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12 13 Nouveau pavillon d’accueil, nouveau monastère, premier pas vers la restauration de la chapelle : l’association propriétaire du site revendique ce soupçon « de folie qu’il fallait pour faire appel à Renzo Piano après Le Corbusier ». Plutôt rare pour un édifice religieux : la chapelle et la colline forment une propriété privée. Celle de l’Asso- ciation Œuvre Notre-Dame du Haut, lointaine « des- cendante » des 45 familles qui rachetèrent le site lors de la période révolutionnaire. C’est elle qui a porté la création en 2011 d’un nouvel accueil (la Porterie) et d’un monastère (avec le concours des Clarisses). Signés de l’architecte italien renommé Renzo Piano, ils sont enchâssés dans le terrain et jouent avec la lumière en ouvrant les portes à une architecture du XXI e siècle respectueuse de son aînée. Alors oui, « la propriété privée, avec la liberté qu’elle a apportée » a été un avantage, estime le président de l’AONDH. Sans cette marge de manœuvre, « il n’y aurait eu ni Le Corbusier ni Renzo Piano. Parce qu’il a fallu un peu de folie pour faire appel à de tels architectes, innovants, audacieux », sourit Noël Roncet. « UNE NOUVELLE ÈRE » Avec la Porterie, les visiteurs disposent d’un accueil à la hauteur du site. Revers de la médaille : l’association de loi 1901 doit maintenant faire face à ses emprunts jusqu’en 2040. 12,4 millions d’euros ont été injec- tés dans les aménagements (Porterie, monastère, refonte paysagère, parking) qui sont griffés du maître italien et du paysagiste Corajoud. Ces équipements « marquent une nouvelle ère pour Notre-Dame du PORTERIE Accueillir le monde entierNOËL RONCET «Un lieu vivant et habité» Haut et prolongent la précédente. Car Le Corbusier avait toujours eu l’idée d’édifier un accueil, de faire de ce site un endroit vivant. Faute d’argent, ça n’avait jamais été fait ». L’objectif, c’est de faire de la colline, avec la notoriété de Le Corbusier et Renzo Piano, un lieu « vivant et habité ». Tout en faisant cohabiter « tourisme, culture et spiritualité ». « Ce n’est pas toujours facile. Mais nous avons travail- lé à un accueil pluriel et équilibré ». Et l’association se félicite d’avoir su nouer avec les Clarisses de Besan- çon un projet partagé. « Leur présence est importante pour garder le côté religieux. C’est une présence per- manente et discrète. Il y a une symbiose assez heu- reuse entre les deux entités ! ». FISSURES ET RESTAURATION Noël Roncet regarde le futur avec optimisme. « Le site fascine les gens. Il est à la fois un point fort du patrimoine architectural moderne et un endroit spirituel ouvert sur l’avenir. Or notre monde a bien besoin d’un lieu de silence et de paix ». Mais la réalité de Ronchamp, c’est aussi une chapelle qui s’est détériorée. « Nous allons mener une phase expérimentale pour savoir quels traitements doivent notamment subir les bétons et les vitrages. La struc- ture de la chapelle est bonne. En revanche les crépis et films de béton sont soumis à d’énormes variations de températures. Il y a des fissures. C’est dans la logique des choses. Il faut s’habituer à vivre avec un béton soumis aux aléas d’un vieillissement sur lequel nous n’avons, finalement, que peu de recul ». C’est dire que l’AONDH a du pain sur la planche. Mais après l’intervention de Renzo Piano et du paysagiste Michel Corajoud, la colline est entrée dans le nouveau siècle, prête à conquérir plus de visiteurs, à offrir ses paysages environnants. Et si vous êtes simplement laïc et peu sensible à l’architecture, « il suffit, explique Noël Roncet, d’avoir le sens de la beauté et un peu d’humanité pour se laisser toucher par la beauté du site »Ghislain UTARD Vidéo de l’entretien avec Noël Roncet, par Yvan Gaudefroy sur www.estrepublicain.fr Près de 80 nationalités différentes en 2014… Ne cherchez pas : les visiteurs viennent du monde entier pour découvrir les courbes d’un chef- d’œuvre. Ce qui impose un accueil professionnalisé. Les visiteurs et pèlerins ? Ils sont à 70 % étrangers. Et si l’admiration des Japonais pour Le Corbusier est bien connue, les Chinois, les Coréens et plus globalement les Asiatiques sont de plus en plus friands de Ronchamp. Ils y croisent, pour cause de voisinage ou de nationalité partagée avec le franco- suisse Le Corbusier, de très nombreux Allemands et Helvètes. La nouveauté, c’est l’afflux des Italiens. Il est vrai qu’avec la signature de Renzo Piano sur le monas- tère et le pavillon d’accueil (porterie), les Transalpins se lancent du même coup sur les traces d’un prestigieux compatriote qui a griffé le Centre Georges-Pompidou ou l’Académie des Sciences de Californie. « UN TARIF DANS LA NORME » À travers la Porterie, une entreprise qui est son émanation, l’association propriétaire (AONDH) travaille à « valoriser et animer les lieux », essaie de générer des bénéfices pour entretenir le site. Site ouvert toute l’année ( sauf le 1 er janvier). 1 er avril au 31 octobre : 9 h –19 h. 1 er novembre au 31 mars : 10 h – 17 h. Téléphone Porterie : 03 84 20 65 13. Accès : 8 €, 4 € pour les 8-17 ans, gratuit pour les moins de 8 ans. Courriel : accueil@collinenotredameduhaut. En contrebas de la chapelle, la Porterie offre désormais un accueil professionnalisé aux visiteurs. Photo Ghislain UTARD – L’Est Républicain ©RPBW Noël Roncet, président de l’AONDH propriétaire du site : « faire cohabiter le tourisme, la culture et la spiritualité ». ©Photo ER

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Page 1: 12 13 «Un lieu vivant - sites-le-corbusier.org · Signés de l’architecte italien renommé Renzo Piano, ils sont enchâssés dans le terrain et jouent avec la lumière en ouvrant

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Nouveau pavillon d’accueil, nouveau monastère, premier pas vers la restauration de la chapelle : l’association propriétaire du site revendique ce soupçon « de folie qu’il fallait pour faire appel à Renzo Piano après Le Corbusier ».Plutôt rare pour un édifice religieux : la chapelle et la colline forment une propriété privée. Celle de l’Asso-ciation Œuvre Notre-Dame du Haut, lointaine « des-cendante » des 45 familles qui rachetèrent le site lors de la période révolutionnaire. C’est elle qui a porté la création en 2011 d’un nouvel accueil (la Porterie) et d’un monastère (avec le concours des Clarisses). Signés de l’architecte italien renommé Renzo Piano, ils sont enchâssés dans le terrain et jouent avec la lumière en ouvrant les portes à une architecture du XXIe siècle respectueuse de son aînée. Alors oui, « la propriété privée, avec la liberté qu’elle a apportée » a été un avantage, estime le président de l’AONDH. Sans cette marge de manœuvre, « il n’y aurait eu ni Le Corbusier ni Renzo Piano. Parce qu’il a fallu un peu de folie pour faire appel à de tels architectes, innovants, audacieux », sourit Noël Roncet.

