1|...1. Être humain... voilà une sacrée expérience n'est-ce pas ? Ça ressemble bien...

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À toi Opa, Parce que même si je t'ai connu Alors que tu étais fait de chair et d'osTu as été assurément le premier Ange Que j'ai eu la chance de croiser sur cette TerreEt ma première rencontre avec l'Amour inconditionnel...

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1.

Être humain... Voilà une sacrée expérience n'est-ce pas ? Ça ressemble bien souvent à une bellegalère... Déjà rien que le fait de sortir du cocon douillet que représente le ventre d'une mère pourvenir respirer l'air frais du dehors, c'est toute une épreuve.

Heureusement qu'on oublie très vite ce qui s'est passé lors de l'expulsion de notre premier logis pourfaire une descente en mode escargot dans le toboggan à bébé.

On est chahuté, compressé, bousculé, et puis vient un moment où c'est comme si quelqu'un avaitenlevé le bouchon dans la baignoire alors qu'elle aurait été remplie à ras bord. Fini de barboter bientranquillement au chaud, et en plus le siphon a visiblement décidé de nous aspirer avec la flotte,sauf qu'on a bien mangé, nous, durant les neuf derniers mois et qu'on ne va pas se laisser mettre à laporte aussi facilement, non mais oh !

Et puis on ressent aussi tout le stress et la douleur de maman (et je ne vous parle même pas de l'étatde papa quand il est à côté... On se demande parfois lequel des deux est en train de faire le job...)

Oui, la naissance nous donne un bel aperçu de ce que peut être la vie sur Terre. C'est parfoisdouloureux et difficile. Ça peut couler de source ou nécessiter l'utilisation de forceps, mais d'unemanière ou d'une autre, on finit toujours par voir la lumière au bout du tunnel.

Je me demande si les bébés ont conscience de ce qui se passe pour eux quand vient le moment denaître... Je suppose que comme leur mental ne turbine pas encore dans tous les sens comme celuides plus grands, ils n'ont pas à affronter des tas de pensées leur montrant toutes sortes de possiblesscénarios effrayants au sujet des suites de la situation douteuse qu'ils sont en train d'expérimenter.Ils vivent les choses de façon totalement instinctive et intuitive en quelque sorte et c'est tant mieuxpour eux.... Je dis ça parce que je suis un peu claustro sur les bords et rien que de m'imaginer priseau piège dans un espace aussi restreint qu'un ventre humain (et je ne parle même pas du moment oùil va falloir glisser dans le vagin de maman) ça me fait déjà à moitié tourner de l'oeil... Cela dit, il ya certaines circonstances qui peuvent nous faire changer rapidement de perspective...

En cet instant précis par exemple, je n'aurais rien contre le fait d'être coincée dans un ventrehumain, parce qu'aujourd'hui vous voyez, le rôle qui m'a été attribué est celui de la proprio qui doitse charger d'expulser son locataire parce que le bail est arrivé à échéance et qu'il n'y a pas derenouvellement possible (Merci mon Dieu !)

Mon amoureux est là lui aussi... Mais là tout de suite, je n'ai pas vraiment envie de le couvrir depetits mots doux... En fait je serais plutôt partante pour qu'il ne s'approche plus de moi et toutparticulièrement de mon entrejambe, mais je sais aussi que c'est parce qu'en cet instant j'ail'impression qu'on est en train de me broyer depuis l'intérieur. En temps normal, j'aurais été raviequ'il vienne me faire un câlin et qu'on joue aux Lego ensemble, si vous voyez ce que je veux dire...J'aime beaucoup quand nos pièces s'emboîtent :-)

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Mon pauvre amour... Si je n'étais pas aussi occupée à tenter de gérer la douleur, j'aurais juste envied'aller le prendre dans mes bras. Il a l'air désespéré. Je suppose que pour un homme, ça ne doit pasêtre facile de voir la femme qu'il aime en train de souffrir le martyre sans pouvoir faire quoi que cesoit. Un jour on pourra sans doute en rire, mais pas aujourd'hui...

Et où est passé l'anesthésiste bon sang ?! Il est allé se faire faire une manucure ou quoi ? J'ai peurdes piqûres normalement, vraiment la grosse trouille quoi... Mais j'avoue que je tuerais sansscrupule quiconque chercherait à m'empêcher d'avoir enfin CETTE PUTAIN DEPÉRIDURALE !!!!

Bon, je sais que dès que bébé sera là, j'oublierai très vite cet enfer et il se pourrait même un jour quej'aie envie de recommencer (dixit mes amies avec un ou plusieurs enfants – elles doivent toutes êtrecomplètement barges en fait, je ne vois pas d'autre explication), mais dans l'immédiat, je medemande vraiment ce qui m'a pris de vouloir devenir mère... Pourtant ce n'est pas faute d'avoir vuun nombre incalculable de fois comment ça se passe dans les films, dans des reportages ou enécoutant les récits passionnants (....................) de mon entourage... Est-ce que j'ai vraiment cruqu'elles exagéraient toutes pour se faire mousser ? Oui, parce que je me suis dit qu'après tout, ça nepouvait pas être aussi terrible que ça hein... Les femmes accouchent depuis la nuit des temps... C'estqu'on est toutes capables de le faire non ?

Sans doute que oui, et de toute façon, il vaut mieux que je penche pour cette option-là, parce qu'iln'y a plus moyen de reculer maintenant. Ça a été bien beau l'opération "on sème la graine" à vouloirconcurrencer monsieur et madame lapin en faisant l'amour à tout va, mais maintenant est venu lemoment d'assumer notre choix, et il n'y aura pas de partage des tâches cette fois...

Juste au cas où... Si vous êtes une future maman et que vous lisez ces lignes, concentrez-vous sur lefait que ceci est un roman de fiction... Répétez après moi : Fiction... F-I-C-T-I-O-N... Voilà... Toutse passera à merveille pour vous... Je donne des détails effrayants juste pour alimenter un peu monrécit, c'est tout... Et puis, quand on y pense, c'est assez drôle pour toute personne n'ayant pas lesjambes écartées sous le feu des projecteurs, pendant que son intimité est examinée comme une toiledans une galerie d'art par de parfaites inconnues qui jouent de temps en temps les spéléologues pourvous dire que l'ouverture de votre col n'a progressé que de tant et tant de millimètres, ou centimètressi vous avez du bol (bon ok, vous allez sans doute en chier, mais promis ça en vaut la peine).

C'est le moment de vérité... Ça va bientôt l'être en tout cas (je l'espère tout du moins)... Le genre demoment qui marque toute une vie, comme une ultime victoire à remporter après toutes celles quil'ont déjà été. Cette pensée me fait oublier l'espace d'un instant la douleur et tout le reste, et c'est dela gratitude qui prend toute la place, de la gratitude pour toutes ces marches gravies, mais aussi pourEUX... Ils sont là eux aussi... Avec toute leur bienveillance. Avec tout leur amour. Je peux voir leurssourires radieux... Pas comme je pourrais vous voir vous... Mais je les vois... D'une autre façon...Eux qui ont toujours été là, à mes côtés, même si pendant un certain temps je les avais oubliés...

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2.

Je suis née comme n'importe quel enfant, composée d'une enveloppe corporelle, d'un esprit et d'uneâme. Mon véhicule terrestre comme j'ai tendance à l'appeler (la personne que vous voyez en tantque "moi") a débarqué une belle nuit d'hiver pour le plus grand bonheur de mes parents (enfinquand je parle de bonheur, c'est en faisant abstraction des nuits blanches, des vomis et des couchesqui débordent, ce genre de choses).

J'ai grandi comme n'importe quelle petite fille, au sein d'une famille qui ressemblait à peu près àn'importe quelle autre, avec ses humeurs, ses hauts et ses bas, son quotidien relativement paisible.Je suis arrivée seconde dans la fratrie, alors que ma grande soeur commençait à avoir unvocabulaire suffisamment riche pour se faire comprendre de papa et maman, et lorsque jecommençai moi-même à galoper dans toute la maison, coursée par maman ou par mamie quej'arrivais plus facilement à semer que la première, un petit frère vint nous rejoindre ma soeur et moipour compléter l'équipe "des petits monstres" comme nous appelaient nos grands-parents.

