le dialecte flamand à bailleul (annales du com.fl.de fr.t19, 1891)(gallica)

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  Comité flamand de France. Annales du Comité flamand de France. 1891. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n° 78-753 du 17 juillet 1978 : *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La réutilisatio n commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fournitur e de service. Cliquer ici pour accéder aux tarifs et à la licence 2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit : *des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés, sauf dans le cadre de la copie privée, sans l'autorisation préalable du titulaire des droits. *des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenair es. Ceux-ci sont signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothè que municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisat eur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisati on. 4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle. 5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans un autre pays, il appartient à chaque utilisateur de vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays. 6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de non respect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978. 7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter [email protected].

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Comité flamand de France. Annales du Comité flamand de France. 1891.

1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la

BnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 :

*La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source.

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LE DIALECTE FLAMAND DE FRANCE

Etude phonétique et morphologique

DE CE DIALECTE

tel qu'il est parlé spécialement à Bailleul

et ses environs

Par l'abbé D. CARNEL

ôMembreFondateur du ComitéFlamand de France, etc. (i)

INTRODUCTION

1. — La langue flamande qui est encore en usage

en France, dans une partie du département du Nord(arrondissement d'Hazebrouck et de Dunkerque), n'est

point cette belle langue Néerlandaise qui s'honore aujour-d'hui dé ses nombreux et estimables écrivains ; c'esttout simplement une langue « parlée » et sous cette

forme, elle constitue un de ces nombreux dialectes qui

permettent à quinze millions d'hommes de se comprendre,

(1) Cette a Etude » qui,répondait à une question posée au Pro-gramme de la Société des Sciences de Lille, pour le Concours de1890 (section de Linguistique), a valu à son auteur une grandemédaille d'or, sur le rapport de M. V. Henry, professeur à làSor bonne. (Note du Comité Flamand).

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depuis l'Aa (1) jusqu'aux rivages les plus reculés de la

Baltique.Plusieurs causes ont contribué à produire cette diver-

sité de dialectes flamands. Il ne nous appartient pasd'entrer à ce sujet dans des considérations philologiqueset ethnographiques qui ne sont même pas encore entière-ment mûries et fixées.

Sans doute, on va parfois un peu loin dans la nomen-

clature et le classement des dialectes et l'on fait trop decas de certaines variétés de prononciation qui sont sou-vent dues à l'ignorance et à l'imperfection des organes dela parole. La populace ignorante et grossière émet dessons gutturaux, nasaux, pâteux, lourds ; elle passe conti-nuellement d'un son très long et très bas à un son trèsbref et élevé, elle connaît peu ou point d'intermédiaires,ce n'est point là l'étude que nous avons en vue ; ce n'est

pas d'un « jargon » qu'il s'agit.D'un autre côté, il ne faut pas non plus regarder ces

bizarreries de prononciation comme des quantités négli-geables ou peu dignes d'intérêt ; une analyse profonde et

 judicieuse doit sans cesse intervenir en pareille matièreet notre conscience nous permet de dire que nous avonsfait tous nos efforts pour cela.

2. — Les différences qu'on remarque dans le langagedes flamands de France peuvent constituer quatre sous-dialectes se rapportant aux villes de Bailleul, Haze-

brouck, Cassel et Dunkerque.Nous avons choisi celui de Bailleul (2) pour sujet

(1) Aa, rivière qui sépare le haut du département du Nord decelui du Pas-de-Calais, et qui débouche directement dans la mer

du Nord à Gravelines.(2) Bailleul, en flamand Belle (Balle), ville d'environ douze millehabitants, chef-lieu de deux cantons dont les communes appar-tenaient à ce qu'on appelait autrefois la Flandre maritime (Châ-tellenie de Bailleul).

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d'étude, d'abord parce que nous y avons été initié dès

notre première enfance, ensuite et surtout parce que, detous les dialectes flamands ou néerlandais il est le plus

éloigné du centre de développement, le plus méridional,

et peut-être le plus caractérisé.

Il est parlé dans une dizaine de communes et hameaux

dont Bailleul est le chef-lieu. La ligne de séparation quil'isole du pays français date de temps immémorial et se

tient, même de nos jours, dans une immobilité remar-quable.

. Cette ligne, passe entre Vieux et Neuf-Berquin, puisentre Steenwerck et Bailleul, par les hameaux du

Nouveau-Monde et de La Crèche, et va se souder à la

Belgique, sur le territoire belge de Neuve-Eglise, hameau

de Bonte-Katte.

Une carte de la délimitation du flamand et dufrançaisdans le Nord a été dressée par les soins du Comité Fla-

mand de France (1). Rien n'y est changé depuis. Malgréle développement de l'instruction et de la connaissance

du français, on parle toujours le flamand, entre soi, dans

la ville de Bailleul et ses alentours (2), et, chose étrange,les limites n'ont guère changé, depuis plus de soixante

ans que nous les connaissons.

3. — L'étude qui suit est une sorte de grammaire, où

naturellement la phonétique pi'end la plus grande place.Pour avoir les matériaux de ce travail il a fallu patiem-

(1) Annales du Comité Flamand, t. m.

(2) Voici les noms des communes et des hameaux qui parti-

cipent plus ou moins au dialecte bailleulois :1*-Communes : Bailleul-Ville, St-Jean-Cappel, Berthen, Flêtre,Merris, Meteren, Vieux-Berquin.

2° Hameaux : Outersteene, la Crèche (de Kribbe), le Ravensberg,l'Hagedoorne, le Mont-Noir, Schakje, le Mont-des-Cats, etc.

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ment fouiller dans les profondeurs de l'idiome local, en

discerner les formes originales et distinguer le « dialecte >du jargon ou de l'idiome abâtardi.

OBSERVATION.— Dans le cours de notre travail, nous

désignons souvent par les abbréviations suivantes :

B. = Bailleul, bailleulois.

dlB. = dialecte bailleulois.

Nid. = néerlandais.

AN. OU fl. = flamand néerlandais, c'est-à-dire le flamandordinaire ou commun.

fr. = français.

angl.=

anglais.ail. = allemand.

Ex. ou v.g. = par exemple.

cf. = comparer.

vl. = voyelle.

dph. = diphthongue. ,

en. = consonne.

vb. = verbe.

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PHONETIQUE

CHAPITRE PRELIMINAIRE

Les sons de la parole. — Leur classement.Leur figuration

§ I. — LOIS PHYSIOLOGIQUESPHONETIQUES

4. — Il nous paraît utile de faire connaître la marche

que nous suivons ici, conformément à la science phoné-tique moderne.

On sait que chaque son de la parole humaine, en tant

qu'élément isolé, est émis parla glotte dans le résonnateur,

c'est-à-dire dans la cavité buccale où il est soumisprincipalement à trois organes qui contribuent à sa

genèse et le modifient. Ce sont le palais, la langue et leslèvres. Les dents, la luette (uvula), la cavité nasaleinterviennent aussi, mais d'une façon secondaire ouaccidentelle.

Les sons émis par la glotte qui ne sont accompagnés,dans le

résonnateur,d'aucun bruit audible sont les

voyellespures ou orales. Si la voyelle résonne en même tempsdans la cavité nasale elle devient la voyelle nasalisée,

Les consonnes sont formées par les bruits de la langue

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ou des lèvres intervenant sur les sons musicaux (voyelles)

sortis de la glotte. Ces bruits sont ou momentanés (deplosion) ou continus (fricatifs) ; leurs variantes serventau classement, ainsi qu'on le verra plus loin.

5. — Nous avons donc comme phonèmes (1) du dlB

parlé.

LES VOYELLES'.— Elles peuvent être : a) simples et

purement orales ; b) nasalisées : c) semi-voyelles ; d) diph-thongues.

a) Voyelles orales pures sont désignées dans l'alpha-bet du groupe germanique par quelques signes usuels fortrestreints que l'on nomme a, e, i, o, u, (ou)... mais ellesfournissent un bien plus grand nombre de sons étantsoumises au

plusou moins de contraction ou d'élargis-

sement de la cavité buccale, à la position de la langue oudes lèvres ; de ces sons 1'* est le plus aigu et léger, Yu (ou,oe, u ail.) le plus bas. a est une voyelle d'équilibre. Sientre Yi et l'a on place Ye, et Yo entre l'a et Yu onobtient avec ces voyelles fondamentales la gammevocalique que voici :

v. aiguë v. d'équilibre v. grave

i e a o u (ou)

Tous les autres sons-voyelles : impurs, mixtes oualtérés peuvent se placer chromatiquement entre ceux-ci.

b) Voyelles nasalisées, qui engendrent le phonème

nasal n ou m, dont il sera question plus loin.

(1) Le mot « phonème » plus précis que le mot « son » al'avantage, dit M "V.Henry, d'englober voyelles et consonnes.

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c) Semi-voyelles. L'émission de toute voyelle isolée est

précédée de ce que les phonétistes appellent le « phonèmeinaudible » (ou atone) : l'esprit doux des grecs, l'alephhébreu et peut-être Yh muette du français, mais si, aulieu de s'appuyer simplement sur cet esprit doux, la

voyelle s'appuie sur une autre voyelle, comme dans

l'interjection fr. aïe ou l'affirmation flam. ja, où l'a sert

d'appui, elle devient alors comme une consonne d'un

ordre particulier, une « voyelle consonnante » que nousnommons semi-voyelle.

d) Diphthongues. Ce sont les produits d'une semi-

voyelle et d'une voyelle, soit précédente soit suivante,et non pas deux voyelles en une seule syllabe selon ladéfinition vicieuse qu'on leur a longtemps donnée.

6. — REMARQUE. Toute voyelle orale, nasalisée oudiphtongue peut être longue ou brève selon la durée deson émission : toutefois cette distinction ne regarde pasl'analyse physiologique des phonèmes, qui ne sont pointlongs ni brefs en eux-mêmes, mais plutôt par leurs

rapports, leurs liaisons, leur synthèse, où ils deviennentles importants facteurs de l'accentuation et de la

rythmique.

7. — Les CONSONNESsimples qui sont des bruits

s'appuyant sur les voyelles, se divisent, avons-nous dit,en : a) consonnes « momentanées » et b) consonnes« continues. » Il y a aussi : c) les vibrantes nasales etles consonnes voyelles.

a)La «

plosion» nécessaire

pourla

productiond'une

consonne momentanée est parfois « sourde » parfois« sonore. » A la plosion sourde correspondent les con-sonnes k, t, p, à la plosion sonore, g, d, b.

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Avec ou sans sonorité glottale, la consonne reçoitaussi le nom de « gutturale » (vélaire et palatale) « den-tale » et « labiale, » selon l'endroit de la cavité buccaleoù la plosion a lieu :

Ce qui comprend les consonnes :gutturales : k. g.dentales : t, d.labiales : p, b.

b) Les consonnes continues qu'on nomme encore« spirantes » ou « fricatives » ont aussi leurs « sourdes »et leurs « sonores. » Nous pouvons remarquer parmi lessourdes : s et f, et parmi les sonores : z et v.

c) Les consonnes vibrantes et nasales. La consonneest gênée parfois à sa sortie par un obstacle' élastique (la

glotte, la luette, la langue). Elle devient alors une'« vibrante » r ou l. Cette dernière est appelée aussi« liquide. »

Si, par un mécanisme particulier de la langue, le sonest poussé au palais et de là résonne légèrement dans le

nez, il se forme un phonème nasal : an, in, om... et lesconsonnes n e t m qui l'engendrent en s'appuyant surune

voyelleou

diphtongue quelconque s'appellent« con-

sonnes nasales. » -

d) Les consonnes voyelles. Les nasales m, n et lesvibrantes r et l deviennent souvent des voyelles dans cesens qu'elles servent d'appui à une autre consonne v. g.ta'b'V pour fr. « table » sist'r pour angl. « sister »bov'n pour fl. « boven » où 17, IV et Yn appuient les

consonnes b, t, v,la

voyellee étant

muette.

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§ H. — FIGURATIONDES PHONÈMES

8. — Il est certain que nos alphabets ordinaires ne

peuvent servir aux études phonétiques d'une langue oud'un dialecte : « Il faudrait pouvoir se représenter les

phonèmes tels qu'ils sont émis par la bouche et non àtravers les caractères décevants de l'écriture » (V. Henryloc. cit.)

D'abord il n'y a pas dans l'écriture alphabétique assezde signes ou caractères spéciaux pour représenterchaque phonème ; par exemple on n'a pas en français de

signe simple pour figurer la voyelle ou, il faut en réunirdeux o et M qui, pris isolément, désignent d'autres sons.

En revanche o s'écrit de deux manières par o et par au,etc. ; l'anglais et le flamand néerlandais n'ont que lalettre a pour figurer six ou sept prononciations différentesrelatives à cette voyelle.

En ce qui concerne les dialectes, l'embarras augmenteencore, puisque la plupart ne sont pas écrits, maisseulement parlés, comme l'est celui qui nous occupe, c'est

bien le cas de recourir à des signes conventionnels quimieux que l'orthographe traduisent aux yeux les élémentsde ces élocutions populaires dont les variantes sont

presque insaisissables.Nous ne pouvons pas non plus nous écarter trop de la

typographie vulgaire et adopter les symboles ou dia-

grammes dont les phonétistes modernes comme Bell etSweet se servent pour l'enseignement de la

phonologiegénérale. Les accents grammaticaux ou prosodiques dufrançais suffiront sans doute avec quelques signes diacré-

tiques analogues, à établir autant que possible la phono-

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graphie d'un dialecte flamand de France, pour quiconque

n'est pas trop étranger à la prononciation d'une langueappartenant au groupe germanique, comme l'anglais,l'allemand ou le néerlandais (1).

9. — Voici la nomenclature de ces signes :

a) L'accent aigu (ê) indique comme en français que le

son de lavoyelle

estplein

ouparfait.

b) L'accent grave (è) qu'il est ouvert et commeinfluencé par un autre son qui le rend plus ou moins

impur; ainsi è tend légèrement vers a, ù vers o, etc.

c) Le tréma (à) représente une voyelle dénaturée, très

incomplète.

d) Le tiret placé au-dessus de deux voyelles liées,v.

g.aô oë, sert à montrer qu'elles ne forment qu'un seul son-

voyelle.

e) L'accent circonflexe placé sur une diphthongue (ay)peut servir à préciser le son plié ne formant qu'unesyllabe.

v ,f) Le signe * (e) indique une voyelle muette ou plutôt

demi-muette. Le phonème muet, voyelle ou consonne,peut être remplacé aussi par une apostrophe.

g) Le signe v mis au-dessus de Yn ou de Ym fait voir

que le phonème est nasalisé ; v. g. an, in.

(1) Cette déclaration suffira, croyons-nous, pour excuser cer-taines anomalies paraissant dans notre texte flB, lequel ne connaît

point d'orthographe.Nous avons

déjàfait

remarquercombien

l'écriture est impuissante sans le secours d'une épellation tradi-tionnelle. D'ailleurs il va sans dire que pour apprécier le dialected'une langue il faut avoir une certaine idée de la langue elle-mêmeà laquelle ce dialecte appartient.

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h) Le j français ou le gamma grec y serviront à mar-

quer le g dur, tandis que le g ordinaire marquera le gdoux.

i) TJpourra remplacer le son nasal ng. TJsignifie gn.

 j) Le x = ch, le x = sch.

k) Enfin, une consonne absorbée peut être mise quel-

quefoisentre

parenthèse pour indiquer l'originedu mot

dans la morphologie du dialecte ; v. g. ke(r)ke, pour kerke« église » ; ou bien être remplacée par une apostrophe.

10. — Toutes les voyelles dépourvues de signe se

prononcent comme dans le flamand ordinaire dont lessons seront décrits dans le chapitre suivant, où nous les

comparerons, s'il y a lieu, aux phonèmes analogues, fran-

çais, anglais ou allemands.Ces préliminaires posés, nous pouvons maintenant

aborder l'étude du phonétisme du dlB.