« UNE NOUVELLE ÈRE »Avec la Porterie, les visiteurs disposent d’un accueil à la hauteur du site. Revers de la médaille : l’association de loi 1901 doit maintenant faire face à ses emprunts jusqu’en 2040. 12,4 millions d’euros ont été injec-tés dans les aménagements (Porterie, monastère, refonte paysagère, parking) qui sont griffés du maître italien et du paysagiste Corajoud. Ces équipements « marquent une nouvelle ère pour Notre-Dame du

PORTERIE

Accueillir le monde entier…

NOËL RONCET«Un lieu vivant et habité»Haut et prolongent la précédente. Car Le Corbusier avait toujours eu l’idée d’édifier un accueil, de faire de ce site un endroit vivant. Faute d’argent, ça n’avait jamais été fait ».L’objectif, c’est de faire de la colline, avec la notoriété de Le Corbusier et Renzo Piano, un lieu « vivant et habité ». Tout en faisant cohabiter « tourisme, culture et spiritualité ».« Ce n’est pas toujours facile. Mais nous avons travail-lé à un accueil pluriel et équilibré ». Et l’association se félicite d’avoir su nouer avec les Clarisses de Besan-çon un projet partagé. « Leur présence est importante pour garder le côté religieux. C’est une présence per-manente et discrète. Il y a une symbiose assez heu-reuse entre les deux entités ! ».

FISSURES ET RESTAURATIONNoël Roncet regarde le futur avec optimisme. « Le site fascine les gens. Il est à la fois un point fort du patrimoine architectural moderne et un endroit spirituel ouvert sur l’avenir. Or notre monde a bien besoin d’un lieu de silence et de paix ».Mais la réalité de Ronchamp, c’est aussi une chapelle qui s’est détériorée. « Nous allons mener une phase expérimentale pour savoir quels traitements doivent notamment subir les bétons et les vitrages. La struc-ture de la chapelle est bonne. En revanche les crépis et films de béton sont soumis à d’énormes variations de températures. Il y a des fissures. C’est dans la logique des choses. Il faut s’habituer à vivre avec un béton soumis aux aléas d’un vieillissement sur lequel nous n’avons, finalement, que peu de recul ». C’est dire que l’AONDH a du pain sur la planche. Mais après l’intervention de Renzo Piano et du paysagiste Michel Corajoud, la colline est entrée dans le nouveau siècle, prête à conquérir plus de visiteurs, à offrir ses paysages environnants. Et si vous êtes simplement laïc et peu sensible à l’architecture, « il suffit, explique Noël Roncet, d’avoir le sens de la beauté et un peu d’humanité pour se laisser toucher par la beauté du site »… Ghislain UTARD

Vidéo de l’entretien avec Noël Roncet, par Yvan Gaudefroy sur www.estrepublicain.fr

Près de 80 nationalités différentes en 2014… Ne cherchez pas : les visiteurs viennent du monde entier pour découvrir les courbes d’un chef- d’œuvre. Ce qui impose un accueil professionnalisé.Les visiteurs et pèlerins ? Ils sont à 70 % étrangers. Et si l’admiration des Japonais pour Le Corbusier est bien connue, les Chinois, les Coréens et plus globalement les Asiatiques sont de plus en plus friands de Ronchamp. Ils y croisent, pour cause de voisinage ou de nationalité partagée avec le franco-suisse Le Corbusier, de très nombreux Allemands et Helvètes. La nouveauté, c’est l’afflux des Italiens. Il est vrai qu’avec la signature de Renzo Piano sur le monas-tère et le pavillon d’accueil (porterie), les Transalpins se lancent du même coup sur les traces d’un prestigieux compatriote qui a griffé le Centre Georges-Pompidou ou l’Académie des Sciences de Californie.

« UN TARIF DANS LA NORME »À travers la Porterie, une entreprise qui est son émanation, l’association propriétaire (AONDH) travaille à « valoriser et animer les lieux », essaie de générer des bénéfices pour entretenir le site.

Site ouvert toute l’année ( sauf le 1er janvier).

1er avril au 31 octobre : 9 h –19 h.

1er novembre au 31 mars : 10 h – 17 h.

Téléphone Porterie : 03 84 20 65 13.

Accès : 8 €, 4 € pour les 8-17 ans, gratuit pour les moins de 8 ans.

Courriel : accueil@collinenotredameduhaut.

En contrebas de la chapelle, la Porterie offre désormais un accueil

professionnalisé aux visiteurs. Photo Ghislain UTARD – L’Est Républicain ©RPBW

Noël Roncet, président de l’AONDH propriétaire du site : « faire cohabiter le tourisme,

la culture et la spiritualité ». ©Photo ER

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Elle a surtout, explique la directrice Lucile Hervet, « professionnalisé l’accueil » des quelques 61.000 visiteurs (2014) autour d’un joyau qui est à lui seul une invitation à la découverte de l’architecture moderne, de l’usage du béton, des jeux avec la lumière et les reliefs du terrain. À l’arrivée, le regard englobe ainsi la création de Piano que surplombe celle de Le Corbusier, laquelle révèle ensuite toute sa puissance. La Porterie qui s’ouvre sur le paysage et un jardin d’hiver, offre une salle d’accueil avec bancs de béton entourant un grand insert de cheminée. Salle d’expo, maquettes, bou-tique… composent cet ensemble qui mène vers le haut de la colline et la chapelle. Moyennant finances…« Le tarif de 8 € est dans la norme des sites culturels », estime Lucile Hervet. « Il doit permettreà l’AONDH de faire face à ses emprunts, de contribuer au développement touristique et économique de ce site privé ».

VALORISATION, ANIMATIONPour garantir le respect de la dimension religieuse ancestrale de cette colline, « la gratuité a été instaurée pour les habitants de Ronchamp- Champagney puis élargie à toute la Communauté de communes Rahin et Chérimont ». Les visiteurs extérieurs peuvent souscrire un abonnement de 10 € pour l’année.La double vocation du site, religieuse et architecturale, impose d’ailleurs une approche qualitative. Pas question de multiplier les produits dérivés comme un Disneyland ! « Nous sommes extrêmement prudents », indique Lucile Hervet dont l’équipe a pour mission essentielle de faire vivre le site. « Outre des animations, nous programmons un événement majeur par an ».La Porterie permet aussi de proposer des visites guidées en français, allemand, italien, voire en néerlandais et suédois. Un des dépliants se décline en japonais. La « Colline Notre-Dame du Haut » a d’ailleurs décroché le label « Qualité Tourisme Franche-Comté ». L’année dernière,le site a enregistré des visiteurs de douze nouvelles nationalités. Vous avez dit « mondialement connu » ?G.U

Un monastère ouvert sur le monde

Les sœurs clarisses de Besançon ont tout quitté pour rejoindre en 2011 leur nou-veau monastère dessiné par une star de l’architecture.

Avec la conception du monastère Sainte- Claire, Renzo Piano n’a rien voulu faire d’autre que du Renzo Piano, tout en ne cachant rien de ses héritages, de ses inspirations et de son admiration pour Le Corbusier. Son premier geste a été de tracer un cercle sur le plan de la colline afin de s’éloigner de 100 mètres au moins de l’édifice corbuséen. Les corps de bâtiment du monastère et de la Porterie sont venus épouser ces cercles concentriques. Enfouir les structures dans la déclivité de la colline permettait également de préserver le regard. Le projet pouvait se concrétiser… Il est l’aboutissement d’une ren-contre.L’association AONDH cherchait à faire vivre sa colline, la petite dizaine de sœurs de Besan-çon, une communauté installée dans la cité depuis sept siècles et demi, souhaitait vendre son monastère pour d’autres horizons… Le rapprochement était naturel. Il a doublement pris une dimension extraordinaire avec le maestro italien.De « très longs échanges » ont eu lieu entre les sœurs, Renzo Piano et Paul Vincent. Les architectes qui n’avaient, jusqu’ici, jamais réa-

