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Perspectives sur la Sécurité Alimentaire et le Développement au Sahel 20 Années de Collaboration

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Perspectives sur la Sécurité Alimentaire et le Développement au Sahel

20 Années de Collaboration

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LE GROUPE DE COORDINATION DES ZONES ARIDES

Le Groupe de Coordination des Zones Arides (GCOZA) était un forum d’ONG pour l’échange d’expériences pratiques et de connaissances sur la sécurité alimentaire et la gestion des ressources naturelles dans les zones arides d’Afrique. Le GCOZA devait faciliter les échanges d’expériences entre ONG, institutions de recherche et de direction. Les activités du GCOZA, qui ont été menées par les membres du réseau GCOZA en Ethiopie, en Erythrée, au Mali et au Soudan, visaient à contribuer à l’amélioration de la sécurité alimentaire de ménages vulnérables et à la gestion durable des ressources naturelles dans les zones arides d’Afrique.

Le GCOZA fut créé en Norvège par ses membres fondateurs qui sont ADRA Norvège, CARE Norvège, l’Aide de l’Eglise Norvégienne, l’Aide du Peuple Norvégien, la Fondation Stromme et le Fonds de Développement. Au cours des dernières années le secrétariat du GCOZA était logé à la Maison de l’Environnement (Miljøhuset Mariboes gate 8) à Oslo et servait d’organe de facilitation et d’exécution pour le GCOZA. Les activités du GCOZA étaient financées par NORAD (l’Agence de Coopération au Développement de Norvège).

Au cours de ses 20 années d’activités, de 1997 à 2018, le GCOZA a publié une longue liste de rapports et de travaux rédigés par les chercheurs participant au projet du GCOZA. Ces publications sont accessibles sur la page web www.utviklingsfondet.no/dcg

© Par les auteursLes lecteurs sont invites à faire usage, reproduire, disséminer et traduire les matériels de cette publication pour leur usage personnel, en citant cette publication et ses auteurs.

Edité par Martine Dahle Huse Groupe de Coordination des Zones Arides 20 années de Collaboration – Perspectives sur la Sécurité Alimentaire et le Développement au Sahel Groupe de Coordination des Zones Arides c/o Utviklingsfondet/MiljøhusetMariboes gate 8, N-0183 Oslo, Norway

ISBN: 978-82-690576-4-5Page de garde: Femme déplacée interne à Somaliland au moment de la famine de 2017. (Photo: Kristoffer Nyborg, avec la permission du Fonds de Développement)Mise en page: Brød&tekst, brodogtekst.no

Financée par la Coopération Norvégienne pour le Développement (Norad).

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20 Années de Collaboration - Perspectives sur la Sécurité Alimentaire et le Développement au Sahel 3

TABLE DES MATIERESINTRODUCTION ............................................................................................................................5

PERSPECTIVES ACTUELLES SUR LE CONTEXTE SAHELIEN ........................6

Sécurité Alimentaire et Conflits au Sahel ........................................................................ 7

Changement Climatique, Croissance Démographique et Sécurité Alimentaire au Sahel ..............................................................................................10

LA CONTRIBUTION DU GROUPE DE COORDINATION DES ZONES

ARIDES – LECONS APPRISES ET PERSPECTIVES D’AVENIR .................12

La Norvège et les Zones Arides du Sahel – Une Introduction Historique .....13

Le But du Réseau GCOZA – Améliorer la Sécurité Alimentaire et des Conditions de Vie ..................................................................................................................16

L’Expérience du GCOZA avec la Recherche Action – Créer des Avantages Concrets Pour les Ménages Vulnérables en Zones Arides à travers l’Apprentissage Collaboratif .....................................................................................................18

Réseautage pour Faciliter le Passage à l’Echelle Stratégique de l’Apprentissage ................................................................................................................................21

La Contribution du Groupe de Coordination des Zones Arides (GCOZA) au Développement Agricole et à la Sécurité Alimentaire au Mali, au Soudan et en Ethiopie .........................................................................................................22

Les Populations Pastorales des Plaines Ethiopiennes soumises au Stress du Changement Climatique - Vers un Effondrement ou une Restauration? .........28

Restauration des Forêts Montagneuses Arides en Erythrée - Passage à l’Echelle pour Atténuer le Changement Climatique ...................................................31

CONCLUSION ...............................................................................................................................39

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4 Le Groupe de Coordination des Zones Arides

INTRODUCTION

Introduction

Depuis plus de 20 ans, le Groupe de Coordination des Zones Arides (GCOZA) travaille sur la sécurité alimentaire et la sécurité des conditions de vie, l’agriculture et la gestion des ressources naturelles au Sahel à travers diverses phases de son développement organisationnel. L’approche de base a consisté à identifier et à analyser les défis auxquels sont confrontés les paysans et les éleveurs dans les commu-nautés rurales des zones arides et proposer des solutions à certains de ces défis. A travers des projets de recherche action et des études, le GCOZA a cherché à fournir des idées et des leçons pertinentes et un apprentissage qui aura été partagé par les paysans, les éleveurs, les organismes de développement, les décideurs et aussi le milieu de la recherche.

Le GCOZA fait face maintenant à une transition vers une autre phase. Le réseau GCOZA en Norvège, constitué de ses membres fonda-teurs qui sont ADRA Norvège, CARE Norvège, l’Aide de l’Eglise Norvégienne, l’Aide du Peuple Norvégien, la Fondation Strømme et le Fonds de développement, et aussi le Secrétariat du GCOZA à Oslo, mettra fin à ses activités en mai 2018. A partir de cette date l’héritage du GCOZA sera porté par le réseau GCOZA au Mali, GCOZA Mali, qui est devenu un organisme indépendant, travaillant en parte-nariat avec CARE Mali, et le Fonds de Développement qui est en train de mettre en place un Programme de Recherche Action Participative (PRA) en Ethiopie.

Bien que la structure actuelle du GCOZA tire vers sa fin, nous pensons que l’approche du GCOZA

est plus pertinente que jamais. L’importance de l’agriculture adaptée au changement climatique, à la réduction des risques de catastrophe, et de l’atténuation des conflits sur les ressources et des crises, est reconnue de plus en plus, et le travail du GCOZA peut fournir des exemples de solutions à certains des défis les plus pressants auxquels la région est confrontée.

Le GCOZA s’est attelé au respect du principe de recherche appliquée– rendre la recherche pertinente pour les Organisations de la Société Civile (OSC), les gouvernements et enfin et surtout, les communautés

agricoles et pastorales. La transi-tion actuelle vers l’indépendance du GCOZA Mali et le nouveau programme en Ethiopie se fait aussi en reconnaissance du fait que les approches du GCOZA sont réellement pertinentes dans les contextes locaux de ces régions. Reconnaissant la valeur de l’apprentissage au terme des 20 années d’expérience du GCOZA, le conseil d’administration du GCOZA en Norvège a décidé de préparer cette publication finale du GCOZA présentant quelques importantes leçons apprises et expériences acquises à travers le travail du GCOZA. Dans cette publication, nous entendons faire ressortir et présenter les facteurs qui ont été, à notre avis, cruciaux dans le succès de l’action du GCOZA.

La première partie de ce rapport présente les perspectives actuelles sur le contexte sahélien avec deux chapitres se focalisant sur : 1) les liens entre l’insécurité alimentaire et les conflits, et 2) la sécurité alimentaire, le changement climatique et la croissance démographique.

Après cette contextualisation, la deuxième partie présente l’apport du GCOZA mettant l’accent sur les leçons apprises et la marche à suivre. Cette section commence avec une introduction de l’histoire de l’engagement de la Norvège au Sahel et le développement du GCOZA. Ensuite, deux éléments de l’approche du GCOZA qui ont fourni la fondation pour le passage à l’échelle réussi des résultats des recherches du GCOZA sont évo-qués: la méthodologie de la Recherche Action ; et l’organisation sous forme de réseau multi-acteurs.

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20 Années de Collaboration - Perspectives sur la Sécurité Alimentaire et le Développement au Sahel 5

Claes Book Moira Kristin Eknes Svein Olaf Evjen OlsenConseiller Principal, Climat Conseiller Principal, Programme Conseiller, Afrique de l’est Aide de l’Eglise Norvégienne CARE Norvège Aide du Peuple Norvégien

Lene Bakker Jonathan Telfer Lars SaaghusConseiller, Département International Conseiller, Programme Conseiller, Le Fonds de Développement ADRA Norvège Fondation Stromme

Après avoir partagé ces perspec-tives sur le GCOZA, nous poursuiv-ons avec la présentation de trois articles décrivant les domaines thématiques où le travail du GCOZA a fourni de précieuses idées: - production agricole, pastoralisme et gestion durable des ressources naturelles. Et enfin, nous présentons quelques éléments de conclusions sur la pertinence du travail du GCOZA dans l’avenir.

Le chemin vers une méthodologie et un mode de coopération réussis a été jalonné d’expériences à la fois réussies et moins réussies. Chemin faisant, le GCOZA a cherché à recentrer son focus et à améliorer son travail à travers la mise à profit des leçons apprises de projets antérieurs. Le but de cette publica-tion est donc non seulement d’exposer certains résultats du travail du GCOZA, mais aussi de mettre en exergue la forme de coopération et la méthodologie de recherche utilisées par le GCOZA. Ces aspects de fonctionnement ont été déterminants dans la réussite par le GCOZA à fournir aux paysans et aux éleveurs des connaissances utiles et pertinentes. Les échanges de connaissances (connaissances scientifiques et empiriques et innovations) entre différentes parties prenantes ont été multidi-

rectionnels parmi les chercheurs, les paysans et les pasteurs, les organi-sations non-gouvernementales internationales (INGOs) et les organisations non-gouvernemen-tales (ONG) locales.

Le GCOZA a desservi les membres du réseau norvégien en développe-ment de politique et en connais-sances et en formation sur les techniques agricoles basées factuelles.

Les exemples de projets du GCOZA qui ont fourni des connaissances de grande valeur sont trop nombreux pour que l’on puisse les présenter tous ici. Nous avons choisi de mettre l’accent sur la recherche action et les résultats à l’intérieur de la production agricole adaptée au changement climatique en raison de la grande valeur fondamentale – il est probable que les leçons apprises par le GCOZA avec ces projets fournissent des opportuni-tés d’apprentissage universelles. Toutefois, nous voudrions souligner qu’il y a eu aussi beaucoup d’exemples de projets réussis qui ont visé à informer les décideurs et autres parties prenantes impliquées dans le développement au Sahel.

L’expérience du GCOZA a fourni aux ONG membres et aux parte-

naires locaux des opportunités et des idées qui sont allées bien au-delà des projets spécifiques finances à travers l’accord du GCOZA. Le travail du GCOZA sera poursuivi à travers divers pro-grammes exécutés par d’anciens membres du réseau du GCOZA. Au fur et à mesure que les techniques agricoles développées à travers le GCOZA sont intégrées pour faire partie de la conception de pro-gramme des membres fondateurs, les activités du GCOZA continuer-ont d’avoir un impact au fil du temps.

A travers cette publication, leConseil d’Administration du GCOZA souhaite mettre l’accent sur la nécessité et l’importance d’un soutien continu au développement durable dans les zones arides du Sahel. Cette publication nous fournit aussi une parfaite occasion d’adresser notre sincère reconnais-sance à tous ceux qui ont pris part au travail du GCOZA au cours des années écoulées : les secrétariats et les membres du réseau du GCOZA en Erythrée, en Ethiopie, au Mali et au Soudan et tous les paysans et pasteurs qui ont par-ticipé aux activités du GCOZA.- Merci à tous!

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6 Le Groupe de Coordination des Zones Arides

-I- perspectives actuelles sur le contexte sahelien

- I -PERSPECTIVES ACTUELLES

SUR LE CONTEXTE SAHELIEN

Camp Informel PDI près du village de Bali Ahmed, Somaliland, durant la sécheresse de 2017. (Photo: Kristoffer Nyborg, avec la permission du Fonds de Développement)

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IntroductionD’après le Programme Alimentaire Mondial (PAM) 60% de toutes les populations en situation d’insécurité alimentaire chronique vivent dans des pays affectés par les conflits (PAM 2017). L’insécurité alimen-taire et nutritionnelle devient de plus en plus concentrée dans les pays touchés par les conflits. Les liens de cause à effet entre les conflits et l’insécurité alimentaire sont multidimensionnels et com-plexes. L’insécurité alimentaire peut être à la fois une cause et une conséquence de violents conflits. De nos jours, il y a plus de crises caractérisées comme étant très longues que par le passé, d’après la FAO 2015, “les crises prolongées sont devenues la nouvelle norme, tandis que les crises aigües de courte durée sont l’exception maintenant » et sont provoquées par des catastrophes climatiques et des conflits civils.

L’insécurité alimentaire et les conflits au SahelLa région du Sahel, qui s’étend de l’Ethiopie au Sénégal, est l’une des régions les plus pauvres au monde. Les pays qui appartiennent à cette région se trouvent en-dessous de la moyenne de pauvreté de l’Afrique Sub-Saharienne (ASS), et sont confrontés à plusieurs défis inter-connectés. La pauvreté, les guerres civiles, le manque d’opportunités d’emploi, la fragilité des états, l’inégalité de genre, la corruption des régimes et la négligence au plan politique des zones rurales et de la production agricole, combinés avec le changement climatique et la dégradation de l’environnement,

provoquent l’insécurité alimentaire et une plus grande vulnérabilité des petits ménages agricoles. Partout à travers l’Afrique, les économies nationales sont à près de 70 pour cent agraires, la majorité des paysans opérant seulement à des niveaux de subsistance. Toutefois, elle reste fortement sous- développée et se caractérise par une dépendance presque totale vis-à-vis de trois à quatre mois de pluies par an, et aussi par une faible utilisation d’intrants externes tels que les semences et les engrais, l’absence de mécanisation et des liens peu viables avec les marchés.

La plupart des habitants du Sahel sont de petits paysans et pasteurs qui tirent leur subsistance des rares ressources naturelles, dépendants de l’interaction et des changements saisonniers pour la nourriture et le revenu. Les éleveurs sédentaires et les pasteurs nomades ont tous des modes de migration transfrontal-ière qui requièrent beaucoup de mobilité.

