alfred hitchcock 16 l'aigle qu n'avait plus qu'un tête 1971

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Alfred Hitchcock 04 La momie qui chuchotait 1965

LE CHAT QUI CLIGNAIT DE L'ILpar Alfred HITCHCOCKEN potier extravagant, de mystrieux visiteurs venus de Karathie, une maison hante par des empreintes de pas enflammes, un aigle royal deux ttes, un pcheur qui n'attrape jamais rien et une disparition inexplicable... voil autant d'lments inhabituels qui permettent aux Trois Dtectives de se lancer dans une enqute plus passionnante encore que les prcdentes.Hannibal, Peter et Bob, dcids aider le jeune Tom retrouver son excentrique grand-pre, se trouvent mls des vnements sortant de l'ordinaire o les dangers d'une ralit trs concrte et la matrialisation d'une vieille lgende se confondent troitement.L'intrigue est si pleine de rebondissements qu'elle serait capable de donner le vertige... mme au fameux aigle deux ttes !

DU MME AUTEUR

Liste des volumes en version franaiseLes titres 1. Quatre Mystres (Alfred Hitchcocks solve-them-yourself mysteries ? )2. Au rendez-vous des revenants (The Secret of Terror Castle, Robert Arthur, 1964)

3. Le perroquet qui bgayait (The Mystery of the Stuttering Parrot, Robert Arthur, 1964)

4. La momie qui chuchotait (The Mystery of the Whispering Mummy, Robert Arthur, 1965)

5. Le Chinois qui verdissait (The Mystery of the Green Ghost, Robert Arthur, 1965)

6. Larc en ciel pris la fuite 7. Le spectre des chevaux de bois (The Secret of Skeleton Island, Robert Arthur, 1966)

8. Treize bustes pour Auguste (The Mystery of the Fiery Eye, Robert Arthur, 1967)

9. Une araigne appele rgner (The Mystery of the Silver Spider, Robert Arthur, 1967)

10. Les douze pendules de Thodule (The Mystery of the Screaming Clock, Robert Arthur, 1968)

11. Le trombone du diable (The Mystery of the Moaning Cave, William Arden, 1968)

12. Le crne qui crnait (The Mystery of the Talking Skull, Robert Arthur et William Arden, 1969)

13. Lombre qui clairait tout (The Mystery of the Laughing Shadow, William Arden, 1969)

14. Le dragon qui ternuait (The mystery of the coughing dragon, Nick West, 1970)

15. Le chat qui clignait de l'oeil (The Secret of the Crooked Cat, William Arden, 1970)

16. Laigle qui navait plus quune tte (The Mystery of the Flaming Footprints, M V Carey, 1971)

17. Le lion qui claquait des dents (The Mystery of the Nervous Lion, Nick West, 1971)

18. Le serpent qui fredonnait (The Mystery of the Singing Serpent, M V Carey, 1971)

19. Le tableau se met table (The Mystery of the Shrinking House, William Arden, 1972)

20. Le journal qui s'effeuillait (The Secret of Phantom Lake, William Arden, 1972)

21. Linsaisissable home des neiges (The Mystery of Monster Mountain, M V Carey, 1972)

22. Le miroir qui glaait (The Secret of the Haunted Mirror, M V Carey, 1972)

23. Le testament nigmatique (The Mystery of the Dead Man's Riddle, William Arden, 1972)

24. La Mine qui ne payait pas de mine (The Mystery of Death Trap Mine, M V Carey, 1976)

25. Le dmon qui dansait la gigue (The Mystery of the Dancing Devil, William Arden, 1976)

26. Lpe qui se tirait (Mystery of the Headless Horse, William Arden, 1977)

27. Lditeur qui mditait (The Mystery of the Magic Circle, M V Carey, 1977)

28. La Saisie des sosies (The Mystery of the Deadly Double, William Arden, 1978)

29. Lpouvantable pouvantail (The Mystery of the Sinister Scarecrow, M V Carey, 1979)

30. le requin qui resquillait (The Secret of Shark Reef, William Arden, 1979)

31. Laveugle qui en mettait plein la vue (The Mystery of the Scar-Faced Beggar, M V Carey, 1981) 32. Le flibustier pirat (The Mystery of the Purple Pirate, William Arden, 1982)

33. La baleine emballe (The Mystery of the Kidnapped Whale, M V Carey, 1983)

34. Le drakkar hagard (The Mystery of the Creep-Show Crooks, William Arden, 1985)

35. Les caisses la casse (Hot Wheels, William Arden, 1989)

36. Envole, la volaille ! (Murder To Go, Megan Stine et H. William Stine, 1989)

37. L'nesse qui se pavanait (An Ear For Trouble, Marc Brandel, 1989)

38. Silence, on tue ! (Thriller Diller, Megan Stine et H. William Stine, 1989)

ALFRED HITCHCOCKLAIGLE QUI NAVAIT PLUS QUUNE TETETEXTE FRANAIS DE CLAUDE VOILIER ILLUSTRATIONS DE JACQUES POIRJER,

HACH ETTE

TABLE

Quelques mots d'Alfred Hitchcock.

8

I. Etrange disparition

10II. Dans la maison vide

19III. Les invits du potier

25IV. Cinq trangers

35V. Les empreintes de feu

46VI. Les trois dtectives ont un client

57VII. Tragdie royale

64VIII. Enqute

74IX. La maison de la colline

81X. Un pnible pisode

89XI. Le retour du fantme

103XII. Le placard secret

115XIII. L'aigle mystrieux

125XIV. Le troisime suspect

134XV. Les informations de bob

141XVI. Un fcheux pisode

151XVII. La grande bagarre

161XVIII. La couronne de Karathib

171XIX. Ultimes claircissements

179

QUELQUES MOTS

D'ALFRED HITCHCOCK

il serait ridicule, amis lecteurs, de vous prsenter des personnages que vous avez dj rencontrs. Aussi, ceux d'entre vous pour qui les Trois Jeunes Dtectives sont de vieilles connaissances peuvent se dispenser de lire ce prambule. Qu'ils sautent directement au chapitre premier!En revanche, si vous n'avez pas encore entendu parler de Peter Crench, de Bob Andy et de leur . chef Hannibal Jones, mieux, vaut vous renseigner un peu sur le compte de ce remarquable trio avant de commencer.Hannibal Jones est incontestablement l'me du petit groupe. C'est un garon aux, formes rondelettes et dot d'un puissant cerveau. Son intelligence et sa vive imagination ne s'accompagnentpas de modestie, ce qui n'empche pas Hannibal d'tre fort sympathique. Cependant le Dtective en chef , comme il s'appelle lui-mme, n'est pas apprci de tout le monde. Certains voient en lui un vrai casse-pieds .Hannibal est assist de Peter Crench, son Dtective adjoint , un garon muscl que sa prudence naturelle pousse viter le danger... ce danger qui semble au contraire attirer Hannibal.Le troisime larron de l'quipe est Bob Andy. Paisible et studieux, il travaille mi-temps dans une bibliothque, ce qui lui permet de fournir une foule de renseignements ses camarades au cours de certaines enqutes. Aussi appelle-t-on souvent Bob Archives et Recherches .Les trois garons habitent Rocky, une petite ville en bordure de l'ocan Pacifique, pas trs loin de Hollywood. Peter et Bob vivent avec leurs parents. Hannibal, ayant perdu son pre et sa mre de bonne heure, vit avec son oncle et sa tante qu'il aide tenir leur commerce de bric--brac, clbre des lieues la ronde.Il arrive parfois Hannibal de ngliger un peu ses devoirs quand une affaire particulirement passionnante veille son intrt... comme c'est le cas pour cette histoire de maison hante par un fantme aux pieds brlants, que nous allons vous conter ici.Un fantme... ou quelque chose de plus inquitant encore?Quoi qu'il en soit, Hannibal est bien dcid dcouvrir le fin mot de l'histoire.Et si vous voulez le connatre vous-mme, eh bien, il ne vous reste plus qu' lire le bouquin!alfred hitchcock

CHAPITRE PREMIER

TRANGE DISPARITION

hannibal Jones tait occup ratisser l'alle sable, dans la cour du Paradis de la Brocant, le dpt de bric--brac de l'oncle Titus. Soudain il leva la tte au bruit caractristique d'une vieille voiture qui, venant de la grand-route, tournait dans le chemin. C'est la camionnette du Potier! annona-t-il. On la reconnat entre mille. Elle vient par ici. La tante Mathilda, qui arrosait les graniums le long de la barrire blanche, prs de l'entre, interrompit sa besogne. Que peut-il nous vouloir? demanda-t-elle, intrigue.Hannibal sourit. L'homme que les habitants de Rocky appelaient tout simplement le Potier tait une perptuelle source d'inquitudes pour la tante Mathilda. Le samedi matin, le Potier venait faire ses provisions au supermarch dans une camionnette si vtust que la brave Mme Jones tremblait toujours de la voir s'crouler.Mais ce samedi-l, comme les autres, l'antique vhicule semblait tenir bon. Qui plus tait, il russit grimper le raidillon conduisant au Paradis de la Brocante et entra dans la cour avec un grand bruit de ferraille. Salut, Hannibal! lana le Potier. Bonjour, madame Jones! Vous avez une mine splendide ce matin! II sauta terre en prenant bien soin de ne pas salir sa longue robe blanche. Le Potier avait beau tre une figure familire tous les gens du pays, la tante Mathilda ne pouvait s'habituer son apparence et ses faons de faire.Certes, elle avait une grande admiration pour les poteries qui sortaient des mains de l'habile artisan et que les touristes venaient lui acheter de fort loin! Mais ses vtements la choquaient. A son avis, tout individu du sexe masculin en ge de marcher devait normalement porter des pantalons.Les longues robes flottantes arbores par le Potier la consternaient tout autant que ses cheveux longs et la barbe blanche, bien entretenue, qui lui descendait sur la poitrine. Mme le mdaillon de cramique qu'il portait autour du cou la choquait! Ce pendentif original reprsentait un aigle carlate deux ttes. La tante

Mathilda estimait qu'un aigle convenable devait se contenter d'une seule tte. Dcidment, tout tait trange chez le Potier!La tante Mathilda regarda les pieds nus de son visiteur d'un air dsapprobateur : Un jour ou l'autre, lui dit-elle, vous finirez par marcher sur un clou. Le Potier se mit rire. Cela ne m'est encore jamais arriv, assura-t-il. Je viens vous voir aujourd'hui pour... II s'interrompit brusquement et, tendant le cou, regarda l'intrieur de la petite baraque qui servait de bureau aux Jones. Tiens! fit-il. Qu'est-ce que c'est que a? La tante Mathilda alla dcrocher un carton qui ornait le mur et sur lequel taient colles des photos en couleur, visiblement dcoupes dans un magazine. C'est la premire fois que vous les voyez? demanda-t-elle en les tendant au Potier pour qu'il puisse les examiner de prs. Voil des mois que ces photos ont paru. L'une d'elles reprsentait l'oncle Titus firement appuy la clture du bric--brac. Un artiste de Rocky avait dcor cette clture, faite de lattes de bois rapproches, en peignant dessus un voilier qui luttait contre la tempte. Il avait galement peint un poisson qui, trs intress, sortait sa tte hors des vagues pour regarder le bateau.Sous la photographie de l'oncle Titus en tait colle une autre, reprsentant celle-l M. Dingler, fabricant de bijoux d'argent, son tabli. Une troisime montrait Hans Jorgenson devant son chevalet de peintre. Sur une quatrime apparaissait le Potier lui-mme. Le photographe avaitrussi un excellent gros plan de l'artisan que l'on voyait sortir du supermarch, la barbe au vent. Le mdaillon portant l'aigle deux ttes se dtachait nettement au-dessous de cette barbe, sur la blancheur de la robe.Une lgende accompagnait la photo. L'auteur faisait ironiquement remarquer que les dignes habitants de Rocky ne se montraient nullement choqus par les excentricits vestimentaires de certains artistes de leur ville. Je suis tonne que vous n'ayez pas eu connaissance de ce reportage, reprit la tante Mathilda. Il a paru dans Westways. On y parlait de la vie de nos artistes locaux. Un pli soucieux barrait le front du Potier. Non... je n'tais pas au courant! Je me rappelle bien qu'un jeune homme m'a suivi un jour avec un gros appareil photographique. Mais je ne lui ai gure prt attention. Tant de touristes courent la rgion. Et ils photographient tout ce qui passe leur porte. Si seulement... Si seulement quoi? demanda la tante Mathilda. Oh rien! soupira le Potier. De toute faon, il est trop tard maintenant. II se tourna vers Hannibal et lui posa la main sur l'paule: Mon garon, lui dit-il, j'aimerais jeter un coup d'il sur les meubles que vous avez vendre en ce moment. J'attends des invits et... je crains qu'ils ne trouvent ma maison bien dgarnie. Des invits! s'exclama la tante Mathilda d'un air surpris.En dpit des manires sociables du Potier, on

