de
Guilleville,
moine
de Chahs (sans doute Chaalis, grande ahbaye du dpartement de l'Oise, prs deSenlis).Cet ouvrage est de la seconde moili du xiv sicle, i358;il
comprend
:
i le
Plerinage
de
la vie; 2 le
Plerinage de l'me; 3
le
Plerinage de Jsus-Christ.
302Si
INSTRUCTIONS.que pource que longuementferas pelcrinement.
Tu
Bourdon
el escherpe te fault
Dont au moins prendras cy en hault
Ma
potence o t'appuierasferas.
Et de quoy ton bourdon
A75.
ces vers est joint ce dessin, qui est au folioVERBE DE DIEDENFANT, NU
t65 du pome.,
I.E
,
,
RECEVANT DE SON PERE LE BOCBDON ET LA PANETIRL
ET PARTANT EN PELERINAGE.Miniature franaise du xivsicle.
ICONOGRAPiilE CHRTIENNE.depitila
303
pour nous; maismanire dontil
dans
y a peu de dignit dans le sujet et est excute On a ainsi la diffrenceil
fondamentale qui distingue en toutes chosesl'Orient de l'art chrtien occidental.
l'art
chrtien dec'est
En
Oi^ient,c'est
en Grce,
plus grave, mais plus froid; chez nous,
plus vulgaire, maisils
moins
svre.
Nos Christs ont plus de douceur:et
ne sont pas,
comme
en Grce, porteurs
excuteurs de leur sentence,
tout la fois, et de leur trne ne sort pas
un
fleuve de feu qui
va dvorer les damns. Le judasme et l'islamisme n'ont pasg]ac de leur duret,latine.
comme
en Grce,
les ides
de f Eglise
Jsus descend donc sur la terre accomplir son douloureuxplerinage.
Un jour nous
raconterons en dtail, avec l'aide des
monuments
figurs, cette vie merveilleuse de
l'Homme-Dieu;
aujourd'hui, nous la passons tout entire, et nous courons au
dnouement. Jsus-Christcharitet le,
,
par sa prdication et sou ardente,
foule aux pieds, suivant la prophtie de David;
le lion
dragon
il
marche sur
l'aspic et le basilic. C'est--dire qu'il
terrasse les plus redoutables et les plus cruelles passions figu-
res par quatre des plus terribles btes froces et venimeuses
:
Super aspidcm
et
basiliscum ambulabis^.
;
et
conculcabis leo-
nemLe
et
draconem
voici grav sur
un bel
ivoire italien,
qu'on croit du
x" sicle,
d'aprs l'ge, le costume et la formefils
du
livre
que
porte ce'
de Dieu.le
Ici,
nous voyons que
Pre est en
roi; qu'il est g,
orn du nimbe crucifre
,
et
qu'il a les pieds nus.
La nudit des
pieds le distingue des cratures humaines; leFils,
nimbeprend
crucifre le distingue, ainsi
que son
de toutes
les
cratures
humaines
et clestes,il
des saints et des anges.
Il
est vieux, parce qu'il estil
du
xiv sicle,fait
poque oen Fiance
une physionomienous l'avons dj*
dislincte;fait
est roi, peut-tre
parce qu'il a t
,
comme
remarquer.
Psalm. xc, vers. i3.
30
'l
INSTRUCTIONS.^6.
JSCS TERRASSANT L'ASPIC, LE BASILIC, LE LION ET LE DRAGONIvoire italien, x" sicle.
ICONOGRAPHIE CHRTIENNE.trmement frquent dans nos cathdrales; maisavec une foule de varits.Ilil
305se
montre
est rare
que
les btes
sataniques
soient reprsentes toutes les quatre.
A Notre-Dame nom
de Reims,le
au portail du nord, sur
le
trumeau de la porte gauche,
Christ, superbe statue qui porte le
populaire du beau
Dieu
,
foule aux pieds le dragon seulement.
A Notre-Dame dela
Chartres, au portail
du sud, sur
le
trumeau denus
porte cen-
trale, le Christ foule de ses pieds
le lion et le
dragon;porte du
mais
l'aspic et le
basilic
ne sont pas figurs.le
A Notre-Damelale
d'Amiens, au portail occidental, surmilieu, le Christ ests'y
trumeau de
comme celui de
Chartres; mais
dragon
montre mieux accus.