Les conflits interfèrent avec les modes de subsistance en séparant les gens de leurs moyens de production tels que les maisons et les terres, les intrants ou les animaux.

Lors de violents conflits, les biens peuvent être détruits à travers les combats ou à travers les pillages dans le but d’acquérir des res-sources. Les paysans sont particu-lièrement exposés aux risques car les insurgés détruisent parfois les maisons, les terres, la main d’œuvre, les animaux ou les récoltes. En conséquence, la production et la disponibilité élémentaire de nour-riture est réduite. Les déplacements de populations et les fermetures de frontières affectent les routes commerciales par lesquelles transitent les march-andises et les animaux. Le com-merce, les marches et les infra-structures sont perturbés, restreignant ainsi l’accès physique à la nourriture. En plus, les conflits provoquent la montée des prix, ce qui encore affecte l’accès économ-ique à la nourriture. Au cours des années écoulées, l’impact de vulnérabilités chroniques et de crises récurrentes sur les communautés du Sahel a été considérablement aggravé par la montée des conflits et de la violence à travers la région, provoquant un accès réduit et instable aux quantités nécessaires d’aliments nutritionnels, et des niveaux élevés de malnutrition, de faim et de famine. Dans certains pays, le taux global de prévalence de malnutrition aigüe atteint jusqu’à 30 pour cent, deux fois le seuil

Insécurité Alimentaire et Conflits dans le Sahel Gry Synnevåg, Département d’Etudes Environnementales et de Développement International, Noragric, Université des Sciences de la Vie de Norvège

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8 Le Groupe de Coordination des Zones Arides

d’urgence. La destitution accélérée est enracinée dans les inégalités sociales, économiques et politiques à long terme, des réponses inadé-quates par les acteurs publics et exacerbées par les conflits et les guerres (Devereux 2007).

De nos jours, 150 millions de personnes vivent dans la région du Sahel, 30 millions font face à l’insécurité alimentaire, 12 millions auront normalement besoin d’aide alimentaire, 4,7 millions de moins de cinq ans souffrent de malnutrition aigüe et 4,9 millions sont déplacés à l’intérieur (OCHA 2017). Les points chauds actuels de conflits dans le Sahel sont, entre autres, le bassin du Lac Tchad, des régions du centre et du nord Mali, des régions septen- trionales du Niger et certaines parties du Soudan.

Dans le Bassin du Lac Tchad, la violence occasionnée par Boko Haram provoque le déplacement des populations et place des pressions supplémentaires sur des ménages déjà vulnérables, et un nombre record de personnes qui ont besoin de secours d’urgence. Des villages et des foyers sont désertés, des terres agricoles sont abandonnées et l’accès aux pâtur-ages et aux marches est réduit, affectant du coup les conditions de vie des populations dans des régions entières du Cameroun, du Tchad, du Niger et du Nigéria. A la date de 2017, 6,2 millions de personnes vivant dans des régions affectées par des conflits étaient confrontées à une grave insécurité alimentaire, c’est-à-dire 36% des personnes vivant dans cette zone. Plus de 2 millions de personnes ont aban-donné leurs foyers. Certaines parmi les personnes déplacées interne (PDI) vivent dans des camps et dans des communautés d’accueil, occasionnant une pression supplé-mentaire sur des ressources déjà rares, tandis que d’autres personnes

ont traversé les frontières pour se rendre au Cameroun, au Tchad et au Niger.

Au Mali, on prévoit que 3,8 millions de personnes seront en situation d’insécurité alimentaire au cours de la période de soudure de juin à août (OCHA 2017). L’insécurité dans les régions centrales et septentrionales a provoqué des déplacements de populations et a négativement touché les conditions d’existence des agriculteurs et des éleveurs en occasionnant des pénuries de main- d’œuvre, des manques de services d’encadrement agricole et une fragmentation des marchés. Le conflit a aggravé la crise sécuritaire et humanitaire, en partie en pertur-bant la transhumance, les routes de ravitaillement et en occasionnant des pénuries alimentaires. La sécurité demeure volatile et les incidents de violence ont persisté malgré la signature de l’accord de paix en 2015 entre le gouvernement et les principaux mouvements armés.

Les femmes représentent plus de 40 pourcent de la main-d’œuvre agricole dans le Sahel, et jouent un rôle déterminant dans l’amélioration de la sécurité alimentaire et de la nutrition. Dans la plupart des régions avec une forte prévalence de malnu- trition, les femmes paysannes ont considérablement moins accès à la terre, à l’information, aux finances et aux intrants agricoles. Cela les rend plus vulnérables aux chocs climatiques, et affecte leur santé et la sécurité alimentaire et la nutrition de tout le ménage. La dégradation des ressources naturelles dans la région affecte les femmes plus durement à cause de leurs importants rôles dans la production agricole à petite échelle et le faible statut social et économ-ique touchant leur accès et l’appro- priation des terres et des moyens de production. Il résulte des nombres élevés de ménages dirigés par des

femmes du fait du veuvage, des déplacements et des conflits. Les structures familiales et communau-taires sont déracinées, ce qui laisse beaucoup de femmes sans réseaux de soutien. Les femmes, les jeunes et les enfants sont plus touchés par les conflits et les guerres. Les femmes et les filles sont très expo-sées à la violence sexuelle et à la violence basée sur le genre qui nécessité une attention particulière. Dans les contextes fragiles, l’état n’aura pas la capacité de protéger ses ressortissants contre la violence tant sociale que politique, et dans les situations où les institutions sont faibles, elles se voient davantage privées de justice et de sécurité.

Le Sahel a une jeunesse nombreuse et caractérisée par une rapide croissance. Au Mali, 66% de la population a moins de 25 ans d’âge. De fortes proportions de cette population sont sans emploi et luttent pour joindre les deux bouts.L’enseignement et la formation technique et professionnelle de même que l’appui à l’emploi deviennent importants pour prévenir la radi-calisation des jeunes et qu’ils se joignent à des groupes insurrec-tionnels.

Les enfants sont également con-frontés à un risqué élevé, et on dénombre partout dans tous les pays des enfants errants séparés de leurs parents. Ces enfants sont soumis à des recrutements forcés, des attaques-suicide forcées, la violence sexuelle, et le travail des enfants.

ConclusionPour créer des stratégies qui tiennent compte des conflits avant, pendant et après leur survenance, il faut avoir une très bonne compréhension de la nature des conflits. Si l’on n’aborde pas la sécurité alimentaire comme une priorité, les dimensions d’un conflit deviennent

-I- perspectives actuelles sur le contexte sahelien

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Références: Devereux S. 2017. Les nouvelles famines: Pourquoi de nouvelles famines persistent-elles dans une ère de mondialisation. Dans: The New Famines, pp 27-49. Springer FAO 2015. Guidance note. Gender, food security and nutrition in protracted crisis. Women and girls as agents of resilience, 21 pp FAO 2015. Framework for action for food security and nutrition in protracted crisis, 18 ppHendrix C. et Brinkman H.J. Food insecurity and Conflict Dynamics. Causal linkages and Complex Feedbacks 2 (2) p Ar.26 WFP, FAO 2017. Monitoring food security in countries with conflict situations. Needs and requirements. Issue no 2, 42 pp OCHA 2017. Sahel 2017. Overview of humanitarian needs and requirements, 22p

parfois même plus sévères. Le secteur agricole représente la plus vaste portion de l’activité économ-ique employable. Toutefois, il y a eu un trop faible investissement dans ce secteur par les gouverne- ments des états. Le développement agricole non seulement emploie les gens et réduit les risques qu’ils s’engagent dans des conflits, il a aussi un impact direct sur la sécurité alimentaire.

Il y a une importante distinction entre les efforts à court terme d’aide humanitaire et l’aide au développement à long terme. Toutefois, les réponses à court terme ne suffisent pas pour amé-

liorer la sécurité alimentaire dans les crises très longues. Les crises très longues durent plusieurs années. Les besoins immédiats doivent être satisfaits, mais les causes structurelles derrière la crise doivent également être abordées. Malheureusement, de telles interventions ont reçu des financements insuffisants pour la plupart. Les interventions de sécurité alimentaire sont significa-tives parce qu’elles peuvent réduire le risque de conflits violents et aborder aussi une importante cause fondamentale de conflit. Potentiellement, ces interventions peuvent s’attaquer aux inégalités sociales et de genre, contribuer à

restaurer la cohésion sociale, fournir des filets de sûreté et soutenir le développement de capacités de gouvernements locaux (Hendrix & Brinkman, 2013). Parce que l’agriculture, l’élevage et la pêche constituent les principales stratégies de subsistance, le soutien et les investissements dans ces secteurs deviennent importants pour la résilience, l’autonomie et le développement d’ensemble. La restauration des conditions de subsistance dans l’agriculture est une priorité en vue d’éviter une détérioration plus poussée de la situation de sécurité alimentaire et de réduire les conflits civils.

Séchage du mil dans l’arrière-cour de Tanny Cissé, Mali. (Photo: Dana Dobrescu Leroy, avec la permission de CARE)

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10 Le Groupe de Coordination des Zones Arides

Changement Climatique, Croissance Démographique et Sécurité Alimentaire au SahelJens B. Aune, Département d’Etudes d’Environnement et de Développement, Noragric, Université Norvégienne des Sciences de la Vie

Le changement climatique, la faiblesse de la production agricole et la croissance démographique constituent trois importants défis pour résoudre la question de la sécurité alimentaire dans le Sahel. Ce chapitre abordera en particulier ces questions, mais en plus des défis liés à la réalisation de la sécurité alimentaire, il y a les violents conflits, la pauvreté à grande échelle, le mauvais développement des infrastructures et la faiblesse des états. Le climat a toujours constitué une menace aux conditions de vie dans le Sahel, mais les paysans et les pasteurs ont mis au point une gamme d’approches pour traiter des fluctuations climatiques.

Le changement climatique rend la production agricole et animale au Sahel plus complexe encore. La dernière grande sécheresse dans le Sahel a eu lieu au cours des années 1980. La pluviométrie a repris depuis cette sécheresse, mais les hauteurs de pluies n’ont pas atteint les niveaux d’avant 1970 (Sylla et al. 2017). Il est probable que le Sahel soit déjà exposé aux conséquences du changement climatique. Les statistiques démontrent qu’il y a eu un réchauffement de l’ordre de 0,5 à 0.8OC pendant la période de 1970 à 2010. Parallèlement, le climat est devenu extrême, ce qui a mené à un accroissement du nombre de journées de froid et de chaleur. Il

n’y a pas eu de changement significatif eu égard au démarrage des pluies.

Prévisions en matière de changement climatique dans le SahelLe rapport de 2013 du Panel Intergouvernemental sur le Changement Climatique (IPCC) a produit de nouvelles prévisions pour le changement climatique en Afrique. Les températures en Afrique devront normalement s’élever plus rapidement au 21è siècle compara-tivement à la moyenne globale parce que les températures sur terre devront augmenter plus rapidement que les températures des océans.

Kidan Hailemariam jouant avec sa fille Birtukan dans la ferme familiale au Tigray en Ethiopie. (Photo: Julie Lunde Lillesæter, avec la permission du Fonds de Développement. )

-I- perspectives actuelles sur le contexte sahelien

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Pour l’Afrique de l’Ouest, on prévoit que les températures augmenteront de 3 à 6OoC au cours du 21è siècle, rendant l’agriculture plus difficile étant donné que les températures avoisinent déjà les maximales pour la croissance des végétaux pendant une partie de la saison (Riede et al. 2016). Les précipitations dans le Sahel se présentent sous forme d’averses occasionnant de fortes variations de la pluviométrie dans le temps et dans l’espace. Les prévisions de changements dans les précipitations sont plus incer-taines, mais les modèles ne prévoient pas de changements radicaux pour les précipitations. Toutefois, on pense que la durée des périodes de sécheresse s’allongera et qu’il y aura plus d’évènements pluviométriques extrêmes. Cela rend plus difficile le développement de systèmes culturaux robustes au Sahel dans la mesure où les systèmes de culture doivent être en mesure de produire tant dans des conditions de sécher-esse que de forte pluviométrie.

Les paysans au Sahel manquent souvent de ressources ou de capacités à gérer efficacement les situations climatiques extrêmes car ils n’ont pas souvent accès aux technologies appropriées. En plus, les filets de sûreté sont mal dével-oppés. Une meilleure irrigation est une des approches pour mieux gérer la variabilité du climat. Les prévisions des modèles ont montré un impact négatif des changements climatiques futurs sur les rendements de petit mil et de sorgho en Afrique de l’Ouest. Les prévisions font état d’une réduction de 0 à 41% des rendements de sorgho et de mil (Sultan et al. 2013). Les variétés traditionnelles photosensibles qui fleurissent à une date spécifique chaque année sont moins vulnéra-bles au changement climatique,

comparativement aux variétés photosensibles modernes. Toutefois, les variétés modernes, mêmes dansdes conditions de changement climatique afficheront un rende-ment plus élevé que les variétés traditionnelles car elles donnent mieux dans des conditions de fertilité améliorée des sols.

La nécessité d’accroître la production alimentaireIl sera difficile de produire des quantités suffisantes de nourriture pour la population dans le Sahel caractérisé par une forte croissance démographique. La croissance démographique dans les pays du Sahel est d’environ 3% par an, elle est ainsi parmi les plus élevées au monde. Cela laisse entendre que la population doublera dans environ 23 ans. Un exemple de pays avec une forte croissance demographique est le Niger qui a un taux de nais-sance moyen de sept enfants par femme. En 2017, environ 30 millions de personnes dans les pays du Sahel connaissaient normalement une situation d’insécurité alimentaire et 12% parmi eux avaient atteint un niveau de crise et d’urgence. L’autosuffisance céréalière était de 79% en Afrique de l’Ouest en 2010 mais sera réduite à 33% en 2050 (en supposant la croissance démo- graphique actuelle et en extrapolant les taux d’accroissement de rende-ments céréaliers pendant la période de 1991-2014 à 2050 sans élar-gissement de la superficie cultivée en céréales). Pour être en phase avec les prévisions de croissance démographique, la production agricole au Mali devrait augmenter de 365% en 2050 comparativement à la production en 2010 (Ittersum et al. 2016). Cela démontre qu’il ya un besoin urgent d’accroitre la productivité agricole en Afrique de l’Ouest.

