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Les points de vue exprimés dans ces textes n’engagent que leurs auteurs et ne réflètent pas nécessairement l’opinion du ROFAF

Une publication du Réseau des Organisations Féminines d’Afrique Francophone (ROFAF)Série sur GENRE ET CONFLITS, TRIBUNE N°13 : GENRE  ET PROCESSUS DE RECONSTRUCTION POST-CONFLIT Rédaction & compilation : Liliana Liz Carolina PARDO GUERRERO Mise en page & design: ROFAFRelecture : ROFAF

TRIBUNE est produite en versions électronique et imprimée.La version électronique de TRIBUNE peut être téléchargée sur www.rofaf.org

La version imprimée de TRIBUNE est disponible au siège du ROFAF

ROFAF 2013

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EDITORIAL.....................................................................................................................................................3ARTICLESAfrique: Donner le pouvoir aux femmes renforce la paix et la sécurité internationalesPar Phumzile Mlambo-Ngcuka..........................................................................................................................5Femmes, actrices de paix et victimes : les deux visages des conflits armésPar Liliana Liz PARDO GUERRERO .............................................................................................................8Rôles et place des femmes dans la prévention, la gestion, la résolution des conflits et la consolidation de la paixPar Mme Mama KOITE DOUMBIA..............................................................................................................11Les réfugiées congolaises vivant avec le vih progressent sur la voie de l’autonomiePar ONU Femmes............................................................................................................................................16Pour John Kerry, les femmes sont essentielles à la paixPar La Croix.....................................................................................................................................................20Haïti: Les femmes exigent un rôle dans la reconstructionPar IRIN...........................................................................................................................................................23Les femmes, victimes du conflit ou agents du changement ?Par IRIN...........................................................................................................................................................26Le sens et le rôle des acteurs externes dans la reconstruction d’HaïtiPar Leslie Péan ................................................................................................................................................32Où sont les filles (soldats) ?Par Susan McKay et Dyan Mazurana.............................................................................................................37Retour dans des conditions sûres et convenables pour des femmes ayant fui le conflit au LibériaPar Victoria Ijeoma Nwogu .............................................................................................................................40Actualités relatives à genre et gestion des conflits...................................................................................46

ANNEXEDéclaration de Dakar sur la mise en œuvre de la Résolution 1325 en Afrique de l’Ouest..................ii

SOMMAIRETRIBUNE N° 13 : GENRE ET PROCESSUS DE RECONSTRUCTION POST-CONFLIT

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TRIBUNE N° 13 : GENRE ET PROCESSUS DE RECONSTRUCTION POST-CONFLIT

TRIBUNE N°13 / Décembre 2013 3

Lorsqu’une guerre éclate, les femmes sont souvent les premières à subir la durebrutalité et les dernières à être appelées à la table des négociations. Malgré l'augmentation du nombre de femmes en politique et dans les sphèresdécisionnelles, très peu de femmes ont des rôles principaux dans les processusofficiels de négociations de paix et de reconstruction post-conflit, en dépit durôle important qu'elles jouent dans la réconciliation au niveau communautaire.Ces processus ainsi que toutes les institutions liées à la résolution des conflits età la gestion des situations post-conflits, restent dominées par les hommes.

Depuis la fin de la Guerre froide, les femmes représentent seulement quatre pour cent des signataires des accordsde paix, moins de trois pour cent des médiateurs de négociations de paix, et moins de 10 pour cent de tous ceuxqui s’assoient à la table discuter des actions de reconstruction à entreprendre après la cessation des hostilités.Pourtant, les décisions sur des questions telles que le partage du pouvoir, la gestion des ressources naturelles, lessystèmes électoraux, la restitution des terres et des biens, le désarmement, la justice, les réparations et la recons-titution du tissu social peuvent avoir un effet profond sur la vie des femmes et les perspectives d'une paix durable.Ces décisions ont un impact sur la participation politique, la sécurité économique, physique et psychologiquedes femmes, des enfants et de l’ensemble de la population et sur la façon dont les crimes commis contre lesfemmes et les jeunes filles sont perçus et poursuivis.Dans plusieurs processus de reconstruction après les conflits (en Syrie, en Lybie, en République Démocratiquedu Congo, en Somalie, au Soudan, etc.) il y a eu peu d'occasions pour les femmes de participer directement, endépit des résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies qui en appelle à l’inclusion et à une implicationdirecte des femmes lors de la définition des priorités pour la reconstruction dans leurs pays.L’implication des femmes est un investissement productif pour bâtir une paix durable. Elles lient les stratégiesde reconstruction à la vie des personnes affectées par le conflit. Elles aident à obtenir une large implication socialedans la paix. La résolution 2122 du Conseil de Sécurité des Nations Unies, adoptée en octobre 2013, énonce des mesures spé-cifiques visant à protéger les droits des femmes, y compris leur droit à la santé sexuelle et de la reproduction. Elleexpose des mesures afin que les délégations aux négociations de paix, les leaders nationaux post-conflit, lessoldats de maintien de la paix, les médiateurs, les ministres des Affaires étrangères et leur cabinet metent enœuvre les obligations définies dans les résolutions 1325 (2000), 1820 (2008), 1888 (2009), 1889 (2009), 1960 (2010)et 2106 (2013).Avec l’adoption de la résolution 2122, le Conseil de sécurité reconnaît que l'inégalité basée sur le genre, tout

EDITORIAL

SERIE SUR GENRE ET CONFLITS

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comme la pauvreté, est une injustice qui alimente des conflits et compromet la paix, et que l'égalité des sexes etune participation active des femmes sont essentielles pour la paix et la sécurité internationales. Le Conseil de sé-curité « Entend metre davantage l’accent sur les questions relatives aux femmes et à la paix et à la sécurité dansle cadre des travaux qu’il mène dans tous les domaines thématiques pertinents inscrits à son programme de tra-vail, notamment la protection des civils en période de conflit armé, la consolidation de la paix après les conflits,la promotion et le renforcement de l’état de droit dans le contexte des activités de maintien de la paix et de la sé-curité internationales, la paix et la sécurité en Afrique, les menaces contre la paix et la sécurité internationales ré-sultant d’actes de terrorisme, et le maintien de la paix et de la sécurité internationales »Nous – leaders et organisations des droits des femmes - devons donc davantage intégrer dans nos stratégies etplan d’actions des initiatives plurielles pour soutenir les efforts de pacification et de reconstruction au sein de noscommunautés après les conflits. Pour ce faire nous devons plaider pour :• la mise en place des politiques économiques qui donnent la priorité aux services publics concernant l’ap-provisionnement en eau et en nourriture, l’assainissement, la santé et l’énergie, les secteurs clés de la vie quoti-dienne et des communautés au sein desquels les femmes effectuent des travaux non rémunérés;• les mesures accordant la priorité en matière de recrutement aux femmes affectées par le conflit et dansles situations d’urgence;• l’adoption de mesures constructives pour garantir les droits socio-économiques des femmes, y comprisen matière d’emploi, de propriété et d’héritage, • la fourniture de soins aux femmes se remetant de blessures et de traumatismes subis durant la guerre,y compris le soutien de spécialistes pour les femmes dont les enfants ont été conçus lors d’un viol et/ou qui ontété ostracisées par leur communauté et leur famille pour avoir été violées;• un appui juridique et social particulier aux femmes qui peuvent donner des informations sur les personness’étant rendues coupables de crimes de guerre et d’ateintes aux droits fondamentaux pendant ou après le conflit,en vue de faciliter l’engagement des poursuites;• l’adoption de budgets genrés pour l’aide humanitaire et la reconstruction postérieure au conflit afin des’assurer que les lignes budgétaires prennent en compte les besoins spécifiques des femmes • la transparence dans l’exécution des budgets afin de s’assurer que les femmes et les filles bénéficierontdirectement des ressources issues de dons multilatéraux ou bilatéraux

Massan d'ALMEIDA Directrice Exécutive

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Lorsqu'une guerre éclate, les femmes sont sou-vent les premières à subir la dure brutalité et lesdernières à être appelées à la table des négocia-tions.

Une résolution adoptée le 18 octobre par leConseil de sécurité de l'ONU nous fait avancerd'un pas plus proche de la pleine participationdes femmes en tant que leaders pour la paix etla sécurité.

Par un vote à l'unanimité, le Conseil a adoptéune résolution qui met en place des mesuresplus fortes pour permetre aux femmes de par-ticiper à la résolution des conflits et à la recons-truction, et indique qu'il incombe au Conseil desécurité, aux Nations Unies, aux organisationsrégionales et aux Etats membres d'éliminer lesobstacles, créer l'espace, et de fournir des siègesà la table pour les femmes.

Malgré l'augmentation du nombre de femmesen politique et dans la direction des entreprises,très peu de femmes ont des rôles principauxdans les négociations de paix officielles, endépit du rôle important qu'elles jouent dans laréconciliation au niveau communautaire. Lesnégociations de paix et toutes les institutionsliées à la résolution des conflits, restent domi-nées par les hommes.

Depuis la fin de la Guerre froide, les femmes re-présentent seulement quatre pour cent des si-gnataires des accords de paix, moins de troispour cent des médiateurs de négociations depaix, et moins de 10 pour cent de tous ceux quis'assoient à la table pour négocier au nom d'unepartie au conflit.

Pourtant, les décisions sur des questions tellesque le partage du pouvoir, la gestion des res-

AFRIQUE: DONNER LE POUVOIR AUX FEMMES RENFORCE LA PAIX ET LASÉCURITÉ INTERNATIONALES

Par Phumzile Mlambo-Ngcuka

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sources naturelles, les systèmes électoraux, larestitution des terres et des biens, le désarme-ment, la justice et les réparations peuvent avoirun effet profond sur la vie des femmes et lesperspectives d'une paix durable. Ces décisionsont un impact sur la participation politique, lasécurité économique et physique des femmes,et sur la façon dont les crimes de guerre contreles femmes sont perçus et poursuivis.

Dans plusieurs processus de résolution desconflits actuels, comme ceux en Syrie, en Répu-blique démocratique du Congo ou en Somalie,il y a eu peu d'occasions pour les femmes departiciper directement. L'ONU-Femmes espèreque cete nouvelle résolution du Conseil de sé-curité déclenchera des opportunités pour uneimplication directe des femmes, définissant despriorités pour la reconstruction dans leurs pays.Il peut exister quelques investissements meil-leurs pour bâtir une paix durable que l'implica-tion des femmes. Elles lient les pourparlers à lavie des personnes touchées par le conflit. Ellesaident à obtenir une large implication socialedans la paix. Par conséquent, l'ONU-Femmesinvestit dans le développement de coalitions defemmes pour influencer les négociations.

En 2012 au Mali, par exemple, après que les

femmes étaient régulièrement ciblées lorsquedes groupes extrémistes s'étaient emparés de lapartie nord du pays, entraînant le viol et le ren-voi des femmes de la fonction publique, il étaitdit aux femmes de rester en dehors de l'espacepublic. Avec les hommes qui fuyaient les at-taques et le recrutement forcé de la part desforces rebelles, les femmes étaient abandonnéespour diriger les ménages sans aucun moyenpour chercher de l'eau ou de la nourriture, oupour ateindre le monde extérieur en vue d'uneaide.

Cete histoire n'est pas inhabituelle. Ni ce quis'est passé par la suite. Les femmes à travers leMali ont exigé leur inclusion dans les efforts derésolution du conflit qui ont commencé immé-diatement au Burkina Faso voisin. En réponse,l'ONU-Femmes a commencé à convoquer degrandes réunions de femmes issues de la so-ciété civile et des dirigeants gouvernementauxà travers le pays afin de définir leurs proprespriorités pour la paix et exiger un espace à latable des négociations.

L'ONU Femmes a pris des dispositions pourque quatre femmes leaders de la paix voya-gent pour participer aux négociations de paixà Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso.

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Sans une invitation, elles ont assisté aux négo-ciations et ont tiré la sonnete d'alarme sur lesataques contre des femmes et des filles et surla situation désastreuse à laquelle elles sontconfrontées dans des camps de réfugiés etdans les villes occupées par les forces armées.Elles ont exigé leur inclusion dans les effortsvisant à stopper les combats afin que leurs be-soins puissent être satisfaits et leurs droits hu-mains protégés.

La résolution 2122 du Conseil de sécuritéénonce des mesures spécifiques visant à proté-ger les droits des femmes, y compris leur droità la santé sexuelle et de la reproduction. Elleexpose des mesures afin que les délégationsaux négociations de paix, les leaders natio-naux post-conflit, les soldats de maintien de lapaix, les médiateurs, les ministres des Affairesétrangères et leur cabinet metent en œuvre lesobligations définies dans la résolution 1325 duConseil de sécurité, la première demandantl'implication des femmes dans la résolutiondes conflits, adoptée il y a 13 ans.

