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Source gallica.bnf.fr / CIRAD

La Dépêche coloniale illustrée

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La Dépêche coloniale illustrée. 1906/03/15.

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La Dépêche Coloniale

-

ILLUSTRÉE

15 Mars 1906 (6* Année) N° 5Adresse télégraphique : DeponiaIe-Paris

Code:

A Z françaisDirecteur : J.-PAUL TROUILLET Bureaux :

12, Rue Saint-Georges, ParisTéléphone : 157-47

Les pêtes de la Crémation de J^otfodotn 1

PEU $01 DU CAMBODGE

E divin Norodom, Préa Bat SamdachNorodom, a voulu que des fêtes d'unesomptuosité sans égale dans l'histoiremoderne du Cambodere Drésidassent à

son envolée sous forme de petits nuages versles célestes régions : 450,000 piastres, soit prèsde 1,250,000 francs, turent affectés par ses dis-positions testamentaires aux réjouissances quidoivent, pendant plusieurs semaines, faire tres-saillir d'aise la population de la capitale cam-bodgienne.

Tout à la joie ! Tel pourrait être le cri desorganisateurs de cérémonies mortuaires en lavallée du Mékong. II faut que chacun desassistants s'ébau-disse, loue en son forintérieur ce défunt àl'âme bonne et chari-table qui, même aprèssa disparition de cemonde, songe à luiprocurer plaisir, à luidistribuer largesses.

Prenant le parti leplus sage, Norodom,résolu à laisser unétincelantsouvenir desa disparition, fixalui-même la somme àdépenser.. Il la! pritdans sa cassette per-sonnelle abondam-ment garnie, opulentecomme il n'en seracertes plus de secondeà l'avenir, les listesciviles suivant rare-ment une progressionascendante sous ré-gime de protectorat.

Assistons donc auxdernières des fêtessomptueusesquisedé-rouleronten ce pays.La veillée

mortuaire.Un Cambodgien,

comme un Laotien derang, ne saurait dis-paraître de la scène du monde aussitôt aprèssa mort. S'il était mis en terre ou incinéré dèsle fatal événement, bientôt s'évanouirait sonsouvenir, et ces vaniteux entendentjouer leurrôle dans la comédie humaine le plus long-temps possible.

Les mandarins de tout rang, les gens de for-tune ou de simple aisance sont mis en bière,puis exposés sur un catafalque. Près d'eux, lafamille veille; les parents, les amis, les voisinsse réunissent pour entendre chanter les louan-ges du défunt, qu'on finit par livrer aux flammesen un jour de rabelaisiennes ripailles.

Norodom devait donc être exposé avant defaire connaissance avec le" bûcher. L'on pro-céda, selon les rites, à sa momification par lemercure, qui fût introduit, au moyen d'un en-tonnoir, parla bouche du défunt; chaque soir,

pendant les premières journées qui suivirent lamort, l'on recueillait en un vase d'or les détritusqu'abandonnait le cadavre et, solennellement,les graves personnages de la cour allaient jeterdans les eaux sacrées du Mékong, paquet parpaquet, une partie des restes de leur ancienmaître.

Puis Norodom fut accroupi, recroquevillésur lui-même, emboîté dans uu cylindre d'orpur et exposé à l'intérieur du Palais, dans lepavillon Préa Aloha Monti.

L'historiographe de la cour rédigea pour lesAnnales du Royaume les quelques lignes ci-dessous reproduites, où le lecteur pourra re-

trouver la concision qui fiL de Tacite un histo-rien modèle :

c Né à Mongkol Borey, province de Battam-bong, le samedi douzième jour de la lune crois-sante du troisième mois de Méachtom de l'èrechollassakrach 1197, de l'année du Bouc c MoméSappassak

:8à 3 heures et 10 minutesde l'après-

midi (février 1884), Sa Majesté Préa Bat Sam-dach, connu pendant sa minorité sous lenom de Chraleng et de Reachea Votdey,était fils. aîné de Sa Majesté Préa Bat Sam-dach Préa Hariseac Réaméa Essara ThippedeyPréa An-Duong, roi du Cambodge, et de lareine Samg-dach Préa Vareach Chini Pou,décédée à Oudong le 27 juin 1895, à l'âge de82 ans.

« Nommé Obbarach en 1856 à Bangkok, oùil fut ordonné bonze Phuk (deuxième degré}

dans la pagode Préa Baroniivès, il monta sur letrône à l'âge de 24 à 25 ans.

«Couronné à Oudong, capitale du royaume,

le vendredi 3 juin 1864, à l'âge de 30 ans, SaMajesté Norodom habita depuis Pnom-Penh.

« Elle est décédée à l'âge de 70 ans des suitesd'un cancer à la mâchoire dans son palais royal«Pavillon Préa Monti », au milieu de sa famille,des principales autorités du protectorat et desgrandsdixième dignitaires du royaume, le dimanche

ixième jour de la lune croissante de l'èrechollassakrach 1266, de l'année du Dragon, diteRougchhassak (24 avril 1904) à 5 heures 5 mi-Dutes du s oir, après 45 ans de règne.

»Peu après, l'urnefut exposée dans laPréa Thom Sangvèkou Chapelle desPrières Miséricor-dieuses. Depuis lamort, près de 21 moisse sont écoulés; cha-cun de ces jours,chacune de ces nuitson t entendules lamen-tations des pleureuseset les prières desbonzes, venus en ba-taillons serrés detous les coins duroyaume. Dès le leverdu jour, Norodom eûttrouvé à portée de samain, s'il avait quittél'urne, tous les bijouxd'orciselé qui formentle merveilleux trésorde la couronne desKhmers. Dans lesvases, des fleurs par-fumées; dans les étuisdes feuilles de bételfraîchement cueillies,de la chaux et de lacire renouveléeschaque matin, des ci-garettes roulées parles mains des concu-bines favorites ; del'eau fraîche dans lesaiguières, la mèche enfibre de coco tressé pour allumer les impériales

de Manille,.cigareshabituels du roi ; ses cannes,d une merveilleuse richesse, dont les pommeauxsont d'énormes pierres précieuses... Que sais-jeencore?

De jolies filles du harem se renouvelaientd heure en heure pour la veille platoniqueauprès du Maître.

GEui! OEuï! OEuï! cent fois OEuï! Tel étaitle cri lamentable poussé rituellement de demi-heure en demi-heure par les belles désolées.