lisé de bâtiment cultuel, ont voulu « tout com-prendre du fonctionnement d’un monastère ». Ainsi est né ce bâtiment, respectueux de l’usage, à la fois lové dans la colline et ouvert aux paysages, réceptacle de lumière et racines spirituelles. Ce bâtiment comprend un lieu de vie commune, un espace d’accueil des retrai-tants, un oratoire et les cellules des sœurs cla-risses. L’oratoire, une petite chapelle ouverte au public, est justement là où s’exprime le plus bel hommage à Le Corbusier, avec le principe d’une arche inversée qui semble ne pas repo-ser sur les murs porteurs, un puits de lumière qui descend sur un mur penché (à l’image du mur Sud de la Chapelle de Le Corbusier) pour suggérer une impression d’immatérialité. Les murs extérieurs sont entièrement en verre rythmé par des châssis en aluminium à l’effet « persienne » selon les angles de vue, ce qui préserve l’intimité contemplative des sœurs. À l’extérieur, une sorte de cloître déroulé est ouvert sur la forêt. Et puis du sommet de la colline, au pied de la chapelle, on n’aperçoit seulement du monastère de Piano qu’un petit campanile qui dépasse. C’est sûrement un hommage à Jean Prouvé qui a dessiné celui de la colline et qui fut aussi un grand ami et maître de Piano… Didier FOHR

Objectif du projet de Renzo Piano pour la Porterie et le monastère :

être invisibles depuis Notre-Dame du Haut. ©RPBW, 2015, Paris.

Une maquette de la colline à découvrir à la Porterie. ©Photo Ghislain Utard - L’Est Républicain

©Photo Ghislain Utard - L’Est Républicain ©

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RENZO PIANO L’HUMANISTESon nom est indissociable du centre Pompidou qu’il a signé avec l’Anglais Richard Rogers. Il avait seulement 33 ans ! On lui doit la Fondation Seydoux-Pathé et il a dessiné le nouveau Whitney Museum de New-York. En s’attachant le talent de l’architecte Renzo Piano pour imaginer la Porterie et le monastère de Ronchamp, les propriétaires de la colline ont voulu une signature à la hauteur d’une mission délicate. L’Italien est au rang des lauréats (1998) du Prix Pritzker, considéré comme le « Nobel » des architectes. Né à Gênes en 1937 dans une famille de constructeurs, Renzo Piano est attaché à ce qu’il appelle la « vérité du lieu ». Il ne dit jamais « oui » à un projet sans avoir vu le site. Sa démarche est avant tout humaniste sinon poétique. Ronchamp n’est qu’une petite pierre dans une carrière rythmée par le New York Times Building, l’extension-rénovation des Harvard Art Museums, la London Bridge Tower, l’Académie des Sciences de Californie, la fondation Beyeler… Chacune de ses réalisations ne ressemble à aucune autre. L’homme ne raisonne pas qu’en termes de formes. Il pense lumières, légèreté, avenir de la planète, évolution des périphéries urbaines… En août 2013, le président de la République italienne Giorgio Napolitano l’a nommé sénateur à vie. G.U.

Renzo Piano et Paul Vincent : « Avec une porterie et un monastère semi-enterrés, l’architecture et le paysage ne font plus qu’un ». Photo DR- ©RPBW, 2015, Paris.

14LE PROJET

Se glisser dans les plis de la colline

Des visiteurs du monde entier viennent à Notre-Dame du Haut pour son architecture et/ou pour se recueillir. Quelles idées ont conduit le projet, pourquoi l’avoir amendé ?

Renzo Piano ne cherchait pas la confrontation mais une façon de se mettre au service de la chapelle, des sœurs, des visiteurs. Cette humilité est une force. Le projet est puissant grâce à sa volonté de se glisser doucement, intimement, dans les plis de la colline, de tracer ainsi ces lignes d’horizon. On découvre avec ravissement cet habitat semi-enterré car l’architecture et le paysage ne font plus qu’un. Le projet n’a jamais été amendé ! Cela faisait plaisir à ses ennemis de le croire. Renzo Piano l’a fait évoluer, en continu, en se nourrissant des contraintes et en se remettant au travail afin de progresser. C’est son processus de création. J’ai joué mon rôle de fourmi ouvrière entêtée, de médiateur forcené aux côtés des acteurs du projet.

Comment conduit-on un tel chantier avec une association comme l’AONDH et des religieuses, des maîtres d’ouvrage peu « classiques » ?

Un projet est la plupart du temps le miroir d’un maître d’ouvrage. Conduire un projet puis un chantier avec des personnes d’une telle valeur morale et sérénité est une leçon de vie. Vous ressortez différent. Nous avons franchi les obstacles main dans la main. Renzo Piano et notre ami paysagiste, le grand Michel Corajoud, se sont

Paul Vincent a dirigé, en qualité d’architecte chef des projets et partenaire de Renzo Piano, la construction de la Porterie et du monastère Sainte-Claire.

2015 marque les 50 ans de la disparition de Le Corbusier. Au-delà de sa part d’ombre, qu’a-t-il apporté aux architectes ?

Il est l’un des plus grands inspirateurs de l’architecture moderne avec Mies, Aalto, Gropius. Il représente une référence indiscu-table, qui n’a pas d’âge, ne vieillit pas ! Chacun de ses projets reste extrêmement contemporain. La chapelle de Ronchamp est une référence innovante, lumineuse ; celle qui nous donne envie d’exercer ce métier, de recevoir et transmettre.

Renzo Piano a réalisé des dizaines de musées. Est-ce en spécialiste de l’art qu’il a abordé ce chef-d’œuvre ?

Renzo Piano a hésité à accepter cette mis-sion. Il a été convaincu par l’absolue néces-sité d’habiter la colline, de la faire vivre, d’y assurer une présence spirituelle. Le Corbusier avait lui-même esquissé un projet. Renzo Piano a souhaité intervenir en « humaniste » respectueux, non en spécialiste de l’art. Pour ma part, j’ai été un « développeur » actif du projet. J’y ai mis avec notre petite équipe toute ma passion. Au même titre que l’avait fait, dans l’agence de Le Corbu-sier, André Maisonnier, véritable artisan de la réalisation de la chapelle, et Lannis Xenakis, fabuleux ingénieur et musicien.

PAUL VINCENTInterview

beaucoup investis. Michel a souffert des polémiques stériles autour du projet. Les clarisses, dont sœur Brigitte de Singly, ont été fabuleuses, à l’écoute. Tout comme les membres de l’association : Jean-François Mathey, Jean-Jacques Virot, Patrick Gillmann, Raoul Sauron.Face à l’adversité inique, il s’agit d’avancer pas à pas sans se retourner…

Quels étaient les principaux écueils techniques de ce projet par ailleurs récompensé par le Moniteur, avec un prix spécial, dans le cadre de son Equerre d’argent ?

L’insertion était délicate, coûteuse à mettre en œuvre dans ce site classé. Il fallait, depuis la chapelle, être invisible tout en ayant une présence, donner la sensation que des « elfes » joyeux habitent désormais cette terre. Les travaux de terrassements et de gros œuvre ont été complexes avec l’application stricte de la règlementation sismique. S’y ajoutait la nécessité de construire un habitat vertueux, économe en énergie... De quoi êtes-vous le plus fier ?

De tous ceux qui se sont unis autour du projet en faisant preuve de tolérance, écoute et passion ! J’espère que les visiteurs sentent cette humilité inscrite dans la terre du lieu.

Recueilli par Ghislain UTARD

RENZO PIANO

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ALBIZZATI : « des gens qui travaillent beaucoup »

La construction du monastère et de la Porterie a impliqué de nombreux essais pour élaborer un ciment clair et de haute performance.