Très tôt, j'ai commencé à trouver ce petit monde qui m'entourait plutôt bizarre, il faut le dire, etassez impoli d'ailleurs parce qu'ils ne disaient jamais bonjour à mon meilleur ami. Ce n'était pasfaute pourtant de les prévenir qu'il était là, mais ils se contentaient de sourire tout en continuant àl'ignorer, ou alors, quand j'insistais de trop, commençant à m'énerver qu'on laisse ainsi de côté monami, ils me disaient d'arrêter avec mes bêtises... Je ne comprenais vraiment rien aux adultes.

Mon frère et ma soeur au moins étaient gentils avec lui. Mélinda lui servait même le thé quand onjouait ensemble, et Tom lui prêtait de temps en temps une de ses petites voitures. Pietro, mon ami,était content de participer à nos jeux, et d'ailleurs il était toujours content, quoi qu'il se passe, sauf sij'avais du chagrin ou que je me faisais mal. Je savais que ça lui faisait de la peine aussi, mais iltrouvait toujours un moyen de me distraire et de me rendre le sourire.

La présence de Pietro à mes côtés m'avait toujours semblée parfaitement normale, mais engrandissant, et notamment en faisant mon entrée à l'école, j'ai commencé à remarquer que quelquechose était bizarre, parce que les autres enfants et la maîtresse ignoraient eux aussi mon ami,comme s'il n'existait pas. À la limite, qu'on ne prête pas attention aux copains pas très causants dePietro qui passaient de temps en temps par là et repartaient comme ils étaient venus, ça allait. Maisquand il s'agissait de lui, je ne comprenais pas la réaction des autres à son égard et ça me mettaitvraiment en colère parce qu'à mes yeux c'était méchant d'agir comme ça. J'ai mis du temps avantd'envisager une nouvelle possibilité...

"Les autres, ils ne te voient pas hein ? lui demandai-je un jour.

- Non, ils ne me voient pas.

- Mais pourquoi ?

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- Parce que ça ne serait pas opportun...

- Ça veut dire quoi "opportun" ?

- (sourire) Eh bien, disons que ça ne serait pas utile pour eux de me voir ou de m'entendre.

- Ah... Et pourquoi est-ce que moi je peux te voir et t'entendre alors ?

- Parce que c'est opportun..." me répondit-il le regard plein de malice.

Pietro aimait bien me taquiner. On rigolait beaucoup tous les deux, et puis on parlait aussi trèssouvent, parfois de petites choses toutes simples, et puis parfois de choses plus importantes commela robe que je devais mettre à ma poupée Lucie pour quand elle irait au bal, ou alors la coupe decheveux que j'allais lui faire... Pietro me disait que maman n'allait pas être contente du tout que jecoupe les cheveux de ma poupée, ce à quoi je répondais que c'était du n'importe quoi. Maman elle-même me répétait tout le temps quand on allait chez le coiffeur et que je n'étais pas contente que lescheveux, de toute façon, ça repousse...

Ce qui était rigolo aussi, c'était qu'avec Pietro, je pouvais même parler juste dans ma tête, et ilm'entendait quand même, comme si ça avait été un grand magicien.

Plus je grandissais, plus la présence de Pietro semblait déranger à peu près tout le monde autour demoi. Certains avaient l'air agacés quand j'en parlais, d'autres semblaient avoir peur, alors mon ami etmoi nous nous étions mis d'accord pour jouer le jeu et laisser les autres dans leur illusion. Aprèstout, si Pietro les dérangeait, tant pis pour eux. C'était mon meilleur ami et c'était tout ce quiimportait à mes yeux.

Bien qu'il eut été d'une patience infinie face à la multitude de questions que je lui posais chaque jouret auxquelles il répondait toujours avec plaisir, je savais aussi qu'il me cachait des choses. Lesenfants sont malins et on ne peut pas les mener en bateau si facilement.

Quand je demandais à Pietro pourquoi il ne me disait pas tout, il me répondait qu'il me donnaittoujours les réponses que j'étais prête à entendre et dont j'avais besoin, et que le reste viendrait entemps et en heure.

Bien sûr, comme j'étais déjà très têtue, je continuais à poser mes petites questions à Pietro, enessayant de changer leur formulation pour lui faire cracher le morceau, mais Pietro était visiblementaussi malin qu'un enfant, et aussi têtu que moi, sauf que lui ne s'énervait pas. Il ne s'énervait jamaisen fait.

Ca aussi, ça a été un jour le sujet d'un de mes interrogatoires, et voilà ce que mon ami m'avaitrépondu :

"Quel intérêt pourrait avoir le fait que je m'énerve ? Si c'était le cas, ce serait en premier lieudésagréable pour moi, et ça le serait aussi pour toi. Et puis ça ne me dérange pas que tu reposes sanscesse les mêmes questions. Je dispose de tout mon temps pour te redire encore et encore que tu

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auras des réponses quand le temps sera venu pour toi..."

Il m'a alors souri, comme il le faisait à chaque fois, et quand Pietro me souriait, je savais que c'étaitpour de vrai. Il ne faisait jamais semblant, contrairement aux grandes personnes autour de moi, et jetrouvais ça vraiment chouette.

Et puis un jour, assise sur un banc dans la cour de l'école pendant la récréation, j'étais en grandeconversation avec Pietro, pensant être seule alors que les autres enfants jouaient, couraient etchahutaient un peu plus loin. C'est alors qu'un garçon plus âgé a déboulé de derrière un buisson et acommencé à se moquer de moi, à me crier dessus en me disant que j'étais folle, débile et d'autreschoses vraiment méchantes que j'ai préféré oublier.

Je me suis sentie très triste en entendant ses paroles et en voyant son attitude, et j'avais surtout de lapeine pour Pietro, parce qu'encore une fois, on faisait comme s'il n'existait pas... J'ai éclaté ensanglots et le garçon a fini par partir tout en continuant à ricaner bêtement.

J'ai pensé sur le coup que ce n'était qu'un incident et que tout allait rentrer dans l'ordre et continuercomme avant, mais quelque chose commença à changer ce jour-là, même si je n'arrivais pas à savoirsi ça venait de moi ou de l'extérieur.

Des épisodes de ce type ont commencé à se multiplier à l'école. Le garçon qui m'avait vue en trainde parler avec Pietro avait sans doute fait passer le mot, et même mes bonnes copines ontcommencé à m'éviter. Plus ça allait, plus ma peine grandissait...

Et puis un jour, Pietro m'a dit au revoir durant un songe, me jurant qu'il serait toujours là, près demoi, et il a disparu...

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J'ai pleuré pendant des jours, des semaines ou peut-être des mois, je ne sais plus, à tel point quepapa et maman ont fini par m'emmener voir un docteur que j'ai trouvé un peu bizarre parce qu'il n'apas utilisé d'instruments pour m'examiner, écouter mon coeur et faire les autres trucs habituels. Il nem'a pas non plus collé une spatule en bois dans la bouche pour aplatir ma langue comme s'il voulaitvérifier qu'il n'y avait pas un lutin caché au fond de ma gorge, et ça, c'était vraiment une bonnechose parce que des fois ce truc-là me faisait presque vomir... Ce docteur-là me posait juste des tasde questions et m'écoutait ensuite pendant que je lui donnais mes réponses. Seulement, mesréponses ne lui plaisaient visiblement pas, parce qu'il passait un temps fou ensuite à tenter de meconvaincre que j'avais tort alors que lui avait raison.

J'ai d'abord lutté, très fort. Je me suis débattue pour lui faire comprendre que ce que je disais ausujet de Pietro était la vérité, et puis à force d'insister, un jour il a fini par gagner...

