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IDENTITé ET DIVERSITé 1 7 En quoi l’autre est-il semblable et différent ? Comment transmettre son histoire, son passé, sa culture ? Doit-on renoncer aux spécificités de sa culture pour s’intégrer dans la société ? Les questions du programme Spectacle BabeL (Words), chorégraphie de Sidi Larbi Cherkaoui, Cie Eastman, 2010.

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IdentIté et dIversIté 1

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En quoi l’autre est-il semblable et différent ?

Comment transmettre son histoire, son passé, sa culture ?

Doit-on renoncer aux spécificités de sa culture pour s’intégrer dans la société ?

Les questions du programme

Spectacle BabeL (Words), chorégraphie de Sidi Larbi Cherkaoui, Cie Eastman, 2010.

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IdentIté et dIversIté8 IdentIté et dIversIté8

1 Identité et diversité : regard sur soi, regard sur l’autre ?

CultureComment envisager la diversité au xxe siècle ? 9

De la lecture à l’écritureComment se fonde l’identité ? Quelle image de soi, quelle image de l’autre ? 11

De la lecture à l’écriture Comment l’écriture autobiographique peut-elle présenter l’autre ? 13

Lexique Le vocabulaire du comportement 15

Langue Les valeurs du « Je » 16

Évaluations Dans un débat oral, être capable de présenter 17 son opinion et de s’impliquer dans son propos

Être capable d’analyser les modalités 19et les enjeux de la présentation de l’autre dans un écrit ou dans une image

2 Quels sont les liens entre expression artistique et contexte historique ?

Culture Comment les artistes voient-ils les mouvements de « libération » des peuples ? 21

Groupement de textesReprésentations littéraires de la colonisation 23

Lexique Le lexique des valeurs 27

LangueLa syntaxe de la phrase complexe 28

Évaluation Être capable de situer les œuvres 29du genre biographique dans leur contexte historique et sociologique

prépa bac 1 31

3 voyage en Italie de Jean Giono

CultureLe récit de voyage : connaissance du monde, 37 de l’autre… et de soi-même ?

œuvre complèteLe Voyage en Italie Une leçon de bonheur et de simplicité ? 39Une réfl exion sur l’art et la littérature ? 41

LexiqueIndividuel, collectif, singulier 43

LangueLes connecteurs d’opposition 44

Évaluation Être capable de comprendre comment une 45œuvre met en tension les expériences individuelles et les questions collectives

4 Comment le passé construit-il notre avenir ?

CultureFiliation : entre rupture et continuité ? 47

De la lecture à l’écriture Se construire : avec quels repères ? 49

De la lecture à l’écriturePicasso et Velázquez : fi liation de deux univers artistiques ? 51

LexiqueLa modalisation du jugement 53

LangueLes procédés de la concession 54

Évaluation Être capable de rédiger une argumentation 55 de type délibératif (thèse, antithèse, choix personnel)

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CultureSéquence

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1. En quoi cette photographie évoque-t-elle l’idée de diversité ? évite-t-elle les clichés ? Justifiez votre réponse.

2. Comment édouard Glissant utilise-t-il les métaphores de la racine et du rhizome pour définir les concepts d’identité et de diversité ?

Comment envisager la diversité au xxe siècle ?

Questions

Identité et diversité : regard sur soi, regard sur l’autre ?1Certains genres comme le portrait, la biographie, l’autobiographie se donnent pour objet le questionnement de l’identité et de l’altérité. Comment me raconter, comment décrire l’autre, comment rendre compte de sa singularité ? L’art du xxe siècle, dans ses différentes modalités d’expression, ne cesse d’interroger ces notions de subjectivité, d’identité et de diversité.

Collage de photographies de John Lund.1

[…] la diversité, ce n’est ni le magma ni la confusion dans laquelle tout se perd. Si on entre dans la diversité du monde en ayant renoncé à sa propre identité, on est perdu dans une sorte de confusion. Les identités sont une des conquêtes du temps moderne, conquête douloureuse parce que ce n’est pas fini et que sur toute la face de la planète il y a des nœuds, des foyers de désolation qui contredisent ce mouvement. Mais il y a aussi un mouve-ment que je caractérise comme ceci : les identités à racine unique font peu à peu place aux identités relations, c’est-à-dire aux identités-rhizomes1. Il ne s’agit pas de se déraciner, il s’agit de conce-voir la racine moins intolérante, moins sectaire : une identité-racine qui ne tue pas autour d’elle mais qui au contraire étend ses branches vers les autres.

Édouard Glissant, Introduction à une poétique du divers, © Éditions Gallimard, 1996.

1. Rhizomes : tiges souterraines poussant chaque année et émettant à la fois des racines nouvelles et des tiges aériennes.

Penser la diversité : de la racine au rhizome…

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Culture

IdentIté et dIversIté10

Mémo perso En vous appuyant sur les documents proposés et vos références personnelles, expliquez de

quelle manière l’identité se construit dans la diversité (évolution de soi et perception des autres).

à l’écrit

Se peindre soi-même comme un autre…3

1. Décrivez ces deux images. En quoi ces portraits témoignent-ils à la fois d’un choix esthétique et d’une réfl exion du peintre sur sa propre identité ?

2. À l’oral. Ces portraits vous paraissent-ils illustrer l’un des propos d’édouard Glissant selon lequel l’identité n’est pas l’unicité ?

Questions

Salvador Dali, Autoportrait mou avec du lard grillé, 1941. Théâtre-musée Dali, Figueras (Espagne).

Pablo Picasso, Autoportrait, buste d’homme écrivant, 1971. Coll. J. et M.-A. Krugier-Poniatowski.

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De la lecture à l’écriture

IdentIté et dIversIté 11

Comment se fonde l’identité ? sur quelle image de soi, sur quelle image de l’autre ?

