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Solagro : 75, voie du TOEC - CS 27608 - 31076 Toulouse Cedex 3 • Association loi 1901 - Siret : 324 510 908 00050 Tél. : + 33(0)5 67 69 69 69 – Fax : + 33(0)5 67 69 69 00 • www.solagro.org - mél : [email protected] Accompagner la stratégie agricole et alimentaire de Grenoble-Alpes Métropole Diagnostic de situation Grenoble-Alpes Métropole Rapport final - Septembre 2015 Suivi du dossier : Solagro : Philippe POINTEREAU, Grenoble-Alpes Métropole : Karine BERTHAUD

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Solagro : 75, voie du TOEC - CS 27608 - 31076 Toulouse Cedex 3 • Association loi 1901 - Siret : 324 510 908 00050 Tél. : + 33(0)5 67 69 69 69 – Fax : + 33(0)5 67 69 69 00 • www.solagro.org - mél : [email protected]

Accompagner la stratégie agricole et alimentaire de Grenoble-Alpes Métropole Diagnostic de situation Grenoble-Alpes Métropole Rapport final - Septembre 2015

Suivi du dossier :

• Solagro : Philippe POINTEREAU,

• Grenoble-Alpes Métropole : Karine BERTHAUD

Accompagner la stratégie agricole et alimentaire de Grenoble-Alpes Métropole

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Résumé Les 6 différents territoires de l’aire grenobloise (Grenoble-Alpes Métropole, Pays Voironnais, Grésivaudan, PNR du Vercors, PNR de Chartreuse et Alpes Sud Isère) ont engagé depuis longtemps des politiques en faveur du développement de l’agriculture, de sa diversification et de la mise en place de circuits de proximité qu’ils soient tournés vers la restauration collective ou privée ou au domicile. Les différents documents stratégiques élaborés par les territoires (SCOT, Chartes, PSAD, PSADER, …) montrent une grande continuité dans le temps et une cohérence dans cette stratégie agricole et alimentaire même si les actions mises en œuvre et les rythmes différent. Les politiques de ces 6 territoires ont été et sont aussi fortement soutenues par le Conseil général de l’Isère (aujourd’hui Conseil départemental) et par le Conseil régional de Rhône-Alpes tant au niveau d’aides à l’investissement qu’au fonctionnement. Cette continuité dans les politiques a permis un développement et un renforcement des savoir-faire et des capacités d’ingénierie tant dans les organismes de développement agricole qu’au sein des collectivités ou des entreprises privées, indispensables à l’accompagnement des actions. Les actions mises en œuvre peuvent être regroupées en 6 axes :

• Protéger les espaces agricoles, maintenir et renouveler les agriculteurs. • Accompagner la mise en place de pratiques respectueuses de l’environnement

notamment l’agriculture biologique. • Soutenir les équipements structurants de transformation, de conditionnement et de

logistique. • Accompagner la mise en place de circuits de proximité tournés vers la restauration

privée. • Développer la part des produits de proximité et biologiques dans la restauration

collective. • Sensibiliser et mobiliser les consommateurs à consommer local et à modifier leur

consommation alimentaire. Si ces territoires priorisent leurs actions à l’intérieur de leur périmètre territorial, des coopérations interterritoriales existent que ce soit au niveau du SCOT, de la mise en commun de moyens (Grenoble-Alpes Métropole et Pays Voironnais), ou d’actions coordonnées comme le montre l’exemple emblématique de la restructuration de l’abattoir ou la mise en place de la légumerie. L’association ADAYG1 a ainsi fonctionné entre 1984 et 2011. Des réunions de travail en commun ont déjà eu lieu pour échanger sur des actions et des pratiques à l’initiative des différents territoires. Les acteurs ont aussi bien compris que Grenoble et la Métropole constituent un enjeu important et une cible au niveau de la consommation alimentaire, tout en mesurant les difficultés. Certains indicateurs montrent clairement que ces politiques ont porté leurs fruits. Ces territoires ont un taux très élevé d’agriculteurs pratiquant un ou plusieurs circuits de proximité (certainement parmi les plus élevés de France). L’agriculture biologique est aussi beaucoup mieux représentée par rapport à la moyenne nationale et plusieurs labels sous-tendus par des cahiers des charges ont été mis en place. Le nombre de circuits courts (magasins paysans,

1 Cette association regroupait 115 communes dans les vallées de l’Isère et du Drac, comprenant l’agglomération grenobloise, le pays Voironnais et le Grésivaudan et la Chambre d’Agriculture de l’Isère et la chambre de commerce et d’industrie de Grenoble.

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AMAP) ou le chiffre d’affaires de Manger Bio Isère sont en augmentation. Cependant, la pression foncière reste constante du fait d’un fort développement démographique et l’installation de jeunes agriculteurs est difficile du fait de l’accès au foncier. La pénétration de produits de proximité dans la restauration collective est encore difficile à évaluer en l’absence d’un monitoring. Elle représenterait 16 % pour les produits bio et locaux dans la restauration des collèges. Il serait aussi nécessaire d’évaluer l’impact de cette politique alimentaire territorialisée en terme d’emplois même si on peut supposer que la valeur ajoutée créée et investie sur place est créatrice d’emplois. Les outils structurants ont été préservés et adaptés ou sont en cours d’adaptation (MIN, abattoir, laiteries), d’autres ont été mis en place (légumerie). Ces outils restent stratégiques pour le développement de circuits de proximité. Les questions de logistique restent prégnantes quels que soient les circuits mis en oeuvre et sont l’objet de réflexions. S’il est clair que les circuits de proximité peuvent gagner de nouvelles parts de marché, cela va nécessiter de nouvelles coopérations et synergies entre les acteurs pour éviter une trop forte concurrence entre ces circuits et convaincre de nouveaux consommateurs. Il est important de développer la complémentarité entre les productions de chaque territoire et la complémentarité des marchés. Il sera aussi nécessaire de mobiliser une autre couche d’agriculteurs pour se lancer dans cette voie de diversification.

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Table des matières Résumé ........................................................................................................ 2  Table des matières ....................................................................................... 4  1.   Introduction ............................................................................................. 7  2.   Evolution de la population et estimation des besoins alimentaires ....... 8  2.1   Population ................................................................................................................ 8  

2.1.1  Recensements ........................................................................................................... 8  2.1.2  Projections .................................................................................................................. 8  

2.1   Les surfaces agricoles ............................................................................................. 9  2.2   Satisfaction de la demande alimentaire ................................................................. 10  

3.   Les orientations stratégiques ................................................................ 11  3.1   Le département de l’Isère ...................................................................................... 11  

3.1.1  Le projet stratégique agricole départemental (PSAD) .............................................. 11  3.2   Grenoble-Alpes Métropole ..................................................................................... 11  

3.2.1  La charte agricole et forestière de l’agglomération grenobloise ............................... 11  3.2.2  Le projet d’agglomération 2010-2015 ....................................................................... 12  3.2.3  Le Plan Air Energie Climat d’agglomération (PCET) ................................................ 13  3.2.4  La délibération cadre « Définition de la stratégie agricole 2015-2020 de Grenoble-

Alpes Métropole » .................................................................................................... 13  3.3   Le Pays Voironnais ................................................................................................ 17  

3.3.1  Le projet stratégique agricole et de développement rural ........................................ 17  3.3.2  Le projet de territoire durable du Pays Voironnais 2020 .......................................... 17  3.3.3  La charte de l’agriculture, de l’alimentation et de la forêt du Pays Voironnais ......... 18  

3.4   Le Grésivaudan ...................................................................................................... 20  3.4.1  L’Agenda 21 ............................................................................................................. 20  3.4.2  Le PCAET ................................................................................................................ 20  3.4.3  Les orientations stratégiques 2015-2020 de la CC .................................................. 20  3.4.4  Le Projet Stratégique Agricole et de Développement Rural du Grésivaudan

(PSADER) 2010-2016 .............................................................................................. 21  3.4.5  Le programme Leader Belledonne 2015-2020 ......................................................... 21  

3.5   Alpes Sud Isère ...................................................................................................... 21  3.6   Le PNR du Vercors ................................................................................................ 22  

3.6.1  La Charte du Parc .................................................................................................... 22  3.6.2  Le projet stratégique agricole et de développement durable .................................. 22  3.6.3  Le PAEC Vercors 2015-2020 .................................................................................. 23  3.6.4  Le programme Alimentation Santé Territoires .......................................................... 23  3.6.5  Le Programme Leader « Terres d'EchOs », 2016-2020/2022 ................................. 24  

3.7   Le PNR de Chartreuse ........................................................................................... 25  3.7.1  La Charte du Parc .................................................................................................... 25  3.7.2  Le Projet Stratégique Agricole et de Développement Rural de Chartreuse

(PSADER) ................................................................................................................ 25  3.7.3  Leader ...................................................................................................................... 27  

4.   Protéger les terres agricoles et installer des agriculteurs ..................... 28  

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4.1   La protection réglementaire ................................................................................... 28  4.1.1  Le SCOT de la région urbaine Grenobloise ............................................................. 28  4.1.2  La mise en place d’un PAEN de la plaine de l’Isère ................................................. 28  

4.2   L’acquisition foncière ............................................................................................. 29  4.3   Mise en place d’Associations Foncières Pastorales .............................................. 30  4.4   L’installation d’agriculteurs ..................................................................................... 30  

4.4.1  Le parrainage ........................................................................................................... 30  4.4.2  Les Comités Locaux d’Installation ............................................................................ 30  4.4.3  Appui à la création d’activité et à l’émergence de projet .......................................... 30  4.4.4  L’accompagnement à l’installation ........................................................................... 31  4.4.5  Fermes communales ................................................................................................ 31  4.4.6  Les espaces test ...................................................................................................... 32  

5.   Accompagner des pratiques respectueuses de l’environnement et l’agriculture biologique .......................................................................... 33  

5.1   Soutenir l’agriculture biologique ............................................................................. 33  5.2   Accompagner des pratiques respectueuses de l’environnement .......................... 33  

5.2.1  Accompagnement des nouvelles pratiques agricoles .............................................. 33  5.3   Coordonner les politiques agro-environnementales .............................................. 34  

6.   Soutenir les équipements structurants de transformation, de conditionnement et de logistique .......................................................... 35  

6.1   Mise aux normes de l’abattoir de Fontanil ............................................................. 35  6.2   Diversifier les activités du MIN ............................................................................... 35  6.3   Développer la Minoterie du Triéves ....................................................................... 37  6.4   Consolider les laiteries et diversifier leur gamme .................................................. 37  

6.4.1  La coopérative Vercors Lait ...................................................................................... 37  6.4.2  La coopérative laitière des Entremonts de Chartreuse ............................................ 37  6.4.3  La laiterie du Mont Aiguille ....................................................................................... 38  

6.5   Mise en place d’une légumerie .............................................................................. 38  

7.   Développer les circuits courts de proximité producteurs-consommateurs et de l’agriculture biologique ................................................................. 40  

7.1   Etat des lieux des circuits courts en Isère et Rhône-Alpes .................................... 40  7.1.1  Définition des circuits courts ..................................................................................... 40  7.1.2  Différentes organisations de circuits courts .............................................................. 40  7.1.3  La place des circuits courts en Rhônes-Alpes et en Isère ....................................... 42  7.1.4  Quantification du marché alimentaire en Isère ......................................................... 44  

7.2   Accompagner le développement des circuits de proximité et bio .......................... 44  7.2.1  Le rôle de l’ADABIo .................................................................................................. 44  7.2.2  Le rôle de la Chambre d’Agriculture de l’Isère ......................................................... 45  7.2.3  Les labels et les marques territoriales ...................................................................... 45  7.2.4  Les magasins de producteurs .................................................................................. 46  7.2.5  La vente en ligne ou en paniers ............................................................................... 48  7.2.6  L’utilisation de produits locaux dans l’événementiel ................................................. 48  7.2.7  Les marchés de producteurs .................................................................................... 49  7.2.8  Circuits solidaires ..................................................................................................... 49  7.2.9  Les Biocoop et autres magasins .............................................................................. 50  

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8.   Développer les produits de proximité et bio dans la restauration collective ............................................................................................... 51  

8.1   Accompagner les collectivités ................................................................................ 51  8.2   Les plateformes de producteurs pour la restauration collective ............................. 51  

8.2.1  La plateforme « Manger Bio Isère » ......................................................................... 52  8.2.2  Les autres plateformes ............................................................................................. 52  8.2.3  La non-plateforme en Vercors .................................................................................. 52  

8.3   Mon lycée mange bio ............................................................................................. 53  8.4   Manger bio et autrement dans les collèges ........................................................... 53  8.5   Adhésion à la charte Un Plus Bio .......................................................................... 54  

9.   Mobiliser, sensibiliser et accompagner les acteurs aux changements de pratiques alimentaires et professionnelles ........................................... 55  

9.1   Le développement d’outils pédagogiques et de communication ........................... 55  9.1.1  Les annuaires ........................................................................................................... 55  9.1.2  Le projet de Maison de l’Alimentation ...................................................................... 55  9.1.3  La production d’outils et de supports ........................................................................ 55  

9.2   Le développement d’actions pédagogiques ........................................................... 55  9.2.1  La sensibilisation des scolaires ................................................................................ 55  9.2.2  L’accompagnement sur le volet Santé ..................................................................... 56  9.2.3  Les familles à alimentation positive .......................................................................... 56  

9.3   Le développement de la formation des acteurs ..................................................... 56  

10.  Synthèse ............................................................................................... 57  10.1  Analyse AFOM ....................................................................................................... 57  

11.  Conclusions .......................................................................................... 58  Annexe 1 : Personnes contactées pour un entretien ................................. 61  Annexe 2 : Propositions de pistes de travail en fonction des 6 axes de

travail et benchmarking ........................................................................ 62  Annexe 3 : Organisation des différents outils et actions mobilisés par les

acteurs publiques et privés en fonction des différents leviers d’actions pour une politique agricole et alimentaire territorialisée ....................... 64  

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1. Introduction La stratégie mise en place sur les différents territoires de l’aire urbaine de Grenoble pour développer l’économie et l’emploi mais aussi améliorer le cadre de vie, a été de développer une politique agricole et alimentaire de territoire qui vise en particulier à produire local pour consommer local. Il s’agit au travers de cette diversification et « relocalisation » de l’agriculture de mieux répondre à la demande alimentaire locale et de favoriser les produits de qualité. Ces filières de proximité permettent aussi une meilleure traçabilité des produits. Il s’agit aussi de susciter et renforcer cette demande alimentaire en produits locaux par des actions de sensibilisation (éducation au goût, question de santé, et à l'impact généré par le choix du consommateur : passer de consommateur à consom'acteur). Cette politique alimentaire demande d’agir sur tous les leviers depuis la protection du foncier agricole, en passant par la diversification des exploitations pour mieux répondre à la demande mais surtout en augmentant la demande en produits locaux que ce soit dans la restauration privée ou collective. Le renforcement des flux locaux (production-consommation) passe nécessairement par la mise en place et le renforcement des outils de transformation et de commercialisation. Dans ce cadre, les collectivités ont mobilisé d’importants moyens financiers à cet effet. Il est attendu de cette stratégie agricole et alimentaire un effet sur l’emploi local (économie circulaire), la qualité de vie et la santé des habitants. Il s’agit de toucher l’ensemble de la population (jeune versus vieux, population défavorisée). Une dynamique territoriale s’organise au travers de différentes actions interterritoriales et un consensus émerge sur la pertinence de travailler à l'échelle du territoire de la grande région urbaine grenobloise réunissant Grenoble-Alpes Métropole, le Pays Voironnais, la Communauté de Communes Le Grésivaudan, les Parcs du Vercors et de Chartreuse, et le territoire dit « Alpes Sud Isère » (Matheysine, Trièves, Oisans). Ce diagnostic de situation s’inscrit dans une mission d’assistance à maître d’ouvrage qui vise à faire partager les objectifs d'une politique agricole et alimentaire à l'échelle de Grenoble-Alpes Métropole et des territoires voisins porteurs de cette réflexion commune et un appui à la formalisation des pistes d'actions à mettre en place. Il s’agit de mettre en place une feuille de route pour une stratégie agricole et alimentaire. Il a été réalisé à partir de 14 entretiens téléphoniques (Cf. liste en annexe1) et de la bibliographie existante.

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2. Evolution de la population et estimation des besoins alimentaires

2.1 Population 2.1.1 Recensements Deuxième agglomération rhônalpine, Grenoble-Alpes Métropole représente 7 % de la population régionale et 36 % de celle de l'Isère. Son rayonnement scientifique et universitaire attire de nombreux étudiants, ainsi qu'une population d'actifs jeunes et diplômés. Avec 220 000 emplois, la métropole est le principal pôle d'emplois du département. Grenoble-Alpes Métropole était composé de 28 communes jusqu'en 2013. Le périmètre de la communauté d'agglomération de Grenoble a été élargi en janvier 2014. Il comprend désormais 49 communes, toutes incluses dans l'aire urbaine de Grenoble. La densité de population, de 800 habitants par km² en moyenne, y reste particulièrement élevée, atteignant plus de 1 600 habitants par km² dans les communes du cœur de l'agglomération. D’après les derniers chiffres du recensement de l’l’INSEE. La Métropole voit sa population passer de 444 8102 habitants en 2014 à 447 692 habitants en 2015 (+2 900 habitants). Grenoble compte 161 000 habitants.

2.1.2 Projections En 2012, l’INSEE a publié une étude sur les projections3 de populations dans les principales aires urbaines de France. Si les tendances démographiques récentes se maintiennent, la population de Rhône-Alpes augmenterait de 22,5 % entre 2007 et 2040 selon le scénario central de projection démographique. L'effectif des personnes de 80 ans et plus serait multiplié par 3,5 dans certains territoires. Entre 2007 et 2040, les évolutions de populations des territoires rhônalpins seraient très diversifiées : elles s'échelonneraient de 0 à + 53 %. Saint-Étienne Métropole-Pilat connaîtrait même une très légère baisse. Les croissances les plus fortes toucheraient les territoires situés entre l'agglomération lyonnaise et le Sillon alpin. En particulier, les trois zones limitrophes Vals du Dauphiné-Nord Isère (+ 53 %), Boucles du Rhône en Dauphiné (+ 50 %) et Avant-Pays Savoyard Chartreuse (49 %), seraient les plus dynamiques. Pour Grenoble-Alpes Métropole la croissance serait inférieure à 15 %.

2 433 000 en 2013. 3 Les projections de populations du scénario central s’appuient sur les évolutions démographiques observées entre 1999 et 2007.

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Le taux d’évolution annuelle de la démographie est passé de 0,6 % à 0,8 % dans la région urbaine de Grenoble entre la période 1990-1999, et 1999-2007 et de 0,2 % à 0,4 % pour Grenoble (inférieure à l’évolution de l’Isère : 0,8 à 1 %).

2.1 Les surfaces agricoles L’enquête TERUTI sur l’occupation du territoire permet de donner les dernières tendances pour le département de l’Isère (pas de données infra). Il apparaît que le département de l’Isère a perdu durant la période étudiée 2006-2014 une surface agricole de 452 ha /an mais aussi une surface naturelle de 791 ha /an au profit des sols artificialisés qui progressent au rythme de 1 242 ha par an.

