a l'abordage des délaissé

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Master 1 : Architecture & Cultures Constructives / Suivi de Mémoire : Stéphane SADOUX Année universitaire : 2013 - 2014 / École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble A L’ABORDAGE DES DÉLAISSÉS ! Vers une nouvelle forme d’espace public Matth i eu LEMARIÉ

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MÉMOIRE // Matthieu LEMARIÉ Master 1 / Architecture & Cultures Constructives Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble

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« A L’ABORDAGE DES DÉLAISSÉS ! »Le titre de ce mémoire n’est pas un simple hasard de syntaxe ou une étrange formulation de phrases, mais bien au contraire un jeu entre les différentes notions propres au sujet d’étude. L’étymologie du verbe « aborder » se décline ici sous plusieurs définitions constatées en faveur d’espaces délaissés. Pour commencer, on aborde le sujet du délaissé, on soulève des questions et hypothèses sur le lieu. Ensuite, le verbe aborder, à l’image des combats de pirates, nous conduit à s’emparer / prendre possession d’un espace. Pour finir, aborder au sens d’une discussion que l’on tiendrait avec le lieu : le côtoyer et entretenir une relation avec lui.

Master 1 : Architecture & Cultures Constructives / Suivi de Mémoire : Stéphane SADOUXAnnée universitaire : 2013 - 2014 / École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble

A L’ABORDAGE DES DÉLAISSÉS !Vers une nouvelle forme d’espace public

Matthieu LEMARIÉ

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A L’ABORDAGE DES DÉLAISSÉS !Vers une nouvelle forme d’espace public

Anne Monique BARDAGOTHubert GUILLAUD / Stéphane SADOUX

Master 1 : Architecture & Cultures Constructives / Suivi de Mémoire : Stéphane SADOUXAnnée universitaire : 2013 - 2014 / École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble

Matthieu LEMARIÉ

MeMbres du jury

REMERCIMENTS //

Je tiens à remercier tout d’abord les quatre enseignants en charge du suivi de mémoire, Anne Monique Bardagot, Hubert Guillaud, Ivan Mazel et Stéphane Sadoux pour leurs conseils, encouragements et écoutes dont ils ont tous fait part, selon les responsabilités de suivi de chacun.

Merci à tous les professionnels et étudiants en architecture qui ont accepté de me recevoir en entretien, de me présenter leurs sujets d’études ou de me parler de leurs expériences. Pour n’en citer que quelques uns, merci à Céline Dodelin, Gildas Prodhomme et Mickey Nectoux, pour avoir pris le temps de me parler respectivement des projets de l’ATELIER DES FRICHES, le BUREAU COSMIQUE et YES WE CAMP.

Un remerciement particulier à Elisa Dumay et tous les membres de l’association DE L’AIRE pour m’avoir introduit auprès de nombreuses personnes qui ont aussi enrichi mes recherches, ainsi que pour leur proposition de stage qui me permettra d’approfondir ce sujet d’étude.

'PƂP��OGTEK�¼�VQWU�OGU�RTQEJGU��OGU�COKU�GV�OC�HCOKNNG�RQWT�m’avoir soutenu tout au long de la rédaction de ce mémoire et plus encore.

03

PREF

« A l’abordage des délaissés »Le titre de ce mémoire n’est pas un simple hasard de syntaxe ou une étrange formulation de phrases, mais bien au contraire un jeu entre les différentes notions propres au sujet d’étude. L’étymologie du verbe « aborder » se FÅENKPG�KEK�UQWU�RNWUKGWTU�FÅƂPKVKQPU�EQPUVCVÅGU�GP�HCXGWT�FoGURCEGU�FÅNCKUUÅU��Pour commencer, on aborde le sujet du délaissé, on soulève des questions et hypothèses sur le lieu. Ensuite, le verbe aborder, à l’image des combats de pirates, nous conduit à s’emparer / prendre possession d’un espace. 2QWT�ƂPKT��CDQTFGT�CW�UGPU�FoWPG�FKUEWUUKQP�SWG�NoQP�VKGPFTCKV�CXGE�NG�NKGW���NG�côtoyer et entretenir une relation avec lui.

Le sujet de ce mémoire fut initié par une prise de conscience de l’état actuel des différents espaces extérieurs de l’école d’architecture de Grenoble. La vie ÅVWFKCPVG�GV�GPUGKIPCPVG�FG� No'05#)�HWKV�FG�RNWU�GP�RNWU� NGU�OWTU�FG� NoÅEQNG� ��on arrive le matin vers 8h00, prend un café et on se pose en amphi. Maglione ; ��J����ƂP�FG�NC�LQWTPÅG��QP�TGPVTG�VQWU�EJG\�UQKV�GV�QP�QWDNKG�EGVVG���LQWTPÅG�V[RG�� qui re-commencera qui recommencera dès le lendemain matin. Entre le début GV�NC�ƂP�FG�NC�LQWTPÅG��NoÅVWFKCPV�QW�NoGPUGKIPCPV�PoC�SWG�VTÄU�RGW�EÐVQ[Å�NG�NKGW��il n’a que très peu exploité son environnement, et pourtant il y est resté près FG�FKZ�JGWTGU��2QWT�ECWUG��NGU�GURCEGU�GZVÅTKGWTU�FG�NoÅEQNG�UoCRRCWXTKUUGPV���.C�cour intérieure se transforme petit à petit en décharge collective et les terrasses ne sont utilisées que pour une pose cigarette. C’est donc, naturellement qu’un groupe d’étudiants s’est formé pour redonner sens à ces espaces collectifs de notre environnement quotidien. Ce regroupement d’étudiants, répondant sous le nom du Collectif LA FUITE, s’est alors confronté aux différentes étapes complexes SWK�PQWTTKUUGPV�RQWTTKUUGPV�!��WP�RTQLGV�FG�EQPVTKDWVKQP�EQNNGEVKXG���NÅIKVKOGT�NoCEVG��déterminer les enjeux de l’intervention, sous quelle forme répondre au problème d’appropriation de l’espace, trouver un appui auprès des institutions locales, comment impliquer l’habitant, quand passer à l’action, etc…

A une autre échelle, nos amphithéâtres qui accueillent que trop peu de variété d’usage de son espace représentent les espaces publics de nos villes ; les salles de studio, plus appropriables, deviennent nos logements ; les couloirs et escaliers, NGU�ƃWZ�PQWU�RGTOGVVCPV�FoCNNGT�FoWP�DQWV�¼� NoCWVTG�FG� NC�XKNNG� ��GV�PQU� VGTTCUUGU�oubliées prennent place aux friches et délaissés de nos cités.

ACE

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SOMMAIRE

PARTIE 2

INTRODUCTION P. 07

PARTIE 1 L’avant friche / vers une définition du délaissé P. 13

Le temps d’attente et la concertation P. 43

P. 13 // La définition d’une notionP. 17 // Qualifier le délaisséP. 26 // Analyse des éléments de corpusP. 36 // Les outils d’analyses

P. 43 // L’occupation, une pratique nouvelle ?P. 49 // Le droit d’accès aux terrainsP. 54 // Concerter pour mener un projet cohérantP. 58 // Les outils de concertation

PARTIE 3 Le passage à l’acte / Le temps de veille P. 69

P. 69 // Le temps de veilleP. 73 // S’implanter en douceurP. 74 // Temps d’usageP. 75 // Temps de fabricationP. 76 // Le chantier un acte culturelP. 78 // Le chantier participatifP. 89 // Le chantier évènement

05

ANNEXESP. 127

CONCLUSIONP. 113

PARTIE 4P. 99 L’avant friche / vers une définition du délaissé

P. 99 // Vers un autre momentP. 101 // DémonterP. 105 // TransmettreP. 108 // Garder

BIBLIOGRAPHIEP. 119

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INTRODUCTION

L’image de la ville a toujours été véhiculée par ses innombrables activités, sa lumière omniprésente, sa vitesse de développement et sa technicité. Cependant, qu’elle soit décrite dans un roman, dessinée dans un comic, ou bien même construite dans notre imaginaire EQOOWP��NC�XKNNG�PQWU�GUV�RTÅUGPVÅG�CWUUK�CXGE�UGU�\QPGU�FoQODTGU���UGU�lieux incertains, négligés et presque effrayants. Friches industrielles, terrains vagues, dents creuses, logements vacants, interstices ... Ces espaces en dérive se forment suite à la perte des fonctions originelles du lieu, aux intervalles d’aménagement urbain ou au désintérêt de son GPVTGVKGP�RCT�UQP�RTQRTKÅVCKTG��,G�NGU�FÅƂPKTCK�FG���FÅNCKUUÅ���CW�EQWTU�de ce mémoire, représentant alors les failles d’un système urbain rigide GV�RNCPKƂÅ��FGU�GURCEGU�CWZSWGNU�PQWU�PQWU�UQOOGU�FÅUKPVÅTGUUÅU�CW�RTQƂV�FG� NKGWZ�RNWU�RTQRKEGU�CW�FÅXGNQRRGOGPV�FG�PQVTG�SWQVKFKGP��.GU�XKNNGU� HTCPÃCKUGU�QPV�XW� NGWT�RC[UCIG�UG� VTCPUHQTOGT�FGRWKU� NC�ƂP�des années 70, pour cause, la crise pétrolière et la désindustrialisation qui s’en est suivie a laissé une part du territoire français miné de friches industrielles, mais aussi militaires, ferroviaires, portuaires et autres espaces vacants. Malgré ces espaces en attente, la ville continue de s’étendre au delà de ses limites et ne prend que très peu conscience du potentiel qu’elle abrite en son cœur. Ces espaces libres ne doivent plus être vécus comme un lieu en marge de la société, mais au contraire, comme une marge de recul, une réserve de disponibilité de la ville.

Les zones d’ombres de la ville / © Black Sad - Tome 3

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Depuis quelques années, on voit émerger de nouvelles formes d’interventions dans l’espace public, permettant de ré-activer un lieu qui avait perdu tout son sens à l’échelle de la ville. Une intervention sommaire, dont la démarche principale est d’offrir une seconde jeunesse au site et ainsi apporter un regain d’intérêt pour le lieu et ses futurs usages. Ces espaces auxquels on a longtemps tourné le dos - faute d’accessibilité, d’entretien, de vétusté ... - sont aujourd’hui au centre d’une attention particulière. L’habitant de la ville prend petit à petit conscience de la fabrication de l’environnement qui l’entoure et souhaite aujourd’hui participer à la construction des espaces de son quotidien. C’est justement dans les interstices de nos villes que l’habitant peut expérimenter de nouvelles pratiques sociales et culturelles qu’il va pouvoir construire une nouvelle forme d’espace public à son image. Au travers ce mémoire, nous nous intéresserons à ces espaces récupérés par la population devenue acteur de l’aménagement urbain. Une reconquête pour embellir, se regrouper, réagir ?

Cette prise de conscience n’est pas récente pour autant, dès les années 70 de nombreuses personnes ont souhaité porter nos regards sur ces délaissés. Parmi eux, l’artiste américain Gordon Matta clark1 revalorisait les friches industrielles ou logements vacants, en découpant une certaine partie du bâtiment et ainsi proposer une œuvre qui intrigue le passant. En Europe, le Collectif Stalker2 invitait à la dérive au milieu FG�HTKEJGU�WTDCKPGU�CƂP�FG�OKGWZ�NGU�EQPPCÊVTG�GV�FoGP�FÅEGNGT�VQWVGU�leurs beautés et potentiels. Alors que l’intervention à l’époque était plus considérée comme une démarche pour faire passer un message, les projets d’aujourd’hui souhaitent réactiver le lieu en lui injectant une nouvelle forme d’activité, d’usage. Depuis une vingtaine d’années, on a pu voir émerger deux grands mouvements d’appropriation de délaissé par le citoyen, en faveur de notions fondamentales pour NoJQOOG���JCDKVGT�GV�UG�PQWTTKT�

1. Gordon Matta clark, artiste américain connu pour ces travaux sur site dans les années 70.2. STALKER / A TRAVERS LES TERRITOIRES ACTUELS / Nouvelles Editions Jm Place, 2000

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Habiter, grâce au développement de squats en Europe dans les années 90, souhaitant ainsi créer un lieu d’hébergement alternatif et communautaire (malheureusement cela eu pour effet secondaire de dresser une image négative des infrastructures vacantes). Se nourrir, à travers les formes d’agricultures urbaines menées par un ensemble de citoyens. Initialement inventée après la première guerre mondiale avec les jardins ouvriers, cette forme se décline aujourd’hui de plusieurs HCÃQPU� �� ¼� VKVTG�RGTUQPPGN� UWT� WP�DCNEQP��FG�OCPKÄTG� TÅXQNWVKQPPCKTG�avec le mouvement de Guerrilla Gardening de Richard Reynolds3 ou pour toute une communauté avec la naissance des jardins collectifs.

Propagande citoyenne / © www.greenpatriotposters.org

Les diverses interventions dans les friches nous montrent que la montée au pouvoir de l’habitant apporte une nouvelle manière de vivre la ville dans sa pratique, sa fabrication et sa forme.

3. REYNOLDS Richard / LA GUERILLA JARDINIERE / Gap, Editions Yves Michel, 2010.

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Au delà de l’occupation du site, une seconde notion doit être abordée FCPU�EGVVG�KPVTQFWEVKQP���NC�EQPUVTWEVKQP�EQNNGEVKXG��'P�GHHGV��NG�UWLGV�UG�RTÆVG�CUUG\�DKGP�¼�NC�RTCVKSWG�EQNNGEVKXG��OCKU�PoGUV�EGTVCKPGOGPV�RCU�NC�UGWNG�OCPKÄTG�FoKPVGTTQIGT�EGU�NKGWZ���NGU�VTCXCWZ�FG�(NQTKCP�4ivière4 en sont le parfait exemple. Cependant ces interventions nous montrent aussi le rapport que peut avoir une occupation menée par un groupe de personnes par rapport à une initiative d’une seule personne. L’enjeu d’une démarche participative est donc de sensibiliser un maximum de personnes à la question du délaissé, de les impliquer et recueillir leurs avis sur les futurs usages du lieu à créer et de pouvoir transmettre le lieu CWZ�JCDKVCPVU��CƂP�FG�RÅTGPPKUGT�NoCEVG�FG�D¾VKT��5QWJCKVCPV�SWGUVKQPPGT�la réactivation d’un délaissé, la phase de « passer à l’acte » est une notion très importante dans le processus de fabrication de l’espace commun. Ici, nous nous intéresserons aux récentes interventions des collectifs d’architectes, d’urbanistes, d’artistes ou de graphistes intervenant avec les proches voisins (et aussi les plus éloignés) d’un site négligé. L’intérêt de l’exercice étant de questionner cette pratique, la fabrication de ces micro-architectures éphémères, et la manière FoKPXKVGT�NoJCDKVCPV�FCPU�NC�TÅƃGZKQP�UWT�NGWTU�GURCEGU�SWQVKFKGPU�

A travers ce mémoire, je souhaite questionner ces nouveaux intérêts, les limites et le rôle qu’ils peuvent avoir dans la société de demain et d’aujourd’hui. Je souhaite alors démontrer la capacité de ces délaissés ¼�QHHTKT�WPG�PQWXGNNG�HQTOG�FoGURCEG�RWDNKE��RCU�URÅEKƂSWGOGPV�FCPU�sa forme ou son aménagement, mais plutôt dans la manière de se EQPUVTWKTG� EQNNGEVKXGOGPV� GV� FCPU� UC� VGORQTCNKVÅ� FoWUCIG�� #ƂP� FG�pouvoir décrire les récentes démarches d’occupations collectives d’un espace délaissé et d’en saisir quel type d’espace cela génère à l’échelle de la ville, je vais traiter ce mémoire suivant les étapes chronologiques FoKPVGTXGPVKQPU�GV�FG�TÅƃGZKQPU�GZRÅTKOGPVÅGU�GP�EGU�NKGWZ��%GU�ÅVCRGU�

4. (NQTKCP�4+8+'4'�C�HQPFÅ�GV�CPKOG�NG�EQNNGEVKH�&ÅOQETCVKG�ETÅCVKXG���YYY�ƃQTKCPTKXKGTG�HT

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répondent alors aux principales évolutions des friches, exposées dans les travaux de Lauren Andres5���NG�VGORU�FoCXCPV�HTKEJG��FG�HTKEJG (en attente ou en veille) et d’après friche.

&CPU� WP� RTGOKGT� VGORU�� LG� XCKU� OoCVVCTFGT� ¼� FÅƂPKT� NG� UGPU� FQPPÅ�CW� VGTOG� �FÅNCKUUÅ�� GV� VGPVGT� FG� ENCUUKƂGT� NGWT� UVCVWV� FG� HTKEJG�� .GU�éléments de mon corpus seront alors présentés, et nous pourrons voir la diversité des délaissés sur lesquels quelques personnes ont essayé de proposer autre chose. Ensuite, je présenterai les étapes FG�EQPEGTVCVKQP�GV�OQFKƂECVKQP�FG� NoGURCEG�ÅVWFKÅ��GP� KPFKSWCPV� NGU�différents outils mis en place par les collectifs, la communication de leurs travaux pendant l’occupation, et les différents leviers (techniques QW�ƂPCPEKGTU��SWK�XKGPPGPV�EQORNGZKƂGT�NG�RTQLGV��#ƂP�FG�RTGPFTG�FW�recul sur ces interventions, une dernière partie permettra d’exposer l’appropriation de ces nouveaux espaces, que sont-ils devenus après l’intervention … La question de « l’après » me permettra alors de conclure, et de répondre aux hypothèses soulevées au travers le mémoire.

Au cours de ce travail, je me suis construit une vision de l’occupation des délaissé, via la lecture de différents ouvrages d’architectes, la découverte de quelques documentaires audio et vidéo, ainsi que la participation à des conférences et entretiens avec les membres de collectifs ou associations travaillant sur ces questions.

5. ANDRES Lauren / LA VILLE MUTABLE / Thèse - Université Pierre mendes France - Grenoble Présentée et soutenue le 20 Juin 2008 / 498 p.

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« En ciblant en particulier les espaces urbains FÅUCHHGEVÅU�PQWU�PQWU�GPICIGQPU�CƂP�FG�FÅXQKNGT�les oppotunités extraordinaires qui existent GP� OCTIG� FW� SWQVKFKGP� GV� FG� NoGPXKTQPPGOGPV�construit. »

Propos du Collectif assemble.Exposition temporaire du Pavillon d’Arsenal RE�r�ARCHITECTURE

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PARTIE 1L'avant friche / vers une définition du délaissé

LA DÉFINITION D’UNE NOTION //Comme on a pu le voir précédemment dans l’introduction, la ville s’organise entre les espaces privés et publics, elle s’alimente de rues plus ou moins étroites, elle nous regroupe sur des places ou des parcs, mais elle nous cache aussi des espaces moins glorieux, des espaces qui nous apparaissent comme interdits ou inaccessibles. Pourtant, ces non-lieux représentent un espace d’opportunité, de liberté et parfois même de résistance. On passe devant ces espaces tous les jours sans vraiment sans rendre compte, ils sont à la fois les équipements industriels vacants, les nombreux terrains vagues, les dents-creuses, les terrains abandonnés, ou bien même les espaces sous-exploités. Depuis maintenant une cinquantaine d’années, de nombreuses personnes ont essayé FoCPCN[UGT�EGU�NKGWZ�GV�FG�NGU�KFGPVKƂGT�FGTTKÄTG�NC�FÅƂPKVKQP�FoWPG�PQVKQP�� Les Non-lieux (Marc André), Les tiers espaces (Gilles Clément), trous PQKTU�4GP\Q�2iano), multiplicités interstitielles (Pascal Nicolas-le strat) ;

La première partie est consacrée à la mise en contexte du sujet. L’intérêt FG�EGU�RTGOKGTU�RCTCITCRJGU�GUV�FG�FÅƂPKT� NGU�V[RQNQIKGU�FoGURCEGU�à reconquérir en s’appuyant sur divers travaux de sociologues, architectes, urbanistes ou étudiants. Pour ce faire, nous allons tout d’abord expliquer l’apparition de ces non-lieux et les enjeux qu’ils représentent. Qu’est ce qui explique l’état d’abandon de ces espaces ? Pourquoi ne pas les inclure dans une démarche de développement WTDCKP�!�&CPU�EGVVG�NQIKSWG�FG�FÅƂPKVKQP��QP�UoCVVCTFGTC�¼�TCRRGNGT�NGU�différentes formes d’occupations rencontrées ces cinquante dernières CPPÅGU��0QWU�VGPVGTQPU�CNQTU�FG�SWCNKƂGT�GV�ECVÅIQTKUGT�NGU�FKHHÅTGPVGU�formes de délaissés� TGPEQPVTÅU� CWLQWTFoJWK�� CƂP� FoGP� FÅFWKTG� NGU�usages qu’on pourrait y voir émerger.

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mais aussi plus communément appelés espaces résiduels ou friches. D’une manière plus poétique, certains ont essayé de donner une image à ces espaces qui peuvent alors être considérés comme des UGEQPFU�NKGWZ�FG�XKG��NoGZVGPUKQP�FG�UQP�EJG\�UQK��'P�GHHGV��NGU�XCNGWTU�d’appropriations simples aspirent à étendre notre habitat à un second GURCEG�QWXGTV�UWT�WP�NKGW�EQOOWP���EQOOG�EWNVKXGT�SWGNSWGU�RNCPVGU�sur le trottoir d’en face, se poser sur une chaise devant son entrée, entreposer son vélo dans une cour d’immeuble. Pascal Nicolas-le strat�RCTNG�CNQTU�FW�4G\�FG�EJCWUUÅG�FG�PQU�XKNNGU1 �

.C�FÅƂPKVKQP�FG�EGU�GURCEGU�PoGUV�FQPE�RCU�WP�GZGTEKEG�UKORNG��OCKU�nous pouvons remarqué que ces chercheurs, architectes, paysagistes et sociologues s’accordent à associer ces espaces à un état d’abandon. Nous parlerons ici de « délaissé », tout d’abord au sens où tous ces espaces sont le fruit d’un désintérêt général des collectivités locales et FGU�JCDKVCPVU���OCKU�CWUUK�FCPU�NGWT�SWCNKVÅ�FoCRRTQRTKCVKQP���NC�UKVWCVKQP�de l’espace, abandonné par la ville et ces représentants permet alors

« Les friches construisent aujourd’hui le rez-de-chaussée FG�PQU�XKNNGU�� e���� NC� HQKU�WP�GURCEG� KPVGTOÅFKCKTG�GPVTG�NoKPVKOKVÅ� FoWPG� JCDKVCVKQP� GV� NC� INQDCNKVÅ� FG� NC� XKNNG�� ¼� NC�HQKU�NG�UGWKN�FoWP�KOOGWDNG�SWK��WPG�HQKU�HTCPEJK��QWXTG�UWT�NC� OWNVKRNKEKVÅ� GV� NC� VTCPUXGTUCNKVÅ� FGU� TWGU�� ¼� NC� HQKU� WPG�FGU�RCTVKGU�EQOOWPGU��PK�GURCEG�RTKXÅ��PK�GURCEG�RWDNKE��OCKU� GHHGEVKXGOGPV� WPG� RCTV� FG� EQOOWP� RCTVCIÅG� RCT�l’ensemble des résidents. »

Pascal Nicolas-le strat / MULTIPLICITÉ INTERSTICIELLE

1. Pascal Nicolas-le strat /�5QEKQNQIWG���OCÊVTG�FG�EQPHÅTGPEGU�*&4�GP�UQEKQNQIKG�/ JVVR���YYY�NG�EQOOWP�HT

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aux habitants de les occuper, de proposer de nouveaux usages. A EQPVTCTKQ� FG� NoGZRTGUUKQP� WVKNKUÅG�RCT� NoCTEJKVGEVG� 4GP\Q�2iano2, nous nous attacherons à parler de ces lieux comme des espaces chargés d’une histoire, d’un contexte et d’une morphologie particulière. Ils ne sont donc pas de simples trous noirs, mais bien au contraire un GURCEG�RTÅEKU��FÅƂPKV�RCT�WP�EGTVCKP�PQODTG�FG�HCEVGWTU�¼�CPCN[UGT�GV�à comprendre pour pouvoir proposer une appropriation respectueuse du site occupé. Ce cadre historique nous rappelle que ces lieux ont toujours été, à un moment donné, animés par une activité, une fonction ou un statut, mais l’usure du temps ou l’impact d’une situation extrême, les a fait tomber dans l’oublie. C’est alors, dans un premier temps, l’évolution progressive du lieu, ou comme l’appelle Lauren Andres� ��NC�OWVCDKNKVÅ�FW� NKGW��SWK�RGTOGV�FG�FÅƂPKT�EGU�GURCEGU�EQOOG�FGU�délaissés.

Dans son œuvre « Manifeste du tiers paysage », Gilles Clément3 nous parle aussi de délaissé. Cependant il utilise ce terme uniquement pour parler d’espaces naturels qui, de par leur état d’abandon, développe WPG�DKQFKXGTUKVÅ�RCTVKEWNKÄTG��0QWU�ÅVGPFTQPU�NC�FÅƂPKVKQP�FW�délaissé de Gilles Clément à un contexte plus global, incluant friches urbaines, VGTTCKPU� XCIWGU�� ÅFKƂEGU� XCECPVU�� OCKU� CWUUK� FKHHÅTGPVU� GURCEGU� sous-exploités, mono-fonctionnel. Sa posture en tant que paysagiste est alors de préserver ces espaces et de les laisser se développer CƂP� FoQHHTKT� WPG� HQTOG� FG� DKQFKXGTUKVÅ� FCPU� PQU� XKNNGU�� 2CTVKUCP� FW� non-aménagement, il souhaite voir ces extensions de la nature (re)prendre place à l’intérieur de nos villes. En ce sens, notre position diffère de la sienne, mais elle n’est pour autant pas totalement différente. L’occupation d’un délaissé implique forcément une KPVGTXGPVKQP�UWT�NG�UKVG��CƂP�FG�HCKTG�CEVG�FoCRRTQRTKCVKQP��'NNG�ÅXQNWG�vers un état d’espace public à travers sa pratique et son aménagement,

2. 4GP\Q�2iano / LA DÉSOBEISSANCE DE L’ARCHITECTURE /3. Gilles Clément / MANIFESTE DU TIERS PAYSAGE /

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néanmoins la position adoptée est de l’ordre de petites opérations EJKTWTIKECNGU�CƂP�FG�TÅCEVKXGT�NG�NKGW�UCPU�GP�EJCPIGT�EGU�SWCNKVÅU�FG�friche (biodiversité, espace libre, lieu commun…).

2QWT�CNNGT�RNWU�NQKP�FCPU�EGVVG�FÅƂPKVKQP�FoGURCEG�ÅVWFKÅ��PQWU�CNNQPU�exposer les enjeux des délaissés à l’échelle de la ville et ce qu’ils représentent pour les citadins. Ces espaces qui sont aujourd’hui mis de côté par les institutions locales et oubliés des plans de développement WTDCKP�FG�PQU�XKNNGU�TGRTÅUGPVGPV�CNQTU�RQWT�NoJCDKVCPV�WPG�\QPG�NKDTG��dégagée de toutes contraintes foncières, politiques et administratives. Du moins elles semblent être libérées de ces cloisons institutionnelles4, nous verrons par la suite que ces sites ne sont pas forcément défaites FG�NGWTU�EJCÊPGU�GV�SWG�EGTVCKPGU�FÅOCTEJGU�CFOKPKUVTCVKXGU�RGWV�HCKTG�basculer un projet à néant. Cependant le délaissé représente une \QPG�FW�RQUUKDNG�PQP�PÅINKIGCDNG��SWK�CWLQWTFoJWK�RTGPF�RGVKV�¼�RGVKV�UC�RNCEG�FCPU� NC� TÅƃGZKQP�FGU�FÅEKFGWTU�RQNKVKSWGU�GV�FGU�JCDKVCPVU��Cette situation d’opportunité est d’autant plus appréciable dans le cas d’une ville, où la rareté d’espace vide se fait sentir. Cette occasion du lieu, de son devenir et de ce qu’il représente permet alors à l’habitant FoKOCIKPGT�� FG� TÆXGT� QW�FG� XQ[CIGT� XGTU� WPG� CWVTG� ƂIWTG�FG� NC� TWG��Dans l’œuvre retraçant l’expérience de l’occupation de la Friche la Belle de Mai, P. Bouchain nous expose son point de vue sur la friche en question et sur les délaissés�GP�TÄING�IÅPÅTCNG��

«� %G� NKGW� PoC� RCU� FoCWVTG� RTQLGV� SWG� FoÆVTG� QEEWRÅ�� FG�HQPEVKQPPGT��FG�EG�VTCPUHQTOGT�GP�OCTEJCPV��»

Propos de Patrick Bouchain / La Friche la Belle de Mai

4. Propos utilisé par Baptiste Fuchs, consultant et chargé de projet en développement culturel. Rencontré au cours d’une réunion avec l’association de l’aire.

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QUALIFIER LE DÉLAISSÉ //4GXGPQPU�GP�¼� NC�FÅƂPKVKQP�FW�UKVG� ��EQOOGPV�TÅWUUKT�¼�ENCUUKƂGT�EGU�espaces ? On peut facilement imaginer que certains espaces seront plus propices à leur développement et donc remplacer le vide par du plein, tandis que d’autres peuvent alors proposer un vide, contre un vide. Le rapport plein - vide est très intéressant dans la manière FG�XQKT�NC�ECRCEKVÅ�FW�NKGW�¼�IÅPÅTGT�FG�NoCEVKXKVÅ���C�V�KN�DGUQKP�FoÆVTG�D¾VK�QW�UG�UCVKUHCKV�KN�FoWP�GURCEG�RWDNKE�!�#KPUK��RQWT�OKGWZ�KFGPVKƂGT�les caractéristiques du site, nous nous intéresserons aux différentes ENCUUKƂECVKQPU� RTQRQUÅGU� RCT� FGU� DWTGCWZ� FoÅVWFGU�� EJGTEJGWTU� GV�étudiants.