Soixante-dix était leur nombre, correspon-dant au chiffre des années du défunt. Elles com-mençaient leurs lamentations à sept heures dumatin, lorsque les seize bonzes degarde avaientrécité la prière de l'aurore.. A neuf heures, unrepas était servi aux ministresdu Bouddha, puisà son ex-serviteur, le divin Norodom.

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Au milieu du jour, les soixante-dix pleu-reuses reprenaient leur chant Youm Yéam suivià deux heures par une prédication bouddhique.A cinq heures, un bataillon de cent religieuxvenait réciter les prières dites Sdapakan et denouveau, à deux reprises ; soit à six heures, puisà minuit, le chœur larmoyant retrouvait sa jéré-mieuse vigueur.

Jamais mortel ne fut aussi longtemps ni aussisouvent élégié par féminines lèvres que leSamdach Préa Norodom. En outre des repassoignés suivant le goût du monarque et qui luiétaient régulièrementservis, des festins avaientlieu près de l'urne les jours de fêtes et lesdames du corps de ballet, serrées dans leur bro-cart qui moulait harmonieusement leursformes élégantes, venaient s'épuiser en vainsefforts pour faire naître chez le divin momifiéquelque voluptueuse excitation.

Norodom prenait son bain de mercure !

Or, comme le souverain du. Cambodge avaitsa cour personnelle, son corps de ballet à lui

appartenant, le service de l'urne se mouvait àla seule charge de la cassette du défunt. Parelleétaient régléesles dépensesoccasionnées parles milliers de bonzes venant à toute heureclamer les miséricordieuses invocations.

Rien moins que 12.000 piastres sortaientchaque mois du trésor pour le service de l'urne,soit depuis le 24 avril 1904 environ 250,000 pias-

tres ou près de 650.000 francs. Il fallait en finir.On prépara le bûcher.

Le « Mèn ».

Unevaste esplanade voisine du Palais et en-tourée de murailles fut livrée dès le mois defévrier 1905 auxMékars, fonctionnaires chargésdes constructions royales. C'est en cet endroitque toujours sont incinérés les membres de lafamille régnante; c'est là que nous vîmesen 1901 s'élever le bûcher de la reine, mère deNorodom et se" dérouler de splèndides fêtes.

En fils pieux, le souverain du Cambodge avaitfait à sa mère de grandioses funérailles.

Il s'agissait, cette fois, d'élever au centre del'esplanade le grand pavillon crématoireou PréaMèn rappelant la montagne sacrée des boud-dhistes, le mont Mérou, considéré par lesKhmers comme le centre du monde. Depuis lamort du souverain, l'on recherchait dans les

forêts du royaume quatre Koki ou Chhantéa,arbres exigés par les rites, qui pussent fournirdes colonnes de quarante mètres de hauteur.On les trouva ; et les gigantesques fûb" en-foncés de quinze pieds dans le sol, formèrent lesquatre coins d'un carré de dix mètres de côté.

Sur leur sommet repose une élégante toitureà huit étages, de forme pyramidale, surmontéepar une sorte de cloche supportant quatre Muk,Prom, colossales figures brahmaniques, sem-blables à celles qui décorent le Baïon d'AngkorThom et symbolisant le créateur dont l'œilcontemple les quatre points cardinaux de l'uni-vers.

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Un lotus à sept rangées de pétales domine lesfaces contemplativeset de son calice s'élance ladouble flèche cannelée Kompoul et Mat Bendressant vers le ciel son fuseau de près dedouze mètres de hauteur.

Les formes, les dimensions, l'ornementation,la couleur, tout est scrupuleusement réglé parles rites recueillis et définitivement fixé parl'Oknha Veang, ministre actuel du Palais. SonExcellence Thioum, ce haut fonctionnaire, l'undes hommes les plus aimables et les plus ac-cueillants que l'on rencontre en ce bon payscambodgien, s'est imposé à lui-même la lourdetâ-che de colliger les traditions dont aucunen'avait été jusqu'ici consignée dans un docu-ment officiel. Esprit libéral, très ouvert au pro-grès de la civilisation européenne, parlant lefrançais à merveille bien que n'ayant point en-core visité notre pays, Son Excellence Thioumest l'un des plus précieux collaborateurs denotre administration française au Cambodge.C'est à son obligeance que nous devons la plu-part des renseignementsconsignésen ces pages,et ce ne fut pas l'un de nos moindres étonne-ments que de trouver à toute heure calme etsouriant, pendant ces tumultueusesjournées,celui sur qui pesait l'organisation de fêtes aussicompliquées.

Donc, le colossal baldaquin, formant le motifcentral du grand pavillon crématoire, fut flan-qué de quatre hauts et longs couloirs dirigésvers les quatre points de l'horizon et faisant duPréa-Mèn un véritable monument.

A l'extérieur, le Mèn est revêtu d'une étoffepourpre largement semée de fleurs dorées; l'ordes flèches et des motifs de sculpture étincelleaux feux du soleil. L'intérieurest tendu d'étoffeblanche à semis de fleur d'or. L'aspect généralest imposant et non dénué d'élégance.

Le haut couloir de l'est est affecté à Sa Ma-jesté Sisowath, aux princes et aux bonzes quise succéderont devant l'urne; celui du sud auxprincesses et aux clames de la cour; celui dunord aux mandarins; enfin dans le vestibulede l'ouest sont placées les tables à sacrifice surlesquelles les krompisés ou femmes des cui-sines royales feroht disposer les repas destinésau divin momifié.

Dans chacun des angles formés à l'extérieurdu Mèn par ces quatre couloirs disposésen forme de croix, une sorte de muséeGrévin à été installé pour retenir et divertir lafoule. Les personnages, très artistement confec-,tionnés en bois ou en carton-pâte sont méca-nisés presque tous. Des enfants cachés sous lesestrades font rouler des yeux langoureux auxdanseuses de féerie portant queue et pattes defaisan; des bras s'agitent ; des têtes tournentcomme des girouettes.

Ici, un chasseur lance une flèche sur un cerfqu'il abat; là, c'est un tigre qui veut dévorer unermite se défendant à coups de coupe-coupe.

La plupart des scènes représentées rappellentdes légendes du Ramayana et sont prétextes àd'étincelants costumes où dominent le rouge, levert et l'or.

La séduction d'une sirène par Hanouman, leroi des singes, à masque bleu d'outre-mer, estparticulièrementréussie.Hanouman, explique legardien du « musée », faisait construire unedigue à travers la mer d'Oxion, mais les sirènestroublaient les travailleurs et détruisaientchaquenuit ce qu'ils avaient édifié pendant le jour.