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Tableau 1 2006 2014 Evolution en ha

entre 2006 et 2014 Evolution en ha par

an Sols agricoles 287 132 283 519 -3 613 -452 Sols artificiels 69 209 79 147 +9 938 +1 242 Sols naturels 431 874 425 549 -6 325 -791

Sur la période de 1996 à 2005, environ 105 ha/an de terres agricoles auraient été artificialisées sur la Métro (ventes foncières – PSADR). D’après le Recensement Général de l’Agriculture 2010, la Métropole aurait perdu 2/3 des ses exploitations entre 1970 et 2010 (soit 2,5 %/an). Il resterait aujourd’hui 210 exploitations (dont 22 en bio) pour 225 agriculteurs et 8 000 ha de SAU. L’agriculture reste encore diversifiée : bovins (33 %), légumes (18 %), équin (12 %), ovin et caprin (12 %), petits élevages (5 %), céréales (9 %), cultures spéciales (3%), mixtes (5 %). L’espace agricole de la Métropole a été découpé en 17 entités agricoles décrites au travers de leur potentiel et des perspectives (Source : L’agriculture de la métro, 2015). Une typologie a été mise en place sur la base de la place des surfaces agricoles qui a permis de classer les communes en 5 classes selon l’importance de l’agriculture. Une autre typologie a permis de classer les exploitations selon leur stratégie d’activité. Une analyse des principales filières a aussi été réalisée permettant d’évaluer les tendances d’évolution. Les perspectives de la filière légumière montrent un certains nombre de risques : cessations d’activité, reprise par des exploitations de grandes cultures, défaitisme, difficulté de construire un bâtiment, inondation, mitage de l’espace. L’agriculture dans le Pays Voironnais regroupe 500 exploitations pour 16 000ha (dont 775 ha en bio et 145 en circuits courts) où dominent l’élevage (45 %), les grandes cultures (20 %) et le maraîchage (16 %). L’agriculture dans le Grésivaudan regroupe 435 exploitations pour 11 000ha (dont 7,6 % des exploitations en bio et 40 % en circuits courts) où dominent l’élevage (37 %), les grandes cultures (22 %) et la polyculture (20 %). Un observatoire foncier partenarial de l’Isère a été mis en place par l’AURG en 2006.

2.2 Satisfaction de la demande alimentaire La demande alimentaire peut être définie comme la qualité et quantité d’aliments pour satisfaire aux besoins nutritionnels. Il serait intéressant de caractériser la demande alimentaire et la couverture possible par des productions régionales en fonction des différents périmètres4 dans la situation actuelle et dans le cadre d’un scénario prospectif. Ce scénario devrait prendre en compte l’évolution du régime alimentaire, l’évolution des surfaces agricoles et des rendements agricoles.

4 Métropole, aire urbaine de Grenoble, les 6 territoires d’étude, le département de l’Isère, la Région Rhône-Alpes.

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3. Les orientations stratégiques Chaque collectivité a élaboré des documents d’orientations stratégiques propres. Certains sont clos. D’autres sont en cours de validité. On retiendra que globalement tous ces documents sont en cohérence entre eux au niveau de la politique agricole et alimentaire, et dans le temps, même s’ils ne couvrent pas chacun les mêmes domaines.

3.1 Le département de l’Isère 3.1.1 Le projet stratégique agricole départemental (PSAD) Celui-ci prévoit d’améliorer la compétitivité des exploitations agricoles (maintien des outils économiques sur le territoire, maîtrise des charges, commercialisation de produits de qualité en circuits courts, développement de nouvelles cultures offrant de nouveaux débouchés, irrigation). L’axe 3 porte sur l’installation et la transmission et l’axe 4 porte sur le soutien aux pratiques respectueuses de l’environnement.

3.2 Grenoble-Alpes Métropole Au cours des trente dernières années l’agglomération a développé diverses générations de documents stratégiques, que ce soit au niveau de son territoire ou plus largement au niveau de l’Y Grenoblois dans le cadre de l’ADAYG. A titre d’exemple, des démarches engagées au niveau local, nous évoquerons la charte agricole et forestière de 2008 et le projet d’agglomération 2010-2015, avant d’aborder le document en vigueur aujourd’hui, à savoir la délibération cadre « Définition de la stratégie agricole 2015-2020 de Grenoble-Alpes Métropole ».

3.2.1 La charte agricole et forestière de l’agglomération grenobloise La Métropole a engagé depuis une trentaine d’années des actions en faveur de l’agriculture périurbaine et depuis sept ans dans le domaine de la forêt et de la filière bois sur les coteaux alentours. Elle est également membre fondateur de l’ADAYG à qui elle confie, avec l’ensemble de ses membres et partenaires, la mission d’élaborer et de mettre en oeuvre la politique agricole et forêt/filière bois ainsi que la politique de gestion des espaces ouverts de l’Y Grenoblois. Cette association a été dissoute en 2012. Le bilan de ces vingt ans a mis en évidence la nécessité pour la Communauté d’Agglomération grenobloise d’affirmer plus clairement la place et le rôle de l’agriculture et de la forêt dans l’équilibre et le projet du territoire. Cela s’est traduit par le souhait de se doter d’un document d’orientation partagé par les acteurs de l’agriculture et de la forêt : une charte agricole et forestière. La plupart des acteurs concernés du territoire se sont engagés dans cette la charte (Chambre d’agriculture, FDSEA, Confédération paysanne, CG Isère, Frapna) en 2008. Son objectif est de répondre à la fois aux enjeux majeurs de développement durable, de qualité de vie pour tous et d’attractivité inscrits dans le projet d’agglomération. Il s’agit également de répondre aux besoins exprimés par la filière agricole et forestière. L’ambition de cette charte est de « porter » la dimension économique de ces espaces et activités agricoles et forestières au regard de l’ensemble des enjeux lié au territoire pour le maintien de ces activités. Elle doit également apporter une cohérence dans les actions menées en direction de l’agriculture et la forêt en lien avec la politique agricole et forestière de l’Y Grenoblois en répondant aux attentes exprimées pour une meilleure « liaison entre acteurs » afin de développer les synergies, favoriser l’émergence et la co-construction de projets.

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La charte s’articule autour de trois défis : 1. Maintenir un équilibre à long terme entre espaces agricoles, forestiers, naturels et bâtis. 2. Développer une offre agricole et forestière viable adaptée aux demandes urbaines et

favoriser une consommation citoyenne locale. 3. Renforcer la dimension identitaire et le « lien à la terre ».

Plusieurs actions sont proposées et développées dans des fiches actions pour répondre à ces défis :

• Protéger et gérer les vocations des espaces agricoles et forestiers (Cf. SCOT 2010) • Réaliser un guide de préconisations et proposer un accompagnement en direction des

communes et des propriétaires pour leur permettre de mieux protéger et mettre en valeur les espaces agricoles et forestiers

• Adopter une stratégie foncière pour conforter les espaces de projets et le maintien ou le renouvellement des exploitations en coordination avec l’EPFL et la SAFER

• Mettre en valeur, entretenir, protéger et valoriser économiquement, par la contractualisation, la gestion des espaces agricoles, forestiers et naturels prioritaires de l’agglomération

• Faciliter la mise en œuvre de pratiques agricoles et sylvicoles plus respectueuses de la biodiversité de l’agglomération

• Promouvoir une forme collective de gestion concertée des espaces • Organiser la circulation des engins agricoles et forestiers dans l’agglomération • Développer la diversification des activités agricoles et forestières • Favoriser l’installation de jeunes agriculteurs (foncier, bâtiment, habitat) • Développer l’achat de produits locaux grâce au regroupement de l’offre • Renforcer l’attractivité des marchés de détail de l’agglomération • Maintenir et redynamiser les plates formes agro- alimentaires: MIN et abattoir • Introduire de façon régulière et contractuelle des produits locaux de qualité dans les

achats des collectivités • Accompagner les initiatives vers des modes de consommation citoyens • Impliquer les acteurs privés et publics dans une meilleure organisation de la chaîne

alimentaire • Informer et sensibiliser sur les réalisations, évolutions et spécificités de l’agriculture et de

la forêt de l’agglomération • Développer la dimension identitaire et les liens entre agriculture et gastronomie • Initier et encourager des actions d’éducation à l’agriculture, à la forêt et aux paysages

3.2.2 Le projet d’agglomération 2010-2015 Il est doté d’un budget total de 5 872 000€. Parmi les projets retenus :

• Les points de vente collectifs et ateliers (105 000 €) • Le projet de légumerie (500 000 €) • Plate-forme viande (1 140 000 €) • Démarche « Terres d’ici » (85 000 €) • Soutien aux filières courtes dans la restauration collective (65 000 €) • Développement d’une filière boucherie-viande locale (20 000 €) • Favoriser l’accès aux produits locaux de certaines catégories urbaines (100 000 €) • Promotion des filières courtes (100 000 €) • Evaluer l’impact C02 des filières courtes (40 000 €) • Implantation de sièges d'exploitation sur les coteaux de l'agglomération (560 000 €)

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3.2.3 Le Plan Air Energie Climat d’agglomération (PCET) Le plan Air Climat de la Métropole, comporte un axe 4 : « Consommer et produire localement en limitant l’impact sur l’environnement » dont la première orientation est de « Développer une offre alimentaire locale, de qualité et accessible à tous ».

3.2.4 La délibération cadre « Définition de la stratégie agricole 2015-2020 de Grenoble-Alpes Métropole » La définition de la nouvelle politique agricole et alimentaire de la métropole s’est faite à travers la prise d’une « délibération cadre de la stratégie agricole 2015-2020 », adoptée à l’unanimité par le conseil métropolitain du 3 avril 2015, articulée autour de deux axes prioritaires :

• Préserver et valoriser le potentiel agricole pour une production de qualité.

• Déployer une stratégie agricole alimentaire de territoire et ses outils. Dans le détail, voici les enjeux identifiés dans la délibération ainsi que les actions envisagées pour y répondre : 1 - Préserver et valoriser le potentiel agricole pour une production de qualité Les espaces agricoles, forestiers et naturels de l'agglomération demeurent confrontés à de nombreux enjeux contradictoires : ils peuvent être le support d’infrastructures de transport, d’habitat, de développement économique, tout en demeurant des secteurs à forte valeur agricole, environnementale et paysagère et indispensables au maintien de la qualité de vie. Ils n’en sont que plus largement convoités et soumis aux différentes pressions urbaines. Dans ce contexte, il s'agit de répondre aux défis de limitation de l’expansion urbaine, de matérialisation de la trame verte et bleue, de renouvellement des exploitations agricoles, de maintien d’une capacité de production alimentaire de proximité et de qualité pour mieux répondre aux attentes des habitants. Mais on ne peut toutefois relever ces défis sans tenir compte des équilibres subtils à construire pour assurer les fonctions vitales qu'une agglomération durable se doit d'assumer : emploi, habitat, déplacements, approvisionnement alimentaire, loisirs... La nécessaire protection des espaces agricoles et de leur qualité environnementale ne peut donc se faire sans une mise en cohérence des différentes stratégies de l'agglomération. Trois actions permettent d'inscrire la préservation de l'agriculture dans cette perspective : 1.1 – Assurer la protection des espaces agricoles dans les différents documents de

planification, à leurs échelles respectives D’une manière générale, depuis les années 2000, l’ensemble des lois de planification et d’aménagement du territoire tendent à renforcer la protection des espaces agricoles contre l’urbanisation et l’artificialisation des sols. Dans la région grenobloise, le Schéma de Cohérence Territoriale (SCoT) fixe un cadre général, aux orientations claires, en faveur de la préservation des espaces agricoles, forestiers et naturels.

A une échelle plus locale, il s'agit désormais de mieux identifier les espaces à écarter de l'urbanisation à très long terme. L’ambition de la Métro en matière d’aménagement de ces espaces devra être précisée et spatialisée dans les documents locaux d’urbanisme et notamment dans le futur PLU intercommunal (PLUI).

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Au-delà, la préservation et plus encore la valorisation des espaces remarquables agricoles périurbains requièrent le recours à des outils adaptés tels que la « zone agricole protégée » (ZAP), ou le « périmètre de protection et de mise en valeur des espaces agricoles et naturels périurbains » (PAEN). Il s’agit de :

• donner sa place à l’agriculture dans les différents projets de territoires et conforter une attitude économe de la consommation de l’espace dans les projets d’aménagement ;

• identifier et préserver plus spécifiquement les espaces agricoles de plaine et de coteaux remarquables dans les documents d’urbanisme locaux.

1.2 – Mobiliser l’intervention foncière de la collectivité Depuis la définition d’une stratégie foncière pour les espaces agricoles, forestiers et naturels de l’agglomération, confortée par une convention de partenariat avec la SAFER et l’EPFL (délibération du 8 novembre 2013), les priorités d'intervention de la Métro se concentrent sur les zones de projet de l’agglomération (espaces agricoles stratégiques, espaces à enjeu de biodiversité de la trame verte et bleue, espaces naturels de loisirs, espaces déterminant pour la protection de la ressource en eau, espaces forestiers d’intérêt d’agglomération). De façon plus précise, concernant les espaces agricoles, il s’agit aujourd’hui de renforcer la cohérence entre la présente stratégie agricole et la stratégie foncière de la Communauté pour :

• Permettre le renouvellement et l'implantation de sièges d'exploitation en évitant, notamment, l’éclatement des exploitations existantes et l’appropriation des terrains et équipements agricoles par des non agriculteurs.

• Permettre la restructuration et l’équipement d’une zone agricole pour en préserver ou en améliorer la fonctionnalité.

• Limiter les pratiques spéculatives sur les espaces agricoles stratégiques en sollicitant l’intervention en préemption avec révision de prix de la SAFER.

• Constituer des réserves foncières en vue de la compensation d’exploitants impactés par les projets d’aménagement de la collectivité.

1.3 – Favoriser le maintien et le renouvellement des agriculteurs L’âge moyen des exploitants de la Métro, supérieur à 55 ans (RGA 2010), est l’une des principales faiblesses de l’agriculture du territoire. Dans ce contexte, le renouvellement des exploitations et l’installation de nouveaux agriculteurs sont des préoccupations essentielles. Il s’agit notamment de :

• Préserver la présence de sièges d’exploitation sur l’ensemble du territoire. • Définir les espaces agricoles nécessitant d’être redynamisés à travers l’élaboration d’un

projet de développement agricole concerté avec les agriculteurs, mais aussi avec l’ensemble des acteurs et usagers impliqués.

• Accompagner les nouveaux porteurs de projets agricoles (appui à l’installation, animation territoriale et conseil à l’implantation dans le territoire…).

• Accompagner les agriculteurs dans leurs projets de développement. 1.4 – Conforter l’activité agricole dans le respect de l’environnement Les habitants recherchent de plus en plus à connaître les modes de production des produits qu’ils consomment ainsi que l’impact de leurs achats sur l’environnement. Ils sont donc de plus en plus exigeants sur l’origine et la qualité de leurs produits et recherchent un lien direct au producteur, mais également, à travers lui, à leur territoire et cadre de vie.

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Les agriculteurs de l'agglomération peuvent aujourd’hui se saisir de ces attentes et besoins pour conforter leur développement. C'est pourquoi, devant cette demande forte en produits et services de qualité et dans un contexte difficile pour certaines filières, la Métro pourra contribuer au développement économique d’activités agricoles écologiquement responsables. Cela pourra se concrétiser par :

• accompagner les démarches d’évolution des pratiques vers une agriculture plus respectueuse de l’environnement (soutien à l’agriculture biologique, agroécologie, protection de la ressource et de la qualité de l’eau…) ;

• accompagner les démarches agricoles de valorisation des espaces remarquables agricoles et des paysages de l’agglomération ;

• accompagner les démarches de gestion, d’entretien et de valorisation des alpages et des espaces pastoraux de montagne, en facilitant la résolution des potentiels conflits d’usage induits par la multiplicité des fonctions (production, tourisme, loisirs, biodiversité…) et la fragilité des différents sites ;

• accompagner les initiatives de développement d’une « agriculture urbaine » associant les habitants au fait de produire et d’aménager un espace métropolitain équilibré ;

• accompagner les agriculteurs qui s’impliquent dans la réalisation des actions du Plan Air Climat de la Métro (diminution de la consommation énergétique, diminution des émissions de polluants atmosphériques, production de biogaz…) ;

• inciter les agriculteurs à distribuer leurs produits en circuits courts et dans des filières territoriales à plus haute valeur ajoutée.

2 – Déployer une stratégie agricole alimentaire de territoire et ses outils L’agglomération est à la fois un bassin de production agricole, mais plus encore un important bassin de consommation. Aussi, à l’heure du passage en métropole, il est nécessaire de poser la question de l’approvisionnement alimentaire à la bonne échelle. Historiquement, l’adaptation au contexte périurbain a largement poussé les agriculteurs de l’agglomération vers des stratégies de valorisation en circuits courts. Ainsi, près de 50 % des exploitations de la Métro commercialisent tout ou partie de leurs produits directement ou bien dans des filières de proximité. Toutefois, ces démarches demeurent souvent individuelles, même si les initiatives collectives tendent à se développer. Aussi, pour prendre une nouvelle dimension économique et constituer réellement des filières locales économiquement viables, en partenariat avec les territoires voisins, cinq actions complémentaires seront nécessaires pour inscrire le développement de l'agriculture dans cette perspective : 2.1 – Développer les équipements structurants de regroupement de l’offre permettant de dynamiser des filières territoriales L’offre de produits locaux est encore aujourd’hui largement parcellisée. Cet état de fait est un handicap pour assurer une visibilité des produits sur le marché local, au-delà des marchés de niche. C’est également un handicap pour répondre à des appels d’offres, ou offres de marchés, engageant des volumes conséquents. En conséquence, il serait nécessaire de :

• soutenir les équipements existants (MIN, plateformes locales …) et les accompagner pour s’adapter au bassin de consommation actuel et mieux anticiper l’avenir ;

• accompagner la création d’équipements complémentaires de regroupement de l’offre pour répondre aux besoins de toutes les filières de production et de distribution territoriales.

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2.2 – Développer les équipements de transformation et de conditionnement des produits La consommation de produits locaux ne se limite pas aux produits bruts mais également à toute la gamme des produits transformés, souvent plus générateurs de valeur ajoutée. Il s’agit ici d’encourager le développement d’équipements agricoles ou agro-alimentaires destinés à favoriser la pénétration de produits locaux dans l’alimentation des habitants du territoire :

• soutenir les équipements structurants existants et accompagner leur développement et leur évolution (légumerie, abattoir…) ;

• accompagner la création et le développement d’ateliers de transformation individuels ou collectifs ;

• encourager l’innovation en matière de produits transformés et l’adaptation aux attentes et besoins des consommateurs et du marché local.

2.3 – Développer les systèmes et outils de distribution adaptés Les modes de consommation ont largement évolué, impliquant une nécessaire adaptation des modes de distribution. De fait, les acteurs des circuits courts ont été assez inventifs ces dernières années, mais leurs initiatives sont souvent demeurées à l’échelle de marchés de niche. Sans abandonner ces démarches intéressantes, économiquement performantes et souvent porteuses de sens, l’enjeu aujourd’hui se porte également sur le fait de permettre l’accès du plus grand nombre à des produits locaux de qualité :

• soutenir les systèmes de distribution dédiés aux produits locaux et accompagner leur développement (marchés de producteurs, AMAP, réseaux de paniers…) ;

• accompagner la création et le développement de magasins collectifs de producteurs ; • identifier les leviers susceptibles de permettre l’accès du plus grand nombre à des

produits locaux de qualité et encourager l’initiative et l’innovation en matière de modes de distribution en réponse aux attentes et besoins des consommateurs et du marché local.

2.4 – Augmenter de manière significative la part de produits biologiques et locaux dans la restauration collective Un récent bilan a montré que la part des produits biologiques et locaux dans les cantines scolaires est encore faible sur l’agglomération, même si 80 % des communes de l’agglomération introduisent de manière régulière du bio dans les menus ; il apparaît notamment que les sociétés de restauration collective s’approvisionnent peu auprès des plateformes locales. Aussi, pour améliorer la commercialisation de ces produits dans la restauration collective, il apparaît nécessaire de :

• Faciliter l’engagement des communes vers des objectifs d’augmentation de la part des produits biologiques et/ou locaux dans les menus de leurs cantines scolaires. Cet engagement pourrait se prendre dans le cadre de la charte du Plan Air Climat 2014-2020 dont une des orientations s’intitule « orienter la commande publique vers des circuits locaux responsables ».