Depuis le début des années 70, l’IAURIF5 fait un inventaire des friches industrielles de la région parisienne. Force est de constater que les villes françaises génèrent de plus en plus d’espaces délaissés. L’objectif étant d’informer les institutions locales sur l’évolution de ces terrains en friche sur lesquels des opérations d’aménagement peuvent être

Ceci résume bien, en quelques mots, la valeur de ces non-lieux. Le délaissé ne présente aucun obstacle logique à sa ré-appropriation et c’est pour cela qu’une occupation peut être envisagée. Aussi nous FGXQPU�PQWU�KPVÅTGUUGT�¼�NC�HCÃQP�FoCDQTFGT�EGU�NKGWZ���TGRTÅUGPVGPV�KNU un terrain de jeux pour n’importe qui ou doivent-ils nourrir un intérêt commun ? Pour reprendre la citation de Pascal Nicolas-le strat et UQP� KOCIG� FW� TG\�FG�EJCWUUÅG� FG� PQU� XKNNGU�� NG� délaissé se situe à l’intersection entre l’espace privé et l’espace public. Un délaissé nous RCTNG�FQPE�FG�EQJCDKVCVKQP���EoGUV�WP�NKGW�SWK�RGWV�ÆVTG�CRRTQRTKÅ�RCT�tout à chacun en exploitant les désirs communs.

5. Institut d’Aménagement et d’Urbanisme de la Région de l’Ile-de-France.

18

réalisées. Cependant, à partir de quel moment peut-on considérer que NG�NKGW�GUV�FGXGPW�HTKEJG�!�%QOOGPV�RGWV�QP�ENCUUKƂGT�WP�ÅVCV�FG�HTKEJG�prioritaire à un autre ? L’IAURIF a consacré une partie de ces travaux à EGU�SWGUVKQPU��GV�CƂP�FG�RQWXQKT�HCKTG�WP�KPXGPVCKTG�FG�EGU�NKGWZ��KNU�UG�UQPV�CVVCEJÅU�¼�FÅETKTG�EGU�HTKEJGU�UGNQP�VTQKU�RQKPVU�ENÅU���.C�FKOGPUKQP�du site, son temps de vacance, ainsi que la nature et la qualité du lieu. Nous verrons par la suite, avec les exemples d’autres travaux, qu’il est VTÄU�FKHƂEKNG�FG�VTCFWKTG�NoÅVCV�FoWP�FÅNCKUUÅ�WPKSWGOGPV�GP�UG�TÅHÅTCPV�¼�EGU�SWGNSWGU�PQVKQPU��.C�FKHƂEWNVÅ�FG�ENCUUKƂGT� NGU� HTKEJGU�XKGPV�FW�HCKV� SWG� EJCEWPG�FoGNNGU� UQPV� WPKSWGU� �� GNNGU� UG� TGUUGODNGPV� VQWVGU��mais sans jamais être identiques. De plus les travaux de l’IAURIF en 1970 se portaient uniquement sur l’étude des friches industrielles, il est intéressant de voir qu’ils ont élargi leurs champs d’actions dans les années 90 aux friches commerciales et bureaux désaffectés.

De nombreux travaux d’étudiants montrent aussi la complexité de donner une identité à une friche. Le sujet de la reconversion des friches WTDCKPGU�ÅVCPV�TGNCVKXGOGPV�PQWXGCW��KN�ÅVCKV�SWGNSWG�RGW�FKHƂEKNG�FG�trouver des exemples concrets d’analyses de ces sites aux multiples visages. C’est pour cela que nous regarderons les analyses d’un projet FG� ƂP� FoÅVWFGU� FoÅVWFKCPVU� FG� NoÅEQNG� FoCTEJKVGEVWTG� FG� )TGPQDNG6

et les travaux d’étudiants de l’institut de La Cambre7. Le travail des étudiants de Grenoble s’est porté sur l’analyse de différentes parcelles abandonnées ou sous-exploitées de l’ancien quartier ouvrier de la ville. #ƂP�FoÅVCDNKT�NGWT�HWVWT�UKVG�FG�RTQLGV��NGU�ÅVWFKCPVU��GPECFTÅU�RCT�2KGTTG�$GNNK�4K\��QPV�ENCUUÅ�NGU�FKHHÅTGPVGU�RCTEGNNGU�ÅVWFKÅGU�UGNQP�FKHHÅTGPVGU�variables. L’une de ces notions portait sur l’estimation de l’état de vacance du lieu en questionnant ce qui générait cette pauvreté d’appropriation QW�FoGPVTGVKGP��#KPUK��KNU�KFGPVKƂÄTGPV�EGU�GURCEGU�RCWXTGU�FoWUCIGU�¼�cause de leurs accessibilités, du fait soit d’une différence de niveau

6. PFE FLEMME / S. Fabiani, D. Gros, D. Pelletier / soutenue le 17 Juin 20097. FRICHE(S*) / G. cazalet, A. Pamart

19

(toitures terrasses) ou soit d’une frontière rendant l’espace hors FoGORNQK�ITKNNCIG���+NU�CLQWVGPV�¼�NC�NKUVG��NGU�NKGWZ�SWK�PoQHHTGPV�RCU�CUUG\�de prises, les réduisant à l’abandon de part leur non-utilisation ou leurs faibles diversités d’usages. Le statut du lieu peut aussi jouer un rôle majeur dans son exploitation. Le cas échéant d’un espace auquel les PQVKQPU�FG�RTQRTKÅVÅ�PG�UQPV�RCU�ENCKTGOGPV�FÅƂPKGU�GPVTCKPG�UQWXGPV�le mauvais entretien du lieu, voir un abandon progressif. Le problème FW�UVCVWV�UG�RQUG�CWUUK�FCPU�NG�ECU�FGU�GURCEGU�PQP�FÅƂPKU�FCPU�NGU�ITCPFU�RTQLGVU�WTDCKPU���NGU�GURCEGU�TÅUKFWGNU��2QWT�CWVCPV��VQWVGU�EGU�caractéristiques de lieux ne conduisent pas systématiquement à des espaces morts. Un espace peut être monofonctionnel et pour autant UWHƂTG�¼�WP�WUCIG�TÅIWNKGT�FG�NoJCDKVCPV��%GNC�PQWU�QDNKIG�¼�CXQKT�WP�regard critique sur ces espaces et à réellement prendre en compte VQWVGU�NGU�ECTCEVÅTKUVKSWGU�FW�UKVG�CƂP�FG�PG�RCU�UVKIOCVKUGT�VQWU�NGU�NKGWZ�SWK�PQWU�UGODNGPV�RCWXTGU�GP�FÅNCKUUÅU��.G�NKGW�UG�FÅƂPKV�FQPE�RCT�son usage et son utilité par rapport à son environnement plus ou moins proche. Le projet dit FLEMME (Front de Libération des Espaces Morts Mais Exploitables) s’implantait alors dans le quartier Berriat soit par la réhabilitation d’un bâtiment ou par un aménagement urbain. On peut alors constater que leurs analyses retrouvent une sorte de lien avec les VTCXCWZ�FG�SWCNKƂECVKQP�FoGURCEG�¼�TGEQPSWÅTKT�FG�4KEJCTF�4G[PQNFU��qui lui se pose la question du « QUI en est la cause » plutôt que le « QUOI ».

De leur côté, les deux étudiants de l’institut supérieur d’architecture de La Cambre (Belgique) ont rédigé une sorte d’essai faisant l’apologie de la friche, le délaissé et le tiers-paysage. Entre hymne à la friche, EQORCTCKUQP�FG�RTQLGVU�GV�FÅƂPKVKQP�FG�PQVKQPU��KNU�GZRQUGPV�NGU�HCEVGWTU�RTKPEKRCWZ� SWK� RGTOGVVGPV� UGNQP� GWZ� FG� FÅƂPKT� SWCVTG� V[RQNQIKGU�de friche. On retrouve alors les notions utilisées par l’IAURIF, soit la FKOGPUKQP�� NG� VGORU�GV� NC�PCVWTG�FG� NC� HTKEJG��%GRGPFCPV� KNU�CHƂPGPV�l’analyse du délaissé en y ajoutant la question de l’origine de la friche

20

(sociale / structurelle / marginale), la dualité plein – vide, la morphologie FW� UKVG� GV� GPƂP�� NG� RQVGPVKGN� FW� NKGW�� %GEK� RGTOGVVCPV� FG� FÅICIGT�SWCVTG� V[RQNQIKGU� FG� HTKEJGU� WTDCKPGU� �� �� NoKPVGTUVKEG� KPHTCUVTWEVWTGN� ��correspondant aux espaces non entretenus, lotis entre les réseaux viaires ou ferroviaires. « L’abandon architectural » qui concerne tout le parc bâti abandonné pour des raisons économiques, sociales, politiques ou sécuritaires. « L’intervalle périurbain » rassemblant tous NGU�FÅNCKUUÅU�FWU� CW�OCPSWG�FG�RNCPKƂECVKQP�FG� NoÅVCNGOGPV�WTDCKP��'PƂP��NG���TÅUKFW�UGEQPFCKTG���SWCNKƂCPV�VQWU�NGU�GURCEGU�UGEQPFCKTGU��ceux qu’on pourrait appeler « autres » et qui ne rentrent actuellement RCU�FCPU�NC�FÅƂPKVKQP�SWG�NoQP�UG�HCKV�FoWPG�HTKEJG�

0QWU� GUUC[GTQPU� FG� FÅƂPKT� NGU� FÅNCKUUÅU�� CWZ� TGICTFU� FGU� VTCXCWZ�précédemment exposés. Cependant, nous ne nous risquerons pas à ranger les délaissés dans une boite, puisque nous partons du constat qu’ils sont tous fondamentalement différents, et que leur catégorisation mènerait au lissage de leurs caractéristiques. L’enjeu ici PoÅVCPV�RCU�FG�NGU�ENCUUKƂGT��OCKU�RNWVÐV�FoÅVCDNKT�WPG�ƂEJG�FoKFGPVKVÅ�FW�NKGW�CƂP�FoGP�GZVTCKTG�VQWV�UQP�RQVGPVKGN��0QWU�NGU�CPCN[UGTQPU�UGNQP�FKHHÅTGPVU� HCEVGWTU��CƂP�FG�FÅVGTOKPGT� NGWTU� HQTOGU�� NGWTU�QTKIKPGU�GV�leurs devenirs. Nous nous intéresserons tout d’abord au contexte dans lequel s’inscrit le délaissé. Les friches sont tout d’abord multiples et complexes de part leurs dispersions sur la globalité du territoire, elles se retrouvent dans toutes situations géographiques (urbaine, rurale, péri-urbaine) ou secteurs d’activités. Ensuite nous nous attacherons à déterminer les origines de leurs déclins, selon les quatre formes de délaissé établis par les étudiants de la Cambre… Ces deux premières notions nous permettent alors de dresser un cadre, de comprendre le lieu en survolant son voisinage. Une friche ne se limite bien évidemment pas à sa limite parcellaire, mais elle aura un impact à une plus grande échelle, partagera quelques histoires avec les habitants avoisinants, traduira peut-être d’un problème économique de la ville, et deviendra

21

probablement un lieu qui fera parler de lui au delà de sa ruelle. 'PUWKVG��PQWU�VGPVGTQPU�FG�FTGUUGT�WPG�ƂEJG�FoKFGPVKVÅ�FW�NKGW��UWT�FGU�données plus pragmatiques telles que sa UWRGTƂEKG, sa morphologie (rapport plein-vide / forme globale du site) et déterminer une typologie de délaissé.

Ces dernières informations présentant alors le délaissé dans ces grandes lignes, intéressons nous maintenant à ses caractéristiques et FQPE�UQP�RQVGPVKGN�GP�FGXGPKT��#ƂP�FG�RQWXQKT�EQORCTGT�NGU�FKHHÅTGPVU�ÅNÅOGPVU�FG�PQVTG�EQTRWU��GV�FG�EKDNGT� NGU�EQPFKVKQPU�URÅEKƂSWGU�FG�chaque lieu avant occupation, nous allons établir une grille d’évaluation de chaque projet en nous focalisant sur des notions propres au site, à son environnement annexe et au lien entretenu entre ces deux espaces. Pour garder une cohésion graphique et ainsi faciliter la comparaison de projet, l’analyse des capacités du lieu se fera au travers un graphique en toile d’araignée8, que l’on retrouvera aussi dans les prochaines RCTVKGU�FW�OÅOQKTG�CƂP�FG�EQORTGPFTG�NoÅXQNWVKQP�FW�UKVG�

8. Graphique en toile d’araignée // Inspiré par les travaux d’analyses du PFE FLEMME / S. Fabiani, D. Gros, D. Pelletier

Statut

Accès

Visibilité

Fréquentation

Activitéeconnexe

Entretien

Activitérecensée

dégradé entretenumoyennement entretenu

nonentretenu

faible ounulle

moyenne importante

nulle importante

?

moyennefaible

aucunetotale génante basse

Statut

Accès

Visibilité

Fréquentation

Activitéeconnexe

Entretien

Activitérecensée

dégradé entretenumoyennement entretenu

nonentretenu

faible ounulle

moyenne importante

nulle importante

?

moyennefaible

aucunetotale génante basse

22

LE STATUTComme nous avons pu le voir précédemment, le statut juridique d’un UKVG�CWTC�WPG�KPƃWGPEG�RCTVKEWNKÄTG�UWT�UQP�GPVTGVKGP�GV�UQP�CEEGUUKDKNKVÅ��Nous différencierons alors trois statuts à l’échelle du délaissé���RTKXÅ��RTKXÅ� EQNNGEVKH� GV� RWDNKE�� .GU� NKOKVGU� RCTHQKU� ƃQWGU� GPVTG� GURCEGU�publics ou privés peuvent alors entrainer un délaissé faute d’entretien. C’est aussi le cas au cours de la récupération d’un bien familial ou les nombreux cas de litige entrainent petit à petit un abandon de la parcelle. Notons qu’en Espagne, la loi oblige un propriétaire privé à entretenir son terrain, auquel cas le propriétaire est passible d’amende. De plus, la question de l’accessibilité de l’espace est primordiale avant de pouvoir parler d’occupation, ou de veiller à rester dans une certaine légitimité.

Statut

Accès

Visibilité

Fréquentation

Activitéeconnexe

Entretien

Activitérecensée

privé privé collectif public

faible ou nulle

moyenne importante

inaccessible moyennementaccessible

accessible

ACCESSIBILITÉ/KUG� ¼� RCTV� NC� RQUUKDKNKVÅ� FoCEEÄU� LWUVKƂÅG� RCT� NG� UVCVWV� LWTKFKSWG� FW�délaissé, se pose aussi la question de la capacité à accéder au lieu, physiquement. Pour cette analyse, nous envisagerons la possibilité de passer de la rue au délaissé et à quel degré de faisabilité ce passage se fait. Selon un barème en trois points, nous évaluerons si le site est inaccessible ou totalement ouvert sur son environnement annexe.

Statut

Accès

Visibilité

Fréquentation

Activitéeconnexe

Entretien

Activitérecensée

privé privé collectif public

faible ou nulle

moyenne importante

inaccessible moyennementaccessible

accessible

23

LIMITE VISUELLENous considérerons ici les différentes manières de voir le site. La XKUKDKNKVÅ�FW�NKGW�PQWU�RCTNG�CNQTU�FG�FGWZ�KPVGPVKQPU�KORQTVCPVGU���XQKT�et être vu. En effet, un délaissé peut être plus facilement occupé si son appropriation n’est pas donnée à voir à tous les passants. Cependant cette pratique favorise le développement d’activité illicite. A contrario, si le site est exposé, il semble ouvert et convivial. L’appropriation est alors plus en lien avec le contexte avoisinant le site. On parlera alors de limite visuelle totale, gênante dans le cas de végétation ou grillage, basse et nulle.

Statut

Accès

Visibilité

Fréquentation

Activitéeconnexe

Entretien

Activitérecensée

dégradé entretenumoyennement entretenu

nonentretenu

faible ounulle

moyenne importante

nulle importante

?

moyennefaible

aucunetotale génante basse

ACTIVITÉ CONNEXELa question de « ce qu’il y a autour » semble très importante dans NC�XQNQPVÅ�FG�TGSWCNKƂGT�WP�GURCEG�délaissé. En effet, l’occupation du délaissé�PG�UWHƂV�RCU�¼�UQP�DQP�HQPEVKQPPGOGPV�GV�NG�TGEGPUGOGPV�FGU�CEVKXKVÅU�CPPGZGU�RGWV�CNQTU�RGTOGVVTG�WP�XTCK�TCRRQTV�CW�SWCTVKGT�CƂP�de redynamiser le lieu. Cette notion replace aussi le délaissé à l’échelle FG�UQP�VGTTKVQKTG�GV�UKVWG�NGU�WUCIGU�¼�ƂIWTGT�FCPU�EGVVG�CRRTQRTKCVKQP�

Statut

Accès

Visibilité

Fréquentation

Activitéeconnexe

Entretien

Activitérecensée

dégradé entretenumoyennement entretenu

nonentretenu

faible ounulle

moyenne importante

nulle importante

?

moyennefaible

aucunetotale génante basse

24

FRÉQUENTATION#W�OÆOG�VKVTG�SWG�NoCEVKXKVÅ�EQPPGZG��EGVVG�PQVKQP�RGTOGV�FG�EQPPCÊVTG�les personnes qui pourraient être impliquées dans le projet, ainsi que celles qui se sont déjà emparées du site. De plus, dans la découverte du lieu, il est intéressant de pouvoir recueillir la parole de plusieurs JCDKVCPVU�XQKUKPU��CƂP�FG�OKGWZ�EQORTGPFTG�NoGURCEG�¼�VTCXCKNNGT��&CPU�le cas où l’on parle plus de la fréquentation du délaissé, on remarquera NoKPƃWGPEG�SWG�RGWV�CXQKT�WP�GURCEG�QEEWRÅ�RCT�WP�RNWU�ITCPF�PQODTG�de personnes, et comment cela crée l’événement et l’attractivité du lieu.

Statut

Accès

Visibilité

Fréquentation

Activitéeconnexe

Entretien

Activitérecensée

privé privé collectif public

faible ou nulle

moyenne importante

inaccessible moyennementaccessible

accessible

ACTIVITÉ RECENSÉECette notion a pour enjeux de faire le listing des dispositifs mis en place, ou non, pour susciter une appropriation de chacun, la capacité à créer de l’usage. Elle peut se traduire par le relief du site, la présence FG� OQDKNKGT� WTDCKP�� NG� FÅXGNQRRGOGPV� FG� NC� HCWPG� GV� NC� ƃQTG�� NGU�premières traces d’une occupation passée ou présente … Selon un critère d’évaluation en quatre points, nous déterminerons si l’espace dispose de beaucoup de prises, peu ou pas du tout.

Statut

Accès

Visibilité

Fréquentation

Activitéeconnexe

Entretien

Activitérecensée

dégradé entretenumoyennement entretenu

nonentretenu

faible ounulle

moyenne importante

nulle importante

?

moyennefaible

aucunetotale génante basse

25

ENTRETIENLe sujet de l’entretien général du délaissé traduit plusieurs critères. Elle tend à nous parler de sa fréquentation, de son statut juridique et de ces usages. En effet, si le lieu est entretenu, il y a de fortes possibilités pour que l’espace ne soit alors plus considéré comme délaissé aux yeux du passant, même s’il ne sera pas pour autant utilisé, l’espace entretenu traduit d’une considération de l’espace par une RGTUQPPG�NCODFC��#ƂP�FoÅXCNWGT�EGVVG�FGTPKÄTG�PQVKQP��NC�FGUETKRVKQP�de l’entretien du délaissé se fera selon quatre points, présentant le cas d’un lieu dégradé jusqu’à un espace bien entretenu.

Statut

Accès

Visibilité

Fréquentation

Activitéeconnexe

Entretien

Activitérecensée

dégradé entretenumoyennement entretenu

nonentretenu

faible ounulle

moyenne importante

nulle importante

?

moyennefaible

aucunetotale génante basse

26

ANALYSE DES ÉLÉMENTS DU CORPUS //

#ƂP� FG� FÅEQWXTKT� NGU� FKHHÅTGPVU� FÅNCKUUÅU� ÅVWFKÅU� CW�cours de ce mémoire, nous tenterons d’analyser et de catégoriser les sites selon les différentes notions exposées dans cette dernière partie. Une première étape présentant globalement le contexte dans lequel s’inscrit le délaissé, permettant alors de comprendre son rapport au site, la nature de sa mise en retrait et la capacité à se relever. Par la suite, on dressera les caractéristiques propres de chaque éléments de corpus via le graphique en toile d’araignée, OKUG� ¼� RNCVU� UWT� NC� OÆOG� HGWKNNG�� CƂP� FG� RQWXQKT� NGU�comparer un à un.

27

4x plus petit

500 m

YES

WE C

AMP

2013

//

Yes We Camp / Ville : MARSEILLE / © www.mapbox.com

50 m

%106':6'���périurbain 14+)+0'5�� intervalle périurbaine

572'4(+%+'���11 300 m2. /142*1.1)+'�� vide6;21.1)+'���friche portuaire

28

500 m

LA R

ESER

VE /

/

La Réserve / Ville : LYON / © www.mapbox.com

10 m

%106':6'�� périurbain14+)+0'5���TÅUKFW�UGEQPFCKTG

572'4(+%+'�� 1 600 m2./142*1.1)+'�� vide6;21.1)+'�� terrain vague

29

500 m

SUR

LA P

LACE

PUB

LIQUE

//

Sur la place publique / Ville : SAINT JEAN EN ROYANS / © www.mapbox.com

10 m

%106':6'�� rural 14+)+0'5�� abandon architectural

572'4(+%+'�� 750 m2. /142*1.1)+'�� plein6;21.1)+'�� habitat vacant

30

500 m

PLAC

E AU

CHA

NGEM

ENT

//

Place au changement / Ville : SAINT ETIENNE / © www.mapbox.com

10 m

%106':6'�� urbain 14+)+0'5�� abandon architectural

572'4(+%+'�� 725 m2. /142*1.1)+'�� vide6;21.1)+'�� terrain vague

31

500 m

LES

ANCIE

NNES

CAR

TOUC

HERIE

S //

Les anciennes cartoucheries / Ville : RENNES/ © www.mapbox.com

10 m

%106':6'���périurbain14+)+0'5���intervalle périurbaine

572'4(+%+'�� 900 m2./142*1.1)+'�� vide6;21.1)+'���friche militaire

32

500 m

LE C

AILLO

U //

Le caillou / Ville : NANTES / © www.mapbox.com

10 m

%106':6'���urbain 14+)+0'5�� interstice infrastructurelle

572'4(+%+'���1 000 m2. /142*1.1)+'���vide6;21.1)+'�� friche ferroviaire

33

500 m

LE 2

-4 T

ERRA

IN(S)

D’EX

PRES

SION(

S) A

SSOC

IATIVE

(S) /

/

Le 2-4 / Ville : PRÉ-EN-PAIL / © www.mapbox.com

10 m

%106':6'���rural 14+)+0'5���abandon architectural

572'4(+%+'�� 875 m2. /142*1.1)+'���plein6;21.1)+'���friche commerciale

34

YES WE CAMP 2013 //

%106':6'���périurbain 14+)+0'5�� intervalle périurbaine

572'4(+%+'���11 300 m2. /142*1.1)+'�� vide6;21.1)+'���friche portuaire

Statut

Accès

Visibilité

Fréquentation

Activitéeconnexe

Entretien

Activitérecensée

YWC 2013av. friche

Statut

Accès

Visibilité

Fréquentation

Activitéeconnexe

Entretien

Activitérecensée

La réserveav. friche

Statut

Accès

Visibilité

Fréquentation

Activitéeconnexe

Entretien

Activitérecensée

sur la place publiqueav. friche

Statut

Accès

Visibilité

Fréquentation

Activitéeconnexe

Entretien

Activitérecensée

place au chgtav. friche

Statut

Accès

Visibilité

Fréquentation

Activitéeconnexe

Entretien

Activitérecensée

le caillouav. friche

Statut

Accès

Visibilité

Fréquentation

Activitéeconnexe

Entretien

Activitérecensée

ancienne cartouch.av. friche

Statut

Accès

Visibilité

Fréquentation

Activitéeconnexe

Entretien

Activitérecensée

sur la place publiqueav. friche

LA RÉSERVE //

%106':6'�� périurbain 14+)+0'5���TÅUKFW�UGEQPFCKTG

572'4(+%+'�� 1 600 m2. /142*1.1)+'�� vide6;21.1)+'�� terrain vague

SUR LA PLACE PUBLIQUE //

%106':6'�� rural 14+)+0'5�� abandon architectural

572'4(+%+'�� 750 m2. /142*1.1)+'�� plein6;21.1)+'�� habitat vacant

Statut

Accès

Visibilité

Fréquentation

Activitéeconnexe

Entretien

Activitérecensée

YWC 2013av. friche

Statut

Accès

Visibilité

Fréquentation

Activitéeconnexe

Entretien

Activitérecensée

La réserveav. friche

Statut

Accès

Visibilité

Fréquentation

Activitéeconnexe

Entretien

Activitérecensée

sur la place publiqueav. friche

Statut

Accès

Visibilité

Fréquentation

Activitéeconnexe

Entretien

Activitérecensée

place au chgtav. friche

Statut

Accès

Visibilité

Fréquentation

Activitéeconnexe

Entretien

Activitérecensée

le caillouav. friche

Statut

Accès

Visibilité

Fréquentation

Activitéeconnexe

Entretien

Activitérecensée

ancienne cartouch.av. friche

Statut

Accès

Visibilité

Fréquentation

Activitéeconnexe

Entretien

Activitérecensée

sur la place publiqueav. fricheStatut

Accès

Visibilité

Fréquentation

Activitéeconnexe

Entretien

Activitérecensée

YWC 2013av. friche

Statut

Accès

Visibilité

Fréquentation

Activitéeconnexe

Entretien

Activitérecensée

La réserveav. friche

Statut

Accès

Visibilité

Fréquentation

Activitéeconnexe

Entretien

Activitérecensée

sur la place publiqueav. friche

Statut

Accès

Visibilité

Fréquentation

Activitéeconnexe

Entretien

Activitérecensée

place au chgtav. friche

Statut

Accès

Visibilité

Fréquentation

Activitéeconnexe

Entretien

Activitérecensée

le caillouav. friche

Statut

Accès

Visibilité

Fréquentation

Activitéeconnexe

Entretien

Activitérecensée

ancienne cartouch.av. friche

Statut

Accès

Visibilité

Fréquentation

Activitéeconnexe

Entretien

Activitérecensée

sur la place publiqueav. friche

PLACE AU CHANGEMENT //

%106':6'�� urbain 14+)+0'5�� abandon architectural

572'4(+%+'�� 725 m2. /142*1.1)+'�� vide6;21.1)+'�� terrain vague

Statut

Accès

Visibilité

Fréquentation

Activitéeconnexe

Entretien

Activitérecensée

YWC 2013av. friche

Statut

Accès

Visibilité

Fréquentation

Activitéeconnexe

Entretien

Activitérecensée

La réserveav. friche

Statut

Accès

Visibilité

Fréquentation

Activitéeconnexe

Entretien

Activitérecensée

sur la place publiqueav. friche

Statut

Accès

Visibilité

Fréquentation

Activitéeconnexe

Entretien

Activitérecensée

place au chgtav. friche

Statut

Accès

Visibilité

Fréquentation

Activitéeconnexe

Entretien

Activitérecensée

le caillouav. friche

Statut

Accès

Visibilité

Fréquentation

Activitéeconnexe

Entretien

Activitérecensée

ancienne cartouch.av. friche

Statut

Accès

Visibilité

Fréquentation

Activitéeconnexe

Entretien

Activitérecensée

sur la place publiqueav. friche

35

LES ANCIENNES CARTOUCHERIES //

%106':6'���périurbain 14+)+0'5���intervalle périurbaine

572'4(+%+'�� 900 m2. /142*1.1)+'�� vide6;21.1)+'���friche militaire

Statut

Accès

Visibilité

Fréquentation

Activitéeconnexe

Entretien

Activitérecensée

YWC 2013av. friche

Statut

Accès

Visibilité

Fréquentation

Activitéeconnexe

Entretien

Activitérecensée

La réserveav. friche

Statut

Accès

Visibilité

Fréquentation

Activitéeconnexe

Entretien

Activitérecensée

sur la place publiqueav. friche

Statut

Accès

Visibilité

Fréquentation

Activitéeconnexe

Entretien

Activitérecensée

place au chgtav. friche

Statut

Accès

Visibilité

Fréquentation

Activitéeconnexe

Entretien

Activitérecensée

le caillouav. friche

Statut

Accès

Visibilité

Fréquentation

Activitéeconnexe

Entretien

Activitérecensée

ancienne cartouch.av. friche

Statut

Accès

Visibilité

Fréquentation

Activitéeconnexe

Entretien

Activitérecensée

sur la place publiqueav. friche

LE CAILLOU //

%106':6'���urbain 14+)+0'5�� interstice infrastructurelle

572'4(+%+'���1 000 m2. /142*1.1)+'���vide6;21.1)+'�� friche ferroviaire

LE 2-4 //terrain(s) d’expression(s) associative(s)

%106':6'���rural 14+)+0'5���abandon architectural

572'4(+%+'�� 875 m2. /142*1.1)+'���plein6;21.1)+'���friche commerciale

Statut

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Via cette première comparaison de projets, on peut effectivement constater la complexité de ne parlé que d’un seul délaissé. Ces lieux sont différents selon un ensemble de critères, tant par le contexte avoisinant qu’en ce qui caractérise le site.