Nous examinerons successivement dans leur « Analyse»et dans leur « Synthèse » les voyelles, semi-voyelles et

diphthongues ; les consonnes, les consonnes-voyelles, leseffets des combinaisons des voyelles et des consonnes et en

dernier lieu l'accent tonique.

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PHONETIQUE SPECIALE DU DIALECTE

ANALYSE

L — VOYELLES SIMPLES

11. — Le dialecte flB est riche d'une vingtaine de

sons-voyelles simples que nous pouvons considérer isolé-

ment, dans leur formation physiologique, c'est-à-dire en

faisant abstraction de leur durée, de leur accentuation etautres influences synthétiques. En les rangeant d'aprèsleur gamme phonétique, allant du plus aigu au plusgrave, nous avons à peu près :

i, i, i, è, e, è, ë, eu, a, à, à, à, oa, o, o, ô, û, u, ù, oe

Quant aux voyelles qu'on nomme voyelles muettes et

aux semi-voyelles, elles sont momentanément exclues decette liste.Et comme, en définitive, cette vingtaine de sons-

voyelles que nous venons d'énumérer peuvent se grouperplus ou moins autour des cinq voyelles cardinales a, e, i,

o, u, nous les examinerons selon cet ordre usuel, connude tout le monde.

12. — a. Son incomplet bref de la lre voyelle a. Ucorrespond avec de très légères nuances au fr. patte,ma, ta, sa; à l'ang. part, far; à l'ail, mann.

Ex : blad, « feuille » même son et mot en AN.

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— à- C'est l'aplus plein

etplus

complet ; ordinairement

long. En fr. base, pâte.

Ex : knâpe « valet » AN : Knaap.

— à et oa. a ouvert, trouble, incline vers l'o. Quandce pli sur l'o est large et se fait sentir davantage, nous

marquons oa. Ce son n'est point admis dans le fr. mais

l'angl. l'emploie beaucoup : quarrel, walk, etc.

Ex : vàdet^, « père » moar « mais » AN. vader, maar.

— a. Ce son bâtard et difficilement déterminé tend for-tement vers un e très ouvert. Il pourrait se comparer àcet a bref  français qu'on entend négligemment prononcerdans les mots : parier, Paris. En angl. c'est presque leson de la voyelle a dans l'article indéfini a ou an, dans

man, cab, sàp... Cette vo3rellese

produità la

partieantérieure du palais, vers la troisième division, à partirdu devant, et au-dessus du premier tiers de la surface

longitudinale de la langue; celle-ci étant tenue aussi basse

que possible (1).

Ex : â(r)m « pauvre » AN. : arm.

13. — è. Sonplein

etaigu;

l'é ferméfrançais

: étéclef.

Ex : néve « neveu » fl. : neef.

— è. Son de l'e ouvert = fr. père, pelle ; angl. men ; ail.fest (appelé « mid-front-wide » par les phonétistes anglais) ;il est plus ou moins allongé dans les syllabes dont il fait

partie.

Ex : spèl «  jeu » bèld « image » AN. : spel, .beeld.

(1) M. Sweet appelle ce son low-front-narrow dans son tableaudes voyelles (ouv. cité, p. 21).

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— 332 —

— e (sans accent). C'est le demi-son bref ordinaire qu'ontrouve dans le fr. me, le, se, demain, etc.; ail. gabe; iltend vers Yeu très bref.

Ex : beslag « embarras » ratte « rat » fl. rat.

— è. Son presque analogue à celui de l'a décrit plus haut,mais plus penché vers Yè. Il n'existe guère dans le fran-

çais, à moins de le saisir dans l'interjection « hein ! » dépour-

vue de sa nasalisation. Quoique il soit un phonème bref dans sa formation, il peut en se développant ressemblerà une sorte de bêlement comme Yêta grec, ou mieux une

alternance, formant -trille, de e. et a très ouverts ea.

Ex : bëdde « lit » fl. bed, kë(r)ke « église » fl. kerke.

— eu représente dans le dlB le même son que dans le fr.

peu, feu ; c'est un phonème simple et unique, quoiquereprésenté en flamand par deux lettres.

Ex : keuken « cuisine » fl. keuken.

14. — i. Ce son voyelle qui est Yi ordinaire du AN.n'existe pas en français où l'i (bref  ou long) est toujoursplus aigu; mais il existe en angl. dans les mots fill,sinner, etc.; en ail. : stimme, ich.

Ex : titel « titre » fl. titel.

— i complet, plein et aigu avec la prononciation del'i français : ici, crise, vive, prodige.

Ex : gi « tu, vous »,fl. gij.

— i penche davantage vers l'e, et ressemble presque àl'è ouvert bref du fr.

erreur,sa vraie

placedans la

pro-nonciation du dlB est entre cet e français et l'i ang. de

bit, fill ou l'y de pity.

Ex : krikke « béquille » fl. krek.

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— 333 —

15. — o. C'est l'o ordinaire (bref  ou moyen) du fran-

çais or, odieux, commode. Angl : some, nor.Ex : torre « tour » fl. toren. kloster « cloître, couvent,

fl. klooster.

— à son de l'o complet aigu, fr. rose, chose, vôtre, écho.

Ex : bôde « messager » hôpe « espérance » AN. bode,hoop.

— ô. Cet o sourd et imparfait participe de l'u (ou)germanique. Il ne répond pas toutefois au son aigu etde l'ou français qui est plus dur, mais le mot angl. Clown

aujourd'hui francisé le rend assez bien. Egalement l'ail,

hund, gefunden ; angl. put, too. Il est nommé « high-

back-wide-round-groom » par M. Sweet dans son tableau

d'analyse physiologique des voyelles. Une nuance de ce

son pourrait être indiqué par ou.Ex : zônde « péché » zonde.

16. — ù> c'est l'u aigu français de vertu, musc, butte,ail. mùde, bùhne.

Ex : hû(w)en « marier » A. huwen.

— ù. Ce son est intermédiaire entre û et eu ; moins aiguëet plus sourd par conséquent que le précédent. C'est un utrès faible qui se laisse entendre dans l'ail, schùtzen.Sweet le définit « mid-front-wide-round ».

Ex : huppe « baquet » A. kuip.

— u son ordinaire de l'u A. Il semble se tenir en fr. dans« un » privé de sa nasalisation ou entre « seul » et « peur »

c'est un son guttural parce qu'il se forme à la partiebasse du palais ; se trouve aussi dans l'ail, gotter.

Ex : kussen « coussin » A. kussen.

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— 334 —

— oe le phonème représenté ainsi par deux lettres liées

donne un son-voyelle simple analogue à You fr. de sorteque koe = coup. C'est également l'u allemand : gut.

Ex : boer « paysan », toer « tour » A. : boer, toer.

17. *—REMARQUE.Les voyelles « muettes » ne doivent

pas, avons-nous dit, faire partie de notre phonétique,puisque ce ne sont pas des sons oraux. Dans la morpho-

logie, cependant, on peut les mettre entre parenthèses oules remplacer par une apostrophe, ce qui a lieu particu-lièrement pour certains mots hybrides venant du français.V. g. corp'ral « caporal», reg'ment « régiment ».

IL — VOYELLESNASALÉES

18. — Lé dialecte B possède des voyelles nasaléesfournies par les sons que nous venons d'énumérer. Leur

figuration consiste dans le signev

placé sur Ym ou surYn qui les accompagnent. En voici les principales :— an (a bref  -f- n) = fr. : tant, vent ; et am, fr. : ambas-sade.

Ex : angoan « concerner » AN. aangaan ; ambocht« métier » fl. ambacht.

— en (è ouvert -f- n) ou \n (i -f- n), en fr. le son de « mai »nasalisé.

Ex : èhgoan «entrer» fl.: ingaan ; vèhster «fenêtre»..

— on (o bref ord. -f- n) et om = fr. : ombrage, bonsoir,

pont.

Ex : pattecon « patacon » (ancienne monnaie) ; dorh« stupide ».

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— 335 —

— on ( o + n) son nasalisé de la voyelle du mot « clown »

et de l'ail, hund.Ex : ôh krùd « ivraie » fl. : onkruid.

— ëun (eu + n), son nasalisé du fr. queue.

Ex : keun « lapin » fl. : konijn.

— ûH (ù -f- n), ce phonème manque en français. Ce n'est

point le son de « un » mais celui qu'on obtient en donnant

à la voyelle u de ce mot le son qu'elle a dans «juin ».Ex: tûil «jardin», fl. tuin.

Toutes ces voyelles que nous venons d'énumérer sont

indépendantes des « bruits » momentanés ou fricatifs quiforment les consonnes. Le «phonème nasal» n ou A setient ainsi entre le son musical pur de la voyelle simpleet le bruit de la consonne

;c'est donc sous ce

rapportune consonne-voyelle, tellement il a peu besoin de fric-tion.

III. — DIPHTHONGUES

19. — La diphthongue, avons nous dit, est un son

plié composé d'une voyelle et d'une semi-voyellè ; cettesemi voyelle (pouvant être aussi une des consonnes-

voyelles m, n, 1, r) s'appuie sur la voyelle qui peut être

placée avant ou après.De là deux sortes de diphthongues 1° à voyelle antécé-

dente; 2° à semi-voyelle antécédente. La semi-voyellepeut-être comparée à l'appogiature en musique.

Lesprincipales diphthongues

du dlB sontây, ya, ey,ye, ee, vja, vje, wi, ow, oo, ya, eew, etc.

Elles sont moins nombreuses que dans le fl. ordinaire.'

Au point de vue phonétique il n'est pas aisé de repré-

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— 336 —

senter ces différents plis et replis que prennent nos

voyelles : nous tâcherons de les décrire en leur lieu etplace.

Les diphthongues comme les voyelles fournissent aussides sons nasales.

VI. — CONSONNES

20. — Les consonnes du dlB sont les mêmes quepour le flamand ordinaire. Les bruits qui les engendrentpeuvent néanmoins être modifiés dans leur sonorité parles voyelles sur lesquelles ils s'appuyent. Les lois de leur

phonétique plrysiologique sont les mêmes que celles quenous venons d'exposer.

Il y a deux manières de grouper les consonnes denotre dialecte; eu égard : 1° à leur formation : Explosives,Spirantes, Nasales-liquides ou 'Consonnes-voyelles ; 2° àleur place : Labiales, Dentales, Gutturales. Le tableausuivant en donne une idée sommaire :

"VlDI*3.11f,6SCONSONNES Explosives Spirantes .——-**_^_^—-

nasales I liquides

Labiales b. p. f.v. m.  j w.

Dentales d. t. s. z. 6. n. i 1. r.

Gutturales g. k. j. y. x. vj. îj. Ih(asp.) j y. K. 1 !

REM. j = g doux ; x = ch (ail. dach) ; y = i palatal

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— 337 —

consonne voyelle ; /  = sch = ?) = ng ','% = gn (nasale

palatale).Les c. momentanées (explosives) ont généralement

moins de sonorité glottale dans le dlB que les phonèmescorrespondants du AN. de l'ail, et même du français.L'occlusion nécessaire à leur production s'effectue ainsi :la cons. b participe un peu du p et d du t. Parmi les c.continues (spirantes, fricatives, vibrantes), les sourdes

s. f. semblent dominer aussi dans le dlB.La vibrante r n'est pas glottale ou grasseyante, ni

même linguale comme chez les italiens et les français en

général, mais plutôt uvulaire (uvula « luette ») commechez la plupart des français du Nord.

Ces remarques physiologiques recevront leurs déve-

loppements et leurs applications plus loin.

Quant à la figuration des consonnes simples ordinaires,elle se fait avec les caractères usités : b, d, f, g, h, l, m,n, p, r, s, t, u, v, w, z.

V. — CONSONNES-VOYELLES

21. — De même que certains sons-voyelles font le rôlede consonnants quand ils s'appuient sur une autre voyellequi leur est annexée (5), de même aussi nous avons parminos consonnes certains phonèmes qui deviennent

voyelles (7).

Dans le dlB, les vibrantes l, r, n et m sont dans ce cas.Ex

; tàf'l« table » fi. tafel — vàd'r «

père»

A.vader.—

bôv'n « en haut » fl. boven — zwalm « hirondelle » fl.zwaluwe.

L'analyse phonographique trouve ici son compte ; v. g :

22

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— 338 —

le mot fl. hangen « pendre », qui forme deux syllabes, se

prononce dans notre dialecte en une seule diphthonguean'n. C'est une sorte de plique ou de trille (an -f- en), an

(l'h est muette) est la voyelle principale et antédédente,

g est absorbé, et eh dé vocalisé Çn) devient la consonne-

voyelle ou la semi-voyelle vibrante du phonème en

question.Le phonème w. rangé parmi les consonnes joue égale-

ment dans le dlB le rôle de semi-voyelle, il a le son del'u français dans winter (ûint'r) « hiver » et de l'u (ou)ail. dans water (ou at'r) « eau. »

VI. — CONSONNESDOUBLESET TRBPLES

22. — Le flamand de France présente en outre quel-ques consonnes groupées, doubles ou triples qui ne forment

qu'une seule articulation ; Elles appartiennent à la sériedes c. fricatives ou spirantes.

a) C'est d'abord la vélaire sourde gh que nous entendonsdans les mots allemands dach, noch et la palatale sourdech de l'ail, ich, blech; ces bruits consonnants simplespeuvent se figurer : gh = x et ch = y> (v- tableau 21).

b) Le bruit trille exprimé dans l'écriture AN. par sch et

que nous pouvons figurer par /  : Il en sera parlé plus loin.

c) Le ts interdental presque analogue au même digrapheanglais, qu'on peut représenter par 9. Nous en parleronsdans la syntaxe.

Mentionnons aussi les aspirations momentanées de h etde k figurées par l'apostrophe placée devant, v. g. 'h : 'k.

Le phonème nasal (guttural) ng = -^ déjà indiqué(20) et le mouillement gn = -/j.

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— 339 —

On appréciera davantage les « valeurs » des phonèmesque nous venons de considérer isolément en les mettantmaintenant à leur place et à leur emploi.

SYNTHESE

Emploi des phonèmes dans le dialecte

I. — VOYELLES SIMPLES

a et à

23. — L'a normal au son pur — bref ou long duAN. — se fait entendre dans le dlB plus fréquemmentque dans les dialectes voisins, où il devient plus lourd,

plus traîné, inclinant davantage vers l'o et l'oa. C'est dureste le son de l'a français que les Bailleulois emploientquand ils disent en vrai Aamand : knâpe « valet», dâgen,

« jours » au lieu de knoape, doagen, comme dans beau-coup de localités attenant à la frontière Franco-Belge.

— Cet a pur et complet remplace dans le groupe B la

voyelle e lorsqu'elle se trouve suivie de la consonne l,comme dans malk pour melk « lait » ; val pour vel« peau ». Cette particularité est tellement caractéristiquedans le dlB qu'elle a donné lieu au dicton suivant.

Te BalleBachte de kapalleVerkopt me malkVor gald.

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— 340 —

« A Bailleul — derrière la chapelle — on vend du

lait — pour de l'argent. »Nous avons aussi rencontré cette particularité à Bruges;

et nous avons entendu dire en Zélande : halfalf^ouvhalf elf « dix heures et demie. » Mais elle distingue lesBailleulois des autres Aamands de France.

à, oa

24. — Quoique les Aamands de Bailleul emploientassez volontiers le son de l'a pur (bref  ou long) dont onvient de parler ; ils se servent cependant beaucoup aussidans certains mots de Yôhlank « son de l'o » (1) figuréici par les caractères à et oa selon qu'il est plus ou

moins traîné. — Ce son particulièrement dialectiquedu AN se laisse entendre un

peu partout,dans la Frise,

la Gueldre, la Zélande, la West-Flandre. Il apparaît dansles a anglais des mots what, walk, wallow. C'est un son

quasi guttural oscillant sur a -\- o entre l'a pur et l'o

pur. Il se forme par une dépression du larynx accompa-gné d'un retrait de la langue qui élargit la cavité de labouche. Il paraît que c'est un « umlaut » d'un son ancien,l'a grave du bas saxon.