• Accompagner les communes pour les aider à rédiger leurs marchés quand elles sont en gestion directe ou quand elles font appel à un prestataire pour livrer les repas.

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2.5 – Permettre aux habitants d’être acteurs de l’alimentation locale L’accès pour tous à une alimentation locale de qualité répond à différents enjeux économiques et sociaux, mais aussi d’aménagement du territoire (organisation de la ville, du territoire et du cadre de vie, accès à la nature et aux espaces nourriciers, consolidation de l’économie agricole locale, amélioration du bilan carbone lié à l’approvisionnement alimentaire, autonomie alimentaire, éducation à une alimentation plus équilibrée et plus saine, préservation des paysages et des équilibres territoriaux, lien social…). Aussi, il est nécessaire d’accompagner les actions susceptibles de permettre aux habitants de retisser un lien direct à la terre, de favoriser l’échange via l’alimentation et de s’impliquer directement dans la production, ou auprès de producteurs, de produits alimentaires locaux :

• accompagner les initiatives de création et d’animation de jardins ou ruchers collectifs (jardins partagés, jardins éducatifs, ruchers associatifs…) ;

• accompagner les initiatives de développement d’espaces de production en ville en mobilisant toutes les pratiques innovantes de culture et favoriser l’accès des espaces agricoles aux habitants ;

• sensibiliser les habitants aux contraintes d’exploitation et au nécessaire respect des cultures et des espaces agricoles ;

• développer des démarches de communication pour faire connaître et valoriser les produits du territoire, mais également le métier d’agriculteur ;

• développer des actions de sensibilisation et d’éducation au goût, à une alimentation saine et équilibrée et renforcer les liens sociaux autour de l’alimentation ;

• favoriser l’accès des enfants aux fermes pédagogiques (écoles, péri et extra-scolaires). Cette nouvelle stratégie agricole pour la région grenobloise encadre désormais l’intervention de la Métropole en ce domaine.

3.3 Le Pays Voironnais 3.3.1 Le projet stratégique agricole et de développement rural Le PSADER du Pays Voironnais 2007-2009 est aussi cohérent avec les différentes autres stratégies :

• Protection et mise en valeur des espaces agricoles au travers de projets concertés (analyse des espaces agricoles stratégiques : 48 000 €).

• Protection des ressources en eau notamment dans les captages (20 000 €). • Animation du PSADER et du volet agricole (27 000 €).

3.3.2 Le projet de territoire durable du Pays Voironnais 2020 La version actualisée du projet de territoire durable du Pays Voironnais 2020 a été approuvée en janvier 2015. Il intègre les objectifs de l’Agenda 21 et du PCET. Ce projet constitue le document de référence du territoire : il fixe les grandes orientations politiques et stratégiques qui vont structurer l’action des acteurs publics. Le projet exprime une vision et décrit la manière dont les élus souhaitent voir évoluer le territoire. Il met en lumière des enjeux qui traduisent le décalage entre l’évolution souhaitée du territoire et son évolution réelle. Il définit des priorités parmi l’ensemble des enjeux identifiés (Source : Actualisation du projet de territoire durable du Pays Voironnais). Parmi les 5 grands principes on retiendra la volonté de développer prioritairement les ressources locales notamment le soutien à l’agriculture de proximité et la mise en place de circuits de distribution courts favorisant les liens entre les agriculteurs et les consommateurs.

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3.3.3 La charte de l’agriculture, de l’alimentation et de la forêt du Pays Voironnais Dotée d’une politique agricole et forestière en constante évolution depuis 1976, la Communauté d’agglomération du pays Voironnais s’appuie, dans sa mise en œuvre, sur un partenariat étroit avec les acteurs locaux de l’agriculture et de la forêt déjà formalisé à deux reprises dans une charte en 1994 et en 2000. En 2014, à l’occasion de l’actualisation du projet de territoire du Pays Voironnais, les acteurs de l’agriculture, de l’alimentation et de la forêt ont souhaité questionner l’avenir de ces secteurs. Ainsi, la réflexion sur une nouvelle charte a été engagée et a débouché sur l’élaboration d’un nouveau texte validé en juin 2015. Ce nouveau document d’orientation politique et stratégique permet d’expliciter les orientations du territoire, notamment en vue d’une coopération étroite avec les territoires voisins, qu’il s’agisse des territoires avec lesquels le Pays Voironnais dispose déjà d’une relation historiquement établie (Grenoble-Alpes Métropole et la Communauté de Communes du Grésivaudan) ou de territoires avec lesquels il souhaiterait établir des liens plus forts (PNR de Chartreuse, PNR du Vercors, Pays du Sud Grésivaudan...). Le travail d’élaboration de la charte a permis de renforcer la dynamique de travail entre les partenaires et de créer un cadre d’action commun. Parce qu’elle s’appuie sur un programme d’action pluriannuel détaillé, la charte fournit en effet un cadre opérationnel pour répondre aux besoins de ces secteurs et en faire des sources d’attractivité pour le territoire. Elle constitue donc le document de référence, dans la prise de décision comme dans l’action, pour l’ensemble des partenaires. Les orientations stratégiques de la charte Les orientations stratégiques de la charte de l’agriculture, de l’alimentation et de la forêt du Pays Voironnais se structurent autour de deux finalités principales :

• faire que ces secteurs d’activité contribuent à l’attractivité du Pays Voironnais en matière de qualité de vie, de paysage, d’activités économiques pour les habitants ;

• répondre aux besoins propres des secteurs agricoles et forestiers dans leur diversité. À travers cette charte, les partenaires s’engagent à unir leurs forces afin de répondre aux quatre grands défis que rencontre aujourd’hui le territoire et inscriront leurs actions dans les objectifs suivants : Défi 1 – Assurer la pérennité des espaces et de l’économie agricole Bien que le rythme de consommation des espaces agricoles ait ralenti ces dernières années, le foncier agricole, confronté à la pression urbaine, tant à diminuer et à être de plus en plus morcelé. Par ailleurs, la moyenne d’âge des agriculteurs est élevée et la transmission des exploitations n’est pas assurée dans bon nombre de cas. Le premier défi qui s’impose est donc d’assurer un avenir aux activités agricoles. Objectif 1 – Protéger les espaces agricoles et lutter contre la pression foncière Objectif 2 – Faciliter les installations et les transmissions d’exploitations Objectif 3 – Accompagner les agriculteurs dans l’évolution de leur métier et de leurs pratiques

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Défi 2 – Favoriser une meilleure exploitation de la forêt Le développement de la filière bois s’organise depuis plusieurs années, il est donc aujourd’hui primordial de chercher à concilier une mobilisation efficace des bois avec une exploitation durable de cette ressource. Pour relever ce défi, mettre en réseau les acteurs de la filière et développer leur lien aux habitants s’impose comme une nécessité. Objectif 1 – Renforcer la mobilisation des bois Objectif 2 – Encadrer les conditions d’exploitation de la forêt Objectif 3 – Vulgariser, sensibiliser, développer la pédagogie auprès des habitants Défi 3 – Valoriser l’agriculture et la forêt locales Dans le territoire périurbain du Pays Voironnais, les activités agricoles et forestières côtoient des zones d’habitation et de loisirs, ce qui peut engendrer des tensions entre, agriculteurs et forestiers d’une part, et habitants et usagers de l’autre. Ces tensions découlent en partie d’une méconnaissance de ces métiers et de la mauvaise image dont ils pâtissent dans l’opinion. Il est pourtant possible d’agir en amont en tissant du lien avec les habitants du territoire. Objectif 1 – Valoriser le rôle et l’image de l’agriculteur et du forestier auprès des habitants Objectif 2 – Faire connaître les exploitations et les produits Objectif 3 – Prévenir les conflits d’usage Défi 4 – Structurer des filières territoriales rentables pour les producteurs et compatibles avec les moyens des consommateurs Le territoire dispose de peu de filières agricoles fortes malgré le développement d’outils de transformation et de commercialisation. Il est donc aujourd’hui question de créer du lien entre ces outils et entre les différents acteurs des filières afin d’organiser une rencontre harmonieuse de l’offre et de la demande. Objectif 1 – Développer la filière alimentaire Objectif 2 – Renforcer la filière bois Objectif 3 – Initier la filière biomasse La gouvernance Le Groupe de Pilotage Agriculture, Alimentation et Forêt est en charge de la gouvernance de la charte. Toute organisation signataire de la charte peut désigner un représentant. La composition du Groupe de Pilotage est donc susceptible d’évoluer dans le temps. Par ailleurs, selon les points évoqués à l’ordre du jour, des acteurs ne faisant pas partie du groupe peuvent être invités. Une fois par an, en début d’année, une séance du Groupe de Pilotage est entièrement consacrée au suivi de la charte. Cette séance est à la fois, l’occasion de dresser un bilan de la charte, afin de vérifier la progression dans l’atteinte des objectifs, et de proposer des réorientations. Elle permet ainsi de préparer un séminaire annuel, largement ouvert en vue de communiquer et débattre sur les enjeux de l’agriculture, de l’alimentation et de la forêt. Il permet notamment de diffuser le bilan de la charte et de définir les priorités et les nouvelles orientations pour l’année à venir, afin de répondre au mieux aux enjeux agricoles, alimentaires et forestiers.

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La structure pilote et le référent La charte est en cours de mise en œuvre. Un nouveau mode de fonctionnement sera expérimenté à cette occasion : chaque action sera mise en œuvre par un ou plusieurs des partenaires signataires de la charte. Cependant, pour faciliter la conduite et le suivi de l’action, une structure pilote sera choisie. Afin que l’ensemble des partenaires puisse être informés de l’avancement, elle désignera une personne chargée du suivi qui sera alors identifiée comme le référent de l’action. Évaluation Enfin, afin de mesurer les effets de la charte et de prévoir les ajustements nécessaires, des évaluations pourront être menées à différentes échéances.

3.4 Le Grésivaudan 3.4.1 L’Agenda 21 L’Agenda 21 affiche plusieurs objectifs concernant le système agricole et alimentaire territorialisé :

• Introduire de produits bio/locaux dans la restauration (structures communales) (fiche n°40).

• Développer de l'agriculture biologique et de l'agriculture nourricière en circuits courts (fiche n°26).

• Plan d'accès du plus grand nombre aux produits agricoles locaux et/ou bio (fiche n°18).

3.4.2 Le PCAET Dans le cadre de l’engagement sur l’économie verte, quatre actions concernent l’agriculture : • Définir un plan d'actions pour répondre aux enjeux énergétiques et climatiques

(atténuation et adaptation) du secteur agricole et forestier. • Encourager et accompagner les gestionnaires de restauration hors domicile à

s'approvisionner en produits locaux et/ou bio et relayer l'information auprès des consommateurs finaux.

• Développer la multifonctionnalité des parcelles sur le territoire afin de réduire l'impact climatique sur les cultures et ainsi que le pastoralisme pour entretenir les pâturages comme puits de carbone.

• Engager une réflexion territoriale sur la filière fourragère pour anticiper les impacts du changement climatique.

3.4.3 Les orientations stratégiques 2015-2020 de la CC Deux orientations viennent conforter directement la stratégie agricole et alimentaire : Axe 1 : Maintenir des agricultures diversifiées, durables, performantes

• Mobiliser le territoire pour l’agriculture, levier d’aménagement des espaces • Protéger et mobiliser le foncier agricole • Faciliter l’émergence de dynamiques collectives, l’installation en agriculture, la

transmission des exploitations • Mobiliser le territoire pour l’agroécologie et encourager le développement de l’agriculture

biologique La Communauté de Communes vise ainsi à maintenir la surface agricole, le nombre d’exploitations ayant une vocation économique, à augmenter la surface en culture biologique.

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Axe 2 : Répondre à la demande des consommateurs • Faciliter l’accès aux produits locaux et/ou bio pour tous • Développer la part de local et de bio dans la restauration collective gérée par la

Communauté de Communes • Faciliter le lien entre agriculteurs, citoyens et acteurs du territoire.

La Communauté de Communes vise ainsi à développer la part d’approvisionnement en bio et/ou local, à soutenir et organiser des temps de rencontres et d’échanges.

3.4.4 Le Projet Stratégique Agricole et de Développement Rural du Grésivaudan (PSADER) 2010-2016 Le contrat de développement durable Rhône-Alpes du Grésivaudan a consacré plus de 13 % de son enveloppe à l’agriculture pour la période 2010 - 2016. Ses actions se déclinent ainsi :

• accompagner le renouvellement des exploitations ; • renforcer les circuits courts, créer de nouvelles filières, aller vers une structuration de

l'offre pour fournir la restauration collective ; • accompagner des collectivités qui soutiennent l’installation d’agriculteurs en circuits

courts ; • accompagner les agriculteurs vers de nouvelles pratiques, vers des changements de

système d’exploitation ; • soutenir les projets de mise en valeur des espaces agricoles.

3.4.5 Le programme Leader Belledonne 2015-2020 Une partie de la Communauté de Communes Le Grésivaudan est sur Belledonne, qui a été retenu pour un nouveau programme européen Leader. Parmi les 6 fiches actions, deux concernent l’agriculture, dont les objectifs sont cohérents avec ceux de la Communauté de Communes. 1 : Une gestion partagée des ressources naturelles, déclinées en 3 objectifs opérationnels :

• Conforter la gestion partagée des ressources naturelles • Organiser la gestion du foncier agricole et forestier • Construire une gouvernance territoriale innovante

2 : Une valorisation des pratiques et des produits agricoles et forestiers par la fédération des acteurs économiques locaux, déclinée en 3 objectifs opérationnels :

• Renforcer les pratiques collectives agricoles, pastorales, forestières et faire connaître les produits de qualité de Belledonne

• Développer une offre collective pour répondre à la demande des consommateurs • Construire une gouvernance territoriale innovante

3.5 Alpes Sud Isère Ce territoire constitué de 108 communes de la Communauté de Communes de l’Oisans, de la Communauté de Communes de la Matheysine, du Pays de Corps et des Vallées du Valbonnais, et de la Métropole grenobloise est peuplé de 71 200 habitants (densité de population 36 hab/km²). L’agriculture du territoire emploie 689 personnes (Source : Insee 2009).

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Le Projet Stratégique Agricole et de Développement Rural 2012-2018 du territoire est particulièrement ambitieux. Le programme d’action est le suivant :

• Structuration de l’offre agritouristique (15 000 €) • Structuration des filières de proximité (105 000 €) • Professionnalisation de la vente directe (254 967 €) • Durabilité des exploitations agricoles (90 000 €) • Création d’activités agricoles et rurales (387 000 €) • Transmission des exploitations agricoles (190 000 €) • Information, formation des élus, accompagnement des collectivités pour l’utilisation

optimale du foncier et le soutien aux usages renouvelables du foncier (131 000 €) • Animation du PSADER agriculture-foncier (186 293 €)

3.6 Le PNR du Vercors

3.6.1 La Charte du Parc Le Syndicat mixte est « chargé de la gestion du Parc naturel régional met en oeuvre la charte qui veut assurer la promotion de l'économie rurale en même temps que le développement des activités touristiques et culturelles. En matière de développement économique, le PNR du Vercors s’implique notamment sur le secteur agricole en accompagnant et en valorisant une agriculture respectueuse de l’environnement :

• soutenir des modes de gestion agricole favorisant la biodiversité et respectueux de la ressource en eau et des milieux aquatiques ;

• soutenir une agriculture valorisant les productions locales et s’appuyant sur les valeurs liées au territoire et à l’environnement ;

• assurer la pérennité des entreprises agricoles et la qualité de vie des agriculteurs ; • accompagner les évolutions dans l’agriculture.

Dans ce cadre global, le Parc naturel régional du Vercors a engagé plusieurs programmes avec un certains nombres d'actions :

3.6.2 Le projet stratégique agricole et de développement durable Le PSADER Vercors 2010-2015 porté par le SM-PNRV a fixé les objectifs agricoles suivants :

• Renforcer l’agriculture dans son environnement (foncier, cessation/reprise d’exploitation et environnement/paysage)

• Valoriser les produits locaux avec les démarches qualité (marque Parc, démarches qualité, réseaux tels que « ferme du Vercors »)

• Mettre en valeur le patrimoine local et l’activité agricole (valorisation du patrimoine agricole dont les races locales et la communication hors milieu agricole)

• Améliorer les conditions de travail et de vie des agriculteurs

Un nouveau PSADER5 est en cours d'élaboration pour la période 2016-2021, appuyé sur le projet de « Productions Durables » du PNR, ayant pour ambition de développer et maintenir durablement la production de biens et de services agricoles et forestiers sur le territoire.

5 Il devrait s'articuler autour des 3 axes suivants : Axe 1 : Valoriser et développer des filières locales dynamiques et durables, axe 2 : Valoriser, impulser et accompagner une gestion durable des ressources, axe 3 : Améliorer la connaissance dans une logique prospective.

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L’objectif est de créer des externalités environnementales positive, d’offrir une rémunération décente du travail et d’assurer la vitalité sociale et économique des territoires.

3.6.3 Le PAEC6 Vercors 2015-2020 A partir des enjeux agro-environnementaux repérés sur le territoire, le Parc, engagé avec ses partenaires s’inscrit dans une stratégie régionale de mise en oeuvre des MAEC qui constituent un des outils majeurs pour :

• Accompagner le changement de pratiques afin de réduire les pressions agricoles sur l’environnement. Par exemple : limiter les intrants, les fauches précoces, favoriser l’entretien des haies et ripisylves.

• Accompagner le maintien des pratiques agricoles favorables aux l’aménités environnementales. Par exemple : les «prairies fleuries», la gestion pastorale... et les mettre en valeur.

3.6.4 Le programme Alimentation Santé Territoires Le PNR du Vercors s’est engagé depuis une dizaine d’années dans la valorisation des produits du parc en soutenant les producteurs notamment au travers son soutien à l’APAP et à la marque Parc. Au travers du programme Alimentation Santé Territoires (AST) lancé en 2011, le PNR accompagne le territoire au développement d'une alimentation de qualité et de proximité sur le territoire, préservant l'environnement et la santé. Ce programme est le fruit :

• d'actions engagées dès 2005 en ce sens par le CPIE Vercors et l'Association des Centres pour Enfants du Vercors (ACEV),

• des suites données à une étude de marché, qui a révélé que la mise en place d’une plateforme n’était pas une nécessité et qu’il était plus intéressant de renforcer les liens directs entre producteurs et consommateurs.

Aussi autour de l'enjeu « se nourrir », le PNRV suscite et accompagne la demande d'une alimentation de qualité auprès des collectivités et structures privées en charge de la restauration collective (restaurants scolaires, crèches, centre de vacances pour enfants) et de la restauration touristique. Autour de l'enjeu « s'organiser », il soutient et accompagne les initiatives qui améliorent l'offre alimentaire de qualité et de proximité, auprès des producteurs et filières, artisans des métiers de bouche, magasins de produits locaux et/ou bio, plateformes d’approvisionnement. Les actions portées se sont appuyées sur le levier « Changer », en promouvant et accompagnant des changements durables de comportements alimentaires et professionnels. Depuis 2014 le projet a évolué :

• en recentrant ses actions sur les collectivités et la restauration touristique, • en mettant un accent sur le volet Santé et se dotant de l'expertise d'une diététicienne, • en s'ouvrant à des partenariats avec les territoires et collectivités voisines au PNRV-

notamment le bassin urbain grenoblois - aux productions et marchés complémentaires ; visant ainsi à la mise en place d'un système alimentaire territorial (SAT).

