agriculture et developpement durable

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UNIVERSITE DE COCODY REPUBLIQUE DE COTE D’IVOIRE ================================ ========================= UFR : LANGUES, LITTERATURE ET CIVILISATION UNION – DISCIPLINE - TRAVAIL ================================ CHAIRE UNESCO POUR LA CULTURE DE LA PAIX ================================== AGRICULTURE EN AFRIQUESUBSAHARIENNE : ENJEUX, PROBLEMATIQUES ET DEFIS A RELEVER Sory OUATTARA Enseignant au Département de Formation et de Recherche Agriculture et Ressources Animales (DFRARA) de l’Institut National Polytechnique Félix Houphouët Boigny de Yamoussoukro

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UNIVERSITE DE COCODY REPUBLIQUE DE COTE D’IVOIRE

================================ =========================

UFR : LANGUES, LITTERATURE ET CIVILISATION UNION – DISCIPLINE - TRAVAIL

================================

CHAIRE UNESCO

POUR LA CULTURE DE LA PAIX

==================================

AGRICULTURE EN

AFRIQUESUBSAHARIENNE :

ENJEUX, PROBLEMATIQUES

ET DEFIS A RELEVER

Sory OUATTARA

Enseignant au Département de Formation et de Recherche

Agriculture et Ressources Animales (DFRARA)

de l’Institut National Polytechnique Félix Houphouët Boigny

de Yamoussoukro

Page 2: Agriculture et developpement durable

TABLE DES MATIERES

CHAPITRE

PAGE

INTRODUCTION

I DEFINITIONS DE QUELQUES NOTIONS ET CONCEPTS

1.1 L’agriculture et l’agronomie

1.2 L’exploitation agricole

1.3 Les politiques agricoles

1.4 La pauvreté 1.5 La croissance

1.6 Le développement II RAPPEL HISTORIQUE ET CONTEXTE DEL’AGRICULTURE EN

AFRIQUESUBSAHARIENNE

2.1Période précoloniale

2.2 Période coloniale

2.3 Période après indépendance

III ENJEUX DE L’AGRICULTURE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE

3.1 Enjeux au plan économique

3.2 Enjeux au plan social

3.3 Enjeux au plan environnemental

3.4 Enjeux au plan de la souveraineté

IV CARACTERISTIQUES DE L’AGRICULTURE ET DE SES PRODUCTIONS EN

AFRIQUE SUBSAHARIENNE

4.1 Les caractéristiques essentielles de l’agriculture 4.2 Les productions tropicales

V PROBLEMATIQUES DE L’AGRICULTURE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE

5.1 Problématique générale

5.2 La croissance agricole

5.3 La sécurité alimentaire

5.4 La biosécurité

5.5 La biodiversité

5.6 Le foncier

5.7 Le financement

VI DEFIS A RELEVER PAR L’ENSEMBLE DES ACTEURS

6.1 La Lutte contre la pauvreté

6.2 L’amélioration de la croissance agricolepar l`agriculture familiale

6.3 La lutte contre l’insécurité alimentaire 6.4 La vigilance sur la biosécurité

6.5 La sauvegarde de la biodiversité

6.6 La clarification et la sécurisation du foncier rural

6.7 L’amélioration de l’épargne et du crédit

CONCLUSION

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SIGLES ET ABREVIATIONS

ACECA Association des coopératives d’épargne et de crédit d’Afrique AFD Agence Française de développement ACEP : Alliance de crédit et d’épargne pour la production, du Sénégal AQUADEV Aquaculture et développement AISFD - CI : Association interprofessionnelle des systèmes financiers décentralisés de Côte d`Ivoire CUNA : Association nationale des coopératives d’épargne et de crédit des Etats-Unis ANAC - CI : Association nationale des CREP et COOPEC de Côte d’Ivoire BCEAO : Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest BNDA : Banque nationale de développement agricole BNDA-Mali Banque nationale de développement agricole Mali BOA - Mali Banque of Africa - Mali BIP40 Baromètre des inégalités et de la pauvreté BNB Bonheur national brut

BIT Bureau International du Travail CCCE Caisse centrale de coopération CICA : Caisse ivoirienne d’épargne et de crédit agricole CMEC : Caisse mutuelle d’épargne et de crédit

CREP : Caisse rurale d’épargne et de prêt CME : Centre des métiers d’électricité IFDC Centre international de développement des engrais CIDR : Centre international de développement et de recherche CNM Commission nationale pour la micro finance CEMAC Communauté Economique des Etats de l`Afrique Centrale CEDEAO Communauté Economique des Etats de l`Afrique de l`Ouest CEE Communauté Economique Européenne ACCU Confédération des coopératives d’épargne et de crédit d’Asie COOPEC Coopérative d’épargne et de crédit COOPECA : Coopérative d’épargne et de crédit d’Abobo CFCC : Coopérative financière de la communauté Chrétienne CMS : Crédit mutuel du Sénégal DSRP : Document de stratégie de la réduction de la pauvreté ENSEA : Ecole nationale supérieure de statistique et d’économie appliquée FECECAM : Fédération des caisses d’épargne et de crédit agricole mutuelle du bénin FONGS Fédération des Organisations Non Gouvernementales FUCEC : Fédération des unions coopératives d’épargne et de crédit du Togo FENACOOPEC : Fédération nationale des coopératives d’épargne et de crédit de Côte d’Ivoire FIDES Fonds d’Investissement pour le Développement Economique et Social FIPE - CI : Fonds d’investissement pour le personnel enseignant de Côte d’Ivoire FIDA Fonds international de développement agricole FIDRA Fonds ivoirien pour le développement de la retraite active

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FLEC : Fonds local d’épargne et de crédit FMI Fonds Monétaire International FCFA : Franc de la communauté financière africaine IPH Indicateur de Pauvreté Humaine IDH Indice de Développement Humain

PPTE Initiative Pays Pauvres Très Endette IRD : Institut de recherche pour le développement IMF Institution de micro financement IFS : Institution financière spécialisée ICEF : International de conseil, d’étude et ne formation MINAGRA : Ministère de l’agriculture et des ressources animales MUTAS : Mutuelle d’action sociale MUCREFAB : Mutuelle de crédit et d’épargne des femmes d’Aboisso MUCREFBO : Mutuelle de crédit et d’épargne des femmes de Bouaflé MUCREF - DAL Mutuelle de crédit et d’épargne des femmes de Daloa NEPAD Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique OMD Objectifs du Millénaire pour le développement ONPR : Office national pour la promotion rurale ONU Organisation des Nations Unies OMC Organisation Mondiale du Commerce ONG : Organisation non gouvernementale OP Organisation Professionnelle OPA : Organisation Professionnelle agricole PFR Plan Foncier Rural PIB : Produit Intérieur brut PLB : Produit local brut PNB Produit National Brut

PAM Programme alimentaire mondial PARMEC : Programme d’appui à la réglementation des mutuelles, d’épargne et de crédit ECOLOC : Programme de la relance des "économies locales" en Afrique de l’ouest PNUD Programme des Nations Unies pour le Developpement CAADP Programme intégré pour le développement de l’agriculture en Afrique CAADP Programme intégré pour le développement de l’agriculture en Afrique PNGTER : Projet national de gestion des terroirs et d’équipement rural RCMEC : Réseau des caisses mutuelles d’épargne et de crédit RCPB : Réseau des caisses populaires du Burkina ROPPA Réseau des Organisation Professionnelle en Afrique SODEFOR Société de Développement des Forets SMEC structures mutualistes d'épargne et de crédit SFD : Système financier décentralisé FVD Une propriété en faire-valoir direct UEMOA : Union économique et monétaire ouest africaine UNACOOPEC - CI : Union nationale des coopératives d’épargne et de crédit de Côte d’Ivoire USAID : United states agence for international developement VIH/SIDA : WOCCU :

Virus de l’Immuno Déficience humaine du syndrome immunodéficitaire acquis Conseil mondial des coopératives d’épargnes et de crédit

Page 5: Agriculture et developpement durable

INTRODUCTION Depuis l’apparition des êtres vivants sur terre, la préoccupation majeure a été et

demeure la satisfaction des besoins alimentaires. Chez les hommes, après des périodes où l’on se nourrissait grâce à la cueillette, la nécessité de production va s’imposer par le simple fait que les fruits de la nature n’étaientsoit pas suffisants, soitpas disponibles tout le temps, soit pas renouvelables. L’activité agricole, donc l’agriculture, va se développer au fil du temps et s’amplifier lorsque d’autres besoins tels que les besoins monétaires vont faire leur apparition. Les besoins de nourriture commandent la cueillette et dans une certaine mesure, l’activité de production. Les besoins monétaires s’imposent car il faut bien assurer la scolarité des enfants, faire face aux soins de santé de la famille, cotiser pour la construction des écoles, participer aux frais de réparation des pompes villageoises, etc. Ces besoins se font d’ailleurs de plus en plus pressants en raison de l’aspiration légitime des paysans à plus de confort. En bref, les activités de production dégageant des surplus sont appelées à se développer.

L’Afrique possède une grande variété de zones agro-écologiques, qui vont des forêts

ombrophiles marquées par deux saisons des pluies à une végétation relativement clairsemée, sèche et aride, arrosée une fois l’an. Si cette diversité constitue un énorme atout, elle représente tout de même un grand défi pour le développement agricole de l’Afrique. D’une part, elle offre un immense potentiel en termes de denrées et produits agricoles susceptibles d’être produits et commercialisés sur les marchés intérieurs et extérieurs. D’autre part, cette diversité exclut toute solution générale aux problèmes que pose le développement agricole sur l’ensemble du continent. Par conséquent, la programmation et la mise en œuvre d’interventions dans ce secteur doivent être adaptées aux conditions propres à chaque zone agro-écologique et à la situation socioéconomique des ménages ruraux vivant dans les différents pays du continent.

Au cours des trois dernières décennies, les gains de productivité agricole en Afrique

ont été obtenus dans une large mesure par une expansion continue des cultures pluviales, en particulier, les cultures vivrières, sur des terres de plus en plus marginales et/ou par la réduction des périodes traditionnelles de jachère entre deux cycles de culture.

Soumis à la forte pression démographique, les ménages ruraux ont été contraints

d’adopter des pratiques agricoles qui assurent leur survie. Malheureusement, les stratégies de sécurité alimentaire des ménages n’ont pas accordé beaucoup d’importance à l’accroissement de la productivité des exploitations agricoles par l’intensification du rendement par parcelle de terre cultivée – c’est-à-dire par l’accroissement du rendement des cultures à l’hectare.

Hormis l’agriculture commerciale qui couvre une gamme relativement restreinte de

cultures, l’utilisation d’intrants agricoles, c’est-à-dire de semences améliorées, d’engrais inorganiques, d’insecticides et de pesticides, est nettement moins répandue en Afrique que dans les autres régions en développement du monde. Souvent, la quantité d’engrais inorganique utilisée à l’hectare est inférieure à dix kilogrammes de nutriments. Pour l’heure, l’utilisation des produits agrochimiques et/ou de techniques de lutte intégrée contre les maladies végétales et les parasites reste largement limitée aux cultures d’exportation.

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L’expansion continue des cultures s’est faite aux dépens des autres systèmes

d’utilisation des ressources naturelles. L’une des conséquences de ce phénomène a été la destruction rapide des ressources forestières par le défrichement et la surexploitation des terres aux fins de production de bois de feu et d’autres utilisations domestiques. Un autre effet plus subtil de cette situation est la détérioration des systèmes de transhumance du bétail, provoquée par l’utilisation à des fins de culture de superficies de plus en plus étendues de terres autrefois réservées au pâturage de saison sèche.

La surexploitation des ressources halieutiques constitue un problème grave quand les

ressources communautaires sont exploitées pour générer des profits personnels. L’absence de dispositions réglementaires appropriées et, lorsqu’elles existent, leur mauvaise application, ont eu pour conséquence directe la baisse actuelle du volume des prises et compromettent sérieusement les chances d’une reconstitution suffisante des stocks de poisson à l’avenir.

On ne soulignera jamais assez l’importance de l’agriculture pour l’avenir économique de l’Afrique. Plus de 65 % des quelque 750 millions d’habitants de l’Afrique subsaharienne travaillent dans l’agriculture, et le secteur est à l’origine de plus du quart du produit intérieur brut dans la plupart des pays. Les produits agricoles représentent environ 20 % des échanges commerciaux internationaux de l’Afrique et constituent l’une des principales sources de matières premières pour l’industrie.

Conscients de cette importance, les partisans du plan de développement du continent,

le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), ont publié en 2003 le Programme intégré pour le développement de l’agriculture en Afrique (CAADP). Ses objectifs sont ambitieux atteindre des taux de croissance de 6 % par an dans les zones rurales d’ici à 2015, intégrer et dynamiser les marchés agricoles régionaux et nationaux, augmenter considérablement les exportations agricoles, faire de l’Afrique un “acteur stratégique” à l’échelle mondiale dans le domaine des sciences et technologies agricoles, adopter des techniques adéquates de gestion de l’environnement et des terres et réduire la pauvreté en milieu rural. Le plan comprend quatre domaines prioritaires ou grands axes d’investissement visant à revitaliser l’économie rurale :

− accroître la superficie des terres agricoles irriguées en Afrique et améliorer la gestion des terres et les techniques agricoles afin de préserver et d’améliorer la qualité des sols

− investir dans les infrastructures rurales, notamment des routes et chemins de fer, des sites de stockage et de traitement, des marchés, des systèmes de communication et des réseaux d’approvisionnement fiables pour les agriculteurs

− faire de la production alimentaire une priorité importante, pour combattre la faim et développer les exportations, et améliorer les interventions d’urgence en cas de catastrophe naturelle et de conflit

− renforcer la recherche et le développement dans le domaine agricole en Afrique, notamment en ce qui concerne les méthodes technologiques et agricoles de pointe et faire bénéficier rapidement et véritablement les agriculteurs, fournisseurs et acheteurs des progrès réalisés

Au vu de tout ce qui précède, il apparait de toute évidence que la question du

développement agricole n’est pas aussi simple qu’on pourrait le croire. Pour donc continuer la réflexion, le présent document s’organise autour de six principaux axes que sont :

Page 7: Agriculture et developpement durable

− Définitions et caractérisations de quelques notions et concepts

− Rappel historique et contexte de l’agriculture en Afrique subsaharienne

− Enjeux de l’agriculture en Afrique subsaharienne

− Caractéristiques de l’agriculture et de ses productions en Afrique tropicale

− Problématiques de l’agriculture en Afrique subsaharienne

− Défis à relever.

Page 8: Agriculture et developpement durable

I DEFINITIONS DE QUELQUES NOTIONS ET CONCEPTS 1.7 L’agriculture et l’agronomie

1.7.1 L’agriculture

1.7.1.1 L’agriculture au sens général

L’agriculture (du latin agricultura) est un processus par lequel les hommes aménagent leurs écosystèmes pour satisfaire les besoins de leurs sociétés. Elle désigne l’ensemble des savoir-faire et activités ayant pour objet la culture des terres, et, plus généralement, l’ensemble des travaux sur le milieu naturel (pas seulement terrestre) permettant de cultiver et prélever des êtres vivants (végétaux, animaux, voire champignons ou microbes) utiles à l’être humain.

L'agriculture peut être définie comme l'ensemble des travaux qui permettent la

production des végétaux et des animaux utiles à l'homme. La pratique de l'agriculture suppose la transformation du milieu naturel en milieu cultural. En économie politique, l’agriculture est définie comme le secteur d’activité dont la fonction est de produire un revenu financier à partir de l’exploitation de la terre (culture), de la forêt (sylviculture), de la mer, des lacs et des rivières (aquaculture, pêche), de l'animal de ferme (élevage) et de l'animal sauvage (chasse). Dans la pratique, cet exercice est pondéré par la disponibilité des ressources et les composantes de l'environnement biophysique et humain. La production et la distribution dans ce domaine sont intimement liées à l'économie politique dans un environnement global.

1.7.1.2 L’agriculture durable

L'agriculture durable (également appelée agriculture soutenable) est l'application à

l'agriculture des principes du développement durable. L’agriculture durable vise à assurer la fourniture pérenne de nourriture, de bois, de fibres et d’aménités en respectant les limites écologiques, économiques et sociales qui assurent le maintien dans le temps de cette capacité de production. Il s’agit donc de faire évoluer les systèmes de production et les pratiques agricoles en prenant en compte la finitude des ressources naturelles et la nécessité de préserver les écosystèmes pour garantir durablement la rentabilité économique, le bien-être social et le respect des équilibres écologiques. Les enjeux de l’agriculture durable se retrouvent naturellement au cœur de toute réflexion prospective ou évaluative sur l’agriculture ou les politiques agricoles.

1.7.1.3 L’agriculture biologique L’agriculture biologique est une méthode de production agricole qui se caractérise

par l'absence d'usage des produits de la chimie de synthèse. Elle se veut être le prolongement d'une agriculture extensive datant de plusieurs millénaires qui a été presque totalement exempte d'intrants chimiques, à l'opposé de leur utilisation massive par l'agriculture industrielle et intensive depuis le XXe siècle. Cette méthode affirme mieux respecter le vivant et les cycles naturels. Elle vise à gérer de façon globale la production en favorisant l'agrosystème mais aussi la biodiversité, les activités biologiques des sols et les cycles biologiques. Il n'existe pas de données mettant en évidence un impact environnemental de

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cette forme d'agriculture vis-à-vis de toutes les autres, pour toutes les cultures et en tous lieux, dans certains cas c'est l'inverse.

Pour atteindre les objectifs du label, les agriculteurs biologiques doivent respecter des

cahiers des charges et des normes qui excluent notamment l'usage d’engrais minéraux chimiques de synthèse et de pesticides de synthèse, ainsi que d'organismes génétiquement modifiés (OGM). Les agriculteurs qui pratiquent ce type d'agriculture misent, par exemple, sur la rotation des cultures, l'engrais vert, le compostage, la lutte biologique, l'utilisation de produits naturels comme le purin d'ortie ou la bactérie Bacillus thuringiensis, et le sarclage mécanique pour maintenir la productivité des sols et le contrôle des maladies et des parasites.

1.7.2 L’agronomie

L'agronomie quant à elle, regroupe depuis le XIXe siècle l’ensemble de la connaissance biologique, technique, culturelle, économique et sociale relative à l'agriculture. Au sens large, elle est l'étude scientifique des problèmes physico-chimiques, biologiques et économiques que pose la pratique de l'agriculture. Au sens stricte (du grec "agros" qui veut dire champ cultivé et de "nomos" qui veut dire étude des lois), c'est l'étude des relations entre un couvert végétal cultivé et les conditions de son environnement résultant des états du milieu physique (sol, climat) et biologique (flore, faune, parasites) transformés par des techniques en vue d'établir les lois de fonctionnement de ce couvert.

1.8 L’exploitation agricole En ce qui concernel’exploitation agricole, on ne peut pas prétendre donner une

définition précise car chaque exploitation a ses caractéristiques propres. Il existe, en fait, une diversité de types d'exploitations. De plus, elles varient énormément selon les époques, selon les pays, selon les régimes socio-économiques, selon les coutumes et traditions agraires de chaque groupement humain.

Selon De Law, l'exploitationagricole est uneunité économique dans laquelle

l'agriculteur pratique un système de production en vue d'augmenter son profit. Le système de production est la combinaison de productions et des facteurs de production (capital foncier- travail- etc.). Cette définition privilégie le profit comme mobile exclusif de l'activité agricole. Dans les agricultures traditionnelles africaines par exemple, le souci du paysan reste moins de réaliser des profits que de subsister. L'activité agricole s'apparente plus à un mode de vie qu'à une activité économique rentable.Dans les économies socialistes, le souci du planificateur est moins la recherche du profit que la réalisation du plein emploi et la rentabilité sociale de l'exploitation.

Il existe une infinité de critères de classement des exploitations agricoles. On peut

citer, entre autres : le marché auquel sont destinés les biens, l'appropriation du sol, les moyens de production, la superficie agricole utilisée, les revenus tirés de l'exploitation, le système de production. Nous allons développer les trios premierscritères.

− Le critère du marché Le marché auquel sont destinés les produits agricoles permet de catégoriser deux

grands groupes d'exploitations : les exploitations de subsistance(Elles sont généralement de petite taille. La production sert surtout à l'autoconsommation. C'est l'ensemble des polycultures de denrées alimentaires de base. Elles sont caractéristiques des économies

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autarciques peu développées où l'exploitant se préoccupe surtout de sa subsistance et de celle de sa famille. Il n'y a pas d'échange et les surplus sont stockés dans les greniers ou granges pour prévenir les périodes de famine. Dans leur forme actuelle, ces exploitations peuvent être de petites exploitations d'appoint (paysan -ouvrier, paysan -artisan) à finalité domestique dont le rôle est plus social qu'économique) et les exploitations commerciales (Ce sont des exploitations qui livrent au commerce intérieur et extérieur leurs produits. Elles produisent pour vendre. Le marché oriente les productions; les techniques de gestion pénètrent dans les fermes et le paysan devient un chef d'entreprise. Il est plus ouvert aux progrès techniques, il s'adapte rapidement aux situations nouvelles de l'évolution de la conjoncture économique. Iltravaille en technicien et pense en économiste).

− Le critèred'appropriation du sol C'est de loin, le critère le plus utilisé. On distingue alors trois types d'exploitations que

sont : l'exploitation individuelle, l'exploitation collective, l'exploitation en société.

