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Arsenal DANSE Думи мої François Chaignaud 1415 vendredi 12 décembre 2014, 15h, 17h, 19h, 21h 0h40 Saint-Pierre-aux-Nonnains Dans le cadre du festival Avent Scènes, une manifestation partagée par le Conseil Général de la Moselle, Metz Métropole et la Ville de Metz. © Odile Bernard Schroeder

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Arsenal DANSE

Думи мої François Chaignaud

14–15

vendredi 12 décembre 2014, 15h, 17h, 19h, 21h

0h40 Saint-Pierre-aux-Nonnains Dans le cadre du festival Avent Scènes, une manifestation partagée par le Conseil

Général de la Moselle, Metz Métropole et la Ville de Metz.

© Odile Bernard Schroeder

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Думи мої*

François Chaignaud : Conception & interprétation Romain Brau : Costumes Philippe Gladieux : Conception lumières Anthony Merlaud : Régie Jérôme Marin : Conseil musical Antoine Bernollin : Adaptations & chef de chant Jean-Michel Olivares : Mixage son

Production : Vlovajob Pru

Coproduction : Festival Montpellier Danse 2013, Festival d’Automne à Paris, Centre

de Développement Chorégraphique Toulouse / Midi-Pyrénées, Gessnerallee Zürich,

de Singel Internationale Kunstcampus (Anvers), Ménagerie de Verre (dans le cadre

du Studiolab, laboratoire de recherche).

Vlovajob Pru est subventionnée par la DRAC Poitou-Charentes et reçoit l’aide de

l’Institut Français pour ses projets à l’étranger.

Spectacle créé pour le Festival Montpellier danse 2013.

François Chaignaud est artiste associé à la Ménagerie de Verre (Paris).

* se prononce Dumy Moyi

© Odile Bernard Schroeder

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J'ai assisté en 2010 et 2011 à des cérémonies de theyyam, danses et musiques sacrées du Malabar, en Inde. J'ai été littéralement impressionné par la démesure de ces longues cérémonies, par la sophistication et les proportions des costumes, par l'intensité et la puissance expressive, plastique, musicale, performative et chorégraphique de ces pratiques, puissamment spectaculaires, et hors de tous les paradigmes des conventions théâtrales occidentales. Cette impression est vite devenue de la fascination. Mais que faire de cette fascination ? De ces sentiments mêlés d'admiration, d'envie, de confusion, et d'attraction ? Comment (et pourquoi) les articuler à ma démarche et ma vie d'artiste, de danseur, installé en Europe ?

Il m'a alors semblé que cette fascination, et les questions qu'elle déclenche, vient s'inscrire dans une des premières (et fécondes) généalogies de la danse moderne. Dès le début du XXe siècle, en Europe et aux États-Unis, des danseurs dits « exotiques » viennent créer des œuvres rigoureusement inspirées ou non de danses traditionnelles et religieuses, d'Afrique, d'Asie et d'Amérique du Sud. En même temps, des danseurs européens et américains, métisses ou non, s'inspirent de ces danses « exotiques » pour inventer des pastiches, des hommages, des variations. Les expositions coloniales, les dancings et les music-halls sont les lieux privilégiés de ces représentations.

Source ambigüe de la danse moderne (intimement liée au régime colonialiste), cette fascination pour les danses exotiques a fait imploser les cadres de ce que peut être une danse et a révélé la dimension culturelle, politique et anthropologique de la chorégraphie. Elle a également nourri une créativité très importante, à la fois chez les artistes « exotiques » venus inventer des spectacles adaptés au régime de représentation occidentale, et chez les artistes occidentaux désireux d'inventer des corps et des danses dégagés de la référence à la danse classique savante européenne.

Le music-hall, le théâtre des variétés, les dime museum, s'imposent comme les lieux les plus vivants de la création chorégraphique, où se mêlent, se conjuguent et s'affrontent, fascination pour l'exotisme, goût pour la juxtaposition et le collage plus ou moins chaotique de pièces courtes et disparates, et pour l'inventivité et la surenchère de costumes et de décors fastueux, riches. C'est là que s'invente la danse moderne, la figure du solo, les danses insolites, plastiques, mystiques...