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BARTHOLDI, VAUBAN,OU LE CORBUSIER, CERTAINS N’ONT PAS RAMENÉ DE SOUVENIRS, ILS EN ONT LAISSÉ.

De la citadelle Vauban à Besançon au château de Montbéliard, en passant par la chapelle Le Corbusier de Ronchamp ou la Saline Royale d’Arc-et-Senans, venez découvrir un patrimoine d’une richesse exceptionnelle... Culture, nature et gastronomie, faites le plein de souvenirs monumentaux !

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À Danjoutin, près de Belfort, Alain Albizati (1), le patron de l’entreprise de bâtiment choisie pour la cons- truction du monastère Sainte-Claire et de la Porterie, raconte cette aventure avec émotion.Et si on lui demande si ce chantier était particulier,il répond qu’ils le sont tous… Et pourtant : « Nous avions trois donneurs d’ordre et l’architecte était quand même Renzo Piano... Il se trouve que tous ces gens travaillent énormément, avec le souci du moindre détail. J’ai été frappé par le fait que cha-cun écoutait beaucoup. Il y avait une très grande qualité d’échange, une grande conscience du mé-tier de chacun ». Et puis d’abord le choix du béton. De nombreux essais ont été réalisés pour trouver

l’agrégat naturel qui puisse ré -pondre aux exigences du projet (c’est du « roulé du Rhin » qui a été choisi) avec des ciments par-

ticuliers, très clairs et à haute-performance. « Il aurait été plus simple de choisir du béton blanc mais ce n’était pas l’intention, il a fallu trouver la bonne formule ». Dans la conception également, le souci de la précision était primordial avec de très sévères contraintes thermiques et d’isolation puisque le bâtiment est semi-enterré. « Chaque dé-tail comme celui des arêtes d’angle, de la lumière, des couleurs très précises participent au sentiment de l’expérience du lieu, à un sentiment global. C’est toute une réflexion que nous avons menée ensemble. Oui, nous sommes fiers de tous les chantiers et de celui-là aussi ». D.F.

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L’entreprise comtoise Albizzati a construit monastère et Porterie. Un savoir-faire au service d’un chantier soucieux du détail.

(1) Les noms de la famille et de l’entreprise ont une orthographe diffé-rente pour des motifs historiques.

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ANIMAT

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ANIMATIONS et FESTIVITÉS

JEUDI 25 JUIN Lancement du comité de soutien pour la candidature UNESCOMUSIQUE - DUO DE CORDESConcert au profit des restaurations de la chapelle.La violoniste Marianne Piketty et le violoncelliste Raphaël Unger interprètent des œuvres classiques (Bach, Ysaÿe, Kodály…). Le 25/06 à 20h à Notre-Dame du Haut. Participation libre.

SAMEDI 27 JUINTarification unique pour tous : 2€. Les 27 et 28 juin.Concours artistique ouvert à tous. Trois catégories seront proposées : enfants, jeunes, adultes. Un comédien costumé en Le Corbusier sera présent tout le week-end avec des interventions ludiques tout au long des deux journées.Petite restauration proposée sur place.

MATIN- 9h30 : visite guidée thématique  Le Corbusier, un artiste complet : on ignore souvent que Le Corbusier a habillé lui-même ses réalisations architecturales de meubles, peintures, sculptures ou tapisseries de sa propre main. Presque tous ces aspects de Le Corbusier, comme artiste polyvalent et amoureux de la synthèses des arts, s’illustrent magnifiquement à la Colline Notre-Dame du Haut.- 11h : visite guidée théâtralisée Jean Winiger, comédien et meteur en scène de la pièce « Le Corbusier un sacré rôle », s’attache à faire revivre l’héritage de Le Corbusier sur la Colline Notre-Dame du Haut. Cette visite théâtrale est donc l’occasion de partir sur les traces de l’architecte avec un comédien, copie conforme de Le Corbusier.MIDI : pique-nique géant tiré du sac.APRÈS-MIDI : - 14h30 : visite guidée théâtralisée- 16h30 : concert dans la chapelle des œuvres d’Albert Jeanneret (frère de l’architecte Le Corbusier).SOIRÉE : pique-nique tiré du sac à compter de 19h.- 20 h : concert de Clara YUCATAN, groupe « pop air bag » de Besançon à la musique légère et énergique, - 22 h : projection de 2 courts métrages « L’architecte du bonheur » et « Pour une vie, pour une ville ».- 23 h : lâcher de lanternes volantes.

DIMANCHE 28 JUIN- 9h30 : visite guidée théâtralisée- 11h : messe en plein air de la chapelle Notre-Dame du Haut suivie des discours d’inauguration de la chapelle en 1955- à partir de 12 h : pique-nique géant tiré du sac.- 14h30 : visite guidée théâtralisée- 16h30 : visite guidée thématiqueAnimations pour les enfants.Détails sur :www.estrepublicain.fr et www.collinenotredameduhaut.com

Le Festival M4H associe des jeunes prodiges sur la colline de Bourlémont Photo DR

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les 25-27 et 28 juin60e anniversaire FE

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Le site www.collinenotredameduhaut.comhistoire, découverte et programme d’animations. Interview vidéo du président de l’AONDH sur www.estrepublicain.frL’association des sites Le Corbusier : www.sites-le-corbusier.org/fr/ Fondation Le Corbusier : www.fondationlecorbusier.frLe projet de porterie et monastère sur le site de Renzo Piano Building Workshop : www.rpbw.comDisparu en 2014, le paysagiste Michel Courajoud était sur le web : http://corajoudmichel.nerim.net/www.clarisses-a-ronchamp.fr/clarissesPour découvrir la chapelle en 3D et les photos des internautes, cap sur Google Earth. Le Géoportail de l’IGN (www.geoportail.gouv.fr) permet un aperçu aérien, tout en remontant dans le temps.LA HAUTE-SAÔNEConnaître et séjourner : www.destination70.com. Le Département : www.haute-saone.frNouveau site de balades pédestres, cyclistes, fluviales, équestres : www.balade-haute-saone.fr Les Petites Cités Comtoises de Caractère : www.petites-cites-comtoises.org Le passé minier de Ronchamp sur www.mineronchamp.fr La Maison de la Négritude et des Droits de l’Homme à Champagney, près de Ronchamp : www.maisondelanegritude.fr

EXPOSITIONSUNE CHAPELLE INSPIRÉE : LES SOURCES DE LE CORBUSIER L’histoire de l’architecture, les arts plastiques, les techniques industrielles et la nature sont sources d’inspiration pour Le Corbusier qui en a tiré un répertoire de formes mis en œuvre à Notre-Dame du Haut. Jusqu’au 01/11. Tarif : inclus dans le droit d’entrée.

CRÈCHES DU MONDEA l’occasion des fêtes de fin d’année, La colline Notre-Dame du Haut se pare de crèches variées et colorées. Ces nombreuses scènes de la Nativité se distinguent par leur traitement, les matériaux employés ou bien même leur origine géographique. Pour cette deuxième édition, partez à la découverte de ces objets hors du temps...Du 16/11/2015 au 10/01/2016. Tarif : inclus dans le droit d’entrée.

VISITES-CONFÉRENCESLes réservations au 03 84 20 73 27 sont obligatoires pour les visites-conférences.« LA CLEF C’EST LA LUMIÈRE »Dans la chapelle, Le Corbusier a multiplié les éclairages indirects, les couleurs et les dessins sur ses vitrages. Secrets à découvrir lors d’une « promenade architecturale ». 29/07, 19/08, 26/09 à 15h. Tarifs : 12€ adultes / 6€ pour les 8 -17 ans.

