artcotedazur n°17
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Supplément culturel deS petiteS AfficheS deS AlpeS mAritimeS
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Centre National de Création Musicale
vente en ligne : cirm-manca.org
RégionProvenceAlpesCôte d’Azur
18 > 24 NOV. 2011 • NICE
F E S T I V A LINTERNATIONAL DES MUSIQUES D’AUJOURD’HUI
5 E U R O S P O U R “ T O U S ” !
INFO & RÉSA : 04 93 88 74 68 > BUREAU DU FESTIVAL CIRM 33 av. Jean Médecin • Nice
BMVR • MAMAC • TNN • OPÉRA DE NICE • THÉÂTRE FRANCIS GAG • CNRR
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Manca 2011 Art Côte d'Azur 15/09/11 12:11 Page 1
Centre National de Création Musicale
vente en ligne : cirm-manca.org
RégionProvenceAlpesCôte d’Azur
18 > 24 NOV. 2011 • NICE
F E S T I V A LINTERNATIONAL DES MUSIQUES D’AUJOURD’HUI
5 E U R O S P O U R “ T O U S ” !
INFO & RÉSA : 04 93 88 74 68 > BUREAU DU FESTIVAL CIRM 33 av. Jean Médecin • Nice
BMVR • MAMAC • TNN • OPÉRA DE NICE • THÉÂTRE FRANCIS GAG • CNRR
Con
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Manca 2011 Art Côte d'Azur 15/09/11 12:11 Page 1
Art côte d’AzurSupplément culturel des Petites Affiches des Alpes Maritimes Numéro 3574 du 6 octobre 2011. Bimestriel ISSN 1962- 3569
Place du Palais17 rue Alexandre Mari06300 NICE Ont collaboré à ce supplément culturel :
rédacteursFrédéric AltmannAlain AmielRodolphe CosimiAlina GavrilOlivier MarroHarry Kampianne
directeur de la publication & direction ArtistiqueFrançois-Xavier Ciais
conception graphiqueMaïa Beyrouti
GraphisteMaïa BeyroutiCaroline Germain
photographes Jean-Charles DusanterBertrand OrnanoIsabelle Chanal
photo de couvertureIntérieur du Léviathan d’Anish KapoorMonumenta Grand Palais pour Art Côte d’Azur © Tous droits réservés
rédactrice en chef Elsa ComiotTél : 04 93 80 72 72Fax : 04 93 80 73 00contact@artcotedazur.frwww.artcotedazur.fr responsable publicitéAnne AgullesTél : 04 93 80 72 72anne@petitesaffiches.fr
AbonnementTéléchargez le bulletin d'abonnement sur :www.ArtcotedAzur.frou par tél : 04 93 80 72 72
Art Côte d’Azur est imprimé par les Ets Ciais Imprimeurs/Créateurs « Imprim’Vert », sur un papier répondant aux normes FSC, PEFC et 100% recyclé.La rédaction décline toute responsabilité quant aux opinions formulées dans les articles, celles-ci n’engagent que leur auteur. Tous droits de reproduction et de traductions réservés pour tous supports et tous pays.
Quand ce peuple pourra penser et rêver on lui donnera l’art qui fait penser et rêver. Gustave moreau
Je me souviens il y a quelques années après l’été ce n’était jamais drôle de repartir cartable au dos, je rêvais déjà d’un monde idéal. Vous me direz désor-mais ce n’est pas mieux, nous avons notre lot de mauvaises nouvelles, la crise toujours plus prégnante ne nous permet pas d’entrevoir l’hiver comme nous le souhaiterions, et de pouvoir rêver bien au chaud. Qu’à cela ne tienne, nous vous avons tout de même trouvé quelques éléments pour vous réchauffer l’esprit et l’âme ; l’artiste ne connaît pas de crise, ou plutôt si, celle existentielle, celle de l’ego, celle de la page blanche, celle du doute, en somme de l’introspection naît certainement la création au bénéfice de tous ; du reste, si l’on pouvait demander à nos boursicoteurs un peu d’esprit d’introspection, peut-être aurions-nous une création de richesse au bénéfice de tous. peu importe par quoi nous serons grignotés, il nous restera toujours le rêve et l’évocation ; en cela Art Côte d’Azur vous sera un bon guide, nous irons de Barcelone à lyon avec une
petite halte sur Vence afin de découvrir une galerie/ librairie totalement atypique, un passage passionné par Villefranche avec madeleine Servera, au départ de nice vous découvrirez une œuvre magistrale de l’artiste niçois cipre qui voguera par delà nos frontières pour tâter du terrain au pays des All Blacks. la rentrée c’est aussi l’école, avec un établissement totalement dédié aux arts, la Villa thiole à nice, quelques regards croisés de photographes, une page spéciale sur Anish Kapoor, que nous retrouverons certainement au mamac dans peu de temps. un voyage artistique au pays des tatoos, un passage no made avec le sculpteur au grand cœur louis dollé, une page spéciale sur le récup’Art, et une toute particulière sur margaret michel ; vous l’avez com-pris, la rentrée pour Art Côte d’Azur, elle est tout sim-plement riche d’émotion et de découverte. rêvons donc, nous le pouvons, au-delà de nos évasions touchons même la réalité, l’Artiste est encore vivant, il existe tout simplement, alors que faites-vous donc ? Songez immédiatement à ouvrir nos pages !
françois-Xavier ciais
D’heures en heuresLa bourse en chute libreSans parachute doréEt le CAC quarante vibrePour venir s’écraserDans nos salons blafardsQuand tous ces tendres spéculateursEt autres délicieux tradersOnt fini de faire leur beurreIl ne nous reste plusQu’à compter les épinardsÀ la sauce discountLe système est corrompuLes banques sont en dérouteLes marchés foncent vers la banquerouteNous le reste du mondeOn a les mains moitesÀ chaque secondeL’émoi des fins de moisÀ lécher des conserves en boîteLa bourse joue avec nos viesKerviel tutoie MachiavelMadoff lui nous endoffePour remplir leurs coffresÀ coup de stratégies démentiellesLes traders d’aujourd’huiComme les spéculateurs d’hierOnt la gueule de traversUne gueule d’enferEt ils devraient se méfierDe tous ces tuyaux percésOn pourrait bien tous en crever…D’ailleursEn SomalieEn ÉthiopieLoin des bonusMais près de l’oubliCertains ont commencéÀ perdre plusQue des taux d’intérêt.
Arnaud Duterque
EDITOours
D’heures en heures
© J-Ch Dusanter
EN VILLE6 HORS LES MURS MUSÉE MACBA DE BARCELONE
10 HORS LES MURS BIENNALE DE LYON
12
VENCE CONCEPT « BASSE FONTAINE »
14 VILLEFRANCHE PORTRAIT MADELEINE SERVERA, CONSERVATRICE DES MUSÉES DE LA CITADELLE
16 NICE VILLA THIOLE, DOSSIER GRAVURE
18 NICE STÉPHANE CIPRE, SCULPTURE RUGBY POUR LA NOUVELLE ZÉLANDE
20 MÉCÉNAT CULTUREL BPCA
© R Cosimi
© A. Amiel
© B. Ornano
© F-X. Ciais
La vie des arts22 DOSSIER PHOTO
REMUALDO FABRE FRAÎCHER
26 PORTRAIT
ANISH KAPOOR
30 PORTRAIT
LOUIS DOLLÉ
32 DOSSIER
RÉCUP’ART
35 PORTRAIT
MARGARET MICHEL
38 LÉO CASTELLI SUR LA CÔTE D’AZUR
40 REPORTAGE PHOTOS
VOYAGE TATOO
© O. Remualdo
© MAMAC
© B. Ornano
6 H O R S L E S M U R S B A r c e l O n e
un musée modèle : le musée d’art contemporain de barcelone (MACBA)En mutation permanente, Barcelone est une ville hyperactive où il y a tou-jours de nouvelles choses à explorer. L'art y est présent partout.
Même les grandes rues commerçantes ont un air
de fête et le charme d’une modernité turbulente.
Dans le Barri Gòtic, le quartier médiéval (en fait
d’origine grecque et romaine), au détour des petites places,
des ruelles minuscules, on croise Picasso, Miró, Barceló, etc.
Au milieu des Ramblas (la promenade mythique de Barcelone),
on rencontre la Bóqueria, un grand marché couvert de toute
beauté où les commerçants se piquent de présenter leurs pro-
duits avec goût. Les étalages sont autant d’œuvres abstraites
aux couleurs chantantes. Les barcelonais disent qu'ils ont les
plus beaux fruits du monde… et ça a l'air vrai !
de haut en bas et de gauche à droite : Dessins de Picasso sur la façade d'un immeuble Etalage de fruits à la Böqueria Façade du Musée
B A r c e l O n e H O R S L E S M U R S 7
A l’architecture fabuleuse de Gaudi (la Sagrada Familia - toujours
pas finie, le Parc Güell, la Casa Milà, etc.), s’est ajouté à partir
des années 1975 (après la dictature franquiste) un urbanisme
moderne et créatif. Dans les années 80, les musées Miró, Picasso
sont inaugurés et en 1998, dans le quartier rénové du Raval, est
né le musée d'Art Contemporain de Barcelone (MacBa). Il a été réa-
lisé par Richard Meier, l’architecte américain grand spécialiste des
musées (Atlanta, Indian, Francfort, siège de Canal +, etc.)
L’écrin est somptueux : ouvert sur une grande place (devenu spot
de skateurs), s’intégrant avec les bâtiments historiques alentours,
ce bâtiment géométrique aux murs blancs et harmonieusement
découpés, présente de grandes verrières offrant une luminosité
exceptionnelle.
Jeux de courbes et de droites, verticalité remarquable, angles
droits et obliques (des rampes d’accès aux étages), dialogue des
espaces intérieurs et extérieurs. Une architecture très graphique
qui se prête bien à la photographie.
Les proportions restent à taille humaine et les visiteurs qu’on
aperçoit sur les rampes s’intègrent parfaitement aux volumes.
Meier reprend en fait la problématique de la sculpture contempo-
raine qui interroge la relation entre l’art, l’espace… et la place de
l’homme.
Un tel bâtiment au fort parti pris géométrique impose une scéno-
graphie poussée et dépouillée. Les accrochages sont parfaitement
ordonnés (peut-être trop pour certaines œuvres).
Les collections
A partir de 1959, Alexandre Cirici-Pellicer a commencé à réunir
une collection qui ajoutée à celle de la Generalitat et de la Fun-
dació privada Museu d'Art Contemporan ont constitué le premier
fonds d’œuvres de la seconde moitié du XXe siècle (Picasso, Miró,
Tápies, etc.).
A partir des années 2000, le MacBa s’enrichit d’œuvres illustrant
le changement de paradigme de ces dernières années où l’art ne
se satisfait plus de l’objet, mais vise à intégrer le récit, la situation,
le dispositif, et surtout le rapport à l’autre (œuvres de Chantal
Akerman, Baldessari, James Coleman, Dan Graham, Anish Kapoor,
Mike Kelley, etc.)espaces intérieurs et extérieurs. Une architecture très graphique
qui se prête bien à la photographie.
Les proportions restent à taille humaine et les visiteurs qu’on
aperçoit sur les rampes s’intègrent parfaitement aux volumes.
Meier reprend en fait la problématique de la sculpture contempo-
raine qui interroge la relation entre l’art, l’espace… et la place de
8 H O R S L E S M U R S B A r c e l O n e
Très orientée depuis le début vers le service public, le Musée orga-
nise de nombreuses expositions temporaires. Pour explorer les
idées et les problématiques actuelles, des concerts, conférences,
séminaires, audiovisuels, cinéma expérimental, sont organisés
à un rythme soutenu, concourant à générer une effervescence
intellectuelle ce qui se veut l’axe central du projet artistique. Les
inaugurations (avec cava, le champagne local) sont très courues.
Cet été
Le musée a présenté une sélection comprenant une centaine
d’œuvres (62 artistes et huit groupes) provenant de la Moderna
Galerija de Ljubljana, une des premières collections d'art d'avant-
garde de L'Europe de l'Est de l'après-guerre.
Différentes périodes historiques sont représentées : l’espérance
en un monde nouveau dans les années 50, suivie d’une grande
désillusion due à l’assujettissement à la pression politique.
Après un premier temps où les arts liés au corps ont émergé, des
réponses collectives (actions de groupe) se sont imposées, essen-
tiellement des performances sur l’état des lieux de la société.
Les manifestations des artistes dans l’espace public appa-
raissaient au pouvoir forcément anti-institutionnelles et anti-
idéologiques. Ils n’ont pu développer leurs activités que dans des
espaces marginaux vaguement tolérés, les hauts lieux de l’art
étant réservés à « l’art officiel ».
A la chute du communisme, une nouvelle ère, marquée par la cir-
culation des idées et des hommes est née. Photographie, film et
vidéo se sont rapidement propagés.
Ces dernières années, grâce à la connexion au réseau mondial,
une nouvelle génération exprime sa subjectivité à travers des pro-
ductions artistiques intégrant recyclages de formes et d’images et
une dimension éthique et sociale.