ne lui connaissait aucun ami. Il menait une vie trs indpendante. Hannibal devina que sa tante, dvore de curiosit, retenait avec peine les questions qui lui brlaient les lvres. Tout haut, elle dit : Ton oncle ne reviendra pas de Los Angeles avant une bonne heure, Hannibal! Montre donc loi-menu.1 ce que nous avons en magasin pour l'instant! Si vous voulez me suivre... proposa Hannibal.Le commerce de bric--brac des Jones tait parfaitement organis. Il ne pouvait en tre autrement avec la tante Mathilda. Hannibal conduisit le visiteur jusqu' un hangar o diffrents meubles se trouvaient entreposs l'abri de l'humidit qui montait de l'Ocan.Des bureaux, des tables, des chaises, des lits s'entassaient l ple-mle. Quelques-uns taient en piteux tat mais beaucoup avaient t rpars et repeints par Hannibal, son oncle et les deux employs bavarois des Jones : Hans et Konrad.Le Potier examina des chssis de lit pouvant servir de cadres, expliqua-t-il, deux sommiers avec matelas qu'il venait d'acheter. Hannibal ne put rfrner plus longtemps sa curiosit. Vos invits resteront-ils longtemps? demanda-t-il. Je n'en sais rien, mon garon. Voyons, que penses-tu de ce lit en cuivre? Il me plat beaucoup. Il est bien dmod! Comme moi, tiens! Mais regarde un peu. C'est du solide! Voyons, combien cote-t-il? Mon oncle l'a achet la semaine dernire et n'a pas encore fix de prix, expliqua Hannibal. Peu importe! Mets-le-moi de ct, veux-tu? Je verrai ton oncle son retour. Maintenant, il me faut un autre chssis... pour un garon peu prs de ton ge. Que choisirais-tu toi-mme s'il te fallait un nouveau lit? Sans hsiter, Hannibal dsigna un meuble moderne, peint en blanc et formant cosy. Si votre jeune invit aime lire au lit, voil qui fera son affaire, affirma-t-il. Parfait! s'cria le Potier d'un air enchant. Voyons, quels meubles vous faut-il encore? demanda Hannibal.Le Potier rflchit : Je suppose que deux chaises ne seraient pas de trop! avoua-t-il. Pour l'instant, je n'en ai qu'une la maison. C'est que je n'aime pasm'encombrer d'objets inutiles, et comme je vis seul... Hannibal dgagea deux chaises d'un tas impressionnant de siges et les plaa devant son client. Une table? proposa-t-il ensuite. Non, merci. J'en ai une. Mais je me demande si un appareil de tlvision ne ferait pas plaisir mes htes. Dans ce cas, il vous faudra en acheter un neuf! C'est un article que nous n'avons pas. Trs bien. Je me renseignerai... Le Potier s'interrompit. Le klaxon d'une automobile lanait un appel imprieux l'extrieur, dans la cour.Hannibal sortit en hte du hangar aux meubles, suivi du Potier. Arrte juste ct du vhicule dlabr du Potier, se trouvait une Cadillac noire toute neuve. Son conducteur donna un autre coup de klaxon impatient puis mit pied terre, regarda autour de lui et se dirigea vers la porte du bureau.Hannibal se prcipita : Qu'y a-t-il pour votre service? demanda-t-il.Le conducteur de la Cadillac attendit qu'Hannibal cl le Potier fussent tout prs de lui. Le jeune garon remarqua que le visiteur avait un visage ferm, comme quelqu'un habitu dissimuler ses penses. C'tait un homme grand et maigre, pas trs vieux bien qu'on apert a et l quelques fils d'argent dans sa chevelure brune et frise. Vous dsirez quelque chose, monsieur? s'enquit Hannibal. Je cherche la Maison de la colline, expliqua l'inconnu. Je crois que j'ai tourn trop tt sur la grand-route. Il parlait l'anglais trs correct des Europens bien duqus. La Maison de la colline se trouve environ un kilomtre et demi d'ici, expliqua Hannibal. Rejoignez la nationale, puis tournez droite. Continuez ensuite jusqu' ce que vous aperceviez la maison du Potier. Le chemin conduisant la Maison de la colline .est juste aprs. Vous ne pouvez pas le manquer. Vous verrez une barrire en bois avec un cadenas. L'homme remercia brivement et remonta dans la voiture. Seulement alors Hannibal s'aperut qu'un passager tait assis l'arrire de la Cadillac. C'tait un homme lourdement bti qui, jusque-l, tait rest parfaitement immobile. Il se pencha soudain en avant, vers le conducteur qui il murmura quelques mots dans une langue' qu'Hannibal ne connaissait pas.Ce curieux personnage semblait n'avoir pas d'ge. Peut-tre cela tait-il d au fait qu'il tait parfaitement chauve. Ses sourcils eux-mmes avaient disparu... si tant est qu'il en et jamais eu! Et sa peau tait si tanne qu'elle ressemblait du cuir.L'homme sans ge jeta un rapide coup d'il Hannibal. Puis ses yeux noirs se posrent sur le Potier, debout ct d'Hannibal. Le Potier mit un lger sifflement. Hannibal le regarda. Le vieil artisan se tenait, la tte penche de ct, comme s'il coutait. Sa main droite tait crispe sur le mdaillon qu'il portait autour du cou.L'homme sans ge se rejeta en arrire. La voiture dmarra lentement reculons et sortit de la cour. La tante Mathilda jaillit du domicile particulier des Jones qui se trouvait de l'autre ctdu chemin juste temps pour apercevoir la Cadillac noire abordant la grand-route.Le Potier toucha le bras d'Hannibal. Mon garon, pourrais-tu aller demander ta tante de me donner un verre d'eau? Je ne me sens pas bien tout d'un coup. L-dessus, le Potier se laissa tomber sur une pile de vieux chiffons. Il semblait, en vrit, soudain fort mal en point. Je vous l'apporte tout de suite , promit Hannibal inquiet.Il traversa le chemin en courant. Qui taient ces hommes? demanda la tante Mathilda en versant de l'eau dans un verre. Ils cherchaient la Maison de la colline, expliqua Hannibal en mettant un glaon dans le verre. C'est bizarre! dit la tante Mathilda en hochant la tte. Il y a belle lurette que cette demeure n'est plus habite! Je sais , murmura Hannibal.Il se dpcha de sortir, son verre d'eau la main. Mais, lorsqu'il atteignit la cour du Paradis de la Brocante, ce fut pour constater que le Potier avait disparu.

CHAPITRE II

DANS LA MAISON VIDE

la voiture du Potier tait toujours dans l'alle quand l'oncle Titus et Hans revinrent de Los Angeles, ramenant dans leur camionnette tout un lot de siges de jardin plus ou moins rouilles. M. Jones eut quelque mal contourner le vieux vhicule pour se garer. Il sauta alors de son sige et s'cria avec humeur : Que fait cette vieille guimbarde au milieu de ma cour? Le Potier l'a laisse derrire lui avant de disparatre, expliqua tranquillement Hannibal. Avant de quoi? De disparatre, rpta le garon. Voyons, Hannibal, les gens ne disparaissent pas ainsi! Le Potier tait en train de nous acheter des meubles destins des invits qu'il attend lorsqu'il s'est brusquement trouv mal. J'ai couru la maison pour lui ramener un verre d'eau. Mais quand je suis revenu ici, il s'tait volatilis. L'oncle Titus tira sur sa moustache : Des invits? Le Potier! Et il a disparu? O a? Il est facile de suivre les traces d'un homme qui marche nu-pieds, dit Hannibal. Le Potier a quitt la cour pour passer dans le chemin. Comme tante Mathilda venait d'arroser les fleurs en bordure, il s'est mouill les pieds. Arriv au tournant, il s'est dirig vers Coldwell Hill. Le sentier grimpant au flanc de la colline a gard ses empreintes humides trs nettement marques dans la poussire. Malheureusement, le Potier a ensuite obliqu vers le nord, l o le terrain est rocheux. J'ai perdu sa trace. Le plus clair, dans tout a, grommela l'oncle Titus en foudroyant du regard l'indsirable vhicule, c'est qu'il nous faut tirer ce truc-l hors du passage. Pas moyen de travailler proprement avec cet engin au milieu de la cour. Et prions le Ciel que le Potier revienne bien vite le chercher! Ce ne fut pas une petite affaire que de dplacer l'antique camionnette. On et dit que seul son lgitime propritaire avait le pouvoir de la faire marcher. Tante Mathilda, qui assistait l'opration, fit montre de sens pratique : Cette guimbarde est pleine de provisions dont le Potier a fait l'emplette pour sa semaine.Si on les laisse l, en plein soleil, elles seront perdues. Je vais les ranger dans notre rfrigrateur... Je me demande o est pass cet homme?... Hannibal! Sais-tu quand ses invits arrivent? Il ne me l'a pas dit! Eh bien, tu devrais prendre ta bicyclette et faire un saut jusqu' la maison du Potier. Qui sait, les gens qu'il attendait sont peut-tre arrivs. J'imagine leur tte quand ils trouveront une maison vide. S'ils sont l-bas, ramne-les ici...Hannibal sourit et sauta sur son vlo. La mission dont on le chargeait lui plaisait d'autant plus qu'il avait t sur le point de demander sa tante l'autorisation de se rendre l-bas... Et ne trane pas en route! recommanda la tante Mathilda. Il y a du travail qui t'attend ici. La tante Mathilda faisait toujours passer le travail avant le reste. Et elle s'entendait merveille employer les garons de l'ge d'Hannibal. Celui-ci paria en lui-mme qu'elle ne tarderait pas embaucher le jeune invit du Potier si seulement elle pouvait mettre la main dessus.Hannibal pdala avec ardeur jusqu' la maison de l'artisan qui se dtachait, trs blanche sur un fond de verdure. On ne pouvait manquer de l'apercevoir de loin. C'avait t autrefois une lgante rsidence victorienne, mais elle avait moins d'allure prsent. Nanmoins, elle restait plaisante.Hannibal mit pied terre devant l'entre de la proprit. Une petite pancarte accroche la barrire annonait que l'atelier tait ferm mais que le Potier ne resterait pas longtemps absent. Le jeune garon se demanda si l'artisan n'tait pas rentr chez lui, laissant exprs l'criteau pour ne pas tre drang. Quand il avait rclam un verre d'eau, il semblait vraiment souffrant.

