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36 | COMICS VINYLS COMICS VINYLS | 37 À la plume et au piano Des auteurs, compositeurs, musiciens et parfois interprètes On pourrait croire que l’avènement du rock sous toutes ses formes dans les seventies, avec ses différentes visions satellitaires, a incité les artistes de tous poils, et bien entendu les auteurs de bandes dessinées, à passer à l’acte : prendre une guitare, se mettre au piano, s’emparer du micro, pour éprouver une sensation de retour sur leurs travaux, un feed-back immédiat, qui manque sans doute à leur médium et à leur pratique… c’est en partie vrai. L’amateur de bandes dessinées franco- belges sait néanmoins qu’Edgar P. Jacobs ( Blake et Mortimer ) a vérifié ses talents de baryton dans diverses salles d’opéra avant de commencer une carrière tardive (à presque 40 ans) dans le dessin ; ou que son ami Jacques Laudy ( Hassan et Kaddour ) était un musicologue averti, joueur et fabricant de cornemuses, qui jouait pour ses amis et dans des occa- sions bien particulières. En 1948, lors d’une réunion de l’hebdomadaire Tintin, il était arrivé vêtu d’une véritable armure de highlander, tenant à la main un instrument à vent d’origine écossaise. Malheureusement, aucun enregistrement vinylique ne témoigne (à notre connaissance) de cette soirée. De leurs côtés, les amateurs de comic-strips savent que l’un des premiers jobs du créateur de Popeye, parce qu’il était doué pour les percussions, fut celui d’accompagnateur musical de films muets, et même de vaudevilles, pour le théâtre de sa ville natale, Chester, dans l’Illinois. Là encore, ce début de XXe siècle, pas d’enregistrement. Il est possible que seuls les Pogophiles connaissent ce bijou édité en 1956 par Simon and Shuster sous le titre évocateur de Songs of the Pogo : un incroyable LP avec 18 chansons écrites par Walt Kelly, trois d’entre elles étant chantées par le dessinateur lui-même. Mais revenons à nos moutons (électriques ?). Le rock a-t-il décom- plexé les auteurs ayant un violon d’Ingres et qui n’osaient pas franchir le Rubicon ? Probablement, oui. Ajoutons que la période des années 1960-70 fut festive pour les métissages culturels. À l’époque, la bande dessinée était regardée avec intérêt par d’autres arts ou genres qui, il est vrai, étaient encore considérés comme mineurs. Science-fiction, cinéma bis, polar, musiques populaires et bandes dessinées se mélangeaient. Ce qui permit des décloisonnements temporaires. L’industrie du disque est en pleine explosion et il est de plus en plus facile de faire éditer un 45 tours sur un jeune label ou bien même de s’autoproduire. Résultat : finis les témoignages du passé transmis parcimonieusement par la mémoire KENT | Amours propres | CBS | 33 tours | 1983 | France | Maquette de couverture : Kent, avec photographie de Phil Pressing collective - Les auteurs arrivent désormais grâce aux nouveaux maté- riels d’enregistrement devenus accessibles financièrement à recueillir leur musique - Certains dessinateurs ou scénaristes ont, sans doute, espéré pouvoir enfin gagner leur vie de cette manière. Pour d’autres, toutefois, la barrière à franchir s’avère plus compliquée. Dessinateur ou musicien, les deux activités ne se marient pas si fa- cilement. Les exigences de chacune de ces carrières amènent géné- ralement les créateurs à opérer un choix. Kent, Cleet Boris (L’Affaire Louis’ Trio) et la bande de copains du Dennis’ Twist durent faire des pauses temporaires dans leurs activités de dessin pour se consacrer à la musique. Mener les deux de front est délicat. Robert Crumb, chantre de l’under- ground qui déteste le rock (car il faut un contre-exemple à cette démons- tration), grand collectionneur de 78 tours et défenseur des formes d’arts populaires car, dit-il, - pour lui, « ce sont des choses qui échappent aux lois du marché tout en étant nés à l’ère des médias » - s’expliquait au micro de Gilles Tordjman en 1994 ( Libération le magazine n° 4) : « Jusqu’à une date récente, je n’ai pas abordé la musique d’une façon aussi sérieuse que le dessin. Mais je me rends compte maintenant, en apprenant l’accordéon et en voyant comme j’en bave pour travailler les doigtés, à quel point mon rapport à l’art a toujours été instinctif, depuis l’enfance. Dessiner la même chose des milliers de fois afin de parvenir au bon résultat, ce n’est pas très méthodique. J’ai toujours ignoré les méthodes, jusqu’à ce que je m’attaque à l’accordéon. Là, si on y va à l’instinct, on ne va pas très loin. Je ne lis pas la musique, mais j’ai une bonne oreille ; j’arrive à retrouver des mélodies et des accords. Pour réussir à les reproduire correctement, c’est une autre affaire… la satisfaction qu’on peut retirer de la musique est très différente de celle qu’on trouve dans les arts plastiques, et je ne pense pas qu’on puisse pratiquer les deux en même temps, ou du moins parvenir au même type d’accomplissement. » En attendant, « keep on truckin » et allons plus loin. WALT KELLY ET NORMAN MONATH | Songs of the Pogo | A. A. Records | 33 tours | 1956 | USA | Dessin de couverture : Walt Kelly « Ce qu’on a essayé avec Dionnet, c’est de sortir conjointement mon album de bande dessinée, Sales amours, avec mon premier album solo, Amours propres. Faire un bel objet. Mais CBS n’a pas voulu, libraires ou disquaires, ils ne savaient pas où le vendre » Kent in Métal Hurlant, la machine à rêver , Gilles Poussin et Christian Marmonnier, Denoël Graphic, 2005. « Nos concerts attirent beaucoup d’enfants qui viennent avec leurs parents. Comme leurs vieux écoutent du rock, les gamins ont grandi dedans. Nous préparons une tournée des fermes. On jouera pour les animaux ! » Charlie Schlingo, dans Rock & Folk, 1993