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LES OUTILS D’ANALYSES //Au même titre que le travail d’analyse effectué par les étudiants de l’école d’architecture de Grenoble, de nombreux outils ont vu le jour CƂP�FoKFGPVKƂGT�NGU�GURCEGU�¼�TGEQPSWÅTKT�CW�EyWT�FoWPG�XKNNG��&CPU�NG�cas des travaux d’aménagements ponctuels ou éphémères fabriqués par un collectif, ces outils font l’objet d’une méthodologie de prise de site et permettent une première concertation avec le public. Ce RTGOKGT� OQOGPV� FoKFGPVKƂECVKQP� FW� NKGW� GUV� VTÄU� KORQTVCPV� CƂP� FG�mener un projet cohérent. D’ailleurs, n’est-ce pas la toute première étape d’une conception de projet pour un architecte, un urbaniste ou WP�RC[UCIKUVG���RTGPFTG�EQPPCKUUCPEG�FW�NKGW��

7PG� RTGOKÄTG� RJCUG� EQPUKUVG� ¼� FÅICIGT� NGU� \QPGU� UWT� NGUSWGNNGU�intervenir. Comme nous avons pu l’expliquer précédemment, les espaces délaissés sont relativement nombreux dans nos environnements quotidiens et se déclinent de plusieurs manières. Il est donc intéressant FG�EKDNGT�NGU�RQVGPVKGNU�GURCEGU�GP�FGXGPKT�¼�FKHHÅTGPVGU�ÅEJGNNGU���EGNNG�du territoire, de la ville ou du quartier selon le projet. De part l’évolution de notre société et des moyens techniques employés aujourd’hui, on FKUVKPIWG�FGWZ�CRRTQEJGU�FW�UKVG��QP�RQWTTCKV�NGU�SWCNKƂGT�VQWVGU�FGWZ�d’intramuros ou extramuros. En effet, avec l’évolution technique et d’accessibilité d’internet, on voit de plus en plus de plateforme de démarches collectives se créer derrière nos écrans. Citons comme exemple le site internet blablacar, qui a su, via sa plateforme, bouleverser les manières de se déplacer et inverser les manières d’appréhender le territoire. Dans le cadre de projet d’aménagement urbain, nous nous intéresserons au cartes interactives destinées à susciter des débats à l’échelle d’un quartier ou d’un territoire, tel que le site internet carticipe. La plateforme www.carticipe.net a été créée en 2013 par le bureau d’étude Repérage Urbain. D’abord utilisée dans la ville de Laval (en Mayenne) durant 7 mois, elle est aujourd’hui proposée sur les villes

9. Site internet de co-voiturage en France / www.covoiturage.fr

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FG�5VTCUDQWTI�GV�/CTUGKNNG��.G�RTKPEKRG�GUV�TGNCVKXGOGPV�UKORNG���KN�UWHƂV�FG�RNCEGT�WPG�DWNNG�UWT�NC�ECTVG��CƂP�FG�UKIPCNGT�WP�DGUQKP��FG�FÅDCVVTG�d’un projet ou de désigner un espace délaissé à reconquérir. L’outil n’a pas pour vocation de remplacer les débats publics, mais au contraire FG� NCKUUGT� NC� RCTQNG� ¼� WPG� CWVTG� RQRWNCVKQP� RNWU� FKHƂEKNG� ¼� VQWEJGT��De la même manière, Richard Reynolds propose une plateforme collaborative pour initier les démarches de guérilla jardinière, cibler les lieux propices au développement de ce projet, inviter des participants à l’action …

Plateforme collaborative installée sur la ville de Laval/ © www.carticipe.net

.C�OKUG�GP�TGNCVKQP�FG�RTQLGVU��FoGPXKGU��QW�FG�TÅƃGZKQPU�¼�VTCXGTU�NGU�plateformes collaboratives que l’on peut retrouver sur internet n’est bien sûr pas la seule manière de recueillir la parole des occupants du territoire étudié. Bien souvent ces outils représentent une initiative des KPUVKVWVKQPU�CW�RQWXQKT���OCKTKGU��EQNNGEVKXKVÅU�VGTTKVQTKCNGU��GV�RGTOGVVGPV�

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alors de concevoir de grands projets de développement urbain. L’exercice pour autant ne s’applique pas systématiquement au travers des possibilités informatiques qui nous sont offertes et évoluent depuis ces dernières années, mais peut aussi être appliqué in situ, directement avec l’habitant. En 2010, l’association démocratie créative et le collectif etc proposent de s’approprier les panneaux publicitaires de NC�XKNNG�FG�5VTCUDQWTI�CƂP�FG�EQPEGXQKT�WPG�ECTVG�EQNNCDQTCVKXG��7PG�UKORNG�RJQVQ�CÅTKGPPG�XKGPV�CNQTU�TGORNCEGT�NG�EWOWN�FoCHƂEJGU�GV�RCT�un jeu de quadrillage invite le passant à y apposer un avis, une anecdote ou une envie. L’idée est de proposer aux passants de raconter leurs petites expériences vécues dans Strasbourg, de l’écrire sur un post-it et FG�NoCEEQNGT�¼�NC�RJQVQ�CÅTKGPPG��#�NC�ƂP�FG�NC�LQWTPÅG��NC�ECTVG�FGXKGPV�OQUCËSWG�� GNNG� UG� EJCTIG�FoJKUVQKTGU�� GV� FKURCTCÊV� RQWT� NCKUUGT� RNCEG�aux souvenirs des strasbourgeois. Ce travail de cartographie ouverte permet alors de découvrir le territoire et de toucher, de manière ludique et attractive, un autre public que celui habituellement concerté dans une démarche de projet. L’exemple ici n’avait pas d’intérêt direct à NoKFGPVKƂECVKQP� FG� délaissés, cependant on peut aisément imaginer CRRNKSWGT�EG�IGPTG�FG�RTCVKSWG�CƂP�FG�FÅEQWXTKT�NGU�VGTTCKPU�SWK�UQPV�considérés par les habitants comme abandonnés, négligés, inoccupés.

Dans le cadre d’une intervention à plus petite échelle, un démarche in situ s’exécute aussi avant l’occupation d’un délaissé. L’enjeu étant de compiler une carte des différents lieux considérés comme abandonnés ou sans usage au travers les expériences de chacun. L’exercice peut être exécuté seul ou collectivement. Notons qu’une compilation RGTUQPPGNNG� RGWV� ÆVTG� TGNCVKXGOGPV� RCWXTG� VCPV� FG�RCTV� NC� FÅƂPKVKQP�des espaces étudiés que par la posture d’anonymat que peuvent prendre certains espaces non explorés. Cependant, nous pouvons citer en exemple les travaux du photographe Philippe vasset10 qui

10. VASSET Philippe / UN LIVRE BLANC / Editions Fayard, 2007 www.www.unsiteblanc.com

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met en contraste les espaces délaissés du reste de la ville, grâce à des photos satellites où le délaissé�CRRCTCÊV�GP�DNCPE��GV� NG�TGUVG�FG�NC�XKNNG�FCPU�WPG�VGKPVG�FG�PQKT��#ƂP�FG�TÅCNKUGT�EGV�KPXGPVCKTG��EGTVCKPU�EQNNGEVKHU�RCTVGPV�¼� NC�TGPEQPVTG�FGU�JCDKVCPVU�CƂP�FG�EQPPCÊVTG� NGWTU�sentiments envers ces délaissés�� FoCRRTGPFTG� ¼� NGU� SWCNKƂGT� CXGE�eux et de localiser tous les espaces vécus comme une tare dans la ville. L’initiative permet alors d’impliquer l’habitant dans ce premier arpentage du site et d’obtenir ainsi une nouvelle image graphique de la ville, base de données porteuse de projet en devenir. Lors d’une de ces interventions, le collectif de paysagistes Coloco propose d’arpenter le site à la rencontre des habitants. Ils ont ainsi parcouru le territoire de la communauté d’agglomération des lacs de l’Essonne NG� FKOCPEJG� ��� ,WKP� ������ UWT� NGWTU� DKE[ENGVVGU� TQUGU� ƃWQ�� EJCTIÅU�d’un module itinérant favorisant les échanges et débats d’idées sur le territoire étudié. L’atelier permet alors de regrouper des habitants autour d’une carte de leur territoire et de questionner les différents espaces propices aux développements du lieu.

Le PIIT en action / Les lacs de l’Essonne / © www.coloco.org

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7PG� HQKU� EKDNÅ�� KN� UoCIKV� FoKFGPVKƂGT� NG� NKGW�� CRRTGPFTG� ¼� NG� EQPPCÊVTG��7PG� RTGOKÄTG� VGEJPKSWG� RGWV� ÆVTG� CNQTU� GPXKUCIÅG� �� ¼� NoKOCIG� FGU�travaux du collectif Stalker on vient arpenter le site, marcher à travers la friche pour en capter toute son essence et se faire sa propre idée du NKGW��HCKTG�PCÊVTG�UQP�RTQRTG�KOCIKPCKTG�HCEG�¼�EG�EJCOR�FGU�RQUUKDNGU��Certains collectifs anticipent aussi ce moment de découverte du lieu pour inviter les voisins de la friche à partager leurs expériences du lieu, et ainsi découvrir son histoire. Il est possible alors de cumuler NGU� FGWZ� RTCVKSWGU�� CƂP� FG� RTÅXQKT� WPG� RTGOKÄTG� RJCUG� FG� TÆXGTKG�et permettre à une approche sensible de se faire une place dans le coin de sa tête. Ensuite, on vient alors confronter la réalité du lieu, les blessures qu’il porte avec lui et confronter ces idées à celles des RGTUQPPGU�SWK�QPV�VQWLQWTU�XW�EG�UKVG�EQOOG�WP�XKFG��#ƂP�FG�TGEWGKNNKT�ces informations du grand public, de nombreux collectifs ont mis au RQKPV� WP� U[UVÄOG�FG� ƂEJGU�FoKFGPVKƂECVKQPU�FG� HTKEJG��%GU� ƂEJGU� UG�FÅENKPGPV�UQWU�RNWUKGWTU�HQTOGU�ECTVGU�RQUVCNGU��SWGUVKQPPCKTGU��ƂEJGU�FoKFGPVKƂECVKQPU��GV�RGTOGVVGPV�CNQTU�FoCPPQVGT�NG�TGUUGPVK�FW�RCUUCPV��de prendre la parole de chacun. Les membres du collectif etc, qui sont intervenus dans plusieurs petits villages pendant leur projet « détour de France », partaient à la recherche d’informations sur les sites à TGSWCNKƂGT�GP�HCKUCPV�FW�RQTVG�¼�RQTVG�CƂP�FoKPVGTTQIGT�NGU�JCDKVCPVU��FG�UG�HCKTG�EQPPCÊVTG�GV�FG�TGEWGKNNKT�SWGNSWGU�CPGEFQVGU��.C�EQNNGEVG�de ces histoires personnelles en faveur des lieux était alors compilée et restituée au public au cours d’un goûter, un apéro ou une soirée. Rassemblant ainsi toutes les personnes autour du lieu, ils invitaient les habitants à partager leurs expériences personnelles, à découvrir le lieu GV�¼�GPVTGXQKT�WP�RQVGPVKGN�RTQLGV�FG�TGSWCNKƂECVKQP�FG�NoGURCEG�

On peut voir au travers ces exemples qu’il existe de nombreuses formes d’analyses de ces sites, il est d’ailleurs intéressant de voir qu’aucune méthodologie n’est à préconiser plus qu’une autre. Le sujet du délaissé étant tellement vaste et différent selon le site étudié qu’il n’est pas

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rare de voir un collectif proposer une nouvelle approche d’analyse, totalement différente de celles exécutées auparavant. Ce travail est à la limite de la concertation pour générer du projet, on s’approche petit à petit du moment de conception. Il n’est pour autant pas inhabituel de découvrir un morceau de l’histoire du délaissé au cours de sa transformation. Les projets sur lesquels nous nous concentrons appliquant des techniques d’auto-construction et de fabrication collective, de nouvelles anecdotes viendront alors enrichir le projet au cours de chaque étape. C’est justement en mettant le pied sur le site, en passant à l’action, que les idées se bousculent et qu’on laisse entrer le possible changement du lieu.

Au regard du travail de Lauren Andres, il est intéressant de constater l’évolution du statut de la friche, et de son caractère mutable. En effet, dans cette première partie nous sommes alors passés d’une phase d’avant friche à celle de friche à proprement dit. L’avant friche correspond à l’abandon progressif des fonctions initiales du site et s’applique donc ici à l’évolution d’un lieu vers un délaissé. Le délaissé, forme d’espace négligé et soustrait à aucun usage, s’assimile alors à cette seconde phase, dite de friche. Nous verrons dans les prochaines parties comment franchir cette phase, les différents temps à traverser pour redevenir un espace à proprement dit et non-plus un délaissé.

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« La nature a organisé de façon extraordinaire le désordre sur la terre. Faire du neuf est possible SWG� UK� NoQP� HCKV� FG� NoCWVTG�� FG� NoKORTÅXW�� FG�NoKPPCVGPFW�� ����� .C�RQUUKDKNKVÅ�FG� TGPEQPVTG� ETÅG�WPG�TÅCNKVÅ�PQWXGNNG���KN�Po[�C�RCU�UGWNGOGPV�VQK�GV�OQK��OCKU�VQK�CXGE�OQK��,oCK�DGUQKP�FG�TGPEQPVTGT�NoCWVTG��GP�RCTVCIGCPV�CXGE�NWK��£C�PG�FÅRGPF�SWG�FG�PQWU�FoCXQKT�WPG�RNCPÄVG�SWK�UQKV�GP�RTQRTKÅVÅ�collectice. »

Propos de Albert Jacquard.'ZVTCKV�FW�ƂNO�FG�/CTKG�/affre :AINSI SQUATTENT-ILS ...

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PARTIE 2Le temps d’attente et la concertation

L’OCCUPATION, UNE PRATIQUE NOUVELLE ?La posture qui nous intéresse alors, d’un point de vue sociologique, urbanistique et architectural est bien sûr l’appropriation de ces lieux. À contrario de la démarche de Gilles Clément qui est d’admirer ces friches en perpétuels mouvements, nous nous intéresserons aux différentes interventions qui sont menées pour transformer le lieu. Il ne s’agit pas non plus d’une réhabilitation du lieu pour construire un projet lambda, OCKU� CW� EQPVTCKTG�� FoQRÅTGT� WPG� TGEQPSWÆVG� UKORNG�� CƂP� FoCHƂPGT�cet espace, de le rendre accessible et l’ouvrir à la réappropriation. L’occupation de ces terrains mis au rebus permet, par la fabrication collective, de transformer ces « déchets » en ressource. L’occupation traduit une montée en politique de l’habitant, soit pour embellir les espaces de son quotidien, offrir de meilleurs coins de rencontre et de partage, ou une volonté de manifester son mécontentement en s’appropriant le lieu comme le symbole d’une alternative aux démarches de la politique de la ville.

Cette seconde partie appartient à l’histoire de la friche, ou du mois à ce qu’elle aspire à devenir. On considérera que ce temps correspond au temps d’attente de Lauren Andres, de part sa posture à générer WPG�TÅƃGZKQP�UWT�NoGURCEG�FÅNCKUUÅ�OCKU�UCPU�RQWT�CWVCPV�NG�VTCXCKNNGT�pour l’instant (rappelons la citation précédente de Patrick Bouchain). Ce moment clé permet alors de récolter un maximum d’informations RQWT�RQWXQKT�NGU�TÅKPLGEVGT�FCPU�WP�RTQLGV�FoQEEWRCVKQP�EQJÅTCPV��#ƂP�de mieux comprendre les enjeux de la réactivation de ces délaissés, nous rappellerons les formes d’occupations vécues ces cinquante dernières années. Ensuite, nous tenterons de comprendre les étapes de concertation opérées dans les éléments du corpus, leurs rôles et les techniques appliquées pour recueillir la parole de chacun.

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« .oCEVG�FoQEEWRCVKQP�VTCXCKNNG�NGU�NKIPGU�FG�RCTVCIG��KN�QWXTG�WP�CPVCIQPKUOG�UWT�EG�SWK�HCKV�HTQPVKÄTG�FCPU�NC�UQEKÅVÅ�s�HTQPVKÄTG� GPVTG� NGU� NKGWZ� XCNQTKUÅU� GV� NGU� NKGWZ�FKUSWCNKƂÅU��GPVTG� NGU� RCTQNGU� CWVQTKUÅGU� GV� NGU� RCTQNGU� KPCWFKDNGU��entre les corps performants et les corps silencieux. Il est KOOÅFKCVGOGPV� UWDXGTUKH�� FW� HCKV� FG� EG� SWoKN� KORNKSWG�GV� RTQXQSWG�� RCT� NC� PCVWTG� OÆOG� FW� OQWXGOGPV� SWoKN�GPENGPEJG���WPG�EQPVTG�RCTQNG�GV�WPG�EQPVTG�RTÅUGPEG�SWK�ÅOGTIGPV�FG�NoKPVÅTKGWT�GV�XKGPPGPV�DTKUGT�NGU�FÅNKOKVCVKQPU�acquises. »

Pascal Nicolas-Le Strat / MULTIPLICITÉ INTERSTICIELLE

Rappelons alors les différentes appropriations qui ont émergé depuis ces cinquante dernières années. Bien sûr, il y a eu les travaux de Gordon Matta clark et du collectif Stalker dont nous avons parlé au début de ce mémoire, mais ces démarches se positionnent d’une toute autre OCPKÄTG���KNU�PG�EJGTEJGPV�RCU�¼�VTCPUHQTOGT�NG�délaissé pour offrir cet « autre » que nous souhaitons questionner, mais présentent le lieu d’un autre point de vue. En outre, leurs travaux sont en quelque sorte une prémisse à la reconquête de ces espaces. Ils nous ont ouvert les yeux, et ont laissé place à d’autres pour se les approprier. Nous développerons donc dans cette sous-partie les démarches présentées comme une alternative à « l’habiter et se nourrir en ville » et nous déplacerons le sujet de l’appropriation vers les actions plus récentes, individuelles ou collectives.

Dans les années 90, après la chute du mur de Berlin, on voit réapparaitre une nouvelle forme d’occupation, luttant contre la politique de l’époque en faveur des espaces délaissés de l’après-guerre. Le constat est simple, de nombreuses ruines de bâtiments se sont accumulées entre guerres et crises industrielles. L’opportunité de ces lieux vacants

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initie alors une appropriation de ces immeubles vides pour offrir une PQWXGNNG�GZRÅTKGPEG�FG�XKG�CNVGTPCVKXG���WP�USWCV��.G�VGTOG�FG�USWCV�CRRCTCÊV�FÄU�NG�:8++G�UKÄENG��NQTUSWG�FGU�RC[UCPU�CPINCKU��CRRGNÅU�RCT�NC� UWKVG� �� FKIIGTU� ��� UG� UQPV� CRRTQRTKÅU� KNNÅICNGOGPV� FGU� VGTTGU� CƂP�FG�NGU�EWNVKXGT��%G�RJÅPQOÄPG�FG�USWCV�TÅCRRCTCÊV�CNQTU�CW�UKVWCVKQP�d’après-guerre, suite aux crises économiques ou à un mouvement alternatif de la société. La nouvelle vague de squat des années 90 s’inspire alors des autres mouvements d’occupation des vingt années RCUUÅGU���WP�OQWXGOGPV�RNWVÐV�TÅXQNWVKQPPCKTG�FCPU�NGU�CPPÅGU����GV�un autre plus alternatif dans les années 80. Tout en apportant un certain contraste, puisqu’ils deviennent par la même occasion moins politisés, ou on pourrait plutôt dire moins militants. Artistes, sans abris et toutes personnes en marge de la société vont alors occuper ces espaces comme lieux d’expérimentation de vie novatrice et collective, une volonté de créer un lieu d’hébergement alternatif et communautaire. On peut ainsi considérer que le squat participe à la construction d’un modèle économique alternatif et donc une vive critique contre l’accessibilité au logement. Ce lieu d’occupation devient alors un moyen de vivre ensemble. De ce fait, ils essaient de développer une gestion collective du quotidien, à travers la réhabilitation du lieu, l’organisation de rencontres et de débats, la création et la diffusion culturelles, l’organisation d’ateliers d’échange de savoirs, la mise en place FoGURCEG�FG� VTQE�SWoQP�CRRGNNG�EQWTCOOGPV�\QPGU�FG�ITCVWKVÅ��GVE� /CNJGWTGWUGOGPV�� NG�RJÅPQOÄPG� USWCV� UoGUV�GUUQWHƃÅ�GV�C�GW�RQWT�effet inverse d’effrayer une partie de la population envers ces lieux à reconquérir. L’essence même du mot « squatter » à évoluer dans NoKOCIKPCKTG�EQOOWP���CWLQWTFoJWK�EG�VGTOG�XÅJKEWNG�NoKOCIG�FG�NKGWZ�dégradés, insalubres ou occupés par les rebus de la société. On utilisera plutôt le terme « d’occupation » à défaut de squatter, mais on retiendra de ces pratiques la démarche militante, collective et CNVGTPCVKXG�CW�RTQƂV�FG�NoCRRTQRTKCVKQP�TÅEGPVG�FGU�délaissés.

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7PG� UGEQPFG� RTCVKSWG� PQWU� UGODNG� KPVÅTGUUCPVG� ¼� UQWNGXGT� KEK� ��l’agriculture urbaine. Ce principe d’agriculture rapporté dans la ville est apparu après la première guerre mondiale, aux Etats-Unis, avec l’arrivée des jardins ouvriers. La volonté initiale était d’offrir aux ouvriers une opportunité de cultiver la terre après le travail pour se procurer nature et bien être. Les jardins collectifs permettaient ainsi de s’émanciper, de s’aérer l’esprit, de rencontrer et d’échanger autour FoWP� OÆOG� NKGW� �� NG� LCTFKP�� %GVVG� FÅOCTEJG� UoGUV� CNQTU� NCTIGOGPV�déclinée sous plusieurs formes et se trouve aujourd’hui au cœur de nombreux projets d’aménagement public. Telle que nous le montre la prise de conscience, tant politique, qu’individuelle, ces espaces de culture offerts aux habitants sont d’excellents outils pour générer de la rencontre, de l’échange de savoir et animer un lieu. C’est exactement cette propriété du « cultivons ensemble » qui nous intéresse à l’échelle du délaissé. De nombreux projets d’occupation ont d’ailleurs saisi l’intérêt d’impliquer les habitants autour de jardins partagés pour, d’une part les inclure dans le projet et d’autre part faire vivre le lieu d’une manière plus pérenne.

Union street urban orchard / © www.waywardplants.org

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The Lake / © www.thelake.org.uk

Citons alors l’exemple du projet exécuté dans le cadre d’un festival londonien sur le site du 100 Union Street, terrain désaffecté du quartier de Bankside. En 2010, avec le soutien de bénévoles, habitants du quartier et associations locales, le collectif Wayward Plants a transformé le lieu en verger urbain et jardin collectif, proposant ainsi un nouveau lieu de rencontre éphémère. Depuis, le lieu s’est transformé petit à petit, proposant chaque année une nouvelle forme d’espace public �������,CTFKP�EQNNGEVKH����������,CTFKP�FGU�UKORNGU����������7PG�OCKUQP�publique). Aujourd’hui, ce lieu est occupé par un projet entrepris par le collectif EXYZT appelé The Lake (Projet toujours porté par le London festival of architecture). Le nouveau visage du 100 Union 5VTGGV�CEEWGKNNG�FGRWKU�NoCPPÅG�FGTPKÄTG�WP�NCE�CTVKƂEKGN��RNQPIGCPV�NGU�quelques centaines de mètres carrés du site sous l’eau.

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Parlons alors des initiatives d’appropriation de tous les jours, comment détourner un lieu pour proposer quelque chose d’autre et comment alors, on peut par sa simple présence changer le lieu. Le photographe Txema Salvans a justement travaillé sur le lien que peut entretenir l’occupation simple de poser une chaise au bord d’un délaissé. +N� RWDNKG� ƂPCNGOGPV� WP� NKXTG� �� �� VJG� YCKVKPI� ICOG� ��� QÕ� KN� RTÅUGPVG�plusieurs clichés de prostituées qui attendent un éventuel client dans NGU�RC[UCIGU�WTDCKPU�FÅUQNÅU�SWG�UQPV� NGU� \QPGU� KPFWUVTKGNNGU�QW� NGU�abords des routes. Le travail ici n’est pas tant de faire un portrait de ces jeunes femmes, mais bien au contraire d’une attitude inscrite dans le contexte du site. Patrick Bouchain explique lors d’un entretien à la radio sur son étude « la forêt des délaissés » que ces espaces délaissés, en marge de la société, sont souvent réappropriés justement par une communauté de gens délaissés aussi par la société.

Cependant l’occupation d’un délaissé s’accompagne de moins en moins d’une initiative orchestrée par un rebut de société, ou constaterons nous peut-être que de plus en plus de gens ne se sentent pas à leur place dans cette société actuelle. Bien que nous ayons pu constater les phénomènes de squat de ces dernières années et les nombreux exemples d’occupations simples présentées par Txema Salvans, de nombreuses personnes se sentent concernées par la fabrication de notre environnement. C’est le cas de Florian Rivière qui, en dehors de ses heures de travail en tant que barman, détourne l’aménagement urbain pour en offrir de nouvelles prises au passant. 5C�FÅOCTEJG�GUV�VQWVG�UKORNG���FGUUKPGT�WP�OKPK�VGTTCKP�FG�HQQV�UWT�WPG�place de parking, poser des cagettes autour d’un arbre pour proposer une bibliothèque libre, transformer deux portes vélos en banc public … Ce travail de bricolage urbain relève de « la petite appropriation »1 et nous permet alors d’entrevoir une volonté de l’habitant d’exploiter

1. Propos utilisé par Jean Loup Gourdon / 11 Février 1994���FCPU�WP�CTVKENG�RQWT�NG�SWQVKFKGP�.KDÅTCVKQP�����¥NQIG�RCTCFQZCN�FW�DKFQPXKNNG���

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UQP�GPXKTQPPGOGPV�SWQVKFKGP��.oQEEWRCVKQP�C�CNQTU�ÅXQNWÅG�CW�ƂN�FGU�années, d’une démarche plus personnelle ou communautaire, elle tend aujourd’hui à se généraliser dans l’espace public et s’ouvrir aux passants.

LE DROIT D’ACCES AUX TERRAINS //La première question, semblant nécessaire au bon déroulement d’un projet d’occupation, relève du droit d’accès au terrain. En effet, comme nous avons pu le voir dans l’analyse des sites étudiés, le statut juridique d’un délaissé� RGWV� XCTKGT� QW� ÆVTG� TGNCVKXGOGPV� ƃQW��Cependant, dans la mesure où l’état d’abandon du site devient une gêne pour un environnement commun, nous pouvons alors imaginer qu’en faveur d’un bien collectif l’occupation devient nécessaire. C’est du moins la leçon qu’on peut tirer des expériences de squats précédemment évoqués. On peut donc dire que l’occupation peut être illicite, mais légitime. Effectivement, partant du constat que le lieu est dans cet état de déclin pour cause d’un manque d’attention de son propriétaire, il revient aux personnes qui le côtoient quotidiennement NC�EJCTIG�FG�RTQƂVGT�FG�EGV�GURCEG�NKDTG�RQWT�RTQRQUGT�CWVTG�EJQUG��La première étape de prise de site, est en cela très importante. Il faut effectivement évaluer les différentes barrières qui vont alors bloquer la route à la réappropriation du lieu. Puisqu’il s’agit bien de cela ƂPCNGOGPV�� EQOOGPV� QEEWRGT� WP� GURCEG� PÅINKIÅ� FQPV� QP� PoC� RCU�autorité première ?

La prise de conscience collective en faveur de la réactivation de ces délaissés, tant par les institutions dirigeantes que par la population d’une ville, permet alors d’initier divers projets sur ces terrains en attente d’exploitation. Nous porterons ici une attention particulière sur

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les premières personnes qui ont porté le projet. Celle qui ont fait appel à des professionnels pour les aider dans la reconversion du délaissé. .QTUSWoWP�EQNNGEVKH�GUV�EQOOCPFKVÅ�RCT�WPG�KPUVKVWVKQP�RWDNKSWG��CƂP�de répondre à une commande portée sur la réappropriation d’un espace, la question de la possibilité d’accès ne se pose plus puisque le lieu est alors mis à disposition. Notons que ces projets peuvent tout de même être remis en cause par le changement de dirigeants locaux, les élections municipales de cette année en sont la preuve, notamment pour les projets de l’association De L’AIRE, exemples de la politisation de l’occupation d’un délaissé et des différentes barrières qui peuvent s’élever au cours du temps de fabrication du projet. On remarquera que dans les éléments du corpus, certains projets répondent à une commande publique, quand d’autres relèvent de l’initiative d’une association d’habitants. Ces initiatives répondent alors à des démarches totalement différentes, n’impliquant pas nécessairement NGU�OÆOGU�OQ[GPU�NQIKUVKSWGU��VGEJPKSWGU�GV�ƂPCPEKGTU��1P�FKUVKPIWGTC�CNQTU� SWCVTG� V[RGU� FoKPKVKCVKXGU� �� NC� EQOOCPFG� RWDNKSWG�� NC� XQNQPVÅ�d’association d’habitants, l’opportunité de l’expérimentation, ou la démarche personnelle.