Hannibal appuya son vlo contre la barrire et ouvrit le portail. La cour de devant, entirement dalle, tait encombre d'une profusion de tables couvertes d'normes poteries : grosses urnes, plaques dcores de fleurs et de fruits, vases gigantesques aux flancs orns d'oiseaux. Monsieur le Potier? appela Hannibal pleine voix.Il n'obtint aucune rponse. Rien ne bougea derrire les fentres de la vieille demeure. L'abri servant de rserve l'artisan resta clos et silencieux. De l'autre ct de la route, sur une avance de terrain surplombant la plage, se trouvait gare une vieille Ford. Mais il n'y avait personne l'intrieur de la voiture. Sans doute le propritaire tait-il descendu sur la plage.Le chemin conduisant de la route jusqu' la Maison de la colline s'amorait juste aprs la demeure du Potier. Hannibal vit que le portail tait ouvert mais, d'o il tait, on ne pouvait apercevoir la maison elle-mme. Seul tait visible le mur de pierre supportant la terrasse de la proprit. En ce moment mme, quelqu'un tait debout sur la terrasse en question et se penchait par-dessus la balustrade. A cette distance, Hannibal ne pouvait distinguer s'il s'agissait du conducteur de la Cadillac ou de l'homme chauve.Passant rapidement entre les tables, le jeune garon gravit les deux marches du porche que flanquaient deux urnes presque aussi grandes que lui. Chacune de ces urnes tait dcore d'une bande d'aigles deux ttes semblables celui reprsent sur le mdaillon du Potier. Monsieur le Potier! appela Hannibal. Etes-vous l?Toujours pas de rponse! Mais la porte d'entre tait lgrement entrebille. Or, si le Potier ne craignait pas qu'on lui volt les pices, lourdes et encombrantes, exposes dans la cour, il prenait toujours grand soin de fermer cl sa maison o se trouvaient ses autres uvres. Si donc la porte tait ouverte, c'est que le vieil homme tait chez lui.Cependant, quand Hannibal eut franchi le seuil, il se trouva dans une pice vide... si on peut appeler ainsi une salle tapisse d'tagres croulant sous des cramiques multicolores : tasses, coupes, assiettes, plats dcoratifs, etc., le tout rang avec soin et sans le moindre grain de poussire. Monsieur le Potier! appela encore Hannibal.Le silence n'tait troubl que .par le faible bruit du rfrigrateur en marche. Hannibal considra l'escalier conduisant l'tage. Peut-tre, trs souffrant, le Potier s'tait-il tran jusqu' son lit...Soudain, Hannibal perut un faible bruit. A sa gauche se trouvait le bureau du Potier". Or, le bruit semblait venir de l. Hannibal frappa la porte : Monsieur le Potier? Etes-vous l? Comme personne ne lui rpondait, il fit jouer la poigne qui cda sous sa main. La porte s'ouvrit. La pice tait vide! Hannibal n'aperut qu'un bureau, des classeurs, des livres sur des rayonnages, et un petit secrtaire.Et puis, brusquement, il vit autre chose qui lui coupa le souffle. Le secrtaire du Potier avaitt forc. On distinguait, autour de la serrure, des raflures caractristiques. Un tiroir du bureau tait ouvert... et vide. Sur le bureau lui-mme s'entassaient des papiers qui, d toute vidence, avaient t compulss la hte.Quelqu'un avait fouill la pice!Hannibal, qui s'tait avanc de quelques pas au-del du seuil, s'apprta faire demi-tour. Brusquement, deux mains se posrent sur ses paules, un pied lui fit un croc-en-jambe et il dgringola, la tte la premire, heurtant une tagre porteuse de documents qui tombrent sur lui.A plat ventre sur le sol, Hannibal entendit la porte claquer. La cl tourna dans la serrure. Des pas s'loignrent sous le porche. Hannibal se releva, non sans mal. Sa chute brutale l'avait tourdi. ,Quand il eut un peu rassembl ses esprits, il courut la fentre. La cour du Potier tait dserte. Le cambrioleur avait disparu!

CHAPITRE III

LES INVITS DU POTIER

hannibal essaya en vain d'ouvrir la porte. Plaant alors son il au niveau de la serrure, il constata que la cl tait reste dedans. Cela lui rendit espoir. Il prit un ouvre-lettres sur le bureau du Potier et se mit au travail...Bien entendu, Hannibal aurait pu s'en aller en passant par la fentre. Mais cela lui dplaisait. Il avait un sens aigu de sa dignit. En outre, il aurait risqu d'inspirer les pires soupons si quelqu'un l'avait vu escalader cette fentre... Le jeune dtective s'escrimait toujours sur la serrure quand il entendit marcher sous le porche. Il s'immobilisa aussitt. Grand-pre! appela quelqu'un.La sonnette de l'entre retentit plusieurs reprises. Grand-pre! C'est nous! On frappa la porte de devant. Abandonnant la serrure, Hannibal courut la fentre, l'ouvrit et se pencha au-dehors. Un garon aux cheveux blonds se tenait debout sous le porche et martelait la porte coups de poing. Derrire lui, attendait une jeune femme galement blonde, qui portait, accroch son bras, un sac de cuir bourr craquer. H! Bonjour! cria Hannibal.Les deux nouveaux venus le regardrent, bouche be.Hannibal qui, jusqu'alors, s'tait refus sortir par la fentre, n'hsita pas et ne fit qu'un bond dans la cour. Il n'avait plus rien perdre. Quelqu'un m'avait enferm dans la maison , expliqua-t-il brivement.Franchissant de nouveau l'entre, il alla tourner la cl reste sur la serrure du bureau dont il ouvrit la porte. Aprs une courte hsitation, la femme et le jeune garon le suivirent...' Un cambrioleur est pass par l juste avant de m'enfermer dans la pice, expliqua encore Hannibal. Je suppose, enchana-t-il en regardant le garon qui avait peu prs son ge, que vous tes les personnes qu'attendait le Potier? Je suis son... commena le garon. Mais au fait, qui tes-vous vous-mme? Et o est mon grand-pre? Ton grand-pre? fit Hannibal en cho. M. Alexander Potier! prcisa schement legaron. Cette maison est bien la sienne, n'est-ce pas? On nous l'a indique et... Hannibal qui, faute .de sige, s'tait laiss tomber sur la dernire marche de l'escalier, mit ses coudes sur ses genoux et son menton sur ses mains runies en coupe. Son cur battait avec violence. Ton grand-pre? rpta-t-il. Tu veux dire que le Potier est ton grand-pre? Sa surprise tait aussi grande que s'il avait appris que le Potier dissimulait un dinosaure apprivois dans sa cave.La visiteuse blonde retira ses lunettes de soleil pour mieux voir Hannibal. Celui-ci remarqua qu'elle avait une physionomie plutt sympathique. Tout haut; il avoua : J'ignore o se trouve le Potier en ce moment. Je l'ai bien vu ce matin mais il n'est pas ici! Je trouve curieux que vous soyez pass par cette fentre, dit brusquement la femme. Tom! Tlphone la police! Le garon qu'elle appelait Tom regarda autour de lui, en qute d'un appareil. Vous trouverez une cabine publique en bordure de la route, deux pas d'ici, dit poliment Hannibal. Mon pre n'a donc pas le tlphone! s'cria la femme stupfaite. Si votre pre est le Potier, non, madame, il na pas le tlphone! affirma Hannibal.Tom! dit la jeune femme en fouillant fbrilement dans son sac. Va tlphoner toi-mme, maman, conseilla Tom. Moi, je reste ici, pour surveiller notre suspect. Tranquillise-toi! je n'ai pas l'intention de me sauver! dclara Hannibal.La femme sortit en hte. Hannibal soupira : Ainsi le Potier est ton grand-pre? Le garon le fusilla du regard : Je ne vois pas ce que cela a d'extraordinaire, grommela-t-il. Tout le monde a un grand-pre. C'est vrai, a, admit Hannibal. Mais tout le monde n'a pas un petit-fils, et l Potier est... heu... eh bien, disons qu'il n'est pais comme tout le monde. Je sais. C'est .un artiste. Il nous envoie souvent de ses uvres , ajouta Tom en regardant les cramiques autour de lui.Hannibal digra le renseignement en silence. Depuis combien de temps, se demandait-il, le Potier tait-il install Rodky? Depuis au moins vingt ans, si l'on en- croyait la tante Mathilda. Il tait tabli dans la rgion bien avant que l'oncle Titus Jones ouvrt son bric--brac. La jeune femme blonde pouvait tre sa fille. Mais, dans ce cas, o se trouvait-elle tout ce temps? Et pourquoi le Potier n'avait-il jamais parl d'elle personne?La mre d Tom reparut. Une voiture de .police sera l dans un instant! annona-t-elle.: Parfait! approuva Hannibal Jones. Vous allez avoir pas mal d'explications fournir,^ ajouta-t-elle. J'y suis tout dispos, madame... madame...? Madame Dobson! Hannibal se leva : Je m'appelle Hannibal Jones, dclara-t-il J'tais venu ici la recherche du Potier quand quelqu'un m'a jet terre avec rudesse avant de m'enfermer double tour. A l'expression de son visage, on voyait bien que Mme Dobson n'accordait pas le moindre crdit cette histoire. La sirne d'une voiture de police s'leva au-dehors. Hannibal se mit rire. Ce n'est pas souvent que les policiers de Rocky ont l'occasion de se dplacer, dit-il. Ils vous seront reconnaissants de leur avoir permis de faire joujou avec leur sirne! Un instant plus tard, deux officiers de police franchissaient le seuil. Hannibal s'tait assis de nouveau sur sa marche d'escalier. La jeune Mme Dobson Elose de son prnom dclina son identit et expliqua avec volubilit qu'elle tait venue tout droit de Belleview, dans l'Illinois, pour rendre visite son pre, M. Alexander Potier. Celui-ci n'tait pas dans la maison, mais, en revanche, dclara-t-elle, elle avait trouv ce dlinquant juvnile en train d'escalader une fentre. Ce disant, elle pointait un index accusateur en direction d'Hannibal. Aprs quoi elle suggra que l'on fouillt le jeune garon.L'officier de police Haines habitait Rocky depuis toujours. Quant au sergent McDermott, il y avait juste quinze ans qu'il tait entr dans les forces de l'ordre de la ville. Tous deux connaissaient parfaitement Hannibal Jones et le Potier. Aussi, aprs avoir pris quelques brves notes sur son calepin, le sergent se tourna-t-il vers Elose Dobson pour lui demander : Etes-vous en mesure de fournir la preuve que vous tes bien la fille du Potier? La figure de Mme Dobson passa par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Co... comment? bgaya-t-elle. Etes-vous bien la fille du Potier? Il faudrait que vous puissiez le prouver. Prouver quoi? Ainsi que je viens de vous le dire, nous sommes arrivs ici pour trouver ce jeune voleur... Le sergent McDermott poussa un soupir rsign. Hannibal Jones peut parfois donner du fil retordre, avoua-t-il, mais il serait bien incapable de voler ft-ce une-pingle... Voyons, Jones! Racontez-nous un peu ce que vous faisiez ici?

Puis-je commencer par le commencement? demanda Hannibal. Allez-y! Nous ne sommes pas presss! Hannibal expliqua donc tout, en n'omettantaucun dtail. Le sergent McDermott prenait des notes. Le bureau du Potier a t cambriol! conclut Hannibal. Regardez vous-mme! Ses papiers sont sens dessus dessous. McDermott s'avana jusqu'au seuil du bureau et aperut les dossiers pars et les tiroirs ouverts. Le 'Potier est extrmement ordonn, fit remarquer Hannibal. Il n'aurait certainement jamais laiss son bureau comme cela! McDermott se tourna vers les Dobson : Nous allons relever les empreintes digitales du cambrioleur, annona-t-il. En attendant, madame... Elose Dobson fondit en larmes. Allons, maman! dit Tom en lui tapotant le bras. Ne te mets pas dans des tats pareils! Mme Dobson fouilla dans son sac et en tira un mouchoir. Je ne m'attendais certainement pas, soupira-t-elle, ce que l'on me demandt de prouver que j'tais la fille de... de mon pre! J'ignorais qu'il fallait un certificat de naissance pour venir Rocky. Voyons, madame! protesta le sergent en rempochant son calepin. Calmez-vous! Ecoutez! Vu les circonstances, il vaudrait mieux que vous et votre fils ne restiez pas ici. Mais Alexander Potier est mon pre! Je ne dis pas non, rpondit le sergent, mais

il semble qu'il ait disparu, du moins momentanment. Et il est bien vident que quelqu'un a pntr chez lui de faon illgale. Je suis certain que le... que M. Potier reparatra, tt ou tard, pour nous expliquer de quoi il retourne. Mais en attendant, vous et votre fils seriez plus en sret si vous logiez au village. Je vous signale que Seabreeze Inn est une auberge trs confortable et... Ma tante Mathilda serait heureuse de vous offrir l'hospitalit , coupa Hannibal.Mme Dobson parut ne pas l'avoir entendu. Elle renifla et se tamponna les yeux avec son mouchoir. Ses mains tremblaient. O se trouve au juste cette auberge? demanda-t-elle. Descendez la grand-route en direction duvillage. Vous ne pourrez pas manquer de l'apercevoir. Il y a une grande enseigne. Mme Dobson se leva et remit ses lunettes de soleil. Le chef de la police, M. Reynolds, dsirera sans doute vous parler un peu plus tard, dclara McDermott. Je lui dirai qu'il pourra vous trouver l'auberge. Mme Dobson se remit pleurer. Vivement, le jeune Tom l'entrana dehors. Tous deux se htrent de rejoindre la route o les attendait une voiture bleue, immatricule dans l'Illinois. Mme Dobson se glissa derrire le volant. Dcidment, soupira alors le sergent 'Mc Dermott, j'aurai tout vu! La fille du Potier! Si vraiment elle est sa fille! rappela Haines. Bah! Pourquoi nous aurait-elle menti ce sujet? fit le sergent. Le Potier n'est pas riche. Il ne possde rien dont on puisse souhaiter le dpouiller. Et pourtant, fit remarquer Hannibal, il doit certainement avoir quelque chose de valeur. Autrement, je ne vois pas pourquoi quelqu'un se serait donn la peine de cambrioler son bureau... Mme Dobson se remit pleurer.