Cela est important parce que parfois, il fautune femme pour faire une différence. Ce

n'était seulement qu'au moment où il y avaitplus de femmes dans les tribunaux pénaux in-ternationaux qu'il y avait une augmentationsignificative des inculpations listant la vio-lence sexuelle comme un crime de guerre.Et la nomination par l'ONU d'une femmecomme envoyée principale pour la résolutiondes conflits - Mary Robinson, envoyée spécialepour la région des Grands Lacs - a apportéune nouvelle approche à la médiation. Dansles premiers mois de sa prise de fonction, ellea convoqué une conférence massive defemmes leaders à travers la région à Bujum-bura, la capitale du Burundi, pour orienterson travail et la voix à suivre.

Avec l'adoption de cete résolution le 18 octo-bre, le Conseil de sécurité reconnaît quelquechose de très important: que l'inégalité baséesur le genre, tout comme la pauvreté, est uneinjustice qui alimente des conflits et compro-met la paix, et que l'égalité des sexes et uneparticipation totale des femmes sont essen-tielles pour la paix et la sécurité internatio-nales.

Source : IPS, octobre 2013

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Le but de cet article est de réaliser une analysedes rôles des femmes dans le cadre des conflitsarmés, notamment la gestion et la résolutionpacifique des conflits. Ensuite, il cherchera à ob-server de manière critique des mécanismes departicipation et d’accompagnement des vic-times, mis à la disposition des femmes dans lespays actuellement en conflit ainsi que les op-portunités d’intervention pour les organisationsféminines.

Actuellement et partout dans le monde, lesconflits armés ont de graves répercussions surles femmes et les filles : viols, esclavage sexuel,déplacements forcés et grossesses non désiréessont juste quelques-unes des manifestations deviolences envers les femmes. On estime que lenombre de pertes civiles dans les conflits ac-tuels avoisine les 90% et concernent pour la plu-part des femmes et des enfants (ONU Femmes,2009).

Cependant, la condition ainsi que la participa-tion des femmes dans les conflits armés ne peu-vent pas être négligées. Certes, la division des

rôles entre les sexes et les rapports de genre sontreproduits, voire renforcés dans les guerres.Comme le signale Armelle Le Bras-Chopard, entemps de conflit armé « les femmes sont le plussouvent reconduites dans leurs activités tradi-tionnelles et placées dans une position subal-terne … La perception courante veut que leshommes soient des soldats ou des agresseurs etles femmes des épouses, des mères, des infir-mières, des assistantes sociales et des travail-leuses du sexe… » (Bridge, 2003 : 7).

Dès lors, les femmes dans les guerres sont per-çues comme des victimes, et par la suite,comme des actrices manquant d’outils cléspour la résolution des conflits. Ainsi, le rôle desfemmes en tant que défenseures des droits hu-mains et actrices de paix, est souvent sous-es-timé. Pourtant, elles travaillent au sein desmouvements pour la paix, elles sont chargéesd’assurer le bien-être de leurs familles pendantet après les conflits, et elles lutent pour la dé-fense de leurs droits dans différents espaces.L’image hégémonique des femmes en tant quevictimes est restreinte, et ne permet pas la di-

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FEMMES, ACTRICES DE PAIX ET VICTIMES : LES DEUX VISAGESDES CONFLITS ARMES

Par Liliana Liz Carolina PARDO GUERRERO, Collaboratrice du ROFAF

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versité, donc, elle néglige la richesse et ténacitédes groupements des femmes qui s’opposent àla guerre (Truno, 2007 : 14). Malgré cete remar-quable mission, elles restent toujours absentesdans les négociations de paix et autres typesd’initiatives liées à la construction d’une sortiepacifique aux conflits.

Les mécanismes qui visent à garantir cete par-ticipation et à éliminer cet écart, dont les réso-lutions du Conseil de Sécurité des NationsUnies (1325,1820, etc.), représentent un effortdans ce sens mais sont encore très loin de favo-riser un vrai positionnement des femmes dansces espaces. Il est alors utile de se demander sices mécanismes sont vraiment adaptés auxconflits actuels ? Correspondent-ils aux aspira-tions des femmes ? Contribuent-ils à la partici-pation des organisations des femmes ?

Il faut signaler que les conflits armés ont des ef-fets particuliers envers les hommes et lesfemmes. Les situations de guerre exacerbent lesinégalités fondées sur le sexe, la race, l’âge et laclasse. Ainsi, les femmes et les enfants sont leplus souvent touchées par des crimes tels queles violences sexuelles, l’esclavage sexuel, lesavortements forcés, etc. ; cependant, cete réalitécomprend également les hommes qui peuventaussi être victimes de certains types de cescrimes.

Les femmes occupent différents rôles (actif etpassif) pendant et après les conflits. D’une part,

elles subissent différents types de violencespendant les conflits et/ou restent à l’écart en tantque victimes. Cete situation peut être expli-quée par la peur, la honte, le manque de voiesde participation ou tout simplement le déses-poir dans l’avenir.

D’autre part, les femmes sont souvent très ac-tives dans la défense des droits des populationsvulnérables et aussi dans l’atention aux vic-times, notamment dans la résolution desconflits. En Afrique, Asie et Amérique Latine,les mobilisations des femmes sont de plus enplus présentes et dynamiques dans lescontextes de conflit et post conflit, notammentdans les processus de pacification et de recons-tructions. L’exemple de la Caravane Pacifiquedes femmes en Colombie est très illustratif : «elles lutent pour que les femmes ne soient passeulement vues comme des victimes de laguerre mais comme des actrices sociales et po-litiques du processus de négociation et deconstruction de la paix… ces mobilisations so-ciales répétées expriment le désaccord desfemmes avec la guerre comme forme de résolu-tion des conflits » (www.adequations.org/)

Aussi, elles peuvent se retrouver comme partieprenante du conflit de manière volontaire ouforcée : « en Angola, en Ouganda et en Erythrée(dans le conflit l’opposant à l’Ethiopie), lesfemmes ont eu un rôle très actif et ont souventoccupé des postes stratégiques dans le déroule-ment des conflits… souvent combatantes ou

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mobilisatrices des troupes par un soutien deproximité aux soldats. Elles peuvent fournir dessoins et l’assistance par des soins infirmiers, outout simplement en s’occupant de la logistiquealimentaire … » (Nomo Zibi, 2009 :2)

Cependant, il ne faut pas oublier que lesfemmes et filles soldats se voient ainsi confron-tées à des violences particulières au sein des

groupes armés. Nous pouvons constaterqu’elles sont aussi victimes, touchées par lesrapports d’inégalités reproduits par les conflitsarmés. Le cas de la RDC montre le drame desfilles soldats que « les officiers, qui les utilisentcomme esclaves sexuelles, les retiennent dansla forêt. Et, surtout, elles sont le plus souvent re-jetées par leurs familles quand elles reviennent»(Toeka Kakala, IPS, 2010).

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INTRODUCTION

La nature des conflits a subi une transformationradicale au cours des dernières décennies. Desguerres entre pays constituaient la forme pré-dominante des conflits armés. Des guerres d’in-dépendance qui étaient motivées par desobjectifs idéologiques et politiques transfor-mées en conflits violents ces dernières années,sont devenues plus complexes et multidimen-sionnelles dont les facteurs sont dus à des iné-galités socio-économiques entre des groupes,l’exclusion politique, des conflits pour des res-sources naturelles et leur distribution, lemanque d’emplois, des griefs concernant la cor-ruption, des injustices réelles ou perçues, desviolations des droits de l’homme, etc.

Il faut chercher les clés d’une refondation afri-caine là où s’impose également l’interventionde nouveaux acteurs, surtout des femmes donton connaît le lourd tribut qu’elles payent en tantque victimes des violences irraisonnées de

notre temps. Il existe aujourd’hui une diversitéd’instruments relatifs aux femmes. Ces instru-ments qui réglementent l’implication desfemmes dans les processus de prévention desconflits et de construction de la paix à tous lesniveaux contribuent par là même au relèvementdes sociétés post-conflits. Il s’est opéré une meil-leure compréhension du rôle des femmes dansl’instauration d’une paix durable ; du statut ex-clusif de victimes de guerres, elles sont passéesà celui de participantes actives aux processusde paix. Nous pouvons nous référer à certainsde ces instruments qui existent au niveau globalcomme le Protocole de Maputo met un accentparticulier sur la promotion de l’égalité entre leshommes et les femmes à tous les niveaux de lasociété en Afrique.

En outre, la Commission de l’Union Africaine amarqué, en des documents pertinents, la placequi doit désormais revenir aux femmes enAfrique. Elle a défini des objectifs, formulé desrecommandations et même exigé le suivi de

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ROLES ET PLACE DES FEMMES DANS LA PREVENTION, LA GESTION, LARESOLUTION DES CONFLITS ET LA CONSOLIDATION DE LA PAIX

Par Mme Mama KOITE DOUMBIA, Présidente deFEMNET/Mali

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celles-ci. Elle a organisé, en son sein, la paritéentre les hommes et les femmes.

DEFIS A RELEVER

Malgré des cadres politiques élaborés au niveauinternational et national, des femmes font faceà d’énormes défis quant à leur participation auxprocessus de consolidation de la paix et à la tra-duction des instruments normatifs en véritablesdroits.

Des textes et mécanismes peinent à se traduireen politique. Il reste beaucoup à faire en termesd’appropriation locale des textes et mécanismessous- régionaux et régionaux.Un grand travail doit être fait aux niveaux desautorités aux niveaux local et national, notam-ment des parlementaires et des forces de dé-fense et de sécurité qui manquent cruellementd’information dans ce domaine.

Dans le cadre de la mise en œuvre de la résolu-tion 1325 du Conseil de Sécurité de l’ONU, parexemple, il a été demandé aux Etats parties demetre en place des Plans d’actions nationaux(PAN). Au niveau de la CEDEAO, douze Etatssur quinze l’ont fait dont la plupart ne sont pasassortis de financements adéquats et l’implica-tion des femmes dans les questions de sécuriténationale, n’a jamais été bien accueillie, ni sou-tenue par les détenteurs du pouvoir politique,moins encore par les forces armées :

•La femme est la cible privilégiée dans lesconflits armés. Elle est la principale victime desviolations des droits humains fondamentaux :traitements cruels, inhumains et dégradants(viols, viols massifs, harcèlements, grossessesnon désirées, contamination VI H/SIDA ou IST,esclavage sexuel, lapidation, restrictions, etc.),•Les femmes jouent un rôle clé dans les proces-sus de prévention, de maintien et de consolida-tion de la paix et de reconstruction de ladémocratie,•la capacité des femmes à influencer réellementles processus de paix est souvent compromisepar la menace ou l’expérience réelle des vio-lences sexuelles basées sur le genre (VSBG), qui,habituellement, s’aggravent pendant et aprèsles conflits armés et par les préjugés sociaux(coutumes, traditions) qui sont des obstacles àla pleine participation politique des femmesdans de nombreux pays,•les femmes ne sont ni représentées de manièreadéquate au niveau de la prise de décision niimpliquées dans les négociations et accords depaix alors qu’elles portent toujours le fardeaude la guerre, •les organisations et initiatives de paix desfemmes sur le terrain sont marginalisées ouignorées,•les besoins différenciés sont souvent ignoréslors des périodes de reconstruction post-conflit.

La réflexion sur les rôles et les responsabilitésdes femmes dans la gouvernance et la préven-tion des conflits passe par l’identification du

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statut de la femme dans les sociétés concernées.Car c’est le statut qui permet de cadrer le rôledans la société, dans tous ses aspects.

ROLES DES FEMMES DANS LA PREVEN-TION ET LA RESOLUTION DES CONFLITS

Les femmes jouent un rôle crucial dans les ef-forts de prévention et de résolution des conflitsà travers des actions de sensibilisation auxchangements divers dans l’environnement ;d’information et de communication. Elles n’hé-sitent aucunement à se constituer en média-trices/restauratrices de la confiance et enfacilitatrices. Ce sont elles qu’on sollicite sou-vent pour la transmission des messages desparties concernées lors des négociations, pourl’identification des stratégies efficientes pour lamédiation. Véritables stratèges, elles ont récem-ment poussé plus loin leur implication en tra-vaillant au renforcement de l’approche genreaux niveaux des forces armées et de police.