Une exposition qui aide à comprendre l’évolution de l’art dans
l'Europe de l'Est, l’attitude des artistes et leurs projections pour
l'avenir. AA
Ci-dessus et dessous :Musée d’Art Contemporain de Barcelone
Dans le hall central, l'impressionnant lit éclaté d'Antoni Tapiäs
10 H O R S L E S M U R S l Y O n
Pour beaucoup de gastronomes et fins
gourmets, Lyon est une somptueuse mise
en bouche pour solide appétit. Et qui dit
cuisine, aussi costaude et raffinée soit-elle, traduit une
certaine affinité avec l’art et le plaisir de la création. Le tan-
dem art/gastronomie a toujours fait sensation en France. Et
la Biennale de Lyon, hormis ses fameux "bouchons" où mijotent
ses tabliers de sapeurs, ses quenelles, sa cervelle de canut ou en-
core ses pieds de cochon, ne déroge pas à la règle du critique en
appétence. Pour cette cuvée 2011, nous lui accordons une bonne
mise en bouche tout en restant hélas sur sa faim. Tel est le premier
ressenti de cette biennale après avoir compris que même un mil-
lésime moyen pouvait nous réserver quelques bonnes surprises. La
première d’entre elles est à dénicher à La Sucrière. Une immense
bâtisse portuaire à deux pas de la Saône où "Une terrible beauté est
née". A partir de ce titre brumeux d’exposition extrait d’un poème de
William Butler Yeats, la commissaire Victoria Noorthoon a souhaité
mettre en scène une dualité qui selon elle « permet d’interroger la
force du paradoxe et de la tension, et l’état d’urgence du monde
et des arts d’aujourd’hui. » Pour sa 11ème édition la Biennale de
Lyon s’est donc contentée de titiller les paradoxes qui sommeillent
en chacun de nous. Une sorte de Ying et Yang à grande échelle. 78
artistes issus d’une vingtaine de pays se sont chargés d’y appor-
ter leur concours. Le résultat manque parfois de hauteur voire de
culot mais la Sucrière s’en tire plutôt pas mal. Au rez-de-chaussée,
Barthélémy Toguo expose 55 cercueils en bois poli. Une œuvre iné-
dite et une façon, selon lui, d’expliquer « le constat de l’état drama-
tique dans lequel se trouvent actuellement les 55 pays d’Afrique. »
Autre curiosité de chair et d’inconscience, l’adipeuse sud-africaine
Tracey Rose peinte en rose et narguant les soldats israéliens au pied
du Mur de la Honte au lever du jour tout en massacrant à l’aide d’une
guitare électrique l’hymne israélien. Plutôt drôle comme vidéo si l’on
tient seulement au côté potache. Du côté créations exclusives en ce
qui concerne la Sucrière, nous avons l’énorme rotonde inaccessible
du polonais Robert Kusmirowski. Une sorte de mémoire collective
géante où livres et archives ne sont visibles qu’en vue plongeante du
deuxième étage. Rayon peinture, l’anglaise Lynette Yiadom-Boakye
nous offre une galerie de portraits somme toute classique mais d’une
grande présence physique et psychologique. Plutôt impressionnant.
On retrouve aussi Guillaume Leblon dans une installation à la fois
sobre et monumentale ainsi que les références encyclopédiques du
mexicain Erick Beltrán concentrées en un globe noir volumineux et
lumineux. Pour le musée d’art contemporain, la tchèque Eva Kotát-
kova a mis en scène sa Machine de Rééducation, une installation
audacieuse nous plongeant dans un univers kafkaïen. Toujours sur le
thème de la soumission, les poupées dessinées de Virginia Chihota se
transforment en symboles de capitulation vite associée à la condition
féminine « Vous pouvez faire subir n’importe quoi à une poupée »
ajoute t-elle. Dans un tout autre registre, les évolutions graphiques
de l’irlandais Garrett Phelan se tournent vers une forme de croyance
en l’image dont il souhaite présenter à travers son œuvre son « ex-
périence de la confusion, de la contemplation, de l’incertitude, de
l’informe, de l’infini et de la méditation. » Bien que cette édition de la
biennale soit encore installée sous le sceau de la vidéo et des instal-
la cuvée 2011 ? du Mieux !
la cuvée 2011 ? du Mieux !
l Y O n H O R S L E S M U R S 11
biennale de lyon
lations, elle n’a pas omis de
mettre en valeur des peintres
tel que l’écossais Neal Tait,
l’hollandaise Hannah van Bart
ou les séries de dessins de
l’argentine Marina de Caro,
de la hollandaise Elly Strik, du
chinois Yun-Fei Ji ou du lyon-
nais Christian Lhopital. N’ou-
blions pas les collages monu-
mentaux du vénézuélien Arturo Herrera et l’inquiétant et fascinant
film d’animation de l’allemand Alexander Schellow qui a observé une
femme de 96 ans recluse dans une clinique spécialisée pour patients
atteints d’Alzheimer.
Déception. La Fondation Bullukian, écrin de verdure cerné de vieilles
bâtisses, elle aussi retranchée sur des créations inédites, manque
son rendez-vous : œuvres étouffées voire visuellement insipides
malgré la rigueur de la scénographie. Les "architectures mobiles" et
les lieux d’utopie de Yona Friedman semblent empêtrés dans une
structure carcérale sans réelle respiration. Même constat pour les
dessins expérimentaux et architecturaux du colombien Nicolás Paris.
Trop effacés, pas assez de recul et surtout mal accrochés. Une autre
déception et plutôt de taille nous attendra à l’usine T.A.S.E (Textiles
Artificiels du Sud-Est) à Vaulx-en-Velin, une ancienne fabrique de soie
artificielle construite en 1924 et aujourd’hui sous les feux d’un pro-
jet d’urbanisation. Pour sa première prestation dans le cadre de la
Biennale, on ne peut
pas dire que le jardin
à la française Ma-
rienbad (inspiré du
film d’Alain Resnais
L’année dernière à
Marienbad, 1961)
de l’argentin Jorge
Macchi accède au
contraste souhaité
avec l’environnement en friche de l’usine. Trop timide. En intérieur,
seule la vidéo In the Castle of my Skin de Tracey Rose reprenant
un chapitre d’un livre de Franz Fanon Peaux noirs, masques blancs
mérite de l’intérêt et arrive pour le coup à nous surprendre. De nom-
breuses surprises proviennent également des manifestations/satel-
lites accrochées à la Biennale. Entre autres la magnifique collection
Antoine de Galbert au musée des beaux-arts, l’inégale Docks Art Fair
dont le millésime cette année est loin d’être excellent mais mérite le
détour pour la courageuse initiative de Patricia et Olivier Houg, l’Ins-
titut d’Art Contemporain de Villeurbanne dédié à la jeune création
nationale et internationale…La Biennale de Lyon ne manque visible-
ment pas d’initiatives. Bien que le thème "Une terrible beauté est née"
peut prêter à confusion voire incompréhension, l’obstacle n’est pas
de taille à empêcher les agréables surprises de cette nouvelle cuvée.
De gauche à droite et de haut en bas : KOTATKOVA Eva - Re-Education Machine DE CARO Marina - Sans titre YIADOM-BOAKYE Lynette - Condor And
The Mole DEHN Jochen - GOTT IST NIVEA (DIEU EST
NIVEA) LOPES Jarbas - New Human Generation PIERCE Sarah - An Artwork in the Third
Person PARIS Nicolas - Lectura de casualidades o
Incertidumbre calculada LIMA Laura - Gala Chicken and Gala Coop Affiche Biennale de Lyon 2011
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12 E N V I L L E V e n c e
la basse Fontaine : Beaux Livres et peintures grandeur nature
Un Noël 87, les artistes locaux s’immergent dans un lieu hors
du commun à l’époque, un espace de vie culturel où deux
cousins germains présentent leurs coups de cœur sur les
livres anciens ou les affiches d’expositions qui placardent aujourd’hui
les murs de la Basse Fontaine. Une sélection de documents rares,
lithographies et affiches peintes par Chagall, Matisse, Picasso, Miro,
Dufy, Braque, Buffet, Ernst, Tapiés ou Cocteau est proposée aux pas-
sants, aux curieux et surtout aux acheteurs. Peu après l’ouverture, les
propriétaires constatent une évolution immédiate et inévitable dans
le marché : ils se tournent vers le poster classique comme objet de
collection, en laissant à l’abandon l’organisation d’expositions dans
ce nouveau lieu d’art. « En 25 ans, le marché a bien changé. Des
choses qu’on aurait défendu en poster classique n’a plus aucun inté-
rêt aujourd’hui. Il faut suivre l’acheteur et les tendances d’un art en
mouvement » se défend Didier Bonnet.
8000 volumes stockés
Avec leur regard averti (avis au nom), la Basse Fontaine participe
aujourd’hui aux plus grands salons, comme le prestigieux Salon du
Livre au Grand Palais à Paris, en Bologne ou à Barcelone. Leur image
se compose d’une collection impressionnante de livres illustrés du
XXe siècle dans les Beaux-Arts, et parmi eux on cite notamment
« La Divine Comédie » de Dali-Dante, « L’Hommage à Pablo Picasso »
d’André Villers ou « La Vilaine Loulou » d’Yves Saint-Laurent. A cela
s’ajoutent des livres anciens et divers comme le Dictionnaire de mé-
decine de James Robert ou l’unique « Voyage en Chine » de William
Saunders en 1870. Mais la fierté culturelle de la Basse Fontaine est
liée également au courage d’une passion : « Nous avons toujours
eu le choix entre acheter une seule pièce ou acheter une collection
La Basse Fontaine, située au cœur de Vence, est à la fois une galerie et une librairie. Depuis 25 ans maintenant, l’esprit littéraire de Didier Bonnet côtoie l'esprit com-merçant de son cousin germain Stéphane Averty dans un espace spécialisé dans les livres illustrés et la peinture moderne. Insertion dans leur espace intime où l’on vous souhaite de passer au moins une heure de votre vie !
Les livres anciens, la fierté de Stéphane Averty et de Didier Bonnet
Intérieur de la librairie-galerie La Basse Fontaine à Vence
V e n c e E N V I L L E 13
entière et faire le marché » affirme Stéphane Averty. A nous d’ajouter
que la deuxième option est celle gagnante, car la durée de vie d’un
tel espace d’art en est le vif témoin.
Les particuliers s’arrêtent à La Basse Fontaine surtout pour des ex-
pertises, les deux cousins ne cessent de les renseigner, mais avant
tout ils se conduisent d’après le « coup de cœur ». La galerie-librairie
compte actuellement entre 7000 et 8000 volumes, ce « qui n’est pas
énorme » mais ils se démarquent par la qualité d’un stock d’ouvrages
anciens. Leur dernière trouvaille, le premier livre qui a été écrit sur la
lumière. Scientifiquement, c’est une rareté qui sera présentée hono-
rablement à Paris en 2012. Il n’y en a qu’un seul au monde.
Seul mot d’ordre dans la Basse Fontaine de Vence : la mémoire. Les
volumes se regroupent dans des vastes rayons, entourés d’un mys-
tère de l’âge. Les voyages, la science, les Beaux-Arts, la médecine,
tant de domaines dont Stéphane Averty et Didier Bonnet sont fiers,
heureux de les présenter. Un des plus anciens volumes que l’on re-
trouve à Vence est un premier livre sur la naissance de la Suisse. Dans
un autre décor, une originale Bulle du Pape reste enfermée dans un
placard à désirs, car son estimation est tout d’abord sentimentale.
Parmi les trésors de la boutique, nous avons déniché pour vous les
livres de publicité des années 30, les lithographies « d’artistes locaux »
tels que Chagall, Matisse, Picasso ou les chefs d’œuvres Art-déco de
Benito de 1920, comme « La dernière lettre persane - Fourrures Max » :
un texte pastiche de Montesquieu et 12 planches en couleurs de
Benito sous une couverture légèrement défraîchie… « Derrière le
miroir », la revue des éditions Maeght est par ailleurs régulièrement
mise en vente chez eux. Côté affiches, la collection ne comporte que
des originaux, reconnaissables surtout grâce au papier utilisé. Les
plus anciennes affiches de la collection Picasso (500 au total) sont à
retrouver à Vence aux côtés des grands formats de Miró.
Des personnages grandeur nature
Et parce que nous avons aussi nos coups de cœur, les personnages
grandeur nature d’imagerie de Wissembourg se démarquent. 70 mo-
dèles différents, témoignent de la période d’avant-guerre, à l’époque
où l’Alsace était allemande. Provenant des héritiers de l’imprimeur,
les modèles sont du « jamais vu » pour Didier Bonnet. Imprimés sur
trois feuilles comme du papier peint, les personnages de cette belle
collection sont bien les gardiens d’une passion pour
toute illustration ancienne
et chargée d’histoire.
Même Newton retrouve
sa place à Vence, avec ses
séries photo-presse des
années 70…
Ce lieu se lit comme un livre : une couverture ancienne, des auteurs passionnés, des pages remplies de l’odorat des époques lointaines, illustrées par les affiches des peintres qui étaient de passage sur la Côte d’Azur !
Intérieur de la librairie-galerie La Basse Fontaine à Vence
14 E N V I L L E V i l l e f r A n c h e
30 ans au service des musées de la citadelle
Comment a débuté votre aventure à la Citadelle de Villefranche ?
Je suis arrivée aux musées de la Citadelle par le biais de l’Association “Renaissance de la Citadelle” lorsque la municipalité, en 1977, avait décidé de récupérer la citadelle pour les Villefranchois. Il s’était alors monté une association d’amoureux des fortifications et un ami conservateur du musée Terra-Amata m’avait fait signe pour me proposer de par-ticiper à cet élan. Cette association œuvrait pour la restauration de la Citadelle. J’étais à l’époque conservateur adjoint au musée d’ar-chéologie de Cimiez. Bénévolement, j’ai donc participé à sa restauration de 1977 à 1981, puis j’ai pris le poste de conservateur quand le musée a ouvert.
La Citadelle est un lieu vraiment parti-culier. Tout était-il en place lorsque vous avez pris le poste de conservateur ?
Au démarrage, il y avait le musée Volti qui a ouvert le 11 juillet 1981. La collection Roux n’était pas à ce moment-là à l’endroit où elle se trouve actuellement. Elle était montrée dans d’autres locaux. C’est une collection hors du commun qui a voyagé mais, depuis 1987, elle a trouvé sa place dans l’actuel musée. Quant au musée Goetz, il a été ouvert en décembre de l’année 1983, un peu plus tard, occupant maintenant l’étage de l’ancien «Bâtiment du Casernement».
Quelles sont vos missions auprès des musées réunis à la Citadelle ?