Il avait commencé à énumérer toutes les personnes qui m'entouraient, en me demandant à chaquefois si la personne en question voyait et entendait Pietro elle aussi. Et forcément, ma réponse étaitnon à chaque fois. Il avait fini par m'expliquer que c'était normal à mon âge d'avoir un amiimaginaire, que ce n'était pas grave, mais qu'il fallait à présent revenir à la réalité.

J'avais près de sept ans à ce moment-là, et malgré ma certitude d'avoir bel et bien vécu ce quej'avais vécu tout au long de ces années, le doute a commencé à s'immiscer dans mon esprit, jusqu'àce qu'il prenne toute la place et que je me laisse convaincre que tout ça n'avait jamais réellementexisté.

Le temps a fini par passer et le chagrin s'est estompé, en même temps que le souvenir de Pietro. Lemonde extérieur avait remporté la bataille, mais tout ceci a également provoqué en moi l'apparitiond'un fort esprit de rébellion, un esprit chargé de colère aussi.

J'ai commencé à devenir tranchante, malgré mon jeune âge, disant toujours la vérité telle que je lapensais, même (surtout) quand c'était blessant ou embarrassant pour les autres. J'avoue avoirressenti un certain plaisir par moment à piquer à vif ceux qui me faisaient face, et particulièrementles adultes autour de moi qui semblaient tenir pour acquis qu'ils étaient supérieurs aux enfants parceque plus vieux, et qu'on leur devait respect et obéissance alors que la réciproque était rarementvalable. Àchaque fois qu'une occasion se présentait, je les poussais dans leurs retranchements, je lesmettais face à la réalité de leur comportement, en me contentant simplement de dire la vérité alorsque tout le monde semblait vouloir jouer à faire semblant, et le fait que je refuse de jouer avec euxne leur plaisait pas, mais alors pas du tout... Je trouvais parfois les adultes tellement ridicules avecleurs masques hypocrites, alors qu'il était tellement évident à mes yeux qu'ils mentaient.

Je ne sais combien de fois je me suis retrouvée au coin ou affublée d'une punition à l'école parceque j'avais seulement dit la vérité, de façon quelque peu brutale certes, sans y mettre aucun filtre du

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moins, mais ce n'était rien d'autre que la vérité après tout, et visiblement ça dérangeait... JEdérangeais... Même au sein de ma propre famille...

Durant toute mon enfance (toute ma vie), on a tenté de me faire rentrer dans un moule. On a tentéde me faire plier pour que je sois conforme, dans la norme, que je ne fasse pas de vagues, que je nemette personne mal à l'aise et que je sois une bonne petite fille bien docile, mais je n'ai jamaistotalement cédé, en tout cas, pas sous la surface.

Parce que la sensation d'être constamment rejetée ou exclue était devenue trop lourde à porter pourl'enfant que j'étais, j'ai fini par me créer un masque, faisant semblant d'être qui je n'étais pas, faisantsemble d'être celle qu'on voulait que je sois, et quand je me comportais selon les attentes des autres,je recevais l'affection et l'attention dont j'avais besoin, même si tout ça ne me paraissait pas trèsnaturel ni sain d'ailleurs.

Pourquoi fallait-il jouer un rôle et faire semblant pour recevoir de l'amour ? Est-ce que c'étaitvraiment ça la vie ?

Très tôt, j'ai compris que je n'étais pas à ma place ici, que je ne vivais pas dans le bon monde, oupas à la bonne époque... Quoi que... qui pouvait me dire que ça aurait été différent il y a cent oumille ans en arrière, n'est-ce pas ? Je ne pouvais pas le savoir.

Quoi qu'il en soit, c'était pesant, car je voyais clairement que les gens autour de moi n'étaient pascomme moi, ou alors c'était moi qui n'étais pas comme eux, peu importe. Mais c'était lourd, trèslourd, et je me sentais bien seule et triste aussi.

Alors que j'avais toujours été d'une nature enjouée par le passé, débordante de joie de vivre et lecoeur grand ouvert, j'ai commencé à m'éteindre, à me replier sur moi-même, ressentant souvent desangoisses qu'aucun autre enfant ne semblait vivre. Peut-être que j'étais folle après tout ? Je me suisposé la question bien des fois.

Petit à petit, j'ai fait tout mon possible pour me fondre dans la masse, pour tenter de décoder lemode d'emploi, pour tenter de comprendre les codes sociaux qui m'échappaient complètement. Lesadultes étaient parfois tellement incohérents. Ils disaient certaines choses alors qu'il m'apparaissaitclairement qu'ils ne le pensaient pas, comme une de mes tantes un jour qui nous avait proposé devenir la voir durant la semaine, alors qu'une fois sur place, elle avait semblé surprise et mêmecontrariée qu'on soit venus... Les enfants, eux, avaient une excuse, parce qu'ils ne faisaient qu'imiterce qu'ils voyaient de leurs parents, alors j'arrivais à ne pas leur en vouloir. Mais pour ce qui était desadultes, je ne comprenais absolument rien à un certain nombre de leurs manies bizarres et ça metapait vraiment sur les nerfs.

Comme vous pourrez vous en douter, mon enfance n'a pas été une période très facile pour moi,même si concrètement, il n'y avait rien de dramatique à ce que je vivais. Je n'ai jamais été battue, jen'ai jamais vécu de grands drames qui auraient pu expliquer cette mélancolie qui m'habitait en quasipermanence.

Bien sûr il y avait des moments de joie aussi, notamment quand je jouais avec mon frère et masoeur, mais je ne me sentais jamais complètement en paix. Il y avait comme un vide, une espèce degouffre béant à l'intérieur que rien ni personne n'arrivait à combler.

Et bien souvent, quand je faisais mes prières du soir, la demande qui revenait encore et encore dans

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ma bouche était celle-ci : "S'il te plaît Dieu, ramène-moi à la maison..."

Bien que d'un point de vue pratique je n'aie jamais manqué de rien, intérieurement, ce sentimentpesant de ne pas être réellement chez moi m'a suivi pendant très longtemps.

Si mon enfance a été pesante, je vous laisse imaginer ce qu'a été mon entrée dans l'adolescence(rire). Peut-être êtes-vous en train d'imaginer l'ado rebelle classique qui fait exprès de ne suivreaucune règle, qui hurle, qui pique des crises pour un oui ou un non, ce genre de choses. En fait, ça aété tout le contraire. Vous auriez pu me poser dans un coin et me laisser croupir là que je n'auraispas bougé. Je ne me plaignais jamais de rien, je faisais avec quoi qu'il arrive, et j'ai toujours été trèssouriante d'ailleurs et aimable avec tout le monde. D'un point de vue extérieur, on aurait sans doutepu me comparer à l'ado idéale, mais qu'est-ce que j'avais mal dedans...

Je souffrais en silence, continuant à faire semblant d'être qui je n'étais pas pour tenter de satisfaireles attentes des autres à mon sujet. J'étais un peu comme un caméléon, modifiant ma posture et mafaçon d'être pour m'adapter à qui j'avais en face de moi. Je ne m'exprimais que très peu, mais je nesuis pas sûre que c'était seulement parce que j'aimais écouter les autres. Je crois aussi que j'avaisconstamment peur de dire une bêtise, d'être inintéressante, ennuyeuse, ce genre de choses. J'avaispeur d'être mal jugée et je crois que j'avais même peur d'être bien jugée. Je ne voulais pas qu'on meregarde, je ne voulais pas qu'on me voie... Je voulais juste disparaître, ne plus être là.

Ca a fini par s'exprimer physiquement d'ailleurs. J'avais toujours été grande et très mince, mais letrès mince a fini par se transformer en très maigre quand j'ai commencé à flirter avec l'anorexie.Étrangement, cet aspect de ma vie me redonnait l'impression d'avoir un peu de pouvoir sur quelquechose, comme si le fait de contrôler mon corps et mon poids me donnait le sentiment de pouvoir aumoins décider par moi-même de quelque chose au sein de ma sombre existence.