CHAPITRE IV

CINQ TRANGERShannibal dclina l'offre que lui faisait Haines de le ramener chez lui en voiture. Je suis venu vlo, expliqua-t-il, et je me sens mieux prsent! Vous en tes bien certain? rpliqua l'officier de police en dsignant le front du jeune garon. Oh, ce n'est qu'une bosse. Je n'en mourrai pas! Mfiez-vous tout de mme! lui cria Mc Dermott en le regardant s'loigner. Un de ces jours, force de fourrer votre nez dans les affaires d'autrui, vous finirez par attraper un mauvaiscoup. Et restez chez vous pour l'instant. Le chef Reynolds voudra sans doute vous parler. Laissant les deux policiers attendre les hommes chargs de relever les empreintes digitales du cambrioleur, Hannibal prit sa bicyclette et gagna la route. Il profita d'un ralentissement de la circulation pour aller voir de prs la vieille Ford toujours gare de l'autre ct. Au mme instant, quelqu'un dboucha du sentier reliant la plage la route. C'tait le plus extraordinaire, le plus magnifique pcheur qu'Hannibal ait jamais vu! Par-dessus un pull-over col roul, d'un blanc de neige, il portait une veste bleu ple dont la poche de poitrine s'ornait d'un cusson. Son pantalon, d'un bleu plus soutenu, s'harmonisait merveille avec la veste en question. L'homme tait coiff d'une casquette de yachtman tellement immacule qu'on aurait pu penser qu'elle se trouvait, la veille encore, sur l'tagre d'un chapelier. Salut, jeune homme! lana le pcheur en voyant Hannibal.Celui-ci aperut un visage troit, hl par le soleil, d'normes lunettes noires et une moustache grise dont les extrmits releves donnaient l'individu un petit air conqurant. Bonne pche? demanda Hannibal, aprs un coup d'il la canne moulinet, flambant neuf, de l'extraordinaire personnage. Hlas! non! Les poissons n'ont pas voulu mordre , rpondit l'homme en ouvrant le coffre de la vieille Ford pour y fourrer son attirail de pcheur. Je crains d'avoir mal choisi mon appt. La pche est un passe-temps tout nouveau pour moi, il faut le dire. Cela, Hannibal l'avait dj devin. Les pcheurs chevronns qu'il connaissait taient tous vtus comme des chiffonniers... L'homme dsigna la voiture de police arrte devant la maison du Potier. Un accident? demanda-t-il. Non. Sans doute un cambriolage. Bien regrettable , murmura le pcheur en refermant son coffre. Puis, ouvrant la portire de la voiture, il ajouta : C'est bien la demeure du fameux Potier, n'est-ce pas? Oui. Le Potier est un de vos amis? Vous habitez par ici? Je suis du coin, admit Hannibal. Quant au Potier, il est connu de tout le monde. C'est vrai. Il fait de trs jolies choses, m'a-t-on dit... Les yeux du pcheur, demi cachs par les lunettes sombres, se posrent sur le front d'Hannibal. Vous avez l une vilaine bosse, mon garon. J'ai fait une chute. Voulez-vous que je vous dpose quelque part? Non, merci! rpondit Hannibal. Non?... Ma foi, vous avez raison. Il ne faut jamais accepter de monter dans une voiture trangre, n'est-ce pas? L-dessus, l'inconnu s'esclaffa comme s'il avait dit quelque chose de fort drle. Puis il se glissa au volant, dmarra et, aprs un geste d'adieu Hannibal, s'loigna rapidement.Le jeune garon eut vite fait de regagner le Paradis de la Brocante. Cependant, ddaignant l'entre principale, il continua filer le long dela palissade magnifiquement peinte jusqu' l'trange poisson qui sortait la tte hors de l'eau pour admirer le voilier luttant dans la tempte. Hannibal descendit alors de bicyclette et appuya son doigt sur l'il du poisson. Aussitt, deux planches basculrent vers le haut. Hannibal poussa son vlo dans l'ouverture et pntra dans la cour du bric--brac.Ce passage tait le passage secret n 1. Il y en avait trois autres. Ces issues secrtes taient ignores de la tante Mathilda. Hannibal dboucha dans le coin de la cour proche de son atelier. Il entendit sa tante qui, prs du hangar aux meubles, donnait Hans l'ordre de remettre en tat les siges de jardin nouvellement acquis. Mme Jones ne pouvait apercevoir son neveu qui avait pris soin d'entasser devant son atelier un grand nombre d'objets htroclites destins boucher la vue. Hannibal sourit, abandonna sa bicyclette contre une vieille presse imprimer, dplaa une grille au fond de l'atelier et se mit ramper dans le tunnel n 2.Ce tunnel tait constitu de vieilles canalisations en fonte. La partie de ces conduits formant plancher tait rembourre par de vieux morceaux de tapis. Ce passage secret conduisait une trappe qui s'ouvrait l'intrieur de la caravane dont les Trois dtectives avaient fait leur quartier gnral. Une fois dans la caravane, Hannibal dcrocha le tlphone pos sur un petit bureau.Ce tlphone, comme les passages secrets, tait inconnu de la tante Mathilda. Hannibal et ses amis Peter Crench et Bob Andy l'avaient fait installer leurs frais. Et ils payaient les notes sur leurs conomies. Tous trois gagnaient quelque argent en travaillant pour l'oncle Titus.

Par ailleurs, ils empochaient parfois de jolies sommes quand leurs talents de dtectives leur permettaient de dbrouiller des, cas compliqus.Hannibal composa le numro de Peter. Celui-ci rpondit presque sur-le-champ. Ah! C'est toi, Hannibal! s'cria-t-il avec entrain. Je suis bien content que tu m'appelles. Veux-tu que nous allions nager un peu cet aprs-midi? Je crains bien de n'avoir pas le temps, mon vieux, soupira Hannibal dans l'appareil.__ Tu veux dire que ta tante est sur le sentier de la guerre ? Oncle Titus vient d'acqurir un lot de siges de jardin. Ils sont passablement rouilles et Hans est charg de les remettre neuf ds qu'il auraun peu astiqu le mobilier retenu par... Bref, ds qu'elle me verra, ma tante me sautera dessus pour que j'aide Hans. Eh bien! je te souhaite du plaisir! Bon drouillage et bonne peinture! Merci de tes vux! Mais ce n'est pas pour cela que je te tlphone... Peux-tu venir au quartier gnral ce soir neuf heures? Oui. Compte sur moi. Passage de la porte rouge , indiqua simplement Hannibal avant de raccrocher.Le chef des dtectives tlphona ensuite chez Bob Andy. Bob tait la bibliothque o il travaillait mi-temps, mais sa mre proposa obligeamment de prendre un message. Habitue aux manires tranges des trois garons, elle ne parut nullement surprise lorsque Hannibal lui dicta ces mots nigmatiques : Passage de la porte rouge. Neuf heures. Entendu, Hannibal. C'est not. Je transmettrai Bob ds qu'il sera de retour. Hannibal remercia Mme Andy, quitta la caravane, rampa dans le tunnel, reprit son vlo, sortit de l'enclos... pour y rentrer dix secondes plus tard, par l'entre principale cette fois.La tante Mathilda attendait, debout prs du bureau. J'tais sur le point d'alerter la police, dit-elle. Pourquoi reviens-tu si tard? Le Potier n'tait pas chez lui, expliqua Hannibal, mais ses invits sont arrivs. Pourquoi ne les as-tu pas ramens ici? Je t'avais pourtant bien dit que je pouvais les recevoir! Hannibal rangea sa bicyclette prs du bureau avant de rpondre : Ils me prennent plus ou moins pour le grand mchant loup. Ils prfrent s'installer l'auberge... Seabreeze Inn. Il s'agit d'une jeune femme, Mme Dobson, et de son fils Tom. Cette dame prtend qu'elle est la fille du Potier. La fille du Potier! s'exclama la tante Mathilda, sidre. Mais c'est ridicule! Le Potier n'a jamais eu de fille! En es-tu certaine? demanda Hannibal. Heu... naturellement! Il n'a jamais fait allusion ... il n'a jamais... heu... Hannibal! Pourquoi ces gens te prennent-ils pour... comment as-tu dit cela?... ah, oui!... le grand mchant loup? Hannibal expliqua, aussi brivement qu'il le put, le cambriolage du bureau du Potier. Les Dobson croient que je me suis moi-mme introduit dans la maison dans un but malhonnte, dit-il en conclusion. Par exemple! s'exclama la tante Mathilda, indigne. Et regarde un peu ta tte, Hannibal! Suis-moi la maison! Je vais te mettre de la glace sur le front. Je t'assure que je me sens tout fait remis maintenant, tante Mathilda. Avec cette bosse?... A la maison! Et en vitesse encore! La brave tante Mathilda, non contente de soigner son neveu, lui offrit un apptissant sandwich et un verre de lait... Cependant, l'heure du dner, elle se rassura en constatant que la bosse d'Hannibal n'tait pas pire que les mille et une bosses qu'il s'tait dj faites et auxquelles il avait survcu. Aprs avoir lav en hte la vaisselle, elle laissa son neveu le soin de l'essuyer et de la remettre en place. Elle-mme monta dans sa chambre- pour se faire un shampooing.De son ct, l'oncle Titus s'installa devant l'appareil de tlvision et ne tarda pas s'endormir batement. A chacun de ses ronflements, sa moustache frmissait. Hannibal quitta la maison sur la pointe des pieds.Le chef des dtectives traversa le chemin et fit le tour du Paradis de la Brocante. Derrire l'entrept, la clture tait tout aussi superbement peinte que sur le devant. Elle reproduisait le grand incendie qui, en 1906, avait ravag San Francisco : on voyait des gens terrifis s'enfuir en courant des immeubles en flammes. Au premier plan, un petit chien, assis sur son derrire, regardait la scne. Un des yeux de l'animal tait form par un nud du bois. Hannibal ta cette espce de bouchon, passa deux doigts travers le trou et pressa sur un minuscule loquet qui fit basculer trois planches. C'tait l le passage de la porte rouge. De l'autre ct de la palissade une flche noire signalait une direction mystrieuse. Hannibal suivit l'indication de la flche, rampa sous un amoncellement d'objets au rebut, dboucha dans un couloir entre deux haies de ferrailles au bout duquel il atteignit de lourdes planches formant la porte n 4. Au-del, il fallait encore ramper, pour enfin pousser un panneau et se retrouver l'intrieur de la caravane-Q.G. des Trois dtectives.Il n'tait que huit heures et demie. Bob arriva neuf heures moins dix, Peter neuf heures prcises. Hannibal leur annona tout de suite la grande nouvelle : Le Potier a disparu! Je sais! dit Bob. Hans est venu faire une course en ville. Il a rencontr ma mre. Il parat que le Potier a laiss sa camionnette au Paradis de la Brocante avant de s'vanouir dans la nature... Exactement, mon vieux! Sa voiture est gare dans notre cour. Le Potier demeure introuvable mais, en revanche, j'ai fait la connaissance des invits qu'il attendait. Tu veux parler de cette femme qui s'est, installe Seabreeze Inn aprs ta rencontre avec un cambrioleur? dit Peter son tour. Dcidment, soupira Hannibal, Rocky est une bien petite ville. Tout s'y sait en un rien de temps! J'ai rencontr Haines, expliqua Peter. Qui aurait imagin que cet excentrique de Potier pouvait avoir une famille? Il y a des choses plus incroyables, dclara Hannibal. Savez-vous que deux inconnus occupent la Maison de la colline? La Maison de la colline? rpta Peter, stupfait. Mais elle est inhabitable! C'est presque une ruine! En tout cas, quelqu'un l'a au moins visite aujourd'hui. Par une curieuse concidence, les deux trangers qui voulaient s'y rendre se sont arrts ici ce matin pour demander leur chemin. Le Potier se trouvait prcisment l ce moment, ce qui est une autre concidence. Les deux hommes l'ont vu et il les a vus. Et la Maison de la colline domine la demeure du Potier. Crois-tu qu'il connaisse ces deux hommes? demanda Bob. Je ne peux jurer de rien, soupira Hannibal. Mais l'un des trangers semblait tre un Europen. L'autre est un individu curieux, entirement chauve. Tous deux ont parl une langue que je ne connais pas. Le Potier les regardait d'un air bizarre. Ses mains se crispaient sur le mdaillon qu'il porte toujours pendu au cou. Sitt aprs le dpart des inconnus, il s'est presque trouv mal. Le temps que j'aille lui chercher un verre d'eau, il avait disparu! Il semblait en forme quand il est arriv l'entrept? s'enquit Bob. Tout fait en forme, assura Hannibal. Il semblait mme heureux la pense d'avoir des invits. Mais aprs la venue des deux trangers, il s'est volatilis... Maintenant que j'y pense, la manire dont il tenait son mdaillon n'tait pas machinale. Il avait l'air de vouloir le cacher. Ce pendentif reprsente un aigle, je crois? Un aigle deux ttes, oui... Il peut s'agir d'un dessin imagin par le Potier ou de quelque chose d'autre... par exemple un symbole qui peut avoir une signification aux yeux des deux trangers. Peut-tre s'agit-il d'un emblme, suggra Bob. Un emblme hraldique! Je regarderai dans des livres spcialiss, la bibliothque, si on n'y parle pas d'un aigle deux ttes. Parfait! approuva Hannibal. Puis, s'adressant Peter : Dis-moi, tu connais M. Holtzer, je crois? L'agent immobilier? Oui, il me demande de tondre sa pelouse de temps autre. Mais pourquoi...? Parce que, si quelqu'un a lou ou achet laMaison de la colline, il est certainement au courant. Il pourrait te renseigner. Tche de savoir qui sont les deux trangers. Entendu. Je me dbrouillerai! promit Peter. Parfait! rpta Hannibal. Je crois que tante Mathilda a l'intention de se rendre Seabreeze Inn demain pour prendre contact avec les Dob-son et leur offrir ses services amicaux. Je l'accompagnerai. Je m'efforcerai aussi de recueillir quelques renseignements sur un certain pcheur amateur qui circule bord d'une vieille Ford. Encore un nouveau venu? demanda Bob. Je l'ignore, avoua Hannibal. Peut-tre n'est-il ici qu'en passant. Il a trs bien pu venir de Los Angeles pour un jour seulement. Mais s'il sjourne Rocky et si la Maison de la colline est loue, nous saurons alors qu'il y a cinq personnes trangres dans la ville... L'une d'entre elles peut fort bien avoir cambriol la maison du Potier!