Dans le cas d’une commande publique, le projet est soutenu par différents acteurs locaux, légitimant l’installation dans le délaissé (si toutefois la valeur foncière de l’espace appartient à la ville). Cette forme d’appel à projet orchestrée par les villes, s’inscrit souvent dans un projet plus global d’aménagement du territoire. C’est par exemple le cas du projet de Saint-Jean-en-Royans, coordonné par l’association &G�.o#+4'���KN�GUV�KPKVKÅ�RCT�NC�XKNNG��CƂP�FG�TGXQKT�UQP�2.7�GV�CPVKEKRGT�les espaces en déclin. Le projet du collectif etc à Saint Etienne suit la OÆOG�NKIPÅG��+UUW�FW�EQPEQWTU���FÅHTKEJG\�N¼����QTICPKUÅ�RCT�.o'2#5'�(Etablissement Public d’Aménagement de Saint Etienne) le projet a pour vocation de revaloriser la parcelle en vue d’un éventuel rachat par un promoteur immobilier. Malgré les conditions favorables à la

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faisabilité de projets expérimentaux, collectifs et participatifs, l’aval du commanditaire implique aussi un certain nombre de règles à suivre, qui peuvent malheureusement parfois nuire à la fabrication de ces projets. On comprend alors que la question du devenir de ces friches est aujourd’hui rentré dans les mœurs de nos villes. Pour autant, la pratique d’une expérimentation éphémère, d’un aménagement collectif temporaire est encore perçue comme une technique marginale de réactivation du lieu ou vécue juste comme une étape de concertation. Et pour cause, la ville est conçue comme une entité pérenne, les projets qui la composent sont livrés comme des objets ƂPKU� GV� EoGUV� RGWV�ÆVTG� RCT� EG� OCPSWG� FoÅXQNWVKXKVÅ� SWoQP� TGVQODG�souvent dans le cliché de l’espace public.

Les démarches initiées par une association d’habitants impliquent souvent une occupation illicite du lieu. Il s’agit alors d’une implication de personnes étrangères au site, qui ne disposent d’aucun droit URÅEKƂSWG� ¼� NC� VTCPUHQTOCVKQP� FW� NKGW�� OCKU� SWK� FÅEKFGPV� CNQTU�FG� UoQRRQUGT� ¼� WP� U[UVÄOG�� CƂP� FG� IÅPÅTGT� FW� DKGP� EQOOWP�� +NU�interviennent sur un site en particulier, de part son état d’opportunité, RWKUSWoKN�PoGUV�CRRCTGOOGPV�RCU�QW�RGW�EQPUKFÅTÅ�RCT�UQP�RTQRTKÅVCKTG��� RQWTSWQK�PG�RCU�NoWVKNKUGT�CƂP�FoCOÅNKQTGT�NG�SWQVKFKGP�FG�EJCEWP��1P�constatera alors deux postures, une plus sage qui visera à légitimer son acte d’occupation et tentera ainsi de convaincre le propriétaire du terrain de le rendre accessible pour une petite transformation. On parle alors d’accord d’occupation provisoire. En Espagne, ces méthodes permettent alors à un propriétaire de se décharger de NoGPVTGVKGP�FW�VGTTCKP�CW�RTQƂV�FoWP�GODGNNKUUGOGPV�FG�UC�RCTEGNNG�RNWU�value du terrain), de s’extirper des amendes à payer, et permet d’offrir NC�RQUUKDKNKVÅ�¼�FoCWVTGU�FG�RTQƂVGT�FoWP�PQWXGN�GURCEG�EQOOWP��.C�seconde posture consiste à prendre le droit d’intervention sur site, et de part sa fabrication provoquer l’aval du projet. On est ici dans une FÅOCTEJG�RNWU�OKNKVCPVG�GV�EQPVGUVCVTKEG��CƂP�FG�RTQXQSWGT�NC�TÅƃGZKQP�

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��+N�[�C�UQKV�FGU�RTQLGVU�UWT�NGUSWGNU�QP�GUV�CRRGNÅ��GV�FQPE�QP�C�WPG� NÅIKVKOKVÅ�¼�ÆVTG� N¼��5CEJCPV�SWG�UK� KN� [�C�WP�XTCK�RTQDNÄOG�GP� WPG� JGWTG� VQWV� GUV� FÅOQPVGT�� FQPE� NoGPICIGOGPV�� NC� RTKUG�FG� TKUSWG�PoGUV� RCU� PQP�RNWU� ÅPQTOG�FG� NGWT�RCTV�� +N� [� C� CWUUK�NGU� RTQLGVU� UWT� NGUSWGNU� QP� CXCKV� RCU� HQTEÅOGPV� FoCWVQTKUCVKQP��FQPE�QP�HCKV� NG�RTQLGV�UCPU�ƂPCPEGOGPV��GV�¼� NC�ƂP�QP�QTICPKUG�WP�ÅXÄPGOGPV�QÕ�NoQP�KPXKVG�NGU�ÅNWU�QW�DKGP�KNU�XKGPPGPV�RCTEG�SWoKN� [� C� FW� OQPFG��� 7PG� HQKU� SWG� VW� CU� HCKV� WPG� RJQVQ� CXGE�GWZ��NG�RTQLGV�GUV�NÅIKVKOG�QW�GP�VQWV�ECU�KNU�ÅVCKGPV�CW�EQWTCPV� #�EG�PKXGCW�EoGUV�WP�RGW�WP�JQNF�WR����

CONFÉRENCE COLLECTIF ETC - MASTER ITERCITÉ DU TERRITOIRE GRENOBLE. 18/03/14

sur ces espaces oubliés et montrer leur capacité à produire autre chose qu’un état de latence. Au cours d’une conférence organisée pour les étudiants en première année du master Innovation et Territoire de Grenoble, un membre du Collectif etc expliquait ce principe de NÅIKVKOCVKQP�FG�NoCEVG��

Le cas qui a été présenté par l’opportunité d’expérimentation relève de la volonté des collectifs à partager leur savoir-faire, croiser leurs idées, élever le débat. Le collectif etc a suscité cette pratique au cours de leur « tour de France » où il s’invitait de ville en ville à la recherche de projet à monter en collaboration avec d’autres penseurs de l’espace urbain. Ce voyage d’une durée d’environ un an, leur a permis de se construire un réseau d’amis bricoleurs urbains, et d’organiser en février 2013 un colloque2�CƂP�FG�TÅWPKT�EGU�RGTUQPPGU�TGPEQPVTÅGU�GP�chemin et faire se confronter expériences et points de vue. Au delà du partage d’idées, on note quelques projets réalisés dans cette veine de démarches pédagogiques suscitant la rencontre entre personnes du

2. SUPERVILLE / colloque organisé par le Collectif etc le week-end du 1e au 3 Février 2013

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même milieu. Citons alors comme grand gagnant de cette catégorie (pour la France) le festival Bellastock, qui a pour ambition d’organiser, pour des étudiants en école d’architecture, d’art ou d’urbanisme, des semaines d’atelier de concertation, conception et réalisation de modules d’aménagement urbain. L’enjeu d’une telle démarche n’étant pas spécialement de s’inscrire dans un projet de développement du milieu délaissé, mais de le réactiver sur un moment très court à l’occasion d’expérimentation architecturale.

Le dernier cas relève de la petite appropriation Il s’agit effectivement FG�RTQLGVU�¼�RNWU�RGVKVG�ÅEJGNNG�SWK�EJGTEJGPV��FG�RCTV�NC�OQFKƂECVKQP�physique et ponctuelle de nos rues, à signaler l’état de pauvreté de nos espaces publics, l’état d’abandon des délaissés dispersés dans nos villes, l’état de liberté qui reste en marge de notre territoire quotidien. Ces démarches individuelles sont de toutes formes, et c’est de part cette multiplicité de visages qu’elle crée petit à petit l’implication d’une population à bricoler sa ville, améliorer les espaces qui lui sont courants et donner son avis sur la future forme de ces espaces quotidiens. Les exemples de travaux de Florian Rivière introduits dans les précédentes parties jouent justement ce rôle. Ses œuvres sont d’une durée très variable puisque non autorisées.

Don’t pay play / © www.florianriviere.fr

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Elles restent en place en général que très peu de temps, cependant le regard posé par les passants sur ce détournement de mobilier urbain CRRQTVG�WPG�EGTVCKPG�TÅƃGZKQP�UWT�PQVTG�GPXKTQPPGOGPV�GV�NC�OCPKÄTG�d’en être acteur. Intéressons nous à la citation suivante qui résume TGNCVKXGOGPV�DKGP�UC�FÅOCTEJG��

« 3WCPF� LG�OGVU� GP� RNCEG�OGU� KPVGTXGPVKQPU�� LG� FKUEWVG�UQWXGPV� CXGE� FGU� RCUUCPVU�� FGU� EWTKGWZ�� FGU� JCDKVCPVU��(…)� 2CTHQKU�� KNU� PG� EQORTGPPGPV� RCU� RQWTSWQK� LG� HCKU� ÃC��DÅPÅXQNGOGPV��GP�RNWU��ECT�RQWT�GWZ���EoGUV� NG� VTCXCKN�FG�NC�XKNNG����,G�NGWT�GZRNKSWG�SWG��RQWT�OQK��EoGUV�NG�VTCXCKN�FG�chacun de s’occuper de son espace public. Mon rapport CWZ� JCDKVCPVU� GUV� CXCPV� VQWV� WPG� KORWNUKQP�� WPG� ÅPGTIKG�RQWT�SWG�EJCEWP�FGXKGPPG�CEVGWT�FG�UC�XKNNG� »

MILLENAIRE 3 - N°4 / HIVER 2012-2013 /PARCOURS D’UN « HACKTIVISTE URBAIN » P.37 - 40

CONCERTER POUR MENER UN PROJET COÉHRANT //Comme nous avons pu le voir jusqu’ici, les principes d’occupation ne sont pas des faits récents. Cependant, les techniques évoluent et l’intégration des habitants des environs est devenue aujourd’hui un enjeu majeur. Le phénomène de squat se positionnait dans une démarche d’accessibilité à un lieu non utilisé, du déplacement d’un certain nombre de personnes vers un abandon architectural. Les projets KEK� ÅVWFKÅU� PQWU� RTQRQUGPV� ¼� NoKPXGTUG� FG� TGSWCNKƂGT� NG� NKGW� RQWT� NGU�habitants en lien avec le délaissé. Bien sûr, une fois le lieu transformé, il EQPPCÊVTC�WP�EGTVCKPG�CHƃWGPEG�SWK�FÅRCUUGTC�EGTVCKPGOGPV�NG�SWCTVKGT�dans lequel il s’implante, mais de manière générale, ces interventions

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ETÅGPV�WP�GURCEG�EQNNGEVKH�RQWT�NGU�JCDKVCPVU�FoWPG�\QPG�TGNCVKXGOGPV�proche du délaissé. Il devient alors une identité du quartier, relatant d’une histoire du lieu et du lien qu’il entretient avec ses habitants.

La démarche de concertation publique est très importante pour pouvoir concevoir un aménagement, une architecture cohérente en fonction des désirs communs. Elle vient tout d’abord enrichir les informations que nous avons pu récolter sur l’histoire du délaissé. En effet, notre regard extérieur nous permet d’ouvrir la lecture du site à des suppositions ou des interprétations qui peuvent alors être VTÄU� DÅPÅƂSWGU� RQWT� CRRQTVGT� WP� OQWXGOGPV� FoCKT�� 6QWVGHQKU� NGU�informations connues uniquement des gens qui ont vécu les différentes mutations du délaissé permettent aussi de mieux comprendre le site. C’est d’ailleurs le constat que fait Elisa dumay3 sur le projet de Saint-,GCP�GP�4Q[CPU��

3. Elisa Dumay est la fondatrice de l’association de l’aire. Propos recueillis lors d’un entretien passé avec les membres de l’association le 28/02/2014.

��':;<6�EoGUV�SWCPF�OÆOG�FGU�WTDCKPU�GV�N¼�FoCXQKT�WP�FÅECNCIG�CXGE�FGU�IGPU�SWK�XKGPPGPV�FG� NC�XKNNG�EoÅVCKV�CWUUK� KPVÅTGUUCPV��,G�RGPUG�SWoKNU�RTGPCKGPV�OQKPU� UQKP�FGU�ÅNÅOGPVU�FW�OQPFG�TWTCN� GV� QP� CXCKV� DGUQKP� FG� ÃC� CWUUK�� FoÆVTG� DQWUEWNÅ�� %oÅVCKV�DKGP� FG�OÅNCPIGT� FGU�OÅVJQFQNQIKGU� RNWU� WTDCKPGU� CXGE� FGU�méthodologies qui étaient beaucoup plus liées au milieu rural. Du coup ils ont pris des risques que nous n’aurions certainement RCU�RTKU���

C’est effectivement ce mélange entre terrains connus et inconnus qui permet de créer un projet à mesure collaborative. D’un côté, les habitants ont besoin du savoir faire des collectifs pour pouvoir intervenir sur des espaces négligés, mais de l’autre, les membres du EQNNGEVKH�QPV�DGUQKP�FG�EQPPCÊVTG�NGU�JKUVQKTGU�FW�NKGW��UGU�QTKIKPGU�GV�NGU�

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intentions d’usages qui permettront alors à ce lieu de revivre avec les habitants. De plus, la démarche de concertation permet alors, d’une manière ludique, collective et participative de se projeter sur le devenir du délaissé et ainsi d’entrevoir la réactivation du lieu. C’est alors une RTGOKÄTG�ÅVCRG�FG�EQQRÅTCVKQPU�RGTOGVVCPV�FG�HCKTG�PCÊVTG�WP�RTQLGV�qui s’articule dans une réalité locale entre acteurs locaux et d’autres corps de métiers comme l’architecture, l’urbanisme … Au delà de la participation au projet, la première phase de concertation permet aussi de communiquer sur le projet. Richard Reynolds parle alors de propagande dans son jeu de guérilla jardinière. Il illustre son propos à travers les images qui nous montent au cerveau lorsqu’un de nos sens GUV�OKU�GP�CNGTVG���NoQFGWT�RCTHWOÅG�FGU�ƃGWTU�SWoKN�UÄOG�KEK�GV�N¼�PoQPV�pas besoin de publicité pour montrer leur présence. On peut ainsi imaginer appliquer cette forme de propagande en attirant le passant par l’effusion d’une discussion avec quelques habitants. Le projet alors vient aux oreilles des uns et des autres, et prend une certaine ampleur, voir légitimité, du fait de sa prise de connaissance par les habitants du lieu. Même si l’activité peut être considérée comme illégale, et que l’occupation du délaissé n’est pas autorisée, il ne faut pas cacher cet acte. Sa fabrication dans l’ombre risquerait bien au contraire de mener sa perte. Dans un acte de « petite rébellion » tel que l’occupation d’un délaissé�� KN� HCWV� LWUVGOGPV� GPEQWTCIGT� NC� FKHHWUKQP� FW� RTQLGV� CƂP� FG�rallier un maximum de personnes à sa cause. Le projet sera d’autant RNWU� HQTV�GV�EQJÅTCPV�UoKN�GUV� NG� HTWKV�FoWPG�TÅƃGZKQP�EQNNGEVKXG��QHHTCPV�ainsi une certaine capacité au projet à répondre à un maximum de besoins locaux.

L’étape de concertation permet aussi d’établir un dernier atout au RTQLGV���NC�TGPEQPVTG�FoCEVGWTU�NQECWZ�UWUEGRVKDNGU�FoCRRQTVGT�WPG�CKFG�au projet. Au gré des actions de concertation ou même du porte à porte, il est possible de mener le projet avec l’aide d’associations ou d’artisans locaux. Puisque, rappelons le, les projets d’occupations

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KNNKEKVGU�PG�FKURQUGPV�RCU�FG�HQPFU�ƂPCPEKGTU�QW�OCVÅTKGNU��FW�OQKPU�SWG�très peu. C’est pour cela qu’il faut réussir, via ces étapes de concertation, à trouver toutes aides possibles. Les cas d’occupations initiées par les villes n’ont en général pas ce genre de problème puisqu’un budget est alors alloué pour réactiver le lieu. Dans son livre « construire autrement » Patrick Bouchain nous parle alors de cette importance à comprendre NGU�ECRCEKVÅU�JWOCKPGU�SWK�ITCXKVGPV�CWVQWT�FoWP�NKGW�FG�RTQLGV��

Ce que nous propose ici Bouchain est en effet de prendre conscience du contexte dans lequel s’inscrit le projet. Nous prendrons tout de même un peu de recul par rapport à cette citation, dans le sens où ces étapes sont ici inversées. La démarche de concertation permet tout d’abord FG� EQPPCÊVTG� NGU� DGUQKPU� NQECWZ� GV� CKPUK� CPVKEKRGT� QW� GZRÅTKOGPVGT�une forme d’usage. De plus, elle permet d’inclure les habitants dans la phase de fabrication qui suit, soit par un encouragement, un questionnement, une participation ou juste une visite. Nous le verrons par la suite, mais c’est effectivement cette démarche d’implication

« 2WKUSWoQP� PG� EGUUG� FG� RCTNGT� FG� FÅXGNQRRGOGPV�ÅEQPQOKSWG� GV� FoKPVÅITCVKQP� UQEKCNG� QW� EWNVWTGNNG�� NC�RTGOKÄTG�FGU�EJQUGU�GUV�FG�TGICTFGT�SWK��FCPU�NC�RTQZKOKVÅ�FG� EG� SWK� XC� ÆVTG� EQPUVTWKV�� GUV� ECRCDNG� FG� TÅCNKUGT� EGV�QWXTCIG���WP�JCDKVCPV��WP�CTVKUCP��WPG�GPVTGRTKUG�SWK�RQWTTCKV�ÆVTG� CEVGWT�� CXGE� FoCWVTGU�� FG� NC� VTCPUHQTOCVKQP� FG� UQP�GPXKTQPPGOGPV��'PUWKVG�� KN� HCWV� TGRÅTGT�SWK��CWZ�CNGPVQWTU�UG�UGTXKTC�FG�EGV�QWXTCIG��UoGP�QEEWRGTC��NG�TGXGPFKSWGTC�EQOOG� WP� ÅSWKRGOGPV� NWK� CRRCTVGPCPV� GV� QÕ� KN� KPXKVGTC�d’autres habitants plus éloignés ou différents de lui. »

BOUCHAIN Patrick / CONSTRUIRE AUTREMENT /ARLES, L’IMPENSÉ ACTES SUD, 2006. / P. 19

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de chacun qui permet au projet de rester sur place et de peut-être occuper le délaissé plus longtemps que prévu. Notons que ces démarches d’anticipation à la transformation du délaissé sont plus ou moins longues en fonction des projets du collectif, des besoins locaux, des caractéristiques du site, etc.

LES OUTILS DE CONCERTATIONLes outils de médiatisation ou de concertation sont multiples GV� KPPQXGPV� FG� LQWTU� GP� LQWTU�� +N� UGTCKV� FQPE� FKHƂEKNG� FoÅVCDNKT� WP�descriptif de toutes les techniques utilisées aujourd’hui pour susciter participations, collaborations et médiations. Nous essayerons tout de même de dégager les grandes lignes de ces pratiques, et d’en présenter quelques unes, notamment celles appliquées dans les projets étudiés. De plus, la temporalité de cette étape de conception étant très variable, selon les projets et l’implication des habitants dans EG�RTQEGUUWU�FG�TÅƃGZKQP��QP�FTGUUGTC�WPG�HTKUG�FGU�FKHHÅTGPVU�ÅNÅOGPVU�FG� EQTRWU�� CƂP�FG�RQWXQKT� EQORCTGT� NGU�OQ[GPU�OKU�GP�RNCEG�GV� NG�temps que cela a pris avant de voir le projet germer.

Dans les différentes pratiques de concertation, on relève deux CRRTQEJGU� FKHHÅTGPVGU� �� TGPEQPVTGT� GV� HÅFÅTGT�� .C� RTGOKÄTG� EQPUKUVG�à aller chercher la population, provoquer la rencontre en faisant le premier pas. C’est ainsi que dans de nombreux projets, Le Collectif etc part recueillir des informations sur le territoire en frappant à toutes NGU�RQTVGU�FoWPG� \QPG� UWUEGRVKDNG�FoÆVTG� KPVÅTGUUÅG�RCT� NG�RTQLGV�� +NU�GP�RTQƂVGPV�RQWT�RTÅUGPVGT�NGWTU�CRRTQEJGU�CTEJKVGEVWTCNGU��WTDCKPGU��sociales), communiquer sur le projet à réaliser et ainsi peut-être éveiller FG� NoKPVÅTÆV� EJG\� NGU� RGTUQPPGU� XKUKVÅGU��&G� NC�OÆOG�OCPKÄTG�� KN� GUV�possible de s’inviter dans une structure scolaire ou un centre social RQWT� RTQRQUGT� WP� CVGNKGT� RÅFCIQIKSWG� CƂP� FG� TGEWGKNNKT� NC� RCTQNG�

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des enfants et les sensibiliser sur leur environnement. Ces ateliers pédagogiques prennent alors la forme de collages ou maquettes du délaissé sur lequel les enfants viennent ajouter les images d’un aménagement, une ambiance, des usages qu’ils souhaiteraient voir CRRCTCÊVTG�GP�EG�NKGW��%GV�GZGTEKEG�UoCRRCTGPVG�CWZ�VTCXCWZ�RTQRQUÅU�par le Wild Club5, dans le cadre du pavillon d’arsenal, qui présentait l’image d’un délaissé à détourner sous 24h pour proposer autre chose. Pratique reprise par le collectif bruit de frigo avec un principe « d’atelier d’urbanisme utopique » permettant alors de créer une image inventée par un habitant lors d’une séance de travail en atelier, menée avec architectes ou artistes souhaitant s’impliquer dans le projet. Notons que ce principe a aussi été mis en place pour imaginer la réhabilitation de la friche commerciale du 2 – 4 rue des rosiers, à Pré-en-pail.

Extrait d’atelier d’urbanisme utopique / © www.bruitdufrigo.com

��#�RCTVKT�FG�FÅCODWNCVKQPU�EQNNGEVKXGU�GV�FG�UÅCPEGU�FG�VTCXCKN�GP�CVGNKGT��KN�UoCIKV�FoKOCIKPGT�FGU�RTQLGVU�SWK�RQWTTCKGPV�VTCPUHQTOGT�QW�COÅNKQTGT�FGU�UKVWCVKQPU��FGU�NKGWZ���FGU�RTQLGVU�KPETQ[CDNGU��RQÅVKSWGU��TKIQNQU��RGW�TÅCNKUVGU�EQOOG�VTÄU�EQPETGVU��2CTEG�SWG�FCPU�EGU�TÆXGTKGU��KN�[�C�RGWV�ÆVTG�FGU�ITCKPGU�FG�DQPPGU�KFÅGUe�

Bruit du Frigo / collectif d’architectes et d’artistes plasticiens

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Le domaine de l’architecture s’est alors approprié des outils de différents corps de métier pour pouvoir créer un libre échange entre concepteurs, constructeurs et usagers. Par exemple, les travaux initiés par la coopérative d’éducation populaire Le Pavé4 sont aujourd’hui utilisés pour concerter le public en vue d’un futur aménagement urbain. Le projet porteur de parole consiste à recueillir et exposer la parole des habitants, du passant ou des usagers autour d’un thème donné. Cette approche permet aux gens de découvrir, par le jeu d’entretien à deux ou trois, une opinion qu’il n’imaginait pas toujours capable à dire ou argumenter. Ceci pour montrer la complexité des travaux des collectifs d’aujourd’hui et leur capacité à s’approprier les outils d’autres corps de métier. Gilles Gerbaud, artiste plasticien, faisant parti de l’association de l’aire, explique lors d’un entretien5 que selon lui la force de proposition faite par ces collectifs se traduit par la pluridisciplinarité de ces derniers et cette capacité à faire évoluer le champ d’action de son corps de métier, à interroger les caractéristiques, les outils des autres qui nous accompagnent dans le projet.

Pour revenir à l’étude de la concertation, la seconde approche introduite plus haut, tend à créer un moment particulier qui attire plusieurs personnes autour de la question du délaissé. On parlera alors de « fédérer » la population autour de la réactivation du lieu. De manière générale, les collectifs qui travaillent sur les projets du corpus organisent un événement dans l’espace à reconquérir. Ceci permettant alors de (re)découvrir le lieu, de se rencontrer et, de part l’ambiance créée, montrer les potentialités du délaissé. Le type d’événement dépend donc de l’ambition portée par le projet et du public ciblé. En effet, en ville le public est d’ors et déjà acquis à la cause du délaissé, et de nombreux habitants ne manqueront pas à l’appel ou l’occasion de boire un verre en discutant sur le projet. Ce n’est pour autant pas le cas en milieu rural, où ces pratiques sont encore toutes nouvelles et

4. Le Pavé promeut et enceigne des pratiques d’éducation populaire / www.scoplepave.org5. Propos recueillis lors d’un entretien passé avec les membres de l’association le 28/02/2014.

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qu’on ne se retrouve pas avec les mêmes enjeux. Il est donc normal de pouvoir voir un décalage entre un événement proposé par Yes We Camp, à Marseille et un autre en Mayenne avec le collectif 2-4. .GU�GPLGWZ�FG�NoWP�ÅVCPV�FG�NoQTFTG�FoWPG�ETÅCVKQP�VGORQTCKTG�CƂP�FG�faire vivre le lieu le temps d’un été, alors que l’autre se place dans un projet plus global d’animation du territoire rural. La notion de temps GUV�KEK�KORQTVCPVG��RWKUSWoQP�PG�UGPUKDKNKUGTC�RCU�NG�OÆOG���RTQƂN���FG�personnes en fonction d’un projet éphémère et un projet souhaitant développer le territoire. Intéressons nous maintenant à la forme FQPPÅG�¼�EGU�ÅXÄPGOGPVU��

barbroc / 22 et 23 Octobre 2011

Le collectif 2-4 organise pour la première fois son événement BarBroc, le week-end du 22 et 23 octobre 2011, entremêlant les caractéristiques de chacune des associations initiant le projet. La journée était donc animée par une brocante, des ateliers de jeux et la présentation du projet. L’événement a permis de présenter le projet aux habitants comme aux élus, et de créer une sorte de dynamique autour du projet. L’autorisation d’occupation provisoire qui était alors restreinte à 4 mois fut augmentée par la suite pour une durée de 5 ans. Depuis, l’événement a trouvé sa place dans le petit village de Pré-en-Pail et se trouve reconduit chaque année.

Réunions publiquesL’Ecomotive

Prototype festifConstruction /Soirée présentation

Découverte duLieu

Point chaudMom. de rencontreautours d’un repas partagés.

OUTExpo. temporaire

Réponse concour+ prise de contact asso. local.

BBQConstruction BBQ /Repas partagés

Apéro CampingRéunion publique /Visite commentée /Spectacles

Ballade des ateliersDéfrichages /Rencontre des hab.

Printemps des

Conférences

BarbrocRencontre des hab.Soirée JeuxBrocante

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Le projet de Yes We Camp, c’est tout d’abord construit collectivement autour de tables rondes menées dans différents pubs de la cité marseillaise. Puis le projet s’est établi et il a fallu trouver des ƂPCPEGOGPVU��RCTNGT�FW�RTQLGV��TGPEQPVTGT�FGU�IGPU�RQWT�HCKTG�ÅXQNWGT�les idées … de manière générale, communiquer sur le projet. Ils ont alors réalisé un prototype de projet à la Friche Belle de Mai5 et organisé une grande soirée permettant aux visiteurs de découvrir les premières réalisations de YWC, de parler du projet autour d’un vin chaud ou d’un repas, mais aussi l’occasion de célébrer le projet avec des concerts et performances artistiques.

PROTOTYPE FESTIF / 12 et 13 Janvier 2013

6. friche de belle de mai est un projet culturel mené par P. Bouchain / www.lafriche.org DELLA CASA Francesco / LA FRICHE LA BELLE DE MAI / Arles, L’Impensé Actes Sud, 2013.

Réunions publiquesL’Ecomotive

Prototype festifConstruction /Soirée présentation

Découverte duLieu

Point chaudMom. de rencontreautours d’un repas partagés.

OUTExpo. temporaire

Réponse concour+ prise de contact asso. local.

BBQConstruction BBQ /Repas partagés

Apéro CampingRéunion publique /Visite commentée /Spectacles

Ballade des ateliersDéfrichages /Rencontre des hab.

Printemps des

Conférences

BarbrocRencontre des hab.Soirée JeuxBrocante

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Ces premiers exemples nous parlent de rencontres faites sur le lieu du délaissé, ou du moins, un espace qui fait échos au lieu. L’événement alors organisé permet de réunir des personnes intéressées par le projet, des curieux ou des habitants totalement étrangers au projet, voire même, pas franchement intéressés. L’événementiel est effectivement un outil indéniable de la concertation et la médiation du projet, mais il est important de comprendre la nécessité de préparer en amont une TÅƃGZKQP�UWT�NG�délaissé pour que l’on puisse communiquer auprès des JCDKVCPVU��&G�OCPKÄTG�OQKPU�RNCPKƂÅG��KN�GUV�RQUUKDNG�FG�OKZGT�NGU�FGWZ�approches, partir dans la rue à la rencontre des habitants et fédérer un moment de rencontre à l’intersection de ces échanges.

C’est ainsi que le projet de l’association De l’Aire, avec l’aide du collectif EXYZT, provoquait la rencontre dans les rues de Saint-Jean-en-Royans armés de leur surprenant four ambulant. On est au début de l’automne 2010, il faut donc trouver un moyen de rassembler les habitants autour FoWP�RQKPV�FG�TGPEQPVTG�RCTVKEWNKGT��CƂP�FG� NGU�EQPEGTVGT�CW�UWLGV�FW�projet. Comme peut le faire une pièce d’eau sur une place publique en plein été, le point chaud apporte un peu de chaleur à la rue pendant l’hiver, et permet alors de fédérer les habitants autour de ce point de rencontre singulier. Bien plus qu’un morceau de chaleur, le four vient QHHTKT�RK\\CU�GV�RCKPU�CEEQORCIPÅU�FG�OGVU�NQECWZ��.oQWVKN�UG�FÅRNCEGTC�pendant une semaine de place en place, à la rencontre des habitants du village.

