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POBL VREIZH/LE PEUPLE BRETON 555 / 3,50 AUJOURD’HUI, ÊTRE LIBRE, C’EST ÊTRE INFORMÉ AVRIL/EBREL 2010 LA TRANSFORMATION DU PAYSAGE BRETON Régionales : 4 élus pour l’Union démocratique bretonne Kristian Guyonvarc'h Naig Le Gars Mona Bras Herri Gourmelen LA TRANSFORMATION DU PAYSAGE BRETON

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Régionales :4 élus

pour l’Uniondémocratique

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LA TRANSFORMATIONDU PAYSAGE

BRETON

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2Le Peuple breton – avril 2010

L ’ I N V I T É

Relire Morvan LebesqueComment peut-on être breton ?

… en 2001

C’EST À NAONED au cours d’un ré-cent débat organisé par l’Institut

culturel de Bretagne et l’associationNantes Bretagne Plus qu’il nous futproposé d’examiner de façon actuel-le la question que posait et se posaitMorvan Lebesque voilà trente ansdans un livre fameux. Très demandéencore aujourd’hui, car ceux qui ontune belle exigence de leur identité leconsidèrent comme un maître ouvra-ge. L’estimé chroniqueur du Canardenchaîné et du Peuple breton n’eutpas le temps d’apprécier la postéritéde ce nouveau succès paru au prin-temps 1970. Trois mois plus tard, ildécédait au cours d’une tournée, auBrésil.

Comment un homme comme luipouvait-il n’être que franco-fran-çais ? D’ailleurs, dans un avertisse-ment aux lecteurs, il convient, jouis-sance d’une ironie qui va loin,qu’entre les révoltes de la jeunesse(1968) et les premiers pas de l’hom-me sur la lune, il y avait comme unanachronisme à dire l’importanced’être breton ! Mais c’est très sérieu-sement qu’il insistait pour qu’onn’oublie pas le sous-titre de son livre :« Essai sur la démocratie française »,ni son propos : « déceler, sous le refusétatique des composantes française,le virus qui l’empêche (la démocratie)de s’épanouir ».

Font-elles encore si peur à l’Étatces composantes ? Le réflexe cen-traliste ne s’exacerbe-t-il pas lorsquela composante bretonne, en particu-lier, affiche une identité culturelle,mais pas seulement, exemplaire. Ohque si !

En 1970, Morvan Lebesque, assu-mant à chaque instant sa situation deFrançais, n’en luttait pas moinscontre l’aliénation du peuple breton.Certes, le mot « aliénation » est deve-nu trop fort aujourd’hui, les Bretonss’étant décolonisés eux-mêmes enpartie. Mais n’ont-ils pas lieu de s’in-quiéter lorsque ressurgit la paranoïaétatique multiforme, à propos de lalangue bretonne, du fédéralisme, des

militants bretons maintenus incarcé-rés bien au-delà, nous semble-t-il,des nécessités des enquêtes, et en-core à propos des miettes d’autono-mie fiscale pourtant retirées aux Ré-gions… J’en passe et des meilleures.Alors, on conspire dans les cabinetsparisiens et dans les officines provin-ciales inféodées : la Bretagne ? Quel-le Bretagne ? Parlez-leur plutôt du

Grand-Ouest ! L’Odet, le Scorff, af-fluents, par l’Atlantique, de la Loire,laquelle s’alimente du marais poite-vin, et prend, souterrainement, l’es-sentiel de son eau dans la Seine ?Vous verrez qu’ils tenteront de nousle démontrer ; et plus tard qu’il n’y aqu’une identité culturelle : européen-ne ! Et puis mondiale, pourquoi pas ?Allons, les mots leur échappent com-me les idées. Fiers de notre différence

et de celle des autres, avides d’uneseule chose : échanger, partager –mots frivoles à l’ENA –, restonscalmes, avançons.

Nantes, la ville de naissance deMorvan Lebesque. La Loire-Atlan-tique volée à la Bretagne. Sondagesrépétés pour y revenir. Vœux dans lemême sens aux époques où les élusparviennent à s’ébrouer de leur frilo-sité. Il aurait pu s’en réjouir. Il auraitrué dans les brancards s’il avait bu,comme moi, un muscadet du vi-gnoble breton dans un verre « Val deLoire » orné de la fleur de lys ! Cheva-liers du Bretvin, vous la laissez ramerà contre-courant, Anne, la petiteBrette !

Ce que souhaitent, ô sondages, lesLoire-Atlantiquais (pardon !) une al-liance contre nature politique ne leveut pas et fait tout pour lui faire bar-rage. Je relis mon bréviaire. Préconi-sant « un nouveau statut d’autonomiefédérale pour la Bretagne et les autresethnies françaises », Morvan Le-besque précisait : « Nationalement,le nouveau statut devra recouvrir tou-te la Bretagne, Nantes comprise, cequi n’entravera aucune de ses liai-sons régionales avec l’Ouest ou lesPays de Loire : ainsi s’harmonisera ladouble exigence de la culture et del’économie ». Dites-moi si ce projetdémocratique a vieilli en quoi que cesoit ?

Ce qu’il n’avait pas prévu, c’est lanouvelle colonisation. Quand il disaitque la Bretagne ne se résumait pas àune question de choux-fleurs, iln’imaginait pas que les excès de l’in-dustrie agroalimentaire, ses farines,ses dioxines, ses déchets, ses ni-trates-plus, ses métaux lourds dansla terre, l’eau, l’air ; l’intensif devenufou comme la vache paniquantesque.Il aurait reconnu les vrais révolution-naires dans ceux qui s’engagent àproduire autrement, à vivre autre-ment. Et qui se seraient appropriés saconclusion de tout, le pourquoi ducomment : Être breton signifie ser-vir son temps et les hommes.

DR

Roger Gicquel(1933-2010)

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Avril/Ebrel 2010

Sommaire

LES ÉLECTIONS RÉGIONALES ont confirmé cette choseétonnante pour qui a connu la Bretagne tradition-nelle : aujourd’hui deux Bretons sur trois votent à

gauche ! Quelle satisfaction pour tous ceux qui, à destitres divers, militants ou élus, ont, depuis un demi-siècle, lutté et témoigné pour que le conservatisme cèdetoujours plus de terrain chez nous et que l’extrême droi-te, cette honte française, n’y prenne pas racine.

Victoire certes, mais le cidre de la victoire a un arrière petitgoût… C’est que ce triomphe, qui place la Bretagne en tête

du camp progressiste de l’Hexagone, se mêle d’une division dela gauche dont nous rendons compte dans ce numéro. Et le campautonomiste et écologiste, qui avait si bien servi dans la majori-té précédente, se trouve exclu de la présente, par une manœuvre

de Le Drian, qu’on a connu mieux inspiré.Quand on voit en Basse-Normandie l’agriculteur bio François Dufour deve-

nir vice-président régional à l’Agriculture, on se prend a rêver d’une majoritébretonne où notre ami René Louail, autre bio, engagé dans desluttes essentielles pour le monde paysan, aurait tenu le même rô-le. D’autant plus que la deuxième révolution agricole est à faire,d’urgence, en Bretagne. Mais, justement, l’erreur de parcours deLe Drian, n’est-ce pas cela ? Un manque de courage face à un tropgrand chantier et une facilité : laisser le camp de l’agricultureproductiviste dans l’illusion que ça peut continuer comme avant.Une occasion de perdue, dont la Bretagne risque de payer le prix.

International

22. Europe : diversité linguistique

23. Kurdistan

Un jour avec…

26-27. Arnaud Elégoët

Mona Bras

«L’Union démocratiquebretonne plus autonome que jamais ! »

Éditorial4. Courrier des lecteurs

6. Iffig

14. De Brest à Nantes

15. Nono

17. Enkaden al laezh

18. Istor vrasBreizhvihan

19. Haïti : an diskar ekologel

20. Levrioù brezhonek

21. Histoire

24. Tamm-Kreiz.com

25. Internet

32. Fresque humaineMots croisés

33. PB Services

34. La page du PBLe jeu du mois

35. Roger Gicquel

Régionales

Pages culturelles

28. Livres

29. Livre du mois

30. Musiques de Celtie

31. Selaouit

Le Peuple breton – Rédaction : BP 1 – 29850 GOUESNOU

Souscription permanenteUne période électorale, cʼest un moment où vous êtessouvent sollicités. Cela ne vous a pas empêchés, cemois-ci, de dépasser votre générosité de lʼannée pas-sée à pareille époque. Un grand merci, donc, à tous pourcet appui et cet encouragement. Avec la diminution, pro-grammée par Sarkozy, des pouvoirs des conseils régio-naux, notre rôle de témoin et de tribune va croître consi-dérablement. Continuez à nous aider à faire face.Marcel Couedel, Loudéac, 40 € ; Christian Haloche, Lan-gonnet, 5 € ; Émile Tanneau, Saint-Brieuc, 10 € ; Jean LeLostecque, Rennes, 10 € ; Erwann Denez, Landeda, 15 € ;Maryse Laurent, Ploufragan, 5 € ; Roger Raguenès, Mellion-nec, 25 € ; Michel Gouez, Pont-de-Buis-lès-Quimercʼh,10 € ; Alain Le Dem, Plescop, 20 € ; Hermenegilde Ca-douellan, Langonnet, 5 € ; Paol ar Meur, Brest, 5 € ; PhilippeMetchnikoff, Mennecy, 45 € ; Jean-Yves Toux, LʼHermitage-Lorge, 10 € ; Yves Jardin, Douarnenez, 5 € ; Jean Menguy,Saint-Brieuc, 5 € ; Claude Jouanno, Lorient, 5 € ; Jean-PaulTouzalin, Le Pouliguen, 5 € ; Herve ar Gall, Glomel, 5 € ; An-toinette Cherel-Alonso, Le Rheu, 10 € ; Pierre Quentel,Brest, 20 € ; Dominique Guivarcʼh, Le Pont-de-Claix, 5 € ;Jean Joncour, Saint-Nazaire, 15 € ; Fañch Olivier, Pleyber-Christ, 15 € ; Jacques Mével, Pontivy, 5 € ; Alain Lanoé, LeVieux-Marché, 25 € ; Jocelyn Guillo, Dijon, 10 € ; Yves-Ma-rie Daniel, Telgruc, 15 € ; Jean-Jacques Monnier, Lannion,10 € ; Michel Ezanno, Nantes, 5 € ; Joseph Jézéquel, Pleu-meur-Bodou, 15 € ; Jean-Yves Le Goas, Nantes, 20 € ; Ma-rie-Andrée Rouat, Plouhinec, 5 € ; Jean Guiffan, Nantes,15 € ; Étienne Hourmant, Caen, 15 € ; Madeleine Skala, Plo-gastel-Saint-Germain, 10 € ; Philippe Cousin, Plogonnec,15 € ; Jean-Luc Boulch, Pencran, 5 € ; Frédérique Le Ne-dellec, Brest, 5 € ; Bernard Le Gall, Carnoët, 5 € ; Zaïg Lati-mier, Gwern, 15 € ; Louis Le Bégat, Paimpol, 15 € ; StéfanTangi, Plounéour-Ménez, 10 € ; Armant Joncquemat, Saint-Malo, 9 € ; Jean-Joseph Guillou, Pluguffan, 15 € ; Alain Tho-mas, Issy-les-Moulineaux, 10 € ; Patrick LʼHéréec, Ploune-rin, 35 € ; André Lavanant, Lanniliz, 15 € ; Claude Hervé,Plourivoù, 15 € ; Jean-Jacques Tréguer, Gap, 10 € ; RogerCourland, Paimpol, 5 € ; Tangi Gicquel, Paimpol, 5 €.

Total du mois : 634,00 €.Total de lʼannée en cours : 1 534,50 €.

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Ronan Leprohon

3Le Peuple breton – avril 2010

5. Les élus de R&Ps

6-7-8. Analyse des résultats bretons

9. Les négociations d’entre deux tours

10-11. Bretagne. Autonomie électrique ?

Crédits photo de couverture : Paysage : Patrick D. Morvan -M. Bras et H. Gourmelen : Jean-Claude Le Gouaille - K. Guyonvarc'h et N. Le Gars : Région Bretagne.

Le Peuple breton paraît le premier jour ouvrable du mois.

Médias16. Leurre de vérité

5.

Énergie

12-13. La transformation du paysage breton

Environnement

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Votre courrier

Bretagne écologie n’existe plus

« Je découvre une info qui peut être utile :Bretagne écologie (vous savez, les écolos de laliste Le Drian) a fermé ses sites Internet (bre-tagne-ecologie.fr et bretagne-ecologie.org). Ilne reste sur le Net que le site de la vraie revueBretagne Écologie, contrôlée par les Verts).Donc BE n’existe plus, en dehors du conseil ré-gional et donc… BE avoue ne rien représenterdans la société hors de ses six élus ? Ce qui estcontradictoire avec les propos de Le Drian et deLahellec, lorsqu’ils considèrent que leur listecontinue à être une liste complète d'union. »

P.M.,Plouguernevel (22)

Mise au point

« J’ai eu connaissance d’un article de la rubrique Iffig (numéro de juin 2009), où vous parlez de l’opération Pièces jaunes. Les infor-mations que vous placez sans signature relèvent du colportage de rumeurs. D’évidence, elles ne proviennent pas de la Fondation, dontle site permet de consulter les comptes, lesquels sont certifiés chaque année. À ce sujet et pour votre information, la Cour des comptes aprocédé à un contrôle de la fondation (…). »

Yves Harel,délégué général de la Fondation

Hôpitaux de Paris - Hôpitaux de France, Paris (75)www.fondationhopitaux.fr

Croire en Hulot

« C’est à dessein que je n’ai pas renouvelé mon abonnement. Je suis allergique au“catéchisme” écologique dominant. Auparavant, il fallait croire en Mao, mainte-nant, c’est en Hulot ! Très peu pour moi, même si je trie mes déchets ! »

Marcel Jegouzo,Nantes (44)

Se prendre pour un éléphant ?« De Bretagne, les pourcentages me proviennent mollement, comme

venant d'un autre monde. Évidemment, le bon 17,30 % d'Europe Écolo-gie Bretagne me ravit. La tâche va être rude pour empêcher le nouveauduc rose de ne pas se prendre pour un éléphant et ses sujets pour untroupeau suivant sans réfléchir les ordres du maître… »

Michel Demion,en voyage en Chine

Atteindre le sommet« J’ai failli ne pas renouveler mon abonnement au PB. Il s’en est fallu de

peu pour que la balance bascule de l’autre côté. Pourquoi ? Tout simple-ment parce que je suis redonnais (…). J’ai même adhéré un temps à l’UDBet distribué le PB. Mais lorsque je vois dans le PB un article de KristianGuyonvarc’h (PB octobre 2009) cracher sur un élu redonnais, Émile Gran-ville, qui vient de réussir le tour de force de créer à la mairie de Redon le trèsofficiel Conseil consultatif culture et identité bretonne, qui réunit tous lestrois mois la dizaine d’associations de culture bretonne de Redon, je m’in-terroge sur la finalité de l’UDB : la Bretagne ou la gauche ? (…) Personnelle-ment, mes sentiments penchent pour une gauche écologiste et ouverte,mais avant tout bretonne. Plusieurs chemins mènent au sommet et ce n’estpas parce que je ne prends pas le tien que je n’y arriverais pas le premier.Atteignons d’abord le sommet : la reconnaissance de la Bretagne unifiée etautonome, après il sera toujours temps de nous étriper. »

Jean-Luc Lacquittant,Redon (35)

Chère Bretagne[s]« Vous aurez sûrement remarqué cet écho

du Télégramme (numéro du 28 février der-nier) sous la plume de Grain de sel, qui est leIffig du quotidien. Je ne résiste pas au plaisirde vous le retranscrire : “ (…) On sait que larevue Bretagne[s], lancée par Jean-Yves LeDrian, a cessé de paraître après onze numé-ros. Cette publication trimestrielle a coûtécher, ce que personne n’ignorait, mais on adésormais un chiffre plus précis. Selon uneenquête qui vient de sortir « Le livre noir desgaspillages de l’argent public », c’est com-me si on avait donné une subvention de 45 €à chaque lecteur achetant la revue. Ça metla culture sur papier glacé au prix du caviarsur de la glace pilée !” Il est bon que ceux quidemanderont des subventions à la Régionsachent que cette facture s’est élevée à524 500 €. »

H.G.,Brest (29)

4Le Peuple breton – avril 2010

Nous ajouterons que le PB fut le premier àdénoncer le scandale, mais on estimait qu’ilfallait bien ça pour recueillir la prose « oues-tonne » de nos amis Yves Morvan et AlainCroix…

Relisez l’article que vous incriminez et citez-nous une seule phrase où Kris-tian Guyonvarc’h « crache », comme vous l’écrivez, sur l’élu que vous citez. Il n’yen a pas une. Son propos est critique, ce qui est son droit en politique, mais iln’est nullement offensant pour quiconque. Et, comme vous le dites aussi : « at-teignons le sommet » par les chemins que chacun choisit, mais espéronsqu’une fois arrivés, nous ne trouvions pas nécessaire de nous étriper…

Dans le numéro incriminé, Iffig avait effectivement prétendu que dans l’Opération Pièces jaunes, David Douillet, « partenaire », des-cendait dans des 5-étoiles aux frais de la princesse. Dans le rapport dont parle notre lecteur, la Cour a constaté « que l’emploi desfonds collectés auprès du public par la Fondation Hôpitaux de Paris-Hôpitaux de France était en tout point conforme à l’objet de l’ap-pel à la générosité publique ». Dont acte.

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Politique

5Le Peuple breton – avril 2010

Dans le contexte de la victoire dela gauche, et notamment par leurparticipation active à Europe Éco-logie, ce sont 22 élus bretons,corses, occitans, savoyard et ama-zigh (berbère), membres ou sympa-thisants de la Fédération Régions etPeuples solidaires, qui font leur en-trée dans les conseils régionaux.

Les élus membres officiels deR&Ps sont au nombre de 15. Lesvoici : en Bretagne, les 4 élus del’Union démocratique bretonne(Mona Bras – la porte-parole del’UDB –, Herri Gourmelen, Kris-tian Guyonvarc’h et Naig LeGars) ; en Occitanie, les 5 élus duPartit Occitan (Gustave Aliròl – leprésident de R&Ps – en Auvergne,David Grosclaude en Aquitaine,Guilhem Latrubesse en Midi-Pyré-nées, Anne-Marie Hautant et ArveiGuerrera en Provence-Alpes-Côte-d’Azur) ; en Savoie, 1 élu du Mou-vement Région Savoie (Noël Com-munod) ; en Corse, les 4 élus duParti de la nation corse (Jean-Christophe Angelini – le leader duPNC –, Nadine Nivaggioni, Fa-bienne Giovannini et Xavier Lucia-ni) et, en Isère, 1 élu du Congrèsmondial amazigh (Belkacem Lou-nès).

L’arrivée historique d’un nombresignificatif de régionalistes/autono-mistes dans les assemblées régio-nales devrait permettre, entreautres, de peser désormais, en Cor-se comme en Bretagne, mais aussien Savoie comme en Occitanie, surl’avenir des territoires et des identi-tés culturelles qui leurs sont liées,de poser aussi la question des cul-tures issues de l’immigration.

Fédération Régions et Peuples solidaires

Un fait marquant des régionales a été lʼabstention, plus de la moitié des élec-teurs ne sʼétant pas déplacés pour deux raisons. La première est le fossé deplus en plus net entre la population, qui subit les crises, et une classe politiquejugée hors-sol et préoccupée de préserver ses postes plus que dʼagir pour unchangement réel. La deuxième est le manque dʼidentification des Régions et deleur rôle, leur manque criant de moyens et de budget. Dans ce contexte, la Bre-tagne est victime de cette confusion qui lui interdit lʼefficacité économique, so-ciale, environnementale et culturelle, à laquelle elle pourrait prétendre, surtoutsi elle était réunifiée.

LʼUDB sʼest retrouvée avec une élection triangulaire imposée par Jean-YvesLe Drian, dont la volonté de gouverner seul était annoncée depuis des mois.Nous nʼavions pas voulu croire à ce scénario, qui nous semblait insensé au re-gard de lʼenjeu politique et des scrutins à venir, alors que nous souhaitions gar-der la région Bretagne à gauche, dans lʼunité de toute sa diversité. LʼUDB re-mercie donc plus de 200 000 électeurs qui, dans ce contexte difficile, ont impo-sé en Bretagne administrée la liste conduite par Guy Hascoët comme une al-ternative crédible à gauche, comme un nouveau pôle de rassemblement écolo-giste et autonomiste, autour des forces politiques de lʼUnion démocratique bre-tonne et des Verts.

