31 janvier 2020 herbivores l’acupunture pour les bovins

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Depuis l’été dernier, une vingtaine d’agriculteurs costarmoricains se sont formés à l’acupuncture avec la chambre d’agriculture. Nayla Cherino Parra, vétérinaire spécialisée en médecine naturelle, est intervenue dans les deux sessions de formations, l’une à Guingamp, la seconde à Sévignac. Deux éleveurs témoignent. La formation se déroule sur deux jours, ce qui permet aux éleveurs de pratiquer et d’échan- ger sur leurs expériences lors de la seconde journée. Chaque jour se déroule de la même façon : matinée en salle afin de s’approprier les principes de la méthode et après-midi en élevage pour pratiquer. Grâce aux deux demi-journées sur le terrain, les participants repartent en sachant repérer et piquer vingt points d’acupuncture. L’acupuncture, médecine "naturelle" La stimulation des points d’acupuncture a une action sur le corps de l’animal et ses organes. "Dans le corps, on compte 12 organes principaux, reliés par des méridiens, eux- mêmes reliés à des points d’acupuncture. Ces derniers fonctionnent à l’image d’un circuit électrique : l’organe, c’est l’ampoule - le méridien, c’est le fil électrique et le point d’acupuncture, c’est l’interrupteur", explique Nayla. Ainsi, l’acupuncture permet d’agir sur l’équilibre général de l’animal, en préventif, mais aussi en cas de problèmes de santé. "On ne peut pas parler de médecine douce, mais plutôt de médecine naturelle", précise Nayla. En effet, les points d’acupuncture sont stimulés à l’aide l’aiguilles (1) . L’approche de l’animal avant tout Les aiguilles font moins de 5 cm et sont souples et fines. Cependant, piquer l’animal peut gêner certaines personnes. Peur des aiguilles, peur de faire mal, de se prendre un coup etc. : les raisons sont multiples. Avant la pose des aiguilles, l’approche de l’animal est essentielle. L’animal, comme l’éleveur, doivent être en confiance. Si l’éleveur ressent des émotions au moment de l’approche ou de la pose des aiguilles, l’animal le sentira et réagira… de façon plus ou moins douce. Afin d’éviter ces désagréments, Nayla four- nit aux éleveurs des outils pour approcher sereinement l’animal. Les deux après-midis de pratique permettent aussi de se rassurer et d’ajuster son attitude et ses gestes pour la pose des aiguilles. Des formations à venir dans les Côtes d’Armor Si vous souhaitez vous initier à l’acupunc- ture, une formation est prévue dans les Côtes d’Armor en septembre 2020 (lire en encadré). Cette formation se déroule sur deux jours, principalement en exploitation pour pouvoir pratiquer, se familiariser avec les aiguilles et repérer les points d’application directement sur l’animal. Si vous avez déjà suivi une for- mation d’initiation, une formation de perfec- tionnement est également prévue sur 2 jours en septembre 2020. (1) Pour plus d’informations sur l’acupuncture, lire l’article Terra du 21 juin 2019 : Piquer pour soigner : l’acupuncture au service des bovins. (2) Le "triangle de l’immunité" correspond à trois points d’acupuncture à piquer en même temps : point rate, point foie et point reins. L’acupunture pour les bovins : se former par énergie volaille légumes lait porc bovin-viande environnement observatoire pondeuse ovin-caprin agrobiologie culture 31 janvier 2020 32 herbivores Nayla Cherino Parra transmet des outils aux agriculteurs pour qu’ils prennent soin de leurs animaux et d’eux-mêmes. Formation de 2 jours dont deux demi-journées de pratique en exploitation Intervenante : vétérinaire spécialisée en médecine naturelle, Nayla Cherino Parra S’initier à l’acupuncture, secteur de Guingamp : 3 septembre et 28 septembre 2020 Se perfectionner à l’acupuncture, secteur de Guingamp : 4 septembre et 29 septembre 2020 42 €/jour (sous réserve de financement Vivéa) et repas à la charge des participants. PRÉ-INSCRIPTIONS ET INFORMATIONS : Solenne Dupré au 02 96 46 62 68 ou par mail [email protected] Solenne Dupré Équipe herbivores

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Page 1: 31 janvier 2020 herbivores L’acupunture pour les bovins

Depuis l’été dernier, une vingtaine d’agriculteurs costarmoricains se sontformés à l’acupuncture avec la chambre d’agriculture. Nayla Cherino Parra, vétérinaire spécialisée en médecine naturelle, est intervenue dans les deux sessions de formations,l’une à Guingamp, la seconde à Sévignac. Deux éleveurs témoignent.