Le roi des singes, astucieux comme unrenard, voyant emporter ses pierres par lesjolies sirènes, résolut, suivant le proverbe vieuxcomme le globe terrestre, de faire d'une pierredeux coups. Il courtisa la reine des charmeusesqu'il parvint à séduire tout en l'intéressant à labonne fin des travaux. Hanouman était dignede régner sur les singes !

Nous le retrouvons plus loin, trônant, entouréde sa cour, tandis que, sur la toile formant fondde décor des bandes de singes traités quelque peuà la façon japonaise, prennent leurs ébats ou setiennent en des attitudes diverses.

Non loin sont, sur des roches dénudées, desascètes velus, vrais épouvantails à moineaux.

Le deuxième groupe est une réduction del'ancien palais des rois cambodgiens avec sessalles du trône, de réception, de danse, sonharem, ses pagodes et bonzeries, ses sala (abrispour les passagers) et ses dépendances. Unemuraille crénelée entoure ces constructions etpar la porte principale pénètre un cortège de

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Le Deuil.Le blanc est la couleur de deuil au Cambodge

comme dans tout l'Extrême-Orient. Le peupleentier doit pleurer la mort de son roi ; aussi toutCambodgien revêtira-t-il aujourd'hui les vête-ments de deuil. Les marchands de calicot, detulle et de mousseline ont dû faire fortune.L'on ne rencontre, en effet, quesampots (ou.lan-goutis) couleur de neige, vestons, écharpes etcaracos d'immaculée blancheur.

Bien plus, le deuil des proches comporte laperte de la chevelure chez ceux qui leur sur-vivent. Ils offrent en holocauste aux mauvaisgénies, harcelant les mânes du défunt, ce quifait souvent l'orgueil d'une jolie femme, sa che-velure opulente.

Au Cambodge,cependant, le sacrifice n'est pasaussi cruel qu'il pourrait l'être pour beaucoupde nos Parisiennes pu simplement pour lesbeautés du Luang Prabang, le grand muong duHaut-Laos

; les Cambodgiennes, en effet, por-tent d'ordinaire les cheveux courts, à la Bres-sant. Néanmoins, ce quatrième jour des fêtes,vendredi 5 janvier, leur est pénible, car uneordonnance royale édicte que « les membres dela famille royale, les ministres, les mandarinset les habitants, hommes et femmes, de natio-nalité cambodgienne, devront se faire raser latête en signe de deuil ».

La consigne fut exécutée à la lettre et aucunsujet cambodgienbouddhistene parut dans lesrues sans avoir lecrâne lisse et aussipeu duveteux qu'unepomme de reinette.Lesanthropologistesse trouvant devantces milliersdéboulesféminines entre-raient en jouissancescientifique, car il enest de toute forme :

des dolychocépha-les, des brachycé-rphales, des mésaticé-phales; il en est -delarges, d'étroits, deronds, d'aplatis, d'é-tirés dans la direc-tion de l'occiput, deconiques et de polyé-driques, de pain-de-sucre et même d'hé-licoïdaux. Quelchamp d'études!C'eût été le cas d'en-voyer au Cambodgeune mission de men-sureurs et de phré-nologistes, mais ven-tre-saint-gris, se fûtécrié le roi vertgalant, combienaffreuse est unefemme sans che-veux!

Nous avons parlédes Cambodgiensbouddhistes; les catholiques sont, en effet, dis-pensés de ce sacrifice par ordonnance spécialedu prince. Il en est deux parmi les membres duConseil des ministres.

Les Annamites, les Chinois, les Malais, lesArabes forment aussi une importante parlie dela population qui rompt la monotonie des billesde billard bouddhisto-cambodgiennes.

Ajoutons enfin que S. M. Sisowath n'apas fait passer le rasoir sur son ..auguste chef.Le roi des Khmers va s'embarquer, dans quel-ques mois, pour la Franceoù il ira visiter l'Expo-sition coloniale de Marseille, et il veut s'yprésenter avec tous ses avantages. Il n'aurapas de peine à faire la conquête de nos compa-triotes, car il serait difficile de trouver hommeplus affable et plus sympathique que le souve-rain actuel du Cambodge.

Au surplus, les rois échappent à loi com-mune.

Norodom lui-même en fournit la preuve, carlors des grandioses funérailles qu'il fit à la reinesa mère, seul de tous les membres dela famille,il conserva sa chevelure blanchissante !

Bonne quand même pourles Figaros cambod-giens, cette journée du rasoir!

Le Cortège.Au cours de la série des fêles, il est deux

grandes journées impatiemment attendues parle public

:celle qui verra défiler de par les rueset les boulevards de la capitale du Cambodge

l'urne royale précédée d'un cortège que l'onorganise depuis plusieurs mois — et enfin lejour de la crémation proprement dite.

Le soleil commence à peine de jeter ses feuxlorsque les premiers groupes processionnelsquittent le Palais. L'itinéraire est long; il fau-dra s'arrêter de distance en distance près deshabitations printières en face de chacune des-quelles un groupe de bonzes attend pour réciterles prières prescrites par le Formulaire: Onparle de 5.000 figurants. Aussi les longues ave-nues par lesquelles doit s'allonger le cortègesont-elles dès le malin envahies par la foule detoute couleur et de toute race. Les photogra-phes amateurs et professionnels sont légion,cela va sans dire; chacun cherchant, un endroitpropice pour plaquer avec succès.

Tara ta ta ! ra ta ta ! une sonnerie de trom-pettes.' Voici le cortège !

En tête, un cavalier portant la flamme natio-nale

:triangle rouge encadré d'une large bor-

-dure bleue. Il précède le tambour et le gongque les souverains khmers avaient coutume defaire conduire devant eux lorsqu'ils prenaientla campagne pour courir sus à l'ennemi ; le

àkochey et le Kong-chey

« tambour etgong de la vie Loire ».Des musiciens vêtusd'une veste rouge etd'un sampot blancfrappent à tour-debras ces deux instru-ments portés sur desbrancards.

Cinquante cava-liers formentlahaie,tenant chacun unpavillon royal en-deuillé

:pagode d'ar-

gent sur fond noir decorbeau.

Un orchestre cam-bodgienavecsonphi-pat demi-circulaire,fait de petits gongsen bronze, suspen-dus entre les bran-ches d'une doublearmature de bambou— son seylophone—ses timbales — sestambourins

— sa mu-sette et ses cymbales.