• L'exploitation individuelle L'exploitation individuelle est gérée par un seul exploitant. Ce type d'exploitation peut être :

o Une propriété en faire-valoir direct (FVD). La terre appartient alors à celui qui la travaille. Il se charge d'organiser personnellement la production et la commercialisation de ses produits.

o Le second type d'exploitation individuelle est la ferme. Ici, l'exploitant n'est qu'un fermier, c'est-à-dire un locataire de la terre que lui a cédé le propriétaire. Il exploite la terre pour son propre compte, mais est tenu chaque année de verser au propriétaire, un loyer fixe appelé fermage.

o Le dernier élément est une métairie. Ici, un contrat fixe la répartition des charges et des produits entre le propriétaire et le métayer. Exemple : ‘’aboussan’’ en production cacaoyère

• L’exploitation collective Elle peut prendre l'une ou l'autre des formes suivantes selon que la terre est propriété de l'Etat, d'une collectivité territoriale ou propriété d'une collectivité d'individus. 1

er cas : La terre est la propriété de l'Etat. On distingue :

o les exploitations agricoles des établissements publics (fermes des lycées agricoles),

o les fermes d'expérimentation de certains instituts de recherches ou sociétés d'Etat,

o les blocs agro-industriels implantés par l'Etat (palmier à huile, hévéa), o les plantations forestières créées et gérées par l'Etat (cas des plantations de la

SODEFOR), o les réserves forestières, en régime socialiste, les fermes de l'Etat (cas de l'ex-

URSS des SOVKHOZ). 2

ème cas : la terre est la propriété d'une collectivité territoriale.

Elle est alors mise en valeur et gérée pour le compte de la collectivité par l'intermédiaire de gestionnaires et d'ouvriers salariés. Il s'agit notamment des fermes communales ou départementales. 3

ème cas : la terre est la propriété d'une collectivité d'individus.

Page 11: Agriculture et developpement durable

Ces individus, souvent des agriculteurs, exploitent la terre en commun sous forme d'une coopérative. Il s'agit en fait des coopératives de production qui peuvent prendre différentes formes spécifiques ou différentes dénominations selon les pays (exemple des KOLKHOZ en ex-URSS, et les COMBINAT en ex-YOUGOUSLAVIE et le cas des KIBBOUTZ en ISRAEL).

• L'exploitation en société La terre est propriété collective d'individus regroupés en société civile. Ces individus confient à un tiers le soin de gérer l'exploitation moyennant rémunération. En fin de campagne, ils se partagent les revenus des récoltes au prorata des apports de chacun.

− Le critèremoyens de production Compte tenu des moyens mis en œuvre et des facteurs de production mobilisés, on classe parfois les exploitations agricoles en petites, moyennes et grandes entreprises, mais il s'agit là d'une catégorisation artificielle et subjective. 1

ercas: L'exploitation familiale traditionnelle.

Elle a un caractère essentiellement familial parce que mise en valeur par l'agriculteur et sa famille. Le recours à une main-d'œuvre salariée occasionnelle, temporaire ou même permanente est limité. Les surfaces mises en œuvre sont souvent réduites. L'exploitation familiale est à la fois une unité de production, une unité sociale et une unité de consommation. La famille et l'entreprise se confondent. 2

ème cas : La grande entreprise agricole.

Elle constitue, essentiellement, une cellule de production de type industriel et capitaliste dont les activités sont basées sur l'échange, la recherche d'une plus grande productivité et ayant pour souci de rentabiliser les investissements. Elle est donc de grande taille et peut atteindre parfois des centaines ou des milliers d'hectares (exemples des FARMS aux USA, des LATIFUNDIA en Amérique Latine). 3

ème cas : Les exploitations à temps partiel.

L'augmentation de la population urbaine suite à l'exode rural et à la diminution de la population rurale, la raréfaction des terres et de la main-d'œuvre agricole, le développement des secteurs secondaires et tertiaires au détriment de l'agriculture rurale ont pour autres conséquences, le développement de l'agriculture à temps partiel; surtout si le niveau bas des revenus exige l'exercice d'autres activités. Il s'agit, en effet, d'une activité agricole exercée comme un appoint de revenu par un salarié, un commerçant, un retraité, etc.

1.9 Les politiques agricoles

1.9.1 Les définitions La politique agricole décrit un ensemble de lois relatives aux domestiques de

l'agriculture et les importations de produits agricoles étrangers. Les gouvernements mettent généralement en œuvre des politiques agricoles dans le but de parvenir à un résultat spécifique dans les marchés intérieurs des produits agricoles. Les résultats peuvent impliquer, par exemple, un niveau d'approvisionnement garanti, la stabilité des prix, la qualité du produit, la sélection des produits, l'utilisation des terres ou de l'emploi.

Page 12: Agriculture et developpement durable

La politique agricole se compose d’un ensemble d’interventions publiques qui portent sur l’agriculture nationale et sur les importations et les exportations de produits agricoles. Elle fixe des objectifs spécifiques dans différents domaines du secteur comme celui de l’organisation des marchés intérieurs des produits agricoles, de la sécurité alimentaire, de l’emploi agricole, de la répartition géographique des activités… En d’autres termes, une politique agricole se traduit par la définition d’un résultat spécifique et la mise en œuvre d’une combinaison d’instruments pour atteindre ce résultat.

La politique agricole peut se définir simplement comme étant l’ensemble des

interventions de l’Etat destinées à promouvoir et infléchir le développement agricole au nom de l’intérêt général ou de la collectivité nationale. Une politique agricole, c’est avant tout une vision pour s’accorder sur l’idée que l’on se fait de l’agriculture. S’agit-il de promouvoir la grande agriculture industrielle ou les exploitations familiales ? Une bonne politique passe forcément par la seconde option (NdiogouFall, ancien président du ROPPA). Une politique agricole doit gérer les priorités des besoins de la société, la qualité, les modes de production, dans un cadre social et écologique. (P. Nicholson, Via Campesina).

Une politique agricole se compose d’un ensemble de mesures d’interventions

publiques qui portent sur la production agricole nationale ou sur les importations et exportations de produits agricoles. Elle se caractérise généralement par « un ensemble de mesures réglementaires, dispositifs structurels, moyens financiers et humains interdépendants, mis en œuvre par la puissance publique pour contribuer à la progression du secteur agricole » (Ribier 2008). Les politiques agricoles concernent les actions que mène directement l’Etat au niveau de ses structures centralisées, ou au niveau des échelons décentralisées, mais aussi les actions visant à orienter le comportement des acteurs privés.

Cette définition d’une politique agricole « idéale » repose sur un certain nombre de

conditions qui ne sont que rarement réunies dans le contexte africain. Elle suppose : − qu’il y ait une cohérence globale tout au long du processus de politique agricole,

depuis le choix de la stratégie, la formulation des objectifs spécifiques, l’identification des instruments et mesures, leur mise en œuvre et leur évaluation, et qu’il y ait une cohérence avec les autres politiques sectorielles menées (commerciale, environnementale, etc.) ;

− qu’il existe des moyens inscrits dans la durée permettant de mettre en œuvre ces mesures, sans rupture dans le financement, de manière à ce que la politique soit appliquée de manière stable.

En pratique, ces conditions sont loin d’être vérifiées dans bon nombre de pays

africains. Les gouvernements dépendent en effet principalement des financements des partenaires au développement, dont les programmes ne recoupent parfois que partiellement les priorités définies par les Etats et s’inscrivent généralement dans une durée limitée. Les projets se succèdent ainsi les uns aux autres, empêchant la mise en place d’un modèle de développement national pour le secteur agricole.

1.9.2 Les objectifs

Une politique agricole se fonde sur des préoccupations et s’emploie à relever des défis.

Les objectifs des politiques agricoles sont vastes. Les politiques agricoles poursuivent plusieurs finalités, qui sont souvent complémentaires : stabiliser les prix et réguler les marchés, développer les filières agricoles, moderniser les exploitations et intensifier la

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production, soutenir le revenu des producteurs, rendre l’alimentation accessible aux populations les plus vulnérables, préserver l’utilisation durable de la terre et des autres ressources naturelles, etc. Cependant, les politiques agricoles sont évolutives et fortement influencées par le contexte. Durant la période post Indépendances, les politiques agricoles de nombreux pays africains reposaient sur une logique d’exportation de cultures de rente pour générer des revenus, et d’importations de produits alimentaires bon marché pour assurer la sécurité alimentaire des populations.

Depuis le début des années 2000, avec la crise persistante des marchés des matières

premières agricoles et l’augmentation du déficit des produits vivriers, on note des tentatives d’inversion de la tendance. Plusieurs politiques incluent des objectifs de souveraineté alimentaire comme l’Ecowap (politique agricole régionale de la CEDEAO) qui affirme des objectifs forts de réduction de la dépendance aux importations et d’intégration économique et commerciale équitable des exploitations agricoles sur les marchés mondiaux. Dans plusieurs pays (Sénégal, Mali), des lois d’orientation agricole ont également été votées en ce sens, offrant ainsi une vision de long terme (20 ans) pouvant servir de cadre à l’élaboration des politiques agricoles.

1.9.3 Les instruments

1.3.3.1Les généralités sur les instruments

Il existe une large gamme d’instruments auxquels les gouvernements peuvent avoir

recours pour atteindre les objectifs établis en matière agricole. Il existe plusieurs manières de les classer, nous utiliserons dans un premier temps une classification fréquemment utilisée, qui les regroupe selon leur nature. On distingue alors :

− Les transferts publics, incluant les soutiens au prix et les soutiens au revenu, les taxes et subventions, et les politiques de stabilisation ;

− La fourniture de biens et services, incluant le financement et/ou la production, ainsi que les activités de médiation ;

− La réglementation incluant l’établissement et le contrôle de règles, normes et labels et la protection des droits de propriété au sens large.

Cette définition permet d’élargir la vision traditionnelle des outils de politique mis en

œuvre, qui s’appuient dans beaucoup de pays principalement sur des outils de transfert public (subvention des engrais, aménagement de périmètres irrigués, distribution de semences, etc.), facilement finançables et évaluables dans le cadre de projets de développement. Les instruments visant à fournir des biens et services (conseil agricole et rural, médiation au sein des filières, services de recherche, etc.) et à faire évoluer les cadres réglementaires (système de gestion et de régulation foncière, élaboration et contrôle du respect des normes sur les produits, etc.) sont souvent moins bien appréhendés alors qu’ils sont pourtant indispensables pour créer les conditions favorables au développement des investissements dans l’agriculture. Plus complexes à mettre en œuvre, ils nécessitent l’implication des acteurs non étatiques afin d’être pertinents (secteur bancaire, organisations professionnelles, industries de transformation, collectivités locales, etc.). Les grands types d’instruments de politique agricole sont : maîtrise d’œuvre directe par l’Etat, maîtrise d’œuvre déléguée à une collectivité locale, contractualisation avec une institution à but non lucratif ou une organisation professionnelle, contractualisation avec une entreprise privée, recherche agricole, conseil agricole et rural, formation agricole, systèmes d'information, assurance (récolte, climat…), protection sociale, infrastructures rurales, médiation entre acteurs, directives

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communautaires, lois et décrets d’application, arrêtés ministériels, arrêtés préfectoraux, conventions locales, normes, labels, licences, normalisation et labellisation des produits, sécurité sanitaire, protection de l'environnement, régulation des importations, protection des droits légaux sur le foncier et les ressources naturelles (accès, prélèvement, exploitation, exclusion, aliénation).

Il faut ensuite détailler la façon de mettre en œuvre ces instruments, qui peuvent se

traduire par une ou plusieurs mesures. Il faut alors caractériser chacune de ces mesures de manière précise en explicitant sa nature, ses modalités de mise en œuvre et son coût. Contrairement aux projets, qui ciblent souvent une zone donnée, les mesures de politique agricole doivent pouvoir s’appliquer sur l’ensemble du territoire national, selon des critères préalablement définis. Un autre élément d’information important est de savoir « qui » met en œuvre la mesure et quel est son coût de mise en œuvre (il sera très différent selon le caractère ponctuel ou récurrent de la mesure).

Ce panel d’instruments permet d’appréhender l’ensemble des domaines d’action des

politiques agricoles. L’expérience montre que c’est la combinaison de plusieurs de ces instruments, qui permet aux politiques agricoles d’atteindre leurs objectifs et d’obtenir les résultats attendus. Par exemple, dans le cas présenté au chapitre précédent, un des objectifs spécifiques identifiés visait à favoriser la concurrence dans l’activité d’importation des engrais, afin d’avoir des prix plus proches des prix du marché et à favoriser l’utilisation des engrais par les producteurs de maïs. L’inventaire des mesures possibles montre une grande diversité de réponses envisageables : subventionner les engrais (en ciblant les populations les plus pauvres) ; fixer un prix maximal à l’importation ; créer un monopole public d’achat ; organiser des appels d’offre pour stimuler la concurrence ; attribuer des licences d’importations à un plus grand nombre d’importateurs, etc. Toutes ces mesures n’auront cependant pas le même impact et peuvent avoir des effets secondaires négatifs.

La subvention des intrants peut conduire à une politique clientéliste, l’octroi de

nouvelles licences peut entraîner des phénomènes de corruption au niveau des gouvernements, la création d’un monopole public d’achat peut ne pas résoudre le problème selon le niveau de prix fixé, etc. Avant de mettre en œuvre une mesure, il est donc nécessaire de bien évaluer son impact prévisible et ses effets secondaires afin de choisir la ou les mesures les plus appropriées.

1.3.3.2 Les instruments politiques Les instruments politiques sont les subventions et les prix entre autres :

1.3.3.2.1 Les subventions Une subvention à l'agriculture est une subvention gouvernementale versée aux

agriculteurs. Les conditions de paiement et les raisons pour lesquelles les subventions individuelles spécifiques varient avec des produits agricoles, de la taille de la ferme, la nature de la propriété, et le pays, entre autres facteurs. Enrichir les agriculteurs d'arachide à des fins

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politiques, le maintien du prix d'une faible base pour maintenir les pauvres de se rebeller, la stabilisation de la production d'une culture pour éviter années de famine, en encourageant la diversification et de nombreuses autres fins ont été proposées comme la raison de subventions spécifiques. Subventionner l'agriculture peut encourager les gens à rester sur les terres et d'obtenir quelques revenus. Ce pourrait être pertinent pour un pays du tiers monde avec des paysans nombreux, mais aussi pour d'autres pays développés tels que la Pologne. Ces pays ont un taux de chômage très élevé et disposent de nombreuses terres. Ils pourront conserver une part importante de leurs productions pour l’alimentation de leurs populations en augmentation.

Certains affirment que pour des raisons de sécurité nationale, les nations ont intérêt à

garantir suffisamment la capacité de production nationale pour répondre aux besoins nationaux en cas de rupture d'approvisionnement mondiale. Dépendance significative à l'étranger des producteurs d'aliments rend un pays stratégiquement vulnérables en cas de guerre, blocus ou embargo. Le maintien adéquat des capacités nationales permettant l'autosuffisance alimentaire qui diminue les risques de chocs d'offre en raison d'événements géopolitiques est à encourager.

Les politiques agricoles peuvent être utilisées pour soutenir les producteurs nationaux

à mesure qu'ils acquièrent des parts de marché nationales et internationales. Cela peut être un moyen à court terme d'encourager une industrie jusqu'à ce qu'il soit assez grand pour prospérer sans aide. Ou il peut être une subvention en cours visant à permettre à un produit pour concurrencer avec ou inférieurs concurrence étrangère. Cela peut produire un gain net pour un gouvernement, malgré le coût des interventions, car il permet à un pays à construire une industrie d'exportation ou de réduire les importations. Il contribue également à former la fourniture des nations et la demande du marché.

Fermes ou terrains non aménagés composent la majorité des terres dans la plupart des

pays. Les politiques peuvent encourager certaines utilisations des terres plutôt que d'autres dans l'intérêt de la protection de l'environnement. Par exemple, les subventions peuvent être accordées pour des méthodes agricoles notamment, le reboisement, le défrichement des terres, ou de dépollution.

1.3.3.2.2 Les prix

Un prix plancher (prix minimum) et un prix plafond (prix maximum) sont fixés pour

un produit. Le contrôle des prix encourage la production par un prix plancher ou par un prix plafond. Un gouvernement peut ériger des barrières commerciales pour limiter la quantité des marchandises importées (dans le cas d'une quote-part) ou à adopter des tarifs d'augmenter le prix intérieur des produits importés. Ces obstacles donnent la préférence aux producteurs nationaux.

Le contrôle des prix peut également être utilisé pour aider les citoyens pauvres. De

nombreux pays ont utilisé cette méthode de l'aide sociale car elle fournit la nourriture bon marché pour les plus pauvres, sans la nécessité d'évaluer les gens pour leur donner une aide financière.

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1.3.3.3 Les instruments économiques, sociaux et

environnementaux Desaides peuvent être faites aux agricultures protectrices de l’environnement. En effet,

la théorie du Bien-être économique soutient que, parfois, les activités privées peuvent imposer des coûts sociaux aux autres. L'agriculture industrielle est largement considérée comme imposant des coûts sociaux par l’utilisation des pesticides et la pollution par les nitrates. En outre, l'agriculture utilise de grandes quantités d'eau, une ressource rare. Certains économistes font valoir que les impôts doivent être prélevés sur l'agriculture, ou que l'agriculture biologique, qui utilise des pesticides et des expériences qui provoquent relativement peu d'écoulements de nitrate, devraient être encouragées par des subventions. Aux États-Unis, 65% des quelques 16,5 milliards de dollars de subventions annuelles sont allés aux 10% d’agriculteurs en 2002 parce que les subventions sont liées à certaines marchandises. D'autre part, l'agriculture biologique a reçu 5 millions de dollars pour aider à la certification et 15 millions de dollars pour la recherche sur une période de 5 ans.

Certains préconisent les règles du commerce équitable afin d'assurer que les

agriculteurs pauvres des pays en développement qui produisent des cultures essentiellement pour l'exportation ne sont pas exploités ou concurrencées - qui préconise envisager une dangereuse «course vers le bas» dans le travail agricole et les normes de sécurité. Les opposants soulignent que la plupart de l'agriculture dans les pays développés est produite par des sociétés industrielles (agroalimentaire) qui sont à peine dignes de sympathie, et que l'alternative à l'exploitation est la pauvreté.

1.3.3.4 Les instruments commerciaux

Le dumping des excédents agricoles fait partie de ces instruments. Dans le jargon du

commerce international, quand une entreprise d'un pays A vend une marchandise en dessous du coût de production dans le pays B, c'est ce qu'on appelle " le dumping ". Un certain nombre de pays qui sont signataires d'accords commerciaux multilatéraux ont des dispositions qui interdisent cette pratique. Quand les pays riches subventionnent la production intérieure, de la production excédentaire est souvent donnée au monde en développement que l'aide étrangère. Ce processus élimine le marché national des produits agricoles dans le monde en développement, car les produits peuvent être obtenus gratuitement à partir des agences d'aide occidentales. Dans les pays en développement où ces effets sont plus graves, les petits paysans ne pouvaient plus payer les intrants de base et ont été contraints de vendre leurs terres.

Considérons des agriculteurs du Ghana qui ont l'habitude de produire un type de riz. Il

y a plusieurs années, le Ghana a été en mesure de nourrir et d'exporter leurs surplus. Maintenant, ce sont les importations de riz des pays développés. Parce que cela revient moins cher. Même si cela coûte aux producteurs de riz dans le monde développé beaucoup plus pour produire le riz, il n'a pas à tirer profit de sa récolte. Le gouvernement lui verse des subventions, donc ils peuvent le vendre moins cher au Ghana ; chose que les agriculteurs du Ghana ne peuvent pas se permettre.

Selon l’Institut pour l'agriculture et la politique commerciale, le maïs, le soja, le coton,

le blé et le riz sont vendus en dessous du coût de production, ou dans une déchetterie. Taux de dumping sont environ quarante pour cent pour le blé, entre vingt-cinq pour cent et trente pour le maïs (maïs), environ trente pour cent pour le soja, cinquante-sept pour cent pour le coton, et

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environ vingt pour cent pour le riz. Par exemple, le blé est vendu pour quarante pour cent inférieur au coût.

Selon Oxfam, "Si les pays développés décident d'éliminer les programmes de

subvention, la valeur des exportations de l'agriculture dans les pays développés serait augmentation au moins de 24%, plus un autre 5,5% de l'équilibre tarifaire. Les exportateurs peuvent offrir des excédents américains pour la vente à des prix près de la moitié du coût de production; détruire l'agriculture locale et de créer un marché captif dans le processus ".

Les défenseurs du libre-échange volonté de l'élimination de tous les mécanismes de

distorsion du marché (subventions, tarifs, règlements) et affirment que, comme avec le libre-échange dans tous les domaines, cela se traduira par des avantages globaux pour tous. Cette position est particulièrement populaire dans les pays exportateurs agricoles compétitifs tant dans le monde développé et en développement, dont certains se sont regroupés dans le Groupe de Cairns hall. Canada Ministère de l'Agriculture estime que les nations en développement bénéficieraient d'environ 4 milliards de dollars si les subventions dans les pays développés ont diminué de moitié.

− Les droits de douane − La gestion du taux de change − Les quotas d’importations et d’exportations − Les programmes de soutien par produit − Les subventions aux exportations − L’aide à l’investissement à long terme − Les barrières sanitaires et phytosanitaires − Les subventions aux intrants et les exonérations d’impôts

1.3.3.5 Les instruments agronomiques et technologiques

Beaucoup de pays en développement ne produisent pas assez de nourriture pour

nourrir leurs propres populations. Ces nations doivent acheter de la nourriture provenant d'autres pays. La baisse des prix et de la nourriture gratuite à sauver la vie de millions de personnes qui mouraient de faim, malgré la baisse des ventes de produits alimentaires des agriculteurs locaux.

Une nation en développement pourrait utiliser de nouvelles méthodes agricoles

améliorées pour produire davantage de nourriture, le but ultime de nourrir leur nation sans aide extérieure. Arbres à croissance rapide hybrides pour l'ombre rapide, contrôle de la température intérieure, l'isolation à effet de serre ou la tente, la construction autonome de jardins, les lampes solaires, mylar, des ventilateurs et d'autres technologies bon marché peuvent être utilisées pour cultiver des plantes sur les terres précédemment non arables (rocheuses, montagneuses, désert, etc. Plus de nourriture peuvent être cultivées, en réduisant la dépendance des autres pays.

Les cultures de remplacement peuvent aussi faire des nations agricoles indépendantes.