6 Projet agroenvironnemental et climatique

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Ce plan7 a mobilisé 112 000 € en 2014 provenant du programme Européen Leader Vercors-Trièves, du Conseil général de l'Isère et de fonds propres. La transversalité de l'approche de ce programme en fait sa spécificité et le territoire est aujourd'hui reconnu à une échelle nationale pour ses expérimentations menées et attendu sur de la mutualisation et du partage d'expérience quant aux actions menées et en cours, aux résultats, mais aussi à la méthodologie mise en œuvre. Pour 2016 et les années à venir le PNRV poursuit AST en se positionnant comme centre de ressource au service de systèmes alimentaires innovants, à une échelle régionale, voire nationale. L'intention nouvelle est - en articulation avec l'animation d'une stratégie alimentaire durable territoriale - de développer le Centre de Ressources AST en mettant à profit son expérience et expertise au bénéfice de porteurs de projets et territoires engagés - ou souhaitant s'engager- dans des démarches intégrants les circuits courts de proximité dans le cadre d'une approche globale de systèmes alimentaires innovants. Les objectifs sont:

• capitaliser, valoriser les expériences et de l'expertise, • vulgariser, diffuser de l'information et de la connaissance, • explorer d'autres possibles • observer les évolutions, analyser les politiques en place dans une logique prospective.

Le centre de ressource s'articulera autour de 4 axes :

• la capitalisation, • la diffusion, • le développement du volet Santé-alimentation (dont la santé environnementale et

l'accès pour tous), • les synergies avec les réseaux nationaux et internationaux.

3.6.5 Le Programme Leader « Terres d'EchOs », 2016-2020/2022 Le PNRV engage avec le SM du Pays du Sud Grésivaudan et le CDDRA Royans-Vercors, un programme européen Leader pour la période 2014-2020, en réponse aux 2 enjeux d’avenir complémentaires proposés par l'Europe : « Territorialisation des économies rurales » et « Stratégie alimentaire durable territoriale ». Stratégie Alimentaire durable territoriale, pour structurer et organiser les filières en interne et dans la coopération avec les territoires voisins, afin de développer l’emploi local et renforcer les liens habitants/territoire par le biais d’une alimentation locale de qualité. Cette démarche sera, pour le volet « Stratégie alimentaire durable territoriale », animée par le Parc naturel régional du Vercors, qui mettra au bénéfice du projet Leader « Terres d'EchOs », son expérience et expertise sur cette thématique spécifique développée depuis 4 ans au travers de l'animation du programme Alimentation Santé Territoires et de son implication en faveur d'une alimentation durable depuis 10 ans sur le territoire du PNRV.

7 Ont collaboré dans le cadre de ce programme l’APAP, le CPIE Vercors, l'AFRAT, Nicole Gamonet-Vidal (diététicienne) et Alimenture (Stéphane Veyrat).

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3.7 Le PNR de Chartreuse

Le Parc de la Chartreuse est un territoire de moyenne montagne sous l’influence de pôles urbains de proximité, confronté à une nécessité accrue de coopération avec l’ensemble des EPCI, internes ou externes au massif, pour porter ses enjeux et mettre en oeuvre son projet. Il s’agit d’un territoire attractif et à l’identité affirmée, générant un fort développement démographique qui pose des problèmes d’emploi, de mobilité, d’accès aux services et de cohésion sociale, et dont les ressources sont soumises à des pressions multiples (urbanisation, fermeture des paysages, fréquentation des sites fragiles…). Le dynamisme économique, s’appuie sur une valorisation des ressources du massif et de ses atouts par des filières agricole, bois, et touristique fragiles et en recherche de nouveaux « modèles » de développement.

3.7.1 La Charte du Parc

Les enjeux, les ambitions et les orientations du projet de territoire pour 2007/2019 sont les suivants :

Axe 1 / S’appuyer sur le dynamisme des acteurs locaux pour porter et partager le territoire : Renforcer l’adhésion des habitants en faisant partager la connaissance, accroître l’implication des acteurs économiques et sociaux, imaginer une nouvelle gouvernance en impliquant mieux les acteurs du territoire et développer les collaborations entre territoire de montagne et régions urbaines.

Axe 2 / Protéger et valoriser ensemble et au quotidien les patrimoines de Chartreuse : Engager une politique de gestion de l'espace pour coordonner les actions en faveur de la qualité des paysages, promouvoir une gestion durable de l'environnement, des milieux naturels et des espèces montagnardes, gérer les ressources naturelles de montagne au plus près des besoins actuels tout en préservant le capital patrimonial et valoriser les patrimoines culturels locaux et les pratiques locales.

Axe 3 / Mobiliser les atouts de la Chartreuse pour un développement endogène durable de montagne : Accompagner la consolidation et la diversification de l'économie locale, développer une agriculture vivante indispensable et bien identifié, s'appuyer sur la forêt, ressource et patrimoine emblématiques de la Chartreuse et accompagner un tourisme des quatre saisons en moyenne montagne, durable et ambitieux.

Le PNR Chartreuse assure le portage de nombreux programmes de développement.

3.7.2 Le Projet Stratégique Agricole et de Développement Rural de Chartreuse (PSADER)

Le 1er PSADER Chartreuse (2009 / 2015) avait identifié trois enjeux forts concernant l'agriculture :

1. Équilibrer l’activité économique entre la zone de Haute Chartreuse, la zone de Vallée et la zone viticole.

2. Conserver des zones à vocation agricole dans le paysage du territoire du Parc de Chartreuse.

3. Donner les moyens aux agriculteurs de s’adapter aux changements de la société rurale.

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Pour répondre à ces enjeux, les grands axes de travail et objectifs de ce 1er PSADER ont été les suivants :

Axe 1 : Gestion de l’espace : Gestion foncière et facilitation des restructurations foncières afin de maintenir ou installer un nombre suffisant d’agriculteurs, veille foncière dans les documents d’urbanisme, travaux d’aménagements, d’entretien et de remise en état des parcelles, d’aménagement de point d’eau et développement de la filière bois plaquette en agriculture.

Axe 2 : Valorisation des produits locaux et développement de l’agritourisme : Création d’événementiels autour de l’exploitation ou des produits en particulier ceux qui répondent à des signes de qualité, développement d’une activité agritouristique en accentuant l’effort sur la visite d’exploitation, communication auprès de la population résidente sur les produits locaux, structuration des producteurs et animation autour de la valorisation des produits.

Axe 3 : Aide à la création d’activités en milieu rural : Accompagnement de l'installation et de la transmission des exploitations et suivi des agriculteurs récemment installés. Développement de la multiactivité avec des activités autour des services, du bois, ou du tourisme.

Axe 4 : Soutien à l’activité laitière en zone de Haute Chartreuse : Pérenniser la collecte laitière ou la permettre dans les zones reculées et aider au ramassage du lait de la Coopérative Laitière des Entremonts pour les exploitations situées dans des zones de Haute Montagne.

Un nouveau PSADER et un nouveau Plan Pastoral Territorial (PPT) ont été élaborés début 2015 et seront opérationnels début 2016. L'analyse croisée des forces et faiblesses des secteurs agricoles et forestiers de Chartreuse ont conduit à identifier de nouveaux enjeux qui leur sont en partie communs, justifiant l’élaboration d’un projet « agro-sylvo-pastoral » intégré pour le Massif de la Chartreuse.

Voici les principaux axes agricoles de ce projet :

Axe 1 / Faciliter l’accès aux ressources pour mieux les gérer :

Faire évoluer les conditions de maîtrise et d’exploitation des ressources pour continuer d’assurer leurs fonctions productives, tout en conservant et développant leurs services rendus en lien avec les problématiques d’évolution du climat.

Axe 2 / Améliorer les outils de travail en lien avec la dimension sociale et l’emploi :

Accompagner le renouvellement et la modernisation du tissu productif, aux niveaux matériel (investissements) et immatériel (développement des compétences, formation), en ciblant les thématiques liées aux conditions de travail, à l’emploi et à la maîtrise de l’énergie.

Axe 3 / Promouvoir l’ouverture et organiser le lien entre les activités agro-sylvo-pastorales et les habitants de Chartreuse et des territoires voisins :

• Ancrer les activités agro sylvo pastorales dans la culture et les modes de consommation des habitants (permanents de Chartreuse ou visiteurs des régions proches) et de les valoriser au niveau départemental et régional.

• Favoriser le maillage et l’ouverture des réseaux socioprofessionnels et d’élus, dans et au-delà du territoire, pour susciter l’innovation et faire évoluer les modes de développement.

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3.7.3 Leader

Par ailleurs, le PNR Chartreuse s'est engagé sur la période 2013 – 2015 dans un projet de coopération LEADER intitulé « Valoriser et développer les initiatives de circuits courts ».

Il s'agissait d'accompagner la mise en œuvre d’actions concrètes liées aux circuits courts et à la vente directe et de créer des synergies entre les territoires de la Chartreuse et du Grand Briançonnais.

Le projet de coopération s’est articulé autour de trois objectifs :

1. Structurer et diversifier l’offre et la demande de produits locaux. 2. Valoriser l’offre en circuits courts en rendant plus visible localement l’offre en circuit

court. 3. Sensibiliser et informer les acteurs en créant les conditions permettant l’« engagement »

et la sensibilisation de différents acteurs dans les circuits courts.

Enfin, le Parc s'est positionné sur la programmation LEADER (2014 – 2020) avec les orientations suivantes :

Axe 1 / Mobiliser les ressources locales, pour valoriser économiquement le territoire : Faire évoluer les conditions de maîtrise et de mobilisation des ressources locales et rendre accessible durablement les ressources locales pour les valoriser.

Axe 2 / Un accueil de qualité et un esprit d’entreprendre, pour dynamiser l’économie locale : Développer une culture de l’entreprenariat en Chartreuse, renforcer l’accueil pour les activités économiques et améliorer l’accueil et la qualité de vie des habitants, en lien avec l’attractivité du territoire.

Axe 3 / Gérer durablement les ressources spécifiques au territoire, pour une identité affirmée : Gérer les ressources foncières et gérer les ressources agricoles et forestières.

Axe 4 / S’engager dans une transition énergétique : Développer la production d’énergies renouvelables liées à la ressource territoriale et promouvoir une mobilité adaptée aux enjeux en renforçant l’usage des modes doux et la multimodalité.

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4. Protéger les terres agricoles et installer des agriculteurs

4.1 La protection réglementaire 4.1.1 Le SCOT de la région urbaine Grenobloise Le SCOT de la région urbaine grenobloise a été approuvé en décembre 2012. Il se positionne en faveur d’une planification rigoureuse pour garantir les espaces agricoles. Ainsi, il a annulé, dans le Pays Voironnais, la création de la zone d’activités de Centr’Alp 3 qui représentait près de 260 ha agricoles à urbaniser. Dans la perspective de la révision de la charte du PNRV et de l'obligation de la généralisation de la couverture du territoire national par les SCOT, le syndicat mixte se porte garant de la rédaction d'un chapitre individualisé valant SCOT pour les territoires des Communautés de Communes Massif du Vercors, Pays du Royans et Vercors. Ce scénario est envisageable dans le cadre de la loi Alur, votée en mars 2014. Pour les communes appartenant à la Métropole et membres du syndicat mixte du PNRV, un travail particulier d'articulation et de mise en cohérence sera à mettre en œuvre, notamment en ce qui concerne la stratégie de préservation des espaces naturels et agricoles. La municipalité de Mouans-Sartoux (10.000 hab) a acquis en 2008 un ancien domaine agricole de 4 hectares, avec pour objectif la création d'une régie municipale agricole qui aurait pour mission de produire des légumes biologiques pour les trois groupes scolaires équipées d’une cuisine individuelle autonome.

Depuis 2011, un agriculteur communal a été recruté afin de produire des légumes, l'objectif étant d'essayer de tendre vers 100 % des trente tonnes de légumes utilisés annuellement par les cantines municipales scolaires qui accueillent chaque jour les élèves de la commune. La certification agriculture biologique a été obtenue en 2010. En 2013, 70 % des besoins en légumes étaient couverts par le domaine.

Grâce à de nombreuses actions pour réduire les pertes, il a été possible de baisser le prix du repas tout en passant en bio. « Nous sommes passés de 20 % de bio en 2008, avec un coût matière de 1,90 € par repas, à 100 % de bio pour un coût de 1,86 € en 2013».

Mouans-Sartoux est également ville active depuis 2005 du Programme National Nutrition Santé (PNNS), plan de santé publique qui propose une série de recommandations simples à suivre : moins de sel, plus de fruits et légumes, une activité physique soutenue.

4.1.2 La mise en place d’un PAEN8 de la plaine de l’Isère Le Conseil général, Grenoble-Alpes Métropole et le Pays Voironnais ont cherché à mettre en place un PAEN9 en 2013 en partenariat avec les communes concernées, la Région Rhône-Alpes et la Chambre d’Agriculture, sur la Plaine de l’Isère sur les communes de Voreppe, La Buisse, Moirans, Saint-Jean de Moirans, Vourey, Tullins et Veurey-Voroize, Noyarey, le Fontanil-Cornillon. Le PAEN était prévu sur un périmètre de 3 300 ha environ et devait déboucher sur un programme d’actions pour préserver et mettre en valeur les parcelles identifiées. Ce PAEN a été au final abandonné.

8 Seuls 4 périmètres d’intervention pour la protection et la mise en valeur des espaces agricoles et naturels périurbains ont été approuvés en France à ce jour. 9 Périmètre de protection et de mise en valeur des espaces agricoles et naturels périurbains.

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4.2 L’acquisition foncière En collaboration avec la SAFER, une veille sur les mouvements fonciers a été mise en place. A coté des protections réglementaires, l’acquisition foncière permet d’agir sur les zones stratégiques pour l’activité agricole mais aussi de pouvoir faciliter l’installation d’agriculteurs qui souhaitent s’insérer dans le projet alimentaire territorial en ayant la main sur le foncier L’acquisition foncière qui reste onéreuse a plusieurs objectifs : protéger durablement les terres agricoles contre l’urbanisation mais aussi faciliter l’installation d’agriculteurs et diversifier les productions. Seules deux collectivités se sont engagées dans cette voie : la Métropole et le Pays Voironnais Suite à son plan d’actions foncier initié en 2005 qui a ouvert la voie à l’acquisition foncière, Le Pays Voironnais a ainsi acquis 17 ha sur Saint-Blaise du Buis, la Murette et Réamont et 118 ha sur Voreppe et Moirans, représentant un budget de 2 millions d’Euros. Ces surfaces ont majoritairement bénéficié à des installations (10) ou confortés des installations récentes avec majoritairement des projets en circuits courts et en agriculture biologique10. Un contentieux11 avec des agriculteurs qui remettent en cause la préemption par la collectivité freine quelque peu ce projet. Le Pays Voironnais a prévu dans les années qui viennent la construction d’un bâtiment collectif pour faciliter l’installation d’agriculteurs. Ces projets ont aussi permis de faire évoluer les productions agricoles en développement la production légumière et du blé panifiable au détriment du maïs. A noter dans le Voironnais la mise en place d’un fond12 alimenté par les projets d’artificialisation sous déclaration d’utilité publique à raison de 1 €/m2. 400 000€ ont ainsi été mobilisés pour différents projets (légumerie, point de vente collectif). La Métropole possède un outil particulier au travers de la convention la liant avec la SAFER et l’EPFL. Elle dispose ainsi d’un outil lui permettant de mettre en œuvre la stratégie foncière pour les espaces agricoles, forestiers et naturels dans laquelle elle s’est engagée à travers deux délibérations cadres datant de 2012 et 2013. Concernant l’agriculture et l’alimentation, cette stratégie préconise une intervention foncière de la métropole afin d’accompagner le renouvellement et le développement des exploitations ainsi que la confortation d’une agriculture de proximité plus respectueuse de l’environnement. Cette stratégie d’intervention est dotée d’un budget de 100 000 € par an. Plusieurs parcelles ont ainsi été acquises et des appels à candidature lancés pour l’installation de nouveaux agriculteurs. Le PNR de Chartreuse et la Chambre d’Agriculture de l’Isère, ont créé un groupement foncier agricole, le GFA Mutuel de Chartreuse le 17 Juin 2015, qui permettra notamment aux apporteurs de capitaux d’acquérir, par l’intermédiaire du groupement, des terres agricoles afin de les mettre durablement à la disposition d’agriculteurs. Cette structure pourra également favoriser l’installation de jeunes agriculteurs, en les déchargeant du poids de l’investissement foncier. Ce groupement est ouvert à tous ceux qui souhaitent soutenir cette activité : agriculteurs et non-agriculteurs. Le GFA est déjà propriétaire de 2 parcelles agricoles sur la commune du Sappey en Chartreuse, qui seront louées à un agriculteur. Les possibilités d’intervention du GFA sur l’ensemble des communes du massif dépendront de l’implication des élus et des habitants. Le prix des parts a été fixé à 40 € mais il est possible aussi de faire un apport direct de biens.

10 Ces terrains acquis ont permis 15 installations ou confortations d’installations récentes dont 11 en circuits courts et 9 en AB. 11 Ce contentieux oblige à la mise en place de baux précaires avec la SAFER sur une partie des terres acquises. 12 Fonds Départemental d’Investissements Agricoles et Agroalimentaires.

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L’association Terre de Liens n’a à ce jour pas acquis de ferme sur le territoire. Il en existe une en Isère, la ferme « le Marais des Mûres », 2,4 ha en maraichage biologique à Bourgoin-Jallieu sur les 15 fermes acquises en Rhône-Alpes.

4.3 Mise en place d’Associations Foncières Pastorales Une AFP13 a été mise en place sur le Mûrier qui vient conforter les projets d’installation en permettant un accès plus facile au foncier. Il en existe également à Quaix, Vaulnaveys le Haut… qui permettent d’assurer un entretien de l’espace de qualité et de conforter des exploitations d’élevage locales.

4.4 L’installation d’agriculteurs La transmission des exploitations et l’installation des agriculteurs constituent un enjeu majeur d’autant qu’il reste toujours difficile d’accéder au foncier. Plusieurs stratégies ont été mises en place par les différentes collectivités accompagnées par la chambre d’agriculture, la SAFER, et des groupes locaux d’agriculteurs (Sitadel, Adabel, …).

4.4.1 Le parrainage ADABIo a mis en place un réseau de parrainage. Il s’agit une démarche d’accompagnement à l’installation et à la conversion ouverte aux agriculteurs, ou futurs agriculteurs, dans toutes les productions. Ce réseau permet aux filleuls d’échanger sur des expériences et des pratiques, et d’être conseillés et suivis par des producteurs expérimentés ou « parrains », via des visites sur exploitation et des contacts téléphoniques. Avoir un parrain, c’est : profiter de l’expérience d’un producteur bio, recevoir et échanger des conseils pratiques sur les techniques de production, sur la commercialisation, bénéficier d’un suivi régulier, faire face aux difficultés, répondre à ses questionnements en échangeant. C’est un dispositif gratuit pour l’agriculteur mais qui fait l’objet d’un soutien financier des collectivités.

4.4.2 Les Comités Locaux d’Installation Les Comités Locaux d’Installation (CLI) mobilisent élus et agriculteurs qui se structurent pour mener des actions de veille et de concertation sur l’installation. Les couvrent déjà une bonne partie du territoire : 1 sur le Pays Voironnais, 5 sur le Grésivaudan (CLI des Balcons de Belledonne, Pays d’Allevard, moyen et haut Grésivaudan, Petites Roches), le CLI du Sud-Grenoblois, et le Groupe Installation Agriculture Trièves. Ces CLI assurent de la concertation et de la médiation et de la mise en relation entre des propriétaires et des porteurs de projet.

Dans le Trièves le CLI a permis d’installer 2 agriculteurs sur des petites surfaces cédées par des agriculteurs en activité. Le Trièves est d’ailleurs un des territoires les plus attractifs avec une forte dynamique d’installation (en moyenne 6 par an pour 226 exploitations en 2013) qui vient compenser les cessations d’activité et ainsi assurer le renouvellement des générations.