Je m’occupe des collections permanentes, des entretiens, de la surveillance des œuvres, des présentations qui évoluent. On se trouve aujourd’hui à la troisième présentation des musées, parce que les choses évoluent vite et naturellement, on ne présente plus de la même façon qu’il y a trente ans. Technologie
oblige, il faut aujourd’hui ajouter des films, des vidéos. Il faut de l’interactif. Nous moder-nisons le musée au fur et à mesure en terme d’animation, d’accueil, de visites guidées, de visites scolaires, ou encore des visites fami-liales pour lesquelles nous avons prévu le «baluchon» dans lequel chaque famille re-trouve des livrets, des jeux, des dessins, afin de visiter les musées de la manière la plus agréable possible.
Volti, Goetz, Collection Roux. Cela repré-sente beaucoup d’œuvres ?
Il y a une centaine d’œuvres de Volti. C’est à peu près la même chose pour Goetz. Nous avons depuis trente ans également des donations, donc il faut compter en tout un millier d’œuvres. Il y a des œuvres que l’on sort tous les trois ans car certaines ne supporteraient pas une présence trop longue sur les cimaises, au risque de se détériorer.
Qu’est-ce qui vous plaît particulière-ment dans cette charge qui vous échoit auprès de l’art à Villefranche?
En fait, ce que j’aime, c’est travailler dans cette configuration, car à la base, je suis historienne donc il est vrai que tout l’aspect historique de la fortification me plaît infini-ment. Cela permet aussi d’avoir une latitude dans la présentation des œuvres car nous avons des collections différentes. Peinture, sculpture, artisanat d’art. Les lieux se prêtent à des configurations qui permettent des agencements adaptés aux expositions. Il y a une liberté d’espace qui offre un accueil tout à fait adapté à des expositions temporaires, qu’il s’agisse de peintures, de sculptures ou d’art contemporain. C’est cette partie histo-rique qui donne une grande liberté dans le travail.
30 ans que vous œuvrez à la Citadelle entre un musée et l’autre. Quel parcours avez-vous suivi ?
J’ai fait Histoire de l’art, des études secon-daires à Lyon puis mes études supérieures à Nice. J’ai passé le concours des conservateurs et je suis entrée au musée de Cimiez. Un mu-sée d’archéologie s’imposait puisque je suis historienne spécialisée en antiquité et archi-tecture antique. J’ai changé depuis de période avec les musées Volti et Goetz mais je suis restée toutefois dans l’architecture. J’ai passé neuf ans au musée de Cimiez puis en 1981, je suis arrivée à la Citadelle. Cela fait donc bien 30 ans depuis l’ouverture... J’apprécie l’avantage d’être restée tout ce temps car c’est comme un bébé que j’ai vu naître, que j’ai vu évo-luer…
C’est au sein de la Citadelle de Villefranche, site classé Monu-ment historique que Madeleine Servera voue son temps et son énergie, depuis trente ans, aux musées Volti, Goetz et Bou-meester, ainsi qu’à la collection Roux. Une bien belle mission qui est avant tout une passion.
Madeleine servera
V i l l e f r A n c h e E N V I L L E 15
Pensez-vous avoir amené les musées dont vous vous occupez là où vous le souhaitiez ?
Il y a beaucoup de choses à faire. Nous sommes à l’ère des nouvelles technologies. Il y a eu une période, dix ans auparavant, où les musées s’orientaient vers les animations théâtrales. Cela marche toujours, nous mettons en scène l’histoire avec un comédien, et l’on retrace le cheminement de l’art de façon véridique. Nous mettons l’accent sur l’humour mais le mes-sage passe, quoi qu’il en soit. Ce qui émerge aujourd’hui, ce sont les nouvelles technolo-gies. Nous avons fêté les trente ans du musée dernièrement. Projection de film et vidéos en 3D. Puis nous avons réalisé des modélisations pour avoir un hologramme. Ainsi, nous avons pu donner à voir des sculptures en hologramme, c’est assez inédit. Nous allons nous équiper l’année prochaine d’un écran 3D. Comme au ci-néma, nous mettrons à disposition des lunettes à l’accueil. Je pense que l’avenir est là.
Je suppose que le public est satisfait ?
Oui, et c’est incontournable. C’est même nécessaire pour que les musées perdent leur image un peu vieillotte. Que l’on ne s’y trompe pas, nous avons beaucoup de mal encore à dépoussiérer l’image du musée au-jourd’hui en France. D’ailleurs, certains aban-donnent le terme de «musée» car il traine une image trop désuète. Qu’il devienne «centre» ou un autre terme, c’est la même chose. Dès
que l’on présente des col-lections d’art,
c’est un musée. Mais si l’on veut faire déplacer les gens, intéresser le public et approcher les nouvelles générations, il faut qu’on leur propose de nouvelles technolo-gies, pour que cela reste un produit actuel. Nous travaillons beaucoup pour les enfants car ce sont les adultes de demain. S’ils trouvent le musée agréable, ils reviendront à coup sûr.
Il faut du temps encore pour s’assurer de l’intérêt du public aux musées?
Tout cela est encore très jeune. C’est la pre-mière ou deuxième génération où les musées prennent leur envol. Jusque dans les années 60, cela restait très élitiste. Maintenant, les conservateurs sont à l’écoute de la vie actuelle et des besoins. Il fallait que l’image change.
En tant qu’historienne et maintenant conservateur, quel aspect du métier pré-férez-vous ?
Ce qui me plaît, c’est la grande variété qu’offre le métier. C’est extrêmement multiple comme tâche, l’administratif bien sûr mais il n’y a pas que ça non plus. On supervise, on gère toute la partie administrative mais il y a aussi l’ani-mation scolaire et tout ce que cela engendre envers le public. Contrairement aux musées d’état, nous sommes ici en prise directe avec la création et c’est très varié, très enrichissant.
Cela laisse toute latitude à la présenta-tion d’expositions ?
Nous organisons des commissions avec des professionnels et la Culture de la Ville. Nous re-tenons une sélection et nous recevons ensuite les expositions. Nous essayons de garder cette variété d’offres au public et faisons attention de
ne pas être toujours orienté dans la même ligne. Ne jamais faire la même chose est
une nécessité impérieuse.
Avez-vous une préférence particulière dans les collec-
tions présentes ?
Je n’ai pas de préférence particulière. J’ai bien connu Volti. Cela est très enrichissant de connaître l’artiste et d’apprécier tous les aspects de sa création. Mais les exposi-tions à connotation histo-rique sont quand même celles qui me vont droit au cœur. Il y a un ancrage historique qui remonte. Quand nous travaillons sur l’histoire de la ville de Villefranche, les com-bats navals, les traditions villefranchoises, la trame
historique est celle où je me sens vraiment à l’aise. C’est ma formation de base.
L’écriture fait partie aussi de vos occupations. Vous avez mis au point des catalogues accompa-gnant les collections…
J’écris lorsque j’en ai le temps. Depuis quelques années maintenant, j’ai entrepris l’écriture de livrets européens. Le catalogue d’il y a trente ans était beaucoup trop orienté vers la critique d’art et du coup, il était moins proche des gens. Maintenant, nous avons un souci d’ordre pédagogique, une préoc-cupation d’accompagnement du visiteur. Avant ce n’était pas le cas. On donnait des plaquettes avec des avis autorisés sur l’artiste mais ce n’était pas réellement un accompa-gnement dans lequel on essaie d’expliquer le cheminement. Nous avons sorti celui du musée Volti, du musée Goetz. Enfin, celui de la Collection Roux est en cours, nous le publierons l’année prochaine. Un film a été également produit au sujet de Volti et on fera la même chose pour Goetz. Il y a eu beaucoup de tournages autour de ces artistes mais tout reste relativement épars. Il faut les rassembler, les rendre acces-sibles et surtout compréhensibles par tous.
Comment faites-vous donc pour tout gérer de front ?
Je ne suis pas seule heureusement, mais c’est ça que j’aime… sauter sans arrêt d’une chose à l’autre (rires). Cela permet aux neurones de rester jeunes et vifs !
Quels sont les projets en cours et ce qui vous tient à cœur pour l’avenir de la Citadelle?
Il s’agira de terminer la rénovation du musée Goetz car nous avons dû refaire totalement la muséographie. L’année passée, nous avons aménagé l’ensemble des musées pour le handicap, qu’il soit mental, auditif ou visuel. Nous poursuivons ces aménagements qui sont lourds mais nécessaires. L’accessibilité est prioritaire, pour tous. J’essaie de laisser un musée qui ait atteint un certain niveau et qui entre dans le XXIe siècle avec les meil-leurs atouts. Avec les possibilités que nous avons utilisées, je pense que les musées de la Citadelle ont un bel avenir et de belles perspectives. On est encore jeune…
A 30 ans, un musée n’en est qu’à l’aube de son histoire.
rc
Musée Volti
16 E N V I L L E n i c e
Villa thiole : de l’Art à l’identité municipale
Pour les 1400 élèves accueillis chaque semaine, les locaux de
la Villa Thiole n’offrent pas un tableau de référence pour une
école d’art. Mais c’est le seul défaut. Une fois entrés dans
les ateliers, nous apprécierons l’engouement de l’équipe. Avant de
s’immerger dans l’atelier de gravure, l’histoire de l’école s’impose
comme une évidence avec les paroles d’Ondine Roman. La Villa
Thiole est créée à Nice en 1823, c’est ainsi la plus ancienne école de
pratiques artistiques de la ville de Nice. Sur proposition du Cheva-
lier Barberi, nommé le « premier fondateur de l’Ecole de Nice » par
Christian Borghese dans son étude, son projet pédagogique faisait
apparaître une réelle envie de transmettre ses multiples connaissances. « Fort de son ex-
périence artistique, il souhaite fonder une école de dessin publique, sur le modèle des aca-
démies italiennes. Il emporte l’adhésion de tous ». De l’école « de dessin d’ornementation
et d’architecture », elle devient Fondation Trachel en 1903 puis Ecole Municipale en Avril
1908. En guise de guides autoproclamés, nous concluons rapidement que la Villa Thiole
est bien un lieu de formation, de recherche et de réflexion visant à l’épanouissement du
potentiel artistique de chaque élève. Au fil des années, l’école s’ouvre aux disciplines
qui n’existaient pas à ses débuts, la photographie, la bande-dessinée, l’infographie pour
plusieurs types de publics : adulte, périscolaire et préparatoire pour les concours des
écoles supérieures. En fin d’année, une exposition – journée portes ouvertes est le rendez-
vous annuel entre les aspirants et les travaux des élèves accomplis tout au long de l’année.
La gravure en guise d’atelier
Sylvie Maurice est une des nouvelles recrues de l’Ecole, depuis un peu plus d’un an elle
enseigne la gravure, medium qu’elle pratique aussi dans sa vie d’artiste. Elle prend les
reines d’Anne-Marie Da Ros qui a animé durant plus de 30 ans cet atelier, laissant en
archives une très belle collection de gravures. Actuellement, l’atelier dispose de deux salles :
Une école municipale ouverte aux arts…la descrip-tion n’en dit pas trop, mais nous nous sommes ren-dus le temps de quelques heures à la Villa Thiole, là où les professeurs sont complices avec les élèves, là où les ateliers pratiques deviennent la passerelle vers les Grandes Ecoles de France. Nous sommes accueil-lis par le Directeur Martin Caminiti, accompagné de Sylvie Maurice, responsable de l’atelier de gravure et d’Ondine Roman, chargée de l’enseignement de l’Histoire de l’Art. Pour un moment, découvrez une école municipale avec les yeux de ceux qui l’animent !
de gauche à droite : Ondine Roman chargée de l'Histoire de l'Art ; Martin Caminiti, Directeur de la Villa Thiole ; Sylvie Maurice, enseignante gravure Une gravure repertoriée - Collection Villa Thiole
La Villa Thiole
n i c e E N V I L L E 17
l’une réservée à la préparation des matrices et l’autre à leur impres-
sion. Dans le secteur de l'édition, la gravure joue un rôle important
à la Villa Thiole. Matière avec un statut particulier, la gravure s’ouvre
aujourd’hui au plus jeune âge. La preuve avec les autoportraits
répertoriés dans l’atelier, forme de naïveté artistique poussée par le
maître à une forme autodidacte d’Art. « La magie exerce toujours, car
quand on grave une matrice, on ne sait jamais le résultat qu’on va
obtenir». Pour les jeunes artistes d’aujourd’hui, en quête d’un résul-
tat toujours plus rapide, sachez que la gravure est un medium qui
demande de la recherche et un travail constant et maîtrisé. Long-
temps unique moyen de diffusion et de reproduction des images,
la gravure fait appel à des techniques élaborées, variées, voir com-
plexes. Les étudiants de l’atelier de gravure ont participé récemment
au Printemps des Graveurs qui s’est déroulé du 19 mai au 25 juin
derniers à la Seyne-sur-Mer au Fort Napoléon et à la Villa Tamaris.
Le moment pour eux de montrer que la gravure en tant que métier
d’art laisse place à l’artiste graveur. Dorénavant, l’artiste est un plas-
ticien qui utilise la gravure comme moyen d’expression. Outre les
cinq écoles présentes, le Printemps des Graveurs avait comme invi-
té d’honneur, l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-arts de Paris.
« Nous les suivons dans leur projet personnel, la gravure devient un
apprentissage dans leur long chemin de vie », conclut Sylvie Maurice.
« J’aime enseigner la gravure, parce que nous avons avec les élèves
un contact relationnel très intéressant, parce que les gens creusent
dans leur avenir, et j’offre un atelier complet, où les élèves expéri-
mentent beaucoup…c’est un mélange d’intuition, d’expérience et de
savoir-faire ! » Si vous voulez découvrir le travail personnel de Sylvie
Maurice, elle sera en exposition aux côtés de Martin Caminiti, lors de
l’anniversaire de 20 ans de la Galerie Martagon de Malaucène.