Le sucre, par exemple, provient de la canne à sucre importé de la Polynésie. Au lieu d'acheter du sucre à partir de la Polynésie, une nation peut faire du sucre à partir de la betteraves à sucre, la sève d'érable, ou d'édulcorant de stévia végétales, en gardant les bénéfices circulant dans l'économie du pays. Le papier et les vêtements peuvent être faits de chanvre au lieu d'arbres et de coton. Les aliments tropicaux ne poussent pas dans de nombreux endroits en Europe, mais ils vont grandir dans des serres ou des tentes isolées en Europe. La cellulose

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végétale de soja peut remplacer le plastique (fabriqué à partir d'huile). L’éthanol à partir de déchets agricoles ou de l'huile de chènevis peut remplacer l'essence. Les rainforest plantes médicinales cultivées localement peuvent remplacer de nombreux médicaments importés. Les suppléants des cultures de rente, comme le remplacement de sucre et d'huile, peut réduire la dépendance des agriculteurs sur les subventions dans les pays développés et en développement.

Les interventions sur le marché peuvent augmenter le coût pour les consommateurs

pour les produits agricoles, soit par la richesse cachée-transferts via le gouvernement, ou l'augmentation des prix au niveau du consommateur, comme pour le sucre et les arachides aux États-Unis. Cela a conduit à des distorsions du marché, tels que les transformateurs d'aliments à haute teneur en fructose en remplacement du sucre. Le sirop de maïs riche en fructose peut être un additif alimentaire malsain, et, les prix du sucre n’ont pas gonflé par un décret gouvernemental, le sucre pourrait être préféré au sirop de fructose de maïs sur le marché.

1.3.4 Les différents acteurs concernés

Les différents acteurs concernés par une politique agricole sont :

− L’Etat − Les producteurs (Paysans, OPA, transformateurs, exportateurs, commerçants) − Les consommateurs − Les Organisations internationales et les accords

L’Accord agricole de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) a pour objectif

de faciliter les échanges agricoles et de s’assurer que les instruments de politiques qui ont un impact sur le commerce n’entravent pas ces échanges. Il s’articule autour de trois piliers : les mécanismes de protection aux frontières, les subventions à l’exportation, et les politiques de soutien au secteur agricole qui, en appuyant la production ou les prix, ont un impact indirect sur le commerce.

La boite verte contient les mesures qui n’ont pas d’effet de distorsion sur les échanges

: programmes de service public (formation, recherche, infrastructures, stocks de sécurité alimentaire, etc.), versements directs aux producteurs non liés au volume de production, programmes de protection de l’environnement. Le montant de ces aides peut augmenter, car elles ne sont pas considérées comme ayant un effet incitatif sur la production.

La boîte bleue contient les mesures tolérées constituées d’aides qui ne sont pas liées

directement à la production (elles sont « découplées »). Ce système permet essentiellement aux Etats-Unis et à l’Union Européenne de gérer la transition entre leur politique de soutien par les prix et de soutien direct aux producteurs. Ces aides ne peuvent pas augmenter.

La boîte orange contient des mesures de soutien aux prix ou qui visent à maintenir des

prix élevés. Les pays sont obligés de réduire ce type d’aides, mais la plupart des pays d’Afrique sub-saharienne les avaient déjà diminuées, voire supprimées, avec les plans d’ajustement structurels. Un dispositif spécial, appelé « clause de minimis », permet cependant de poursuivre certains soutiens dans la limite de 10% de la valeur des produits concernés (pour les investissements ciblés) ou de la production agricole totale du pays (pour les soutiens non spécifiques), à condition que ces pays aient notifié des soutiens « boîte orange » au moment de la signature de l’Accord sur l’Agriculture (ceux qui n’en ont pas notifié ne peuvent plus en réintroduire).

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A l’accord sur l’Agriculture de l’OMC s’ajoutent souvent d’autres accords

internationaux qui engagent les pays en développement, comme les accords commerciaux existants entre pays d’un même espace économique (application d’un tarif extérieur commun au niveau de l’UEMOA, de la CEDEAO, de la CEMAC, etc.).

Les outils de politique agricole régulés par l’OMC sont :

− Accès au marché − Subvention aux Soutien interne − exportations Boîte orange Boîte bleue Boîte verte − Droits de douane fixes − Prélèvements variables − Prix minimum d’importation − Quotas d’importations − Normes phytosanitaires et sanitaires − Subventions aux exportations − Entreprises d’Etat pour l’import-export − Crédits à l’exportation − Vente de stocks à perte − Aide à la commercialisation − Prix garanti − Compléments de prix versés aux producteurs liés à la production − Subvention à l’achat d’intrants − Aides aux investissements − Aides versées sous réserve de limitation de la production − Mécanismes de garantie de revenu au titre d’évènements exceptionnels (crise

de marché, catastrophe,…) − Fourniture ou subvention de crédit agricole − Assurance récolte − Financement de la vulgarisation − Financement de la formation − Financement de la recherche − Financement de services de protection des végétaux − Financements de services de santé animale − Financement d’infrastructures collectives (irrigation, drainage, stockage,

abattoir…) − Définition de normes et réglementations − Programmes de protection de l’environnement − Stocks de sécurité alimentaire

1.3.5 Processus d’élaboration d’une politique agricole 1.3.5.1 L’identification des principales contraintes L’élaboration d’une politique agricole nécessite une analyse fine du secteur agricole et

de ses principales contraintes. Le choix des questions prioritaires à traiter doit se justifier au regard de stratégies nationales (diversification des productions, bon fonctionnement des marchés locaux, équilibre de la balance commerciale, réduction de la pauvreté, etc.), ainsi que

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de la place du ou des produits concernés dans l’économie nationale (contribution au PIB, place dans l’alimentation des ménages, contribution aux exportations, nombre de producteurs, etc.).

Il s’agit ensuite d’analyser les problématiques à traiter et de remonter à leur source

jusqu’à arriver à un niveau qui relève du domaine de responsabilité des pouvoirs publics (fourniture de biens publics ou de biens communs) ou qui traduit une défaillance de marché (marché incomplet, situation de concurrence imparfaite, externalités, etc.).

Elaborer une politique agricole consiste principalement à effectuer des choix

stratégiques et opérationnels. La définition des orientations stratégiques implique d’identifier les domaines d’action prioritaires, les productions à encourager, les importations qui posent problème, etc. Pour cela, il est nécessaire de prendre en compte les contraintes actuelles à la production (agro-écologiques notamment), ainsi que les projections faites sur ces contraintes et sur les défis à relever (croissance démographique par exemple).

La qualité des services statistiques est à cet égard essentielle. Mais les choix

stratégiques résultent aussi, et surtout, de processus de négociation entre les différents acteurs intervenant dans l’agriculture (administrations, collectivités territoriales, organisations de producteurs, organisations non gouvernementales, opérateurs privés, bailleurs de fonds). L’enjeu est de rechercher des compromis entre des demandes sociales et des intérêts parfois contradictoires, qui doivent idéalement être acceptés par tous et aller dans le sens de l’intérêt collectif.

Les choix stratégiques se déclinent ensuite en actions dans chacun des domaines

retenus. Pour que la politique agricole soit vraiment opérationnelle, il importe de hiérarchiser les priorités, définir les mesures concrètes, les modalités d’intervention et les instances de mise en œuvre (rôles et responsabilités de chacun des acteurs) ; ce que ne font pas souvent les multiples documents (plans, programmes…) qui fixent le cadre des actions. Les arbitrages budgétaires doivent également permettre de planifier sur la durée les moyens nécessaires à la mise en œuvre des actions.

La prise en compte des engagements régionaux, bilatéraux et à l’OMC est une étape

importante dans la définition d’une politique agricole. Elle doit assurer la conformité de la politique avec les engagements et les règles multilatérales. Mais ces règles ne sont pas immuables, elles se négocient en permanence. Il apparaît donc judicieux de définir d’abord l’orientation nationale avant de prendre en compte les contraintes externes, et ainsi de donner la priorité aux intérêts nationaux.

A chaque stade de l’élaboration de la politique agricole, la concertation avec les

professionnels de l’agriculture et avec la société civile dans son ensemble est essentielle. Elle permet de s’assurer que la politique sera acceptée et prise en compte par les acteurs et qu’elle répond à leurs besoins ; elle est un gage de son efficacité. Plus les acteurs sont organisés et en capacité de faire entendre leur voix et de défendre leurs intérêts, plus le processus de concertation est lui-même efficace. Le temps est alors une donnée primordiale dans l’élaboration d’une politique agricole concertée.

1.3.5.2 La participation de tous les acteurs concernés

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Le diagnostic des problèmes et l’identification des objectifs spécifiques doivent résulter d’une analyse rassemblant toutes les parties prenantes. L’enjeu est en effet de trouver des compromis qui permettent de ne délaisser aucune catégorie d’acteurs (producteurs, consommateurs, transformateurs, importateurs, etc.) et d’aller dans le sens de l’intérêt collectif.

Au niveau régional, l’implication des organisations de producteurs dans l’élaboration

de l’Ecowap est un exemple en la matière. Intégré dès le départ dans les instances de réflexion, le ROPPA a ainsi pu faire valoir sa vision et peser dans les choix et priorités qui ont été définis, notamment en termes de protection commerciale (ajout d’une 5e bande au TEC CEDEAO, mise en place d’une taxe de sauvegarde aux importations, etc.)

1.3.5.3 La définition des priorités d’action

Chaque problème identifié est ensuite traduit en objectif spécifique. Par exemple, dans

le cas précédent, les objectifs spécifiques deviennent : fournir des services de vulgarisation accessibles, fournir des informations fiables sur la qualité des engrais, mettre en place des mécanismes de financement pour l’achat des engrais, fournir des infrastructures routières, de stockage, améliorer le système d’information sur les demandes de marché, favoriser la concurrence dans l’activité d’importation des engrais, etc.

La formulation des objectifs n’est pas toujours assez précise. Les buts à atteindre sont

parfois mentionnés de manière vague, sans fixer de valeur précise (par exemple augmenter la productivité, sans préciser dans quelle proportion, ou encore améliorer la commercialisation, sans fixer d’objectif quantifié). Il est donc important d’être vigilant sur la quantification des objectifs, afin qu’ils aient un sens opérationnel et ne soient pas qu’une vague déclaration d’intention.

1.3.5.4 La concertation et la négociation des compromis

Toute politique résulte nécessairement de choix qui portent aussi bien sur les objectifs

prioritaires d’action, que sur les instruments à mettre en place et les moyens alloués pour atteindre les objectifs attendus.Une politique résulte donc d’une suite de négociations, qui se trament à différentes échelles, avec une implication plus ou moins forte des organisations de producteurs.

En fonction des enjeux en présence et des rapports de force entre les différentes parties

prenantes (poids des lobbys agroindustriels, pouvoir d’influence et de mobilisation des OP), ces dernières auront donc un poids variable dans les décisions qui seront prises.

1.3.5.5 Les différents niveaux de négociation

On peut regrouper en 4 grands types les négociations à l’œuvre dans la définition des

politiques publiques : − La négociation au sein d’une filière : elle résulte d’un dialogue entre acteurs

publics et acteurs privés, parfois organisés en interprofessions, et concerne spécifiquement un produit donné (ex : subvention du prix de l’arachide) ;

− La négociation au sein d’un secteur : elle touche spécifiquement aux questions agricoles mais concerne l’ensemble des produits et producteurs (ex : conditions d’accès au crédit de moyen terme) ;

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− La négociation intersectorielle : les choix de politiques agricoles ont parfois un impact bien plus large que sur le seul secteur agricole et nécessitent de dégager des compromis dans le sens de l’intérêt collectif (ex : réforme foncière) ;

− La négociation internationale : la politique se négocie aussi à l’extérieur du pays dans des enceintes internationales telles que l’OMC ou les espaces économiques régionaux (ex : niveau des droits de douane sur les produits agricoles).

1.10 La pauvreté

La pauvreté est l'insuffisance de ressources matérielles, comme la nourriture, l’accès à l’eau potable, les vêtements, le logement, et des conditions de vie en général, mais également de ressources intangibles comme l’accès à l’éducation, l’exercice d’une activité valorisante, le respect reçu des autres citoyens. Des analyses économiques et des débats portent sur la mesure de la pauvreté, ses causes, et les moyens à mettre en œuvre pour réduire cette pauvreté

La pauvreté peut toucher des personnes isolées ou des groupes et populations

entières ; elle touche principalement les pays en développement, mais elle existe également dans les pays développés. Les États mènent des politiques d’aide aux pays pauvres (économie du développement) et, pour leurs propres citoyens, mettent en place des programmes d’aide sociale pour réduire ou supprimer la pauvreté.La pauvreté est généralement considérée comme un phénomène multidimensionnel et multifactoriel. La dimension pécuniaire est la plus fréquemment prise en compte.

La pauvreté pécuniaire est le manque d'argent, entraînant les difficultés, pour se

nourrir, s'habiller, se loger. La pauvreté pécuniaire ou de revenu résulte d'une insuffisance de ressources, et est estimée au moyen de seuils de pauvreté (un individu est considéré comme pauvre lorsque son niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté choisi). Différentes définitions de ces seuils existent ; les pays développés utilisent généralement des seuils relatifs, alors que la pauvreté dans les pays en développement est estimée au moyen de seuils de pauvreté absolus. Cette évaluation de la pauvreté, du fait de sa simplicité, est couramment utilisée pour définir les individus pauvres et mesurer le taux de pauvreté d'une population.

Selon l'approche absolue, le seuil est fixé, depuis les travaux de Seebohm Rowntree

en 1901, en fonction d'un panier de biens alimentaires et non alimentaires nécessaires à la survie quotidienne (2400 calories par jour pour la pauvreté et 1800 pour l'extrême pauvreté). Les biens non alimentaires comprennent l'habillement, le transport, l'hygiène, l'eau et l'énergie. Les États-Unis et le Canada ont recours à la mesure absolue de la pauvreté.

Selon l'approche relative, le seuil est fixé par rapport à la distribution des niveaux de vie de l'ensemble de la population, avec comme référence le revenu médian (le revenu médian est le revenu séparant la population en deux, c'est-à-dire que la moitié de la population a un revenu plus élevé, et la moitié un revenu inférieur). Ces deux mesures dévoilent deux regards sur le problème de la pauvreté, deux approches politiques que l'on pourra en première approche qualifiées de socialiste et de libérale. A travers le prisme socialiste, la pauvreté pose avant tout un problème d'exclusion ; l'homme ne se réalise qu'au sein de rapports sociaux et les inégalités de richesse sont des sources de discrimination. La vision libérale donne elle la primauté à l'individu, l'important étant la satisfaction de ses besoins fondamentaux.Outre la dimension pécuniaire, la pauvreté s'exprime sous des dimensions regroupées sous le terme de

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« pauvreté humaine ». Il s'agit des dimensions sanitaire, éducationnelle, sociale, culturelle, et politique de la pauvreté.

Le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) a créé en 1990 l’indice de développement humain, puis deux indicateurs synthétiques de pauvreté : l'IPH-1 et l'IPH-2 (Indicateur de Pauvreté Humaine). Ces indicateurs sont très corrélés.La pauvreté des potentialités ou des capacités exprime le manque de moyens permettant de sortir de la pauvreté.

Les estimations de la pauvreté dépendent des définitions utilisées. Ainsi, d’après le Programme des Nations unies pour le développement, les pays où la pauvreté est la plus forte sont des pays d’Afrique, en particulier les pays les moins avancés. Les indicateurs du PNUD permettent d’établir des comparaisons entre pays ; ainsi, vers 2005, le Tchad est le pays où la pauvreté humaine est la plus forte et la Sierra Leone est le pays où le développement humain est le plus faible ; l’Islande est le pays à plus grand développement humain et la Suède à plus faible pauvreté humaine.

En 2008, la Banque mondiale a fixé à 1,25 dollar américain par jour le seuil de pauvreté international, contre un dollar précédemment. Le nouveau seuil représente le seuil de pauvreté moyen des 10 à 20 pays les plus pauvres. Selon ce nouveau critère, 1,4 milliard de personnes dans le monde en développement vivent avec moins de 1,25 dollar par jour en 2005, contre 1,9 milliard en 1981. Le taux de pauvreté mondial a été divisé par deux (de 52 % à 26 %), mais il est stable en Afrique subsaharienne (50 %). Pour les pays à revenu intermédiaire, la Banque mondiale trouve plus indiqué de fixer le seuil de pauvreté à 2 dollars par jour, ce qui donne un total de 2,6 milliards de personnes sous ce seuil.

Selon le seuil de pauvreté de 1 dollar par jour en PPA 1985, la majorité des pauvres se trouvent en Asie du Sud (39%), Asie de l'Est (33%) et en Afrique sub-saharienne (17%). Les pays comptant plus de la moitié de leur population sous le seuil de pauvreté sont: Guatemala, Guinée-Bissau, Inde, Kenya, Lesotho, Madagascar, Népal, Niger, Sénégal, et Zambie.

1.11 Croissance

La croissance économique désigne l'augmentation de la production de biens et de services dans une économie sur une période donnée, en particulier sur une période longue. En pratique, l'indicateur utilisé pour la mesurer est le produit intérieur brut ou PIB. Il est mesuré « en volume » ou « à prix constants » pour corriger les effets de l'inflation. Le taux de croissance, lui, est le taux de variation du PIB. On utilise la croissance du PIB par habitant comme indication de l'amélioration duniveau de vie.

La croissance est un processus fondamental des économies contemporaines, lié à la révolution industrielle et à la notion de progrès. Elle transforme la vie des individus en leur procurant davantage de biens et services. À long terme, le niveau de vie des individus (distinct de la qualité de vie) dépend uniquement de cette croissance. De même, l'enrichissement qui résulte de la croissance économique peut permettre de faire reculer la misère matérielle.

Si, dans le langage courant, on emploie souvent le terme de « croissance » dans le cadre d'évolutions à court terme, les économistes l'utilisent conventionnellement pour décrire une augmentation de la production sur le long terme. Selon la définition de François Perroux,

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la croissance économique correspond à « l'augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues d’un indicateur de dimension, pour une nation, le produit global net en termes réels. A court terme, les économistes utilisent plutôt le terme d'« expansion », qui s'oppose à « récession », et qui indique une phase de croissance dans un cycle économique. La croissance potentielle estime l'écart entre la croissance mesurée et celle qui serait obtenue avec une pleine utilisation de tous les facteurs de production ; cet écart est minimal au plus fort d'une expansion.

Au sens strict, la croissance décrit un processus d'accroissement de la seule production économique. Elle ne renvoie donc pas directement à l'ensemble des mutations économiques et sociales propres à une économie en développement. Ces transformations au sens large sont, conventionnellement, désignées par le terme de développement économique. Selon François Perroux, « le développement est la combinaison des changements mentaux et sociaux d'une population qui la rend apte à faire croître, cumulativement et durablement, son produit réel global. Le terme de « croissance » s'applique alors plus particulièrement aux économies déjà développées.

La croissance économique est généralement mesurée par l'utilisation d'indicateurs économiques dont le plus courant est le Produit intérieur brut. Il offre une certaine mesure quantitative du volume de la production. Afin d'effectuer des comparaisons internationales, on utilise également la parité de pouvoir d'achat, qui permet d'exprimer le pouvoir d'achat dans une monnaie de référence. Pour comparer la situation d'un pays à des époques différentes on peut également raisonner à monnaie constante.

L'indicateur du PIB reste cependant imparfait comme mesure de la croissance économique. Il est pour cela l'objet de plusieurs critiques : il ne mesure ainsi pas, ou mal, l'économie informelle. D'autre part, s'il prend en compte la production des services publics gratuits, il ne mesure pas l'activité de production domestique (ménage, potagers, etc.). Selon la boutade d'Alfred Sauvy, il suffit de se marier avec sa cuisinière pour faire baisser le PIB. Enfin, il ne prend en compte que les valeurs ajoutées, et non la richesse possédée, par un pays. Une catastrophe naturelle (Katrina détruisant la Nouvelle-Orléans, par exemple), qui détruit de la richesse, va pourtant contribuer au PIB à travers l'activité de reconstruction qu'elle va générer. Cette contribution ne reflète pas la destruction antérieure, ni le coût du financement de la reconstruction. Cette contradiction était dénoncée dès 1850 par l'économiste français Frédéric Bastiat qui dans son Sophisme de la vitre cassée écrivait que « la société perd la valeur des objets inutilement détruits », ce qu'il résumait par : « destruction n'est pas profit».

La croissance est un processus quantitatif par lequel est mesuré l’accroissement de la richesse créée par les échanges marchands. Le credo de la croissance met l’homme au service des intérêts économiques alors qu’il devrait être maintenu au centre d’un processus de développement destiné à répondre à ses besoins fondamentaux et assurer son bien-être.

La croissance économique, en l’absence d’objectif de bien-être des hommes, des femmes et des enfants, sans renouvellement des ressources naturelles indispensables à la création des richesses et avec pour seul but le profit à court terme, n’est pas soutenable. Ce modèle économique et de société détruit les ressources naturelles et la biodiversité, creuse les inégalités de niveau de vie entre les êtres humains, accroit la pauvreté et favorise les émissions de gaz à effet de serre, responsable du réchauffement climatique.

1.12 Développement

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1.6.1 Développement économique et social

Le développement économique et social fait référence à l'ensemble des mutations

positives (techniques, démographiques, sociales, sanitaires...) que peut connaître une zone géographique (monde, continent, pays, région..). Il ne doit pas être confondu avec la simple croissance économique. Celle-ci est habituellement nécessaire ou consécutive au développement mais elle n'en est qu'un aspect. Il existe même des zones en croissance par simple inertie de tendance ou sous l'effet de dopants artificiels de types dits keynésiens, sans pour autant connaître les transformations de structure et la « destruction créatrice » propres au développement, qui assurent sa pérennité. Cela peut conduire à un épuisement des ressorts de la croissance. On peut alors retrouver le phénomène de cycle de vie (de l'émergence à l'expansion puis au plafonnement et enfin au déclin) étudié en marketing.

Le développement économique nécessitant notamment de la création de richesses, on associe développement économique et « progrès », puisqu'il entraîne, généralement, une progression du niveau de vie des habitants. On parle alors d'amélioration du bien-être social (au sens économique). La volonté de concilier simple développement économique et progrès ou amélioration du bien-être a mené à forger, à côté des indicatifs de développement traditionnels (PNB, PIB), d'autres indicatifs, tels que l'indice de développement humain (IDH), qui prend en compte la santé, l'éducation, le respect des droits de l'homme (dont font partie, depuis 1966, les droits économiques et sociaux), etc. Les paramètres économiques et sociaux sur la mesure du développement sont indiqués dans l'article « Pays en développement ».