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36 | COMICS VINYLS COMICS VINYLS | 37

À la plume et au pianoDes auteurs, compositeurs, musiciens et parfois interprètes

On pourrait croire que l’avènement du rock sous toutes ses formes

dans les seventies, avec ses différentes visions satellitaires, a incité les

artistes de tous poils, et bien entendu les auteurs de bandes dessinées,

à passer à l’acte : prendre une guitare, se mettre au piano, s’emparer

du micro, pour éprouver une sensation de retour sur leurs travaux, un

feed-back immédiat, qui manque sans doute à leur médium et à leur

pratique… c’est en partie vrai. L’amateur de bandes dessinées franco-

belges sait néanmoins qu’Edgar P. Jacobs (Blake et Mortimer) a vérifié

ses talents de baryton dans diverses salles d’opéra avant de commencer

une carrière tardive (à presque 40 ans) dans le dessin ; ou que son ami

Jacques Laudy (Hassan et Kaddour) était un musicologue averti, joueur

et fabricant de cornemuses, qui jouait pour ses amis et dans des occa-

sions bien particulières. En 1948, lors d’une réunion de l’hebdomadaire

Tintin, il était arrivé vêtu d’une véritable armure de highlander, tenant à la

main un instrument à vent d’origine écossaise. Malheureusement, aucun

enregistrement vinylique ne témoigne (à notre connaissance) de cette

soirée. De leurs côtés, les amateurs de comic-strips savent que l’un

des premiers jobs du créateur de Popeye, parce qu’il était doué pour

les percussions, fut celui d’accompagnateur musical de films muets, et

même de vaudevilles, pour le théâtre de sa ville natale, Chester, dans

l’Illinois. Là encore, ce début de XXe siècle, pas d’enregistrement. Il est

possible que seuls les Pogophiles connaissent ce bijou édité en 1956

par Simon and Shuster sous le titre évocateur de Songs of the Pogo :

un incroyable LP avec 18 chansons écrites par Walt Kelly, trois d’entre

elles étant chantées par le dessinateur lui-même.

Mais revenons à nos moutons (électriques ?). Le rock a-t-il décom-

plexé les auteurs ayant un violon d’Ingres et qui n’osaient pas franchir le

Rubicon ? Probablement, oui. Ajoutons que la période des années

1960-70 fut festive pour les métissages culturels. À l’époque, la bande

dessinée était regardée avec intérêt par d’autres arts ou genres qui, il est

vrai, étaient encore considérés comme mineurs. Science-fiction, cinéma

bis, polar, musiques populaires et bandes dessinées se mélangeaient.

Ce qui permit des décloisonnements temporaires. L’industrie du disque

est en pleine explosion et il est de plus en plus facile de faire éditer un 45

tours sur un jeune label ou bien même de s’autoproduire. Résultat : finis

les témoignages du passé transmis parcimonieusement par la mémoire kenT | Amours propres | CBS | 33 tours | 1983 | France | Maquette

de couverture : Kent, avec photographie de Phil Pressing

collective - Les auteurs arrivent désormais grâce aux nouveaux maté-

riels d’enregistrement devenus accessibles financièrement à recueillir

leur musique - Certains dessinateurs ou scénaristes ont, sans doute,

espéré pouvoir enfin gagner leur vie de cette manière.