POINT CHAUD / 01 au 10 Octobre 2013Réunions publiquesL’Ecomotive

Prototype festifConstruction /Soirée présentation

Découverte duLieu

Point chaudMom. de rencontreautours d’un repas partagés.

OUTExpo. temporaire

Réponse concour+ prise de contact asso. local.

BBQConstruction BBQ /Repas partagés

Apéro CampingRéunion publique /Visite commentée /Spectacles

Ballade des ateliersDéfrichages /Rencontre des hab.

Printemps des

Conférences

BarbrocRencontre des hab.Soirée JeuxBrocante

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bbQ / 10 au 19 Juillet 2012

De la même manière, les étudiants de l’école d’architecture de Rennes (Le bureau cosmique) proposent de s’encrer au milieu du chantier FG� NC� %QWTTQW\G� RQWT� HCDTKSWGT� WP� QWVKN� FG� EWKUKPG� OQDKNG� CƂP� FG�favoriser l’échange avec les habitants du quartier en développement. Après la rencontre de quelques habitants, via la mise en place d’un « bureau nomade », les membres du bureau cosmique proposent de réaliser un micro-projet pour mobiliser plus de personnes autour de leur dynamique de projet. La fabrication d’un barbecue mobile, incluant tables et bancs, prend place au milieu du quartier, créant déjà l’événement et attirant ainsi les premiers curieux. Une fois le barbecue ƂPK�� NGU�OGODTGU�FW� EQNNGEVKH� KPXKVGPV� CNQTU� NGU� JCDKVCPVU�FW�SWCTVKGT�et les curieux d’ailleurs à venir grignoter un petit quelque chose et échanger sur le projet de développement du territoire initié par la ville ou d’un futur projet d’activation d’une friche militaire, qui deviendra le futur bureau (cosmique ?) du collectif.

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Printemps des

Conférences

BarbrocRencontre des hab.Soirée JeuxBrocante

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Ces différents outils présentés, tant dans la première partie, consacrée à une approche menée par la rencontre hasardeuse que dans la seconde, sont menés sur un temps relativement cours, d’une après-midi à quelques jours. Il est donc aussi possible de prendre le temps FG�EQPEGTVGT�NG�RWDNKE���NCKUUGT�NG�VGORU�CWZ�JCDKVCPVU�RQWT�EQPPCÊVTG�le collectif et à une idée de germer dans leur esprit. C’est ainsi que le RTQLGV�FG�5CKPV�,GCP�GP�4Q[CPU�ÅXQNWG�RQWT�XGPKT�QEEWRGT�NoQHƂEG�FG�tourisme et proposer à la place un lieu d’exposition et de concertation pour la durée d’un mois. Le lieu s’habille, change de nom pour NoQEECUKQP�GV�FGXKGPV�FQPE�No1HƂEG�Fo7TDCPKUOG�6GORQTCKTG�1�7�6���FG�la ville.

Rappelons alors que le processus de conception d’un projet est une recherche relativement longue qui ne se voit habituellement pas. Entre le temps de concertation du public et la transformation du délaissé le temps peut varier de quelques jours à plusieurs mois. Ce temps mort peut alors jouer en défaveur du projet s’il n’est pas rythmé de moments de médiation ou d’événements pour annoncer le début des travaux. Il est sage de comprendre aussi l’importance du soutien de la commune dans ces projets. On l’a bien compris, ces projets ne se font pas que RCT�NC�HQTEG�FGU�EJQUGU�GV�KN�GUV�UQWXGPV�RNWU�HCXQTCDNG�FG�DÅPÅƂEKGT�d’alliés dans les institutions publiques pour légitimer l’acte et ouvrir les barrières qui pouvaient alors entraver la suite du projet. De plus, se sont habituellement les décideurs locaux qui vont pouvoir participer à la conception du projet, du moins en terme d’accords passés. Il faut donc essayer de garder l’implication des habitants dans cette étape de conception pour qu’ils ne se sentent pas abandonnés et qu’ils perdent toute envie de continuer, de soutenir le projet. La « frise de friche » ci jointe nous permet d’analyser et de comparer les temps de conception de chaque projet étudié. De plus, ce travail nous permet de rappeler les démarches de concertations mises en place avec les habitants et à quel moment elles intervenaient.

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ANALYSE DES ÉLÉMENTS DU CORPUS //

Nous tentons ici d’analyser les différentes étapes d’occupation du délaissé. On s’attardera alors à regarder dans cette partie les démarches entreprises pour entrer en contact avec un certain public. La liste des outils de conceptions utilisés dans le cas des corpus étudiés n’étant pas exhaustive, il faudra alors rester ouvert à toute autre pratique.

De plus, Les processus de fabrication et de conception étant alors relativement long, on les comparera via une analyse dite «frise de friche».

YES WECAMP

L’ATELIER DES FRICHES

DE L’AIREEXYZT

COLLECTIFETC

LE BUREAUCOSMIQUE

COLLECTIF FERTILE

COLLECTIF 2-4

A l’inititative de ... Collectif L’agglomérationdu Grand Lyon

La ville deSt Jean en Royans

EPASEEtablissement Public

d’Aménagement de

St Etienne

Collectif Collectif Associations locales

Outils de concertation

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LieuPoint chaudMom. de rencontreautours d’un repas partagés.

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Apéro CampingRéunion publique /Visite commentée /Spectacles

Ballade des ateliersDéfrichages /Rencontre des hab.

Printemps des

Conférences

BarbrocRencontre des hab.Soirée JeuxBrocante

1 mois

Janvier 2013protype festif

Mai 2012projet validé

Mai 2012projet refusé

2004une idée

17 Mars 2012mise à disposition du local / Durée 5 ans

Septembre 2011autorisation d’occupation provisoireSeptembre 2011autorisation d’occupation provisoireSeptembre 2011autorisation d’occupation provisoire

26 Mars 2012conférence / printemps des chercheurs

25-26 Septembre 2011ballade des ateliers25-26 Septembre 2011ballade des ateliers25-26 Septembre 2011ballade des ateliers

27 Février - 17 Mars 2010o.u.T. (office d’urbanisme temporaire)

01-10 Octobre 2010point chaud

Mars 2011Lauréat du concours / prise de contact

Janvier 2011appel à projet «défrichez là»

Juin 2010découverte du lieu

10 Oct. - 09 Dec. 2010expo. à La Halle de pont-en-royans

22-23 Octobre 2011bar broc

15-16 Septembre 20012apéro. campingapéro. camping

30 Mars 2012table ronde

10-18 Juillet 2012chantier du BBQ

Janvier 2013autorisation d’occupation provisoire

1 mois

« Nouez des relations humainres. Ce matériau de construction sociale est tout aussi important que les briques et le mortier »

Propos du Collectif dus.Exposition temporaire du Pavillon d’Arsenal RE�r�ARCHITECTURE

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PARTIE 3Le passage à l’acte / Le temps de veille

LE TEMPS DE VEILLE //Dans n’importe quel projet, qu’il s’agisse d’un projet d’aménagement urbain, de la construction d’un équipement public ou de la réalisation d’une maison individuelle, le moment du chantier correspond à la dernière étape avant l’exploitation, l’usage du futur projet bâti. Même si l’expérience nous montre que la phase de chantier soulève de nombreuses questions et peut remettre le projet en question, le début des travaux permet de passer à une étape supérieure et de voir se concrétiser le projet. Dans un projet d’occupation d’un délaissé, le début du chantier illustrera la faisabilité du projet, mais il permettra aussi de confronter les questions mises en suspens pendant la conception, de valider les usages imaginés avec les habitants, etc. &G�OCPKÄTG�IÅPÅTCNG��EG�VGORU�CPPQPEG�QHƂEKGNNGOGPV�NoCTTKXÅG�FoWP�nouvel espace ; le projet devient alors réel aux yeux de tous.

Le chantier est le moment le plus probant de la réappropriation d’un délaissé, et donc de son occupation. Il permet de donner vie aux rêves entretenus à l’égard du lieu pendant ces premières étapes de découverte, de concertation et de conception du projet. On entrouvre NC� RQTVG� XGTU� WPG� TÅCNKVÅ� �� NG� NKGW� UG� VTCPUHQTOG�RQWT� NCKUUGT� RNCEG� ¼�cet autre chose longtemps soupçonné. On parlera ici de la manière de s’implanter sur le site et comment veiller à la mutation du lieu. L’implication des habitants et des élus est alors toujours suscitée et c’est donc au travers de chantiers ouverts au public que le délaissé est réactivé. Nous nous intéresserons donc ici aux enjeux d’un chantier dit « participatif » et les manières de le mettre en place dans un espace public ou collectif.

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On assimilera cette étape de fabrication au temps de veille dont Lauren Andres parle aux travers ces différentes études. Rappelons alors que ce temps correspond à un temps de friche et précède le temps d’après friche qui permet de prendre du recul sur le lieu. Par nature, ce temps qui est considéré propre à la mutation de la friche, nous parle encore de ce lieu comme un espace de déshérence, négligé, mutilé. Mais, à contrario du temps d’attente où le lieu n’évolue pas (voire, le délaissé se dégrade, il s’use avec le temps), ce temps de veille nous parle d’une première activité.

+PVÅTGUUQPU�PQWU�CNQTU�¼�EGVVG�PQVKQP���NC�XGKNNG�RGWV�ÆVTG�RGTÃWG�EQOOG�une forme de pause. Dans le milieu informatique, on parle de la veille au sens d’un programme protégeant l’écran suite à une période d’inactivité. On parle aussi d’économiseur d’écran. Considérons alors le délaissé comme un espace en pause, en attente d’une réactivation ; Ce temps de chantier pourrait alors correspondre à un moyen d’économiser le lieu, de le protéger ou de le préparer dans l’attente de son appropriation. De plus, le verbe transitif « veiller » nous projette alors sur une idée d’attention portée sur le site, la manière dont on vient le protéger par une intervention simple et légère. Si PQWU�PQWU�CVVCTFQPU�CWZ�CWVTGU�FÅƂPKVKQPU�FW�OQV��QP�EQORTGPF� NC�valeur temporelle de ce dernier et c’est dans l’expression « être à la veille de … » qu’on peut trouver une certaine résonnance aux travaux ici présentés. La phase de chantier correspond bien ici à la dernière ÅVCRG�CXCPV�NG�TÅUWNVCV�SWK�EQORVGTC�CWZ�[GWZ�FG�VQWU���NC�TÅCEVKXCVKQP�du délaissé et de surcroit, son occupation. Lauren Andres explique que la friche se caractérise de par son statut provisoire et permissif, non pas juridiquement parlant, mais de ce qui en apparence semble NC�SWCNKƂGT��%QOOG�PQWU�CXQPU�RW� NG�FKTG�RNWU� VÐV�� EoGUV�FQPE�EGVVG�opportunité qui va générer une appropriation ponctuelle du délaissé, et c’est justement via ce moment d’occupation, cette transformation VGORQTCKTG�FW�NKGW�SWG�.CWTGP�#PFTGU�FÅƂPKV�NG�VGORU�FG�XGKNNG�FG�NC�

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friche. Nous parlerons alors de ce moment de construction, collective ou non, comme une étape de transformation partielle du lieu. Ce temps nous parle, d’une part de la mutation physique et sociale du délaissé, mais aussi des expériences qu’il cumulera pendant cette transformation. Dans sa conversion la friche, ou délaissé, permettra alors de tester de nouvelles pratiques au cœur du site, de détourner les usages habituellement vus dans un espace public, de proposer de nouvelles formes urbaines, etc… Ce caractère permissif devient alors le terrain de jeux d’une expérimentation urbaine au cœur d’une réalité sociale.

Ce pose peut être maintenant la question de la limite du temps de XGKNNG� ��SWCPF�RGWV�QP�GUVKOGT�SWG�EG�VGORU�RTGPF�ƂP�!�.GU�RTQLGVU�auxquels nous nous intéressons s’inscrivent effectivement sur différentes temporalités, certains projets seront éphémères alors que d’autres proposeront une forme qui évoluera au cours de sa vie. Dans le cas d’un projet éphémère, d’aménagement urbain temporaire il y a vraiment une conscience de l’occasion exceptionnelle du lieu qui se crée. Ce sentiment de voir le projet se replier pour laisser la place à quelque chose de nouveau tend à susciter un intérêt particulier au projet et de surcroit, à parler d’un temps d’après friche. De l’autre coté, on distingue les projets qui s’assument dans leur évolution constante. Même si la forme de fabrication du lieu peut se traduire par de petits moments de chantier – suivis d’un temps d’expérimentation d’usage avant de retomber dans une autre phase de chantier – le projet ÅXQNWGTC�UCPU�XTCK�OQOGPV�FG�ƂP��UCPU�CEEQORNKUUGOGPV��%GVVG�HQTOG�d’aménagement urbain qui est en constante mutation ne permet donc pas de parler de temps d’après friche, du moins pas dans un HWVWT�RTQEJG�QW�WP�OQOGPV�FÅƂPK��2CVTKEM�$QWEJCKP�UQWJCKVGTCKV�CNQTU�que l’architecture se conçoive ainsi, qu’elle offre une possibilité de mutation du lieu, et auquel cas, qu’elle n’arrive plus ou moins jamais à ce temps d’après.

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« LoQWXTCIG� FQKV� TGUVGT� QWXGTV�� �� PQP�ƂPK� ��� GV� NCKUUGT� WP�XKFG�RQWT�SWG�NoWVKNKUCVGWT�CKV�NC�RNCEG�Fo[�GPVTGT�RQWT�UoGP�UGTXKT�� NoGPTKEJKT� UCPU� LCOCKU� NG� TGORNKT� VQVCNGOGPV�� GV� NG�transformer dans le temps. »

BOUCHAIN Patrick / CONSTRUIRE AUTREMENT /ARLES, L’IMPENSÉ ACTES SUD, 2006. P.27

De manière générale, on pourra alors imaginer un temps d’après friche quand le projet cessera de se transformer sous cette forme libre d’appropriation. Attention, le temps d’après friche n’est pour autant pas une tare dans l’aménagement urbain, on verra par la suite qu’il s’agit plus d’une nouvelle possibilité offerte au lieu qui n’est, à ce moment là, plus considéré comme un délaissé.

S’IMPLANTER EN DOUCEUR //Depuis le début de ce mémoire on parle d’occuper un délaissé. Le VGTOG� GUV� LWFKEKGWUGOGPV� EJQKUK� CƂP� FG� FKHHÅTGPVKGT� NC� TÅPQXCVKQP�d’une friche et son aménagement, temporaire ou non, réactiver par une forme d’intervention légère. La différence se fait, dans un RTGOKGT� VGORU��FG�RCTV� UC� VTCPUHQTOCVKQP� ��QP�PG�RCTNGTC�RCU�FoWPG�construction architecturale du plein, mais plutôt de l’aménagement d’un vide. De plus, leurs transformations qu’on pourrait alors SWCNKƂGT�FG�EQPUGTXCVTKEGU��OKPKOCNGU��QW�EJKTWTIKECNGU�KORQUGPV�WPG�implantation respectueuse, voire même préservatrice, du lieu tel qu’il était avant d’intervenir. L’intervention sur le délaissé se fait donc de manière très douce. Elle inclue une notion de temporalité nécessaire à l’appropriation du lieu par chacun et quand à sa légitimité.

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« .C� TÅCRRTQRTKCVKQP�PoGUV�RCU�WPG� �� TGSWCNKƂECVKQP� ��QW�WPG���TÅJCDKNKVCVKQP�����RQWT�TÅRQPFTG�¼�NC�OKUG�JQTU�EKTEWKV�qui annule ces espaces, elle les remet en jeu entre nous, elle fait place à la politique en donnant cours aux libertés dont leur commun usage est la condition. »

DEGEORGES PATRICK ET NOCHY ANTOINE,L’IMPENSÉ DE LA VILLE

L’urbaniste Jean Pierre Charbonneau1 note qu’en France, les villes se EQPUVTWKUGPV�VQWVGU�UWT� NG�OÆOG�UEJÅOC�XKC� NC�FÅƂPKVKQP�FGU�WUCIGU�GV� HQPEVKQPU� FG� EJCSWG� GURCEG� RNCPKƂÅ� FCPU� FG� ITCPFU� RTQLGVU�d’aménagement urbain. Cependant, ces programmations urbaines OGVVGPV� FG� EÐVÅ� EGTVCKPU� GURCEGU�� ƂIWTGU� FG� HWVWTU� FÅNCKUUÅU�� GV� PG�laissent que très peu d’opportunité à l’imprévu, au provisoire, jugé hors de nos cultures professionnelles. Ces formes urbaines temporaires répondent pourtant aux pratiques collectives et sociales qui animent nos rues. Citons alors comme exemple la mutation des places publiques les jours de marchés, ou le renouvellement d’usage de nos rues lors de manifestations populaires (grèves, fêtes, braderies, marathons, etc). Pourquoi l’architecture et l’urbanisme de nos villes ne devraient-ils pas ÅXQNWGT�CW�ƂN�FG�EGU�CEVKXKVÅU�!�%oGUV�CNQTU�FCPU�EGVVG�RTQDNÅOCVKSWG�que les projets des collectifs apportent une démarche de réparation, FG� PGVVQ[CIG�� FoCHƂPCIG� FG� NoGURCEG� RWDNKE�� OCKU� UWTVQWV� RCU� NC�construction massive d’un projet pour combler un vide. Leur implantation légère et respectueuse de l’environnement n’est pas seulement le fruit d’une quelconque réglementation ou d’un droit d’occupation, mais il symbolise aussi l’évolution d’un savoir-vivre économe et sobre de la société, qui prend alors conscience de l’économie de construction,

1. Article de Jean Pierre Charbonneau / 25 Juin 2007���¥ETKV�RQWT�NC�TGXWG�7TDCPKUOG�����#OÅPCIGOGPV�FoCPVKEKRCVKQP���

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de ne pas bâtir plus que ce dont on a réellement besoin. Ces projets d’aménagements temporaires, du moins dans leurs formes initiales, induisent deux temporalités qui viennent enrichir l’évolution du projet. On parlera alors d’un temps de fabrication et d’un temps d’usage. Le premier correspond à la manière d’intervenir sur le délaissé, sous quelle forme ? Comment le réaliser ? Quelles sont les ressources locales qui peuvent nous aider à le réaliser ? Ces questions animent une certaine logique d’implantation, de conception et des techniques de réalisation. La seconde temporalité présente alors les enjeux du projet et jusqu’où il sera capable de développer une activité intéressante. Se pose les questions des enjeux de construire en ces lieux ? Jusqu’où le mener ? L’évolution que peut apporter l’usage du projet ?

TEMPS D’USAGE //Paradoxalement, on s’intéressera aux temps d’usage dans un premier temps. Ceci va permettre de dresser un cadre aux interventions et de dégager les différents enjeux de l’occupation. En soit, ces données UQPV� FÅVGTOKPÅGU� CW� EQWTU� FG� NC� RTÅEÅFGPVG� ÅVCRG� �� NC� EQPEGRVKQP��avec habitants ou non si une étape de concertation a été appliquée. Cependant il me semble intéressant de rappeler alors ce moment FoCVVGPVG�CƂP�FoCRRTÅJGPFGT�NGU�TÅCNKUCVKQPU�KP�UKVW��&CPU�WP�RTGOKGT�temps, l’occupation temporaire d’un délaissé peut avoir une valeur d’activation du lieu dans l’attente d’un projet à construire sur le site. Le collectif etc parle alors de « temps mort » et exploite ces moments entre conception et réalisation pour rentrer dans une stratégie de EQPEGTVCVKQP� ¼� NoÅEJGNNG� FoWP� RTQLGV� RNWU� NCTIG� QW� RQWT� RTQƂVGT� FG�l’opportunité qu’offre ce temps d’attente. Cette intention place alors la réalisation dans le domaine technique de la construction plus ou moins légère et donc, de surcroit, d’une simplicité de démontage. Le regard apporté au moment de démontage est très important puisqu’il

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permet de considérer le moment du départ et comment partir. On présente ici le cas d’un projet d’occupation temporaire qui laisse sa place à quelque chose d’autre, mais il est aussi possible de prévoir WP�RTQLGV�SWK� UG�FÅOQPVG��SWK� EJCPIG�FG� HQTOG�CƂP�FG� HCXQTKUGT� NC�transmission du projet, son évolutivité en fonction des usages, ou bien même de se replier si l’acte d’occupation n’est plus légitime et passible de réprimandes.

On sera alors amené à re-parler de temps d’usage au cours de l’occupation du lieu, dans le cadre des chantiers participatifs où l’on constatera la part importante du test aux usages des modules EQPUVTWKVU�CƂP�FG��UQKV�NGU�CHƂPGT��NGU�OQFKƂGT�QW�NGU�XCNKFGT��7P�UQTVG�d’introduction aux notions abordées dans le livre de Patrick Bouchain���« Construire en habitant. »

TEMPS DE FABRICATION //Outre les motivations et enjeux de l’occupation du délaissé, se pose aussi la question des modalités d’exécution du projet. L’occupation d’un espace relève souvent d’une initiative associative, habitante, voire même directement des collectifs pratiquants. De fait, ceci impose WPG� EGTVCKPG� NKOKVG� ƂPCPEKÄTG� GV�OCVÅTKGNNG�� .G�RTGOKGT� VGORU� CXCPV�fabrication sera alors de glaner les matériaux utiles à la construction, UQKV�GP�FÅDNQSWCPV�WPG�CKFG�ƂPCPEKÄTG�EQNNGEVKXKVÅ�NQECNG���RCTVKEKRCVKQP�individuelle / appel à don), en faisant appel aux entreprises ou associations locales, ou bien même issus de la récupération. De plus, il faut aussi prendre conscience des capacités matérielles disponible sur site. Au cours d’une conférence à la cité du territoire de Grenoble, Florent ChiaPPero2 du collectif etc� TCEQPVG� CNQTU� NC� FKHƂEWNVÅ� FG�mobiliser des machines pour transporter ou lever les lourdes charges

2. Propos recueillis lors d’une conférence du collectif etc

Master ITER / Cité du territoire Grenoble / 18 Mars 2014

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GP� OKNKGW� WTDCKP�� CNQTU� SWoGP� ECORCIPG� KN� UWHƂV� FG� TGPEQPVTGT� WP�agriculteur amical, prêt à donner un coup de main (et de tracteur). Il expliquait que le même souci se posait pour le petit matériel, où l’on dispose rarement d’une scie sauteuse dans son appartement. Ces données, fondamentales dans un projet d’auto-construction, FoCWVQ�ƂPCPEGOGPV�GV�FoCRRGN�¼�RCTVKEKRCVKQP��EQPFKVKQPPGPV�CNQTU� NC�faisabilité des interventions. On privilégiera donc les matériaux légers et facilement façonnables. Le bois est ainsi souvent utilisé, tant pour sa NÅIÄTGVÅ��UC�ƃGZKDKNKVÅ��OCKU�CWUUK�UQP�INCPCIG���QP�RGWV�WVKNKUGT�FW�DQKU�de palette ou s’arranger pour récupérer différentes chutes de bois sur un chantier ou en scierie.

De manière générale, le cumul de ces données, tant à l’échelle d’un programme, d’un usage, ou d’une faisabilité, tend à proposer une KORNCPVCVKQP�FQWEG�UWT� NG�FÅNCKUUÅ��CƂP�FG�PG�RCU�EQPUVTWKTG� NG� NKGW��OCKU� GPEQTG� WPG� HQKU�� RNWVÐV� FG� NoCHƂPGT��1P�RCTNGTC� CNQTU� FG�OKETQ�CTEJKVGEVWTG�RQWT�FÅƂPKT�EGU�CEVGU�FG�RGVKVGU�CRRTQRTKCVKQPU�OGPÅGU�par des collectifs de professionnels pluridisciplinaires.

LE CHANTIER UN ACTE CULTUREL //Dans le cadre de son projet de reconversion de l’ancienne biscuiterie LU, à Nantes, Patrick Bouchain introduit une notion propre au temps FW�EJCPVKGT�SWoKN�SWCNKƂG�EQOOG�CEVG�EWNVWTGN��%GU�VGTOGU�TÅKPXGPVGPV�NC�OCPKÄTG�FG�XQKT�NG�EJCPVKGT��KNU�PoKFGPVKƂGPV�RNWU�EG�FGTPKGT�EQOOG�WP�simple temps d’exécution, de fabrication, mais comme un second temps de conception où l’on favoriserait l’échange de savoir faire, la découverte de techniques constructives, et la recherche de solutions propres aux usages envisagés du lieux. De plus, l’acte de construire s’illustre alors EQOOG�WPG�RKÄEG�FG�VJžVTG���NC�XGKNNG��NG�UKVG�TGUVG�GP�CVVGPVG��KN�PoGUV�CW�ƂPCN�SWG�FÅEQT���NG�RTGOKGT�LQWT�NGXGT�FG�TKFGCW��NGU�CEVGWTU�UoKPUVCNNGPV�sur le devant de la scène et débute alors leur histoire, leur symphonie.

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« Comment réintroduire du sens dans la construction ? L’architecture contemporaine n’exprime ni la diversité du monde ni la discordance de la société, elle ne fait qu’appliquer un modèle dominant déconnecté du réel. L’acte de construire étant un acte culturel, le chantier doit permettre l’expression du savoir-faire des arts et métiers. »

BOUCHAIN Patrick / HISTOIRE DE CONSTRUIRE /ARLES, L’IMPENSÉ ACTES SUD, 2012. P. 151

A l’image de cet événement culturel, on comprend alors qu’un chantier raconte une histoire et qu’il est prêt à la transmettre aux plus attentifs. L’aménagement du délaissé fait alors preuve de son changement, et sans bien même parler de participation, le chantier communique de lui même de son état de mutation. De la même manière que la propagande dont parle Richard Reynolds dans son ouvrage sur la guérilla jardinière (Cf. Partie 2) les bruits du chantier vont alors prendre part à la communication des futures activités du site, et attireront certainement quelques curieux qui viendront alors demander plus de renseignements sur les travaux réalisés. Le chantier se transforme en NKGW�FG�TGPEQPVTG�GV�FoGZRQUKVKQP��%GVVG�RTCVKSWG�URÅEKƂSWG�FW�EJCPVKGT��� VTÄU� NCTIGOGPV� GORNQ[ÅG� RCT� NGU� EQNNGEVKHU� �� GUV� CNQTU� SWCNKƂÅG� FG « chantier ouvert au public ».

Chantier ouvert du collectif etc / © www.collectifetc.com

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7VKNKUÅG�RCT� NC�RTGOKÄTG� HQKU�RCT�4GP\Q�2iano3, la notion est d’abord employée comme une critique de l’architecte posé sur son piédestal et du système de fonctionnement pyramidal de la discipline. L’idée étant alors de parler d’une architecture plus transversale, qui pourrait alors s’ouvrir d’une part aux autres corps de métier (sociologues, urbanistes, CTVKUVGUe��GV�UWTVQWV�CWZ�RTKPEKRCWZ�KPVÅTGUUÅU�FG�NC�TÅCNKUCVKQP�¼�XGPKT�� les usagers. Cette notion de « chantier ouvert » introduit aussi le chantier comme un moment clé du partage de savoir. Il permet alors de parler d’un acte de participation, du « faire » et « voir faire ». Le chantier ouvert est alors vecteur de rencontre et de partage propre au développement des projets. Ce moment permissif va aider à faire le lien entre les usagers et les constructeurs, favorisant ainsi le dialogue autour du projet. Les objectifs d’un chantier ouvert se distinguent selon deux axes de recherche avec d’un côté, la volonté de fédérer autour du projet, de communiquer ; et de l’autre, d’éduquer, de créer et de débattre. Il faut alors comprendre que la démarche n’est pas tant de proposer un chantier accessible à tous 24h/24, mais favoriser les rapports transversaux entre les décideurs, les constructeurs et les usagers. Deux temps seront alors accordés à cette forme de fabrication EQNNGEVKXG���WP�RTGOKGT�¼�NoÅEJGNNG�FoWPG�RCTVKEKRCVKQP�¼�NC�HCDTKECVKQP�GV�un second sous la forme de restitution publique.

2.�2+#01�4GP\Q���%*#06+'4�178'46�#7�27$.+%���'F��#46*#7&�������

LE CHANTIER PARTICIPATIF //Si nous revenons à la notion de temporalité de ces projets il est intéressant de relever l’étendue de la mutation du délaissé. On rappelle alors les précédentes phases qui impliquent d’ors et déjà les habitants GV�KPUVKVWVKQPU�FKTKIGCPVGU���NG�VGORU�FoCXCPV�HTKEJG��CXGE�NoKFGPVKƂECVKQP�des lieux, et le temps d’attente de la friche, temps de conception du projet. Le chantier participatif intervient comme la dernière pièce du

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RW\\NG���NC�FGTPKÄTG�ÅVCRG�FG�EQPUVTWEVKQP�EQNNCDQTCVKXG�CXCPV�NC�RTCVKSWG�FW�PQWXGN�GURCEG�EQNNGEVKH�FÅƂPKV��+N�GUV�KPVÅTGUUCPV�FG�EQPUVCVGT�SWoWP�projet collaboratif n’est pourtant pas simple à mener. Les processus de fabrication de projet sont justement une des problématiques à ce manque de cohérence et de participation. D’autant plus dans des projets qui s’inscrivent dans les espaces de la ville, qui auquel cas sont relativement longs, parfois sur des timings de 3 à 5 ans de concertation et conception avant une quelconque réalisation. Cependant, les projets d’occupations de délaissé, de part leurs statuts temporaires, restent TGNCVKXGOGPV�UQDTGU�FCPU�NGWTU�VGORU�FG�TÅƃGZKQP�GV�RGTOGVVGPV�CNQTU�de susciter plus facilement l’investissement des habitants. Notons que la participation dans le cadre d’une initiative d’occupation temporaire élève les mêmes problématiques à la participation que dans les cas de grands projets urbains, pour un rapport de durée à cette plus petite ÅEJGNNG� �� NQTUSWoWP� RTQLGV� RTQRQUCPV� WPG� EQPUVTWEVKQP� RCTVKEKRCVKXG�de quelques jours fédérera certainement plus de participants que s’il s’étale sur plusieurs mois. Ils se sentent alors plus libres à la participation UK�NG�RTQLGV�¼�WPG�ƂP�FÅƂPKG��%GEK�KORNKSWG�NC�RCTV�FoGPICIGOGPV�FG�chacun, mais rappelons alors que ces habitants ne sont pas forcément tous prêts à se lancer dans l’aventure dès le début, et encore moins si sa réalisation suppose une trop longue participation.