Séquence 1Identité et diversité : regard sur soi, regard sur l’autre ?

Je viens d’avoir trente-quatre ans, la moitié de la vie. Au physique, je suis de taille moyenne, plutôt petit. J’ai des cheveux châtains coupés court afin d’éviter qu’ils ondulent, par crainte aussi que ne se développe une cal-vitie menaçante. Autant que je puisse en juger, les traits caractéristiques de ma physionomie sont : une nuque très droite, tombant verticalement comme une muraille ou une falaise, […] un front développé, plutôt bossué, aux veines temporales exagérément noueuses et saillantes. […] Mes yeux sont bruns, avec le bord des paupières habituellement enflammé ; mon teint est coloré ; j’ai honte d’une fâcheuse tendance aux rougeurs et à la peau luisante. Mes mains sont maigres, assez velues, avec des veines très dessinées ; mes deux majeurs, incurvés vers le bout, doivent dénoter quelque chose d’assez faible ou d’assez fuyant dans mon caractère.

Ma tête est plutôt grosse pour mon corps ; j’ai des jambes un peu courtes par rapport à mon torse, les épaules trop étroites relativement aux hanches. Je marche le haut du corps incliné en avant ; j’ai tendance, lorsque je suis assis, à me tenir le dos voûté ; ma poitrine n’est pas très large et je n’ai guère de muscles. J’aime à me vêtir avec le maximum d’élégance ; pourtant, à cause des défauts que je viens de relever dans ma structure et de mes moyens qui, sans que je puisse me dire pauvre, sont plutôt limités, je me juge d’ordinaire profondément inélégant ; j’ai horreur de me voir à l’improviste dans

une glace car, faute de m’y être préparé, je me trouve à chaque fois d’une laideur humiliante.

Quelques gestes m’ont été − ou me sont − familiers : me flairer le dessus de la main ; ronger mes pouces presque jusqu’au sang ; pencher la tête légèrement de côté ; serrer les lèvres et m’amincir les narines avec un air de résolution ; me frapper brusquement le front de la paume – comme quelqu’un à qui vient une idée − et l’y maintenir appuyée quelques secondes (autrefois, dans des occasions analogues, je me tâtais l’occiput ) ; cacher mes yeux derrière ma main quand je suis obligé de répondre oui ou non sur quelque chose qui me gêne − ou de prendre une décision ; quand je suis seul me gratter la région anale ; etc. Ces gestes, je les ai un à un abandonnés, au moins pour la plupart. Peut-être aussi en ai-je seulement changé et les ai-je remplacés par de nouveaux que je n’ai pas encore repérés ? Si rompu que je sois à m’observer moi-même, si maniaque que soit mon goût pour ce genre amer de contemplation, il y a sans nul doute des choses qui m’échappent, et vraisemblablement parmi les plus apparentes, puisque la perspective est tout et qu’un tableau de moi, peint selon ma propre perspective, a de grandes chances de laisser dans l’ombre certains détails qui, pour les autres, doivent être les plus flagrants.

Michel Leiris, L’âge d’homme, © Éditions Gallimard, 1939.

Autoportrait et portraits de Michel Leiris1

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1. Quelle image Michel Leiris cherche-t-il à donner de lui-même ? Justifiez votre réponse en soulignant au moins quatre indices.

2. Que fait Michel Leiris pour améliorer son image ?

3. Montrez que ce portrait n’est pas seulement physique, mais révèle l’identité de son auteur.

Questions

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De la lecture à l’écriture

IdentIté et dIversIté12

1. La photo de Michel Leiris correspond-elle à l’image qu’il donne dans son autobiographie ?

2. Mettre en relation. En quoi le portrait de Michel Leiris peint par Francis Bacon peut-il être rapproché du texte 1 ?

3. En quoi le style de Francis Bacon est-il une interrogation sur l’identité ?

Francis Bacon, Portrait de Michel Leiris, 1976.Centre Georges-Pompidou, Paris.

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Michel Leiris.

Questions

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De la lecture à l’écriture

IdentIté et dIversIté 13

Comment l’écriture autobiographique peut-elle présenter l’autre ?

Séquence 1Identité et diversité : regard sur soi, regard sur l’autre ?

Dans ce passage de Terre des hommes, l’auteur et son compagnon sont prisonniers du désert après un accident d’avion. Au bord de l’épuisement, mourant de soif, ils aperçoivent enfi n une présence humaine…

Mais ce Bédouin regarde toujours vers la droite…Et voici que, sans hâte, il amorce un quart de tour. À la seconde même où il se présentera de face, tout sera

accompli. À la seconde même où il regardera vers nous, il aura déjà effacé en nous la soif, la mort et les mirages. Il a amorcé un quart de tour qui, déjà, a changé le monde. Par un mouvement de son seul buste, par la promenade de son seul regard, il crée la vie, il me paraît semblable à un dieu…

C’est un miracle… Il marche vers nous sur le sable, comme un dieu sur la mer…L’Arabe nous a simplement regardés. Il a pressé, des mains, sur nos épaules, et nous lui avons obéi. Nous nous

sommes étendus. Il n’y a plus ici ni races, ni langages, ni divisions. Il y a ce nomade pauvre qui a posé sur nos épaules, des mains d’archange.

Nous avons attendu, le front dans le sable. Et maintenant, nous buvons à plat ventre, la tête dans la bassine comme des veaux. Le Bédouin s’en effraie et nous oblige, à chaque instant, à nous interrompre. Mais dès qu’il nous lâche, nous replongeons tout notre visage dans l’eau.