ConclusionPour que les pays gèrent efficace-ment les problèmes de changement climatique et d’accroissement rapide de la population, il faut investir dans l’Agriculture Environnementale en vue d’accroître la production, adapter les systèmes de production et au changement climatique et réduire l’émission de gaz à effet de serre (GES) dans l’agriculture. On n’a pas besoin d’améliorer l’accès aux intrants, d’améliorer l’irrigation, d’avoir une mécanisation appropriée, une vulgarisation agricole de grande qualité, l’accès aux ressources financières, un meilleur accès au marché et une tenure de terre sécurisée. Il y a aussi la nécessité de développer les services météoro- logiques pour le paysan tels que les prévisions météorologiques saison-nières et les prévisions météoro- logiques à court terme. Grâce aux outils modernes de com- munication on peut atteindre un grand nombre de paysans à peu de frais. En améliorant l’accès par les paysans aux services météoro- logiques, on développe chez eux la capacité à ajuster les activités champêtres et entreprendre des activités agricoles au meilleur moment.

Il n’y a pas de solution facile aux problèmes auxquels sont confrontés les pays du Sahel. L’approche devrait être d’investir dans le développement agricole élargi. Les ONG aussi auront dans l’avenir un rôle de pionnier à jouer dans le développement de nouvelles approches, mais les Ministères de l’Agriculture dans les pays sahéliens doivent également être mieux équipés pour mener le développement et assurer la disponibilité de services de qualité pour les paysans et les pasteurs.

Références: Riede JO; Posada R Fink AH, Kaspar F. 2016. What’s on in the 5th IPCC Report for West Africa. Dans: Adaption to climate change and variability in rural West-Africa (Yaro et Hesselberg eds.), Springer, pp. 7-23.Sultan B, Roudier P, Quirion P, Alhassane A; Muller B, Dingkuhn M, Ciais P, Guimberteau M, Traore S, Baron C. 2013. Assessing climate change impacts on sorghum and millet yields in the Sudanian and Sahelian savannas of West Africa. Envrionmental Research Letters 8: 1-9.Sylla MB; Nikiema PM; Gibba P, Kebe I, Klutse NAB 2016. Climate change over West Africa: Recent Trends and Future projections. Dans: Adaption to climate change and variability in rural West-Africa (Yaro et Hesselberg eds.), Springer, pp. 25-40.Van Ittersum et al. 2016. Can sub-Saharan Africa feed itself. PNAS 113, 14964-14969.

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12 Le Groupe de Coordination des Zones Arides

-II- La contribution du Groupe de coordination des zones arides – Leçons apprises et perspectives d’avenir

- II -LA CONTRIBUTION DU

GROUPE DE COORDINATION DES ZONES ARIDES

– leçons apprises et perspectives d’avenir

Le projet Etablissement des cultures vivrières de GCOZA Mali. Région du Koulikoro, Mali, 2008. (Photo: GCOZA)

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20 Années de Collaboration - Perspectives sur la Sécurité Alimentaire et le Développement au Sahel 13

La Norvège et les Zones Arides Sahéliennes- une Introduction HistoriqueSvein Olsen, Conseiller, Aide du Peuple Norvégien et membre du Conseil de GCOZA Norvège

Le Parlement Norvégien a approuvé en 1985 une remarquable initiative dénommée programme Sahel – Soudan – Ethiopie (SSE). Cette initiative avait été lancée au lendemain de la sécheresse de 1984/85 au Sahel, dans le but d’acheminer l’aide de la Norvège aux pays d’Afrique subsaharienne. Le focus thématique était la sécurité alimentaire, la pauvreté et les femmes. Etant donné les impacts perçus de la sécheresse/du climat à l’intérieur du périmètre Saharien/Sahélien, le focus géographique spécifique a été limité à l’Ethiopie/Erythrée, au Mali et au Soudan. Le programme a reçu une base prospective portant essentiellement sur trois piliers d’assistance : les ONG, la recherche et les canaux multinationaux. Il y avait une attente tacite de synergie et de coordination basée sur l’interaction et la coopé-ration entre ces trois piliers. Tous les trois secteurs ont fait un usage actif de ce nouveau programme.

Dès le commencement du pro-gramme SSE, les ONG norvégiennes participant au programme (ADRA, CARE, Aide de l’Eglise Norvégienne, l’Aide du Peuple Norvégien, la Fondation Stromme, Save the Children et le Fonds de Développe-ment) étaient des partenaires actifs. En 1992, Noragric (le Département d’Etudes Environne-mentales et de Développement au Collège Agricole de l’Université des Sciences de la Vie de Norvège) fut désigné par Norad comme centre technique et administratif pour la coopération avec les ONG. Il

s’agissait de renforcer l’efficacité du Programme SSE. Noragric a mis l’accent sur les aspects suivants:

• L’amélioration technique du personnel engage dans les projets et ONG SSE • Une plus étroite coopération entre les ONG et d’autres projets

Le Programme SSE a pris fin en 1996. Une évaluation a été menée en 1995 – suivie d’un atelier (tenu à Honne) en 1996 – au cours duquel l’expérience acquise jusqu’alors a été résumée. L’atelier entendait aussi explorer et fournir des recommandations pour une éven-tuelle continuation du programme SSE. Les participants sont venus de Norad, le Ministère Norvégien des Affaires Etrangères (NMFA), des institutions de recherche et de la société civile.

L’atelier de Honne a abouti à quelques conclusions intéres-santes. Il y eut le consensus que l’usage par les ONG du programme SSE était significatif –avec beau-coup d’acquis de programme qui pouvaient être considérés comme relevant bien des objectifs de départ du programme SSE. Ce fut aussi le cas pour l’usage du programme par les institutions de recherche.

Toutefois, certains autres objectifs n’ont pas été atteints. Notamment, un manqué de coordination et de synergie, en particulier, à la fois entre les diverses ONG elles-mêmes et les liens avec l’institution de recherche. En plus, la perspective

relativement courte de financement en vue d’atteindre des objectifs à long terme était problématique. La courte perspective de financement limitait aussi la possibilité d’une concentration à long terme sur le développement de compétence/de capacité au sein des partenaires locaux dans les pays respectifs.

Au vu de ce qui précède, l’atelier de Honne a mis au point une déclaration contenant les recom-mandations suivantes:

• Une stratégie commune était nécessaire pour effectivement aborder les défis de développement en Erythrée, en Ethiopie, au Soudan et au Mali. • Continuité necessaire – minimum 15-20 ans.• Les connaissances et expériences acquises formaient une base solide pour la continuation du programme.• Il y avait la nécessité d’une approche interdisciplinaire/ multisectorielle pour résoudre les défis.• Une approche de sécurité de conditions de vie était nécessaire pour réduire le besoin/la dépendance vis-à-vis de l’aide alimentaire dans l’avenir.

La Déclaration de Honne a mis un appui sur l’accent continu sur les zones arides comme dans le programme SSE, et ce focus fut approuvé par le NMFA et Norad. La vision d’un programme continu était de promouvoir la sécurité des conditions de vie pour les ménages

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14 Le Groupe de Coordination des Zones Arides

-II- La contribution du Groupe de coordination des zones arides – Leçons apprises et perspectives d’avenir

ruraux vulnérables dans les zones du programme SSE. Les objectifs généraux étaient l’amélioration de la sécurité alimentaire pour les ménages vulnérables, l’exploitation et la gestion durable de la base de ressources naturelles, et l’amélioration des conditions de vie à travers un meilleur accès aux services de santé à base commu-nautaire, à l’éducation et à l’eau potable. En plus, on devait renforcer l’accroissement des compétences et le développement institutionnel aux niveaux local et régional. Le focus géographique continuera de porter sur le Mali, l’Erythrée, l’Ethiopie et le Soudan (qui à cette époque, comprenait aussi le Sud Soudan). Les partenaires du programme SSE refléteraient les piliers de départ ; les gouverne- ments nationaux et les ONG locales, les institutions de re-

cherche, les institutions multina-tionales internationales, et les ONG norvégiennes. La Déclaration de Honne a défini la continuation de financement sur la base de périodes de contrats d’une durée de 5 ans (avec un financement à 100%). Toutefois, ceci a été ramené à des programmes de 3 ans. Pour assurer une plus grande synergie entre les programmes de recherche et les ONG une unité de coordination SSE a été créée en Norvège – avec un secrétariat basé à Noragric. Le rôle de Noragric étaitd’assurer un appui technique et defaciliter la communication, lacoopération et la synergie entrepartenaires de réseau, ainsi que de fonctionner comme un secrétariat pour l’unité de coordination SSE et faciliter les unités de coordination SSE dans tous les pays de SSE.

La formation du Groupe de Coordi-nation des Zones Arides (GCOZA) en 1997 est venue en réponse à un besoin de la part des organisations membres de sécuriser une plus forte appropriation pour les partenaires du réseau. Le GCOZA a continué d’évoluer comme une plate-forme de réseau – en passant d’un statut simplement de commission de travail coordonnant avec le secrétariat basé à Noragric – pour devenir une plate- forme de réseau à part entière avec un secrétariat et un conseil d’admini- stration comprenant les organisa-tions qui étaient à présent impliqués dans l’ancien SSE (le Fonds de Développement, l’Aide de l’Eglise Norvégienne, ADRA Norvège, l’Aide du Peuple Norvégien, et CARE Norvège.) Le GCOZA est devenu une ONG indépendante en 2005, et le secrétariat a été déplacé à Oslo, abrité ainsi par le Fonds de Dével-

Paysans participant au projet Um Jawasir d’ADRA au Soudan. (Photo: Avec la permission d’ADRA Norvège)

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oppement à Miljøhuset (“la maison de l’environnement”) pour être situé plus près des organisations membres. Noragric fonctionnait comme un soutien technique (sur demande) pour ce groupe.

Des antennes nationales du GCOZA ont été établies dans les pays cibles. Le GCOZA Ethiopie fut créé en 2000, le GCOZA Erythrée en 2001, le GCOZA Mali en 2002 et le GCOZA Soudan en 2004. Les réseaux nationaux du GCOZA comprenaient au départ les ONG norvégiennes et leurs partenaires cibles, mais se sont élargis plus tard à d’autres ONG cibles, organisations à base communautaire (OBC), institutions de recherche et entités gouverne- mentales engagées dans des questions relatives à la sécurité alimentaire dans le Sahel. Le but était le même que pour la formation

du GCOZA en Norvège, notamment pour obtenir une appropriation plus forte au niveau local/régional du programme. On prévoyait que les projets seraient développés en plus étroite coordination avec les contextes appropriés. En plus, on prévoyait que la formation des antennes nationales allait promouvoir une plus large exploitation des résultats/des produits par les divers acteurs et dans le développement de politique nationale.

L’établissement de ces unités spéci-fiques au pays était également destiné à appuyer le secrétariat du GCOZA à Oslo pour une gamme d’objectifs administratifs et tech-niques ; allant de la coordination des processus d’application à la promotion de la dissémination des connaissances acquises de la recherche et le lien avec les

institutions politiques nationales. A partir de 2005, on a recruté des coordinateurs nationaux du GCOZA dans chaque pays afin d’aider à l’exécution de ces taches. En raison de la difficulté croissante des conditions de travail pour les organisations de la société civile en Erythrée, l’appui financier en faveur de GCOZA Erythrée a dû être interrompu en 2008. Pour diverses raisons y compris les contraintes de financement auxquelles est confronté le GCOZA Norvège, l’appui financier au Soudan a été interrompu en 2015.

Kidan Hailemariam donnant du sel aux chèvres familiales. Tigray, Ethiopie. (Photo: Julie Lunde Lillesæter, avec la permission du Fonds de Développement)

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Le But du Réseau GCOZA – Améliorer la Sécurité Alimentaire et les Conditions de VieAu cours des 20 années écoulées, le GCOZA a été un réseau actif – se concentrant sur l’amélioration de la sécurité alimentaire et des conditions de vie dans le Sahel à travers tous les trois piliers de départ : les canaux multinationaux, les ONG locales/internationales et les institutions de recherche. L’intérêt au plan théma-tique s’est focalisé sur le pastoral-isme, l’agriculture, l’adaptation au changement climatique, la dégra-dation des terres et la désertifica-tion, et l’eau.

Le GCOZA a joué un rôle important dans les rencontres organisées dans le cadre de la Convention des Nations Unies de Lutte contre la Désertification (UNCCD) en tant que membre officiel de la Délégation Norvégienne, et en tant que mem-bre des réseaux EniD1 et Drynet2 de la société civile. La participation du GCOZA aux rencontres de l’UNCCD a contribué à œuvrer pour plus d’action sur le terrain, une impli- cation significative des acteurs de la société civile dans les processus de l’UNCCD, et une reconnaissance des besoins de populations vivant dans les zones arides. Le mandat du GCOZA, mis en place en vue de permettre l’accès à une recherche de qualité par les institutions nationales a mis le réseau dans une position unique pour apporter une contribution de qualité aux discussions lors des rencontres de l’UNCCD.

Les activités de recherche du GCOZA (en étroite coordination avec Noragric) étaient orientées vers les besoins des populations locales vivant dans les zones arides, rendant ainsi les résultats éminemment pertinents et applicables.

L’utilisation d’institutions nationales de recherche et l’étroite collabora-tion avec les institutions norvégi-ennes a conduit au développement de capacités dans les pays parte-naires. Toutefois, l’effet le plus remarquable fut l’intérêt et la motivation des organisations partenaires du GCOZA à apprendre auprès les uns les autres et réelle-ment bénéficier des échanges sud- sud. Les visites de terrain organi-sées entre les pays partenaires du GCOZA et les séminaires de réseaux ont été particulièrement utiles à cet égard et d’une grande inspiration pour l’ensemble du réseau.