Lʼancrage à gauche de la Bretagne sʼest confirmé. Nous nous en réjouis-sons : le maintien de la Région à gauche était lʼobjectif prioritaire fixé par notrecongrès de Plérin. Par ailleurs, Europe Écologie Bretagne a présenté un pro-gramme politique novateur, mettant lʼautonomie régionale au service dʼun pro-jet de société écologique et social. La question de lʼagriculture, de la qualité delʼeau et des algues vertes diviserait-elle tant en région Bretagne quʼelle expli-querait aussi la triangulaire ? En effet, la présence de René Louail dans les éli-gibles dʼEurope Écologie Bretagne et notre volonté affichée dʼen faire le vice-président à lʼAgriculture ne sont certainement pas étrangères à la situation bre-tonne…

Lors de la mise en place du nouveau conseil régional de la région Bretagne,les onze élus régionaux dʼEurope Écologie Bretagne avaient choisi de ne pasprésenter de candidat contre Jean-Yves Le Drian, élu de gauche largement ma-joritaire. Nous avons pris acte du résultat du suffrage universel. Et nous nʼavonspas pris part au vote sur la présidence et lʼexécutif, parce que nous avions étémis hors de la majorité avec préméditation, comme chacun le sait maintenant.Nous entendons nous positionner comme une alternative constructive, autono-miste et écologiste de gauche. Privés des moyens dʼaction dʼune majorité, nousprendrons lʼinitiative de propositions dans lʼintérêt des Bretons.

Nous attendrons la session plénière de juin prochain, consacrée à lʼagricultu-re, pour juger sur pièces. En effet, comment prétendre « gagner la bataille delʼeau » sans agir sur la cause essentielle des pollutions diffuses et des alguesvertes quʼest lʼagriculture productiviste, comme le soulignait un rapport du pré-fet Fargas en septembre 2009 ? De la même façon, lʼabsence totale de la ré-unification dans la campagne PS, le programme de Le Drian et son discours in-terrogent : comment interpréter ce silence, sinon comme lʼaveu du désintérêtdu président de la Région pour la Bretagne unie, quʼil prétend pourtant désirer ?

Pour lʼ UDB, lʼautonomie a enfin quitté le registre des gros mots pour entrerdans celui des mots qui font rêver, et ceci grâce à notre campagne des régio-nales. Maintenant, à court terme, il y a lʼéchéance de 2012 et la constructiondʼun projet pour battre la droite et mettre un terme au règne de Sarkozy. Dès au-jourdʼhui, nous appelons à entrer en résistance contre son projet de réformedes collectivités locales, qui remet en cause trente années de décentralisation,qui met en danger la démocratie locale et dont lʼobjectif est de centraliser da-vantage pouvoir et argent à Paris. Plus autonome que jamais, lʼUDB confirme-ra ainsi son rôle de pionnière politique.

Mona Bras,porte-parole de lʼUnion démocratique bretonne

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L’Union démocratique bretonne plus

autonome que jamais !

15 élus pourRégions

et Peuples solidaires

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Iffig

Politique

– a été prévenu parses copains du Midibreton : Auxiette(qui avoue plus de 5millions d’€ pour lacom de sa Pédélie)

en aurait croqué 5 fois plus, l’astu-ce ayant consisté à planquer les dé-penses de com dans chaque borde-reau financier consacré à une ac-tion, au lieu de les totaliser pour laclarté du débat…

– n’en croyait pas sa calculette,mais a dû se rendre à l’évidence :c’est vrai ! Ainsi en 2009, Auxiette adépensé plus d’argent pour com-muniquer envers ses 3,5 millionsde Pédéliens (presque 25 millionsd’€) que le gouvernement envers65 millions de Français (22 mil-lions d’€). Ça, c’est de la gestionrespectueuse de l’argent des contri-buables, bretons pour un bon tiers,soit dit en passant !

O

– s’est bien marré le 24 févrierdernier : un avis de très gros tempsde Météo France concernait… laBretagne intégrale (et pas les paysouestons). À Radio Loire-Océan(très pro-Pédélie), on était gêné enprécisant les 5 départementsconcernés, mais on s’est tout demême sorti en précisant que laVendée n'était « pas concernée ».Ouf !

O

– a remarqué les consignes deTroadec lors de ces régionales : ledimanche soir, il appelle à voter LeDrian. Le mercredi, il renvoie dos àdos les listes Le Drian et Hascoët,en accusant l'UDB, entre autresamabilités, de « s'être noyée dansl'écologie » mais le jeudi, il appelleà voter pour Hascoët, et donc pourson cocktail Vert-UDB. Voilà unhomme qui a des convictions.Mais, après tout, Edgar Faure disaitdéjà que ce n’est pas la girouette quitourne, mais le vent…

6Le Peuple breton – avril 2010

Moment important de la vie bretonnedepuis 1986, l’élection régionale a tou-jours du mal à mobiliser les foules :51 % des inscrits se sont abstenus aupremier tour, alors qu’une dizaine delistes étaient présentes (11 en Bretagneadministrée). Scrutin intermédiaire sur-venant trois ans après l’élection prési-dentielle de 2007, l’élection catalysel’opposition à la politique gouverne-mentale, encore plus fortement qu’en2004, où s’était manifestée l’oppositionà la politique chiraquienne deux ansaprès la présidentielle de 2002. Les ré-sultats bretons reflètent ce contextegénéral tout en confirmant des spécifi-cités relevées à chaque scrutin depuisprès de trente ans. Nous inclurons lesrésultats de la Loire-Atlantique, bienqu’elle soit intégrée à des listes « Pays-de-la-Loire ».

Un taux d’abstention élevé. Pourquoi ?

Il est de 2 points inférieur à la moyen-ne française, ce qui est normal dans unterritoire à identité marquée. Mais il esttout de même très élevé, en hausse de15 % par rapport à 2004, comme c’estle cas pour la plupart des élections. Onpeut s’interroger sur la raison d’une tel-le indifférence à l’endroit d’une institu-tion plutôt perçue favorablement. Lecontraste entre la profondeur de la cri-se et les compétences réduites de laRégion est une première explication.L’absence de désaccord fondamentalsur la gestion de la Région par unegauche largement unie en est uneautre. La principale est sans doute unemédiatisation centralisée sur desthèmes nationaux du moment. Lestêtes de liste régionales n’ont pu dé-battre avant le premier tour à la télévi-

Régionales 2010 : une gauche confortée mais divisée

sion. EIles ont dû attendre les joursprécédant le second tour (à 22 h 45 !)pour être enfin visibles. Dans un Étatqui demeure centralisé, les télévisions« nationales » – il n’y a toujours pas degrande chaîne régionale comme aupays de Galles – et les formations poli-tiques ne veulent toujours pas de vraisdébats régionaux. Les affrontementsrégionaux sont toujours intégrés à desproblématiques nationales, à des testsprécédant les scrutins suivants. Lapresse écrite régionale a certes tra-vaillé sérieusement, mais son influencepolitique se réduit, notamment auprèsdes jeunes électeurs.

Le mécontentement ne s’est pas tra-duit par une augmentation du voteblanc et nul, qui a baissé en Bretagneadministrée (1,6 %) et s’est accrue enLoire-Atlantique (2,9 %, par oppositionau président sortant de la Région ?).

La Bretagne perd son centreGlobalement, le résultat de la droite

est très faible : la droite au pouvoir àParis ne rassemble pas 25 % des Bre-tons au premier tour, soit une baisse de1 point, en l’absence d’une liste « villié-riste » (2 points en 2004). Cette faibles-se est d’autant plus remarquable que laBretagne ne connaît pas de pousséed’extrême droite (6,2 %, contre 8,5 %en 2004). Elle est à relier à la politiquecentrale et à l’intervention décisive dupouvoir exécutif dans l’élaboration deslistes, au mépris des élus locaux. D’oùune campagne médiocre, dépourvuede relais locaux. L’UDF de François.Bayrou, déjà en posture d’oppositionen 2004, a cédé la place au Modem,chutant de 11 % à 5,1 %.

Les listes d’union à dominante socia-liste obtiennent des résultats élevés :

Extr. G PS+ EÉB Troadec Modem UMP FN

LA 5,58 35,61 16,06 2,62 4,35 28,09 6,19

B4 6,00 37,19 12,21 4,29 5,36 23,73 6,18

BZH 5,88 36,74 13,30 3,81 5,07 24,96 6,18

Résultats de Loire-Atlantique (LA), Bretagne administrée (B4) et Bretagne à 5 départements (BZH)

Le premier tour des régionales. Résultats

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7Le Peuple breton – avril 2010

36,7 %, en recul toutefois par rapport à2004 (-1,3 point sur B4 pour la liste LeDrian, soit 3,35 %).

L’extrême gauche, partagée en plu-sieurs listes antagonistes, progresseglobalement. Les tentations centri-fuges ont été fortes : une partie descommunistes, derrière le maire d’Hen-nebont, n’ont pas suivi la logique majo-ritaire décidée par leur parti et ont refu-sé le soutien à la liste Le Drian au pre-mier tour. Avec d’autres mouvements,ils ont constitué une liste du type « Frontde gauche » qui a obtenu 4,1 % des suf-frages en Bretagne administrée. Malgréun léger tassement par rapport à 2004,la liste à dominante socialiste atteint37 %. En présentant ses propres écolo-gistes, elle sème le trouble chez cer-tains électeurs de ce courant et s’ac-corde un bonus de 1,5 % environ, audétriment de la liste EÉB.

Une dynamique originaleMalgré cela, on observe un phéno-

mène original, rarement relevé par les« grands » médias : l’émergence d’uncourant écologiste, fédéraliste et bre-ton. Celui-ci s’est structuré en listes re-liées à la dynamique d’Europe Écologieinitiée pour les élections européennesde juin 2009. En Bretagne administrée,elles reprennent, en l’élargissant auxassociatifs, l’alliance de 2004 entreVerts et UDB, dans le but de constituerun pôle incontournable pour une allian-ce à gauche au second tour. Le résultatest que les deux listes (EÉB et EÉ-PdLen Loire-Atlantique) progressent forte-ment par rapport à 2004 : 13,3 % demoyenne bretonne, 12,2 % sur la ré-gion à 4 départements. Pour cette der-nière, cela représente une progressionde 2,5 points, soit 26 %. En Loire-Atlan-tique, l’UDB avait choisi de participer àla même alliance, mais sans candidaten position éligible. Elle décidait ausside ne pas participer à la fusion deslistes de gauche au second tour – enraison du désaccord fondamental sur laquestion de la réunification avec la têtede liste socialiste Auxiette –, ce qui limi-tait sa lisibilité et son influence sur le vo-te. La répartition des votes EÉ-PdLmontre que l’opposition de la liste(mais pas de l’UDB) à l’aéroport deNotre-Dame-des-Landes a joué un rô-le d’aspirateur à voix dans un rayon de30 km autour de la commune la plusconcernée. EÉ-PdL a donc gagné dessuffrages, liés à l’inquiétude de rive-rains potentiels de l’aéroport, et perdudes voix « bretonnes », au profit de laliste Troadec.

La répartition des suffrages EÉB aupremier tour ne peut donc être compri-se indépendamment de la présence dela liste de Christian Troadec, maire di-vers gauche de Carhaix et conseiller ré-gional sortant, allié pour la circonstan-ce au Parti breton. Cette liste concur-rençait directement la liste EÉB, notam-ment sa composante UDB, dont Chris-tian Troadec a été l’allié au conseil ré-gional et au niveau municipal. D’où l’in-térêt d’examiner conjointement lesdeux cartes.

La liste EÉB comprend une zone debons résultats, dépassant les 15 % : lesgrandes agglomérations bretonnes (àl’exclusion des quartiers d’habitat so-cial), et une zone de faiblesse : les sec-teurs très ruraux, surtout en Bretagnecentrale, en particulier en pays gallo. Sil’actualité des pollutions et des catas-trophes naturelles à l’échelle mondialedonnait de la force à son projet, l’intitu-lé même de la liste pouvait laisser pla-ner un doute sur sa vision généraliste etsur sa capacité à intégrer les problèmessociaux et l’avenir de l’agro-alimentai-re. D’où de larges secteurs ruraux où laliste n’atteint pas 8 % des suffrages.Rassemblement jeune, EÉB a menéune campagne dynamique avec desmoyens suffisants, mais a présenté, fa-ce aux grosses machines électoralesUMP et surtout PS, des carences d’or-ganisation au niveau de la couverturedu territoire (quelques déserts mili-tants).

Ces zones de faiblesse s’accompa-gnent d’un autre blanc correspondant,autour de Carhaix, à l’implantationmaximale de Troadec. La consciencedes problèmes spécifiques au KreizBreizh et la volonté que ce secteur sou-vent oublié soit représenté au conseilrégional pouvait inciter à voter pour ledéfenseur combatif de la maternité deCarhaix. Des personnalités disparatesmais populaires ont pu faire monter lo-calement les résultats (près de 30 %dans le canton de Gourin). Après le re-trait forcé de cette liste et l’attitude deson leader favorable à EÉB, la liste éco-lo-autonomiste a opéré au second tourune remontée sensible dans cette zoneoù les consciences bretonne et écolo-giste sont souvent liées.

La concurrence a peu joué en Ille-et-Vilaine, zone la plus faible du vote Troa-dec, où l’implantation du vote EÉB s’esttrouvée renforcée et étendue à unebonne partie de l’espace périurbainrennais. Globalement, on peut estimerà près de la moitié les voix de la liste« Troadec » (plus de 2 points) qui se-raient allés directement sur EÉB en casde liste unique. A contrario, faute de li-sibilité bretonne, la liste EÉ-PdL est loind’avoir bénéficié de toutes les voix« bretonnes » de gauche, qui se sont enpartie dispersé dans l’abstention, le vo-te nul et surtout dans les 2,6 % de la lis-te Troadec (3,1 % à Saint-Nazaire) etune répartition proche des voix UDB de1998.

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Un second tour inéditLe résultat élevé de la liste Le Drian et

la faiblesse de la droite au premier touront conduit le président sortant de laRégion à ne pas souhaiter de fusionavec EÉB, désormais contraint à un se-cond tour imprévu. Une progression de5 points (plus de 40 %) a permis à cetteliste de combler une partie de ses défi-cits géographiques, notamment enBretagne occidentale et dans la péri-phérie éloignée de Rennes. La liste PS-PC, augmentée d’écologistes « mai-son », a mobilisé tous ses relais sociauxet bénéficié d’un afflux d’abstention-nistes dans une attitude d’opposition àla politique du pouvoir d’État et de« barrage à la droite », en fait dépourvuede signification locale. L’abstentiontombe de 4 points, à 47 %, mais comp-te tenu du chassé-croisé d’électeursprivés de leur liste du premier tour et denouveaux abstentionnistes, ce sontsans doute plus de 10 % d’électeursnouveaux qui sont allés voter.

En Loire-Atlantique, la fusion EÉ-PdL(sans l’UDB) avec la liste Auxiette a ob-tenu un succès, mais ses gains enpourcentages sont relativement limitéspar rapport aux apports initiaux desdeux composantes, manifestationd’une réserve évidente à l’endroit de latête de liste. Le pourcentage de lagauche (61,3 %) décroche par rapport

aux 4 autres dé -par te ments bre-tons (67,6 %).Jusqu’ici, la Loi-re-Atlantique étaitle département leplus à gauche deBretagne avec lesCôtes-d’Armor.Le différentiel estde 6 points. S’yajoute un pointd’abstention deplus en 44 et unpoint de plus devote blanc. Mal-gré cela, le diffé-rentiel avec lesautres départe-ments des Pays-de-la-Loire, où lagauche fait au-tour de 53 %,

montre que le vote de la Loire-Atlan-tique conserve bien les caractéris-tiques du vote breton. On notera quel’UDB, cohérente avec son choix de nepas figurer sur la liste Auxiette - EÉ-PdLfusionnée (par fidélité au combat de laréunification), a volontairement sacrifiéun siège puisque son candidat du pre-mier tour aurait été élu au second.

Au total, la gauche remporte 66 %des suffrages au second tour en Bre-tagne administrée : un record, très au-dessus de la plupart des régions. Elleest en tête dans les 5 départements etne reste majoritaire que dans la lisièreest des marches de Bretagne. Le rejetest tel qu’il homogénéise politiquementle territoire breton, tous les départe-ments, presque toutes les villes, lestrois quarts des communes.

Par rapport au premier tour, l’allian-ce écolo-régionaliste a gagné plus de73 000 voix, qui s’ajoutent aux 135 000du premier tour. Les résultats sont lesmeilleurs en Ille-et-Vilaine (poids del’agglomération rennaise), puis dans lesCôtes-d’Armor, aux conditions sociolo-giques pourtant moins favorables, où laliste a progressé de près de 50 % d’untour à l’autre. Successeur de la liste« Bretagne vivante, unie et solidaire » de2004, elle est la seule liste bretonne àavoir gagné des voix depuis les régio-

nales de 2004 (+ 2 000) alors que leslistes PS et UMP en ont perdu environ100 000 chacune. Ce chiffre traduitbien la méfiance des citoyens envers laclasse politique « conventionnelle », au-tant à gauche qu’à droite.

Cette cinquième élection régionaledonne lieu à quelques constats : pour lapremière fois, la Bretagne a perdu soncentre politique, victime d’une bipolari-sation de plus en plus forte. Ou plutôt,son centre réformiste a glissé à gauche,tant l’UMP est à présent perçue commetrès à droite : il est désormais incarnépar le courant socialiste, qui, sans brioparticulier, bénéficie de son positionne-ment réformiste consensuel. Le Drian,nouveau Pléven ? Ce dernier parvientmême à se rallier une bonne partie dumonde agricole, ralliement facilité parl’éviction des écologistes. Le glisse-ment à gauche, continu depuis trenteans, est tel que l’extrême gauche totali-se la moitié plus de voix que le Modem !La coupure droite-gauche n’est pas unalignement sur la politique française,puisque la Bretagne est beaucoup plusà gauche que la moyenne hexagonaleet que l’extrême droite est ici la plusfaible de l’État français, après la Corse.Surtout, le conseil régional dispose dé-sormais d’une force écolo-régionalisteautonome, riche de 11 élus, libre de ju-ger et de proposer : une nouveauté àcoup sûr.

L’indifférence apparente de prèsd’une moitié du corps électoral vientbien sûr d’un repli individualiste, maisaussi de l’absence de vraie régionalisa-tion : chacun sait que la région n’a ni lescompétences, ni les moyens de remplirson rôle, ni de résoudre les problèmesgraves qui se posent. Une premièremesure qui permettrait de dénationali-ser les élections régionales serait delaisser, comme en Allemagne, les ré-gions fixer leur date d’élection. On évi-terait et la médiatisation centralisée etla focalisation sur des questions quin’ont rien à voir avec les questions ré-gionales. Les fédéralistes de gauchesavent ce qu’il faut faire, mais n’ont pasle pouvoir. Au moins disposent-ils dé-sormais de tribunes pour l’exprimer.

Jean-Jacques Monnier

Politique

8Le Peuple breton – avril 2010

Les adresses à utiliser

Pour adhérer : UDB – 9 rue Pinot-Duclos – Saint-Brieuc

Pour écrire : 9 rue Pinot-Duclos – 22000 Saint-Brieuc – [email protected]

Pour téléphoner : 02 96 61 48 63

Site Internet : www.udb-bzh.net

Pour contacter les élus régionaux : Groupe UDB – 13 C rue Franz-Heller – 35700 Rennes cedex

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Second tour des élections régionalesen Bretagne administrée

L’exception bretonne, une décision préméditée ?

La non réalisation, pourtant atten-due par notre électorat, de l’unioncomplète de la gauche au deuxièmetour des élections régionales ré-centes en a surpris plus d’un. Et lesexplications, fournies ou rapportéespar les médias, n’ont pas toujoursété comprises ou paru suffisantes.Précisions par un des négociateursde l’Union démocratique bretonne.

Le rassemblement Europe ÉcologieBretagne (EÉBZH), comprenant desUDB, des Verts et des membres de cequ’on est convenu d’appeler la sociétécivile, avait annoncé la couleur dèsl’automne 2009. Son objectif était degarder la région Bretagne à gauche. Lavolonté de fusionner avec la listeconduite par Jean-Yves Le Drian, pré-sident sortant, au second tour était af-fichée clairement.

Fin février 2010, nous avions adresséun courrier à Jean-Yves Le Drian, de-mandant une rencontre pour discuterdu second tour. Réponse de l’intéres-sé : « Laissons passer le premier tour,nous nous verrons le lundi 15 mars. »

Les résultats de ce premier tour au-guraient une belle victoire pour le ras-semblement des forces de gauche. Ledimanche soir de ce premier tour, uncontact est pris pour une rencontreentre délégations des deux listes, lelendemain 15 mars à 10 heures.

Lors de cette réunion, Le Drian a rap-pelé son « mécontentement » de l’ini-tiative d’EÉBZH, et insisté sur le faitque sa liste du premier tour était ras-sembleuse. Puis, après un bref échan-ge sur les programmes, il a expriméson accord pour une fusion des deuxlistes, sur la base de son programme…et proposé « royalement » 10 posteséligibles pour EÉBZH.

Une fois l’étonnement passé devantcette proposition, reçue comme trèsréductrice, nous rappelons : que laproportionnelle nous donne 14 posteséligibles ; que cette règle est en vigueurdans les autres régions de France, queson application, en 2004 au secondtour des élections régionales, avaitpermis de gagner la Bretagne àgauche.

Vers 11 heures, la séance est levéesur un constat de désaccord. Une se-conde rencontre a lieu à 14 heures. LePS et ses alliés (PC et Bretagne écolo-gie) confirment leur proposition. Ilsajoutent que, du fait de la présence de4 écologistes sur leur liste, l’écologieaura bien 14 représentants au secondtour, 4 de chez eux et 10 d’EÉBZH.