C'est à cette généalogie fondatrice et néanmoins un peu oubliée de la danse moderne que je souhaite connecter ce solo. Ainsi, retrouver une périodicité de la représentation qui n'a plus cours aujourd'hui en jouant 4 fois par jour, comme dans les vaudeville américains du début du XXe siècle, ou dans les cinémas d'aujourd'hui, pour un groupe réduit de spectateurs, qui peuvent

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ainsi choisir leur heure. La fascination pour le theyyam a directement inspiré les costumes de Romain Brau, qui sont une dérive amoureuse et futuriste à partir des excès, et des échelles de ce qui transforme les danseurs kéralais en dieux. Le spectacle se conçoit comme une sorte de revue, à la fois miniature par la taille de l'espace, et majuscule, par la proportion des costumes. Il s'agit également de renouer avec l'art de chanter et de danser en même temps - caractéristique du music-hall. La chorégraphie se double d'un récital d'airs d'aveux et de confession ukrainien, séphardique, napolitain, russe, espagnol, philippin et anglais.

Je souhaite faire de mon corps le lieu de convergence de ces sources, parfois contradictoires : les danses religieuses, la vogue des danses « exotiques » en Europe dans le premier tiers du XXe siècle, l'importance du music-hall dans l'apparition de la danse moderne et de l'invention de nouvelles figures, hétérogènes... mais aussi les danses académiques, contemporaines et urbaines qui m'ont formé et façonné. À travers la triple contrainte de costumes lourds et sophistiqués, du chant constant, qui vient accompagner, augmenter et troubler la chorégraphie, et de l'espace-temps réduit et répétitif, je renouvelle le rêve que d'autres ont déjà formulé, de faire de la danse le lieu d'invention d'un corps impur, intense, empathique et en devenir.

François Chaignaud

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Думи мої De François Chaignaud

Traduction des chansons : Dumy MoyiDumy MoyiDumy MoyiDumy Moyi Mes pensées, mes penséesMes pensées, mes penséesMes pensées, mes penséesMes pensées, mes pensées**** Texte ukrainien de Taras Shevchenko (ca. 1840), musique populaire ukrainienne Mes pensées, mes pensées Vous me faites souffrir. Pourquoi vous tenez vous sur la page Telles des colonnes de tristesse ? Pourquoi le vent ne vous balaie-t-il pas Comme des poussières dans les steppes ? Pourquoi ce Désastre ne vous berce-t-il pas Comme ses propres enfants ? * En ukrainien, « Duma » désigne les pensées, mais aussi une forme de poème épique chanté et déclamé avec des instruments.

Camini Par Altas TorresCamini Par Altas TorresCamini Par Altas TorresCamini Par Altas Torres Air séphardique médiéval J'ai cheminé par de hautes tours, J'ai navigué par les fortunes Où le coq ne chantait pas, Où on ne me connaissait pas non plus. Des pluies tombaient des cieux, Des larmes de mes yeux. Lu GattuLu GattuLu GattuLu Gattu Chant traditionnel ombrien Le chat jouait de la musette La souris dansait face à lui La poule refaisait le lit Et le coq le brassait Que de chansons et que de chansonnettes J'en oublierais ma petite famille Et qui a besoin de chaussures et de chaussettes Qui veut du pain à minuit Et maintenant que je croyais avoir fini Qui veut prendre femme et qui cherche un mari ?

Страшная минута Le terrible moment.Le terrible moment.Le terrible moment.Le terrible moment. Texte et musique de Pyotr Ilych Tchaikovsky (1875) Tu m'écoutes, la tête inclinée, Les yeux baissés, et tu respires doucement. Tu ne sais pas comment ces moments sont pour moi pleins d'effroi et de sens, Comment tes silences m'embarrassent. J'attends ton verdict, ta décision. Soit tu poignarderas mon cœur, soit tu m'ouvriras le paradis. Ah ! Entends ma prière ! Réponds ! Réponds moi maintenant. J'attends ton verdict, ta décision. PIZZICA UCCIPIZZICA UCCIPIZZICA UCCIPIZZICA UCCI Tarentelle Si tu vois que le pied a envie de bouger, c'est le signe qu'il veut danser ! Mon tambourin vient de Rome, et merde à qui chante et qui en joue ! Saint Paul de Galatina, fais la grâce à cette demoiselle ! Saint Paul des tarentules, pince les filles entre les fesses ! Saint Paul des serpents, pince les couilles des garçons ! ANG DALAGAANG DALAGAANG DALAGAANG DALAGA La servanteLa servanteLa servanteLa servante Air de zarzuella philippine d'Honorata Atang de la Rama (1930) Je suis une joyeuse fleur, pleine de plaisirs et de contentement Dont les parfums t'enivrent toute la nuit. De la douceur de mes sourires Tous seront envieux. Suis moi mon amour et dansons, Il y a des baisers sur mes lèvres et la passion dans mon cœur.