Dans tousles
ces sujets, leles
Sauveur crasela
les gnies
du mal,le sujet
instruments et
agents de
mort; mais dans
du missel de Worms \ il tient enchane la Mort elle-mme. La Mort, sous la forme d'un homme sale, chesuivant, tir
veux hrisss,
jambes nues,et
vtement
troit et pauvre, estet des menottes.
enchane au cou
aux mains par un carcan
Aude
carcan est attache une chane que Jsus tient fortementla
main gauche. De la main
droite, le
Dieu imberbe menacela
d'enfoncer le bout de sa croix dans la11
bouche de,
Mort. La
anni
fui
non
dficient.aliis
Nudis quoqiie pedibusemblematibus quaiilasit
insislil
occullala divinitatis suae majes-
tate; sed stalima
ejus virtiis, fortiludo ac polentia oslendi-
lur,
duni midis pedibus conciilcat animalia
qudam
teterrima ac ferocissima.
NotreLoru-
dessin, par inadvertance, ne rend pas le rugissemenil'ivoire;
du
lion, fort bien
exprim sur
le
dessinateur a nglig
un
caractre
que rendait ncessairese trompe.
le circuit
giens
,
qurens quem devoret. Gori semble dixe que la nudit des pieds est exception-
nelle et
marque, dansdit, est
l'espce, la puissance divine
;
il
Ce
caractre,
comme
nous l'avons de tous
constant et distingue les aptres,l'art
les
anges
et les
personnes divines
les autres
personnages figurs par
chrtien. C'est
un signe mptique de Ce manuscritestle
haute saintet. Nous en donnerons'
les raisons
dans
l'Histoire de l'ange.lat.
Manuscrit de
la
bibliothque de l'Arsenal, thol.x' sicle,
n 192, inf.
dat
comme du
i\"
ou
sur
le
catalogue de
la
bibliothque de l'Arsenal; je
croirais plutt
du
xi'.
INSTRUCTIONS.
II.
39
306l)te
INSTRUCTIONS.humaine cume, vomit des flammesil
et se tord sous les
pieds vainqueurs qui la foulent et la tiennent renverse^ Jsusva tuer la Mort;
semble lui adresser ces paroles prophtiquesla
de l'Ancien Testament, qui se chantent "danset
semaine sainte,:
qu'on applique
la Passion,
qui nous a sauvs
Mort!se:
je serai ta
mort^; ou bien ces paroles de saint Paul, qui
disent en
mme77.
temps,
et
comme
leur corollaire vangliqueest
Mort, o
est ta victoire?
Mort, o
ton aiguillon^?
LE CHRIST ENCHANE ET TERRASSE LA MORT.Miniature allemande,xi sicle.
Ainsi victorieux, le Christ remonte au ciel et vient rendre'
Jsus est encore imberbe, bien que le manuscrit puisse tre regardsicle;
comme du
m'
mais
il
est
g cependant,
et son front se ride sous les
annes plutt que sous
les efforts ncessits
par sa lutte avec la Mort. Le nimbe est dj crucifre, tandis que, dansil
l'exemple prcdent
est
encore uni ou simplement orn d'une arcature. Le Jsus dela
la
|)lanche 66, p. 2 56, est
galement imberbe, mais
figure est
beaucoup plus jeune. Le
Cbrist de
Worms est plutt ras qu'imberbe; celui du Vatican plutt imberbe que ras. Le monument du Vatican est plus loign du moyen ge et plus rapproch des sicles primilifs
que celui de Worms."Ose, cap.xiii; ,
v.
ik
:
De manu,
Mortis liberabo eos, de Morle reiliniam eos. Eroinferne.
"
Mors tuaEpist.
,
Mors
morsus tuus ero
ad Corinlh.
1, cap. xv, v. .55.
Ubi
est,
Mors, vicloria tua? Ubi
est,
Mors,
sti-
ICONOGRAPHIE CHRTIENNE.comptes'tait
307,
son
Pre de
la
mission qui lui avait t confie qu'il
impose
et qu'il a
glorieusement remplie. Le voici qui
rentre au paradis avec la panetire et lepris son dpart.
bourdongrandiil:
qu'il avaitc'tait
Comme homme,Il
il
a
un
enfant lorsqu'il descendit sur terre, maintenant trente-cinq ans.
a de trente
trouve son Pre assis ct du Saintet
Esprit, qui est en
homme,dela
non en colombe. Le Pre en,
roi et tenant le globe
puissance
l'Esprit
en docteur
et
tenant le livre de fintelligence, bnissent tous deux, la faonlatine, la troisime78.
personne de
la Trinit.