ROLES DES FEMMES DANS LA CONSOLI-DATION DE LA PAIX

La consolidation de la paix un vaste cadre poli-tique qui renforce la synergie entre les effortsconnexes de prévention des conflits, de rétablis-sement et de maintien de la paix, de relèvementet de développement, dans le cadre d’un effortcollectif et soutenu visant à édifier une paix du-rable.• La femme africaine préfère agir dans

l’ombre et dans le prolongement naturel deleurs rôles de mère et de sœur, et plus dans lasphère domestique que publique, • Dans nos sociétés africaines en général,si le pouvoir institutionnel et public est sûre-ment masculin, le pouvoir stratégique est fémi-nin, • La Femme est prédisposée naturelle-ment à jouer un rôle régulateur dans la sociétécomme une « force d’intégration » à l’opposé del’homme « force de désintégration », • elle peut constituer une force de propositionscapables d’inverser les tendances,• consolidation des maillons ou points focauxde la chaîne de médiation,• Faire respecter les engagements des Etats enfaveur d’une plus grande participation desfemmes leaders dans les processus de négocia-tion et règlement des conflits au plus haut ni-veau.

QUELQUES STRATEGIES ET ACTIONS

En réalité, les femmes dont le pourcentage at-teint 50 % dans toutes les sociétés africainespeuvent et doivent agir en prenant leur destinen main. Elles doivent :• s’armer de courage et de volonté politiquepour aller à la conquête des cimes de la gouver-nance, si élevées qu’elles soient,• avoir des idées claires de leur statut donc deleur rôle qui ne soit pas celui de « bétail électo-ral » politique seulement dans la gouvernance,• se faire entendre dans tous les aspects de né-

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gociation de la paix,• encourager la formation et l’éducation à labonne gouvernance, • renforcer leur conscience citoyenne au mêmetitre que chez les hommes,• établir des programmes d’information, d’édu-cation et de formation,• fédérer des initiatives susceptibles d’assureret de garantir le renforcement des capacités desfemmes.

En vue de favoriser l’émergence d’un leader-ship féminin dans la construction de la paix etla restructuration sociale pour une société pluséquitable, il faut :

• renforcer la solidarité entre les femmes pourla promotion de leurs statuts, de leurs rôles etde leurs responsabilités au niveau national,sous régional, régional et international pour dé-velopper des synergies et promouvoir les droitsde la femme. La solidarité est très faible entreassociations et ONG féminines,

• soutenir financièrement et psychologique-ment les femmes victimes de violences qui sou-haitent porter plainte afin que la justice puisseleur être rendue par des juridictions nationalesou internationales. Bien souvent, les femmesvictimes de violences n’osent pas demanderjustice par peur de représailles ou du regard deleurs communautés. Un soutien doit être ap-porté à ces femmes pour qu’elles puissent êtrereconnues comme victimes et que leurs bles-

sures physiques, psychiques et sociales puis-sent être prises en compte et réparées,

•établir des programmes de visites, d’échangesaussi bien au niveau local, national que régio-nal,• entreprendre des activités de promotion desolidarité nationale, sous régionale et régionale,•favoriser les rencontres entre les femmes lea-ders d’horizons divers, •plaidoyer /lobbying auprès de la Commu-nauté internationale pour un financement ac-crue de l’Egalité des sexes (OMD3),•favoriser les rencontres intergénérationnellesentre femmes : Le partage d’expériences entrefemmes d’hier et d’aujourd’hui peut être un vé-ritable moteur pour les nouvelles générations.Cela pourrait encourager les jeunes à poursui-vre les combats menés par les anciennes et àcelles-ci de passer le flambeau aux jeunes.

CONCLUSION

La consolidation de la paix est l’affaire de tous,gouvernement, nationaux, partenaires interna-tionaux, la société civile et communautés lo-cales, qu’ils participent au maintien de la paix,au développement et aux activités humani-taires. La prise en main du pays est primordialeet implique l’ensemble des acteurs et partiesprenantes au niveau national, notamment la so-ciété civile, le secteur privé et le grand public.Ce sont donc les citoyens des pays où la conso-lidation de la paix est en cours qui sont respon-

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sables en premier lieu de l’édification d’unepaix durable.

La participation égale des femmes et deshommes au processus de paix contribue à unepaix plus inclusive et durable. La paix est la clédu développement. Cete paix sans laquelle

aucun idéal ne peut être ateint, aucun dévelop-pement durable n’est possible.Le monde ne se construira pas sans les femmes!!!Sans paix, il n’y a pas de développement !!!Sans développement, il n’y a pas de paix !!!

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Des femmes cultivent le champignon et la to-mate en apprenant la gestion et l’agriculture eten metant leurs finances en commun, tout encombatant la stigmatisation sociale et en af-frontant la violence sexiste.

« J’ai été diagnostiquée séropositive en 2008. J’aiété infectée dans le camp » dit Angélique, mèrede cinq enfants, qui vit dans le camp de réfugiésde Gihembe dans la Province du Nord duRwanda. Angélique est originaire de la régiondu Masisi en République démocratique duCongo (RDC), et elle vit au camp depuis 1997.Le camp de Gihembe abrite près de 20 000 ré-fugiés congolais, femmes et hommes.

La verdure luxuriante de la campagne rwan-daise forme un contraste saisissant avec lesconstructions en terre séchée du camp de réfu-giés de Gihembe. La vie dans le camp suit son

propre rythme : des chants légers s’élèventd’une église au centre du camp et flotent surles collines ; on entend partout les rires des en-fants qui jouent ; les gens font la queue pourl’eau et l’on aperçoit des femmes faisant la les-sive et la cuisine. Il y a un petit marché ouvert,au milieu des maisons, où l’on vend du char-bon, des tomates et des oignons.

Cependant, les réfugiés restent un groupe vul-nérable, pris entre la difficulté à retourner chezeux et, à défaut, celle qu’il y a à s’intégrer com-plètement à leur pays d’accueil. Certains des ré-fugiés du camp de Gihembe vivent là depuisl’ouverture du camp en 1997, tandis que d’au-tres ont été rapatriés en RDC, mais ont dû en-suite revenir au camp en raison de l’instabilitéde leur pays. Les possibilités en matière de dé-veloppement des compétences et de création demoyens de subsistance sont limitées, car la po-

LES RÉFUGIÉES CONGOLAISES VIVANT AVEC LE VIH PROGRESSENT SURLA VOIE DE L’AUTONOMIE

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Par ONU Femmes

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pulation du camp est entièrement dépendantede l’aide humanitaire.

Au Rwanda, les femmes et les filles représen-tent près de 60 pour cent des adultes vivantavec le VIH. La probabilité d’une infection auVIH est dix fois plus élevée chez les jeunesfemmes de 18-19 ans que chez les jeunes gar-çons du même âge.

Élégante dans sa robe en kitenge bleu, un tissutraditionnel africain aux couleurs vives, Angé-lique est assise dans le bureau de coordinationdu projet VIH du camp. Elle est l’une des béné-ficiaires du projet REWARD (Refugee Womenin Agriculture for Rural Development – Réfu-giées de l’agriculture pour le développementrural), financé par ONE UN-Rwanda [regrou-pant ONU Femmes, l’ONUSIDA, le HCR (HautCommissariat des Nations unies pour les réfu-giés) et le PAM (Programme alimentaire mon-dial)], qui a pour objectif de rendreéconomiquement autonomes les réfugiées vi-vant avec le VIH.

Angélique est l’une des cinquante femmes vi-vant avec le VIH qui cultivent le champignon etla tomate. Le projet REWARD fournit égale-ment un supplément alimentaire aux femmesqui ont des besoins nutritionnels particuliers en

raison de leur statut sérologique VIH.

Chacune des femmes consacre une journée en-tière par semaine au projet. Programmant elles-mêmes leur emploi du temps au sein dugroupe, les femmes sont en mesure de s’orga-niser de façon à pouvoir remplir égalementleurs tâches domestiques. Les femmes se réu-nissent régulièrement pour discuter aussi biende problèmes propres aux femmes, notammenten matière de santé et de finances, que de lacoordination du projet. Metant en communleurs ressources financières et leurs économies,les membres du groupe prennent leurs déci-sions par consensus. L’une des femmes a été dé-signée comme trésorière ; c’est elle qui fixe laquantité de champignons à vendre et la quan-tité réservée à la consommation des membres.

« La coopérative cultive des champignons pourla première fois et les récoltes sont bonnes », ditAngélique. « Je vais utiliser l’argent pour lanourriture, l’éducation et la santé de mes en-fants, et pour les autres besoins ».

Non seulement ce projet stimule l’autonomisa-tion économique des femmes, mais il contribueégalement à créer chez elles un sens d’apparte-nance à la communauté et de solidarité, ce quia pour effet de réduire grandement leur vulné-

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rabilité sur le plan matériel et social.

D’après la coordinatrice du programme VIH deGihembe, Mme Peripeti Musabyimana, 1,4 %de la population totale du camp est séroposi-tive. La stigmatisation reste l’un des plusgrands défis auxquels sont confrontés les réfu-giés vivant avec le VIH. Elle se manifeste pardes commérages dans le camp aboutissant àl’exclusion des activités sociales, et aussi par desactes de violence.

« Les enfants abandonnent parfois l’école, parceque les autres les tourmentent ou se moquentd’eux à cause de leur séropositivité », dit MmeMusabyimana.Elle explique que les femmes vivant avec le VIHà Gihembe sont victimes d’une double discri-mination, d’une part du fait de leur maladie et,d’autre part, à cause des rôles sociaux tradition-nels fondés sur le genre et de la discriminationdécoulant de la prédominance masculine dansle camp. Il en résulte une stigmatisation socialeet des actes de violence contre les femmes, maisdes efforts sont faits pour s’ataquer à ces deuxquestions.

Au camp de Gihembe, une association qui s’ap-pelle Tubeho (« Vivons ! »en kinyarwanda) aideà luter contre la stigmatisation et offre un sou-

tien aux femmes vivant avec le VIH. Elle vise àaméliorer leur sécurité économique et à préve-nir des actes de violence sexiste – un problèmegrave en dépit des efforts du camp pour les pré-venir et y réagir.

Grâce à leur toute nouvelle indépendance éco-nomique, les femmes du groupe ont vu s’amé-liorer leur confiance en elles et leur statut ;l’exemple de femmes entrepreneures vivantavec le VIH joue un rôle important dans la lutecontre la stigmatisation.

Mme Ntuzamukunda a été élue comme leaderdu projet. Elle a pour tâche de diriger la coopé-rative et d’organiser les réunions du groupe. In-terrogée sur les défis, elle répond : « Lesfemmes ont du mal à concilier leurs responsa-bilités. Elles travaillent dur, à la maison commesur leur projet ».

Ayant déjà identifié les cultures les plus renta-bles, les femmes ont récolté 300 kg de champi-gnons dans un premier temps. Un kilo dechampignons vaut environ 1 000 RWF (soit 1,47dollar US) à la vente. Les femmes reçoivent uneformation en gestion et en agriculture tout aulong des différentes phases du projet.Elles ontouvert un compte bancaire pour metre en com-mun leurs économies et pouvoir étendre leurs

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activités à d’autres domaines.

Angélique exprime son espoir de pouvoir unjour retourner dans son pays. Elle a l’intentiond’y cultiver des champignons à son retour.

Financés par le Fonds ONE UN, ONU Femmeset ses partenaires HCR, ONUSIDA et PAM ap-portent un soutien financier et technique auprojet REWARD

Source : ONU Femmes, février 2014,htp://www.unwomen.org/fr/news/stries/2014/2/congolese-refugees-living-with-hiv

Photo : Une résidente du camp de réfugiés deGihembe cultive.Crédit: ONU Femmes/Stephanie Oula

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La Journée internationale de la femme n’est passimplement une date sur un calendrier. C’estl’occasion non seulement de renouveler notredétermination à faire du monde un endroit pluspacifique et plus prospère, mais aussi de recon-naître qu’un monde dans lequel les possibilitésoffertes aux femmes se multiplient est unmonde dans lequel les possibilités pour la paix,la prospérité et la stabilité se multiplient encoredavantage.

Je le constate tous les jours en ma qualité de se-crétaire d’État. Alors même que le régime d’As-sad continue de larguer des barils d’explosifssur Alep, montrant au monde le vrai visaged’un régime brutal, les Syriennes, elles aussimontrent au monde leur vrai visage, parchaque acte de courage et de persévérance.Nous avons entendu quelques-unes de cesfemmes remarquables prendre la parole à Mon-treux pas plus tard que le mois dernier.

Leurs récits révèlent la bravoure d’innombra-bles autres Syriennes. Une femme d’Idlib a tra-

vaillé avec l’Armée syrienne libre pour faire ensorte que les habitants de son village puissentrester dans leurs foyers et continuer à cultiverleur terre. Une autre, d’Alep, s’est débrouilléepour faire lever les restrictions sur l’accès deshumanitaires en offrant de la nourriture auxsoldats du régime aux postes de contrôle. Si celane symbolise pas le courage au combat, je nesais pas quel exemple le ferait.