Un escadrond'élé-phanterie. L'on apassé au noir la peaurugueuse des grospachydermes

;elles

qui n'ont guère l'as-pect folichon lesjours ordinaires, pa-

raissent aujourd hui lugubres et marchent bienau pas d'enterrement. Après tout, l'on dit l'élé-phant tellement pourvu d'intelligence qu'il serend peut-être compte de la situation !...

Les quatre premières grosses bêtes sont deséléphants de guerre :

ils virent jadis le feu et seconduisirent bravement, nous dit le chef descornacs que nous allons interwiever après lacérémonie. Ils portent chacun sur le dos unecage dorée dans laquelle ont pris place desdanseurs sacrés représentant des géants et dessinges, les combattants des âges héroïques —quatre autres éléphants sont bêtes de selle,caparaçonnés de pourpre et d'or ; ils ont sur lecou, comme cornac un géant, du Ramayana —une bête magnifique aux longues défenses d'unblanc de lait et cerclées d'or. C'est la montureroyale. Le cornac se tient non point sur le cou,mais accroupi en arrière du caparaçon —unevingtaine d'autres énormes figurants à robe dedeuil suit, le regard mélancolique.

L'on a employé pour maintenir l'ordre dansle cortège un moyen aussi simple que pratique.Une forte corde est maintenue tendue par deshommesà veste rouge qui s'échelonnent de deuxmètres en deux mètres, formant ainsi de chaque

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côté du cortège une barrière régulière. Unrhinocéros — en carton-pâte — porte surle dos, dans une lanterne à armature d'or, le feusacré destiné à l'incinération. Le jour de lamort du roi, la mèche de la lampe funéraire futallumée au moyen d'une lentille et des rayonssolaires; depuis, ce feu fut soigné à l'égal de

celui que gardaient les vestales antiques. Lors-qu'il s'agissait de remettre la lampe en état, lefeu sacré était provisoirement communiqué àdes bougies qui le restituaient ensuite. Le rhi-nocéros paraît, lui aussi, avoir conscience duprécieux dépôt quilui estconfié. Grave et distin-gué, il passe escorté par six mandarins en grandcostume. Il est délicieux, l'uniforme de gala des

fonctionnaires. Souliers vernis, bas blancs,sampot et gilet d'étoffe blanche, soie, calicot,tulle où mousseline; gilet de même couleur,espèce de longue tunique à large passementeried'or et, sur la tête rasée, une calotte blanche,hémisphérique, surmontée d'une longue tigeblanche que d'aucuns nous disent représenter

une trompe d'éléphant, d'autres une lige delotus. De loin, l'on aperçoit une forêt de cesbonnets pointusdont l'ensembleest du plus hautcomique. Je ne sais pourquoi me revient à lamémoire certain tableau du Voyage à la Luneavec la délicieuse Germaine Gallois et l'ineffableDailley.

L'on a vidé les magasins de Pnom-Penh et

environs pour faire cette exposition de blanc.Certaines tuniques, non les moins originales,sontfaitesavec desétoffes pour rideaux.Portéespar les dames de la cour, ce serait suggestif!

Soixante-neuf animaux symboliques suiventen double haie le rhinocéros ignifère.

Ils représentent le chiffre des années de Noro-

dom et rappellent chacun des animaux sous lenom duquel est inscrite chaque année dans lecalendrier cambodgien. Eux aussi en carton-pâte et bauts de près de 1 m. 50, ils sontbrillamment enluminés; deux hommes à vesterouge traînent et poussent leur chariot à rou-lettes. Sur le dos de chaque bête un léger balda-quin, à toiture et colonnettes revêtues de papier

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doré et sous lequel se trouve plié un cos-tume complet de bonze. Ce n'est là qu'unefaible partie des cadeaux qui seront offertsen ce jour aux serviteurs du Bouddha.Nous notons au passage de cette descentede l'Arche des tig-res, des panthères, deschevaux, des zèbres, des ânes, des che-vreuils, des cerfs, des élans, des béliers,des licornes, des girafes, des éléphants,des chameaux et maint animal fantastiqueparmi lesquels le ritchesay ou ratchesi,l'animal sacré qui jadis était peint ou brodésur les insignes royales qu'il conduisait àla victoire.

Nous avons retrouvé ce même ratchesicomme du reste la calotte .à trompe d'élé-phant tout au haut de la vallée du Mékong,à Luang-Prabang, la grande ville lao-tienne. Comme la capitale des Khmers, lacité des ancêtres de S. M. Sisowath areçu de l'Inde une profonde, une ineffa-çable empreinte.

Il est encore au Cambodge quelquesdescendants d'anciennes familles royales,des Préa Vongs, ainsi qu'on les appelle

:vingt-cinq d'entre eux précèdent le charde Norodom, escortés par 200 licteurs,tout de blanc vêtus et portant le pavillontriangulaire rouge et bleu.

Deux chevaux caparaçonnés de brocartd'or et conduits haut-le-pied. Ce sont lesmontures royales que Norodom affection-nait tout particulièrement. Derrière lesj olies bêtes, le palanquin royal porté par huilhommes rouges, fait de bois sculpté doré, avec

de riches coussins en soie brochéeet lamée d'or.Puisune série d orchestres chinois,annamites,malais, cambodgiens, anciens et modernes,jetant la note criarde de leurs musettes multi.anote gaie de leurs costumes diversà 1 infini. Ce ne sera, au cours de la procession,qu orchestres de tout genre; aussi ne noustrouverdns-nous point étonnés lorsque le mi-nistre du Palais nous dénombrera les diversgroupes du cortège, d'apprendre qu'il était par-mi eux 253 musiciens et danseurs.

Les danseurs sont, eux aussi, de toutes caté-gpries: Ceux qui passent en ce momentmiment,sans s arrèter, un drame historique, le KayThang. Ils portent les riches costumes de latroupe royale.

Vingt-cinq brahmanes tenant en mains unefleur de lotus non épanouie à l'extrémité d'unelongue tige.

Q uelques très anciens drapeaux de soie à bro-deries que les années ont rendues délicieuses

' de teinte.La licorne des Cantonnais, que l'on ne s'atten-

dait guère à trouver à pareille fête, et qui selivre à mille et une contorsions pour la plusgrande joie de la foule indigène qui s'esclaffe.

A cheval sur un phénix de carton-pâte etabrité par un parasol saumon, un vieux bonzechinois coiffé du bonnet millénaire que portèrentaussi les Jésuites à la cour du grand roi Kang-Hi, le Fils du Ciel contemporain du Roi Soléil.

Cinquante bonzes à robes chatoyanles, lar-ges manches, et souliers à épaisses semelles de

feutre, accompagnentl'abbé.