L’essentiel des activités du GCOZA a toujours été le développement durable dans les zones arides rurales. Le GCOZA s’est concentré sur la façon dont les communautés peuvent profiter au mieux de ce qu’elles ont, et assurer leur dével-oppement en dépit de l’insécurité ou des crises alimentaires. Au cœur même du GCOZA il y a la conviction en la résilience des communautés rurales et des populations, de même qu’une certaine conscience du fait que bien qu’un grand nombre de

différentes initiatives de développe-ments soient importantes, la grande majorité des populations vivent de la terre - et par conséquent la gestion des ressources naturelles et la sécurité alimentaire doivent être au premier rang des efforts en vue d’aider les communautés à forger leur destin. Le GCOZA est resté fidèle à sa vocation à travers les environnements externes instables tels que les politiques de développement, les stratégies et le focus des communautés de recherche. Maintenant que l’existence de la structure actuelle du GCOZA tire vers sa fin, l’approche du GCOZA est plus pertinente que jamais.

A travers l’accent mis sur l’agriculture environnementale, la réduction des risques de catastro-phe, et l’atténuation des conflits sur les ressources et les crises, le travail du GCOZA peut servir d’exemple de cheminements concrets pour trouver des solutions à ces problèmes.

Le GCOZA a existé pendant plus de 20 ans et est confronté maintenant à une transition vers une autre phase – qui pourrait être perçue comme ayant démarré lorsque les antennes pays spécifiques du GCOZA ont été créées au fur et à mesure que cette phase continue de transférer les responsabilités pour le programme vers le niveau national. Le réseau du GCOZA et le

1) Le réseau européen de lutte contre la désertification (European Network Initiative on Désertification) crée en 2001. 2) Le GCoZA a adhéré au réseau d’ONG internationales Drynet en 2010.

-II- La contribution du Groupe de coordination des zones arides – Leçons apprises et perspectives d’avenir

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Une femme malienne arrose le jardin potager. (Photo: Valerie Burton, avec la permission de CARE)

secrétariat à Oslo fermeront en mai 2018 et à partir de cette date, l’héritage du GCOZA sera porté par le réseau GCOZA au Mali, celui-ci étant devenu un réseau indépendant d’organisations travaillant en partenariat avec CARE Mali, et le Fonds de Développement qui est en train d’établir un Programme de

Recherche Action Participative (RAP) en Ethiopie.

Le GCOZA a tenté de maintenir le principe de recherche appliquée – rendant la recherche pertinente pour l’usage dans l’avenir à la fois par les organismes de développe-ment et les gouvernements. La

transition actuelle vers l’indé- pendance de GCOZA Mali et Ethiopie s’effectue en reconnais-sance du fait que les approches du GCOZA sont réellement pertinentes dans les environnements locaux de ces régions.

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18 Le Groupe de Coordination des Zones Arides

L’expérience du GCOZA dans le domaine de la Recherche Action - Créer des Avantages Concrets pour les Ménages Vulnérables des Zones Arides à travers l’Apprentissage CollaboratifSarah Paule Dalle, Conseiller, Le Fonds de Développement, Norvège

Au cours de ses 20 années d’existence, la recherche action a été l’une des approches les plus importantes et les plus réussies que le GCOZA a utilisées pour générer des connaissances et des pratiques adaptées aux réalités locales de l’agriculture en zones arides et des communautés pasto-rales. La recherche action, qui découle d’approches participatives d’apprentissage social et de re-cherche qui ont connu un début d’application au développement agricole particulièrement dans les années 1980 et 90, peut être définie comme “un processus de réflexion de résolution progressive de problème mené par des individus travaillant avec d’autres à la manière dont ils abordent des questions et résolvent des problèmes.” (German et al. 2012)

L’une des principales hypothèses de la recherche action est qu’à travers ce processus d’apprentissage collaboratif, il est plus probable que divers acteurs obtiennent des résultats pertinents lorsqu’ils sont ensemble plutôt que s’ils agissent seuls individuellement. Par exemple, les chercheurs peuvent aider à identifier des solutions potentielles que les paysans et les OSC pour-raient connaître, tandis que les personnes locales ont une meilleure compréhension des préférences culturelles, des contraintes concer-nant la main-d’œuvre, ou d’autres facteurs essentiels pour évaluer ce Deux des participants au projet Ecoferme du GCOZA, Mali, 2008. (Photo: GCOZA)

-II- La contribution du Groupe de coordination des zones arides – Leçons apprises et perspectives d’avenir

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20 Années de Collaboration - Perspectives sur la Sécurité Alimentaire et le Développement au Sahel 19

Références:German, L.A., Tiani, A.-M., Daoudi, A., Maravanyika, T.M., Chuma, E., 2012. Application of participatory action research to climate change adaptation in Africa: a reference guide. International Development Research Centre (IDRC), Ottawa, Canada, p. 103.Hoffmann, V., Probst, K., Christinck, A., 2007. Farmers and researchers: How can collaborative advantages be created in participatory research and technology development? Agriculture and Human Values 24, 355-368.Restrepo et al. 2014. Collaborative learning for fostering change in complex social-ecological systems: a transdisciplinary perspective of food and farming systems. Knowledge Management for Development Journal, 10(3): 38-59

qui est le plus approprié et le plus faisable (Hoffman et al. 2007). La nature participative de la recherche action aide donc à assurer la pertinence des connaissances générées par rapport au contexte local et accroît la probabilité que les résultats seront utilisés par différents acteurs.

Une seconde prémisse est que l’engagement de différents acteurs directement dans le processus de recherche facilite aussi l’usage et le passage à l’échelle de techniques efficaces. En “apprenant par l’action”, les acteurs impliqués vivent direct-ement les résultats de la recherche, et adoptent des pratiques qui s’avèrent utiles pour eux. Ils contribuent aussi à la dissémination et à l’adoption parmi leurs réseaux et leurs pairs. L’engagement d’acteurs multiples dans la recherche action contribue aussi à renforcer la capacité des acteurs concernés, et à faciliter de nouveaux partenariats et de nou-veaux dialogues entre eux. Par exemple, une analyse (Restrepo et al. 2014) de 18 projets de recherche action à travers l’Afrique, l’Asie et l’Amérique Latine a identifié une vaste gamme d’acquis d’apprentis- sage résultant de processus d’apprentissage collaboratif, y compris : une meilleure confiance entre les acteurs ; des réseaux et une collaboration plus puissants ; le développement de nouvelles aptitudes telles que le leadership, la planification, la facilitation, la confiance en soi, la capacité organisationnelle ; une meilleure compréhension des problèmes et une capacité améliorée en matière de résolution de problème.

Dans les programmes du GCOZA, la recherché action a été conçue comme une pratique qui réunit

ensemble les paysans et/ou les pasteurs et les chercheurs, OSC locales, et autres acteurs perti-nents tant des secteurs public que privé en vue de résoudre les défis concrets auxquels ils sont confron-tés dans leurs systèmes agricoles, pastoraux et de gestion des res-sources.

Plusieurs évaluations qui ont été menées aux cours des dernières années ont démontré que la recherche action a été un facteur de succès dans les programmes du GCOZA. Par exemple, en 2011, une évaluation des activités du GCOZA au Mali, en Ethiopie et au Soudan (2007-2011) a fait ressortir que les projets de recherche action du GCOZA étaient parmi les moyens les plus efficaces de produire de la nourriture et des avantages en termes de moyens de subsistance pour les ménages vulnérables des zones arides, surtout lorsqu’ils étaient accompagnés de processus pour engager des acteurs multiples.

La recherche en matière de politique générale a été soutenue par le GCOZA pour aborder un certain nombre de questions importantes qui pourraient aider les gouverne- ments ou les OSC à concevoir des programmes et des politiques. Toutefois, il ne ressortait pas toujo-urs clairement si et comment larecherche a abouti à des résultats concrets en termes d’acquis de subsistance pour les paysans et les pasteurs. Ceci était dû en partie au fait que certaines de ces études étaient principalement dirigées vers les chercheurs et/ou menées par des consultants qui étaient recrutés par des OSC membres sans une forte implication des OSC elles-mêmes.

On a trouvé que le projet Ecoferme, décrit plus loin à la page 21 dans l’article de Jens B.Aune « fixe la

norme » d’excellence dans les projets de recherche action du GCOZA. Le projet a effectivement engage des paysans, OSC et chercheurs à expérimenter un certain nombre de techniques d’amélioration de la production agricole et animale dans les zones arides. Le projet fut d’abord exécuté au Mali (2005-2009) et fut ensuite étendu à l’Ethiopie (2006-2009) et au Soudan (2007-2012). Le projet a bénéficié de la collabo-ration entre les chercheurs du Mali (IER) et de Norvège (Noragric), en s’inspirant des recherches anté-rieures menées par ces institutions sur les techniques agricoles en zones arides. Les évaluateurs ont attribué le succès du projet au puissant modèle de collaboration entre paysans, chercheurs (tant du Mali que de Norvège) et plusieurs OSC. Ceci a permis des synergies efficaces, assurant un engagement effectif des communautés, une bonne pertinence et une bonne qualité de la recherche, et une documentation exhaustive des résultats.

En 2015-2016, le GCOZA a demandé des évaluations d’impact plus détaillées du projet Ecoferme au Mali et au Soudan. Les évaluations ont documenté que les techniques d’Ecoferme se sont répandues aussi à des non-participants dans les communautés participantes et les communautés voisines, tandis que les résultats avaient été adoptés dans 3 politiques nation-ales (Mali et Soudan), 2 systèmes de vulgarisation (Darfour du Sud, Mali), et 39 projets de développement (Soudan, Mali, Niger).

Les évaluations ont également identifié un certain nombre de facteurs et de stratégies d’application qui facilitaient l’adoption au niveau des paysans et au niveau institutionnel (tableau

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20 Le Groupe de Coordination des Zones Arides

FACTEURS PERMETTANT L’ASSIMILATION DE TECHNIQUES PAR LES PAYSANS• On a trouvé que les techniques qui étaient adoptées avaient

des avantages clairs (augmentation de la production, écono-mies de main-d’œuvre, valeur nutritionnelle, génération de revenu, etc.).

• Les techniques n’avaient aucun coût financier ou un coût financier relativement faible ; abordable dans le contexte local.

• La participation directe des paysans à la recherche les a convaincus des résultats et a créé un sens d’appropriation.

• Intrants subventionnés au cours des premières phases du projet pour encourager l’expérimentation par les paysans.

• Un bon soutien et une bonne formation pour accompagner les OSC; volonté des OSC à trouver des solutions aux problèmes de la communauté.

• Formation des formateurs (participants au projet, et les bénéficiaires de formation devaient former à leur tour 10 autres paysans).

• Formations pour les paysans, agents de vulgarisation et OSC à travers le pays (par exemple par l’IER, l’institut national de recherche agronomique du Mali).

• Radio communautaire et interviews avec les paysans utilisant déjà les techniques.

FACTEURS PERMETTANT L’ADOPTION AU NIVEAU INSTITUTIONNEL (PAR LES ONG, LE GOUVERNEMENT)• Les OSC impliquées dans la recherche et d’autres membres

du GCOZA ont intégré les techniques de l’Ecoferme dans de nouveaux paquets et programmes.

• Partager les résultats au niveau d’atelier des acteurs et au niveau de conférences, forums politiques, etc.

• Large dissémination de brochures de vulgarisation, de posters.• Partage de façon proactive par les partenaires/parties

prenantes de techniques utilisant leurs propres ressources humaines, matérielles et financières.

Facteurs permettant l’assimilation des techniques de l’Ecoferme. (synthesis from Evaluations in Mali and Sudan)

-II- La contribution du Groupe de coordination des zones arides – Leçons apprises et perspectives d’avenir

page suivante). D’après les paysans qui ont participé aux projets les techniques qui avaient été adaptées présentaient des avantages clairs aux familles rurales et étaient abordables. D’autres facteurs d’application concernent la qualité du processus d’action conjuguée (les paysans ont eu un sentiment d’appropriation des techniques, il y a eu une formation et un suivi adéquats) et le partage de connais-sances/les stratégies d’adoption (formation de formateurs, formation à grande échelle et radio commu-nautaire). Par ailleurs, dans les cas où les techniques étaient abandon-nées, le manque de suivi adéquat de la part des chercheurs, les contraintes de main-d’œuvre ou le manque de capital financier et d’incitations de marché étaient parmi les facteurs de blocage identifiés. Ainsi, ces questions doivent également être prises en compte et doivent contribuer à informer le plan de recherche.

Au niveau institutionnel, les mem-bres du GCOZA avaient activement incorporé les pratiques pertinentes dans leurs programmes, et active-ment répandu les connaissances par la dissémination de brochures, l’organisation d’ateliers, la présen-tation de forums de politique générale, etc.

Ces activités ont été facilitées considérablement par l’organisation du GCOZA sous forme de réseau, comme décrit ci-dessous.

Dans l’ensemble, l’évaluation de 2011 a recommandé que le GCOZA encourage davantage de recherche action comme moyen effectif d’atteindre les ménages vulnéra-bles, et assurer que tous les projets de recherche comportent une collaboration entre chercheurs et OSC, de même qu’une concep-tion de projet tenant compte du genre. L’importance de lien entre la recherche et une puissante stra-tégie de communication/d’adoption des connaissances a également été soulignée pour accroître l’impact du projet.

Suivant le conseil de l’évaluation, la Stratégie du GCOZA pour la période 2012-2016 a orienté la recherche en la séparant des études et des projets de politique générale en vue de prioriser et renforcer les projets de recherche action. Le GCOZA a exigé que tous les projets soient suivis par un partenaire de recherche en coopé-ration avec d’autres membres du réseau en se focalisant sur des projets moins nombreux mais plus

vastes qui s’inspirent des leçons d’anciens projets du GCOZA tels que le projet Ecoferme et aussi le renforcement du passage à l’échelle des résultats de recherché à travers l’intégration du travail d’information et de politique générale dans la conception de chaque projet. Les efforts en vue de passer à l’échelle les résultats de recherche et assurer qu’ils sont en train d’être exploités reposaient sur l’implication de divers membres du réseau du GCOZA.