Nous confirmons que la propositionest inacceptable.

À 15 h 30, Jean-Yves Le Drian confir-me par mail sa proposition de10 postes éligibles. Le reste de

l’après-midi est une successiond’échanges, tant en Bretagne qu’au ni-veau hexagonal. Rien n’y fera, à19 h 30, nous apprenons que le Partisocialiste a lancé l’impression de sesbulletins pour le second tour.

Au local de campagne d’EÉBZH àRennes c’est la déception, l’impres-sion d’une forme de mépris, d’avoir étémené en bateau… Les représentantsd’EÉBZH décident alors à l’unanimitéde maintenir la liste pour le second touret de s’engager dans une triangulaire.

La communication de Le Drian quisuit (vue sur Internet) nous laisse pan-tois. Grosso modo, EÉBZH a été tropgourmand dans ses demandes depostes et porte la responsabilité del’échec de la fusion. À 23 heures, les af-fiches du second tour sont collées àRennes, signées de Le Drian-Bretagneécologie. Elles n’ont pas été conçueset imprimées en deux heures…

Qu’en conclure ? Avec le recul, ilnous apparaît probable que Jean-YvesLe Drian avait, dès le dimanche soir,décidé de ne pas fusionner. Ses bonsrésultats du premier tour, et la disquali-fication de la droite, lui permettaient degagner seul. Pourquoi ce choix ?L’avenir nous le dira… et nous y revien-drons.

Robert Pédron, représentant de l’UDB

aux négociations

EÉBZH : une campagne militante.Le

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9Le Peuple breton – avril 2010

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10Le Peuple breton – avril 2010

C’est bien connu : la Bretagne ne pro-duit pas assez d’électricité. La ren-gaine remonte aux années Plogoff, LePellerin, Le Carnet1. Elle a pris une vi-gueur nouvelle après le record fran-çais de consommation du 7 janvier2009. À l’approche des journéesfroides, les médias ont donné un largeécho à la plainte orchestrée par RTE2.Le soir du 14 décembre, on lisait sur lesite leparisien.fr : « La Bretagne neproduit que 8 % de l’électricité qu’elleconsomme et fait partie, aux côtés dela région Paca, des régions les plusfragilisées électriquement et doncdes plus vulnérables à un black-out. »Et les médias de Bretagne n’étaientpas en reste. On y aurait souvent vai-nement cherché une analyse critiquede ce discours convenu, qui cache depetites et grosses tricheries. Exami-nons-les.

Un découpage très complaisantLe Pellerin et Le Carnet étaient sans

doute assez bretons pour mériter une

centrale nucléaire ! Cordemais ne l’estpas assez pour qu’EDF prenne sa pro-duction en compte… Or la centrale ther-mique de la Loire-Atlantique a produit5,2 TWh3 d’électricité en 20064. On peutles arrondir à 6 TWh pour approcher laproduction totale du département, oùplusieurs grandes unités industrielles(raffinerie, chantiers navals) font de l’au-toproduction. La Loire-Atlantique aconsommé la même année 7,3 TWh, etle reste de la Bretagne 19,2 TWh, soit untotal de 26,5 TWh pour toute la Bre-tagne. Les 1,3 TWh bretons produitshors de la Loire-Atlantique portent à untotal de 7,3 TWh la production bretonned’électricité, et à 28 % le taux de cou-verture de sa consommation. On est loindes 7 ou 8 % répétés à l’envi !

Le rétablissement statistique desvrais chiffres bretons n’apporte aucunkilowatt-heure nouveau au réseau élec-trique. Mais compte tenu de leur modede raisonnement, nos nucléocrates de-vraient en inférer la nécessité d’une cen-trale du côté de La Flèche, d’Angers ou

de La Roche-sur-Yon ! Pour autant nousne sommes toujours pas demandeurs :nous disposons de toute l’énergie dontnous avons besoin pour nous, pour nosvoisins et pour d’autres encore. Car il n’ya pas que l’électricité… Si nous en rece-vons d’autres régions, nous fournissonsà celles-ci d’autres sources d’énergie,bien au-delà de l’équivalent en méga-watt-heures (mWh) ou en kilotonnesd’équivalent-pétrole (ktep).

En réalité, la Bretagne est fortement excédentaire

en énergieEn jouant lourdement sur les frontières

administratives, la première tricherie fo-calise l’attention sur l’énergie électrique.Mais il y a d’autres formes d’énergie, quifont de la Bretagne entière une régionnettement… excédentaire ! Parler d’in-suffisance électrique de la Bretagne,sans mentionner cette situation énergé-tique globale, quand il y a une large pla-ce dans certains domaines pour laconcurrence entre les formes d’énergie,

BRETAGNE. AUTONOMIE ÉLECTRIQUE ?

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Centrale bretonne de Cordemais (44).

Entre faux problèmes et vraies solutions

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11Le Peuple breton – avril 2010

relève de la désinformation. C’est une deuxième tricherie, qui se

heurte à la réalité bretonne, et singulière-ment à celle de la Basse-Loire, l’un desgrands « poumons maritimes » de l’ap-provisionnement énergétique de laFrance avec Fos, Antifer et, dans unemoindre mesure, Dunkerque. La raffine-rie de Donges transforme le pétrole bruten essence, butane, propane, fioul ougazole, huiles diverses, utilisables pourles transports, le chauffage, l’éclairageet la production de force motrice. Saproduction représente 12 % du tonnageraffiné consommé en France ! Les termi-naux méthanier et charbonnier de Mon-toir-de-Bretagne, près de Saint-Nazaire,reçoivent et transforment le gaz naturelet le charbon. Une partie de ce fioul et dece charbon (non comptabilisée dans laproduction finale d’énergie) alimente lacentrale électrique « bi-thermique » deCordemais.

En relevant que l’énergie représente70 % du trafic du port de Nantes - Saint-Nazaire, la DREAL5 de Nantes constatesur son site que « l’estuaire de la Loireassure 11 % de l’approvisionnementénergétique de la France ». Même si cen’est pas au même niveau, d’autresports bretons (Brest, Lorient, Saint-Ma-lo) participent aussi de manière non né-gligeable à cet approvisionnement.

Une présentation qui escamote les vrais débats

Cantonner le débat à l’autosuffisanceen énergie électrique, c’est ouvrir endouce un débat sur la production d’élec-tricité nucléaire. Et c’est montrer dudoigt ces Bretons qui, tout en refusantles centrales nucléaires sur leur territoi-re, consomment l’électricité produite àFlamanville ou à Chinon. C’est la troisiè-me tricherie.

Du fait notamment de sa position ma-ritime et de la place du transport routierdans son économie, la Bretagne est uneutilisatrice privilégiée des produits pé-troliers et du gaz naturel. Le pétrole res-te fortement majoritaire dans notreconsommation (59 % de l’énergieconsommée contre 45 % en France),mais sa part diminue : elle était de 69 %en 1990. En revanche, la consommationbretonne de gaz naturel a plus que dou-blé en volume et sa part a progressé de11,2 à 18,8 %.

Quant à l’électricité, sa consomma-tion a crû de 64 % en seize ans et sa partdans l’énergie consommée est passéede 19,5 à 22,4 %. Pratiquement absentedu secteur des transports, chasse gar-dée des produits pétroliers, elle est trèsprésente dans des secteurs où elle esten concurrence avec le gaz naturel : lesecteur industriel – où ce dernier a pro-gressé plus vite qu’elle et fait jeu égal –et surtout le secteur résidentiel et tertiai-

re – le plus consommateur – où laconcurrence concerne principalementle chauffage, qui mérite un examen par-ticulier.

Le chauffage électrique n’est pas un chauffage… de pointe

Le choix français du nucléaire a étédéfendu à l’origine par le souci d’assurerl’indépendance énergétique du pays. Laprogression de la conscience écolo-gique a conduit à y ajouter le souci de ré-duire la pollution carbonique. L’originede l’uranium affaiblit sérieusement lepremier argument6 et le problème nonrésolu des déchets durables fait souriredu second.

La production nucléaire électrique a,de plus, une caractéristique désa-gréable : elle s’adapte mal aux varia-tions de la demande, et n’est donc pasrecommandée pour faire face auxpointes de consommation, horaires etsurtout hivernales. Pour faire face àcelles-ci, la France doit donc importerde l’électricité ou en produire par une fi-lière non nucléaire. Ce qu’elle fait, mais àquel prix ? Quatrième tricherie.

Des solutions à la fois tardives et précipitées, coûteuses

et polluantesPar malchance en effet, c’est quand il

fait froid qu’il faut chauffer… Les pointessont donc, par nature, saisonnières, etvariables d’une année sur l’autre. Large-ment exportatrice d’électricité nucléaireà des prix contractuels, donc raison-nables, quand les températures sontdouces et la demande faible, la Francedoit se fournir aux prix du marché quandla demande est la plus forte, donc lesprix les plus élevés7 ! C’est un véritablepiège financier.

La France tente donc de développerses capacités de production d’électrici-té non nucléaire pour disposer de sites àproduction variable plus nombreux. Laprise de conscience – aidée par l’ouver-ture du marché du gaz – ayant été bruta-le, les projets de centrale dernier cri, à« cycle combiné gaz », ont fleuri. L’asso-ciation Négawatt en a identifiés quaran-te. Une vingtaine ont déjà été autorisés,dont ceux de Ploufragan et de Montoir-de-Bretagne. Mieux accueilli que le pre-mier, dans un site déjà très industrialisé,le second sera bientôt en service.

Le bien-fondé du recours aux cen-trales à gaz pour produire du chauffageélectrique pose pourtant un énormeproblème, souligné aussi par Négawatt :le volume de gaz nécessaire à la produc-tion d’électricité destinée au chauffagereprésente deux à deux fois et demie levolume de gaz qui produirait le mêmechauffage s’il était adressé directementaux consommateurs par canalisations !

Et la Bretagne sait distribuer le gaz :81 % de la population de la Loire-Atlan-tique y est raccordée. Au lieu de pour-suivre le temps nécessaire dans cettedirection, moins consommatrice d’éner-gie fossile et moins polluante, onconstruit des centrales thermiques à gazcapables chacune, par exemple, dechauffer Nantes en brûlant du gaz qui,sans cette transformation coûteuse8,pourrait chauffer tout le Morbihan et ré-duire à due concurrence l’importationd’électricité chère… Cinquième triche-rie. Et c’est sans doute l’une des raisonspour lesquelles on s’apprête à doubler lacapacité d’accueil du terminal métha-nier de Montoir.

Il est temps d’imposer les bonnes alternatives

Rien n’indique que la France soit prêteà remettre bientôt en cause des choixénergétiques aussi féconds en im-passes écologiques et en commandesruineuses. Le temps et l’argent perdusne se rattraperont pas, mais les citoyenscommencent à savoir que d’autreschoix sont possibles, que leur mise enœuvre a commencé ailleurs significati-vement depuis longtemps, et qu’on peutconsommer moins d’énergie et plus in-telligemment sans rien perdre en qualitéde vie, et en gagnant chacun et en-semble… en autonomie.

Michel François

1. Ces divers projets ont été d’une actualitéplus ou moins brûlante de 1974 à 1997 (an-née de l’abandon officiel du projet du Car-net).2. Réseau de transport d’électricité, filialed’EDF.3. Térawatt-heure, correspondant à 1 millionde mégawatt-heures.4. La production électrique de la centrale deCordemais, comme celles des turbines àcombustion de Brennilis et Dirinon, est prin-cipalement affectée par EDF à l’écrêtage despointes de consommation, plus ou moins im-portant selon les conditions atmosphériqueset l’état du parc nucléaire, notamment. Leschiffres cités ici sont proches de la moyenne.5. Direction régionale de l’environnement, del’aménagement et du logement.6. Même conforté, hélas, par la dépendancepolitique et économique d’un gros fournis-seur comme le Niger.7. Ainsi, le 19 octobre 2009, selon les relevésde l’association Négawatt publié le 2 dé-cembre dans le Journal de l’environnement,les prix de marché de gros de l’électricité li-vrée en France ont atteint 3 000 euro par mé-gawatt-heure entre 8 heures et midi, quand letarif réglementé est de 34 euro par méga-watt-heure…8. La construction de la nouvelle centrale deMontoir s’élève à 250 millions d’euro (marchéde Notre-Dame-des-Landes : 680 millionsd’euro). S’y ajoutera son coût de fonctionne-ment.

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L’influence humaineCet ensemble de facteurs a favori-

sé un couvert végétal fait de forêts etde landes (sur les sols les plus acidesou les plus maigres ainsi que sur le lit-toral où l’arbre a du mal à s’implanter)que les premiers occupants, en fonc-tion des contraintes physiques, ontadapté à leurs besoins. Surfaces cul-tivées ou le plus souvent laissées enherbe, bocages, forêts, landes inté-rieures et littorales, zones humides…ont ainsi au fil des temps recouvert lapéninsule armoricaine. S’y est ajoutéun habitat dispersé en une multitudede hameaux constitués de quelquesfermes.

Le paysage évolue de façon natu-relle, comme le trait de côte, victimedes marées et des tempêtes (l’éro-sion touche 25 % du littoral), mais leplus souvent sous la pression des ac-tivités humaines. S’il n’avait que peuchangé pendant des siècles, il aconnu depuis la révolution industriel-le une transformation qui s’est accé-lérée au cours des dernières décen-nies. Les progrès techniques, les en-grais en particulier, ont ainsi favoriséla mise en culture de vastes landes,jusque-là trop difficiles à exploiter,tandis que le fourrage (foin, plantessarclées) permettait d’accroître lataille des troupeaux et de densifier le

bocage, la haie représentant une clô-ture efficace pour empêcher la diva-gation des bêtes. Au lendemain de laSeconde Guerre mondiale, le machi-nisme et la course au rendement ontbouleversé les modes d’exploitationen introduisant remembrement etcultures hors-sol.

Le paysage breton est aujourd’huiune mosaïque de surfaces agricoles(elles s’étendent sur les deux tiers dela péninsule) associant cultures an-nuelles (à 60 %) et prairies (40 %). Lapetite culture, avec structure et par-cellaire complexes et parfois présen-ce d’une végétation naturelle, est lepaysage emblématique de la Bre-tagne. On le retrouve partout. Lesgrandes cultures céréalières, légumi-neuses et de fourrage, où le bocagese fait plus rare, caractérisent en grosle quadrilatère Saint-Malo - Ploërmel- Pontivy - Lannion, tandis que lesprairies occupent l’est (Fougères, Vi-tré, partie occidentale de la Loire-At-lantique…) et l’ouest breton au-delàd’une ligne Guingamp-Quimperlé.Les vignes s’étalent en pays Nantaiset les terres légumières sur une ban-de au nord de la péninsule. Les mi-lieux dits naturels qui s’ajoutent à cesdivers éléments, souvent imbriqués,couvrent près du quart du territoire.Ce sont d’abord des forêts (Paim-pont, Lanouée, Lanvaux…), même sileur impact sur le paysage est mo-deste, comparé à leur situation dansl’Hexagone (elles ne représententque 12 % du territoire – 27 % enFrance), mais aussi des landes (6 %)parfois étendues (monts d’Arrée, capFréhel, presqu’île de Crozon…), deszones humides (Brière, lac de Grand-Lieu…), des marais salants (Guéran-de) et bien sûr des haies. Le reste, en-viron 10 %, est artificiel : sols bâtis(habitat surtout individuel, bâtimentsagricoles) ou non (jardins et pelousesd’agrément), routes, parkings…

Déprise agricoleet urbanisation

L’intensification de l’agriculture aucours des dernières décennies aconduit à une banalisation du territoi-re qui s’est traduite par une simplifi-cation des rotations, une uniformisa-tion des pratiques déconnectée des

Environnement

La transformation

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Les crêtes des monts d’Arrée sont encore agressives malgré des altitudes inférieures à 400 mètres.

Parce qu’il est le résultat d’un environnement naturel original et d’uneintervention humaine qui l’est tout autant, le paysage est, au mêmetitre que la langue, l’histoire ou la culture, un élément de l’identité bre-

tonne. Le relief et le climat sont les premiers à l’avoir influencé. Le caractè-re océanique de ce dernier apporte une certaine humidité (avec plus de1 000 mm d’eau par an dans la moitié ouest de la péninsule) au vieux massifhercynien fait de schistes, de granites et de grès usés par le temps qui alaissé la place à des plateaux et collines aux formes peu accentuées en-taillés de vallées ou d’abers et dominés par les crêtes des monts d’Arrée,encore agressives malgré des altitudes inférieures à 400 mètres. De son cô-té, le réseau hydrographique apparaît modeste en dehors de la Loire qui tra-verse de part en part le département nantais. Les sols sont plus ou moinsriches et profonds, mais généralement acides et sensibles à l’engorge-ment. La mer, qui n’est jamais loin (aucun point n’y est éloigné de plus de80 km), contribue enfin par la houle ou un vent souvent violent à dessiner unlittoral aux formes variées : cordons de dunes, plages de sable, falaises,côtes rocheuses, estuaires, marais côtiers, îles…

12Le Peuple breton – avril 2010

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spécificités de chaque terroir et parune restructuration des parcelles quiont été agrandies et débarrassées deleurs haies. Le linéaire bocager, longde quelque 250 000 km (il était de400 000 km dans les années 60),continue en effet de se réduire aurythme de 2 000 km par an, surtoutdans l’est breton. La construction debâtiments d’exploitation, standardi-sés et à l’esthétique douteuse, ainsique la destruction de nombreux re-pères visuels (arbres isolés, talus) ontaccentué ce phénomène.

Le paysage a également dûs’adapter à la déprise agricole. De1992 à 2002, les surfaces agricolesse sont restreintes d’environ 100 000hectares (en Bretagne administrée),en majorité des prairies, tandis que lenombre d’exploitations se réduisaitde près de 5 % par an. Cette évolu-tion tient en partie au fait que la Bre-tagne, principalement celle de l’est,se caractérise par une forte propor-tion de petites exploitations (25 %d’entre elles ont moins de 4 hec-tares), qui sont aussi celles qui seconsacrent le plus à l’élevage (lesprairies naturelles occupent parexemple la moitié de leur surface).Peu compétitives, elles ont été lespremières touchées par la crise bovi-ne. En outre, lorsque les terres libé-rées vont agrandir d’autres exploita-tions, il n’est pas rare d’assister àl’abandon des parcelles les moinsrentables (comme celles des fondsde vallée humide ou des pentes lesplus raides) qui, n’étant plus tra-vaillées, vont progressivement êtrecolonisées par des friches.

La déprise agricole profite, de fa-çon à peu près équitable, aux es-paces naturels et artificiels. Le soldepour ces derniers est cependant aufinal largement supérieur, car ils pro-gressent aussi aux dépens des mi-lieux naturels (essentiellement deslandes et des haies). À côté d’un bas-culement direct de l’agriculture versl’artificiel, il y a aussi une évolutionplus longue avec la friche commeétape intermédiaire. La forêt estl’autre bénéficiaire du reflux agricole,même si le gain est de moitié inférieurà celui des landes. Depuis 1981 etmalgré la tempête de 1987 qui avaitcouché 15 000 ha d’arbres, les mas-

sifs ont vu leur surface progresserd’un tiers. Dans la majorité des cas,et contrairement à une idée reçue, leboisement se fait en feuillus. La dé-prise agricole, si elle conduit à rédui-re la part des pâturages, favorisedonc aussi la fermeture des perspec-tives paysagères avec l’accroisse-ment des surfaces forestières et metencore plus en péril le bocage, inti-mement lié à l’élevage et victime del’agrandissement des exploitations,mais aussi de son vieillissement, fau-te d’entretien par manque de bras.

En simplifiant, on peut dire que lerecul des paysages agricoles se fait àl’avantage des espaces naturelsdans le Kreizh Breizh (aux dépensdes cultures) et dans l’est de la Bre-tagne (au dépens des prairies), tandisque, sur le littoral et dans les airesd’attraction des villes, les surfacesartificialisées sont les grandes ga-gnantes.

Enfin, l’espace rural est confronté àla pression urbaine. Le développe-ment de l’habitat individuel, dévoreurd’espace, et la surexploitation du lit-toral (85 % des côtes bretonnes sontaujourd’hui bétonnées) ont conduit àun étalement sans précédent desvilles et à un mitage du paysage, enparticulier sur la bande côtière et surles communes encore peu citadines.

En terme de surface au sol, la maisonindividuelle représente de nos joursplus de 95 % de l’habitat total, aprèsavoir enlevé aux paysages agricoleset naturels près de 40 000 ha entre1992 et 2002. Le phénomène estd’autant plus néfaste que ces exten-sions pavillonnaires sont souventsans intérêt architectural et qu’ellesvont de pair avec le développementd’un bâti non résidentiel (zones artisanales, commerciales, indus-trielles), avec son lot de voies d’accès. Les surfaces artificielles ontainsi progressé de 25 % de 1992 à2002 (+ 75 000 hectares). À titre indi-catif, la hausse n’a été que de 16 %en France. Il y a bien là une spécifici-té bretonne, qui ne peut que s’accen-tuer quand on sait que d’ici à 2020 lapéninsule devrait accueillir sans dou-te près de 500 000 nouveaux habi-tants.