Du point de vue strictement économique, l'indicateur le plus souvent utilisé est le PIB (Produit intérieur brut) qui est une somme des valeurs ajoutées sur un territoire. Son chiffrage, qui ressort de la comptabilité nationale, est cependant délicat. Comment, par exemple, chiffrer l'utilisation des services non marchands et des biens publics ? Leur coût et utilité économique sont noyés dans les budgets publics par absence de facturation, ce qui ne permet guère de savoir s'ils apportent plus de richesses qu'ils en consomment, s'il y a valeur ajoutée ou valeur retranchée. L'autre indicateur commun est le PNB (Produit national brut).

Par ailleurs, le PIB ne contient que les flux (production / consommation). Les économistes et statisticiens n'arrivent guère à mesurer, ni même à estimer l'évolution du patrimoine public et privé. À plus forte raison, certaines externalités positives ou négatives sont mal mesurables. Par exemple, comment chiffrer l'effet externe négatif d'une pollution comme l'engrais azoté puissant du lisier (par exemple de porc) déversé dans les cours d'eau, amenant à une eutrophisation, sans même parler du gaspillage d'une ressource précieuse non ou difficilement renouvelable ? Sur le même plan, comment mesurer l'effet positif des pots catalytiques ou d'une fluidification de la circulation routière, voire la « désindustrialisation » des secteurs lourds en faveur des services et hautes technologies? Le développement économique affecte ainsi de façon importante l'environnement, conduisant certaines personnes à prôner la décroissance économique, d'autres préférant soutenir le développement durable.

Devant ces imperfections des indicateurs économiques traditionnels (PIB et PNB), le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) a mis en place l'Indice de développement humain (IDH), qui prend en compte la santé, l'espérance de vie, l'alphabétisation, etc. (le Prix NobelAmartya Sen a pris part à la conceptualisation de l'IDH).

Page 26: Agriculture et developpement durable

D'autres indicateurs économiques existent, tels que l'Indicateur de pauvreté (IPH), également créé par le PNUD; l'indice de Bonheur national brut (BNB), créé par le roi du Bhoutan dans les années 1960; le BIP40, ou baromètre des inégalités et de la pauvreté, créé en 1999 par le Réseau d’alerte sur les inégalités.

1.6.2 Développement durable

Le développement durable (ou développement soutenable, traduction de Sustainabledevelopment) est une conception de l'intérêt public visant à allier le développement des sociétés de façon équitable et la protection de l'environnement.

Selon la définition proposée en 1987 par la Commission mondiale sur l’environnement et le développement dans le Rapport Brundtland, le développement durable est : « un développement qui répond aux besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins. Deux concepts sont inhérents à cette notion : le concept de « besoins », et plus particulièrement des besoins essentiels des plus démunis à qui il convient d’accorder la plus grande priorité, et l’idée des limitations que l’état de nos techniques et de notre organisation sociale impose sur la capacité de l’environnement à répondre aux besoins actuels et à venir. »

Pour l'AFNOR en 2012, un état est dit « durable » si « les composantes de

l'écosystème et leurs fonctions sont préservées pour les générations présentes et futures ». Dans cette définition, « les composantes de l’écosystème incluent, outre les êtres humains et leur environnement physique, les plantes et les animaux. Pour les êtres humains, le concept sous-entend un équilibre dans la satisfaction des besoins essentiels : conditions économiques, environnementales, sociales et culturelles d'existence au sein d'une société. »

Le concept de durabilité a été défini quelques années auparavant. En 1991 et 1993, Ignacy Sachs définit l'écodéveloppement comme « développement endogène et dépendant de ses propres forces, soumis à la logique des besoins de la population entière, conscient de sa dimension écologique et recherchant une harmonie entre l'homme et la nature ». En 1987, la Commission mondiale sur l’environnement et le développement dans le rapport Brundtland lui avait préféré la notion de « développement soutenable », défini comme suit : « Le développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins. Deux concepts sont inhérents à cette notion :

− le concept de « besoins », et plus particulièrement des besoins essentiels des plus démunis, à qui il convient d’accorder la plus grande priorité ;

− l’idée des limitations que l’état de nos techniques et de notre organisation sociale impose sur la capacité de l’environnement à répondre aux besoins actuels et à venir. » Parmi les besoins essentiels, on retiendra les besoins indispensables à l'être humain en

tant qu’élément de base vivant dans un environnement défini, que l'on appelle les besoins primaires ou physiologiques. Et parmi ceux-ci, on notera le besoin de se reproduirequi établit pour l'homme et la femme une filiation, et assure de la sorte le renouvellement des générations.

Une contestation sémantique sur le terme même de développement durable a existé

depuis l'apparition du terme dans le rapport Brundtland.Les tenants du terme « durable »

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plutôt que du mot « soutenable » insistent sur la notion de durabilité définie comme cohérence entre les besoins et les ressources globales de la Terre à long terme, plutôt que sur l'idée d'une recherche de la limite jusqu'à laquelle la Terre sera capable de nourrir l'humanité. Cependant, la traduction du terme par « soutenable », plutôt que durable, peut s'expliquer aussi par de vieilles traces du mot en langue française. En effet, on trouve le mot employé dans une optique environnementale dès 1346, dans l'ordonnance de Brunoy, prise par Philippe VI de Valois, sur l'administration des forêts. Ainsi en matière forestière la notion de forêt cultivée soumise à une exigence de soutenabilité, un renouvellement perpétuel de la ressource, capable d'approvisionner une flotte navale existe depuis plus de six siècles.

Face à la crise écologique et sociale qui se manifeste désormais de manière

mondialisée (changement climatique, raréfaction des ressources naturelles, pénuries d'eau douce, rapprochement du pic pétrolier, écarts entre pays développés et pays en développement, sécurité alimentaire, déforestation et perte drastique de biodiversité, croissance de la population mondiale, catastrophes naturelles et industrielles), le développement durable est une réponse de tous les acteurs (États, acteurs économiques, société civile), culturels et sociaux du développement.

Il s’agit aussi, en s’appuyant sur de nouvelles valeurs universelles (responsabilité,

participation écologique et partage, principe de précaution, débat…) d’affirmer une approche double :

− dans le temps : nous avons le droit d’utiliser les ressources de la Terre, mais le devoir d’en assurer la pérennité pour les générations futures ;

− dans l’espace : chaque humain a le même droit aux ressources naturelles de la Terre (principe de destination universelle des biens). Tous les secteurs d'activité sont concernés par le développement durable : l'agriculture,

l'industrie, l'habitation, l'organisation familiale, mais aussi les services (finance, tourisme,…) qui, contrairement à une opinion répandue, ne sont pas qu'immatériels. Plus simplement, le développement durable est un mode de développement qui a pour but de produire des richesses tout en veillant à réduire les inégalités mais sans pour autant dégrader l'environnement.

Face à l'urgence de la crise écologique et sociale qui se manifeste désormais de

manière mondialisée (changement climatique, raréfaction des ressources naturelles, écarts entre pays développés et pays en développement, perte drastique de biodiversité, croissance de la population mondiale, catastrophes naturelles et industrielles), le développement durable est une réponse de tous les acteurs (États, acteurs économiques, société civile) pour reconsidérer la croissance économique à l'échelle mondiale afin de prendre en compte les aspects environnementaux et sociaux du développement.Il s’agit aussi, en s’appuyant sur de nouvelles valeurs universelles (responsabilité, participation et partage, principe de précaution, débat …) d’affirmer une approche double :

− Dans le temps : nous avons le droit d’utiliser les ressources de la Terre mais le devoir d’en assurer la pérennité pour les générations futures ;

− Dans l’espace : chaque humain a le même droit aux ressources de la Terre (principe de destination universelle des biens).

Tous les secteurs d'activité sont concernés par le développement durable : l'agriculture,

l'industrie, l'habitation, l'organisation familiale, mais aussi les services (finance, tourisme,...) qui, contrairement à une opinion quelquefois répandue, ne sont pas qu'immatériels.Les modes

Page 28: Agriculture et developpement durable

de production et de consommation doivent respecter l’environnement humain ou naturel et permettre à tous les habitants de la Terre de satisfaire leurs besoins fondamentaux : se nourrir, se loger, se vêtir, s’instruire, travailler, vivre dans un environnement sain.

Le développement durable appelle un changement de comportement de chacun

(citoyens, entreprises, collectivités territoriales, gouvernements, institutions internationales) face aux menaces qui pèsent sur les hommes et la planète (inégalités sociales, risques industriels et sanitaires, changements climatiques, perte de biodiversité...).

Le développement durable a pour vocation de réconcilier l'homme, la nature et

l'économie, à long terme et à une échelle mondiale. La finalité du développement

durable est d'assurer le bien-être de tous êtres humains qui vivent aujourd'hui et

vivront demain sur la Terre, en harmonie avec l'environnement dans lequel ils évoluent. Le principe de développement durable renvoie également a une démarche globale, au

sens de systémique ; cela revient a prendre en compte toutes les relations existant entre les systèmes,ou entre les éléments d’un système, qu’il s’agisse d’une ville, d’unécosystème ou de la biosphère.C’est l’analyse des interactions entre ces différentséléments qui permet de comprendre le fonctionnement d’un système et donc d’agir sur lui.

Cela se traduit notamment par l’adoption d’une démarche transversale plutôt que

sectorielle. C’est-a-dire une approche qui mesure ses implications non pas dans un domaine unique mais dans tous les domaines.un projet économique ne doit pas seulement être juge a l’aune de sa rentabilité mais également sur des critèresécologiques et sociaux.par exemple ,les implications d’une politique des transports ne doivent pas simplement êtreévaluées dans ce secteur mais dans tous les autres secteurs ;logements,urbanisme,environnement,développementéconomique,développement social ,vie locale.sur le plan de l’action,il convient de fédéré l’ensemble des compétences autour d’un projet pris dans sa globalité et dans ses interactions avec les autres domaines.

Un processus partenarial et participatif qui engage la responsabilité de chacun. La mise

en œuvre du développement durable exige la mobilisation de tous les acteurs d’un territoire ,d’une entreprise,… afin que soit formule un projet commun,propre au groupe ainsi constitue.de multiples compétences doivent êtresollicitées tant sur un plan disciplinaire(économique,sociologie,écologie,…)ou sectoriel(transport,eau,déchets,milieu naturel,développement social,…),ou territorial (échelle de l’Etat,de la région,du département,de l’agglomération,…).l’enjeu est de parvenir a inventer de nouveaux lieux de débats et d’échanges mais aussi de nouvelles procédures de concertation et de négociation,c’est-à-dire de concevoir de nouveaux modes de «gouvernance ».il s’agit de tenter de concilier les approches descentes, «top down »,et ascendantes, «Botton-up » afin de garantir le succès d’un projet conçu de manière partenariale et coopérative.

Le développement durable fait appel plus particulièrementa la mobilisation des citoyens et a leur participation au processus .de décision. Ils’agit de les associer aux projets qui les concernent et de trouver avec eux et d’autres partenaires socio-économiques des solutions de compromis .le développement durable repose sur la démocratie locale ou démocratie participative et l’approche citoyenne. Ceci implique d’aller au-delà de la simple information et de développer un véritable processus de concertation.

Schéma du développement durable

Page 29: Agriculture et developpement durable

Schéma du développement durable : à la confluence de

trois préoccupations, dites « les trois piliers du développement

durable ».

IIRAPPEL HISTORIQUE ET CONTEXTE DEL’AGRICULTURE EN

AFRIQUESUBSAHARIENNE

2.1Période précoloniale L’agriculture en Afrique tropicale était autrefois, une agriculture de subsistance

essentiellement. Elle portait uniquement sur les cultures vivrières (igname, arachide, maïs, riz, sorgho, fonio, etc.). Les exploitations étaient de petites tailles avec une main-d’œuvre familiale. C’était une agriculture extensive sur brûlis avec pour finalité la satisfaction des besoins alimentaires de la famille surtout la famille élargie.

2.2 Période coloniale Il est évident que le but véritable de la colonisation n’a pas été seulement de nous

apporter la civilisation, mais surtout d’en tirer le maximum de profit. Le développement de l’agriculture en Côte d’Ivoire en particulier et dans les colonies françaises en général a obéit à une philosophie de développement économique définie par CAMILLE GUY « C’est par l’agriculture qu’il faut commencer l’exploitation rationnelle de nos colonies, car il ne peut y avoir de commerce qu’autant qu’il y aura dans nos établissements des colons et des richesses, et il saurait exister d’industrie qu’autant que colons et indigènes auront des besoins nouveaux et les moyens de les satisfaire ».

Avec la colonisation, les territoires d’Outre-mer ont été divisés en deux types de

colonies : − Les colonies de peuplement qui regroupaient les pays d’Afrique du Nord ; − Les colonies d’exploitation qui étaient composées des pays d’Afrique Noire

Il a donc été défini une politique agricole au niveau de chaque colonie suivant sa

situation agro-climatique qui visait à satisfaire les besoins de la métropole. C’est ainsi que la

Page 30: Agriculture et developpement durable

Côte d’Ivoire devait produire la café et le cacao, le Sénégal l’arachide, le Tchad le coton, la Guinée la banane, etc. Aussi, la Cote d’Ivoire exportait-elle déjà de l’huile de palme et palmiste en 1897, du bois en 1900, du café en 1902, du cacao en 1904 et du caoutchouc naturel. C’étaient surtout (à part le café introduit en 1880) des produits de cueillette, dont le service de l’agriculture avait à charge d’assurer le ramassage.

Cette période fut suivie d’une seconde étape où commence une politique de

développement des cultures d’exportation. Il s’agit du café, du cacao, du palmier à huile, etc. Ces principales cultures se sont développées de manière variable jusqu’à la fin de la deuxième guerre mondiale. Pendant les premières années qui suivirent cette guerre, l’objectif de la politique agricole coloniale était de ravitailler la métropole en produits tropicaux, afin de donner un nouveau souffle à son industrie.

La stratégie mise en œuvre pour atteindre les objectifs était d’imposer les cultures et

les superficies à mettre en valeur aux Indigènes. La distribution des semences sélectionnées et les travaux forcés étaient les moyens utilisés. L’Administration générale, les Services agricoles, les Eaux et Forêts et les Sociétés Indigènes de Prévoyance jouaient le rôle de structure d’encadrement. A cette stratégie, il faut signaler l’exemple en Côte d’Ivoire :

− La création du Fonds d’Investissement pour le Développement Economique et Social (FIDES) ;

− La création des infrastructures importantes (port, chemin de fer, etc.) ; − L’octroi de primes d’incitation et d’encouragement en 1951 aux planteurs

possédant ; plus de 25 ha à raison de 1 000 FCFA/ha ou ayant arraché les pieds de caféier atteints de trachéomycose ;

− La création en 1955 d’une caisse de soutien au café et cacao − L’installation de nombreux Instituts de Recherche Agronomique en vue de faire

l’inventaire des ressources et d’améliorer la matériel végétal, ainsi que les techniques culturales

2.3 Période après indépendance Après la décolonisation, plusieurs choix s’offraient aux pays africains quant au modèle

de développement de leur économie. La Cote d’Ivoire, pour sa part, a opté pour le développement agricole et en a fait le fer de lance de son économie. En effet, en 1960, la population ivoirienne était de 3.735.000 habitants dont 87,5 % de ruraux. Le pays disposait déjà d’une agriculture structurée : ouverte sur le marché extérieur, avec deux principaux produits que sont le café et le cacao, disposant d’une caisse de stabilisation de prix depuis 1955.

Le PIB était de 142 615 000 FCFA et la part de l’agriculture, constituée

essentiellement de l’exportation des produits agricoles, représentait 47 % des exportations totales.

A l’indépendance en 1960, pour des raisons agro-climatiques, d’habitudes alimentaires

et des cultures de rente, la Côte d’Ivoire se caractérisait par deux types d’agriculture : − Au nord, on a une zone de savane, avec un climat de type soudanais à deux

saisons : une saison de pluie et une saison sèche plus longue. La pluviométrie moyenne annuelle est de l’ordre de 1200 mm. Les exploitations sont de type familial, de petites tailles ayant des superficies moyennes de 2 à 3 ha. On y pratiquait une agriculture extensive, itinérante avec pour cultures principales : les céréales (maïs, mil, riz, sorgho, etc.) et des tubercules (igname, patates, etc.)

Page 31: Agriculture et developpement durable

destinées à l’autoconsommation. La satisfaction des besoins alimentaires était généralement assurée. Le coton et le tabac étaient les seules cultures de rente. Les travaux s’effectuaient manuellement à l’aide de la daba et de la machette. On y pratiquait l’élevage de manière traditionnelle. Les revenus monétaires étaient généralement faibles.

− Au sud, on a une zone de forêt, avec un climat tropical humide à quatre saisons (deux saisons pluvieuses et deux saisons sèches) et une pluviométrie variant entre 1000 et 2500 mm. Son agriculture se caractérisait par une prédominance du café par rapport aux cultures vivrières que sont la banane plantain, le taro, le manioc, etc.). Le système d’exploitation était basé sur une association des cultures de rente et vivrières durant les deux premières années ; ces dernières servant de plants d’ombrage. Cette agriculture occupait de grandes superficies mais ne fournissait que de faibles rendements. Elle était itinérante sur brûlis pour les cultures vivrières. Le travail se faisait manuellement avec la machette, la hache, la houe, etc. Les revenus monétaires moyens annuels par tète étaient beaucoup plus élevés que dans le nord. En 1965, ils étaient de 26 000 FCFA au sud contre 4 000 FCFA au nord.

Il est à noter qu’au centre, zone de transition, on rencontrait les deux types

d’agriculture précités. Du constat fait sur l’état de l’agriculture à l’accession de la Côte d’Ivoire à la

souveraineté nationale, des contraintes aussi bien internes qu’externe existaient :

− Contraintes internes o Peu de ressources minières ; o Inexistence de ressources pétrolières ; o Inexistence d’une agriculture agro-exportatrice ; o Besoin de devises ; o Peu d’organisation du marché intérieur ; o Fort besoin de mobilisation de la main d’œuvre.

− Contraintes externes L’adaptation au marché mondial de l’économie de plantation ivoirienne s’imposait car

après l’accession à l’indépendance politique, l’adhésion des anciennes colonies au "traité de Yaoundé" d’association avec la CEE a pour conséquence la perte d’un accès privilégié à des prix garantis au marché français. En effet, le café ivoirien (Robusta) était réputé mauvais et seuls les engagements de la France vis-à-vis de son ancienne colonie l’obligeaient de continuer à l’acheter.

La Cote d’Ivoire ayant opté pour une économie libérale, il lui fallait, dès

l’indépendance, créer les conditions favorables à l’accumulation du capital à partir de l’agriculture, pour pouvoir financer les autres secteurs de l’économie. Il était donc nécessaire que le gouvernement favorise l’augmentation de la production agricole et de la monétariser d’avantage. La politique coloniale, axée sur les cultures d’exportation, va se poursuivre grâce aux débouchés internationaux déjà existants, aux prix satisfaisants, au marché interne réduit et non organisé.

Afin d’éviter les dangers de la monoculture de rente (café), le gouvernement va

identifier d’autres cultures susceptibles : − D’alimenter le budget de l’Etat par les recettes douanières ;

Page 32: Agriculture et developpement durable

− De procurer aux planteurs de café et cacao d’autres sources de revenus en numéraires et d’en créer pour les paysans de la savane.

L’identification de ces cultures ne fut pas aisée dans la mesure où :

− Le cacao handicapé par l’extrême variabilité de ses cours, − la banane peu compétitive face à la production de l’Amérique centrale, − le caoutchouc dans une période de surproduction mondiale, − les denrées alimentaires sans débouchés nationaux ou régionaux appréciables,

incapables de ce fait de fournir des espèces aux paysans et à l’Etat, n’ont pas offert de solutions acceptables.

Le choix de la Côte d’Ivoire s’est porté ainsi sur le palmier à huile, le cocotier en zone

forestière et sur le cotonnier en zone de savane.

IIIENJEUX DE L’AGRICULTURE EN AFRIQUESUBSAHARIENNE

3.1 Enjeux au plan économique L’agriculture en Afrique emploie la majeure partie de la population active et constitue

la principale activité créatrice de richesse dans la plupart des pays. Le rôle crucial de l’agriculture dans le développement africain est désormais reconnu mais les politiques agricoles en Afrique restent loin d’être à la hauteur du poids que représente l’agriculture et ses enjeux.

En Afrique, l’agriculture qui inclut, dans une acception large, les productions

végétales, la transformation agroalimentaire, l’élevage, la pêche et l’exploitation forestière - est un secteur crucial à bien des égards. Elle est l’activité première pour plus de 60 % de la population africaine. C'est le pivot de l'économie puisqu’elle représente plus de 30 % de la richesse nationale mesurée par le produit intérieur brut (PIB) dans bon nombre de pays africains subsahariens. La carte ci-dessous présente le Produit Intérieur Brut Agricole en Afrique.

Page 33: Agriculture et developpement durable

Source : Banque mondiale, World developmentindicators, 2006 Le poids du secteur agricole dans l’économie peut cependant considérablement varier

d'un pays à un autre : ainsi, si l'économie d’un pays est basée sur le pétrole, la part du secteur agricole dans le PIB est moindre. Il reste cependant plus important dans tous les pays africains, comparé à d'autres pays du Sud et bien davantage encore comparé aux pays développés.

L'agriculture est aussi de première importance dans les revenus d’exportations,

puisque les produits agricoles représentent les premiers postes d’exportation dans la plupart des pays africains.

Tableau : Importance de l’agriculture en Afrique et dans d’autres régions du monde

Part de la population active agricole (2004)

Part des exportations agricoles dans les exportations totales

(2002-2004)

Afrique subsaharienne 60 % 12,4 %

Amérique latine et Caraïbes 18 % 16 %

Asie et Pacifique 58 % 5,1 %

Économies de marché développées 3 % 7,2 %

Source: FAO, State of Food and Agriculture, 2006

Les producteurs sont dans leur grande majorité des agriculteurs pratiquant une agriculture de subsistance et travaillant sur de petites exploitations familiales. Plus de 96 % des agriculteurs d’Afrique subsaharienne cultivent moins de 5 hectares.

