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Depuis un vingtaine d’années, la plupart des villes se piquent de vouloir être « durables ». Plus qu’une mode, c’est devenu aux yeux de beaucoup une condition de survie. Avec à la clé une véri- table remise à plat du « vivre en- semble ». Depuis Rio, le qualificatif « durable » a été à peu près associé à tout ce que Dieu fait. Au point qu’on lui trouve désormais parfois un petit fumet de racolage. Du coup, les rares initiatives qui tentent de prendre la démarche de durabilité au pied de la lettre – c’est-à- dire de répondre à l’ensemble de ses exigences écologiques, économiques, sociales et culturelles – ont du mal à convaincre. Comme le concept de dura- bilité appliqué au cadre urbain. Il est vrai que, dans un premier temps, l’adoption d’une façade verte, d’un systèmes de collecte d’eau de pluie et d’une série de panneaux solaires avaient suffi dans bien des cas à décrocher le « label » Ville durable. Mais, depuis une bonne dizaine d’an- nées, la ville durable ne vise plus « le projet individuel » et elle intègre davan- tage la dimension de l’îlot, du quartier comme élément constitutif de la ville. Certes, l’équipement joue encore son rôle, mais l’attention se porte davan- tage autour de la cohésion sociale et la mixité des activités au béné- fice de la vie d’une ville où il fait bon vivre. Avec le sou- tien des munici- palités, urbanistes et architectes ont expérimenté un peu partout l’amé- nagement durable du cadre de vie local de nos populations. .../... WWW.RENOUVELLE.ORG 01 sommaire FOCUS Avec le soutien de : Editeur responsable : Michel Huart - Rue Royale, 35 - 1000 Bruxelles ACTUALITÉ BELGIQUE Vents favorables pour l’éolien wallon 03 ACTUALITÉ INTERNATIONALE Energie : la stratégie européenne 04 Desertec, de l’utopie à la réalité 05 DÉBATS & OPINIONS Quartiers durables : entre participation citoyenne et contraintes techniques 06 Éolien citoyen : « Le nouveau cadre wallon plus favorable qu’au Danemark » 08 EDITION Périodiques d’octobre 2013 10 MÉTÉO RENOUVELABLE Bilan du mois d’octobre 2013 11 STATISTIQUES Les renouvelables dans le monde 12 L’ACTUALITÉ DE L’ÉNERGIE DURABLE Mensuel - Ne paraît pas en juillet et août WEBMAG N° 58 | NOV 2013 VILLES DURABLES A LA RECHERCHE DU PLAISIR DE (RE)VIVRE EN VILLE ? Le quartier durable de Hammarby à Stockholm. © BRAT

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Depuis un vingtaine d’années, la plupart des villes se piquent de vouloir être « durables ». Plus qu’une mode, c’est devenu aux yeux de beaucoup une condition de survie. Avec à la clé une véri-table remise à plat du « vivre en-semble ».

Depuis Rio, le qualificatif « durable » a été à peu près associé à tout ce que Dieu fait. Au point qu’on lui trouve désormais parfois un petit fumet de

racolage. Du coup, les rares initiatives qui tentent de prendre la démarche de durabilité au pied de la lettre – c’est-à-dire de répondre à l’ensemble de ses

exigences écologiques, économiques, sociales et culturelles – ont du mal à convaincre. Comme le concept de dura-bilité appliqué au cadre urbain. Il est vrai que, dans un premier temps, l’adoption d’une façade verte, d’un systèmes de collecte d’eau de pluie et d’une série de panneaux solaires avaient suffi dans bien des cas à décrocher le « label » Ville durable.

Mais, depuis une bonne dizaine d’an-nées, la ville durable ne vise plus « le projet individuel » et elle intègre davan-tage la dimension de l’îlot, du quartier

comme élément constitutif de la ville. Certes, l’équipement joue encore son rôle, mais l’attention se porte davan-tage autour de la cohésion sociale et la mixité des activités au béné-fice de la vie d’une ville où il fait bon vivre. Avec le sou-tien des munici-palités, urbanistes et architectes ont expérimenté un peu partout l’amé-

nagement durable du cadre de vie local de nos populations.

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ACTUALITÉ BELGIQUE

• Vents favorables pour l’éolien wallon 03

ACTUALITÉ INTERNATIONALE

• Energie : la stratégie européenne 04

• Desertec, de l’utopie à la réalité 05

DÉBATS & OPINIONS

• Quartiers durables : entre participation citoyenne et contraintes techniques 06

• Éolien citoyen : « Le nouveau cadrewallon plus favorable qu’au Danemark » 08

EDITION

• Périodiques d’octobre 2013 10

MÉTÉO RENOUVELABLE

• Bilan du mois d’octobre 2013 11

STATISTIQUES

• Les renouvelables dans le monde 12

L’ACTUALITÉ DE L’ÉNERGIE DURABLE

Mensuel - Ne paraît pas en juillet et août

WEBMAG N° 58 | NOV 2013

VILLES DURABLES

A LA RECHERCHE DU PLAISIR DE(RE)VIVRE EN VILLE ?

Le quartier durable de Hammarby à Stockholm. © BRAT

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Les exemples, le plus souvent à l’échelle de quartiers, se multiplient : Vauban à Fri-bourg en Allemagne, Bedzed à Bedding-ton au Royaume-Uni, Malmö en Suède, Vesterbro au Danemark, etc. Très vite, ils se sont orientés vers des approches globales, intégrant dans une seuleapproche systémique à la fois toutes di-mensions de l’habitat – gestion de l’es-pace, de la biodiversité, des ressources naturelles (eau, énergie, matériaux,...), qualité de vie, accessibilité, etc. – et la prise en compte systématique des fameux « piliers » du développement durable : l’économie, l’environnement, le sociétal, le culturel, avec une réelle volonté d’encourager la participation de tous les acteurs, et la cohésion sociale.

Dans cet esprit, les approches se sont peu à eu formalisées et normalisées à travers des organisations comme Energy Cities (1) ou Suden (2) réunissant les dif-férents intervenants techniques concer-nés. Les critères à prendre en compte se sont précisés, de même que les pro-cédures conduisant à l’élaboration, par phases, de projets cohérents – concer-tation, partenariats, engagement des ac-teurs, etc. – et à leur évaluation (via une série d’indicateurs) au fil des ans.