L’eau !Eau, tu n’as ni goût, ni couleur, ni arôme, on ne peut pas te défi nir, on te goûte sans te connaître. Tu n’es pas

nécessaire à la vie : tu es la vie. […]Quant à toi qui nous sauves, Bédouin de Libye, tu t’effaceras cependant à jamais de ma mémoire. Je ne me sou-

viendrai jamais de ton visage. Tu es l’Homme et tu m’apparais avec le visage de tous les hommes à la fois. Tu ne nous as jamais dévisagés et déjà tu nous as reconnus. Tu es le frère bien-aimé. Et, à mon tour, je te reconnaîtrai dans tous les hommes.

Tu m’apparais baigné de noblesse et de bienveillance, grand seigneur qui a le pouvoir de donner à boire. Tous mes amis, tous mes ennemis en toi marchent vers moi et je n’ai plus un ennemi au monde.

Antoine de Saint Exupéry, Terre des hommes, 1939, © Éditions Gallimard.

une rencontre1

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1. Comment l’identité du Bédouin est-elle perçue par l’auteur ?

2. Soulignez les termes ou expressions qui appartiennent au champ lexical du religieux. Qu’est-ce qui justifi e le choix de ce lexique ?

3. À l’oral. De quelle manière le texte suggère-t-il que la fraternité est une ouverture à la diversité ?

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De la lecture à l’écriture

IdentIté et dIversIté14

1. Identifi ez, en les encadrant, les différentes parties du corps qui servent à établir le portrait de l’héroïne.

2. Soulignez des images, puis montrez que les procédés poétiques construisent un portrait élogieux.

3. En quoi l’image qu’il se fait de Louise Amour modifi e-t-elle l’identité du narrateur ?

4. Argumentation. En vous appuyant sur les textes de Saint-Exupéry et de Bobin, montrez que la rencontre avec autrui modifi e notre propre identité. Vous pouvez recourir à d’autres exemples pour compléter votre propos.

Je devins fou et personne ne s’en aperçut : le visage de Louise Amour remplissait le monde à ras bord. Il n’y avait plus rien d’autre. J’étais moins que l’air qui baignait ce visage, moins que la lumière qui ricochait sur lui. Les yeux de Louise Amour étaient deux bijoux de fl amme brune, dorée, semblables à deux noisettes, sertis dans l’ovale d’une chair pâle, enfantinement bombée aux joues comme les pétales d’un lys. Sur la joue gauche, au-dessus des lèvres qui n’étaient pas maquillées, une fossette orpheline affi rmée comme le poinçon par lequel un ébéniste signe discrètement la perfection de son ouvrage. Ses cheveux noirs, longs et souples, luisant comme une rivière de corbeaux, la déshabillaient autant qu’ils l’habillaient. Ils donnaient envie de la voir nue, ils étaient le cadre, les rives entre lesquelles on imaginait le fl euve de cette nudité. Mais la beauté charnelle ne semblait être chez Louise Amour que la servante d’une puissance bien plus considé-rable encore, celle de son âme et de ce qui m’apparut alors comme une bonté ruisselante : quand ses yeux se tournaient vers moi, j’existais plus noblement et plus sûrement qu’un ange auprès de Dieu.

Christian Bobin, Louise Amour, © Éditions Gallimard, 2004.

Portrait d’un amour2

Photo d’Edouard

Boubat.

Questions

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Lexique et langue

IdentIté et dIversIté 15

Exercices1 Trouvez trois mots qui caractérisent un comportement négatif. Exemple : « un comportement déviant ».

2 La psychologie utilise de nombreux termes pour décrire les comportements. Défi nissez les mots suivants et écrivez une phrase avec trois de ces mots.

Addictif :

Altruiste :

Antipathique :

Compulsif :

Impulsif :

Pathologique :

3 La phobie désigne un comportement de peur ; cherchez trois mots dérivés de « phobie » et donnez leur défi nition. Rédigez une phrase avec chacun de ces mots.

4 Décrivez le personnage de la photo en utilisant le lexique du comportement.

Lexique

Mais ce Bédouin regarde toujours vers la droite…Et voici que, sans hâte, il a amorcé un quart de tour. […] . Il a amorcé un quart de tour qui, déjà, a changé le monde. Par un mouvement de son seul buste, par la promenade de son seul regard, il crée la vie, il me paraît semblable à un dieu…

Saint-Exupéry

Saint Exupéry découvre le comportement du Bédouin:

- ses actions

- sa manière de se comporter

Il en déduit ses intentions positives et son carac-

tère généreux.

le vocabulaire du comportement

Séquence 1Identité et diversité : regard sur soi, regard sur l’autre ?

n Le comportement désigne la manière d’agir d’un être animé, c’est-à-dire une personne, un animal ou un groupe d’individus. Le lexique du comportement est donc utilisé dans les portraits en action. Il concerne :

– les actions et les réactions

– les attitudes et les manières d’agir.

n Le comportement traduit souvent :

– un état intérieur, des sentiments et des émotions

– des valeurs.

exemple commenté

Portrait d’un amour

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Lexique et langue

IdentIté et dIversIté16

Exercices

LangueCelui qui parle ...

n Le plus souvent le pronom personnel « je » désigne celui qui parle et qui :– dialogue avec un « tu » ou un « vous » : Je vous remercie de m’avoir reçu chez vous– se présente et se raconte : Je suis nouveau dans cette ville et ne connais personne– exprime ses pensées et ses sentiments : Je suis ravi de vous avoir rencontré– se positionne par rapport à ce qu’il dit : Je vous certifi e que ces personnes sont accueillantes

… peut être un autre

n Qu’il se réfère à une personne réelle ou imaginaire (dans les romans, par exemple), « Je » peut représenter :– la personne qui parle (je = je)– la personne dont les paroles sont rapportées : Il m’a dit : « je viens de rencontrer une personne très aimable » (je = il ou elle)– la personne (« tu ») à laquelle « je » s’adresse : Alors comme cela, je fais ma mauvaise tête, je ne veux pas saluer notre hôte ! (ironie) (je = tu)– une personne universelle : Je mange des légumes, c’est bon pour ma santé (slogan publicitaire) (je = on ou vous)

exemple commenté

les valeurs du « Je »

Je ne me souviendrai jamais de ton visage. Tu es l’Homme et tu m’apparais avec le visage de tous les hommes à la fois.