3.2 Enjeux au plan social

En Afrique sub-saharienne, la population rajeunit grâce à une croissance

démographique soutenue par un taux élevé de fertilité ; la population des jeunes croît plus vite que le nombre d’emplois disponible.

La croissance économique n’est pas été assez importante pour créer des emplois

susceptibles de répondre aux besoins de cette population jeune. Ceux qui ont été plus ou moins formés ont acquis des compétences devenues inutiles pour le marché du travail, alors même que les exigences en compétences théoriques et pratiques réduisent des millions de jeunes sans qualifications au chômage ou en situation de sous-emploi. On estime à 133 millions environ le nombre de jeunes Africains illettrés (soit plus de 50 pour cent du total). La plupart n’ont que peu ou pas de compétences et sont donc pratiquement exclus de la vie économique et sociale.

Les causes de ce chômage et celles du sous-emploi des jeunes sont attribuées à

plusieurs facteurs dont la demande globale, les règlements du marché du travail, l'inadéquation entre les formations initiales et les besoins du marché de l'emploi, le volume de la main-d’œuvre jeune et l'employabilité des jeunes.Les gouvernements n’ont pas toujours compris qu’il était important de s’occuper de ces derniers. Ils avaient toujours cru, jusqu’ici,

Page 34: Agriculture et developpement durable

qu’une politique globale de lutte contre le chômage pouvait aussi valoir pour le chômage des jeunes.

D’après Ahmedou Ould-Abdallah, l'envoyé spécial de l'ONU dans la région, lors d'une

conférence de presse aux Nations unies « Les trois quarts des Africains de l'Ouest sont âgés de moins de 30 ans et jusqu'à 80% se trouvent au chômage, surtout dans les pays en guerre ou émergeant d'un conflit comme le Liberia et la Sierra Leone. Or "le chômage alimente la violence et la violence alimente le chômage", a-t-il souligné. "De plus en plus de jeunes des régions rurales partent vers les villes, ce qui crée un problème. Au lieu d'être vu comme facteur de développement et d'espoir, les jeunes sont vus comme une menace", déplore AhmedouOuld-Abdallah.

3.3 Enjeux au plan environnemental L’agriculture surtout familiale,en plus de créer des emplois et lutter contre le chômage

et l’exode rural, est moins agressive contre l’environnement et contribue fortement à l’entretien de l’espace rural. En effet, la faible utilisation des intrants chimiques contamine moins les nappes phréatiques et les cours d’eau. Les petites tailles des exploitations exposent moins les sols aux effets du ruissellement des eaux de pluie et des vents dominants. Les agriculteurs qui restent dans leur milieu entretiennent cet espace et contribue en leur manière à l’aménagement du territoire.

3.4 Enjeux au plan de la souveraineté Tout état qui n’arrive pas à assurer quantitativement et qualitativement les besoins

alimentaires de ses populations et qui dépend de l’aide extérieure cède une grande partie de sa souveraineté à ceux qui l’aident. En plus, il ne faut pas oublier les conséquences néfastes que les pénuries, les famines, la malnutrition et la sous-nutrition peuvent avoir sur le fonctionnement normal d’un pays ; car ne dit-on pas qu’un ventre affamé n’a point d’oreille.

Au vu de tout ce qui précède et compte tenu de la structure actuelle de nos économies

qui reposent essentiellement sur le secteur primaire, le développement de l’agriculture semble être l’alternative la plus réaliste.

IVCARACTERISTIQUES DE L’AGRICULTURE ET DE SES

PRODUCTIONS EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE

4.1 Les caractéristiques essentielles de l’agriculture

Page 35: Agriculture et developpement durable

4.1.1 Type d’exploitation Aujourd’hui dans le monde, quelque 2,6 milliards de personnes produisent plus de 70

% de la production alimentaire sur plus de 500 millions d’exploitations. En 2050, l’agriculture devra nourrir 9 milliards de personnes. Quelle place occupera alors l'agriculture familiale ? Pour répondre à cette question, il faut commencer par la définir.

L'agriculture familiale occupe 40 % des actifs dans le monde, mais : − moins de 5 % de la population active en Amérique du Nord et en Europe, − 59 % de la population active en Chine, − 53 % en Inde, − 53 % en Afrique.

Pour caractériser les agricultures familiales, une première option consisterait à prendre

en compte la taille de l’exploitation. Ainsi, pour les 81 pays dont les données sont disponibles :

− 72 % des exploitations utilisent moins de 1 hectare − 85 % ont moins de 2 hectares. − 94 % moins de 5 hectares.

La taille des exploitations est un critère trop dépendant des contextes locaux et

nationaux. Elle n'est pas un critère suffisant car elle varie trop d'un pays à l'autre. Cependant 94 % de ces exploitations disposent de moins de 5 hectares 1. C'est pourquoi on retient en priorité le fonctionnement d'une exploitation pour la qualifier de familiale :

− seuls travaillent à plein temps les membres de la famille : ils ne sont pas liés par des rapports de salaire, mais par des liens domestiques. Le travail crée des liens forts entre la famille et l’exploitation.

− une partie de la production est consommée par la famille elle-même : les agricultures familiales alimentent, certes, les marchés, mais l'autoconsommation est aussi un produit de ce travail.

− le capital est familial : il est indissociable du patrimoine familial.

Les agricultures familiales occupent des milieux, des espaces et des territoires très

diversifiés : elles manifestent ainsi une grande capacité d’adaptation par leur connaissance des milieux, en valorisant notamment des territoires fragiles, non accessibles à une agriculture industrialisée.

Les agricultures familiales permettent de nourrir 70 % de la population mondiale. C'est dans ce contexte que 2014 a été proclamée Année internationale de l'agriculture familiale par les Nations unies. Cette agriculture est actuellement plus présente dans les pays du Sud, en voie de développement, qu'en Amérique du Nord et en Europe où elle occupe moins de 5 % de la population active. Or, les agricultures familiales permettent de lutter contre la pauvreté en maintenant des emplois et en nourrissant la population.

Un des atouts de l'agriculture familiale est de s'adapter à des territoires fragiles, qui ne pourraient pas être exploités de façon industrielle. De ce fait elle est, par essence même, une agriculture durable qui respecte les écosystèmes.Les agriculteurs familiaux ont une approche durable des ressources agricoles qui doit être encouragée par des formations. Le nombre d’exploitations agricoles familiales est estimé à 500 millions à travers le monde.

Page 36: Agriculture et developpement durable

L'agriculture familiale est un modèle alternatif à l'industrialisation de l'agriculture. Elle forme la base sociale de la plupart des pays en voie de développement. Elle nourrit les familles, maintient des emplois et lutte donc contre la pauvreté. La France promeut l'agriculture familiale à travers le monde par l'intermédiaire de sa politique de développement portée par Pascal Canfin. Parmi les objectifs : mieux structurer les marchés agricoles, parvenir à un accès équitable à l'eau, garantir l'accès et l'usage des terres et lutter contre leur dégradation. Comme le dit Pascal Canfin, Le modèle de l'agriculture familiale est le plus performant et le plus adapté aux enjeux du XXIe siècle.

4.1.2 Les caractéristiques essentielles de l’agriculture Les caractéristiques essentielles de l’agriculture en Afrique sont une majorité de petits

producteurs, de faibles performances agricoles, des conditions de commercialisation défavorables, des exportations limitées aux produits primaires, une marginalisation dans le commerce international, une insécurité alimentaire persistante.

− Une majorité de petits producteurs

Les producteurs sont dans leur grande majorité des agriculteurs pratiquant une agriculture de subsistance et travaillant sur de petites exploitations familiales. Plus de 96 % des agriculteurs d’Afrique subsaharienne cultivent moins de 5 hectares. En Tanzanie par exemple, les petits paysans propriétaires cultivent moins de 3 hectares chacun. Pour la plupart des agriculteurs, l’agriculture consiste à produire des aliments de base pour leur propre subsistance et générer des revenus, complétés par la transformation des produits et par d’autres activités non agricoles ; la vente et la transformation agroalimentaire étant le plus souvent réalisées par les femmes. Cependant, les difficultés rencontrées pour produire les quantités suffisantes permettant de couvrir leurs besoins alimentaires et dégager des surplus pour la vente, sont importantes et rendent les producteurs vulnérables aux moindres chocs.

− De faibles performances agricoles

La forte croissance de sa production agricole (2,6 % de croissance annuelle entre 1996 et 2005 contre 0,9 % pour les pays développés) est demeurée cependant inférieure à la croissance démographique. De ce fait, l’Afrique est la seule région du monde où la production alimentaire moyenne par personne a baissé au cours des 40 dernières années (-0,2 % entre 1996 et 2005), exposant de nombreuses populations à un risque d'insécurité alimentaire. Cette situation varie d'un pays à l’autre. Cette baisse de la production alimentaire par habitant est en partie imputable aux investissements insuffisants dans ce secteur et aux techniques rudimentaires utilisées par la plupart des petits agriculteurs. Par exemple, en Tanzanie, environ 70 % des cultures sont toujours produites manuellement, à la houe.

− Des conditions de commercialisation défavorables

Les producteurs africains sont régulièrement confrontés à de forts obstacles à la commercialisation de leurs produits, tant au niveau national qu'international. Les infrastructures rurales inadéquates (équipements de stockage et routes par exemple) compliquent le transport des marchandises d'une région à l’autre ou d’un pays à un autre, contribuant ainsi à une augmentation des prix des produits locaux. La faiblesse de l’organisation des filières pour nombre de produits agricoles, est en partie liée à des déficits en matière d’organisations paysannes et de capacités de négociation avec les commerçants et les intermédiaires ; le pouvoir de négociation des producteurs nationaux pour obtenir des prix justes en échange de leurs marchandises s’en trouve réduit. De plus, le système bancaire favorise les importations au détriment des investissements locaux dans les systèmes

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productifs. Enfin, l’importation de produits, souvent moins chers, concurrence sévèrement les produits locaux.

− Des exportations limitées aux produits primaires Les principales exportations agricoles des pays africains concernent des marchandises

à faible valeur ajoutée. Ces produits primaires génèrent moins de revenus d'exportation que les produits transformés. Les exportations africaines sont non seulement spécialisées en matières premières, mais elles se concentrent en outre sur un nombre restreint de produits. Ce manque de diversification les rend très vulnérables en cas de choc externe (catastrophes naturelles détruisant la récolte, effondrement des cours mondiaux, etc.). La chute des prix de la plupart des matières premières au cours des dix dernières années, en plus de leur extrême instabilité sur les marchés mondiaux, affecte un grand nombre de pays africains. Les revenus de leurs exportations diminuent tandis que leurs importations augmentent, entrainant une détérioration des termes de l’échange. Les termes de l'échange se détériorent, lorsqu’avec les mêmes quantités exportées, le pays dispose d’une capacité d’importation de marchandises diminuée par rapport à la période précédente : le pouvoir d’achat des revenus d’exportation diminue..

− Une marginalisation dans le commerce international

Depuis 30 ans, les importations agricoles en Afrique augmentent plus rapidement que les exportations, ce qui fait de ce continent un importateur agricole net dès 1980.Comme les prix mondiaux des marchandises chutent à cette époque, les produits subventionnés par l’Europe et les États-Unis inondent le marché international, amenuisant considérablement la capacité de concurrence des producteurs africains, et réduisant les parts de marché des marchandises africaines. En 1980, la part de l'Afrique dans le commerce international s’élève à 6 %. En 2002, cette part est tombée à 2 %. 1 % de plus dans le commerce mondial dynamiserait déjà considérablement l'économie africaine, lui apportant plus de trois fois le montant des aides que l'Afrique reçoit actuellement. Alors que la part de l’Afrique dans le commerce international s’amenuise, le commerce interafricain augmente sur les dix dernières années, montrant ainsi le potentiel des marchés régionaux africains.

− Une insécurité alimentaire persistante

La capacité à nourrir une population toujours croissante constitue l’un des principaux défis que l'agriculture africaine doit relever dans les prochaines décennies. L'expérience montre que cette agriculture fait, jusqu'à un certain point, face à une remarquable croissance démographique. Cependant, l'insécurité alimentaire demeure persistante dans de nombreux pays, tout comme la dépendance à l'aide alimentaire et, de plus en plus, aux importations de produits alimentaires. Cela prouve aussi que la production alimentaire ne peut à elle seule assurer la sécurité alimentaire. La sécurité alimentaire est atteinte lorsque la totalité de la population dispose à tout moment d’un accès physique, social et économique à une alimentation suffisante, saine et nutritive pour répondre à ses besoins diététiques et à ses préférences alimentaires, et lui autoriser une vie active et saine. Malgré l'engagement pris par les chefs d'États de la planète au Sommet mondial de l’alimentation de 1996 de réduire de moitié le nombre de personnes souffrant de la faim, globalement, peu de progrès sont observables 10 ans plus tard, en 2006.

Dans les rares pays africains qui enregistrent une baisse du nombre de personnes en

insécurité alimentaire, on estime que c’est l’expansion considérable de la production agricole qui est à l’origine de ce progrès. Les réserves existantes de terres cultivables offrent encore un vaste potentiel exploitable, mais leur utilisation risque d'accroître la pression sur les ressources naturelles, l'eau en particulier.

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L'environnement international de plus en plus compétitif, du fait de la mondialisation,

constitue aussi une tendance structurelle que les pays africains doivent prendre en compte dans leurs décisions et actions futures.

4.2 Les productions tropicales

4.2.1 Les caractéristiques fondamentales

Il y a trois caractéristiques essentielles : elles sont essentielles à l'alimentation humaine, elles sont souvent périssables et leur élaboration est indissolublement liée à la biologie des végétaux cultivés et des animaux élevés.

− Elles sont essentielles à l'alimentation humaine: Bien qu'il existe de grandes possibilités de substitution entre les productions agricoles,

dans la couverture des besoins alimentaires, ces productions ont souvent un caractère incertain, car elles sont intimement liées à la physiologie humaine. Elles sont soit consommées comme telles (exemple des agrumes, fruits frais), soit l'objet de transformations plus ou moins complexes (exemple viande, café, cacao, thé, tabac, beurre, etc.), soit utilisées comme véritables matières premières à l'industrie agroalimentaire (exemples : cacao chocolat ; céréale pâte alimentaire; viande conserve) ; mais évidemment, de nombreuses autres productions agricoles ne sont ni indispensables (tabac, café, thé, épices, etc.) ni même comestibles (exemple: fibre de coton, hévéa, sisal, ricin).

− Elles sont souvent périssables

Il en résulte donc la nécessité de les consommer dans un délai plus ou moins bref après la récolte ainsi que l'obligation de les offrir sur le marché quelque en soit le prix et ce d'autant plus rapidement que leur délai de consommation est court (viande, fruits frais, légumes, lait).

− Leur élaboration est indissolublement liée à la biologie des végétaux cultivés et

des animaux élevés Situant la production agricole en référence à la biologie des êtres vivants dont elle

procède, on peut les subdiviser en production discontinue ou continue.Les productions agricoles dites discontinues sont obtenues une seule fois en terme de leur cycle biologique (graminées alimentaires, pommes de terre).Les productions agricoles continues sont caractérisées par un flux de production plus fréquent dans le temps. C'est le cas des productions liées au processus biologique de la reproduction ou à l'activité ovarienne (lait, œuf, latex de l'hévéa, le café, le cacao).

La durée de vie économique des plantes et des animaux dépend étroitement de la

spécificité biologique de chaque espèce. Ainsi, on peutdistinguer: − les productions exigeant un temps relativement court et pouvant se succéder

plusieurs fois par an sur la même sole. − Les productions dont l'élaboration requiert par exemple trois à neuf mois et obtenues

une seule fois par an (canne à sucre, etc.) ;

Page 39: Agriculture et developpement durable

− Les productions exigeant plusieurs années (les cultures pérennes, l’arboriculture fruitière, la production forestière, etc.).

4.2.2 La typologie des productions végétales en Afrique

tropicale

Plusieurs critères de classement des productions végétales peuvent être retenus :la périodicité, la saisonnalité, la destination, la périssabilité, la transformation, etc. Il est parfois mal aisé de classer une production végétale donnée. Ainsi, le riz et le maïs peuvent être considérés comme cultures vivrières et des cultures industrielles. La banane et l'ananas sont des cultures industrielles, des cultures fruitières et vivrières. Le soja et la tomate sont des cultures légumières et considérées comme cultures industrielles. La classification est purement conventionnelle.

− les cultures vivrières : Il s'agit, en fait, de l'ensemble des plantes amylacées constituées essentiellement par

les céréales, les plantes féculentes ou tubercules.Exemples: Céréales (mil, sorgho, maïs, fonio, blé, riz, etc.), Plantes à tubercules: (igname, pomme de terre, taro, manioc, etc.)

− Les cultures industrielles Il s'agit des plantes qui sont essentiellement destinées à la transformation industrielle

avant leur consommation ou leur mise sur le marché. Elles constituent aussi les matières premières de l'agro-industrie.Exemples :

o Plantes stimulantes : café, cacao, thé, cola, tabac o Plantes oléagineuses : palmier à huile, cocotier, cotonnier (graines de coton),

soja, arachide, ricin, tournesol, karité o Plantes à caoutchouc : elles sont constituées essentiellement par l'hévéa o Plantes textiles : coton, jute, sisal, kenaf o Plantes saccharifères : canne à sucre

− Les fruits et légumes Cette rubrique englobe tous les autres fruits divers et les légumes.Exemples:

o Cultures fruitières : Corossol, goyave, mangoustan, papaye, passiflore, avocat, mangue

o Cultures légumières : choux, concombre, carotte, aubergine, tomate, pois, radis, gombo, piment, poivre

− Les plantes spéciales Elles comprennent les catégories de plantes qui sont cultivées ou entretenues pour des

utilisations très spécifiques, par exemple en parfumerie ou en teinturerie. o Plantes médicinales: quinquina ou cinquona, hyachiche o Plantes à parfum: citronnelles, Eucalyptus et certains agrumes o Plantes tinctoriales: palétuvier, rocouyer

− Les cultures fourragères La pratique de fourrage artificielle n'est pas très courante, actuellement, en agriculture

africaine, pourtant le développement de l'agriculture et son intégration à l'élevage exige l'introduction et la diffusion à grande échelle des cultures fourragères. De nombreuses espèces fourragères sont repérées et connues.Exemples:

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o Les graminées : Panicum maximum, Penisetumpurpureum (herbe à éléphant ou roseau)

o Les légumineuses : Stylosanthesgracilis, le niébé, Puerariasp.,Centrosomasp., le poids d'angol (Cajanuscajan)

o Les espèces ligneuses : Acacia albida, Fucus exasperata

− Les productions animales Les produits du cheptel vif comprennent la viande, le lait et les sous-produits.

Exemple : cuir, peau, laine et poils. Mais le cheptel vif est constitué d'une grande diversité d'animaux qu'on peut subdiviser en sept grandes catégories :

o les bovins : zébus et taurins ; o les ovins (moutons à poils, moutons à laine) et caprins (chèvres du Sahel,

chèvres guinéenne, etc.) ; o les équins (chevaux), les camelins (chameaux), asins (ânes) ; o les porcins ; o la volaille (ponte, chair, ponte et chair) ; o les poissons (pisciculture en étang, en cage, en enclos, la rizipisciculture) ; o autres élevages spéciaux : ils sont assez variés et comprennent notamment les

élevages de dindons, de canards et de pintades, les élevages de lapins (cuniculture), élevage d'abeilles (apiculture), élevage d'aulacodes (aulacodiculture), élevage d'escargots (héliciculture).

V PROBLEMATIQUES DE L’AGRICULTURE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE

5.1 Problématique générale

Comme dans plusieurs secteurs de l’activité économique, l’agriculture africaine est à la traîne. Ballotée entre des plans de développement inadaptés et les aléas climatiques, ce secteur de production affiche des résultats en dents de scie. Si on y ajoute les années de crise et les multiples plans de restructuration des années 90, il ne faut point se surprendre que la disette sévisse de plus en plus sur le continent.

Sur ses 30 415 873 km2 de superficie, l’Afrique n’utilise que 25% de ses terres arables, essentiellement par manque de moyens. Une analyse un peu plus pointue d’organismes internationaux comme l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) établit de manière claire les raisons des obstacles à la croissance de la production agricole africaine.

Globalement, résument les auteurs d’un rapport publié au début des années 2000, les principales difficultés qui limitent le développement du potentiel agricole en Afrique sont avant tout liées aux aspects physiques, économiques et sociaux de l'utilisation et de la gestion des ressources naturelles.

Au plan institutionnel, des politiques gouvernementales défavorables à l'agriculture ont fortement contribué à la baisse de la productivité de ce secteur sur le continent. Après la décolonisation, la majeure partie des pays africains ont souffert d'un environnement politique erratique et instable. Les changements de paradigmes politiques n'ont réussi ni à surmonter les difficultés globales du secteur, ni à mettre en place des interventions adaptées.

Plusieurs décennies plus tard, des réformes ont été engagées dans le cadre des programmes d'ajustement structurel et de stabilisation macro-économique pour effacer l'échec

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des politiques antérieures. Les réformes des marchés et le retrait de l'État des activités commerciales ont ainsi eu pour objectif d’encourager le développement du secteur privé, mais sans succès notable. On a par exemple observé que les agriculteurs de subsistance, qui disposaient d'une faible quantité d'excédents commercialisables, n'ont pas autant tiré profit des changements que les grands exploitants agricoles.

Quant aux petits agriculteurs, le coût extrêmement élevé des engrais et des autres intrants agricoles, la faiblesse du pouvoir d'achat et la difficulté d’accès au crédit les ont littéralement marginalisés. Ce qui fait que d’autres catégories d’acteurs très entreprenants comme les femmes, qui jouent un rôle considérable dans l’agriculture en Afrique, n'ont pu, de ce fait, adopter des technologies modernes et plus performantes et sont restées dans des formes élémentaires d’exploitation agricole.