Catalogue des élèves
Une nuée d’artistes de renommée internationale ont fréquenté ou au
moins jalonné les cours de la Villa Thiole : Bernar Venet, Raymond
Moretti, Henri Baviera, Zia Miradolbagi, Jean-Luc Verna, Pascal Brocco-
lichi, Tatiana Trouve, Michel Blazy, Emmanuel Régent, Gilles Miquellis,
Sophie Brouquet… Mais le témoignage le plus percutant est celui du
Directeur actuel, qui était étudiant pendant deux ans à la Villa Thiole :
« C’est un peu un mimétisme, quand les enseignants montrent la
technique de choses inconnues encore. Les étudiants se sentent
rapidement dans un décor familial… Les enseignants transmettent à
leurs élèves plus un savoir faire qu’une théorie, ce qui explique l’atta-
chement des étudiants à leur école et à leurs maîtres, contribuant
ainsi au développement d’une première culture artistique ».
Nous étions partis à la découverte d’une école municipale, avec beau-
coup de clichés en tête. Une fois encore, ce n’est qu’une histoire de
passion, de métier, de découverte. Une école municipale comme
celle-ci vaut la peine, son expérience de plus ancienne institution de
pratiques artistiques de la ville se reflète dans le dévouement de ses
professeurs, tous des figures artistiques remarquables !
AG
2 gravures repertoriéesCollection Villa Thiole
18 EN VILLE nice
stephane cipreDes mots qui voyagent
C'est autour d’une bonne table que tout commence. Entouré
d’amis, d’anciens internationaux de rugby et en particulier
de Jeff Tordo, ancien capitaine de l’Equipe de France et
figure emblématique du rugby français, Stéphane Cipre part en Nou-
velle-Zélande pour la Coupe du Monde. Aficionado depuis longtemps
et ayant pratiqué lui-même plusieurs années, il suit généralement avec
sa bande d’amis l’équipe de France lors des matchs importants, que
ce soit en Irlande ou au Vélodrome de Montpellier. Mais cette fois-ci,
c’est en Nouvelle-Zélande qu’il se rend. Artiste sculpteur niçois, c’est
avec une œuvre d’art de sa création qu’il rejoint le terrain de l’équipe
de rugby la plus marquante au monde. Toute la bande, réunie autour
de petits farcis et d’une franche amitié lance le défi, un peu fou, de
réaliser une œuvre monumentale pour l’occasion. Quelque part, ne
serait-ce pas, comme on dit, joindre l’utile à l’agréable ? Certaine-
ment, mais il s’agit d’abord de se questionner sur les valeurs et
l’héritage que l’on transmet aux futures générations.
Car parler de rugby pour Stéphane Cipre, c’est avant tout
parler de valeurs. Comme il le dit : « C’est un sport qui
a su garder ses principes d’authenticité, de convivia-
lité, d’union, de combativité sur le terrain. Pour les
joueurs comme pour les spectateurs, lorsqu’on sort
d’un match, on est enivrés mais il n’y a jamais de
violence.» Il matérialise alors par les mots et le lan-
gage artistique qu’on lui connaît depuis plus de
quinze ans, ce point de vue qu’il met en regard avec
d’autres sports. Il «croque» ce que sera l’œuvre, il la
montre aux copains, tous acquiescent et d’un com-
mun accord, l’aventure démarre.
Il s’agira d’offrir l’œuvre à la fédération de Rugby Néo-Zé-
landaise. Mais avant cela, c’est un travail de longue haleine qui ne
dure pas moins de cinq mois pendant lesquels l’artiste reste concen-
tré uniquement sur ce projet. L’œuvre représente un mur sur lequel
sont inscrits des mots tels que «Drugs», «Individualism» «Selfishness»
ou encore «Racism». Pour combattre ces «contre-valeurs», deux rug-
bymen sont représentés dans l’action d’une mêlée qui «explose»
littéralement ce mur de mots. C’est une œuvre qui veut avant tout
marquer les esprits avec l’intention de faire passer le message. «Ce
n’est pas l’œuvre qui est importante, ce sont les valeurs qu’elle véhi-
cule, c’est ce qu’elle symbolise» souligne l’artiste. Pour sa réalisation,
un lourd travail de fonte d’aluminium va être nécessaire. Il sculpte
en mousse, réalise la maquette puis une fois la structure achevée, il
découpe, fond, rassemble, soude, ponce. Un travail de titan à l’image
du résultat.
Rien n’arrête le sculpteur niçois Stéphane Cipre. L’œuvre monumentale «Les contre-valeurs du rugby», dévoilée en Juillet dernier à Nice, est plus qu’ambitieuse, dans son message tout comme dans sa réalisation. Par les mots qu’il fait voyager jusqu’en Nouvelle-Zélande cette année pour la Coupe du Monde de Rugby, l’artiste compte bien transmettre les valeurs qui lui sont chères et les défendre par l’art.
Portrait de Stéphane Cipre
n i c e E N V I L L E 19
Contre valeurs du Rugby de Stephane Cipre.
Cette sculpture monumentale pour la Coupe du monde est un défi de
taille qu’a su, encore une fois, relever l’artiste. Trois mètres soixante
de haut, deux mètres vingt de large et plus de trois mètres de profon-
deur. Cipre charge dans la mêlée, c’est le moins qu’on puisse dire….
Avec cette pièce, ce sont donc près de deux tonnes qui parcourent les
mers tout l’été en container pour rejoindre leur destination finale, le
parvis du stade Eden Park puis la ville de Christchurch. Stéphane Cipre
avait déjà réalisé une œuvre monumentale, sa première, il y a plusieurs
années de cela. Il avait participé à un projet de sculpture monumentale
destinée à être installée dans un rond-point. Il s’y lance à corps perdu
et… il remporte le concours ! Mais à cette période, il n’a pas encore
le bagage technique qu’il possède aujourd’hui, après quinze années
d’expérience et de réalisations. Mais le concours étant gagné, il doit
faire face ! Il se débrouille, travaille auprès de cabinets d’agréments et
d’ingénieurs. Il réussit son coup et transforme l’essai. La sculpture de
huit mètres s’élance vers le ciel, à la vue de tous, au centre du fameux
rond-point. Mais chaque projet est différent et celui de la Coupe du
Monde de Rugby est une autre étape dans le parcours de l’artiste.
Significative, inédite, l’œuvre l’est assurément, d’autant que Stéphane
Cipre ne fait pas de la figuration une de ses habitudes dans son tra-
vail récent. Mais là, il y prend réellement plaisir tout en conservant sa
«patte» créatrice et un sacré savoir-faire dans une œuvre résolument
grandiose et «universelle».rc
L A V I E D E S A R T S m O n A c O20 L A V I E D E S A R T S n i c e20
Quand on entre dans le vaisseau ami-
ral de la Banque populaire côte d’Azur
(BpcA), on est accueilli par un des
premiers drapés en marbre de Sosno,
un triptyque de lucien clergue et une
affiche du festival « Violons de légende ».
ce siège érigé en 1989 fut une des
premières grandes architectures fai-
sant face à la mer à s’inscrire dans le
paysage de l’Arénas. il marque une date
clé dans cette success story qui lia la
région avec cette enseigne née en 1883
à menton sous le nom de Banque des
Alpes méridionales et qui fusionna un
siècle plus tard avec celle du Var pour
devenir : la BpcA. Jean-philippe dubar,
directeur de la communication de la
BpcA et son adjoint Jean-pierre fouchy
également écrivain et passionné d’art,
évoquent cette belle aventure partagée
et à suivre…
En quoi la BPCA est-elle intimement liée à
l’essor de la Côte d’Azur ?
Jusqu’en juin 1989 le siège était éclaté en 5
bâtiments dans la ville de Nice dont un hôtel
particulier sur l’avenue Victor Hugo et, sur
la rue de la Buffa, un ancien hammam créé
en 1869 par le Docteur Charles Depraz,
initiateur des premiers bains à Londres ou
Paris. Ces lieux existent toujours, abritant
aujourd’hui deux de nos agences. Nous
projetons d’ailleurs de réaménager l’agence
de la Buffa afin de rappeler son cachet
originel, autant que le cahier des charges le
permet bien sûr. Il ne s’agit pas de rouvrir
les thermes (Rires)
Le siège ultramoderne de l’Arénas marqua
donc un renouveau... !
En effet il correspond à la naissance de la
BPCA comme entité couvrant les Alpes-Mari-
times et le Var. Son architecture fut et reste
innovante. D’abord parce qu’elle été conçue
comme la proue d’un navire ensuite parce
que c’est un bâtiment intelligent, autonome
et profilé dans un béton poli qui imite le
marbre. L’inauguration du siège fut accom-
pagnée de la création de l’Opéra d’Azur,
un spectacle lyrique multimédia qui célébra
le second souffle de la BPCA. Cette œuvre
réalisée pour la Banque par l'Atelier de Bar-
bizon a fait l’objet d’une nouvelle version en
haute définition à l’occasion des 150 ans du
rattachement du Comté de Nice.
A l’intérieur, l’art y est très présent…
Dès l’ouverture du siège nous avons
acquis des œuvres d’art. Une toile de
Moya, des tableaux abstraits de Carpenter,
un artiste anglais vivant à Nice, quelques
sculptures emblématiques de Sosno, une
de Nivèse, de Guy Fages, un triptyque
rare de Lucien Clergue de sa période
américaine etc. Des œuvres visibles de
tous nos visiteurs du hall d’entrée au
Lobby où se trouvent les bureaux de la
direction. A l’accueil à proximité de l’une
des premières oblitérations de Sosno se
trouve une chambre forte appréciée de
nos clients amateurs d’art. C’est une salle
scientifiquement étudiée pour stocker des
toiles dans des rangements verticaux à l’abri
de l’humidité. Nous disposons également
d’un auditorium de 150 places que nous
prêtons régulièrement à des associations.
La culture semble être au cœur de vos
préoccupations…
La BPCA est une des rares entreprises à
respecter la charte des 6% de travailleurs
handicapés. Cet engagement solidaire,
comme le soutien artistique, participe à
b a n q u e p o p u l a i r e c ô t e d ’ a z u r
la culture est dans sa natureSon nom est indissociable des grands événements azuréens. De l’Art Contemporain et la Côte d’Azur au Nice Jazz Festival qu’est-ce qui pousse la Banque Populaire Côte d’Azur à « investir » dans la création ?
Jean-paul dubarDirecteur de la Communication de la BPCA
m O n A c O L A V I E D E S A R T S 21n i c e L A V I E D E S A R T S 21
la politique que nous avons souhaitée
à dimension humaine et dynamique en
faveur de l’épanouissement du tissu régio-
nal. Avec plus de 200 000 €/an, la BPCA
est le premier mécène des Alpes-Maritimes
selon une récente enquête du Ministère de
la Culture. Mais nous ne donnons pas de
l’argent pour avoir notre logo en bas d’une
affiche. Nous devons être aussi exigeants
que transparents dans nos choix car nous
avons des comptes à rendre à 200 000
clients et 80 000 sociétaires parmi lesquels
des élus de la région et bon nombre de
dirigeants locaux.
La Musique classique occupe un belle part
de ce soutien…
En effet depuis la création de l’Opéra
d’Azur et un partenariat qui nous lie depuis
notre naissance à L’Opéra de Toulon, la
BPCA et sa Fondation sont très actifs dans
ce domaine. En 20 ans, 173 jeunes instru-
mentistes et 19 compositeurs ont bénéficié
du soutien de la Fondation d’Entreprise
Banque Populaire. Le 20 septembre, nous
avons convié nos sociétaires à une soirée
de concert concluant une convention de
mécénat avec le Conservatoire National à
Vocation Régionale de Nice qui a permis
à la BPCA d’offrir
à ce dernier une
pièce estimée à
10 000 €. Il s’agit
d’un marimba, un
instrument à percussion fabriqué avec du
bois qui diffuse des essences rares.
Cet été nous étions présents aux côtés de
grands festivals : Les Nuits du Cloître de
Cimiez, le Festival de Musique de Chambre
de Saint-Paul de Vence, le Festival de
Musique d'Hyères, Les Nuits du Château
de la Moutte à Saint-Tropez, Violons de Lé-
gendes. Sans oublier le Festival de Musique
de Menton que nous « mécenons » aussi
via notre Fondation qui a financé cette
année les récitals jeunes virtuoses et
organisé une master class. Nous soutenons
également l’ARON (Association pour le
Rayonnement de l’Opéra de Nice) et le club
Andantino qui promeut l’Orchestre Régio-
nal de Cannes.
Quant aux autres musiques ?
Nous avons été partenaires du Festival
Electro « Crossover » mais aussi du Nice
Jazz Festival, des Nuits du Sud ou encore
des Voix du Gaou. Ce qui couvre un large
éventail de genres et de publics.
Côté Beaux-Arts,
quelles sont vos
actions, hormis les
achats d’œuvres ?
Pour L’Art Contem-
porain et la Côte
d’Azur nous avons
aidé au financement
du magazine officiel
de l’événement.
Nous nous sommes
engagés sur trois
ans à hauteur de
15 000 € par an auprès des Musées Natio-
naux des Alpes-Maritimes pour couvrir les
frais de leurs catalogues d’expositions.
Pour la première journée du Patrimoine,
nous étions aux côtés de la Jeune Chambre
Economique qui a permis à une trentaine
d’artistes d’exposer sur la Promenade des
Anglais et organiser une table ronde sur le
mécénat des particuliers. Nous subvention-
nons aussi des associations comme Ambre
International qui a créé le 16 septembre
un rallye historique autour de l’art. Cet
engagement ne date pas d’hier. Nous avons
été mécène via la Fondation Provence Côte
d’Azur qui fut à l’origine de l’acquisition de
l’arc de Venet et de pièces pour le MAMAC.
Qu’est-ce qu’il vous reste à faire ?