En ce qui concerne l'emploi de l'a ôhlank dans le dlB,nous le rencontrons dans un certain nombre d'expressions,mais moins fréquent et surtout moins lourd que sur lafrontière belge où, particulièrement dans les villages, onle traîne presque jusqu'à la diphthongue v. g. le mot vader« père » se dit à Bailleul vôder, avee le son pur de l'odans « tort, or » tandis que dans la zone qui passe par

Poperinghe, Roesbrugghe, Furnes,on dit voader faisant

presque sentir en même temps l'a et l'o.

(1) C'est la dénomination donnée à ce son par L. De Bo dans son« Vlaamsche Idioticon » Bruges 1873.

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— 341 —.

Définitivement le dlB emploie deux prononciations pour

l'a complet de ses mots : celle qui tire sur l'o et celle del'article précédent qui n'est autre que l'a pur du françaiset de l'italien.

Il en est de même à Bruges et beaucoup de localités dela West-Flandre, avec une moindre fréquence de l'a

français toutefois.

Ainsi le mot hybride répondant au fr. « scandale » se

dit à B : schandâl, avec l'a fr. et à Bruges : skandol avec1' « oklank. »

Il ne paraît pas y avoir de règle pour l'emploi de ce sonde l'a en dehors d'une influence étymologique ; cependanton peut généralement constater dans les mots où l'a estsuivi des consonnes d, t, l, n, r, s et r qu'il prend1' « oklank » plus ou moins traîné à ou oa :

Ex : vàder « père » (pr. vôder) wàter « eau » (pr.ouôt'r)koas « fromage » fl. kaas, doazen « stupide » AN. dwas,gàlge « potence » (pr. golg') fl. galg.

Tandis que devant : b, p, f, v, g, k, in, l'a conserve leson normal. Ex •: kâmer « chambre » màgd « vierge »sabel « sabre » appel « pomme » etc.

à25. — Cet a dont le son imparfait et impur flotte

entre a et è (12) remplace l'a normal du fl. devant laconsonne r. v. g. màrt « marché » markt. Il se fait aussientendre dans la conjonction dat « que » où il se rapprochepresque tout-à-fait du phonème e de bè'dde « lit. » (V. plusloin e).

Ex : dâtten « qu'il » dâtse « qu'elle » dâwe « quenous... » (formules du Subjonctif), AN. datzij, datwij.Il se présente aussi dans les diminutifs : hântse (pr.

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— 342 —

in-tsë) « petite main » (hand, « main ») zântse « petiteimage » etc.

A Bailleul l'article indéfini à, an, a également ce son,

(presque comme en Anglais).

Ex : a kind « un enfant » an hèmde « une chemise. »

è

26.—

Ce son plein et aigu de l'e fl. est très usitédans le dlB : v. g. lêlie « lis » êzel « âne» etc. En outre :

a) il remplace éè diphthongue dans certains mots qui ontsubi une contraction v. g. sté « ville » fl. stede — mè« avec » fl. mede.

Ex : mégoan « accompagner (aller avec) medegoan.

b) Egalement la diphthongue ei à la fin des mots : goethèd,

wishéd, '== goedheid, wijsheid « bonté, sagesse »

è

27. — Pour ce qui concerne l'è ouvert, le dlB luidonne le son du même e dans le AN : spel, ou le fr. pelle,mettez. Cependant, devant un r, ce vocal prend un son

plus bêlant qui ressemble à la.diphtonque èi : weireld =

wereld, « monde » heirel =!kerel, « individu. »— Parfois il tient lieu de l'u Nid : rèk = rug, « dos »

stèk = stuk « morceau. »

ë

28. — La voyelle gutturale et bêlante qui est figuréepar ë : përk « parc » se rencontre plus fréquemmentdans le dialecte que dans le AN.

a) Ce son remplace Ya normal bref dans les mots :

kërre, stërre, AN karre, star «, charrette, étoile » devant

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— 343 —

IV, ainsi que fait l'a. Par contre on entend dire au nord

de Bailleul (mont des Cats) karke pour kerke « église. »

b) Il tient lieu de Yi dans messe, smê'sse, misse, smisse,« messe, forge. »

c) Il remplace aussi le préfixe ge dans les participesdes verbes : ëmakt gemakt, ëdoan, gedoan, ainsi que dansl'adverbe ënoug = genoeg.

29. — Cet e sans accent est toujours bref ou trèsbref  ; il sonne au commencement ou dans le corps desmots l'e semi-muet ordinaire : betàlen (pr. betal'n) c'est-à-dire comme en français me, le, se, besoin. Dans les

syllabes finales, soit seul, soit suivi d'une consonne :

hemde, (hemd'), tafel, titel, ôven,« four » il est comme

plus étouffé et il subit un « umlaut » qui le rapprochesoit de l'a, soit de Yû ou plutôt de Yeu ; de sorte qu'onentend dire à B : tâfeul, titâl, « table, titre » Ye encore

plus muet s'ajoute à une foule de mots monosyllabiques,de là deux syllabes dont la première s'adoucit dans ce cas,aa devenant a, a devenant ë. Knàpe « valet » knaap :

hëmde, « chemise » hemd ; sterre « étoile ». star. Cette

forme était usitée dans le vieux fiamand.

i

30. — L'i aigu et complet conserve le son ancien :celui de l'i français « ici » à Bailleul on dit gi, toi et non

gij,wij, que les Hollandais et d'autres Flamands prononcentghei, mein; notre prononciation dialectique est ancienne

et a été conservée dans la Flandre occidentale, laZélande, etc., elle est une des caractéristiques du bas-allemand, ou Platduitch.

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— 344 —

i

31. —Vi normal flamand, inconnu en français, flotteà Bailleul entre Yi et Ye. Il se rapproche néanmoins

davantage de l'i pur dans les mots d'origine française :titel « titre » pike « pique » pratike, brikke.

Avec ce son :

a) Il remplace parfois Ye : brih(g)en = brengen,in(g)el = engel.

b) Il remplace l'ij AN. : md! = nijd, pmepren=pijnigen,stil, stijl « métier. »

ï

32. — Cet ïqui

se fait entendre comme un è ouvertet bref, est fréquent dans le dialecte, krikke = krik« béquille » stille wàters « eaux tranquilles. »

ï et eu

33. — ï avec un son Aottant entre e et M (eu) remplaceYi dans la terminaison de certains mots formés par les

suffixes ig, ik: icàrachtïg (pron. wârachteug) «vraiment»ôardïg (pr. oardeg) « drôle » adjectif  formé du subst.aard « nature, instinct. »

o e t o

34. — En dedors de certains faits d'accentuation, leson de l'o ordinaire, complet ou incomplet, ne diffère

guère dans le dlB de celui des autres langues parallèles.Ex : 'ko zen « cousin » se prononce comme poser, rose —

torre « tour » comme or, port. C'est l'o normal, accentué

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— 345 —

selon les circonstances, ainsi : AB. : kôzen (— v) = AN :

kosijn (v —). Cependant :

a) L'o incomplet du dialecte tient souvent lieu à B dela diphthongue oo : kloster « couvent » fl. klooster.

b) Il remplace comme il a été dit : (24) la voyelle a,principalement devant les consonnes labio-dentales.

Ex : ollemousse « aumône » A. almoes —

ofhouden« retenir » A. afhouden — oder « veine » A. ader, etc.A Bailleul, quand la cueillette du houblon est terminée,les ouvrières et les gamins s'en vont par les rues de laville en chantant : 't is ol of  ! « tout est en bas !» 't isal af !

REM. Ce phénomène, quoiqu'il ne soit pas tout-à-fait

général,montre

qu'il ya là une

frappanteloi de labiali-

sation du dlB. qui fait que la présence d'un l par exemplequand la voyelle est brève, change e eu a (23) et a en o;les deux faits sont connexes.

Ex : melk, malk « lait » vel, val « peau » kalk, kolk« chaux » vallen, vollen « tomber » kalf, kolf  « veau. »

•ô

35. — On entend cet o qui ressemble à un adoucisse-ment de You français :

a) Dans le son nasale oh, iôh(g)en « garçon »  jongen —

tôh(g)e « langue » tonge (pr. ioun'hen, toun'he).

b) Dans la préposition tôt (pr. touf) « à, chez » A. tôt.

c) Généralement devant nd, nt : pond « livre (poids) »z'ônde « péché » zonde, (pr. pound. zounde).

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— 346 —

u

36. — L'û aigu fr. mur, nue, intervient dans le cUB.

a) Devant w : dûwen, pour ou ; douwen « presser. »

b) Pour ui dans dûvel (duu) duivel « diable. »

u

37. — L'u normal AN. qui flotte entre « seul » et« peur » est fort employé dans le dialecte B ; comme dansles mots kussen, busse, vrucht, etc. De plus il tient lieu :

a) De l'o bref AN. dans tunne, «tonneau» ton, dunder« tonnerre » donder; wulle, woll « laine; » up. « enhaut » op.

b) De l'o long dans butter A. boter « beurre. »

REMARQUE.— Le peuple à B. prononce plutôt beuter.

c) De Yi : busschôp, bisschop « évèque » begun, begin« commencement. »

il '

38. — L'û dont le son est intermédiaire entre û et eu.

a) remplace, comme jadis, par un son pur la diph-thongue actuelle AN. ui. Ainsi kûppe = kuip « baquet; »bùh buik « ventre ; » zûver zuiver « pur. »

b) le double ij : pùpe pijp « pipe. »

c) la voyelle oe dans we mûn, contraction "de : wemoeten « nous devons. »

REMARQUE: dans les autres endroits, du pays A. Fr. on

dit, dûvel « diable » et non dûvel (avec ûû très aigu)comme on prononce à Bailleul, quand on veut donner de

l'expression à ce mot.

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347 —

II. — VOYELLESNASALEES

39. — Les vojrelles qui précèdent ainsi que les diph-thongues qui leur correspondent fournissent dans le

dialecte des sons nasales comme en français. Ces sons

sont particulièrement usités dans le groupe de B, voisin

du pays où le français est parlé. Naturellement ils com-prennent la consonne nasale n ou m placée après la

voyelle. Les principaux sont : ah, eh, in, ih, oh, om,

oh, ûh.Ces sonorités, qui n'existent pas dans le AN, tiennent

donc lieu de a+n, e-f-n, i+n, etc., aussi produisent-ellesune particularité remarquable dans certains dialectes en

tête desquels on peut certainement placer le dlB. Cetteparticularité consiste dans la suppression du d ou du gqui suit la voyelle nasale. Ces consonnes qui commencentla syllabe suivante, sont alors remplacées par une sorte

d'aspiration. Ex : hah(g)en (ah'en) pah(d)er (pah'er).On peut aussi écrire : hah'hen pah'her, etc.. Seuls

cas où intervient l'A aspirée.

ah ou am

40. — Ces phonèmes remplacent a+m ou a-f-n du AN.

a) à la fin des mots : bôterafn boterham « tartine ; »

bêrtah mot bâtard du fr. : « pourtant ; » ah aan, prépo-sition « à. »

b) devant d, g, h ou une voyelle dans le même mot :tah'en tanden « dents » ; hah'en ou hah(g)en « hangen »« pendre ; » ahgoan « concerner » (an-goan) aangaan.

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— 348 —

REMARQUE.— Dans ce dernier mot le g est conservé,

parce qu'ici il y a deux mots ; an-goan étant parmi lesmots composés.

èh

41. — Ce son nasale pour è+n, n'est pas entendu en

français, il se trouve dans vèhster, venster « fenêtre, »

èh'ègen (pr. ènn'hégen) eindegen « finir, » mèhsch

« homme. » \ *tn

42. — a) S'emploie au lieu de i+n dans le pluriel dessubst. terminés au sing. en ing : dih(g)en, rih(g)en;dans vih(g)er « doigt » brin(g)en brengen « apporter »

kin'sch, kindsch « enfantin. »

b) au lieu de e+n : ih(g)el engel « ange », mih(g)elen,méngelen « mélanger. »

tn

43. — Ce son nasal peut se confondre avec en.

a) Dans vhgoan, ingaen ; ih'emen, innemen, mots

composés avec la prép. in « dans. »

b) Dans i-j-mde Impers immers « assurément. »

c) A la fin de certains mots venant du français,tab'lintih « diablotin, » sorte de réglisse.

om, oh

44. — Ces sons nasales de la voyelle o se trouvent :

a) Dans les mots d'origine française : ohkel oncle,

compère compère, cohditie (pr. condiche).

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— 349 —

b) Dans AN. m -f- m lohmer lommer « ombrage, » n -f- m

omacht onma.ch.t « syncope. »

c) Dans certaines formes contractées bohkolf  «. jeuneveau » boonekalf, bohkrûd boonekruin « sarriette

(plante) »

oh

45. — Cette voyelle nasale (o -f- n) se remarque dansun certain nombre de mots du dlB où elle est suivie de

d, g, k, vg : vôh(d)elink « chose trouvée » vondeling,Ôh(d)erbûk « bas ventre » onderbuik, hôh(g)er « faim »

honger, tôh(g)e « langue » tonge, ôhkrûd « ivraie »onkruid.

ûh

46. — Le son nasale français de un, chacun, humble,apparaît dans certains mots très réduits du dlB : nûhe,tùhe, « nonne, tonne »

Notre dialecte a encore d'autres sons nasalisés qu'ilplace dans certaines expressions bâtardes tirées du

français. Ceci n'étant plus du dialecte proprement dit,nous n'avons

pasà nous en

occuper.

III. — DIPHTHONGUES

47. — Nous avons indiqué (19) les principales

diphthongnesdu dlB. Elles existent dans le Aamand ordi-

naire et peuvent se partager en deux catégories : Les diph.1° à voyelle antécédente ; 2° à semi-voyelle antécédente.

Les plus importantes sont celles avec voyelle antécé-

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dente, où il y a lieu de distinguer la série avec semi-voyelle

i (y) et celle avec semi-voyelle u ou bien ou (w).Les diphtliongues avec semi-voyelle antécédente ont

pour type : ya et ica.

48. — Rien de plus fréquent dans notre dialecte parléque d'entendre comme des sons-voyelles plies et trilles

qui semblent indiquer une prédominance excessive des

diphthongues sur les voyelles simples du AN. C'est lecontraire qui est vrai. Le flB ne plie pas ses voyelles;elles sortent pures, le plus souvent avec toute leur acuité.La plupart de ces sons plies v, g : aie, êie, oie.... sont desréductions de syllabes, où la substitution des consonnes-

voyelles aux consonnes simples fait cesse.r tout bruitconsonnant pour ne laisser qu'une diphthongue apparente.

Ainsi pour lesgroupes

cités :

aie = AN. alsgij (as gij) « quand vous »

été = id. hebt gij « avez-vous? »

oie = of  gij « si vous »

Nous pourrious ajouter beaucoup d'autres contractions

de ce genre produisant des diphthongues vraies ou faussesselon que l'esprit doux qui précède toute voyelle manqueou non. Les exemples seront mieux placés à la fin de la

morphologie. Il y a souvent ambiguité dans les langueset leurs'dialectes, à propos des diphthongues. Ainsi pourne pas sortir de l'exemple ci-dessus : aie signifiant : as gy« quand vous...» revient à à -\- ie tandis que, dans aie,le second

phonème y (ie)n'est

pasune

voyelle,mais une

consonne d'un ordre particulier s'appuyant sur l'a pour.former un son plié.

Quant aux particularités que présentent les diphthon-

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gués du flB, elles sont peu nombreuses et se retrouvent

dans beaucoup d'autres dialectes du AN. Mentionnonstoutefois les phonèmes suivants :

ei (ey) (1)

49. — Cette diphthongue, dont le son équivaut à celui

del'ij hollandais, joue chez nous un rôle assez multiple :

a) Elle remplace par contraction certaines syllabes àconsonnes.