Étalement et mitage urbains, dépri-se agricole, banalisation des sys-tèmes de production : ces trois mauxsont un défi que nos responsablesdoivent relever si l’on veut préservercet élément essentiel de notre cultureet de notre identité qu’est le paysagebreton.

Patrick D. Morvan

du paysage breton

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Le bocage (ici vers Sarzeau) avec sa structure et son parcellaire complexes a longtempsété le paysage emblématique de la Bretagne.

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14Le Peuple breton – avril 2010

Redon : Div Yezh en appelle aux élus

L’enseignement public bilingue est uneréussite depuis 1983 en Ille-et-Vilaine. À Re-don, la maternelle publique Les Korrigansavait débuté la rentrée dans la sérénité, avec lanomination de 3 enseignants bilingues titu-laires pour 3 classes. À la mi-mars, suite à l'ar-rêt prolongé d’une enseignante titulaire, 26enfants ont été répartis dans les classes mo-nolingues de l’école, portant les effectifs de 40à 45 élèves par classe. Situation qui doit per-durer, selon l'annonce faite aux parents. DivYezh dénonce cette rupture de continuitédans l’enseignement bilingue.

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I L L E - E T - V I L A I N E

Pour un collège bilingue public en pays de Vannes

La FSU, considérant, àjuste titre, qu’il était anor-mal que la filière publiqueen pays de Vannes n’offrepas de collège bilingue (àla différence de Dihun etde Diwan), appelait – re-jointe par la FCPE et DivYezh (dont le présidentPaul Mollac était présent) –à un rassemblement le 17février à Vannes. Une qua-rantaine de personnes sesont retrouvées devant

l’inspection d’académie du Morbihan, où une délégation a été reçue parl’inspecteur. Plusieurs élus de l’UDB (dont Jean-Jacques Page, à gauchesur notre photo) étaient présents pour apporter leur soutien à la revendi-cation.

La dictée en breton de Loire-Atlantique

C’est à Vertou, dans la banlieue déjàviticole de Nantes, que s’est déroulée le6 mars la Skrivadeg 2010 pour la Loire-Atlantique. Organisée par l’associationKentelioù an Noz, qui propose des courset stages de breton pour adultes dansune dizaine de communes du départe-ment, cette dictée a rassemblé 102concurrents répartis en cinq niveaux.

Dicté de voix de maître par ArmandTosser (notre photo), le texte est compo-sé de paragraphes d’une difficulté crois-sante. Chacun le reproduit sur sa copie,aussi longtemps que son niveau le luipermet.

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Le SLB à lʼuniversité de Brest

Manifestation d’étudiants et d’enseignantsle 23 mars à l’université de Bretagne occi-dentale. Mais aussi l’occasion d’une pre-mière action militante – distribution detracts (notre photo) – pour les membres dela section universitaire du Syndicat des tra-vailleurs bretons (SLB : Syndikad laboure-rien Breizh), qui vient de s’implanter à Brest.Ce syndicat, interprofessionnel, est actifdans l’université, depuis 2005 à Rennes-2,et depuis 2009 à Nantes. En 2010, deuxnouvelles sections s’y ajoutent : une àRennes-1 et l’autre à l'université de Bre-tagne occidentale.

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Des enfants de Div Yezh chantent en breton à Redon.

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Park an Istr à Plouézec

Avec près de 600 ha répartis sur 200concessions, une centaine d’entreprises,plusieurs centaines d’emplois engendrés,une production qui dépasse les 6 000tonnes d’huîtres… le secteur de Paimpolest le premier quartier conchylicole de Bre-tagne nord. Une raison suffisante pour valo-riser cette activité, souvent confrontée àdes conflits d’usage sur l’estran et aujour-d’hui gravement menacée par une mortalitéencore inexpliquée et inquiétante. D’où unprojet de parc à huîtres, pédagogique ettouristique, Park an Istr, porté par Yvon Si-mon, adjoint UDB au maire de Plouézec.

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C Ô T E S - D ’ A R M O R

Yves Simon.

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MARS... vu par Nono

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LA PREUVE de la pertinence du discours écologique ré-side sans doute dans la malhonnêteté crasse de ses ad-

versaires les plus médiatisés. La manière dont les médias demasse se sont emparés, à quelques encablures des électionsrégionales, du dernier recueil de sornettes de M. ClaudeAllègre est, à l’évidence, symptomatique d’une époquerechignant à affronter les vrais périls, depuis longtemps an-noncés. L’imposture éditoriale du géochimiste sortant im-prudemment de sa spécialité pourrait, à l’extrême rigueur,être l’occasion d’un débat au fond des choses. Encorefaudrait-il alors opposer à la certitude d’Allègre l’intelli-gence de contradicteurs à la hauteur de l’enjeu. Et là, on dé-couvre avec étonnement que le professeur devenu bateleurd’estrade bénéficie d’un traitement de faveur qui bafoue ledroit à la qualité de l’information.

Claude Allègre tire sur tout ce qui bouge, sur tous ceuxqui osent braver, par des doutes sérieux ou des discours cri-tiques, le consensus feutré d’une société assoupie. Hier an-ti-profs, il est désormais anti-écologistes, anti-altermon -dialistes et surtout anti-anti-productivistes. Chantre de lacroissance, il vilipende tous les scientifiques prudents quiempêcheraient son retour depuis si longtemps espéré. Il estconvaincu que les OGM vont sauver le monde de la faim,que l’agriculture chimique est un mal nécessaire. Il réfutegrossièrement la thèse de l’épuisement du pétrole àéchéance courte, contre l’avis des meilleurs spécialistes dela question. Contre les climatologues du monde entier,qu’il prend pour des charlatans, il assène que les activitéséconomiques surdéveloppées par les hommes depuis deuxsiècles ne sont pas responsables des dérèglements clima-tiques accélérés d’aujourd’hui. Il va plus loin encore : cesdérèglements ne sont pas si graves, inutile d’être sur le qui-vive, les hommes sauront s’y adapter. Il est tout seul surcette ligne de conduite, mais qu’importe, il plastronne làoù on l’invite, il assène ses vérités dans des laïus trop sou-vent maladroits. Dans son dernier livre, L’Imposture clima-tique, il va jusqu’à citer à l’appui de son propos – le motthèse serait ici usurpé – des scientifiques qui n’existent pas !Bref, on devrait pouvoir éviter d’écouter ces aigres absur-dités quand le sort du monde appelle des analyses claires etdes actions fortes.

Guillaume Durand, mauvais journaliste devenu mé-diocre animateur d’émissions de télévision, ne l’entendhélas pas ainsi. Dans son émission « L’objet du scandale » –que voulez-vous, il faut faire choc pour captiver les foules –,il recevait donc le mercredi 10 mars dernier le scandaleuxpourfendeur des hérésies modernes. Initialement, le poli-tologue Paul Ariès devait être opposé à Claude Allègre. Iln’en fut rien. Deux jours avant l’émission, on fit savoir àl’opposant du don Quichotte des plateaux que ce dernierserait finalement confronté à des gens ordinaires. L’élo-quence avérée de Paul Ariès, il est vrai, a de quoi effrayer

celui dont les assertions sont assises sur des sables pour lemoins mouvants. La pertinence du dernier ouvrage du di-recteur du Sarkophage, La simplicité volontaire contre lemythe de l’abondance1, est sans doute intimidante pour quine souhaite pas que les téléviseurs cessent de ronronner enrond dans les chaumières, où l’on n’aime pas, paraît-il, seprendre la tête avec des questions compliquées. La leçon àdéduire de cet acte de censure indéniable est que, lorsqueClaude Allègre est invité dans une émission de télévision,c’est lui qui choisit les autres invités et non le responsablede ladite émission. Faire de la mauvaise télévision n’est pasplus difficile que ça. Guillaume Durand en maîtrise la re-cette depuis longtemps. Pourtant, rappelons-nous queFrance 2, où sévit cet adversaire de la pensée vraimentdérangeante, car posant les vrais enjeux du temps, est unechaîne de service public. La mission de celle-ci devrait êtreplus ambitieuse que de servir la soupe des agents du con-formisme productiviste et scientiste.

Au-delà de l’anecdote que constitue l’éviction cavalièred’un penseur dérangeant, une analyse plus approfondie duphénomène est riche d’enseignement. L’émission de Guil-laume Durand – et Guillaume Durand lui-même – est leproduit conforme de notre société « consommationniste ».Il n’est donc pas permis d’en attendre davantage que lestrict montage de fallacieux débats trompeusement érigésen débats essentiels. Certes, Claude Allègre est incapablede débattre avec des gens sérieux ; il le sait et choisit doncses adversaires d’un soir et ses faire-valoir à la maigre enver-gure intellectuelle. Cependant, l’important est ailleurs :avec Paul Ariès, il n’aurait pas été question de cantonner ledébat à une simple querelle sur le degré de gravité de la criseclimatique. On eut mis en cause le délirant modèle pro-ductiviste désormais à bout de souffle. Les « croissancistes »se serrent à bord de ce radeau perdu voguant sur un océansocial plus délabré à chaque jour qui passe. Dans son livre,Paul Ariès montre qu’il existe historiquement deux gau -ches : l’une productiviste, optimiste, qui échoue forcé-ment en épousant les principes du capitalisme débridé ;l’autre anti-productiviste, pessimiste, qui n’a jamais con-quis le pouvoir, car elle est toujours enfermée dans le cultede sa défaite légendaire. Le défi à relever tient dans la con-struction d’une gauche anti-productiviste optimiste. L’his-toire du capitalisme et des mouvements qui s’y opposèrentnous apporte une autre leçon ; le peuple n’est pas foncière-ment productiviste, pour peu qu’on lui laisse percevoir lesvéritables raisons de la marche des choses.

C’est de cela qu’il n’est pas permis de débattre aujour-d’hui. Et Allègre n’est que l’une des figures emblématiques,médiatiquement choyée, du débat impossible.

Yann Fiévet

1. Aux éditions La Découverte, février 2010.

Leurre de vérité

La soupe à lʼaigre

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E 2008 e oa bet graet « bilañsyec’hed » politikerezh boutin al la-bour-douar (PBL, PAC e galleg). Divi-zet e oa bet reiñ skoazell d’al laboure-rien-douar a roe geot kentoc’h evitmaiz d’o saout ; kement-se evit ma vi-je doujet gwelloc’h d’an endro. Neuzee veze roet gant Europa, e korf e boli-tikerezh boutin al labour-douar, tro-dro da 40 € skoaziadenn dre hektard’al labourerien-douar.

Un donenn dañvez sec’h a c’heot agoust etre 20 ha 30 €/ha da broduiñpa vez debret war-eeun gant al loe-ned. Pa vez treuzfurmet e foenn, añsi-laj… e koust kalz keroc’h : etre 70 ha90 €/ha. Ar maiz treusfurmet a goust-eñ etre 40 ha 50 euro/ha. Ret eo gou-zout memestra e vefe kalz koustu-soc’h produiñ maiz evit geot ma nevefe ket skoazellet produiñ ar maizgant ar PBL gant an holl demz ha di-louzaouerioù a vez lakaet warnañ eviten c’hounit. Neuze eo kalz marc’had-matoc’h reiñ geot d’ar saout ma

c’heller en ober hep treuzfurmiñ

anezhañ. Evel ma n’eus ket kalz geoter goañv, ne brodu ket ar saout kalzlaezh. Pa zeu an nevez-amzer hag eteu ar geot da vezañ druz e kresk matar c’hementad a laezh produet gantar saout. Setu ar pezh a c’hoarvez maklasker heuliañ lusk an natur.

Prizioù izeloc’h en nevez-amzer

Al laezherezhioù a zastum hag adreuzfurm al laezh a glask kaout laezha-hed ar bloavezh en un doare ingalevit ma vo aesoc’h dezhe renañ al la-bour, ar stokoù ha dre-se espernarc’hant. Evit broudañ ar broduerienlaezh da ingaliñ o froduerezh war arbloavezh a-bezh ne roont ket armemes priz dezhe a-hed ar bloavezh,da lâret eo e tigresk ar priz en nevez-amzer pa vez produet muioc’h. Setuperak e vez roet foenn, maiz d’arsaout er goañv evit kaout laezh paeetgwelloc’h d’ar mare-se.

Ar pezh a zo eo e chom koustu-

soc’h produiñ un donenn dañvezsec’h a c’heot treuzfurmet evit un do-nenn maiz treusfurmet. Gant ar sikoura oa bet roet gant ar PBL e teue da ve-zañ tamm pe damm ken dedennuswar ar bloavezh reiñ geot pe vaiz. Arpezh a oa mat ha gwelloc’h evit anendro. Se a oa gwir gant ar prizioù aoa roet a-raok gant al laezhere -zhioù… peogwir eo bet cheñchet prizal laezh gante ar bloavezh-mañ. A-raok e oa ur « forc’had » 20 € an do-nenn etre ar priz izelañ hag ar prizuhelañ er bloavezh. Er bloavezh-mañe tizho ar forc’had 40 €. Da lâret eo ergoañv, pa vo izel ar produadur, e vo40 € uheloc’h ar priz dre donenn pro-duet evit pezh a vo paeet en nevez-amzer-mañ.

Foeltret arc’hant an tailhoùPiv a ziviz-se ? Ar CILouest (Komite

etrevicherel laezh ar c’hornog). Ha piva zo e-barzh ar c’homite-se ? Ar bro-duerien laezh, ar re a zo dileuriet ganttud an FNSEA nemetken, ar gevelou-rien (ar re-se zo ken tost all ouzh anFNSEA) hag ivez greantourien bre-vez. Ar broduerien laezh a zouj d’annatur hag a soñj dezhe eo gwelloc’himplij geot evit maiz a broduo kalzmuioc’h a laezh en nevez-amzer hapaeet e vint kalz nebeutoc’h evit maoant a-raok. Da betra a servij skoazia-dennoù mod-se a oa savet sañsetevit sikour ar broduerien laezh a zou-je d’an endro ? Da netra. Dispignet evo arc’hant an tailhoù evit netra. Nevo ket kavet an arc’hant-se e chako-doù ar broduerien laezh… e chako-doù al laezherezhioù greantel ne lâranket.

Setu ar pezh en doa c’hoant Ber-nard displegañ deomp. Souezhet eoivez o welet n’eus sindikad ebet endeus kredet sevel krenn a-enep d’arfed-se… Ur stourm start oa bet renet,warlene, gant ar broduerien laezh evitklask mont maez eus an enkadenn zowar al laezh… N’eo ket gant ur politi-kerezh a-seurt-se e vo gwellaet bu-hez ar saverien-saout laezh er bloaz-mañ c’hoazh.

F. D.

POBLVREIZH

Enkadenn al laezh :gwashoc’h gwashañ an traoù

17Pobl Vreizh – Ebrel 2010

N’eus ket pell zo hor boa resevet ur postel digant Bernard Gall a zo labou-rer-douar ha produer laezh e Karnoed. Resevet en doa prizioù al laezh evit2010 digant ar CILouest hag heuget e oa bet gant ar pezh en doa merzet.N’eo ket echu enkadenn al laezh a lâre… Klasket hon eus gouzout hiroc’h habet omp da gejañ gantañ evit kompren ar pezh a c’hoarvez.

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Bernard Gall gant ul lodenn eus e chatal, ur vuoc’h darev da halañ hag unan all nevez-halet.

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Ur wech n’eo ket boas e c’halled se-laou war FBBI (France Bleu BreizhIzel, bet RBO) betek ar miz tremenetun heuliadenn e brezhoneg anvet Istor vras Breizh vihan (s.o. PB niv.551). Adalek al Lun 21 a viz Kerzu2009 e-pad tri miz eo tremenet anheuliadenn-se bemdez e hanter-kantrann, c’hwec’h munutenn an tamm,ha dezastumet bep sul pemp rannwar un dro. Eus petra zo kaoz ?

N’eo ket an istor evel m’emañ el lev-rioù a zo kontet amañ. Diazezet eo andestenn war vojennoù — alies bettremenet da wir e-pad pell — pe wardegouezhioù istorel gwirion, metdanevellet war un ton skañv ha pelldiouzh ar wirionez istorel. Leurennetez eus pennoù-bras ha tudigoù,aotrounez pe gouerien, soudarded habarzhed, da-geñver darvoudoù hag odeus skoet spered ha faltazi voutin arVretoned a-hed ar c’hantvedoù.Hanter-kant rann a daolenn dek mareeus istor Breizh, eus ar VIvet d’ar XVIIvet

kantved, adalek divroerezh ar Vre-toned betek emsavadeg ar BonedoùRuz, en ur dremen dre ar Vikinged haGouel Erwan. Istor vras Breizh vihan azo un doare dibar da deuler sklêrijennwar an darvoudoù bras a zo bet eBreizh, pell diouzh al levrioù istor metkentoc’h dre selloù tud vunut pe di-anav.

Trizek aktour…Digoret e vez pep abadenn gant ur

werz kanet gant ur barzh-kaner a lârdre-vras eus petra vo kaoz. Klozet evez gant ur mailh a istorour — dirañjanezhañ un tammig — hag a laka andarvoud en e vare, en e « gwirionez »istorel.

Uu dousennad a gomedianed am-part (13 rik), brudet-kenañ alies, ac’hoari ar 137 personaj. Er strollad-mañ e vez kavet Nolwenn Korbell, JilPenneg, Goulwena an Henaff, JakezAndrez, Tony Foricheur, met ivez

Kristoff ar Menn ha Jisell ar Gu-

rudeg, Klet Beyer, Marion Gwenn,Riwal Kermarrec, Tangi Daniel,Yann-Herle Gourves, Yann-EdernJourdan.

Hervez an oberourien AzilizBourgès hag Étienne Strubel ez eusanv da ginnig pep den er vuhezpemdeziek ha n’eo ket evel un harozoc’h ober n’ouzon ket peseurt taolkaer war e zrester gwenn. Da skouer eoa ar c’honetabl Du Guesclin divalav-tre. Petra c’hoarveze pa veze-eñ o ver-c’heta ? Ha berzh a rae gant arplac’hed pe kaset e veze da strakal bru-lu war Venez-Are ? Ha petra a soñjed’e berukenner diwar-benn edroc’had-blev ? Aze emañ an dalc’h :kontañ un danevellig gleuk ha c’hoar-zin diwar he fenn e-kreiz un darvoudanavezet ha mil gwech desket ha dibu-net gant skolidi hag o deus disoñjetanezhañ abaoe pell.

Gant France Bleu Breizh Izel ha Di-zale, gant skoazell kuzul-rannvroBreizh, eo kenbroduet an heuliadenn.Produet eo ez-fetis gant atalier krouiñ

Kornôg bras Radio France staliet eNaoned ha sevenet gant Marie Gué-rin ha Georges Coudert, kaset war argwagennoù gant Pol-Yvon Virot —anavezet mat gant hol lennerien — haFrédérick Baguet.

Evit ur wech…Un heuliadenn a-feson eo-hi, ha pa

vez ret anavezout Istor Breizh dija evitkompren an holl rannoù, ha pa ’z a arc’hoari re vuan un tammig evit bezañkomprenet tout gant an holl selaoue-rien, ar zeskerien dreistholl, ha pa’z eodizingalik live an aktourien e-keñverar yezh peurgetket. Evit ur wech ma ’zeus un hevelep rummad e brezhonegwar ar radioioù, n’eo ket poent ober eveg-figus !

Rak goude bezañ bet skignet gantFBBI e vo treuzkaset an heuliadennd’ar radioioù kevredadel Breizh a la-bour e brezhoneg da vezañ profet d’oselaouerien. Evel-henn e oa an emglevetre ar radio Stad hag ar Rannvro, etreEmmanuel Yvon ha Yann-Bêr Tho-min. Neuze, m’ho peus manket ar ski-gnadenn gentañ, bezit war evezh, sel-lit ouzh ar wask : adskignet e vo urwech all a-barzh pell gant ArvorigFM, Radio Bro-Gwened, Radio Ker-ne ha Radio Kreiz-Breizh !

Jean-Claude Le Gouaille

18Pobl Vreizh – Ebrel 2010

Istor vras Breizh vihan : un heuliadenn a-feson hepdale er radioioù e brezhoneg

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Jakez Andrez

• Arvorig FM e Bro-Leon : 91.7, Landerne : 107

• Radio Bro-Gwened e Pon-di : 92.6, Gwened : 94.8, Mor-Bihan norzh : 101.7, su : 97.3

• Radio Kerne e Bro-Kemper :90.2, Douarnenez : 92, Kem-perle : 97.5

• Radio Kreiz-Breizh e Sant-Nigouden : 102.9, Gwengamp : 106.5, Berrien : 99.4

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Sachet eo bet evezh ar bed war wall-donkad Haiti gant ar c’hren-douarlazhus emañ o paouez gouzañv. Nec’hello ket mont war gorre ar bec’hhep reiñ lusk d’ur politikerezh ekolo-gour. Ur vro goadek stank a oa eusHaiti gwechall gozh. Ne chom ennietre 1 % ha 2 % eus an douaroù din-dan wez hepken hiziv an deiz, endrama oant 20 % anezho e 1960. Seulzrastusoc’h eo ar gudenn evit dazontHaiti ma servij ar steudadoù gwez davirout an douar bev en he zakadoùserzh.