Tant de chose encore ! La région est si
productive. Nous souhaiterions être pré-
sents aux côtés du TNN. Malgré l’agenda
très chargé de son directeur, nous espé-
rons pouvoir collaborer ensemble.
u à gauche : Signature de partenariat au musée Chagall le 24 janvier 2011. Jean-François Comas, Directeur Général de la BPCA, Maurice Fréchuret, Directeur des Musées Nationaux du XXème Siècle des Alpes-Maritimes, et Bernard Fleury, Président de la BPCA.
u à droite : Opéra d'Azur
Propos recueillis par Olivier Marro
22 L A V I E D E S A R T S p h O t O G r A p h i e
Du cadre au champ
Jean Claude Fraicher
Regards croisésDepuis son invention la photographie est une discipline qui s’est ramifiée au fil du temps des modes, des progrès technologiques et s’est imprégnée d’autres formes d’art. Si Jean-Claude Fraicher, Olivier Remualdo et Gabriel Fabre partagent la même passion, ils n’ont pas la même façon de nous la faire partager. Des points communs tout de même : ils sont tous les trois liés au Septembre Off et sont de grands voyageurs.
Alors que le Septembre Off essaime dans la ville, jusqu’ au 23 octobre, nous avons braqué notre objectif sur trois photographes, trois personnalités, trois regards différents.
Le reportage, Jean-Claude Fraicher s’en est
nourri depuis qu’il a contracté le virus de
la photo et arpenté le globe. Né en Afrique
du nord, Jean-Claude vient faire ses études
de lettres à Nice puis passe sa maîtrise aux
USA. Dès lors, le périple durera près de
20 ans, l’amenant en Nouvelle Calédonie,
dans le Pacifique sud, aux Indes, en Chine,
en Australie : « Sur la route de Kerouac »
fut le sujet de ma maîtrise mais finalement
j’ai fait plus de photos que d’écriture. Cette
attirance remonte à mon père. Géomètre à
l’IGN, il avait réalisé un album sur les villes
méditerranéennes qui exerça une fascina-
tion sur l’enfant que j’étais » A Nouméa
dans les années 90 Jean-Claude braquera
son objectif sur la culture Kanak. « Quand il
y a eu l’assaut de la grotte d’Uwea, j’ai été
mis à l’écart en tant que blanc. Etre photo-
graphe ethnologue c’est aussi savoir que
l’on aura toujours le regard de l’étranger ».
Ce regard décalé peut être aussi un champ
de liberté. « J’aime trop la lumière naturelle
et la vie pour l’enfermer dans un studio.
J’ai toujours œuvré comme un reporter,
être mobile, faire des rencontres. Pour Jean-
Claude Fraicher, le portrait est une enquête
rapide où il traque les indices autour de ses
Jean-Claude
Fraicher est un
des fondateurs
du Sept Off de la
photographie avec
Robert Matthey et
Laurent Colonna.
Quand je suis arrivé à Nice, il y a 15 ans, nous avons
décidé de créer le Sept Off qui a coexisté une dizaine
d’années avec le In, se déployant dans des lieux qui
ne sont pas réservés à la photographie. Aujourd’hui
le septembre de la Photo n’existe plus que grâce au
Off qui pour sa 13ème édition souligne notre identité
méditerranéenne. Le thème « Passe (ports)
méditerranéens » choisi en 2010 a été rattrapé par
le printemps arabe qui sera au cœur d’une exposition
à Saint Jean d’Angely avec un photographe tunisien
Hamid Bouali, F. Fernandez et J-F. Roubaud qui ont
couvert l’événement pour Nice-Matin et moi-même,
avec un sujet sur les tunisiens de Vintimille.
© J-C
H D
usa
nte
r
© J-C
H D
usa
nte
r
23
sujets pour « tenter de comprendre com-
ment ils se retrouvent aujourd’hui en face de
moi… Chez Eliane Radigue, la veuve d’Arman
j’ai été fasciné par sa collection de vieux
magnétos à bandes ». C’est selon ce proces-
sus durant lequel « il est vital de travailler
vite, de continuer une conversation » qu’il
réalisera quelques portraits/reportages sur
les travailleurs du Port de Nice, mais aussi
sur les artistes azuréens « Pour les 50 ans
du Patriote, j’ai photographié les artistes
dans leur atelier. Une expo baptisée Attitude
montrée à l’Espace à Vendre en 2010 et au
Cedac de Cimiez regroupant une trentaine de
créateurs d’Ernest Pignon à Ben via Vernassa,
Caminiti, ou Mendonça. « C’est un person-
nage étonnant. Je l’ai shooté dans sa combi-
naison blanche parce qu’il me rappelait ces
scientifiques illuminés des séries B améri-
caines » Le cinéma, c’est l’autre passion de
J-C. Fraicher qui découvrit l’Italie à travers
ses films néo-réalistes, tant et si bien que le
photographe avoue utiliser régulièrement la
fonction caméra de son appareil « je bouge
beaucoup, c’est pour ça que j’aime filmer.
On a la chance avec le numérique d’avoir une
qualité d’image exceptionnelle. Aujourd’hui
cela me fascine plus que la photo qui n’existe
plus que par l’approche plasticienne. Il y a un
potentiel dans l’image en mouvement comme
il y a 20 ans dans l’image fixe » explique cet
artiste insaisissable qui semble désormais
sortir du cadre de la photo pour rentrer dans
le champ du clip et du documentaire.
Olivier Remualdo est intarissable sur le pays des Mantras. Un pays que ce pho-
tographe âgé de 33 ans a parcouru et « documenté » à six reprises, passant sur
place l’équivalent d’un séjour d’un an et demi. Elevé à Cannes, Olivier Remualdo
est de souche niçoise. Après des études de commerce à Paris VIII, il fera bouillir
la marmite en faisant le métier de voiturier à l’hôtel Belles Rives et à Courchevel.
La photo l’amène très vite à la rencontre de l’autre. Après un stage de photo-
graphie au Noga Hilton il choisit sa voie « J’aime trop les gens au naturel. Cette
expérience m’a permis de savoir ce que je ne voulais pas faire ».
Et ce qu’il veut c’est tailler la route des Indes. Malgré son catogan et son visage
christique, Olivier n’a pas la même motivation que ses aînés qui prirent les
chemins de Katmandou. Il veut découvrir l’envers du décor, comprendre qui
sont ces sages à l’avant-scène de la spiritualité. « À 26 ans je suis parti 2 mois
en Inde. J’y suis resté 6 mois » Et depuis, Olivier n’aura de cesse d’explorer cette
ethnie. Des milliers de photos et de kilomètres au compteur.
Tous ces projets photographiques restent une quête à la fois humaine et
culturelle « Mythic Sarasvati » son premier périple au cœur de l'Inde spirituelle
India Song
Olivier RemualdoIl y a 5 millions de Sâdhus en Inde qui sont à l’ori-
gine des brahmanes ayant choisi une vie d’errance,
d’ascèse pour se consacrer à la spiritualité. Ils sont
nomades ou sédentaires, parfois à la tête d’ashram
qui compte des milliers de dévots. Ils peuvent être
puissants et riches. C’est un des paradoxes de la
culture indienne.
P H O T O G R A P H I E l A V i e d e S A r t S
Naga Sâdhu Dharam Puri Maharaj. Les dreadlocks, appelées jatha en Inde, sont l'un des principaux signes distinctifs des Sâdhus. Varanasi 2009 © Olivier Remualdo
Attitudes Richard Cairaschi auteur comédien humoriste niçois © Jean-Claude Fraicher
Olivier Remualdo© Jean-Charles Dusanter
Attitudes Zaira Mantovan pour l'affiche du Sept Off 2009
L A V I E D E S A R T S m O n A c O24
Niçois d’adoption depuis 11 ans, Gabriel a
étudié à Paris les arts plastiques et la linguis-
tique à la Sorbonne Nouvelle. En 1989, il part
faire son service militaire à Berlin. « Quelques
mois après mon arrivée au service photo du
2ème bureau, le mur est tombé. Une belle
opération sur le plan du publi-reportage ».
Gabriel commence par faire de l’assista-
nat photo avant que ses premiers clichés
ne soient publiés en 1991 dans Télérama :
« une série sur les ascenseurs pour l’ascen-
sion ». Cela ne s’invente pas. Après avoir
œuvré dans le domaine du reportage sur
des sujets religieux en Espagne ou sur le
SEL (Système d’Echange Local) pratiqué
par des réseaux parallèles d’économie soli-
daire, Gabriel entrera de plein pied dans la
photographie plasticienne sous l’in-
fluence du glossaire de Michel Leiris. Dès
lors, la correspondance entre mots et
images trouvera sa place dans le travail
de celui qui est imprégné de la langue
idéographique « les jeux de mots, le
double langage m’ont amené à publier
un texte puis à essayer de trouver une
forme plastique adéquate ». C’est ainsi
que Gabriel Fabre, qui a quitté Paris en
2000, initie quatre ans plus tard une
série baptisée « Les PHOTDORTHOGRA-
PHIES », son ticket d’entrée au Sept off.
« Un travail exposé jusqu’à Gènes qui est fait
d’assemblages de photos et d’objets, des
installations qui tentent de signifier un mot
sans le dire. C’est une célébration des faux
sens, des ambiguïtés, du glissement progres-
sif sur toutes les variations du signifiant.»
Dès lors, Gabriel réalisera plusieurs exposi-
tions au rythme de 6 à 12 par an, s’attachant
à explorer la Poésie visuelle.
Chez Fabre l’exercice prend des formes di-
verses, parfois même d’installations. Ainsi en
2006 il photographie pour « L’Onde art » sur
le thème « Lit de rivière » un baldaquin dans
la Brague. En 2007 pour nomade il écrit LOW
sur l’eau avec des feuilles de magnolias. « J’ai
passé beaucoup de temps ado à visiter des
musées mais la peinture n’étant pas pour
moi un geste naturel je pratique la photo sur
un mode plasticien ». Ses racines nippones
continueront de s’exprimer. Il participe ainsi
à l’exposition caritative au MUSEAAV afin de
soutenir le Japon après la catastrophe de
Fukushima en créant une œuvre hommage
aux techniciens intervenus sur le site. En
décembre 2009, après
4 semaines et 4000
kilomètres dans le sud
de Kyoto il réalisa une
série de diptyques.
« J’ai exposé ce travail
à Nice, à Paris et à Mo-
naco où l’association
en charge du Jardin
japonais de Monaco
m’a commandé une
autre série sur ce prin-
cipe d’assemblage » .
Une quarantaine de pan-
neaux y seront exposés
en extérieur célébrant
visuellement un jeu de
langage nippon. « Momiji
no sasayaki » un exercice
qui vient d’être invité au
Festival Artcolar à Monaco.
s’attacha à réinventer le cours du Sarasvati, « le seul des 7 fleuves
sacrés rayé de la carte il y a 4000 ans ». Lauréat du Prix Défi Jeunes
et finaliste de la Bourse Lonely Planet 2006, ce projet de 6 mois
fut subventionné puis exposé à Orléans, à Paris, à Cannes (Espace
Ranguin) en 2008 et au Musée des Arts Asiatiques. Olivier réalise
ensuite Street Massala mettant en scène de buveurs de thé dans
les rues de Bénarès et montré en 2009 au Sept Off. Son troisième
grand projet naît d’une rencontre avec un Sâdhus à la Kumba mel-
lâh, un événement qui réunit 74 millions de pèlerins venus se puri-
fier dans le Gange ». En mai et juin 2010, il part ainsi en pèlerinage
dans l’Himalaya aux côtés de ces Sâdhus. Il réalisera à pied en
chameau stop, plus de 600 kilomètres dormant à la belle étoile
ou dans des temples. Le fruit de ce travail flirtant avec le repor-
tage « gonzo » apportera une importante source documentaire à
un projet dont la première mouture fut dévoilée en 2010 au Sept
Off. Un an après, sa saga sur « Les Sadhus- Les hommes Saints de
l’Hindouisme » immortalisés en noir et blanc sur un fond de bâche
neutre « afin d’occulter tout exotisme » décroche le prix Lucien
Clergue 2011. Une version définitive du livre sur les Sâdhus doit
bientôt voir le jour. « L’Inde c’est une planète qui éveille tous les
sens. Je mets un certain temps pour atterrir quand je reviens. Mais
avec l’expérience, j’ai appris que la sagesse n’est pas l’apanage
d’un seul pays et que le véritable voyage, c’est à travers le regard
qu’on le fait ».
L’empire des signes
Gabriel Yoshitsune FabreNé à Tokyo en 1967 de parents
exilés au Japon, Gabriel a lui
aussi voyagé mais sa plus belle
aventure, il la vit à travers ses
créations .
« J’ai un inconscient japonais car j’ai été élevé
par une nounou japonaise jusqu’à l’âge de 7
ans. Cela m’a laissé une empreinte qui s’est
révélée à la lecture de « L’empire des signes »
de Roland Barthes »
Om
Naga Sâdhu Shiva Giri. Il est Sâdhu depuis 28 ans et dirige un ashram au Katmandou. Haridwar 2010 © Olivier Remualdo
© J-C
H D
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Lit de rivière ( Installation dans la rivière de la Brague, juin 2006) Format 60 x 45 cm. Technique tirage digigraphique contrecollé sur dibond ©Gabriel Fabre
PHOTdorthOGRAPHIES opinel + oignon = opinion 15x20 opi © Gabriel Fabre
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L A V I E D E S A R T S A n i S h K A p O O r26
anish Kapoor
"LE LEVIATHAN"Rappelez-vous la MONUMENTA… Nous avons eu droit à un Grand Palais rubicond. Le sculpteur anglais Anish Kapoor a fait de la nef et de ses verrières majestueuses un ogre, une sorte de Léviathan hideux nous propulsant au cœur de la bête, comme happé par une respiration d’outre-tombe.