Et puis bien sûr, l'autre problème majeur a été mon intérêt grandissant pour les garçons... J'avais lechic pour m'amouracher de personnes inaccessibles (en tout cas c'était ma perception de la chose)qui ne montraient aucune sorte d'intérêt pour moi, alors je vivais des amours imaginaires. Je rêvaismes relations, comme dans les contes, et ça m'aidait malgré tout à tenir le coup.Mais forcément, quand notre coeur fait des bonds dans notre poitrine et qu'il ne se passe jamais riendans la vraie vie, ça finit par faire mal, très mal.

À l'âge de seize ans, j'ai expérimenté pour la première fois la dépression, avec les idées suicidairesqui l'accompagnent bien souvent... Quand j'entends parfois certaines personnes me dire qu'ellesaimeraient tant revenir à leur vingt ans, je bondis intérieurement. Pour rien au monde je ne voudraisrevenir en arrière... Jamais !

J'ai bien souvent imaginé toutes sortes de stratagèmes pour mettre fin à mes jours, même s'il sepassait toujours un petit quelque chose qui m'aidait à tenir bon, mais là aussi, je rêvais ma mort plusqu'autre chose, parce que de la même façon que pour l'amour, je la désirais autant que je lacraignais, alors je restais figée sur place, attendant que la vie tranche pour moi, et comme je suis entrain d'écrire ceci, vous imaginerez sans peine de quelle façon la vie a tranché :-) Bon...Concrètement, je pourrais aussi être en train de donner la dictée à un médium qui se chargeraitd'écrire ce livre pour moi, mais non... Je suis faite de chair et d'os, et bien vivante, physiquementparlant aussi.

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J'ai passé mes trente premières années à survivre, à lutter tant bien que mal en considérant la viecomme un calvaire qu'il fallait traverser comme on le pouvait, avec les moyens du bord, en secontentant de récolter les miettes que nos prédécesseurs avaient oublié de ramasser sur le chemin.

Et puis un jour, ce qui aurait pu apparaître aux yeux de la plupart des gens comme une catastrophem'a finalement sauvé la vie, ou plutôt, a été le point de départ de ma véritable vie...

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4.

Réveille-toi...

Ca devait faire une demi-heure, peut-être moins, ou peut-être plus, que j'étais plantée devant lemiroir de la salle de bain, les yeux vissés dans ceux de cette personne étrange que je voyais en facede moi. Elle me ressemblait trait pour trait : même coupe de cheveux, même couleur des yeux. Sonvisage était semblable en tous points au mien. Mais qui était-ce ? Je n'avais pourtant pas de soeurjumelle, j'aurais été au courant depuis le temps... C'était moi ça ? Mais qui était ce "moi" au juste ?

Je ne savais pas... Je ne savais plus... Je me suis réveillée ce matin-là en me sentant comme hors demon corps, hors de moi-même. Et où est-ce que j'étais d'ailleurs ? Tout semblait flou et vague. Monesprit nageait en plein milieu d'un brouillard épais, à tel point que je me suis demandé à plusieursreprises si je n'étais pas en train de rêver.

Et qu'est-ce que c'était que tous ces "bips" et ce tuyau pendu à mon bras ? Mmm... Quelques imagestraversèrent rapidement mon écran mental alors que ça recommençait à cogner dans ma tête et danstout mon corps d'ailleurs... La nuit... Mes mains sur le volant... Mes yeux qui se brouillent... Unarbre... Ma voiture encastrée dans l'arbre, puis plus rien...

En soulevant ma frange, je me rendis compte que j'avais une belle bosse sur le front. Mais qu'est-cequi s'était donc passé ? J'avais eu un accident ? Oui... ça devait être ça... mais mes souvenirs à cesujet étaient aussi confus que si j'avais fait un simple cauchemar...

Quelque chose d'autre me revint tout à coup. Un autre épisode datant d'avant l'accident. J'étais partiede chez... mon petit-ami ? Oui, ça devait être ça... vers une heure trente du matin, mon éternelsourire de surface collé sur les lèvres, jusqu'à ce que je sois seule au volant et que les larmes semettent à couler comme un torrent pendant la mousson d'été. Mon coeur s'était fendu en deux (ouplutôt en mille morceaux) après avoir entendu de sa bouche qu'en ce moment, il songeait de plus enplus à partir à la recherche de la femme de sa vie, parce que les relations "juste pour le cul" selonses termes, commençaient à le lasser... Ça faisait 2 ans qu'on avait une relation "juste pour le cul"semblait-il, et que je l'avais malencontreusement confondue avec une vraie relation amoureuse...

"Juste pour le cul"... Sérieusement ?? Ses paroles m'avaient fait le même effet que si j'avais étédebout à l'intérieur d'une de ces énormes cloches d'église qu'on aurait fait sonner alors que j'auraisété ligotée à son battant. Et là, une sorte de film faisant le listing de tout ce qui était déplaisant chezlui, voire carrément malveillant, et que j'avais pourtant accepté, persuadée qu'il allait finir parchanger si je lui donnais suffisamment d'amour, se mit à défiler devant mes yeux. Est-ce j'étaisvraiment conne à ce point ?? Est-ce qu'on pouvait vraiment être aussi stupide et naïve ?

J'étais pourtant une personne intelligente et douée par ailleurs pour cerner les gens... bon sauf en

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amour visiblement, c'était à présent une certitude... Mais tout de même... Je n'avais pas pu mevautrer aussi lamentablement et ne rien voir venir ? Putain... Pas possible d'être aussi bête !

Tout ce dont je me suis souvenue ensuite, c'est d'avoir pris la route pour rentrer chez moi, et puisune biche avait surgi de nulle part... Par réflexe j'avais freiné comme j'avais pu et braqué monvolant pour tenter de l'éviter, puis il y avait eu un gros "boom" et plus rien... Enfin si... Il mesemblait bien qu'il y avait eu autre chose après, mais tout était tellement flou...

Flash... Un sourire...On se connaît ? Je suis déjà venue ici...Qu'est-ce que le soleil est vif aujourd'hui...Et quel jour on est ?J'ai tellement sommeil...

J'avais beau essayer de me rappeler, je n'arrivais qu'à retrouver d'infimes bribes de souvenirs...Sûrement un de mes rêves bizarres, comme d'habitude... Et qu'est-ce que j'avais mal à la tête...

J'avais visiblement eu un accident de voiture et voilà que je me retrouvais donc dans une chambred'hôpital, à m'interroger sur qui était la personne que j'étais en train d'examiner dans le miroir. Etvous savez ce qui me gênait le plus, là, tout de suite, en dehors du fait de ne pas savoir si la bicheavait bien été épargnée ? Mes cheveux... Oui mes cheveux ! Ils étaient blonds... platine... Maisqu'est-ce que j'avais foutu bordel ? Ah oui... ça me revenait... Monsieur "juste pour le cul" avaitdécrété que je serais sans doute encore plus craquante en blonde, et moi, l'idiote de service, jem'étais dit que ça pourrait être sympa un peu de changement... Oui, parce qu'en temps normal,j'avais toujours eu les cheveux châtains, genre très foncés vous voyez, avec des sourcils tout aussifoncés, et lesdits sourcils n'avaient rien d'une ligne toute fine et presque invisible... et comme j'avaisen plus le teint plutôt clair, je ne vous dis pas le contraste que ça faisait...C'était tout simplement horrible ! En plus, comme je m'étais m'effondrée en sortant de chez l'autreabruti comme une petite fille qu'on aurait abandonnée dans la forêt avec des hurlements de loups enfond sonore, je me retrouvais avec des yeux de panda et du mascara noir qui avait laissé des sillonsbien visibles sur mes joues et jusqu'à la base de mon cou. Encore un peu et on aurait pu meconfondre avec un des membres du groupe Kiss...

Une vague de colère déferla en moi d'un coup ! J'étais furax ! Je me sentais trahie, humiliée,ridicule, stupide et tellement d'autres choses encore que je préfère interrompre ma liste ici.

Réveille-toi...

Et puis il y a eu cette pensée qui est venue s'imprimer dans ma tête, foudroyante, aussi visible quel'aurait été un néon rose fluo qui se serait allumé devant mes yeux en plein milieu de la nuit la plussombre.