Ex : dèi = dede (impf. de doen « faire ») ; klappèie =

klappege « bavarde » (v. à la fin de la morphologie).

b) Elle permute fréquemment avec e ou ee :

Ex : grèiten fi. greten « se moquer ; » mèi(r)sch = fl.meersch « marais ; » kèize = keers « cerise ; » dèigen =

deger « épée. »

En revanche nous'disons : mèsche pour meisje « petitefille ; » eeke pour eik « chêne ; » goethéd pour goedheid« bonté » ; plèh pour plein « plaine » etc. •

c) Quand un mot français terminé en è ou ée entre en

flB. il change sa terminaison en la dipht. ei ou eie, [y ouV + e).

Ex : arméie, contrèie, chicorèie = armée, contrée,chicorée; originalitèit = originalité; pavéy = pavé,etc.

REMARQUE.— Dans ces exemples, Ye ajouté à la dipht.

(1) y pour i quand il est semi-voyelle. Encore une fois noussignalons les difficultés d'écriture que présente la phonographied'un dialecte parlé; surtout quand on désire conserver autant quepossible l'épellation de la langue normale.

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est un son secondaire (naslag) qui ne porte pas atteinte à

l'intégrité du premier, c'est un e demi muet qu'on pourraitremplacer par une apostrophe (arméy').

ij, oi, ni.

50. — Ces voyelles ainsi formulées dans la langueécrite et prononcées avec un son plié ainsi que ei enHollande dans le

Brabant,dans la Flandre

Orientale, etc.,sont généralement remplacées chez nous par des voyellespures et simples, aux sons plus ou moins complets. C'estainsi que ij devient un pur i long (i ou i) ; oi se réduit eno ; ui en û aigu ou bien u long. Même Yoa (le son oklanhde l'a dans beaucoup des dialectes) (24) n'a point cheznous ce son traîné qui le fait ressembler à une diphtongue,mais c'est un o incomplet pur (comme fr. or) quand il ne

reste pas avec le son de Ya italien. Comme exemples dessons précédents ; citons : schilderi = schilderij « pein-ture » ; mi = mij « moi >>liden = lijden « souffrir » ;ôooarl = oijvaart « cigogne » ; duve = duif  « pigeon »dûvel = duijvel « diable. »

ee et oo

51. — Ces deux formules désignaient les sons des

voyelles e et o de l'alphabet ancien. Aujourd'hui on les

emploie généralement comme dipht.. Dans le AN. V. g, éè— éèa ôo = oua ou wa, à semi-voyelle antécédente.Néanmoins à B. ces sons paraissent moins plies : ee peuttrès bien se figurer par Yè complet et très allongé : v. g.êten fi. eeten « manger ; » gên geen « aucun » bénen

beenen «  jambes » oo se prononce à B. absolumentcomme le phonème oi du français v, g, hooren « écouter »

(pr. oir'n).

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— 353 —

eew, ooy.

52. — Cependant lorsque ces phonèmes sont accom-

pagnés des semi-voyelles w ou y leurs rôles de diphth.s'accentuent et nous nous entendons dire lèa-w-eri AN.leeu-wen « lions » ; hôa-y-en hooien « faire les foins » etc.

Ces sons rendent, parait-il, assez bien les anciennesformes des diphth. gothiques. Nous n'avons pas à les

 juger à ce point de vue, nous les avons notés avec sincé-rité, c'est l'essentiel.

COROLLAIRESDE CE QDI PRECEDE

53.— 1°) Les mêmes voyelles ou diphthongues peuventêtre tantôt longues, tantôt brèves. Il a été dit que, dansle dlBj les sons-voyelles sont généralement plus nets,

plus légers, plus brefs que dans les dialectes de la Néer-lande. Cela résulte des différences dans la durée de ces

phonèmes, non moins que dans leur sonorité. A Bailleulles sons de Ya et de Yo sont plus souvent sourds et incom-

plets,i

etM

sont plus simples et purs que ijet ui du

AN de même en ce qui concerne les sons plies, ilssont ordinairement remplacés par des voyelles simples,moins allongées par conséquent et d'une tonalité plusdélicate : kloster klooster, nalde naald, dih dijk, kihen

kijken, mèsje meisje » etc.

Ces altérations des voyelles allongées du AN. attestentdans notre dialecte une prédilection pour les sons simplesdu flamand ancien.

2°) C'est surtout par leurs altérations de sonorité queles voyelles méritent, dans le dlB, une attention particu-

23

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lière. Il y a là une gamme chromatique qui parcourt tout

le clavier de la parole parlée. Rien que les nuances d'uneseule voyelle, l'a par exemple, pourraient s'élever aunombre de quinze au moins, si l'on pouvait les noter.Cet a évolue jusqu'à devenir un e ou un o purs : voder,erm,- etc., etc.

3) Certaines voyelles s'ajoutent ou se. retranchent : le

pronom ik devient 'k : 'h wul pour ik wil «  je veux. »

Par addition les adjectifs « bedrieglijk, keerlijk... »deviennent chez nous bedrigelik, hêrelik ; ce qui adoucitla voyelle du radical, comme l'e muet ajouté à certains

monosyllabes knàpe knaap, sterre star, etc.

4) L'accent syllabique exerce aussi une grandeinfluence sur la modification de nos voyelles.

Le dialecte de Bailleul est un des plus chantés de la

langue flamande. Il en résulte des sons qui varient à

chaque instant d'intensité, de durée, et nous pourrionsdire de couleur. Ces variations dépendent beaucoup, il est

vrai, de la personne qui parle. Toutefois elles appar-tiennent au dialecte ; car ce que les anglais nomment :

emphatical syllables ; les syllabes emphatiques dominentà Bailleul et y exercent sur la prononciation une grande

influence.Ainsi pour accentuer lé sens possessif  du pron. AN.

mijn « mon, ma » on dira dans le dial : mi moeder aulieu de me moeder « ma mère » là où le français doitavoir recours à un pléonasme : « ma mère, à moi ! »

Avant de passer aux consonnes nous croyons utile de

reproduire dans le tableau suivant les sons principauxdes voyelles du dialecte.

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355 —

54. RECAPITULATION

des sons-voyelles simples du dlB

Figuration dlB Sons similaires fr.ang.

ail. F1N

a Mat fr. patte, ail. blatt. bladà kâmer fr. escadre, ail. hase. kamerà vàder fr. or, ang. quarrel. vader

ôâ moar fr. maure, ang. saw. maar

à à>m ang. a man. a cab. arm

é kêtel fr. clef, ail. selig. ketelè spèl fr. pelle, ail. erbe. spele bédde ang. bed, clerc. bed

eu beuter fr. oeuvre, ail. schôn. botere betalen fr. me, le, ail. geretted. betaleni titel (manque en fr.), ail. stimme. titel.i gi fr. ici, remise, ail. wir. gijt zïch ang. fill, pity. zicho hom fr. comme, ail. offen.

'kom

o drômen fr. echô, ang. so, ail. woge. dromenô zônde (manque fr.) ang. clown, ail. hund zonde

u kussen fr. un, chacun, ail. gô'tter. kussenM dûwen fr. lutte, ail. Imtte. douwenU kùppe ail. sclmttzen. kuip

ôë hoe fr. coup, ail. gut. koeoo hoor'n fr. voir, bonsoir. hooren

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356 —

II. — LES CONSONNES

55. — Les consonnes prennent une moindre placeque les voyelles dans la phonétique du dlB. Leur emploiest d'ailleurs très économisé dans le langage parlé quinous occupe. Les habitants des cantons de B. supprimentvolontiers certains phonèmes, non par impuissance, maispar économie ou par attraction qui simplifie le mouve-

ment des organes et réduit les syllabes, ainsi qu'il a déjàété remarqué (46). Afin de préciser, nous allons procédercomme pour les voyelles en gardant l'ordre naturel desconsonnes qui ont été classées : 1° d'après leur lieu de

production ; 2° d'après leur physiologie.

56. —"1° C. LABIALES

b et p

a) Ces « explosives » permutent fréquemment entreelles à l'avantage du p qui l'emporte dans notre dialecte.

Ex : splnnekoppe pour spinnekob « araignée » pê'k-kel = bikkel « osselet. »

b) Le b remplace m dans les mots suivants, par Ex :bisschien = misschien « peut-être ; » bo ya = maar ja« mais oui ; » nibedolle = niet met al « pas du tout »

(adv.).

f  et v

a) Il y a aussi échange fréquent entre les fricatives /"etv. Le dialecte B. pjenche pour le f.

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Ex : fenint = venijn, grofàder = grootvader, flèien =

vleien.

b) /est employé à B. pour g dans plôf  « charrue » fl.

ploeg.

c) Il est muet dans le corps de certains mots v. g. denhait pour : de helft « la moitié. »

57. — 2° C. DENTALES'

d, t

Les dentales explosives d et t s'échangent égalementdans les dl flamand. Celui de B. fait entendre le t plutôt

que le d.a) A la fin des syllabes où il se fait fortement sentir :

v. g. Mat = blad « feuille » put = pùid « grenouille »

gunter fr. « là-bas » angl. yonder, etc.

b) d devient muet à la fin du mot initial dans les

composés : doolàgeû. doodlage « flaque d'eau dormante »bloevinke = bloedvinke «.bouvreuil » pèrstol = peerdstal« écurie. »

c) La dentale t se fait entendre au lieu de p dans lante« lampe » AN lamp (écrit autrefois lampte).

s z 0

a) La spirante s équivaut à l's français. Elle se fait

toujours entendre à la fin des mots : v. g. dans = « dance ; »au milieu des mots elle prend plutôt le son de z.

Ex : Verùzen fi. verhuisen « déménager. »

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— 358 —

; b) L'emploi de z est d'ailleurs plus fréquent dans le

dialecte B que dans le AN. .

Ex : zokhen A. sokken « chaussons » — zop = sop« soupe. »

c) Quant au. 9 (figurant le th anglais), il intervientdans notre dialecte pour rendre ce bruit dento-sifflant quin'est pas seulement particulier à l'idiome anglais, mais

que les bailleulois flamands de France reproduisent fortbien à leur tour dans les mots où l'épellation flamandenécessite l'emploi des doubles lettres, ds, dz, ts, tz. Quandl'habitant de B. dit : dat dink, AN : dat ding, il ne diffère

guère de l'anglais- disant that thing avec le th doux.

Egalement, il y a ces diminutifs particuliers au <UB (V.plus loin : morphologie) kintse, mannetse, où certaine-ment le son sifflant ts peut être rendu avec la

prononcia-tion sifflante du th anglais.

58. — 3° C. GUTTURALES

g. h.

a) Le g dur dans, le CIIB possède une sonorité quis'éloigne du k pour se rapprocher de Yh aspirée. Ce pho-nème sort du larynx sans presque se heurter aux paroisde l'arrière-bouche. Ainsi goed « bon, bien » se prononceà peu près comme les hollandais prononcent hoed « cha-

peau ». Nous pensons que les sonorités des aspirationsfrançaises ont quelque peu modifié le g dur dans le fl. de

la frontière.

b) Le k dont le son guttural explosif  est le même dansle AN et dans le dlB remplace g à la fin des terminaisonsen ing du fl. ordinaire :

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— 359 —

Ex: Keunink =

koning« roi », vôn'elink = vonde-

ling « enfant trouvé. »

59. — 4° Les consonnes l, m, n, r, w

Quoique réunies sous une même rubrique, ces vibra-tions consonnantes donnent lieu, dans le dlBà des parti-cularités diverses qui motivent un examen spécial pour

chacune d'elles.

I

Cette consonne n'est jamais mouillée ainsi qu'en fran-

çais.— Comme particularités dans le dlB il y a pour l :

a) changement en r dans certains mots : slôter AN.

sleutel « clef. »

b) remplacement de l'n pari dans azilaâya. «vinaigre. »

c) disparition dans les mots : os = als, âzoo alzoo ;makanders malkander « l'un l'autre » wuk welk ; zukzulk.

m

a) m qui se prononce comme en français au commen-cement des mots et des syllabes, prend à leur fin le sondu premier m dans flamme et devient parfois nasale :hame= ham (ailleurs schink ou hespefr. jambon).

b) remplace b ou p dans certains mots bâtards : v. g.lommer « du fr. l'ombre, » carmenoade, « carbonade, »

tërmentine, A. terpentijn « térébenthine. »

c) est employé pour w : zwalme, zwaluwe « hiron-delle. >

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— 360 —

h

L'n qui n'est jamais nasale dans le AN, l'est souventdans le dlB quand il est précédé d'une voyelle avec

laquelle il forme alors un phonème d'une espèce parti-culière. Il en a été suffisamment question dans un chapitreprécédent. De plus :

a) n à la fin des mots est souvent semi-muet; mêmeil est supprimé clans certains villages flamands de Franceà l'infinitif des verbes surtout. A Rubrouck et les envi-

rons, on dit : slàpe pour slapen « dormir ; » été pour éten« manger. » Quant aux bailleulôis ils en font, dans ce

cas, un son sourd et nasale : slapeh.

b) Le son de n (non nasale) disparaît également dans les

mots composés, v. g. keuke(n)-mëssen « fille de cuisine »ove-kôhe fl. oven-koek « galette ; » wàge-maker fl.

wagenmaker, « charron. »

c) Il remplace parfois Ym : entrent, fl. omtrent « auxenvirons de..; »

r

La vibrante r n'est pas glottale dans le dlB où l'on negrasseyé pas. Elle est uvulai.re et au lieu de « rouler »elle s'écoule même sans se faire entendre en influençanttoutefois la voyelle sur laquelle elle s'appuie :

Ex : kêhe = kerke « église » êdder fi. eerden « plus tôt.»

Cette monolabiale est très fluide dans le dialectecomme ailleurs. Mais elle y tient moins le rôle de semi-

voyelle afin de former diphthongue avec la voyelle

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suivante ou antécédente. Elle disparaît laissant le son de

u ou bien ou qu'elle conserve aussi parfois au commen-cement des syllabes devant l'u comme cons. labiale.

a) Ainsi nous disons comme en fl : wi (ui) « nous »

wàgen (ouagen) « chariot » wuf  AN wuf  « femme. »

b) Mais dans d'autres mots (quand You ou Yu précèdele w) cette consonne est supprimée et ne sert même pasà faire diphthongue, mais est remplacée par une autre.

Ex : ABû[w)elïk « mariage » û(w)en « marier » u(w)eltse« pain à cacheter. » Alors le mot A. huwelijk (û-we-lik)devient chez nous û-îe-lik — uweltje devient û-iel-Qe.

60. — ç (doux)^ et y (g doux) eh, sch.

Cette série de consonnesgutturo-spirantes

n'offrent

guère de particularités que pour leur prononciation dontil a déjà été parlé.

c

c doux, son de l's, ne s'emploie guère que dans lesmots d'origine étrangère : v. g. Ciceron, cit'r « cidre »

cébôrie « ciboire. »

y ou j (g doux)

Le g doux peut très bien se remplacer par le j françaisdont il aie son dans les mots bâtards Aamands que le

français a légués. Le dlB prononce donc jahdàrm, orlôjie, jenéver « genièvre. »

Quant au / consonne flamande, qu'il ne faut pas con-fondre avec

Yj allongée,v.

g.Ja ou

ja— il est souvent

doublé dans sa prononciation d'un d ou d'un t qui luidonne plus de force.