Le temps de chantier participatif s’organisera donc de manière RQPEVWGNNG� GV� URQPVCPÅG�� CƂP� FG� PG� RCU� HQTEGT� NC� RCTVKEKRCVKQP��mais plutôt de la provoquer. En règle générale, la construction des modules d’aménagements se fait continuellement par les membres des collectifs, également aidés des habitants les plus motivés ou disponibles. Le chantier vient également accueillir ponctuellement des moments de rencontres autour de la construction, sous forme d’ateliers participatifs. La petite communication de l’investissement du délaissé permettra alors d’attirer l’habitant qui passe à proximité du chantier et de peut-être venir, de manière spontanée, participer

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à la construction du projet, donner son avis, découvrir le projet. Ceci implique alors, dans la gestion de chantier, de laisser part à une part importante d’imprévus et de prendre le temps de re-questionner le projet au cours de sa réalisation. Un projet de micro-architecture ou d’intervention éphémère peut effectivement s’accorder ces temps de concertation et, aux cumuls, prolonger les travaux. Dans un projet à plus grande échelle, où les attentes et contraintes (techniques et ƂPCPEKÄTGU��PG�UQPV�XTCKUGODNCDNGOGPV�RCU�NGU�OÆOGU��KN�GUV�CNQTU�RNWU�FÅNKECV�FG� NCKUUGT� NG� VGORU�ƂNGT� ¼� NoGPEQPVTG�FGU�FCVGU�FG� NKXTCKUQPU��De plus, cette fabrication collective est intéressante de par la mixité sociale, culturelle et professionnelle qui se développe au cœur de ces chantiers. On parlera de transversalité entre les différents acteurs du EJCPVKGT��OCKU�TCRRGNQPU�CNQTU�NGU�URÅEKƂEKVÅU�FG�EJCEWP��+N�PG�HCWV�RCU�non plus lisser totalement le rapport entre chaque intervenant, mais au contraire cibler les connaissances, le savoir-faire de chacun.

On privilégiera donc les temps ponctuels de participation à une pratique constante du chantier avec les habitants, permettant par la même occasion de dresser un cadre à la fabrication collective et une manière plus propice de transmettre un savoir les uns aux autres. Lors de ces interventions, le collectif etc met alors en place des systèmes d’ateliers pédagogiques selon différentes thématiques propres à la nature du projet envisagé avec les habitants. De manière pédagogique, les membres du collectif vont partager leur savoir-faire sur des ateliers de construction, de menuiserie, de peinture, de jardinage ou de graphisme sur des temps forts du chantier. Le fait d’appliquer l’implication des habitants à un moment T, va encore une fois dans le sens pratique des marges de temps de construction qu’il faut aussi laisser aux professionnels. De plus, ceci ouvrira les portes du chantier aux habitants de manière plus formelle, et donc de mieux accompagner ou suivre la participation habitante. Au cours des prochaines pages nous nous attarderons à découvrir ces pratiques appliquées à la mutation du délaissé dans une démarche d’invention

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collective et quotidienne. Il sera alors intéressant de voir aussi à quel RTQƂN�FoWUCIGT�NG�EJCPVKGT�XKGPV�CNQTU�UoQWXTKT��GV�FoGP�FÅFWKTG�RGWV�ÆVTG�les réponses aux questions de qui utilisera le lieu ? Qui s’occupera de l’entretien ? A qui transmet-on le projet ?

Cette invitation à investir, participer, visiter un temps de chantier est OCIPKƂSWGOGPV�KPVGTRTÅVÅG�FCPU�NoQWXTCIG�FG�2CVTKEM�$ouchain, intitulé « Construire en habitant ». L’œuvre retrace l’expérience partagée avec le collectif EXYZT. L’architecte présente ainsi la réappropriation singulière qu’ils ont expérimentée pour le pavillon français au cours de la 10e biennale internationale d’architecture.

« Il y avait de l’activité tout le temps, nous nous donnions comme règle qu’à chaque fois qu’un visiteur entrait dans le pavillon, quelqu’un devait le prendre en charge, soit par un regard, une parole ou un simple verre d’eau. Nous voulions que les gens posent leurs sacs, découvrent un autre temps. »

BOUCHAIN Patrick / CONSTRUIRE EN HABITANT /ARLES, L’IMPENSÉ ACTES SUD, 2011. P. 38

Cette équipe pluridisciplinaire et inter-générationnelle, constituée RQWT�NoQEECUKQP��UQWJCKVG�CNQTU�VGUVGT�NC�RTCVKSWG�FW�EJCPVKGT�GV�RTQƂVGT�de ce moment pour le confronter directement à un usage, à vivre le lieu. Ce mélange direct entre la construction et son utilisation génère alors des bouleversements, engendre une reconsidération de la réalisation et fait alors évoluer le projet au fur et à mesure de sa pratique. Le RCXKNNQP�FGXKGPV�CNQTU�WP�NKGW�GP�EQPUVCPVG�OQFKƂECVKQP�SWG�NoQP�XKGPV�OQFKƂGT�CW�ITÅ�FGU�GPXKGU��FGU�WUCIGU�GV�FG�NC�HQPEVKQP�GPXKUCIÅG�FW�lieu à un moment T. Cette richesse d’adaptation peut être maintenant transposée aux réalités de chantier, et plus précisément dans le cadre des études de ce mémoire, dans l’occupation du délaissé.

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PROJET YES WE CAMP / MARSEILLE

Le projet s’inscrivant alors dans les aménagements temporaires appliqués dans le cadre de Marseille 2013 | Capitale Européenne de NC�%WNVWTG��.G�RTQLGV�DÅPÅƂEKCKV�FÅL¼�FoWPG�NÅIKVKOKVÅ�FoQEEWRCVKQP�FGU�UQNU��FG�ƂPCPEGOGPV�GV�FG�DÅPÅXQNGU�RTÆVU�¼�RCTVKEKRGT�¼� NoCXGPVWTG��Répondant aussi à une idée utopique expérimentée à l’Estaque, site sur lequel ils ont été quelque peu parachuté au dernier moment, le collectif n’a pas vraiment eu le temps de concerter et d’impliquer les habitants dans la conception et la réalisation du projet. Rappelons aussi que le projet vient accueillir différentes formes d’hébergements préalablement sélectionnés, dessinées par des personnes extérieures.

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Le camping de Yes We Camp s’est alors construit avec d’un côté les YesWeCampers (initiateurs du projet) en charge de la coordination de projet et de la fabrication de la partie YWC du projet (cheminements, sanitaires, bar, kiosque, bureaux, cuisine). De l’autre, il y avait les sélectionnés pour les appels à projets qui construisaient leurs structures, correspondant alors aux hébergements insolites du camping. Une dernière entité bénévole était la force de travail partagée sur YWC et les projets sélectionnés, constituée du off (bénévole Capitale Européenne 2013) et des bénéfous (Bénévole de YWC). A un certain moment, le statut bénévole est devenu général, avec peu de distinction de qui était là. Le statut de bénévole permettait alors d’accéder à un logement gratuit sur place, trois repas pris en charge et un petit bracelet vert au poignet pour signaler son statut et qui donnait droit à un tarif spécial au bar.

��2WKU�¼�WP�OQOGPV��LG�PG�UCKU�RCU�EQOOGPV��VQWV�NG�OQPFG�UoGUV�OÅNCPIÅ��&W�EQWR�EGWZ�SWK�CXCKGPV�GPXKG�FG�HCKTG�QW�OQFKƂGT��NG�HCKUCKV��%oGUV�RCT�GZGORNG�EQOOG�ÃC�SWG�LG�OG�UWKU�TGVTQWXÅ�¼� HCKTG� NG� 2+6#.7)7'��RCTEG�SWG� LoCXCKU� GPXKG� GV� LoGP� CXCKU� NGU�OQ[GPU�RJ[UKSWGU��7P�U[PFKECV�GUV�OÆOG�CRRCTW�FCPU�VQWV�EG�HQWVQKT��TGSWGUVKQPPCPV�NC�NÅIKVKOKVÅ��NGU�XCNGWTU�FG�RTQLGV�����

Mickey Nectoux / ancien étudiant à l’ENSAG /#WLQWTFoJWK�TÅHÅTGPV�FG�RTQLGV�EJG\�;GU�9G�%COR�

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LA RESERVE / LYON

Céline Dodelin, fondatrice de l’association L’Atelier des friches, est une artiste plasticienne qui intervenait déjà depuis quelques années dans le quartier de Gerland, à Lyon. Quand elle a eu l’opportunité FG�VTCXCKNNGT�UWT� NG�FÅNCKUUÅ�FG�.C�4ÅUGTXG�GNNG�C�FoCDQTF�TÅƃÅEJK�¼�NC�conception de ces futurs espaces toute seule, forte d’expériences passées (autre projet d’occupation dans le même quartier).

Côté aménagement du lieu, elle met alors en place des ateliers de type « chantier jeune » avec l’aide des éducateurs spécialisés du quartier. La première année, suite aux aménagements réalisés par les jeunes, un projet de jardin ouvrier est alors mis en place avec les familles de l’immeuble en face. Le Grand Lyon viendra alors accepter QHƂEKGNNGOGPV� NG� RTQLGV� FoQEEWRCVKQP� FW� FÅNCKUUÅ� NoCPPÅG� UWKXCPVG� ��.oCUUQEKCVKQP�GP�RTQƂVGTC�RQWT�RTQRQUGT�WPG�PQWXGNNG�HQTOG�FG�EWNVWTG��plus collective que le principe du jardin ouvrier. Certaines familles quitteront alors le projet pour laisser la place à certaines plus motivées par cette opportunité de partage. Depuis maintenant 4 ans, le lieu évolue et se cadence d’ateliers pédagogiques autour des questions de bio-diversité, de la culture pour se nourrir, etc …

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SUR LA PLACE PUBLIQUE / SAINT-JEAN-EN_ROYANS

Suite à une première année de concertation avec les habitants de la ville de Saint-Jean-en-Royans, l’association de l’aire et le collectif EXYZT ont décidé de se concentrer sur le quartier des Chaux, où la démolition d’une barre de logements vacants est prévue. L’occupation VGORQTCKTG�FW�NKGW�SWK�GUV�XQWÅ�¼�FKURCTCÊVTG�XC�CNQTU�RGTOGVVTG�FG�RQUGT�des questions d’ordre social, politique et culturel à la communauté d’habitants.

Avec l’aide des habitants, le collectif EXYZT va tout d’abord investir trois logements vacants de l’immeuble pour proposer une sorte de lieu commun, bureau temporaire du collectif, mais aussi lieu de TCUUGODNGOGPV� FG� NC� EQOOWPCWVÅ� JCDKVCPVG�� RQWT� RCTNGT�� TÅƃÅEJKT�à l’avenir de l’espace qui va être créé suite à la déconstruction de l’immeuble. Pendant deux semaines le collectif et les habitants vont alors construire des éléments de mobiliers urbains, des jeux pour les enfants et repeindre les façades de l’immeuble pour exprimer l’acte collectif qui est ici initié.

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Suite à la démolition de l’immeuble, un an après, le collectif revient CWRTÄU�FGU�JCDKVCPVU�RQWT�RTQƂVGT�FG�NoGURCEG�QHHGTV��CƂP�FG�RTQRQUGT�l’aménagement d’un module collectif pouvant fédérer de nouvelles activités pour la communauté. En un week-end, les membres du collectif et les habitants récupèrent des gravas de la démolition, des parties de modules construits l’année passée pour réaliser collectivement un Kiosque qui remplacera l’immeuble pendant une durée de 3 ans.

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PLACE AU CHANGEMENT / SAINT ETIENNE

Pour ce projet au cœur de la ville de Saint Etienne, le collectif etc propose une forme de chantier ouvert pendant une courte durée. Ils inviteront ainsi habitants, passants et les enfants d’une école publique à proximité, à venir participer à cette phase de travaux pendant une vingtaine de jours.

Ils reviendront 2 ans plus tard, force est de constater la mauvaise utilisation de l’espace. Le lieu n’a pas pour autant été dégradé, mais il n’est pour autant pas utilisé. Cette fois-ci, les membres d’etc demandent à quatre autres collectifs d’étudiants, de graphistes et de paysagistes d’intervenir dans le cadre d’un workshop d’une semaine RQWT� CHƂPGT� NGWTU� RTGOKÄTGU� KPVGTXGPVKQPU�� .G� VGORU� FGU� VTCXCWZ�est alors toujours sous la forme d’un chantier ouvert, et permet de retrouver quelques habitants venus participer à la première édition.

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LE CAILLOU / NANTESLE 2-4 / PRÉ-EN-PAILLES ANCIENNES CARTOUCHERIES / RENNES

Dans�NG�ECU�FG�EGU�VTQKU�FGTPKGTU�RTQLGVU��KN�GUV�FKHƂEKNG�FG�RCTNGT�FoWP�moment précis de fabrication. Le trois projets parlent alors plus d’une forme d’occupation qui se fabrique au travers une participation quotidienne et une constante mutation du délaissé. De plus, les projets de Rennes et Nantes sont initiés par des étudiants en école d’architecture, on peut donc imaginer qu’ils ne pouvaient pas être tout le temps présent. A noter que dans ces cas présents, une première étape de travaux est alors réalisée en amont par les membres des EQNNGEVKHU�CƂP�FG�TGPFTG�NG�NKGW�CEEGUUKDNG�GV�FoQHHTKT�FÅL¼�FG�RTGOKÄTGU�prises à la participation des habitants.

Les démarches participatives sont alors à la fois dans une mesure quotidienne, et parfois, pour marquer un temps fort, une sorte d’événement, de workshop qui viendra alors animer le temps d’un week-end une forme de chantier plus productif.

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LE CHANTIER EVENEMENT //Dans cette dernière sous-partie au sujet du temps de veille, on abordera les moments festifs qui font alors partis des expérimentations d’usages du lieu, les moments de vie autour de la question du chantier et un moment de communication de ce qui est alors fait et reste à faire. Ce moment clé de rencontre va permettre aussi de sortir la tête du chantier, pour respirer, mais aussi prendre du recul sur ce qui a déjà été réalisé et alors entrevoir des prémisses d’usages.

.GU�HQTOGU�FoCVGNKGTU�RCTVKEKRCVKHU�RTÅEÅFGOOGPV� KFGPVKƂÅGU�TGNÄXGPV�aussi de l’action / événement. On distinguera cependant une nuance entre l’atelier qui vient de manière ponctuelle animer le moment de chantier ou d’usage du lieu ; et les ateliers plus récurrents, qui dureront au minima plusieurs après-midis et qui viennent nourrir la construction du lieu. On peut alors distinguer deux enjeux de ces ateliers, l’un étant dans une démarche plus pédagogique de partage de savoir, quand l’autre se caractérise plus comme un moment opportun à l’implication des habitants dans la construction. De part sa nature événementielle,

« Le chantier de Construire ensemble - le grand ensemble s’inscrira dans la programmation d’une institution culturelle SWK�CWTC�GP�EJCTIG�NC�RTQFWEVKQP�FG�VQWU�NGU�ÅXÅPGOGPVU�SWK�XKGPFTQPV�RQPEVWGT�NC���UCKUQP���FW�EJCPVKGT��'P�HCKUCPV�FW�EJCPVKGT�WP�ITCPF�OQOGPV�FG� NC� XKG�RWDNKSWG��GP�GP�HCKUCPV�WP�CEVG�RÅFCIQIKSWG�GV�EWNVWTGN�� e��GP�[� VGPCPV�FGU�TÅWPKQPU��EQPHÅTGPEGU��TGRCU��EQWTU�FoCRRTGPVKUUCIG�GV�URGEVCENGU��GP�GP�HCKUCPV�WP�NKGW�EQPHQTVCDNG�FoÅEJCPIG��FG�RCTVCIG�GV�FoÅXGKN��GP�RQPEVWCPV�NG�EJCPVKGT�FoKPVGTXGPVKQPU�CTVKUVKSWGU�� EGV� CEVGWT� EWNVWTGN� HQTOGTC� NG� RKXQV� FG� EGVVG�GZRÅTKGPEG�FG�EQPUVTWKTG�CWVTGOGPV���

BOUCHAIN P. / CONSTRUIRE ENSEMBLE, LE GRAND ENSEMBLE /ARLES, L’IMPENSÉ ACTES SUD, 2010. P. 5

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NoCVGNKGT� FGXKGPV� CNQTU� WP� OQOGPV� ¼� RNCPKƂGT� FCPU� NG� RNCPPKPI� FG�chantier et à communiquer. Ces ateliers permettent également de proposer une étape d’implication des habitants de l’ordre graphique. Citons alors comme exemple un projet du Collectif etc à Rennes, de réactivation d’un espace au milieu de barres de logements. Nommé pour l’occasion « promenons-nous dans le bois », le projet s’est construit CXGE�NGU�JCDKVCPVU�GV�WPG�CUUQEKCVKQP�NQECNG�CƂP�FG�TÅCNKUGT�WPG�ECDCPG�et des plateformes pour redonner une nouvelle activité de la place. De nombreux ateliers ont aussi permis de communiquer sur l’intervention, et c’est de part ces activités qu’on parlera alors d’événement. Ici, des ateliers d’écriture ont été proposés avec une philosophe du quartier, des ateliers de sérigraphie et des temps de mise en forme graphique du lieu via peinture à la chaux sur l’écorce des arbres existants.

Atelier participatif avec le collectif etc / © www.collectifetc.com

Le temps de l’événement en soit s’inscrit dans une logique de EQPEGTVCVKQP��+N�CRRCTCÊV�CNQTU�EQOOG�WP�VGORU�FoCRTÄU�VTCXCWZ�GV�PQWU�parle de la manière d’habiter le chantier et du nouvel aménagement. %oGUV� GP� SWGNSWG� UQTVG� WPG� RJCUG� VGUV� FGU� VTCXCWZ� �� XQKT� EQOOGPV�les habitants s’approprient le lieu, découvrir des usages peut-être insoupçonnés. Si nous revenons sur l’expérience proposée au pavillon

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français lors de la 10e biennale internationale d’architecture, ces fameux temps de pause de chantier ont été aussi la clé de cet acte de construire. D’ailleurs, la volonté première des architectes était, au delà de construire un objet, de susciter ces moments festifs et récréatifs de rencontre, de vie. Rappelons alors le nom donné à l’expérience SWK�GUV�RQWT�NG�EQWR�VTÄU�GZRNKEKVG�����/ÅVCEKVÅ���/GVU�VC�XKG�N¼����&CPU�l’ouvrage qui retrace cette expérience, construire en habitant, il est expliqué que le pavillon français est alors devenu petit à petit le lieu où toutes les personnes de l’événement se retrouvaient, le nouvel espace de rencontre de Venise et de la biennale.

« Métacité : Mets-ta-vie-la »/ © www.exyzt.org

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Le temps du chantier devient alors un moment privilégié pour tisser de nouveaux liens entre les habitants d’un territoire, voire même au delà. En effet, le temps de l’événement permet aussi de faire venir des gens n’ayant alors jamais fréquenté le lieu et ses alentours auparavant, stigmatisés par son état de délaissé. La mise en place de ces chantiers participatifs et ces évènements de restitution au grand public permet de ré-apprendre à vivre ensemble et leur fournir le lieu pour une vie collective ou communautaire. Le chantier et ces moments de rencontres tendent alors à former des communautés d’habitants autour du projet en construction et petit à petit leur céder la place pour qu’ils soient eux-mêmes acteurs de la vie du lieu.

��.oCEVKQP�ÅXÅPGOGPVKGNNG�GUV�WP�OQOGPV�EQWTV�FCPU�NoGPUGODNG�FoWP�RTQLGV��EoGUV�WP�OQOGPV�FG�XKUKDKNKVÅ�CW�RWDNKE�GV�CWUUK�WP�OQOGPV� SWK� HÅFÄTG� NG� EQNNCDQTCVKH� VGN� WP� TKVWGN� EQNNGEVKH�� %oGUV�WPG�CEVKQP�SWK�GP�SWGNSWG�UQTVG�EQPEGPVTG�NGU�FKXGTUGU�ÅPGTIKGU�SWoQP�IÅPÄTG�GV�KPXKVG�¼�UoGPICIGT�GV�¼�FGXGPKT�CEVGWT��SWG�NoQP�UQKV�JCDKVCPV��ÅNW��VGEJPKEKGPU��EWTKGWZ�e��

Alexander Roemer / membre du collectif EXYZT /SUR LA PLACE PUBLIQUE / Ed. Parc Naturel Régional du Vercors / P.100

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ANALYSE DES ÉLÉMENTS DU CORPUS //

Derrières cette page nous retrouverons deux formes d’analyses utilisées dans les précédentes parties. Il sera alors intéressant de faire un aller-retour entre chaques RCTVKGU� CƂP� FG� EQPUVCVGT� NGU� FKHHÅTGPVGU� OWVCVKQPU� FW�délaissé.

Ainsi, on retrouvera le système d’analyse en toile d’araignée pour comprendre se que l’occupation à pu apporter au lieu. Ensuite, on reviendra à la notion de temps de chantier et les évènements (ou ateliers) qui l’anime dans le cas des Sept projets étudiés.

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YES WE CAMP 2013 //

&¥$76�&'5�64#8#7:���Avril 2013&¥$76�&'5�75#)'5���Mai 2013

6'/25�&'�(#$4+%#6+10���2 mois6'/25�&o75#)'�� 5 mois

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LA RÉSERVE //

&¥$76�&'5�64#8#7:���Avril 2010&¥$76�&'5�75#)'5���Mai 2010

6'/25�&'�(#$4+%#6+10��� -6'/25�&o75#)'�� 4 ans

SUR LA PLACE PUBLIQUE //

&¥$76�&'5�64#8#7:���Juin 2010&¥$76�&'5�75#)'5���Juillet 2010

6'/25�&'�(#$4+%#6+10���2 semaines6'/25�&o75#)'�� 1 an

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sur la place publiqueav. fricheStatut

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PLACE AU CHANGEMENT //

&¥$76�&'5�64#8#7:���Juillet 2011&¥$76�&'5�75#)'5���Aout 2011

6'/25�&'�(#$4+%#6+10���1 mois6'/25�&o75#)'�� 3 ans

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LES ANCIENNES CARTOUCHERIES //

&¥$76�&'5�64#8#7:���Mars 2013&¥$76�&'5�75#)'5���Juin 2013

6'/25�&'�(#$4+%#6+10���-6'/25�&o75#)'�� 1 an

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LE CAILLOU //

&¥$76�&'5�64#8#7:���Mars 2012&¥$76�&'5�75#)'5���Mai 2012

6'/25�&'�(#$4+%#6+10���-6'/25�&o75#)'�� 2 ans

LE 2-4 //terrain(s) d’expression(s) associative(s)&¥$76�&'5�64#8#7:���Mars 2012&¥$76�&'5�75#)'5���Mai 2012

6'/25�&'�(#$4+%#6+10���1 an6'/25�&o75#)'�� 2 ans

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sur la place publiqueav. friche

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place au chgtav. friche

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le caillouav. friche

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ancienne cartouch.av. friche

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sur la place publiqueav. fricheStatut

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YWC 2013av. friche

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La réserveav. friche

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sur la place publiqueav. friche

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place au chgtav. friche

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le caillouav. friche

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ancienne cartouch.av. friche

Statut

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Activitéeconnexe

Entretien

Activitérecensée

sur la place publiqueav. friche

À travers cette seconde analyse en toile d’araignée, on peut constater les différentes évolutions du délaissé entre la phase d’arpentage, et son occupation. Notons que la mutation du lieu ne se fait pas uniquement au cours de l’étape de fabrication, mais est bien évidemment initiée au cours de la concertation.

Activitée

Statut

ActivitéeActivité

Statut

Activité

96

Nous retrouvons donc ici le tableau comparatif permettant alors de mettre à plat les temps de fabrication de chaque projet et des formes de participation alors mise en application sur ces occupations. On constatera, entre autre, que les interventions n’accueille pas forcément les même publics au cours de leur chantier.

De plus, Les processus de fabrication et de conception étant alors relativement long, on les comparera via une analyse dite «frise de friche».

YES WECAMP

L’ATELIER DES FRICHES

DE L’AIREEXYZT

COLLECTIFETC

LE BUREAUCOSMIQUE

COLLECTIF FERTILE

COLLECTIF 2-4

Temps de fabrication 2 mois

Participation�r LA FORME

Temps d’usage 5 mois

fab. quotidienne

4 ans

2 semaines

1 an

1 mois

3 ans

fab. quotidienne

1 an

fab. quotidienne

2 ans

1 an

2 ans

Participation�r AVEC QUI Ɖ ArchitectesƉ Etudiants

Ɖ Enfants (Ado.)Ɖ Familles

Ɖ FamillesƉ Services d’entretiens

Ɖ HabitantsƉ Enfants

Ɖ Chantier participatif Ɖ Chantier jeune

Ɖ Jardins partagés

Ɖ Chantier ouvert

Ɖ Atelier constructionƉ Atelier graphique

Ɖ Chantier ouvert

Ɖ Atelier constructionƉ Atelier graphiqueƉ Atelier pédagogique

Ɖ Chantier ouvert Ɖ Chantier ouvert

Ɖ Jardins partagés

Ɖ Chantier ouvert

Ɖ Jardins partagés

Ɖ Atelier pédagogique

Ɖ EtudiantsƉ Habitants

Ɖ EtudiantsƉ Habitants

Ɖ HabitantsƉ Élus

FERTILE

13 - 26 Avril 2013habitez-là

Été 2010première idée / jardins ouvriers

14 & 21 Septembre 2013ateliers collectifs14 & 21 Septembre 2013ateliers collectifs14 & 21 Septembre 2013ateliers collectifs

Mars - Octobre 2012intervention sur le site / année 2012

1 mois17 Juillet - 27 Aout 2011place au changement #1

COLLECTIFETC

Mars - Décembre 2013intervention sur le site / année 2013

Mars - Octobre 2012intervention sur le site / année 2012

COSMIQUE12-13-14 Juillet 2013les tombées de la nuit

16-24 Mars 2013défrichage / construction cabane perchée

25 Juin - 04 Juillet 2010chaux devant !

DE L’AIRE 25 - 30 Septembre 2011Construction Kiosque25 - 30 Septembre 2011Construction Kiosque25 - 30 Septembre 2011Construction Kiosque

15 Avril - 15 Juin 2013phase travaux

30 Sept. - 07 Nov. 2013phase démontage30 Sept. - 07 Nov. 2013phase démontage30 Sept. - 07 Nov. 2013phase démontage

Mars - Octobre 2011intervention sur le site / année 2011

Mars - Octobre 2013intervention sur le site / année 2013

« (5QWVJYCTM� .KFQ) 5oinscrit dans une réalité. Il se FÅXGNQRRG�UWT�WP�UKVG�RTQXQSWCPV�FGU�RQUUKDNGU�usages et programmes tout en laissant des VTCEGU� VCPIKDNGU� FoWPG� GZRÅTKGPEG� XÅEWG�� %GVVG�EQPUVTWEVKQP� ÅRJÅOÄTG� ¼� WP� KORCEV� FCPU� NC�OÅOQKTG� EQNNGEVKXG� GP� VCPV� SWG� RQVGPVKGN� FG�FGXGPKT��»

Propos du Collectif exyzt.Concour de Micro-architectureMINI MAOUSSE 4

99

PARTIE 4Le passage à l’acte / Le temps de veille

VERS UN AUTRE MOMENT //Avant de parler du devenir du lieu, il faut revenir en arrière. Une forme de bilan avant de bloquer le choix de l’avenir du site, et à plus grande échelle, la conséquence qu’il aura sur le quartier, village ou territoire dans lequel il s’inscrit. Suite à la construction des micro-architectures, permettant alors de revisiter le délaissé, s’impose un nouveau visage du lieu. C’est dans ce moment de renouveau qu’on parlera du temps d’après. Cependant il est important de comprendre tout le cheminement fait auparavant pour assimiler les caractéristiques FG�EG�PQWXGN�GURCEG��2TQƂVQPU�GP�RQWT�TCRRGNGT�NGU�RTGOKGTU�GPLGWZ�des interventions. On parle de la réactivation d’un espace délaissé, mais dans quel but ? Nous avons vu que cette mesure se partageait GP�FGWZ���FoWP�EÐVÅ�NoKPVGTXGPVKQP�SWK�C�WPG�UKORNG�XQNQPVÅ�FoÅXGKNNGT�les consciences sur ces espaces négligés et de l’autre un manière de se l’approprier, d’en faire un espace à soi ou plus largement à une communauté de personnes. On remarquera alors que le premier cas FG� ƂIWTG� EQTTGURQPF�RNWU� ¼� WPG� ÅVCRG�FG�RTQLGV�� GV� SWG�FG� EG� HCKV�l’intervention doit alors être démontée pour laisser place à autre chose. Dans le second, il s’agit plus d’une manière de faire perdurer l’usage du site par ses habitants ou un groupe de personnes intéressées par

Le temps de l’après friche, comme le dénomme Lauren Andres, EQTTGURQPF�FoWPG�RCTV�¼�NC�ƂP�FG�NoQEEWRCVKQP��GV�CW�FÅDWV�FoWP���CWVTG�chose ». Après interventions le délaissé, n’est plus considéré comme friche. C’est à partir de cette évolution du site que l’on arrive au temps d’après et qu’il devient alors uniquement un terrain du possible. Nous verrons à travers cette dernière partie les évolutions des sites étudiés et la manière dont les collectifs ont soit transmis, démonté ou fait évoluer le projet.