La Belgique et singulièrement Bruxelles (3) n’échappent pas à ce mouvement qui gagne aujourd’hui de nombreuses grands villes européennes. Bruxelles Environne-ment et le cluster Ecobuild organisaient récemment deux journées visant à mettre à plat l’état de l’art en matière de concep-tion, de réhabilitation ou de rénovation durable de quartiers, avec présentation d’exemples européens, conférences et ateliers thématiques à l’appui. Tivoli, quartier durable et vitrine urbaine

Si vous voulez prendre la mesure de la vo-lonté du Bruxelles d’évoluer durablement avec son temps, un coup d’oeil sur le pro-jet du futur quartier Tivoli (4), orchestré par la SDRB (Société de Développement Régional de Bruxelles), s’avère assez par-lant. Il prévoit du côté de Tour et Taxis, sur un terrain de près de quatre hectares, un

ensemble urbain constitué d’une zone résidentelle de 65 000 m2 de logements passifs (550 unités), d’une zone commer-ciale, de différents espaces publics (dont des crèches), de deux nouvelles voies publiques à mobilité douce et d’une zone économique dont une grande partie sera focalisée sur les entreprises actives dans le développement durable (écoconstruc-tion, énergies renouvelables, écopro-duits...) via la construction d’un incuba-teur d’entreprises baptisé GREENBIZ et financé par le FEDER (Fonds Européen de Développement Régional).

Mixité sociale, participation, insertion douce dans la ville, biodiversité, bâti-ments à très hautes performances éner-gétiques, biodiversité, gestion de l’eau et de la perméabilité, convivialité... tous les ingrédients de l’approche « quartiers durables » y ont été pris en compte et or-ganisés avec l’aide des facilitateurs quar-tier durable, et sur base des guidelines du memento pour les quartiers durables de Bruxelles Environnement.

Le projet devait démarrer fin 2013 et connaîtra sans doute un certain retard suite à la prise en compte d’un recours introduit au Conseil d’Etat concernant l’attribution du marché.

02 WWW.RENOUVELLE.ORG

WEBMAG N° 58- NOV 2013

FOCUS

(1) www.energy-cities.eu

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www.renouvelle.org

Vous préférez recevoir 10 numéros en version imprimée par voie postale ? Versez 35 € (50 € pour envoi en UE hors Belgique) sur le compte Triodos 523-0800192-17 avec la mention : « sympathisant + adresse postale ».

Renouvelle est édité par APERe asbl, Association pour la Promotion des Énergies Renouvelables :

www.apere.org

Rédaction :Jean CECH, Johanna D’HER-NONCOURT, Nathalie GILLY, Christophe HAVEAUX, Michel HUART, Grégory NEUBOURG, Denis RICHIR, Gérard RIETY

Nos partenaires rédactionnels :EDORA, ODE-Vlaanderen, ValBiom, Inter-Environnement Wallonie

Contact :renouvelle-at-apere.org

(2) www.suden.org/fr

(3) www.villedurable.be

Le projet Tivoli à Bruxelles s’appuie notamment sur des bâtiments passifs, une mixité sociale, et un in-cubateur d’entreprises durables (GREENBIZ). - Photo : Architectes Associés Lacour-Leribaux © PIXELAB

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L’enquête publique sur la carto-graphie éolienne a ravivé le débat en Wallonie. Un sondage IPSOS confirme qu’une majorité de Wal-lons se disent favorables à l’éolien.

L’enquête publique sur la cartographie éolienne s’est clôturée fin octobre. Un peu plus de 3 000 courriers électro-niques sont parvenus directement au Service Public de Wallonie. Les com-munes doivent à présent analyser les observations citoyennes reçues à leur niveau et envoyer une compilation et un avis pour le 30 novembre. Le gouver-nement wallon tiendra compte de l’en-semble des avis en vue d’adopter une cartographie définitive d’ici fin janvier. Celle-ci déterminera en grande partie le développement des parcs éoliens en Wallonie (lire Renouvelle n° 57).

L’enquête publique a suscité un regain d’activisme anti- éolien : pétitions, ban-deroles et affichage public, intervention dans la presse, … De leur côté, les parti-

sans de l’éolien se sont réunis lors d’une manifestation familiale et festive devant le parlement wallon; tandis que la fédéra-tion EDORA lançait une campagne pour faire entendre la voix des pro-éolien : sondages d’opinion, témoignages de

bourgmestres et de citoyens, sketches humoristiques avec les Snuls, … (1)

Un sondage réalisé par IPSOS révèle ain-si qu’une majorité (souvent silencieuse) soutient le développement éolien (81 % favorables, 14 % sans avis, 5 % défa-vorables). A noter que les habitants en zone rurale, directement concernés par le développement de parcs éoliens, re-joignent ces opinions (74 % favorables, 14 % défavorables, 8 % sans avis) (2). Ces résultats confirment un précédent sondage, réalisé en 2010 par Dedicated Research pour le quotidien L’Avenir.

Signalons enfin que les vents d’au-tomne sont également propices aux records de production éolienne (lire la Météo renouvelable en page 11).

(1)

(2) Résultats complets sur :

WWW.RENOUVELLE.ORG 03

WEBMAG N° 58 - NOV 2013

ACTUALITÉ BELGIQUE

VENTS FAVORABLES POUR L’ÉOLIEN WALLON

Climat

La prochaine conférence climatique se tiendra du 11 au 22 novembre à Varsovie. Partout en Europe, des associations et citoyens se mobilisent. En Belgique, la pla-teforme Climat et Justice sociale organise un voyage en train. Objectif : réunir 1 000 personnes pour rejoindre la manifestation internationale du samedi 16 novembre à Varsovie. A cette occasion, la plateforme publie des recommandations adressées aux décideurs politiques.

www.climatejustice.eu

Agrocarburants

La Commission européenne a refusé de prolonger le système belge de promotion des agrocarburants. Elle estime que ce système favorisant sept raffineurs belges constitue avant tout une construction pro-tectionniste et non un moyen de garantir la durabilité des agrocarburants. Le gou-vernement fédéral est donc appelé à révi-ser son système de soutien. Cette actualité relance le débat sur les critères de dura-bilité des agrocarburants (lire Renouvelle n° 52 et 54).

Sondage

Selon un sondage initié par EDORA et réalisé par IPSOS, 96 % des Belges francophones es-timent important que la Belgique puisse pro-duire une plus grande partie de son énergie par elle-même sans devoir importer de ma-tières premières d’autres pays. En cohérence, 95 % se disent favorables au développement des énergies renouvelables à grande échelle en Belgique. Par ailleurs, selon un deuxième sondage, une majorité de Wallons – y com-pris ceux qui habitent en zone rurale – se disent favorables au développement éolien (lire ci-dessus). Les résultats complets des sondages sont disponibles sur :

www.barometre-energetique.be

Biométhanisation

Les biométhanisateurs wallons ont mis sur pied une fédération afin d’interpeller les décideurs politiques sur la dégradation économique de la filière en Wallonie. Dans une lettre ouvertes aux ministres concer-nés, ils appellent à prendre des mesures urgentes de soutien. Sans quoi, la plupart des 15 unités de biométhanisation feront faillite d’ici la fin de l’année. La Wallonie...