Il n’y a pas qu’en Syrie que les femmes nous of-frent l’espoir pour résoudre un conflit. Ellessont indispensables à la réalisation de nos ob-jectifs communs de prospérité, de stabilité et depaix. C’est tout aussi vrai qu’il s’agisse de met-tre fin à nos batailles ou de relancer l’économie.Le fait est que ce sont les femmes qui portent leplus lourd fardeau en temps de guerre. Maisleur voix ne se fait entendre que trop rarementdans les négociations de paix.

IL FAUT QUE CELA CHANGE

Les pays qui valorisent les femmes et leur don-

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Par La Croix

POUR JOHN KERRY, LES FEMMES SONT ESSENTIELLES À LA PAIX

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nent les moyens de participer pleinement à laprise de décisions sont plus stables, plus pros-pères et plus sûrs. L’inverse est également vrai.Quand les femmes sont exclues des négocia-tions, la paix qui s’ensuit est plus ténue. Laconfiance est érodée, les droits de l’homme et laresponsabilité sont souvent ignorés.

Dans de trop nombreux pays, les traités sont ré-digés par des combatants pour des combat-tants. Rien d’étonnant, dès lors, que plus de lamoitié des accords de paix tombent à l’eau aucours des dix premières années suivant leur si-gnature. L’inclusion des femmes dans le main-tien de la paix et la prévention des conflits peutinverser cete tendance.

COMMENT FAUT-IL DONC PROCÉDER ?

Des éléments recueillis à travers le monde mon-trent que les conflits mortels sont plus suscep-tibles d’être évités, et la paix mieux établie etprotégée, quand des femmes sont mises sur unpied d’égalité. Voilà pourquoi nous nous em-ployons à soutenir les femmes dans les zonesde conflit et post-conflictuelles dans le monde.

En Afghanistan, nous plaidons pour la partici-pation et l’élection de femmes à tous les niveauxde gouvernance. Aujourd’hui, les Afghanesvont de l’avant d’une manière qui aurait été ini-maginable il y a dix ans seulement. Elles mon-tent des entreprises. Elles siègent au Parlement.Elles enseignent et elles travaillent comme mé-

decins et comme infirmières. Elles constituentle fondement sur lequel se construit l’avenir del’Afghanistan.

Tandis que les Birmans cherchent à résoudre leconflit qui sévit dans leur pays depuis des dé-cennies, les États-Unis soutiennent la participa-tion significative des femmes au processus depaix et aux initiatives intercommunales en fa-veur de la paix.

Nous savons que la sécurité des femmes est es-sentielle à leur participation à l’établissement dela paix. C’est pourquoi nous veillons à ce queles femmes aient un accès égal à l’aide et aux se-cours humanitaires, où que nous soyons.De surcroît, les États-Unis montrent l’exemple.Ma sœur travaille aux Nations unies depuis denombreuses années, suivant les traces de notrepère au Département d’État bien des annéesavant moi. C’est une pionnière. Mais elle n’estpas seule.

CE N’EST PAS UNE COÏNCIDENCE...

... si certains de nos plus hauts diplomates et né-gociateurs pour la paix sont des femmes : deSusan Rice, la conseillère chargée de la sécuriténationale, à Samantha Power, la représentantepermanente des États-Unis à l’ONU, à HeatherHigginbotom, secrétaire d’État adjointe, àWendy Sherman, sous-secrétaire d’État chargéedes affaires politiques. Aujourd’hui, à une ex-ception près, tous les secrétaires d’État régio-

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naux adjoints sont des femmes.

Nous célébrons leurs accomplissements, nonseulement parce qu’elles sont des femmes, maisaussi parce que leur travail dans le monde en-tier renforcera la sécurité de tout le monde –hommes et femmes, garçons et filles.

LA PAIX N’EST PAS L’ABSENCE DECONFLIT

C’est la présence de chaque membre de la so-ciété dans une action commune visant à pro-mouvoir la stabilité et la prospérité.

Aucun pays ne peut réussir tant que tous ses ci-toyens n’ont pas les moyens de contribuer à sonavenir. Et aucune paix ne peut s’inscrire dansla durée si les femmes n’ont pas les moyens dejouer un rôle central. Aujourd’hui, nous pre-nons acte du chemin parcouru par les femmesà travers le monde – mais, ce qui est plus im-portant encore, nous nous engageons sur le che-min qui reste à parcourir.

Source : La Croix, Avril 2014 , htp://www.la-croix.com/Actualite/Monde/Pour-John-Kerry-les-femmes-sont-essentielles-a-la-paix-2014-03-08-1117128

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Les groupes de femmes de la société civile ontbrillé par leur absence lors de la conférence dé-cisive des bailleurs qui s’est tenue en Haïti le 31mars, et a permis au pays de récolter des pro-messes de dons de 5,3 milliards de dollars, àverser au cours des deux prochaines annéespour faciliter son rétablissement à la suite duséisme.

Leur absence lors de la conférence était le signegénéral d’un manque de prise en compte del’opinion des femmes quant aux perspectivesde reconstruction à long terme en Haïti, selonles activistes de l’égalité des sexes.

« Pourquoi ne sommes-nous pas là maintenant? Où sont les femmes à cete conférence ? », s’estinterrogée Marie St. Cyr, défenseuse haïtiennedes droits humains. « Nous ne participons pasencore pleinement [au processus] et nous n’ysommes en aucun cas pleinement incluses. Lesfemmes haïtiennes continuent à être violées…ce sont elles qui subviennent aux besoins deplus de la moitié des foyers et pourtant, on ne

les entend pas».

Plus d’une centaine de groupes de femmes ontassisté à une conférence alternative organiséepar MADRE, organisme new-yorkais de dé-fense des droits. Mme St. Cyr a expliqué qu’ellefaisait pression depuis un mois pour participerà la conférence des bailleurs, mais n’avait reçuaucune réponse de la part des divers coorgani-sateurs, dont les Nations Unies, et les gouver-nements haïtien et américain.

Une vision plus audacieuse

Représentante de l’Etat du Massachusets, néeen Haïti, Marie St. Fleur, qui représentait ladiaspora à la conférence principale, a dit qu’ellen’était pas surprise de n’apercevoir dans l’assis-tance que quelques visages de femmes. Le textede l’Evaluation des besoins post-catastrophe(PDNA), plan de rétablissement publié par legouvernement haïtien, présentait le mêmemanque de diversité des sexes, a-t-elle expliqué.

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Par IRIN

HAÏTI: LES FEMMES EXIGENT UN RÔLE DANS LA RECONSTRUCTION

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« La reconstruction doit être envisagée de ma-nière plus audacieuse, et à l’heure actuelle, lesfemmes n’ont pas de place très claire dans ceprocessus », a dit Mme St. Fleur à IRIN. « Maisje pense que nous faisons erreur quand on ditque les femmes doivent avoir une place : il nefaut pas qu’elles soient reléguées dans un coincomme cela. Les femmes et les filles doiventêtre intégrées à l’ensemble de ce plan. Et ce n’estpas le cas à l’heure actuelle ».

Dans le rapport de PDNA, la reconstruction estdivisée en huit thèmes principaux, dont la gou-vernance, les secteurs des infrastructures, et ledéveloppement de l’environnement et desrisques de catastrophe. Les femmes ne sont in-cluses que dans le « secteur de portée générale», qui traite également de la jeunesse et de laculture. Pour y remédier, le Haiti Gender Equality Col-laborative, une coalition d’organismes de la so-ciété civile, a publié sa propre adaptation dudocument, un « rapport alternatif sexospéci-fique » modifié, lors de la conférence organiséepar MADRE, qui s’est tenue en face du Secréta-riat des Nations Unies. Ce rapport souligne lesproblèmes sexospécifiques qui ne sont pasabordés dans la PDNA haïtienne, et contientdes recommandations de plans d’action tenantcompte des spécificités de chaque sexe.

Permetre la participation des experts de l’éga-lité des sexes à tous les secteurs de la recons-truction, et assurer que les voies de financement

prévoient une allocation de fonds adaptée auxbesoins de chaque sexe fait partie des proposi-tions du rapport alternatif, selon Kathy Man-gones, représentante du bureau haïtien duFonds de développement des Nations Uniespour la femme(UNIFEM).

Plus de temps à perdre

Les femmes d’Haïti n’ont toutefois pas le luxed’atendre pour agir, a noté Mme St. Cyr. Avantle tremblement de terre, elles dirigeaient la moi-tié des foyers du pays, un taux qui a désormaisaugmenté, les femmes accueillant chez elles lesenfants d’autres familles.

Quant à la question de la violence sexuelle, sielle reste aussi extrêmement grave, les rapportsqui en atestent sont rares. Edmond Mulet, directeur par intérim de la mis-sion des Nations Unies en Haïti, connue sous lenom de MINUSTAH, a dit la semaine dernièreau cours d’une conférence de presse que si l’onen ignorait les statistiques exactes, les cas deviolence sexuelle et de viols déclarés étaient deplus en plus nombreux. Les Nations Uniesconsidèrent cete question comme « urgente »,a-t-il ajouté, et prévoient de déployer incessam-ment une Unité de police formée (FPU) bangla-daise, exclusivement composée de femmessoldats de maintien de la paix. Il s’agira de ladeuxième FPU exclusivement composée defemmes jamais déployée par les Nations Unies; selon M. Mulet, la présence de ces femmes

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dans les camps de déplacés, souvent surpeu-plés et mal éclairés, « sera extrêmement utile ».

Ban Ki-moon, secrétaire général des NationsUnies, a noté pour sa part lors de la conférencede presse qui marquait la clôture de la confé-rence principale des bailleurs, qu’il restait «douloureusement conscient, en particulier, descas de violence sexuelle déclarés ». Hilary Clin-ton, secrétaire d’Etat américaine, et HelenClark, administratrice du Programme des Na-tions Unies pour le développement (PNUD)entre autres, ont également évoqué la nécessitéd’accorder la priorité aux besoins des femmes.

Toutefois, sans femme autour de la table, cesbons sentiments n’ont pas abouti, selon Mme

St. Cyr. « Nous devons être entendues, parceque le système nous a lamentablement déçues.Ces échecs systématiques ont montré que notreavis n’avait pas été pris en compte et qu’il n’étaitpas prioritaire », a-t-elle déploré. « Cela va au-delà des mots. Au-delà des lois qui ne sont pasmises en application. Au-delà des dollars. Haïtiest un pays en déliquescence que l’on enterreprogressivement. Ce n’est pas le séisme qui aenterré Haïti ; Haïti est continuellement enterrédepuis des années, et il est temps que nous l'ai-dions à se sortir de là ».

Source : IRIN, avril 2010, htp://www.irin-news.org/fr/report/88674/ha%C3%8Fti-les-femmes-exigent-un-r%C3%B4le-dans-la-reconstruction

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Les femmes sont les principales victimes des ca-tastrophes naturelles et des conflits, mais ellesse montrent aussi les plus dynamiques. Lesagences d’aide humanitaire devraient doncfaire davantage pour que les femmes devien-nent de vrais agents du changement et du dé-veloppement.

Voilà le message qu’il faut retenir de la Confé-rence internationale de Dubaï sur l’aide huma-nitaire et le développement (DIHAD) qui s’estdéroulée du 25 au 27 mars sur le thème de l’aidehumanitaire et les femmes. Cete conférence arassemblé des centaines de membres desagences des Nations Unies, des organisationsnon gouvernementales (ONG), des agences debailleurs de fonds, des organisations régionaleset de la Fédération internationale des Sociétésde la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

La conférence a souligné l’importance d’atri-buer aux femmes un vrai pouvoir de décisionet des rôles de leadership ainsi que la nécessitéde soutenir les politiques d’égalité entre les

hommes et les femmes en assurant un niveaude financement suffisant pour qu’elles ne res-tent pas des engagements sur papier et pour ob-tenir des résultats.

« Le plus souvent, ce sont les femmes qui subis-sent les conséquences dévastatrices [des crises]– qu’elles soient physiques, psychologiques, so-ciales ou économiques », a dit Ertharin Cousin,directrice exécutive du Programme alimentairemondial (PAM), aux participants à la confé-rence.

L’utilisation généralisée du viol comme armede guerre n’est que l’un des signes montrantque les femmes sont souvent prises pour cibledans les conflits.

Les femmes et les enfants courent 14 fois plusde risques de mourir au cours d’une catas-trophe naturelle que les hommes, selon une re-cherche universitaire. Oxfam a indiqué que letsunami de 2004 en Asie aurait tué quatre foisplus de femmes que d’hommes.

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Par IRIN

LES FEMMES, VICTIMES DU CONFLIT OU AGENTS DU CHANGEMENT ?