100

le projet ; les aménagements sont donc voués à rester sur place, mais aussi à évoluer en fonction de nouveaux usages, à consolider pour qu’ils deviennent plus pérennes … De la même manière, il est important de re-situer le projet à son départ, et rappeler qui était à l’initiative du projet. En effet, la relation entre l’initiateur du projet et sa mise en œuvre est intrinsèquement liée. Un projet d’aménagement temporaire mené par une ville, ou une collectivité territoriale, peut être une forme de concertation en vue d’un projet plus global, alors qu’un projet initié RCT�WP�ITQWRG�FoJCDKVCPVU�UG�UKVWGTC�RNWU�FCPU�NG�UGEQPF�ECU�FG�ƂIWTG�(appropriation du délaissé). Le temps d’après friche devient alors une forme de validation des volontés premières. C’est une forme de bilan, de temps de retour sur le projet, mais aussi un temps de renouveau pour le délaissé qu’on ne considère plus comme tel, à partir de ce moment.

A plus grande échelle, c’est aussi le moment de restitution sur ces nouvelles mises en œuvre de projet. Il est intéressant de voir que EGU�EQPUVTWEVKQPU�EKVQ[GPPGU�UQPV�CW�EyWT�FoWPG�TÅƃGZKQP�¼�NoÅEJGNNG�du Pays. Ces travaux sont plus ou moins récents en France, mais on remarque qu’ils sont déjà appliqués depuis plusieurs années en Angleterre, Espagne et Etats Unis. Il est alors intéressant de pouvoir TGEGPUGT�EGU�RTCVKSWGU��FG�RQWXQKT�RNWU�NCTIGOGPV�NGU�EQNRQTVGT�CƂP�FG�partager cette expérience et tenter de la généraliser.

��2QWT�SWG� NGU�IGPU�UoCRRTQRTKG�EG�IGPTG�FG�RTQLGV��GV�SWG�ÃC�HCUUG�PCÊVTG�FGU�FÅUKTU�EJG\�FGU�ÅNWU��FGU�VGEJPKEKGPU��FGU�OCÊVTGU�FoQWXTCIGU�RQVGPVKGNU��%GU�QWXTCIGU�UQPV�N¼�RQWT�ÃC��e��,G�OG�FKU�VQWVG�EGVVG�EQORNGZKVÅ�N¼��KN�HCWV�NC�FQPPGT�¼�XQKT�RCT�NG�RGVKV�DQWV�FG�NC�NQTIPGVVG��EQOOG�EoGUV�RQUUKDNG�¼�VTCXGTU�WP�QWXTCIG��%oGUV� XTCKOGPV� WPG� VGPVCVKXG� FG� FQPPGT� ¼� XQKT� EGVVG� NGEVWTG�EQORNKSWÅG��EJCQVKSWG��OCKU�FG� NWK� TGFQPPGT�SWCPF�OÆOG�FW�UGPU�RQWT�EQORTGPFTG�FoQÕ�ÃC�RCTV�GV�XGTU�SWQK�QP�CTTKXG���

Elisa Dumay / Entretien avec l’association de L’aire du 28/02/14

101

La communication peut alors prendre plusieurs formes, et c’est dans EGVVG� EQORNGZKVÅ� FG� RTQRCICPFG� SWoKN� GUV� CWLQWTFoJWK� FKHƂEKNG� FG�EQPPCÊVTG�NGU�TÅGNNGU�OKUGU�GP�yWXTG�FG�EGU�RTQLGVU��1P�NGU�TGVTQWXG�UQWU�NC�HQTOG�FG�RWDNKECVKQP�FoQWXTCIGU��FoWP�CTVKENG�FCPU�WP�OCIC\KPG��WPG�auto-promotion sur les réseaux sociaux … Richard Reynolds, dans son ouvrage sur la guérilla jardinière explique l’importance d’une bonne propagande en citant des propos de che guevara1. La communication FG�NoQEEWRCVKQP�C�CNQTU�FGWZ�GPLGWZ���TGETWVGT�GV�RTQVÅIGT����4GETWVGT�� pour attirer de nouveaux bénévoles qui pourraient alors entretenir le terrain ou aider dans ses aménagements futurs. De plus, il y a derrière une réelle volonté d’encourager les autres à initier ce genre de démarches dans leurs propres villes. « Protéger » dans un premier temps pour montrer la participation bénévole d’habitants, espérer limiter la dégradation du lieu, mais aussi obtenir du soutien en cas de OGPCEGU� LWTKFKSWGU��ƂPCPEKÄTGU��QW�CWVTGU��1P�RQWTTC�CNQTU�RCTNGT� KEK�de légitimer l’acte.

4GXGPQPU�GP�OCKPVGPCPV�¼�EG�OQOGPV�ENÅ�SWK�CHƂTOGTC�NG�FGXGPKT�FW�lieu. La question de l’après est primordiale dans un tel projet, et nous verrons à travers les éléments du corpus qu’il a été plus ou moins bien prévu, en fonction des projets.

1. Dans son ouvrage GUÉRILLA JARDINIÈRE, Richard Reynolds illustre souvent son propos via les citations de l’œuvre GUERRE DE GUÉRILLA, de Che Guevara.

DÉMONTER //La� RTGOKÄTG� OGUWTG� VGPF� CNQTU� ¼� HCKTG� FKURCTCÊVTG� NG� RTQLGV�d’aménagement réalisé par le collectif et les différents participants, pour peut-être laisser la place à autre chose. On a vu que cette pratique pouvait alors servir de prémisse à la construction d’un projet bâti ou d’un aménagement urbain, construit et entretenu par la ville.

102

&G�OCPKÄTG�OQKPU�RNCPKƂÅG��QP�RGWV�CWUUK�KOCIKPGT�SWG�NoKPVGTXGPVKQP�aura un impact dans la mémoire collective et que l’espace libéré de son occupation en invitera d’autres à se réapproprier le lieu. Au cours de l’entretien passé avec l’association De L’AIRE, Elisa Dumay exposait CNQTU�UQP�CXKU�UWT�NoCVVKVWFG�CFQRVÅG�UWT�NC�SWGUVKQP�FG�NoCRTÄU��

��0QWU�ÅVKQPU�¼�FGWZ�GPFTQKVU� VQVCNGOGPV�FKHHÅTGPVU� �� PQWU�QP�GUV�UWT�FGU�RTQEGUUWU�FG�FÅXGNQRRGOGPV�GV�':;<6� LWUSWoCNQTU�ÅVCKV� RNWU� UWT� FGU� RTQEGUUWU� ÅXÅPGOGPVKGN�� FoKPXGUVKUUGOGPV�FoGURCEGU�GP�HCKUCPV�FGU�QRÅTCVKQPU�VTÄU�ƃCUJ�FCPU�NGU�ITCPFGU�XKNNGU�GWTQRÅGPPGU�GV�KNU�ÅVCKGPV�VTÄU�RGW�KPVGTXGPWU�UWT�NoGURCEG�TWTCN��XQKT� LCOCKU��3WCPF�QP�C�ÅVÅ�NGU�TGPEQPVTGT�¼�2CTKU�� KNU�QPV�ÅVÅ�XCEJGOGPV�KPVÅTGUUÅU�RCTEG�SWG�LWUVGOGPV�RQWT�GWZ�EoÅVCKV�PQWXGCW��NG�HCKV�FG�VTCXCKNNGT�UWT�WP�RTQITCOOG�FG�FÅXGNQRRGOGPV�GV� PQP� RCU� FoÅXÄPGOGPVKGN�� QÕ� NoQP� HCKV� WPG� ITQUUG� ƂGUVC� ¼� NC�ƂP��GV�CRTÄU�QP�RNKG�NGU�ICWNGU�GV�VQWV�NG�OQPFG�TGRCTV�EJG\�NWK��%GNC� HCKV�WPG�GURÄEG�FoÅOGTIGPEG��FG� HQNKG�FCPU� NC� XKNNG�SWK� ¼�NC� HQKU�GUV�EQORNÄVGOGPV�FÅNKTCPVG��SWK� HQPEVKQPPG�OCKU�UoGHƂNG�VTÄU� XKVG�� ����� 3WCPF� VW� GU� FCPU� WP� RTQLGV� EQOOG� EGNWK�EK�� VW�RQTVGU�WPG�XTCKG�TGURQPUCDKNKVÅ�UQEKCNG�GV�RQNKVKSWG��SWG�SWCPF�VW�GU�UWT�WP�RTQITCOOG�ÅXÅPGOGPVKGN�VW�RGWZ�FKTG���QP�C�DKGP�FÅNKTÅ��OCKPVGPCPV�VEJCQ������&QPE�EG�PoGUV�RCU�FW�VQWV�NC�OÆOG�CRRTQEJG��£C� PQWU� C� VQWU�FÅRNCEÅU�FCPU� PQVTG�RTCVKSWG�� ÃC� C�ÅVÅ�UWRGT�KPVÅTGUUCPV�FoCXQKT�LWUVGOGPV�FGU�CEVGWTU�TGNCVKXGOGPV�FKHHÅTGPVU�CW�FÅRCTV���

Aujourd’hui, les acteurs politiques ont pris conscience des intérêts et des enjeux d’intervenir sur ces espaces en déclin, ainsi que l’importance de l’application et la concertation des habitants dans les processus de fabrication de la ville. La ville de Saint-Jean-en-Royans en a justement fait l’expérience avec l’association De L’AIRE et le Collectif EXYZT. Le projet qui s’inscrivait initialement dans un processus de concertation

103

pour revisiter le PLU (Plan Local d’Urbanisation) et une étude sur des pistes d’aménagements revalorisant les espaces publics de la ville, a progressivement évolué sur la gestion d’une démolition d’immeubles et des espaces en devenir que ce nouveau vide allait générer. Le projet UG�EQPUVTWKV�CNQTU�GP�VTQKU�VGORU���NGU�RTGOKGTU�VTCXCWZ�FoKPXGUVKICVKQP�FW�lieu permettait alors de traverser l’immeuble, de l’occuper et de créer une nouvelle activité tout autour ; Suite à la démolition, un kiosque GUV�XGPW�RTGPFTG�RNCEG�UWT� NG�XKFG�CƂP�FG�ETÅGT�WP�PQWXGCW� NKGW�FG�rencontres ; Aujourd’hui, après trois ans d’exploitation, le kiosque est censé partir pour laisser place à un aménagement extérieur géré par la ville et une salle communale.

Le kiosque du quartier des Chaux / Saint-Jean-en-Royans / © www.delaire.eu

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.oKFÅG�FW�FÅOQPVCIG�CRRCTCÊV�CWUUK�FCPU�WP�UGEQPF�RTQLGV�FW�EQTRWU���;GU�9G�%COR��&CPU�NG�ECU�FG�EG�RTQLGV��KN�GUV�KPVÅTGUUCPV�de constater qu’ici, on se trouve dans une posture tout autre que celle proposée par De l’aire, mais au contraire celle dont Elisa Dumay fait la critique. Ce projet avait une véritable nature événementielle, il était donc prévu que le campement insolite construit pour l’occasion de Marseille 2013 | Capitale Européenne FG�NC�%WNVWTG��FKURCTCKUUG�¼�NC�ƂP�FG�NoÅVÅ�

« Quand ce site a été connu nous étions en fait satisfaits car dans NGU� CTTQPFKUUGOGPVU� ��� GV� ���� CWEWPG� OCPKHGUVCVKQP� EWNVWTGNNG�PoCXCKV�ÅVÅ�RTÅXWG�GV�NG�UKVG�ÅVCKV�OCIKSWG��&QPE�QP�RGPUCKV�SWG�EoÅVCKV� UWRGT� EJQWGVVG� FoKPVGTXGPKT� FCPU� WP� NKGW� GPENCXÅ�� /CKU�le parachutage de dernier moment n’a pas permis la période FG� OÅFKCVKQP�� KPVTQFWEVKQP� FW� RTQLGV� CXCPV� FG� EQOOGPEGT�¼� EQPUVTWKTG�� ,G� RGPUG� SWG� UK� PQWU� CXKQPU� GW� EG� VGORU�� PQWU�CWTKQPU�VQWEJÅ�WP�RGW�RNWU�Fo'UVCSWÅGPU��e��#W�ƂPCN�RGTUQPPG�PG�UoGUV�XTCKOGPV�KPUVCNNÅ�¼�NoGUVCSWG��+N�[�C�DKGP�GW�WPG�KFÅG�FG�RTGPFTG�WP�NQECN�N¼�DCU��UCPU�UWEEÄU��RCU�HCEKNG�FoCEEÄU��No'UVCSWG�GUV�XTCKOGPV�GPENCXÅ�CRTÄU�VQWV���

Mickey Nectoux / propos recueillis au cours d’échange via e-mail.

Aujourd’hui le site de l’Estaque est retombé en déclin. Le temps d’après friche qui est alors censé donner une opportunité au délaissé d’aller plus loin n’a pas eu lieu dans ce cas là, et le lieu est alors retombé au premier temps de friche, dans l’attente d’être réutilisé peut être un jour. Les membres de Yes We Camp sont aujourd’hui sur de nouveaux projets, entre expositions de leurs travaux à la friche de belle de mai et exploitation d’un délaissé dans la région parisienne.

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TRANSMETTRE //La seconde mesure adoptée après intervention sur un délaissé consiste à continuer l’occupation du lieu et de le faire évoluer au travers le temps. A ce moment là, on cherchera à légaliser l’acte d’occupation si ce n’est pas encore le cas, et faire valoir son droit d’occupation, ou du moins la légitimité de l’acte. En fonction de l’initiateur du projet, on parlera alors de transmettre, ou de garder l’espace approprié. Dans le cas d’une intervention d’un collectif, suite à l’appel d’un groupe d’habitants ou d’une association, on parlera alors de transmettre le projet. Patrick Bouchain parle souvent de cette notion dans ces ouvrages, il explique alors que selon lui, une architecture (ou un aménagement urbain) est réalisée pour un usager et non pas pour la gloire de son créateur, et de ce fait elle se doit de pouvoir céder le pas à son utilisation. Deux termes sont alors introduits par $QWEJCKP�FCPU�UQP�yWXTG�%105647+4'�#764'/'06��« Transmettre » et « Repartir ».

« 5CXQKT�UG�TGVKTGT�¼�NC�ƂP�FoWP�EJCPVKGT��EoGUV�ETÅGT�NG�XKFG�SWK�RGTOGV�¼�NoWVKNKUCVGWT�Fo[�GPVTGT��2GPFCPV�NG�EJCPVKGT��KN�HCWV�NoCEEWGKNNKT�RQWT�NoCUUQEKGT��NG�OGVVTG�FCPU�WPG�UKVWCVKQP�FoCRRTQRTKCVKQP�CXCPV�FG�RCTVKT�RQWT�NG�NCKUUGT�NKDTG��EQOOG�WP�RTQHGUUGWT�SWK�VTCPUOGV�NG�UCXQKT�¼�WP�FG�UGU�ÅNÄXGU�GV�SWK� FQKV� ¼� WP�OQOGPV�FQPPÅ� UG� TGVKTGT� RQWT�SWG� NoÅNÄXG�RTGPPG� UQP� CWVQPQOKG�� %QOOG� NoÅNÄXG� FQKV� FÅRCUUGT� NG�OCÊVTG��NoWVKNKUCVGWT�FQKV�FÅRCUUGT�NG�EQPEGRVGWT��»

BOUCHAIN Patrick / CONSTRUIRE AUTREMENT /ARLES, L’IMPENSÉ ACTES SUD, 2006. P.114

106

&CPU� NG� ECU�FW�RTQLGV� ¼�5V�'VKGPPG� �� 2NCEG�CW�%JCPIGOGPV�� NG�collectif etc a mis en place plusieurs ateliers de concertation en XWG�FG�UQP�FÅRCTV��.oKFÅG�ÅVCPV�FG�FQPPGT�FGU�RKUVGU�FG�TÅƃGZKQP�aux élus, usagers, services techniques, pour prévoir l’avenir du lieu réactivé pour l’occasion, et surtout pour qu’il ne retombe pas en désuétude. Deux temps de tables rondes ont alors été organisés, permettant de soulever des questions collectivement UWT� NG� FGXGPKT� FW� UKVG�� #KPUK�� NC� TÅƃGZKQP� C� ÅVÅ� GPVCOÅG� GPVTG�habitants, associations locales, élus de la ville et architectes. Au FGN¼�FG�EGU�VGORU�FG�TÅƃGZKQP��TCRRGNQPU�NoGPLGWZ�FW�EJCPVKGT�ouvert, qui permet une première appropriation du lieu par les habitants. De plus, le collectif a ici décidé d’impliquer les services techniques de la ville dans cette phase de construction en prévision de l’entretien de cet espace qui sera alors assuré par ces derniers.

Table ronde sur le projet PLACE AU CHANGEMENT / © www.collectifetc.com

Malgré ces démarches de préparation à l’avenir du lieu, l’espace public alors construit n’a que très peu été utilisé durant ces deux premières années, et le collectif etc a dû ré-intervenir sur

107

NGU�NKGWZ�CƂP�FoQHHTKT�RNWU�FG�RTKUGU�GV�KORNKSWGT�RNWU�FoJCDKVCPVU�auprès du projet. Ils ont été forcés de constater que le lieu, pris en sandwich entre deux axes de circulation n’était pas forcément propice à l’aménagement d’un espace public. Rappelons aussi que ce projet rentre aussi dans la première catégorie, puisqu’il était initialement prévu un embellissement de la parcelle pour susciter un rachat de cette dernière. Suite au prochain épisode.

Le projet dit « La Réserve » à Lyon se pose aujourd’hui la question du transmettre. Les membres de l’atelier des friches, artistes plasticiens à la base, se sont retrouvés à gérer un (et même plusieurs) jardin(s) collectif(s), faute de possibilité de transmission. Effectivement, dans ce cas présent, personne ne souhaitait prendre le relai, et l’association s’est trouvée dans une situation délicate qui l’empêchait alors de partir ou de travailler sur des démarches qui leur étaient plus adaptées. Depuis maintenant trois ans, l’association travaille en lien avec une animatrice jardinière qui pourrait alors reprendre les rênes du jardin collectif de la réserve. Ceci permettrait alors à NoCUUQEKCVKQP�FG�TG�RQTVGT�UQP�VTCXCKN�UWT�WPG�CWVTG�\QPG�FW�NKGW��en proposant des résidences à des artistes pour venir animer le lieu ponctuellement pendant quelques semaines.

Aménagement actuel de PLACE AU CHANGEMENT / © www.collectifetc.com

108

GARDER //Le� VGORU� FoCRTÄU� HTKEJG� GUV� KEK� TGNCVKXGOGPV� ƃQW�� QP� RQWTTCKV�OÆOG�imaginer qu’il n’y en a pas, et que le lieu se caractérise par son temps de veille constant. Cette pratique tend à faire évoluer constamment NG�NKGW�FCPU�NG�DWV�FG�NoCHƂPGT�RCT�UC�RTCVKSWG��UQP�WUCIG��GV�PG�LCOCKU�le laisser retomber en déclin. Cette stratégie est souvent le fruit d’une occupation menée par un groupe d’habitants et relève alors d’une montée au pouvoir du citoyen. Cette pratique montre alors la volonté de ce dernier à être acteur de l’environnement qui l’entoure et ne RNWU�UKORNGOGPV�UWDKT�NGU�COÅPCIGOGPVU�RNCPKƂÅU�RCT�FGU�FÅEKFGWTU�politiques déconnectés des réalités locales.

C’est le cas du 2-4 rue des rosiers, à Pré-en-Pail. La volonté des trois CUUQEKCVKQPU�GUV�VGNNG�SWoGNNG�NGWT�C�RGTOKU�FG�TÅWPKT�CUUG\�FG�OQPFG�autour d’eux, et de faire valoir la nécessité pour les familles du village d’avoir un lieu où se retrouver. La friche commerciale ici réappropriée par les associations est depuis devenue un lieu commun. On pourrait presque parler d’un espace public tant la volonté du lieu est de fédérer une rencontre autour d’un espace. Ce qui est intéressant dans ce projet c’est réellement cette montée au pouvoir des habitants qui n’étaient alors pas du tout intéressés à des questions d’urbanisme, d’architecture ou de sociologie. Aujourd’hui le local continue d’évoluer avec la construction de nouveaux aménagements, l’entretien d’un jardin collectif, etc …

Deux autres éléments du corpus viennent se greffer à cette partie, il s’agit des travaux du collectif Fertile et du bureau cosmique. Tous deux sont des travaux d’occupation initiée par des étudiants en architecture. Il est intéressant de voir l’implication qu’ont eu ces étudiants à l’égard de ces lieux, et de voir l’évolution qu’ ont pris ces espaces en faveur des collectifs. En effet, même s’il s’agit bien de deux projets fondamentalement différents (enjeux) ces délaissés sont devenus, après occupation, une sorte de bureaux insolites de ces

109

jeunes collectifs. Le délaissé devient alors un lieu d’expérimentations constructives, spatiales, sociales, etc. L’exemple du caillou, sujet d’étude du collectif fertile, se développe selon un plan dessiné au préalable à construire sur les prochaines années. Le délaissé de Nantes va alors encore évoluer et se transformer pour proposer de plus en plus d’activités, cumuler une histoire, et développer sa propre identité.

Projet d’aménagement du Caillou / © www.collectif-fertile.org

110

YES WE CAMP 2013 //

ET APRÈS ? DémontageET APRÈS ? Sept. - Nov. 2013

.'�5+6'���Redevenu un délaissé.

Statut

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YWC 2013av. friche

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La réserveav. friche

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place au chgtav. friche

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le caillouav. friche

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sur la place publiqueav. friche

LA RÉSERVE //

ET APRÈS ? GarderET APRÈS ? Transmettre (en prévision)

.'�5+6'���-

SUR LA PLACE PUBLIQUE //

ET APRÈS ? DémontageET APRÈS ? Sept. 2011

.'�5+6'���Construction d’un kiosque

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YWC 2013av. friche

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PLACE AU CHANGEMENT //

ET APRÈS ? TransmettreET APRÈS

.'�5+6'���Réintervention en 2013

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LES ANCIENNES CARTOUCHERIES //

ET APRÈS ? GarderET APRÈS ? Transmettre (en prévision)

.'�5+6'���Bureau du collectif

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LE CAILLOU //

ET APRÈS ? GarderET APRÈS ?

.'�5+6'���Laboratoire du collectif

LE 2-4 //terrain(s) d’expression(s) associative(s)ET APRÈS ? GarderET APRÈS ? .'�5+6'���Local des associations

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Cette dernière analyse permet alors de comprendre la nécessité de penser la question de l’après sur un tel projet. On parle de projet temporaire, mais il ne faut pas non plus que cette démarche conduise à un nouveau déclin du site. De manière générale, on remarque aussi une baisse de l’entretien et des activités in situ. C’est alors dans sa seconde, troisième et quatrième transformation que le site occupé regagnera une certaine attractivité.

Activitée

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« 5K�NG�FÅXGNQRRGOGPV�FGU�RTQLGVU�FÅOQETCVKSWGU�TGUVG�WP�GPLGW�FG�PQU�UQEKÅVÅU��CNQTU�FG�PQWXGNNGU�HQTOGU�FoWTDCPKVÅU�TGUVGPV�¼�KPXGPVGT�»

Propos du Collectif bruit du frigo.Exposition temporaire du Pavillon d’Arsenal RE�r�ARCHITECTURE

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CONCLUSION

A l’heure d’une aire nouvelle, où les politiques urbaines se sont éprises RQWT�FGU�FÅOCTEJGU�*3'�QW�$$%�CƂP�FG�RTÅUGTXGT�PQVTG�RNCPÄVG��KN�est intéressant de porter notre regard sur les initiatives d’habitants qui se sentent de plus en plus impliqués dans la construction des espaces de demain. Leur démarche n’est pas nécessairement de proposer des solutions économiques ou écologiques, mais de se pencher sur la question du bien commun. Dans un sens, c’est une forme de critique de la société consommatrice dans laquelle on vit, tant dans ses actes aux quotidiens que dans la manière de construire notre environnement. Les villes ont toujours été dessinées entre pleins et vides, mais malheureusement aujourd’hui cette image ne s’applique plus que dans le rapport bâtis / rues, mais aussi dans l’usage que ces espaces apportent. Ces vides se partagent entre espaces publics entretenus et construits par des acteurs politiques, et des espaces KPCEVKHU��TGDWU�FG�VQWVGU�RNCPKƂECVKQPU�WTDCKPGU�

Si nous revenons alors sur la problématique de ce mémoire, il est intéressant de constater l’état maladif de nos villes. L’intérêt de ce OÅOQKTG� ÅVCKV� FG� SWGUVKQPPGT� EGU� GURCEGU� XKFGU� �� GPVTG� ÅVWFG� FGU�capacités d’un délaissé et analyse d’un espace public. La question des espaces publics a d’ors et déjà été abordée dans de nombreux cas de recherches et d’analyses ; il semblait alors plus intéressant de FÅƂPKT�ENCKTGOGPV�NGU�ECRCEKVÅU�FW�UGEQPF�GURCEG��RQWT�GPƂP�NG�OGVVTG�en opposition face aux premiers. Les espaces publics d’aujourd’hui sont vides, ils ne servent que de lieu de passage, de transition, de stationnement ou d’attente. Le sujet du délaissé a donc tenu un rôle majeur tout au long de ce mémoire du fait de sa récente appropriation par une communauté de personnes souhaitant intervenir dans la création des espaces de son quotidien. Au cours de ces écrits, nous avons pu découvrir les démarches atypiques auxquelles sont confrontés ces espaces en devenir, ce qui je pense, est la clé d’une fabrication cohérente d’espaces décernés aux publics. Ce qui nous intéresse ici, c’est alors de comparer la manière de fabriquer ces deux espaces.

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Si nous revenons alors sur la problématique de ce mémoire, il est intéressant de constater l’état maladif de nos villes. Rappelons alors SWoCW�ƂN�FGU�CPPÅGU��NGU�XKNNGU�QPV�UWDKV�FoKORQTVCPVGU�VTCPUHQTOCVKQPU���GPVTG�IWGTTGU�GV�ETKUGU�ÅEQPQOKSWGU��GNNGU�QPV�EWOWNGT�FGU�DNGUUWTGU�que l’on spatialisera à travers ces délaissés. De plus, on constate que les espaces publics, qui étaient à l’origine lieux de vie commune, perdent aujourd’hui de leur attractivité et rétrogradent leurs fonctions à un simple lieu de passage. L’intérêt de ce mémoire est donc de questionner EGU�GURCEGU�XKFGU���GPVTG�ÅVWFG�FGU�ECRCEKVÅU�FoWP�FÅNCKUUÅ�GV�CPCN[UG�d’un espace public. Il faut donc redonner un sens à ces espaces et leur offrir une valeur de lieu de rencontres, d’échanges collectifs et d’appropriations publiques. La question des espaces publics a d’ors et déjà été abordée dans de nombreux cas de recherches et d’analyses ; KN�UGODNCKV�CNQTU�RNWU�KPVÅTGUUCPV�FG�FÅƂPKT�ENCKTGOGPV�NGU�ECRCEKVÅU�FW�UGEQPF�GURCEG��RQWT�GPƂP�NG�OGVVTG�GP�QRRQUKVKQP�HCEG�CW�RTGOKGT��.G�sujet du délaissé a donc tenu un rôle majeur tout au long de ce mémoire du fait de sa récente appropriation par une communauté de personnes souhaitant intervenir dans la création des espaces de son quotidien. Au cours de ces écrits, nous avons pu découvrir les démarches atypiques auxquelles sont confrontés ces espaces en devenir, ce qui je pense, est la clé d’une fabrication cohérente d’espaces décernés aux publics.

L’occupation de ces espaces de réserves permet alors de créer une nouvelle opportunité de fabrication de bien commun. Ce qui m’intéresse ici, c’est la capacité des habitants et des élus à prendre EQPUEKGPEG�FG�EG�SWK� NGU�GPVQWTG�GV�FG�RTQƂVGT�FG�EGV�GURCEG�RQWT�tester de nouvelles pratiques sociales et collectives. Au delà de la forme donnée à l’occupation, les premières intentions sont la preuve d’une volonté commune de construire la ville ensemble et de la faire vivre, évoluer collectivement. L’enseignement qu’il faut alors en tirer s’attache aux outils de concertations et d’implications des habitants qui ont été utilisés au cours des différents projets d’occupations étudiés. Dans ces cas présents, l’espace créé correspond à une réalité

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locale qui favorisera alors l’appropriation du délaissé. Ces étapes entre découvertes collectives du lieu, concertations de publics ciblés, constructions participatives permettent alors de proposer un espace à l’image de ces habitants. Je pense qu’il serait alors intéressant d’appliquer ces techniques de constructions atypiques dans nos RTCVKSWGU� JCDKVWGNNGU�� GV� ƂPCNGOGPV� HCDTKSWGT� PQU� XKNNGU� FG�OCPKÄTG�collective et collaborative. Il s’agit donc de remettre l’usager au milieu des questions d’aménagement de son environnement.