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20 Années de Collaboration - Perspectives sur la Sécurité Alimentaire et le Développement au Sahel 21

Réseautage pour Faciliter le Passage Stratégique à l’Echelle de l’Apprentissage

Les projets de recherche action du GCOZA portant essentiellement sur l’intensification et l’adaptation au changement climatique de l’agri- culture à petite échelle ont été exécutés dans tous les réseaux pays du GCOZA, mais ont particu-lièrement réussi au Mali et dans une certaine mesure au Soudan. Etant donné que ces projets visaient à développer une approche de gestion agricole intégrée, plusieurs parmi les projets ont également en plus de la composante agricole inclus une composante élevage et quelque fois aussi des composantes nutri-tionnelles.

Dans l’expérience du GCOZA, la recherche action à l’intérieur de ces trois champs complémentaires a fourni des résultats solides qui ont été adoptés par d’autres acteurs, et il y a eu un impressionnant effet de passage à l’échelle, particulièrement au Mali. En examinant les facteurs derrière cela, nous trouvons qu’il y a certains traits caractéristiques du réseau GCOZA au Mali qui devraient être mentionnés comme ayant probablement joué un rôle important dans le succès du GCOZA Mali à passer à l’échelle leurs pratiques en vue d’améliorer radicalement les conditions de vie des populations.

A travers la coopération entre un groupe spécifique de parties prenantes avec différents rôles dans la société (paysans, chercheurs, organisations et associations locales, ONG internationales, acteurs étatiques), nous avons vu qu’il y a eu une expansion et un usage presque catalytiques des connaissances développées au Mali. I existe apparemment un grand potentiel de vulgarisation des meilleures pratiques à travers cette forme de coopération en réseau.

Participants au projet d’Etablissement des Cultures Alimentaires du GCoZA Mali. Région de Koulikoro, Mali, 2008. (Photo: GCOZA)

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22 Le Groupe de Coordination des Zones Arides

Les structures de gestion que le GCOZA Mali a mises en place sont le premier avantage de cette forme de réseautage: l’Assemblée Générale des membres ; le Conseil National élu par l’Assemblée Générale, un Coordinateur et un Chargé du Suivi-Evaluation comme employés. Etant communé-ment désigné comme étant le Secrétariat du GCOZA, il est le centre de ce réseautage. Ce Secrétariat est l’épine dorsale de GCOZA Mali en raison de son dynamisme et de son bon sens dans le développement de relations. Il fonctionne à travers des échanges aux Rencontres du Conseil National, des Cadres Consultatifs et des Assemblées Générales.

Le fait d’abriter le Secrétariat du GCOZA Mali dans un Collectif d’ONG (SECO-ONG) constitue une deuxième force derrière le réseautage du GCOZA Mali. Le SECO-ONG constitue égale-ment un réseau dont les activités sont: la collecte et la dissémination de l’information, l’organisation de sessions de formation, et la facilitation d’échanges d’expériences, de plaidoyer et de lobbying, et aussi la représentation des ONG maliennes avec les parte-naires de l’Etat et les parte-naires au développement.

SECO-ONG réunit plus de 60 ONG et 40 CBO, qui occupent au plan géographique trois quarts de la superficie du Mali et ciblent un grand nombre d’habitants de cette zone. SECO-ONG met les résultats et les réalisations du GCOZA à la disposition de ses membres.

Un autre facteur derrière la force du réseau est la diversité des membres du GCOZA Mali. Des membres avec différents objectifs, visions et rôles travaillent cependant à atteindre le même but pour les bénéficiaires. Les membres du GCOZA Mali se composent d’ONG maliennes et interna-tionales, d’ONG locales et de collectivités de CBO, d’instituts de recherche, de services étatiques et de réseaux et plateformes nationales et internationales. Tous ces acteurs contribuent au développement des idées au sein du GCOZA.

La diversité parmi les acteurs participant aux travaux du GCOZA Mali fournit une plate- forme naturelle pour le partage d’information et de résultats à un nombre important d’acteurs de développement. Les divers projets exécutés par les membres du GCOZA ont permis à plusieurs membres de mettre en place et d’exécuter des projets sur la base des résultats

obtenus par GCOZA Mali. Ces résultats sont partagés entre les membres et disséminés au sein des populations dans leurs zones d’intervention. Les résultats ont également renforcé la capacité des membres à plaider auprès de l’Etat Malien.

Le GCOZA Mali a créé une véritable synergie entre les acteurs intervenant dans différents domaines qui fédèrent leurs forces et œuvrent à l’amélioration des conditions de vie des popula-tions maliennes. Cette capi-talisation tient compte aussi des projets mis en œuvre et permet à d’autres utilisateurs d’accéder à des connaissances utiles qui peuvent renforcer leurs compétences dans différents domaines théma-tiques des activités du GCOZA.

Le réseautage du GCOZA sert comme un bon exemple. Le soutien continu et l’accompagnement de NORAGRIC que le GCOZA Norvège a fourni au GCOZA Mali avec le financement de NORAD ont constitué un pilier précieux de stabilité et de soutien qui a permis à GCOZA Mali de développer ses capacités de réseautage.

-II- La contribution du Groupe de coordination des zones arides – Leçons apprises et perspectives d’avenir

Les Forces du GCOZA Mali

Aly Djiga, consultant indépendant

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20 Années de Collaboration - Perspectives sur la Sécurité Alimentaire et le Développement au Sahel 23

La Contribution du Groupe de Coordination des Zones Arides (GCOZA) au Développement Agricole et à la Sécurité Alimentaire au Mali, au Soudan et en EthiopieJens B. Aune, Département d’Etudes Internationales Environnementales et de Développement (Noragric), Université des Sciences de la Vie de Norvège (NMBU)

Agriculture manuelle, Somaliland, 2017. Les cultures présentent des signes de rabougrissement à la croissance en raison de la grave sécheresse. (Photo: Kristoffer Nyborg, avec la permission du Fond de Développement)

IntroductionLe Groupe de Coordination des Zones Arides (GCOZA) fut créé en 1997 par des organisations non-gouvernementales norvégiennes pour stimuler la recherche sur la sécurité alimentaire et le dével-oppement agricole au Sahel. Un grand nombre de petits projets ont fait l’objet de financement à travers le GCOZA, mais ce chapitre présen-tera trois principaux projets à long terme du GCOZA qui ont été

exécutés plus ou moins simultané-ment au Mali, au Soudan et en Ethiopie. Ces projets comprennent ‘La Gestion Intégrée des Nutri-ments Végétaux” (2000-2004), “l’Ecoferme” (2005-2012) et “l’Etablissement des Cultures dans l’agriculture en zones arides” (2006-2008). Les technologies agricoles vulgarisées à travers ces projets comportent la sélection des semences, la micro dose, le labour des sols, la mécanisation,

l’amélioration de l’embouche animale et l’intégration des arbres dans la ferme.

L’approche de développement agricole du GCOZAGCOZA s’est focalisé sur l’établissement de liens solides entre les ONG et les institutions nationales de recherche cibles telles que l’Institut d’Economie Rurale (IER) au Mali, l’Université de Khartoum and Agricultural Research

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24 Le Groupe de Coordination des Zones Arides

Cooperation au Soudan (ARC), et les Universités de Hawassa, Haramaya, Mekelle ou Jigjiga en Ethiopie. Ces institutions jouent un rôle clé dans le développement agricole de leurs pays respectifs. A travers cette collaboration il a été possible d’atteindre un grand nombre de paysans et de partenaires qui n’ont pas été directement impliqués dans les projets du GCOZA. La crédibilité accordée à ces nouvelles technolo-gies par les institutions nationales de recherche a été déterminante pour le passage à l’échelle des résultats.

Les technologies étaient sélection-nées sur la base de suggestions faites par les institutions nationales de recherche, en partie par les ONG et en partie sur la base de sugges-tions faites par Noragric. Les conseils d’administration nationaux dans les pays respectifs convenaient de propositions à acheminer vers le GCOZA en Norvège, et Noragric communiquait un classement préliminaire des projets sur la base de leur pertinence scientifique et leur impact de développement potentiel. Noragric aussi suggérait des améliorations dans les projets de recherche proposés. Le Conseil d’Administration du GCOZA sélec-tionnait en dernier ressort les projets les plus prometteurs pour financement.

GCOZA Norvège, les conseils d’administration nationaux, les organisations membres du GCOZA, les instituts nationaux de recherche et Noragric utilisaient une gamme de méthodes pour diffuser les résultats des projets. Il s’agissait, entre autres, des approches suivantes:

1. Expérimentation et démonstra-tion de technologies dans les champs des paysans pour permettre aux paysans de voir l’impact des technologies.

2. Distribution d’intrants pour permettre aux paysans d’expérimenter des technologies sur leurs propres champs.

3. Transfert de technologies paysan-à-paysan à l’intérieur

des villages participants et des villages voisins.

4. Visites d’échange pour les chercheurs prenant part aux projets. Ceci a abouti à la diffusion des semoirs du Mali au Soudan, Niger et Côte d’Ivoire.

5. Distribution de matériels d’information, programmes radiophoniques locaux, télé et médias internationaux (TV5-France).

6. Présentation des résultats au cours d’ateliers nationaux, conférences régionales en Afrique de l’Ouest et conférences internationales dans le domaine de la recherche. Les résultats étaient présentés lors d’un évènement parallèle de la Conférence des Parties (COP) de la Convention des Nations Unies de Lutte contre la Déser-tification (UNCCD).

7. Publications scientifiques dans des revues telles que l’Agriculture Expérimentale, Perspectives sur l’Agriculture et l’Agronomie pour le Dével-oppement Durable.

8. Le trempage de semences et le microdosage d’engrais minéraux font partie désormais des recommandations nationales en matière d’agriculture au Soudan et au Mali. C’est là le résultat du lobbying des instituts nationaux de recherche.

Les membres du réseau du GCOZA ont, en plus, été très actifs dans l’utilisation des idées et des résultats des projets du GCOZA en vue d’obtenir des financements pour de nouveaux projets et c’est là proba-blement le principal facteur qui a contribué à la diffusion des résul-tats. Les ONG impliquées dans les réseaux nationaux du GCOZA ont coopéré avec plusieurs différents bailleurs de fonds internationaux, ce qui a permis d’obtenir des financements auprès d’une gamme variée de sources. L’organisme membre du GCOZA au Mali a utilisé des idées/composantes de projet et résultats de ces projets du GCOZA pour obtenir des financements auprès de l’USAID (à travers CARE),

la Fondation Bill et Melinda Gates, le Canada, l’UE, la France, La GTZ-Allemande, l’Espagne et la Suède. L’Institut d’Economie Rurale (IER) au Mali a introduit le semoir dans de vastes projets financés par la Banque Mondiale et la Banque Islamique (SAPEP). La Coopération en matière de Recherche Agronom-ique au Soudan a exploité les idées développées à travers le projet Ecoferme pour obtenir des finance-ments auprès du Fonds Interna-tional de Développement Agricole (IFAD), le Centre International de Recherche Agronomique dans les Zones Arides (ICARDA) et le Ministère de l’Agriculture du Soudan. Le Ministère Norvégien des Affaires Etrangères aussi a financé de vastes projets de recherche/développement au Mali et au Niger sur la base des idées/résultats des anciens projets du GCOZA. Choix de technologies dans les projets du GCOZALe GCOZA et Noragric ont dans la mesure du possible encouragé des technologies que l’on peut considérer comme des « fruits à portée de main ». Ce sont là des technologies qui ont les caractéristiques suivantes:

• Accroître les rendements et le revenu à peu de frais

• Risque faible• Peu de main d’œuvre et de

capital requis• Facile à comprendre• Les technologies n’exigent pas

de changement fondamental quelconque dans le système d’agriculture

Il a été reconnu que plus une technologie est exigeante en termes de capital, de main-d’œuvre et de terre, moins il est probable que les ménages les plus pauvres puissent bénéficier de son introduction. Le GCOZA travaille continuellement sur le développement de technologies dans l’agriculture en zones arides depuis 1998 et cela jusqu’en 2017. A travers ce long processus, il a été possible d’identifier des technologies qui marchent et lever les goulots d’étranglement pour le passage à l’échelle.

-II- La contribution du Groupe de coordination des zones arides – Leçons apprises et perspectives d’avenir

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20 Années de Collaboration - Perspectives sur la Sécurité Alimentaire et le Développement au Sahel 25

La première technologie qui fut expérimentée était le microdosage de l’engrais minéral. C’était là une technologie qui fut développée au départ par l’ICRISAT au Niger, mais à travers la recherche du GCOZA, on a démontré que l’on pouvait obtenir de bons résultats avec de plus faibles doses (0.3 g NPK par poquet) par rapport aux doses recommandées par l’ ICRISAT (2 à 6 g par poquet). Le GCOZA a commence l’expérimentation du trempage de semences à partir de 2005 et cette recherche fut la première à démontrer que l’on peut obtenir de bons résultats en combinant le trempage de semences et le microdosage. Pour rendre les technologies plus attractives, l’IER a modifié un planteur de traction animale pour une application simultanée de semences trempées et de microdosage. L’IER a égale-ment motorisé ce semoir en montant sur le planteur un moteur de mobylette (Figure 1). Ce planteur est actuellement produit par des forgerons au Mali.

Les paysans ont été très enthousi-astes vis-à-vis de cette nouvelle approche, et il existe présentement une forte demande de semoirs (manuels ou motorisés). Les principaux avantages des semoirs sont qu’elles permettent de semer à temps, un placement plus précis des semences et de l’engrais et une charge de travail réduite. Le moment des semences est très crucial au Sahel étant donné qu’il y a très peu de jours indiqués pour les semences. L’IER a également modifié le semoir pour qu’il puisse être utilisé aussi pour le sarclage. Un projet financé par le Ministère Norvégien des Affaires Etrangères a été important pour le passage à l’échelle de cette nouvelle tech-nologie.