4.4.3 Appui à la création d’activité et à l’émergence de projet Alpes Sud Isère finance depuis plusieurs années un appui à la création d’activités à travers des formations et un accompagnement individuel de porteurs de projets. Ainsi, au cours de deux dernières années, 120 porteurs de projets ont bénéficié de ce service, et cela a abouti à 11 créations d’activités en Alpes Sud Isère.

13 Association Foncière Pastorale.

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4.4.4 L’accompagnement à l’installation Sur le territoire du Grésivaudan, plusieurs actions ont été mises en place pour favoriser l’installation. Une veille foncière a été mise en place avec la SAFER pour éviter que les terres agricoles ne partent à des non agriculteurs. Ainsi 8 dossiers ont été retirés de la vente. La collectivité apporte une aide à l’installation en bio depuis 2010 avec un forfait de 3 500 € pour l’installation et autant pour la conversion en bio. 27 agriculteurs ont ainsi été aidés pour un montant total de 171 000 €. La Chambre d’Agriculture est missionnée au travers des Comités Locaux d’Installation pour faciliter la mise en relation entre des cédants et des porteurs de projet. Le Pays Voironnais a mis en place, en 1995, un Fonds Intercommunal de Développement Agricole (FIDA) pour soutenir des investissements portés par des agriculteurs, notamment pour promouvoir une agriculture respectueuse de l’environnement (AB). En 2012 Le FIDA a mobilisé 64 000 € et a permis de soutenir 7 installations dont 5 en AB, 6 projets d’investissement dont 4 en bio (ateliers de transformation et conversion à la bio). 2 dossiers FIDA ont été soutenus en 2014 : en arboriculture-maraîchage en agriculture biologique et en apiculture. En 2014, a été réalisée une enquête auprès des agriculteurs récemment installés, mais également auprès des agriculteurs en place depuis plus longtemps, afin d’évaluer les besoins en bâtiments techniques. Il a aussi réalisé en 2014 une étude d’opportunité d’implantation d’un espace test d’activités agricoles dans la plaine de l’Isère. Alpes Sud Isère finance depuis plusieurs années de l’animation pour la transmission des exploitations agricoles à travers le repérage des cédants et leur accompagnement jusqu’à la reprise de leur exploitation par de nouveaux agriculteurs. La Métropole a mis en place en 2012 des appels à projets permettant d’accompagner individuellement et collectivement les agriculteurs souhaitant développer les circuits courts, l’accueil ou la gestion des coteaux sur leur exploitation. Dans le même temps, une aide à l’installation a été également mise en place. Elle s’adresse à tous les agriculteurs avec un système de bonification si les projets concernent les circuits locaux ou l’agriculture biologique.

4.4.5 Fermes communales Une ferme intercommunale (« ferme des Maquis ») a été inaugurée vendredi 5 mai 2013 sur la colline du Murier surplombant les communes de Gières et de Saint-Martin-d'Hères. Un jeune couple d'éleveurs y produit des fromages de chèvres bio (37). Ce couple d'éleveurs est déjà présent sur les proches marchés pour vendre des fromages à différents stades d'affinage, du classique au cendré. La production est aussi vendue sur place, au sein de cet espace agricole neuf dans l'agglomération, issu d'un projet d'envergure piloté par la Métro. La ferme communale « EARL citrouille et compagnie » a été mise en place sur 4 ha situés dans la plaine alluviale que possédait la commune de Montbonnot Saint-Martin dans le Grésivaudan. La ferme communale est installée sur 3 ha avec un bâtiment et est louée14 à deux maraichers bio. Lʼhectare restant est occupé par des jardins partagés, un verger conservatoire et un rucher associatif. Trois fermes communales ont été mises en place dans l’Oisans : La ferme communale de la Molière à Mont de Lans, la ferme communale du Rivier d’Allemont et la ferme communale de Villard Reculas. 14 Le bail renouvelable de 9 ans a été passé en septembre 2014

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4.4.6 Les espaces test Il n’existe pas à ce jour un espace test sur les territoires concernés mais à proximité, à Chatte et au lycée agricole de la Tour du Pin. C’est pour cette raison que certains acteurs (Voironnais, Grésivaudan), après étude d’opportunité ont décidé de ne pas créer un nouvel espace test. L’espace test de Chatte est installé sur le site de l'ESAT, les ateliers du Plantaud, se propose d’intervenir sur deux secteurs d’activité distincts :

• l’agriculture sur des filières nécessitant relativement peu de foncier et d’équipement (maraîchage, petits fruits, petits élevages, apiculture, plantes aromatiques…) ;

• et des activités agri-rurales tournées vers les services et l’artisanat.

Il est prévu d’accueillir à terme 8 porteurs de projet agricole et 4 porteurs d’autres activités est envisagé.

Porté par la Communauté de Communes du pays de Saint-Marcellin et accompagné par le Syndicat mixte et le Comité de Territoire agricole du Sud Grésivaudan (CTSG), ce projet bénéficie du soutien financier des trois EPCI, de la Région Rhône-Alpes dans le cadre du CDDRA 2012-2018, de l'Etat (DETR) et de l'Union européenne (FEADER).

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5. Accompagner des pratiques respectueuses de l’environnement et l’agriculture biologique

5.1 Soutenir l’agriculture biologique Le soutien à l’agriculture biologique s’opère par plusieurs moyens. L’AB est généralement privilégiée dans les projets d’installation et de diversification (exemple du FIDA du Pays Voironnais ou Grésivaudan). Les différentes actions menées sur le territoire du Pays Voironnais et sur le Grésivaudan ont porté leurs fruits puisque le nombre de fermes bio est en augmentation. Entre 2010 et 2013, le nombre de producteurs bio est passé de 21 à 37 dans le Pays Voironnais (soit 9 % des exploitations et 4,3 % des surfaces). Dans le Grésivaudan, entre 2010 et 2014, le nombre de producteurs bio est passé de 19 à 36 (soit 8,3 % des exploitations, 3,6 % des surfaces). Sur le territoire du PNRV 20 % des exploitations agricoles sont en Bio (RGA de 2010). Plusieurs partenariats ont été mis en place entre ADABio et les collectivités (Pays Voironnais, Grésivaudan) pour soutenir la production biologique. LʼADABio intervient en prestation auprès des collectivités (sur la réalisation dʼun état des lieux de la filière et de lʼaccompagnement soit collectivement soit individuellement de lʼévolution des pratiques agricoles en vue dʼune conversion à lʼagriculture biologique). Dans le Voironnais lʼaccompagnement collectif a permis de faire passer la bio de 4 % des fermes en 2010 (21 exploitations pour 230 ha de SAU) à 7 % en 2013 (37 exploitations pour 650 ha). Cela sʼest aussi opéré grâce à lʼattribution des terres de la réserve foncière de 100 ha de communauté (à noter que 80 dossiers de candidature avaient été déposés). Dans le Grésivaudan, il a été mis en place une approche à la fois individualisée (diagnostic, appui technique sur des sujets précis) et collective (rencontres techniques bord de champ). Dans le Vercors il a été mis en place une action en 2008-2009 pour renforcer la collecte de lait bio pour la coopérative Vercors Lait en lien avec SODIAAL (actuellement 11 producteurs en bio soit 24 % des producteurs et 1,37 millions de litres de lait). Dans la Métropole, les exploitations biologiques bénéficient d’une bonification des aides qui peuvent être apportées aux agriculteurs par la collectivité. En fonction des actions et des territoires, les actions sont menées ou pas en partenariat avec la Chambre dʼAgriculture. A noter que depuis le lancement du plan agroécologie par le ministre de lʼagriculture, lʼagriculture bio nʼest plus toujours privilégiée.

5.2 Accompagner des pratiques respectueuses de l’environnement 5.2.1 Accompagnement des nouvelles pratiques agricoles Le Pays Voironnais et le Grésivaudan, avec l’appui de la Chambre d’Agriculture et de l’ADABio, accompagnent les agriculteurs qui souhaitent développer des pratiques agroécologiques au travers de rencontres de bout de champs (agronomie des sols), d’accompagnements techniques individualisés (valorisation des effluents d’élevage, autonomie du troupeau) et visites de fermes.

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5.3 Coordonner les politiques agro-environnementales Il est important de pouvoir croiser les politiques de développement de la bio et des circuits de proximité avec les différentes problématiques agro-environnementales qu’elles concernent la qualité de l’eau ou la biodiversité. Les territoires d’études sont en partie concernés par les différentes politiques agro-environnementales : zones vulnérables (une partie du Pays Voironnais), opération terre et eau, contrats de rivière (Sud Isère, Pays Voironnais), MAEC (PNR Vercors qui porte un PAEC axé sur la biodiversité), protection des captages d’eau potable, corridors biologiques (couloirs de vie du Grésivaudan).

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6. Soutenir les équipements structurants de transformation, de conditionnement et de logistique Les collectivités ont bien compris l’enjeu que représentaient ces équipements pour développer les circuits de proximité sur le territoire. Elles agissent de concert pour soutenir ces équipements structurants qu’ils soient publics ou privés.

6.1 Mise aux normes de l’abattoir de Fontanil L’abattoir de Fontanil a été construit en 1971 pour assurer l'approvisionnement en viande de l'agglomération Grenobloise avec une capacité de 10 000 t à l’époque alors que les besoins actuels sont évalués à 3 000 t (liés notamment à la distribution de la viande en grandes surfaces). L’abattoir, propriété du Syndicat Mixte Alpes Abattoir (SYMAA) et géré depuis 2013 par une SCIC en délégation de service public, est en cours de modernisation (mise aux normes et redimensionnement) pour un investissement de 2,4 millions d’euros entre 2015 et 2018. La SCIC ABAG est composé de 6 collèges (éleveurs, bouchers, grossistes, collectivités, salariés et autres). En plus du Conseil général et de Grenoble, le Pays Voironnais a adhéré au SYMA en 2014 et a attribué 95 000 € de financements par le fonds d’investissement agricole et agroalimentaire. Il en est de même de la CC du pays du Grésivaudan (conseil communautaire du 15/12/14) avec un soutien de 86 000 € sur 4 ans et de la CC du Massif du Vercors ainsi qu'un soutien du PNRV. La région s’est aussi associée au travers d’une subvention de 400 000 €. L’abattoir est agréé pour le bio et la viande halal. Cet abattoir de proximité constitue un outil essentiel de proximité pour développer les filières animales et commercialiser en circuits courts. Il existe deux autres petits abattoirs : Bourg d’Oisans15 (50t/an) et La Mure16 (330 t/an). La quasi-totalité de la viande abattue (essentiellement des bovins) provient du territoire proche (Dauphiné) et repart sur ce même territoire. L’abattoir de La Mure est aussi pourvu d’un atelier de découpe (préparation de colis pour la vente directe et approvisionnement de la restauration collective). Il est prévu prochainement la fabrication de saucisses. Le gestionnaire de l’abattoir envisage d’installer un atelier de fabrication et surgélation de steak haché à moyen terme. Les autres abattoirs sont situés à Romans et Chambéry et il en coûterait 150 € de plus par vache si il fallait faire abattre dans ces abattoirs (prix à comparer à l’abattage d’une vache de 400 kg carcasse qui revient à 240 €. L’objectif est de bien faire travailler ensemble l’offre et la demande (bouchers, entreprises de découpe) au travers des différentes sociétés qui couvrent ce marché.

6.2 Diversifier les activités du MIN Le marché d’intérêt national a été mis en place dans les années 1960 pour alimenter en produits frais les grandes agglomérations. Actuellement en régie, le MIN pourrait évoluer vers une SEM. Il s’agit d’un pôle économique au service de la production locale. Il constitue un outil central et privilégié pour mener une politique alimentaire territorialisé en valorisant les produits 15 Cet abattoir a été repris en gestion par la CC de l’Oisans qui est loué à 6 agriculteurs co-gérants structurés en SARL. Au total 60 à 80 exploitants utilisent l’abattoir. Le volume abattu est d’environ 30t/an. 16 Avec une activité de découpe pour la vente directe qui représente 80 % du chiffre d’affaires. Cet abattoir est aussi spécialisé dans le bio. La mise en place d’emballage sous vide représente 30 centimes par kg de viande.

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frais et de proximité et en pouvant apporter de nouveaux services. Son principal atout est constitué par sa proximité avec Grenoble et sa surface qui permet d’envisager d’accueillir des opérateurs. Le MIN compte aujourd’hui 30 producteurs inscrits dont 15 actifs (majoritairement Isère nord et Grésivaudan, Drôme et Ardèche) et 12 grossistes avec des nouveaux métiers en développement (caviste, fromager, marchand de viande, poissonnier). Le chiffre d’affaires du MIN17 est d’environ 70 millions d’€ dont la moitié pour les fruits et légumes et l’autre moitié pour les fromages, le pain ou le vin. La viande transite très peu par le MIN. Il écoulerait aujourd’hui 35 % de la production maraîchère locale. Les produits biologiques sont encore peu représentés sur le MIN malgré une demande croissante dans la restauration mais ça démarre avec la pomme de terre bio du Trièves. Le MIN tend aussi à s’ouvrir sur les non professionnels avec l’accès au restaurant, une visite du MIN proposée à 6h00, la participation au vélo Tour (5000 personnes et base de ravitaillement), organisation d’un banquet paysan avec petit marché (4000 visiteurs), organisation d’un Food Camp où les restaurateurs et artisans viennent présenter leurs savoir-faire. Le MIN organise chaque année un concours de cuisine avec les 4 grandes écoles de cuisine de l'agglomération et à proximité, dans l'objectif de valoriser les produits isérois. En 2014, celui-ci a donné lieu à un partenariat avec le PNR du Vercors pour un approvisionnement en partie provenant du Vercors. Le MIN est amené à fortement évoluer dans les prochaines années du fait des changements dans l’offre (la vente au carreau diminue) mais aussi dans la demande (élargir la plage horaire actuellement de 3 heures à 7 heures). Il paraît important de pouvoir élargir les horaires et de pouvoir répondre à des clients pas seulement le matin mais aussi l’après-midi (restaurateurs). Le MIN pourrait ainsi évoluer vers un hub logistique avec mise en place d’une chambre froide, d’un atelier conditionnement (mise sur palette). Parmi les pistes d’évolution du MIN on retiendra :

• La possibilité de mutualiser les livraisons sur Grenoble notamment sur les derniers kilomètres.

• L’amélioration de la logistique en zone urbaine en amont et en aval (on peut par exemple ramener les emballages). Il peut aussi être envisager de gérer la logistique de transport des producteurs ou coopératives livrant sur la Métro. Une entreprise privée devrait être créée en octobre 2015 à cet effet en travaillant dans un premier temps avec les acteurs présent sur le MIN.

• La création d‘une SCIC pour répondre aux appels d’offre publics en mettant en avant les produits frais de proximité et en travaillant avec un grossiste pour compléter l’offre en cas de besoin.

• La mise en place d’un « box fermier » (magasin de producteurs) pour les grossistes) dans le cadre d’un GIE permettant de salarier une personne. Cela permettrait aux producteurs locaux de laisser en vente les produits invendus du matin et aux restaurateurs de pouvoir d’approvisionner l’après-midi.

• Mettre un chef reconnu à la tête du restaurant pour consolider et transformer l’image du MIN.

17 Ce chiffre d’affaires est à comparer à celui de la Régie qui est de 700 000 €.

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6.3 Développer la Minoterie du Triéves La Minoterie du Trièves produit une gamme de farines diversifiée, de qualité contrôlée. La Minoterie a développé avec un collectif d’agriculteur une filière tracée du grain au pain : c’est VALCETRI – valorisation des céréales du Trièves. Cette farine permet aux artisans boulangers d’exprimer pleinement leur savoir faire et de réaliser d’une large gamme de Pains aux Céréales du Trièves de qualité. L’association interprofessionnelle VALCETRI l’interpro regroupe une trentaine de producteurs de céréales, trois collecteurs et la minoterie du Trièves. Aujourd’hui, les agriculteurs cultivent 450 ha de blé et cette farine de qualité leur rapporte une plus-value de 18 €/t de blé.

Cette farine est vendue à une trentaine de boulangeries de l’Isère et des départements limitrophes.

6.4 Consolider les laiteries et diversifier leur gamme Tout le lait produit n’est pas à ce jour valorisé sur le territoire. Dans le contexte agricole actuel de libéralisation et restructuration rapide de la filière laitière, la question se pose dans l’avenir du maintien de la collecte de lait sur le territoire. Les trois laiteries présentes constituent un véritable atout pour le territoire en donnant une forte plus-value au lait et une véritable image.

6.4.1 La coopérative Vercors Lait La coopérative Vercors18 lait produit aujourd’hui 10 types de fromage dont l’AOC Bleu du Vercors Sassenage avec une importante gamme bio. Elle propose une gamme de fromages du terroir du Dauphiné à forte identité : le Vercorais, la Brique du Vercors, le Saint-Marcellin, le Saint-Félicien…ainsi que des yaourts. Elle possède 3 magasins de vente (Villard de Lens, Seyssins et Romans). Le PNRV a accompagné les agriculteurs et la coopérative pour la mise en place de l’AOC. Elle est la seule laiterie (hors producteurs fermiers) à produire le Bleu du Vercors-Sassenage (252 tonnes), une des plus petites AOP fromagère. Elle collecte 5,6 millions de litres de lait, dont 1,4 million en bio, et en transforme 3,9 millions de litres en fromages.

6.4.2 La coopérative laitière des Entremonts de Chartreuse En 1984, les producteurs décident de passer en «gestion directe» et d’assumer eux-mêmes toutes les étapes de la transformation à la commercialisation. Le fromager devient salarié de l’entreprise. Ils se lancent dans la production de Tomme de Savoie, le fromage traditionnel. Depuis le début des années 2000, d’autres fromages ont été inventés et viennent étoffer la gamme des produits fabriqués et vendus par la coopérative. En 2012, la coopérative assure le revenu d’une douzaine de salariés et de 27 agriculteurs. La production est d’environ 4 millions de litres. La coopérative bien que située en Savoie est approvisionnée majoritairement par des producteurs de l’Isère (2/3).

18 5 millions d'euros de chiffres d'affaires en 2012, 34 livreurs de lait (60 éleveurs) dont 9 producteurs bio ; 5,6 millions de litres de lait collectés auxquels s'ajoutent 2 millions de litres collectés pour le compte de Sodiaal ; 356 tonnes de fromages en 2014 dont 252 tonnes de Bleu du Vercors- Sassenage ; 25 salariés.

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La fromagerie dispose au travers de la SICA du Granier d’un magasin sur le site d’Entremont-le-Vieux et d’une boutique en ligne. La SICA fournit de points de vente et des restaurateurs. Mais aujourd’hui seulement 50 % du lait est affiné. L’objectif est de pouvoir affiner plus de fromage en augmentant la capacité des caves, ce qui veut dire trouver de nouveaux débouchés. Il est ainsi envisagé de créer un magasin coopératif sur la ville de Grenoble. A noter qu’il y a actuellement un seul producteur en bio qui ne bénéficie pas d’une valorisation en bio. Cette voie pourrait aussi constituer une voie de diversification pour la coopérative.

6.4.3 La laiterie du Mont Aiguille La laiterie est située à Clelles dans le Trièves. Après un déménagement et des investissements (avec le soutien du Conseil régional et du Conseil général) pour un nouveau bâtiment et des mises aux normes, la laiterie a développé à partir de 2008 la transformation de lait biologique avec la volonté de renforcer la qualité des produits portée par l’image de la montagne. La laiterie traite annuellement aujourd’hui environ 500 000 litres de lait (de vache conventionnel, vache bio, chèvre et brebis), uniquement du lait en provenance du Trièves et des environs. Elle produit le fromage « carré du Trièves » mais aussi d’autres formages et des produits transformés comme des yaourts… qui sont vendus au magasin de la laiterie, sur les marchés, magasins spécialisés et en grandes surface. L’approvisionnement de la restauration collective représente 15 à 20 % du chiffre d’affaires de la laiterie (à travers la plateforme Manger Bio Isère notamment).