Ex : d'Job « Job » t'Jàke « Jacques. »

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--362 —-

'-;'. x ou eh

Le son de x ou ch est également fourni au dlB par le

français, où il remplace la terminaison « tion » de certainsmots : v. g. na-tion qui se dit à Bailleul nàche (pr. noche) ;tentàtie « tentation. » Absolument comme en anglais ;il n'y a ici aucune difficulté.

y OUSCh , ; ;C'est le « schiboleth » flamand qu'aucune figuration ne

saurait rendre. Ce qu'il faut en penser c'est qu'à Bailleul,il se prononce entre le sch dur et guttural des Hollandaiset le ch français, comme si l'A du groupe était privée dede son aspiration (soit*/?)

REMARQUE.— Dans le flamand ancien le sch était écritse v. g. scapen « moutons. »

ng et gn

61. — ng est plutôt un phonème nasal v. g. dinfgjen« choses » tantôt, à la fin des mots, il a son g remplacé parle h. v. g. palink = paling « anguille. »

gn. Ce son mouillé qui est propre au Français, à l'Italienet à l'Espagnol, est inconnu aux Néerlandais ainsi qu'auxAllemands ; à Bailleul on s'y est pourtant familiarisé àcause de certains mots tirés du français v. g. poigniàrd« poignard, » règnéren « régner, » bègnéren « baigner. »

COROLLAIRESDES CONSONNES

62. — Il résulte de l'énumération qui vient d'êtrefaite que les consonnes gardent aussi dans la phonétique

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— 363 —

du-dlB unegrande

inAuence. Ellesy produisent

en effetdes modifications sensibles dans les bruits et les sonsmusicaux qui composent les syllabes. On a pu voir queces modifications peuvent être opérées : a) par éliminationou par adjonction euphonique ; b) par métathèse ou

transposition.

a) Ce qu'il y a de plus remarquable dans le dialecte de

Bailleul, c'est l'absortion des consonnes dans beaucoupde syllabes au point que, dans la prononciation populaire,elles sont souvent entièrement oblitérées ou usées, nelaissant subsister que des sons-voyelles.

Voici p. Ex. une phrase interrogative où l'on n'entend

qu'une seule consonne, la consonne finale (et il y en a

trois!).ë ie ëwèst ?

hebt gij geweest ?« avez-vous été ? »

Il y a des exemples plus étonnants encore. En sommeles Bailleulois suppriment tour-à-tour et en temps et lieu

presque toutes les consonnes, surtout les plus dures : v. g.

ils disent hëke pour kerke « église, » me pour mede« avec, » ie pour gij « vous, » makaners pour malkan-ders « ensemble, » broere pour broeder « frère, » tans

pour tands (tanden) « dents » et même en pour hebben« avoir. »

Ces syncopes, apocopes ou élisions seront du reste

exposées dans la deuxième partie de cette Etude (cf. Mor-

phologie).

— Il y a également des cas où il y a adjonction de

consonnes, quand l'euphonie le demande. Ces adjonctions

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— 364 —

se font au commencement, au milieu ou à la fin d'un mot

(prothèse, épenthèse). C'est souvent à Bailleul le cas dela consonne n. qui est presque toujours le « témoin »d'un mot adjectif disparu v. g. an « un » den « le » min« mon » etc. '

Ex : nookel, (n -j- onkel) noom (n -j- oom) « oncle »

navenant (n -|- avenant) « à l'avenant » nàgelsteen

(n+hagelsteen) « grêle, grêlon » nieppe,=(àe) n-j-ieppe« l'orme ».

Cet n s'introduit aussi dans le milieu de certains motsv. g. randisen pour radisen « radis ».

La consonne t s'ajoute parfois aussi à la façon d e n :v. g. téten = (he)t -|- eten « le manger ».

b) Les métathèses ou substitutions sont fort communesdans le dialecte. Nous ne pouvons rechercher ici lesinfluences physiologiques ou locales qui ont produit cesmodifications dans la langue commune ; pourquoi dit-onà B : dissendag « mardi » pour dingsdag? begoaren« faire semblant » pour gebaren ? hôvemïsse « grand'-messe » pour hoogmis?

. Toutes les langues sont sujettes à ces corruptions ana-

logiques, mais nous le répétons, le dlB a une phonétiqueplus influencée qu'une autre ; aussi « l'umlaut» y règne-t-il largement dans les combinainons des phonèmes(voyelles et consonnes) entre eux. Dans l'impossibilité dedonner des règles précises à ces tendances du dialecte,nous laissons

pourfin de ce

chapitre quelques exempleschoisis parmi les plus caractéristiques.

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365 —

63. dlB AN fr

beuter boter beurrezalver. zilver argent

spêgel spiegel miroir

sprinke sprenkel étincellebrinen brengen apporterdurt^en

* durven oserliwàd lijnwaad linge

sala salât saladeMônhol bloemkool chou-fleurwève weduwe veuveslàtei* sleutel clef 

fleute fluit flûtehôvemïsse hoogmis grand'messepachoed pachthoed fermerandisen radijsen radis

gës gras herbeâven avond soirâzào alsoo ainsioasme adem haleinewihbrâme wenkbrauw sourcil

iffràwe jufvrouw demoiselletummerman timmerman charpentier

iôbak tabak tabacni méè niet meer ne plus, pas pluszilve zenuw nerf baste baksel pâte à enfournerbroan braden rôtir

prewàche permissie permissionplôlêpel potlepel cuiller à pot

D'autres formes et idiotismes seront donriés en exem-ples à la fin de cette étude.

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MORPHOLOGIE

ou

PARTIE GRAMMATICALE

64.—

Nous croyons que c'est inutile de faire ici dela grammaire générale. Les Flamands de France emploientcomme les autres, dix sortes de mots, ou, comme on dit :

dix parties du discours. Avant de les passer en revue, il

convient cependant de constater que, dans le dlB, les

formes grammaticales sont aussi peu compliquées que les

formes phonétiques le sont beaucoup. Ceci explique cela.

Dans un langage qui n'est point écrit, mais uniquementparlé, les sons atteignent presque à la valeur des gestesdans une pantomime. Une sorte de convention tacite etl'habitude tiennent lieu d'une grammaire. Les habitants

du territoire de Bailleul s'en soucient peu d'ailleurs;aussi leur flamand ne s'étend-il pas au dehors; il faut

l'entendre soit au marché du mardi, soit dans les "esta-

minets, l'intérieur des familles, les jeux des enfants, etc.,et déduire de là les formes grammaticales qu'il présenteau point de vue dialectique.

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— 367 —

I. MOTS DECLINABLES

I. ARTICLES ET ADJECTIFS DÉTERMINATIFS

1° L'ARTICLE DÉFINI

65. — L'article défini (le, la, les) se rend, dans le dlB,par les mots de(n) (1), de, 't (het).

MASC. : de(n) — de(n) man « l'homme ».

FÉM. : de — de moeder « la mère ».NEUTRE : 't (het) — 't kind « l'enfant ».

PLURIEL (3 genres) : de — de mans, de moeders, dekinders.

REMARQUES.— a) Ces formes suffisent dans le dlB. Lacontraction des ou der dont le AN se sert pour indiquer

le génitif  ou le datif n'est pas employée. On rend toujoursces cas comme souvent le fait aussi le AN ordinaire, en

plaçant devant l'article la préposition van « van » devantle génitif  et la préposition an (aân) devant le datif. V. g.:

GÉN. : van den man, van de moeder, van 't kind.

DAT. : an den man, an de moeder, an 't kind.

b) Au pluriel, la particule de sert pour les trois genres.Cette uniformité s'étend à tous les mots variables.

(1) Cet n est mi-muet, mais il sonne devant une voyelle.

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— 368 —

c) Se règlent sur le modèle de l'article défini les mots

alken elken « chaque », ûzen onzen « notre », etc.

Ex : 't gelag van alken drinker « l'écot de chaquebuveur » de poorte van ùze sté « la porte de votre ville »ils kind is ziek, d'ander kinders spélen « notre enfantest malade, les autres jouent. »

2° L'ARTICLE INDÉFINI

La déclinaison de l'article indéfini fi. een, eene, seborne également dans le dlB. à une ou deux légèresmodifications.

M. à, (1) ànnen pour le nom. et l'ace, ànnen à l'ace.

F. an (l'n se faisant toujours sentir exe. par euphoniedevant Yni et Yn : à (n) moeder).

N. à (ou an devant une voyelle ou l'A : an hùs).

Les génitifs et datifs se contentent de prépositions vanet an placées devant ànnen, an ou à.

Ex : a ou ànnen zeune en an dochter « un fils et unefille » -'t hùs van ànnen borger « la maison d'un bour-

geois. »

REMARQUE. — Ces formes sont applicables aux adjec-tifs possessifs mi\n), zi(n), heur « mon, son, » minen,zinen, heuren, et aussi : hulder pour hun (forme dialec-

tique) « leur. »

Ex : mi (son entre i et ë) ou min broere « mon frère »zin tâfel « sa table » an heur mutze « à son bonnet » vanhulder kâmer « de leur chambre. »

(1) Nous pourrions également écrire l'article indéfini avec lavoyelle e : ë, en, ënnen': c'est le même son à l'audition; cependantnous avons cru y reconnaître une filiation plus directe avec le sonde l'a.

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— 369 —

II. — LE SUBSTANTIF

1° DÉCLINAISON

66. — La déclinaison des noms n'est guère plus

compliquée quecelle de l'article.

Exceptéune forme du

génitif, la forme possessive du AN. le dialecte procède audatif  et le plus souvent au génitif  à l'aide des prépositionsvan et an.

Quant à ce génitif qui consiste dans l'adjonction d'un sau nom, il est employé à volonté aussi bien que le génitif à forme simple : (van den vàder).

Ex : me vàder s hùsmijn

vaders huis « la maison demon père, » 't kin(d)s bôterham; des kinds boterham « latartine de l'enfant. »

H n'y a donc pas lieu de donner un exemple de décli-naison du subst. AB. Sauf  le génitif  à forme possessive(ainsi qu'en anglais) tous les cas se ressemblent au sing.et au pluriel (1).

2° FORMATIONDU PLURIEL

Le pluriel des substantifs se forme ordinairement dansle dlB selon les règles communes du AN, c'est-à-dire parl'adjonction de n ou en dans la plupart des cas, ou s dans

beaucoup d'autres.Mais il y a des formes populaires ou dialectiques dont

voici les principales :

(1) Ce génitif  possessif  est même employé dans le cas où le nomde la chose possédée est sous entendu : v. g. 'kgoan nà mi vader's(s-ent: hûs « maison ») « je vais à la maison de mon père. »

24

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— 370 —

Hoets et hoeten hoèden « chapeaux » tans ou tannen,

tanden « dents » mans, wërkmans, mannen « hommes,ouvriers » spelmoats spelmaaten « compagnons »leewërks leeuwerijken « alouettes » brïls brillen« lunettes » stoels stoelen « chaises » kapeloans kape-laanen « chapelains » béens beenderen « os » zwins

zwijnen « porcs » pastoors pastooren « curés. »

3° DIMINUTIFSLe dialecte bailleulois a des diminutifs tout à fait

caractéristiques.Ils se forment par l'adjonction de tse à la place de tje :

mannetse, wùvetse « petit homme, petite femme » zuntse

zoontje ; krëbbetse « pet. crèche » veugeltse « pet. oiseau»

pùptse « pet. pipe » zintse, zânjte « image de piété » de

sint, san(c)t « saint. »Il faut excepter les mots terminés par k. g. s... où le

tse serait trop dur pour l'oreille. On dit alors : lokje(bouk-che) « p. livre, » bëkje « p. bec » dikje « p. fossé »

mësje « p. couteau » mèsje « p. Aile » wàgje « petitchariot » wiegje « p. berceau » etc.

REMARQUE.— Les diminutifs

produisent souvent un« umlaut » dans la voyelle du radical : hand, hântse —

hoet hûtse « petit chapeau. »

4° GENRES

Le dlB admet pour certains mots des genres quidiffèrent de ceux du AN._

Ainsi l'on met les noms suivants :

1° Au masculin : den kln « le menton », en AN. de

kin(f) — den knie « le genou » en AN. de knie(f).

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— 371 —

. 2° Au féminin : d'âge « l'oeil » het oog(n) — d'oore

« l'oreille » het oor(n).

3° Au neutre : 't koleur « la couleur » de kleur(f)'t toubak « le tabac » de tabac(f) — 't suker « le sucre »de suiker(f) (on dit cependant aussi de suker).

On entend également dire : den kaffé et 't kaffé, dechocolâ et 't chocolâ de malk et 't malk « le lait » den

win et't win « le vin » 't

peper« le

poivre» et

de peper(f)— de sma&e(/)=den smaak(m) « le goût. »

5° NOMS PROPRES

Les noms de famille quand on parle d'une femme sont

toujours allongés d'un s.

Es.: Marie Capons, Wàntje Rommels, Slsja Verdonks,etc.. C'est en effet la forme du génitif possessif  oud'extraction qui détermine l'adjonction de Ys. v. g. Marie

Capons équivaut à : lat. Maria Capon-is (filia vel soror).La femme ou la fille est censée dans la dépendance dunom de son père comme de son mari.

Cette particularité affecte aussi parfois un nommasculin :

Ex : 'kweunen te Pieter's (in domo Pétri).

III. — L'ADJECTIF

67. — Les adjectifs dans le dialecte B ne fournissent

pas d'exception aux règles grammaticales du fiamand.

L'adjectif  attribut est toujours invariable : mè broere is

wis, mè zuster h wis, 't kind is wis.

à) L'adjectif qualificatif  ne varie que selon le genredu substantif, le cas du nominatif  le suit partout.

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— 372 —

Ex : M. den grooten man, « le grand homme. »

F. de groote dochter, « la grande femme. »

N. 'tgroo(t), kint « le grand enfant. »

Pluriel 3 genres :

de groote mannen, dochters, kinders

REMARQUE.— Dans le dlB, il y a souvent absorption

de la syllabe muette finale dans quelques adjectifs dont leradical se termine par un d ou un t ; mais cette apocopeest moins commune dans le masc. sing. Par exemple ondit :

àh goe moeder « goede ; » à goe vàder; dat groo' kind« groot » 'tzin goe menschen, « het zijn goede menschen »de Rôo zee « la mer Rouge » etc., mais on dit plus volon-tiers : ànnen

goenen (goe-|-en)man « un brave homme »

ànnen grooten boom « un grand arbre. »

b) Les adjectifs déterminatifs suivent généralementles mêmes Aexions : voici quelques exemples familiers audialecte : die vent « cet individu » ànnen appel van dezenboom, « une pomme de cet arbre ci » men vind gènzukke zots nowers, men vind geene zulke zotten niet

elders, « on ne trouve de tels fous nulle-part

» 'tzin dezalvde menschen, 'tzijn de zelfde menschen, « ce sont lesmêmes gens » etc.

c) L'adjectif  interrogatif  : welk « quel » se rend

par wuk, wukke v. g. wuk wéer'e is 'i ? « quel temps est-il? » wukken boekisdat? wat voor een boek is dat?

quel livre estrce ?...

d) Les adjectifs possessifs subissent dans le dlB lesmodifications suivantes et se déclinent :

Ex : hulder, ace. hulderen...

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— 373 —

Mijn, mijne« mon, ma, me, » en dlB : mi, me min.

Zijn, zijne « son, sa, ses, »

Uw, uwe « ton, ta, tes, »

Haar, hare, « son, sa, »

Hun, hunne « leur »

Onze, ons « notre, nos, »

— zi, ze, zin.

— iù, iùn (jôri) julder.— heur, heure, hulder-en

— • hulder-en

— use, ils.

Exemple : mi broere en iù (presque ieu) broere « monfrère et votre frère » zin kléers en d'hulder. « Leshabits et les leurs » 't is'tkind van use gebeurs, c'estl'enfant de nos voisins. »

ë) Adjectifs numéraux :

1 eene

2 twee3 drie4 viet*e

5 vuve

6 zësse7 zév'n

8 achte

9 négen10 tiene

11 alve

12 twalf  (ve)13 dèrtien (ë)14 vèertien (ë)15 vigtien (ë)16 zëstien (e)17 zèventien (e)18 achlien (ë)19 negentien (ë)20 twiniig21 een en twintig30 dèrtig

31 een en dertig40 veertig50 vigtig60 tzëstig70 tzéventig80 tachtentig90 tnégentig

100 hôndert1.000 dùst10.000 tiendùst

1.000.000 âmillioen

On dit : ëkeer ou ëkee pour een maal « une fois »

twëkeers, etc.