Antoine de Saint-Exupéry, Terre des Hommes

Le « je » représente le narrateur qui est également

l’auteur, l’œuvre étant une autobiographie. Le « je »

interpelle un « tu », le Bédouin qui a sauvé l’auteur.

Meursault a tué un homme et est jugé en cour d’assises. C’est le moment de la plaidoirie de son avocat :

L’après-midi, les grands ventilateurs brassaient toujours l’air épais de la salle, et les petits éventails multicolores des jurés s’agitaient tous dans le même sens. La plaidoi-rie de mon avocat me semblait de devoir jamais fi nir. À un moment donné, cependant, je l’ai écouté parce qu’il disait : « Il est vrai que j’ai tué. » Puis il a continué sur ce ton, disant « je » chaque fois qu’il parlait de moi. J’étais très étonné. Je me suis penché vers un gendarme et je lui ai demandé pourquoi. Il m’a dit de me taire et , après un moment, il a ajouté : « Tous les avocats font ça. » Moi j’ai pensé que c’était m’écarter encore de l’affaire, me réduire à zéro et, en un certain sens, se substituer à moi. Mais je crois que j’étais déjà très loin de cette salle d’audience.

Albert Camus, L’Étranger, (1942) © Éditions Gallimard.

La scène se déroule à la fi n de la Seconde Guerre mondiale. La narratrice espère le retour de son mari déporté.

Face à la cheminée, le téléphone, il est à côté de moi. À

droite, la porte du salon et le couloir. Au fond du couloir, la

porte d’entrée. Il pourrait revenir directement, il sonnerait

à la porte d’entrée : « Qui est là ? — C’est moi. » Il pourrait

également téléphoner dès son arrivée dans un centre de

transit : « Je suis revenu, je suis à l’hôtel Lutétia pour les

formalités ». […] Il n’y a pas de raison particulière pour

qu’il ne revienne pas. Il n’y a pas de raison particulière

pour qu’il revienne. Je ne sais plus quel jour c’était, si

c’était encore un jour d’avril, non c’était un jour de mai,

un matin à onze heures le téléphone a sonné. Ça venait

d’Allemagne, c’était François Morland. […] « Écoutez-moi,

Robert est vivant. Calmez-vous. Oui. Il est à Dachau. Écou-

tez encore de toutes vos forces. Robert est très faible, à

un point que vous ne pouvez pas imaginer. Je dois vous

le dire : c’est une question d’heures. Il peut vivre encore

trois jours, mais pas plus. » Marguerite Duras, La douleur, Éditions P.O.L, 1985.

1 a. Dans l’extrait de roman ci-dessous, retrouvez les différentes valeurs du « je ».

2 Dans l’extrait suivant, notez sous chaque pronom « je » sa valeur.

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Évaluation

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Sujet

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présenter son opinion et s’impliquer dans son propos dans un débat oral

Séquence 1Identité et diversité : regard sur soi, regard sur l’autre ?

Être C

ApAb

le de

Vous participez à un débat sur la représentation de la diversité dans l’expression iconographique. Vous répondrez à la question suivante : « L’image est-elle effi cace pour défendre la diversité ? » Vous fonderez vos interventions à partir de l’analyse des documents proposés (pages 17-18) et en utilisant éventuellement d’autres références personnelles.

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IdentIté et dIversIté18

n Grille d’évaluation de l’intervention orale

Analyse complète de l’image (thème, cadre, sujets représentés) ❒ oui ❒ non

Analyse de la représentation du thème de la diversité ❒ oui ❒ non

Opinion personnelle (usage du « je », modalisation, expression de sentiments personnels) ❒ oui ❒ non

Intervention argumentée ❒ oui ❒ non

Évaluation

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n DémarcheÉtapes 1. Choisir un document sur lequel vous vous appuierez pour votre intervention orale.2. Étudier l’image. Analyser : • le contexte de production (définir le rôle de l’institution, l’enjeu de l’événement évoqué…) ;• la composition de l’image (la mise en valeur du texte, les couleurs dominantes, la description du personnage représenté…) ;• la valeur argumentative de l’image (les connotations, les idées défendues, les enjeux de l’affiche, l’efficacité du message).

3. Noter la synthèse des analyses sur une feuille, sous forme de notes.• Montrer de quelle manière l’affiche évoque le thème de la diversité.

• Expliquer l’efficacité de l’affiche et son effet sur le récepteur.

• À chaque moment de la prise de parole, s’impliquer par l’usage de la première personne, de la modalisation, du choix des arguments, de l’expression des sentiments…

Marques de l’implication personnelle« je suis persuadé que…», « je vais vous démontrer que… », « je m’oppose totalement à… », « je reste convaincu que… », « on ne me fera pas croire que… », « je défends l’idée que… », « je ne suis pas d’accord avec… ».

4. À l’oral. S’exprimer devant l’ensemble de la classe.S’appuyer sur ses notes. S’exprimer clairement, avec une voix posée, utiliser un ton convaincant et une gestuelle qui soutient le propos.

Affiche Benetton, 2008, au moment de la répression chinoise au Tibet.

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Évaluation

IdentIté et dIversIté 19

Analyser les modalités et les enjeux de la présentation de l’autre dans un écrit ou dans une image Êtr

e CAp

Able

de

Photo du film L’Amant de Jean-Jacques Annaud, 1992.

n Démarche

Étapes1. Rechercher (dans le paratexte) les dates de composition ou de publication des œuvres.