C'était comme si je m'étais pris une énorme décharge électrique d'un coup et que mes yeux seseraient enfin ouverts... J'avais vécu ce même type de scénario tant de fois... J'avais passé ma vie à"courir après les autres", à tout faire pour entrer dans leurs bonnes grâces ou faire en sorte d'yrester. J'avais passé tellement de temps à donner sans jamais rien recevoir en retour, la majorité du

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temps en tout cas, non pas que j'aie attendu quelque chose en retour, mais lorsque j'étais honnêteavec moi-même, je me rendais bien compte que j'avais plus souvent été utilisée que considérée avecbienveillance et amour, sur un pied d'égalité.

Combien de fois avais-je été perçue comme un simple ustensile ? Comme une roue de secours ? Labonne poire qui ne manquait jamais de rendre service et de répondre à toutes les demandes oupresque ?

Moi, la "petite fille" innocente de 30 balais, naïve à souhait, tout aussi malléable du moment qu'onlui donnait un peu d'attention et de reconnaissance... Est-ce que c'était ma fâcheuse tendance àtoujours vouloir croire en la bonne foi des gens qui m'avait autant piégée ? Ou est-ce que c'étaitparce que je n'arrivais pas à croire que les autres pouvaient réellement être aussi différents de celleque j'étais ?

J'étais incapable de faire semblant, de mentir (sauf parfois pour éviter de blesser quelqu'un) ou detricher. L'hypocrisie n'existait tout simplement pas dans mon petit monde intérieur, alors pourquoiles autres auraient été différents, n'est-ce pas ? Et même après tout ce que j'avais déjà encaissé et lesderniers événements en date, je n'arrivais toujours pas à croire que certaines personnes pouvaientêtre juste comme ça, sans tenter de leur trouver toutes sortes d'excuses.

Comme vous pourrez sans doute le deviner, en cet instant précis, je me sentais vraiment nulle, aufond du gouffre, comme une âme errant dans les limbes. Pourtant, ce fut précisément ce moment oùje me suis retrouvée exposée à la facette la plus minable de mon être qui me servit de propulseurpour que je puisse mettre en marche ce qui allait s'avérer être un immense chantier dans ma vie,mais tellement salutaire.

À cette période de mon existence, j'étais encore comme un petit enfant qui apprend à marcher.J'étais fragile, maladroite et vulnérable, beaucoup trop préoccupée par ce que les autres pouvaientattendre et penser de moi, et vraiment pas assez soucieuse de ce que JE voulais vraiment pour moi.

J'étais encore bien loin de me douter des drôles de surprises que la vie allait me réserver... Bien loinde me douter aussi de ce qui se cachait tout au fond de moi, conservant à l'abri des regards manature véritable, comme si celle-ci avait été déposée dans un bel écrin doré, pour être ensuiteenfouie dans les recoins les plus sombres de mon être. Et ce dont j'aurais été tout aussi incapable deme douter était le fait que d'autres avaient décidé de suivre le même chemin que moi et queviendrait un moment où nos routes se croiseraient...

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5.

Le réveil venait tout juste de sonner et je n'avais aucune espèce d'envie de me lever. J'étais de retourà la maison après avoir passé trois jours en observation pour être sûr que tout allait bien chez moi...Enfin, médicalement parlant je veux dire, sinon ils m'auraient sans doute gardée jusqu'à à peu prèsla fin des temps...

Je me mis assise tant bien que mal avant de me hisser vers le bas du lit, pas vraiment décidée à lequitter pour autant.

Je ne pouvais pas vraiment dire que j'étais de mauvaise humeur. Je ne ressentais plus vraiment decolère, même pas d'agacement. Juste une sorte de lassitude pesante, comme un vide intérieur, uneenvie de rien qui s'était déjà invitée si souvent dans mon quotidien.

J'avais perdu toute motivation (avais-je seulement déjà été vraiment motivée par quoi que ce soitd'ailleurs ?) et ces sempiternelles questions existentielles recommençaient à me tourner dans latête... Pourquoi est-ce que je suis là ? Qu'est-ce que je fous sur cette planète ? Pourquoi est-ce que jene suis pas normale (comme tout le monde quoi) ? Pourquoi est-ce que je ne peux pas avoir une vieun peu plus simple pour une fois ? Et est-ce que ça va être comme ça tout le temps ? Est-ce que jevais continuer à tourner en rond ? Et combien de temps je vais encore devoir tourner en rondjustement ? À devoir encore et toujours trimer et répéter ces conneries de scénarios à la con qui mereplacent encore et toujours dans la même douleur ? PUTAIN MAIS QU'EST-CE QUE J'AI FAIT AU BON DIEU POUR MÉRITER CA ???

Bon... Ok... Peut-être que finalement j'étais quand même un peu en colère... En fait, je ressentaisune profonde injustice, pas seulement pour ce que j'avais vécu ces derniers jours avec l'accident etbien sûr avec cette douloureuse prise de conscience concernant mon petit-ami... Oup's, avec mon"plan cul" voulais-je dire, mille pardons... Ça allait bien au-delà de ça... C'était le déroulement dema vie tout entière que je trouvais profondément injuste. J'avais l'impression d'être constamment entrain de me battre, en train de faire des pieds et des mains pour seulement arriver à survivre... Et çaavait toujours été comme ça.

J'étais pourtant une bonne personne. J'étais bienveillante envers les autres, j'avais bon caractère,j'étais facile à vivre. J'étais du genre discrète, je laissais les autres vivre leur vie tranquillement et enaucun cas je n'aurais été envahissante ou intrusive. J'étais une jeune femme paisible et sans histoire,souriante en plus, même quand ça n'allait pas. Alors je ne comprenais pas pourquoi c'était aussidur... Je voyais plein de gens autour de moi qui, certes, rencontraient aussi des difficultés en toutgenre et des problèmes, mais quand je les entendais parler, ça n'avait pas l'air de les affecter plusque ça.

Pourquoi tout semblait aussi démesuré dans ma propre vie ? Est-ce que j'étais simplement tropsensible ? Je m'étais pourtant endurcie déjà, mais pas assez visiblement.

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Et ce qui était le plus pesant, c'était cette sensation de constant décalage avec l'ensemble de lasociété. Je ne me sentais à ma place nulle part, jamais, et avec personne. Bon, c'est vrai, je n'avaispas fait personnellement la connaissance de la totalité des habitants de la planète et il restait bien dumonde à rencontrer, mais en trente ans tout de même... ça faisait beaucoup de rencontres et pas uneseule jusque-là qui m'aurait permis de me sentir vraiment comprise et entendue.

Je ne savais pas où était ma place, ni même si j'avais une place bien à moi en ce monde. Je mesentais bien plus proche des animaux, ou encore des morts. Je leur adressais souvent des prièressilencieuses, et quelque part, j'étais persuadée qu'on m'entendait, même si on ne me répondait pas.Je n'avais aucune certitude au final à ce sujet, mais considérer cet autre univers comme une réalitéme permettait de me sentir un peu moins seule au monde.

Finalement, la colère céda sa place à la tristesse. Une lourde et profonde tristesse qui envahit toutmon être. Je me laissai tomber à genoux sur le sol dur de ma chambre, les mains recroquevillées surma poitrine, et je me mis à parler au Big Boss, espérant qu'il existe vraiment (qu'il comprenne aussice que j'étais en train de baragouiner entre deux sanglots) et qu'on n'avait pas raconté des montagnesde conneries à son sujet depuis des millénaires.

"S'il te plaît... S'il te plaît... S'il te plaît..., murmurai-je, viens me chercher et ramène-moi à lamaison... Je n'en peux plus... Je n'en peux vraiment plus... Ma vie ici ne rime à rien, je ne sers à rienet je ne manquerai de toute façon à personne... Je t'en prie Dieu, ou n'importe qui d'autre quipourrait m'entendre... (bon, excepté Satan...) Ramène-moi chez moi... Je ne sais pas où c'est chezmoi au final, mais vous êtes censés être omniscients de l'autre côté alors tu devrais être en mesurede trouver la bonne adresse... Par pitié... Sors-moi de cet enfer... Je n'en peux vraiment plus de cettevie..."