...se retrouverait alors sans filière, malgré son potentiel local très important. Une situation d’autant plus interpellante que la biométhanisation est en forte croissance dans les Régions et pays voisins.La lettre ouverte :

www.apere.org

Certificats verts

Le régulateur bruxellois de l’énergie a publié son rapport relatif au fonction-nement du marché des certificats verts et des garanties d’origine en 2012.

Consulter le rapport :

www.brugel.be

Immobilier

Le nouveau site vimmos.be se destine aux annonces immobilières pour les biens à faible consommation énergétique. Il s’agit d’une initiative privée à saluer, qui a pour but de « conscientiser » les citoyens sur l’importance de bien construire/rénover sa maison. Les utilisateurs ont accès par la même occasion à des informations et conseils liés à la construction écologique et économe en énergie.

ACTUALITÉ BELGE EN BREF...

La majorité favorable à l’éolien s’exprime plus rarement que la minorité anti-éolien © TPE Energie éolienne

www.edora.org

www.barometre-energetique.be

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WEBMAG N° 58 - NOV 2013

ACTUALITÉ INTERNATIONALE

En vue du futur grand débat eu-ropéen sur le soutien public aux énergies renouvelables, les éner-géticiens préparent leurs armes pour défendre leurs privilèges. Objectif : stopper l’avancée des renouvelables qui leur prend des parts de marché.

C’est désormais une tra-dition. Chaque année, à la veille de l’hiver, revient l’épouvantail du blackout annoncé. L’avertissement, cette fois, s’inscrit à l’évidence dans un plan de com-munication qui vise les conseils européens de février et mars prochains (2014) sur la compétitivi-té et le cadre 2030 pour les politiques en matière de climat et d’énergie. On devrait y débattre principalement du soutien européen aux énergies renouvelables dont la Commission européenne à inscrit la réflexion dans son calendrier de fin 2013. D’où la nervosité des énergéti-ciens européens qui s’inquiètent de plus en plus de leur perte de rentabi-lité au sein de l’Union. Et ils attribuent celle-ci pour une large part à la poli-tique européenne inscrite dans le pa-quet Energie-Climat 20/20/20 avec en point de mire le soutien aux énergies renouvelables.

Pour étayer leur argumentation, ils peuvent compter sur la quinzième et toute récente édition annuelle du rap-port de l’Observatoire Européen des Marchés de l’Energie publié par Capge-mini Consulting (1), un cabinet conseil qui constitue en termes de référence industrielle une forme de « petit » GIEC a lui tout seul. Son analyse pointe cinq facteurs déterminants dans la progres-sive dégradation du marché de l’énergie en Europe :

1. La diminution des marges opéra-tionnelles des « Utilities » : rentabilité amoindrie des moyens de production, augmentation des surcapacités (dues notamment à la pression du renou-velable, mais aussi à la réduction de la demande consécutive à la crise), pres-sion fiscale.

2. L’effondrement du marché du carbone qui n’incite pas les industriels à favori-ser les technologies peu émettrices et les installations CSC (Capture et Stoc-kage de CO2), le charbon se révélant nettement plus attractif.

3. La non rentabilité de nombreuses centrales au gaz (60 % d’entre elles ne couvriraient pas leurs coûts fixes) engendre leur fermeture. Or ces cen-trales pourraient être précieuses en cas de pics de production.

4. Le poids grandissant des subventions publiques – principalement au béné-fice du renouvelable – dans des prix de l’électricité en nette augmentation.

5. Le poids des investissements à long terme indispensables pour assurer la sécurité d’approvisionnement et pré-server la rentabilité : remplacement ou mise à niveau d’anciennes cen-trales (gaz ou charbon), adaptation du réseau de transport (le rapport parle de mille milliards d’euros d’ici 2020).

D’où la conclusion des énergéticiens européens : la politique énergétique eu-ropéenne est un échec. Il faut complète-ment la repenser. Et un bouc émissaire providentiel : le subventionnement excessif des énergies renouvelables qui sous-tend l’actuel plan Energie Cli-mat. Il faut supprimer radicalement les

subventions qui favorisent les secteurs devenus rentables (ou en passe de l’être, comme l’éo-lien et le solaire) et recentrer les efforts sur la R&D dans des domaines d’avenir – dixit ces industriels – comme le stoc-kage de l’énergie et la capture du CO2 (CSC). C’est la substance du message lancé urbi et orbi début octobre par dix énergé-ticiens européens représen-tant à eux seuls près de 60 % du marché. Avec sans aucun doute, mais de manière plus subliminale, une demande de soutien aux centrales non ren-tables, mais dont le maintien

en activité s’impose pour assurer la sécurité d’approvisionnement durant la transition énergétique. Et pourquoi pas une demande d’exemption de « taxe carbone » au bénéfice du nucléaire ?

Un message qui passe plutôt bien dans l’opinion vu la situation économique, et que les grands patrons concernés ne se priveront pas de relayer en boucle lors de leurs contacts avec les chefs d’état en prévision des conseils euro-péens du printemps 2014.

Du coup les associations environne-mentales affûtent également leurs ar-guments : « Electricité : le renouvelable, problème ou solution ? » (2)

(1) Lire le rapport :

(2) www.iew.be

LA STRATÉGIE DES ÉNERGÉTICIENS EUROPÉENS

www.fr.capgemini-consulting.com

Le renouvelable fait de l’ombre aux producteurs classiques.

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WEBMAG N° 58 - NOV 2013

ACTUALITÉ INTERNATIONALE

Le pharaonique projet Déser-tec lancé en 2009 est-il en passe d’être englouti dans les sables du désert ? En attendant la réponse, voici déjà quelques enseigne-ments utiles...

Nous l’avions évoqué à plusieurs re-prises ici même. Le projet Désertec faisait partie de ces grands rêves qui pouvaient réenchanter l’avenir éner-gétique de la planète. Et on était d’au-tant plus tenté d’y croire que quelques géants industriels réputés comme E.ON, RWE, Siemens, ABB et quelques autres réunis au sein de l’alliance industrielle DII (Desertec Industrial Initiative), s’étaient mouillés dans le projet. Lorsque, en novembre dernier, Siemens et Bosch avaient jeté l’éponge et que peu à peu certains bailleurs de fonds avaient manifesté leur réticence, on s’était sérieusement mis à douter. Utopique, finalement, Désertec ?