Pour d’autres, toutefois, la barrière à franchir s’avère plus compliquée.

Dessinateur ou musicien, les deux activités ne se marient pas si fa-

cilement. Les exigences de chacune de ces carrières amènent géné-

ralement les créateurs à opérer un choix. Kent, Cleet Boris (L’Affaire

Louis’ Trio) et la bande de copains du Dennis’ Twist durent faire des

pauses temporaires dans leurs activités de dessin pour se consacrer

à la musique.

Mener les deux de front est délicat. Robert Crumb, chantre de l’under-

ground qui déteste le rock (car il faut un contre-exemple à cette démons-

tration), grand collectionneur de 78 tours et défenseur des formes d’arts

populaires car, dit-il, - pour lui, « ce sont des choses qui échappent

aux lois du marché tout en étant nés à l’ère des médias » - s’expliquait

au micro de Gilles Tordjman en 1994 (Libération le magazine n° 4) :

« Jusqu’à une date récente, je n’ai pas abordé la musique d’une façon

aussi sérieuse que le dessin. Mais je me rends compte maintenant, en

apprenant l’accordéon et en voyant comme j’en bave pour travailler les

doigtés, à quel point mon rapport à l’art a toujours été instinctif, depuis

l’enfance. Dessiner la même chose des milliers de fois afin de parvenir

au bon résultat, ce n’est pas très méthodique. J’ai toujours ignoré les

méthodes, jusqu’à ce que je m’attaque à l’accordéon. Là, si on y va

à l’instinct, on ne va pas très loin. Je ne lis pas la musique, mais j’ai

une bonne oreille ; j’arrive à retrouver des mélodies et des accords.

Pour réussir à les reproduire correctement, c’est une autre affaire… la

satisfaction qu’on peut retirer de la musique est très différente de celle

qu’on trouve dans les arts plastiques, et je ne pense pas qu’on puisse

pratiquer les deux en même temps, ou du moins parvenir au même

type d’accomplissement. »

En attendant, « keep on truckin » et allons plus loin.

walT kelly eT norman monaTh | Songs of the Pogo | A. A.

Records | 33 tours | 1956 | USA | Dessin de couverture : Walt Kelly

« Ce qu’on a essayé avec Dionnet, c’est de sortir conjointement mon album de bande dessinée, Sales amours, avec mon premier album solo, Amours propres. Faire un bel objet. Mais CBS n’a pas voulu, libraires ou disquaires, ils ne savaient pas où le vendre »

Kent in Métal Hurlant, la machine à rêver, Gilles Poussin et Christian

Marmonnier, Denoël Graphic, 2005.

« Nos concerts attirent beaucoup d’enfants qui viennent avec leurs parents. Comme leurs vieux écoutent du rock, les gamins ont grandi dedans. Nous préparons une tournée des fermes. On jouera pour les animaux ! »

Charlie Schlingo, dans Rock & Folk, 1993

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adieu galaxy exPress 999 | Columbia | Double 33 tours | 1981

| Japon | Dessin de couverture © Toei Animation | Long métrage réalisé par

Rintaro, musique composée par Osamu Shoji

uChu senkan yamaTo - kankeTsuhen | Columbia | 45

tours | 1983 | Japon | Dessin de couverture © Toei Animation | Cinquième long métrage de Space Battleship Yamato le manga de

Leiji Matsumoto.

noBiTa no uChu sho-senso | Polydor | 45 tours | 1985 | Japon | Photographie de couverture : Shoichi Kishi.

CoBra | Victor | 33 tours | 1982 | Japon | Dessin de couverture ©

Tokyo Movie Shinsha, d’après Buichi Terasawa | Space adventure

Cobra est un manga de space opera publié dans les seventies.

uChu kaiZoku kyaPuTen harokku | Columbia | 33 tours | 1978 | Japon | Dessin de couverture © Toei Animation, d’après Leiji

Matsumoto. Long métrage réalisé par Rintaro, musique composée par

Seiji Yokoyama.

uChu kaiZoku kyaPuTen harokku | Columbia | 45 tours | 1978 | Japon | Dessin de couverture © Toei Animation

alBaTor, le Corsaire de l’esPaCe | Charles Talar Records

| 45 tours | 1979 | France | Dessin de couverture © Studio Five

Stars

Il s’appelle Captain Harlock dans le monde entier sauf en France où on a préféré le renommer