2. Identifier dans les œuvres la manière dont elles abordent les concepts d’identité et de diversité.

3. Comparer deux œuvres, racontant le même événement : ici une première rencontre. (Nature de la rencontre ; différence entre les deux personnages : description des corps, manière dont les personnages sont nommés, condition sociale…)

4. À partir de ses connaissances personnelles ou à partir de ressources documentaires (pour un devoir réalisé à la maison par exemple), rechercher des informations sur les œuvres à analyser.

5. Écriture. Montrer que les œuvres artistiques, tout en étant des formes d’expression personnelle, exposent des problèmes universels. Dans un récit adoptant le point de vue interne, raconter, sous la forme d’une autobiographie de l’un des personnages, la première rencontre amoureuse entre deux êtres que tout semble séparer.

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Le bac s’en va.Après le départ l’enfant sort du car. Elle regarde le fleuve. Elle regarde aussi le Chinois élégant

qui est à l’intérieur de la grande auto noire.Elle l’enfant, elle est fardée, habillée comme la jeune fille des livres : de la robe en soie indigène

d’un blanc jauni, du chapeau d’homme d’« enfance et innocence », au bord plat, en feutre-souple-couleur-bois-de-rose-avec-large-ruban-noir, de ces souliers de bal très usés, complètement éculés, en-lamé-noir-s’il-vous-plaît, avec motifs de strass.

De la limousine noire est sorti un autre homme que celui du livre1, un autre Chinois de la Mand-chourie. Il est un peu différent de celui du livre : il est un peu plus robuste que lui, il a moins peur que lui, plus d’audace. Il a plus de beauté, plus de santé. Il est plus « pour le cinéma » que celui du livre. Et aussi il a moins de timidité que lui face à l’enfant.

Elle, elle est restée celle du livre, petite maigre, hardie, difficile à attraper le sens, difficile à dire qui c’est, moins belle qu’il n’en paraît, pauvre, fille de pauvres, ancêtres pauvres […]. Folle de lire, de voir, insolente, libre.

Lui, c’est un Chinois. Un Chinois grand. Il a la peau blanche des Chinois du Nord. Il est très élé-gant. Il porte le costume en tissu de soie grège et des chaussures anglaises couleur acajou des jeunes banquiers de Saïgon.

Il la regarde.Ils se regardent. Se sourient. Il s’approche.Il fume une 555. Elle est très jeune. Il y a un peu de peur dans sa main qui tremble, mais à peine

quand il lui offre une cigarette.– Vous fumez ?L’enfant fait signe : non.– Excusez-moi… C’est tellement inattendu de vous trouver ici… Vous ne vous rendez pas compte.

L’enfant ne répond pas. Elle ne sourit pas. Elle le regarde fort. Farouche serait le mot pour dire ce regard. Insolent.

Marguerite Duras, L’Amant de la Chine du Nord (1991), © Éditions Gallimard.

1. L’auteur fait référence à L’Amant (texte précédent).

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L’homme élégant est descendu de la limousine, il fume une cigarette anglaise. Il regarde la jeune fille au feutre d’homme et aux chaussures d’or. Il vient vers elle lentement. C’est visible, il est intimidé. Il ne sourit pas tout d’abord. Tout d’abord il lui offre une cigarette. Sa main tremble. Il y a cette diffé-rence de race, il n’est pas blanc, il doit la surmonter, c’est pourquoi il tremble. Elle lui dit qu’elle ne fume pas, non merci. Elle ne dit rien d’autre, elle ne lui dit pas laissez-moi tranquille. Alors il a moins peur. Alors il lui dit qu’il croit rêver. Elle ne répond pas. Ce n’est pas la peine qu’elle réponde, que répondrait-elle. Elle attend. Alors il le lui demande : mais d’où venez-vous ? Elle dit qu’elle est la fille de l’institutrice de l’école de filles de Sadec. Il réfléchit et puis il dit qu’il a entendu parler de cette dame, sa mère, de son manque de chance avec une concession qu’elle aurait achetée au Cambodge, c’est bien ça n’est-ce pas ? Oui c’est ça.

Il répète que c’est tout à fait extraordinaire de la voir sur ce bac. Si tôt le matin, une jeune fille belle comme elle l’est, vous ne vous rendez pas compte. C’est très inattendu, une jeune fille blanche dans un car indigène.

Il lui dit que le chapeau lui va bien, très bien même, que c’est…original…un chapeau d’homme, pourquoi pas ? Elle est si jolie, elle peut tout se permettre.

Elle le regarde. Elle lui demande qui il est. Il dit qu’il revient de Paris où il a fait ses études, qu’il habite Sadec lui aussi, justement sur le fleuve, la grande maison avec les grandes terrasses aux balustrades de céramique bleue. Elle lui demande ce qu’il est. Il dit qu’il est chinois, que sa famille vient de la Chine du Nord, de Fou-Chouen. Voulez-vous me permettre de vous ramener chez vous à Saigon ? Elle est d’accord. Il dit au chauffeur de prendre les bagages de la jeune fille dans le car et de les mettre dans l’auto noire.

Chinois. Il est de cette minorité financière d’origine chinoise qui tient tout l’immobilier populaire de la colonie. Il est celui qui passait le Mékong ce jour-là en direction de Saigon.

Elle entre dans l’auto noire. La portière se referme. Une détresse à peine ressentie se produit tout à coup une fatigue, la lumière sur le fleuve qui se ternit, mais à peine. Une surdité très légère aussi, un brouillard, partout.

Marguerite Duras, L’Amant, © Les Éditions de Minuit, 1984

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q Ce qui est attendu ...

l Il s’agit de présenter le document et de le mettre en perspective avec son contexte. Les repérages effectués, dans le document et son paratexte, permettent d’éclairer le sens, et d’éviter ainsi de fausses interprétations, des anachronismes ou toute autre confusion.

q Méthode

A RePÉReR notamment dans le paratexte, les informations qui permettent d’établir la fiche d’identité du document.– Genre ?– Auteur ? Titre de l’œuvre ? Date de parution ou de composition ?– Thème traité ?