L’idée d’exploiter l’ensoleillement fabuleux du nord de l’Afrique pour alimenter en énergie verte 20 % de la demande européenne d’électricité d’ici 2050 était conceptuellement séduisante et techniquement réaliste aux yeux de la plupart des protago-nistes des débuts. Mais elle avait un coût d’investissement de 400 milliards d’euros, et c’est ce qui, a priori, pous-sait ses détracteurs à parler d’utopie. Si certains protagonistes comme RWE n’ont pas renoncé à ce projet, son demi-échec a incontestablement des origines financières dues notamment à la crise. Les compétences de ses concepteurs ne seraient pas en cause, même s’il est vrai que peu de gens avaient anticipé, lors des premiers signes de crash en 2008, la profondeur que cette crise allait connaître. Du coup, les spécialistes tirent plusieurs enseignements intéressants des diffi-cultés rencontrées au fil du temps par le projet Desertec.

1.- L’Europe a reconsidéré ses besoins

On le voit bien, les pays européens ont déjà bien du mal à absorber sur le réseau existant les productions renouvelables qui affluent. Le cadre réglementaire, économique et technique demande à être adapté et le réseau transeuropéen est à la peine, ne fut-ce qu’au niveau de son organisation. Dans le même temps, on s’est rendu compte que l’Europe pourrait produire elle-même 90 % de sa propre demande en électricité verte. Pas vraiment besoin donc des 20 % pro-mis du soleil africain. D’autant que les lignes actuelles ne permettraient pas leur transport entre le Nord de l’Afrique et l’Europe. Du coup la réflexion s’est réorientée vers un marché intégré au niveau européen. C’est un changement de donne important.

2.- L’Afrique du Nord aussi à revu ses options

Printemps arabe ou pas, les mentalités ont commencé à changer aussi du côté de nos voisins nord-africains. D’une part, on est de moins en moins dans des gou-vernements unipersonnels proches des didactures autoritaires et des soupçons d’ingérence tendent à planer sur le vo-lontarisme industriel affiché par certains pays. D’autre part, l’histoire énergétique des pays du Moyen-Orient ressemble de plus en plus à celles des pays émergents, avec une demande d’énergie qui, de plus en plus, surpasse l’offre. Pas le moment

donc d’aller exporter inconsidérément ses ressources. Même si elles ne vous coûtent presque rien et vous permettent par ailleurs de vendre (à prix d’or) votre précieux gaz. De gros projets de centrales solaires à concentration, parfois associés à de l’éolien battent aujourd’hui de l’aile, comme à Ouarzazate au Maroc (500 MW), ou ont capoté comme en Algérie. Mais pour les initiatives encore en cours, il s’agit pour la plupart de productions destinées au marché local, loin donc de l’ambition initiale.

3.- Les liquidités se font rares et le long terme fait peur

Les grands projets à concentration solaire (ESC) réclament d’importantes liquidités et le retour sur investissement n’est pas vraiment assuré dans les circonstances

actuelles. Pour beaucoup, il est urgent d’attendre. De plus, les grosses « disputes » internes au sein de DII ont fait apparaître que tous les industriels inté-ressés n’ont pas forcément la même conception du poten-tiel local en matière énergé-tique, ni la même motivation dans leur volonté d’investir dans des projets énergétiques de grande ampleur dans cette région du monde... Pas évident

pour convaincre des interlocuteurs de plus en plus hésitants.

En juin dernier, DII a présenté un nou-veau plan d’action, baptisé Getting Star-ted, dans l’espoir de refonder l’engoue-ment de ses membres dans un projet commun éventuellement reformulé. Il précise des conditions techniques, économiques et politiques qui permet-traient de transformer les espaces dé-sertiques du Sud de la Méditérranée en centres de production électrique. Sans trop s’attarder sur le devenir de l’énergie produite... Une façon en quelque sorte de revenir à une conception industrielle plus « traditionnelle ».

DÉSERTEC

QUAND L’UTOPIE ACCOUCHE DE LA RÉALITÉ

Source : www.desertec.org

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Hélène Rillaerts ingénieur-ar-chitecte de formation, active dans un bureau d’urbanisme spécialisé en aménagement du territoire, est l’une des facilitatrices mandatées par Bruxelles Environnement pour appuyer le développe-ment de quartiers durables à Bruxelles. Elle co-organisait les journées organisées en octobre dernier sur le sujet.

Jean CECH : Les quartiers durables, c’est la nouvelle marotte des urbanistes ?

Hélène RILLAERTS : C’est en tous cas une marotte que nous prenons très au sé-rieux. Il y a une réelle volonté de repen-ser le vivre en ville à l’échelle du quartier pour aller vers plus de durabilité. Nous sommes conscients que le terme est uti-lisé à toutes les sauces depuis quelques années, mais ce qui nous intéresse, c’est le besoin que cela reflète de penser le « vivre en ville autrement », de manière très globale. C’est une demande, une en-vie qu’on sent appraître très clairement de la part des habitants eux-mêmes et que les urbanistes et même certains pro-moteurs relayent de plus en plus. Il y a une réelle convergence que nous perce-vons en tout cas à Bruxelles.

J. C. : Comment répondre de manière un tant soit peu rigoureuse à une telle de-mande ? Comment la rendre opération-nelle dans une ville comme Bruxelles ?

H. R. : C’est toute la question du savoir-faire. Nous ne sommes pas les plus avan-cés en la matière à Bruxelles. Différentes villes européennes ont pris les devants et cette vision a, au fil de ces dernières années, pris de la consistance. A nous maintenant de voir comment, dans notre contexte bruxellois, avec nos compé-tences propres, nous pouvons aller dans

cette direction. Il y a déjà eu des tentatives, pas toujours très réussies, mais souvent riches en enseigne-ments, et nous pouvons en tirer les leçons. Il ne s’agit pas de copier ce qui se fait ail-

leurs, mais de savoir comment coller à la réalité bruxelloise. Nous ne sommes sans doute pas à la pointe comme on peut l’être dans certains quartiers allemands ou scandinaves, mais nous avons mené quelques expériences intéressantes comme celle du quartier Bervoets, Bruyn ou Helmet. Nous avons fait quelques visites qui l’ont démontré lors de nos journées du mois d’octobre.

D’autres projets sont encore dans les cartons ou sont en devenir.

J. C. : Comme le projet Tivoli ?

H. R. : Oui, et ce sera sans doute le pre-mier à être vraiment global en tentant de répondre à tous critères de durabilité.

Ailleurs, c’est vrai, il y a toujours quelques biais, en terme de convivialité, de mo-bilité, de multifonctionalité,... On est toujours amené à procéder par essais/erreurs, c’est inévitable dans ce domaine.