A l ba to r pour éviter que, phonétiquement, les téléspectateurs le confondent avec un célèbre personnage des aventures de Tintin. Jacques Canestrier ou Éric Charden (on ne sait trop) seraient les coupables de cette trouvaille. Charden est par ailleurs le compositeur de la musique française de la première série animée sur des paroles de Didier Barbelivien. Au-delà, le manga de Leiji Matsumoto inspira une autre série TV, une série d’O.A.V. ainsi que des longs métrages d’animations. Toutes ces œuvres, comme c’est toujours le cas au Japon, ont été déclinées par l’industrie phonographique, d’abord sur vinyle puis en CD.

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Lorsqu’il s’agit d’évoquer un titre de journal comique, connu et respecté pour

ses trouvailles et ses histoires décapantes, à la limite de la provocation exces-

sive, les fins connaisseurs de cartoons et de bandes dessinées citent évidem-

ment Mad, heureuse initiative de Harvey Kurtzman qui donna le goût du rire à

nombre d’Américains. Dès 1952 et pendant plusieurs générations, Mad éclaira

également les créateurs de tous les continents ainsi que les professionnels de

l’édition et de l’audiovisuel. L’humour jubilatoire à toute berzingue (« humour

in a jugular veine » fut un slogan originel du périodique) balisait les planches

des bandes dessinées avec des parodies féroces des séries les plus lues

pour s’installer progressivement dans les rédactionnels et dans de fausses

publicités marquant les esprits. On peut voir un cousinage de cet humour en

France dans les évolutions des journaux Hara-Kiri et Pilote et, plus tard dans

la tonalité de Fluide Glacial, qui s’en est délibérément inspiré.

Parmi les champs d’exploration lancés par le magazine, peu le savent mais il y

eut très vite des œuvres sonores, elles aussi mémorables. Notamment, deux

LP produits par Norman Blagman et Sam Bobrick au tout début des années

1960, Mad twists, rock’ n’ roll puis Fink along with Mad, sur le label Big Top.

Certains titres sont détonnants pour l’époque. Irrésistibles même. Comme

She’s got a nose job ou, plus sûrement, It’s a gas ! (avec des vocalises, si

l’on peut dire, d’Afred E. Neuman, la mascotte de la rédaction). Plusieurs de

ces chansons se retrouvèrent encartées dans des suppléments annuels,

The worst from Mad (« le pire de Mad »), puis des numéros spéciaux, sous la

forme d’un 33 tours de 17 cm en carton, détachable, sur lequel une couche

de vinyle avait été pressée. La formule de ces cardboards sonores avait été

testée dès 1959 sur un objet intitulé Meet the staff from Mad (The worst from

Mad, number 2) ; enregistrement sur lequel l’éditeur Al Feldstein, interprété

par Jerry DeFuccio, présente l’équipe (« all the idiots ») qui ne cesse de rire

pendant deux minutes. Vous voyez l’ambiance. Ces disques fragiles vont

perdurer pour devenir, dès 1973, des disques flexi. On en dénombre une

dizaine jusque dans les années 1980.

La France n’édita qu’un E.P. issu de cette floraison, chez Barclay, en 1962.

iT’s a gas !

A Mad Record, 33 tours 17 cm, picture disc sur carton

1966, USA

It’s a gas ! (« c’est un rot ! ») est un morceau phare écrit par Blagman et Bobrick.

mel danis and The mad idioTs

A Mad look at graduation day

A Mad Record, 33 tours 17 cm, picture disc sur carton

1981, USA

Dessin de couverture : Norman Mingo

Le disque est encarté dans Mad Special numéro 32.

Bernie green wiTh The sTereo mad-men

Musically Mad

RCA – Victor, 33 tours

1959 (ici, une réédition en « living stéréo »), USA

Dessin de couverture : Norman Mingo

Un rythme et un concept proches de ce que Spike Jones faisait alors. L’album comporte treize morceaux produits par Lee Schapiro, avec des incursions de Joseph Julian et Henry Morgan. Dessins signés Wallace

Wood au verso.

fink along wiTh mad

Big Top Records, 33 tours

1963, USA

Dessins de couverture : Kelly Freas et Mort Drucker

Ce sont treize chansons composées par Norman Blagman et Sam

Bobrick, interprétées par Mike Russo, Jeanne Hayes et The Dellwoods. Dans le livret du CD qui réédite un certain nombre de titres madiens (Mad grooves, Rhino Records, 1996), Bobrick avoue que les musi-ciens s’étaient bien amusés, notamment sur It’s a gas !, en venant

spontanément au microphone pour lancer un son idoine.

