humanisme : iconographie érasmienne

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Iconographie érasmienne Erasme de Rotterdam (1466-1536) : en quelques traits. Lors du Concile de Trente, son œuvre entière, taxée d’hérésie, fut interdite de lecture pour les catholiques et mise à l’Index en 1559 où elle restera jusqu’en 1900 (!). Erasme, en dehors de ses nombreux commentaires et livres, écrivait en moyenne quarante lettres par jour. D’une correspondance dépassant les vingt mille pièces, les quelque trois mille lettres qui nous restent nous permettent de suivre jour par jour comment Erasme, au détriment de sa santé, sa vie, son honneur, sa réputation et sa faible fortune fut le véritable chef d’une résistance internationale hardie. Surnommé « Prince des Humanistes » et membre d’une « République des Lettres », il parcourt sans cesse l’Europe entière avec ses caisses de livres pour unir les hommes de bonne volonté. Luther d’ailleurs, le premier, l’appelait avec mépris « Errans Mus » (rat errant). Nulli concedo, « je ne recule devant personne » ( initialement une allusion au caractère inexorable de la mort) sera sa devise. Voyant venir à grand pas les guerres de religion et l’Inquisition, Erasme redouble de pression sur ceux qu’il aime pour qu’une réforme progressive, raisonnable et humaniste de l’église catholique et de la société s’organise.

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Page 1: Humanisme : iconographie érasmienne

Iconographie érasmienne• Erasme de Rotterdam (1466-1536) : en quelques traits.

• Lors du Concile de Trente, son œuvre entière, taxée d’hérésie, fut interdite de lecture pour les catholiques et mise à l’Index en 1559 où elle restera jusqu’en 1900 (!).

• Erasme, en dehors de ses nombreux commentaires et livres, écrivait en moyenne quarante lettres par jour. D’une correspondance dépassant les vingt mille pièces, les quelque trois mille lettres qui nous restent nous permettent de suivre jour par jour comment Erasme, au détriment de sa santé, sa vie, son honneur, sa réputation et sa faible fortune fut le véritable chef d’une résistance internationale hardie.

• Surnommé « Prince des Humanistes » et membre d’une « République des Lettres », il parcourt sans cesse l’Europe entière avec ses caisses de livres pour unir les hommes de bonne volonté.

• Luther d’ailleurs, le premier, l’appelait avec mépris « Errans Mus » (rat errant).

• Nulli concedo, « je ne recule devant personne » ( initialement une allusion au caractère inexorable de la mort) sera sa devise.

• Voyant venir à grand pas les guerres de religion et l’Inquisition, Erasme redouble de pression sur ceux qu’il aime pour qu’une réforme progressive, raisonnable et humaniste de l’église catholique et de la société s’organise.

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• Erasme . Hans HOLBEIN, dit le Jeune (Augsbourg, 1497 - Londres, 1543). Vers 1523

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Pour compenser la relative inexpressivité du visage d’Érasme, Quentin Metsys et les autres artistes qui

ont fait son portrait (Hans Holbein et Albrecht Dürer), ont mis en valeur le caractère intellectuel de l’activité de leur modèle en le représentant occupé à écrire,

lire ou étudier. Les livres empilés sur les étagères et les divers instruments pour l’écriture sont fréquents

dans l’art de la Renaissance : ce sont des accessoires indispensables dans les portraits

d’intellectuels et humanistes.

Quentin Metsys (1466-1530)

Érasme à Rotterdam (1517)

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Thomas More était étroitement lié avec Erasme et avec Pierre Gilles, homme très savant, jurisconsulte, poète latin et secrétaire de la ville d’Anvers.

L’amitié entre ces trois humanistes est faite d’estime réciproque, de ferveur intellectuelle pour les grandes œuvres de l’esprit de tous les temps, d’un idéal de paix et de concorde entre les peuples.

C’est Erasme qui eut l’idée de faire peindre, par Quentin Metsys, un double portrait, le représentant en face de son ami Pierre Gilles. Dans une lettre du 30 mai 1517, adressée à Thomas More, Erasme lui explique son

projet ; « Pierre Gilles et moi, nous nous faisons peindre sur le même panneau nous te l’enverrons sous peu,

en guise de cadeau ». Lorsqu’il envoie le portrait, le 8 septembre 1517, il écrit : « je t’envoie les portraits, afin

que nous soyons toujours près de toi, même lorsque la mort nous aura anéantis ».

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Albrecht Dürer, "Portrait d'Erasme de Rotterdam, dessiné d'après nature par Albrecht Dürer.», (1526, H. 25 cm, l. 19,7 cm), Musée

départemental de Nantes.Gravure au burin

La vérité est dans les Ecritures (traduction de la phrase en grec).