Des bonzes malaiset desmuftis arabes.

Des fanfares éclatent.C'est la garnison de PnomPenh qui défile en entier,pour escorter Norodom,grand officier de l'Ordre

national de la Légiond'honneur.

En tête, une compagnied'infanterie coloniale encolonne à distance entière.Une compagnie de tirail-leurs à béret, large cein-ture et molletières rouges;une compagnie de mili-ciens avec les mèmes effetsd'équipement de couleurbleue

; la garde royalecambodgienne et tagale,enfin la musique " tagalejouant avec entrain unepolka de frétillante allure.Tout à la joie ! C'est larègle des funérailles cam-bodgiennes.

La Victoria royale, atte-lée de quatre petits chevaux noirs caparaçonnésde blanc, encadrée et suivie d'un peloton delanciers royaux, lu-gubrement vêtus

de noir avec uncrêpe striant leblanc frais de leurcasque.

Sur le siège deuxlaquais à livréeblanche et" calotteà trompe.

Cent porteursd'éventails en for-me de bouton delotus, droits sur dehauts manches. Ilssont en soie dediversescouleurs.

Un groupe d'Ara-bes à longue bar-biche blanche, su-perbement décora-tifs dans leur im-passibilité marmo-réenne.

Plusgai,legroupesuivant, bien qu'ilne déride pas lesArabes. Il com-prend une quin-

zaine de danseurs dont l'un porte commemasque une tête de crocodile. L'animalsacré mène le grand chahut comme un vul-gaire Valentin le Désossé. Parmi ceux quilui donnent la réplique, trois bonzes encostume, âges de 18 à 20 ans, font le petitet le grand écart avec une élasticité quin'a rien de chanoinesque. Et- aïe donc!les lévites ! c'est pas tous les jours qu'oncrème un roi des Khmers !

A l'instant même où ces réflexions nouspassaient par les lèvres, le plus enragé desjeunes prêtres glisse sur une pelul'sd'orange et « ramasse une pelle sacrée »,me glisse à l'oreille un loustic. Certes,sen -blable exercice d'assouplissement ne doitpas figurer dans le rituel des membresdu clergé cambodgien.

Pendant les arrêts du cortège, ces dan-seurs se reposent en jouant à la balle aupied suivant la coutume du pays. Lesjoueurs sont en cercle

; une balle en rotintressé est lancée au milieu d'eux et cha-cun doit s'efforcer de la relancer dans lesairs avec le pied sans jamais se servir desmains. L'exercice fait prendre parfoisd'amusantes attitudes.

Un orchestre de tambourins longs, sus-pendus au cou par une corde et que lesmusiciensfrappent des deux mains,parfoisdes deux poings.

Une centaine de parasols à cinq étages-en papier de diverses couleurs.

Un orchestre annamite rappelant un peu noschanteurs des cours avec leurs violes et leursguitares à long manche.

Graves, derrière leurs énormes lunettes àmonture d'écaillé et sous leur eh,-ipeau à boutonde corail ou simili-corail, six mandarins chinois,la poitrine et le dos garnis de la large broderiehéraldique réprésentantl'animal qui est l'insignede leur degré mandarinal.

Une troupe de gamins conlorsionnisles. Uneautre de Laotiens dansant avec des déhanche-ments grotesques et finissant chaque motifdansune attitude plus que risquée. Dans, ce groupe,est un Auguste à face blanchie qui joue vérita-blement le rôle de notre grotesque de cirque.

La plupart.portent des perruques et quelques-uns ont la face barbouillée de rouge et de noir.Une musique les accompagneoù dominent lescymbales et les gongs. Si, à la fin de liprocession, les danseurs- ne sont pas tousépileptiques ou atteints du mal de Saint-Guy,c'est qu'ils ont le système nerveux ultra solide.

Quelques acteurs malais à tête rasée etcoiffés d'un ruban récitent une pièce histori-que, accompagnés de temps à autre par unorchestre de tambours piaLs.

Puis vient, clopinant, un groupe de bonnesvieilles bonzesses, tout de blanc vêtues et latête transformée en boules de billard.

Les pauvres femmes sont bien fatiguées,quelques-unes s'appuient sur des bâtons, maiselles acquièrent du mérite, du boan, commedisent les Laotiens, des indulgences, comme

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glaive sacré des rois khmers, sonnent de laconque marine, lançant dans les airs leur longet lugubre hululement.

Ils continueront longtemps encore tandis quese disloque l'énorme cortège.

Pour l'aire un peu de statistique, disons quecette procession coûta au trésor 14.000 piastres,que 5.915 figurants y prenaient part et dans cenombre 25 éléphants et 76 chevaux. Nous avonsdéjà dit que 2.537 musiciens, danseurs et bala-dins amusaient le public; ajoutons à ce chiffre1 K) princes, 402 militaires, officiers et soldats,1.014 serviteurs, 329 mandarins et rien moinsque 1.436 princesses, dames de la cour, filles etdomestiques accompagnant jusqu'au pied dubûcher leur feu seigneur et maître. La fantas-lique cohue blanche des femmes s'est répanduedans les dépendances du Jfèn, tandis que pre-naient place pour la première veillée deux cents

bonzes appelés à réciter les prières Sdapa-kan.

Nous en devons le texte à l'obligeance deM. Son Diep, secrétaire particulier de Sa Ma-jesté, lui aussi personnifiant l'affabilité à cettecour de Pnom Penh où chacun suit l'exemple duUon souverain.

Les prêtres psalmodient maintenant en scan-dant chaque syllabe

:Amachas khnkom hot", prûc

hoï machas khuhom : Ahléps lœumI)hloiii ; jàng klzlllzom lJ([llVÙ...

«Tous les êtres humains naissent

dans l'inconstance et l'instabilité; ilssont soumis il l'anéantissement. Nés,ils s'éteignent.

«Pour maîtriser ses passions, il faut

commencer par se renoncer soi-même ;l'on s'élèvera alors jusqu'au séjour desbienheureux...

»Au bas du piédestal l'on adressé près

des parasols les grands éventails royaux.Sur des tables et des étagères, le mer-veilleux trésor de bijoux ciselés et depièces d'orfèvrerie que nous avons plushaut décrit.

Un repas est présenté au roi défuntet le service de la garde commence. Al'entréede chacun des couloirs, un mili-cien en armes se tiendra nuit et jourbaïonnette au canon. Il y aura sanscesse près de l'urne, durant les septjournées d'exposition, un membre dela famille royale, des pages de toutgrade ayant chacun en consigne soitles vêtements royaux, soit les bijoux,soit les insignes, soit les armes, soit lesstatuettes du Bouddha en or serties de

pierres précieuses. Le ministre du palais a minu-tieusement réglé les détails.