REMARQUES: 1° twee « deux » se rend quelquefois dansle dialecte par béè : olle béè « tous les deux (1). »

(1) C'est le gothique bai. ail beide, lat atribo.

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— .374 —

2° Le nombre ordinal s'obtient comme en AN. en ajou-

tant au radical den. sten... twëden « deuxième » achsten« huitième. » — A Bailleul on dit driden au lieu du fl.derden « troisième. »

3°) Suivent les genres des substantifs, les nombres :

1,4,5,6,8,10,11/12 :

Ex : 't en wos moar eenen man, « il n'y avait qu'un

homme » vier ossen « 4 boeufs » vufhennen « 5 poules...»tien akkers « 10 champs » twalf  boeren « 12 paysans. ».On dit aussi : 't zinder twalve « il y en a douze » zezin met twalven « ils sont douze » expressions dialec-

tiques.Les degrés de comparaison ou de signiAcation dans

les adjectifs, n'offrent rien de particulier au dialecte,

sinon qu'on remarque dans le langage populaire descomparatifs et des superlatifs bâtards dus à l'ignorance:ainsi : grotter, goeder, au lieu de meeder, b'eter, « plusgrand, meilleur. »

Le que comparatif  qui se traduit en AN par als ou danest toujours os (als) en AB : zo kloar os de zunne « aussiclair que le soleil » en is klender os gi « il est plus petit

quevous.

REMARQUE. — On emploie aussi o/" au lieu de als oudan « que, » c'est encore un idiotisme particulier au AB :en is klender ofik.

Le superlatif  est formé comme dans le AN : mais le

plus souvent on se contente de faire précéder l'adjectif de l'adverbe stifqm remplace « très fort » en français.

Jan is stif  lois, « Jean est très savant » on dit aussifreui « bien » t' is freui schoone « c'est bien beau. »

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— 375 —

68. IV. — LE PRONOM

1° PRONOMSPERSONNELS

1™pers. trois genres

Sing.Plur.

N. ik'k wi, weA. mi, me, min ùsG. van min nus (van)D. an min nus (van)

2mepers. trois genresSing. et plur.

gi, ieievan iù(n)an iù(n)

3°>«personne sing.

Masc.

N. hi, ë, en,A. hém, enG. zin,ze,(vanhem)D. nem (an hem)

Fém.

zi, ze

ze, heur

heur,(van heur)neur

Neut.

het, 'thetvan 'tant

3mepers. pluriel, trois genres

N. zi, zeA. ze, nenG. hun,~ nulderD. nun

eux (ils, elles)euxd'euxà eux

REMARQUE.— Les formes euphoniques ie, ë, ze, we, 't

sont préférées quand ces pronoms ne reçoivent pas l'accenttonique. Dans les cas contraires on dit gi, etc. 't is gi« c'est vous » 't is wi « c'est nous. »

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— 376 —

2° PRONOMSPOSSESSIFS

Ils sont formés des adjectifs possessifs min,zm, hulder,etc. en prenant l'article défini, et ils ont la même déclicnaison très bornée : 't is 't minne — 't hulder « c'est lemien — le leur. »

3° PRONOMSDÉMONSTRATIFS

Ce sont : den dèzen, de déze, den dienen... celui-ci,celle-ci, celui-là — dit en dat « ceci et cela » den géenendie « celui qui. » On entend aussi dën gonnen, de gunnepour génen : dën gonnen dàt toekomt « celui à qui il

appartient. »

4° PRONOMSINTERROGATIFS

Le pronom de cette classe qui se fait remarquer parti-culièrement c'est wuk, wukke, welk, welke et qui rem-

place aussi : wat « quoi. »

Ex : wuk ist ? « qu'est-ce ? » van wuk sprèk ie ? « de

quoi parlez-vous ? » wuk vor à beslag ? wulk voor een

beslag « quel embarras ! »

5° PRONOMSINDÉTERMINÉS

Les principaux pronoms indéterminés sont pour le dlB :

më(n) men « on. »

Ex : m'n ë noit kontent më 't gonne dâmme het,men is nooit kontent met 't

geenedat men heeft « on n'est

 jamais content de ce qu'on a. »

Olleman, alleman, ollemans au génit. ollemans kind

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— 377 —

« l'enfant de tout le monde — nieman(d)s, niemans kind

« l'enfant de personne. »Etwôt etw&t (iets), d'r is ëtwot gebeurt « il y a quel-

que chose d'arrivé, ëtwien=iema.nd « quelqu'un. »

Ex : 't is ëtwien an de deure « il y a quelqu'un à la

porte. »

V.—

CONJUGAISON DES VERBES

69. — Les conjugaisons des verbes du dlB sont loind'offrir toutes les variations qu'elles ont dans le Aamandlittéraire ; elles se distinguent au contraire par leursformes rudimentaires :

Généralement le subjonctif  se confond avec le temps

correspondant de l'indicatif  à l'aide de dâl dà « que. ». — L'imparfait de l 'indicatif et le passé défini sont

également semblables, on peut les réunir sous le nomde prétérit ou passé.

— Le futur et le conditionnel ne sont point formés

par des flexions du verbe ; mais par l'infinitif  précédéd'une sorte d'auxiliaire qui est toujours goan « aller »

pour le futur, et zùn, zù (zou(de)n passé de zullen)angl.« should » pour le conditionnel.

— Egalement les passés (indéfini, futur passé, plus-que-parfait) , sont faits avec l'auxiliaire en et hebben,hebt, heeft « avoir » et le participe passé du verbe.

— Le participe présent n'est pas employé mais le•participe passé joue un grand rôle.

Nous pouvons donc regarder comme formes simples ouélémentaires des verbes : l'infinitif, le présent de l'indi-

catif, le prétérit et le participe passé.

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— 378 —

VI.—

MODÈLES DE CONJUGAISONS70. — Eh outre de l'emploi qu'il fait des auxiliaires :

hën hebben, zin zijn, goan « aller » zûn zullen, le dia-lecte bailleulois conjugue trois sortes de verbes : 1° régu-liers (conjugaison faible) ; 2° imparisonnants (conj.forte) ; 3° irréguliers.

N. B. — Nous ne conjuguons pas ici les auxiliairesworden, hëbben, zullen, goan; ces deux derniers neservant que sous une seule forme : zùn et goan dans lesfuturs et les conditionnels ; hebben trouvera sa place dansle modèle des verbes réguliers ; worden fournit ses

temps utiles à la conjugaison de l'auxil. zin «• être »

que voici :

1° Verbe auxiliaire zin « être »

INFINITIF : zin zijn.

PARTICIPE PASSÉ: ëwèst geweest.

Indicatif  Présent,

'k zin ik ben

ie zit gij zijten is hij iswe zin wij zijnze zin zij zijn

Subjonctif  Présent

d&k zin dat ik zij

dâie zit — gij zijtdâlten is — hij zijtdame zin — wij zijndânze zin — zij zijn

Prétérit ou Passé Défini

'k wos ik was

  \e wos gij waartë wos hij was

we woaren wij warenze woaren zij waren

dâk woare dat ik ware

dâie woare — gij waretdâtten woare — hij waredame woaren — wij waarendàtze woaren — zij waren

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— 379 —

PASSÉ INDÉFINI : 'k en ëwest — z' en ëwèst, 'k hebbe,

zij hebben geweest.

FUTUR : 'k gon zin — we gon zin. 'k zal, we zullen

zijn.

CONDITIONNEL: 'k zùn zin — ie zù zin. 'k zou, gijzoudt zijn.

N. B. — La similitude qui existe entre la lre per-sonne du sing. et la lre personne du plur. ('k zinau lieu de 'kben) est une forme grammaticale assez com-mune aux dialectes. Comme dans certaines provincesde France, où le peuple dit : fêtions pour j'étais.

2° Verbes réguliers à conj. faible (parisonnants)

71. — Les verbes réguliers du dlB n'offrent guère,que des formes particulières (euphoniques) déjà signalées.Ces formes appartiennent d'ailleurs à beaucoup d'autres

dialectes, de la West-Flandre surtout.

MODÈLEde conjugaison faible

Infin.

leeren« apprendre »

Futur

'k gon leeren

Cond.' k zùn leeren

Participeëleerd

Passé indéf.

'kën ëleerd

Ind.etSubj.près.'k leerenie leerdë leerdwe leerenze leeren

— Prétérit —

'k leerdeze leerden

Impèr.

leerd'

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380 —

3° Verbes  jdisparisonnants (à conjug. forte)

72. — Ces verbes sont réguliers par rapport à leursterminaisons ; mais, dans les temps passés, ils modifientleur voyelle raditale de l'infinitif.

Conjugaison du verbe disparisonnant : ; spréken.

INFINITIF spreken « parler » — PART, PASSÉësprôken

INDICATIFET SUBJONCTIF

Présent

'k spréken ik spreeke

ie sprëkt gij spreektë sprèkt hij spreektw'e spréken wij sprekenze spréken zij spreken

Futur |'k gon spréken '

Conditionnel

'k ziin spréken \ 

Passé (Imparfait, Prétérit)

'k spràk ik sprak-e

ie spràk gij spraakt-etë sprak hij sprak-ewe sprâken we sprakenze spraken ze spraken

Passé indéfini

'k en ësprôken

Plusque-Parfait

'kad ësprôken

REMARQUE.— On a pu voir que le préfixe du participene conserve pas le g dans le dlB : ëleert = geleert. Cetteforme n'est pas due à l'usure du g, comme il paraîtraitd'après plusieurs dialectes Nord-Néerlandais, où l'on dit

également ëleert, esproken, avec le son normal de Yedans la préfixe ge. Ici c'est l'ë (son de [ •*) qui seul sembleavoir toujours servi de préfixe. Cette particularité du dlBexiste aussi dans le groupe voisin d'Ypres. On trouve

i

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— 381 —

dans les vieilles archives de cette dernière ville ce préfixe

écrit avec un y, ygolde, gegolden, yvanghen, gevangen,etc... Le vieux poète anglais Chaucer a écrit « the highemesse was ydone. »

1° Le préfixe n'est pas appliqué aux verbes qui com-mencent par une voyelle ou une h (toujours muette dansle dlB) v. g. hait géhalt « cherché » éten geéten « mangé »hat géhad « eu. »

2° Les participes passés des verbes disparisonnantssont terminés en en (les parisonnants en d ou t).

4° Verbes irréguliers

73. — Les irrégularités abondent dans le dialecte du

groupe Bailleulois.

1° Il y a pour le même verbe mélange de conjugaisonforte et de conjugaison faible. L'on entend dire par ex.dans l'emploi du verbe dansen « danser » ze donsten et ze

dansten, 'k en ëdanst et 'k en ëdonsen « j'ai dansé, »

Dans kiezen « choisir » ë kiesde et ë koos, z'ën ëkiesd etz'ën ëkôsen, etc. — Le verbe prediken « prêcher » estdevenu préken, de là deux prétérits : ë prèkte hij pre-(di)kte et ë pràk hij praak (*)...

2° Les verbes irrêguliers sont ceux qui, outre la dispa-risonnance ordinaire, présentent dans leur conjugaisondes terminaisons, des voyelles ou des consonnes irrégu-

lières.En voici à peu près la liste pour notre dialecte :

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I05oo

I

74. LISTEDESVERBESIRREGULIERS

Infinitif SignificationAN.etfranc.3epers.Ind.prés.Prétérit Part,passé

Brinhenfl) brengen«apporter» ëbrinktbrocht ëbrocht

bloen bloeden«saigner» Mot Mode,Moetsteèblot

^brèkenbreken«~cas§ër~»"'brékt bràk* èbroken

durren durven«oser» durt durde*,duste edurt

dinken(2) dunken«sembler» 't(d)inkt'tfdjankt —doen doen«faire» dot dei,dei-ie ëdoan

élen eeten«manger»et oat*,ètste éten

goan goan«aller» goat gink,gô.%k ëgoan

gêven(2)geven«donner»geét ffàf* ëgéenhouden(3) houden«tenir» houd hiel,houdstehouden

hiezen kiezen«choisir» kièst hoos* ëkozen

kommenkommen«venir» komt kwàm ëkommenkpen koopen«acheter» kopt kocht* ëkocht

kënnenkunnen«pouvoir» ke(n)t kenste,koste* ëhend

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oo

làten laten «laisse.r» lët liet,latste elàten

leen leiden«conduire» lèd lèdde,lèdste ëlët

loan laden«changer» lad ladste ëloan

mùn moeten«devoir» mut moste ëmoet

meugen(4) mogen«pouvoir» meug(t)mochte ëmeugt

orken(5) ? «écouter»orkt orkste orktriden rijden«aller(eBToitnre)» rid reed ëreên

sloan slaan«frapper» sloat sloug ëslégenstoan staan«êtredebout»stoat stog ëstoan

schinenschijnen«briller» schinktschônk ëschôh'en

tôgen toonen«montrer» togd togde ëtogd

wéten weten«savoir» wèt wèsde ëwèten

zien zien «voir» ziet zàg ëzienzoeken(6) zouken«chercher« zôkt zochte ëzocht

(*)L'astérisqueindiquequelesprétéritsoulesparticipesquiensontmarquésdansletableau,prennent

égalementlaforme

régulièreou

parisonnante.

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— 384 —

(1) Brih'hen (bren(g)en, koopen, meugen, zoeken,outre le changement de la voyelle radicale, prennent un

t à la première et à la troisième personne du prétérit

(ou imparfait) 'k brochte; ë brochtë. De plus le ch y

remplace le g, le p et le k du radical.

(2) Le verbe dinken, dunken n'est usité dans le dlB

qu'impersonnellement : 'tink me, het dunkt me, l'anglaisemploie souvent la forme analogue : methinks « il me

semble. »

(3) Houden, kommen, mùn (moeten), wèten, ont à

l'imparfait outre le changement de la voyelle radicale,

l'intercalation d'une consonne étrangère, hie?, kwàm,

moste, wiste. ',

(4) Meugen, à la différence du AN, qui dit mag au

présent de l'indicatif, nous avons ici meugt et la forme

interrogative bizarre : meuke? à la première personne,

mag ik ? « puis-je ? »

(5) Orken, horken, comme l'h est muette on ne ditpas au part, passé gehorkt, comme en Hollande et ailleurs,mais orkt.

(6) Zouhen, kôpen, etc., ces verbes, outre la dispari-sonnance ordinaire résultant de « l'umlaut » de la voyelle

radicale, remplacent au prétérit la consonne radicale g

et b par ch. '

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— 385

III. MOTS INDECLINABLES

75. — Afin de rester sur le terrain du dialecte, nousne mentionnerons ici que les mots indéclinables qui ontune certaine originalité, un caractère propre. Quelques-uns de ces mots semblent appartenir spécialement au

langageflamand de France et être cantonnés dans le

groupe Bailleulois. Cependant on les retrouve aussiailleurs et à^ de grandes distances, ce qui n'offre rien

d'étonnant, pour peu qu'on s'applique à la science philo-logique. Ces mots sont des adverbes, des prépositions, des

conjonctions et des interjections ou particules interjetéesdans les discours.

1° ADVERBESdlB AN traduction fr.

ëtwoar ergens quelque partos, on (1) als lorsqueossan altijd toujoursoverouds eertijds autrefois

ton, lùnsen alsdan alorsë këe (r) eenmals une foisènsten eens parfoisdikkers dikwijls souventroarlik zelden rarement

neuyt nooit  jamaisregtuit seffens sitôt

te feyte (2) terstond tantôtetwot iets quelque chose

bôhan bijna à peu près

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386 —

dlB | AK traduction fr.