B ReCheRCheR dans le paratexte et dans le document tout renseignement sur les circonstances de publication de l’œuvre, par exemple:– un fait de société, un événement historique, d’hier ou d’aujourd’hui, dont l’auteur se présente comme témoin, acteur, historien, juge...– un mouvement artistique ou littéraire, dans lequel l’auteur s’inscrit– des références culturelles, des données biographiques qui donnent un sens à la création de l’œuvre...

q exemple commenté

Patrice Lumumba était un homme politique africain qui a lutté contre le colonialisme. En 1960, lorsque son pays, le Congo acquiert son indépendance, il devient Premier ministre. Van Lierde, ami et biographe de Patrice Lumumba a retranscrit le discours que celui-ci a prononcé, quand il a pris la charge de sa fonction. En voici un extrait.

La République du Congo a été proclamée et notre cher pays est maintenant entre les mains de ses propres enfants.

Ensemble, mes frères, nous allons commencer une nouvelle lutte, une lutte sublime qui va mener notre pays à la paix, à la prospérité et à la grandeur.

Nous allons établir ensemble la justice sociale et assurer que chacun reçoive la juste rémunération de son travail.

Nous allons montrer au monde ce que peut faire l’homme noir quand il travaille dans la liberté et nous allons faire du Congo le centre de l’Afrique tout entière.

Nous allons veiller à ce que les terres de notre pays profitent véri-tablement à ses enfants.

Van Lierde, Patrice Lumumba, © Éditions Présence africaine, 1963.

Dans cet extrait de la biographie qu’il lui a consacrée en 1963 et qui s’intitule Patrice Lumumba, Van Lierde retranscrit le discours historique que Patrice Lumumba, militant indépendantiste, a prononcé quand son pays, le Congo, est devenu en 1960 une nation souveraine. Nommé Premier ministre, il s’adresse à ses concitoyens pour célébrer la liberté acquise et préciser l’idéal social, politique et économique du peuple congolais.

situer un document

Méthode de lecture

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Pr é p a b a c 1q  exercices

1 a. Présentez le texte ci-dessus.

b. À Qui s’adresse Patrice Lumumba ? La situation de communication est-elle réelle ou fi ctive ? Justifi ez vos réponses à l’aide du texte et du paratexte.

En 1961, Patrice Lumumba est assassiné, en raison de ses positions politiques trop radicales. L’écrivain martiniquais Aimé Césaire pu-blie une pièce de théâtre qui raconte les derniers mois de la vie de l’homme politique; dans cette scène, Patrice Lumumba s’adresse d’abord à Basilio*, roi des Belges, qui vient d’accorder l’indépen-dance du Congo.

LUMUMBA. − Moi, sire, je pense aux oubliés. Nous sommes ceux que l’on déposséda, que l’on frappa, que l’on mutila ; ceux que l’on tutoyait, ceux à qui l’on crachait au visage. Boys cuisine, boys chambres, boys comme vous dites, nous fûmes un peuple de boys, un peuple de oui-bwana et qui doutait que l’homme pût ne pas être l’homme, n’avait qu’à nous regarder.

Sire, toute souffrance qui se pouvait souffrir, nous l’avons soufferte, toute humiliation qui se pouvait boire, nous l’avons bue !

Mais camarades, le goût de vivre, ils n’ont pu nous l’affadir dans la bouche, et nous avons lutté ! Avec nos pauvres moyens, lutté pendant cinquante ans et voici. Notre pays est désormais entre les mains de ses enfants. Nôtres, ce ciel, ce fl euve, ces terres, Nôtres, le lac et la forêt, Nôtres, Karissimbi, Nyiragongo, Niamuragira, Mikéno, Ehu, montagnes montées de la parole même du feu.

Congolais, aujourd’hui est un jour grand. C’est le jour où le monde accueille parmi les nations

Congo, notre mère Et surtout Kongo, notre enfant. L’en-fant de nos veilles, de nos souffrances, de nos combats.

Aimé Césaire, Une saison au Congo, acte I, scène 6, © Éditions du Seuil, 1966.

* Dans la réalité, c’est le roi Baudouin, qui a accordé son indépendance au Congo.

Une Soudanaise assise, entourée par des visiteurs, photographie de Blanchet, 1931. Exposition coloniale Internationale, Paris.En 1931 a lieu à Paris l’Exposition coloniale internationale, « dont le but essentiel est de donner aux Français conscience de leur Empire ». Ouverte pendant six mois, elle accueille plus de huit millions de visiteurs à qui l’on propose de découvrir les richesses des colonies françaises de l’Afrique et de l’Asie. (Voir séquence 2 page 21)

2 a. À quelle occasion cette photographie a-t-elle été réalisée ?

b. Décrivez les réactions des visiteurs photographiés.

c. ÉCRITuRe. Pourquoi faut-il replacer la photographie dans son contexte, avant de porter un jugement sur le comportement du public ? Justifi ez votre réponse.

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q Ce qui est attendu ...

l Le candidat doit analyser l’énoncé du sujet pour en comprendre les différentes consignes. Il doit aussi élaborer un plan pour présenter une réflexion organisée et convaincante.

q Méthode

A ANALYSeR Le SuJeT

• Repérer dans l’énoncé les informations concernant :– le thème de réflexion > quel mot ou quelle expression le définit ?– la question à traiter > laquelle ? quel est son sens ? – le type d’écrit attendu > quel verbe précise la consigne d’écriture : « justifier », « discuter » une opinion, « exprimer une opinion personnelle ? – les supports d’étude > avec quelles ressources alimenter sa réflexion ? – la contrainte de longueur > combien de lignes doit-on écrire au minimum ?