J. C. : Il est vrai aussi qu’avec Tivoli, on part pratiquement d’une page blanche, puisqu’on a affaire à une véritable friche urbaine, ce qui n’était pas les cas des autres quartiers...

H. R. : Oui, c’est un avantage considé-rable parce que cela autorise une véri-table conception globale qui peut aller jusqu’au bout du raisonnement de dura-bilité. Ce qui est rarement possible dans un quartier existant, quelle que soit la dynamique apportée par la population locale. Mais cela pose aussi la question de l’intégration des attentes d’une po-pulation qui est à venir. Il faut pouvoir cerner qui seront ces futurs habitants et imaginer les attentes qui pourront être

les leurs, ce qui n’est pas forcément plus simple qu’ailleurs où on a des interlocu-teurs qui vivent déjà sur le terrain. Pour ceux-là, on peut compter sur la dyna-mique des contrats de quartier citoyen mise en place depuis quelques années par Bruxelles Environnement.

WEBMAG N° 58 - NOV 2013

DÉBATS & OPINIONS

QUARTIERS DURABLES« LE DÉFI, C’EST DE TROUVER UN ÉQUILIBRE ENTRE PARTICIPATIONCITOYENNE ET CONTRAINTES TECHNIQUES »

Le projet Bruyn-Est, initié par le CPAS de Bruxelles, verra fleurir 56 éco-logements basse énergie, une crèche, des espaces extérieurs partagés avec une valorisation de la biodiversité et une gestion des eaux pluviales. © B612 Associates

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WEBMAG N° 58 - NOV 2013

DÉBATS & OPINIONS

J. C. : N’entre-t-on pas là, avec la volonté de participation du citoyen, dans des compétences moins techniques et moins fami-lières aux urbanistes que la mo-bilité ou la conception d’espaces publics par exemple ?

H. R. : Oui, sans doute. C’est un nouvel ingrédient avec lequel les urbanistes sont amenés à travailler et qui n’entre pas for-cément dans leurs habitudes de travail. C’est une évolution vers plus de « bottom up » qui doit se faire. Mais cela ne doit pas péna-liser non plus les éléments plus techniques que vous évoquez. Le véritable défi, c’est de pou-voir équilibrer harmonieusement les deux. Si l’on est plus attentif aux attentes et aux demandes des habitants, cela ne veut pas dire qu’on leur confie la réalisa-tion des plans. C’est un nouvel ingrédient qui doit entrer dans la réflexion de l’urbaniste qui a par ailleurs d’autres contraintes techniques et de conception à prendre en compte. C’est son métier.

J. C. : On a longtemps parlé de villes du-rables. Voilà qu’on évoque plus volon-tiers des quartiers durables. En quoi est-ce une échelle plus appropriée ?

H. R. : Ce n’est pas tant une question de taille que d’appartenance et d’identité. En terme de définition, dans nos inter-ventions comme facilitateurs quartiers durables, l’échelle minimum, c’est deux bâtiments et un espace public. C’est le minimum autour duquel on peut ima-giner une vie de quartier qui soit propre à ce noyau d’habitats ainsi qu’un lien et des interactions spécifiques entre es-paces privés et espaces publics. Après, c’est la morphologie urbaine qui cerne un mode de fonctionnement propre au quartier. L’échelle du quartier offre plus de possibilités en termes de mutualisa-tion des besoins et des ressources, donc d’économies d’échelle précisément, ce qui n’est pas négligeable par les temps qui courrent.

Un des éléments qui rendent aussi cette échelle plus opérationnelle, c’est l’adap-tabilité. Une notion qui était peu prise en compte auparavant et qui prend aujourd’hui beaucoup plus de place. On conçoit de plus en plus les espaces non plus en fonction d’une réalité constatée à un moment donné, mais en laissant une marge de manoeuvre pour prendre en compte l’évolution de cette réalité. De sorte que les mêmes espaces puissent être utilisés autrement.

J C : A savoir ?

H. R. : Par exemple que la taille des loge-ments puisse augmenter ou diminuer en fonction de l’évolution des ménages, ou que les fonctions d’habitat et de bureau puissent permuter selon la de-mande du moment. Une des grandes idées est ainsi de concevoir des parkings qui puissent au fil du temps se muer en ateliers pour artisans, en crèches ou en logements pour étudiants.

J. C. : Vous avez évoqué à diverses re-prises des évolutions dans les mentalités et les pratiques. Quel éclairage particu-

lier avez-vous pu percevoir de ce côté à l’occasion des deux jour-nées de réflexion et d’échanges organisées en octobre dernier ?

H. R. : Ma première surprise a été de prendre la mesure de l’intérêt et de l’enthousiasme des profes-sionnels face à ce qui leur était présenté. Nous avons vraiment eu le sentiment d’une mobilisation et d’une émulation. Finalement, nous nous sommes rendu compte que bien de choses étaient en marche. Beaucoup de choses notamment dans le domaine de la recherche. Et ce qui est intéressant à consta-ter, c’est la convergence de toutes ces initiatives, notamment autour des espaces partagés. Beaucoup de dynamiques citoyennes vont dans ce sens. On perçoit claire-ment un changement de menta-lité qui nous fait basculer d’une époque assez matérialiste et indi-vidualiste qui a prévalu à la fin du siècle dernier vers des approches

plus participatives où le souci d’échange et de partage prédomine. La notion de durabilité arrive à son heure. Les contrats de quartier témoignent que les mentalités évoluent quel que soit le niveau de vie des populations.

J. C. : Vous avez perçu des freins à cette évolution ?

H. R. : Oui, sans doute. Il y a par exemple la mobilité où on a encore bien du mal a faire triompher les transports en com-mun et la mobilité douce et à mettre en place un mode de transport qui soit à la hauteurs des ambitions pour la Ville. Cela reste un handicap pour les quar-tiers durables. On reste aussi face à un dilemme financier dans la mesure où l’écoconstruction reste plus coûteuse et que ce surcoût à court terme rend les promoteurs plus frileux.

Pour en savoir plus :

Facilitateur Quartiers durables :

wwww.bruxellesenvironnement.beProfessionnels > Guichets

Le projet Tivoli sera le premier quartier de Bruxelles à véritablement intégrer tous les critères de durabilité. Sur une friche urbaine naîtront 450 logements passifs, deux crèches, une pépinière d’entreprises, des commerces, une salle multifonctions, un petit parc et des espaces publics. © MSA Urbanisme et Architecture.

http://www.villedurable.be

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Pierre Stassart, profes-seur en agroécologie et transition à l’ULg et ad-ministrateur de Lucéole, emmenait récemment avec lui au Danemark 47 personnes actives dans l’éolien citoyen en Wallonie. Voici quelques impressions dominantes.Jean CECH : Lucéole a beau-coup travaillé sur le concept d’énergie citoyenne et les coopératives énergétiques. Où en est-on selon vous chez nous ?