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Cela est souvent lié à la vulnérabilité préexis-tante des femmes dans de nombreuses sociétéset au fait qu’elles ont tendance à s’occuper desenfants et des personnes âgées.

« Il est temps de briser le silence qui pèse surles femmes oubliées des zones oubliées », a ditMme Cousin. «Nous pouvons y remédier enécoutant la voix des femmes, en reconnaissantles défis qui se présentent à elles, en prenant encompte leurs capacités ainsi que leurs besoins».

Dans les situations de crise, les besoins spéci-fiques des femmes vont de la protection contreles violences sexuelles au soutien qui leur estapporté lorsqu’elles endossent leur nouveaurôle de soutien de famille.

« Les femmes ont des besoins différents et spé-cifiques, et elles peuvent avoir un point de vuesensiblement différent sur la manière de répon-dre à ces besoins », a dit Son Excellence la chei-kha Lubna Bint Khalid Al Qasimi – ministre dela Coopération internationale et du Développe-ment des Émirats Arabes Unis.

Mme Bint Khalid Al Qasimi a été la premièrefemme à occuper un poste de ministre d’ungouvernement des Émirats arabes unis. Plutôtque de considérer les femmes uniquementcomme des victimes ou des bénéficiaires del’aide, a-t-elle dit, « il nous faut aller au-delà decela et les voir comme des agents du change-ment, des négociatrices de paix et des fournis-

seurs d’assistance ».

Maria Teresa Garrido, conseillère Femmes etGuerre au Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a dit qu’il fallait faire atentionaux stéréotypes de genre.

« On associe les femmes à la paix, à la tendresse… et les hommes à la guerre, à l’agressivité, à laviolence … mais cela ne constitue qu’un por-trait partiel », a-t-elle dit.

«Ces perceptions erronées limitent réellementla manière dont nous nous adressons auxhommes et aux femmes, la manière dont nousles percevons et la manière dont nous tra-vaillons avec eux. Les femmes ne sont pas seu-lement des victimes … elles sont aussi desagents de la reconstruction, elles vont de l’avantet elles trouvent des réponses à leurs situa-tions».

Selon Claire Melamed, Directrice du Pro-gramme croissance, pauvreté et inégalité del’Institut de développement d’outre-mer (Over-seas Development Institute, ODI), les femmesélaborent souvent de meilleures stratégies desurvie que les hommes. Dans un article de blogpublié en janvier, elle a dit que l’idée selon la-quelle « les femmes sont toujours les victimesles plus vulnérables en situation d’urgence » estun mythe.

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L’égalité entre les hommes et les femmes n’estpas seulement un droit

Les voix et les besoins des femmes sont ignoréspour de multiples raisons. Certaines organisa-tions d’aide humanitaire se disent « trop occu-pées » lorsqu’elles interviennent en situationd’urgence pour répondre aux besoins spéci-fiques des femmes. Certaines personnes pen-sent que le genre est un problème dedéveloppement à long terme. D’autres soutien-nent que les organisations qui viennent en aideaux femmes sont déjà chargées de traiter lesproblèmes de genre. Mme Cousin a égalementnoté que le secteur de l’aide humanitaire estprincipalement dominé par les hommes.

Cependant, les panelistes ont affirmé que leproblème du genre n’est pas seulement unequestion d’équité : il faut également améliorerles chances de survie des femmes et des fillesen situation d’urgence. Ainsi, selon Mme Cou-sin : « Le genre est l’affaire de tous ».

Plusieurs panelistes se sont intéressés au rôledes femmes dans la lute contre l’insécurité ali-mentaire, en notant le rôle important desfemmes comme soutien principal et, dans bonnombre de scénarios de conflit, comme chef defamille.

« Les femmes jouent un rôle essentiel pour lasécurité alimentaire, car elles ont une influenceénorme sur les moyens de subsistance du mé-

nage », a expliqué Mona Chaya, coordinatriceadjointe de l’objectif stratégique Résilience del’Organisation des Nations Unies pour l'alimen-tation et l'agriculture (FAO).

En Asie, six agriculteurs sur dix sont desfemmes, mais « les politiques d’aide humani-taire ont longtemps ignoré les femmes en tantque producteurs alimentaires », a noté la prin-cesse Haya Bint Al Hussein, Messager de lapaix des Nations Unies.

Citant en exemple un projet mis en œuvre auTchad avec le soutien de la FAO – un projet vi-sant à l’amélioration des rendements agricolespar l’octroi de ressources aux femmes - MmeChaya a souligné : « Le genre n’est pas unequestion à part. Au contraire, elle fait partie in-tégrante du travail de développement ... Il s’agitd’un outil pour le développement agricole etpour la sécurité alimentaire et nutritionnelledans les situations de paix et d’urgence ».

Intégration

Heureusement, les politiques d’égalité entre leshommes et les femmes sont de plus en plus sou-vent incluses dans la programmation générale,un point souligné par Kristalina Georgieva,Commissaire européen à la coopération inter-nationale, l'aide humanitaire et réaction auxcrises.

« En Europe, notre engagement en faveur des

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femmes et notre engagement en faveur de l’aidehumanitaire convergent … Nous prenons lacompréhension des besoins des femmes très ausérieux ».

Le bras humanitaire de la Commission euro-péenne, ECHO, a récemment adopté une nou-velle politique du genre dans les interventionshumanitaires qui comprend trois volets : l’inté-gration d’une perspective de genre dans tousles programmes, les actions ciblant les femmeset le renforcement des capacités.

En termes pratiques, cela va de la planificationde l’installation des éclairages dans les campsde réfugiés aux transferts d’espèces ciblant spé-cifiquement les femmes au renforcement descapacités des partenaires dans le traitement desquestions liées au genre et au renforcement descapacités des femmes pour qu’elles s’en sortentmieux.

Ainsi, l’Organisation internationale des migra-tions (OIM) a formé des habitantes des zonesrurales à l’élaboration de solutions de réductiondes risques de catastrophes adaptées à leurcommunauté.

Le Département britannique pour le dévelop-pement international (DFID) introduit aussiune exigence relative à la prise en compte de laquestion de l’égalité des genres dans toutes sesactions de développement et ses interventionshumanitaires – de l’élaboration à l’évaluation et

au suivi.

D’autres entreprennent des efforts d’intégrationdes programmes liés au genre. La NotationGenre du Comité permanent inter-agence(IASC), lancée en 2009, est un outil permetantde noter un projet humanitaire en fonction desa capacité à assurer aux hommes et auxfemmes un bénéfice égal.

Mise en pratique

Mme Georgieva a ajouté qu’il était importantde « montrer l’exemple » et elle a dit : « Il fautdavantage de femmes sur le terrain … qui par-lent et qui agissent ».

Les panelistes ont souligné l’importance de laprésence d’un personnel féminin à tous les ni-veaux des organisations, des dirigeants aux re-censeurs qui interrogent les personnes affectées.

Un effort particulier doit être consenti pour as-surer la pleine participation des femmes à laplanification des réponses humanitaires, ont ditles panelistes, car les femmes sont souventmieux informées sur les besoins de leur com-munauté.

« Je pense que nous ne pouvons pas nous per-metre de ne pas inclure les femmes dans lesprocessus de prise de décision, d’élaboration,de budgétisation – dans tous ces processus », adit Farah Kabir, Directrice exécutive d’Actio-

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nAid au Bangladesh, « car dans ce cas, nousperdons la moitié des points de vue, la moitiédes idées, et nous ne trouvons pas forcémentdes solutions pratiques ».

Il faut cependant agir avec précaution et s’assu-rer de la participation des hommes. Dans le cascontraire, donner du pouvoir aux femmes dansla distribution de l’aide pourrait entraîner unemontée des violences à leur égard, a soulignéWendy Fenton, coordinatrice du Réseau despratiques humanitaires de l’ODI.

Financement

Il est non seulement essentiel de donner auxfemmes la possibilité d’accéder à des rôles deleadership importants, mais aussi d’avoir un fi-nancement régulier.

« Tout le monde parle du renforcement de l’au-tonomie des femmes, des marqueurs de genre,de l’aide aux femmes », a dit Muna Abu Suli-man, secrétaire générale fondatrice de la Fon-dation Alwaleed Bin Talal d’Arabie saoudite etAmbassadrice de bonne volonté du Programmedes Nations Unies pour le développement(PNUD).

« … Une atention croissante a été accordée auxfemmes et aux filles en tant qu’agents du chan-gement au cours de ces dernières années et desengagements ont été pris en matière d’égalitéentre les hommes et les femmes. Mais cete at-

tention ne s’est pas traduite par le financementd’organisations de femmes ou par un change-ment en profondeur».

Les fonds sont souvent morcelés et accordéssous la forme de petits montants, a-t-elle dit.Bon nombre d’organisations doivent luter pourleur survie en raison du caractère à court termedes financements qu’elles reçoivent et même lesorganisations de femmes bien établies qui pro-posent des solutions novatrices sont dans l’in-capacité de renforcer leurs actions. Des étudesont également montré la nécessité de finance-ments adaptés en situation d’urgence complexeafin d’avoir la flexibilité nécessaire pour répon-dre aux besoins des femmes.

Mme Abu Suliman, une personnalité influentedans le secteur des médias en Arabie saoudite,a exhorté les gouvernements des pays duMoyen-Orient à diriger leur « aide étrangère etleur travail de développement très généreux »vers « les causes et les organisations liées auxfemmes».

Mais Mukesh Kapila, un enseignant du Huma-nitarian and Conflict Response Institute del’université de Manchester, a émis une mise engarde : le financement des programmes ciblantles femmes et l’accès des femmes aux postes deleadership ne suffiront pas tant que les struc-tures sociétales qui favorisent la vulnérabilitédes femmes ne changeront pas.

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TRIBUNE N° 13 : GENRE ET PROCESSUS DE RECONSTRUCTION POST-CONFLIT

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Afin de remédier à ce problème, l’OIM a formédes officiers de police pour metre un terme autrafic des femmes.

Cependant, « malgré l’atention croissante ac-cordée au genre au cours de ces 15 dernières an-nées, il y a encore un long chemin à parcourirpour s’assurer que les réponses humanitaires

reflètent les capacités, les ressources et les be-soins des femmes », a dit Mme Cousin.

Source : IRIN, mars 2014, htp://www.irin-news.org/fr/report/99868/les-femmes-victimes-du-conflit-ou-agents-du-changement

Photo: Jodi

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TRIBUNE N° 13 : GENRE ET PROCESSUS DE RECONSTRUCTION POST-CONFLIT

TRIBUNE N°13 / Décembre 2013 31

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Depuis 1994, la dégradation de la situation po-litique a amené en Haïti un certain nombre denouveaux acteurs qui investissent le terrainavec un capital symbolique et dans une logiquedont on peut difficilement déchiffrer la signifi-cation profonde. Le remarquable cri deconscience de Ricardo Seitenfus[1] est un gestesans artifice posé dans la bonne direction. Endénonçant la monstruosité de l'agencementopéré par la communauté internationale pourtenter d'instituer la paix sociale, Seintenfuslance un pavé dans la marre et lance un appeldramatique à la réflexion. En réalité, l'effet demondialisation a conduit à un affaiblissementde l'État haïtien et à son contournement par lesONG.

L'État n'a plus les moyens d'assumer son rôlerégalien. La prise en compte d'un tel imbroglionécessite des investissements considérablesdans l'innovation institutionnelle pour permet-tre le vivre-ensemble et éviter une somalisationdéstabilisatrice. Les acteurs externes devraientse donner pour tâche de contrecarrer la gouver-

nance anarchique en aidant l'État haïtien à re-conquérir sa souveraineté. Haïti est fondamen-talement victime de la premièreinternationalisation[2] esclavagiste et colonia-liste qui l'a marginalisé dès sa naissance et dé-veloppé une mentalité d'assiégé chez ses élites.Les acteurs externes devraient s'engager autre-ment sur le terrain pour aider l'État à créer lecadre normatif de sa puissance, pré-requisd'une autre gouvernementalité[3], i. e. d'uneautre manière d'orienter la conduite deshommes et des femmes.

L'engagement des acteurs externes considéré iciva dans le sens proposé par Laurent Thévenot,soit d'une transformation de la dépendance enpouvoir[4]. Engagement basé sur la familiarité,«engagement perceptif non limité à la vi-sion»[5] et servant de propédeutique à une ré-vision des rapports de pouvoir entremultinationales et État au 21e°siècle. Par unevraie solidarité, on permet à l'État haïtien de ré-duire sa dépendance par rapport aux entités ex-ternes avec une stratégie façonnant sa propre

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TRIBUNE N° 13 : GENRE ET PROCESSUS DE RECONSTRUCTION POST-CONFLIT

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Par Leslie Péan

LE SENS ET LE RÔLE DES ACTEURS EXTERNES DANS LA RECONSTRUCTION D’HAÏTI

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évolution. En ce sens, le renforcement des dis-positifs publics dans les secteurs stratégiquesdevient vital et permet d'augmenter leur effica-cité dans la prestation des services atendus.L'enjeu est de rendre à l'État son rôle de défen-seur de l'intérêt général afin qu'il puisse préve-nir et gérer les crises majeures. La société civiledoit luter contre la marginalité et l'exclusion enfaveur d'une gouvernementalité qui réduit ladomination dans les relations de pouvoir.