Évidemment, je ne m'attendais pas à avoir une réponse. Je ne m'attendais pas non plus à voir de lalumière traverser subitement le plafond pour que des anges débarquent en me faisant un numéro defanfare municipale céleste... Je crois que de toute façon, je ne m'attendais plus à rien. Oui, on peutdire que j'étais totalement désespérée.

Je suis restée ainsi par terre un moment, jusqu'à ce que le fait d'avoir les genoux pliés à même le solme fasse trop mal pour rester en place. Je me suis alors laissée glisser sur le parquet pour allerm'adosser contre mon lit. La couette qui traînait par terre était tout de même nettement plusconfortable pour mes fesses que le plancher qui devait avoir à peu près la même température quel'intérieur de mon congélateur.

J'ai laissé aller ma tête en arrière, et puis finalement, l'angle de 90° formé par celle-ci et le bas dema nuque n'étant pas agréable non plus, je l'ai laissée basculer dans l'autre sens pour aller se nicherau creux de mes mains. J'avais l'impression que mon corps pesait des tonnes... Mon coeur aussid'ailleurs.

Tu ne peux pas rentrer à la maison pour le moment...

"Quoi ?"

Je redressai doucement la tête alors que mes yeux s'ouvraient pour scruter l'espace autour de moiavec plus de curiosité que de peur (mais un peu de peur quand même).

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Évidemment, il n'y avait personne.

"Tu deviens folle ma pauvre..."

Et je laissai retomber ma tête dans mes mains alors que mes yeux se fermaient à nouveau.

Flash... Un visage...Un sourire...

Ce n'est pas encore le moment pour toi de rentrer...

Je bondis cette fois, faisant un tour sur moi-même en me faisant glisser sur le sol. Je n'avais pas pum'assoupir aussi vite tout de même ? En même temps, je n'avais pas entendu cette voix comme siquelqu'un d'autre s'était trouvé dans la pièce. C'était plus... comme à l'intérieur de ma tête... Maispas comme d'habitude. Pas comme quand je pensais (et croyez-moi, j'ai toujours pensé en continu,sans aucune interruption, alors je sais de quoi je parle...)

Même si je me sentis un peu ridicule de ma démarche, je finis par demander à voix haute qui étaitlà. Mes yeux continuaient à sonder l'espace autour de moi, comme si je m'attendais à voir unfantôme apparaître subitement, mais ma chambre était juste ma chambre, fidèle à son imagehabituelle.

C'était un petit cocon paisible dont les mansardes réduisaient l'espace, suffisamment pourtransformer à mes yeux la pièce en une sorte de refuge. Les murs beiges étaient illuminés par lesrayons du soleil qui filtraient à travers les volets. Draps et couverture étaient sens dessus dessoussuite à une nuit qui avait dû être agitée, même si je ne me souvenais pas avoir rêvé ni m'êtreréveillée d'ailleurs. Le réveil sur la table de chevet affichait 7h51.

Une grande armoire en bois dont la couleur hésitait entre le brun et le noir occupait la quasi-totalitédu mur à droite de mon lit, alors que des rideaux à la teinte sable doré complétaient (quand jepensais bien sûr à les fermer) durant la nuit le travail des volets de deux grandes fenêtres de toit,celles-là même qui m'offraient une vue imprenable sur le ciel et ses jolis nuages pendant la journée.

Posée au milieu de cette chambre, je tendis donc l'oreille après avoir lancé ma question dans lesairs, juste au cas où quelqu'un (mais qui ?) aurait eu envie de répondre.

Le silence poursuivit son monologue et je commençai à me détendre à nouveau, me disant quej'avais sans doute eu une hallucination, jusqu'à ce que des images d'une netteté incroyablecommencent à traverser en flèche mon esprit.

Je me retrouvai soudain projetée en pensées dans un autre endroit, comme si j'y avais vraiment été.Un endroit que je ne connaissais pas, mais qui me semblait pourtant familier. Une sorte de joyeusecrispation se faufila dans votre ventre, un peu comme quand on est excité alors qu'on est sur le pointde vivre quelque chose de très agréable.

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Malgré l'étrangeté de ce qui était en train de se passer, je ne ressentais aucune peur et décidai delaisser faire, sans essayer de revenir à ma morne réalité. L'espace autour de moi était quelque peuflou, brumeux, et en même temps, parcouru d'une jolie lumière très colorée. En fait, ça me donnaitun peu l'impression d'être en plein coeur d'un arc-en-ciel... Ça vous semble bizarre ? Je vous laissedonc imaginer à quel point c'était troublant de le vivre.

Je décidai de faire quelques pas pour explorer l'endroit, mais au lieu que ce soit moi qui bouge,c'était l'espace autour de moi qui se mouvait comme si j'avais été le point central de ce monde etqu'à l'aide de mes seules pensées, il m'eut été possible de naviguer en ces lieux.

À mesure que j'avançais, ou en tout cas que tout autour de moi se déplaçait pour me permettre devisiter l'endroit, je découvris ce qui ressemblait à des fleurs, des plantes, des buissons, des arbresaussi, mais tout était très différent de ce que je connaissais. Chaque élément brillait d'un éclatintense, comme si chaque couleur avait déployé la totalité de son spectre et que j'avais été enmesure d'en distinguer chaque particule. Le décor semblait étinceler de mille feux. C'étaitextraordinaire. Jamais encore je n'avais ressenti un tel émerveillement, même pas devant leslumières de Noël ou la neige scintillant au soleil.

Après un petit moment, je remarquai que même mon mental avait fini par la boucler, et ça, onpouvait dire que ça relevait vraiment du miracle. J'étais juste là à observer, à vivre chaque instantl'un après l'autre, et je découvris pour la première fois à quoi devait ressembler la paix intérieure. Çaexistait donc vraiment ?

Je finis tout de même par me demander si j'étais morte.

"On s'en fout ! Profite !"

Oui, j'avais juste envie de vivre ce moment à fond, sans plus me poser de questions, sans plus metracasser pour quoi que ce soit. Pour une fois que je me sentais aussi bien, je n'allais pas passer àcôté de ça !

Alors que je poursuivais ma visite, je me retrouvai tout à coup nez à nez avec le rebord d'uneimmense falaise d'où se jetait un torrent, formant une magnifique cascade qui plongeait tout droit autravers d'un épais tapis de nuages en contre-bas.

C'est à cet instant que je me rendis compte que techniquement, je me trouvais en plein milieu dutorrent et j'aurais donc dû être trempée et même projetée avec l'eau pour atterrir je ne sais où, et sansdoute réellement mourir pour le coup. Pourtant, c'était comme si j'avais flotté dans les airs, bien ausec, et en parfaite sécurité.

Au moment même où j'avais commencé à focaliser mon attention sur l'idée que j'aurais dû êtretrempée, je me mis à ressentir la fraîcheur de l'eau sur mon corps, à percevoir le mouvement ducourant sur mes jambes sans toutefois expérimenter la chose concrètement. C'était un peu commevivre tout ça en étant anesthésiée, ressentir les choses sans en être vraiment affectée, et pourtant, jecrois que jamais encore je ne m'étais sentie si vivante qu'en cet instant.

Si tout ceci n'avait été qu'un rêve, il aurait vraiment été extraordinaire et j'aurais volontiers cédémon âme au diable pour pouvoir y rester, genre, pour l'éternité...

Je songeai un instant au fait que ça aurait été vraiment amusant de pouvoir traverser les nuages, et

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alors que cette pensée n'avait même pas encore fini de faire son chemin dans mon esprit, je meretrouvai immédiatement projetée en plein coeur de l'amas de vapeur d'eau, un sourire béat sur leslèvres, mes mains et mes bras flottant dans les airs, chatouillés par de minuscules gouttelettes que jepouvais percevoir de la même façon que j'avais perçu le mouvement de l'eau sur mes jambes un peuplus tôt.