« Mad est à l’Amérique ce qu’un mélange judicieux du Canard Enchaîné, de Spirou, de L’Os à moelle et d’Hara-Kiri pourrait être à la France. Sous la présidence d’honneur d’Alfred E. Neuman, un personnage d’un comique inimitable, Mad réjouit chaque mois quelques trois millions de citoyens américains. »

L’humour qui rendL’exemple de Mad magazine fou

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les CharloTs | Aventures à la télévision | Vogue | 45 tours | 1966 | France | Dessin de couverture non crédité

JoysTiCks | What more can I do | Rampant Releases | 45 tours

| 1987 | Australie | Dessin de couverture non crédité

The flames | Your love is slippin’ away | Chiswick – Thrust | 45

tours | 1982 | Dessin de couverture non crédité

The sex PisTols | Holidays in the sun | Glitterbest | 45 tours | 1977 | France | Design de couverture non crédité, détournement

d’une brochure touristique belge

wreCkless eriC | Big Smash | Stiff Records | 33 tours | 1980

| France | Dessin de couverture : Wreckless Eric et C.More.Trash

| À la même époque, sur le même label, c’est plutôt Elvis Costello

qui explosait.

murPhy | Dance N° 3 | Panic Records | Maxi 45 tours | 1995 | France | Dessin de couverture non crédité | Idéal pour les surboums,

à condition de faire la bombe.

« Une chose attaquée par les adversaires de la BD depuis des siècles, comme des petits fous, reste les onomatopées. Des Crac ! Des Boum et des Baf ! Je les adore et je me demande toujours quels sont les audacieux qui ont inventé Crac et Boum ? Pourquoi n’ont-ils pas été mis en prison ou pendus directement ? Imiter un bruit est un art que certains dessinateurs poussent très loin. C’est très amusant, une espèce de caricature. »

André Franquin in Falatoff Numéro 12/13, 1972.

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Fin 1960, début 1970, les produits psychotropes circulent auprès d’une

jeunesse en révolte. Historiquement, c’est sur la Côte Ouest des États-

Unis et dix ans plus tôt que se sont fédérées les idées subversives autour

des écrivains de la Beat Generation. La presse les baptisa beatniks. Ils

refusaient les valeurs traditionnelles et allaient installer un vent de contes-

tation qui toucherait aussi bien les milieux intellectuels que l’ensemble

de la société future.

Relais de transmission de ce rejet, les arts graphiques. Les comix (avec un

« x », à la différence des comics mainstream) parlaient de vie quotidienne,

d’usage de la drogue et de sexe. De leur côté, les affiches pétries de

couleurs vives défiaient la lisibilité et les règles habituelles de typographie.

Cinq grandes signatures de l’affiche psyché sont remarquées à l’époque :

Wes Wilson, Stanley Mouse, Alton Kelly, Victor Moscoso et Rick Griffin.

Souvent faites par ces mêmes artistes, les pochettes de disques du

Grateful Dead ou de Jefferson Airplane, pour citer deux groupes majeurs,

se distinguent du reste de la production. Et ces manifestes esthétiques

bouleverseraient un temps du moins les valeurs en cours. Le temps de

« good vibrations » visuelles. Dans tous les coins du monde.

les anges | Les Anges | Odéon | 45 tours | 1967 | France | Dessin de

couverture : Guy Peellaert | Plutôt pop art que psychédélique, Peellaert

dessinait cette année-là Pravda la survireuse dans Hara-Kiri.

Toulouse engelhardT | Toullusions | Sierra Briar Records | 33 tours | 1975 | USA | Dessin de couverture : Rick Griffin

graTeful dead | Shakedown street | Arista | 33 tours | 1978 | USA | Dessin de couverture : Gilbert Shelton

graTeful dead | Aoxomoxoa | Warner Bros. Records | 33 tours

| 1969 | USA | Dessin de couverture : Rick Griffin

riCeT Barrier | Les spermatozoïdes | M Records | 33 tours | 1975 | France | Dessin de couverture : Jean Teulé

« La marijuana commençait à faire effet et nous nous mîmes tous à plaisanter. J’essayais de retrouver une chanson populaire anglaise originale, mais je sortis quelque chose du genre : “Dingaling ding ding derry dery dery dog dodo” et je me fis huer. Raté pour une carrière de parolier »

Jim Harrison, Un bon jour pour mourir, 1973