Le paquet comprenant le trempage de semences, le microdosage et la mécanisation est devenu attractif parce que les rendements ont augmenté de 50 à 100% et la charge de travail a diminué de 90%. Ces technologies sont appropriées pour

les principales cultures au Sahel telles que le petit mil, le sorgho, l’arachide, le niébé et le sésame. En plus de ces technologies, le projet a aussi travaillé sur l’introduction d’arbres précieux tels que le Moringa oleifera, le Gliridia sepium, le Ziziphus mauritanie greffé, les espèces et arbres fruitiers d’Acacia. Ces arbres peuvent améliorer la nutrition, augmenter les revenus des paysans et aug-menter la fertilité du sol. Le Moringa oleifera en particulier est devenu populaire au Mali et au Soudan parce qu’il est riche en vitamine A et améliore la production du lait chez la femme.

Impacts de développement – d’un cycle vicieux de dével-oppement à un cycle vertueux de développement. Le dével-oppement dans le Sahel a été décrit comme un cercle vicieux caractérisé par la dégradation des terres, le déclin graduel des rende-ments, la pauvreté et le sous-développement (Sissoko et al.

De gauche à droite: Le chercheur Dr. Adama Coulibaly (IER), Le Coordinateur du GCOZA Mali Amidou Sako, et le technicien Karim Telly (IER) avec le semoir motorisé mis au point par l’ IER en collaboration avec GCOZA. (Photo: IER)

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2011). Toutefois, les études d’impact menées par le GCOZA montrent que ce cercle vicieux peut être transformé en cycle vertueux par l’utilisation de nouvelles technologies comme point d’entrée pour le développement agricole.

Au Mali, au Soudan et en Ethiopie, un certain nombre de projets qui ont suivi, financés par le GCOZA, ont œuvré à l’introduction du trempage de semences, du micro-dosage et de la mécanisation (projets Ecoferme). Une étude d’impact de 2015/2016 au Mali a démontré que dans les communes où opéraient les projets il y a eu une adoption à grande échelle des technologies (Djiga 2016). Dans certaines communes telles queOssombougou tous les paysans utilisent les technologies de trem-page de semences et de microdos-age. Dans la commune de Bandia-gara dans la région de Mopti, les technologies ont été répandues dans tous les 121 villages à travers la promotion de l’ONG YAGTU.

Les paysans maliens rapportent que les rendements ont doublé à cause du trempage de semences et du microdosage, et même durant les années de faibles pluies les rendements ont augmenté de 50% (Djiga 2016).

Les impacts sur la sécurité alimen-taire sont également visibles dans les régions qui ont pratiqué ces technologies. Les paysans rap-portent généralement qu’avec l’introduction des technologies ils ont suffisamment de nourriture pour tous les 12 mois de l’année, alors qu’avant l’introduction des technologies les pénuries alimen-taires étaient courantes. L’accroissement de la production a aussi permis aux paysans de vendre une partie de leurs récoltes, créant ainsi un surplus. Djiga (2015) décrit les impacts de développement comme suit:

• Les paysans investissent dans les animaux (chèvres, mou-tons, vaches, bœufs)

• Les paysans achètent des

équipements tels que les semoirs, les charrues et les charrettes

• La mécanisation (usage de semoir et de sarcleur) a réduit la demande en main-d’œuvre, permettant aux femmes de consacrer plus de temps aux activités maraîchères et autres activités génératrices de revenu.

• Logements améliorés dans la mesure où les paysans achètent des feuilles de tôle pour la toiture et installent des antennes pour la télé.

• Les paysans ravitaillent les cantines scolaires en nourriture pour leurs enfants

• Les jeunes filles ne quittent pas le village à la quête d’un revenu quelconque

• Les centres d’alphabétisation peuvent fonctionner étant donné que les paysans ont un revenu suffisant pour assurer les salaires instructeurs.

• L’augmentation de revenu a permis aux femmes d’acheter des habits de meilleure qualité pour leurs enfants.

Etant donné que les paysans utilisent une partie de leur revenue

pour acheter des animaux et des équipements agricoles, il est probable que cela contribue à une augmentation plus poussée des rendements car il y a plus de fumier disponible, l’activité agricole comme la semence et le sarclage peut se faire de façon plus précise et à temps, et le transport de ce fumier est plus facile.

Les résultats positifs avec le microdosage, le trempage des semences et la mécanisation sont confirmées par d’autres études (Penda Sissoko thèse de doctorat PhD –en préparation) au Mali. Une étude ménagère comportant 120 ménages a montré que le taux d’adoption pour le microdosage était de 68% et celui des semences trempées 51% dans des villages sélectionnés au hasard dans les aires du projet (Penda Sissoko thèse de doctorat PhD en prépara-tion). Cette étude a également trouvé une augmentation de rendement moyenne de 103 et 136% pour le mil et le sorgho respectivement résultant du trempage de semences, du micro-dosage et de la mécanisation.Le revenu net par hectare avait également plus que doublé en raison de ces technologies, com-parativement aux pratiques pay-sannes traditionnelles. Elle a également trouvé que l’excédent de production per an et par mé-nage (production totale moins l’auto-consommation) était de 1271 kg par ménage pour les ménages utilisant des technologies améliorées tandis qu’il était de 262 kg pour les ménages non partici-pants. Le revenu généré par les technologies permettait aussi aux paysans de financer l’achat d’intrants.

Ces résultats contribuent à ex-pliquer l’impact positif sur la sécurité alimentaire et la nutrition rapporté par Djiga 2016. L’impact positif de ces technologies a également été démontré au Soudan. Une étude d’impact sur 40 paysans qui avaient été des participants au projet Ecoferme a démontré que tous les paysans

MICRODOSAGE,TREMPAGE DE SEMENCES

RENDEMENTS PLUS ELEVES

AMELIORATION DU REVENU AGRICOLE

AMELIORATION DE LA SECURITE ALIMENTAIRE

FACTEURS D’INVESTISSEMENT DANS LA PRODUCTION AGRICOLE

Figure 1: Cycle initié par les technologies agricoles à bas coûts

-II- La contribution du Groupe de coordination des zones arides – Leçons apprises et perspectives d’avenir

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20 Années de Collaboration - Perspectives sur la Sécurité Alimentaire et le Développement au Sahel 27

Références: Aune J.B., A. Coulibaly et K.E. Giller 2017. Precision farming for increased land and labour productivity in semi-arid West Africa. A review. Agronomy for Sustainable Development 37.Djiga A. 2016. Evaluation d’Impact du projet d’Etablissement des Cultures Vivrières dans les Zones Sahéliennes et Soudano-sahéliennes du Mali. Groupe de Coordination des Zones Arides. Oslo. http://utviklingsfondet.no/dcg/assets/documents/Impact-Evaluation-Mali-FINAL.pdf Sime G. et J.B. Aune 2014. Maize response to fertilizer dosing at three sites in the Central Rift Valley of Ethiopia. Agronomy 4: 436-451. Komey G.M. 2016. Impact evaluation of DCG Sudan’s former projects. Ecofarm project in Kordofan Region Sudan and Enhancement of up-scaling of Eco-farm proven technologies. Groupe de Coordination des Zones Arides, Oslo. hhttp://utviklingsfondet.no/dcg/assets/documents/s-Eco-farm-project.pdf Sissoko K., van Keulen H, Verhagen J, Tekken V et Battaglini A. 2011. Agriculture, livelihoods and climate change in the West African Sahel. Regional Environmental Change 11 (supplement 1): 119-125.

anciens participants avaient con-tinué à utiliser au moins une des technologies quatre années après la fin du projet (Komey 2016).

Les technologies les plus populaires étaient les nouvelles variétés, le trempage de semences et les blocs minéraux. Le rendement moyen dans les villages participants a augmenté de 75% pour le sorgho et 61% pour le petit mil. A la date de 2016, les paysans ont rapporté aussi que les nouvelles technolo-gies donnaient mieux au cours des années sèches. Les technologies étaient répandues dans au moins 21 villages voisins à travers les communications de paysan à paysan. Le Moringa oleifera, qui est un arbre qui produit des feuilles, a également été introduit à travers le projet Ecoferme et est devenu populaire dans le régime alimen-taire des endroits où opère le projet.

L’étude d’impact a démontré aussi que les blocs minéraux (produits au Soudan) comme aliment animal a accru la consommation de lait par

les enfants et le revenu des femmes grâce à la vente de lait. Les blocs minéraux peuvent tripler la produc-tion laitière chez les chèvres, les moutons et les vaches.

La Coopération en Recherche Agricole au Soudan a joué un rôle vital dans la diffusion des technologies de trempage de semences, de micro-dosage et de blocs minéraux à d’autres états du Soudan que le Kordofan Sud et Nord où elles ont été expérimentées, telles que le Darfour, Gedarif, Sennar et le Fleuve du Nil (Komey 2016).

De ces études menées au Mali et au Soudan, il apparaît qu’un cycle de développement vertueux peut être développé, caractérisé par l’introduction de nouvelles tech-nologies, de meilleurs rendements, un accroissement des revenus, l’investissement dans les équipe-ments de production agricole et une amélioration de la sécurité alimentaire (Figure 1). Il est important de souligner que ce développement a eu lieu quand bien même les conditions socio-

L’ impact du trempage de semences et du microdosage d’engrais sur le sorgho au Nord Kordofan, Soudan. Les semences sélectionnées et la microdose d’engrais à gauche contre le témoin à droite. (Photo: GCOZA)

économiques et politiques étaient loin d’être optimales. En 2012, une guerre civile se déclencha au Mali, touchant les régions du nord et du centre du pays. Ce conflit a sévère-ment affecté les secteurs public et privé du Mali. Au Soudan, la situation sécuritaire a été caractéri-sée par des tensions dans les états limitrophes du Sud Soudan. Les gains de productivité réalisés grâce à ces technologies sont probablement si convaincants que les paysans sont prêts à investir malgré les facteurs externes défavorables.

ConclusionIl apparaît d’études d’évaluation d’impact de certains projets du GCOZA qu’il y a un niveau élevé d’adoption des technologies. Les ONG et les institutions nationales de recherche qui ont pris part aux projets ont été actives dans l’utilisation des résultats des projets du GCOZA en développant de nouveaux projets. Les impacts vont donc bien au-delà des régions où les projets du GCOZA ont été mis en œuvre. L’amélioration de la sécurité alimentaire est également docu-mentée à travers plusieurs études indépendantes. Il apparaît qu’il se produit un changement dans les communautés qui ont adopté les technologies qui passent donc d’un cycle vicieux de développement à un cycle vertueux de développe-ment caractérisé par des rende-ments plus élevés, des revenus plus importants, des investisse-ments dans les équipements agricoles et l’augmentation de la sécurité alimentaire.

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28 Le Groupe de Coordination des Zones Arides

Les Populations Pastorales des Plaines d’Ethiopie sous le Stress du Changement Climatique – Vers un Effondrement ou une Reprise?Trygve Berg, Département d’Environnement International et d’Etudes de Développement (Noragric), Université Norvégienne des Sciences de la Vie (NMBU)

Avec les capacités limitées à absorber la croissance dé-mographique et le faible accès à l’éducation formelle, le déclin économique et l’aggravation de la pauvreté sont devenues les tend-ances à long terme dans beaucoup de communautés pastorales. Lorsque la marginalisation politique empire les choses, les implications sont parfois dramatiques; le surpâturage et la dégradation des ressources, et les conflits liés à l’accès à la terre.

Le GCOZA Ethiopie a prêté atten-tion à de telles tragédies et a exécuté un certain nombre d’études qui ont cartographié la situation et analysé la nature des problèmes. Les populations pasto-rales ont perdu des terres à cause de projets de développement qui, dans certains cas, restreignent l’accès aux sources d’eau et zones de pâturage en saison sèche. Des pâturages sont également perdus en raison de parcs nation-

aux pour la conservation de la faune sauvage.

Le changement climatique actuel tend à affecter les plaines avec des zones de pâturage de troupeaux nomades plus que les zones productrices de céréales des zones montagneuses du centre ; Cela en ajoute au stress, mais permet aussi de repenser et de rechercher activement des solutions alterna-tives, y compris les discussions entre les populations pastorales,

Pasteur de la région de l’Afar, Ethiopie. (Photo: Avec la permission du Fonds de Développement)-II- La contribution du G

roupe de coordination des zones arides – Leçons apprises et perspectives d’avenir

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les recherches scientifiques, et les travaux de politique générale. Dans les cas des études précédentes, le GCOZA Ethiopie a partagé les rapports avec les autorités et impliqué les responsables et les décideurs dans des discussions constructives de politique générale. La crise actuelle requiert plus d’études pour démontrer les faits, et de nouvelles discussions de politique générale sur la façon de faciliter la transition vers des systèmes productifs et économ-iquement viables dans les zones pastorales. La forme de coopéra-tion qui a caractérisé le travail du GCOZA pourrait encore jouer un rôle dans cela.

Ici je vais passer brièvement en revue comment l’économie pasto-rale en difficulté se manifeste dans l’insécurité de fourrage et la faible productivité qui en résulte, et plus encore comment le changement climatique affecte-t-il la production primaire et l’économie toute entière. J’évoquerai les moyens d’en sortir y compris l’intégration du secteur de l’élevage dans des chaînes de valeur commercialement viables ajoutant à l’économie tant pasto-rale que nationale.

Garantie des fourragesAlors que la définition de la sécurité alimentaire (pour les êtres humains) présuppose l’accès à la nourriture nécessaire chaque jour, le terme correspondant de “garantie des fourrages” doit, dans le contexte de systèmes de production pastoraux tropicaux, refléter le fait que les animaux en troupeaux traversent un cycle annuel avec des fluctuations dans la disponibilité et la qualité du fourrage. Par conséquent, j’utiliserai cette définition:

La garantie des fourrages signifie avoir accès à assez de fourrage de bonne qualité pour l’entretien corporel et la production (prise de poids, vêlage et production laitière) durant la saison des pluies, et au moins suffisamment pour l’entretien du corps pendant la saison sèche.

Les éleveurs s’assurent la garantie des fourrages par la mobilité – en général le déplacement saisonnier vers des régions où les animaux trouvent du fourrage et où ils peuvent maintenir la qualité par le pâturage sélectif. La garantie saisonnière des fourrages pourrait être compromise si l’accès aux aires de pâturage et aux sources d’eau est bloqué.