VISITE GUIDÉE DE L’EXPOSITION UNE CHAPELLE INSPIRÉE : L’architecture, les arts, les voyages et la nature sont sources d’inspiration pour Le Corbusier. 18/07, 12/09, 24/10 à 15h. 12€ adultes / 6€ pour les 8-17 ans.

LE CORBUSIER, UN ARTISTE COMPLETLe Corbusier, artiste polyvalent, a habillé ses réalisations architecturales de meubles, peintures, sculptures de sa propre main. 19/09 et 20/09 à 15 h 30, 17/10 à 15h . 12€ / 6€ pour les 8 -17 ans. Inclus dans le droit d’entrée pour les Journées du Patrimoine.

NOCTURNE À NOTRE-DAME DU HAUT Le temps d’une soirée, découvrez les richesses du patrimoine de la Colline. 10/07, 24/07, 04/08 (Musique aux 4 horizons), 21/08. A 19h30 (20h30 pour le 04/08). 12€ adultes / 6€ pour les 8 -17 ans. Pour le 04/08 (Festival Musique aux 4 horizons) : 35€ adultes / 17,50€ pour les 8 -17 ans.60 ANS DE BÉTON À RONCHAMPDe Le Corbusier à Renzo Piano, le béton a été le matériau le plus utilisé sur la Colline. Visite thématique avec un architecte. 3/10, 7/11 à 15h.12€ adultes / 6€ pour les 8 -17 ans.LE MONASTÈRE SAINTE-CLAIREEn 2011, la Colline a accueilli un nouveau monastère. Visite guidée avec une moniale. 9/10, 21/11 à 15h. Tarif : inclus dans le droit d’entrée.

LES TRÉSORS DE RONCHAMPLES CROIX DE LE CORBUSIERLa chapelle se compose de nombreuses croix dessinées par Le Corbusier qui, conservées dans les archives, sont exceptionnellement sorties et expliquées. 05/09 à 15h. 12€ adultes / 6€ pour les 8 -17 ans. Réservation au 03 84 20 73 27.

CONFÉRENCESConférences gratuites, places limitées. Réservations au 03 84 20 73 27

RONCHAMP, ABOUTISSEMENT DE L’ART RELIGIEUX AU XXe S. FRANÇAIS par Françoise Caussé, historienne de l’art. Le 8/09 à 16h Colline Notre-Dame du Haut.

« JE RÊVAIS »Un thème dans la peinture de Le Corbusier par Nicolas Surlapierre Conservateur des musées de Belfort. Le 16/09 à 18h Tour 46, rue Bartholdi à Belfort.

LA CHAPELLE ET LE PATRIMOINE MONDIAL DE L’UNESCO par Gilles Ragot, professeur d’Histoire de l’art. Le 23/09 à 20h, Saline royale d’Arc-et-Senans (25).

AUTOUR DE L’UNESCO : ITINÉRAIRE CULTUREL EUROPÉEN DES SITES LE CORBUSIER par Marc Petit des sites Le Corbusier. Le 05/11 à 18h Colline de Ronchamp.

SPIRITUALITÉ SÉJOUR MONASTIQUEÀ l’écoute de l’Évangile, découverte et partage de la vie des clarisses à Ronchamp. Ouvert aux 18 à 35 ans. Du 27/08 à 17h au 30/08 à 18h. Contact : [email protected]. PÈLERINAGESLes 15 août et 8 septembre.Programme détaillé à télécharger sur estrepublicain.fr

JOURNÉES EUROPÉENNES DU PATRIMOINELe site de Ronchamp propose, sauf exception, des animations incluses dans le droit d’entrée les 19 et 20 septembre : à 11 h et 17 h, visite conférence de la Colline Notre-Dame du Haut et 15 h 30 conférence « Un artiste complet ». Uniquement le samedi (entrée 10 €) : à 19h30 du théâtre avec « Le Corbusier, un sacré rôle ».A VOIR AUSSI …Quelques repères parmi les événements prévus pour le cinquantenaire de la mort de Le Corbusier. • Le Centre Pompidou consacre à Paris, jusqu’au 03/08 (11h–21h) une rétrospective de son œuvre à travers quelque 300 pièces. Une salle est consacrée au Modulor, notion inventée par l’architecte (silhouette humaine standard pour gérer l’espace).• À la Maison La Roche (Paris), la Fondation Le Corbusier expose œuvres, peintures, sculptures, installations. « Re-Corbusier » : jusqu’au 06/07.• La célèbre Villa Savoye à Poissy propose tout au long de l’année des expositions et animations. Ouverture au public les 19/20 septembre de la maison du jardinier restaurée…• À Belfort, « Archi peintre ou Le Corbusier imagier », jusqu’au 22/09, salles d’exposition temporaire des Musées de Belfort. Dans la même ville, jusqu’au 22/09 : la Donation Jardot.• À la Saline Royale d’Arc-et-Senans, « L’indicible », jusqu’au 28/08.• À la cité de l’Architecture (Paris) à partir du 11/11 : « Chandigarh, 50 ans après Le Corbusier », capitale du Penjab (Inde) sur laquelle travailla Le Corbusier.

La colline de Ronchamp est le cadre du Festival Musique aux 4 Horizons. Cet événement accueille des musiciens en résidence et propose une série de concerts.« Le Festival M4H est un lieu de vie musicale, pédagogique, où nature et musique permettent de relier les communautés », expliquent Marie Christine et Paul Vincent, co-fondateurs de l’association. « Accueillir sur la Colline, du 1er au 9 août 2015, dans la chapelle et le monastère, 10 jeunes prodiges de toute l’Europe créent un festival unique. Le but est aussi de donner, avec la violoniste et professeur Marianne Piketty, et grâce à une programmation contemporaine inédite, une image neuve de la région ».

L’ambition est de pérenniser le festival. « Nous faisons partie comme « Master Class » du dossier de demande d’inscription à l’Unesco. Nous avons 3 ans pour devenir un Festival de cordes contemporain unique en Europe... ou disparaître ». L’édition 2015 permet avec ses musiciens de talent de jouer les compositions les plus ardues. Iannis Xenakis, l’ingénieur de Le Corbusier, sera au programme comme Vasks et Shostakovitch, aux côtés de Barber, Isaye, Britten, Schubert, Vivaldi, Bach, Brahms. Cerise sur le gâteau : un concerto commandé spécialement pour ces dates anniversaire à Tomas Bordalejo, jeune compositeur argentin, sur le thème de « l’Ombre et la Lumière » cher à Le Corbusier.Programme sur www.musiqueaux4horizons.com

FESTIVAL MUSIQUE AUX 4 HORIZONS

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La Haute-Saône,votre destination touristiqueau sud des Vosges

Partir en randowww.balade-haute-saone.fr

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« L’architecture est le jeu savant, correct et magnifique  des formes sous la lumière… » a écrit Le Corbusier.

Lumière sur une œuvre unique

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Harmonie douce et insolite des formes galbées, clarté éclatante du crépi blanc, ferveur du béton. La chapelle transcende tous les codes. Visite de la plus inspirée des œuvres de Le Corbusier, apôtre de l’architecture moderne.