B ÉLABOReR uN PLAN• Rechercher des idées, des arguments, des exemples, dans les connaissances acquises au cours de l’année, sa culture personnelle et les données du corpus. • Sélectionner le type de plan adapté à la consigne d’écriture (voir tableau ci-dessous).

Consignes d’écriture pour un développement argumenté Plan à suivre

expliquer/ justifier une opinion 1. Exposer cette opinion 2. Développer une argumentation pour en montrer la

validité

Discuter une opinion 1. Développer des arguments en sa faveur2. Développer des contre-arguments

exprimer une opinion personnelle à propos d’une thèse donnée• Je suis d’accord / je ne suis pas d’accord

• Je suis plus ou moins d’accord

1. Exposer la thèse donnée2. Construire une argumentation favorable/défavorable.

1. Exposer la thèse donnée 2 et 3. Exprimer un avis partagé dans deux parties distinctes.

• Classer logiquement arguments et exemples et constituer des paragraphes hiérarchisés.

Analyser le sujet et élaborer le plan

Méthode d’écriture

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exemple commenté

Sujet proposé Dans son livre Autobiographie et récit de vie, Philippe Lejeune écrit : «Le lecteur trouve, dans l’autobiographie, par comparaison, une occasion de réfléchir à sa propre identité».

Vous justifierez cette opinion dans un développement argu-menté qui prendra appui sur les textes du corpus, ceux que vous avez étudiés pendant l’année et vos lectures person-nelles. Votre développement comportera 40 lignes minimum.

xxx : thème de réflexion xxx : question à traiter : l’occasion que l’autobiographie donne au lecteur de mieux se connaître en se comparant à autrui. xxx : supports d’étude xxx : consigne d’écriture et type d’écrit xxx : contrainte de longueur.

Plan à élaborer : construire une argumentation qui montre la pertinence de la thèse avancée par l’auteur.

q exercice

Analysez les sujets suivants en utilisant la même légende que dans l’exemple commenté, puis indiquez le plan à suivre (voir tableau p. 33).

a. Est-il nécessaire de connaître la biographie d’un écrivain pour comprendre et aimer son œuvre ?Vous répondrez à cette question dans un développement argumenté qui prendra appui sur les textes du corpus, ceux que vous avez étudiés pendant l’année et vos lectures personnelles. Votre développement comportera au moins 40 lignes.Plan à suivre :

b. De plus en plus de personnalités du monde du spectacle, du sport ou de la politique font paraître leur biographie, abondamment illustrée par des photographies, des anecdotes sur leur vie publique et privée. Selon vous, quelles peuvent être les motivations d’une telle démarche ? Vous proposerez une réponse argumentée et illustrée d’une quarantaine de lignes.Plan à suivre :

c. A propos de l’écriture de sa vie, Jean-Claude Carrière écrit: « On peut dire [...] que la description d’une vie n’a d’intérêt que si cette vie est commune, que si d’autres peuvent s’y reconnaître ou deviner, selon les générations, ce que furent les sentiments, les sensations de leurs parents et grands-parents ». Partagez-vous cet avis ? Vous répondrez dans le cadre d’un développement argumenté d’une quarantaine de lignes en vous aidant des textes du corpus.Plan à suivre :

d. Certains pensent que le blog où l’on se raconte au quotidien peut être considéré comme une nouvelle forme d’écriture autobiographique. Discutez cette opinion. Vous appuierez votre réflexion sur le corpus et votre culture personnelle. Votre développement comportera au moins 40 lignes.Plan à suivre :

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Sujet de bac

Bien entendu, je ne dirai pas tout, c’est impossible ; non seulement par pudeur, quelquefois, mais parce que nous ne disposons pas à tout ins-tant complètement de nous-même. Les meilleurs explorateurs de l’âme humaine n’y sont pas parvenus. À cause même de son importance, trop vivace en moi, je ne puis traiter d’un événement que si, alors que je l’ai intensément vécu, il ne fait plus tout à fait partie de moi, comme la peau d’un serpent après la mue. Je n’ai jamais véritablement parlé, jusqu’ici, de l’accident survenu à l’un de mes enfants ; de la maladie qui a frappé ma vue et de l’horreur de l’obscurité possible.

Si je ne dis pas tout, c’est aussi parce que toute œuvre est choix, donc renoncement – mais le renoncement est fécond car il oblige à choisir. Cha-cun de mes livres aura été une étape d’un même itinéraire. J’aurai passé la majeure partie de ma vie à écrire. L’écriture m’a souvent servi de béquille ; chacun a la sienne, de sorte que ma vie et mon travail se répondent, de sorte que parlant de l’une je parle de l’autre, et inversement. Toute œuvre est plus ou moins autobiographique ; mettons que la mienne l’est plus ouvertement que d’autres. L’autobiographie est, comme toute entreprise humaine, une tentative de dire quelque chose à quelqu’un. J’ai sans doute plus fortement besoin de m’expliquer, de plaider peut-être.

En revanche, j’essayerai de cerner la signification principale de ma vie, de ne rien omettre, quoi qu’il m’en coûte, qui puisse la mettre en lumière. Que vaudrait la confession d’une femme qui gommerait systématique-ment le désir des hommes et la manière dont elle y répond, ou refuse d’y répondre ? l’autobiographie d’un Noir, vivant parmi les Blancs, s’il oubliait de mentionner sa couleur, c’est-à-dire la manière dont les autres le regar-dent et il se considère lui-même ? […]

Comme certains peintres, tel Rembrandt1, qui refont inlassablement leur propre portrait, je suis de ces écrivains – Montaigne, Rousseau, Gide2 – qui se racontent avec l’espoir d’atteindre au secret de leur humanité. Je n’ai été ni Kant ni Pasteur, ni Freud ni Einstein, ni Tolstoï ni Balzac. Je n’ai pas bouleversé la vision commune de l’univers, ni celle de la nature, ni celle de l’homme ; je n’ai pas rédigé le roman du siècle, ni ce Livre de raison3 qui aurait reconsidéré toute la pensée contemporaine. Mais, par chance et malchance, ayant participé à quelques événements marquants de ce siècle, et puisque la courbe de mon œuvre coïncide avec celle de ma vie, peut-être verra-t-on qu’en essayant de faire le tour de moi-même, j’ai pu en tirer des enseignements, dont je veux espérer qu’ils serviront aussi à quelques-uns.