Cette douce descente se poursuivit durant un moment, me laissant découvrir tout un monde sousmes pieds alors que je finissais ma traversée de ces étranges coussins dont la blancheur étaitimmaculée.

Je finis par atterrir sur le sol, bien que je ne sentis pas vraiment celui-ci sous mes pieds, alors quej'admirais un extraordinaire plan d'eau alimenté par la cascade qui semblait, vue d'ici, prendredirectement sa source dans l'infinie grandeur du ciel.

Je scrutai un moment l'horizon et finis par me demander s'il y avait quelqu'un d'autre en ce lieuétrange et mystérieux autant qu'il était magique.

Je perçus alors une présence à quelques mètres derrière moi, et lorsque je me retournai, c'est là queje le vis et qu'une montagne d'images et de mots affluèrent dans mon esprit pour me faire recouvrerpeu à peu la mémoire...

Pietro... Mon Pietro était revenu...

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6.

Je restai un long moment à l'observer, incrédule, alors qu'il se tenait juste là, à quelques pas demoi... Étais-je en train de rêver ? Ou étais-je réellement morte finalement ?

"Ni l'un ni l'autre..." me répondit Pietro alors que je n'avais pas prononcé un seul mot.

"Tu lis toujours aussi bien dans les pensées à ce que je vois, lui lançai-je en souriant.

- Seulement parce que tu le permets. Ta réalité sera toujours conforme à ce que tu tiens pour vrai..."

Je marquai une pause pour simplement le regarder. Je détaillai chaque parcelle de ce dont il étaitfait, même si je n'avais aucun mot pour décrire ce que c'était concrètement. Son "corps" étaitsemblable à un voile de lumière, un voile qui aurait été tissé de poussière d'or. Il n'était pas faitd'une substance en apparence solide comme l'est le corps humain. Je dirais plutôt qu'il était à la foisvisible et transparent, qu'on pouvait aisément passer au travers tout en percevant une certaine formede résistance à son contact. La "matière" dont il était fait était bien plus dense que l'air que nousrespirons, si bien que lorsque j'étais petite, nous jouions parfois à une sorte de cache-cache un peuparticulier. Je fermais les yeux et me déplaçais dans la pièce, bras tendus vers l'avant, et je savaisque j'avais trouvé Pietro quand l'espace que je traversais était plus frais et plus épais en quelquesorte que le reste de la pièce.Les souvenirs continuaient d'affluer alors que mon ami se tenait devant moi, comme si toutes lespièces d'un puzzle pendant longtemps oublié avaient été en train de revenir chacune à leur place. Jeregardais avec tendresse chacun de ces épisodes qui remontaient à la surface et je laissai les larmescouler sur mes joues.

"Tu n'as jamais été une illusion, n'est-ce pas ?

- Bien sûr que non...

- Alors pourquoi es-tu parti ? Pourquoi m'as-tu laissée toute seule ? répliquai-je en tentant d'étoufferun sanglot.

- Tu n'as jamais été seule. J'ai été à tes côtés à chaque instant de ta vie, seulement, pour préserverton bien-être et te permettre de vivre ton expérience terrestre de la meilleure façon possible, estarrivé un moment où le mieux était que je m'efface. La petite fille que tu étais savait que ce qu'ellepercevait était bien réel, mais le monde autour d'elle n'était pas prêt à l'accepter, et le fait decontinuer à me voir et à m'entendre t'aurait menée à des conséquences bien plus difficiles que cellesque tu as vécues. Je n'entends pas par là que ton chemin n'a pas été bien lourd parfois pour ton coeurd'enfant, mais ici nous pouvons percevoir les conséquences à long terme de chaque choix que vouscomme nous faisons, et crois-moi, ton chemin aurait été bien plus douloureux encore si notre lienétait resté le même que durant les premières années de ta vie."

Je restai silencieuse un moment, me laissant le temps de digérer et d'intégrer ce que Pietro venait de

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me dire.

"J'ai cru que tu m'avais abandonnée... Il m'est même arrivé de ressentir de la haine contre toi pourça... Je me suis sentie tellement seule...

- Je le sais... J'ai vécu chaque étape du chemin avec toi. C'est bien naturel que tu aies été autant encolère. Tu souffrais beaucoup et la rage qui t'habitait t'a permis de ne pas te noyer dans le chagrin.C'était très bien comme ça.

- Et maintenant ? Tu vas repartir encore une fois ? Tu vas à nouveau me laisser seule ?

- C'est toi qui en décideras... Tu as demandé de l'aide et me voilà devant toi... Le reste t'appartient...

- Et toutes les autres fois où j'ai demandé de l'aide Pietro, pourquoi ne t'es-tu pas montré ? Pourquoine m'as-tu pas parlé comme tu le fais maintenant ?

- Tu as toujours obtenu une réponse ou de l'aide sous une forme ou une autre, à chaque fois.Seulement, il n'était pas opportun jusque-là que je me montre directement à toi comme je le fais encet instant...

- Opportun... Oui, je me souviens... soufflai-je en laissant un sourire nostalgique s'imprimer sur meslèvres, le regard perdu dans le vague. Mais en quoi est-ce opportun que je te voie à nouveaumaintenant ? lançai-je en tâchant de rassembler mes esprits.

- Parce que les conséquences d'une intervention plus "ordinaire" disons, auraient été fâcheuses pourton enveloppe corporelle, et selon le plan de route que ton âme a choisi avant de s'incarner dans cecorps, il était nettement plus approprié que les choses se déroulent ainsi, maintenant...

- Quoi ? Quel plan de route ? Excuse-moi, mais tout ça est en train de m'embrouiller la tête...

- Laissons ça de côté pour le moment, veux-tu ? Toutes les informations qui te seront utiles te seronttransmises au meilleur moment. En attendant ma chère enfant, il est temps que tu comprennespourquoi tu t'es toujours sentie autant en décalage avec le reste du monde..."

C'est alors que Pietro me montra quelque chose... Quelque chose qui allait tout faire basculer,définitivement...

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7.

Vous voulez savoir ce que c'était ? Quel a été le cadeau inestimable que Pietro m'a offert ce jour-là ?

Je vais vous le dire... Mais ça va nécessiter une ouverture complète de toutes les portes et fenêtresdisponibles dans votre esprit...

Beaucoup de gens sur cette planète ont déjà vécu toutes sortes d'expériences étranges, qu'il s'agissede contacts avec l'au-delà, de rêves prémonitoires, de perceptions des auras, ce genre de trucs. C'estpeut-être votre cas d'ailleurs... C'est surprenant de voir, quand on ose mettre le sujet sur le tapis,combien de personnes sur cette planète ont déjà vécu des expériences qualifiées habituellement deparanormales... Elles sont visiblement beaucoup plus courantes qu'on ne pourrait le penser, sauf quegénéralement, on a peur d'en parler par crainte de passer pour un fou ou autre chose dans le mêmegenre.

Il y a aussi des gens qui ont vécu ce qu'on appelle une EMI ou expérience de mort imminente, quiont traversé le voile de la vie telle que nous la définissons pour mettre un pied de l'autre côté et voircomment c'est... Au-delà... Et justement... Même si, malgré l'accident de voiture, ma vie ne s'est pasretrouvée au bord du précipice, Pietro m'a laissée mettre moi aussi un pied de l'autre côté du miroir,et même les deux...

Il m'a laissée voir comment c'était, avant... Avant que je n'intègre l'enveloppe physique qui estactuellement la mienne, le "moi" que vous pourriez voir si vous étiez assis en face de moi. Il m'amontré mon véritable chez-moi, il m'a permis d'accéder à une partie de ce qui s'était effacé de maconscience humaine lors de ma naissance terrestre pour que je puisse, pour quelques instants,"rentrer à la maison".

Il m'a laissée ressentir la joie, la liberté, l'absence de jugement qu'il y a "là-bas", et il m'a aussi(surtout) permis de comprendre à quel point nous étions tous en mesure de recréer tout ça ici bas,sur notre bonne vieille Terre.