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Attrape-moi, n'hésite pas, Je suis une servante de la Danse. A chaque geste, et à chaque pas, Nous nous approchons du paradis. Répète mes mélodies ! Je suis la joyeuse Servante au cœur pur. YO SOY ESAYO SOY ESAYO SOY ESAYO SOY ESA Je suiJe suiJe suiJe suis celles celles celles celle----là.là.là.là. Chanson espagnole, 1940 J'étais la lumière de l'aube, l'écume du fleuve, Une chandelle d'or posée sur un autel ; J'étais beaucoup de choses qui se sont maintenant perdues Dans les bancs de sable de ma volonté. Et maintenant je suis tout comme un chien sans maître, Qui renifle l'endroit où il va dormir… Si quelqu'un me demande comment je m'appelle, Je hausse les épaules et voilà comment je réponds: Je suis... celle-là... Cet obscur petit œillet Qui va d'un coin à l'autre En se retournant. On peut bien m'appeler Carmen, Lolita ou Pilar ; Je dois me résigner À ce dont on a envie de m'appeler. Je suis celle qui n'a pas de nom, Celle qui n'intéresse personne, La perte des hommes, Celle qui ment quand elle embrasse. Voilà... vous le savez... je suis... celle-là... Un beau jeune homme, ivre de lune, A pu être ma planche de salut : "Je n'ai jamais aimé personne comme toi ; Je t'offre la rose de mon cœur" Et moi, qui gagne ma vie en mentant, Je me suis sentie fière de cette affection Et pour lui rendre son amour, Quatre mots m'ont suffi pour le détromper. Je suis... celle-là... Cet obscur petit œillet

Qui va d'un coin à l'autre En se retournant. On peut bien m'appeler Carmen, Lolita ou Pilar ; Je dois me résigner À ce dont on a envie de m'appeler. Je suis celle qui n'a pas de nom, Celle qui n'intéresse personne, La perte des hommes, Celle qui ment quand elle embrasse. Voilà... vous le savez... je suis... celle-là... Come Away Come Sweet LoveCome Away Come Sweet LoveCome Away Come Sweet LoveCome Away Come Sweet Love Air et texte de John Dowland, 1597 Fuis, viens avec moi, doux amour, le matin doré se lève. Toute la terre, tout l'air parlent d'amour et de plaisir. Apprends à tes bras à étreindre et à tes douces et roses lèvres à embrasser et mêler nos âmes dans une félicité mutuelle. Les yeux furent créés pour la grâce de la beauté. Ils voient, et ils se lamentent des grandes douleurs de l'amour causées par l'âpre dédain de la beauté. Fuis, viens avec moi, doux amour, le matin doré se défait, Tandis que le soleil, lance de son arc ses féroces flèches Chassant les ombres qui jouent et séjournent dans le bosquet pour favoriser le larcin de l'amour. Là, doux amour, cachons nous, volant, mourant de désir, ailés par de douces espérances et le feu céleste. Fuis, viens avec moi, doux amour, n'orne pas en vain La grâce de la beauté, qui se lèvera, pareille au matin nu : Les lys de la rive et de belles fleurs de Cyprien nouvellement écloses, Ne désirent pas d'autre beauté que la leur. L'ornement est la nourrice de l'orgueil, Le plaisir est la mesure des délices de l'amour. Hâte donc, doux amour, notre fuite tant désirée.

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François Chaignaud

© Odile Bernard Schroeder

François Chaignaud étudie la danse depuis l'âge de 6 ans. Il est diplômé en 2003 du Conservatoire National Supérieur de Danse de Paris et collabore ensuite auprès de plusieurs chorégraphes, notamment Boris Charmatz, Emmanuelle Huynh, Alain Buffard, Gilles Jobin. Depuis He's One that Goes to Sea for Nothing but to Make him sick (2004) jusqu'à Думи мої (2013), il crée des performances, dans lesquelles s'articulent danses et chants, dans les lieux les plus divers, à la croisée de différentes inspirations. S'y dessinent la possibilité d'un corps tendu entre l'exigence sensuelle du mouvement et la puissance d'évocation du chant, et la convergence de références historiques hétérogènes – de la littérature érotique (Aussi Bien Que Ton Cœur Ouvre Moi Les Genoux, 2008) aux arts sacrés.