LE CHRIST REVENANT DE SON PELERINAGEMiniature franaise, xiv'sicle.
mulus tuus? Le
sujet peint
dans:
le
missel
deWorms sembleest isie
tre tir
de ce passage des
uvres de "
saint Jean
Damascne oQuisnam?
qui cruci affixus est? quis hic qui:
resurgit ac sexis illius caput calcat
Nonne, cum per imaginem erudiendo, respondes,
Hic quiaffectus.
affixus est cruci
,
Dei fdius
est
qui ad loUenda
mundi
[leccata eo fuit supplicio
Hic qui resurgit, ipse
est qui
tionem lapsum mortuumque ressuscitt, quique infernuma
secum primum parentem Adam ob praevaricalot jam seculis vinctum,
que
ille
insolubilibus vinculis ac veclibus in inferioribus terroe parlibus tenebatur,
proculcat.'
(0pp. S. Job. Damasc. tom.
I, p. 620.)
Cette miniature est au folio
226
verso.
Remarquez les nimbes
crucifres
que portent
308
INSTRUCTIONS.
sur
Le Christ penche la tte, il courbe son corps, il s'appuie il semble fatigu de sa mission qui lui a tant le bourdon;
cot.
Dans
toute cette attiludc et dans cette physionomie,l'expression d'un regret;si
il
y
a
comme
on
dirait
que
le
Christvers
est
fch d'avoir rempli une
lourde tche.
En
ell'et, les
qui interprtent cette miniature, la laon de
ceux qui accom-
pagnaient
le
dpart, ne laissent aucun doute sur l'intention
du
dessinateur.
Le
Fils adresse la parole son Pre:
Pre, disl Jhsus, retournSuis loy, et ai consunini
Ce que faire nie commandas Quant jus ou monde m'envoyas,
DontSi
bien je m'en feusse pass.t'en
Enseignes
ay aport
comtielx
aultres plerins fontterre vont;
Qui en estrange
De
denres
com
a l
Je t'ay fait venir par de.
Non obstant que grans coustemensJ'aye mis et grans despens...
Aussi, dist Jhsus,
mou bourdonil
Ay
aport
,
et est raisonsoit
Ce me semble, que misAfin que ne soit oubli
Avec l'escherpe cy endroit,
Commentles troisriclie
plerin ay est.,
personnes. Le nimbe du Preles
avec son double
filet
de bordure
,
semble plusappro-
que
deux autres; en outre,
les croisillons
du nimbe que porte
le Fils
chent deEsprit.laIl
la circonfrence
du disque plus prs que ceux du nimbe qui dcoreait
le Saint-
n'est
gure possible qu'on
voulu par ces caractres,
si
peu importants,
tablir
diffrence de relation qui existe entre les trois personnes; mais dans la miniature ori-
ginale les trois nimbes sont identiques. Les diffrences proviennent sans doute de l'inattention
du,
dessinateur. Le4ivre
que porte
le Saint-Esprit
,
et
qui est un attribut de
l'intel-
ligence nous servira d'appui pourtroisime personne de la Trinit.
une opinion que nous dvelopperons dans l'histoire de la
Le Pre en,
se reculant
un peu sur son banc va,
faire
place Jsus, qui sera ainsi sa droite, tandis
que
le
Saint-Esprit occupera sa gauche.
ICONOGRAPHIE CHRTIENNE.Le Prepanetire,et l'Esprit
309
consentent ce que Jsus demande, etla
Jsus attache
un clou, contre
muraille,
le
bourdon
et la
comme unses
guerrier en retraite accroche au
mur
de
sa
maison
armes glorieuses:L sont;
Ainsi fu accord.
Jamais renieus n'en seront.
On ne
saurait rien voir de plus trivial
que
cette scne.il
Lere-
Christ n'est pas autre chose qu'un voyageur ordinaire;grette de s'tre fatigulail
pour rien ou pour peu
,
et dit
,
de
la
faon
plus vulgaire, qu'il ne recommencera plus. Ce voyage,le dclare, lui a
commela
cot cher, etla
il
s'en serait fort bien pass.