Ur vroad gounideien eo chometHaiti. Bevañ a ra ouzhenn 60 %eus ar boblañs war ar maez. Dont ara 25 % eus ar bindivigezh produetgant nerzhioù ekonomikel ar vroeus al labour-douar, met torret evez nebeutoc’h eget 45 % eus anezhommoù boued gant ar pezh avez degaset gant ar vaezidi. En-porzhiet e vez 60 % eus an danve-zioù a servij da vagañ an dud. De-gas a ra al labour-douar koulskou-de 10 % eus talvoudegezh ezpor -zhiadurioù Haiti. Produet e vezkafe (« aour du » Haiti gwechallgozh), kakao ha mangez peurget-ket evit ar marc’had etrebroadel.Izel eo live bevañ ar braz eus arc’hounideien. Berr-spontus eo antraoù gant tost da 60 % eus an tiege -zhioù war ar maez.

Div vro, daou endro en enezN’eo ket ken truezus stad an traoù

en eil riez enez Espaniola. Petra ben-nak emañ o c’houzañv ivez sioù bou-tin etre nouspet bro drovanel bet tre-vadennet gant Europeaned, evel liza-dur gouarnamantoù bresk o reizhveliwar ar vuhez-stroll pe an diouer anerzh evit soursial ouzh yec’hed anholl, eo deuet republik Dominika a-benn da zerc’hel tost da 30 % eus hedouaroù dindan goadeier, hengoa-deier enno zoken. Gwir eo emañ enHaiti an div drederenn eus annezidian enez endra m’en em astenn war andrederenn eus he gorread hepken.Pemp gwech uheloc’h eo live-bevañDominikiz eget hini Haitiz. Pinvidi-

koc’h e veze ar re-se diwezhañ eget oamezeien dostañ kant vloaz zo kouls-koude. Astennet o doa o beli warnomeur a wech zoken. Eilpennet e oa betar jeu pa oa bet asantet gant Domini-kiz digeriñ o bro da levezon an dia-vaez. Dibabet o doa ober eus o bro undrevadenn eus Spagn e 1821 zoken.Ne oant ket ken tomm ouzh o frankizhag Haitiz. Ne vagent ket kement azisfiziañs ouzh an estrenien ivez. Gwireo ne oa ket bet ken merket prantadkentañ o broad gant ar sklavelezh hagar stourm ouzh perc’henned kriz.

Reuz ar glaou-koadPa vez ivez an dour gant an dud ne

c’hellont ket prenañ gaz pe dredan evitpoazhañ o boued ha skêrijennañ o lo-jeiz. Gant glaou-koad e ra 72 % eusHaiti evit keginañ. Fardet e vez andanvez-se diwar ar c’heuneud troc’heter c’hoadeier diwezhañ. Endra ma vezkroget da adkoadañ e meur a vro allevit taliñ ouzh emastenn an tiriadoùdiatil ne vez ket soursiet ouzh ar gu-denn en Haiti siwazh. Noazh e vez le-zet an dachenn da heul seurt difraosta-degoù peurliesañ. Seul greñvoc’h a-see teu efedoù drastus ar c’hrignerezh davezañ. Bewech ma vez gouzañvet urgorventenn greñv pe ur c’horc’hwezhgant ar vro ez a milionoù a donennoùa zouar bev gant red feuls dour ar gla-veier betek ar mor, un dour a vefe aetul lodenn anezhañ da bourveziñ argweleadoù freatek ma vefe chomet

steudadoù gwez evit skoilhañ outañ.Moarvat e vefe efedus ober ar pezh zobet dibabet e Chile, da skouer, evitstourm ouzh freuz an digoadañ er me-nezeier. Degaset ez eus bet bep a forn-heol d’an tiegezhioù eno. Ur mod dis-ter e goust war hir dermen e vefe dadommañ e voued en Haiti. Re anat eo.Heoliet puilh ma’z eo ar vro-se a-hedar bloaz.

Nerzh ar maezioùTec’het e vez dre galz diouzh mae-

zioù na c’hellont ket mui pourchaspeadra da vagañ o re, d’o gwiskañha d’o lojañ en ur mod dereat zo-ken. En em vodañ a ra repuidi dis-kar ar c’hempouez ekologel e-barzh karterioù lochennoù ha tierdirapar Port-au-Prince peurget-ket, ha sebeliet ez eus bet nouspetmiliad anezho en atredoù moge-rioù lakaet da gouezhañ en o foullgant ar c’hren-douar diwezhañ.Un nerzh kreñv a zo da bourchasda ekonomiezh maezioù Haitievit taliñ ouzh ar freuz ekologeldegaset gant an digoadañ. Evit-see ranko ar riez difenn he marc’haddiabarzh ouzh kevezerezh disleallabour-douar ar broioù pinvidik.Ne fazi ket intrudu gounideien ar

vro evit tizhout un hevelep pal. Deuetez eus saverien saout atantoù bihan a-benn da frammañ o-unan, da skouer,o rouedad kenwerzhel dezho evitpourvezañ stalioù e pep lec’h gant ofroduioù laezh endra ma ’z a an en-porzhiañ poultr laezh d’ober unan eusdispignoù brasañ ar riez. Deuet ez eusgounideien a-benn d’ober o-unan ivezwar-dro kanolioù kleuziet da zegasdour d’o farkeier. Arabat sellout ouzhHaitiz evel ouzh tud dic’houest da zis-koulmañ o c’hudennoù dezho. Ezh -omm o deus eus an diavaez evit adse-vel o endro diskaret, gwir eo, met seulefedusoc’h e vo al labour-se ma vo fi-ziet stur ar gefridi-se en o aozadurioùoberiant dezho.

Paol ar Meur

Problèmes posés par le déboisement à Haïti.

19Pobl Vreizh – Ebrel 2010

HaitiAn diskar ekologel

© N

asa

An harz etre Haiti ha republik Dominika : emañ Haiti a-gleizha republik Dominika eo an takad gwer a-zehou.

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20Pobl Vreizh – Ebrel 2010

Du ha Gwennha plas da lenn…

War sikour Eleonorgant Yann-FañchJacq, embannet gantKeit vimp bev ; 6 €.Ur c’hoari video eoMagalopolis. Ar pal :tizhout ar PempvetKevandir ha dieubiñEleonor. Tremen a rakalz amzer Sam gantar c’hoari-se. E vi-gnon Kevin ivez. Undeiz en em gav Samer c’hoari… degasetgant Eleonor evit he

sikour a-enep… ur c’hoarier all… N’en-oeer ket o lenn an istor. Dleout ’rafe pli-jout koulz d’ar re a vourr dezho ar c’hoa-rioù video ha d’ar re a vez un tamm hega-set ganto… Kalz darvoudoù a gaver metivez un doare da zegas prederiadennoù di-war-benn an darempred etre bed amwirha bed gwirion, ar feulster, an disheñvel-der, ar fiziañs hag ar genskoazell, ar vi-gnoniezh hag ar garantez. Ul levr plijus.

Maen Rannougant Yann Gerven,embannet gant Keitvimp bev ; 6 €.Trede levrenn Fu-lennoù war skubel-lennoù eo MaenRannou. Adkavouta reer perzhioù pli-jus stil Yann Ger-ven, met istorioùsorserezed KreizKerne a laka ac’ha-non da soñjal e ka-fe-chikore ma

mamm-gozh : dre forzh adlakaat dourwarnañ bep tro ma veze kinniget ur ban-nac’h e oa gwall danav e fin an deiz. Dont’ra an traoù gwellañ da goll blaz…

Un’, div, teir… gant Awen Kerin, em-bannet gant Keit vimp bev ; 6 €.

N’eo ket Un’, div, teir… ur romant.Peder danevell. Hag evel an tri mouske -der… peder skrivagnerez. Pevar istor

m e r c ’ h e d .Merc’hed a-vremañ, isto-rioù a-vre-mañ. Mer-c’hed evel arre a weler bemdez. Urgrennardez,ur plac’hpemp bloazwarn-ugent,ur vamm adiegezh, urvamm-gozhhag he merc’h-vihan : pevar oad. E pennkentañ e kaver bep tro un disparti, urgwallzarvoud, ur prantad diaes da ve-vañ… Bep tro e vo kreñvoc’h an harozeze fin an istor. Met n’eo ket heñvel tammebet an istorioù : pep hini e aergelc’h, pepskrivagnerez he stil, he doare da reiñ bu-hez d’he zudennoù ha d’o en-dro. Berzhbep tro. Ur gwir blijadur.

Kest gantKristian arBras, emban-net gant Keitvimp bev ; 6 €.

Ul lisead deu-et da vevañ gante dad dispartietdiouzh e vamm.Ne ’n em gle-vont ket matmet asantiñ a ramont gant e dadda di e vamm-gozh, nevez aetda Anaon, en ur gêriadenn e Menez Are.Kavout a ra eno un deizlevr bet skrivetgant un ofisour alaman er bloavezh 1944hag un toullad lizhiri bet kaset eus repu-blik demokratel Alamagn. Kregiñ a raneuze un enklask : istor, istor ur familh,ur veaj da Verlin. Savet mat eo an istor,deskrivet mat al lec’hioù hag an darem-predoù etre an dud. Ur gwir romant.

Herve Lannuzel

Resevet hon eus…

◆ Ramz Zeralda gant Tomi Ungerer, troet gant MarkKerrain, embannet gant TES.

◆ Meudig diwar an destenn bet embannet gant AlLiamm e 1957, embannet gant TES.

◆ Ar Vorzennig hervez Yolenn Beaugrand, embannetgant TES.

◆ Kan ar Mein gant Mich Beyer, embannet gant AnAlarc'h.

◆ Tri Femoc'h bihan gant Paul François, troet gantTugdual Kalvez, embannet gant TES.

◆ Togig ruz gant Geoffroy de Pennart, troet gant MarkKerrain, embannet gant TES.

Skeudennoù golo ha pajenn ginnig argelaouenn a ziskouez pegen gwenn eobet gwisket ar vro er goañv-mañ. Kro -gomp gant barzhoniezh da gentañ : Hen-vammoù gant Maguy Kerisit, Gwerz gantJili Boucherit ha Lae Izold, un emgav heson gant Tristan hag Izold kinniget gantPaskal Tabuteau. E bed an istor e chom-omp gant Karned-hent : lakaet en deusYannig Boulard e gizidigezh da reiñ korfd’ur Breizhad bet kaset da gamp Koñli.Skrijus ha fromus.

Eil lodenn Enez ar balafenned a ya war-hed 20 pajennad : un dastumer balafen-ned, ur studierez yaouank, un enezenn.Un danevell eus ar re wellañ savet gantHerve Gouedard. A-fed noz, blaz ar gwe-nedeg ganti, a gont klask-diglask ur c’hrennard a 17 vloaz. Souezhus an istor.

Ur foueterez-hent eo Kristin David,hec’h adkavout a reomp e Buenos-Aires.Karget he deus he sac’h a Yerba maté hadulce de leche.

Kalz lennerien a zo tik gant an notennoùyezh : Yann Gerven a ginnig displegaden-noù a-zivout « a-benn + anv-verb ». Hasetu eizhvet arvest Kêr al loened troet a-feson diwar ar saozneg gant Erwan Hupel.

Adkavout a reomp c’hoazh « A-dreuzlenn » gant un eostad a bep seurt levrioùbet lennet gant Herve Latimier. Gant « Pe-tra nevez ? » e reomp tro an embannadu-rioù brezhonek, en o zouez kalzik levrioùevit ar vugale. Malo Bouëssel du Bourg haTudual Huon a ra troiad ar c’helaouennoù.En « Notennoù » e kavomp keleier lies-seurt maget gant danvez ar yezh hag arvro dreist-holl.

Ur skrid, ur soñj bennak ho pefe c’hoantkas d’ar gelaouenn ? Kit e darempred [email protected] pe [email protected]

6 € an niverenn ha 30 € ar c’houmanantbloaz.

Morgan Tremel

Niverenn 378Genver-C’hwevrer

2010

Al Liamm

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21Le Peuple breton – avril 2010

Aux XVIe et XVIIe siècles, la prospérité,aujourd’hui reconnue, de la provincede Bretagne a tenu, en partie, à la va-riété de son agriculture. Les Bretonscultivaient alors, pour leur quotidien,le blé noir ou sarrasin. Présent dansdes proportions diverses dans toutela Bretagne, excepté Belle-Île, le sar-rasin a dû cette prédominance à plu-sieurs avantages qui lui étaientpropres.

Cette plante (une polygonacée etnon une céréale) est attestée en Bre-tagne depuis l’âge du fer, mais aconnu une réintroductionmassive au XVe siècle. Sonsuccès s’explique d’abordpar sa parfaite adaptationaux terres légères et peu fer-tiles qui dominaient en Bre-tagne centrale. Même lesterres froides les plus inhos-pitalières, seulement utiliséesen pacages ou en landes, ac-ceptaient à l’occasion une ré-colte isolée de blé noir sur lalande défrichée, où l’on prati-quait l’écobuage, c’est-à-di-re la culture sur les cendresrésultant de la combustion dela couverture végétale super-ficielle (mottes et herbes sé-chées).

Comme le seigle, le sarra-sin était de plus fort adaptéau climat assez rude de l’Argoat inté-rieur. Il résistait particulièrement bienaux intempéries pluvieuses, qui nesont pas rares en Bretagne. Sa seulefaiblesse : il craignait d’importantesvariations de température, plutôtrares dans la douce Armorique. Maisque surviennent des gelées noc-turnes trop vives ou des excès dechaleur répétés – qui brûlaient toutesles fleurs – et une récolte pouvait êtresi catastrophique qu’elle donnait àpeine plus que la semence de l’annéesuivante… Mais cela était fort rare etle blé noir était bien en phase avec lamétéorologie locale, un peu à la ma-nière du maïs dans les vallées del’Aquitaine.

En plus de cette adaptation à la ter-re et au climat, le sarrasin poussait ra-pidement, ce qui n’est pas le moindrede ses avantages, eu égard au calen-drier du travail à la ferme. La paysageportait la marque de ce calendrier.Semée début juin, la plante marquait

les champs estivaux d’un vertsombre ; auquel succédait, à la fin dumois d’août, la blancheur de sesplaques de fleurs ; un mois environavant la récolte qui avait lieu, de sep-tembre à octobre selon les terroirs,dans des champs devenus rou-geoyants de la couleur des tiges par-venues à maturité. Cette moissonétait pénible et délicate, car on devaitne pas trop secouer les tiges pouréviter de les égrener et, pour cette rai-son, la faucille – qui oblige à se bais-ser – était préférée à la faux.

Autre avantage du sarrasin : sesrendements. Dans une France oùl’économie céréalière était très mé-diocre, avec des rendements de trèsbas niveau en année courante – com-me six grains récoltés pour un grainsemé pour le froment (ce qu’on peutécrire 6/1) –, les taux de 10/1 étaienttrès rares et encore réservés aux ter-roirs les plus riches ! Avec le blé noir,on change d’échelle et les rende-ments de 15/1, 20/1, 30/1 étaient larègle et non plus l’exception ! Dèslors, la graine abondante, consom-mée surtout en bouillies, galettes oucrêpes, assurait la nourriture du quo-tidien et permettait de ne pas toucherau rare (et cher) froment. Ainsi, le Bre-ton mangeait son blé noir et vendaitson froment…

Toujours au compte du blé noir,deux autres avantages, fiscaux ceux-là. Le sarrasin ayant été généralisé enBretagne après le Moyen Âge, il est

postérieur à l’essentiel de la régle-mentation fiscale, notamment reli-gieuse. Il échappe ainsi à la dîme, cetimpôt ecclésiastique médiéval qui re-présente tout de même un prélève-ment d’un bon dixième des gerbesproduites. Ce n’est pas que l’envie de« dîmer » le blé noir ait manqué (ça etlà, une paroisse ou une abbaye le ten-ta), mais la résistance des paysansbretons fut gagnante. Est-ce pour ce-la que le sarrasin était parfois tenupour une céréale « du diable », auquelles Bretons faisaient l’offrande dis-

crète de quelques poignéesde graines jetées au bord deschamps ?

Après l’Église, le seigneur...Le broyage des grains desarrasin se fait avec de pe-tites meules à bras, souventservies par les femmes, à laferme. On évite ainsi le re-cours au moulin seigneurial,et les droits qui vont avec (ilspouvaient représenter plusde 6 % du grain moulu) … Demême, le blé noir n’est paspanifiable – car il ne lève pas– et ne pas cuire de pain desarrasin, c’est économiseren conséquence les droits de« chauffage », autrement dusau fournil… du seigneur !

Les derniers avantages dusarrasin viennent de sa paille et deses fleurs. La paille est peu utiliséecomme fourrage pour les bêtes parcequ’elle fermente assez vite. On préfè-re s’en servir comme litière ou encorecomme engrais vert, en amendementpour des sols pauvres. Mais ce sontsurtout les fleurs qui ont de l’intérêt,car elles ont la propriété d’attirerbeaucoup les abeilles, qui les préfè-rent même à la bruyère. La Bretagnemoderne regorge ainsi de ruches etexporte largement son miel et sa cire(on en trouve dans les vaisseaux audépart de Saint-Malo, de Morlaix oude Nantes).

On comprend mieux dès lors pour-quoi les historiens ont pu parler de ceblé noir comme d’une « céréale de ci-vilisation » pour la Bretagne de l’épo -que moderne.

Ronan Leprohon

Quand le sarrasin faisait la fortune de la Bretagne

Histoire

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Fin août, les champs de sarrasin se colorent de fleurs blanches. Plus qu’un mois avant la récolte...

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International

Le 4 mars dernier avait lieu au Parle-ment européen une conférence orga-nisée par l’Alliance libre européenne(ALE) sur le thème de la diversité lin-guistique. Son ambition était de sedemander comment relever le défides langues minoritaires en Europe.La salle était comble et certains parti-cipants étaient même debout. La di-versité des délégations présentes(galloise, catalane, corse) a enrichi ledébat et fait de cet événement unevéritable réussite.

C’est Jill Evans, députée européennedu Plaid Cymru (pays de Galles) et vice-présidente du groupe Vert-ALE au Par-lement européen, qui a introduit laconférence par une intervention en gal-lois : « C’est un jour historique car, pourla première fois, je peux m’exprimer engallois au sein de ce Parlement », a-t-el-le lancé. La traduction simultanée avaitété prévue, spécialement pour l’occa-sion, non seulement dans les languesofficielles de l’Union, comme il est decoutume, mais pour la toute premièrefois en catalan et en gallois également.Cette conférence a vu se succéder deshommes politiques, des professeurs,des sociolinguistes, des chercheurs…

La première partie de la conférenceavait pour objet le cas des langues sansÉtat ayant le statut de langues officiellesdans leur pays, sans l’avoir à Bruxelles.Quelles places doivent-elles avoir dansl’UE ? Le cas du catalan a été très large-ment discuté. Parlé par plus d’une dizai-ne de millions d’habitants dans troisÉtats européens (Espagne, France etItalie), le catalan, langue officielle en Es-pagne, n’a pas ce statut à Bruxelles.Bien que certains accords techniquesaient été signés entre les institutionsbruxelloises et Barcelone, la reconnais-sance du catalan n’est toujours pas ac-quise et demeure une des réclamationsprincipales des députés européens deCatalogne.

François Alfonsi, député européenALE du Parti de la nation corse, a initié laseconde partie de la conférence (« Leslangues minoritaires au sein des Étatsmembres ») par un appel au « sauvetagede la mosaïque [linguistique] européen-ne ». Les différents intervenants ont rap-pelé l’histoire de leur langue (cornique,corse, frison), l’importance sociocultu-relle autant qu’économique de sonmaintien. Que cela se traduise par unepolitique éducative bilingue, un soutienaux médias en langue minoritaire ou en-core une aide à la traduction, seule leurreconnaissance officielle peut permettrela viabilité des langues par des outils ju-ridiques et politiques contraignants.

Sans cela, leur disparition ne sera plusune hypothèse, mais une réalité à trèscourt terme : entre une et trois généra-tions, selon les cas. Heureusement, legallois fait, ici, office de contre-exempleà cette mort lente des langues minori-taires. Les politiques profondément vo-lontaristes du pays de Galles ont per-mis, non seulement d’arrêter la chute dela pratique de la langue, mais de recon-quérir de nouvelles populations, notam-ment parmi les jeunes, avenir et poumond’une langue.

Les langues minoritaires sont malheu-reusement trop souvent victimes d’op-pression diverses. Le titre de langue of-ficielle dans un État ne garantit pas ledroit des personnes la parlant dans unautre État. L’exemple du russe en Letto-nie ou en Estonie, le cas de l’allemanden République tchèque ou encore la si-tuation du hongrois en Slovaquie et enRoumanie sont préoccupants. Ces mi-norités qui parlent une « langue non offi-cielle » dans l’État dans lequel elles vi-vent sont trop souvent victimes de ré-pressions « légales » (accord Denès enTchéquie, loi sur les minorités en Slova-quie) mais contraires au droit internatio-nal, européen et communautaire.