Quelque fois cela réduit les taux de vêlage avec de sévères conséquences pour la productivité. Les météorol-ogistes divisent l’Ethiopie en 12 zones climatiques (Viste et al. 2013) qui ne sont pas toutes affectées de la même manière par le changement climatique. Les analystes du climat nous ont fourni ce dont nous avons besoin pour cette discussion3. Les zones pastorales connaissent une variabilité extrême d’année en année à la fois de pluies et de sécheresses tandis que les zones montagneuses ont un nombre sûrement élevé de jours pluvieux et un nombre insignifiant de journées sèches durant la principale saison des cultures (meher). Ainsi, le stress causé par des sécheresses récurrentes affecte seulement quelques parties du pays et ce sont là des régions avec des systèmes de production pastorale et de production céréalière dépendant des pluies diluviennes. Les analyses de tendances pour le reste de ce siècle ne changent pas ce dispositif d’ensemble.

L’augmentation de températures réduit la qualité du tapis d’herbe (digestibilité), ajoute de la chaleur (réduction de la productivité), et réduit la distance que les animaux peuvent parcourir à pied depuis les points d’eau, limitant ainsi la mobilité essentielle.

Lorsque la période de production et d’accumulation de réserves de graisse est raccourcie et la période durant laquelle les animaux doivent tirer à partir de leurs réserves corporelles pour la survie est prolongée, les animaux réagissent avec une fertilité réduite (taux de vêlage plus bas). Un taux normal de vêlage serait autour de 80 pourcent. Durant les années de désastres, le chiffre pourrait baisser à 20 pourcent (comme à Borana en 1984 et 2000). Lorsque de tels désastres se produisent trop souvent les animaux n’ont souvent pas le temps de récupérer et les taux de vêlage restent parfois autour de 50-60. De tels bas chiffres pour les taux de vêlage sont indicatifs d’un état permanent de malnutrition et d’animaux gravement vulnérables.

Alimentation complémentaireL’insécurité de fourrage et des animaux malnutris sont des indica-teurs et des résultats de crises multiples. Ainsi, on doit envisager l’alimentation complémentaire. Les sources suivantes pourraient être possibles:

• Fenaison• Production fourragère• Commerce avec les communautés paysannes• Résidus de cultures (paille) peuvent être améliorés en termes de qualité par simple traitement à l’urée.

3) Dr. Sandeep, Départment des Géosciences, Université d’Oslo

Références: Viste E., Diriba Korecha et A. Sorteberg, 2013. Recent drought and precipitation tendencies in Ethiopia. Theor Appl Climatol 112(3-4):535-551.

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30 Le Groupe de Coordination des Zones Arides

La crise actuelle a accru l’intérêt pour et la demande de technologie d’alimentation complémentaire. Commercialisation du secteur de l’élevage pastoral: le cas des parcs d’emboucheLes investisseurs gèrent déjà des parcs d’embouches dans plusieurs endroits en Ethiopie. Les taureaux sont achetés au niveau de zones pastorales et sont engraissés avec un mélange de paille, de foins et de son de riz svec un ajout d’importantes quantités de tour-teau de coton (résidus de l’extraction d’huile des graines de coton). L’image ci-dessus montre des taureaux d’un lot qui avait un

poids moyen de 300 kg à l’arrivée et qui a eu en plus 45 kg en moyenne après 30 jours. On les garde généralement pendant 90 jours avant la mise sur le marché. Un tel parc d’embouche peut être rempli parfois de plusieurs milliers d’animaux. Les pasteurs s’en trouvent intégrés dans une chaîne de valeur qui fournit de la viande et des animaux vivants pour l’industrie, les marchés domestiques et l’exportation, contribuant considé-rablement à l’économie nationale.

Pour les populations pastorales, cela signifie un revenu monétaire que l’on peut réinvestir dans le système de production en investis-

sant dans l’alimentation complé-mentaire. Les males improductifs, et aussi certaines génisses, sont vendus, en gardant seulement les femelles productives et les quelques taureaux dont on a besoin pour la reproduction. Cela diminue un tant soit peu la végétation de pâturage et facilite la transformation des animaux restants en animaux productifs.

-II- La contribution du Groupe de coordination des zones arides – Leçons apprises et perspectives d’avenir

Des taureaux dans un parc d’embouche en Ethiopie. (Photo: Trygve Berg)

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Restauration de Forêts Montagneuses en Zones Arides en Erythrée - passage à l’échelle pour atténuer le changement climatique Dr Scott Jones, Co-directeur, Mind the Gap Research and Training, Creetown, Scotland Maitre de Conférence, Bjørknes University College, Oslo

Les forêts qui poussent sur les montagnes et les hauts plateaux d’Afrique jouent un rôle de premier plan pour:

• Aborder le changement climatique• Soutenir les économies et les moyens de subsistance des populations, et • Protéger les systèmes d’approvisionnement en eau et les sols

Ce sont des systèmes de soutien à la vie dont la perte aurait des conséquences désastreuses pour des millions de personnes, et indirectement pour des millions d’autres.

L’Afrique a besoin de périodes plus orageuses. Mais des orages d’un genre régulier, plus doux. Dans un continent où les cycles de sécher-esse et d’inondation provoquent le désespoir chez des millions de gens, la prière quotidienne de l’Afrique est d’avoir des pluies régulières et fiables.

En plus de la vulnérabilité au climat actuel, le changement climatique en Afrique est lié à un autre « méchant problème »4- la dégradation des terres : Beaucoup de gens soutien-nent maintenant que nous avons plus de chance à atténuer les effets des changements climatiques, rapidement et avec une valeur

ajoutée au plan social et économ-ique, en restaurant les terres dégradées, surtout dans les terres montagneuses fragiles.

Comment cela peut-il être? Nous savons que le climat à l’échelle globale est mu par le chauffage solaire et les mouvements des océans et de l’atmosphère. L’énorme masse terrestre d’Afrique enjambe l’équateur et est soumise aux changements quotidiens de températures qui peuvent soit brûler la terre pour la dessécher, soit créer des orages convectifs. La météo en Afrique est liée aux systèmes de moussons lointains et à l’inclinaison de l’axe de la terre qui fait venir les pluies vers les hauteurs et vers le bas du conti-nent en fonction de la saison.

Ainsi donc comment est-ce la restauration de la terre peut-elle être d’une utilité quelconque lorsque le climat et le changement climatique sont soumis à des moteurs massifs, géographique-ment inaltérables qui dominent et régissent le climat africain?

En effet, les forêts montagneuses d’Afrique jouent un rôle vital dans le changement climatique et le climat régional. Les émissions de dioxyde de carbone contribuent au changement climatique. Les plantes prennent le gaz du dioxyde de carbone dans l’atmosphère, et

stockent le carbone dans les tissus végétaux. Les arbres stockent le carbone pour le long terme.

Les forêts montagneuses d’Afrique fournissent aussi une contribution unique à la régulation du climat local et régional, agissant directe-ment sur le cycle hydrologique et la météorologie régionale. L’eau de nuages et le brouillard associés aux montagnes (nuage orographique) est réduit lorsque les forêts sont enlevées. Cela dessèche la terre, réduit la provision d’eau et accroit les jours non brumeux en saison sèche. Par exemple, les colons italiens ont prévu deux récoltes par an sur les terres montagneuses d’Erythrée. Maintenant les forêts ont presque toutes disparu et la nuage orographique s’est telle-ment réduit que même une récolte par an n’est pas toujours possible. “Les forêts sont la seule “technologie” de capture et de stockage de carbone que nous avons à notre portée et qui est sans risque, s’avère être peu coûteuse, est immédiatement disponible à grande échelle et est capable de fournir des effets d’entraînement bénéfiques. – en allant de la régulation des types de pluies à la fourniture de mode de vie aux communautés indigènes.”Dr Alessandro Baccini, The Independent, UK (Section de la Science), 29/9/2017

4) Les problemes vicieu sont des problems qui sont difficiles à résoudre en raison de connaissances incomplètes, de leur complexité, et des nombreux facteurs interconnectés qu’ils comportent, et les personnes (les peuples)

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-II- La contribution du Groupe de coordination des zones arides – Leçons apprises et perspectives d’avenir

Souche d’olivier sur socle en terre, Rora Habab, Erythrée, 1987, où l’érosion du sol à la surface dépasse 1,5m dans beaucoup d’endroits au cours des 80 -100 dernières années. (Photo: Scott Jones)

Les services d’écosystème (avan-tages pour le bien-être humain) que les forêts montagneuses fournissent sont cruciaux aussi parce qu’ils occupent les parties plus hautes des élévations dans des bassins hydrographiques qui sont souvent à forte densité de population (Chazdon, 2008; Birdlife International, 2012). Ces services d’écosystème sont, entre autres, l’ombrage et les abrivents pour les personnes et les animaux, la conservation du sol, le contrôle de l’érosion, la qualité de l’eau, et la réduction du ruissellement des eaux d’averses, de même que la fourniture d’habitat à diverses espèces et à des espèces en danger.

La régulation de l’eau est un exemple puissant en la matière. La végétation des forêts protectrices d’Afromontane couvrent et les sols absorbent l’eau, la libérant douce-ment vers de plus faibles élévations. Ils ralentissent le flux de l’eau sur terre, réduisant l’érosion du sol et les désastres de glissements de terrains catastrophiques. (Bruijn-zeel et al, 2011; Price et al, 2011).

Les forêts d’Afromontane apportent aussi des ressources essentielles pour les modes de vie locaux, contribuent aux économies, et sont des refuges uniques pour la diver-sité biologique. Les populations locales dépendent des ressources forestières pour beaucoup de choses, y compris le bois de chauffe, le bois de charpente, les médica-ments, et les produits forestiers non ligneux tels que le fourrage animal. Les régions boisées des montagnes elles-mêmes abritent elles-mêmes des sites sacrés partout à travers le point chaud, y compris les églises, les cimetières et les forêts sacrées.

Le besoin d’énergie des populations locales est la principale cause de consommation de bois; les arbres sont coupés pour produire du bois de chauffe et du charbon pour la cuisine et le chauffage. Dans les communautés rurales et urbaines pauvres, les populations rurales

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n’ont généralement pas d’alternatives viables. Par exemple, le Kenya, la Tanzanie et l’Ouganda réunis utilisaient plus de 94 millions de mètres cubes de bois en 2007 seulement (90% pour le bois de chauffe), ce qui représentait jusqu’à 90% des besoins énergétiques de ces pays pour cette année-là (Birdlife International, 2012). Le deuxième usage auquel est desti-née l’extraction de ces espèces ligneuses est le bois de charpente pour les constructions, les meubles, les poteaux et les piquets d’enclos.

Peut-être les trois principales forces qui déterminent le besoin pour la conservation et la restauration des forêts montagneuses d’Afrique sont le développement économique, la croissance démographique et la pauvreté. Au cours des 20 dernières années, la plupart des pays dans les points chauds d’Afromontane en Afrique orientale et australe ont considérablement boosté leur développement économique à travers la participation aux marchés mondiaux et aux investissements étrangers.

Cela est en train d’avoir toute une série d’impacts sur l’exploitation des ressources naturelles; les mon-tagnes boisées et les forêts ont décliné du fait de ces pressions économiques locales et inter- nationales.

La croissance économique s’est accompagnée d’une croissance démographique - 2-3% par an dans beaucoup de cas, avec environ 50% de la population africaine ayant moins de 18 ans (UNICEF, 2014). Ce taux rapide de crois-sance est supérieur à la moyenne mondiale de 1,2% par an, avec un « changement massif » dans la population infantile du monde en direction de l’Afrique (UNICEF2014).A ce rythme la population de la

région doublera d’ici l’an 2040. En général la densité de la population est généralement plus faible dans les régions montagneuses, mais plus de la moitié de la population éthiopienne, par exemple, habite dans les régions montagneuses. Plus de gens dans la région signifie plus de pression sur les ressources naturelles pour satisfaire les besoins élémentaires tels que la nourriture, le logement et les soins de santé. Peut-être par-dessus tout, cela signifie une pression politique et sociale accrue sur le défrichement des terres pour l’agriculture, comme l’ont fait remarquer plusieurs auteurs (voir Jones, 2016).

Bien que la croissance économique ait augmenté, il est important de noter que cela s’est produit en dépit du montant élevé de la dette extérieure de certains pays et la dépendance continue vis-à-vis de l’aide internationale. Les disparités économiques sont criardes. Le point chaud d’Afromontane a été classé 4è sur 34 points chauds au monde comme étant les plus touchés par la pauvreté (Fisher & Christopher, 2007), ce qui laisse entendre que dans ce cas, la conservation, la restauration, et la lutte contre la pauvreté doivent aller ensemble.

Un Exemple de Changement Positif L’expérience du GCOZA en Erythrée a été comme un catalyseur pour la connaissance des régions boisées des zones montagneuses et la nécessité de les conserver et de les restaurer. (Jones 2016)

En 1991, seule de poignée de régions boisées d’olives de genévrier est restée en Erythrée; forte densité de pâturage et de coupe, à l’exception de lieux sacrés protégés (Jones 1991a). Sans couvert forestier les sols se sont érodés sérieusement. Les eaux de pluies

ne pouvaient pas être retenues sur des sols peu profonds mais coulaient rapidement pour descendre sur des pentes squelettiques. La production alimentaire était en baisse. Avec l’appui de la Norvège, le partenariat entre le ministère et la communauté nous avons conçu une stratégie de restauration en réponse à cette crise en créant des opportunités flexibles d’utilisation des terres pour les populations locales à travers la restauration permanente de terres dégradées. Le but était de concevoir des systèmes durables qui assuraient l’approvisionnement local en bois (par exemple à partir de l’eucalyptus hautement apprécié) tout en permettant aux forêts et aux sols indigènes de récupérer, avec la gestion par les communautés locales avec un soutien minimal du ministère.

Après six mois de préparation, l’auteur, le personnel du Ministère de l’Agriculture (MA) et les notables des villages ont discuté des idées lors d’une rencontre avec plusieurs centaines de femmes, hommes et enfants des trois villages. Les sols et la conservation des eaux étaient prioritaires. La restauration du sol à l’aide d’espèces indigènes d’arbres à la croissance plus lente était problématique à l’heure où la nourriture et le bois d’énergie étaient déjà en train de se disputer la terre. Nous avons convenu d’approches pour établir et protéger huit expérimentations. On a dit aux gens qu’elles dureraient 20 ans et pourraient ne pas occasionner de bénéfices directs pendant 10 à 15 ans. Ils ont convenu de fournir de la terre et de la main-d’œuvre, et nous avons entamé un processus de planification sur 9 mois.