6.5 Mise en place d’une légumerie La légumerie a été portée pendant plusieurs années par le Pays Voironnais et la Métropole qui en ont été les maitres d’ouvrage. Ce projet a bénéficié du soutien financier de la Région, du programme Leader, du Conseil général et du fonds d’investissement agricole et agroalimentaire. Le Pays Voironnais a mis a dispositions le terrain et les collectivités locales ont financé le projet. La légumerie a démarrée en 2012 dans les locaux de la cuisine centrale (30 m2) de Saint-Martin d’Hères. Le nouveau bâtiment a été mis en service sur Centr’Alp le 17 décembre 2014 mais a été ravagé par un incendie en mars 2015. Ce site est situé au cœur de la plaine maraîchère. Aujourd’hui, AB Epluche est installé dans les locaux de l’abattoir. Une éventuelle reconstruction de la légumerie n’est pas attendue avent 2 ans. La légumerie vise à fournir les cuisines centrales de collectivités et les sociétés de restauration collective de la Région Urbaine Grenobloise mais aussi ailleurs dans le département) en légumes frais locaux prêts à l’emploi. Elle offre ainsi un débouché supplémentaire aux agriculteurs du territoire et un accès pour tous aux produits agricoles de qualité avec une garantie de traçabilité du champ jusqu’à l’assiette. La société AB Épluche a été retenue pour exploiter la légumerie dans le cadre d’un contrat de crédit-bail. Une vingtaine de maraîchers de l’Isère, dont 9 du Pays Voironnais et 3 de la Métropole, sont intéressés pour approvisionner la légumerie. Les objectifs de volumes d’activité ont été estimés à 100 tonnes la première année et à 530 tonnes à 5 ans de légumes bruts par an (soit environ 25 000 repas par jour). Cet objectif ambitieux ne sera certainement pas atteint en 2016. 20 tonnes ont été produites en 2014. En juin 2014, AB Epluche a remporté le marché 4ème gamme bio et non bio des cuisines mutualisées du Conseil général pour les collèges du Sud Isère, ce qui devrait leur permettre de réaliser la moitié des volumes prévisionnels pour la 1ère année d'activités. Afin de développer son activité, AB Epluche a également démarré la vente de produits locaux bruts (principalement fruits et légumes) à la restauration collective.

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Le principal frein au développement de l’activité concerne la demande de la restauration collective. C’est pour cela qu’un important travail commercial a été mis en place par AB Epluche. En effet il faut convaincre de nouveaux gestionnaires de cantines et les cuisiniers de passer au bio de proximité ou non bio de proximité. Le différentiel de prix entre un produit bio de proximité et un produit conventionnel est d’un rapport de 1 à 2. Des gains de productivité sont recherchés à terme. ET il faut aussi tenir compte du fait que la qualité n’est pas la même (goût, moindre perte de poids à la cuisson). Il est aussi important de travailler sur le gaspillage et le grammage des assiettes. Les produits 4éme gamme bio sont distribués via la plateforme Manger Bio. Au niveau logistique, il est fait appel à une petite entreprise de transport (Fret 3 Service) qui assure la livraison des produits aux cantines. Cette entreprise travaille aussi pour Manger bio. Certains producteurs commencent aussi à faire appel à eux pour leurs livraisons (vers les magasins ou Amap).

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7. Développer les circuits courts de proximité producteurs-consommateurs et de l’agriculture biologique

7.1 Etat des lieux des circuits courts en Isère et Rhône-Alpes 7.1.1 Définition des circuits courts Le Ministère de l’Alimentation de l’Agriculture et de la Pêche, lorsqu’il lance son « Plan d’actions pour développer les circuits courts » en 2009 les définit comme étant « un mode de commercialisation des produits agricoles qui s'exerce soit par la vente directe du producteur au consommateur, soit par la vente indirecte à condition qu'il n'y ait qu'un seul intermédiaire ». Cette définition des circuits courts a ensuite été reprise dans la Loi de Modernisation Agricole (LMA) du 27 juillet 2010. Ainsi, les circuits courts témoignant d’un rapprochement entre producteur et consommateur, n’intègrent donc pas la notion de proximité géographique entre le lieu de production et le lieu de consommation. Certains produits commercialisés en circuits courts (exemple de la vente par correspondance) peuvent donc éventuellement parcourir de longues distances. La proximité souvent associée aux « systèmes alimentaires locaux » est quant à elle plus difficile à définir. Une distance de 80 km maximum a par exemple été mise en avant en 2007 dans la charte de l’association AVEC, dont l’objectif est de promouvoir le concept de Point de Vente Collectif, correspondant à la dimension du territoire. Cette même distance de 80 km figure également dans la réglementation sanitaire régissant la commercialisation de la viande en circuit court. Dans la charte du réseau Biocoop qui cherche à favoriser l’approvisionnement local, la définition de local qui est affichée sur certains produits correspond à une distance maximale de 150 kms entre la ferme et le magasin. Lorsque les critères commercialisation en circuit court et proximité géographique sont combinés, on peut alors parler de Circuit Court de Proximité (CCP).

7.1.2 Différentes organisations de circuits courts La commercialisation en circuit court existe depuis longtemps en agriculture (exemple des marchés de plein vent). Pour s’adapter aux attentes des consommateurs, les producteurs fermiers ont développé des formes de vente qui se rapprochent des lieux et modes de consommation des clients :

• Les paniers : vente directe d’un producteur à des consommateurs (organisés en association ou non, comité d’entreprise…) avec un engagement ou non dans la durée et un contenu du panier de légumes imposés ou bien dans une liste de produits disponibles.

• Le point de vente collectif (PVC) : site fixe (magasin) partagé par plusieurs producteurs qui assurent eux-mêmes la gestion et la vente (parfois un salarié en plus).

• Le commerce de détail, GMS : vente par le producteur à un commerçant (parfois présence du producteur pour animation, parfois indication du nom du producteur).

• Le e-commerce : sites Internet privés proposant une livraison directe aux clients à partir de productions régionales.

• La restauration collective : publique (cantines scolaires, collèges, lycées, administrations) ou privée (sociétés privées en restauration d’entreprise ou publique concédée).

• La restauration hôtellerie : vente à des restaurateurs (Bistrots de pays, …). • Les marchés de plein vent : marchés ouverts aux producteurs ou qui leurs sont réservés

(marchés paysans ou de producteurs). • Les jardins solidaires : mis en œuvre par une association d’insertion et vendant sa

production sous la forme de paniers ou sur les marchés.

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Zoom sur l’université d’Orsay : L’université d’Orsay (CESFO – association gérants les restaurants administratifs) est également engagée dans les circuits courts au travers de contrats de 6 ans passés avec un éleveur local de volailles bio, une ferme fabriquant du pain bio et plus récemment un producteur de fruits et légumes et un producteur de yaourt. La construction d’un four à pain et le recrutement d’un boulanger ont ainsi rendu possible l’approvisionnement quotidien des restaurants de l’université (3 000 couverts par jour). L’université engage actuellement une démarche vers les producteurs locaux de fruits et légumes afin de les accompagner et de les aider dans le développement de leurs structures, tout en favorisant l'insertion de personnes en difficultés. Cependant, ces circuits courts restent encore marginaux par rapport à l’approvisionnement via le MIN. A venir, dans les projets de l’université : un calculateur de l'empreinte écologique par assiette. L’université d’Orsay fait partie du réseau RESTAU’CO (http://www.restauco.fr) qui anime la restauration collective en gestion directe19, valorise ses métiers et s'engage pour l'amélioration des pratiques. Véritable créateur de liens, RESTAU'CO travaille en collaboration avec les différents acteurs de la filière : professionnels, associations, collectivités, et institutions. RESTAU'CO élabore en ce moment un référentiel « mon restaurant durable » pour accompagner une démarche de progrès.

Zoom : achats publics et circuits courts de proximité (CCP) La loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt du 13 octobre 2014 a ainsi fait de l’ancrage territorial de la production, de la transformation et de la commercialisation des produits agricoles l’une des finalités de la politique en faveur de l’agriculture et de l’alimentation. L'article 5 du code des marchés publics prévoit l'obligation pour l'acheteur public de définir «avec précision (...) en prenant en compte des objectifs de développement durable» ses besoins. Lors de cette phase de préparation du marché, l'acheteur public peut ainsi s’attacher à identifier les attentes des usagers du service de restauration collective, au regard notamment de la saisonnalité ou de la fraîcheur des produits. Il peut également définir ses besoins de telle sorte qu'ils puissent permettre le recours à des critères environnementaux, ayant trait à la qualité, au goût et à la saisonnalité des produits ou à des délais de livraison rapides. À titre d'exemple, on peut définir ainsi l'objet d'un marché : « la fourniture de denrées alimentaires issus d’un mode de production respectueux de l’environnement et destinés à réduire les impacts environnementaux de la consommation alimentaire ». L'article 10 du code des marchés publics pose le principe de l'obligation de la division des marchés en lots, pour susciter la plus large concurrence entre les entreprises et leur permettre, quelle que soit leur taille, d'accéder à la commande publique. Il ne s’agit pas ici de favoriser les acteurs locaux pour l’obtention d’un marché mais de lever les freins procéduraux qui pourraient les évincer de ce type de procédures, pour leur donner toutes leurs chances face à de plus grosses structures. L'acheteur de denrées alimentaires peut avoir intérêt à découper son marché en lots très fins, ce qui permettra aux acteurs de taille réduite et spécialisés de participer à ces marchés.

19 3 milliards de repas par an dont 60 % en régie directe (les restaurants concédés sont majoritairement dans le privé). 75 000 restaurants, 300 000 emplois et 17 milliards d’euros de chiffre d’affaires.

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L’article 14 du code des marchés publics rend possible l’insertion, dans le cahier des charges, de conditions d'exécution du marché liées à son objet, qui prennent en compte l'impact de cette exécution sur l'environnement et, indirectement, constituent autant de moyens efficaces de privilégier certains modes d’approvisionnement. Il sera possible dans ce cadre, par exemple, de prévoir la réduction des déplacements des véhicules de livraison, de manière à limiter la production des émissions de gaz à effet de serre. Toutefois, dès lors que l'acheteur public ne saurait prévoir des conditions d'exécution discriminatoires, il est impératif de pouvoir démontrer le lien entre de telles conditions d'exécution et l'objet du marché. Surtout, depuis l'adoption du décret n° 2011-1000 du 25 août 2011, « les performances en matière de développement des approvisionnements directs de produits de l’agriculture » sont un critère qui peut être pris en compte comme critère d'attribution des marchés publics. (Source : ministère de l’agriculture, 2014). Zoom : l’association Circuits-courts L’association « Circuits-Courts » (http://circuits-courts.com) née dans les années 1970 a pour objectif de mettre en relation l’expérience, la tradition et le savoir-faire avec le bon goût, la recherche de l’authenticité et de la qualité. Elle favorise la rencontre des producteurs et des consommateurs en vue de promouvoir des produits de qualité au meilleur prix. Pour cela, elle s’efforce de favoriser une meilleure connaissance de chacun, par l’écoute et le dialogue. Ainsi se créent des liens de convivialité avec l’ensemble de ses membres et tous ceux qui soutiennent son action. Elle donne l’occasion aux producteurs et consommateurs de discuter : de l’évolution des méthodes de production, de l’élaboration, de la transformation, de la qualité des produits, de leurs prix de revient et de leur commercialisation. Elle coopte en son sein des producteurs qui s’engagent à vendre uniquement des produits de leur production. L’association organise des rencontres « CIRCUITS COURTS » mais n’entre pas dans la relation commerciale entre les producteurs et les consommateurs. Les producteurs paient une contribution au prorata de leur chiffre d’affaires réalisé au cours de chacune des ventes. Elle est animée par des militants bénévoles qui assurent les tâches nécessaires à l’organisation de ces rencontres. Pour exemple, l’ouverture prochain d’un magasin à Sarzeau dans le Morbihan rassemblant 7 producteurs.

7.1.3 La place des circuits courts en Rhônes-Alpes et en Isère Avec 32 % de ses exploitations (soit 12 000), la région Rhône-Alpes arrive en tête des régions pratiquant les circuits courts (Source : Agreste N°138). Ce chiffre est largement au-dessus de la moyenne nationale qui est de 18,5 %. Les légumes sont les produits les plus fréquemment vendus en circuits courts (69 % des producteurs). Suivent le miel (52 %), le vin (31 %), les fruits (30 %). Ces résultats sont très proches des moyennes nationales. Par contre, l’importance des circuits courts dans les produits laitiers est une spécificité régionale : 21 % des exploitations laitières régionales les utilisent, contre seulement 8 % en moyenne nationale. La part des circuits courts dans le chiffre d’affaires total de l’agriculture rhônalpine serait d’au moins 15 %. Proportionnellement à leur place dans l’agriculture française (3,5 % des exploitations en 2010), les agriculteurs bio utilisent plus ce mode de commercialisation (une sur 3 en bio contre une sur 10 en conventionnel au niveau national).

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La vente directe au consommateur est le plus répandu des circuits courts : près de 11 000 producteurs l’empruntent en Rhône-Alpes, alors qu’ils sont moins de 4 000 à parcourir les circuits à un intermédiaire (dont 3 000 qui font les deux à la fois). La vente directe progresse par rapport à 2000 et concerne 28 % des exploitations en 2010. Les 3 plus importants circuits cités en Rhône-Alpes comme en Isère sont donc la vente à la ferme, les marchés de plein vent et le commerçant détaillant. A l’opposé la vente par correspondance, la restauration collective ou commerciale, les salons et foires restent marginales. Ce tableau pourrait être affiné en intégrant une hiérarchie dans les trois circuits prioritaires retenus.

Tableau 2 : Les types de circuits en Rhône-Alpes et en Isère (Source : Agreste N°138) Nombre de citations (3 réponses

possibles par exploitation)20 Rhône-Alpes Isère

A la ferme 6 888 1 204 Sur les marchés 3 304 499 Commerçant détaillant 2 564 274 En point de vente collectif 1 403 257 En tournée, à domicile 818 152 Grandes et moyennes surfaces 553 70 En paniers (type AMAP) 447 105 Restauration commerciales 365 45 En salons et foires 330 68 Restauration collective 142 18 Par correspondance ou Internet 132 16 Ce qu’il faut retenir de cette situation est que les agriculteurs qui utilisent des circuits courts en utilisent plusieurs à la fois, certainement pour des raisons de complémentarité. A noter aussi que pour 50 % d’entre eux, les circuits courts représentent plus de 75 % du chiffre d’affaires. Grâce à la valeur ajoutée créée par les circuits courts, le volume de travail par exploitation est aussi plus important 2,1UTA versus 1,2 UTA en circuits longs.

Graphique 1 : Comparaison entre exploitations en circuits courts et circuits longs

20 Dans le questionnaire du RA 2010, 11 circuits courts on été définis, 7 en vente directe sans intermédiaire et 4 avec un intermédiaire.

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Deux tiers des agriculteurs bio pratiquent les circuits courts et ils sont aussi plus importants dans les autres productions sous label. Il existe donc une véritable synergie entre labellisation/transformation/diversification et circuits courts (Cf. graphique 1). Les circuits courts concernent presque tous les produits. Ils étaient ainsi en Isère en 2010 : 617 à commercialiser des produits animaux, 315 des fruits, 238 des produits laitiers, 257 des légumes, 199 des œufs et des volailles, 152 du miel, 46 du vin et 367 des produits divers.

7.1.4 Quantification du marché alimentaire en Isère Le marché alimentaire représentait un chiffre d’affaires de 2,5 milliards d’Euros en Isère21. La part d’achat des produits locaux est évaluée à 455 millions d’euros par an (soit 18 % du marché). La restauration scolaire couvre 776 établissements pour 20 millions de repas par an représentant entre 35 et 40 millions d’Euros par an d’achats de denrées alimentaires. Les besoins locaux en légumes de proximité ont été estimés à 22.000 t pour une production estimée22 à 11 000 t. Concernant les fruits de saison, la viande bovine et le lait, la production iséroise serait excédentaire de 20 à 30 % par rapport à la demande locale à condition de réorienter certains flux.

7.2 Accompagner le développement des circuits de proximité et bio Les circuits de proximité et l’agriculture biologique23 se sont fortement développés ces dernières années sur le territoire. L’agriculture biologique couvre aujourd’hui entre 10 et 20 % des exploitations et les circuits courts24 concernent entre 20 et 40 %. Les collectivités sont très engagées dans le développement de ces circuits en soutenant la création de magasins paysans, en initiant des marchés et en accompagnant les agriculteurs qui souhaitent s’engager dans ces voies de diversification. D’autres circuits nécessitant une plus faible implication des collectivités se mettent aussi en œuvre pour satisfaire une demande croissante des consommateurs notamment au niveau des magasins qui ouvrent leurs gammes aux produits locaux et/ou bio avec une implication plus ou moins fortes (Grandes surfaces, épiceries locales, Biocoop, AMAP, La Ruche qui dit oui, …)

7.2.1 Le rôle de l’ADABIo Lʼassociation ADABIo couvre 4 départements avec 12 salariés et 4 antennes avec des animateurs territoriaux et par filière. ADABIo accompagne la restauration collective et la sensibilisation des élus et du grand public. LʼADABIo est à lʼorigine de la mise en place de la plateforme « Manger bio » et des campagnes « manger bio et local ». Les dix années dʼinvestissement dʼADABIo dans la restauration collective lui confère aujourdʼhui une compétence certaine dans lʼingénierie dʼaccompagnement (réalisation de diagnostic pour introduire des produits bio et locaux, formation des cuisiniers et gestionnaires de cuisine locale ou centrale, simulations, …).

21 Source Étude Blézat consulting/Ed Institut, CG38 - 2011 22 Source Chambre d’Agriculture pour le CG38 23 Dans le Sud Isère 15 % des exploitations sont en bio (+166 % en 10 ans) dans le Voironnais 7 % des exploitations sont en bio 24 40 % dans le Voironnais, dans le Sud Isère 40 % des exploitations valorisent leurs produits en vente directe ou en circuits courts et 50 % dans le PNR de Chartreuse

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7.2.2 Le rôle de la Chambre d’Agriculture de l’Isère La Chambre dʼAgriculture de lʼIsère qui accompagne les collectivités et les restaurants collectifs pour augmenter leur approvisionnement en produits locaux.

7.2.3 Les labels et les marques territoriales Plusieurs marques et labels se côtoient sur le territoire dʼétude. Certaines ont même disparu (« Les collines du Voironnais »). Le label AB est le plus reconnu mais de nombreux autres marques et labels sont présents sur le territoire :

• les produits marqués « Parc » dans le deux PNR ; • les AOP (Bleu du Vercors-Sassenage, Picodon, Noix de Grenoble, Clairette de Die et

Vins de Chatillon) ; • l'IGP Saint-Marcellin • les produits Label Rouge : Ravioles de Saint-Jean ; • le label « montagne » ; • les produits « fermiers » ou « produits à la ferme »25 • la marque « Bienvenue à la ferme »mise en place par la Chambre dʼAgriculture et

soutenue par une charte ;

Graphique 2 : Localisation des fermes « Bienvenue à la ferme »

• la marque « Accueil paysan » ;

25 Au niveau national, l’utilisation des mentions valorisantes « fermier » est subordonnée au respect des conditions fixées par l’article L 641-19 du code rural. Pour les fromages fermiers ; il ne peut s’agir que de fromage fabriqué selon des techniques traditionnelles par un producteur agricole ne traitant que le lait de sa propre exploitation et sur le lieu même de celle-ci. Concernant les volailles, il est possible d’utiliser les mentions « fermier-élevé en plein air ». Pour les œufs, il n’est actuellement pas possible d’utiliser le terme fermier.