Albert MEMMI, Le Nomade immobile, « Prologue », © Éditions Arléa, mars 2003.

1. Rembrandt (1606-1669) : peintre important de l’École hollandaise, a réalisé une centaine d’autopor-traits.2. Montaigne (1533-1592), Rousseau (1712-1778), Gide (1869-1951) : ces trois écrivains ont commis une œuvre autobiographique. 3. Livre de raison : registre de comptabilité domestique. Le plus souvent tenu par le père de famille, ce livre comporte aussi de nombreuses annotations ou anecdotes concernant la vie de la famille.

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compétences de lecture (10 points)1. Présentez ces textes en mettant en évidence les relations que l’on peut établir entre eux. (4 points)2. « Je suis de ces écrivains qui se racontent avec l’espoir d’atteindre au secret de leur humanité. » Expliquez cette phrase et montrez comment Albert Memmi la met en application dans le texte 2. (3 points)3. Quel effet Albert Memmi veut-il produire sur son lecteur en racontant les scènes de repas dans sa famille et dans celle de Giovanni ? (3 points)

compétences d’écriture (10 points) Dans un texte composé de plusieurs paragraphes argumentatifs et en vous aidant de ces deux textes d’Albert Memmi et de vos propres connaissances, vous montrerez d’abord la dimension humaniste (c’est-à-dire qui met l’humain au centre de sa réflexion), de l’autobiographie. Ensuite, vous montrerez comment cette dimension humaniste est présente dans d’autres formes d’expression.

Questions

Pr é p a b a c 1Je suis né un 15 décembre [1920] pluvieux, à huit heures

du matin, 4, impasse Tronja, rue Vieille-Tronja, à Tunis en Tunisie, de Fradji Memmi et de Maïra Sarfati. Memmi serait un antique patronyme kabyle qui signifie le « petit homme » ou, autre hypothèse, le vocatif de Memmius, membre de la gens romaine Memmia. Dans le premier cas, mon père serait le descendant d’une vieille souche locale, dans le second, le lointain produit de l’occupation romaine. Du côté maternel, Sarfati, qui signifie le « Fran-çais », est assez courant dans la littérature hébraïque. Plus sûrement que dans les astres, tout se trouvait déjà dans cette conjonction.

Personne n’a pu me dire pourquoi le lieu de ma nais-sance porte ce nom de Tronja, un fruit exotique. Je sais en revanche pourquoi mon père a décidé de s’installer dans ce no man’s land entre le quartier arabe et le quartier juif. Artisan bourrelier1, sa clientèle se recrutait principalement parmi les charretiers originaires de Gabès, dont le fon-douk – l’habitation collective – se trouvait précisément rue Tronja, à deux pas de l’agglomération des cochers maltais. Ainsi les « autres » ont-ils été très tôt mêlés à ma vie : ils n’en sortiront plus.

Je ne referai pas ici la description de notre famille, ni du voisinage ; je l’ai souvent tenté dans mes précédents ouvrages. Il me faut toutefois en rappeler quelques traits dominants, nécessaires à la compréhension de ce qui va suivre.

Ainsi la pauvreté. Ce n’est pas tant la privation que j’ai retenue de la pauvreté, parce que nous étions tous pauvres, les clients gabésiens de mon père, la population juive et arabe du quartier, et même les Européens, Sici-liens et Maltais, que nous côtoyions quotidiennement. Les

privilégiés, les colons français, quelques solides familles tunisiennes, si nous en entendions vaguement parler, nous ne les connaissions pas vraiment. Ils vivaient à la périphé-rie, dans un monde où nous nous aventurions rarement ; ils relevaient des Mille et Une Nuits. […]

L’avantage du no man’s land, c’est qu’on y est à la fois frontaliers et voisins, quels que soient les problèmes, sinon les drames de la cohabitation. Si les adultes étaient circonspects, nous, les enfants, jouions aux mêmes jeux, nous lancions les mêmes injures. Mon meilleur copain tant que nous habitâmes l’impasse, Giovanni, était sicilien, ou corse – je confondais les deux. En classe d’anglais, il m’apprenait le sicilien ou le corse, je lui apprenais l’arabe, pour contrer à notre manière l’ordre du lycée. Manière stupide, puisque je n’ai jamais su convenablement l’an-glais. Giovanni m’invitait quelquefois à déjeuner dans sa famille. Tiens, une bouffée de bonheur ! Entre eux les pauvres ne sont pas malheureux. On a chaud les uns sur les autres. Ou peut-être que, invité, je n’avais pas besoin de disputer ma part de nourriture. Dans ma famille, portée de jeunes loups, nous étions tous penchés sur la marmite pour repérer le morceau préféré et se l’approprier avant qu’il ne disparût. Chez Giovanni, servis d’autorité par une mère énorme – le double de la mienne-, nous avions tou-jours des pâtes, avec des assaisonnements divers, tomates, févettes, oignons, huile d’olive, plus rarement du fromage, que j’avais en horreur – j’ai toujours la même répulsion, tant pis pour le calcium ! –, et bien sûr du pain, du pain avec tout ; on mangeait du pain avec quelque chose, plu-tôt que l’inverse.

Albert Memmi, Le Nomade immobile, « Prologue », © Éditions arléa, mars 2003.

Texte 22

1. Bourrelier : artisan qui fabrique les bâts et les harnais pour les chevaux.

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