La FAO rappelle d’autre part que l'Afrique est la seule région du monde en développement dont la production alimentaire moyenne, par habitant, a baissé au cours des 60 dernières années. « Des périodes de sécheresse récurrentes et de plus en plus fréquentes, suivies par de longues alternances de sécheresses et d'inondations, ont réduit l'optimisme et remis en cause l'espoir d'accroître les rendements agricoles de manière durable et de garantir la régularité des approvisionnements alimentaires (notamment en céréales) », rapportent les analystes de l’organisme.

Le même rapport ajoute que la dégradation accélérée des eaux et des sols est un autre problème majeur de l'agriculture en Afrique. « En général, les terres agricoles sont rares et leur qualité ne cesse régulièrement de se dégrader. Cette situation s'explique en grande partie par les pressions démographiques et par une utilisation non durable qui résulte de la lenteur d'introduction de technologies plus performantes. Des systèmes autochtones et coutumiers prédominent encore l'utilisation des terres dans les pays au sud du Sahara. Ces systèmes sont en général basés sur diverses formes de contrôle collectif pour assurer une gestion équilibrée de la propriété communautaire; dans de nombreux cas cependant, ils font obstacle à l'adoption de techniques plus modernes qui requièrent des investissements à long terme ».

C’est donc ce tableau peu reluisant que les responsables politiques et les corps sociaux intermédiaires devront essayer de modifier pour les prochaines décennies. S’arracher de force aux archaïsmes et se projeter résolument vers l’avenir parce que le progrès ne doit pas être une posture, mais plutôt action. Parce qu’il arrivera même qu’il n’y ait plus de ressources pour importer des aliments afin de combler l’énorme différentiel puisque l’Afrique est aujourd’hui obligée d’importer pour près de 35 milliards $US de produits alimentaires.

Le chercheur sénégalais Pape Abdoulaye Seck, directeur général du Centre du riz pour l’Afrique, concluait à cet effet qu’une métamorphose positive de l’agriculture africaine devra passer par une combinaison intelligente de quatre facteurs : technologies adaptées, infrastructures de qualité, environnement institutionnel et économique incitatif et préservation des ressources naturelles.

5.2 La croissance agricole

La dépendance des pluies, de plus en plus irrégulières, l’épuisement des sols et

plusieurs décennies de sous-investissements et de désintérêt de la part des gouvernements et donateurs internationaux, la pauvreté des cultivateurs s’est souvent aggravée à mesure que l’agriculture africaine, principal pilier économique de la région, passait à l’arrière-plan. De

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l’avis d’un nombre croissant de gouvernements africains, d’institutions des Nations Unies et d’organismes non gouvernementaux, si l’on ne s’efforce pas de toute urgence d’accroître les rendements agricoles, de mettre en place des systèmes de transport et de commercialisation et d’adopter des méthodes agricoles modernes et durables, le continent africain n’atteindra pas ses objectifs de développement et la population rurale, majoritaire, n’engrangera pas de récoltes suffisantes.

On ne soulignera jamais assez l’importance de l’agriculture pour l’avenir économique de l’Afrique. Plus de 65 % des quelque 750 millions d’habitants de l’Afrique subsaharienne travaillent dans l’agriculture, et le secteur est à l’origine de plus du quart du produit intérieur brut dans la plupart des pays. Les produits agricoles représentent environ 20 % des échanges commerciaux internationaux de l’Afrique et constituent l’une des principales sources de matières premières pour l’industrie.

Conscients de cette importance, les partisans du plan de développement du continent, le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), ont publié en 2003 le Programme intégré pour le développement de l’agriculture en Afrique (CAADP). Ses objectifs sont ambitieux :atteindre des taux de croissance de 6 % par an dans les zones rurales d’ici à 2015, intégrer et dynamiser les marchés agricoles régionaux et nationaux, augmenter considérablement les exportations agricoles, faire de l’Afrique un “acteur stratégique” à l’échelle mondiale dans le domaine des sciences et technologies agricoles, adopter des techniques adéquates de gestion de l’environnement et des terres et réduire la pauvreté en milieu rural. Le plan comprend quatre domaines prioritaires ou grands axes d’investissement visant à revitaliser l’économie rurale :

− accroître la superficie des terres agricoles irriguées en Afrique et améliorer la gestion des terres et les techniques agricoles afin de préserver et d’améliorer la qualité des sols

− investir dans les infrastructures rurales, notamment des routes et chemins de fer, des sites de stockage et de traitement, des marchés, des systèmes de communication et des réseaux d’approvisionnement fiables pour les agriculteurs

− faire de la production alimentaire une priorité importante, pour combattre la faim et développer les exportations, et améliorer les interventions d’urgence en cas de catastrophe naturelle et de conflit

− renforcer la recherche et le développement dans le domaine agricole en Afrique, notamment en ce qui concerne les méthodes technologiques et agricoles de pointe et faire bénéficier rapidement et véritablement les agriculteurs, fournisseurs et acheteurs des progrès réalisés

Le CAADP met l’accent sur la concertation régionale dans les différentes zones climatiques du continent et doit être mis en œuvre par les organismes économiques régionaux existants et les gouvernements. Le coût total du programme pour la période allant de 2002 à 2015 est estimé à 251 milliards de dollars soit environ 18 milliards de dollars par an. Bien qu’il soit prévu de financer cette somme en partie en faisant appel à des donateurs, les analystes observent que l’Afrique importe actuellement pour environ 19 milliards de produits agricoles par an ; une partie importante de ce coût pourrait donc à terme être prise en charge par les pays africains, à mesure que ceux-ci réduiront leurs importations.

Cependant, les obstacles à surmonter sont aussi importants que les conséquences potentielles d’un échec. D’après les estimations du Programme alimentaire mondial des Nations Unies, plus de 30 millions d’Africains ont actuellement besoin d’aide alimentaire

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internationale. Des chercheurs de l’Union africaine ont signalé en janvier que la population augmentait plus rapidement que la production alimentaire du continent depuis 1993, ce qui explique la hausse de 20 % du nombre de personnes souffrant de la faim de 176 millions à 210 millions. Les exportations commerciales ne se portent pas mieux, la part de l’Afrique dans les échanges commerciaux mondiaux ayant reculé dans neuf de ses dix principaux produits agricoles d’exportation.

La détérioration continuelle des sols de l’Afrique constitue un obstacle important à la hausse des rendements, observe M. Amit Roy, directeur du Centre international de développement des engrais (IFDC), un institut américain œuvrant en faveur des progrès de l’agriculture dans les pays en développement. “Aujourd’hui, les trois quarts des terres agricoles de l’Afrique quelque 170 millions d’hectares sont abîmés, a-t-il déclaré fin mars à la presse à New York. Résultat : le rendement céréalier stagne à une tonne par hectare, alors que la moyenne mondiale est de 3 tonnes.” Chaque hectare de culture absorbe à chaque saison plus de 45 kilogrammes de nutriments et de minéraux, a-t-il expliqué, ce qu’on appelle ‘l’extraction de nutriments’. Lorsque les agriculteurs cultivent les mêmes champs, saison après saison, et ne peuvent se permettre de remplacer les éléments nutritifs du sol absorbés par leurs cultures, le sol se vide en fait de sa substance.”

Selon les estimations, ce sont 8 millions de tonnes d’éléments nutritifs qui sont consommées chaque année. Pour empêcher que les récoltes ne diminuent, il est donc essentiel de restaurer l’azote, le potassium, le phosphore et les autres minéraux absorbés par les plantes. La solution consiste en partie à adopter de meilleures pratiques agricoles, notamment en diversifiant les cultures, en améliorant les méthodes de préservation des sols et en utilisant de meilleures semences et technologies. Mais pour entamer une véritable “révolution” de l’agriculture africaine, a expliqué M. Roy à Afrique Renouveau, il faut avant tout employer davantage d’engrais.

En Asie et en Amérique latine, les cultivateurs ont considérablement amélioré leurs récoltes en augmentant la productivité des terres existantes, alors qu’en Afrique on a cherché à produire davantage en cultivant de plus grandes superficies. “Traditionnellement, les agriculteurs africains pratiquent la culture sur brûlis, rappelle M. Roy. Ils défrichent une zone en y mettant le feu, la cultivent pendant une saison ou deux, passent ensuite à une autre parcelle et laissent la première en jachère."

On estime que 50 000 hectares de forêts et 60 000 hectares de savane disparaissent ainsi chaque année en Afrique, ce qui nuit gravement à l’environnement et contribue au recul de la production agricole par habitant depuis 20 ans.D’après le CAADP, les cultivateurs africains utilisent actuellement beaucoup moins d’engrais que leurs homologues d’autres régions du monde.

5.3 La sécurité alimentaire Aujourd’hui, près de 33% de la population d’Afrique subsaharienne, soit environ 200

millions de personnes, est sous-alimentée, dont 60% dans des pays en conflit. La sous-alimentation chronique sévit dans toute la région mais ces dix dernières années le nombre de malnutris a principalement augmenté dans les pays en conflit – souvent bien pourvus en ressources minérales – alors qu’ailleurs on constate une amélioration générale, quoique irrégulière et lente. La région reste, dans l’ensemble, fréquemment exposée à la famine et aux

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crises alimentaires, aisément déclenchées par la moindre sécheresse, inondation, invasion de ravageurs, récession économique ou situation de conflit.

L’Afrique subsaharienne est la seule région du monde où l’on prévoit une aggravation duproblème de la faim au cours des vingt prochaines années si des mesures radicales nesont pas prises pour instaurer la paix, améliorerla gouvernance et atteindre le niveau de développement économique nécessaire pour inverser la tendance actuelle.

Les céréales, les racines et les tuberculesconstituent une grande partie des disponibilitésalimentaires en Afrique subsaharienne mais leurproduction ne suit pas le rythme de lacroissance démographique. Les pays qui ont étéen mesure d’accroître leur production decéréales et d’exporter des produits agricolessont généralement ceux où la sécuritéalimentaire s’est améliorée. Pour satisfaire lademande de denrées alimentaires, les paysd’Afrique subsaharienne ont été obligésd’importer davantage : 25% des céréales consommées sont actuellement importées (contre 5% à la fin des années 1960). Cetteproportion est bien plus forte dans les payspauvres présentant un solde commercial négatifet un fort endettement, et pour lesquels cesimportations ne sont pas viables à long terme.

L’aide alimentaire, en forte augmentation dansles années soixante-dix, s’est stabilisée à 3% enmoyenne de la consommation de céréales. Dans certains pays, elle est cependant devenueune source régulière d’approvisionnement etpeut représenter jusqu’à 20% des céréalesconsommées, ce qui rend ces pays tributairesde l’aide extérieure.

En Afrique subsaharienne, divers facteursentravent l’accès des ménages à la

nourriture : − incapacité des pays à engendrer les ressources nécessaires pour l’importation de

produits vivriers ; − niveau de pauvreté élevé et en constante augmentation (50% en 2003) dû à une

dépendance excessive vis-à-vis de l’agriculture de subsistance ; − accès limité aux emplois non agricoles ; − développement timidedes centres urbains et répartition faussée desrevenus.

Par ailleurs, en raison de déficiences en matièred’infrastructures de transport et

commerciales,les denrées n’atteignent pas ceux qui en ont leplus besoin ou bien leur parviennent à des prixextrêmement élevés. Dans pas moins de 17pays de la région, la circulation des produitsalimentaires a en outre été gênée par desconflits et la distribution alimentaire aurait mêmeété utilisée, dans certains cas, pour s’assurer lasoumission des populations.

La définition de la notion de sécurité alimentaire a évolué, notamment au long des

différents sommets mondiaux sur l’alimentation organisés par la FAO où elle a été régulièrement redéfinie. On est ainsi passé de l’autosuffisance alimentaire à la sécurité alimentaire. En effet, la sécurité alimentaire peut être assurée si un pays dispose en permanence des moyens de se procurer son alimentation sur le marché mondial. On peut donc disposer d’une sécurité alimentaire sans pour autant être autosuffisant (Aumand et al 1999).

Le concept de sécurité alimentaire fait référence à la disponibilité ainsi qu'à l'accès à la

nourriture en quantité et en qualité suffisantes. La "sécurité alimentaire" est une situation qui garantit à tout moment à une population, l'accès à une nourriture à la fois sur le plan

Page 45: Agriculture et developpement durable

qualitatif et quantitatif. Elle doit être suffisante pour assurer une vie saine et active, compte tenu des habitudes alimentaires.

La Déclaration de Rome sur la sécurité alimentaire mondiale, lors du sommet

mondial de l'alimentation de 1996, à l'invitation de l'ONU réaffirme le droit de chaque être humain d'être à l'abri de la faim et d'avoir accès à une nourriture saine et nutritive : "Nous proclamons notre volonté politique et notre engagement commun et national de parvenir à la sécurité alimentaire pour tous et de déployer un effort constant afin d'éradiquer la faim dans tous les pays et, dans l'immédiat, de réduire de moitié le nombre des personnes sous-alimentées d'ici à 2015 au plus tard." La sécurité alimentaire comporte plusieurs axes :

− Disponibilité (production intérieure, capacité d'importation, de stockage et aide alimentaire)

− Accès (dépend du pouvoir d'achat et de l'infrastructure disponible) − Stabilité (des infrastructures mais aussi stabilité climatique et politique) − Salubrité, qualité, hygiène

La qualité exige d'avoir identifié les risques et dangers, « de la fourche à la fourchette

», en incluant donc les aspects (conservation, contact alimentaire, impacts des modes de cultures, transport des aliments, modes de cuisson ...) et de prendre les mesures de précaution et d'évaluation pour limiter l'expression des risques notamment ceux d'intoxication alimentaire. La nouvelle réglementation européenne dite « paquet hygiène » vise à prévenir les dangers avec une obligation de résultat, "de la fourche à la fourchette". Les guides de bonnes pratiques mis en place par les filières professionnelles.

La "sécurité des aliments" ou "sécurité sanitaire des aliments" est la garantie de

l'innocuité des produits alimentaires, c'est-à-dire que leur consommation n'aura pas de conséquences néfastes sur la santé. Elle est l'une des composantes de la sécurité alimentaire. Exemples de moyens mis en œuvre pour la sécurité des aliments :

− contrôle des origines, − contrôle de la composition, − détection des sources de contamination bactérienne, − contrôle de la chaîne de fabrication ou de transformation, − contrôle de la chaîne du froid.

C’est un paradoxe difficile à comprendre que l’Afrique subsaharienne, un continent

doté d’autant de richesse, fasse toujours face à la famine et à la malnutrition (PNUD). Le paradoxe est d’autant plus frappant que la région a connu ces dernières années des taux de croissance économique élevés, parmi les plus forts au monde, et des améliorations de l’espérance de vie et de la scolarisation. Rien de cela toutefois ne s’est accompagné de progrès en matière de sécurité alimentaire.

Près de 218 millions d’Africains, soit plus d’un sur quatre, restent sous-alimentés et

plus de 55 millions d’enfants de moins de 5 ans, soit plus de 40 %, souffrent de malnutrition. Le spectre de la famine, qui a pratiquement disparu en d’autres lieux, continue de hanter de vastes groupes de population de la région : il s’est manifesté en Somalie en 2011 et le Sahel est de nouveau à risque en 2012. L’insécurité alimentaire chronique de l’Afrique subsaharienne provient de décennies de sous-investissement dans les campagnes, où l’infrastructure se détériore, l’agriculture languit, les inégalités fondées sur le sexe et autres facteurs se creusent et les systèmes alimentaires stagnent.Les petits agriculteurs, ceux-là

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mêmes dont dépend le relèvement du secteur agricole, se trouvent de longue date pris entre l’arbre et l’écorce.

Les aléas de la météorologie et les variations saisonnières des prix alimentaires,

doublés de nouvelles menaces provenant de la croissance démographique, des pressions environnementales et des changements climatiques, ne font qu’empirer la situation. Mais il ne faut pas confondre histoire et destin et les Africains ne sont pas irrémédiablement condamnés par le sort à souffrir de la faim. Si les pouvoirs publics, armés d’une volonté politique solide, agissent résolument pour faire en sorte que tous et toutes puissent accéder aux denrées alimentaires et aient les moyens financiers de se les procurer, il peut s’enclencher sur le continent un cercle vertueux de développement humain accru et de sécurité alimentaire renforcée.

5.4 La biosécurité

La biosécurité peut être définie comme l’ensemble de mesures visant à sécuriser l’exploitation des ressources biologiques, notamment en prévenant les risques de contamination, de pollution de l’environnement ou d’appauvrissement de la biodiversité. Ce sont les mesuresquipermettentdecontinueràexploiterlesressourcesnaturellestouten protégeantl'environnement, la biodiversité etlespopulationslocales. C’est aussi l’ensemble de mesures visant à sécuriser l’exploitation des ressources biologiques, notamment en prévenant les risques de contamination, de pollution de l’environnement ou d’appauvrissement de la biodiversité. La biosécurité correspond aux mesures prises pour minimiser :

− le risque d’introduction d’agents pathogènes dans des unités de production individuelles (bio-exclusion)

− le risque de sa transmission à l’extérieur (bio-confinement) et de sa propagation ultérieure.

Elle se compose de trois étapes principales : l’isolement, le nettoyage et la

désinfection. Elle est applicable partout, à chaque maillon de la chaîne alimentaire (production primaire, transformation, distribution, consommation et gestion des déchets et sous-produits).

La question de la biosécurité est abordée et définie par le « Protocole sur la biosécurité », qui institue un cadre réglementaire à l'échelle internationale pour concilier les impératifs commerciaux et la protection de l'environnement au regard de l'industrie de la biotechnologie qui connaît un essor rapide. Le protocole crée également un contexte favorable à l'utilisation sensée et respectueuse de l'environnement des biotechnologies, ce qui permet de tirer le maximum de leur potentiel tout en réduisant les risques pour l'environnement et la santé humaine.

On parlera également de biosécurité pour le domaine scientifique, avec par exemple

l'élaboration des « Lignes directrices en matière de biosécurité » qui fixent certaines normes concernant la question de la sécurité en laboratoire liée à la culture de cellules et de virus animaux, ou traitant des problèmes de sécurité qui pouvaient surgir par suite de l'application des nouvelles techniques de génétique, comme les OGM (Organismes génétiquement modifiés).

5.5 La biodiversité

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La biodiversité, au sens étymologique du terme, évoque la diversité du vivant, c'est-à-dire tous les processus, les modes de vie ou les fonctions qui conduisent à maintenir un organisme à l'état de vie. Ce terme est beaucoup trop large pour avoir une véritable connotation scientifique. En réalité, c'est un terme autrefois à la mode qui commence progressivement à disparaître du langage des sciences du vivant.

La biodiversité, contraction de « diversité biologique », est une expression désignant la

variété et la diversité du monde vivant. Dans son sens le plus large, ce mot est quasiment synonyme de vie sur terre. Toute région possède des espèces qui lui sont propres. Celles-ci sont appelées espèces endémiques, c'est-à-dire limitées à une certaine zone. Les îles disposent en général d'un nombre d'espèces inférieur à celui de territoires de superficie équivalente sur les continents, mais on y recense souvent un pourcentage plus important d'animaux que l'on ne trouve nulle part ailleurs. En d'autres termes, les îles possèdent une richesse spécifique moindre, mais un endémisme plus important. L'Homme a contribué, et contribue toujours, à une importante réduction de la biodiversité. La diminution des populations animales et végétales, l'extinction ou la raréfaction de certaines espèces et la simplification des écosystèmes en sont des preuves évidentes.

La biodiversité, c’est tout le vivant et la dynamique des interactions en son sein. Plus

précisément, c’est l’ensemble des milieux naturels et des formes de vie (plantes, animaux, être humains, champignons, bactéries, virus…) ainsi que toutes les relations et les

interactions qui existent, d’une part, entre les organismes vivants eux-mêmes, et, d’autre part, entre ces organismes et leurs milieux de vie.La vie sur terre comprend trois aspects interdépendants :

• la diversité des espèces (dont l’espèce humaine). On estime aujourd’hui à plus de 10 millions le nombre d’espèces d’êtres multicellulaires, mais seulement 1,8 millions ont déjà été identifiées,

• la diversité des individus (diversité des gènes) au sein de chaque espèce, • la diversité des milieux de vie (écosystèmes) : des océans, prairies, forêts… au

contenu des cellules (des parasites peuvent notamment y vivre) en passant par la mare au fond du jardin...

Les premières politiques de protection de la nature, apparues dès le début des années

30 (loi sur les monuments et les sites), puis en 1960 (création des premiers parcs nationaux…), visaient à protéger les espaces et les espèces « remarquables » (emblématiques d’une culture ou d’une région, exceptionnels...). A partir des années 80, on a découvert que la diversité biologique était à la fois bien plus immense, complexe et fragile que ce que l’on avait pensé, et qu’elle était le patrimoine commun mondial.

Les observations scientifiques ont notamment montré que les espèces jusqu’alors

considérées comme « communes » remplissaient des fonctions précises au sein des écosystèmes (et qu’elles étaient notamment nécessaires à la survie d’autres espèces), mais aussi que l’activité humaine les menaçait d’une manière souvent irréversible. C’est ce principe d’interaction et d’interdépendance qui constitue la nouveauté de la notion de biodiversité : elle affirme l’unité de la vie dans toute la diversité de ses manifestations, à tous les niveaux de son organisation - espèces, milieux et gènes.

Une nouvelle approche de la protection de la nature est alors apparue : protéger le

vivant dans son ensemble et pour cela organiser la conservation de tous les milieux, de toutes

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les espèces et de leur diversité génétique. Dans les années 90, le développement des biotechnologies a conduit de nombreuses firmes à s’intéresser à l’exploitation des ressources génétiques. La répartition de l’utilisation de ces ressources, et des bénéfices qui en découlent, sont dès lors au cœur des politiques de protection de la biodiversité, d’autant qu’un grand nombre de ces ressources sont situées dans les pays du Sud.

5.6 Le foncier rural

Le terme "foncier" désigne l'ensemble des droits d'accès, d'exploitation et de gestion s'exerçant sur les terres et les ressources renouvelables. La détention de ces droits, la maîtrise des règles et procédures qui les régissent sont porteurs d'enjeux économiques et sociopolitiques considérables. L'ampleur et parfois la violence des conflits fonciers démontrent la nécessité, mais aussi la difficulté, d'innover et d'agir sur ce sujet.