CHAPITRE V

LES EMPREINTES DE FEU

Hannibal! ordonna la tante Mathilda. Mets ta chemise blanche et ton blazer bleu marine. Je veux que tu sois convenablement vtu pour rendre visite Mme Dobson. Elle-mme avait fait toilette. Elle ne voulait pas ressembler la tante d'un malfaiteur . En .soupirant, Hannibal endossa ses habits du dimanche et suivit Mme Jones sur le chemin de 1 auberge. La brise du large avait dissip la brume matinale. Cette journe dominicale promettait d'tre chaude et ensoleille.Melle Hopper, la propritaire de Seabreeze Inn accueillit les visiteurs avec amabilit. Bonjour, madame Jones. Comment vas-tu, Hannibal? Aprs un change de civilits, la tante Mathilda expliqua ce qui 1 amenait : J'ai appris, commena-t-elle, que Mme Dobson tait ici avec son fils? Oh, oui, la pauvre! Elle est arrive hier dans un bien triste tat. Et savez-vous que le chef de la police, M. Reynolds, est venu l'interroger ici mme? Cela a d tre ennuyeux pour vous, dit la tante Mathilda, compatissante. Mais, dites-moi, pourrais-je parler Mme Dobson? Vous la trouverez dans le jardin. M. Farrier est en train de la rconforter. M. Farrier? rpta Hannibal. Oui... un autre de mes htes. Un homme charmant. Il semble porter un grand intrt Mme Dobson. Il faut dire qu'elle-mme est une jeune femme charmante... La tante Mathilda et Hannibal dfilrent devant les portes donnant sur le couloir central et dbouchrent dans le jardin de derrire. Ils aperurent Mme Dobson et son fils assis devant des rafrachissements. A la mme table qu'eux tait install le superbe pcheur moustachu qu'Hannibal avait rencontr la veille. Il tait en train de dcrire les merveilles de Hollywoodji la maman de Tom. Seulement, au lieu de la divertir comme il en avait sans doute l'intention, il tait vident qu'il l'ennuyait affreusement. Elose Dobson parut enchante la vue, de visiteurs imprvus. Bonjour! lana Tom en se levant pour avancer deux siges aux nouveaux venus.La tante Mathilda se prsenta : Je suis Mme Jones, la tante d'Hannibal. Je viens pour vous donner l'assurance que mon neveu ne pntrerait jamais, quelles que soient les circonstances, dans une demeure particulire avec de mauvaises intentions. J'en suis bien persuade , rpondit Mme Dobson avec un sourire las. Puis, se tournant vers Hannibal : Je suis dsole d'avoir t si rude avec vous, Hannibal. Mais hier, j'tais bout de forces, inquite et nerveuse. Je venais d'effectuer un interminable voyage en voiture et je n'avais pas vu mon pre depuis l'poque o je n'tais qu'un bb. C'est dire que je ne me souviens mme pas de lui. Je me demandais ce qu'allait donner notre rencontre et, quand je suis arrive pour vous voir escalader cette fentre... eh bien, je vous ai pris pour un voleur. C'est assez normal, admit Hannibal en s'asseyant a ct de sa tante tandis que Tom allait chercher des boissons fraches pour les visiteurs. Et puis, reprit Mme Dobson, la police s'est conduite d'trange manire avec moi. On semblait ne pas croire que j'tais la fille de... Oh, mon Dieu! Dire que mon pre a disparu si mystrieusement! Je n'en ai pas dormi de la nuit! Je suis navr pour vous, ma chre amie! murmura le pcheur aux habits immaculs.Il fit mine de prendre sa main qu'elle retira vivement. Je vous prsente M. Farrier, dit-elle sans le regarder. Mme Jones... Hannibal Jones... Le jeune Hannibal et moi, nous nous sommes dj rencontrs, dclara-t-il. Comment va votre tte, mon garon? Trs bien, merci. La tante Mathilda n'entendait pas qu'un intrus se mlt la conversation. Elle attaqua : Madame Dobson! Qu'avez-vous l'intention de faire prsent? Je ne retournerai certainement pas chez moi avant de savoir ce qui est arriv mon pre, assura vaillamment la maman de Tom. Par bonheur, j'ai sur moi une lettre de lui me disant qu'il me recevrait cet t... si j'insistais pour venir. Ce n'est pas une invitation bien chaleureuse, mais c'est tout de mme une invitation. Cette lettre, je l'ai montre au chef de la police ce matin. Elle porte l'en-tte de mon pre et prouve que je dis la vrit. M. Reynolds a plac un de ses hommes dans la maison pour la surveiller. Il ne me conseille pas d'aller habiter chez mon pre, mais, si je le dsire vraiment, il ne peut pas m'en empcher, m'a-t-il dit. Et vous allez vous y installer? Oui, je pense. Le voyage m'a cot cher et je n'ai pas les moyens de rester l'htel. Oh! pourquoi la police ne fait-elle pas une battue dans les collines pour retrouver mon pre? Qu'en pensez-vous, madame Jones? Ce fut Hannibal qui rpondit : Ce n'est gure possible, vous savez. Votre pre semble avoir disparu de son plein gr. En outre, il y a quantit de cachettes dans ces collines et, mme avec ses pieds nus, votre pre... Ses pieds nus? releva Mme Dobson stupfaite.

Un silence gn plana. La tante Mathilda fut la premire le rompre : Vous ne savez donc pas...? Quoi donc? A-t-il laiss ses chaussures derrire lui ou...? Le Potier ne mettait jamais de souliers, avoua la tante Mathilda. Vous plaisantez!Je suis navre, mais c'est la vrit. Votre pre va toujours nu-pieds et vtu d'une longue robe blanche. Il porte aussi une grande barbe blanche. Il ressemble un peu... un prophte. Autrement dit, mon pre est un excentrique. Il n'est pas le seul de la ville, affirma Hannibal. Ne vous faites pas trop de soucis. Mme Dobson but une gorge de limonade pour se remonter le moral. Puis elle soupira : Pas tonnant qu'il ne m'ait jamais envoy de photographie de lui! L'ide de me recevoir a d le rendre nerveux. Il ne devait gure tenir me rencontrer, mais moi je tenais le voir. Peut-tre, au dernier moment, a-t-il t pris de panique et s'est-il sauv. Mais je suis sa fille et je resterai pour l'attendre. Il finira bien par reparatre... Bravo, maman! applaudit Tom. Nous n'avons dj perdu que trop de temps, continua Mme Dobson d'un air soudain rsolu. Tom, prviens Melle Hopper que nous partirons ds aujourd'hui. Et tlphone au chef de la police. Qu'il donne l'ordre son homme de faction de nous laisser entrer dans la maison! Je me demande si c'esi bien raisonnable, murmura Hannibal, pensif. N'oubliez pas que la demeure de votre pre a reu hier la visite d'un malfaiteur. Voyez la bosse que j'ai au front!