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Graphique 3 : Localisation des fermes « Accueil paysan »

• le blé VALCETRI de la Minoterie du Trièves ; • la marque « Terres d’ici » : a été créée en 2002 pour mieux identifier les produits du

terroir issus de fermes du territoire de l’ « Y Grenoblois ». Ces produits doivent ensuite respecter un cahier des charges définit par lʼADAYG (Association pour le Développement de l'Agriculture dans l'Y Grenoblois). Ce cahier des charges sʼintéresse notamment au respect de lʼenvironnement, à la garantie de lʼorigine du produit (territoire de « lʼY grenoblois »), à la qualité de lʼaccueil, à lʼinformation, aux services accordés aux consommateurs et enfin à la transparence de la démarche. Ces produits sont en vente sur des marchés de producteurs, chez des grossistes, certains traiteurs et à la ferme en vente directe. Aujourdʼhui, une soixantaine dʼagriculteurs se sont engagés dans la charte de qualité « Terres dʼici ». Prés de 60 agriculteurs adhéraient à la marque en 2007 mais aussi des distributeurs (13 restaurants et 26 détaillants) ainsi que Comptoir Alpes Fruits, Provence Dauphiné et Vercors restauration.

7.2.4 Les magasins de producteurs La région Rhône-Alpes est la région leader en développement de magasin paysan avec le premier magasin ouvert en 1978 (Uniferme dans le Rhône) et avec 3 départements pilotes : l’Isère (19 magasins représentant 15 millions d’€ de chiffre d’affaire), l’Ain et le Rhône. On compte aujourd’hui 9 magasins dans le territoire d’étude. Métropole :

• Herbes et Coquelicots à Herbeys qui a ouvert fin 2013. Ce magasin a vu le jour avec le soutien d’Alpes Sud Isère et de la CC du Grésivaudan. Il est tenu par un groupe de 9 associés (dont 3 de La Métro) et 10 dépôts vendeurs.

• Un bout de campagne à Claix : ce magasin a été mis en place avec le soutien des collectivités en 2014 et regroupe 11 producteurs associés dont 9 localisés dans le Trièves et une quarantaine de producteurs qui viennent compléter la gamme.

Pays Voironnais :

• La ferme des Saveurs à Voreppe. • La Halte Fermière à Voiron. • 1001 fermes à Chirens (magasin 100 % bio) soutenu par le FIDA en 2014.

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Grésivaudan : • A la Ferme (la Buissière). • Le Comptoir de nos Fermes (Biviers) (à cheval avec le PNR de Chartreuse – 5

producteurs de chartreuse sur 6) • La Coop (Saint-Ismier) • La combe gourmande à Saint-Martin d’Uriage ouvert en 2010 : 10 associés et une

soixantaine de dépôts vendeurs (avec de nombreux producteurs d’Alpes Sud Isère et 3 salariés.

PNR de Chartreuse :

• En projet magasin sur Saint-Laurent du Pont.

Le développement est récent. Il existe actuellement un projet sur Grenoble et un sur Tulins (Voironnais). Les magasins paysans et la commercialisation en général sont soutenus par la Chambre d’Agriculture avec une technicienne dédiée. Les collectivités interviennent au travers de la réalisation d’étude préalable, des aides à l’investissement (installation d’une chambre froide, rénovation des locaux, équipement) via la région (PSADER) et/ou le FEADER ou la location d’un bâtiment communal (Herbeys). Le soutien aux magasins du Grésivaudan a représenté un montant de 350 000 €. Ces magasins concernent en moyenne 10 producteurs associés structurés généralement en SARL ou SAS rarement en coop avec en plus 20 à 40 producteurs qui viennent déposer leurs produits et en général un ou deux salariés. En règle générale les producteurs possèdent plusieurs circuits en plus du magasin (vente à la ferme, AMAP, marché). Il commence à apparaître une saturation de ce type de circuit hormis Grenoble. En effet, les territoires commencent à se chevaucher. La mise en place de ce type de circuits exige des qualités humaines à la fois de travail en collectif et de contact avec le consommateur (commerçant) ; on a à faire aujourd’hui à des agriculteurs qui ne pratiquent pas la vente directe contrairement à ceux d’avant. Les principaux atouts de ces magasins concernent la plus value obtenus sur les produits d’autant que les magasins fonctionnent bien (taux de commission de 12 à 28 % dans un magasin selon le statut d’associé ou de dépôt vendeur) mais leur fonctionnement nécessite des qualités humaines et des savoir-faire certains (Cf. tableau 3 ci-dessous).

Tableau 3 : Points forts et points faibles des magasins paysans Points forts Points faibles

- Contact humain avec les consommateurs

- Plus-value sur les produits - Prix décidés par les agriculteurs

- Savoir et décider travailler ensemble - Présence sur le magasin - Faible connaissance des autres

circuits autour (AMAP, …) - Organisation de la logistique de

livraison - Politique de gamme et qualité de

vendeur - Trouver le bon local, visible,

accessible avec une surface suffisante et un prix abordable

La mise en place d’une gestion collective de la logistique entre les producteurs et les magasins n’est pas évidente puis les horaires d’ouverture ne sont pas les mêmes et qu’il est nécessaire d’utiliser un transporteur professionnel.

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Parmi les pistes de développement figure la capacité de répondre à des nouvelles demandes comme des commandes en ligne. La mise en place de magasins en centre ville ou en milieu rural nécessite aussi d’adapter la gamme.

7.2.5 La vente en ligne ou en paniers La vente en ligne représente une toute petite partie des circuits courts (moins de 1% des agriculteurs le pratique). De nombreuses initiatives généralement privées se sont développées sur les territoires étudiés :

• La Charrette bio (groupement de producteurs) sur l’agglo • O’ clicot (revente de produits locaux sur Internet) • Biau panier qui regroupent 19 agriculteurs en bio du Sud Isère avec une

commande en ligne et 6 lieux de dépôt à heure ou jour fixés • Déclics Paysan (bio, local et solidaire qui regroupe 20 producteurs de la Région

associés à Actisere, centre d’insertion de travailleurs handicapés qui prépare les commandes livrées sur 7 lieux).

• Mes voisins de paniers (sur nord Isère et Pays Voironnais) • Les AMAP26 : il existe 69 AMAP en Isère principalement sur l’agglomération

grenobloise et le Grésivaudan alimentant 2500 foyers et provenant de 140 producteurs de l’Isère er 60 de Savoie couvrant tout type de production. Deux tiers des producteurs sont en agriculture biologique.

• La ruche qui dit oui • Les jardins de la solidarité (jardins d’insertion) sur le Pays Voironnais avec vente

de paniers de légumes) • LʼEquytable : association qui compose et distribue des paniers de produits issus

de l'agriculture locale, chaque semaine sur Grenoble et ses environs

7.2.6 L’utilisation de produits locaux dans l’événementiel Le PNR de la Chartreuse a initié depuis 2007 l’utilisation de produits locaux en restauration rapide lors de festivals. 15 producteurs se sont ainsi regroupés pour assurer 5 soirées en juillet lors des Rencontres de Brel à Saint-Pierre de Chartreuse générant un chiffre d’affaires de 32 000 € dont la moitié au bénéfice du festival. Cette action a permis la création de l’association des plateaux des fermes de Chartreuse qui propose en prestation des buffets fermiers. Ces produits fermiers sont aussi proposés aujourd’hui lors des courses de trail (15 trails par an avec 500 à 1 000 participants) et de ski de fond. Cette action a l’avantage de rapprocher les agriculteurs et les coureurs qui profitent des prairies. Dans le Vercors, depuis 2007, la Gargote des Saveurs propose lors de l'annuelle fête du Bleu des repas de produits fermiers, en majorité issus de l’Agriculture Biologique ou bénéficiant de la marque « Produit du Parc du Vercors », ainsi que des boissons. Cette animation est proposée par l’Association pour la Promotion des Agriculteurs du Parc du Vercors (APAP), avec le soutien et la participation des producteurs adhérents à l’APAP, aux Fermes du Vercors ou à la démarche Marque Parc « Produit du Parc du Vercors ». L’un des objectifs est la sensibilisation du grand public en faveur de la vente directe et des circuits courts. Sur l'édition d'Août 2015, 2000 repas ont été confectionnés et servis. 26 Les AMAP sont au nombre de 330 en Rhône-Alpes soit 4 950 foyers er 150 paysans.

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7.2.7 Les marchés de producteurs L’Isère compte 218 marchés de revendeurs et ou de producteurs répartis sur 162 communes.

Graphique 4 : Extrait de la carte interactive Géomarchés

En 2007, sur les 26 communes de la Métro, 21 disposaient d’un ou plusieurs marchés. On compte 115 tenues de marché hebdomadaires sur l’agglomération dont 71 sur Grenoble. Pour exemple, le marché d’été de Mens qui regroupe une fois par semaine 17 producteurs fermiers ou les marchés de producteurs à la ferme une à deux fois par mois sur Belledonne de mai à décembre.

7.2.8 Circuits solidaires Le Pays Voironnais a accompagné la création de l’épicerie solidaire Amandine, ouverte en mai 2010 sur Voiron suite au regroupement de 7 associations œuvrant pour les plus démunis, propose une aide alimentaire avec vente de produits à tarif préférentiel, ateliers, lien social et échange de savoir-faire (cuisine, alimentation...). 68 familles pour 178 personnes en ont bénéficié en 2012. La part des produits locaux n’est pas connue. Lʼassociation « Les jardins de la solidarité » est une association à vocation dʼinsertion sociale et professionnelle qui encadre diverses activités autour de lʼagriculture, du maraîchage, de lʼhorticulture et de lʼaménagement dʼespaces verts sur le pays voironnais (au nord-ouest de lʼagglomération grenobloise). Les produits maraîchers sont redistribués par des systèmes de paniers aux habitants des communes avoisinantes. 170 personnes sont abonnées aux paniers de légumes hebdomadaires. Un contrat à lʼannée engage le jardin à livrer à chaque personne un panier hebdomadaire de légumes, bio et de saison, à prix fixe. Vingt points de livraison sont prévus dans les villes alentours et jusquʼà Lans-en-Vercors. Le centre social de Capuche à Grenoble a mis en place depuis 2009 la livraison hebdomadaire de paniers de fruits et de légumes locaux, issus de lʼagriculture raisonnée. Les adhérents (41) sʼengagent pour une durée dʼun trimestre à venir chercher leur panier. Les paniers de fruits et légumes sont en moyenne de 3,5 kg. Une aide du CCAS permet de réduire le prix de ces paniers (subvention à hauteur de 35 000 €/an). Les prix des paniers (de 4 à 9 €) sont donc variables selon le quotient familial de chacun. La distribution des paniers se fait de façon conviviale et participative puisque les adhérents se relaient pour aider à la confection et la distribution des paniers sur place. Par rapport aux « AMAP », ici ce sont plusieurs producteurs qui sont associés, mais ils ne sont pas présents pour la distribution : il y a un intermédiaire auprès duquel les personnes du centre social vont chercher les fruits et légumes. En revanche,

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plusieurs « sorties à la ferme » sont organisées par an pour les adhérents. Ce projet a été étendu aujourdʼhui à six autres centres sociaux de Grenoble. L'association les Amis du Zeybu à Eybens a développé « un principe unique d'organisation d'achat coopératif autour de l'alimentation biologique avec un principe de solidarité ». Le principe du Zeybu Solidaire : à chaque Zeybu Marché, les producteurs font un don en nature proportionnel à leur commande. La vente ces dons solidaires, permet de créditer de manière anonyme le compte des adhérents relevant de lʼaide alimentaire, pour leur faciliter lʼaccès à des produits de qualité et leur permettre dʼexercer leur citoyenneté sans marqueur social.

7.2.9 Les Biocoop et autres magasins Il existe à ce jour 4 magasins Biocoop sur la Métro et un sur Voiron. Il y a un projet sur le Grésivaudan. Les sociétaires Biocoop donnent la priorité à l’approvisionnement en produits locaux certifiés biologiques. Peut être considéré comme local :

• Une production agricole réalisée à 150 kms routiers maximum du magasin. • Un produit transformé dans une entreprise de l’économie locale située à 150 kms routiers

maximum du magasin. 150 kms routiers représentent un seuil maximum. Chaque sociétaire est libre de se fixer un seuil inférieur pour la communication faite à ses clients.

Les opérations de simple conditionnement et de distribution ne sont pas considérées comme de la transformation locale. Les achats de produits locaux sont obligatoirement effectués en direct aux producteurs et aux fabricants, aux organisations économiques de producteurs ou à Biocoop. Parmi les autres magasins commercialisant des produits bio et/ou locaux, on peut citer : Satoriz, l'Eau Vive et les épicerie/boutiques locavores (Sassenage, Grenoble,...).

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8. Développer les produits de proximité et bio dans la restauration collective Le développement de produits de proximité et bio dans la restauration collective a été historiquement soutenu par le Conseil général de l’Isère au niveau des collèges et de la Région au niveau des lycées. Les collectivités sont aussi de plus en plus impliqués au niveau des écoles mais aussi plus récemment au niveau des crèches, des centres de loisirs, des maisons de retraire et de la restauration collective privée. Il n’existe cependant pas de tableau de bord permettant de mesurer le niveau de couverture assurée par ces produits de proximité.

8.1 Accompagner les collectivités Des diagnostics de chiffrage et des réunions ont permis dans le Pays Voironnais une première sensibilisation des responsables concernés (communes, résidences de personnes âgées, collèges, lycées). Suite à cette sensibilisation, 6 communes et organismes ont été accompagnés en 2013. Dans le Gésivaudan, des actions de sensibilisation ont démarré en 2009 pour favoriser un approvisionnement local au niveau des crèches (2 en gestion directe), centres de loisirs, centres pour les personnes âgées et restauration inter-entreprises (en délégation de service publique). Une étude a permis de préciser les volumes demandés et comment les agriculteurs pouvaient se structurer pour y répondre. Pour obtenir des résultats il faut un travail stratégique de fond et un accompagnement serré. La mise en place de la légumerie est ressortie comme une action clef. Les producteurs très diversifiés très présents sur le territoire sont peu adaptés pour répondre à ce type de demande. Il a été pointé de prioriser les actions sur la gestion directe que concédée. ADABIo a réalisé un guide des fournisseurs des produits biologiques locaux en Rhône-Alpes, un guide de la restauration collective et assure une expertise et un conseil individualisé auprès des collectivités. Dans le Vercors, le programme Alimentation Santé Territoires accompagne les collectivités pour plus de bio et/ou de local dans les repas servis dans les écoles et crèches. Parmi les actions menées on notera l'accompagnement individualisé à la rédaction d’un cahier des charges favorisant les produits locaux et biologiques en restauration concédée, pour les communes d'Autrans et de Méaudre, ou les repas sont actuellement confectionnés par un centre de vacances engagé dans une démarche de qualité, aujourd'hui certifié « En cuisine » par Ecocert. Dans le Royans, ce sont aujourd'hui 5 crèches dont 3 ont bénéficié d'un appui du Parc et de la Communauté de Communes dont elles dépendent pour mettre en œuvre une solution de restauration répondant au projet d'alimentation de qualité et de proximité quelles ont défini pour leurs structures. La confection/livraison des repas par un restaurateur local engagé permet aujourd'hui la stabilité économique de ce dernier.

8.2 Les plateformes de producteurs pour la restauration collective Les plateformes logistiques et de distribution sont les outils indispensables pour développer les produits de proximité dans la restauration collective en assurant une offre fiable et diversifiée et une gestion des livraisons, capable de répondre à la demande structurée de la restauration collective.

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8.2.1 La plateforme « Manger Bio Isère » La plateforme « Manger Bio Isère » a été créée en 2005 avec 20 producteurs bio ou en conversion. Elle rassemble aujourd’hui 40 producteurs pour un chiffre d’affaires de 1,5 millions d’Euros et avec un taux de croissance annuel de 10 % à 40 % selon les années. L’objectif est de fournir en produits bio et locaux la restauration collective, historiquement les écoles, collèges et lycées avec aujourd’hui une diversification vers les restaurants d’entreprise (15 % du CA). Globalement, on observe une bonne symétrie entre l’augmentation des débouchés et la croissance de la production. Les principaux produits commercialisés sont les produits laitiers (10 producteurs fermiers ou en coopératives), les fruits et la viande (partenariat avec l’abattoir de la Mure).Il existe de plus des marges de manœuvre chez certains producteurs. Le Conseil général a toujours été un soutien important au travers de son opération « Manger bio et autrement à la cantine » ainsi que le Conseil régional au travers des subventions accordées aux lycées et de son programme piloté tourné vers la restauration d’entreprise. Le développement des produits bio et de proximité dans la restauration collective dépend beaucoup de la sensibilité et de l’intérêt du cuisinier d’établissement. Il a été observé une meilleure prise de conscience de l’importance de la saisonnalité des produits. On reste sur des repas classiques dans les établissements même si le Conseil régional propose un repas alternatif toutes les 6 à 8 semaines. Cette plateforme constitue un véritable levier pour les producteurs bio en offrant un débouché. Mais il est tout aussi important de sécuriser la plateforme au travers d’un engagement des producteurs et une meilleure planification. La plateforme est installé chez un transporteur (STEF). 50 % des produits transitent par la plateforme et 50 % sont livrés en direct par les producteurs. La plateforme travaille aussi avec Biocoop restaurant pour les produits qui ne peuvent être produits localement (riz par exemple). Le poste transport reste un enjeu majeur. De contacts ont été pris à ce sujet avec le MIN. Le marché de la restauration collective en bio peut encore beaucoup se développer. Il existe aussi des possibilités de développement vers la restauration commerciale.

8.2.2 Les autres plateformes • Isère A Saisonner est une plateforme de produits isérois biologiques et conventionnels

avec une unité de production de légumes frais prêts à l'emploi (légumerie). Elle regroupent actuellement 51 producteurs. Elle propose aussi maintenant d’autres produits (fruits, et légumes, légumes 4ème gamme, produits laitiers et viandes).

• Récolter : située sur le Nord Isère et spécialisée dans les fruits et légumes avec environ 20 % de produits locaux et 10 % de bio.

8.2.3 La non-plateforme en Vercors Contre exemple local, sur le territoire du PNRV, en 2009/2010, a été menée dans le cadre du Programme AST, une étude de marché et de faisabilité pour la mise en place d'une plateforme d’approvisionnement en produits locaux pour le Vercors avec pour objectif de s'assurer de la pertinence de l'idée de création d'une plate forme d’approvisionnement pour le Vercors. L'étude a porté sur une analyse des systèmes d’approvisionnement existants et sur l'étude des conditions de structuration de l'approvisionnement en circuits court sur le Vercors.

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Les résultats ont surpris en indiquant qu'il n'était pas pertinent de mettre en place une plateforme :

• Parce que de nombreux liens privilégiés existent entre les producteurs et les acteurs de la restauration collective) et qu’ils seraient « cassés » si l’on devait rajouter une marge de 15 à 20% au milieu de ces transactions existantes (soit la marge permettant de faire vivre la plate-forme).

• Parce que de nombreuses plate formes existaient en Région Rhône-Alpes et à proximité du Vercors et qu’il a semblé plus judicieux de créer des liens avec elles plutôt que de s’engager dans une opération coûteuse et complexe seuls.

• Parce qu’il a semblé plus « durable » de développer les filières lait et viandes locales et en accompagnant les agriculteurs vers une diversification répondant aux attentes de la RHD.