Si la diversité des langues était choseconnue en Europe depuis longtemps,c’est leurs différents statuts qui ont étémis sur le devant de la scène durant tou-te la journée. Quels que soient les cas,les situations, les forces et les faiblessesde chaque langue, il apparaît clairementque seule une officialisation pourrait leurassurer une survie politique, juridique etfinancière, à laquelle devra s’ajouter lavolonté populaire de la faire vivre. Ainsi,aucune langue ne vaudrait plus qu’uneautre !

Bruno Le Clainche

Diversité linguistique : un défi pour l’Europe

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François Alfonsi pendant son intervention sur les langues minorisées.

Pas d’euro pour les traductions de Shakespeare en breton !La langue bretonne est inéligible au volet des traductions littéraires du programmeCulture 2007-2013 de l’Union européenne au motif qu’elle ne bénéficie pas d’’unereconnaissance officielle dans le droit français !

François Alfonsi, député européen corse, a récemment demandé à la Commissioneuropéenne si une maison d’édition bretonne pouvait postuler à une aide, prévue dansle budget de l’Union européenne, pour traduire un ouvrage de Shakespeare en languebretonne. Il précisait : « Bien que cela ne pose pas de problème dans le cas du gallois, dubasque ou du catalan, respectivement reconnus comme langues officielles par les loisfondamentales britanniques et espagnoles, il semblait ne pas en être de même pour leslangues régionales de France qui ne bénéficiaient pas, jusqu’ici, de ce statut au regard dela Constitution française. » Mais la loi du 23 juillet 2008 a introduit dans la Constitu-tion un article nouveau aux termes duquel « les langues régionales appartiennent au pa-trimoine de la France ». Le député Alfonsi demandait donc si ce fait pouvait entraînerune évolution positive de la position européenne.

Androulla Vassiliou, élue chypriote, commissaire européenne à l’Éducation – et no-tamment au Multilinguisme (sic) –, a répondu, au nom de la Commission, que l’intro-duction dans la Constitution française de cet article – qui dispose que les langues ré-gionales appartiennent au patrimoine de la France – « ne confère aucunement à lalangue bretonne le statut de langue officielle de la République française. (…) Par consé-quent, la langue bretonne ne peut bénéficier du soutien du programme Culture en fa-veur des projets de traduction ».

C’est clair. Et ça a le mérite de montrer que c’est la position de la langue bretonne enFrance qui fait que le breton est ainsi privé d’accès à des financements européens, quisont en revanche accessibles à des langues comme le catalan, le basque ou le gallois.

R.L.

22Le Peuple breton – avril 2010

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23Le Peuple breton – avril 2010

Une délégation des Amitiés kurdes deBretagne s’est rendue en Turquie, dansla région frontalière irako-iranienne deHakkari, c’est-à-dire au cœur du Kur-distan historique, et à Diyarbakir, « ca-pitale » non reconnue, culturelle et po-litique, ville métropolitaine de plusd’un million d’habitants, dont le mairecharismatique, Osman Baydemir, a étéassigné à résidence, avec interdiction dequitter le territoire.

L’objectif de cette mission est d’assis-ter aux célébrations du Newroz1, deconsolider des actions de coopérationavec la région de Hakkari, haut lieu derésistance, et d’attirer l’attention del’opinion internationale sur les arresta-tions massives suivies d’incarcérationsde maires et d’anciens maires, d’élus, depersonnels communaux, de cadres duparti pro-kurde (le DTP, dissout le 11décembre 2009 par la Cour constitu-tionnelle et remplacé par le BDP2) quiavait remporté un succès éclatant auxélections locales de mars 20093.

La politique répressive s’étend au-delà : les différentes rafles de 2009, quicontinuent en 2010, touchent égale-ment responsables associatifs (dont Me

Muharrem Erbey, vice-président natio-nal de l’Association des droits de l’hom-me de Turquie (IHD) et président de lasection de Diyarbakir), journalistes etavocats ainsi que de nombreux enfants,« coupables » d’avoir jeté des pierres surdes tanks : l’intifada a commencé. L’Eu-rope n’est pas en reste : des militants

kurdes ont été interpellés en France eten Belgique et la télévision kurde en exila été saccagée par des policiers belges etturcs (belges « d’origine turque » préci-se-t-on officiellement).

Pour montrer notre détermination,nous avons demandé l’autorisation derendre visite à quatre détenus que nousconnaissons particulièrement : il s’agitde Gulcihan Simsek, maire de Bostani-çi (commune suburbaine de Van) de2004 à 2009, Abdullah Dermirbas,maire de Sur (arrondissement centre deDiyarbakir), Emrullah Cin, ancienmaire de Viransehir, et Kazim Kurt, an-cien maire de Hakkari.

Nous écrivions le 7 octobre dernier :« Aujourd’hui, la rue, de Diyarbakir oude Hakkari, ne croit plus au plan gou-vernemental qui exclut, a priori, un ar-rêt des opérations contre le PKK, uneamnistie générale pour les rebelles ainsiqu’un amendement constitutionnel enfaveur d’une reconnaissance officiellede l’identité kurde. » Osman Baydemir,maire de Diyarbakir, excédé, s’écriait,après les arrestations de décembre2009 : « Depuis neuf mois (date desélections), cette ville (Diyarbakir) estdéstabilisée… Il y a une rafle tous les dixjours, un jour c’est mon directeur géné-ral qui est emprisonné, demain c’estmon secrétaire général qui le sera, au-jourd’hui c’est le tour de mon premieradjoint, demain ce sera celui d’unautre… Allez-y franchement, arrêtez-nous tous et prenez la ville ! »

Comment ne pas voir dans cette poli-tique répressive une volonté délibéréede réactiver le cycle de la violence ? Laquestion est posée aux responsables po-litiques de notre pays et à ceux del’Union européenne, qui confortent laTurquie dans son opposition à un règle-ment politique et pacifique de la ques-tion kurde, en maintenant abusivementet sans fondement le PKK sur la liste desorganisations terroristes. Chacun saitque le Parti des travailleurs du Kurdis-tan (PKK) n’est pas plus, ni moins uneorganisation terroriste que ne l’ont étél’ANC de M. Nelson Mandela en sontemps ou le Conseil national de la Ré-sistance, dans une période difficile del’histoire française.

Il est urgent que la Turquie adopte lesmesures présentées au Conseil desdroits de l’homme des Nations unies(ONUG), qui vient d’ouvrir sa treiziè-me session à Genève :– la libération de tous les prisonnierspolitiques et les mineurs emprisonnéspour « actes de terrorisme » ;– la levée de tous les obstacles condui-sant à la reconnaissance de l’identitékurde (langue, culture, prénoms, nomsdes lieux, etc.) et le droit d’associationpour les membres de la minorité kurde ;– la suppression de toutes les lois quiportent atteinte à l’exercice des libertésd’opinion et d’expression.

André Métayer,président des Amitiés kurdes de Bretagne

1. Dans la mythologie mésopotamienne, un for-geron kurde nommé Kawa refusa de donner sondernier fils en sacrifice à Dehak, un tyran qui do-minait la région, le défia et le tua ; aujourd’hui,le Newroz prend toute sa signification et la célé-bration du printemps, le 21 mars, est devenueune journée de résistance.2. Le Parti de la paix et de la démocratie ; les dé-putés du DTP ont également décidé de rejoindrele BDP, qui constitue ainsi un groupe parlemen-taire.3. À l’occasion des dernières élections munici-pales de mars 2009, le Parti pour une société dé-mocratique (DTP) a conquis près d’une centai-ne de municipalités dans les régions de l’Anato-lie de l’Est et du Sud-Est, en doublant sa repré-sentation.

Peuples du monde

Newroz 2010 : un printemps kurde marqué par une répression accrue

Pour protester contre les arrestations au Kurdistan, les Kurdes de Bretagne

ont manifesté dans les rues de Rennesle 6 mars dernier.

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Chaque moisdepuis 1969

présenteet commente

LA VIE BRETONNEB.P. 90206

22402 LAMBALLE CEDEX

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Connue dans ses débuts en2001 pour être un portail dediffusion sur Internet des datesde festoù-noz, Tamm-Kreiz estdevenue ces dernières annéesune association incontournabledu milieu de la danse bretonne.Fort de ses 5 000 abonnés nu-mériques et de ses 20 000connexions journalières, le siteInternet www.tamm-kreiz.comest devenu un vrai réseau socialpour les amateurs de danse bre-tonne ! Aujourd’hui, grâce àTamm-Kreiz, vous pouvez toutsavoir sur le fest-noz de votrechoix : noms des groupes, lieude la salle, prix… consulter etdonner vos avis et impressionssur les musiciens et les événe-ments. « Tamm-Kreiz est néd’une idée de Jérôme Floury et de moi-même pendant l’été 2001, le but étantde créer un site web hyper complet, dy-namique et réactif, car à l’époque il yavait un manque cruel d'infos sur leweb en ce qui concerne le fest-noz »,explique Stefañ Julou, vice-présidentde l’association. Quant au nombred’adhérents : « En 2007 nous étions 75et en 2008 nous dénombrons 94membres répartis sur l’ensemble de laBretagne et la France. Notre nombred'adhérents est en progressionconstante au fil des ans et 2010 ne dé-roge pas à la règle », précise Stefañ.

Si le site Internet est un socle fort del’association, Tamm-Kreiz organiseaussi régulièrement des déplacementsen car, parfois même en région pari-sienne, comme le mois dernier à Ca-chan, Bagneux ou encore lors du fest-noz Yaouank, où l’association tientégalement un stand depuis plusieursannées. Il est possible de mettre en pla-ce un partenariat entre les organisa-teurs d’un fest-noz et l’association : lesadhérents qui se rendent à l’événementont le droit, soit à une consommationgratuite, soit à une réduction à l’en-trée… Le logo de Tamm-Kreiz doit ap-paraître sur tous les supports de com-

munication. En échange, les organisa-teurs du fest-noz disposent d’une trèsbonne visibilité sur le site Internet. LesJeunes de l’UDB et Tamm-Kreiz se-ront d’ailleurs partenaires lors du fest-noz an emrenerezh (le fest-noz de l’au-tonomie) qui aura lieu le 17 avril à Carhaix.

Puisque fest-noz rime souvent avecentraide et solidarité, les membres del’association mettent aussi l’accent surle covoiturage. La rubrique TKpédia,en écho à Wikipédia, est destinée à

tous. Elle invite à contribuer àl’inventaire des danses, des ins-truments de musique, des festi-vals, des textes en langue bre-tonne (kan ha diskan, gwerzioù,etc. ). L’activité de l’associationne s’arrête pas uniquement àl’organisation d’événements etau relais d’informations. Trèsprochainement, les membresmettront en ligne une interfaceen breton pour les internautes.Les rubriques danses et cos-tumes devraient être dévelop-pées dans les prochains mois.C’est un travail de collectagequi pourra être mené notam-ment avec des cercles celtiques.Le travail est considérable et né-cessite d’avoir au moins un per-manent à temps plein. Un dos-

sier a été déposé dernièrement auprèsde la Région. « Ce travail est, depuis2001, bénévole, et a demandé beau-coup d'heures quotidiennes d’investis-sement personnel », confirme StefañJulou.

Nous ne pouvons que souhaiter bon-ne chance à Tamm-Kreiz dans la suitede son travail au service de la danse bre-tonne.

Gwendal Rioual

Festoù-noz

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Tamm-Kreiz.comune association au service de la danse bretonne

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La Bretagne sur Internet par Alain [email protected]@

Sous la férule du CSA, la TNT s’ouvre progressivement aux télévisions locales. Les quatre premières chaînes ac-ceptées étaient parisiennes, puis, dans un deuxième temps, la « province » a été servie, et, en 2012, TV Breizh pour-rait même obtenir un accès !

Toutes ces chaînes possèdent leur site Internet.

www.tebeotv.fr

www.tv-rennes.com

Tébéo ➣

Ty Télé➣Ty Télé émet sur la TNT depuis l’été 2009 sur le secteur

de Lorient. La grille des programmes est réduite à la plage18 h-21 h, mais le site Internet permet de visionner les an-ciennes émissions.

Le projet accepté par le CSA s’appelait « Demain SudBretagne ». Arrivé dans le Morbihan, le nom s’est breton-nisé.

Les propriétaires de la chaîne sont la Caisse d’épargneainsi que le groupe Demain TV, qui possède aussi une télélocale en région parisienne et plusieurs autres en région,de Limoges à Belfort…

Télénantes➣Sur Nantes et sa région, la télé associative et municipale

Télénantes possède un accès TNT depuis 2004.Fin 2009, la chaîne « commerciale » Nantes 7, qui appar-

tenait au groupe Ouest-France et qui accumulait un grosdéficit, a finalement été reprise par Télénantes, qui partagele même canal hertzien. Télénantes se veut une chaîne deproximité, citoyenne et ouverte. La question de la culturebretonne fait l’objet d’un dossier spécial.

Le site Internet présente la grille des programmes. Beau-coup d’émissions peuvent être vues sur ce site, certainesgratuites et d’autres payantes.

TV Rennes 35 ➣

Née il y a plus de vingt ans, en 1987, TV Rennes fut une despremières chaînes locales, initialement diffusée sur un réseau câ-blé municipal.

En 2006, TV Rennes a obtenu l’accord du CSA pour un accès àla TNT, permettant une diffusion sur tout l’Ille-et-Vilaine. Dans lafoulée, la chaîne a pris le nom de « TV Rennes 35 ».

Elle produit et diffuse régulièrement des émissions en breton etaussi en gallo.

À noter dans la grille des programmes le rendez-vous « Desti-nations Bretagne », diffusé aussi sur Tébéo et Ty Télé.

Ces trois chaînes locales ont également couvert en commun lacampagne des élections régionales. Une ébauche de télévisionbretonne ?…

www.tytele.fr

www.telenantes.com

Lancée en novembre dernier sur la TNT, Tébéo est l’émanationdu Télégramme de Brest. Dirigée par Hubert Coudurier, cettechaîne diffuse sur le Finistère et l’ouest des Côtes-d’Armor.

Outre des bulletins d’information et beaucoup de reportagessportifs, Tébéo propose quelques dessins animés en breton,pour le jeune public, chaque samedi à 19 h 30. Depuis la mi-jan-vier, une nouvelle émission d’initiation au breton, « Brezhonegbemdez », conçue et réalisée par Lionel Buannic, est diffuséequotidiennement à 19 h 30.

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Le Peuple breton : Arnaud, peux-tu nous dire comment tu es devenubretonnant ?

Arnaud Elégoët : J’ai commencé àapprendre le breton quand j’étais enquatrième, au collège Saint-Josephde Landerneau. Un cousin plus âgém’avait poussé à faire ce choix, carcette matière lui plaisait beaucoup.Mon père, enseignant de breton, m’a,sans doute, influencé également. J’aipoursuivi l’apprentissage jusqu’enclasse de terminale, puis j’ai passéune licence par correspondancequelques années plus tard. Cepen-dant, je ne me considère pas particu-lièrement comme « brittophone en-gagé ».

Le PB : Parmi les différentes ma-nières d’agir pour la langue bretonne,pourquoi l’édition ?

Arnaud : J’ai travaillé durantquelque temps dans un collège bi-lingue en tant qu’enseignant d’édu-cation musicale. J’avais été surprisde voir le petit nombre d’ouvragesdisponibles en breton pour les ado-lescents au CDI. Je m’étais dit qu’ilserait intéressant, à mon humble ni-veau, d’essayer d’étendre le choix.Je pense aussi que l’œuvre réaliséepar An Here m’a donné envie de fairela même chose, car j’étais très admi-

ratif du travail que Martial Ménard etson équipe avaient réussi à faire dansl’édition en breton.

Le PB : Qu’est-ce que Bannoù-heol ?

Arnaud : C’est une associationcréée en 1999 qui a pour objet l’édi-tion d’ouvrages en breton, pour lajeunesse notamment. À ce jour, plusde trente ouvrages sont parus. Lesprincipales collections traduites vontde Léo et Popi, Petit Ours brun, àThorgal, Titeuf ou Boule et Bill. Nousdiffusons également les DVD pro-duits par Dizale. À l’origine, il nes’agissait que des dessins animésqui avaient été doublés pour TVBreizh. Depuis, le choix s’est élargipuisque nous proposons, parexemple, depuis quelques semaines,une version bretonne du Cheval d’or-gueil (Marc’h al lorc’h), d’après le filmde Claude Chabrol. Des épisodes deColombo sont également dispo-nibles, ou encore L’Affaire Seznec,d’après les téléfilms d’Yves Boisset.

Le PB : Bannoù-heol est membre

du Kuzul ar brezhoneg. Que trouve-t-on en s’associant à d’autres, et no-tamment d’autres éditeurs ?

Arnaud : Des interlocuteurs, unsoutien et une aide (mise en page,promotion, envoi de colis, etc.), cequi n’est pas négligeable. Quand j’aidébuté, j’étais seul à m’occuper deBannoù-heol et le fonctionnementétait relativement lourd à gérer. Maparticipation est bénévole depuis ledébut, mais le bénévolat a ses li-mites… Aujourd’hui, je peux égale-ment compter sur des traducteurs(Maurice Hamon, Tudual Audic, Gwe-nole Bihannig), qui sont aussi de pré-cieux soutiens, tout comme l’Officede la langue bretonne, depuis le dé-but. Bannoù-heol peut aussi partici-per aux décisions de KAB, qui est laplus importante coordination asso-ciative fonctionnant en breton pour lalangue bretonne…

Le PB : Bannoù-heol travaille sur-tout dans le domaine du livre pour en-fants et de la BD. Les raisons de cechoix ?

U N J O U R A V E C . . .

Arnaud Elégoët,

Arnaud Elégoët est âgé de 37 ans.Après avoir suivi des études de mu-sicologie à l’université de Rennes-II, il enseigne depuis quinze ansl’éducation musicale et le breton aucollège et lycée Sainte-Thérèse deQuimper. Il joue par ailleurs dansdeux groupes de musique très dif-férents : Bann-heol (musique sa-crée des pays celtiques) et lesGroove Boys (reprises de tubes dumonde entier à la bombarde, cor-nemuse, saxophone, trompettes etbatterie !). Mais si le PB a souhaité le rencon-trer, c’est pour ses activités d’édi-teur bénévole en langue bretonne.Nos lecteurs l’auront peut-être ren-contré lorsqu’il tient son stand deBannoù-heol dans telle ou telle ma-nifestation culturelle…

Arnaud Elégoët.

DR

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éditeur pour la jeunesse bretonnante

Arnaud : La première fois que j’aivu des livres en breton (Tintin et Spot)quand j’étais jeune, ça m’a marqué :j’ai trouvé que cela donnait enfin uneimage moderne de notre langue.C’est sans doute pour cette raisonque j’ai souhaité continuer dans cettevoie quelques années plus tard. Jetrouve que, d’une manière générale,le breton est souvent trop lié au pas-sé, aux traditions, etc. Mon souhaitétait, à mon niveau, d’essayer dedonner une image actuelle de lalangue bretonne, en proposant Titeuf,par exemple.

Le PB : Et celui de la priorité don-née à la traduction ?

Arnaud : Le marché est tellementétroit qu’il est difficile, à mon avis, decréer en langue bretonne. Les ventesde BD qui connaissent énormémentde succès en français, comme Titeufou Boule et Bill, ne se vendent pas àplus de mille exemplaires, en général,en breton. Lorsque l’on travaille avecune grande maison d’édition, commeDargaud ou Glénat, les éditeurs origi-naux nous proposent une coédition :nous profitons d’une réimpression enfrançais, en anglais ou autre pournous y greffer, ce qui permet de limi-ter les coûts d’impression.

Le PB : On voit parfois des élèvesassociés aux traductions. Commentcela se passe-t-il ?

Arnaud : À plusieurs reprises, pourTiteuf et Léo et Popi notamment, desenseignants m’ont proposé de fairetravailler leurs élèves sur des projetsde traduction. Étant enseignant moi-même, j’ai trouvé cette idée intéres-sante dans la mesure où les élèvestravaillent pour l’édition d’un livre :c’est du concret. Leur traduction nerestera pas seulement dans leur ca-hier, et c’est, à coup sûr, plus moti-vant. C’est aussi une belle image :des jeunes brittophones qui tradui-sent pour des générations futures…Le travail de traduction est mené enclasse. Pour un album de Titeuf,Gwenole Bihannig, par exemple,avait donné une planche à traduire àchaque élève. Une mise en communpoursuivait ce travail, dans le butd’améliorer en groupe la traduction.

Le PB : Les œuvres que Bannoù-heol édite sont souvent connues :

Thorgal, Titeuf, Boulig ha Billig, Leoha Popi, Tom-Tom ha Nana, Arzhigdu… Comment se passent les négo-ciations avec les « grands éditeurs » ?

Arnaud : Elles sont toujours trèssimples et les relations sont excel-lentes depuis le début. La premièrefois que j’avais contacté Dargaud, jepensais me faire refouler au télépho-ne, car je doutais qu’une si grandemaison d’édition soit intéressée parmon projet d’édition de Boule et Billen langue minorisée, synonyme defaible tirage. Aujourd’hui, ce sont mê-me elles qui me proposent l’éditionde nouveautés ! Hélas, les ventessont trop réduites pour Bannoù-heol.Je ne peux éditer tout ce qui m’estproposé.

Le PB : Quels sont les principauxproblèmes qui se posent une foisl’accord obtenu ? La fabrication ? Ladiffusion ?