Rassurez-vous, dit Mme Dobson en se levant. Je serai prudente. Et si quelqu'un nous attaque, il trouvera qui parler. Je ne connais rien aux armes feu, mais je sais

manier un club de golf. Et j'en ai prcisment apport un avec moi! La tante Mathilda regarda la jeune femme d'un air franchement admiratif. Un club de golf! Bravo! Moi, je n'y aurais mme pas pens! Hannibal rit sous cape. Si un cambrioleur s'introduisait un jour au Paradis de la Brocante, la brave tante Mathilda n'aurait pas besoin d'un club de golf pour lui tenir tte. Elle tait tout fait de force l'assommer avec une table d'occasion... invendable de prfrence!Mme Jones se leva son tour : Si vous avez l'intention de vous installer dans la maison du Potier aujourd'hui, dclara-t-elle,vous aurez besoin de meubles. Votre pre est pass chez nous hier pour en acheter votre intention : deux lits et quelques autres bricoles. Hannibal et moi, nous allons nous occuper de vous les livrer. Voulez-vous que nous vous retrouvions l-bas dans une demi-heure? Cela vous laisse-t-il assez de temps? Ce sera parfait! approuva Mme Dobson, reconnaissante. Je vous remercie de vous donner tout ce mal pour nous. C'est bien naturel! Allons, viens, Hannibal!Ce ne fut qu'au tout dernier moment que la tante Mathilda, soucieuse de rparer son oubli, se retourna pour lancer un Au revoir, monsieur Farrier sonore.Une fois dehors, Hannibal se mit rire. Je me demande, dit-il sa tante, si M. Farrier s'est jamais senti aussi ignor qu'aujourd'hui! Tu ne lui as pas permis de placer un seul mot et tu l'as systmatiquement tenu l'cart de la conversation. C'est un ne solennel, dclara la tante Mathilda sans l'ombre d'indulgence. Je suis sre qu'il ennuyait horriblement cette pauvre petite femme... Pouh! Sitt arrive chez elle, Mme Jones tira rudement l'oncle Titus de sa sieste dominicale. Pour ne pas tre en reste, l'oncle Titus appela Hans et Konrad d'une voix rugissante. En moins d'un quart d'heure, les meubles choisis par le Potier se trouvrent entasss dans la camionnette.Aux lits et aux chaises, la tante Mathilda ajouta d'elle-mme deux commodes lgres pour que Mme Dobson puisse ranger ses affaires , expliqua-t-elle. Elle n'oublia pas non plus de prendre les produits d'picerie achets par le Potier.Aprs quoi Hans, Hannibal et elle-mme grimprent l'avant de la camionnette et, en route!... A la maison du Potier, ils trouvrent Tom en train de dcharger les bagages de la voiture. Mme Dobson tait debout sous le porche. Tout va bien? demanda la tante Mathilda. Oui... sauf que le mobilier est rduit sa plus simple expression, semble-t-il. Attendez un peu! Nous allons remdier cela! Hannibal tait en train de sortir le lit de cuivre de la camionnette quand il aperut deux hommes qui descendaient le chemin de la Maison de la colline. C'taient les deux trangers de la veille : celui aux cheveux noirs et celui au crne dnud. Tous deux taient vtus de complets stricts. On et dit deux hommes d'affaires. Au passage, ils jetrent un rapide coup d'il dans la cour du Potier, puis, traversant la grand-route, ils s'engagrent dans le sentier conduisant la plage et disparurent.Tom, qui aidait Hannibal, demanda : Qui est-ce? Des voisins? Je n'en suis pas sr. Ils ne sont arrivs qu'hier Rocky. Ils sont drlement accoutrs pour se balader sur la plage , fit remarquer Tom en prenant le lit par un bout tandis qu'Hannibal l'empoignait par l'autre.Hannibal se dit que les deux trangers n'taient pas les seuls ne pas porter des vtements adquats : le splendide M. Farrier n'tait certes pas habill comme un pcheur!Quand les deux garons eurent hiss le lit de cuivre au premier tage, Hannibal s'aperut que Mme Dobson avait dit vrai en parlant du manque de meubles. Sur les quatre chambres coucher, une seule n'tait pas vide. Le Potier se contentait apparemment d'un lit troit aux couvertures blanches, d'une petite table de chevet supportant un rveil et une lampe, et d'une minuscule commode blanche trois tiroirs. Rien d'autre. Tom ouvrit la porte d'une des pices vides mais d'une propret mticuleuse. Veux-tu prendre cette chambre, maman? demanda-t-il. Oui! Peu importe, rpondit Mme Dobson. Elle a une chemine, constata Hannibal. Tiens! Quel truc bizarre! s'cria Tom. Il dsignait une plaque de cramique incrustedans le mur juste au-dessus du manteau de la chemine. L'aigle deux ttes! murmura Hannibal. Un ami toi? plaisanta Tom en examinant l'oiseau. Plutt un ami de ton grand-pre, dit Hannibal. Il porte toujours un mdaillon avec ce dessin dessus. Je suppose que cet aigle signifie quelque chose de particulier pour lui. Il y a aussi des aigles deux ttes sur les grosses urnes qui se trouvent de chaque ct des marches du perron. L'as-tu remarqu? Avec ce lit transporter, je n'y ai pas fait attention.La tante Mathilda,. cependant, oprait des merveilles. Elle avait trouv la rserve de draps du Potier et, aussi, dans un vaste placard, les sommiers et les matelas neufs achets tout exprspour ses invits . Ils taient encore dans leurs emballages de plastique.Mme Jones ouvrit une fentre de la faade et appela : Hans! J'arrive! rpondit Hans qui gravissait le perron, une commode sur la tte.Il fallut les efforts conjugus de Hans, Tom et Hannibal pour assembler les pices du lit de cuivre. Quand il fut enfin mont, on y ajusta le sommier et le matelas. Puis la tante Mathilda dplia les draps. Oh! dit-elle brusquement. L'picerie! L'picerie? rpta Mme Dobson, tonne. Mais oui! Votre pre avait fait quantit de provisions, hier, au supermarch. Je les ai gardes dans mon rfrigrateur afin qu'elles ne s'abment pas. Je vous les ai apportes. Mille fois merci... Ainsi, mon pre comptait donc bien nous recevoir... Dans ce cas, pourquoi s'est-il clips au dernier moment?... Allons, je vais chercher ces provisions... Hannibal la suivit pour l'aider... Les bras chargs, tous deux se dirigrent alors vers la cuisine. Mme Dobson venait en tte. Soudain, elle s'arrta net, lcha ce qu'elle tenait et poussa un cri d'effroi.Hannibal la dpassa vivement et entra dans la cuisine... Sur le sol, prs de l'armoire aux provisions, trois tranges flammes vertes vacillaient en crpitant. Que se passe-t-il? cria la tante Mathilda au premier tage.Alerte par le cri, elle dvalait dj l'escalier, suivie de Hans et de Tom.Hannibal et Mme Dobson taient bien incapables de rpondre. Ils continuaient regarder les flammes. Dieu tout-puissant! s'exclama Mme Jones.Les flammes crachotrent puis s'teignirent en rpandant une fume acre. Qu'est-ce que c'est que a? murmura Tom, sidr.Hannibal et Hans s'avancrent de quelques pas. Durant une bonne minute, ils tinrent leurs yeux fixs sur le linolum, l'endroit o se trouvaient les flammes l'instant d'avant. Puis Hans bgaya : Le... le Potier! II... il est revenu! Il est revenu pour hanter la maison! Impossible! affirma Hannibal avec force.Et pourtant, il ne pouvait nier le fait que le linolum brl portait trois empreintes trs nettes... des empreintes de pieds nus!

CHAPITRE VI

LES TROIS DTECTIVES ONT UN CLIENTun instant plus tard, Hans gagnait toutes jambes la cabine publique voisine d'o il tlphona au poste de police.Une fois sur les lieux, les hommes de Reynolds visitrent la maison de la cave au grenier sans rien trouver... sinon les tranges empreintes de pas dans la cuisine.Haines renifla ces marques, les mesura et gratta un peu du linolum brl. Aprs quoi il glissa cette poudre charbonneuse dans une enveloppe puis regarda Hannibal d'un air souponneux : Si vous savez quelque chose au sujet de ces

empreintes et que vous nous le cachiez... commena-t-il. Ridicule! coupa la tante Mathilda. Comment mon neveu saurait-il quelque chose que nous ignorons? Il ne m'a pas quitte d'une semelle aujourd'hui et venait de descendre avec Mme Dobson quand ces marques de pas sont apparues. Bon, bon, concda l'officier de police. Mais c'est que je connais Hannibal, madame Jones! Il est toujours' l quand il se produit du vilain. A votre place, ajouta-t-il en s'adressant Mme Dobson, je partirais d'ici et je retournerais m'installer l'auberge! La jeune femme se laissa tomber sur un sige et se mit pleurer. En bougonnant, la tante Mathilda remplit une bouilloire d'eau et la posa sur le gaz. Elle tait persuade qu'une bonne tasse de th tait un remde souverain contre tous les maux. Les policiers s'en allrent. Tom et Hannibal sortirent derrire eux pour s'asseoir cte cte sur les marches du perron, entre les urnes gantes. Je vais finir par penser comme Hans, murmura Tom. Suppose que mon grand-pre soit mort et... Je ne crois pas aux fantmes, dclara Hannibal. Et tu n'y crois pas davantage, au fond. D'ailleurs, le Potier faisait de grands prparatifs pour vous recevoir. Pourquoi s'amuserait-il maintenant venir vous effrayer? J'ai quand mme la frousse, avoua Tom. Et si mon grand-pre n'est pas mort, o est-il pass? J'ai relev sa piste jusque dans les collines. Quant savoir pourquoi il a fil... Voyons, que sais-tu au juste de lui? Pas grand-chose sinon ce que ma mre m'en a dit. Et elle ne sait pas grand-chose elle-mme! Evidemment, son vritable nom n'est pas Potier. On pouvait s'en douter, grommela Hannibal. Cela concidait trop bien avec son mtier. Il a dbarqu aux Etats-Unis il y a longtemps, continua Tom. Vers 1931 je crois. Il est de nationalit ukrainienne et avait un nom terriblement long et tellement plein de c et de z que personne n'arrivait le prononcer. Il fabriquait dj des objets en cramique New York quand il a rencontr ma grand-mre. Comme elle ne voulait pas s'appeler Mme Je-ne-sais-comment, il a chang son nom en Potier . Quand il l'a pouse, je ne pense pas qu'il portait une longue robe blanche, ajouta Tom avec un faible sourire. Elle ne l'aurait pas support. Ce n'tait pas une femme qui approuvait les excentricits. Tu te souviens d'elle? Un peu. Elle est morte quand j'tais enfant. D'une pneumonie... Autant que je sache, leur mariage n'avait pas t une russite. Mon grand-pre tait un artisan apprci et russissait fort bien. Il possdait une petite boutique. Mais sa femme le trouvait horriblement nerveux. Il avait fait mettre trois verrous sa porte. Par ailleurs, ma grand-mre tait allergique l'odeur de la glaise mouille. Aussi, quand elle a attendu un enfant, elle est retourne dans sa ville natale, Belleview, d'o elle n'a plus boug depuis. Elle n'est jamais retourne auprs de son mari? Non. Je crois que mon grand-pre est venu la voir quand maman tait bb, mais elle n'est jamais retourne prs de lui. En revanche, grand-pre ne l'a jamais abandonne. Il lui envoyait de l'argent tous les mois pour lever ma mre. Et quand maman s'est marie son tour, il lui a fait un magnifique cadeau et n'a jamais cess de nous crire... Parle-moi de ton pre. C'est un type patant! affirma Tom avec lan. Il tient une quincaillerie Belleview. Remarque qu'il n'tait pas tellement emball quand maman a parl de venir ici. Mais il a fini par s'incliner. Sais-tu pourquoi ton grand-pre a dcid de venir s'installer en Californie? demanda Hannibal. A cause du climat, je suppose. Il peut y avoir d'autres raisons. Les yeux vigilants d'Hannibal venaient d'apercevoir les deux trangers remontant de l plage. Ils traversrent la route et se mirent grimper le raidillon conduisant la Maison de la colline. Hannibal se leva et, appuy contre une des urnes, il se mit rflchir tout haut : Voyons, dit-il. Primo, pourquoi le Potier a-t-il volontairement disparu? Secundo, qui a fouill son bureau hier? Par ailleurs, qui a fait apparatre ces empreintes de feu dans la cuisine? Et dans quelle intention? Enfin n'est-il pas curieux que personne, Rocky, n'ait t au courant de votre existence? Cela, 011 peut le comprendre, puisque mon grand-pre vivait comme un ermite, rpondit Tom. Un ermite, a ne parle pas beaucoup! Ermite ou pas ermite, c'tait tout de mme ton grand-pre! Or, il n'a jamais seulement montr une photo de toi! Il n'a souffl mot personne de toi ni de ta mre ! Tom poussa un gros soupir : Cette histoire me fait l'effet d'un mauvais rve. Le plus sage serait peut-tre de repartir chez nous, mais... Mais, dans ce cas, vous ne connatrez jamais l'explication du mystre. Veux-tu un bon conseil? Engagez des dtectives privs! Comme tu y vas! protesta Tom. Sans tre pauvres, nous ne roulons pas prcisment sur l'or. Un dtective priv, a cote cher! Il y en a de raisonnables, affirma Hannibal en tirant une carte de sa poche. Tiens! Regarde! Tom obit. Le bristol portait ces indications :LES TROIS DTECTIVESDtections en tout genre? ? ?Dtective en chef : Hannibal JonesDtective adjoint : Peter Crench Bob AndyArchives et Recherches Bob AndyLe jeune Dobson haussa les paules. Tu te moques de moi? dit-il. Je suis trs srieux, au contraire. Nous avons dj rsolu bon nombre de problmes policiers! Que signifient les trois points d'interrogation? J'tais sr que tu me demanderais a! Ces points d'interrogation sont le symbole de choses inconnues. Ils correspondent aussi aux Trois dtectives et indiquent que nous sommes prts lucider tous les mystres que l'on nous soumettra. En quelque sorte, ces signes de ponctuation sont notre... heu... tiquette officielle. Tom fourra la carte de visite dans sa poche. Je comprends, dit-il. Mais si les Trois dtectives se chargent du cas du grand-pre disparu, que va-t-il se passer? Pour commencer, expliqua Hannibal, notre accord restera strictement limit nous quatre. Ta mre est passablement nerveuse. Elle risquerait, sans le faire exprs, de nous mettre des btons dans les roues. Elle se montrerait trop prudente, nous empcherait de faire ceci et cela... Tu as raison. Mieux vaut nous dbrouiller sans elle. Ensuite, continua Hannibal, je suis de l'avis de Haines. Ta mre et toi, vous ne devez pas habiter seuls ici! Tu voudrais nous voir retourner Seabreeze Inn? Je n'ai pas dit cela! Mais je propose que, si vous vous installez pour de bon dans cette maison, l'un des dtectives reste auprs de vous. Je ne sais pas ce qu'en pensera maman, mais cette solution me plat joliment. Je me sentirai beaucoup plus en sret. Eh bien! Voil donc une affaire conclue! dit Hannibal. Je vais parler Bob et Peter... La tante Mathilda parut sur le perron : Le second lit est en place! annona-t-elle. Tu aurais pu nous donner un coup de main, Hannibal!... J'ai insist pour que Mme Dobson retourne loger l'auberge, mais elle s'entte vouloir occuper la maison de son pre. Elle espre que celui-ci reparatra d'une minute l'autre. C'est bien possible, opina Hannibal. Aprs tout, cette maison est la sienne. Mme Dobson parut son tour. Elle semblait plus calme. Ma chre, lui dit la tante Mathilda, puisque nous ne pouvons rien faire de plus pour vous, nous allons partir. Si quelque chose vous effraie, rfugiez-vous chez nous. Et surtout, soyez prudente! Elose Dobson promit de l'tre et de s'enfermer au verrou. Sur le chemin du retour, la tante Mathilda dclara Hans et Hannibal : Les Dobson peuvent s'enfermer, c'est certain! Mais ils ne peuvent pas faire jouer les verrous de l'extrieur. Le Potier doit avoir toutes les cls sur lui. Ils devront faire venir un serrurier. Et penser qu'ils n'ont pas de tlphone! Sitt arriv au Paradis de la Brocante, Hannibal se faufila dans la caravane-Q.G. pour appeler au tlphone les deux autres dtectives. Nous avons un client! annona-t-il gravement Peter. Il ne nous reste plus qu' dbrouiller le mystre!