Dans la majorité des pays en développement, le dualisme prévalant entre législations

foncières nationales et pratiques foncières locales, dites coutumières, n'est plus à démontrer. Pour concilier les logiques respectives des différents acteurs du développement rural, tant publics que privés, ces deux régimes, le premier légalement institué, le second fondé de fait sur des règles informelles, doivent converger l'un et l'autre vers un cadre commun.

De nombreuses législations foncières, encore marquées par l'époque coloniale, se

basent sur lerégime du livre foncier, qui promeut une propriété privée individuelle que les Etats n'ont pugénéraliser. Ce constat amène, selon les cas, à remettre en cause :

− les objectifs eux-mêmes : par exemple, la propriété individuelle est éloignée de la réalité decertaines zones,

− les outils et les procédures mis en place : ainsi l'immatriculation des terres demeure hors deportée de la grande majorité des populations rurales,

− les moyens disponibles pour d'une part faire connaître et respecter les législations et d'autre part

− suivre leurs effets : on constate que le principe selon lequel la terre revient à celui qui la met en valeur a pu induire de fait une extensification agricole et une réduction de la durée des baux.

A l'échelle nationale, différents textes juridiques peuvent en outre présenter certaines

incohérences dans leurs implications foncières. Enfin, les pratiques administratives peuvent s'avérer, dans certains cas, en décalage avec les politiques officielles.Les règles foncières locales sont quant à elles confrontées à des évolutions constantes del'environnement productif. Certains systèmes demeurent peu touchés par le phénomèned'individualisation de l'appropriation foncière : parcelles agricoles mobiles au sein des espaceslignagers, zones de pâturages etc. A l'opposé, une dynamique de marchandisation de la terre estnettement observable dans la plupart des espaces soumis à forte concurrence, comme lespérimètres irrigués, les zones périurbaines et les systèmes agraires basés sur des cultures pérennes.

Les instances coutumières concernées, qui ne reconnaissaient pas l'aliénation de la

terre, ressourceempreinte de symbolisme, ne peuvent faire face à de si nombreux chocs évolutifs sans traverserune période d'adaptation dont l'horizon reste incertain. La monétarisation des transactions peutfavoriser dans un premier temps le développement d'une spéculation improductive. Dans certainesrégions, malgré la forte capacité d'adaptation des régimes coutumiers, les incertitudes grandissent :les perspectives de gestion et d'exploitation des terres se replient sur un pas de temps court, alorsque les autorités foncières sont

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confrontées à des tentatives croissantes d'implication des acteursémergents (ressortissants urbains, responsables d'organisations paysannes). La pression foncière sedéveloppant, les institutions coutumières sont de moins en moins enclines à considérer équitablementles différents groupes sociaux et connaissent des conflits intercommunautaires qu'elles ne peuventrésoudre.

Les contradictions entre les droits positifs, les droits coutumiers et éventuellement

religieux,l'affaiblissement des modes de régulation locaux contribuent à une situation de confusion juridique.Les instances d'arbitrage peuvent être multiples et non hiérarchisées. Des décisions contradictoirespeuvent être prises. Faute de jurisprudence reconnue, des conflits ressuscitent au rythme desmutations des instances d'arbitrage.

Plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest cherchent actuellement à concevoir, en associant innovations techniques, réorganisations institutionnelles et réformes juridiques, une politique domaniale et foncière pérenne et applicable. Une difficulté majeure relève de la complexité des modes d'appropriation des ressources, dont la propriété n'est qu'une expression parmi d'autres. Les droits et revendications se superposent sur un même espace, porteur de ressources variées et convoitées par des groupes d'acteurs dont les intérêts peuvent diverger. La diversité spatiale et temporelle, observable sur un territoire national, des systèmes fonciers locaux, sur les plans politique, agro-économique et sociodémographique,incrémente d'autant la problématique.

Support de production, le foncier est de surcroît un fait social total : les relations

sociales influencentles opportunités et les modalités d'accès aux ressources, tout comme le foncier participe à laconstruction des identités individuelles et collectives.

Une autre difficulté tient à la dimension éminemment transversale des politiques foncières, dont lesenjeux se déclinent autant en termes d'équité et de paix sociale, de développement économiquepérenne, de préservation des ressources naturelles, de décentralisation, d'aménagement du territoireet de finances publiques.Les assises foncières des paysans reflètent bien souvent avec fidélité les inégalités économiquesexistantes. Parce qu'il peut être synonyme d'exclusion, le foncier constitue une entrée primordiale dela lutte contre l'exode rural et la pauvreté.Si l'on ne peut ignorer les implications à long terme des choix politiques dans les domaines quitouchent au foncier, les initiatives, sur un sujet aussi sensible, souffrent de l'absence de véritablesoutils d'aide à la décision.

L'insécurité foncière est une notion couramment employée sans qu'en soient précisément dessinésles contours. Ses manifestations sociales les plus perceptibles prennent la forme de litiges et conflitsfonciers. Mais elle peut se traduire également en termes de tensions latentes ou de dépendancessociales, d'incertitudes institutionnelles et juridiques, ou de précarité économique des assisesfoncières des exploitations agricoles pouvant mettre en cause la sécurité minimale de subsistance.

Divers éléments et règles du jeu foncier peuvent concourir à l'insécurité. On peut citer,

sans quecela soit exhaustif : les limites géographiques des emprises foncières d'unités voisines, la nature desdroits sur un même espace ou les restrictions qui leurs sont associées, les modalités d'affectation, decession et de transmission de ces droits, leurs coûts et portées socio-économiques, leur stabilité, lesniveaux de validation et la reconnaissance effective des droits dans le cadre de règlements deconflits.

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Les manifestations de l'insécurité dépendent bien évidemment des dynamiques agraires. Selon lescas, elles peuvent être parfaitement gérées localement. De plus, on interprète souvent commesource d'insécurité des caractéristiques qui, de fait, ne comportent pas de conséquences concrètesnégatives pour les populations.De tels éléments d'insécurité peuvent cependant comporter des risques importants de déstabilisation,d'inégalité ou d'exclusion sans qu'émergent des solutions endogènes viables et équitables. Dans lesrapports de l'homme à la terre, l'insécurité foncière marque les enjeux économiques et sociopolitiquesautour desquels gravitent des acteurs aux intérêts différents :

− des groupes résidents voisins : Exemple : limites entre deux terroirs villageois ; − des groupes autochtones et des groupes immigrants : Exemple : remise en question des

règles d'installation des migrants ou des urbains ; − des groupes développant des systèmes de production distincts qui utilisent les mêmes

ressources ou des ressources différentes sur un même espace (entre agriculture et élevage en particulier pastoral, entre systèmes d'élevages sédentaires et nomades) : Exemple : utilisation des points d'eau et des autres ressources pastorales, protection des cultures vis-à-vis des troupeaux ;

− des groupes d'usagers et l'administration : Exemple : création par l'Etat d'une réserve de chasse modifiant les droits d'accès, de prélèvement ou d'exploitation ;

− des instances locales coutumières et/ou modernes : Exemple : prérogatives et responsabilités en matière d'affectation des terres, de validation des droits, de résolution des conflits ;

− des instances locales et des unités de production : Exemple : contestations de la répartition des terres ;

− des unités de production et l'administration : Exemple : incertitude quant à la validation et à la défense des droits par les autorités administratives ou judiciaires ;

− des unités de production : Exemple : ambiguïtés de clauses afférentes aux arrangements fonciers, comme la superficie cédée, ou difficultés d'obtenir un droit d'exploitation, même par délégation à court terme ;

− des membres d'une même unité de production : Exemple : accès des femmes à la terre ou répartition quantitative et qualitative des ressources (bas-fonds, plantations, vivriers...) issue des systèmes d'héritage.

5.7Le financement Dans l'UMOA, l'agriculture reste l'activité dominante sur le plan économique.

Lesecteur informel, à dominante urbaine, a une importance variable selon les pays. Lesdonnées sont parfois incomplètes en ce qui concerne sa taille. L'évolution del'activité économique a présenté dans l'ensemble des pays de l'Union un profilpratiquement identique et un constat similaire. Après une phase de démarrage postindépendancecaractérisée par d'ambitieux programmes d'investissement et unalourdissement conséquent de la dette extérieure, tous ces pays se sont retrouvésconfrontés à une crise grave, profonde et durable, caractérisée par de multiplesdistorsions affectant leurs économies (secteur des entreprises publiques vaste etinefficace, politiques économiques inappropriées), justifiant des programmes d'ajustementplus ou moins draconiens selon les cas de figure avec une composanteincontournable, celle de l'ajustement du secteur financier.

La totalité des systèmes bancaires de l'UMOA est en restructuration, avec desniveaux

variables et un aspect notable, celui de la disparition des structures de créditagricole dans trois pays de l'Union (Bénin, Niger, Togo), la situation difficile desinstitutions dont la viabilité

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n'est pas encore remise en cause (CNCA-Sénégal etBurkina Faso; BNDA-Mali). Cette situation pose avec acuité le problème du créditagricole aux populations en milieu rural.

En 1990, au plan du financement bancaire tous crédits confondus (court, moyen etlong

termes) et toutes branches d'activité confondues, conformément aux données dela Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO), le secteur agricole nereprésentait que: 14,6 pour cent pour le Bénin; 5 pour cent pour le Burkina Faso; 3pour cent pour la Côte d'Ivoire; 7 pour cent pour le Mali; 3,5 pour cent pour le Niger; 5pour cent pour le Sénégal; 0,8 pour cent pour le Togo.Ainsi, et malgré l'importance du secteur agricole, son financement est demeuré trèsinsuffisant. Le secteur urbain est également, au plan des activités économiquesinformelles, pratiquement délaissé par le système bancaire. Ce secteur tire sesressources des divers opérateurs de la finance informelle et de quelques projetsd'appui financés par des bailleurs de fonds (Banque mondiale, Caisse centrale decoopération (CCCE), PNUD) et exécutés par des agences comme le BIT.

Le secteur financier informel qui présente partout les mêmes profils (usuriers, gardes

monnaies,associations d'entraide, systèmes de tontines), avec une forte proportionde la tontine dans les pays de la côte (Togo, Bénin), ne semble pas pour le momentpouvoir se substituer au secteur financier formel pour répondre aux besoins definancement de la majeure partie de la population.Pour les besoins de l'étude, les structures mutualistes d'épargne et de crédit ont étérangées sous la rubrique informelle, malgré le fait que certaines d'entre elles n'aientpas légalement un caractère informel, car elles ont adopté des statuts d'associations de groupements d'intérêt économique, de pré coopératives ou de coopératives. Al'exception du Bénin qui a sur ce plan une législation spécifique, elles ont été jugéesinformelles en raison de l'absence de réglementation de leurs activités financières. Dureste, plusieurs réseaux ont justement souhaité bénéficier d'une réglementationspécifique adaptée à leur mode de fonctionnement pratique, dérogatoire à la loi-cadrebancaire de l'UMOA.

En termes de crédits, les relations entre les deux systèmes financiers formel etinformel

sont très ténues, voire inexistantes, à l'exception de quelques casparticuliers. En effet, dans la mesure où ils dégagent des surliquidités, plusieursréseaux ont effectué des placements (dépôts) dans les banques. En ce qui concernecependant les crédits, la CNCA au Sénégal fait exception avec les opérationsréalisées pour le volet épargne-crédit de la Fédération des ONGs du Sénégal(FONGS) et les prêts au réseau CICM de Kaolack. Il en est de même pour la BNDAMalipour le refinancement des CVECA en pays dogon, la Banque of Africa Mali-BOApour le refinancement des caisses du projet MIEN (amélioration de la nutrition et de lasanté par le crédit), et la CNCA-Burkina pour le refinancement des CVECA del'Oudalan.

Les interventions en matière d'épargne et de crédit sont assez diverses, surtout

enmilieu rural. Ces interventions émanent aussi bien des projets de développement quedes SMEC. Elles sont également le résultat de quelques expériences en cours dutype GRAMEEN BANK.L'examen des zones d'intervention des SMEC montre une forte concentration enmilieu rural. Seuls les réseaux appuyés par la FUCEC/Togo et le CONAPSEC auTogo ont une concentration importante en milieu urbain dans la mesure où le secteururbain a une acception restrictive (villes principales).En dehors de quelques réseaux, la plupart des expériences ont peu d'ancienneté, cequi explique le niveau relatif de leurs performances en matière d'épargne et de crédit(Sénégal, Mali, Niger, par exemple).

VI DEFIS A RELEVER PAR L’ENSEMBLE DES ACTEURS

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6.1 La Lutte contre la pauvreté La lutte contre la pauvreté a été au centre des débats menés dans le cadre des sommets

et conférences organisés sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies, en particulier la Conférence sur l’environnement et le développement de 1992, le Sommet mondial pour le développement social de 1995 et le Sommet du Millénaire de 2000. La Déclaration du Millénaire comportait un engagement de réduire de moitié, d’ici 2015, la proportion de la population mondiale dont le revenu est inférieur à un dollar par jour.

L'agriculture reste le principal contributeur à la subsistance de 75% des pauvres du

monde qui vivent dans les zones rurales. Encourager la croissance agricole est donc un aspect important de la politique agricole dans le monde en développement. En outre, une récente étude réalisée par l' OverseasDevelopment Institute a révélé que de bonnes infrastructures, l'éducation et des services d'information efficace dans les zones rurales sont nécessaires pour améliorer les chances de faire le travail agricole pour les pauvres.

Pour donc lutter efficacement contre la pauvreté, il faut élaborer des cadres

stratégiques au niveau national pertinents, réalistes et suivre leurs mises en œuvre comme le recommande la communauté internationale pro-développement à tous les pays à faibles revenus bénéficiant de l’allègement de la dette dans le cadre de l’initiative PPTT ou d’un prêt à conditions libérales de la Banque Mondiale, par le biais de l’International Development Association, ou du FMI, par le bais de la facilité de réduction de la pauvreté et de croissance.

6.2 L’amélioration de la croissance agricole par l’agriculture

familiale

En Afrique de manière générale et en Afrique subsaharienne particulièrement,

les Etats doivent mettre en place des politiques publiques pour favoriser le développement de l'agriculture familiale. Plusieurs axes doivent être identifiés pour :

• Assurer la sécurité alimentaire, dans un contexte de changement climatique et en respectant un usage durable des ressources naturelles ;

• Valoriser les agricultures familiales dans toutes les régions du monde ; • Encourager les jeunes à s'installergrâce à des politiques spécifiques : formations à

l'agriculture durable, accès aux technologies récentes ;

• Inciter les agriculteurs à répondre à l'exigence des consommateurset diversifier leur offre ;

• Permettre l'accès et garantir l'usage des terres agricoles ;

• Investir dans des infrastructures de communication, d'irrigation et de

conservation.

Des efforts doivent être faits pour garantir le niveau d’approvisionnement et la stabilité

des prix des denrées agricoles, préserver l'utilisation durable de la terre et des autres ressources environnementales. Aussi, il faut tenir compte des aspects sociaux : Il faut prendre des dispositions pour réduire voir éradiquer certains facteurs tels que la hausse des prix des produits de grande consommation, la corruption, les rackets, les tracasseries routières, etc.

Il faut relever les défis de marketing et de goûts des consommateurs, maitriser

l’environnement commercial international : La mondialisation oblige à une meilleure maitrise de l’environnement commercial international ; à savoir les conditions du marché mondial, les

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obstacles au commerce, les barrières de quarantaine et technique, l'entretien de la compétitivité mondiale et de l'image du marché, et la gestion des questions de biosécurité affectant les importations et l'état sanitaire des exportations).

L’améliorationdes infrastructures telles que les installations de transport, les ports, les

télécommunications, l'énergie et irrigation pour faciliter la production, faciliter l’évacuation et tout cela à des meilleurs coûts.

Le renforcementdes compétences en gestion et en offre de travail avec l’augmentation

des besoins en planification des affaires, de sensibilisation accrue au marché, l'utilisation des technologies modernes telles que les ordinateurs et les systèmes de positionnement global et une meilleure gestion agronomique.Les gestionnaires agricoles modernes auront besoin de beaucoup de compétences pour devenir de plus en plus qualifiés. Exemples: la formation de travailleurs qualifiés, le développement de systèmes de location de main-d'œuvre qui assurent la continuité du travail dans les industries à forts pics saisonniers, des outils de communication modernes, les opportunités de marché d'enquête, des recherches sur les besoins des clients, la planification d'entreprise, y compris la gestion financière, des recherches sur les dernières techniques de l'agriculture, des compétences en gestion des risques.

L’amélioration de la coordination s’avère nécessaire: une approche plus cohérente des

programmes de stratégies nationales pour la recherche agricole et le développement, la participation plus active des investisseurs dans la recherche en collaboration avec les fournisseurs de recherche développement de programmes de travail; une plus grande coordination des activités de recherche dans toutes les industries, les organismes de recherche et les enjeux et l'investissement dans le capital humain pour assurer une piscine qualifiés du personnel de recherche dans le futur.La maitrise des nouvelles techniques et technologies par tous les acteurs est indispensable : la recherche, l’adoption, la productivité, les investissements sur les organismes génétiquement modifiés doivent être intensifiés.

La maitrise et l’amélioration de la gestion de l'eau s’avèrent primordiales : la maitrise

et l’amélioration de la gestion de l’eau passent par une maitrise des droits d’accès, le commerce de l’eau, la fourniture d’eau pour les résultats environnementaux, l’attribution des risques en réponse à une réaffectation de l’eau de consommation à utiliser l’environnement, de la comptabilité pour l’approvisionnement et la distribution de l’eau. Il est indispensable de faire face aux problèmes d'accès aux ressources : La gestion de la végétation indigène, la protection et la valorisation de la biodiversité, la durabilité des ressources productives agricoles, des responsabilités des propriétaires fonciers doivent être analysées.

La transformation des produits agricoles doit être encouragée par des politiques, au

niveau des Etats, volontaristes et rationnelles pour obtenir de grandes valeurs ajoutées.

6.3 La lutte contre l’insécurité alimentaire

La sécurité alimentaire doit être une priorité pour les Gouvernants. En Afrique, compte tenu de la faiblesse des ressources financières, il serait souhaitable que des politiques et stratégies soient mises en place pour atteindre l’autosuffisance alimentaire et ne pas dépendre du marché international ou de l’aide extérieures pour assurer sa sécurité alimentaire.

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Pour améliorer la sécurité alimentaire en Afriquesubsaharienne, il faut non seulement unesituation de croissance économique et desrevenus plus élevés mais aussi des mesuresimmédiates pour assurer à ceux qui ont faim unaccès adéquat à la nourriture, conformément àl’action sur deux fronts adoptée par les troisorganisations ayant leur siège à Rome :l’Organisation des Nations Unies pourl’alimentation et l’agriculture (FAO), le Fondsinternational de développement agricole (FIDA)et le Programme alimentaire mondial (PAM).Ainsi l’accès à l’alimentation par le biais deprogrammes sociaux peut donner aux plusvulnérables les moyens de mettre à profit lesopportunités économiques qui découleraient desinitiatives de développement.

Par ailleurs, pour réduire la pauvreté et la faimde la façon la plus directe possible, priorité doitêtre donnée à la croissance économique dansles secteurs où les pauvres travaillent, où lesfacteurs de production appartiennent aux plusdémunis et aux personnes sous-alimentées, quiengendrent des produits consommés par cespopulations et qui se développent dans lesrégions où elles vivent.

L’agriculture remplit tousces critères et a prouvé qu’elle était capable en Afrique et

ailleurs d’assumer un rôle dechef de file dans les initiatives en faveur d’unecroissance rapide et d’un développementéconomique de grande ampleur à moyen terme,en particulier dans les pays les moins avancés.Elle occupe une place de premier plan dans leséconomies des pays d’Afrique subsaharienne etconstitue la principale source de recettesd’exportation, sauf dans les pays riches enminerais et les pays développés (peunombreux), et la première source d’emploi. Cesecteur s’est montré plus efficace sur le plan dela lutte contre la pauvreté que le secteurmanufacturier ou celui des services. Il peutstimuler le développement d’activités ruralesnon agricoles rémunératrices pour les pauvres sil’on veille à ce que les plus riches n’en récoltentpas seuls les bénéfices. Enfin, l’agriculture peutégalement engendrer un surplus de capitaux,libérer de la main-d’œuvre pour d’autressecteurs et assurer un approvisionnementalimentaire stable à des prix abordables,contribuant ainsi à la compétitivité de l’économiedans son ensemble tout en agissant comme unstimulant puissant pour la demande de biens etde services d’autres secteurs.

Comme cela a été reconnu à différentesréunions au sommet, notamment au Sommet del’Union africaine à Maputo en 2003, l’agriculturedoit impérativement être, dans la plupart despays africains et en particulier les plus pauvres,le secteur prioritaire pour la réalisation dupremier des Objectifs du Millénaire pour ledéveloppement (OMD), qui est de réduire lafaim et la pauvreté, et contribuera largement àatteindre les autres objectifs du Millénaire. Pourêtre durable, le développement agricole doittoutefois être soutenu par des initiatives dedéveloppement plus larges en zone rurale etdans d’autres secteurs économiques.

6.4 La vigilance sur la biosécurité Les inquiétudes face à la biosécurité de l'agriculture industrielle peuvent être illustrées

par les cas suivants : − La grippe aviaire : H5N1 est un exemple dans la mesure où il constitue une menace

pour la volaille et les humains de H5N1 ; − L’encéphalopathie spongiforme bovine communément appelée «maladie de la

vache folle», est une maladie mortelle. En Juin 2007, il avait tué 165 personnes en Grande-Bretagne, 179 000 bovins ont été infectés et 4,4 million de tués par précaution ;

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− Fièvre aphteuse est très contagieuse et parfois mortelle viraledes maladies du bétail, des porcs, des chèvres, des moutons, des éléphants, les hérissons, les rats. Les êtres humains sont touchés rarement ;

− L'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) est une menace pour le bétail et les humains Elle est éventuellement causées par l'alimentation artificielle du bétail afin de minimiser les coûts ;

− Le chancre des agrumes est une maladie affectant les agrumes espèce qui est causée par la bactérie Xanthomonasaxonopodis.