Notre-Dame du Haut s’apprécie d’abord de loin. Pour cela, il faut arriver par la RN19. Quel que soit le temps, la cha-pelle apparait alors dans une clarté blanche au milieu des bois, perchée sur la colline de Bourlémont, au-dessus de Ronchamp (474m). Puis, deux possibilités se présentent au visiteur. La voiture : au centre de la commune, un em-branchement conduit vers le sanctuaire, 121 m plus haut. Mais ce n’est pas le meilleur chemin. Ceux qui peuvent marcher préfèreront monter à pied, en empruntant le che-min historique des pèlerins. Pour cela il faut prendre la « rue de la Chapelle », puis la « rue de la Cure » juste après le pont de chemin de fer, à gauche. Petite anecdote : sur le linteau de la porte du presbytère, en retrait de la rue, on peut lire cette inscription : « MCMVII Régnatibus impiis » (1907, sous le règne des impies). Lors de la séparation de l’Église et de l’État, chassé du presbytère situé alors juste à côté de l’église paroissiale du village Notre-Dame du Bas, le curé de Ronchamp fit construire une nouvelle cure. Elle sert aujourd’hui pour les besoins de la paroisse ; elle per-met aussi d’abriter des frères franciscains qui participent durant l’été à l’animation spirituelle de la chapelle Notre-Dame du Haut, avec le chapelain, lui-même franciscain. Au bout de la rue de la cure, on arrive près du cimetière de Ronchamp. Le sentier qui mène au sanctuaire en longe le mur puis s’enfonce en montant dans le bois. Il est un peu raide et assez glissant par temps de pluie mais offre un précieux temps de silence et de méditation au milieu des arbres. Les stations d’un Chemin de croix invitent les pèle-rins au recueillement. Le sentier débouche sur une prairie. Notre-Dame du Haut jaillit, telle une sculpture moderne ancrée sur le sommet de la colline. De là, on pénètre sur le site par la Porterie.Avant d’entrer dans la Chapelle, il faut faire le tour de l’édifice. Lentement pour apprécier toutes les subtilités de ce mémorial de la Paix et de l’Amour contre lequel le fracas du monde s’évanouit dans une lumière immacu-lée. Patiemment pour laisser au regard le temps de suivre l’envol des murs crépis de blanc vers un ailleurs mysté-rieux. En admirant le gonflement du toit en béton brut, on se souviendra avec amusement que sa forme est inspirée

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d’une coque de crabe que l’architecte avait ramassé sur une plage de Long Island, près de New York. Poursuivant le tour vers l’est, on se trouve face au chœur extérieur, abrité par le débord du toit. Il est la réplique de celui intérieur. C’est là que se tiennent, à la belle saison, les offices et les assemblées des grands pèlerinages. À ces occasions, la statue de la Vierge du XVIIe siècle (rescapée de l’ancien sanctuaire détruit en 1944), installée au-dessus de l’autel, est retournée. Une ouverture, la seule importante dans la paroi, permet de la voir depuis l’extérieur tout en parais-sant ouvrir sur l’infini. Sentiment renforcé par le toit bombé pointant vers le ciel.L’arrière de la chapelle est plus austère avec ses trois tours hémisphériques (de 15 à 22 m de haut) abritant les chapelles secondaires. Là aussi, l’architecte s’est inspiré d’un souvenir : « En 1910, j’avais repéré un truc comme ça creusé dans une grotte romaine à Tivoli ». On remarquera aussi cet étrange gargouille que d’aucuns ont comparé… à une piste de saut à ski ! Elle déverse l’eau qui s’écoule du toit dans un grand bassin de béton décoré de trois formes géométriques (symbolisant la tri-nité ?), elles sont également de béton. Les pèlerins ont l’habitude d’y jeter une pièce en formulant un souhait. En face s’élève le Portique des cloches conçu en 1974 par l’ingénieur nancéien et grande figure de l’architecture du XXe siècle, Jean Prouvé. Deux ont été récupérées des anciennes chapelles qui se sont succédé ici.Il reste à découvrir l’intérieur. Le sol en pente glisse vers l’autel principal. La statue de la Vierge se découpe en contre-jour dans la fenêtre du mur est. Les bancs de béton et de bois sculpté sont curieusement placés sur le côté de la nef : Le Corbusier voulait laisser l’espace libre pour la circulation des pèlerins. Mais ce qui surprend le plus c’est la lumière. Travaillant sur le projet de la chapelle, l’archi-tecte écrivit dans un carnet : « Il n’y aura pas de fenêtre, la lumière entrera partout comme un ruissellement ». C’est tout le paradoxe de cet édifice : de l’extérieur, il paraît presque dénué d’ouvertures, à l’instar des mosquées dont celle de Sidi Brahim d’El Atteuf, qu’il découvrit en 1931. Et pourtant, l’intérieur est baigné d’une luminosité tout en nuances qui incite au recueillement. En fait, le grand mur, exposé au sud-est, est percé d’une trentaine de fenêtres octogonales de dimensions diverses et habillées de vi-trages blancs ou colorés. L’effet est accentué par d’autres ouvertures ici et là, comme celles minuscules dispersées dans le mur derrière l’autel. Avant de partir, il faut descendre vers le fond du parc et de nouveau s’imprégner du monument, étrange paquebot avec sa proue hardie, ses étranges cheminées-périscopes. Pour se décharger de son fardeau et mieux partir vers soi. « J’ai voulu créer un lieu de silence, de prière (…) et de joie intérieure », disait Le Corbusier. Jérôme ESTRADA

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LIV- RES

LES PHOTOS OUBLIÉES DE RONCHAMP Deux classeurs de 72 planches-contacts, soit près de 900 photos d’exception : voilà ce que représente la cha-pelle Notre-Dame du Haut vue par Charles Bueb, qui y a suivi l’aventure de Le Corbusier. Ses négatifs sont restés soigneusement rangés pendant 50 ans. À part la famille

de Charles Bueb, presque personne n’en connaissait l’existence ! Un livre réunit pour la première fois une importante sélection de ces archives et apporte un fabuleux éclairage sur la construction et l’atmos-phère de l’époque. Disparu en 2007, Charles Bueb, n’était pas un photographe spécialisé en architecture

mais un homme curieux du monde. En 1951, il commence une carrière de journaliste photographe et à la Gazette des Mines, revue des Mines de Potasse d’Alsace dont il devient rédacteur en chef. Il a immortalisé le bouillonnement de l’ex-ploitation et de sa cité. C’est l’abbé Ferry, un ami et membre de la Commission d’Art sacré du diocèse de Besançon, qui l’invite à l’accompagner sur la colline haut-saônoise. Le photographe va assister à la naissance de l’œuvre de Le Corbusier. Il fixe sur la pellicule les prouesses humaines des bâtisseurs, saisit avec son Rolleiflex un chantier très visité. Après la construction, il retournera sur la colline à plusieurs reprises, réalisant des clichés surprenants ! « Charles Bueb, Ronchamp, Le Corbusier », Éditions Facteur Humain , 31 €. Textes de Jean-François Mathey (AONDH), Claude Parent, David Liaudet. En vente notamment à la Porterie de Ronchamp.

À lire aussiCollection « Les patrimoines » de L’Est Républicain : « La Colline Notre-Dame du Haut, Le Corbusier, Jean Prouvé, Renzo Piano à Ronchamp » (à paraître en juin)En 52 pages et de nombreuses images, toute l’histoire de la Colline, la construction de la Chapelle de Le Corbusier, du monastère et de la Porterie de Renzo Piano. 7€. « Un Corbusier » de François Chaslin, Édition du Seuil, 24€.« Le Corbusier, un fascisme français », de Xavier de Jarcy, Éditions Albin Michel, 19€.« Le Corbusier, la planète comme chantier », de Jean-Louis Cohen, Textuel, 35€.

« Le Corbusier le Grand, » Éditions Phaïdon, 45€.« Le Corbusier, une froide vision du monde », de Marc Perelman, Michalon 19€.