Pierre STASSART : Au niveau wallon, nous avons désormais un cadre éolien qui in-dique une direction claire sur le plan par-ticipatif et d’autre part une quinzaine de coopératives citoyennes – quarante-cinq mille citoyens sont engagés – qui se sont lancées. À ce niveau je n’hésite pas à affir-mer que nous disposons aujourd’hui d’un cadre plus favorable que dans la Mecque de l’éolien participatif qu’est le Dane-mark. Malheureusement, si le contexte est bien présent pour al-ler de l’avant dans cette direction, les signaux et la gouvernance de manière générale révèlent un cer-tain nombre de contradictions qui affectent ce potentiel.

J. C. : Que voulez-vous dire ?

P. S. : Ce que l’on constate c’est que, tant les débats autour des cer-tificats verts que certains discours officiels d’édiles locaux particuliè-rement réticents et que le travail des lobbies anti-éolien brouillent complè-tement le message vis-à-vis du public. Le débat n’est pas maîtrisé, et les non initiés sont dans le doute. Par ailleurs, la coordi-nation entre les coopératives citoyennes n’est pas au top. Il y a un vrai besoin de professionnalisation à ce niveau, de sorte

que la voix citoyenne est un peu absente du dé-bat. Cette situation s’est envenimée au fil de dé-cisions publiques rela-tives aux subventions et au soutien des énergies renouvelables en géné-ral, ce qui a tendance à refroidir aussi l’enthou-siasme des acteurs de terrain et en particulier des investisseurs. Mais le potentiel objectif reste

ce qu’il est et notre récent voyage d’études au Danemark l’a bien montré. Nous gar-dons toutes nos chances.

J. C. : Vous évoquez le Danemark, l’his-toire des coopératives et de l’éolien ci-toyen y est tout de même sensiblement différente de la nôtre, ne fut-ce que par ses débuts: on est parti là de petites éoliennes locales plutôt modestes et le pays évolue aujourd’hui vers des ma-chines de plus grande taille au risque d’exclure les petites coopératives qui avaient lancé le mouvement... ?

P. S. : C’est un peu plus compliqué que cela. En fait, il y a eu trois phases. Une première, très rurale, qui dans les années 80 et 90 a été largement citoyenne et a vu l’émergence d’une myriade de coo-pératives locales. Une deuxième phase, liée à la politique danoise, a mis fin pro-

gressivement au soutien à l’éolien coo-pératif, ce qui a suscité, vu l’augmenta-tion de puissance des machines et des investissements à mettre en oeuvre, une progressive main-mise des grands opérateurs éoliens au niveau local. Puis, à partir de 2008, le Danemark a tenté, dans une troisième phase, une opéra-tion de rattrapage en prévoyant l’ouver-ture au capital des sociétés à raison de 25 % aux citoyens. Mais, à la différence de ce qui a été décidé chez nous, cela se limite à une participation au capital.

J. C. : Pas question donc d’avoir un oeil sur la politique de l’entreprise... ?

P. S. : Disons qu’il est beaucoup plus rare que, comme chez nous, les gens se sai-sissent de cette participation pour en faire un levier du développement local en contrôlant le devenir de l’électricité produite et le réinvestissement au niveau local des bénéfices. On est plus dans une situation de capitalisme vert que dans une mobilisation citoyenne comme c’était le cas dans les années 80. Cela dit, il n’est pas interdit de penser qu’il en sera de facto de même d’ici quelques années en Wallonie.

J. C. : En quoi, l’évolution du Da-nemark vous a-t-elle paru néan-moins intéressante d’un point de vue participatif ?

P. S. : Au niveau de la mixité des montages financiers, par exemple. Via notamment la créa-tion de fondations regroupant des communes, des intercom-munales et d’autres interlocu-teurs financiers locaux... et qui deviennent des interlocuteurs de poids dans l’investissement

éolien, face à des investisseurs privés et des groupes industriels internationaux. C’est une formule intéressante qui peut faire une place à de l’investissement purement local.

J. C. : Vos contacts avec les Danois vous

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DÉBATS & OPINIONS

EOLIEN CITOYEN

« NOUS DISPOSONS AUJOURD’HUI, EN WALLONIE, D’UN CADRE PLUS FAVORABLE QU’AU DANEMARK »

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ont-ils permis de voir dans quelle mesure la participation pousse effectivement dans ce sens sur la durée. Et qu’on ne tombe pas finalement dans des préoccupations de rendement financier pur et dur... ?

P. S. : Ce qu’on a pu constater au Dane-mark, c’est qu’on navigue entre deux

pôles. D’un côté les gens qui ne voient finalement que ce que cette participa-tion peut leur rappor-ter et de l’autre des gens qui préservent une vision plus glo-bale. Nous l’avons très bien vu lors de notre visite sur l’île de Samsø, où ce regard plus global a amené différents groupes de personnes (agricul-

teurs, riverains, mandataires locaux, etc.) à s’entendre sur ce qu’ils appellent un masterplan doté d’une vision très précise et planifiée dans le temps. Là, leur pre-mier objectif était clairement l’autono-mie énergétique aujourd’hui acquise; et ils se focalisent aujourd’hui sur un second objectif visant à rendre l’île « Fossil free »

d’ici 2030. Autant de mots d’ordre mobi-lisateurs sur lesquels les coopérateurs peuvent construire une dynamique d’ac-tion, en collaboration avec les acteurs po-litiques et économiques. L’un des grands enjeux de ces coopératives citoyennes, celles de la seconde génération je dirais, c’est de ne pas devenir des spécialistes de l’éolien, mais au contraire de s’inté-resser au développement des énergies renouvelables sur leur territoire. Même si l’éolien reste un formidable aspirateur à investissements. Rien de tel pour drainer vos premiers cinq cent mille euros qui serviront d’assise pour aller plus loin sur d’autres projets énergétiques locaux.

Un compte-rendu de de voyage d’étude au Danemark et des documents utiles sont disponibles sur :

WEBMAG N° 58 - NOV 2013

DÉBATS & OPINIONS

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La dynamique citoyenne est en plein essor en Wallonie avec une vingtaine de coopératives éoliennes, formées ou en formation. Actuellement, 6 % de la puissance installée en Wallonie appartient à des communes, des intercommunales ou des coopératives citoyennes. Cette part monte à 7,4 % quand on considère les permis octroyés, les parcs en construction et en recours.

www.eolien.be

www.luceole.be

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SÉLECTION DES REVUES SPÉCIALISÉES EN ÉNERGIE D’OCTOBRE 2013Tableau synoptique des principaux dossiers et articles relevés dans les revues spécialisées en énergie, ainsi que des articles traitant de la thématique énergétique issus d’autres revues disponibles en Belgique. Abonnez-vous ou venez les consulter au centre de documentation de l’APERe.