Intérieur du Léviathan - Monumenta Grand Palais
anish Kapoor
"LE LEVIATHAN"
27 A n i S h K A p O O r L A V I E D E S A R T S
Kapoor en a fait une matrice « sang pour sang » monochrome. Un rouge tendre entre feu et viande. Frissons et chair de poule. Rappelez-vous, il fallait passer le sas, une petite porte noire en tourniquet. Les vitres opaques ne laissaient filtrer aucun rai de lumière. Une fois à l’intérieur,
l’obscurité vorace relâchait progressivement sa proie. L’imposante structure aux cratères lunaires pre-nait forme au fur et à mesure des pas du visiteur déambulant dans ce ventre de tissu distendu où plus aucun repère n’était là pour vous rassurer. Destabilisant donc. Et pourtant magique. Au gré des minutes qui s’écoulaient, la matière de l’œuvre donnait vie à la couleur, mariée à la lumière naturelle du Grand Palais. Une immersion totale réussie. Une prouesse technique et émotionnelle.Néanmoins être invité à découvrir l’univers d’Anish Kapoor au cœur de son atelier à Londres, être invité
à l’écouter pour qu’il nous dévoile en partie son travail sur cet ogre de sang et de lumière ? Deux fois plutôt qu’une ! Le "studio" d’Anish Kapoor est à quelques encablures de Camberwell New Road, un quartier quelque peu désœuvré au sud-est de la capitale. Nous pensions bien pénétrer dans une matrice en ébullition, et de ce fait nous n’avons pas été déçus. De nombreux assistants, filles et garçons, jeunes et moins jeunes, quelques-uns vêtus de combi-naisons blanches et de masques, ponçaient, mesuraient, découpaient, polissaient les créations du maître. Une atmosphère de factory studieuse, vive et spacieuse dans laquelle la présence de certaines sculptures réfléchis-santes nous renvoyait une image kaléidoscopique de l’atelier et de nous-mêmes. Anish Kapoor nous récupèrera alors que nous étions en immersion totale, les uns complètement fascinés par l’aspect ruche artisanale, les autres captant l’instant à coups de clichés photos ininterrompus. Direction seconde partie de son atelier consacré à la sculpture monumentale, un espace où le projet de la Monumenta mûrissait. Réunis autour d’une maquette, nous étions formellement conviés de ne pas prendre de photos et de ne point divulguer d’informations détaillées avant l’inauguration, nous voilà donc à l’écoute et tenus sous le sceau du secret jusqu’à "nouvel ordre". Mais loin de toute révélation caractérisée, Anish Kapoor semblait nous prévenir que cet « immense volume empli de lumière » était un challenge « un choc visuel dans lequel on engage la technologie du XXe siècle confrontée à celle du siècle précédent. Un défi dans lequel la verticalité de la lumière tombant de la nef est à prendre en compte. » Au fur et à mesure, le décryptage se faisait : il nous parlait de passerelles, de corridors sur lesquels le visiteur circulera en plein cœur d’une sculpture monumentale sillonnant le Grand Palais de part et d’autre. « J’aimerais, disait-il, que les personnes soient entraînées dans une confrontation à la fois esthétique et physique, une sensation de vertige, pris par la couleur, par une sorte de monochromie instable. La couleur n’est jamais neutre. C’est un moteur très puissant de l’imagination et de l’abstraction. Et si je choisis le rouge, c’est aussi pour ses nuances sombres, psychologiquement et physiquement beaucoup plus ténébreuses que le noir ou le bleu. » Souhait qui rejoignait le constat de Jean de Loisy, commissaire de cette Monumenta "monumentale" : « Plus le ciel est dégagé, plus la sensation de fragilité et de vulnérabilité augmente, on a l’impression que la peau du Léviathan se fait plus fine. Moins il y a de lumière, plus le rouge se fait obscur et chaud. C’est un artiste qui intervient très peu dans
la fabrication de l’objet. Il invente un processus de création de façon à ce que l’objet naît de sa propre énergie » ou mieux « il pense que le rôle d’un artiste est d’inventer un espace sublime, pas le sublime vers lequel on plonge comme
dans une œuvre de Barnett Newman mais le sublime qui serait en avant de l’œuvre. Il a été très marqué par le projet de Richard Serra car lui aussi travaille sur l’espace. Mais chez lui, il y a une vérité du matériau que la sculpture doit raconter,
alors que chez Kapoor, le matériau est avant tout le point de départ d’une fiction. Il n’est pas là pour nous dire la vérité de l’objet mais pour permettre d’y échapper. Il nous amène au-delà de l’objet, plutôt vers
un monde mental et poétique. En clair, Serra est du côté de la vérité de l’objet tandis que Kapoor est du côté de la mythologie de l’objet ».
Rencontrer Anish Kapoor, c’est aussi aborder un homme extrêmement disponible, soucieux de clarté dans ses propos quitte à répéter ou détailler le processus dans lequel sa création
a tout d’un rapport biblique marié à une sensualité oscillant entre des pulsations de mort et d’érotisme. Avec son côté bonhomme plutôt rieur et rassurant, Anish Kapoor nous emmène l’air
de rien vers la Bête "majestueuse" qui sommeille en nous. hK
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contrairement à certains artistes qui au-
raient plus tendance à parler d’eux directe-
ment, tu t’attardes très souvent et ne taris
pas d’éloges sur le collectif no-made au-
quel tu participes depuis plusieurs années.
d’où vient cette implication de ta part ?
C’est qu’il s’agit d’un collectif si éclectique
que je m’y sens vraiment bien. No-Made
est né de la rencontre de plusieurs artistes
qui se sont rencontrés il y a une douzaine
d’années autour d’une exposition. C’est
une «invention» de Denis Gibelin, si l’on
peut dire cela comme ça. En tout cas, il en
est l’instigateur et c’est une association qui
aujourd’hui, compte une trentaine d’artistes
internationaux. Lorsque nous nous retrou-
vons à l’Arboretum de Roure, un de nos
lieux de prédilection, il nous arrive même
d’être quatre-vingts. No-Made, c’est une
petite tribu autour de l’art et ce n’est pas
commun. Ce collectif d’artistes mérite qu’on
parle de lui et que l’on s’y attarde car il offre
un concept vraiment singulier.
de quoi s’agit-il au juste ?
Le but est de détourner l’art comme l’avait
fait Duchamp avec le Ready-made. Même si
je mets des guillemets à l’idée de cet héri-
tage, je pense quand même que l’on parti-
cipe de cet élan. On ne cherche pas à faire
joli mais bien plus à être abordable et ac-
cessible aux gens de la rue. Chaque année,
nous avons des expositions avec un thème
et un lieu. Deux d’entre eux, et pas des
moindres, sont la Villa du Roc Fleuri à Cap
d’Ail qui nous accueille au bord de la mer et
l’Arboretum de Roure qui nous fait prendre
l’air frais en montagne. Ce sont les deux
points d’ancrage du collectif. On se réunit,
on discute, on échange et on expose. C’est
l’inverse des «journées chevalet». C’est un
peu les rencontres d’ateliers d’artistes fin
XIXème. Avec No-Made, nous avons et nous
donnons carte blanche à l’artiste.
Quelle en est donc la ligne directrice ?
Sa ligne de conduite ? Mis à part le thème im-
posé, chacun s’adapte pour l’occasion. C’est
un véritable défi à chaque fois pour l’artiste.
Car No-Made, ce n’est pas une exposition
mais une œuvre, une aventure humaine à
travers laquelle l’artiste se met en harmonie
avec l’œuvre. C’est loin d’être un mouve-
ment car nous avons chacun nos différentes
optiques. Certains font du figuratif, d’autres
de l’abstrait, des installations, des sculp-
tures… Ce qui est incontournable, c’est de
réussir à s’accorder au lieu.
Qu’est-ce qui t’a donné envie de rejoindre
ce groupe d’artistes ?
Il y a dix ans, j’étais aux Diables bleus. Il
y avait aussi les artistes Maurice Maubert,
Thierry Boussard. Denis Gibelin nous a invi-
tés à exposer. Son invitation était si décalée
que j’ai accepté. J’y participe aujourd’hui es-
sentiellement en tant qu’artiste car je viens
d’ouvrir une école d’art et il faut bien faire
des choix. Je suis toujours présent. No-Made
est une sorte d’alternative. Les lieux que
nous utilisons pour montrer l’art ne sont pas
des lieux consacrés à l’art, comme les jar-
dins de Valrose par exemple. Pendant deux
ans, nous nous sommes dit qu’il y avait un
projet vraiment intéressant, un défi à inves-
tir ce lieu et à trouver une thématique. Ce
que j’aime dans ce collectif, c’est qu’il nous
pousse à évoluer.
S’il y avait un mot pour définir no-made ?
«Eclectisme», ça résume vraiment bien notre
démarche. Nous avons tous nos références,
nos propres travaux et si l’on expose des
œuvres compliquées à comprendre pour
l’homme de la rue, généralement l’homme
de la rue est intrigué. No-Made vulgarise.
Même si certains d’entre nous peuvent
contredire cela, ça crée le débat, la discus-
sion, c’est toujours constructif. Quoi qu’il en
soit, nous voulons être abordables.
le collectif a forcément une vocation de
connaissance des artistes…
Oui bien sûr, No-Made permet à beau-
coup d’artistes qui ne sont pas forcément
connus sur la Côte d’Azur d’être visibles et
d’exposer ensuite dans d’autres lieux. La
visibilité est grandissante dans le départe-
ment. L’aspect international aussi est une
bonne chose. La diversité, c’est ce qui fait
la richesse. J’étais connu dans mon village
niçois, mais en un an, toutes les choses aux-
quelles je n’avais pas accès, les galeries, la
presse, cela s’est fait en grande partie avec
et grâce à No-Made.
Venons-en à toi. l’art, la peinture, la sculp-
ture. c’était inévitable dans ta vie ?
Je suis né là, pas loin de l’atelier, à trente
mètres, à Santa Maria. J’ai franchi le Paillon
il y a huit ans puisque j’étais à Nice. J’ai vécu
quatorze ans au Mont-Boron. J’étais donc
face à la mer et mes journées d’école, je les
passais à regarder par la fenêtre et à faire du
dessin. Puis, de la vue sur la mer, on est pas-
sé à la vue sur l’usine d’incinération. Là, j’ai
arrêté officiellement l’école. Je m’ennuyais
trop et je voulais être artiste.
Artiste sculpteur niçois, Louis Dollé fraie son chemin dans l’art azuréen depuis plusieurs années en faisant des appa-ritions remarquées dans de nombreuses expositions et notamment en jouant un rôle d’ambassadeur auprès du collectif No-Made. Dans son atelier et école d’arts plas-tiques, que l’on reconnaît au premier coup d’œil grâce à une sculpture monumentale qui domine la rue, l’artiste ne se contente pas de créer mais transmet et partage une vision surprenante de l’art.
Louis Dolleé
Portrait Dollé © Rodolphe Cosimi 2011
M O N A C O L a v i e d e s a r t s 31L A V I E D E S A R T S 31
raconte-nous comment louis dollé est
donc devenu artiste...
Pour me rapprocher de l’art, l’artisanat était
la meilleure des choses. J’étais tout à fait
inculte à cette époque. Je savais bien sûr
qui était Michel-Ange ou Léonard de Vinci.
Ma mère avait une bibliothèque de bou-
quins d’art et je regardais les images, je ne
lisais pas les textes même si, déjà, je lisais
pas mal avant cela. J’ai donc rejoint le lycée
d’enseignement professionnel Pasteur pour
suivre une formation d’ébéniste. Au début,
je n’y comprenais rien. Moi qui pensais qu’il
suffisait de prendre un bout de bois et de
sculpter le bonhomme dedans, j’étais loin
du compte ! C’est par le dessin que je me
suis intéressé à la sculpture. Mais très vite,
je me suis vu reproduire les mêmes gestes
au quotidien, ça n’allait plus.
Je crois savoir qu’une rencontre a été déci-
sive...
Effectivement, voyant que je n’avançais plus,
ma mère m’a présenté Jean Cortez, le maître
de Nicolas Lavarenne, pour un stage de sculp-
ture sur bois. Jean Cortez m’a parlé de Picasso
et j’ai réagi, comme la plupart des gens, avec
l’idée qu’un enfant de cinq ans pouvait faire la
même chose. Un jour, il me montre une autre
œuvre sans me dire de qui cela provenait. Je
lui réponds que je reconnais Michel-Ange. «Ce
qui est important, me dit-il, c’est le message».
Quelques jours après, il me montre Giacometti
et me demande ce que j’en pense, je lui ré-
ponds que je trouve cela très plaisant. Un jour
suivant, il ouvre un bouquin et me montre une
Madone, femme et enfant, une œuvre superbe !
Là, il me dit : « C’est Picasso ». Ce fut un choc !
depuis, tu te consacres à la peinture, la
sculpture, l’écriture, l’enseignement…
Oui, je fais tout à la fois, je fais de la photo-
graphie également. Je suis plus connu pour
être sculpteur mais j’ai l’impression de faire
de la sculpture en peinture aussi. J’aime le
mélange, j’aime détourner, j’aime les instal-
lations. Tout change sans cesse.
Que travailles-tu en particulier en sculpture ?
Je travaille beaucoup sur l’équilibre, sur des
sculptures qui n’ont pas de socle. La sculp-
ture installée devant l’atelier fait 4,50 m
de haut et tient sur ses deux pieds. Je ne
peux pas montrer ces œuvres partout mais
il faut que la sculpture soit et reste un défi
à chaque fois. Outre le côté intrinsèque de
ce que raconte l’œuvre, il y a un souci tech-
nique. Tant de choses ont déjà été faites !
Les lignes directrices, je les puise dans l’abs-
traction. Je suis héritier de Giacometti pour
la verticalité. Beaucoup reconnaissent ma
sculpture «l’homme qui marche» comme
étant une œuvre phare dans mon parcours.
Il y a du Giacometti, c’est sûr… mais il y a du
Rodin également.
Quel est le cheminement dans la réalisa-
tion des tes œuvres ?
La majorité du temps, j’ai un thème, une
idée et je cherche le moyen de le représen-
ter. J’ai inventé une technique de collage de
bois, ayant dépassé la technique tradition-
nelle. D’habitude, on taille le bois, en ce qui
me concerne, je fais du modelage avec du
bois et du métal. Je pense être davantage
un modeleur qu’un tailleur, même si j’ai une
vraie formation de tailleur. Pour le message,
j’aime que des symboles soient intégrés
dans l’œuvre et que cette œuvre interpelle,
fasse réfléchir.
tu as ouvert une école
d’art à nice et tu enseignes aujourd’hui
différentes disciplines comme le croquis,
le modelage, la sculpture et la peinture.