L'approche botom-up

Il faut absolument privilégier certaines optionscontre la pauvreté de masse pour éviter que lareconstruction ne soit une simple reproductionde ce qui a existé avant le séisme. Il importe decontribuer à promouvoir des politiques qui fa-cilitent l'évolution des comportements, particu-lièrement dans le domaine de l'environnement.Une politique de conscientisation doit êtremenée pour réaliser un développement durableet participatif (DDP) permetant une meilleuredistribution des revenus et l'accès des massesaux services sociaux de base. Les acteurs ex-ternes peuvent contribuer à un recentrage surl'action locale en appuyant une réelle politiquede décentralisation et d'aménagement du terri-toire qui parte de la section communale et de larégion.

La reconstruction idéelle

Les facteurs non économiques comme le savoir,

le capital social, la confiance, la réciprocité, lepouvoir jouent un rôle non négligeable dans ledéveloppement. La reconstruction ne sauraitlaisser de côté la question du pouvoir et de ladomination qu'on trouve au cœur des blocagesconfrontés par la société haïtienne. Cete optionrevient à encourager l'éclosion de nouvellesécoles de pensée et la profusion de débats parl'intelligentsia francophone mais aussi créolo-phone. L'inventaire critique des conceptions dutemps, de la vérité, du réel, de l'harmonie doitêtre fait sans concessions. Aucune renaissancen'est possible sans un courant de pensée qui lasous-tende. Les Haïtiens ont un besoin de res-sourcement qu'ils peuvent commencer à satis-faire en réhabilitant par exemple tous leursmonuments historiques.

En redonnant sa valeur à l'esthétique, les Haï-tiens contribueront à jeter les bases nécessairespour sortir de la souffrance indicible charriéedans l'inconscient, occasionnée par les désas-tres, les ruines et les mutilations du beau. Maisils ont également besoin de sortir du carcanidéel qui maintient la majorité dans la soumis-sion. Il importe d'inventorier le stock d'idées re-ligieuses, politiques et sociales qui bloquent lalibération de la grande majorité des Haïtiens.Comme le montre Maurice Godelier, la «domi-nation la plus forte n'est pas la violence des do-minants, mais le consentement des dominés àleur propre domination[6].» Il importe donc dedéconstruire la structure de ce consentement.

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Pour saisir, par-delà les mains qui agissent, lecerveau qui donne l'influx nerveux à ces ac-tions.

En effet, Godelier nous explique : « Pour metreet maintenir "au pouvoir", c'est-à-dire au-des-sus et au centre de la société une partie de la so-ciété, les hommes par rapport aux femmes, unordre, une caste, une classe par rapport à d'au-tres ordres, castes ou classes, la répression faitmoins que l'adhésion, la violence physique etpsychologique moins que la conviction de lapensée qui entraîne avec elle l'adhésion de lavolonté, l'acceptation sinon la "coopération" desdominés[7].»

Encourager les débats de fond

L'établissement d'un observatoire de la dépen-dance est crucial pour mesurer l'évolution desvariables clés de la dépendance alimentaire vis-à-vis de l'extérieur. Cet observatoire devraitcontribuer à effacer l'image artificielle d'uneHaïti où il fait bon vivre, répandue par les 4%de la population contrôlant 66% du revenu na-tional. Image intériorisée par des factions desclasses moyennes pour légitimer l'inertie de-vant le gâchis. Le séisme a détruit le voile main-tenu dans les consciences sur cete réalité demisère dont les 900 camps éparpillés dans l'es-pace métropolitain constituent la pointe de l'ice-berg. Mais certains continuent de se mentir endétournant leurs regards vers une Haïti vir-tuelle dont ils ont la nostalgie.

Les acteurs externes peuvent aider les Haïtiensà cerner l'origine et la nature des problèmes dujour. Les bases de données de la CEPAL, de laBID, des Nations Unies peuvent suppléer auxstatistiques haïtiennes pour bien montrer lafausseté de la propagande d'un âge d'or. Àmoins de penser que l'immense majorité des75% des moun andeyò [8](des exclus du festinquotidien des nantis) qui vivent aujourd'huiavec moins de deux dollars par jour ne font paspartie de la nation haïtienne. La mise en placede politiques appropriées dans les domaines del'éducation et de l'agriculture prendra acte dece constat affligeant de la réalité. Ce faisant, lepays favorisera la matière grise nécessaire àl'éclosion des savoirs tout en accordant la prio-rité absolue à l'agriculture vivrière.

Les débats de fond doivent être encouragéspour trouver des solutions pratiques permet-tant de sortir de la culture d'apartheid domi-nante d'une élite qualifiée de morallyrepugnant par un diplomate américain, maisqui ne se considère pas plus répugnante que lesautres élites du monde[9]. Les prétentions desHaïtiens à un développement sont légitimesmais le pays ne dispose pas des moyensconcrets à l'actualisation de ses prétentions. Lagouvernance réelle du pays n'intègre pas le sa-voir dans sa fonction de croissance. La cassureopérée par la dictature duvaliériste a eu poureffet de faire partir à l'extérieur l'intelligentsiaprivant ainsi les nouvelles générations du sa-voir de base nécessaire à la maitrise de

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TRIBUNE N° 13 : GENRE ET PROCESSUS DE RECONSTRUCTION POST-CONFLIT

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l'environnement.

Mais plus important, l'hémorragie intellectuellea affecté négativement la conscience nationalequi est restée confinée à la minuscule place d'unnationalisme culturel autoritaire et n'a pas puse développer dans les domaines de la science,de la technique et de la finance. L'interventionextérieure peut aider non seulement à l'amélio-ration des rapports sociaux mais aussi au déve-loppement des compétences individuellesindispensables à un développement durable.Volonté d'insouciance, refus de mémoire etaveuglement délibéré paralysent la compréhen-sion de l'histoire récente du pays, mais surtoutouvrent grande la voie au faux savoir des ap-prentis sorciers qui partagent le pouvoir poli-tique avec des partenaires économiques qui ontbénéficié de la dictature. L'avenir ne peut toutsimplement pas être vu par des gens qui mar-chent les yeux fermés et qui en plus se bouchentles oreilles pour ne pas écouter les appels répé-tés pour un débat national sur les causes decete monumentale régression caractérisée parla paupérisation accélérée de diverses couchessociales.

A un moment où les normes antisismiques sontpromues dans la construction avec l'appui desacteurs externes, il importe de prêter atentionaux failles sociales qui fragilisent la refondationde la vie en Haïti. La pragmatique des compé-tences nécessaires pour accompagner des inves-tissements à hauteur de 10 à 15% du revenu

national sur une décennie exige de douloureuxarbitrages. Le développement du sens d'appar-tenance de tous à ce pays est nécessaire pour in-tégrer les Haïtiens de la diaspora, les paysans,les femmes et les jeunes dans la vie nationale.Pour metre fin à la fragmentation sociale et aurepli sur soi des clans dirigeants d'une société àcourte vue, la contribution des acteurs externesà la réparation des torts et à l'anéantissementdes préjugés causés par deux siècles d'embar-gos peut se faire de mille façons. De la créationd'une société de dialogue à une révolution duregard.

**Leslie Péan est économiste et écrivain Haïtien.

________________________________________[1] Arnaud Robert, «Haïti est la preuve del'échec de l'aide internationale», Entretien avecRicardo Seintenfus, Le Temps, Genève, Suisse,19 décembre 2010.

[2]Frederick Cooper, “Le concept demondiali-sation sert-ilà quelque chose?”, Critique inter-nationale, numéro 10, janvier 2001.

[3] Michel Foucault, «Résumé du cours Du gou-vernement des vivants», dans M. Foucault, Ditset écrits, II, 1976-1988, Paris, Gallimard, 1980.Voir aussi Michel Foucault, Sécurité, territoire,population. Cours au Collège de France, 1977-1978, Paris, Gallimard/Seuil, Hautes Études.

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TRIBUNE N° 13 : GENRE ET PROCESSUS DE RECONSTRUCTION POST-CONFLIT

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2004. Voir enfin Michel Senellart, «Situation descours», dans Michel Foucault, Sécurité, terri-toire, population. Cours au Collège de France,1977-1978, Paris, Gallimard/Seuil, HautesÉtudes, 2004.

[4]Laurent Thévenot, L'action au pluriel. Socio-logie des régimes d'engagement, La Décou-verte, , Paris, 2006, p. 238.

[5]L. Thévenot, « Le régime de familiarité. Deschoses en personne », Genèses, n° 17, sept. 1994,p. 87.[6] Maurice Godelier, «La partie idéelle du réel– Essai sur l'idéologique», L'Homme, vol. XVIII,n. 3-4, 1978, p. 176.

[7] Ibid.

[8] Gérard Barthélémy, Le Pays en Dehors, Port-au-Prince, Editions Henri Deschamps, 1989.

[9] Robert Faton Jr, Haiti and Strategic Culture,University of Virginia, September 2009, p. 6.

Source :htp://alainet.org/active/43436&lang=es, Articlerédigé pour la revue d'ALAI América Latina enMovimiento, décembre 2010, No. 461, intitulé"Haití a un año del terremoto: deudas pen-dientes" htp://alainet.org/publica/461.phtml.

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TRIBUNE N° 11 : GENRE ET GESTION DES CONFLITS

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Elles sont les oubliées des après-guerres enAfrique. Les jeunes filles soldats, enrôlées dansles forces armées rebelles et gouvernementalesdu continent africain, sont les oubliées desaprès-guerres. Essentiellement en raison dusexisme qui préside à l’élaboration des pro-grammes de réinsertion des enfants soldats,selon les auteurs de Où sont les filles ?, uneétude basée sur les conflits mozambicain, sierraléonais et angolais. Le processus de désarme-ment au Liberia, qui a repris le 16 avril, aprèsquatre mois d’interruption, ne devrait pas dé-roger à la règle.

Où sont passées les filles enrôlées dans lesforces armées, rebelles ou gouvernementales,des pays africains ? Pas dans les camps de dés-armement et de réinsertion de l’ONU, en toutcas, ou ont les comptes sur les doigts de la main.Parce que nombre d’entre elles, le conflit ter-miné où l’évasion réussie, choisissent de rentreren catimini dans leur communauté d’origine.Mais surtout parce que « des biais sexistes ont

faussé la conception et la mise en œuvre desprogrammes de Désarmement, démobilisationet réhabilitation (DDR). Ce qui a fait que lesfilles ont été, à peu de choses près, exclues desprogrammes et des allocations de DDR ». C’estl’une des conclusions des chercheuses SusanMcKay et Dyan Mazurana, révélée à l’issue detrois ans et demi de recherches sur les conflitsrécents ou en cours au Mozambique, en Angolaet en Sierra Leone.

Trois ans et demi durant lesquels elles ont in-terrogé de jeunes ex-combatantes, ainsi que desfonctionnaires de l’ONU, des gouvernementslocaux et des ONG locales et internationales quiœuvrent sur le terrain. Leur but : faire évoluerles mentalités de ces mêmes acteurs, qui fontpasser au second plan la réinsertion des fillessoldats. Leurs conclusions, réunies dans unlivre intitulé « Où sont les filles », ont été pré-sentées le 3 mars dernier devant la Commissiondu statut de la femme des Nations Unies. L’or-ganisme international a depuis inséré un CD

OÙ SONT LES FILLES (SOLDATS) ?

Par Susan McKay et Dyan Mazurana

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TRIBUNE N° 13 : GENRE ET PROCESSUS DE RECONSTRUCTION POST-CONFLIT

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Rom pédagogique, qui reprend les résultats decete recherche, dans le pack de ses futurs fonc-tionnaires.