A propos duterre,
dpart de
seconde personne divine pour
nous avons constatde
la
grandeur deoccidental;
l'art
grec et la simlala
plicit assez purile
l'art
ici,
dans l'Eglise
tine,
mais chez deux peuples distincts, nous allons voirL'art franais est
mme diffrence. la mme poqueet
commun;
l'art italien
de
arrive la distinction la plusla sublimit.
remarquablele
monte jusqu'
Tandis que, dansle
plerinage
qui est la bibliothque Sainte-Genevive,
Christ se rpand,
en un flux de paroles vulgaires et en regrets inconvenants dans
un manuscrit excut enroyale,il
Italie,
que possde
la
Bibliothqueternel
n'y a qu'un geste et pas de paroles.
Le Pre
parat au milieu d'une aurole ovale, traverse entons sens par
des jets de lumire qui sortent de Dieu; la divinit ravonne elle-
mme
sur tous les points de sa circonfrence. Le banc grossierdessin estassis.ici
du prcdent
uneair,
sorte d'arc-cn-cicl bleutre sur
lequel le Pre est
On
n'est pas dans une chambre,
comme
plus haut, mais en plein
au sommet d'une montagneet
seme de
fleurs. Jsus
en crucifi
descendant de
la croix
pour
ainsi dire
nu, couvert seulement du jupon court
qu'il
portait sur le gibet, parat devant son Pre,
pour
lui
rendre
310
INSTRUCTIONS.la
compte de
mission qui lui avait t donne.
De
ses pieds
percs coule
du sang,
et
son ct ouvert pleure galement,
des larmes de sang. Jsus ouvre les mainsVoil ce que
montre
le,
sanget
coulant des plaies qui traversent de part en part
se
contente de dire
:
j'ai fait.
Alors le Pre parsa bndiction
donne au monde
et, de la:
main
droite,
donne
Jsus. Voici le dessin79-
JESDS MONTRANT SES PLAIES SAIGNANTES A SON PEREMiniature italienne, xiv" sicle.
Ce dessin rappelle mais cependant d'unemanire incomplte, les expressions de,
saint
ICONOGRAPHIE CHRTIENNE.La j^liysionomiepareille scne'.
311
est leve et
digne de
la
grandeur d'une
Revenu dansles
le ciel,
le
Christ continue d'intercder pour
hommes;
il
est alors prtre et victime tout la fois, et lesle
artistes grecs
aiment
peindre sous
le
costume d'un arche-
vque ou d'un patriarche, recevant
les
honneurs des deux
autres personnes de la Trinit et les adorations de la foule dessaints et des anges.
Le Pre
ternel, en
empereur byzantin,dans un cercle lumi-
tenant
le
globe d'une main et le sceptre de l'autre, sort deslui,
nuages, tout en haut du cadre. Sousneux, rayonnele
Saint-Esprit, qui a la forme d'une colombe.et Gabriel, la Vierge, saint
Les archanges Micheltiste,
Jean-Bap-
les le
grands saints grecs Georges et Dmtrius s'inclinentChrist et rprsentent les divers ordres des anges et,
devant
Le Christ, comme son Pre porte le nimbe crucifre marqu des lettres o av. Les noms de saint Georges et de saint Dmtrius sont crits en entier sur une banderole, audessus de leur tte; ceux de la mre de Dieu et de saint Jeandes saints.etle
prcurseur sont tracs en abrg dans
le
champ mme der pour Gabriel.le ciel, el vit:
l'aurole;
ceux des deux archanges sont indiqus seulementlettre,
par
la
premire
M pourfui
saint Michel etenlev en esprit dans
Anschaire, archevque de Hambourg, quilant de lumire et assis
Dieun
cla-
au milieu des vingt-quatre vieillards de l'Apocalypse,
Ab
ipso
(Deo)
claritas
lustrabatur
immensa procedebal ex qua omnis longitudo et lalitudo saiictorum ilSed neque ita claritas talis erat qu oculos conteniplantium inipediret,gratissime saliaret. Et;
sed
qu
oculos
cum
seniores sedentes dixerim,
,
in ipso qua,
danimodo sedebantprocedens
nam
nil
corporeum
erat ibi
sed erant cuncta incorporea
licet
speciem corporum habentia,,
et ideo inefTabilia. Circa sedentes vero splendor,
ab ipso
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