J’enseigne, oui, mais pas autant que je le
voudrais… J’ai un parcours un peu parti-
culier et comme tout parcours atypique,
cela ne plaît pas à tout le monde. J’ai tra-
vaillé dans le social auparavant et me suis
occupé de SDF. Comme Ernest Pignon
Ernest, que j’apprécie énormément, j’ai
collé des affiches pour interpeller les
hommes politiques sur des sujets sensibles
qui me tenaient à cœur ; on ne se fait pas
forcément des amis de cette façon. Je suis
en effet quelqu’un de revendicatif et ça me
porte préjudice aujourd’hui. J’ai postulé à
la villa Thiole et au lycée Guillaume Apolli-
naire pour y enseigner, mais en vain. Don-
ner des cours dans des lieux comme ça, ce
serait mon rêve. J’aimerais dédier la moitié
de mon temps à l’enseignement de ma pas-
sion et l’autre moitié à la création pure. Mais
ce n’est pas le cas et ça me désole… Et ce
n’est pourtant pas faute de diplôme, avec
ma maîtrise d’artisan et mes formations, je
devrais pouvoir enseigner au même titre que
d’autres. Mais la pédagogie et la proximité
avec le public ne font malheureusement pas
toujours la différence.
ton art va-t-il sans cesse à la rencontre
du public ?
Oui. La sculpture «Eve» fait 4,50 m de haut.
Si ses jambes sont longues, c’est pour
qu’elle domine. Elle incarne la connais-
sance, et nous regarde de toute sa hau-
teur, d’un air un peu narquois. Nous autres,
hommes, ne pouvons la toucher car elle
est inatteignable. Cela engendre un vrai
dialogue, une recherche. Cette rencontre
est essentielle. Je fais des
choses en hauteur et des
choses tout en symbole.
J’ai fait un chat en bois qui
fait 2,70 m, le trou du cul
de l’animal est au niveau du
regard de l’homme moyen.
L’animal est au niveau de
l’homme et inversement.
Le message passe et
j’aime jouer de cette
confrontation avec le
public, souvent déca-
lée, certes… mais il
faut que l’art sur-
prenne ! rc
Envol de late st-paul © Louis Dollé
Veloman © Louis Dollé
Il Mare © Louis Dollé
32 L A V I E D E S A R T S d O S S i e r
c’est en tous cas un phénomène
qui a infiltré nos sociétés indus-
trialisées sous la poussée de la
contre-culture écologique. l’effet de
surchauffe du consumérisme avait
déjà été pointé dans les années 60,
par les artistes de l’Arte povera qui
créèrent des installations à base
de matériaux industrieux et par les
nouveaux réalistes collectionneurs
d’objets accumulés, détournés,
compressés. mais aujourd’hui le
récup’art fait rage dans toutes les
strates de la création, donnant nais-
sance à des meubles, bijoux, vête-
ments et objets d’art. il participe à
la protection de l’environnement,
s’enseigne à l’école, en ateliers, se
propage via des salons ouverts à
tous les artistes « responsables »
qui recyclent des matériaux pauvres
pour les faire renaître sous une
autre forme où l’Art transcende le
produit fini.
Quand la récup est récupérée par l’art !
Le Récup’art est né dans les pays dit émergents où la population, pour pallier la carence en produits finis, s’est habituée à recycler les déchets pour en faire des objets artisanaux. De stratégie de survie, le Récup’art serait-il devenu une mode ?
pour promouvoir le Récup’ art des « Rencontres de jardin » à Saint-
Tropez au Carnaval de Nice, mais aussi via des ateliers et ventes
caritatives. C’est en récoltant des bouchons pour « France Cancer »
que Corinne a créé avec 1200 muselets sa robe champagne, clin
d’œil à Paco Rabanne. Une robe eco-glam qui rejoint une collection
de 17 autres présentées à la Maison de l’environnement en juin
dernier. Un nouveau glamour écologique aux antipodes du bling
bling, c’est ce que cette styliste responsable transmet via sa pra-
tique et en enseignant dans les écoles de la région.
Eco-glamCe projet artistique éco-citoyen a suscité chez Corinne Reinsch deux activités qu’elle mène de front. Corinne quitte à 18 ans sa Moselle natale pour
Bordeaux où, tout en suivant des études littéraires,
elle travaille chez un antiquaire. Elle commence à
collectionner boutons et galons qu’elle inclut à
des céramiques puis travaille sur des bijoux mê-
lant matériaux détournés, végétaux et minéraux.
Des pièces qui lui valent de collaborer à Paris avec
Olivier Lapidus puis d’exposer en 1993 au Salon
des indépendants au Grand Palais. En arrivant
sur la Côte en 2001, sa ligne de bijoux hybrides
s’acoquine aux collections de mode tandis que sa
réflexion croise le Récup’ art (Elle réalise un arbre à bijou pour No-
made), la customisation, et l’amazone attitude. Corinne a devancé
les modes. Dans son atelier, près de la gare du sud, un véritable
trésor de pirate : des centaines de noyaux de fruit et graines, des
fleurs séchées, drisses, bout de pneu, plumes, filin, crin de che-
val, passementeries, tesson de verre, qu’elle assemble pour créer
le bijou de demain, personnalisé, évolutif, plurifonctionnel « car
toutes ces pièces, à l’image des ornements tribaux, ont une valeur
symbolique et sentimentale ». Tout comme d’ailleurs les œuvres
du collectif « Artsens », une association d’artistes qu’elle a fondé
© B
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© B
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u Robe Cyclo
q Corinne Reinsch, dans son atelier u
33
© B
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d O S S i e r L A V I E D E S A R T S
Mosaïques Originaire d’Istanbul, Silva Usta vit à Nice depuis 1980 où elle travaille dans son atelier (rue Gounod). Autodidacte, Silva fut gouvernante générale à
l’Hôtel Westminster, avant de suivre les cours
de l’EMAP (Villa Thiole) et de se consacrer
entièrement à l’art. Pendant sept ans elle tra-
vaille sur de grandes mosaïques allant jusqu’à
Salerne pour fouiller les containers des carre-
leurs. Elle compose à domicile pour sa demeure
niçoise ou une villégiature à Sisteron où elle vit
avec son compagnon Arved Schmidt, un autre
passionné d’art à l’origine de la galerie « La
Conciergerie ». S’appropriant cette technique
ancestrale, elle explorera le design en créant
des tables, des miroirs, mais aussi les champs
de la sculpture en utilisant parfois comme
supports des pare-brises récupérés chez un
carrossier, en créant une pièce murale bosse-
lée, en 3 D. En 2005 elle réalise sur commande
une mosaïque (2,50 m x 1,90 m) pour le jardin
de Jean-Claude Fahri, sculpteur de l’école de
Nice. Les créateurs deviennent parfois ses fournisseurs « J’ai fait les
poubelles de Vernassa, dont l’atelier était proche de mon domicile ».
Plexi, verre, ardoise, Silva aime s’inspirer de ces matériaux pour créer
des œuvres exposées à l’occa-
sion d’événements : pour une
vente de charité en faveur des
enfants malades en 2008 à l’ate-
lier du Port, au Museaav en 2010
autour d’un thème sur la femme,
lors d’un parcours organisé par Botox(s). Une implication citoyenne
étroitement liée à la démarche de cette artiste qui souhaite « sensibi-
liser au delà des circuits traditionnels du marché de l’art ».
ConnectifKeskon Fabrique ? C’est la question que tout le monde nous posait avant l’ouverture du lieu. On a gardé ce nom, il nous correspond explique David Galimant qui, avec Nicolas Pennaneac’h, a investi
au printemps un atelier de la rue Molière. Un espace de 150 m2
qui abrite les travaux de ces deux créateurs autodidactes venus
naturellement vers le Récup ‘art. Car eux aussi ont le goût des
autres, de par leurs professions d’éducateurs mais aussi parce
que leur inspiration vient de l’observation du monde qui les
entoure. C’est d’ailleurs dans la rue qu’ils récoltent une
masse d’objets hétéroclites, qu’ils démontent, déboulonnent,
découpent, pour les détourner et recréer des univers décalés,
ludiques, invitant ainsi le public à la découverte. « Si le projet
artistique est défini : changer le regard avec des objets usuels qui
proposent une autre vision du quotidien, la production, elle, n’est
jamais préprogrammée ». Ainsi ces complices de 15 ans ont mis
en commun leurs compétences, afin de créer un monde parallèle
qui évoque à travers des objets réinterprétés (Boîte à lettres, ca-
bines téléphoniques, Lampes néons) et une cuisine où se mêlent
cuivre, manchon de caoutchouc et systèmes mécanistes, les fan-
tasmagories de « Nemo », celles de Jeunet et Caro, un rien de
poésie post-apocalyptique. « Ramasser des objets laissés par les
uns et re-destinés aux autres, c’est faire passer l’énergie entre
les gens ». Ainsi l’atelier a-t-il lui aussi été récupéré pour deve-
nir une plateforme de diffusion ouverte à d’autres associations.
Une aventure artistique et humaine qui prolonge la réflexion de
ce duo atypique qui revendique la notion de « connectif » (pour
connexion et collectif).
Om
q David Galimant, Nicolas Pennaneach et Marie Nicola © Bertrand Ornano
Robinet de la cuisine à la galerie«Keskon Fabrique ?»
q Mosaique pour Jean-Claude Farhi
z Atelier de Silva Usta © B. Ornano
Silva Usta © B. Ornano
Depuis 1992, la Fondation entreprise Banque Populaire soutient les jeunes musiciens, compositeurs ou personnes en situation de handicap dans leurs projets.
96 agences dans le Var, les Alpes-Maritimes et Monaco.
955
804
448
RC
S N
ICE
service client : 04 89 81 10 00www.cotedazur.banquepopulaire.fr
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Depuis 1992, la Fondation entreprise Banque Populaire soutient les jeunes musiciens, compositeurs ou personnes en situation de handicap dans leurs projets.
96 agences dans le Var, les Alpes-Maritimes et Monaco.
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Elle détourne les objets pour créer des œuvres mouvantes, émouvantes, comme enfantées par un scientiste dans la lignée du docteur Frankenstein. À l’instar du héros de Mary Shelley ou de Prométhée, Margaret Michel dérobe le feu du ciel pour donner à ses créations/créatures la vie !
La Mécanique poétique de Margaret Michel
Margaret Michel est une artiste sculpteur plas-
ticienne qui travaille sur la Côte d’Azur depuis
1998. Elle est originaire de la Californie où
elle travailla au cœur de la Silicon Valley. C’est
dans ce cyber temple qu’elle commença d’ail-
leurs à faire de la récupération en intégrant à
ses premières créations des déchets informa-
tiques. Margaret pratique aujourd’hui un art
fusionnel qui inclut la sculpture, l’installation,
la photo et le Ready-made.
Prévert rencontre Dada On entre dans son atelier de Vallauris, comme
dans un cabinet de curiosité. Quelques ani-
maux naturalisés, des rouages, des câbles,
balanciers, des plumes, globes, minéraux,
papillons, radiographies, photos … Voici
l’étrange laboratoire où l’artiste assemble
selon un rite qui parait occulte, tous ces
ingrédients dignes d’un inventaire de Pré-
vert. « J’inclus dans mes œuvres des indices
qui parlent de l’évolution, de la métamorphose. Je m’intéresse
aux développements scientifiques, à la nature, à l’humain et à
l’animal » explique celle qui à 20 ans, quitta son pays avec un
diplôme d’art de l’Université George Mason (Virginie). Au cours
d’un voyage d’études, elle apprend le français à l’Université
de Nice puis gagne l’Allemagne pour travailler chez un éditeur
d’art. Elle étudiera ensuite l’histoire de l’art Asiatique à l’Ecole
du Louvre de Paris ainsi que la sculpture à l’American Center.
De retour à San Francisco, Margaret devient assistante dans une
fonderie d’art et commence à exposer ses propres sculptures.
Mais c’est au contact de James Turrell, artiste qui réalise des ins-
tallations à partir de la lumière, qu’elle aura la révélation « On
est descendu dans le cratère qu’il avait acheté en Arizona. Pour
la première fois j’ai compris ce que pouvait être une réflexion
d’artiste autour de la matière et comment on pouvait aborder
la sculpture autrement ». L’artiste commencera dès lors à créer
son propre langage, soutenue sur la Côte d’Azur par Simone
Dibo Cohen (Galerie Art 7), puis exposera au MAMAC en 2006
son bestiaire incarné tout en intégrant à Londres la prestigieuse
galerie Kinetica dédiée à l’art cinétique.
u Cybersouliers
u Margaret Michel © Isabelle Chanal u FrankenChair
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36 L A V I E D E S A R T S p O r t r A i t
Translation /Transfiguration« Pour moi le mouvement, ça parle d’une transition,
de quelque chose en train de se faire, une forme qui
se développe, se rétracte, s’étend …». N’en déplaise
à Baudelaire, les sculptures animées de Margaret dé-
placent les lignes selon une mécanique qui s’inspire
de l’organique. Ainsi la fascination qu’exercent ses
« œuvres à l’œuvre » vient de cette faculté qu’a l’ar-
tiste à insuffler un mouvement - les ailes d’un oiseau
qui se déploie, une mâchoire de gorille qui s’ouvre,
une ondulation de reptile - à des objets inertes, do-
mestiques. Transmettre la vie là où on ne l’attend
pas, insuffler du vivant dans des matières inappro-
priées, conférer une épine dorsale à une machine à
écrire, des articulations à une chaise (Frankenchair)
qui se déplace toute seule, ne relève pas d’une expé-
rience artificielle de Philippe K Dick. Au contraire,
face à l’œuvre, aussi décalée soit-elle, le spectateur
est séduit par l’étrange familiarité qui s’en dégage.