Démonter un AK pour rentrer

« Mais ces conclusions n’ont pas été prises encompte pour restructurer les camps de désar-mement qui ont rouvert leurs portes, le 16 avrildernier, au Liberia », estime Ariane Brunet,coordinatrice du projet qui a fait le voyage enSierra Leone à plusieurs reprises. Et pour cause,le processus de DDR de Sierra Leone est consi-déré comme un modèle par les responsablesonusiens et sert d’exemple à celui du Liberia.Pourtant, se souvient la responsable de « Droitset Démocratie » (organisation canadienne nonpartisane), « aucuns des besoins spécifiquesd’une jeune fille n’était pris en compte dans lescamps de réinsertion sierra léonais ». Ces der-nières « étaient tout simplement parquées dansun lieu, sans aucune sécurité vis à vis de l’écra-sante majorité de garçons qui se trouvaient là ».De fait, les quelques filles qui étaient parvenuesà franchir les portes du camp finissaient rapi-dement par fuir. Sur les 22 500 enfants qui com-posaient le mouvement rebelle sierra léonais duFront uni révolutionnaire (RUF), 7 500 étaientdes filles. Seules 43 d’entre elles ont participé auprogramme de DDR, contre 3 229 garçons.

Dans leurs recommandations, Mc Kay et Mazu-rana incitent les Nations Unies, les gouverne-ments et les ONG internationales à «

reconnaître que le fait d’exiger la possessiond’une arme et la connaissance de son manie-ment, comme billet d’entrée au programme deDDR, en bloque l’accès à de nombreuses filles». En effet, si ils en sont en théorie dispensé, lestémoignages des enfants prouvent qu’ils doi-vent le plus souvent remetre une arme et effec-tuer le test du démontage-remontage d’un AK47 pour accéder aux programmes, comme c’estle cas des adultes. « Le but principal des auto-rités », avoue Ariane Brunet, « est de retirer lesarmes des combatants. Et ce test ne fait queconforter les acteurs locaux et internationauxdans leur idée que les filles, dans ces conflits, nesont que des « civiles associées aux troupes ».

Une notion simpliste dans laquelle « militaires,représentants gouvernementaux et fonction-naires de l’aide » plaçaient « les femmes, lesfilles et leurs enfants pour ne pas avoir à s’enoccuper », estiment les auteurs. « Outre le faitque le nombre de femmes enrôlées dans lesgroupes armés est sous-estimé, leur fonction esttrop souvent réduite à celle d’« esclavessexuelles » ou d’« épouses captives », expliqueAriane Brunet. « Alors qu’elles étaient chargéesde l’espionnage, de la formation des enfantskidnappés, des pillages, notamment de pro-duits médicaux... »

Un retour difficile

Autant d’expériences, qui, paradoxalement,font prendre confiance en elles à ces jeunes

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TRIBUNE N° 13 : GENRE ET PROCESSUS DE RECONSTRUCTION POST-CONFLIT

TRIBUNE N°13 / Décembre 2013 38

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filles, cantonnées à des rôles moindres dansleurs sociétés traditionnelles. « Leur visage revitlorsqu’elles racontent les décisions prises pourle pillage d’un lieu, pourquoi à tel moment etpar tel endroit, comment... », explique ArianeBrunet. Celles qui décident de reprendre le che-min du foyer familial éprouvent ainsi degrandes difficultés à se réadapter et à reprendreles tâches qui leurs sont dévolues. Et plus letemps de captivité est important, plus elles se-ront décrites comme nerveuses, agressives... lessignes de leur difficile réinsertion.

Le fait est que le temps de captivité moyen desex-combatantes est de 4 à 12 ans. Un tempsassez long pour leur permetre, contre leur gré,de procréer. Et le retour dans le village d’ori-gine avec un enfant est encore plus difficile. Enplus de la honte d’avoir été violées, les jeunesmères condamnent leur enfant à être éternelle-ment stygmatisé comme le fils d’un rebelle.

Elles se condamnent également presque auto-matiquement à ne pas retrouver de mari. C’estpourquoi certaines « épouses captives », devantl’absence de perspective, préfèrent devenirl’épouse officielle d’un rebelle.

Seule solution, pour elles, se former. Elles «considèrent la formation professionnelle et l’ac-cès à l’éducation comme la clé de leur réinser-tion sociale », expliquent Mc Kay et Mazurana.Il ne faut pas perdre de vue que nombre d’entreelles ont été arrachées aux bancs de l’école pri-maire. Reste aux acteurs « fonctionnaires del’aide » à leur donner les moyens de reprendreleur vie en main.

Source : Où sont les filles ? de Susan McKay etDyan Mazurana Avec le partenariat de « Droitset Démocratie », htp://www.ichrdd.ca/fran-cais/commdoc/publications/femmes/filles/filles-Menu.html

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TRIBUNE N° 13 : GENRE ET PROCESSUS DE RECONSTRUCTION POST-CONFLIT

TRIBUNE N°13 / Décembre 2013 39

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Lorsque des femmes migrantes retournent chezelles, il arrive qu’elles se trouvent confrontées àdes difficultés de réintégration décourageantes,mais elles peuvent aussi contribuer au dévelop-pement et à la transformation des sociétés danslesquelles elles reviennent.

Quatorze années de guerre civile au Libéria onteu pour effet de déplacer environ un tiers de lapopulation, à la fois à l’intérieur du pays etcomme réfugiés dans des pays Ouest-africainsvoisins, en Europe et aux Etats Unis. Depuis lafin de la guerre en 2003, de nombreux libérienssont retournés chez eux volontairement ou parl’intermédiaire de rapatriements assistés. Lesfemmes doivent faire face à une myriade de dif-ficultés lors du processus de retour, et leurs be-soins sont aussi variés et complexes que lesraisons mêmes qui les avaient poussées à mi-grer. Cependant, les programmes de retour etde réintégration approchent les besoins desfemmes en partant de la perspective qu’ellessont des victimes de systèmes, leur niant ainsi,sans le vouloir, leur capacité à agir en tant que

détentrices de droits. Nous devons nous de-mander comment les sociétés réceptrices peu-vent s’adapter au mieux pour accommoder lesbesoins et les droits des femmes qui reviennentet leur garantir un environnement qui leur per-mete de participer au développement.

Dans les situations d’après guerre il est de plusen plus fréquent que les femmes assument lerôle de chefs de famille mais paradoxalementsans en recevoir ni la reconnaissance et ni laconsidération ; elles n’ont pas les mêmes droitsà la propriété, aux terres ou au capital que leshommes et elles doivent se batre pour subveniraux besoins de leurs familles sans avoir lesmoyens nécessaires pour le faire ou avoir ledroit de les acquérir. Les femmes peuvent avoirété des combatantes ou avoir été utilisées pourservir les combatants ; elles peuvent avoir subides violences sexuelles et sexistes, plus particu-lièrement elles peuvent avoir subi des viols du-rant le conflit. L’incidence des violencessexuelles et sexistes reste élevée au Libéria dufait de la culture de l’impunité. Les femmes qui

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TRIBUNE N° 13 : GENRE ET PROCESSUS DE RECONSTRUCTION POST-CONFLIT

TRIBUNE N°13 / Décembre 2013 40

Par Victoria Ijeoma Nwogu, Conseillère en matière de vio-lence sexuelle et sexiste pour le PNUD au Sierra Leone

RETOUR DANS DES CONDITIONS SÛRES ET CONVENABLESPOUR DES FEMMES AYANT FUI LE CONFLIT AU LIBÉRIA

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ont subi ce type de violences sexuelles etsexistes sont en droit de se demander si leursagresseurs ont été jugés ou s’ils se trouvent en-core dans les mêmes communautés et qu’ils re-présentent encore une menace pour leursécurité et leur survie.

Les femmes de retour ont également des be-soins particuliers en termes de santé qui peu-vent être aussi élémentaires ou complexes quela santé reproductive et la nécessité de guérirdes traumatismes provenant d’expériences né-gatives vécues pendant la guerre. Les femmesqui ont été violées ou qui ont subi certainesformes de violence ou d’exploitation sexuelle(et qui sont possiblement contaminées par leVIH/Sida) sont souvent l’objet de la stigmatisa-tion et n’ont qu’un accès réduit, ou pas d’accès,aux services lorsqu’elles retournent dans leurscommunautés d’origine. De plus, il se peutqu’elles souffrent d’un changement abrupt entermes de rôle et de statut entre la vie qu’ellesavaient en tant que déplacées et leur retourdans des relations de genre datant d’avant leurdépart. Il peut également y avoir conflit cultu-rel, entre une culture peut-être plus libéralequ’elles ont vécue lorsqu’elles faisaient partiede la diaspora et qui reste un élément intégralde la réalité de la femme migrante qui revient,et une culture habituellement patriarcale ausein de leur société d’origine.

Justice transitionnelle

Au Libéria le Fonds de développement pour lesfemmes des Nations Unies (UNIFEM) a initiéun travail révolutionnaire dans le domaine dela justice transitionnelle et du genre, en parte-nariat avec la Commission vérité et réconcilia-tion (CVR), le Secrétariat des ONG de femmesdu Libéria (WONGOSOL), le Centre internatio-nal pour la Justice transitionnelle (ICTJ), l’OpenSociety Initiative pour l’Afrique de l’Ouest(OSIWA) et le Fonds d’Action Urgente. Unesérie de dialogues communautaires régionauxont été organisés afin d’étendre à la fois leconcept et la portée de la CVR et de la justicetransitionnelle aux femmes à l’intérieur descommunautés dont un grand nombre avaientété réfugiées ou déplacées à l’intérieur du paysà cause de la guerre.

Ce projet montre comment une extension et unapprofondissement de l’engagement auprès desfemmes autour du processus de justice transi-tionnelle leur permet de comprendre et de par-ticiper plus fondamentalement au processus depaix. En atirant l’atention sur les besoins im-médiats des femmes, le projet a transporté lesmécanismes de justice transitionnelle vers lesfemmes au sein même des communautés. Celaa créé une sensation de valeur et d’intérêt pourdes femmes qui n’avaient pas eu la possibilitéde se rendre compte que leur propre guérisonétait essentielle pour que la nation puisse gué-rir.

Un projet dirigé par le Gouvernement du Libé-

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ria, soutenu par l’UNFPA et financé par le Gou-vernement du Danemark s’est fixé pour objectifde changer la situation d’impunité de ceux quiont commis des violences sexuelles et sexistesen metant en place et en équipant complète-ment un tribunal spécial pour entendre rapide-ment et de manière adéquate des procédurescriminelles relatives à des violences sexuelles etsexistes. Le projet contribuera également aurenforcement des capacités des professions ju-ridiques et des fonctionnaires de justice travail-lant dans ce tribunal spécial. Le tribunal estéquipé de manière à pouvoir mener des procèsà huis-clos dans des cas de viols, permetantainsi la protection de l’identité de la victime etde celle des témoins en accord avec les normesinternationales.

Reconstruction économique

La décision du retour peut dépendre de la pro-babilité de récupérer des propriétés perdues,des sources de revenus ou d’être capable de seforger de nouveaux moyens de subsistance.L’existence de programmes de reconstructionéconomique et le fait que les populations de re-tour, particulièrement les femmes, puissent yavoir accès, est vital pour garantir une réinté-gration durable. Les programmes relatifs auxbesoins économiques devraient se concentrernon seulement sur l’acquisition de nouvellescompétences mais devraient également penserà fournir des services plus individualisés pouraider les migrants à récupérer ou faire revivre

des compétences déjà apprises, d’anciennespratiques, des travaux ou professions , et ajou-ter de la valeur aux entreprises.

Dans le cadre de l’Initiative basée sur les résul-tats de la Banque mondiale, l’UNIFEM a mis enplace un projet permetant à des agriculteursd’apporter une technologie et des compétencesélémentaires à différents villages à Nimba, ledeuxième comté le plus peuplé du Libéria. LesMinistères du genre et du développement, del’agriculture et des affaires internes, l’UNIFEM,la Banque mondiale, le Centre internationalpour la recherche sur les femmes (ICRW), l’Or-ganisation des Nations Unies pour l’alimenta-tion et l’agriculture et l’UNESCO travaillentensemble avec le Ganta ConcernWomen Group(GCWG) pour aider à transformer la produc-tion à petite échelle du manioc en une véritableentreprise agroalimentaire durable. Dans lecadre de ce projet, le manioc est cultivé sur desterrains fournis par la communauté et destinésexclusivement à des membres du GCWG. Au-paravant, les paysans cultivaient du manioc surdes terrains individuels et vendaient les tuber-cules sous leur forme brute dès qu’elles étaientrécoltées, ne réalisant ainsi que des profits mar-ginaux. Ce projet particulier implique la parti-cipation de l’organisation des agriculteurs dansl’adoption de méthodes améliorées de planta-tion et de récolte du manioc, notamment dansla transformation des tubercules avant leurvente, et leur donne en plus des bases d’alpha-bétisation. Il aide des centaines de femmes à

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réaliser des gains importants en adoptant de lé-gers changements dans la manière dont ellescultivent et vendent le manioc, la plus grosseculture commerciale dans la région. Ce projetagricole bénéficie à 525 femmes et 26 hommes(tous membres de la GCWG) dans 11 villageset communautés.