A chaque heure du jour et de la nuit. serontde service des Songkreys, chargés d'inviter lesbonzes à prier, à prendre leur repas et de veillerà l'observation des rites, des Bakons qui son-neront de la conque marine pour ouvrir lechant des pleureuses et annoncer l'arrivée deS. 1\1. Sisowath dans la chapelle ardente

— desserviteurs pour assurer la bonne disposition destapis et des nattes — d'autres pour servir le théaux bonzes altérés — d'autres encore pour leuroffrir du bétel et des cigarettes — enfin, deshommes sérieux, bien que virils, chargés de lasurveillance de ces dames il blanc vêtementauxquelles est réservé le couloir du sud.

Dix mandarins veilleront toute la nuit.Soixante-quatre bonzes réciteront les prières

dites Préa Thom, jour et nuit dans les quatrepavillonsSamsans, à raison de seize par pavillon.

Deux fois par jour, un prédicateur rappelleraaux mandarins et à la foule que tous les êtreshumains « naissent et s'éteignent ». N'est-ce pasnotre Memenlo homo (lui a pulvis es el in pulve-rem reverleris. Le mercredi des Cendres aprèsle cortège du mardi gras!

Luttes et jeux populaires.Les Cambodgiens, à l'encontre des Annamites

etdes Chinois, sontpassionnés pour lalutteàmainplate, ainsi que les assauts de canne et de bâton

;Ils affectionnent par-dessus tout la boxe, maisla boxe féroce, sauvage, et se montrent sur cepoint presque aussi civilisés que les Anglais,gens saisis du spasme suprême de la jouissancelorsqu'ils voient sauter quelques dents d'unemâchoire ou un œil de son orbite. Les Cambod-giens, plus logiques cependant avec eux-mêmes,n'ont pas chez eux de Société protectrice desanimaux,

Il est donc ici des lutteurs s'entraînant du-rant tout le cours de l'année et répartis en deuxcamps, deux écoles sous la direction de maîtresréputés. Lorsque deux individus ont une vieillehaine au fond du cœur, ils entrent dans l'arène,chacun appartenant à un des partis rivaux, el.ils vident leur querelle devant la foule assem-blée.

Il n'est pas de vraie fête sans luttes. Aussidurant les sept journées d'exposition de l'urnedans la chapelle ardente, chaque après-midi,

vers 4 heures, le roi lui-même viendra présideraux assauts et distribuer les récompenses. Lafoule est considérable autour de l'arène sabléeréservée dans l'esplanade du Mèn.

En attendant le roi, allons rendre visite auxlutteurs sous le hangar qui leur est affecté. Cesont gaillards solides et vigoureusement mus-clés; pour tout vêlement ils n'ont, qu'un courtsampot relevé de manière à former une sorte de

caleçon de bain. Une couronne de tussolidement tressés, dela grosseur d'undoigt, leur ceint la têle, à force, pen-dant la lutte. Ce serrage des tempeset de l'occiput les rendrait plus résis-tants.

Leurs mains sont entourées en guisede gants d'une série de fils qui arriventà former une masse dure comme dubois. A l'intérieur du bourrelet sontdes amulettes, l'une des plus réputéesest la cendre de la tête d'une vipèreque le lutteur a tuée lui même. Autourdu poignet, des fils avec les neuf nœudsrituels et que les bonzes ont placés eux-mêmes en récitant des prières. Sur lapoitrine, sur les jambes, des tatouagesqui rendent invincibles.

En ce moment, les maîtres donnentposément des conseils que les lutteursécoutent avec une inlassable patience.

Ils indiquent à chacun sesqualités etses défauts, aussi le fort et le faiblede l'adversaire avec lequel il faudra semesurer.

Puis, de vieux sorciers font des pas-ses magiques sur la tête, sur les bras,la poitrine et donnent à chiquer des

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tubercules pra féal qu'il faudra conserver dansla bouche pendant la lutte. Recommandationexpresse est faite aux lutteurs de ne pas avalersa chique au moment critique; mort pourraits'ensuivre.

Chacun de ces hommes gagnerade 5 à 10 pias-tres par jour s'il est vainqueur, de 3 à 5 s'il doits'avouer vaincu.

Une sonnerie de fanfares annonce l'arrivéede Sa Majesté Sisowath, et, aussitôt, deux gars

râblés sautent dans l'arène. Ils s'agenouillentdevant la loggia royale, élèvent les deux mainsjointes et se prosternent front contre terre.D'un bond, relevés, ils sont en présence, se me-surant de l'œil, prêts à bondir, à frapper. Uncoup sourd, c'est un poing abattu et que l'ad-versaire n'a pu éviter. Et les coups se succè-dent, féroces, sans pitié, du poing sur la tête,la face, la poitrine, du pied lancé à pleine voléedans les côtes, l'estomac, la figure.

Très adroits, les lutteurs parent souvent, maisl'un de nos gaillards a la face ensanglantée; ilse jette à terre, élevant les mains vers le roipour demander grâce. Son vainqueur s'age-nouille lui aussi pendant que les chefs des deuxcam ps viennentrapidement demander aux deuxprosternés si l'un se" reconnaît vaincu et si l'au-tre s'attribue la victoire. Les adversaires serelèvent et reprennent place dans leurs campsrespectifs.

Des fonctionnaires du palais ont pris placesur les tours du haut desquelles il sera distri-bué largesses au peuple. Ce sont petits citronsverts qu'on lance à la volée, mais ils renfermentles uns des pièces de un franc, les autres despièces de deux francs à l'effigie du roi défunt.

De madrés compères sont- les Chinois venusavec leur parapluie

;ils le retournent de ma-

nière à en faire une corbeille. De la tribune,le spectacle est amusant au possible.

Le roi distribue lui-même à la foule des Euro-péens qui l'entourent des citrons argentifères,mais bien des espoirs sont déçus car maintassistant comptait voir répartir suivant l'usageun lot de petites boulettes en sticklaque à l'in-térieur desquelles un ruban indique en carac-tères cambodgiens le souvenir que l'on peutaller retirer au Trésor: boîte en argent, cen-drier, porte-cigarettes, etc... Il y a trop demonde aujourd'hui.

Les boules-tombola seront distribuées plustard.

Visite royale. — Les pleureuses.Chaque jour S. M. Sisowath va rendre visite

à son père et prédécesseur empaqueté dansl'urne d'or.