Arnaud : Je n’ai jamais connu deproblèmes avec les maisons d’édi-tion originales, bien au contraire.C’est plutôt la diffusion en Bretagnequi pose problème. Dans les librai-ries, les ouvrages en langue bretonnesont cachés la plupart du temps, voi-

re inexistants. Il avait été questionque le conseil régional subventionneune cinquantaine de librairies afinque celles-ci acceptent de mettre enévidence le fonds breton. Je trouvaiscette idée intéressante. À maconnaissance, ce projet a été aban-donné.

Le PB : Que faudrait-il à tes yeuxpour aider l’édition en langue breton-ne ?

Arnaud : Faire en sorte que les ou-vrages en breton soient visibles en li-brairie ! C’est la priorité des priorités àmon avis.

Le PB : Question rituelle. Tu es jeu-ne, quels conseils donnerais-tu à unjeune bretonnant sur ses choixd’études et d’engagement profes-sionnel ?

Arnaud : À vrai dire, je doute plusde l’avenir du breton aujourd’hui qu’ily a quelques années. La France n’atoujours pas ratifié la Charte euro-péenne des langues régionales, lenombre d’élèves en classes bilinguesa du mal à progresser du fait de blo-cages administratifs de tous ordres.La Bretagne ne dispose toujours pasde chaîne de télévision bilingue.D’une manière générale, je trouveque les bretonnants ne s’ouvrent passuffisamment. Un exemple ? Pour-quoi les parents d’élèves des écolesDiwan proposent-ils, en général, desfestoù-noz de soutien plutôt que desconcerts de rap ou de reggae ? Pour-quoi toujours associer la langue à lamusique traditionnelle ? Malgré lespromesses de Jean-Yves Le Drian,les émissions en langue bretonne surFrance 3 n’ont pas augmenté depuisson élection à la tête de la région en2004… J’ai aussi l’impression que lamajorité des Bretons, si elle se dit fa-vorable à l’avenir du breton, n’est pasprête à s’investir pour cet avenir.J’espère vivement me tromper ! Car ilfaut tout de même reconnaître qu’ilexiste des débouchés pour les mé-tiers en langue bretonne : l’enseigne-ment, les médias, le journalisme no-tamment…

Propos recueillis par

Herve Latimier

Arnaud est présent sur beaucoup de salons pour promouvoir ses albums.

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Livres

◆ L’Enjeu planctonL’Enjeu plancton

Le plancton, personne ne s’en sou-cie. Rien d’étonnant puisque, com-me le rappelle Isabelle Autissier dansla préface, il est difficile d’en fairedes peluches ! Pourtant, le planctonest un élément indispensable à l’en-semble de la chaîne alimentaire.C’est ce qu’expliquent Maëlle Tho-mas-Bourgneuf et Pierre Mollo avecpédagogie. À l’aide d’expériences devie très enrichissantes, ils essayent dedémocratiser l’extraordinaire com-plexité du milieu marin. La passion des auteurs à l’égard du

plancton pourrait se résumer en unephrase du livre à propos du poulpe : « À l’écloserie […], il peutexister un rapport à l’animal du même type que celui des éle-veurs pour leur cheptel. » Une véritable histoire d’amour dontl’issue est incertaine, tant l’aménagement littoral est désas-treux. À travers cet ouvrage, les auteurs, forts de leurs expé-riences à l’étranger, dressent un véritable plan de sauvegarde duplancton (et consécutivement de la pêche ou de l’ostréicultu-re), mais plus généralement de la planète, car rappelons-nousque le plancton est un des principaux producteurs d’oxygène.

L’ouvrage n’est certes pas un roman, mais les auteurs contentmerveilleusement l’intérêt pour nous de prendre soin de nosmilieux, car la pollution touche avant tout le plus faible (leplancton) et nous dépendons de lui. Résultat, il n’est pas uni-quement destiné à un public de professionnels, mais peut aus-si être lu par des curieux. On regrette juste que l’ouvrage nepropose pas de photos, car ces poussières des mers valent lespoussières d’étoile en terme d’esthétique !

Gael Briand(Éditions Charles Léopold Mayer, 270 p., 18 €)

◆ Promenades en vallée du ScorffPromenades en vallée du Scorff

Entre Mellionnec, Guéméné-sur-Scorff et Lorient s’étire la vallée du Scorff, elle-même partie d’unbassin versant qui concerne 27 communes. Il a fallu attendre la fin du XXe siècle pour que s’organisentdes syndicats intercommunaux capables d’appréhender cette réalité géographique, par définitiontrans-communale. L’intérêt peut être la préservation de l’environnement, le traitement des pro-blèmes de pollution ou le développement d’activités de loisir. Un peupartout, de tels efforts s’intègrent désormais dans des schémasd’aménagement et de gestion de l’eau. Œuvre de JacquelineLe Calvé, et remarquablement illustré par Loïc Tréhin, cepetit livre nous donne les clés d’un patrimoine naturel ethumain, des hauteurs de la Bretagne centrale à un es-tuaire de 12 kilomètres, jusque-là dispersé dans les dif-férents guides et souvent méconnu. Plus de 400 kilo-mètres de sentiers, de nombreux espaces demeurés àl’écart du développement agricole productiviste, un

patrimoine matériel important : cela méritait déjà une attention tardive. Le livreprésente également l’intérêt de rassembler sous forme de fiches et de notices, clas-sées par secteur de rivière, de nombreux éléments du patrimoine construit : églises,chapelles, châteaux, manoirs. Le patrimoine chanté n’est pas oublié. On aura plai-sir à emporter ce livre pour une découverte sur le terrain.

Jean-Jacques Monnier(Yoran embanner, 112 p., 10,50 €)

◆ Mordre la poussière Mordre la poussière

« Voici neuf pures fictions quine sont dédiées à personne » :d’entrée, le ton est donné, celuid'un cynisme tonique saupou-dré de logique absurde. Et c’estvrai que l’humour noir est trèsprésent dans ce recueil, trufféde métaphores cruelles :« L’écouter trente secondes, jetrouvais ça plus raide que letorticolis permanent de Chris-topher Reeve. » Ou encore « çalui donnait autant de stylequ’un clodo qui se réchauffe enurinant sur ses mains », qui

fleure bon une certaine connaissance du terrain. Car sil’une des vocations de cet ouvrage est manifestement dedézinguer les cons tous azimuts, c’est chez les losers, lesclochards ou dans le monde carcéral que l’auteur, qui a pasmal roulé sa bosse avant de devenir prof de philo, baisse unpeu la garde de sa cruauté. En revanche, le monde de l’en-treprise, « armée des ombres dirigée par des petits chefs ta-rés encore plus cons qu’une famille d’actionnaires », ne luiinspire guère de compassion mais donne lieu à quelquesportraits – vraiment – savoureux. Avec un sens de la chutebien à lui, des petites ruptures logiques nous entraînantparfois aux lisières du fantastique (« la crudité du réel est siextraordinaire qu’elle est un défi au réel »), Dominique Ju-lien nous offre, avec un certain talent d'écriture, un kaléi-doscope de la bêtise, de la folie et de la désespérance ordi-naires.

Jacques Dyoniziak(Éditions-dialogues.fr, 192 p., 17,50 €, accès au fichier numérique inclus)

Le bulletin

d'abonnement au se trouve en

page 24

Peuple breton

28Le Peuple breton – avril 2010

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29Le Peuple breton – avril 2010

Projet BretagneJean OllivroApogée

Périodiquement, dans une Bretagne qui connaît des pro-blèmes de développement économiques, ce sont des géographesqui donnent l’alerte, analysent la situation, proposent des orien-tations. En 1970, il y a eu Michel Phlipponneau et Debout Bre-tagne. Auparavant (dès 1947), il y avait eu Joseph Martray et sonlivre Le Problème breton et la réforme de laFrance. Après, ce furent notamment LeRhun, Canévet, Lebahy et les travaux deSkol Vreizh. Depuis une dizaine d’années,c’est Jean Ollivro qui a pris le relais, avec desanalyses décapantes. À la différence de sesprédécesseurs, il ne propose pas ici une sériede réformes pour l’État français et ne s’aven-ture donc pas sur le terrain direct des partispolitiques. Mais il leur apporte un matériausolide et esquisse des orientations. Le pointcommun avec ses prédécesseurs est d’insis-ter sur les déséquilibres territoriaux interneset externes de la Bretagne et de fournir unedocumentation chiffrée fouillée et de trèsnombreuses références.

Le constatBien sûr, depuis le début des années cin-

quante, il y a eu un rattrapage dans le do-maine des infrastructures, de la formation,du niveau de vie, et la mise en place d’unmodèle agricole et industriel breton. Ce dé-collage fantastique fait aujourd’hui partie du passé. Dans biendes domaines, il a masqué des processus négatifs que, bien sou-vent seuls, les militants bretons ont mis en avant dans le cadre del’analyse d’une situation jugée « coloniale », comme en témoignela relecture de la collection du Peuple breton depuis 1964. Au-jourd’hui, la situation est vraiment critique dans plusieurs do-maines.

La Bretagne occidentale se trouve marginalisée, notammentpar le développement quasi exclusif des relations ferroviaires etroutières vers Paris, qui privilégient à court terme Rennes etNantes. Au-delà de ce déséquilibre vers l’est, l’auteur montrel’impasse des concentrations rennaises et nantaises ; les consé-quences sociales dramatiques du développement de l’économie

résidentielle, qui évacue des zones urbaines recherchées d’au-tant plus par les populations qu’elles sont pauvres, les

soumettant ainsi totalement à la voiture individuelle, qui va de-venir ruineuse. Le géographe excelle dans l’analyse du phénomè-ne littoral : l’arrivée de population extérieure, l’expulsion de faitd’une majeure partie de la population locale et jeune, la stagna-tion de l’activité économique, notamment touristique, sacrifiéeà cette économie résidentielle. Les prix continuent à monter, lepoids relatif des résidents secondaires s’accroît rapidement, labaudruche touristique se dégonfle (4,6 % des salariés bretons) ense privant des activités les plus profitables.

Le développement du ferroviaire (notamment du TGV) versParis accroît et la centralisation des emplois stratégiques et lepoids des populations riches d’Île-de-France sur l’immobilier et

le foncier breton. Il accentue donc le phéno-mène de marginalisation. Dès 1970, en dé-nonçant le « tourisme de luxe », l’UDB avait lapremière sonné l’alerte sur cette évolution.Ici, la dénonciation s’accompagne toujours depropositions, y compris pour un vrai dévelop-pement d’un tourisme d’activités à l’année etnon de villégiature.

L’auteur montre aussi que le réseau devilles petites et moyennes est le plus écolo-gique, le plus économique en déplacement etque l’affaiblir tourne le dos au développementdurable. Les dangers de l’hyper-vieillissementsont pointés, en particulier en zone littorale etdans les grandes villes. Dans vingt ans, le Tré-gor, le pays de Saint-Nazaire pourraient avoir40 à 45 % de plus de soixante ans, les Côtes-d’Armor plus de 10 % d’octogénaires ! Aura-t-on un pays « balnéarisé » ou un pays moder-ne et productif ? Les menaces sont sérieuses :trois piliers sur quatre de l’économie bretonnesont sérieusement menacés (l’automobile, lestélécommunications, les chantiers navals), le

quatrième (l’agroalimentaire) perdant lui aussi des emplois. Cerecul simultané se produit alors que seul l’essor de la région pari-sienne préoccupe le pouvoir central.

Comment rebondir ?Ce constat des soixante-quinze premières pages est suivi d’une

longue partie prospective où l’auteur énonce les six piliers du dé-veloppement durable régional contrôlé, fondé sur la valorisationdes milieux, impliquant tous les aspects du développement, no-tamment culturel. On laissera le lecteur citoyen découvrir ces as-pects essentiels pour la bonne gouvernance d’une Bretagne ré-unifiée.

Jean-Jacques Monnier(Apogée, 252 pages, 20 €)

Notre livre du mois

Nous avons reçu…et nous vous en parlerons si la place le permet :

◆ Pierrick Graviou, Christophe Noblet – Curiosités géolo-giques du Trégor et du Goëlo, Apogée, BRGM, 19 €.

◆ Yves Plasseraud (dir.) – Histoire de la Lituanie, Armeline,30 €.

◆ Gérard Boscher – Saveur Design, la cuisine bretonne dʼau-jourdʼhui, Bigorno éditions, 25 €.

◆ Michel Treguer – Avec le temps. Chronique dʼun village bre-ton sous lʼoccupation allemande, Éditions-dialogue.fr, 21 €.

◆ Per Pondaven – Portsall, toute une histoire, Emgleo Breiz,13,90 €.

◆ Berthe Thelliez – Coupable dʼêtre femme, Keltia Graphic,16,90 €.

◆ Claude-Youenn Roussel – Le Kilt rouge, Keltia Graphic,11,90 €.

◆ Claude Crozon – Dʼun autre monde , Robert Laffont, 21 €.◆ Gérard Le Gouic – Célébration des larmes, Telen Arvor, 9 €.

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SOLASThe Turning Tide

Quasiment un album tous lesdix-huit mois, c’est un rythme decroisière qui sied fort bien à So-las, groupe celtique le plus in-fluent de la scène irlandaised’outre-Atlantique. En effet, voicivenir The Turning Tide, leurdixième album en seulementquinze ans d’existence.

Après l’arrivée d’une nouvellerecrue, la ravissante chanteuseMáiréad Phelan, à l’occasion deleur précédent album, ils sontmaintenant revenus au top ni-veau grâce, notamment, à unson plus traditionnel, plus « brutde décoffrage », sensiblementconforme à celui de leurs pre-miers albums, qui respiraient lafraîcheur de la jeunesse.

Nouvel épisode dans leur rela-tivement jeune carrière, cet al-bum comprend douze nouveauxmorceaux dont la moitié estl’œuvre de l’un ou l’autre desmembres du groupe, le leaderSeamus Egan, toujours aussi fé-cond, se taillant bien sûr la partdu lion.

Plus original, une chanson dela folk singer écossaise KarinePolwart et, carrément inhabituel,Ghost of Tom Joad, de l’Améri-cain Bruce Springsteen, qui trou-ve ici une couleur tout à fait parti-culière.

Les complices de toujours, labassiste Chico Huff et le joueurde bouzouki John Anthony sontde la partie, de même que BenWittman aux percus et la harpis-te Catriona McKay.

On n’est pas surpris par laqualité de leur musique, qui neprésente aucune faille. Et quellepêche ! Quel talent !

(Compass 7 4530 2Distribution Keltia)

KARAN CASEY et JOHNDOYLE

Exiles Return

Depuis l’époque pas si lointai-ne où ils chantaient et jouaient ausein du groupe Solas, Karan Ca-sey et John Doyle ont chacunsuivi une riche carrière, ponctuéepar cinq délicieux albums pour lachanteuse de Cork et de nom-breux disques et collaborationspour le guitariste qui accom-pagne régulièrement Liz Carrollet Joan Baez.

C’est en 2005, lors de retrou-vailles à l’occasion des dix ansde Solas, que commence à ger-mer l’idée de travailler ensemble.Cinq ans plus tard, ils nous pro-posent enfin Exiles Return, unsuperbe opus, intimiste à sou-hait.

Basé sur une simplicité musi-cale ancrée dans la confiancemutuelle que ces deux musi-ciens ont développé au fil desannées, c’est aussi pour KaranCasey une façon de mettre en lu-mière la beauté des chansons,une simplicité qui selon elle leurconfère plus de profondeur.

Les thèmes de l’amour, de lasolitude, de l’abandon et du cha-grin traversent les douze titresqui composent cet albuméblouissant. Un disque dédié,comme suggéré par le titre, auxmillions d’Irlandais qui ont migrévers l’Amérique, à l'instar deJohn, mais aussi à ceux qui ensont revenus, comme Karan, quia suivi le chemin inverse.

Bien que composé de chan-sons irlandaises, écossaise ouanglaises, c’est vers un musiciendes Appalaches, le banjoïsteDirk Powell, que se sont tournésnos deux complices pour les ac-compagner et produire l’album.Également présent, Michael Mc-Goldrick, qui distille de-ci de-làde subtiles touches musicales àla flûte.

Karan Casey a depuis long-temps acquis le statut de grandedame de la chanson irlandaise.Ce n’est pas cette fois encorequ’elle fera mentir cette réputa-tion.

(Compass 7 4529 2Distribution Keltia)

TÉADACeol & Cuimhne

Alors qu’Altan, dont je vousparlais en février, fête en 2010ses vingt-cinq ans de scène, lespetits jeunots de Téada célébre-ront leurs dix premières annéesensemble l’an prochain.

Mais avant cet anniversaire, ilsnous offrent un quatrième al-bum, Ceol & Cuimhne (la mu-sique et la mémoire). Un choix detitre guère anodin puisque, pourOisín Mac Diarmada et ses par-tenaires, la mémoire joue un rôlecapital dans l’héritage musicallégué par les anciens. Une asser-tion tout à fait juste dans la mu-sique traditionnelle.

En dépit d’une absence devoix dans le groupe, ce jeunequintet a su développer uneénergie et une qualité musicalesqui se déploient ici avec détermi-nation.

Onze morceaux traditionnelsou composés par des musiciensde la première moitié du XXe

siècle à l’image des maîtres dufiddle de Sligo, James Morrison –Granuaile Barndance – ou Mi-chael Coleman – The MourneMountains. N’oublions pasqu’Oisín est lui aussi de la régionde Sligo.

Hommage au passage à Nei-lidh Boyle, fiddler du Donegal,avec la magnifique Poitín March.

Pour une fois, quelques invi-tés : Gráinne Hambly à la harpe,Tommy Martin au uilleann pipeset Brian Cunningham aux cla-quettes se joignent au groupe.

Si vous ne connaissez pas en-core ces jeunes talents, sachezque vous pourrez aller les ap-plaudir en juillet prochain au Cor-nouaille à Quimper.

(Gael Linn CEFCD 195Distribution Keltia)

MICHAEL McGOLDRICKAurora

Maître ès qualités de la flûtetraditionnelle en bois et duuilleann pipes, Michael McGol-drick est un habitué de l’explora-tion à la frange de la musique cel-tique et de la fusion avec le jazzou la world. Son nouvel album,Aurora, le quatrième sous sonnom propre, ne déroge pas à laloi du genre.

Après avoir fondé ou joué ausein de Toss The Feathers, Flooket Lúnasa, il sévit toujours avecCapercaillie. D’ailleurs, quatred’entre eux sont ici présents :D. Shaw, E. Vernal, C. Beresfordet J. MacKintosh. À leurs côtés,le copain des débuts, le fiddlerDezi Donnelly, mais aussi EdBoyd et John Joe Kelly, de feuFlook. Et puis, nombre d’invités,parmi lesquels Dónal et ManusLunny, J. McCusker, D. Byrne ouA. Kelly, pour ne citer que les plusconnus.

Non content d’être un inter-prète de talent, McGoldrick estégalement un compositeur degénie qui signe huit des douzesets que compte l’album. Ici en-core, Michael repousse toujoursplus loin les frontières de la tradi-tion, faisant une place auxcuivres et aux percussions di-verses et variées. Et puis il pous-se la chansonnette aux côtésd’Heidi Talbot sur Waterbound,de l’Américain Dirk Powell.

Petit clin d’œil à la Bretagnequi l’a accueilli pour l’un de sespremiers concerts hors Man-chester il y a une vingtaine d’an-nées, le titre Pontivy.

De la première à la dernière no-te, qualité, originalité, exubéran-ce sont au rendez-vous.

(Vertical VERTCD0190Distribution Keltia)

Philippe Cousin

30Le Peuple breton – avril 2010

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Jakez ar BorgnPok ha pok

par Pierre Morvan

Dan AR BRAZ & Clarisse LAVANANTComptines celtiques etd’ailleurs

Ce n’est sans doute pas le grandretour de Dan ar Braz, plutôt uneétape, une pause, dans une carriè-re déjà si riche. Ce n’est pas nonplus sa première rencontre avecClarisse Lavanant : il a déjà fait ap-pel à elle sur ses albums et la chan-teuse lui a rendu la politesse àquelques occasions… C’est tou-tefois le premier CD qui les réunitdu début à la fin, elle au chant, lui àla guitare, bien sûr.

Un CD de Comptines celtiqueset d’ailleurs, bien plus « d’ailleurs »que celtiques au demeurant. À laclaire fontaine, Frère Jacques,Gentil coquelicot, Il était un petithomme, Jean petit qui danse…c’est tout un répertoire « clas-sique» de chansons enfantines quiest ainsi revisité par nos deux ar-tistes. Un véritable bain de jouven-ce pour ceux dont les cheveux gri-sonnent… À signaler égalementune double reprise – versionschantée et instrumentale – du thè-me de Bonne nuit les petits, donton ignore généralement, entreautres, qu’il fut à l’origine un can-tique breton. Et puis La Berceusede l’Océan, qui rappellera à beau-coup le premier album de Dan,Douar Nevez.

Les guitares expertes et lumi-neuses de Dan ar Braz, la voixagréable de Clarisse Lavanant et laprésence d’invités de marque, Ro-nan Le Bars et Patrick Péron, fontde cet enregistrement un momentqui peut se laisser apprécier.