EDITION

Périodique n° Dossiers et articles épinglés

Revu

es s

péci

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en E

nerg

ie

Energie Plus 512

Dossier : Gaz : la grande dépression ? - Fiscalité encore en débat avec les poids lourds - Entretien avec Gaël Virlouvet (CESE) / Pour son 5e rapport, le GIEC change de méthode / Rénovation énergétique : le tiers-fi-nancement au service des collectivités / Watty rentre à l’école / Génie climatique : une plate-forme expé-rimentale pour concevoir les produits de demain / Production d’électricité géothermique : les profession-nels français doivent s’organiser au plus vite / Ingienierie climatique planétaire : beaucoup d’incertitudes

Energie Plus 513

Dossier : Modulation de la consommation d’électricité : l’effacement veut passer au niveau supérieur - Entre-tien avec Jeremy Bentham (Shell) / Entretien avec Bruno Lechevin (ADEME) / Entretien avec Ludovic De-blois (Sunpartner Group) / Climat : Le GIEC confirme son diagnostic / Méthanisation : mieux cerner la ren-tabilité / La Suisse négocie son virage énergétique / Douchy-les-Mines : un quartier chauffé par les déchets

Energie Plus HSDossier : Côté carbone, vous en êtes où ? - Bilans GES : un outil d’aide à la décision / Collectivités : voir les choses en grand / Le secteur agricole se met progressivement aux bilans GES / Réglementation : un mille-feuille réglementaire ? / Emissions indirectes : mal aimées et pourtant essentielles

HydroEnergie Revue

93 Quelques réflexions / Retour d’expérience des turbogénérateurs pour très basses chutes / Question des lecteurs / Prises d’eau : comment concilier alimentation et dévalaison

New Energy5

2013

Focus : How green will it be ? Waiting for a new government - EU caps biofuels, nuclear industry loses out on EU subsidies / EREC : ThermoMap assesses geothermal potential, research boost for PV technologies / Russia starts renewables scheme / Chinese solar industry receives tax break / Interviews : Thomas Becker (EWEA), Jürgen Zeschky (Nordex) / Desertec Initiative hits a stumbling block / Uncertainly clouds Germa-ny’s offshore development / The switch to renewables is driving Germany’s green economy start-ups / Wind Power : The customer is king / Solar Power : Solar enters next stage / Mobility : French conection

Photoninternational

217

Focus : Ion implanters : Getting ready for large-scale use in high-efficiency cell production - Long live net metering / Solar policy, regulatory and market news across Africa and the Middle East / Solar policy, regulatory and market news across Americas / Solar policy, regulatory and market news in Europe / EPIA : strong industrial policy is crucial for Europe’s PV industry future / Inverter & module price index / Inverter test : Eaton Phoenixtec MMPL Sunville SV 10000s / Goodwe GW 17K-DT / PHOTON lab’s test re-sults for inverters tested - Double glass modules - Monitoring systems survey & test / Cell testers survey

Réactif 76

Dossier : Zoom sur l’audit énergétique : 1- Les atouts de l’audit énergétique / 2- Place à la PAE 2 ! / 3- Audi-teur PAE, métier de passionné ! / 4- Audit AMURE : quand l’industrie se penche sur son énergie / 5- Audit AMURE : Utiliser l’énergie de la manière la plus intelligente qui soit ! / 6- Brasserie du Bocq à Purnode : « L’au-dit énergétique a impacté notre manière de penser ! » / 7- Audit UREBA : une démarche qui a tout son sens! - Mesurer, c’est savoir... dans la gestion de l’énergie aussi / Le renouvelable a-t-il sa place dans l’industrie ? / L’optimisation énergétique des ascenseurs / Des bâtiments tertiaires « exemplaires » pour la Wallonie

Autr

es

Entreprise (L’) 903

Dossier : Special Energies + : un lieu d’échanges incontournable - Options techniques et temps de retour sur investissement / Chauffage : Les objectifs de demain grâce à la technologie d’aujourd’hui / Bulex : Plus que des préparateurs d’eau chaude - Ventilation : Un climat intérieur sain et durable - Accessibilité finan-cière des habitations quasi neutres en énergie / La fin de la chaudière traditionnelle

La Maison écologique

77

Dossier : A chacun sa chaudière bois : Conseils de pros, tableaux comparatifs, témoignages - Les conseillers info-énergie, héros de la transition ? / A la loupe : Une maison nommée « Bimby » / Le Village Vertical prend de la hauteur / Enquête matériau : le bon choix pour la chaux / Flitrer son eau / Une autoconstruction accompagnée / La transition énergétique : solution de sortie de crise ? / Vous avez dit « transition » ?

Ma ville...Notre planète

82

Dossier : Agenda 21 : un engagement mondial pour le développement durable, un plan d’action pour l’environnement à Bruxelles / Le Cobrace : Code Bruxellois de l’Air, du Climat et de la Maîtrise de l’Energie / Topten : Les meilleurs produits et services en matière énergétique / Nouvelle édition 2007-2010 du Rapport sur l’Etat de l’Environnement bruxellois / Portes ouvertes écobâtisseurs / « Boitsfort-Etangs », site néolthique et sanctuaire de la biodiversité / Green Up film festival / Plage écoles

Test Achats 579Dossier : Gaz et électricité : Des économies qui réchauffent - « Un tarif de réseau unique par région annu-lerait les fortes différences locales actuelles » / Commerce équitable / Bois durable / Utiliser l’eau de pluie

Tu bâtis,je rénove

293Dossier : Spécial appartements - Tour des matériaux pour murs porteurs aux propriétés isolantes / Testez vos connaisances avec notre grand jeu de l’énergie / Immobilier : copropriété et syndic / Energie et Habitat

entrée gratuitecliquez ici | guestcode

www.energi esplus.be

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L’heure d’hiver nous le rap-pelle… octobre n’est pas le mois du soleil.

Les performances affichées par le solaire thermique et le photovoltaïque reflètent un mois parfaitement normal (109 h d’ensoleillement), avec des quantités d’énergie à l’avenant.