A son arrivée dans le Afin, les Bakous son-nent de la lugubre conque marine, ce mêmetraditionnel instrument que nous entendions,voici deux ans passés, lors des fêtes jubilaires

du roi de Siam à la pagode Wal-Phrâ-Kêo deBangkok.

Le souverain cambodgien s'accroupit sur untapis de brocart; à côté de lui, sont les minis-tres et principaux dignitaires de la cour.

Sa Majesté se lève soudain, saisit un disqueen cuivre doré de vingt centimètres de diamè-tre environ et sur lequel se trouve une tête deBrahma. Une petite bougie de cire est collée àla partie inférieure du disque et le roi, l'élevant

à hauteur du front, chasse de la main droite lafumée et la flamme vers l'urne.

C'est un des. procédés d'exorcisme réputésles plus efficaces ; les mauvais génies qui vou-draient assaillir le paquet d'ossements repré-sentant à l'heure actuelle -le feu roi des Khmerssont chassés par la pure flamme du créateurBrahma.

Sisowath a fait le tour du piédestal et leflûtiste de la cour commence de jouer. Soninstrumentest unesorte de musettede fort calibre delaquelle s'échap-pent des sons d'uneperçante vigueur.L'homme qui estun bel artiste n'ar-rête jamais laplainte qui s'ex-hale. Il respire parle nez sans cesserde jouer. La mélo-die en mineur estune magnifique in-terprétation de ladouleur humaine ;

c'est bien le cri del'âme bouleversée,torturée, abîméedans la désolation.Et, tandis que l'in-

lassable musiciens'exalte et s'enivrede sa mélodie, ungémissement con-tenu d'abord, pluslibre ensuite,s'élève du couloiroù les femmes sontassemblées-

C'est le chant des Pleureuses, le Mum-Meam,littéralement Pleurer-Veiller, le même quedepuis vingt mois elles exhalent en face del'urne.

Soudain un gong d'or résonne ; tout se tait.Soixante-dix bonzes s'avancent, se rangent surcinq lignes, tenant chacun devant les yeuxl'écran rituel, le talapat, en soie richement bro-dée et affectant la forme d'un bouton de lotus.

L'on descend de l'urne le Pha Yongs, la largeet longue bande de soie pour la Communication

des Prières. Chacun des prêtres la saisit, puiscommencent les Sdapakan.

« Tous les êtres humains naissent dans l'ins-tabilité et sont soumis à l'anéantissement. Nés,ils s'éteignent.

« Pour maîtriser les passions, il faut com-mencer par se renoncer soi-même... »

La crémation.Oncques ne vit tant de bonzes en pays d'Ex-

trême-Orient. Il en est venu depuis les fêtesexactement 4.982 s'inscrire sur les registres dela sacrée statistique. Norodom sera brûlé aumilieu d'une symphonie des couleurs jaune etblanc.

Soixante-dix d'entre eux vont, dès la premièreheure du jour, psalmodier dans le Pavillon cré-matoire, cependant que les conques des brahmesretentissent, et que les croque-morts royauxSnoms Préa Damruofs, habillés de blanc et por-tant l'écharpe rituelle Ottakot, se saisissent del'urne.

Au bûcher! le jour de gloire est arrivé ! Maisauparavant il fautprocéder à la dernière toilettedu souverain, réduit à sa plus simple expressionavant le feu qui consume.

L'urne est donc transportée dans le Pavillondes Parfums, en présence des membres dè lafamille royale et des ministres.

Le chef suprême des bonzes soulève le pre-mier le couvercle, et verse sur le petit paquetblanc de précieux parfums. Le roi, les princes,les ministres l'imitent.

Je m'approche. Horresco referens ! La parfu-merie civilisatrice a vaincu les anciennes tradi-tions. La famille appelée à choisir entre les par-fums a repoussé l'antique essence de santalpour choisir... — je copie sur l'un des trenteflacons qui gisent à terre — l'extrait concentrépourle mouchoir— Foin coupé — G. Mazuyeret Cie, 15, rue d'Enghien, à Paris. C'était,paraît-il, le parfum favori du défunt roi et, parune délicate attention, l'on a voulu en arroserses reliques. '

Les bijoux en or et pierres précieuses que por-tait le corps depuis le jour du décès, et qui.avaient été laissés jusqu'ici avec les débris dusquelette sont retirés par les mandarins, inven-toriés et remis aux orfèvres royaux pour qu'ilsconfectionnent avec leur matière une statue deBouddha. Le saint trouvera place sur le cou-vercle de la définitive urne royale.

Ce n'est pas, en effet, la dernière que l'onprépare en ce moment; c'est le vase en KlémChau, bois de santal odoriférant, qui sera toutàl'heure la proie des flammes. Il est pur deforme en son évasement et semé à l'extérieur defleurs dorées, un peu à la mode Empire.

Tandis que l'on procède au funèbre arrosage,les Mékars préparent le bûcher. Ils en-lèvent les quatre étages supérieurs du pié-destal et, sous l'œil vigilant des mandarins res-ponsables, tous les bijoux, toutes les garnitures

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d'or sont réintégrés à l'intérieur du Palais.Sur le piédestal réduit l'on dresse d'abord les

quatre colonnettes de la coupole rituelle Bos-subok qu'on fixe à leur partie supérieure. Commesur le char traîné en procession, des étoffes d'a-r-gent sont drapées du haut en bas de cette sortede tabel'n;:¡r,lp.-

Puis un double gril en fer estinstallé. Sous le premier l'onmettra des copeaux et des bû-chettes de bois de santal et debois d'aigle. Au-dessus du gril,l'urne avec l'intérieur de laquellecommuniquera une mèche dontl autre extrémité sera alluméepar le roi Sisowathau pied mêmedu bûcher. Le deuxième grillagesupporte une double rangée croi-sée de troncs de bananiers fraî-chement coupés; ils arrêterontla flamme. Pour empêcher celle-ci de se livrer à de dangereuxébats, quatre marins se tiendrontà chacun des angles de l'étagesupérieur. Ils ont il la main unepompe-arrosoir de jardin, et prèsd'eux une grande vasque conte-nant de l'eau. Une pompe à va-peur se met en ce moment souspression pour être prête il touteéventualité. Il y aura foule, eneffet, dans le Pavillon crématoire,plusieurs milliers de personnes,'presque toute la colonie euro-peenne, et certainement tous les représentantsdu sexe aimable qui la composent. En ville,c est jour férié, les banques elles-mêmes et lesgrandes maisons de commerce ont clos leursportes. Chacun veut voir crémer le feu roi.