En 1993, on a planté des essais permanents dans trois villages; plusieurs milliers de jeunes plants sur des sites exposés où il n’y avait

Références: Scott Jones, A Successful New Approach to Environmental Restoration and Improving Livelihoods in Degraded East African Highlands, Drylands Coordination Group byttes ut med Groupe de Coordination des Zones Arides, Oslo, ISBN 978-82-690576-0-7

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Petite parcelle de genévrier montrant la croissance des arbres et l’augmentation de l’herbe après une période de 21 années. Agriculture et terres non réhabilitées au delà de Degseb, Erythrée, 2014. (Photo: Scott Jones)

ZONES D’AFROMONTANE

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pas de perspectives d’agriculture, et tout espoir de restauration avait été abandonné. Près de 250,000 jeunes plants d’olives et de genévrier ont été plantés partout en Erythrée.

Les expérimentations ont tenu compte des facteurs écologiques, les besoins selon le genre et l’âge, et l’utilisation qu’ils font des arbres indigènes et non indigènes. Les experts villageois s’accordèrent sur la sélection finale des espèces, sur la base de l’ombrage, le contrôle de l’érosion, la diversité d’utilisations, le bois de charpente, la combustion du bois et l’odeur, la qualité du charbon, la résistance aux termites, les outils, le pâturage, la protection, et ‘la beauté’ des arbres.

Un fait important est que nous avons convenu de ne pas utiliser les encloses mais de compter sur les souhaits des populations de protéger des sites pendant 20 ans, quelles que soient les circonstances. On a arrosé les jeunes plants et on les a désherbés une seule fois. Ensuite on les a laissés pousser librement.

En 2014-15 l’auteur est retourné évaluer les résultats avec les populations locales et les collègues du ministère. Les taux de survie étaient de 80-90%. Même sur les sols les plus dénudés, la plupart des arbres ont survécu. Plusieurs oliviers avaient des fleurs ou des fruits. Là où ils étaient protégés, les taux de croissance étaient de l’ordre de 25 - 40cm par an. L’Eucalyptus était en état à son deuxième cycle après la récolte par les populations locales. Toutes trois espèces ont bien poussé sans que l’eucalyptus n’affecte le développe-ment de plantes voisines. Les herbes et les plantes ont réussi à coloniser le sol sous les arbres. L’agroforesterie et d’autres oppor-tunités furent créées. La vie des oiseaux et la biodiversité en

général ont été développées. Une couche de détritus et de décompo-sition avait été observée dans plusieurs endroits. On a trouvé huit nids d’oiseaux; l’un contenait deux œufs. Sur un site, on a trouvé des températures plus basses et plus de biodiversité sous le couvert que les arbres ont créé. On pouvait entendre des chants d’oiseaux; le site abritait plusieurs espèces d’oiseaux. Un petit refuge s’est développé pour montrer ce que l’on pouvait réaliser en seulement 21 ans ; les populations locales l’ont déclaré « site saint ». Les deux principales raisons pour la crois-sance limitée d’oliviers étaient les coupes non avisées de branches pour en faire des cure-dents, et le pâturage.

Les populations locales étaient comblées par les résultats. Pour certaines personnes, le travail a été gratifiant au plan émotionnel et spirituel, apportant un véritable sens de succès et de potentiel. Certains propriétaires terriens avaient investi dans les espèces indigènes autant que dans l’eucalyptus, l’élagage et le désherbage autour des arbres.

Importantes étapes futuresLes agendas de changement climatique se trouvent maintenant ajoutés aux questions de lutte contre la pauvreté et aux questions de mode de vie qui ont caractérisé le travail il y a 25 ans. La recherche a informé toutes les trois questions en démontrant comment réussir à restaurer les terres fortement dégradées dans des conditions arides dures. Les essais sont maintenant à point et bien conservés chez les populations locales. Maintenant, un certain nombre d’options sont possibles, sur la base des points de vue des popula-tions locales. Deux options évoquées il y a 21 ans (Jones, 1996) peuvent maintenant être avancées:

a) Coupe de bois et industrie artisanale : Collecte de bois, de combustible de bois, parallèlement aux industries artisanales sur la base d’espèces indigènes, etb) Restauration and conservation: Collecte complète de l’eucalyptus, en laissant les espèces indigènes pousser jusqu’à la maturité, avec restauration entière ou partielle des terres boisées indigènes.

Dans les situations péri-urbaines, certaines terres arides, dégradées autour des villes – même de la capitale, pourraient être utilisées pour la plantation et être protégées pour créer des parcs semi-naturels.

Il y a un puissant engagement en Erythrée à trouver des solutions durables à la restauration des forêts. Les initiatives qui sont en cours présentement là-bas et ailleurs deviennent des défis auxquels sont confrontées les forêts montagneuses d’Afrique décrites ci-dessous. A l’instar des récifs coralliens, les forêts d’Afromontane peuvent-être séparées géographiquement. Mais, juste comme nous avons des plans d’actions internationaux unifica-teurs pour sauver les récifs coral-liens, nous devons maintenant développer un plan d’action inter-national unificateur pour restaurer et conserver les forêts montag-neuses d’Afrique. Ceci est réalis-able et contribuera à aborder le changement climatique, et exaucer la prière quotidienne de l’Afrique.

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Pratiques d’Agriculture et de Pâturage Pratiques d’Agriculture et de Pâturage• Expansion agricole, conversion des terres et empiètement• Pâturage naturel et dégradation des terres• Culture de flancs de collines et de pentes raides

Pratiques Forestières & de Bois de Chauffe• Pénurie de bois de chauffe et de construction• Coupe continue (combustible, bois de charpente, fourrage, cure-dents, outils, etc.)• Préférences en matière de plantation pour les espèces à croissance rapide• Pour les plantations privées non-industrielles utilisant des espèces indigènes, connaissances locales inappropriées (ou connaissances opposées) de la gestion des arbres et de la gestion durable des forêts• Défricher les forêts naturelles pour établir des plantations• Demandes urbaines en combustible (énergie)

Conflits & Faible Collaboration• Conflits autour de l’usage des terres (e.g. pâturage, agriculture, extraction de bois de charpente, exploitation minière)• Conflit politique/militaire actuel ou passé• Un sens de fatalité (“… c’est la nature – on ne peut rien y changer…”)• Un manque d’organisation, de vision collective• Absence de plans de gestion (y compris les exclos)

• Aucune solution à elle-seule ne convient partout; besoin d’aborder chaque problème dans son contexte local. Toutefois, si les besoins des villageois dans ou près des forêts montagneuses ne sont pas satisfaits d’une manière ou d’une autre, aucune tentative pour sauver/restaurer la forêt ne réussira. • Soutenir et appuyer les populations locales qui tentent d’améliorer leurs terres

Vides Juridiques• Mauvaise application des règlements, y compris dans les aires protégées• Tenure de terre confuse dans certaines régions• Conflits liés à la propriété, aux droits d’accès et d’utilisation, et entre le droit coutumier et la loi statutaire et les systèmes de gestion• Influence politique inutile, même destructrice dans les prises de décision• Politique forestière qui permet l’implication positive du secteur privé

Ecarts Financiers• Appui budgétaire insuffisant pour le secteur forestier• Investissement inadéquat tant par le gouvernement que les secteurs privés dans la foresterie• Manque d’investissement international dans la recherche et les forêts

Pressions Démographiques• Pression démographique (animale et humaine)• Infrastructure (par exemple des routes, bâtiments) et développement d’établissements

Ecologie & Climat• Faible regeneration• Espèces envahissantes• Changement écologique (e.g. augmentation des espèces sauvage)• Croissance lente de beaucoup d’espèces indigènes• Tiges multiples et tordues, décourageant l’usage d’espèces indigènes dans les plantations• Protection forestière (incendie, maladie, insectes)• Pluviométrie irrégulière et climat instable

Connaissances & Technologies• Manque de ‘meilleures’ technologies qui marchent bien pour les populations locales et aussi pour l’écologie• Manque de données sur l’ensemencement, la croissance et la performance de différentes espèces• Ecarts de capacités et de connaissances (par exemple méthodes de restauration, propagation, évaluation de la qualité des semences et des jeunes plants …)• Sélection de nombres, de combinaisons d’espèces• Analyse de compétition inter et intra-espèces• Sylviculture d’espèces indigènes, y compris les pépinières

Au fur et à mesure que les exigences humaines augmentent sur les forêts et les terres boisées des hauteurs, les réactions de conservation et de restauration doivent devenir de plus en plus créatrices et collaboratives. Les principaux défis sont énumérés ci-dessous.

Les Défis auxquels font face les Forêts Montagneuses d’Afrique

DEFIS TECHNIQUES DEFIS SOCIAUX ET ENJEUX POLITIQUES

-II- La contribution du Groupe de coordination des zones arides – Leçons apprises et perspectives d’avenir

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Mariam avec son petit fils Hamdah dans un camp IDP près de Bali Ahmed. Somaliland, 2017. (Photo: Kristoffer Nyborg, avec la permission du Fonds de Développement)

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38 Le Groupe de Coordination des Zones Arides

Conclusion

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CONCLUSION

Résultats des projets de re-cherché antérieurs du GCoZA, du nouveau programme PAR en Ethiopie, dont les paysans continueront à bénéficier. Mohamed Dawe est un par-ticipant dans le programme local de cantine scolaire dans la Somali region d’Ethiopie. (Photo: Elin Cecilie Ranum, avec la permission du Fonds du Développement)

Les défis auxquels est confronté le Sahel sont à présent gros. Les taux élevés de croissance démographique, les effets du changement climatique, et la forte prévalence des conflits sont autant de facteurs qui aggravent la situation, et l’insécurité alimen-taire continuera probablement d’être un phénomène courant au Sahel pour de nombreuses années encore. Toutefois, l’intensification durable des petites exploitations agricoles et la gestion améliorée des ressources naturelles pour-raient contribuer à améliorer la situation.

Partout à travers le Mali, le Soudan et l’Ethiopie, le GCOZA a soutenu la recherche sur la manière de développer au mieux les systèmes agricoles de pointe qui sont adap-tés à l’agriculture en zones arides d’Afrique. En combinant la simple mécanisation avec les technologies agronomiques à bas coûts telles que le trempage de semences et la microdose d’engrais, il a été démontré que les rendements peuvent être augmentés et la demande en main-d’œuvre di-minuée. De telles technologies se sont avérées très attrayantes pour les paysans et peuvent peut-être contribuer à rendre l’agriculture plus attractive pour les jeunes générations.

Le changement climatique constitue particulièrement une menace pour l’agriculture en zones arides d’Afrique. Il y a donc une certaine nécessité à continuer à travailler sur les technologies qui peuvent rendre l’agriculture plus résiliente aux conditions de sécheresse. En plus, il y a une nécessité de com-biner l’usage de bonnes pratiques agricoles avec les prévisions météorologiques. Cela pourrait améliorer le choix du moment des travaux agricoles et assurer ainsi un temps optimal pour les semences et les récoltes.

Les paysans des régions tempérées utilisent déjà les prévisions météoro- logiques en préparant les activités agricoles, mais les paysans des zones arides ont également besoin de tels services météorologiques.

Le label du GCOZA a été la forte intégration entre la recherche et le développement. Quand bien même il y a beaucoup de plaidoyer en faveur d’une telle approche, il y a peu de cas où une telle collaboration a réussi. Le GCOZA a assuré une étroite collaboration entre les acteurs de recherche et de développement dans la planification des activités, et dans l’expérimentation, la sélection et le passage à l’échelle des techno- logies. L’expérience du GCOZA a montré qu’une telle approche marche bien et peut fournir des résultats utiles tout en contribuant aussi à la création d’appropriation locale de technologies.

La construction de réseaux nationaux de partenaires au développement peut être un exercice qui exige beaucoup de temps et de ressources. L’expérience du GCOZA toutefois, est qu’un tel réseau peut bien fonctionner comme une plate-forme pour l’échange d’idées et d’approches pour le passage à l’échelle. Un grand nombre de membres du GCoZA, dont les membres fondateurs norvégiens, ont utilisé des résultats /idées générées à travers les activi-tés du GCoZA pour obtenir des financements pour de nouveaux projets.

L’impact du GCOZA sur le dével-oppement durera au-delà de la durée de vie du GCoZA. Des milliers de paysans ont bénéficié des activités du GCOZA et vont probablement poursuivre avec l’utilisation des technologies et approches générées par le GCOZA pendant des années à venir encore.

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Le Groupe de Coordination des Zones Arides (GCOZA) était un réseau de renforcement de capacités à travers les échanges d’expériences pratiques et de connaissances appropriées en matière de sécurité alimentaire dans les zones arides d’Afrique. L’objectif général du GCOZA était de contribuer à l’amélioration de la sécurité alimentaire pour les ménages et les communautés vulnérables des zones arides d’Afrique. Les réseaux du GCOZA en Erythrée, en Ethiopie, au Mali et au Soudan comprenaient des ONG et des institutions de recherche et structures gouvernementales. Les projets du GCOZA étaient entre autres les études de recherche action, des ateliers, le renforcement de capacités et le travail de politique générale. Les projets étaient conçus et exécutés par les groupes GCOZA nationaux, et visaient à créer des effets de synergie, renforcer les capacités et être pertinents aussi à l’extérieur du GCOZA. Le GCOZA a produit des connaissances qui ont servi à renforcer le travail des membres du GCOZA, influencer les décideurs et au bout du compte améliorer les conditions de vie et la sécurité alimentaire des paysans et des pasteurs dans les zones arides du Sahel.

Au cours de ces 20 années de fonctionnement, GCOZA a publié une longue liste de rapports et de procès-verbaux écrits par les chercheurs impliqués dans les projets GCOZA. Vous pouvez accéder à ces publications via le site web www.utviklingsfondet.no/dcg

ISBN: 978-82-690576-4-5