ënoug genoeg assez

à betse /Q,à litse (3) een weiniS un Peu ,

geiren geerne volontiers

ne, née neen • non, ni

tjustement < ..... justementnibedolle (4)

' nietmetol aucunement

ni upol (5) | (geensins) pas du toutschoas schiers à peineen ni (6) en ni et ne pas...ënee? is'tniet?. n'est-ce pas?hoezoodat? I hoezoo? comment çà?wodeure? j waar door? par quoi?wo toe?

|waar toe? à quelle fin?

ol met ë kee(r) j met een en une fois

ézoo alsoo ainsi

zeere spoedig vite

(1) on (angl. when) adverbe propre au dlB; on de

dâgenkorten • «

quandles

joursdiminuent. »

(2) te feyte : mot hybride qui caractérise le sous-

dialecte bailleulois dans le pays. fr. « sur le fait. »

(3) à betse, à litse (en angl, a bit, a litle). Ces diminu-tifs ont une terminaison exclusivement bailleuloise.

(4) nibedolle est une négation simple (5). ni up ol semet devant un qualificatif  comme une négation de la

qualité : niupol drôf  « pas du tout méchant. »

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— 387 —

(6) Cette double négation est fréquente à B., comme

on le voit elle tient du français.

76. — 2° PRÉPOSITIONS

égen(l) tegen contre

bachten achter derrière

no, te (2) naar, te à, chez

sèchten sedert depuis

(1) égen pour tegen est une forme particulière au lan-

gage des flamands de France.

(2) La préposition no qui indique le mouvement, est

aussi employée à B. au sens contraire.

77. — 3° CONJONCTIONS

os, on (1) als quand, quelôrtan (2) nogtans pourtanttandis (tandijs) tandis quelikof  alsof  comme si

of(3) al en

(1) Voir plus haut on adverbe.

(2) lôrtan et tandis sont deux expressions bâtardes

empruntées au français.

(3) On dit à B. : ol dromen (inf.) au lieu de ol dro-

mende (part.)

Ex : ë g'ônk 61 dromen lanst de stroaten ; « il allait enrêvant le long des rues. »

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388

78. — 4° PARTICULES INTERJETÉES

bâ, bo (1) bah ! bah !

mo ! maar ! mais !

do ! daar ! là !

 ja mo! j a maar! oui, mais!

wètje ? weet gij ? savez-vous ?te, tënf dan! dà !

bë (bel) wel ! bien !

ëbë ewel ! eh bien !

(1) bo jà ! bo née, etc., le dialecte B et les autres sous-dialectes du fl. de France sont remplis de ces particulesinterjectives qui souvent distinguent les habitants d'unecommune de ceux d'une autre.

Tels sont à peu près les mots indéclinables qui font

figure dans le dlB. Mais, nous le répétons, la spécialité

de notre dialecte ne consiste pas dans l'emploi qu'il fait

de quelques termes particuliers, mais bien plus dans saphonétique générale comprenant non seulement la pro-nonciation simple des voyelles et de leurs consonnantes,mais aussi la tonalité ou la sonorité originale des syllabeset des mots qui composent le discours.

Cette considération nous détermine à ajouter ici, une

sorte de SYNTHÈSE LEXICOGRAPHIQUE,basée sur cequiprécède. Ce sont quelques phrases dialoguées et fidèlement

empruntées aux conversations locales.

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Spécimens du dlB parlé

79. — I. — EN FAMILLE

Flamand de Bailleul

Wètje wa, Aritse 1,oie in de schôlezit -, tën è ni omrond te kiken, of 

mannetses te makenup iùn 3 schâlie, enzalve up iùn boken,mo om te leeren ent'orken 4 achter demeesters lësse.

— Mo mammà, wiëtter dat ëzeed ?

— wëf  'k zien't wà 5zèker : en in de

këke, 't ïs'tzalvde;ie kikt up de meurendi ëschèldert zinen ie zit assan

bézig më iôn zintses.

Flamand néerlandais fl) •

Weet gij wel, Henritje,als gij in de school

zijt, het en is niet omrond te kijken, of 

mannetjes te makenop uwe schalie, enzelfs op uwe boeken ;maar om te leeren ente hooren naar demeesters les.

— Maar, mamma, wieheeft dat gezegd ?

— "Wel! ik zie het welzeker : en in de

kerke, 't is het zelvde ;gij kijkt op de meurendie geschéldert zijnen gij zijt altijdbezig met uwe santjes.

Traduction françaiseSais-tu bien petit Henri, quand tu es à l'école, ce

n'est pas pour regarder en l'air, ni pour faire des petitsbonshommes sur ton ardoise et même sur tes livres,mais pour apprendre et écouter la leçon du maitre.

— Mais, maman, qui vous a dit ça ?— Bon ! je le sais bien sans doute ; et à l'église c'est la

mêine chose, tu régardes sur les murs où il y a des pein-tures et tu es toujours occupé de tes images.

(1) On voudra remarquer que la forme de ce AN(?) sert unique-ment à expliquer mot pour mot le fi. du dlB.

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— 390 —

Flamand de Bailleul

— la màa 6, mamma,'k zien geiren zintses.— ie mù ni antwooreh;an 'ers ie zùt ènnendrouven iôh'ken zin.

— àtseblieff 1en schrèit

ni ; zikke ni froai ?

—Nu zwigt tën, do isiù voder. \re?— Wuk* hàperter wè-— Nibedolle ;""t is Ari

dâk zeggen dàtten muleeren en upletten,liever of  overol tekràbbelen eh mannetses

te maken, zalve up zinbouken dàtten dëster-

weerdi 0, 't wos noodïgdâ ie-n à vëoebakjemè brochte van Ryssel,'t è nu ol verve dà-ie

Flamand Néerlandais

— Ja maar, mamma,ik zie geerne santjes.—Gij moet niet antwoorden,anders gij zoudt eendroeven jongen zijn. [euwt

— Als 't u blievt ! en schre-

niet; ben ik niet fraai?

— Nu zwicht dan, daar isuw vader.— Wat happert wederom?— Niet van al : 'tis Henri

dien ik zeg dat hij moetleeren en opletten,liever als overal tekràbbelen en mannetjeste maken, zelfs op zijnboeken dat hijn dester-

weerd, 't was noodigdat gij hem een vervebakjemedebragte van Rijssel, •'tis nu al verve dat gij

Traductionfrançaise

— Oui mais, maman, j'aime bien les images.— Tu ne dois pas répondre, autrement tu serais un

méchant garçon.— S'il vous plait, ne criez pas : ne suis-je pas sage !— Allons, tais-toi donc, voilà ton père.— Qu'est-ce qu'il y a encore ?— Rien du

tout,c'est Henri à

qui jedis

qu'ildoit

apprendre et faire attention, plutôt que de partout grif-fonner et faire des bonshommes, même sur ses livres'qu'ilabîme... C'était bien nécessaire que tu lui rapportes une

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— 391 —

Flamand de Bailleul

ziet up zin han'en enup zin kleers.

— fis wal, 'tis wa! di

 jon'

hen go misschienënnen ârtis' zin loater,'t en è ni goed ouk vanie kwo Moet te maken

om â littse verve diup zi vësftjje is.— Oglik ! 't is \k di't

rooi en.— Bë ! stifrooi ! 'lisser

wal om ? ëk ik ôk gèrooi% ko, kom, mak ie

gereed; ie wèt dâmme

mun goan noa PiereWalloars, 't ïs hulderen

feestag, en zën àdùnnekuntse" ëlroan,

' tis

fin téten 12  / en we

goan leute maken.

Flamand Néerlandais

ziet op zijn handen enop zijne kleederen.

— 'tis wel, 'tis wel ! die

 jongen zal misschieneen artist zijn later,'ten is niet goed ook vanu kwaad bloed te maken

om een weinig verve dieop zijne veste is.— Algelijk ! 'tis ik die de

moeite heb.— Ba ! veel moeite ! 'tis er

wel om ? heb ik ook geenmoeite ? Kom, komt makt u

gereed, gij weet dat wij

moeten gaen na PieterWallars, 'tishunnen

feestdag, en zy hebben een

konijntje gebraaden, 'tis

fijn eeten, en wijgoan leute maken

Traduction française

boîte à couleurs de Lille, ce n'est plus que couleurs qu'onvoit sur ses mains et sur ses habits.

— C'est bon, c'est bon, ce garçon deviendra peut-être unartiste plus tard ; il n'est pas bon non plus de te faire dumauvais sangpour un peu de couleur qu'il y a sur sa veste.

— N'importe, c'est moi qui en ai l'embarras.— Bah ! beaucoup d'embarras, c'est bien la peine,

n'ai je point non plus de l'embarras ? allons, arrange-toi,tu sais que nous devons aller chez Pierre Wallart, c'estleur fête et ils ont accommodé un petit lapin de garenne ;c'est un souper fin et nous aurons du plaisir...

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— 392 —

Flamand de Bailleul

—Ja, ia 'tis wal; moa:leute en plezieen vullen de beuze ni.

Flamand Néerlandais

— Ja, Ja, 'tis wel, maarleute en plaisieren vullen de beurse niet.

Traduction française

— Oui, oui, c'est bon; mais..., Joie et plaisir ne rem-

plissent pas la bourse.

80. — II. — A L'ESTAMINET

Flamand de Bailleul

'Naven Chârel! hoe!isser

nognimand om

den staminée— Wë nènt; tè schoo

wëèrei 3, use gastenwah'helen nog mis-schien à litse.li

— Burtan ze mùn wawéteu dàt moandag is,

en dànimeK départie doen;nû, nu gém' assan min

Flamand néerlandais

(Goede)n avond,Charel!hoe?isser

nogniemand om

den estaminé ?— Wel neen ; 'tis schoon

weder, onze gastenwandelen nog mis-schien een weinig.

—:'Nogtans zij moeten welweten dat het maandag is,

en dat wij de partij doen :Nu, nu geeft mij altijd mijn

Traduction française

Bonsoir Charles ! comment ! n'y a-t-il encore personnepour l'estaminet ? . . _

— Eh non ; il fait beautemps

et nosgens

sepromènentpeut-être encore un peu.

— Pourtant, ils doivent bien savoir que c'est lundi et

que nous faisons la partie. Enfin donne-moi toujours ma

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— 393 —

Flamand de Bailleul

pinte ; k' en fameusdust, en, dàn d'ah'herëklawierdi 6hadden lik

ik, z'ën zun ni vêle

gèn beenen mèr h enom te wah'elen. mo, [nizeg tën Chârel, is iù lier

zeur, lik dat van alders ?

ie ivèt, 'ken zin nivor oud en zeur bier :'toe m'ôngemak,

"

. — Nênt,'tis goed,n mo

ie wèt wà, in den keize-tid, 't bier en è neuit 19

stifzoete.

— Go, gow! we goan 'tprôven, en os't goedis, we goan verniewêh.Kom, nèmt à glasmë min, Chârel : teminsten ken goanâzoo ni olleene drin-ken.

Flamand Néerlandais

pinte, ik heb veeldorst, en als de andere

gevrocht hadden gelijkik, zij en zouden niet veel

geen beenen meer hebbenom te wandelen, Maar zegChârel, is uu bier niet

zuur, gelijk dat van elders ?

gij weet, ik en ben nietvoor oud en zuur bier :het doet mij ongemak.

— Neen, 'tis goed, maar

gij weet wel, in den kerse-

tijd, het bier is nooitzeer zoet

— Nu, wij zullen hetproeven, en als het goedis, we zullen verniewen.

Komt, neemt eên glasmet mij, Chârel, tenminsten 'k en zalalzoo niet alleen drin-ken...

Traduction française

pinte, j'ai fameusement soif, et si les autres avaient trimécomme moi, ils n'auraient plus beaucoup de jambes pourse promener. Mais dis, Charles, est-ce que ta bière n'est

pas sûre comme partout ailleurs ? tu sais je ne suis

point pour la bière vieille et sûre ; ça me fait du mal.— Non, elle est bonne, mais tu sais, c'est la saison des

cerises, la bière n'est jamais fort douce.— Allons, nous allons la goûter et, si elle est bonne,

nous recommencerons. Viens, prends un verre avec moi,Charles, au moins je ne boirai pas ainsi tout seul.

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— 394 —

Flamand de Bailleul

— Mëplezie, Peto ....en 'tis roar dâmmete goare zin.

Jamoâ! ie wult zeg-gen ... moa 'ken zinik gèn rentier, entenzi den moandag ...

'tis assan 't navefnjsme wë(r)k régleren om

tsanherdags ™, en 'k enhën ton ni 2i vêle gèngoeste om de partieen 't pintse.

— Bà, bà, ien zi ni mèoudeh of  ik ;

' tis

ëdder iù wuf  di iùnuphoud, en 't en è niom te zeggen, 't è à

goe wuf  dâie hët.— 'K wêlen 't wà Châ-

rel; wuk isser bêler

aprètoe" 1.... An ers à

Flamand néerlandais

— Met pleizier, Petoen het is raar dat wijte samen zijn.

— Ja maar ! gij wilt zeg-gen ... maar ik en ben

geen rentier, en„.

uitgenomen de maandag...

het is altijd s'avondsmijn werk ordeneren, om

s'anderdags, en ikhebbe toen niet veele geengenoegen om de partieen 't pintje.

—Bah, bah! gy zijtnietmeergehouden als ik; 't is

eerder uw wijf  die uophoud, en het is nietom te zeggen, 'tis een

goed wijf  dat gy hebt.— 'K weet het wel, Châ-

rel, wat is er beterachter al?... anders een

Traduction française— Avec plaisir, Pierre, c'est si rare qu'on se trouve

ensemble.— Ah, ça ! tu veux dire... mais moi je ne suis pas un

rentier, et sinon le lundi... le soir c'est toujours réglermon ouvrage pour le lendemain, et alors je n'ai pointde goût pour la partie et la pinte.

— Bah ! bah ! tu n'es guère plus tenu que moi, c'estplutôt ta femme qui te retient, et ce n'est point pour dire,c'est une bonne femme que tu as là.

— Je le sais, Charles, quoi de mieux après tout ?...

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— 395

Flamand de Bailleul

goe glas vësch bieris ôk goed.

— 'tis dorom* 2dâmmemùh profitéren van

d'occojie ... mo drink'tën Peto ; 't bier goverschallen, bidézen

dâie assan peinsten raisonneert, en ie goton zeggen dat' 'zeur islik azil ...

— Ja moa, gi ! ie doe likden pastor, ie prèktvo ion prochie.

Flamand néerlandais

goed glas versch bieris ook goed.

— 'Tis daarom dat wymoeten voordeel trekken vand' omstandigheit;Maar drink'

dan, Peto, het bier zalverschalen terwijl

gij altijd peinsten redekavelt, en gij zultdan reggen dat 't zuur is

gelijk azijn. [gelijk.— Ja maar, gij ! gij doet

de pastoor, gij prektom uwe parochie.

Traduction françaiseil est vrai qu'un verre de bière fraîche est bon aussi.

— C'est pour ça que nous devons profiter de l'occasion...mais bois donc, Pierre, la bière va s'éventer pendant quetu es là à rêver et à raisonner, et alors tu diras qu'elleest sûre comme du vinaigre.

— Ah bien oui ! mais tu fais comme M. le curé ; tu

prêches pour ta paroisse.

81. — III. — DANS LA RUE

Flamand de Bailleul

Kik nu ! 't is Mitse!wë Mitse, 'tis lanhedâmme iun ni ëzien

en hën.

Flamand néerlandais

Kijk nu ! 'tis Mietje !wet Mietje, 'tis langdat wij u niet gezien

en hebben.Traduction française

Vois donc, c'est Mimi ! Ah ! Mimi, voilà longtemps

qu'on ne vous a vue.