(Éveil et découverte)

AL K TRAXXPropagande

Rap, rock, électro… tel est letiercé gagnant pour ce trio énergi-sant basé dans le Trégor. Ga-gnant ? On peut le dire : le groupea en effet été sélectionné pour unetournée qui le mènera ce mois-cijusqu’en Chine pop’. Excusez dupeu ! Et comme les bonnes nou-velles volent parfois en escadrille,Louis David Roquefere (guitares),Arnaud Herry (machines) et Goul-ven Le Gall (chant) viennent de sor-tir leur troisième album, Propa-gande, qui rencontre davantagequ’un succès d’estime. Car mêmesi ce genre musical n’encombrepas les colonnes de « Selaouit »,

son côté radicalement engagépeut séduire : le formatage télévi-suel, les guerres, l’exploitation tou-ristique du Tiers-Monde, la Bour-se… font bien sûr des cibles depremier choix pour dénoncer lestravers de notre société. Que l’onme permette de préférer des mor-ceaux plus apaisés, plus poé-tiques, comme Les Pieds devantou encore Tes étoiles, titre sur le-quel intervient une autre Trégoroi-se, Enora Guillanton.

(Massive Central, MC002)

Jean-Luc CAPPOZZO – Erwan KERVARECAir brut

Voici maintenant une rencontreinédite, qui a vu le jour à La GrandeBoutique, du côté de Langonnet…Au commencement, une création,mêlant arts plastiques, expressioncorporelle et musique. À l’arrivée,cet enregistrement qui réunit letrompettiste Jean-Luc Cappozzoet le sonneur Erwan Kervarec,connu pour sa participation auxNiou Bardophones. Entre musiqueexpérimentale et jazz d’impro, leduo nous propose un son inédit,déroutant, pas nécessairement fa-

cile d’accès, d’où ressort en pre-mier lieu l’extraordinaire virtuositédes musiciens. Et leur liberté, tota-le, que dévoile des titres commeLa Révolte du colibri, Le Diabledans la cuisine, ou le bien nomméAir brut, qui donne son titre à l’al-bum. Une découverte.

(Innacor, L’Autre Distribution,INNA11001)

CHŒURS, CHORALES & MAÎTRISES DE BRETAGNEChants profanes et sacrés

Même s’il n’a pas l’importancequ’on lui connaît au pays deGalles, le chant choral est bien vi-vant en Bretagne. Suffisammentpour que la Coop Breizh luiconsacre ce nouveau volumed’une anthologie qui s’est déjàpenchée sur le chant de marin, laharpe celtique, le chant tradition-nel, les bagadoù ou la musique defest-noz. À tout seigneur, tout hon-neur, c’est bien évidemment àl’Ensemble choral du bout dumonde, aux Kanerion Pleuigner ouà Mouezh paotred Breizh que l’onpense en premier lieu. Ils sont bienentendu présents sur cette compi-lation, aux côtés d’un nombre im-pressionnant de formations, enre-

gistrées aux cinq coins de la Bre-tagne. Le chant choral en bretontrouve chaque année à s’exprimerlors de Breizh a gan, festival itiné-rant, et au championnat de Bre-tagne, qui se déroule chaque an-née à Landerneau dans le cadre deKan al Loar. Ce double album tom-be à point pour valoriser une facet-te un peu moins connue de la cul-ture bretonne. Bienvenu.

(Coop Breizh, CD 1023)

TITOMUn cri dans l’ébène

Un titre bien trouvé, une jaquetteau graphisme moderne et amu-sant… c’est suffisant pour donnerenvie d’en savoir plus. Titom ? Au-trement dit Thomas Lotout, un tala-barder formé auprès des meilleurs,David Pasquet ou Gaël Nicol, et fortd’une expérience acquise au seinde groupes aussi réputés que Car-ré manchot, Guichen, Stourm etaujourd’hui Winaj’h. Un bagagesuffisant pour tenter l’aventure ensolo, ce qui ne signifie pas obliga-toirement en solitaire. Steph’ Devi-to, Raphaël Chevalier, Yannig Alo-ry, Brendan Le Corre, Pat O’ May etbeaucoup d’autres… : pour lancerson Cri dans l’ébène, Titom a sus’entourer de pointures, ce qui estaussi une preuve de talent. MaisTitom, c’est d’abord une bombar-de alerte, survoltée, indomptable,qui donne le ton d’un album éner-gique en diable. Pemp !, Terred’Azil, Balafen noz, La Diagonalerouge ou An dro gast !… les mor-ceaux « s’enchaînent et se déchaî-nent », pour reprendre l’expressionde Thomas, avec une fluidité etune pêche déconcertantes. Toutcela paraît si facile, si évident… Unalbum à écouter jusqu’au bout dubout de la dernière plage, vous neserez pas déçu. Terriblement effi-cace !

(L’OZ Production, Coop Breizh, L’OZ 61)

DJEUN’SLe mois dernier, je vous parlais de la saison 2 de la Kreiz Breizh Aka-

demi, avec Izhpenn 12. Et voilà que la saison 3 est déjà sur les rails ! Leprojet, destiné aux jeunes musiciens âgés de 20 à 30 ans, poursuivra letravail déjà lancé autour du répertoire traditionnel du centre Bretagne,dans le respect des règles de la modalité. Il fera cette fois-ci une placeaux instruments électriques, et verra intervenir, toujours sous la hou-lette d’Erik Marchand, des musiciens comme Rodolphe Burger ouGaby Kerdoncuff (renseignements sur www.drom-kba.eu). Mais si leKreiz Breizh bouge, le Trégor n’est pas en reste : les rencontres inter-ly-cées de musiques traditionnelles renaissent de leurs cendres, après septans d’interruption. Elles auront lieu à Lannion, au lycée Félix-Le Dan-tec, le vendredi 9 avril (renseignements au 02 96 05 61 91ou au 06 8703 51 54). Place aux djeun’s !

31Le Peuple breton – avril 2010

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L’INITIATIVE ÉTAIT INÉDITE et, malgréla pluie battante, fut une réussi-te. Plus de 1 500 personnes ont

bravé les éléments pour participer àla fresque humaine organisée àNantes par l’association Bretagneréunie et le collectif 44 = Breizh le 28février dernier.

L’objectif de la journée était d’ins-crire le slogan « 44 = BZH » à l’aide demilitants pro-réunification. Pari réussidans la joie et la bonne humeur, mê-me si quelques vagues ont été notéesen marge de l’événement. On préfé-rera retenir l’aspect festif et la bonnehumeur qui régna entre les militantsqui, à la veille des élections régio-nales, ont mis leurs différents idéolo-giques de côté pour revendiquer en-semble la réunification de leur pays :la Bretagne.

Les observateurs auront d’ailleurspu remarquer que le lieu choisi pour la

fresque, les chantiers navals, symbo-le du passé ouvrier de la ville, était as-sez révélateur de l’état d’esprit néga-tionniste en Loire-Atlantique. En ef-fet, les curieux auront noté que lenom du bâtiment de la Navale a étémodifié durant la dernière restaura-tion. Ainsi, les Ateliers et chantiers deBretagne sont devenus les Ateliers etchantiers… de Nantes ! Négationnis-me très mal mené d’ailleurs, puisque

le mot « Bretagne » est toujours vi-sible en arrière-plan.

Quoi qu’il en soit, la réunification etce projet particulier ont été relayéspar de nombreux Bretons du mondecomme en témoigne notre photo (icil’affiche est tenue par Tiokasin Ghos-thorse – un Sioux Lakota – devant uncoffee shop de New York !).

Gael Briand

32Le Peuple breton – avril 2010

Mots croisés no 232

1 1 2 3 4 5 6 7 8 9

10 11

2 3 4 5 6 7 8 9 10

Réunification

Fresque humaine à NantesP

hoto

Bre

tagn

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Pho

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DR

HORIZONTALEMENT : 1. Reliées – 2.Un Breton lʼest – 3. Moisi ; Son – 4. Saproduction et sa vente dans toute lʼEuro-pe enrichirent la Bretagne au XVIIe

siècle ; Donc cher – 5. Précieux décors ;Poème souvent breton au Moyen-Âge –6. Champlain pour ses intimes ; Nasse –7. Nécessite parfois une poire – 8. Riva-le de la Belle ; Vieux soupirant – 9. Re-grets – 10. Colère puérile ; Polymères –11. Radio ; Dieu.

VERTICALEMENT : 1. Revers ; Locali-té du Morbihan – 2. Du matin ; Pige – 3.Voilier (en deux mots) – 4. Ancien évê-ché lorrain ; Œufs de poisson ; Note – 5.Nommée ; Article – 6. Reste de grandepuissance ; Danseuses égyptiennes –7. Appel ; Gai participe ; Répare sa fau-te – 8. Greffa ; En gros sur la carte ; Cepersonnage de manga transfère son es-prit dans le corps de lʼennemi – 9. Rep-

tile ; Semblable –10. Localité du Morbi-han ; Croc de boucher.

Ronan Pagan

SOLUTION DU No 231Horizontalement : 1. DÉSAC-

CORDS – 2. ÉROSION ; OP (ouvrierprofessionnel) – 3. MULET ; DINA – 4.ICE ; ALUN – 5. IL ; PM (pistolet mi-trailleur) – 6. TAPISSERIE – 7.NOCES ; IOS – 8. OTE ; REDON – 9.LÈPRE – 10. ARÈTE ; MONT – 11. LA-RE ; PELÉE.

Verticalement : 1. DEMI ; ORAL – 2.ÉRUCTANT ; RA – 3. SOLE ; POÊLER– 4. ASE ; SIC ; ÉTÉ – 5. CITA ; SER-PE – 6. CO ; LISSER – 7. ONDULE ;DÈME – 8. IN ; RIO ; OL (Olympiquelyonnais) – 9. DON ; PION ; NÉ – 10.SPASMES ; ÉTÉ.

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33Le Peuple breton – avril 2010

PB Services

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Le Peuple breton publie sous cetterubrique des petites annonces. Le texte

doit ne pas excéder 5 lignes de 50 signes etêtre accompagné dʼun chèque de 11,95 €.

Ces annonces sont à adresser à la rédaction (BP 1, 29850 Gouesnou).

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Breton parlé et écrit

Festoù-nozSamedi 17 avrilGuérande (44)

Salle de Kerbiniou, 21 hFest-noz, 6 €

Avec Anchfol, Tobie, etc.Org. Bagad de Saint-Nazaire

Samedi 24 avrilLa Chapelle-sur-Erdre (44)

Salle Capellia, 20 h 30Fest-noz, 7 €

Avec Ampouailh et Winaj’h, etc.Org. Rakvlaz

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La page du PB

LE PEUPLE BRETON / POBL VREIZH

Mensuel (46e année)

Rédaction : BP 1 – 29850 GOUESNOU

[email protected]

Directeur de la publication :Robert PédronRédacteur en chef :Ronan Leprohon02 98 07 81 34Rédacteur-adjoint :Gael BriandResponsable des pages Pobl Vreizh :Jean-Claude Le GouailleSecrétaire de rédaction :Jacques DyoniziakResponsable calendrier :Christian PierreOnt contribué à ce numéro :Roger Gicquel (†), Ronan Leprohon, Mona Bras,Jean-Jacques Monnier, Gwenael Henry,Dominique Guiho, Robert Pédron, Michel François,Patrick D. Morvan, Erwan Le Merrer,Herri Gourmelen, Jean-Jacques Page, Gael Briand, Tristan an Nedeleg, Pierre Morvan,Nono, Yann Fiévet, Florence Dhervé, Jean-Claude Le Gouaille, Paol ar Meur, Herve Latimier, Morgan Tremel, Bruno Le Clainche, André Métayer, Gwendal Rioual, Alain Cedelle, Jacques Dyoniziak, Philippe Cousin, Loïc Josse.Correspondants :Dans les Balkans : Jean-Arnault DérensEn Catalogne : Philippe LiriaEn Corse : Fabiana GiovanniniEn Occitanie : Gérard TautilCritiques de disques :Bretagne : Pierre MorvanCeltie : Philippe CousinCritiques de livres :Jean-Jacques Monnier,19, Penn-ar-Pave – 22300 LannionLivres en breton :Herve Lannuzel27, boulevard Laënnec – 35000 RennesResponsable publicité :Ronan Leprohon, au journalÉditeur :Presses populaires de BretagneCPPAP : 0712 G 86914Impression et routage :Cloître imprimeurs à 29800 Saint-Thonan

Abonnements, administration :9, rue Pinot-Duclos22000 SAINT-BRIEUCDépôt légal : n° 3066

IMPRIMÉ SURPAPIER RECYCLÉ

LE PEUPLE BRETON ADMINISTRATION

Lʼaccueil et le secrétariat du Peuple breton à notre local de Saint-Brieucsont assurés par Maïwenn aux ho-raires suivants : de 9 h 15 à 16 heuresles lundis, mardis et jeudis. Téléphone-fax-répondeur : 02 96 61 54 11.

Nos réponsesVos questions

« Posez une question au journal : nous essaierons de vous répondre. Mais… ne soyez pasimpatient, le nombre et la complexité des problèmes soulevés nous contraignent parfois àdifférer notre réponse. »

La rédaction du Peuple breton

34Le Peuple breton – avril 2010

Résultats du jeu du PB de févrierVous avez été fort nombreux à vouloir gagner la nouveauté que le PB offrait en février :

le CD de Soldat Louis. Les heureux tirés au sort sont : Garmenig et Riwall de Saint-Brieuc(22) ; Guy, de Pleumeur-Bodou (22) ; Lanwenn et Katell, de Carhaix (29) ; Hervé, du Re-lecq-Kerhuon (29) ; Jean-Louis, de Huelgoat (29) ; Lionel, de Montreuil-le-Gast (35) ; An-nick, de Pont-Saint-Martin (44) et Gwenole, de Langonnet (56). Les gagnants ont reçuleur lot en mars.

Comme dʼhabitude, pour participer au tirage au sort qui attribuera ceslots, il suffit de nous adresser avant la fin du mois (le cachet de la poste fai-sant foi) sur papier libre : vos nom, prénom (obligatoire) et adresse. Uneseule participation par personne et une seule adresse à utiliser : Le Peuplebreton, BP 1 – 29850 Gouesnou.

Le PB vous propose de gagner ce mois-ci une des dix BD en bre-ton que nous mettons en jeu : l’épisode Araknea des aventures deThorgal, édité par la maison bretonne Bannoù-heol. Un héros cul-te et une histoire dans notre langue…

Jeu du PB d’avril

Vous voulez faire plaisir à vos amis ?Envoyez-nous leur adresse, ils recevront un spécimen gratuit de

Est-il vrai que les noix de Saint-Jacques ne sont pas des coquillesSaint-Jacques ? Et sous quelle ap-pellation sont vendues les co-quilles pêchées en rade de Saint-Brieuc ?

Réponse

Il est très exact que ce qui est vendu(ou qui entre dans la composition debeaucoup de plats préparés) sous lenom de noix de Saint-Jacques, ce sontdes pétoncles ! Et ceci, depuis… unedécision de l’Organisation mondiale ducommerce de 1996. Bon à savoir.

Le moyen d’éviter d’être trompé sur lamarchandise ? Bien regarder l’emballa-ge, où doit être spécifié le pays d’origine(presque toujours Amérique du Sud ouCanada) et… acheter breton ! Les co-quilles de Saint-Brieuc, ou d’autres pro-duits de la conchyliculture bretonne,s’appellent clairement « coquilles » etnon « noix ».

J’ai entendu dire qu’une entre-prise bretonne utilisait des pro-duits de calage biodégradablespour ses colis. Vrai ou faux ?

Réponse

Vrai, il s’agit de la conserverie LaPointe de Penmarc’h, maison fondéeen 1920 et installée à Douarnenez de-puis 2003. Cette entreprise de vente deconserves par correspondance utilisedans ses emballages des flocons de ca-lage fabriqués à base d’amidon de blé(et qui ne doivent donc rien au pétrole)qui s’éliminent naturellement. On peutles enterrer ou les composter, ou enco-re les dissoudre au contact de l’eau(pluie, évacuations domestiques). Dansune poubelle de déchets ménagers leproduit se dégradera naturellement.

Il remplace avantageusement le poly-styrène si polluant à fabriquer et à élimi-ner.

Question 99 Question 100

De la SF et du breton !

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Nous n’avons pas connu leRoger Gicquel du journal télévi-sé, mais celui qui avait quittéTF1 et Paris ; celui qui, loin dessalons et de la recherche de lanotoriété, s’en était « retourné »(pour reprendre le titre de sonlivre de poèmes) en Bretagne.L’homme qui, « en flânant », at-tentif aux autres, aimable etchaleureux, a donné sur FR3 laparole à tant de Bretons. Etc’est cette partie de sa carrièrede journaliste qui lui tenait leplus à cœur, et non pas tant cel-le qu’il qualifiait d’« homme-tronc ».

Nous avons connu celui quis’est investi avec générositédans Eau et rivières de Bre-tagne, et dans de multiples as-sociations culturelles et envi-ronnementales, curieux de toutet à l’écoute de tous. Le RogerGicquel que nous avons connuétait celui des convictions et dela courtoisie, de l’engagementet de l’humanisme. Progressis-te et profondément attaché à laBretagne, il se retrouvait dansles thèmes de l’écologie et du régionalisme avancé. So-lidaire de notre combat, il avait accepté de prendre encharge une chronique régulière dans Le Peuple breton,et a fidèlement soutenu l’UDB lors des élections. Prési-dent du comité de soutien lors des législatives, il se ré-jouissait des convergences entre écologistes et régio-nalistes de progrès depuis des années.

Le Roger que nous avons connu était aussi l’écrivain,le poète, l’ami. Celui que l’on retrouvait au Salon du livre

maritime de Concarneau, auFestival interceltique, et sur-tout à Étonnants Voyageurs,dont il n’aurait pas manqué unmoment. Il était membre dujury du prix « Gens de mer »,avec Claude Villers, IsabelleAutissier, Michèle Polak, Mi-chel Le Bris…

Auteur de textes toujoursempreints de poésie, il étaitdisponible, à l’écoute de seslecteurs, lors des salons dulivre et des dédicaces. Infati-gable animateur de ren-contres littéraires, il était lemodérateur des débats orga-nisés chaque année par l’as-sociation Identités plurielles,à Saint-Malo à l’occasion de« Lire en fête », où, face à Leï-la Shahid, Florence Aubenas,Luis Sepúlveda ou Jørn Riel,son talent et sa gentillesseforçaient l’admiration du pu-blic et des auteurs.

Le Roger que nous avonsconnu fut aussi le compa-gnon des dîners conviviaux,au cours desquels il acceptait

toujours de prendre la parole, pour des « discours » hu-moristiques à pleurer de rire, ou pour pousser une chan-son nostalgique, de sa superbe voix de basse, qui nousmettait souvent, elle aussi, la larme à l’œil. Qui n’a pasentendu les voix de Roger Gicquel et Herri Gourmelense répondre dans un chant commun a manqué un grandmoment… Kenavo, Roger !

Loïc Josse

35Le Peuple breton – avril 2010

DR

Roger à sa dernière participation aux Étonnants Voyageurs de Saint-Malo.

Kenavo Roger

Son ami Loïc lui a dit au revoir ci-dessus. Mais je voudrais ajoutermon témoignage de rédacteur enchef du Peuple breton, qui, ayantrencontré Roger Gicquel chez LoïcJosse, à la librairie La Droguerie deMarine à Saint-Malo, a eu, en août1999, la joie de le voir accepter lademande de collaboration régulièreque je lui présentais. Il faut imaginerce que cela pouvait représenterpour un modeste journal militant,dont je venais de reprendre lesrennes, de pouvoir associer à sacouverture le visage et le nom duplus populaire des hommes de téléen France. Roger était parfaitementconscient de l’aide qu’il nous ap-portait ainsi. Et s’il demanda, enjournaliste professionnel qu’il était,

de recevoir une rémunération, ellefut de principe et toute symbolique,sans commune mesure, bien sûr,avec l’aide qu’il apportait ainsi ànotre titre. En fait, c’était un ami denotre cause qui nous rejoignait, àson retour sur la terre d’origine desa famille, et il n’allait pas tarder à lemontrer. On peut juger de la forcede ses convictions par la chroniqueque nous reproduisons aujourd’hui,en page 2, en cette page de l’Invitéoù il exerça pendant trente-six moisde collaboration régulière. Cettechronique politique pourrait êtredatée de 2010 : elle est de dé-cembre 2000 et elle n’a pas pris uneride en une décennie.

Lorsqu’en janvier 2003, nous dé-cidâmes, lui et moi, d’arrêter le ryth-

me mensuel de sa collaboration,c’est parce que je souhaitais que larubrique de l’Invité reçoive désor-mais un nouveau venu chaquemois. Là était la raison et non pasun quelconque éloignement de Ro-ger à l’égard de notre combat. Et ilallait le démontrer en revenant sou-tenir magistralement l’union desautonomistes (le mot ne lui faisaitpas peur) et des écologistes, enmars 2004, dans sa chronique inti-tulée Enfin ! : « Enfin ! Une bonnenouvelle pour l’électeur breton queje suis. Cette fois je n’irais pas voteren traînant les pieds… » Pour çaaussi, merci Roger.

Ronan Leprohon

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