De 7 à 77 ans, on ne résiste pas à cette célébration
ludique, de l’acte de vie dans ses manifestations les
plus simples, universelles : le mouvement, la res-
piration. Le déploiement de l’éventail s’ouvre et se
ferme comme un diaphragme (Diaphanous dance).
Ces simulacres de vie sont aussi pour Margaret une
métaphore de la pensée « qui subit sans cesse des
mutations ». Ainsi sur des lettrines montées sur un
axe peut-on lire « ETATS GOD ». Lorsque ce dernier
pivote à 180°, les lettrines en basculant forment le
mot « DOG STATE ».
Dans le travail de l’artiste pas de mouvements sans induire
une mutation, une évolution, un effet domino, des réactions en
chaîne. Les œuvres de Margaret se reconstruisent à chaque se-
conde comme tout ce qui est vivant.
Ce cœur qui ne bat que pour vous ! Si le vivant est au cœur de ses sculptures performances, il n’est
guère surprenant d’y trouver ici et là des radiographies, des IRM
qui, dit-elle, « donnent une autre vision de l’anatomie ». Margaret
prolonge la poésie méta mécanique des « Trash Toys » de Bruno
Pelassy ou des machines ubuesques de Jean Tinguely. « Pour cette
animation j’ai pensé au mythe de Sisyphe » avoue l’artiste qui ne
déteste pas pour autant pratiquer une certaine dérision dans ses
« programmes vivants » qui renvoie également aux Rotoreliefs de
Duchamp ou aux hybridations de Rebecca Horn. Les pièces de
Margaret sont plus intimistes, moins nihilistes que celles de Tin-
guely, mais comme elles, seul le bruit de leur mécanique interne
les accompagne dans le silence de la galerie. Peut-être pour mieux
attester de leur liberté, de leur fragilité ? Car il suffit au specta-
teur de s’en éloigner pour qu’elles se figent et reviennent dans
l’espace/temps qui est le nôtre « Pour les expositions j’ai recours
à un détecteur de mouvement ou de voix » explique l’artiste avant
de rajouter « c’est d’ailleurs un problème pour vendre, les ache-
teurs redoutent la panne. Mais un vase, on peut le casser aussi ».
Moins de risques avec des pièces mues par l’eau ? Sur l’invitation
de la galerie Sintitulo, Margaret avait investi en 2010 le lavoir de
Mougins avec une installation où l’élément liquide en circulant
provoquait des événements comme une douce mélopée percus-
sive. Eau, vent ou électricité, Margaret travaille toujours en low-
tech, usant de mécanismes artisanaux qu’elle récupère, bricole
dans le secret de son atelier.
Après avoir créé ainsi des « boîtes cinétiques », puis des pièces
ouvertes comme le corbeau « au cœur battant le mur » acquis
par le MAMAC, elle se consacre à des installations monumentales
telles que celle dévoilée cet été à la Chapelle de la Miséricorde de
Vallauris qui combine plusieurs « attractions ». Une seule étant
animée par des aimants déplaçant de la limaille. Fin septembre
Margaret Michel sera au Luxembourg pour présenter d’autres
étonnants pièges qui ont le don de capturer la vie sans l’empri-
sonner et d’exorciser l’éphémère… Om
u Manifeste Destiny. Exposition MAMAC 2006u Le Paysage d’Intérieur, acier, moteur electrique, parties de vélo. 2009. 61cm x 45cm x 10cm.
Chillida
Edua
rdo C
hillid
a, Ar
co de
la Li
berta
d, 19
93 ;
Acier
; 27
0 x
205
x 20
7 cm
© Z
apala
ga-Le
ku, A
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, Par
is 20
11
Fondation Maeght, 06570 Saint-PaulTéléphone : +33 (0)4 93 32 81 63E-Mail : contact@fondation-maeght.comInternet : www.fondation-maeght.com
Ouvert tous les jours, sans exception :Avril-Juin : 10h-18hJuillet-Septembre : 10h-19hOctobre-Mars : 10h-13h/14h-18h
Rétrospective Eduardo Chillida
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Fondation Maeght, 06570 Saint-PaulTéléphone : +33 (0)4 93 32 81 63E-Mail : contact@fondation-maeght.comInternet : www.fondation-maeght.com
Ouvert tous les jours, sans exception :Avril-Juin : 10h-18hJuillet-Septembre : 10h-19hOctobre-Mars : 10h-13h/14h-18h
Rétrospective Eduardo Chillida
L A V I E D E S A R T S p O r t r A i t38 p O r t r A i t
léo castelliSur la Côte d'AzurL'ami Léo Castelli (Trieste 1907 - New York 1999), fut un des plus grands découvreurs et marchands d'art au XXe siècle.
Il a mis en évidence : Andy Warhol, Keith Haring,
Jackson Pollock, Willem de Kooning, Robert Raus-
chenberg, Jasper Johns, Dan Flavin, Donald Judd, Roy
Lichtenstein, Cy Twombly, Frank Stella, Lee Bontecou,
Yves Klein, Imaï, Jan Dibbets, Robert Morris, Richard Serra,
Cucchi, Baselitz, Clemente, Palladino, Garouste, Christo...
la fine fleur de l'art contemporain international... Du
Pop Art à L'Art Minimal sans omettre, l'Art Conceptuel,
il était curieux de tout...Il disait volontiers "Je ne suis
pas marchand d'art, je suis galeriste". Il a régné sur l'art
contemporain international pendant plus de quarante
ans. Des amitiés solides avec Pierre Restany, Henry
Geldzalher, Claude Fournet, Otto Hahn, Sam Hunter,
Daniel Templon.
Il a vécu dans les plus grandes villes d'Europe : Trieste,
Vienne, Milan, Budapest, Bucarest, Paris... Il rejoint les
Etats-Unis pour fuir le fascisme en 1941, où il ouvre sa
galerie à New York en 1957, à l'âge de cinquante ans.
"Ce n'était pas l'Amérique qui m'intéressait, mais plutôt
New York comme un aimant. J'y avais toujours pensé,
depuis mon enfance."
Le livre que lui consacre Annie Cohen Solal, sous le titre
"Léo Castelli et les siens", paru chez Gallimard en 2009,
est remarquable, une somme de travail inouïe, car fort
bien documenté (550 pages).
C'est au cours de ses nombreux séjours sur la Côte d'Azur,
que je l'ai surpris avec mon appareil photographique. Je
dois cette rencontre au photographe américain David
Douglas Duncan, qui réside au Castellaras à Mougins, et
ce lors d'une exposition de Suzanne-Donnely Jenkins au
Musée de la Photographie André Villers à Mougins. Par
la suite des soirées mémorables chez Vergé au Moulin
de Mougins en compagnie de Bernard Pagès, Nivèse,
Gabrielle Bryers, José Albertini... Des rencontres au
hasard d'expositions de Raph Gibson, à la galerie
Sintitulo, dirigé alors par José Albertini, à la galerie
Léo Castelli- Juillet 1993
Léo Castelli- Mai 1993
Léo Castelli- Juillet 1993
39
Aux ponchettes
Juillet 1993
Artcade en compagnie de Bernar Venet, chez Catherine
Issert, à Saint-Paul de Vence avec Jean-Charles Blais. Au
Château Notre Dame des Fleurs à Vence, avec Ben, César,
Arman, Verdet, Venet, Villeglé, Hains... Mais mon souve-
nir le plus émouvant, ce fut à la galerie des Ponchettes
à l'occasion de l'hommage rendu à sa femme "Toiny
Castelli", en présence de Pierre Restany, Robert Pincus
Witten, Pierre Chaigneau, Jacqueline Péglion, Claude
Fournet... et sa compatriote Nivèse, née à Pula avec qui
Léo Castelli aimait dialoguer car elle parle couramment le
croate et l'italien.
Léo Castelli aimait la Côte d'Azur, sa galerie était pré-
sente lors d'Art Jonction International "Ma galerie y
vient. Parce que j'y crois. Et pas pour de l'argent, mais
pour le concept." Léo Castelli était un grand modeste,
pas mondain et même timide ? Sa modestie fut mise à
rude épreuve en 1991, lorsque François Mitterrand, lui
remet les insignes d'Officier de la Légion d'Honneur. Le
Président dans son discours lui dira "Au-delà de ce qu'a
été votre travail de défricheur, de découvreur, on connaît
les qualités de coeur, de passion qui sont les vôtres, une
certaine façon d'être au monde... Léo Castelli, nous vous
faisons Officier de la Légion d'Honneur."
Ce fut un privilège de faire quelques pas en compagnie de
cet homme qui restera à jamais gravé dans ma mémoire
photographique et dans l'histoire de l'art... Car c'était un
passeur d'art... et ils sont devenus rares ? Et c'est bien
dommage... fA
p O r t r A i t L A V I E D E S A R T S
Juillet 1993
A l’origine, dans le monde occidental, le tatouage était un signe d’apparte-nance à un groupe: Tribal, religieux, de pirates, d’anciens prisonniers ou de légionnaires. N’étant réservé qu’à quelques initiés, il se montrait peu et revêtait souvent une connotation
péjorative. A partir des années 70 et plus particulièrement dans les années 90, un véritable engouement pour le tatouage apparaît. Il n’est plus alors une manière d’afficher son affiliation à un clan, une famille, à une tribu.
Voyage tatoo
41r e p O r t A G e p h O t O L A V I E D E S A R T S
Kyoto, JaponLà, c’est le tatouage total. Des
photographes japonais ont
fait le déplacement jusqu’à
Nice pour réaliser des clichés,
impressionnés par la qualité
des tatouages. Ces dessins ori-
ginaux s’inspirent des motifs
Yakuzas (la mafia japonaise).
D’autres organisations crimi-
nelles pratiquent le tatouage
« intégral » telle la mafia russe
ou les Maras au Salvador. Celui-
ci est perçu comme une carte
d’identité, un C.V. relatant des
événements marquants ou
singuliers, même les plus ina-
vouables. Dans le cas présent,
bien entendu, rien de tout cela.
Ces tatouages ont une valeur
uniquement esthétique.
c’est devenu un moyen de revendiquer sa singularité, de sé-
duire, de provoquer. c’est ainsi, de part le développement im-
pressionnant des studios de tatouage, de part la volonté aussi
des tatoueurs d’offrir à leurs « fidèles » des possibilités pic-
turales innombrables ou la fusion des styles s’affranchissent
des « tabous », que cet art s’épanouit. il devient dès lors un
véritable phénomène générationnel et culturel. J’ai souhaité,
dans ce reportage de portraits, mettre en avant l’esprit tatoo,
son aspect universel. il m’a semblé plus approprié de tenter
de capturer l’instant, la personnalité des sujets photographiés
que « d’esthétiser » la qualité des dessins photographiés. c’est
par une légende faite d’anecdotes, d’impressions, de notes ex-
plicatives que j’ai voulu étayer mes photos afin de proposer un
voyage imagé dans le temps et l’espace.
séance de tatouageLe tatouage, malgré sa démocratisation récente, conserve encore un aspect ini-
tiatique. Son caractère intrinsèquement indélébile, la douleur (relative) ressentie
lors d’une séance ainsi que le choix très personnel des motifs choisis consti-
tuent une démarche rarement irréfléchie au moment du « passage à l’acte ».
Bertrand Ornano Habite Nice depuis 10 ansPhotographe pour une agence de communication (Verso Paris)
expositions photoGalerie Rosanoff, NiceBy Lucien, NiceGalerie Besseiche, Paris
la démarche pour la série tatoo :J’ai voulu apporter une vue instantanée sur «l’attitude» des per-sonnes photographiées. Le côté martial, affirmé ne révèle-t-il pas un aspect plus aérien, une sensibilité s’affichant sans faux-semblant. N’hésitons pas à nous affranchir des clichés et de ses carapaces en adoptant, pour le coup, un regard différent.
www.bertrandornano.fr
photographe
42 L A V I E D E S A R T S r e p O r t A G e p h O t O
mer du sudL’ étymologie de Tatouage
vient du tahitien « tatau » qui
signifie : marquer, dessiner.
Sur cette photo il y a un mé-
lange de style, polynésien et
asiatique. En poussant un peu,
Gauguin ou Pierre Loti auraient
pu rapporter des gravures du
même type de leurs voyages
respectifs.
piercing et tatooLa plupart des studios
exercent la double activité.
Le piercing était une pratique
rependue dans les sociétés
traditionnelles de Papouasie
et chez les Massaïs d’Afrique
de l’est.
lion ailéCe lion très bien réalisé s’ins-
pire de la BD. L’imagination
fertile des tatoueurs permet de
créer des personnages et des
formes originales renouvelant
sans cesse le « panthéon » des
dessins tatoos.
New lookDéfinitivement universel,
« syncrétisme » post-moderne,
le look des temps futurs s’est
ici dévoilé.
Lincoln, NebraskaTijuana, MexiqueCes photos nous transportent
dans une ville frontalière
quelque part en Amérique cen-
trale. L’air est lourd, l’ambiance
pesante, les gangs armés et le
temps immobile ; En fait nous
sommes à Nice, un dimanche,
aux abords du stade du Ray.
entre la Tamise et la Mersey C’est dans quelques pubs
anglais entre la Tamise et la
Mersey qu’une pinte s’est
épanchée complétement hors
sujet et là un rude guerrier à
l’accent cockney prononcé m’a
sommé d’arrêter.
la ville de nice revisitée
C’est par quelques touches
irisées que je me suis permis
de rendre hommage à Nice
qui, à défaut d’accepter des
tatoos permanents, a bien
voulu présenter sa beauté à
un regard décalé. Toutes les
photos ont été réalisées à Nice.
Un grand merci à tous ceux
qui se sont prêtés au jeu et aux
studios : J’aurai ta peau, Lucky
Sailor.
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ART CÔTE D’AZURE 220 x 280 mm par. 00/09/11
Ouverture à Menton du Musée Jean Cocteau
collection Séverin Wunderman le 6 novembre 2011.
muséeJeanCocteaucollection Séverin Wunderman
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