Les gouttes d’octobre ont quant à elle dansé dans les rafales qui ont aussi fait valser les éoliennes. Suite au raccorde-

ment des dernier mâts offshore en sep-tembre, 1 540 MW ont tourné en rythme, pour offrir sur le mois assez d’électricité pour alimenter l’équivalent de 1 344 000 logements (3 500 kWh/an)… une belle moyenne pour un mois en dents de scie, avec des jours très peu venteux et d’autres qui ont tout simplement décoiffé. Ainsi, le 27 octobre a offert une journée record en termes de production… Avec un taux

de charge de plus de 80 % offshore et onshore, 30 GWh ont été produits sur la journée, pour alimenter l’équivalent de plus de trois millions de logements, soit deux tiers de la Belgique, ou la Flandre et la région bruxelloise.

Ces chiffres éoliens vous sont livrés grâce aux données d’Elia qui monitore quart d’heure par quart d’heure la production du parc belge. Pour octobre, leurs nouvelles étaient plutôt agréables à distribuer…

15 novembre 2013Salon Energie+ - Marche-en-Famenne - www.energiesplus.be

18 et 27 novembre 2013Atelier rénovation durable par Energie et ressources - Chapelle-Lez-Herlaimont (18/11) & Seneffe (27/11) - www.qcaf.be

18 et 22 novembre 2013Comprendre et décoder un certificat PEB - Liège (18/11) & Mons (22/11) - www.forexim.be

20 novembre 2013Conférence : Gaz de schiste : révolution ou mystification ? - Namur - www.iewonline.be

21 novembre 2013Séminaire sur l’isolation en rénovation - Bruxelles - www.bruxellesenvironnement.be

26 novembre 2013Conférence : le franchissement du picpétro-lier - Bruxelles - [email protected]

26 novembre 20131er séminaire Biomasse-Energie de la Grande Région - Namur - www.reseau-pwdr.be

27 novembre 2013Conférence : Charbon : l’illusion d’un bon filon ? - Liège- www.iewonline.be

27 novembre 2013Conférence : Hiérarchisation des utilisations de la biomasse - Gembloux - www.valbiom.be

28 novembre 2013Conférence : Energie renouvelable et certifi-cats verts - Bruxelles - www.curbain.be

30 novembre 2013Formation de guides solaires - Gembloux - http://passeursdenergie.be

05 décembre 2013Le solaire thermique : conception, retours d’expériences et conduite d’installations - Namur - http://energie.wallonie.be

D’autres manifestations professionnelles :www.apere.org > agenda

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WEBMAG N° 58 - NOV 2013

AGENDAMÉTÉO RENOUVELABLE

L’état du photovoltaïque dans le monde L’IEA-PVPS publie son 18ème rapport annuel sur les tendances de la filière

Ce rapport fournit des données officielles et précises sur le marché du photovoltaïque (PV), l’industrie, les politiques de soutien, les activités de recherche et l’intégration de PV dans le secteur de l’énergie dans les 23 pays qui relèvent du Programme PVPS (Pho-tovoltaic Power Systems Program) de l’Agence Internationale de l’Energie, ainsi qu’une estimation fiable des autres marchés les plus importants. Avec près de 100 GW installés dans le monde, le PV a atteint un point où il commence à se développer indépendam-ment de soutien financier. Toutefois, le mécanisme de soutien principal du marché reste le feed-in tariff responsable de 61 % du marché mondial en 2012.

Cette édition s’est notamment basée sur l’ensemble des rapports statistiques nationaux dont celui pour la Belgique également disponible sur le site web de l’IEA-PVPS.

OCTOBRE A LE VENT EN POUPE

www.meteo-renouvelable.be

Vous êtes un citoyen, une association, une en-treprise, une commune, une école ? Et vous me-nez un projet qui se dis-tingue dans le domaine de l’énergie durable ?

Participez au Prix belge de l’Energie et de l’Environnement !

Déposez votre candidature au plus tard pour le 2 avril.

www.eeaward.behttp://www.iea-pvps.org/

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12 WWW.RENOUVELLE.ORG

STATISTIQUES

WEBMAG N° 58 - NOV 2013

LES ÉNERGIES RENOUVELABLES DANS LE MONDE

Conjointement avec le rapport du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), Ren21 publie chaque année, un état des lieux des énergies renouvelables dans le monde et un suivi des ten-dances du marché, de l’indus-trie et des politiques dans ce secteur. Ce document couvre tous les continents et toutes les technologies et bénéficie d’un réseau de près de quatre cents collaborateurs dans le monde.

19 % de la consommation finale issue des énergies renouvelables(voir figure 1)

La demande globale pour les éner-gies renouvelables n’a cessé d’aug-menter au cours de 2011 et de 2012 et leur part représentait en 2011 (dernière année disponible pour cet indicateur) pas moins de 19 % de la consommation finale d’énergies mondiale, dont un peu moins de la moitié sous forme de biomasse traditionnelle.

1 470 GW de puissance électrique renouvelable installée

En ce qui concerne le secteur élec-trique, avec une croissance de puissance installée de +115 GW, presque la moitié des nouvelles capacités électriques installées en 2012 dans le monde ont été de type renouvelable.

La capacité installée totale en éner-gies renouvelables a dépassé les 1,470 GW en 2012. Le leader mondial sur le marché des énergies renouve-lables en 2012 reste la Chine, suivi des Etats-Unis et de l’Allemagne.

Partout dans le monde, l’éolien en tête du développement(voir figure 2)L’éolien représentait environ 39 % de l’accroissement de la puissance ins-tallée dans le monde en 2012, suivi par les énergies hydraulique et solaire photovoltaïque qui représentaient cha-cune 26 % du total. La capacité installée

de solaire photovoltaïque a dépassé le cap des 100 GW devant la bioénergie, devenant ainsi la troisième plus impor-tante technologie renouvelable en termes de capacité en opération, après l’hydraulique et l’éolien.

Rapport complet sur :

www.ren21.net

Energie globale

Energie nucléaire 2.8 %

Combustibles fossiles 78.2 %

Biomassetraditionnelle

Renouvelablesinnovants

Hydroélectricité 3.7 %

Eolien / solaireBiomasseGéothermieProduction d’énergie 1.1 %

Biocarburants 0.8 %

Fig. 1 : Estimation de la part d’énergie renouvelable dans la consommation mondiale d’énergie finale

Biomasse / solaireChaleur géothermiqueet eau chaude 4.1 %

Fig. 2 : Capacités* de renouvelable dans le monde, EU-27, BRICS et top 6 des pays - 2012

EolienSolaire

PV Bio

énergieGéo

thermieCSP et

Hydro marin

Monde

Eu-27

BRICS

Gigawatts

Chine

Etats-Unis

Allemagne

Espagne

Italie

Inde

Gigawatts

*Hydroénergie non incluse