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— 396 —

Flamand de Bailleul— le zegt datu, Sophie,

'h en ë ni mè ëkom-men te Balle sèchtenover à ioar te kère-messe^.'K en zieh ëwèst :ënnen zukken grootenkurs van veertigdâgen.

— Wuk zeg ie ? iëburtah nû à vri M ko-leur en ie toogtfreui

27wal te passe.— En wuk niews wètje,

Sophie?

— Wuk zùk wêten ? niah'ers of  dà ZëbiaVanzuits weg is vanheuren man, en olzukhe histoorien.

— Hoe zeg'ie? Zëbia" 1.

Flamand néerlandais— Gij zegt. dat, Sophie,

ik en ben niet meer geko-men tôt Belle sedert hetlaaste jaar te ker-

.mis. 'K ben ziek geweest ;eenen zoo grootenkors van veertigdagen.

— Wat zegt gij, gij hebtnochtans nu een schoon ko-leur en gij schijntseer wel te pas.

— En wat niewus weet gij,Sophie ?

—Wat zoude ik wéten?nietanders als dat ZebiaVanzuit weg is vanhaaren man, en alzulke historien.

— Hoe zegt gij Zebia ?

Traduction française

— Vous dites ça, Sophie ; je ne suis plus venue àBailleul depuis un an à la ducasse : j'ai été malade : unesi grande fièvre de quarante jours !

— Que dites vous ? vous avez cependant maintenantune belle couleur et vous paraissez fort bien portante.

— Et quelles nouvelles savez-vous Sophie ?

— Que pourrais-je savoir? rien d'autre sinon queZebia Vanzuit a quitté son mari, et toutes histoires de ce

genre.Comment ? Zebia !

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— 397 —

Flamand de Bailleul— la, ia, Zèbiàitse, mo

'tis ôh'er us ; ik en zëgge,neuït van niemandniet...— Zalve ôk ni van min 28?

—wë, God den hemel! wukis er te zeggen van iùn ?

—Altemets! nû, nu, we

bluven goe kameroaden "20;'k

'tnun zeere usewoart

goan, 'k haddet bekan

vérgeeten... ie go mekommen zien, en née,Mitse ? ie muie doar-om up iu beste ni

kleen, wider en makenol dat beslag ni. [zeggen

— le wul misschiendàkik beslag maken..,Nû, ârvoir 30, Sophie,en de complimenten aniunnen man, wei

Flamand néerlandais— Ja ja, Zebiatje, maar

'tis onder ons, ik en zegnooit van niemandniet...

— Zelfs ook niet van mij !—Wel God den hemel, wat

is er te zeggen van u ?— Somtijts? nu nu, wij

blijven goede kameraden ;ik moet straks naar huis

gaan, 'k had het bijnaavérgeeten... gij zult mijkommen zien, en neen,

Mietje, gij moet u daar-om op uw beste niet

kleeden,wij

en makenal dat beslag niet.

—Gij wilt misschien zeggendat ik beslag maken...

Nu, tôt en wederzien, Sophieen de complimenten aanuwen man, gij weet...

Traduction française

— Oui, oui, cette petite Zebia ; mais c'est entre nous ; je ne dis jamais rien de personne.

— Ni de moi non plus ?— Mais, Dieu du ciel, qu'y a-t-il à dire de vous ?— Parfois ! bah ! nous restons de bonnes camarades...

Je dois à l'instant rentrer à la maison, je l'avais presqueoublié... Vous viendrez me voir, n'est-ce pas, Mimi? il nefaut

pas pour çamettre vos beaux habits :.

nous ne faisonspas tant d'embarras nous.— Vous voulez peut-être dire que j'en fais moi...

Allons, au revoir, Sophie et mes compliments à votremari, vous savez...

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— 398 —

82. — ANNOTATIONS

1 Aritse ( * — v). Ce diminutif  en tse est caractéristiquedu dlB.

2 Oie in de schôle (v v v— » ). Exemple de la fluidité dudialecte ; une seule syllabe est accentuée dans ces quatre

mots qui en représentent cinq.3

Iùn, ioun. Dans cette forme de l'adjectif possessif uw uwe, on emploie à Bailleul tantôt ù tantôt ou.

i Orken anhooren. Ce verbe orken est très souvent

employé ; il équivaut au vieux verbe anglais : lo hearhen« écouter. »

5 'K zien 't wa. Dans cette conversation bailleuloisele verbe 'k zien «  je vois » est non seulement le mot le

plus accentué, de la phrase entière ; mais le chantmonte sur lui à presque la hauteur d'une quinte. Cette

remarque pourrait se faire pour la plupart des phrasesqui suivent.

6 Iamoa Ja moar ! Les Flamands de France et surtoutles Bailleulois se servent de beaucoup de mots et de par-ticules interjetés dans la conversation : iamoar, tè, tën,wè, bè, etc.

1àtseblief, as ' t u belieft.

8 Wuk, wat. A Bailleul on dit toujours wuk pour wat

et welk.

9 Niebedolle, niemetal, niet met al « rien du tout. »

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— 399 —

10Desterweerd, (— v —) mot bâtard, en fr. détruire,

en ang. to destroy.

11Kuntse, ce joli diminutif est de meilleure source quele mot néerlandais konijn, honijntje qui lui correspondet keun, kuntse est bien flamand; konijn viendrait dulatin cunniculus.

12 Téten (— v ). Ce mot dialectique est la contraction

de eeten « manger » précédé de l'article het éten 't éten.

13 Wë nènt; 't is schoo weere (v — »»—v) l'accent

tonique est très élevé sur nènt et weere; cette phrase peutencore servir de type pour indiquer la psalmodie bailleu-

loise, nènt pour neen het.

14àlitse, expression dialectique,

serapproche

de

l'anglais â little.

15Bâmme « dat wij » cette m remplace dans les

pronoms tantôt le w ; tantôt l'A : o me dansen, als wijdansen, ë gé nem gald, hij geeft hem geld « il lui donnede l'argent » gém an pinte, geeft mij eene pinte.

16ëklawierd, klawieren ( v — v ) mot dialectique « tra-vailler durement, peiner. »

" 't oemôhgemak (» — v v) oe ne se prononce pasici comme You français mais comme Yô dans clown.

18Goed dans ce mot goed la diphthongue se prononcecomme You long du français boue.

19Neuit, nooit, mot dialectique.

20'ts ah'erdags (— » v ) des anderdags.

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— 400 -^

11En'ken en ton ni< le deuxième en est analogue au

ne pas français pour redoubler la négation.22'Tis dôrom (— » - ).

23Bidézen, expression dialectique.

24le zegt dat (» v_).

25Kèrémisse (—» » «).

26Vri, schoon.

« Freui, fraai, expression dialectique.

28Min, iun. On voit ici le rôle bizarre de l'n eupho-nique.

29Kameroaden, mot hybride venant du français.

30àrvoir, id. du français « au revoir. »

. Ces sortes d'expressions bâtardes, deviennent de plus en

plus fréquentes dans le langage des flamands ;de France.En voici encore quelques-unes en usage surtout à B.

Fowté «fauté, » domestikeh « domestiques, » jalous«jaloux, » rischieren «risquer, »permettéren, tractéren«. traiter, » refuséren, etc., van. 't part « de la part, »in 't partiklier « en particulier, » etc., etc.

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401 —

RÉSUMÉ GÉNÉRAL,

CONCLUSIONS

Il résulte de notre travail que le flamand qu'on parle àBailleul (Nord) n'est pas simplement un patois maisconstitue un dialecte (ou sous-dialecte) appartenant àla grande famille du Nederduitch (néerlandais).

En voici à peu près les traits originaux.

1° Les sons-voyelles possèdent une variabilité presque

illimitée et qui rend moins nécessaire pour le sens de laphrase, l'emploi des consonnes.

Comme cette variabilité s'exerce surtout à la partieantérieure de la bouche et par le mouvement des lèvres

(abstraction faite des gens grossiers et ignorants) il enrésulte le rejet des sons très ouverts, gutturaux ou

pâteux.

a) l'a et Ye très longs (aa, ee) existent mais sont raresdans le centre de la localité, oa (Yoklank de l'a) se rap-proche de Yo pur mais un peu bêlant dans vàder, pàter,{coder, poter «père »). — L'a pur, français et italien,domine à Bailleul et remplace Ye devant l : Balle, Belle— il se change lui-même en o dans al, af, etc., etc. —

Mêmes remarques pour e, i, o, u...

b) les sons purs et simples de Ye, i, u, remplacent àBailleul les sons diphthongues, ei, ij, ui : mesje, (meisje,fille) gi, (gij toi, vous) buk (buik « ventre »).

26

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— 402 —

c) le dlB a des vocaux nasales, ah, ih, oh, etc. v. g.hah'en hangen « pendre. »

2° Généralement, les consonnes s'adoucissent, s'effa-cent même : les g, n, d, t, Yr surtout : kelie, kerk, hëbëg,herberg « cabaret. »

L'A ne se fait point entendre comme en hollandais etcomme en français, us = huis « maison. »

Le g dur n'est point guttural, c'est le y des grecsmodernes.

Cela constitue pour le dl'B une fluidité particulière avecune prédominance excessive des voyelles sur les con-sonnes.

3° Notre dialecte a des diminutifs en tse qui ne

s'entendent nulle part ailleurs, bètse (beetje) mannetse

(mannetje) (1).

4° Il se sert de mots qui, sans être originairementpropres au dialecte, ne se trouvent plus guère ailleurs etsont exclus de la langue écrite ou littéraire. Ce sont desmots disparus qu'on trouve encore dans certains vieux

textes, et que cite Kiliaan ou d'autres ; ou bien ce sontdes expressions existant encore dans le sud-ouest de

l'Angleterre, dans la Zélande, la Frise, etc... Ainsi lesBailleulois disent encore : bucht, friperie — tùn, barrièred'enclos — stûte, morceau de pain, tartine — leute,plaisir — tutse, baiser — gouste, goût — heize, râtelierd'écurie — grus, son de la farine — à litse, un peu.—inst, cheval étalon — oltemets, parfois — gunter, là bas

(1) Il paraît cependant qu'on se servait encore de cette forme àLeuwarden (Frise) il y a une cinquantaine d'années. (J, Winkler :Dialection, t. i, p. 471).

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— 403 —

—freui,

très —froi, sage

—drouf,

méchant —vri,beau — ton, alors..., etc. Nous laissons là d'autres

expressions bâtardes prises à la langue française.

5° En ce qui concerne l'accent ou plutôt la tonalité dûdialecte de Bailleul, nous avons déjà fait remarquer qu'aulieu d'être lourd et rude, il est au contraire d'une fluidité

exceptionnelle. Les consonnes étant presque toujours

adoucies, veloutées, usées, effacées même, il en résulteune traînée de sons musicaux qui font du langage bail-leulois une sorte de vocalisation. Voici encore un frag-ment de conversation que nous avons recueilli. Pour êtresensiblement reproduit, il nécessiterait l'emploi du phono-graphe d'Edisson : nos signes écrits étant insuffisants.

Wë ! Pitse, verkëie me ni mè ?V ^ .V V . v V v V V v

— Oe zùkie verkënnen? 'k 'n ëie ni mè ëzien sècht'n

an èèuwe. ëie ëvoyajiert ten%

— Bë nènk 'kn ë ni ëvoyajiert dès kéè.

FIN. Wel, Pitje, verkent gij mij niet meer?

— Hoe zou ik u verkennen? ik en heb u niet meer

gezien sédert eene eeuwe ; hebt gy dan gereist?

— Wel neen, ik en heb niet gereist dees keer.

Fr. « Eh bien ! Pierre, vous ne me reconnaissez plus. —

Comment vous reconnaître ? Je ne vous ai pas vu depuisun siècle. » Avez-vous donc voyagé ?

— Mais non, je n'ai point voyagé cette fois-ci.

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— 404 —

Il est certain que ces mots ainsi contractés en groupesde voyelles demandent une attention exercée, mêmenative. Les Bailleulois facilitent cette attention en appli-quant à tous ces phonèmes une sorte de mélopée. Ainsidans l'exemple ci-dessus, on distingue la signification duvocal ë par l'accent ou mieux la sonorité qu'on lui donne :le son ë monte ou descend selon qu'il remplace ent dans

verkent, heb de l'auxiliaire, ou e de la préfixe ezien.

Ces particularités phonétiques sont essentiellementcaractéristiques dans le dialecte Bailleulois.

L'accent musical joue un rôle non moindre, et nouseussions presque voulu noter l'exemple ci-dessus sur une« portée. » Le Bailleulois de simple nature chante en

parlant, il monte ou descend par quarts de tons, prati-

quant ainsi les « neumes » que les grecs avaient imaginésautrefois pour régler la déclamation théâtrale. Ce sontdes degrés intermédiaires entre le chant proprement ditet la prose parlée. Ainsi, pour ne pas quitter notre

exemple — on pourrait presque constater une octave dedistance entre l'accent très aigu (arsis) qui marque la

syllabe tonique de ëvoyajèert dans la phrase interroga-tive, et l'accent très grave (thesis) qui marque cette

syllabe dans le même mot de la phrase négative.

Mais il nous semble qu'une juste sobriété convientdans ces considérations phonétiques de notre dialecte

que nous avons tâché de caractériser de notre mieux.

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LA BOTTE COURONNEE

Comédie de Michel de SWAEN

TEXTE PUBLIÉ D'APRÈS LE MANUSCRITDU COMITÉFLAMAND

AVEC UNE INTRODUCTIONET DES NOTES

Par l'abbé LOOTEN

Vice-Préaident Au Comité

INTRODUCTION

Le Comité Flamand de France décidait récemment que

ses Annales ne seraient plus seulement ouvertes auxmémoires historiques, et que la littérature des Flamandsde France y trouverait aussi sa place. En même tempsil nommait une commission, chargée de choisir parmiles oeuvres littéraires de nos compatriotes, celles qui serecommandaient le plus à l'attention du public. Il étaitnaturel que cette commission allât d'abord aux maîtres.Elle examina l'oeuvre de De

Swaen,et résolut de faire

imprimer sa charmante comédie de la Botte Couronnée.

Chargé d'en surveiller l'impression, nous croyons être

agréable à nos confrères du Comité et aux lecteurs de

Page 89: Le dialecte flamand à Bailleul (Annales du Com.fl.de Fr.T19, 1891)(gallica)

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nos Annales, en leur présentant dans une courte intro-

duction, le poète et l'oeuvre qui revoit le jour après deuxsiècles d'existence.

I

On sait peu de chose sur la vie de Michel de Swaen.

Il est né à Dunkerque le 20 janvier 1654, quatre ans

après son fameux compatriote Jean Bart. Il était dans sa

plus tendre enfance, lorsque Turenne, sous les murs desa ville natale, livra aux Espagnols et au prince de Condéleur allié du moment, la bataille des Dunes (1658).

Plus tard quand, par l'entremise de la duchesse

d'Orléans, Louis XIV acheta à Charles II pour cinq

millions de livres la ville et le territoire de Dunkerque,Michel de Swaen put assister à l'entrée triomphale du

 jeune monarque français, et prendre part aux réjouis-sances qui signalèrent l'annexion de sa patrie à laFrance (1662).

Aucun document ne nous autorise à affirmer quede Swaen fit ses études chez les jésuites de Dunkerque;

mais le fait nous semble probable. Quels qu'aient étéses maîtres, il reçut une brillante culture littéraire. Son

Art^poétique atteste qu'il étudia les chefs-d'oeuvre de laGrèce et de Rome : c'est à leur école qu'il acquit cette

pureté de goût presque absolue, qu'il est extrêmementrare de rencontrer chez les écrivains flamands.

De Swaen, une fois qu'il eut parcouru le cycle desétudes classiques, embrassa la carrière de chirurgien. Il

se maria en 1678, et fut le père de nombreux enfants.Nous avons fort peu de détails sur sa vie privée : il

n'y fait que rarement allusion dans ses écrits. Un seul