8.3 Mon lycée mange bio Cette action régionale est animée par l’ADABIo qui anime un blog sur cette action. Focus sur les produits bio en restauration collective (Source : DRAAF Rhône-Alpes) Lʼenquête auprès des cuisines collectives de Rhône-Alpes révèle que la plupart des restaurants collectifs servent occasionnellement des produits régionaux. Cependant, seules 56 % des cuisines le font régulièrement. Et elles ne sont que 11 % à proposer régulièrement à la fois des produits locaux et des produits biologiques. Seules 36 % des cuisines enquêtées déclarent vouloir augmenter à court ou moyen terme leur approvisionnement local ou biologique. Les produits de proximité les plus utilisés sont le pain (80 %), les légumes (57 %) et les fruits (56 %), puis la volaille et la viande (45 %), les fromages (18 %), les yaourts et produits laitiers (15 %), les viennoiseries et pâtisseries (11 %).

8.4 Manger bio et autrement dans les collèges La politique du Conseil général de l’Isère s’est structuré depuis 2001 autour de l’action « Manger bio et autrement dans les restaurants des collèges ». Cette action s’inscrit dans la politique alimentaire départementale et son agenda 21 qui prévoit de développer les circuits courts et de proximité en Isère. Cette politique rejoint 3 enjeux clef : • augmenter la valeur ajoutée pour les agriculteurs isérois, relocaliser l’économie en

valorisant les ressources des territoires ; • préserver et valoriser les espaces agricoles périurbains, promouvoir une agriculture

respectueuse de l’environnement et réduire les émissions de gaz à effet de serre ; • permettre l’accès à une alimentation équilibrée, sûre, diversifiée et de qualité pour les

publics sous responsabilité du Département (jeunes, personnes âgées et personnes handicapées, populations fragiles ou défavorisées) et pour l’ensemble des consommateurs isérois.

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Depuis 2012, il existe 6 cuisines mutualisées des collèges qui approvisionnent 50 établissements en cuisines satellites pour 18 575 repas par jour. Le Conseil général s’est mobilisé pour rendre la commande publique accessible aux plateformes de proximité dans le respect du Code des marchés publics27. Aujourd’hui les produits locaux et biologiques représenteraient 16 % des menus. Il existe aussi un objectif de réduction Pour valoriser tout cette politique d’introduction du bio, nous avons labellisé nos cuisines par Ecocert depuis 2014. Nous n’avons pas encore atteint le niveau 2 qui vise 30 % de bio. Parmi les nouvelles orientations, il y a la restauration vers les personnes âgées et handicapées mais qui posent des problématiques particulières au niveau de l’alimentation. Le CROUS de Grenoble est aussi une nouvelle cible. Le Conseil général souhaite aussi travailler avec certains prestataires comme la Sodexo pour qu’ils viennent aussi sur les circuits de proximité.

8.5 Adhésion à la charte Un Plus Bio Le PNRV est membre fondateur du Club des Territoires Un Plus Bio, depuis novembre 2013, aux côtés du Conseil général de l'Isère et de la Drôme. La Ville de Grenoble et de Vizille sont également membres du Club. La ville de Grenoble qui est passée de 30 à 50% de bio dans les repas servi dans les cantines scolaires, et qui a l’objectif d’atteindre 100 % de bio. La Charte Un Plus Bio s’articule autour de 5 valeurs :

• rendre l'alimentation biologique accessible à tous ; • tisser des liens sur les territoires par des choix de restauration cohérents ; • inscrire la protection de l’environnement au menu des cantines ; • agir sur la santé des convives à travers l'assiette ; • participer aux rencontres nationales à Paris.

Cependant il est à noter que les différentes collectivités engagées dans la restauration collective bio n’ont pas forcément adhéré à cette charte.

27 Au travers de l’article 10 : allotissement technique et géographique pour susciter une plus grande concurrence entre entreprises et leur permettre d’accéder à la commande publique, quelle que soit leur taille et des articles 5, 6, 14, 15, 53 : « performances en matière d’approvisionnements directs » (circuits courts, aspect des produits, goût, fraîcheur, saisonnalité... « réduction des déplacements des véhicules de livraison » et « conditions d’exécution environnementale », « clauses sociales » (emploi de personnes en insertion + promotion du commerce équitable).

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9. Mobiliser, sensibiliser et accompagner les acteurs aux changements de pratiques alimentaires et professionnelles

9.1 Le développement d’outils pédagogiques et de communication 9.1.1 Les annuaires La plupart des territoires ont mis en place des annuaires sous Internet ou en format papier indiquant où s’approvisionner en produits locaux. Pour exemple, la Communauté de Communes du Trièves édite un annuaire disponible aussi sur son site, de tous les producteurs du territoire : cela permet notamment aux touristes de passage de mieux connaître l’offre locale.

9.1.2 Le projet de Maison de l’Alimentation Ce projet de Maison de l’Alimentation a été porté par Communauté d’Agglomération du Pays Voironnais (intégré dans son Agenda 21) dans le cadre du programme Leader28 mais a été au final abandonné. La mission de cette Maison de l’Alimentation était d’être une vitrine pédagogique de la stratégie alimentaire du territoire en visant à :

• Valoriser les ressources et les projets liés à l’alimentation, portés par les différentes structures du territoire.

• Mettre en réseau les acteurs et les partenaires du territoire, créer de la synergie entre les structures et les projets.

• Etre reconnue comme innovante et utile pour les acteurs socio-économiques et pour le territoire, communiquer sur la plus-value apportée par cette Maison.

9.1.3 La production d’outils et de supports En Vercors, plusieurs outils ont été développés depuis le démarrage du programme AST : • la malette pédagogique « AST » à destination des centres de vacances ; • le Vercors dans mon assiette, un jeu de plateau à usage du jeune public ; • cahier pédagogique « Manger Vercors, des agriculteurs, des produits, un territoire », à

destination des centres de vacances et enseignants ; • le poster Magnétique interactif« Manger Vercors, des agriculteurs, des produits, un

territoire » pour valoriser les produits locaux chez les hébergeurs, restaurateurs, producteurs et dans les centres de vacances ;

• 12 fiches recettes valorisant les produits locaux.

9.2 Le développement d’actions pédagogiques 9.2.1 La sensibilisation des scolaires Plusieurs collectivités soutiennent l’opération « la semaine du goût ». Dans le Voironnais, 15 écoles ont été accompagnées chaque année entre 2009 et 2013 avec mise à disposition d’une diététicienne pour bien manger et manger local. Ces actions font suite au projet européen RURURBAL29 (Ruralité-Urbain – Alimentation). Ces actions de sensibilisation ont aussi été développées auprès des MJC et des associations.

28 Et validé comme prioritaire dans une fiche-action de l’agenda 21 du Pays Voironnais. 29 RURURBAL (2007-2013) a pour objectif de construire une charte commune de la gouvernance territoriale pour le développement local durable, dans les territoires périurbains, axée sur la valorisation de la commercialisation et de la consommation des produits locaux.

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Le PNR de Chartreuse a mis en place un projet pédagogique au niveau des scolaires : 15 classes sont ainsi accueillies dans des fermes avec l’aide d’un accompagnateur de moyenne montagne. Le PNR participe aussi à la semaine du goût.

9.2.2 L’accompagnement sur le volet Santé En Vercors l'année 2014 le programme AST a accentué la prise en compte du volet Santé de son programme en se dotant de l’expertise d'une diététicienne qui a été mise à disposition de cuisiniers de centres de vacances, de restaurants, qui est intervenu sur des événements et rencontre sur de la sensibilisation à l'équilibre nutritionnel, et à participer à la conception des outils pédagogiques.

9.2.3 Les familles à alimentation positive Ce projet pilote « Familles à alimentation positive » coordonné au niveau régional par Corabio a été mené par lʼADABIo sur le territoire du Pays Voironnais avec pour objectif dʼaugmenter la part des produits bio et locaux à budget constant.

9.3 Le développement de la formation des acteurs Depuis 2011, le PNRV anime, en partenariat avec l'AFRAT des ateliers cuisine récemment nommés « AST une cuisine d'Inspiration » pour les hébergeurs/restaurateurs, qui valorise les produits locaux, en invitant les producteurs a présenter leur produits, base des préparations culinaires travaillées :

• Formation/sensibilisation des agents des collectivités : partenariats PNRV/CNFPT en 2014 et 2015 sur des journées d'actualités.

• Formations pour les centres de vacances (de l'animateur, au directeur, en passants par les gestionnaires et cuisiniers) ; en partenariat notamment en 2014 avec la délégation départementale de la Cohésion Sociale de l'Isère (DDCS38), autour de la question de l'alimentation de qualité et de proximité dans l'éducation populaire.

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10. Synthèse

10.1 Analyse AFOM

Atouts Faiblesses

- une stratégie engagée de longue date - une stratégie cohérente entre les

territoires et avec celles de la région et du département

- des acteurs motivés - une stratégie intégrée prenant en

compte l’ensemble des étapes de ce système alimentaire territorialisée

- une attractivité du territoire (pour habiter et pour le tourisme)

- des équipements structurants qui ont été conservés et adaptés

- un savoir-faire conservé aux mains des différents acteurs

- une diversité de productions agricoles et une complémentarité des territoires

- des produits de qualité et en partie marquée

- une complémentarité des circuits de proximité

- une production biologique en forte croissance

- création de valeur ajoutée locale génératrice d’emplois

- des capacités d’innovation

- une manque de lisibilité de cette stratégie

- des politiques de renforcement de la protection du foncier (PAEN) qui n’ont pas abouti

- une intégration avec les autres politiques encore insuffisante (santé, agro-environnement, protection des ressources en eau, tourisme)

- une mutualisation des savoir-faire à renforcer

- absence de concertation dans la logistique de transport de touts ces produits en circuits de proximité

- reporting insuffisant pour connaître l’évolution de ces marchés

- faible partenariat avec les universités et la recherche

- faible image gastronomique

Opportunités Menaces - une population de plus en plus

sensibilisée et importante sur la ville de Grenoble

- développer de nouveaux produits de qualité sous label

- mieux valoriser le volet gastronomie - mieux mettre en valeur les produits

locaux dans les restaurants, les événementiels

- mutualiser les savoir-faire - Créer une carte interactive des 6

territoires qui mettent en avant les agriculteurs et les circuits courts

- créer de nouveaux magasins paysans notamment sur Grenoble

- jouer sur les synergies au niveau des territoires (lieux de production versus lieux de consommation)

- des possibilités de pénétration dans la restauration collective et privée

- mobiliser les chercheurs

- une forte pression foncière liée au développement de la population et économique qui s’exerce avant tout dans les vallées

- difficulté à terme de collecter le lait qui n’est pas transformé et valorisé sur place par manque de compétitivité et de volume

- difficulté d’installer des jeunes agriculteurs à cause de la difficulté d’accéder au foncier : réduction des surfaces agricoles par l’urbanisation, et agrandissement des exploitations existantes

- la grande distribution

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11. Conclusions Ce diagnostic synthétique réalisé à partir de douze entretiens téléphoniques et de la documentation existante, montre une très forte volonté de l’ensemble des acteurs publics et privés de développer les circuits de proximité à la fois dans l’objectif d’une alimentation de qualité mais aussi pour conforter l’agriculture local et l’emploi qui en découle et améliorer la qualité de l’environnement et de vie en général. Il apparaît aussi une très grande cohérence des politiques publiques depuis le niveau régional jusqu’au niveau communal. D’importants moyens financiers publics sont mobilisés depuis plus de 15 ans pour accompagner cette stratégie et agir à tous les niveaux de ce nouveau système alimentaire local. La priorité a été donnée aux investissements structurants (abattoirs, MIN, légumerie, laiteries, plateformes, magasins paysans) qui sont indispensables pour déployer cette agriculture de proximité. Les actions en faveur de la restauration collective sont aussi importantes et il existe encore un fort potentiel de développement mais qui exige de lever plusieurs freins. Le développement des circuits de proximité d’initiative citoyenne ou privée (AMAP, Biocoop, …) et le maintien des marchés de plein viennent conforter la sensibilité des consommateurs à ce nouveau paradigme du local. Les résultats sont au rendez-vous même si les indicateurs ne sont pas toujours disponibles. Le nombre d’agriculteurs pratiquant des circuits courts, le nombre d’agriculteurs bio et la part des produits de proximité et/ou bio dans l’alimentation est en forte augmentation depuis 10 ans. On peut estimer que les circuits de proximité représentent aujourd’hui plus de 20 % de l’alimentation. Il est difficile de hiérarchiser les actions tant celles-ci s’imbriquent les unes avec les autres. Aussi bien que sur les équipements structurants qui sont indispensables à la filière, que l’accompagnement des agriculteurs et des consommateurs pour participer à cette stratégie qui l’est tout autant. La protection du foncier agricole et la sensibilisation des jeunes se situent dans le moyen terme alors que l’accompagnement de projets d’installation ou la mise en place de nouveaux circuits est une priorité constante. Il est aussi nécessaire de tenir compte de la diversité des actions et des innovations mises en œuvre qui permettent à chaque fois d’élargir le marché. Cette diversité d’actions respecte aussi les acteurs et le contexte dans lequel ils se situent. Ces résultats sont aussi le fruit d’un engagement historique de longue date (pour certains plus de 40 ans) et d’une montée en puissance des compétences des collectivités locales notamment en matière d’aménagement du territoire. Accroître cette part de marché dans les dix années qui viennent va nécessiter de lever de nombreux freins et convertir de nouvelles couches d’acteurs mais surtout de consommateurs afin qu’ils se tournent vers ce type de produits, considérant que les actions les plus faciles à développer l’ont déjà été. Le public captif de convaincus a déjà été capté. Il va falloir par exemple accompagner une nouvelle population d’agriculteurs pas forcément convaincus vers cette demande locale même si l’on constate que de la plupart des projets d’installation se fait sur cette base. Il reste aussi d’importantes marges de manœuvre au niveau de la restauration collective publique et privée (crèches, écoles, collèges, lycées, universités, maisons de retraite, centre de loisirs, centre de vacances, universités, hôpitaux, restaurants d’entreprise, événements sportifs ou culturels, …). Il s’agit aussi de structurer non seulement les circuits courts mais aussi les filières locales (produits laitiers, farine, viandes) qui toutes rentrent dans le champ de la proximité. Les restaurants sont aussi une cible.

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Cette nouvelle étape va aussi nécessiter une plus grande concertation et synergie entre les territoires pour plusieurs raisons : mutualiser les moyens et les savoir-faire, optimiser l’adéquation entre les productions et la demande locale, continuer de renforcer les équipements structurants, rendre plus accessible et lisible les circuits de proximité, évaluer cette politique pour la renforcer en mesurant notamment ses effets sur l’emploi, la santé, la qualité de vie et l’environnement. Il est aussi important de pouvoir mener des actions au-delà du volet bio et local, frais et de saison pour rejoindre les recommandation du PNNS (plus de fruits et légumes, moins de produits sucrés, …) pour impacter positivement la santé des habitants. Ce projet alimentaire territorial doit être aussi plus lisible et contribuer à l’attractivité du territoire en développant par exemple de nouvelles actions dans le champ de la gastronomie. On retiendra les actions suivantes organisées en 6 axes stratégiques comme piste de travail :

Axe 1 : Protéger les espaces agricoles, maintenir et renouveler les agriculteurs

• mutualiser les savoir-faire sur la veille foncière, la protection réglementaire, la transmission des fermes et l’installation ;

• mettre en place des stratégies renforcées de protection des terres agricoles pour faire face au développement démographique annoncé ;

• accompagner une nouvelle génération d’agriculteurs vers les circuits courts ; • maintenir les compétences humaines dans l’accompagnement de cette stratégie ; • renforcer les moyens à l’installation (CLI, acquisition foncière).

Axe 2 : Accompagner l’évolution des pratiques agricoles

• coordonner les différentes actions d’accompagnement des agriculteurs (conversion à la bio, mise en place de circuits courts, évolution des pratiques) avec les programmes agro-environnementaux et de reconquête de l’environnement ;

• bien intégrer les objectifs environnementaux dans les marques.

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Axe 3 : Soutenir les équipements structurants de transformation, de conditionnement et de logistique

• améliorer globalement la logistique de tous ces produits de proximité pour économiser du temps et de l’argent en recherchant à limiter les kilomètres ;

• continuer à soutenir les équipements structurants ; • renforcer la valorisation locale des produits laitiers

Axe 4 : Accompagner la mise en place de circuits de proximité tournés vers la restauration privée

• mutualiser les annuaires des agriculteurs et des lieux de vente ; • maintenir les compétences humaines dans l’accompagnement de cette stratégie ; • conquérir le centre ville de Grenoble pour toucher une nouvelle clientèle (projet de

magasin de la coopérative d’Entremonts) ; • rendre plus lisible l’ensemble des labels et marques utilisées sur le territoire.

Axe 5 : Développer la part des produits de proximité et biologiques dans la restauration collective

• échanger et mutualiser les savoir-faire et l’ingénierie d’accompagnement des collectivités et des personnels dédiés à la consommation de produits de proximité et bio ;

• maintenir les compétences humaines dans l’accompagnement de cette stratégie ; • continuer d’accompagner les collectivités et les acteurs de la restauration collective mais

aussi les restaurants qui constituent une nouvelle cible ; • mettre en place un système de reporting dans la restauration collective publique et

privée. Axe 6 : Mobiliser, sensibiliser et Accompagner, les acteurs aux changements de pratiques alimentaires et professionnelles

• renforcer les actions de sensibilisation des acteurs et consommateurs sur la qualité nutritionnelle des produits et du régime alimentaire pour convaincre une nouvelle couche de consommateurs de consommer local et bio en préparant très tôt les jeunes.

Propositions transversales

• Mise en place d’un observatoire des circuits de proximité. • Rendre lisible la stratégie de système alimentaire territorialisé. • Intégrer les différents politiques autour du SAT. • Développer des partenariats avec la recherche et l’enseignement (prospective, bilan

GES, gastronomie, observatoire, impact sur l’emploi, …).

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Annexe 1 : Personnes contactées pour un entretien

Pays Voironnais

Frédéric Delattre Chef du service agriculture

[email protected] 04 76 27 94 32 06 21 01 55 52

Grésivaudan Violène Salem Chef de projet Agriculture

[email protected] 06 77 76 13 08

Parc du Vercors

Djamilia Bazoge Chargée de mission Alimentation, Santé et Territoire

[email protected] 04 76 94 38 28 06 82 30 13 74

Parc de Chartreuse

Marion Soubeyra

Chargée de mission Agriculture

[email protected] 04 27 85 82 90 06 47 07 95 96

Conseil Départemental

Christophe Corbière

Service agriculture [email protected] 04 76 00 39 17 06 51 88 79 58

ADABio Dorothée Meyer Animatrice départemental

[email protected] 06 26 54 37 85

Chambre d’agriculture

Virginie Thouvenin

Points de vente collectifs et transformation fermière

[email protected] 06 61 03 00 15

Chambre d’agriculture

Jean Sylvain Goutelle

Responsable service environnement / aménagement du territoire

[email protected] 04 76 20 67 14 06 74 94 75 42

MIN Bernard Colonel Bertrand

Directeur [email protected] 06 86 16 42 13

Abattoir/ ABAG

Eric Rochas Directeur [email protected] 06 08 89 09 29

Manger Bio Tanguy Lemaitre Commercial [email protected] 06 82 46 35 37 SITADEL Marie Mallet Conseillère

territoriale sud Isère et animatrice Sitadel

04 76 30 89 82 06 61 03 00 38

CDDRA Alpes Sud Isère

Arnaud Finet Animateur agriculture et foncier

[email protected] 04 76 78 87 39

AB Epluche Marianne Molina Gérante marianne.molina@ isere-a-saisonner.fr 06 17 53 01 33

Alliance Paysans Ecologistes Consommateurs de l’Isère

Chloé Dudon Animatrice [email protected] 09 80 08 40 30