La formation se déroule sur deux jours, ce qui permet aux éleveurs de pratiquer et d’échan-ger sur leurs expériences lors de la seconde journée. Chaque jour se déroule de la même façon : matinée en salle afi n de s’approprier les principes de la méthode et après-midi en élevage pour pratiquer. Grâce aux deux demi-journées sur le terrain, les participants repartent en sachant repérer et piquer vingt points d’acupuncture.

L’acupuncture, médecine "naturelle"La stimulation des points d’acupuncture a une action sur le corps de l’animal et ses organes. "Dans le corps, on compte 12 organes principaux, reliés par des méridiens, eux-mêmes reliés à des points d’acupuncture. Ces derniers fonctionnent à l’image d’un circuit électrique : l’organe, c’est l’ampoule - le méridien, c’est le fi l électrique et le point d’acupuncture, c’est l’interrupteur", explique Nayla. Ainsi, l’acupuncture permet d’agir sur l’équilibre général de l’animal, en préventif, mais aussi en cas de problèmes de santé. "On ne peut pas parler de médecine douce, mais plutôt de médecine naturelle", précise Nayla. En effet, les points d’acupuncture sont stimulés à l’aide l’aiguilles(1).

L’approche de l’animal avant toutLes aiguilles font moins de 5 cm et sont souples et fi nes. Cependant, piquer l’animal peut gêner certaines personnes. Peur des aiguilles, peur de faire mal, de se prendre un coup etc. : les raisons sont multiples. Avant la pose des aiguilles, l’approche de l’animal est essentielle. L’animal, comme l’éleveur, doivent être en confi ance. Si l’éleveur ressent des émotions au moment de l’approche ou de la pose des aiguilles, l’animal le sentira et réagira… de façon plus ou moins douce. Afi n d’éviter ces désagréments, Nayla four-nit aux éleveurs des outils pour approcher sereinement l’animal. Les deux après-midis de pratique permettent aussi de se rassurer

et d’ajuster son attitude et ses gestes pour la pose des aiguilles.

Des formations à venir dans les Côtes d’ArmorSi vous souhaitez vous initier à l’acupunc-ture, une formation est prévue dans les Côtes d’Armor en septembre 2020 (lire en encadré). Cette formation se déroule sur deux jours, principalement en exploitation pour pouvoir pratiquer, se familiariser avec les aiguilles et repérer les points d’application directement sur l’animal. Si vous avez déjà suivi une for-

mation d’initiation, une formation de perfec-tionnement est également prévue sur 2 jours en septembre 2020.(1) Pour plus d’informations sur l’acupuncture, lire l’article Terra du

21 juin 2019 : Piquer pour soigner : l’acupuncture au service des bovins. (2) Le "triangle de l’immunité" correspond à trois points d’acupuncture à piquer en même temps : point rate, point foie et point reins.

L’acupunture pour les bovins : se former par la pratique en élevage

énergie volaille légumes lait porc bovin-viande environnement observatoire pondeuse ovin-caprin agrobiologie culture

31 janvier 2020

31 janvier 202032 énergie volaille légumes lait porc bovin-viande environnement observatoire pondeuse ovin-caprin agrobiologie culture herbivores

Nayla Cherino Parra transmet des outils aux agriculteurs pour qu’ils prennent soin de leurs animaux et d’eux-mêmes.

Formation de 2 jours dont deux demi-journées de pratique en exploitationIntervenante : vétérinaire spécialisée en médecine naturelle, Nayla Cherino ParraS’initier à l’acupuncture, secteur de Guingamp : 3 septembre et 28 septembre 2020Se perfectionner à l’acupuncture, secteur de Guingamp : 4 septembre et 29 septembre 202042 €/jour (sous réserve de fi nancement Vivéa) et repas à la charge des participants.