Depuis 2005, un dialogue soutenu en collaboration avec Cecilia Bengolea donne vie à des œuvres hétéroclites, présentées dans le monde entier. En 2009, ils reçoivent le prix de la révélation chorégraphique de la critique. Ensemble, ils créent Pâquerette (2005-2008), Sylphides (2009), Castor et Pollux (2010). Ces trois premières pièces placent le corps dans des dispositifs de transformation extrême et lient l'écriture chorégraphique

à un coefficient de réalité élevé. Ces situations exacerbent autant la puissance que la vulnérabilité des corps, leur puissance sexuelle, et leur infinie capacité de mutation.

En 2010, ils rencontrent Suzanne Bodak et exhument les Danses Libres de l'entre-deux-guerres, d'après des chorégraphies oubliées de François Malkovsky. Cette découverte aiguise leur désir d'une écriture chorégraphique rigoureuse et joueuse, voluptueuse et acérée et porteuse d'idéaux. Ce travail se poursuit dans (M)IMOSA qui les confronte à la scène du voguing new yorkais. En 2012, altered natives Say Yes To Another Excess – TWERK laisse fraterniser ces différentes influences – urbaines, modernes, classiques – aux sons des DJ's du label Butterz dont le grime mixe des beats de provenances également diverses. C'est au son du dub d'High Elements qu'ils créent avec Ana Pi, Dublove (2013), épreuve spirituelle et chorégraphique, entièrement sur pointes. Une conférence dansée (Le Tour du Monde des Danses Urbaines en 10 villes) permet de partager avec les jeunes et adolescents leur fascination pour la richesse, la grammaire et la créativité des danses urbaines. Ils préparent en 2014 / 2015 des créations pour le Ballet de l'Opéra de Lyon et pour le Ballet de Lorraine.

Également historien, il a publié aux PUR L’Affaire Berger-Levrault : le féminisme à l’épreuve (1898-1905). Cette curiosité historique le conduit à initier des collaborations diverses, notamment avec la légendaire drag queen Rumi Missabu des Cockettes, avec le cabarettiste Jérôme Marin (Sous l'ombrelle, 2011, qui ravive des mélodies oubliées du début du XXe siècle), avec l'artiste Marie Caroline Hominal (Duchesses, 2009), avec les couturiers Romain Brau et Charlie Le Mindu, avec le plasticien Théo Mercier, avec le photographe Donatien Veismann…

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Toute la saison sur www.arsenal-metz.fr

Arsenal Metz en Scènes Direction Générale : Jean-François Ramon Déléguée Artistique : Michèle Paradon 3 avenue Ney, F-57000 Metz T. bill. : +33 (0)3 87 74 16 16 T. adm. : +33 (0)3 87 39 92 00

Bientôt à l’Arsenal

Jeu. 15.01.15 ° 20h Musique de chambre Quatuor Diotima Durosoir – Bartók – Schubert Ven. 16.01.15 ° 20h Sam. 17.01.15 ° 20h Danse Cie Ormone - A. Gruel Sans Territoire Fixe, Création Mar. 20.01.15 ° 20h Le SonArt - Cie D. Chevallier Emotional Landscapes – Extended play Ven. 23.01.15 ° 20h Sam. 24.01.15 ° 20h Danse association… & alters – A. Collod Le Parlement des invisibles, Création

Dim. 25.01.14 ° 16h Baroque Cappella Mediterranea Chœur de Chambre de Namur Il Diluvio universale Mar. 27.01.15 ° 20h Piano Dénes Várjon Sur la nuit Jeu. 29.01.15 ° 20h Jazz Joëlle Léandre Tentet Can you hear me + Exposition Jusqu’au dim. 11.01.15 Arnal/Geslin Vue d’artiste/ Vie d’atelier

Mar. 16.12.14 ° 20h Baroque Les curiosités esthétiques Carl Philipp Emanuel Bach Ven. 19.12.14 ° 19h Danse Thibaud Le Maguer Paysage de la disparition – Volet 1 Dim. 28.12.14 ° 16h Musique ancienne Scola Metensis Lapidaverunt Stephanum Ven. 09.01.15 ° 19h Jeune Public Percussions Claviers de Lyon Le Coq d’or