Les flammes gagnant les draperies de cetimmense monument qu'est le Pavillon le feraientilamber comme un fagot de brindilles, causantd incalculables malheurs. Mais les Cambodgiensse déclarent surs d eux-inènies. Chacunprocède a sa besogne avec ce calme, celteméthode, cet ordre que nous ne cessonsd'admirer dès le début des fêtes.

11 échet à propos du Mèn, de relever uneerreur de 1 un de nos grands confrères pari-siens. Le Journal, puisqu'il faut l'appelerpar son nom, fait dire à son correspondantde Pnom Penh que les rois du Cambodgesont incinérés dans un palais construit pourla circonstance et qui flambe tout entieravec eux. 11 reproduit même le grand pavil-Ion crématoire avec ses échafaudages et ledonne comme devant être la proie desflammes. L article est inexact d'un bout à1 autre. Seule 1 urne sera brûlée, la proiedes flammes, n entraînant même pas avecelle les draperies d'argent qui flottent àquelques centimètres.

Il est quatre heures et demie du soir,lorsque les préparatifs prennent fin. Unpeloton de lanciers part chercher dans lesvoitures royales JI. Luce. résident supérieurqui arrive accompagné de son cabinet et deM. Gaillard, le sympatique résident, mairede Pnom Penh.

Toute la garnison a repris place sur l'es-planade du Mèn, sous le commandementduchef de bataillon d'infanterie coloniale Fau-det, commandant d'armes.

Le soleil est éblouissant, la foule estimmense.Le représentant de la République Fran-

çaise et le roi Sisowath se rendentau Pavil-lon des Parfums.

Les maîtres des cérémonies distribuent àchacun des assistants des bougies et des fleurspréparées avec des découpures de bois de san-tal et l'urne est placée sur un lit de parade toutdrapé de brocart d'argent. Douze hérauts élè-vent le lit jusqu 'à leurs épaules et le cortège semet en marche pour la dernière étape.

En tête, deux longues et anciennes trompettes

filent des sons prolongés et doux qui rappellentà s 'y méprendre les sonorilés que les trompettesd argent développent à Rome dans la coupolede Saint-Pierre, les jours de grandes fêtes.

Derrière, un groupe de sonneurs de trompesd'appel pour la chasse aux éléphants sauvageset toute la série des orchestres.

Des licteurs munis de leur faisceau de rotinsfont la haie.

Le grand maître Oknha Pech Sang-Kréamreçoit l'urne à son entrée dans le Pavillon el,s adressant à Norodom, le salue et s'excuse dedevoir le conduire au bûcher purificateur. Ildépose des fleurs sur le lit de parade. S. M. Si-sowath est accroupie sur une natte en drap d'or.

L'admirable musicien dont nous avons dit le

procédé tire de sa musette de plaintifs accents,les femmes gémissent et lancent leurs OEuï!a;;uï! OEuï \ vers l'urne du Maître qui va seréduire en cendres, et le chef suprême desbonzes entonne une prière que trois cents mi-nistres de Bouddha continuent sur le mode del'épître en nos églises.

La cérémonie n est point banale à coup surdans ce cadre 'magnifique, sous les voùtes éle-vées du Jlèn dont les lampes électriques fontmaintenant étinceler les fleurs d'or piquées surles blanches draperies.

Dix mandarins annamites en grand costumeviennent disposer des offrandes et des boueiesau pied de l'urne q ue l'on a hisséesur le gril de la coupole Bossa-bok.

Un coup frappé sur le gongd'or met fin aux prières commeaux chants. Le silence se fait,.L'on entendrait le plus imper-ceptible bruit au milieu de cettefoule assemblée qui se lient atten-tive. Le roi et le résident supé-rieur escaladent les cinq étagesdu bûcher, portant des fleurs arti-ficielles en copeaux de santal.

Ils les allument au PhllingKaylas, le feu sacré conservédans la lanterne d'or, et appro-chent leur brandon du bûcher debois d'aigle qui commence à s'en-flammer. Descendu du piédestal,S. M. Sisowath allume la mècheChlannon communiquant avec lecofl'ret funéraire; la traînée depoudre suit, rapide, la rampe d'unescalier'et fait l'ascension del'urne dans laquelle elle pénètre.Là doit se trouver une pincée depoudre, car un petit nuage noir

s élevé et 1 ignition devient active. Un parfumsuave se dégage du bûcher de bois d'aigle etse répand dans le Mèn

Le grand maître des cérémonies fait mettrele feu à une série de bambous sonores merveil-leusement combinés pour imiter des cris plaintifsde différents animaux. Et c'est au milieu d'uninimaginable concert de miaulements, d'aboie-ments, de hennissements, de coassements, de

bêlements, que la dépouille du pauvrevieux Norodom diminue, diminue de vo-lume.Les licteurs Damruols ont placé autour

du cofl'ret de santal les huit écrans rituelsBangp/zap, mais ils les écartent pour activerle feu. Avec une adresse remarquable, lesmarins répriment tout écart de la flammeet l'on peut admirer bientôt avec quel art futfabriquée l'urne Les dimensions de ses pa-rois, épaisses dans la partie inférieure ets'amincissant jusqu'au sommet, ont été sibien calculées que malgré la position dufoyer maintenu actif, au-dessous, les bordssupérieursde l'urne se frangent, s'abaissentet s'effondreront régulièrement de procheen proche jusqu'à la base.

Les dernières flammes s'élèvent du bûcherlorsque nous quittons le Pavillon créma-toire.

Avant de franchir la porte monumentaleque gardent les géants, nous jetons un coupd'œil en arrière, et. voici que dans la loin-taine perspective où sous la fumée noireachève de se consumer la dépouille du roicambodgien, apparaît l'or rouge du soleilcouchant. Il semble qu'avant de disparaître,le Maître de la Vie ait voulu lui aussi assis-terà la fête

:il inonde maintenant lescendres

de ses rayons apaisés.Le canon tonne,les clairons sonnent auxchamps et les trompettes de cavalerie à la

mort ; la fanfare des Palais joue la MarcheRoyale; les conques hululent; la musettegrince; les femmes gémissent

;les prêtres

psalmodient; tous les orchestres vacar-

ment, et c'est dans la rouge poussière d'or d'uneincomparable apothéose que disparaît le Préa

-Bal bamdach Prèa Norodom, descendant del'antique dynastie des rois khmers, mort aprèsquarante-cinq ans de règne!

A. RAQUEZ.