SOUCOUPES VOLANTESCertains voient dans la toiture de Notre-Dame du Haut une sorte d’aile volante. Clin d’œil de l’histoire : on a sans doute oublié que dans les années 50, on parlait surtout d’objets volants non identifiés. Les « soucoupes » étaient dans l’air du temps ! Tandis que se ficelait le projet de Ronchamp, l’actualité était nourrie par l’apparition de mystérieux aéronefs un peu partout dans le monde. Une déferlante. Y compris dans l’Est. Un membre de la société des Sciences Lettres et Arts de Haute-Saône l’affirmait à la presse en octobre 54 : « La lune pourrait être la plate-forme de départ des mystérieux engins célestes ». À la même époque, un surveillant pénitentiaire lorrain affirmait avoir vu une soucoupe volante posée à Toul tandis qu’à Morez en Franche-Comté un ado signalait un objet brillant métallique au ras du sol puis une boule de feu…

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Image étonnante signée Charles Bueb © : la modernité de la DS et celle de la chapelle.

Ce cliché est la couverture d’un livre riche en images.

L’édifice est construit sur le sol naturel sans nivellement : il suit donc la pente du terrain qui monte presque symboliquement vers l’autel principal.

Photos Jérôme Estrada-L’Est Républicain © ADAGP

Dans la chapelle, la lumière diffuse crée

l’émotion, mais également le sentiment du sacré.

Le Corbusier a multiplié les éclairages indirects,

les couleurs et les dessins aux significations

symboliques sur ses vitrages.

Le bâtiment est doté de trois tours (une de 22 m de haut, les deux autres de 15 m de haut) dont la forme rappelle les stèles funéraires d’Ischia.

La porte d’entrée (ouverte lors des célébrations) est recouverte

sur chaque face de 8 tôles d’acier émaillé à 760 degrés de chaleur

(une première en architecture). Sur celle extérieure,

Le Corbusier lui-même a réalisé une fresque, qui se distingue

des traditionnelles peintures religieuses par la modernité de son motif.

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Regards croisés

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Comme la carapace du crabe découvert sur une plage de Long Island, la toiture est creuse. C’est une coque de bé-ton, dont les deux membranes sont séparées par un vide de 2,26 m.

Artiste polyvalent, Le Corbusier a travaillé

la grande porte mais aussi les vitrages

qui jouent avec les ambiances

lumineuses.

Détail de la fresque sur la porte d’entrée. Attirent particulière-ment l’attention, deux mains : l’une rouge, qui bénit, l’autre bleue, qui pardonne.

Façade nord, se trouve la porte par laquelle les pèlerins pénètrent dans la chapelle. Elle est surmontée de deux fenêtres, disposées à la verticale l’une de l’autre.

Un espace de quelques centimètres entre la façade et la toiture

contribue, avec des lignes élancées à donner de la légèreté

à ce bâtiment pourtant massif.

Telles les bâtisses que Le Corbusier découvrit dans la vallée du M’Zab

(Afrique du Nord) en 1931, les murs, en pierres du pays, sont recouverts

de ciment blanchi à la chaux.

Les trois chapelles latérales, situées dans chacune des trois tours, ne comprennent qu’un petit autel. Une demi-coupole permet à la lumière du jour de pénétrer d’une manière très étudiée.

Le chœur extérieur qui permet d’accueillir les grandes célébrations et les pèlerinages s’ouvre sur le paysage environnant.

Photos Ghislain Utard - Jérôme Estrada L’Est Républicain ©ADAGP

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Of� ce de TourismeRahin et Chérimont

25, rue Le Corbusier 70250 RONCHAMPTél. : 03.84.63.50.82

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La Communauté de Communes Rahin et Chérimont, lauréate Territoire à Energie Positive pour la Croissance Verte !

Avec le Pass’partout, 3 sites d’exception pour seulement 10 €

CollineNotre-Dame du Haut

Maison de la Négritudeet des Droits de l’Homme

Musée de la MineMarcel Maulini

Architecture - Culture - Histoire - Nature - Détente - Pêche - Randonnée - VéloRonchamp et ses environs

UN ENJEU ÉCONOMIQUE ET DE PRESTIGEClassée « Monument historique » et « Patrimoine du XXe siècle », la chapelle Notre-Dame du Haut va tenter d’obtenir son inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO. Elle figure sur la liste de 17 sites Le Corbusier, répartis sur 7 pays, qui prétendent à ce « label » et dont les retombées sont réelles, « comme l’a montré l’exemple des fortifica-tions Vauban à Besançon », sou-ligne Benoît Cornu, vice-président de la Communauté de communes Rahin et Chérimont. Cet adjoint au maire de Ronchamp est également vice-président de l’Association des sites Le Corbusier qui porte la can-didature déposée par la France. Laquelle inclut la manufacture de

Benoit CORNU, élu à la Communauté de communes, vice-président de l’association des sites Le Corbusier :« L’inscription à l’UNESCO est un enjeu ».

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Pour la troisième fois, la chapelle va tenter de rejoindre le patrimoine mondial de l’Unesco. Avec 16 autres sites Le Corbusier.

élaboré un plan de gestion qui dresse un diagnos-tic, dessine à travers un programme d’actions les liens du site avec le territoire (Musée de la mine, de la Négritude…), développe la thématique du béton (avec le puits Sainte-Marie ou le barrage de Champagney érigé à partir de 1882)… ». Et d’ajouter : « En terme d’image, une inscription UNESCO peut inciter des entreprises à associer leur nom à Ron-champ ». Dans cet esprit d’ailleurs, la Communau-té de communes Rahin et Chérimont a engagé le réaménagement de l’ancienne filature de la commune, fermée en 1982, devenue une friche après les années 2000. 5,6 M€ sont injectés dans sa transformation en espace économique, culturel, sportif. Au menu : cellules pour des en-treprises, studio de répétition, salle omnisports, galerie d’expo, halle publique. Les démolitions ont démarré et des remblais permettent de créer un belvédère qui fera écho à la colline de Bourlé-mont. Ghislain UTARD

Saint-Dié (usine Duval). Dans un rayon de 220 km, on trouve également l’immeuble Clarté de Genève, les Maisons de la Weissenhof-Siedlung à Stuttgart, la Villa Le Lac à Corseaux. Après deux rejets du dossier, le verdict doit tomber mi- 2016.L’UNESCO est en ligne de mire. Un comité de sou-tien sera créé pour les 60 ans.

CANDIDATURE RETRAVAILLÉE« Il nous faut prouver la “valeur universelle excep-tionnelle du bien”, c’est-à-dire sa trace dans l’his-toire, son intégrité et son authenticité », explique Benoit Cornu. Si Ronchamp est une « évidence », comme la Villa Savoye à Poissy ou la cité radieuse de Marseille, la première liste comportait trop d’éléments. Et la ville de Chandigarh (Inde), avec son impressionnant Capitole, faisait défaut. La candidature a donc été retravaillée pour former un ensemble cohérent. Mais le passé vichyste de Le Corbusier, mis en exergue par la parution de plusieurs livres, va-t-il perturber la donne ? Aux yeux de Benoît Cornu, ces ouvrages n’ap -portent rien de nouveau sur un passé « déjà connu ». Et il s’agit « d’inscrire à l’UNESCO une œuvre et pas un homme ». Reste que l’épisode tombe mal à l’heure où les élus « espèrent d’une telle inscription un impact économique et tou-ristique. Pas seulement pour ce chef d’œuvre : pour tout le territoire. C’est pourquoi nous avons

21UNESCO le difficile pari

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TOU RISME

LES THERMES DE LUXEUILRéputés depuis l’époque gallo-romaine, les thermes de Luxeuil-lès-Bains proposent des cures en rhumatologie, phlébologie, gynécologie. Bâtiment XVIIIe classé, piscine contemporaine.