Des dispositions doivent être prises pour assurer la biosécurité.Il faut que l’Afrique

réussisse à mieux appliquer les sciences et technologies aux problèmes agricoles et à faire bénéficier les agriculteurs de ces progrès plus rapidement.” (Amit Roy, Centre international de développement des engrais)

6.5 La conservation et la sauvegarde de la biodiversité Pour les années à venir, l’enjeu est d’intégrer la notion d’incertitude (due notamment au

changement climatique) dans les politiques de protection de la nature, et de mettre en place des mesures de protection « dynamique », permettant de préserver la capacité des espèces à

s’adapter à un environnement changeant. Historiquement, dans de nombreux pays anglo-saxons et en Europe du nord, les

politiques de protection de la biodiversité ont surtout visé à préserver des espaces de nature « vierge » de la présence de l’homme, « sauvage » et « intacte ». De nos jours, les politiques publiques doivent étendre au contraire la protection de la nature aux milieux entretenus par l’homme. Conserver la biodiversité, c’est alors évaluer, et corriger quand cela s’impose, l’impact des hommes sur l’évolution de leur environnement. C’est donc aussi remettre en cause la manière dont les sociétés industrielles exploitent intensivement les ressources naturelles, et revaloriser les usages et les savoir-faire locaux dits « traditionnels » pour lutter contre l’érosion de la biodiversité. 6.6 La lutte contre l’insécurité foncière

Pour lutter contre l’insécurité foncière, il faut clarifier et une sécuriserle foncier, se baser sur une connaissance fine des systèmes fonciers locaux, favoriser la mise en place de débats publics, de concertations pluri-acteurs et renforcer les expertises nationales

6.6.1 Clarifier etsécuriser le foncier

Il devient évident que la sécurisation foncière résultera d'un compromis entre les

normes, institutionset pratiques d'une part étatiques et d'autre part coutumières. Une intervention externe, sous laresponsabilité de l'Etat, peut alors rechercher deux niveaux de résultats :

− Une clarification foncière : face à la complexité des régimes fonciers locaux, il s'agit derechercher des solutions collectives et concertées, avec l'appui de l'administration, qui valide lesaccords selon des modalités qui peuvent être variables. L'angle d'approche est ici centré sur uneévolution des systèmes fonciers locaux et l'expérimentation de modes de stabilisation des règlesd'exploitation des ressources.

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− Une sécurisation foncière : elle vise à fondre les régimes fonciers locaux et légaux, de manière àparvenir à un dispositif institutionnel et légal, cohérent à l'échelle nationale et localement adapté.

L'angle d'approche est ici centré sur une évolution du régime foncier légal.Même si ces

deux objectifs complémentaires sont appelés à se combiner, leur distinction met enrelief la multiplicité des combinaisons possibles entre différents niveaux de validation officielle etoffre une grille de lecture intéressante de toutes les démarches mises en œuvre. Les contexteslocaux et les objectifs politiques peuvent influencer les échéances,les échelles géographiques et les thèmes d'intervention.

6.6.2 Se baser sur une connaissance fine des systèmes fonciers locaux

La connaissance des systèmes fonciers locaux doit être développée dans le cadre de

réflexionspragmatiques et donner lieu à des formes de diffusion adaptées aux demandes. De tellesinvestigations peuvent être menées à différentes échelles (nationale, régionale, locale) et êtrecentrées sur diverses unités (unités de production, groupes sociaux, terroirs villageois etc.). Ilimporte de parfaitement cibler les thèmes d'études.

− Prendre la mesure de l'existant Les avantages qu'apportera aux populations l'intégration des pratiques locales dans un

cadre légalne doivent pas être contrecarrés par la négation de caractéristiques essentielles des systèmesfonciers locaux, au risque de les déséquilibrer. Ainsi, il convient d'appréhender précisément le rôledes pratiques foncières dans les systèmes de production. Face aux aléas de l'environnementproductif, les agriculteurs doivent être en mesure d'équilibrer rapidement les trois facteurs deproduction (terre, capital, travail). La diversité et la flexibilité des pratiques foncières offrent unepalette d'ajustements entre ces facteurs qu'il convient de ne pas rigidifier.

La connaissance des systèmes fonciers locaux est également indispensable aux responsables etagents de tous projets de développement agricole qui comportent des implications foncières(aménagements hydro-agricoles par exemple), de manière à anticiper les enjeux fonciers qui leursont liés.A cet effet, un premier niveau d'investigation peut s'attacher à caractériser les différentsgroupes stratégiques d’acteurs et les rapports de pouvoir, sans se focaliser sur la seule distinctionethnique, d'autres catégories (aînés, cadets sociaux, femmes etc.) devant être prises en compte.

L'historique du peuplement et d'occupation de l'espace permet d'identifier les groupes qui ontacquis des maîtrises territoriales anciennes, de déterminer les dépendances foncières historiquesentre les différents groupes et leurs implications actuelles.

− Repérer les dynamiques locales porteuses de solutions

De plus, certains traits des systèmes fonciers locaux n'entrent absolument pas en opposition avec lanotion de sécurité foncière. Les systèmes locaux résultent déjà de métissages entre des pratiquescoutumières et l'environnement juridique officiel. Il est possible d'y trouver des portes d'entréeprivilégiées pour des processus de clarification ou de sécurisation foncière.

La Coopération française a par exemple initié une analyse des pratiques locales de formalisationdes contrats et transactions. Elle consiste à regrouper et synthétiser l’information

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existante surles pratiques locales liées à l’utilisation de l’écrit par les paysans lors des transactions foncières.L'objectif est de connaître les types de transactions impliquées et le contenu des documentsécrits, d'identifier les éléments porteurs de sécurisation aux yeux des communautés, leurutilisation et leur impact en cas de conflit, leur niveau de reconnaissance ou de validation parl'administration. Obtenir des éléments de réponses peut permettre de juger de l’opportunité ounon de s’appuyer sur ces pratiques pour mettre en place un dispositif et des procédures simpleset peu coûteuses susceptibles de limiter l'insécurité foncière des acteurs.

Comme outil l’on peut utiliser le Plan Foncier Rural (PFR). Développé en premier lieu

en Côte d'Ivoire au début des années 90 dans le cadre d'un projet cofinancé par la Coopération française, l'AFD et la Banque Mondiale, le PFR est un outil de recensement des emprises foncières en milieu rural. Cartographie des limites de parcelles individuelles et collectives et de terroirs, identification des ayants droit, des arrangements et des droits fonciers, identification des mises en valeur agricoles, caractérisation des litiges, il est porteur d'une technique topo-cartographique rapide et peu coûteuse (10 fois inférieure aux coûts classiques d'enregistrement au Cadastre), reconnue par l'Etat ivoirien comme ayant valeur de cadastre, doublée d'une méthode innovante de recueil des informations foncières. En Côte d'Ivoire, près d'un million d'hectares ont été aujourd'hui recensés.

La méthodologie employée, si elle rompt la situation préalable d'absence de ce type de

données, n'est pas parfaite. Elle se heurte en effet au difficile exercice du recueil des droits locaux, variables et multiples sur un même espace. Le recensement des droits fonciers ne peut en aucun cas être exhaustif, et demande que des priorités politiques soient établies. Toutefois, la méthodologie est évolutive, s'est révélée adaptable à des contextes variés et s'est exportée vers d'autres pays (Burkina Faso, Bénin, Guinée).

De plus, l'intervention du PFR dans un village introduit inexorablement des

modifications dans le jeu des acteurs locaux, qui adoptent des mesures préventives selon les objectifs politiques affichés. Certains conflits fonciers resurgissent, d'autres se résolvent, les accords peuvent être modifiés. Ces effets induits peuvent être plus difficilement maîtrisables en l'absence de clarification de la politique foncière. Cependant, ils ne doivent pas être considérés comme des externalités négatives de la démarche, lorsqu'ils contribuent à une clarification interne et pacifique de la situation foncière.

Le PFR constitue une étape, technique, qui fournit aux administrations un état des lieux des situations foncières locales et un outil de dialogue avec les populations. Sa méthodologie prévoyant la mise en place de comités villageois de gestion foncière, il est destiné à servir de support à la conception, la mise en œuvre et le respect de mécanismes participatifs de gestion foncière et de réglementations foncières adaptées.

6.6.3 Favoriser la mise en place de débats publics, de

concertations pluri-acteurs

Le bon déroulement des opérations de terrain dépend en grande partie de la clarté des objectifspolitiques poursuivis et de l'adoption d'une démarche élaborée et mise en œuvre avec les différentsacteurs, sous la responsabilité des Etats. Il faut inciter à ce que la question foncière, caractériséepar une surdétermination du politique, fasse l'objet de réflexions et de débats entre les principauxacteurs concernés.

− Au niveau national :

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• Un cadre de concertation interministérielle : clarifier les objectifs politiques est une nécessitéqui met en jeu différents ministères et services d’Etat, dont les attentes dépendent de leursmissions respectives et peuvent être contradictoires. Ces attentes nécessitent d’êtreprécisées, conciliées ou hiérarchisées, dans le cadre d’une vision à long terme des priorités dugouvernement.Il convient en outre que la mise en œuvre d'un projet de sécurisation foncière donne lieu à laconstitution d'un comité de suivi de niveau interministériel. Une telle instance se révèleindispensable lorsqu'il s'agit de coordonner les différentes initiatives prises en la matière.

• Ateliers thématiques au niveau national, régional ou local : un dialogue impliquant les différentsutilisateurs du foncier, leurs représentants coutumiers et élus, l'administration et les expertsdoit être initié, à travers un mode de représentation qui puisse garantir les besoinsd’innovation institutionnelle des groupes vulnérables. L'organisation de tels ateliers doit êtrecentrée autour de thèmes précis, en lien avec des perspectives opérationnelles.

• Dans le cadre de programmes fonciers, il peut s'avérer nécessaire de favoriserl’établissement, par l'administration, de cadres de concertation locale , qui permettent auxpopulations de clarifier certaines composantes des systèmes fonciers locaux. Une telleclarification interne peut constituer une étape susceptible de restreindre les incertitudes et deposer les bases d'un dialogue avec l'administration visant une sécurisation officielle.

− Au niveau sous -régional : il s'agit d'enrichir les réflexions nationales, car se dégagent, derrièreles spécificités et les objectifs politiques nationaux, des problématiques communes. A cetteéchelle, il est capital de correctement circonscrire le s sujets de débats. En effet, de nombreusesmanifestations internationales se révèlent stériles pour avoir englobé de trop nombreux thèmesde travail. L'organisation d'ateliers ciblés réunissant quelques pays identifiés pour leurssimilitudes doit être privilégiée.

Le cercle des OPA demeure largement absent des débats, quelle que soit l'échelle

considérée. Al'échelle internationale, les colloques portant sur les problèmes fonciers en Afrique "oublient" cesacteurs. A l'échelle locale, les autorités coutumières et administratives restent peu favorables à ceque les OPA s'immiscent dans leurs prérogatives. Pourtant, certaines OPA affichent la thématiquefoncière comme prioritaire ou lancent des initiatives isolées dont la portée reste limitée. LaCoopération française, qui appuie depuis de nombreuses années l'émergence et le développementdes OPA en Afrique, entend donc appréhender la place que ce thème occupe dans lespréoccupations de ces organisations, comprendre si elles ont la volonté de jouer un rôle actif et lespositions qu'elles souhaiteraient défendre. Il convient dès lors de différencier la démarche enfonction des mouvements paysans et de tenir compte du fait que les leaders d'OPA disposent biensouvent d'emprises foncières plus importantes que la moyenne des paysans.

6.6.4 Renforcer les expertises nationales

La sécurisation foncière constitue un objectif qui ne peut être poursuivi sans développer

unestratégie permanente de renforcement des expertises nationales. Une telle stratégie englobe lesproblématiques de la formation, doit favoriser la mobilisation effective des compétences et chercherà optimiser la mise à disposition de l'information.

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− Formation et emploi La formation des hommes fait partie intégrante des actions d'appui que la Coopération

françaisedéveloppe dans le cadre de programmes fonciers. En Côte d'Ivoire par exemple, plus d'une centained'agents de terrain ont été formés aux problématiques foncières et aux techniques d'enquêtes PFR,en mobilisant de nombreuses compétences locales : historiens, socio-anthropologues, géographes,magistrats etc. Il est alors obligatoire de concevoir des modules de formation ad hoc, adaptés auxprofessionnels.En effet, les questions foncières demeurent, dans le domaine de la formation, un thème abordé à lamarge, exception faite au Nord de quelques formations de longues durées, souvent uni-disciplinaires.L'encadrement de thèses doctorales occupe une place importante dans la formation des expertsnationaux.

Face au développement des programmes fonciers, la Coopération française entend étudierl'opportunité de formations pérennes et l'interface entre formation et emploi. Dans cette optique, ilpeut être fait le pari du développement futur d'une nouvelle fonction, éminemment opérationnelle etqui nécessiterait de faire appel à des compétences très spécifiques : la médiation foncière.

On constate de plus que les besoins en formation s'expriment à différents niveaux chez

les acteurs"professionnels" : cadres administratifs, agents de terrain, chercheurs. Grâce aux avancées decertaines politiques nationales, apparaît cependant à l'horizon la nécessité de s'adresser, en terme deformation, à cette cible déterminante que constituent les populations rurales.

Un diagnostic préalable est nécessaire. Il faut recenser et préciser les besoins en

formation, tant aux échelles nationales qu'à l'échelle de l'Afrique de l'Ouest, en fonction des différents acteurs cibles. En outre, travailler sur les formations ne peut être envisagé sans étudier concomitamment les "métiers du foncier" :

• inventaire des fonctions existantes et des compétences requises ; • prospection sur les métiers émergents, notamment liés aux approches

nouvelles ; • réflexion sur leur viabilité économique dans le contexte socioculturel des pays

africains ; • étude des liens avec les formations.

Il faut identifier parallèlement les organismes et les experts formateurs, réaliser un état

des lieux des formations existantes tant en France qu'en Afrique de l'Ouest, et capitaliser les actions de formation ad hoc menées ces dernières années dans le cadre de projets, devrait permettre de mettre en évidence les lacunes éventuelles et de rechercher des solutions propices à la couverture des besoins identifiés. A l'échelle sous-régionale, ceci pourrait nécessiter de fédérer les offres de formation ou de susciter la mise en place d'une cellule pérenne jouant le rôle d'interface entre l'offre et la demande de formation, et entre la formation et l'emploi, voire d'étudier la mise en place d'un centre de formation sous-régional et spécialisé.

− Mobilisation pour un décloisonnement disciplinaire et professionnel C'est également la mobilisation et la mise en valeur des capacités nationales d'expertise

qui doit êtrevisée, dans le cadre de programmes nationaux et internationaux. A travers ces sollicitations, laCoopération française recherche, en toile de fond, à développer les synergies interdisciplinaires, ausein de la recherche au Nord comme au Sud, et professionnelles entre les différents typesd’acteurs.

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La plupart du temps ignorés, interdits ou simplifiés dans les législations, les droits

délégués revêtentpourtant une grande diversité de formes (types de locations, métayages, prêts, mises en gage, etc.)et sont soumis à des dynamiques apparemment importantes. Dix études de cas sont réalisées enAfrique francophone et anglophone par dix chercheurs africains pour cerner les enjeux quantitatifset qualitatifs qui leur sont liés. Les pays concernés sont la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Burkina Faso,le Sénégal, le Cameroun, le Nigéria et le Bénin. En amont, un important travail méthodologique a étéréalisé en croisant les approches de la socio-anthropologie, de l'économie institutionnelle et del'agronomie. En aval, ce processus de recherche, qui se terminera en décembre 2000, associe desreprésentants des différents gouvernements concernés de manière à assurer un lien avec lespréoccupations opérationnelles des décideurs.

− Accès a l'information Encourager le décloisonnement des débats et renforcer l’expertise nationale passent par

unemeilleure diffusion des informations. Il est donc nécessaire de favoriser un accès rapide et peucoûteux à une information pertinente, mise à jour et adaptée aux différents types de lecteurs :répertoire des compétences existantes, bases de données bibliographiques, présentation desexpériences nationales, textes législatifs etc. Dans le cadre des appuis à l'échelle des pays, cela peutpar exemple se traduire par l'élaboration, en langues locales, de fiches d'explication des législations foncières.

6.7 L’amélioration de l’épargne et du crédit par les structures mutualistes

Il faut encourager et favoriser les structures mutualistes d’épargne et de crédit. Le terme

structures mutualistes d'épargne et de crédit (SMEC) regroupe les coopérativesd'épargne et de crédit et les banques/caisses villageoises. Ces deux types d'organisationsse distinguent par le principe d'association (résident villageois vs. membre d'unecoopérative), l'étendue et la structuration des réseaux, le rôle de l'épargne (préalable aucrédit ou non), l'importance accordée aux coutumes traditionnelles de gestion collective etle degré de formalisation. Par ailleurs, les COOPEC sont plutôt un phénomène en milieuurbain, alors que les banques villageoises ne se trouvent, naturellement, qu'en milieu rural.

Ces deux types d'organisationsse distinguent par le principe d'association (résident

villageois comme membre d'unecoopérative), l'étendue et la structuration des réseaux, le rôle de l'épargne (préalable aucrédit ou non), l'importance accordée aux coutumes traditionnelles de gestion collective etle degré de formalisation.

6.7 Relations des défis avec le développement durable

La question à laquelle il convient de répondre est : le relèvement de tous les défis

précités peut-il se faire dans le cadre d’un développement durable ? Pour notre part cela est possible si l’on prend certaines dispositions au préalable:

− Elaborer des politiques agricoles cohérentes et réalistes tenant compte du facteur de développement durable

− Encourager l’agriculture familiale : une agriculture reposant sur une main d’œuvre familiale, l’unité de production est une famille, une agriculture rendant de nombreux services à la société (approvisionnement en produits agricoles, création d’emplois et

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de richesses, protection de l’environnement..., c’est un des modèles de production agricole, Elle est plus qu’un modèle économiquepuisqu’elle tient compte de l’aspect social et environnemental, Elle respecte les milieux naturels et lessociétés qui y vivent et permet aux petits producteurs de se développer. Elle se pratique sur des superficies raisonnables en fonction des situations géographiques, ne pas faire du rendement physique une obsession, favoriser l’utilisation des intrants biologiques, vulgariser l’agroforesterie) ;

− Valoriser les produits des terroirs par des labels ;

− Instaurer des primes d’encouragement à ceux qui font des efforts pour protéger la nature ;

− Sensibiliser tout le monde aux dangers que nos pratiques nous exposent ;

− Faire des recherches pour mettre sur pied des variétés qui produisent beaucoup plus avec moins d’intrants chimiques ;

− Mettre sur pied des techniques et technologies qui permettent de conserver les productions et de pouvoir transformer ; car il ne servira à rien d’augmenter les rendements physiques (Production / surface) si l’on ne peut utiliser les surplus plus tard (banane, tomate, fruits, etc.) ;

− Encourager la transformation des produits surtout ceux destinés à l’exportation pour ajouter une plus grande valeur ajoutée pour mieux rémunérer les producteurs ;

− Renforcer les capacités d’organisation, de gestion technique, économiques, financier, de management, de plaidoirie et lobbying des ruraux ;

− Raisonner et aborder les problèmes, de plus en plus, en termes de grands ensembles (CEDEAO, UMOA, Afrique subsaharienne, monde)

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CONCLUSION

L’agriculture est un enjeu important pour les Etats et les populations de l’Afrique subsaharienne. En effet, vu le nombre de personnes qui en dépendent en termes d’emplois, de nourriture, de revenus, etc. d’une part et la dépendance des économies de la plupart des pays de cette zone du secteur agricole d’autre part, une attention particulière doit lui être accordée pour pouvoir atteindre les objectifs du millénaire.

En Asie du sud, la proportion de personnes vivant dans la pauvreté, qui atteignait 44 %

en 1990, a été ramenée à 40 % en 1998, bien que leur nombre soit passé de 474 millions à 522 millions. Le PIB par habitant a cru à un taux d’environ 4 % par an dans les années 90, mais la réduction de la pauvreté ne s’est faite que lentement, selon la Banque Mondiale.

En Afrique subsaharienne, le taux de pauvreté est demeuré largement inchangé entre

1990 et 1998, se situant à 48 %, et le nombre de personnes vivant dans la pauvreté est passé de 217 à 291 millions. Les revenus par habitant ont sensiblement régressé au cours des années 90, la baisse des prix des produits de base, les guerres civiles et le sida ayant contribué à aggraver la pauvreté dans nombreux pays, selon la même Banque Mondiale.

Tous les acteurs concernés par le développement agricole doivent s’unir pour définir des politiques agricoles pertinentes et réalistes en tenant compte de ses forces et faiblesses et en n’oubliant pas que cette partie de l’Afrique ne peut pas échapper à la mondialisation. Il faut mener des actions vigoureuses pour valoriser les nombreuses potentialités agricoles qui existent et cela de manière rationnelle et durable.

La Lutte contre la pauvreté doit s’appuyer sur des plans stratégiques au niveau national et même sous régional qui favorisent l’amélioration des conditions de productions, de transformation, conservation des produits et aussi, les conditions et cadre de vie des producteurs. Cela ne sera possible que si aussi, la sécurité alimentaire, la biosécurité, la protection de l’environnement, la recherche, la vulgarisation, la formation et l’encadrement des acteurs, le conseil en gestion, les politiques foncières ainsi que l’épargne et le crédit au monde rural sont améliorés.

L’amélioration des conditions de productions et celle des conditions de vie des

producteurs doivent se faire à partir de modèles qui s’inspirent des échecs des pays fortement industrialisés à qui il se pose aujourd’hui d’énormes problèmes de dégradation de l’environnement (cas de l’Argentine avec la production du soja). De nos jours, les catastrophes naturels viennent rappeler, que nous sommes responsables en grande partie de ce qui arrive car l’industrialisation à outrance avec les quantités énormes de gaz qui sont rejetés dans la nature ont un effet sur la couche d’ozone. Cette dernière n’arrivant plus à jouer son rôle de protecteur, le réchauffementclimatique devient une réalité avec ses conséquences catastrophiques : fonte des glaciers, inondations par ici, les sècheresses par là, etc.

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