CHAPITRE VIITRAGDIE ROYALE

IL tait cinq heures passes lorsque les Trois A dtectives se runirent dans leur Q.G. secret. Hannibal parla ses camarades de l'installation des Dobson dans la maison du Potier et de l'apparition des empreintes de feu. Nom d'un ptard! s'exclama Peter. Peut-tre que le Potier est mort et qu'il revient hanter sa demeure! C'est ce que Hans a tout de suite suggr, dit Hannibal. Mais ces empreintes n'ont pas t faites par le Potier! Notre ami barbu marche nu-pieds depuis des annes. Ses pieds se sont largis. Or, les traces laisses sur le lino de la cuisine sont troites... comme si elles appartenaient un homme de petite taille ou une femme. Mme Dobson? avana Peter. Comment aurait-elle fait? Elle est descendue avec moi. Et j'tais juste derrire elle quand elle est entre dans la cuisine. Et puis, pourquoi aurait-elle organis une telle mise en scne? Les trangers de la Maison de la colline"} proposa encore Peter. Possible, admit Hannibal. Je les ai vus descendre sur la plage tandis que nous tions en train de dcharger la camionnette. Pendant que nous tions tous au premier tage, ils ont fort bien pu entrer par la porte de devant, que nous avions laisse ouverte. Ils auraient alors eu le temps de disposer les empreintes et d'y mettre le feu, par un procd que j'ignore encore. Enfin, ils auraient galement pu sortir par-derrire et regagner la plage... Peter! qu'as-tu dcouvert propos de la Maison de la colline'} Le dtective adjoint sortit un carnet de sa poche. J'ai eu de la chance, expliqua-t-il modestement. Je suis pass chez M. Holtzer pour lui demander si, par hasard, il ne voulait pas que je tonde sa pelouse. Il n'avait pas besoin de mes services, mais je n'ai eu aucun mal lui tirer les vers du nez. Il tait tout dispos parler. Il tait tellement heureux! Voil quinze ans, m'a-t-il expliqu, que la Maison de la colline tait inscrite sur ses registres. Et elle est en si mauvais tat qu'il n'avait jamais pu, pendant tout ce temps, arriver la vendre ou la louer. Or, voil qu'un tranger s'est prsent son agencepour dclarer que seule la maison en question lui convenait. L'inconnu a sign tout de suite un bail d'un an et a pay trois mois d'avance. M. Holtzer ne se tenait plus de joie. Sais-tu le nom du locataire? Oui : Hyan Demetrieff, moins que ce ne soit Demetrioff. Je l'ai lu l'envers sur le registre et je n'ai pas pu voir s'il s'agissait d'un e ou d'un o. L'adresse antrieure de ce bonhomme est 2901 Wilshire Boulevard, Los Angeles. Bob attrapa l'annuaire, le consulta, puis secoua la tte : II n'est pas l-dedans! Des tas de gens n'y sont pas! dit Hannibal. Nous vrifierons cette adresse plus tard et nous chercherons nous renseigner sur ce M. Demetrieff... Pour l'instant, je voudrais bien en savoir davantage sur l'aigle deux ttes. Cet oiseau semble tre d'une importance capitale. Il figure non seulement sur le mdaillon du Potier et sur les urnes, mais aussi sur une grande plaque de cramique encastre dans un mur de sa maison. Bob sourit : L encore nous avons de la chance, dclara-t-il. Pas besoin de consulter les bouquins de la bibliothque. Mon pre a- reu un catalogue illustr qui tombe pic! Regardez! Bob dposa sur le bureau, devant ses camarades, une trs lgante revue au papier glac ayant pour titre Richesses royales. Au-dessous, en lettres plus petites, on pouvait lire : Reportage photographique des bijoux de la couronne dans diffrents royaumes d'Europe, comment par E.P. Farnworht. La couronne royale de Karathie!

Hannibal dsigna la splendide photo qui ornait la jaquette : N'est-ce pas la couronne royale britannique? demanda-t-il. L'une des couronnes, corrigea Bob. La Grande-Bretagne en possde deux, je crois, plus de nombreux sceptres. Les auteurs de ce reportage ont d pas mal voyager! On y parle aussi de la Russie. Les Russes ont une vritable passion pour les aigles. Je crois que l'aigle qui nous intresse est celui-ci... Bob avait ouvert le livre une page du milieu. La couronne royale de Karathie! annona-t-il.Peter se pencha en avant pour mieux voir. Un sifflement lui chappa... La couronne royale de Karathie ressemblait un casque... un casque d'or serti de pierres bleues. Au sommet, quatre bandes d'or encerclaient un norme rubis et, au-dessus de la splendide pierre, se dressait un aigle carlate deux ttes, aux ailes dployes. Les ttes regardaient droite et gauche. On voyait briller leurs yeux de diamant au-dessus des becs qui s'ouvraient comme pour attaquer. C'est bien l'aigle de notre ami le Potier! s'cria Hannibal. Voyons le commentaire!... II lut tout haut : La couronne royale de Karathie fut excute en 1543 par Boris Kerenov. L'artiste eut l'ide d'utiliser, pour cette couronne, le motif qui ornait le casque port par le duc Federic Azimov la bataille de Karlon. La victoire remporte par Azimov Karlon mit fin aux guerres civiles qui dvastaient le petit pays de Karathie. Vaincus par le duc, les barons du Sud firent un sermentsolennel : la paix de la Karathie ne serait plus jamais trouble! L'anne suivante, le duc Federic runit les nobles dans la forteresse de Madanhoff et se proclama lui-mme roi de Karathie. Les nobles, isols dans la forteresse et coups de leurs armes, ne purent que s'incliner et le reconnurent comme leur souverain. Un seul, Yvan le Hardi, refusa de se soumettre. Selon la lgende, ce fier guerrier aurait t excut dans la forteresse de Madanhof et sa tte expose au bout d'une pique. Le couronnement de Frdric Ier de Karathie eut lieu dans la chapelle de Madanhoff en 1544. La couronne, dessine et ralise par Boris Kerenov, resta la proprit de la famille Azimov pendant prs de quatre cents ans. Elle fut utilise pour la dernire fois en 1913 pour le couronnement de Wilhem IV. Aprs le renversement de la dynastie des Azimov, en 1925, la couronne fut dclare bien public du peuple de Karathie. Elle se trouve actuellement expose au muse national de Madanhoff, capitale du royaume proche de l'ancienne place forte du duc Federic. La couronne Azimov, faite d'or massif incrust de lapis-lazuli, est surmonte d'un norme rubis. Cette gemme merveilleuse aurait appartenu autrefois Yvan le Hardi dont tous les biens, aprs son excution, furent confisqus par Federic Azimov. L'aigle deux ttes que l'on voit au-dessus du rubis est l'emblme de la dynastie des Azimov. Boris Kerenov l'a excut en or et en mail. Les yeux sont des diamants trs purs pesant chacun plus de deux carats. Hannibal interrompit sa lecture pour regarder de prs la photo de la couronne. Ainsi, murmura Peter, pour se faire sacrer roi, Federic Azimov n'a pas hsit dcapiter l'opposition. Le fait d'utiliser le rubis vol au pauvre Yvan pour embellir sa couronne n'ajoute rien sa gloire, fit remarquer Bob. Dans ce temps-l, dit Hannibal, les gens ne se piquaient pas de dlicatesse. Et ils n'taient gure doux. Ils n'ont pas t plus doux en 1925, rappela Bob. Au fait, j'ai cherch la Karathie dans l'encyclopdie. Eh bien, croyez-le ou non, mais elle existe toujours! Tu veux dire qu'aucune grande puissance ne se l'est annexe? demanda Hannibal, surpris. Exactement. C'est aujourd'hui la rpublique de Karathie. Elle couvre soixante-treize miles carrs et a une population d'environ vingt mille habitants. Sa production principale est le fromage. Elle possde une arme permanente de trois cent cinquante hommes, dont trente-cinq gnraux. Il y a donc un gnral pour dix hommes! s'exclama Peter. Voil une arme qui ne manque pas de chefs! dit Hannibal en riant. Continue, Bob... La Karathie est gouverne par une assemble nationale constitue par les trente-cinq gnraux plus un reprsentant de chaque dpartement ou province. Comme il n'y a que dix provinces, on peut imaginer ce que donne le vote 'dans un tel pays. En d'autres termes, les gnraux dirigent! souligna Hannibal. Ce sont eux, galement, qui lisent le prsident, dit Bob. Et les Azimov? Que deviennent-ils dans tout a? s'enquit Peter. Ah! Eux, ils ne sont plus l! Ils ont sombr en 1925. Wilhem IV, rappelez-vous, tait le dernier roi rgnant. Il avait pous une jeune fille noble, sa cousine, et par consquent une Azimov elle aussK Or, la reine avait des gots de luxe. Elle aimait les bracelets de diamants et s'habillait chez les plus grands couturiers de Paris. Elle avait en outre quatre enfants dont chacun avait un prcepteur personnel, une voiture et des chevaux. Sous le rgne de Wilhem IV, les caisses du Trsor se vidrent tragiquement. Le roi, endett, mit une taxe sur les fromages sortant des laiteries karathiennes. Bien entendu, le peuple commena murmurer. Les gnraux saisirent leur chance... Ils attendirent le jour anniversaire du roi et, lorsque tous les Azimov se trouvrent runis dans la capitale, ils pntrrent dans le palais et dclarrent Wilhem qu'il n'tait plus roi. Qu'arriva-t-il alors? demanda Hannibal. A peu de chose prs, ce qui est arriv Yvan le Hardi, rpondit Bob. D'aprs un rapport officiel, Sa Majest Wilhem IV serait devenue subitement folle et aurait saut par la fentre. Tu crois que quelqu'un l'a pouss? demanda Peter, horrifi. a en a tout l'air, mon vieux. Et ce n'est pas tout! Le reste de la famille aurait t tellement boulevers que tous se seraient suicids de diverses manires. La reine, entre autres, se serait empoisonne.