AD = anno domini, c'est-à-dire "en l'an 1526 (MDXXVI) de notre seigneur". Ce sont aussi les initiales d’ Albrecht Durer.D'ailleurs, il signe aussi en latin : "Portrait d'Erasme de Rotterdam gravé à son effigie "vivante" par Albrecht Dürer. Il est l'un des premiers artistes à signer (par son monogramme AD) et à dater aussi systématiquement ses oeuvres. C'est très novateur et ça change quelque peu le statut de l'artiste : sa production est immédiatement identifiable ; ses initiales ont valeur d'estampille (d'autant que les gravures de Dürer ont connu beaucoup de succès et ont été énormément copiées).L'artiste et ses oeuvres perdent tout anonymat et s'inscrivent clairement dans le temps et dans l'actualité.

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Les livres au premier plan évoquent l'érudition d'Erasme. Plus particulièrement, ils doivent signifier le travail d'Erasme sur le Nouveau Testament (à la fois travail de recherche et de rédaction) dont il a donné une nouvelle

traduction du texte grec. La phrase grecque inscrite au dernier plan y fait également référence. • Vêtu d'une robe et d'un vaste manteau aux plis épais, la tête coiffée d'une barrette que l'on

retrouve sur chacun de ses portraits, Erasme apparaît ici dans son activité d'humaniste. Le portrait va au-delà de l'effigie. Par sa composition, il met en valeur le rôle joué par Erasme (1469-1536), l'une des personnalités les plus marquantes de la Renaissance. Ecrivain et théologien, actif épistolier, traducteur des auteurs classiques, auteur d'une version du Nouveau Testament d'après le texte grec, il rédigea des textes de morale, de religion et de politique, dont les plus célèbres demeurent l'Institution du Prince chrétien et l'Eloge de la Folie.

• L'œuvre est ce qui demeure, ce qui se transmet : le graveur a délicatement rappelé, en contraste, la fragilité de l'apparence et de la vie terrestre, par la présence d'un bouquet de violette et de muguet.

• Favorisées par l'humaniste Pirckheimer et l'éditeur Froben, des rencontres avaient eu lieu entre le graveur et Erasme, en Belgique et à Rotterdam, en 1520. Dürer avait alors esquissé un portrait à la pierre noire. Mais il devait ensuite tarder à en donner une version gravée, déçu par la distance prise alors par Erasme à l'égard de Luther. C'est "de mémoire", et influencé par deux œuvres de Quentin Metsys, que ce portrait fut gravé. Ce fut le dernier burin gravé par Dürer. Erasme exprima sa déconvenue à la réception de son portrait : il niait ainsi, par dépit, la qualité de l'œuvre...

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Couverture folio

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Carpaccio, (peinture à l’huile,141x210). La vision de Saint-Augustin (1502 )

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- Saint Augustin est un des Pères de l’Eglise, citoyen romain converti au christianisme au Vème siècle. Il est l’auteur des Confessions et de la Cité de Dieu. Saint Augustin est en train d'écrire la vie de Saint Jérôme dont il entend alors la voix et qui lui annonce la mort

proche et la promesse du Paradis.

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t

• Tableau commandité par le cardinal Bessarion. Il symbolise par le thème retenu la synthèse entre l’héritage antique et le christianisme : Saint-Augustin est un des Pères de l’Eglise, citoyen romain converti au christianisme au Vème siècle, auteur des Confessions et de la cité de Dieu. Le cardinal s’est fait représenté sous les traits de Saint-Augustin qui travaille sur des manuscrits.

• Le lien avec l’Humanisme est évident : depuis Pétrarque au XIV ème siècle les lettrés s’attachent à rassembler les manuscrits antiques afin de retrouver la pureté des Ecritures.

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Jérôme Bosh, La Nef des fous (vers 1500), huile sur panneau, 58 cm x 32 cm

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Détail, Le fou

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Détail, La nonne et le moine

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• Fine Oronce (1494-1555) O caput elleboro dignum, le monde dans une tête de fou(1590)

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Connais-toi toi-même

• Des oreilles d’âne, qui n’en a pas?

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Sur la bandoulière : « O curas hominum O quantum est in rebus inane » (O vains soucis des hommes ! Que de néant dans les choses de ce monde !) « stultus factus est omnis homo... » :

Tout homme a été idiotifié par la science, tous ces souffleurs ont été confondus dans leurs œuvres, parce que tout ce soufflage n’est que mensonge et l’esprit n’y est pas), « universa

vanitas onis homo » (lire « omnis »... La vie de chaque homme n’est que vanité)

• Sur le sceptre : « vanitas vanitatum et omnia vanitas » (vanité des vanités, tout est vanité)

• Sur le cou : « stultorum infinitus est numerus » (Le nombre des sots est infini)

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Gravure de Ambrosius Holbein pour une édition de

1518. Le coin en bas à gauche

montre le voyageur Raphael

Hythlodaeus décrivant l'îleCarte de l’île d’Utopie :