VERRERIE-CRISTALLERIE DE PASSAVANTLa plus ancienne verrerie d’art de France, fondée en 1475, permet, à Passavant-la-Rochère, d’assister au travail des verriers.

LA PLANCHES DES BELLES FILLESStation de ski culminant à 1.148 m, la Planche des Belles Filles offre 25 km de pistes balisées pour le ski nordique, 6 pistes de ski alpin. Et aussi des activités estivales : randonnée, VTT, tir nature…

PLATEAU DES MILLE ETANGSFaçonné par les glaciers il y a 12.000 ans, cet espace entre Lure et Faucogney offre des paysages somptueux de plans d’eau, rivières et forêts. Incontournable.

LA 21e BOUCLE62 km, 3 montées remarquables : la boucle des Belles Filles, à laquelle s’est frotté le Tour de France, est réputée. 20 autres boucles cyclotouristes sont balisées en Haute-Saône (750 km au total).

FOUGEROLLES, PAYS DE LA CERISECulture de la cerise et kirsch font la réputation de Fougerolles. Un écomusée retrace 150 ans de distillation et savoir-faire.

Avec ses atouts, le département entend faire de trois grands espaces haut-saônois de vraies « des-tinations touristiques ». Le tout relié par des itiné-raires cyclistes, pédestres, fluviaux et équestres.

En 2012 et 2014, les batailles épiques du Tour de France dans la fameuse « Planche des Belles filles » ont fini d’asseoir la réputation de ce col (et station de ski) qui est aussi désormais syno-nyme de « petit Tourmalet ». La « Planche » draine ainsi des fans de vélo de tous les horizons : une boucle de 62 km cyclable avec balisage, cartographie, plaquettes sur le patrimoine… y a été créée. Elle est au rang des 21 boucles du genre dans le département ! Et sa réputation internationale fait un peu taire ceux qui, nar-quois, qualifiaient le « 70 » de « Haute-Patate ». D’autant que les Thermes de Luxeuil, la chapelle Le Corbusier ou le château de Ray-sur-Saône

s’affichent comme des joyaux.

De quoi faire de la Haute-Saône un département touristique ? Yves Krattinger, président du Conseil départemental : « Soyons réalistes : le poids économique du tourisme est faible. Nous n’allons pas rivaliser demain avec la côte méditerranéenne ou la Haute-Savoie. Mais la tendance générale est à la progression et nous avons une marge d’évolution importante. Nous possédons des atouts, un patrimoine de valeur. Et un énorme travail a été réalisé sur notre héritage architectural : églises, lavoirs… Pour moi, le premier objectif était de redonner aux Haut-Saô-nois la fierté de leur territoire, afin qu’il le communique.

Quelle est votre stratégie ? Vous afficher département « vert », comme nombre de collectivités… ?Etre rural, c’est être vert par nature ! Mais ça ne suffit pas à nous identifier, à nous distinguer. Et c’est essentiel. En revanche, le Plateau des Mille Etangs, oui, ça différencie. Au même titre que la Saône navigable… Notre objectif, c’est donc de créer trois entités géographiques identi -fiables par le touriste. La première c’est, même si l’ap-pellation définitive n’est pas arrêtée, le Sud des Vosges. Ce territoire a le plus de potentiel avec les Mille Etangs, la

Haute-Saône «terre d’itinérance»

verrerie-cristallerie de Passavant-la-Rochère, le pays de la cerise (Fougerolles), le thermalisme de Luxeuil, Ronchamp, la Planche des Belles Filles, le musée de la Négritude à Champagney… Nous fédérons tous les acteurs de cet es-pace, où tous les indicateurs sont au beau fixe, pour en faire une « destination ».

Quelles seront les deux autres ?Il y a la vallée de la Saône avec tout son potentiel fluvial, l’exceptionnel château de Ray-sur-Saône et son mobilier, la ville de Gray…. Il y a enfin, même si cela suppose un gros travail avec le département du Doubs et c’est compliqué, le sud de la Haute-Saône, avec la vallée de L’Ognon, les villes de Pesmes et Marnay.

Ne gommez-vous pas l’identité haut-saônoise ?Je ne pense pas. Il y a une grande différence entre la plaine de Saône et le sud des Vosges. Etre Haut-Saô -nois, c’est d’abord faire partie d’une famille. Et notre stratégie consiste également à relier ces espaces avec des itinéraires à pied, à vélo, à cheval, en bateau. Nous avons créé 21 boucles cyclables. Nous avons réorganisé les itinéraires de randonnée pédestre (des chemins de halage sont en cours d’aménagement sur la Saône). Nous avons également le passage à travers le département de la véloroute 50 - Charles Le Téméraire, une liaison vers l’Eurovélo 6, le chemin de Saint-Jacques de Compostelle. Nous avons 14 communes dans le réseau des Petites Cités Comtoises de Caractère, un réseau de rivières… Nous nous définissons comme une terre d’itinérance !

Sur cette « terre d’itinérance », que représente Notre-Dame du Haut ?Ce n’est pas emblématique de la Haute-Saône mais c’en est un joyau. Un joyau atypique, un élément original dans les créations de Le Corbusier. Son inscription au patrimoine de l’UNESCO renforcerait sa fréquentation. Cette chapelle interroge ! Le Corbusier se disait agnostique et a dessiné une voile tournée vers le ciel. Ce qui m’interpelle person-nellement, c’est l’intérieur et les lumières ! Après avoir soutenu le projet de Porterie - Renzo Piano a réussi l’insertion dans le site -, le Département jouera le jeu de la restauration. Ronchamp est une des portes d’entrée dans le département. Mais Passavant ou le vieux Vesoul sont aussi très intéressants.

Yves Krattinger, président

du Conseil départemental

de Haute-Saône.

« CRÉER TROIS ENTITÉS

GÉOGRAPHIQUES IDENTIFIABLES

PAR LE TOURISTE »

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Recueilli par Ghislain UTARD

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Entrepreneurs haut-saônois, Claude Marconotet François Jacquot ont en commun une vraiepassion pour leur département, son patrimoine, les lieux touristiques spectaculaires et magiquesdes Vosges saônoises. Ils se sont alors engagés tout naturellement auprès des acteurs de ce sup-plément, participent à son élaboration et contri-buent à vous proposer un document de qualité à l’occasion du 60è anniversaire de l’inauguration de la Chapelle Notre-Dame du Haut de Ronchamp.

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TOURISMEENHAUTE-SAÔNE

MUSÉE DE CHAMPLITTE

CHÂTEAU D’ORICOURT

TUNNEL-CANAL DE ST-ALBIN

PESMESPASSAVANT- LA-ROCHÈRE

MARNAY

FONDREMAND

LURE

VESOUL

GRAY

HÉRICOURT

PesmesMarnay

GyBucey-lès-Gy

Fondremand

Villersexel

Vauvillers

JusseyFaverney

Scey-sur-Saône

Champlitte

Oricourt

BUCEY-LES-GY

LAC ARTIFICIEL DE VESOUL-VAIVRE

Planche des Belles Filles

Plateau des mille

étangs

LE SAUT DE L’OGNON

CHÂTEAU DE RAY-SUR- SAÔNE

Faucogney-et-la-Mer

La S

aône

L’Ognon

L’Ognon

Fougerolles

Les Thermes de Luxeuil les-Bains

Ronchamp

VOSGES

DOUBS

HAUTE-MARNE

CÔTE-D’OR

Vers Eurovélo 6

RIVES DE SAÔNE

PLATEAU DES 1000 ÉTANGS

Petites cités de caractère

Véloroute50 Charles le Téméraire

Liaison Véloroute50 - Eurovélo 6

Ray-sur-Saône

et Saint-Albin

Passavant-la-Rochère

Chariez