PRÉ-INSCRIPTIONS ET INFORMATIONS : Solenne Dupré au 02 96 46 62 68 ou par mail [email protected]

Solenne DupréÉquipe herbivores

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nouveaux marchés vie des stations énergie volaille légumes lait porc bovin-viande environnement observatoire pondeuse ovin-caprin lait 33 31 janvier 2020

31 janvier 2020

L’acupunture pour les bovins : se former par la pratique en élevage

Pierre-Yves Le Corre,Éleveur à Cavan

"J’ai toujours 3-4 aiguilles dans ma poche"

Emmanuelle Le LostècqueÉleveuse à Sévignac

"Mon objectif est de privilégier le préventif"

Depuis la formation, Pierre-Yves Le Corre ne quitte plus ses aiguilles. "J’ai toujours 3-4 aiguilles dans ma poche". La première après-midi en élevage a eu lieu chez lui : "La pratique est essentielle. Elle permet de bien repérer les points et de poser déjà quelques aiguilles dès le premier jour de formation. La partie théorie est tout aussi indispensable pour bien comprendre le fonctionnement de l’acupuncture avant de se lancer". Son approche de l’animal a évolué depuis la formation : "On prend plus notre temps pour les soins, pour approcher les animaux. Le contact avec la vache est primordial pour pouvoir appliquer les aiguilles". Aujourd’hui, l’acupuncture est utilisée dès que possible dans l’élevage. "Pour les mammites, les vaches sont piquées à la traite jusqu’à la fi n des symptômes ; 3 à 4 fois suivant les cas jusqu’ici". En plus des traitements curatifs, Pierre-Yves utilise l’acupuncture en prévention : "Quelle que soit la pathologie, je fais un triangle de l’immunité2 en plus des autres points spécifi ques. Ce triangle est aussi fait en systématique sur les vaches au tarissement et au vêlage. Les vêlages sont plus faciles et la récupération des vaches plus rapide depuis que l’on a commencé. Les veaux aussi ont le droit à leur triangle de l’immu-nité dès la naissance". Pierre-Yves termine en disant que "l’acupuncture ne guérit probablement pas tout mais je suis convaincu de la technique et de la démarche. On a des résultats : nos vaches vont mieux après l’application aiguilles".

Pour Emmanuelle, qui utilisait déjà les médecines complémentaires dans son élevage, cette formation vient compléter ses pratiques actuelles. "L’acupuncture n’a pas révolutionné mes pratiques en profondeur, elle me conforte dans ce que je mets déjà en place dans mon élevage". C’est une continuité pour Emmanuelle qui précise : "Je suis déjà beaucoup en contact avec mes animaux. Je les observe, je passe du temps avec eux dans la stabulation et je suis quelqu’un plutôt tactile. Mon objectif est d’avoir un élevage en bonne santé et privilégier le préventif au curatif". Cependant, Emmanuelle a observé des changements depuis la forma-tion. "Le point essentiel, pour la pratique de l'acupuncture est d'être calme car on véhicule notre stress. Ma première réussite : suite à un vêlage diffi cile, la vache était en hyperthermie. J'ai démarré par le triangle de l'immunité (refaire circuler les énergies de l'organisme) puis le point aspirine pour la soulager. Enfin pour agir sur la délivrance j'ai mis en place les 5 chandelles (deux points rate, deux point reins et VG2bis). Je vais maintenant essayer sur des pathologies respira-toires et des mammites chroniques pour aller plus loin". Pour Emmanuelle, ces formations lui permettent aussi d'avancer et d’être en phase avec les demandes sociétales. "Qui n’avance pas, recule ! Chaque formation m’apporte énormé-ment. C’est un tout : les échanges, l’intervenant.e, la pratique surtout". Avis aux amateurs.

Prévention et observation, deux maîtres-mots pour Emmanuelle dans la gestion sanitaire de l’élevage.

La facilité de mise en œuvre de l’acupuncture a très vite séduit Pierre-Yves.