Le projet a pour objectif de démontrer qu’inves-tir dans les femmes peut contribuer de manièresignificative à la croissance de l’industrie dumanioc au Libéria ainsi qu’à la réduction de lapauvreté au niveau des foyers – et que les pro-jets d’émancipation économique des femmespeuvent contribuer à des changements positifsdans les relations de genre au niveau des fa-milles et des communautés. On espère que legouvernement tirera les leçons des résultats decete intervention et les incorporera dans sesstratégies politiques de réduction de la pau-vreté.

Besoins politiques

Le fait que la voix et les perspectives desfemmes migrantes de retour restent sous-repré-sentées dans les processus de prise de décisionest un problème qu’il est nécessaire de traiterde manière urgente et pragmatique. C’est unproblème qui comporte des implications nonseulement pour les migrants qui reviennentmais aussi pour la société au sens plus large ence qu’elle cherche à garantir la cohésion, la to-lérance et la cohabitation pacifique.

L’autogestion constitue un excellent moyenpour promouvoir la participation politique desfemmes qui reviennent. Est un groupe autogéré(de femmes) n’importe quel groupe intégré pardes femmes qui ont une expérience directe duproblème sur lequel elles travaillent. Le princi-pal bénéfice de l’autogestion en tant que moyende promotion de la participation politique desfemmes provient des réseaux sociaux qu’ellecrée, et à travers lesquels des expériences vé-cues d’exclusion sociale peuvent être exploitéeset devenir une ressource précieuse pour aiderd’autres femmes dans la même situation. L’au-togestion fournit aux membres du groupe l’op-portunité d’assumer de nouveaux rôles sociauxet de contribuer à l’apprentissage individuel etcollectif. C’est ainsi que les femmes sont en me-sure de gagner davantage de confiance en ellesen agissant et, avec l’aide des communautésfortes qui les soutiennent, réussissent à faire va-loir leur droit à participer et à avoir une in-fluence sur leur situation.

La contribution apportée par les femmes au Ré-seau pour la paix (Women in PeacebuildingNetwork - WIPNET) pour metre fin à la guerrecivile du Libéria et reconstruire la démocratieest un bon exemple de la manière dont desgroupes autogérés de femmes peuvent servirde moteur pour faire changer les atitudes et lesnormes, créant ainsi un espace permetant l’en-gagement des femmes à la prise de décisionpendant le conflit et aussi en temps de paix. Atravers la campagne Action en masse pour la

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Page 45: 26013 GENRE & PROCESSUS DE RECONSTRUCTION Genre et … · femmes et les jeunes filles sont perçus et poursuivis. Dans plusieurs processus de reconstruction après les conflits

paix (Mass Action for Peace) – en utilisant desstratégies de résistance non violente – le réseauWIPNET et différentes organisations sœurs(MARWOPNET et LiberianWomen’s Initiative)à l’intérieur du Libéria et à travers la diasporalibérienne, ont réussi à mobiliser des femmesprovenant des différentes religions et affilia-tions ethniques et politiques, de manière à fairepression d’une part sur le gouvernement et lesrebelles pour les pousser à négocier une fin deshostilités en 2003, et d’autre part sur la commu-nauté internationale pour qu’elle intervienne demanière plus concrète pour metre fin auconflit et initier la reconstruction. En s’appuyantsur la Résolution 1325 du Conseil de sécuritédes Nations Unies comme cadre de travail di-recteur, elles ont demandé et ont obtenu quedes femmes soient inclues dans les négocia-tions de paix et dans les processus post-conflic-tuels de désarmement, démobilisation,réhabilitation, réintégration et reconstruction,ce qu’elles ont obtenu non seulement de la partdu gouvernement mais aussi de la part des Na-tions Unies et des autres entités internationales.

L’expérience acquise en termes d’autogestion etde direction dans des situations désespéréespeut être transformée en un outil précieux pourfavoriser un engagement dans des processuspolitiques plus larges. Lors de la préparationdes élections au Libéria en 2005, WIPNET et sespartenaires sont intervenus dans l’exerciced’enregistrement des électeurs pour répondreau défi que représentait le faible enregistrement

des femmes sur les listes électorales, et garantirleur participation comme électrices et aussicomme candidates. Leurs efforts soutenus parl’UNIFEM et d’autres partenaires du dévelop-pement, ont culminé par l’élection de la pre-mière femme Présidente en Afrique, par unnombre plus important de femmes au parle-ment, une représentation accrue des femmes ausein du cabinet, un ministère du genre puissant,et par le renforcement des femmes en généralau sein de la société civile.

Recommandations• Garantir que les programmes de réinté-gration incluent la prestation de soins spéciali-sés et de conseil à l’intention des femmesmigrantes de retour qui ont subi des violencessexuelles et sexistes.• Faire entendre la voix des femmes dansles processus de vérité et de réconciliation.• Individualiser autant que possible lesprogrammes de retour et de réintégration afind’éliminer les menaces spécifiques qui pour-raient empêcher un retour en toute sécurité desfemmes migrantes dans leur communautéd’origine.• Prévoir la formation des femmes mi-grantes de retour pour qu’elles puissent parti-ciper au développement et à la gestion desprogrammes au niveau des communautés – etaussi des entreprises commerciales.• Résoudre les obstacles qui empêchentl’accès des femmes au capital.• Donner les moyens aux femmes mi-

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grantes de retrouver leur profession antérieured’avant qu’elles n’aient été obligées de partir.• Encourager la formation et l’officialisa-tion des groupes autogérés de femmes de re-tour, et leur fournir le soutien techniquenécessaire pour comprendre la situation danslaquelle elles se trouvent, revendiquer leursdroits et obtenir leur propre représentation ;leur fournir une formation dans les domainesdu plaidoyer, de la négociation avec le gouver-nement/les autorités, et de la pratique de la dé-mocratie. • Comprendre le rôle des ONG/de la com-munauté internationale comme une force desoutien plutôt qu’une force directrice ; legroupe autogéré devrait en dernière instanceconserver son pouvoir de décision.La réintégration dans la société des femmes mi-grantes de retour, n’aide pas uniquement à don-ner aux femmes une stabilité psychologique,économique et sociale mais comporte aussi desimpacts positifs plus larges sur l’ensemble de lasociété. Les conséquences de la non-intégrationsont évidentes et une société qui sort tout justed’une crise ou d’une guerre peut difficilementse les permetre. Les besoins sociaux, politiqueset économiques des femmes migrantes de re-tour se recoupent – et combler ces besoins peutavoir un impact important sur la stabilité du re-tour à la paix et des processus de consolidation.Les approches destinées à combler ces besoinsse doivent donc d’être exhaustives et multidi-mensionnelles.

Une version plus longue de cet article a été pré-sentée devant le Groupe sur la Migration lorsdu Colloque international sur l’émancipationdes femmes, le leadership, le développement,la paix et la sécurité, qui s’est déroulé à Monro-via au Libéria en mars 2009. 1 htp://www.unifem.org/ Now part of UNWomen htp://www.unwomen.org/2 htp://www.ictj.org/en/index.html3 htp://www.osiwa.org/?lang=en4 htp://www.urgentactionfund.org/5 htp://www.unifem.org/atachments/pro-ducts/rbi_brochure.pdf6 htp://www.icrw.org/7 Tel que défini par la Global Alliance againstTraffic in Women (GAATW).8 La Résolution 1325 du Conseil de sécurité desNations Unies demande à tous les intéressés,lors de la négociation et de la mise en œuvred’accord de paix, d’adopter une démarche sou-cieuse d’équité entre les sexes lors du rapatrie-ment et de la réinstallation, et en vue durelèvement, de la réinsertion et de la reconstruc-tion après les conflits.9 The Golden Tulip Declaration of LiberianWomen Atending the Peace Talks in Accra,Ghana, 15 March 2003, htp://tinyurl.com/Gol-den-Tulip-Declaration

Source :htp://www.fmreview.org/fr/RDCongo/nwogu.htm

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La démobilisation des femmes ex-combatantes en Colombie Parmi les millions de personnes déplacées en Colombie, un groupe est particulièrement invisible –les femmes et les filles associées aux groupes armés illégaux. Le processus de démobilisation courantne répond pas de façon adéquate aux conséquences des violences sexuelles qu’elles ont subies avant,pendant et après le conflit.Lire la suite sur: htp://www.fmreview.org/fr/pdf/MFR27/39.pdf ONU Femmes salue la sélection de femmes pour négocier avec les FARC ONU Femmes, l'agence des Nations Unies consacrée à l'égalité des sexes, a applaudi vendredi la no-mination de deux femmes au sein de l'équipe de négociation entre les autorités colombiennes et lesrebelles des FARC. Lire la suite sur: htp://french.xinhuanet.com/monde/2013-11/30/c_132930557.htmColombie: des femmes manifestent pour la paix et la paritéDes milliers de femmes ont manifesté vendredi 23/11/2013 à Bogota lors d’une marche en faveur dela paix en Colombie en proie à un conflit armé de près d’un demi-siècle, mais aussi pour la parité, aconstaté une journaliste de l’AFP.Lire la suite sur: htp://www.rofaf.org/actualites/genre-et-conflits/genre-et-gestion-des-conflits-et-des-post-conflits/1795-colombie-des-femmes-manifestent-pour-la-paix-et-la-pariteLe Conseil de sécurité veut placer les femmes à l'avant-garde des processus de paix et de réconci-liation 8 octobre 2013 – Le Conseil de sécurité de l'ONU a réitéré vendredi sa détermination à placer le lea-dership des femmes au cœur de tous les efforts visant à résoudre les conflits et à promouvoir la paix,comme le prévoit sa résolution pionnière 1325, adoptée en 2000.Lire la suite sur: htp://www.rofaf.org/actualites/genre-et-conflits/genre-et-gestion-des-conflits-et-des-post-conflits/1820-le-conseil-de-securite-veut-placer-les-femmes-a-lavant-garde-des-processus-de-paix-et-de-reconciliation

ACTUALITÉS RELATIVES A GENRE ET PROCESSUS DE RECONSTRUCTION POST-CONFLIT ET DE PACIFICATION

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La gestion des ressources naturelles par lefemmes, facteur de paix et de reprise selonl'ONU Assurer que les femmes aient un meilleur accèset contrôlent des ressources naturelles, tellesque la terre, l'eau, les forêts et les minéraux,pourrait améliorer les chances de paix et la re-prise à long terme dans les pays déchirés par laguerre, selon le nouveau rapport conjoint dequatre entités onusiennes intitulé " Les femmeset les ressources naturelles : libérer le potentielpour la consolidation de la paix ", publié le 6 no-vembre à l'occasion de la Journée internationalepour la prévention de l'exploitation de l'envi-ronnement en temps de guerre et de conflitarmé. Lire la suite sur: htp://www.rofaf.org/actua-lites/genre-et-conflits/genre-et-gestion-des-conflits-et-des-post-conflits/1995-la-gestion-des-ressources-naturelles-par-le-femmes-facteur-de-paix-et-de-reprise-selon-lonuLe rôle des femmes africaines dans la consoli-dation de la paix: Et si on les autonomisaitpour changer le monde ?Depuis un certains temps, notre continent estravagé par une multitude de conflits de toutessortes. Le Mali n’est pas en reste, car plongédans un conflit social aïgu. Le tissu social estcomplètement désagrégé. Notre analyse nousamène à faire un tour en Afrique et dans le

monde, afin de dégager le rôle de la femmedans la consolidation de la paix et pourquoipas, inciter nos dirigeants à impliquer plus lesfemmes dans la gestion des conflits. Certes onpeut noter déjà à ce niveau, la récente nomina-tion de Mme Nkosazana Dlamini Zuma, à latête de la commission de l’Union africaine, deMme Aloma Mariam Mukhtar Zuma commeprésidente de la Cour suprême du Nigéria.Lire la suite sur: htp://www.rofaf.org/actua-lites/genre-et-conflits/genre-et-gestion-des-conflits-et-des-post-conflits/1347-le-role-des-femmes-africaines-dans-la-consolidation-de-la-paix-et-si-on-les-autonomisait-pour-changer-le-monde-Les femmes, Grandes Absentes des Processusde Paix ?Les femmes sont-elles les victimes passives desconflits armés ? De nombreux rapports interna-tionaux ont fait état de sévices, de crimes et deviolences à leur encontre. Souvent mises àl’écart des processus de paix, elles restent au-jourd’hui absentes des négociations de sortie decrise. Lire la suite sur: htp://www.rofaf.org/actua-lites/genre-et-conflits/genre-et-gestion-des-conflits-et-des-post-conflits/1380-les-femmes-grandes-absentes-des-processus-de-paix-

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ANNEXE

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