Et le peuple a aval cette histoire? s'cria Peter. Avec les gnraux au pouvoir, la contestation n'tait gure possible. Du reste, comme les gnraux en question se sont empresss d'enlever la taxe sur les fromages, le peuple ne pouvait que les approuver. Le palais royal est devenu muse national, et les joyaux de la couronne ont t proclams bien populaire et le peuple pourra ainsi les admirer loisir. Mais sans que personne puisse jamais les porter! ajouta Hannibal. Quelle histoire fantastique! Mais aprs tout, elle peut trs bien tre vraie. On a vu plus extraordinaire que a... Dis-moi, Bob, y a-t-il encore des Azimov de nos jours? Je pense que non, mais je vrifierai demain, la bibliothque. Si l'on en croit l'encyclopdie,la famille s'est teinte lorsque le roi Wlhem a saut du balcon. Hannibal tait pensif. Tom Dobson m'a racont que son grand-pre tait venu d'Ukraine. Et si Tom faisait erreur? Le Potier et l'aigle des Azimov semblent tre de vieux amis. Je me demande si le Potier n'est pas li .d'une manire quelconque la famille royale de Karathie. Ou aux gnraux rvolutionnaires , dit Bob. Peter frissonna. II est impossible qu'une famille tout entire se soit supprime! dclara-t-il. Rappelez-vous ce qui s'est pass pour les Romanov, en Russie... Les Romanov ont t massacrs, dit Hannibal. Exact. Et si le Potier a particip au massacre de Karathie, je prfre avoir affaire lui le moins possible!

CHAPITRE VIII

ENQUTE

hannibal dclara d'une voix ferme : Quel que soit le pass du Potier, je suis persuad que Tom Dobson et sa mre l'ignorent autant que nous. Ils ne savent que deux choses : le Potier fait de magnifiques cramiques et il a disparu! Les empreintes de feu dans la cuisine ont boulevers Mme Dobson, et Tom ne se sent pas trop l'aise lui non plus. J'ai propos Tom que l'un de nous aille passer la nuit avec eux. Cet arrangement prsente deux avantages : nos amis se sentiront davantage en sret et l'un de nous se trouvera sur place s'il se produit un faitnouveau. J'ai besoin de Tom pour enquter dans un certain domaine. Tu vas donc tlphoner ta mre, Peter, pour... Non! Pas moi! s'cria Peter. Ecoute, Hannibal! De nouvelles empreinte? de feu pourraient fort bien incendier la maison tout entire. Et je ne me vois gure sautant par une des fentres du haut. C'est horriblement dangereux. , Tu ne seras pas seul l-bas, voyons! Le roi Wilhem lion plus n'tait pas seul quand il a fait le grand sauf. Bon! si tu as peur; n'en parlons plus, dit Hannibal. J'irai moi-mme. Mais j'avais espr... Oh, a va! grommela Peteri Puisque tu le prends sur ce ton! Allez! Passe-moi l'appareil... II forma le numro de tlphone de ses parents : All! Maman?... Je suis avec Hannibal. Puis-je rester pour la nuit?... Oui, toute la nuit... Nous faisons des recherches... Au sujet d'un mdaillon. Il a disparu... Le tlphone crachota des bribes de phrases qui semblaient trahir du mcontentement. Hannibal dit que sa Jante est d'accord, ajouta Peter. Et je serai de retour d bonne heure demain matin... Non, non, je, n'oublie pas que je dois tondre la pelouse... Bon! Trs bien maman! Bonne nuit! Et merci! Peter raccrocha, cdant la place Bob. Celui-ci obtint de son ct la permission de rester pour dner chez les Jones. A peine venait-il de remettre le combin en place que la voix de la tante Mathilda parvint aux oreilles des trois garons. Hannibal! Hannibal! O donc es-tu? Vite! ordonna le chef des dtectives. Le trio se prcipita dans le tunnel n 2 pour merger dans l'atelier d'Hannibal dont ils se htrent e franchir la porte. Ah! Vous voil! dit la tante Mathilda debout au seuil du bureau. Je me demande de quoi vous pouvez bien parler, enferms dans cet atelier! A table, Hannibal! S'il te plat, ma tante, est-ce que Bob et Peter peuvent manger avec nous ce soir? Bien sr! rpondit la brave femme. Mais qu'ils passent un coup de fil leur mre pour qu'elle ne s'inquite pas. Vous pouvez vous servir du tlphone du bureau, mes enfants! Et n'oubliez pas de fermer la porte derrire vous! Elle sortit de la cour du bric--brac, traversa le chemin et disparut dans la maison. Les trois garons se regardrent en riant. Cinq minutes plus tard, les Jones et leurs invits taient attabls devant un copieux repas que l'oncle Titus agrmenta de bonnes histoires.Aprs le repas, les dtectives aidrent leur htesse dbarrasser la table et faire la vaisselle. Puis ils se prparrent sortir. O allez-vous? demanda la tante Mathilda. Nous n'avons pas tout fait achev notre travail, expliqua Hannibal sans mentir. Bon. Mais ne vous attardez pas trop et bouclez bien tout quand vous aurez fini. Une fois de retour au Paradis de la Brocante, Peter reprit sa bicyclette. Comment Tom Dobson saura-t-il qui je suis? demanda-t-il. Tu le lui diras, tout simplement! rpondit Hannibal. Il sait ton nom : je lui ai remis une de nos cartes. Parfait! Et Peter, enfourchant sa bicyclette, sortit de la cour et fila vers la grand-route. Maintenant, dcida Hannibal, -occupons-nous de ce M. Demetrieff qui a lou la Maison de la collifie. Je pense que Warrington pourra nous aider. Quelque temps auparavant, Hannibal avait gagn le premier prix d'un concours organis par une firme d'automobiles. Ce prix mettait sa disposition, tout un mois durant, une magnifique Rolls-Royce plaque or et son chauffeur, un certain Warrington. Trente jours v durant, donc, Hannibal et ses amis s'taient servis de la voiture et de Warrington pour enquter dans diffrentes affaires. Le chauffeur, enthousiaste, tait devenu lui-mme un brillant dtective amateur. On pouvait, en toute confiance, avoir recours lui.Bob jeta un coup d'il sa montre. II est plus de sept heures et demie, annona-t-il. On ne peut pas demander Warrington de venir nous rejoindre une heure aussi tardive... surtout un dimanche soir! Il n'est pas obligatoire qu'il se dplace, riposta Hannibal. Il habite Los Angeles, tout prs du boulevard Wilshire o Demetrieff est suppos avoir rsid. A moins qu'il n'ait quelque chose de trs important affaire, je suis sr qu'il acceptera d'aller faire un tour l'ancienne adresse de notre suspect. Il pourra apprendre quelque chose... Les deux garons tlphonrent donc Warrington. Celui-ci parut ravi de l'appel. Hannibal n'y alla pas par quatre chemins. Il proposa toutde suite au chauffeur de faire une petite enqute pour les dtectives. ... Sauf, bien entendu, ajouta-t-il poliment, si vous tes trop occup! Occup, je le suis terriblement! rpondit Warrington. Je suis en train de jouer au solitaire... et de perdre! L'interruption est la bienvenue. Voyons, que puis-je pour vous? Nous essayons d nous renseigner sur un certain M. Hyan Demetrieff, expliqua Hannibal qui pela le nom. A moins que ce soit Demetrieff. En tout cas, l'adresse est 2901 Wilshire Boulevard. Nous dsirerions savoir si M. Demetrieff a effectivement habit l rcemment... et aussi quoi ressemble au juste la maison. C'est deux pas de chez moi, dclara Warrington, enchant. Je vais aller me promener jusque l-bas et sonner un peu la porte. Fort bien, Warrington, approuva Hannibal. Mais que direz-vous si quelqu'un vient vous ouvrir? Warrington n'hsita qu'un quart de seconde : J'expliquerai que je fais partie du comit pour l'embellissement du quartier. Je demanderai la personne qui m'ouvrira ce qu'elle penserait d'une bordure d'arbustes en pot le long de la contre-alle. Bravo, Warrington! s'cria Hannibal. Vous tes plein d'ides! Warrington promit d'appeler les dtectives leur Q.G. ds qu'il serait revenu de sa mission, c'estr-dire environ une demi-heure plus tard. Aprs quoi il raccrocha tout joyeux.En attendant son coup de fil, Hannibal et Bobse mirent discuter. La dmarche du chauffeur serait-elle ou non couronne de succs?Soudain, le tlphone se mit sonner... infiniment plus tt que les dtectives ne s'y attendaient. Pourtant, c'tait bien Warrington! Navr, monsieur Hannibal, dit le chauffeur, mais personne n'habite au 2901 de Wilshire Boulevard! C'est un petit btiment usage professionnel. A cette heure tardive, bien sr, les portes en taient fermes. Oh! fit Hannibal. Cependant, poursuivit Warrington, j'ai pu glaner quelques informations. J'ai relev les noms des socits et des particuliers occupant l'immeuble. Voici la liste : tude d'un notaire, M. Random; cabinet d'un mdecin, le docteur Carmichael, bureaux de la compagnie Jensen, dlgation du ministre des Affaires trangres de Karathie, rdaction de la Revue de la Mode... Quoi! s'cria Hannibal dans l'appareil. Voulez-vous rpter, s'il vous plat? Rdaction de... Non, non! Juste avant! Dlgation du ministre des Affaires trangres de Karathie! Warrington! Voil exactement le renseignement que je voulais! dclara Hannibal plein d'enthousiasme. Vraiment! rpondit Warrington, tonn. Il n'y a pourtant pas de M. Demetrieff cette adresse. Mais si vous interrogiez quelqu'un de la dlgation, vous apprendriez peut-tre que M. Demetrieff est en train de prendre sesvacances Rocky Allons, merci, Warrington! Vous avez fait du bon travail! Le chef des dtectives raccrocha et, se tournant vers Bob : Ainsi, le nouveau locataire de la Maison de la colline a des attaches avec le ministre des Affaires trangres de Karathie... L'aigle deux ttes orne la couronne de Karathie. C'est galement le symbole favori du Potier. Et un homme en relation avec le ministre des Affaires trangres de Karathie vient de louer une maison qui domine celle du Potier. Tout cela suggre de nombreuses possibilits... Peut-tre le Potier est-il Karathien? mit Bob. Et peut-tre pourrions-nous, nous, pousser une petite visite la Maison de la colline... rpliqua Hannibal d'un air dcid. Ce soir mme? demanda Bob, tonn. - Tout de suite! rpondit Hannibal.

CHAPITRE IX

LA MAISON DE LA COLLINE

hannibal et Bob quittrent la cour du bric--brac par la porte rouge et marchrent d'un bon pas jusqu'.un endroit d'o plusieurs sentiers p