��3WGNSWoWP�OCTEJG���KN�HCKV�WPG�TWG��GNNG�GUV�GPEQTG�XKTVWGNNG�OCKU�KN�UWHƂV�FoGODCNNGT�UQP�CIKUUGOGPV�RCT�FGU�HCÃCFGU�GV�elle existe visiblement. Ce piéton s’arrête devant un autre RKÅVQP�SWK�XKGPV�¼�UC�TGPEQPVTG���KN�HCKV�WPG�RNCEG�RWDNKSWG��+N�UWHƂV�FG�NGU�RTQVÅIGT�RCU�FoCWVTGU�ÅNÅOGPVU�D¾VKU�GV�GNNG�GZKUVG�CWUUK��e��%oGUV�FQPE�NoJCDKVCPV�SWK�HCKV�NC�XKNNG���PK�NGU�ingénieurs, ni les architectes. »

KROLL Lucien / BIO, PSYCHO, SOCIO/SCHIZO - SCHIZOPHRENIES URBAINES

Extrait de texte publié par BOUCHAIN P. / CONSTRUIRE AUTREMENT / ARLES, L’IMPENSÉ ACTES SUD, 2006. / P.146

Il y a tout de même une limite à ce système de conception de projet, d’une part il ne peut être appliqué de la même manière dans tous les cas d’études, ce qui implique une équipe forte d’expériences, prête à s’immerger totalement dans le projet. D’autre part, il y a aussi le risque de créer des espaces qui se replient sur eux-mêmes, ne permettant pas ¼�VQWVG� NC�RQRWNCVKQP�FG�UoKFGPVKƂGT�¼�EGU�GURCEGU� UGEVCTKUOG���%GEK�explique aussi les défaillances de nos espaces publics, qui à contrario, se construisent relativement tous de la même manière, réglementés par des normes et fonctions à remplir, et du coup ne correspondent pas forcément à la population qui vit aux alentours.

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Dans le cas des espaces publics construits et entretenus par la ville, la commande publique du projet nous oblige alors à respecter un certain nombre de règles qui conduisent à la standardisation de nos rues. Les espaces publics d’aujourd’hui sont vides, ils ne servent que de lieu de passage, de transition, de stationnement ou d’attente. L’architecte et urbaniste Nicolas Soulier1 parle alors de la stérilisation de nos rues. Je pense que c’est à cause de cette homogénéité des espaces que l’habitant n’y trouve pas sa place. Il y a quelques années, quand on regarde les photos de nos villes passées, on constate qu’il y avait DGCWEQWR�FG�OQPFG�FCPU� NC� TWG� �� NGU�IGPU�OCTEJCKGPV�FCPU� NC� TWG��s’asseyaient dans la rue, se rencontraient dans la rue, allaient au café … Aujourd’hui on a perdu cette connivence avec la rue. Les espaces publics n’offrant plus de prises aux habitants, de pistes d’appropriations, on a fuit ces espaces initialement de rencontres. On remarque aussi le lien ponctuel qu’on pouvait alors entretenir en ouvrant sa fenêtre sur la rue, en s’asseyant dehors sur une chaise. Le rapport à la propriété était CNQTU�ƃQW�QW�XQNQPVCKTGOGPV�QEEWRÅ��OCKU�NG�NKUUCIG�FG�NoGURCEG�WTDCKP�de ces dernières années à poser des limites strictes entre propriétés privées et publiques. Petit à petit, on a imposé une vision sur l’accès aux espaces publics, et cela devenait alors mal approprié de venir occuper un coin de sa rue. Dans le cas d’un délaissé, c’est au contraire son statut qui en fait sa force, et surtout l’abandon du terrain par son propriétaire qui en fait un espace libre d’appropriations. On a vu au préalable que c’est de ce caractère permissif que se nourrissent les initiatives des habitants. C’est alors à défaut de l’existence d’espaces de rencontres ou d’appropriations collectives que les habitants vont alors se retourner vers ces délaissés. Nicolas Soulier analyse alors les statuts des rues en France dans son ouvrage « reconquérir les rues » et constate qu’une propriété privée, ouverte au public, est alors souvent plus vivante qu’un espace public. Comme la façade d’une habitation qui est entretenue par ces propriétaires, pourquoi ne pas faire que

1.�2TQRQU�WVKNKUÅ�NQTU�FoWPG�GPVTGXWG�CXGE�/+&+�10<'�/CIC\KPG�ITCVWKV�GP�NKIPG�� Disponible et publiée sur internet le 13 Décembre 2012

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la gestion d’une entrée d’immeuble ou de logement soit prise en charge individuellement ou collectivement ? Cette ligne de partage permettrait peut-être alors de redonner à la rue, aux espaces publics des usages et des moyens de rencontres.

Je pense alors que ces délaissés, dans leur occupation, ne permettent pas de devenir un espace public, ou comme il a été énoncé dans NoKPVTQFWEVKQP�����WPG�PQWXGNNG�HQTOG�FoGURCEG�RWDNKE����1P�RCTNGTC�CNQTU�plus d’espace communautaire, dans sa transcription anglo-saxonne de community space. Il s’agit alors d’espaces partagés, regroupant plusieurs personnes autour d’un projet commun. On pourrait alors citer en exemple exemples les espaces du quartier Christianan à Copenhague, ou reprendre l’idée de Yona Friedman et de ces villages urbains2. Si ces délaissés rentraient alors dans une stratégie urbaine, on pourrait envisager d’adjoindre une nouvelle forme de lieu commun à la ville qui répondrait à des besoins locaux et qui deviendrait à la fois lieu de rencontre, lieu de production et lieu d’échange. Je pense alors que l’avenir de la ville se trouve dans le lien à entretenir entre ces espaces communautaires et les espaces publics. J’imagine aussi que ces lieux devront alors fournir à la ville une possibilité de changement constant de part leur mutation quotidienne. Ainsi, la ville deviendrait vivante de part son changement de paysage et d’usage. Finalement, l’enjeu de nos villes serait d’appliquer un système de construction d’espaces EQOOWPU�GP�EQPUVCPVGU�OWVCVKQPU�CƂP�FG�HCXQTKUGT�NoÅXÅPGOGPV�RWDNKE�et redonner un véritable rôle aux espaces qui rythment nos villes.

'PƂP�� LG� VGTOKPGTCK� EG� OÅOQKTG� GP� KPUKUVCPV� UWT� EG� SWK� OoCRRCTCKV�comme primordial et indispensable pour la réussite de la re-conversion FoWP�FÅNCKUUÅ���ÅEJCPIG�GV�VTCXCKN�GP�EQPEGTVCVKQP�GPVTG�RTQHGUUKQPPGNU��élus, associations et habitants. Chacun apportant des compétences, expériences, moyens, valeurs, vécus,... différents, la collaboration de tous ne peut qu’être positive pour donner vie à un espace où on peut se projeter et où on s’y sentira bien.

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ECOLOGIK n° 36 / Métamorphose urbaine / Dec. 2013-Janv. 2014

ECOLOGIK n° 31 / La culture dans tous ces états / Fev.-Mars 2013

ECOLOGIK n° 25 / Recyclage urbain / Fev.-Mars 2012

LOTUS n° 149 /�.QVWU�KP�VJG�ƂGNF�/ 2012

LOTUS n° 152 / Capability in architecture / 2013

MILLENAIRE 3 n° 4 / Société urbaine et action publique / Hiver 2012-2013

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ARTICLES SUR INTERNET //

AMÉNAGEMENTS D’ANTICIPATION / Jean-Pierre Charbonneau / 2007JVVR���YYY�LREJCTDQPPGCW�WTDCPKUVG�EQO�KPFGZ�RJR�CTVKENGU�TGXWG�WTDCPKUOG�COGPCIGOGPVU�FCPVKEKRCVKQP����%QPUWNVÅ�NG����(ÅXTKGT�����

EXPÉRIMENTATION AVEC LES HABITANTS / Collectif ETC / 2012JVVR���YYY�EQNNGEVKHGVE�EQO�GZRGTKOGPVGT�CXGE�NGU�JCDKVCPVU�XGTU�WPG�EQPEGRVKQP�EQNNGEVKXG�GV�RTQITGUUKXG�FGU�GURCEGU�RWDNKEU����%QPUWNVÅ�NG����/CTU�����

LE DÉSORDRE DES ARCHITECTES / Édith Hallauer & Margaux Vigne / 2013JVVR���UVTCDKE�HT�.G�FGU1TFTG�FGU�CTEJKVGEVGU�JVON%QPUWNVÅ�NG����/CTU�����

LE CHANTIER OUVERT / Collectif ETC / 2014JVVR���YYY�EQNNGEVKHGVE�EQO�NG�EJCPVKGT�QWXGTV�XGTU�WP�RCTVCIG�FW�RQWXQKT�%QPUWNV�NG����#XTKN�����

L’IMPENSÉ DE LA VILLE / Patrick Degeorges & Antoine Nochy / 2009JVVRU���EQNNGEVKƃKGWZEQOOWPU�HT�URKR�URKR�RJR!CTVKENG���%QPUWNVÅ�NG����#XTKN�����

MULTIPLICITÉ INTERSTITIELLE / Pascal Nicolas le strat / 2006JVVR���YYY�NG�EQOOWP�HT�KPFGZ�RJR!RCIG�QEEWRCVKQPU�VGORQTCKTGU%QPUWNVÅ�NG����(ÅXTKGT�����

OCCUPATIONS TEMPORAIRE / Pascal Nicolas le strat / 2007JVVR���YYY�NG�EQOOWP�HT�KPFGZ�RJR!RCIG�OWNVKRNKEKVG�KPVGTUVKVKGNNG%QPUWNVÅ�NG����(ÅXTKGT�����

SQUATTEURS ET ARCHITECTES / Léa Lejeune / 2013JVVR���YYY�EKVC\KPG�HT�CTVKENG�USWCVVGWTU�GV�CTEJKU�FG�QEEWRCVKQP�EQ�EQPUVTWEVKQP%QPUWNVÅ�NG����(ÅXTKGT�����

CONSTRUIRE ENSEMBLE LE GRAND ENSEMBLE / Patrick Bouchain / 2010 JVVR���YYY�CEVGU�UWF�HT�ECVCNQIWG�CEVGU�UWF�DGCWZ�CTVU�EQPUVTWKTG�GPUGODNG�NG�grand-ensemble���'ZVTCKV�FG�VGZVG�%QPUWNV�NG����/CTU�����

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DOCUMENTS AUDIO & VIDÉO //

AINSI SQUATTENT-ILS ... / 7P�ƂNO�FG�/CTKG�/affre / 90 mnJVVR���YYY�CKPUK�USWCVVGPV�KNU�HT�'ZVTCKV�FW�ƂNO���%QPUWNVÅ�NG����/CTU�����

DÉTROIT VILLE SAUVAGE / 7P�ƂNO�FG�(NQTGPV�6illon / 120 mnJVVR���YYY�ƃQTGPV�VKNNQP�HT

L ’AGRICULTURE URBAINE /�KUUW�FoWPG�UÅTKG�FG�FQEWOGPVCKTG���0CVWTQRQNKU��/ 3’’10 mn JVVR���ITGGP�IWGTKNNC�CTVG�VX�HT�RQTVTCKVU�RCTKU%QPUWNVÅ�NG����/CTU�����

LE GREEN ART URBAIN /�KUUW�FoWPG�UÅTKG�FG�FQEWOGPVCKTG���0CVWTQRQNKU��/ 2’’22 mn JVVR���ITGGP�IWGTKNNC�CTVG�VX�HT�RQTVTCKVU�PGYA[QTM%QPUWNVÅ�NG����/CTU�����

RECONQUÉRIR LES RUES avec Nicolas soulier / CHAPITRE 1 / /+&+�10<'�/ 5’’21 mn JVVR���OKFKQP\G�EQO�QRKPKQPU�TGEQPSWGTKT�NGU�TWGU�CXGE�PKEQNCU�UQWNKGT�EJCRKVTG���%QPUWNVÅ�NG����#XTKN�����

RECONQUÉRIR LES RUES avec Nicolas soulier / CHAPITRE 2 / /+&+�10<'�/ 4’’27 mn JVVR���OKFKQP\G�EQO�QRKPKQPU�TGEQPSWGTKT�NGU�TWGU�CXGE�PKEQNCU�UQWNKGT�EJCRKVTG���%QPUWNVÅ�NG����#XTKN�����

RECONQUÉRIR LES RUES avec Nicolas soulier / CHAPITRE 3 / /+&+�10<'�/ 2’’16 mn JVVR���OKFKQP\G�EQO�QRKPKQPU�TGEQPSWGTKT�NGU�TWGU�CXGE�PKEQNCU�UQWNKGT�EJCRKVTG���%QPUWNVÅ�NG����#XTKN�����

UNE VILLE / Film d’animation inspiré par les écrit de Yona Friedman / 4’’25 mnJVVR���XKOGQ�EQO�����������%QPUWNVÅ�NG����#XTKN�����

LA FORÊT DES DÉLAISSÉS : l’enjeu politique des terrains vagues / 21 Déc. 2011 Interview à la radio / France Culture / avec Patrick Bouchain, Philippe Tretiack et Pascal Ory. JVVR���YYY�HTCPEGEWNVWTG�HT�GOKUUKQP�NC�ITCPFG�VCDNG�NC�HQTGV�FGU�FGNCKUUGU�N�GPLGW�RQNKVKSWG�FGU�VGTTCKPU�XCIWGU�ITCPF�GPVTGVKG - %QPUWNVÅ�NG����(ÅXTKGT�����

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CONFÉRENCES & EXPOSITIONS //

APPROPRIATION / Conférence Patrick Bouchain / ENSA Bordeaux / 15 Oct. 2012 JVVR���YYY�DQTFGCWZ�CTEJK�HT�CEVWCNKVGU�EC�UG�RCUUG�KEK�������EQPHGTGPEG�RCVTKEM�bouchain.html���%QPUWNVÅ�NG����#XTKN�����

MINI MAOUSSE 4 / Concour de Micro - Architecture / 2009 - 2010JVVR���OKPKOCQWUUG�X��EKVGEJCKNNQV�HTMINI MAOUSSE 4 / Archi Petit / Paris , Ed. Alternatives, 2010.

4'�r�#4%*+6'%674'� / Exposition temporaire du Pavillon d’Arsenal / Avril 2012 JVVR���YYY�RCXKNNQP�CTUGPCN�EQO�KOI�GZRQUKVKQP�����ER�2#8A���A%2�RFH

SPONTANEOUS INTERVENTIONS /Pavillon des Etats Unis - 13e Biennale Internationale d’Architecture de Venise / 2012 JVVR���YYY�URQPVCPGQWUKPVGTXGPVKQPU�QTI

WILD CLUB / Exposition temporaire du Pavillon d’Arsenal / Mai 2010JVVR���YYY�RCXKNNQP�CTUGPCN�EQO�KOI�GZRQUKVKQP�����ER�2#8A���A%2�RFHDORAY V. / WILD CLUB / Mini PA n°39, Ed. Pavillon d’Arsenal, 2010.

ENTRETIENS //

DODELIN Céline // ATELIER DES FRICHESEntretien téléphonique avec la fondatrice de l’association / 14 Avril 2014.

PRODHOMME Gildas // LE BUREAU COSMIQUEEchange quotidien avec le membre du collectif par correspondance mail.

CHIAPPERO Florent // COLLECTIF ETCCours donné au M1 innovation & Territoire - grenoble / 18 Mars 2014.

DUMAY Elisa / GERBAUD Gilles / NAILLET Caroline // DE L ’AIREEntretien avec les membres de l’association / 28 Février 2014.Réunion prépa. d’un colloque organisé par l’asso. / 24 Mars 2014.

NECTOUX Mickey // YES WE CAMPEchange quotidien avec le membre du collectif par correspondance mail.

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CRÉDITS PHOTOS //

© Association DE L’AIRE / p. 63 / p.85 / p.86 / p.103 / p. 132 / p. 133

© Atelier des friches / p. 130 / p. 131

© Atelier des friches / photo de Flore giraud / p. 84 /

© Bureau Cosmique / p. 64 / p. 88 / p. 136 / p. 137 /

© Collectif COLOCO / p. 39 /

© Collectif ETC / p. 77 / p. 87 / p. 106 / p. 107 / p. 134 / p. 135

© Collectif EXYZT / Couverture© Collectif EXYZT / p. 47 /

© Collectif EXYZT / photo de Cyrille Weiner / p. 91 /

© Collectif fertile / p. 88 / p. 109 / p. 138 / p. 139 /

© Collectif yes We camP / p. 62 / p. 82 / p. 128 / p. 129 /

© Collectif 2-4 / p. 61 / p. 140 / p. 141 /

© Florian rivière / photo de Julie roth / p. 53 /

CRÉDITS ILLUSTRATIONS //

© Collectif ETC / p. 90 /

© Collectif bruit du frigo / Images issues d’atelier collectif / p. 59 /

© Way Ward Plants / p. 46 /

© Juanjo Guarnido / p. 07 /

© Green Patriot Poster / Edward morris / James Nesbitt / Joe Wirtheim / p. 07 /

ANNEXES

FICHES RÉFÉRENCES DES PROJETS ÉTUDIÉS //

YWC 2013 / MARSEILLEYES WE CAMP

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NOM : YES WE CAMP - Marseille 20013

ADRESSE : L’estaque 13016 MARSEILLE

DATE DE NAISSANCE : Mai 2012 (Génèse en 2004)PERIODE D’OCCUPATION : Avril - Novembre 2013TEMPS DE FABRICATION : 15 Avril au 15 Juin 2013

QUI : YES WE CAMP

SITE : www.yeswecamp.orgArchitectes / Etudiants en École d’Architecture

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Le projet de YWC est une initiative engagée par deux architectes, souhaitant offrir à la ville de Marseille une étape d’hébergement insolite et temporaire dans le cadre de Marseille capitale européenne de culture 2013. Fruit d’une recherche sur les différents mode de fabrication et d’implantation de la ville éphémère et attractive, le projet s’est d’abord dessiné sur un site Imaginaire.- ce qui leur a valu un refus du dossier dans un premier temps -

La seconde proposition s’installe sur l’estaque de Marseille, friche portuaire de la ville. Le projet est validé et les propositions d’hébergements insolites sont proposées à différents collectifs d’architectes, urbanistes, graphistes ou artistes plasticiens. Pendant deux mois, plusieurs bénévoles provenant de toute la France (et plus GPEQTG�� RCTVKEKRGPV� ¼� NC� HCDTKECVKQP� FG� EG� ECORKPI� ÅRJÅOÄTG�� CƂ�P�FoQWXTKT�QHƂ�EKGNNGOGPV�EGU�RQTVGU�NG����/CK�������.G�NKGW�XKXTC�RGPFCPV�près de 8 mois, entre fabrication / occupation / démontage.

La guinguette / Les jardins du campingLa guinguette / Les jardins du camping Hexa Structure / BC StudiesHexa Structure / BC Studies

LA RÉSERVE / LYONL’atelier des friches

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NOM : La réserve

ADRESSE : Quartier de Gerland 69000 LYON

DATE DE NAISSANCE : Juin 2010PERIODE D’OCCUPATION : Juin 2010 à nos jours ...TEMPS DE FABRICATION : Juin 2010 à nos jours ...

QUI : L’atelier des friches

SITE : www.latelierdesfriches.frPaysagiste / Artiste plasticien

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L’atelier des friches est né grâce aux différentes opportunités de projet artistique ou d’aménagement urbain dans le Grand Lyon. C’est effectivement grâce à l’appui des élus du quartier de Gerland que l’atelier des friches vient se poser sur ces 1600m2 de délaissé, FGXGPW�FÅEJCTIG�RWDNKSWG�OCNITÅ�UQKV�FGRWKU�WPG�FK\CKPG�FoCPPÅG��

Avec l’aide des habitants du quartier, le collectif a partagé le terrain GP�VTQKU�GURCEGU�FÅFKÅU�¼�FKHHÅTGPVGU�EWNVWTGU��7PG�RTGOKÄTG�\QPG�aménagée en jardins collectifs (Réserve gourmande). En face, une \QPG�FoCWVQ�FÅXGNQRRGOGPV�FGU�RNCPVGU�URQPVCPÅOGPV�RQWUUÅGU�sur la friche afin de favoriser la bio-diversité du lieu. Au centre de NC�RCTEGNNG��WP�NKGW�FoGZRQUKVKQP��FoÅEJCPIGU�GV�FG�TGPEQPVTGU���EG�dernier permettant d’une part d’exposer différents travaux issus d’ateliers pédagogiques, et d’autre part, d’organiser quelques évènements afin de faire vivre, ponctuellement, le lieu d’une manière différente.

Réserve gourmandeRéserve gourmandeZone 2Zone 2

Réserve artistiqueRéserve artistique

SUR LA PLACE PUBLIQUE / St JEAN EN ROYANSDe l’aire / Collectif EXYZT

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NOM : Sur la place publique

ADRESSE : Quartier HLM des Chaux 26190 SAINT JEAN EN ROYANS

DATE DE NAISSANCE : Octobre 2009PERIODE D’OCCUPATION : Juin 2010 - 2014TEMPS DE FABRICATION : 25 Juin au 04 Juillet 2010

QUI : De l’aire

SITE : www.delaire.euCoordinateur de projet / Artiste plasticien / Graphiste

25 au 30 Septembre 2011

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Dans le cadre de la révision du PLU de la ville de St Jean en Royans,la municipalité a contacté l’association DE L’AIRE afin de diagnostiquer les espaces publics de celle-ci. Avec l’aide du collectif EXYZT, un premier moment de rencontre a été proposé autour d’un «point chaud» afin de recueillir la parole de chacun. S’en suit, un deuxième moment de rencontre à l’office de tourisme, transformé pour l’occasion en un Office d’Urbanisme Temporaire (OUT) pendant deux semaines.

En vue de la démolition d’un immeuble du quartier des chaux, une première étape d’occupation va permettre la construction de FKHHÅTGPVU� OQFWNGU� ÅRJÅOÄTGU� �� NoQEEWRCVKQP� FoWP� CRRCTVGOGPV�comme point d’accueil des habitants, des jeux pour les enfants du quartier et un tunnel permettant de traverser librement l’immeuble. Suite à la démolition de l’immeuble, la structure du tunnel est récupérée afin d’implanter un kiosque au centre du quartier.

25 au 30 Septembre 2011

ETAPE 1ETAPE 1Chaud devantChaud devant

ETAPE 2ETAPE 2Le O.U.T.Le O.U.T.

ETAPE 4ETAPE 4Le kiosqueLe kiosque

PLACE AU CHANGEMENT / St ETIENNECollectif etc

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NOM : Place au changement

ADRESSE : Parcelle 58 Rue Cugnot 42100 SAINT ETIENNE

DATE DE NAISSANCE : Mars 2011PERIODE D’OCCUPATION : Juillet 2011 - 2014TEMPS DE FABRICATION : 17 Juillet au 27 Aout 2011

QUI : Collectif etc

SITE : www.collectifetc.comArchitectes

18 au 30 Mars 2013

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Le projet s’inscrit dans le contexte d’un appel à projet organisé par l’EPASE (Etablissement Public d’aménagement de St Etienne), ouvert aux étudiants et jeunes diplômés en architecture. La proposition du collectif etc a séduit le jury par leur volonté de travailler sur un chantier ouvert au public, expérimentant ainsi l’espace public ici présent, en attendant un futur aménagement permanent.

C’est donc en 2011, pendant à peu près un mois, que le collectif vient fabriquer cet espace public avec les habitants et associations locales. Le lieu, friche d’une ancienne station essence, évolue petit à petit en un square urbain baptisé « la Place du Géant ». En 2013, le collectif etc reviens et souhaite affiner leur intervention en invitant 4 collectifs à rejoindre leur réflexion sur cet espace. En effet, de part sa situation particulière, le lieu a eu du mal à se développer à titre de place publique.

18 au 30 Mars 2013

17 Juillet - 27 Aout 201117 Juillet - 27 Aout 2011

LES ANCIENNES CARTOUCHERIES / RENNESLe bureau cosmique

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NOM : Les anciennes cartoucheries

ADRESSE : 3WCTVKGT�FG�.C�%QWTTQW\G 35000 RENNES

DATE DE NAISSANCE : Octobre 2011PERIODE D’OCCUPATION : Janvier 2013 à nos jours ...TEMPS DE FABRICATION : Plusieurs mois

QUI : Le Bureau Cosmique

SITE : www.lebureaucosmique.frÉtudiant en École d’Architecture / Architecte

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.G� SWCTVKGT� FG� NC�%QWTTQW\G� ¼� 4GPPGU�� GUV� WPG� CPEKGPPG� GPENCXG�militaire, aujourd’hui re-considérée par la ville dans un projet de développement de la métropole. Ainsi naquit l’association du $WTGCW� %QUOKSWG� �� UGRV� ÅVWFKCPVU� FG� NoÅEQNG� FoCTEJKVGEVWTG� FG�Rennes souhaitant inclure la voix des habitants dans la réflexion sur le développement de ce quartier.

Une première étape était de rencontrer les habitants du quartier, ainsi ils ont organisé plusieurs moments de rencontres autour d’un barbecue géant. Dès lors, le projet évolue et ils décident de UoKPUVCNNGT�FCPU�WPG�RGVKVG�TWKPG�CW�EGPVTG�FW�HWVWT�RTQLGV�WTDCKP� �les anciennes cartoucheries. Suite à de nombreux chantiers ouverts au public, les étudiants se sont fabriqué un laboratoire d’expérimentation sociale et collective. Le lieu qui était auparavant vu comme dangereux, tagué et fermé devient alors un espace ouvert, un espace public.

ETAPE 1ETAPE 1BBQ CourrouzeBBQ Courrouze Découverte de la ruineDécouverte de la ruine

LE CAILLOUX / NANTESCollectif fertile

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NOM : Le cailloux

ADRESSE : TWG�FW�.W\CPÃC[ 44200 Nantes

DATE DE NAISSANCE : Septembre 2011PERIODE D’OCCUPATION : Septembre 2011 à nos joursTEMPS DE FABRICATION : Mars - Octobre 2012

QUI : Fertile

SITE : www.collectif-fertile.orgEtudiants en école d’architecture

Mars - Décembre 2013

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Le premier travail du collectif fertile s’est matérialisé par une enquête de terrain, afin d’identifier des espaces délaissés dans la ville de Nantes, et plus précisément le quartier Chantenay. L’exercice permettant d’établir une carte des lieux en devenir, de les classer et d’identifier leurs capacités d’activation.

Séduit par leurs découvertes, le collectif s’est attaché à une friche GP�RCTVKEWNKGT� ��.G�ECKNNQW��(TKEJG� HGTTQXKCKTG� NQVKG�GPVTG�FGWZ�OWTU�et sous le ciel, ce site a accueilli bon nombre d’espèces végétales, mais aussi déchets et ordures en tout genre. Le collectif imagine alors une réactivation du lieu en plusieurs étapes, afin d’offrir au quartier un lieu collectif / événementiel / de contemplation.Au programme, défrichage de l’espace pour rendre le site accessible, aménagement de jardins collectifs afin de favoriser la participation des habitants, construction d’une scène et un abris pour créer différents évènements au long de l’année.

DéfricherDéfricherETAPE 3ETAPE 3

LE 2-4 / PRÉ-EN-PAILCollectif 2-4

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NOM : Le 2-4

ADRESSE : Le 2-4 rue des rosiers 53140 Pré-en-pail

DATE DE NAISSANCE : Novembre 2011PERIODE D’OCCUPATION : 17 Mars 2012 à nos Jours ...TEMPS DE FABRICATION : Mars - septembre 2012

QUI : Collectif 2-4

SITE : www.2-4tea.blogspot.frTrois associations du village

13 - 26 Avril 2013

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La parcelle du 2-4 rue des rosiers accueillait une friche commerciale que la ville souhaitait démolir. A la recherche d’un lieu commun,��CUUQEKCVKQPU�FG�NC�EQOOWPG�QPV�RTQRQUÅ�FoGZRNQKVGT�NGU�NKGWZ�CƂ�P�FG� ETÅGT� WP� GURCEG� QWXGTV� CW� RWDNKE� �� WP� VGTTCKPU�� FoGZRTGUUKQPU��associative(s). Les associations du 5GEQWTU� 2QRWNCKTG, d’études & chantiers et de 2C[CUQ� .QEQ ont d’abord eu une autorisation RTQXKUQKTG�FoQEEWRCVKQP�NGU�NKGWZ�LWUSWo¼�Ƃ�P�FÅEGODTG������GV�CW�LQWT�du 17 Mars 2012, la ville met à disposition le local au collectif pour une durée de 5 ans.

La montée au pouvoir de ces trois associations, nullement introduite aux questions d’architecture et d’urbanisme, les a conduit à entamer WPG�TÅƃ�GZKQP�SWCPF�¼�NoCOÅPCIGOGPV�GV�NC�HCDTKECVKQP�FW�NQECN��%oGUV�au cours d’une semaine, appelée «habiter là», que c’est construit le ������KPXKVCPV�NGU�JCDKVCPVU�FG�NC�EQOOWPG�¼�TÅƃ�ÅEJKT�CXGE�GWZ�UWT�EG�lieu via conférences / expositions / visites / workshop...

13 - 26 Avril 2013

WorkshopWorkshopHABITE LÀ

WorkshopHABITE LÀ

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WorkshopWorkshopHABITE LÀ

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WorkshopHABITE LÀ

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« A L’ABORDAGE DES DÉLAISSÉS ! »Le titre de ce mémoire n’est pas un simple hasard de syntaxe ou une étrange formulation de phrases, mais bien au contraire un jeu entre les différentes notions propres au sujet d’étude. L’étymologie du verbe « aborder » se décline ici sous plusieurs définitions constatées en faveur d’espaces délaissés. Pour commencer, on aborde le sujet du délaissé, on soulève des questions et hypothèses sur le lieu. Ensuite, le verbe aborder, à l’image des combats de pirates, nous conduit à s’emparer / prendre possession d’un espace. Pour finir, aborder au sens d’une discussion que l’on tiendrait avec le lieu : le côtoyer et entretenir une relation avec lui.

Master 1 : Architecture & Cultures Constructives / Suivi de Mémoire : Stéphane SADOUXAnnée universitaire : 2013 - 2014 / École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble

A L’ABORDAGE DES DÉLAISSÉS !Vers une nouvelle forme d’espace public

Matthieu LEMARIÉ

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