Pietro a créé une brèche au sein de ma conscience, il lui a permis de s'élargir, me faisant redécouvrirce qu'il y avait au-delà de ce que les yeux pouvaient voir.

Il m'a laissée me rappeler de qui j'étais avant de décider de vivre l'expérience humaine et d'entamerle cycle des incarnations. Il m'a laissée me rappeler qu'un jour, il y a bien longtemps, j'avais étécomme lui, une veilleuse, une protectrice, un guide ou ange gardien (peu importe le nom utilisé)pour mes frères et soeurs humains qui, tout comme moi aujourd'hui, vivaient dans la matière etcherchaient parfois désespérément leur chemin.

Pietro m'a expliqué que même si j'avais oublié ma nature véritable, sans quoi il m'aurait étéimpossible de vivre l'expérience terrestre en bonne et due forme, une partie de ma consciencesavait parfaitement d'où je venais et était toujours en lien avec mon essence originelle, ce qui

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rendait parfois plus difficile le fait de me maintenir dans l'illusion de l'expérience humaine. J'avaisune conscience floue de quelque chose que je savais se tramer au-delà de notre bon vieux train-trainquotidien, mais "retrouver la vue" aurait rendu obsolète le fait de poursuivre cette vie dans la chair,aussi, il était vraiment important que l'illusion soit maintenue autant que possible. À côté de ça, il yavait aussi tout le chemin parcouru durant mes incarnations précédentes qui avait laissé des traces,comme pour chaque être humain, certains acquis en quelque sorte qui étaient restés latents durantun temps, attendant patiemment que j'actionne les bons boutons pour ainsi dire, que je poursuivemon chemin d'éveil jusqu'à retrouver mes pleines capacités.

Pour pouvoir jouer au grand jeu de la vie, il fallait en somme avoir tout oublié, sans quoi toute lapartie aurait été faussée. Et Pietro m'a expliqué que j'avais choisi délibérément d'oublier, de naîtredans cette famille, ce cadre de vie, cette culture et ainsi de suite... En somme, j'avais choisi latotalité des paramètres qui avaient encadré ma vie depuis ma naissance, dans le but de fournir à monmoi terrestre un terrain favorable pour que je puisse expérimenter ce que j'avais envied'expérimenter au cours de cette vie.

Alors bien sûr, j'ai demandé quel était l'intérêt pour une entité céleste de s'incarner dans la matière...Je ne comprenais pas... C'était vrai après tout... Pourquoi les âmes choisissaient-elles de se coltinertous les tracas qui allaient inévitablement avec l'expérience humaine alors qu'elles étaient déjàentièrement libres et auraient sans doute pu choisir de travailler à leur évolution différemment.

Alors mon ami m'a demandé si je connaissais la parabole de la petite Âme et du Soleil... Bien qu'iln'ait jamais eu besoin d'entendre ma réponse pour savoir que ce n'était pas le cas, je lui répondis parla négative et il entama alors ce récit :

"Il y avait jadis une Âme qui se savait lumière.

Comme c'était une Âme neuve, elle avait hâte de faire des expériences.

" Je suis la lumière, disait-elle. Je suis la lumière ".

Mais elle avait beau le savoir et le dire, cela ne remplaçait pas l'expérience de la chose. Et dans leroyaume d'où émergeait cette Âme, il n'y avait que de la vie. Chaque Âme était grande, chaque Âme étaitmagnifique et chaque Âme luisait de l'éclat de l'imposante lumière de Dieu.

Alors, la Petite Âme en question était comme une chandelle au soleil. Au milieu de la plus grande lumière(dont elle faisait partie) elle ne pouvait ni se voir, ni faire elle-même l'expérience de Qui et de Ce Qu'elleEtait Vraiment.

Alors, cette Âme se mit à aspirer de plus en plus à se connaître. Et si grande était son aspiration qu'unjour Dieu lui dit :

" Sais-tu, Petite, ce que tu dois faire pour satisfaire ton aspiration ? "

" Quoi donc, Dieu ? Quoi ? Je ferais n'importe quoi ! " dit la Petite Âme.

" Tu dois te séparer de nous, lui répondit-Il, puis tu dois invoquer l'obscurité sur toi. "

" Qu'est-ce que l'obscurité, ô Divin ? " demanda la petite Âme.

" C'est ce que tu n'es pas " lui répondit Dieu, et l'Âme comprit.

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Alors, c'est ce que fit l'Âme : elle se détacha du tout, et se rendit même dans un autre royaume. Et dans ceroyaume, l'Âme avait le pouvoir d'invoquer dans son expérience diverses sortes d'obscurités. C'est cequ'elle fit.

Mais, au milieu de toute l'obscurité, elle s'écria :

" Père, Père, pourquoi m'as-Tu abandonnée ? "

"Je ne t'ai jamais abandonnée. Je te suis toujours fidèle, prêt à te rappeler Qui Tu es Vraiment ; prêt,toujours prêt, à te ramener chez toi. Par conséquent, sois une lampe dans l'obscurité et ne la maudis pas.Et n'oublie pas Qui Tu Es au moment où tu seras encerclé par ce que tu n'es pas. Mais loue la création, aumoment même où tu cherches à la changer. Et sache que ce que tu feras au moment de ta plus grandeépreuve sera peut-être ton plus grand triomphe. Car l'expérience que tu crées est une affirmation de quiTu es et de Qui Tu Veux Etre. Tu peux choisir d'être une partie de Dieu, n'importe laquelle, celle que tuveux, dit Dieu à la Petite Âme. Tu es l'absolue divinité qui fait l'expérience d'elle-même.

De quel aspect de la divinité veux-tu maintenant faire l'expérience ? "

" Tu veux dire que j'ai le choix ? " demanda la Petite Âme.

Et Dieu répondit :

" Oui. Tu peux faire l'expérience de n'importe quel aspect de la divinité, en toi, en tant que toi et par tonintermédiaire. " *

Je restai un long moment à méditer sur ce que Pietro venait de partager avec moi... Ça me semblaitfou, et en même temps, ça sonnait tellement juste. C'était comme avoir remis enfin toutes les piècesdu puzzle à la bonne place. L'expérience terrestre était le seul moyen pour l'âme de se connaître entant qu'elle-même, en tant qu'Amour pur, en tant que lumière, en tant que créatrice absolue de sonexpérience...

Sans les contrastes qu'offrait l'expérience humaine, comment l'âme aurait-elle pu savoir ce qu'étaitla joie par exemple alors qu'il n'y avait rien d'autre que ça dans son royaume. C'était un peu commequand j'entendais parfois certaines personnes me dire qu'elles auraient aimé être en vacances toutel'année... Mais est-ce qu'on aurait réellement apprécié les vacances si elles avaient étépermanentes ? Vous voyez le genre ? On aurait été aux anges durant un temps, c'est certain, et puison aurait fini par s'y habituer, et on n'aurait plus ressenti le moindre enthousiasme à ce sujet au boutd'un moment.Pouvait-on réellement apprécier la lumière s'il n'y avait jamais rien d'autre que ça ? Sans doute quenon, et même si l'expérience humaine pouvait paraître bien lourde à traverser pour un certainnombre de gens, Pietro m'expliqua que nous disposions tous d'un pouvoir dont beaucoup encoren'avaient pas conscience : nous avions la possibilité de créer notre réalité comme bon noussemblait... Ça paraissait complètement fou, mais je savais aussi que mon ami ne m'avait jamaismenti, et pourquoi l'aurait-il fait d'ailleurs ? Je décidai donc d'ouvrir la porte à cette possibilité parceque si c'était vrai, s'il existait réellement une façon pour nous de créer nos vies selon ce que nousdésirions, ça changerait tout, et j'avais diablement envie d'entendre ce qu'il pourrait avoir à me diresur le sujet, même si je restai quelque peu sceptique.

"Pietro... Si c'était vrai, si on pouvait vraiment modeler notre réalité exactement comme on lesouhaite, ma vie ne ressemblerait pas à... ça ! répliquai-je avec une pointe d'amertume dans la voix.

* Extrait de "Conversation avec Dieu" de Neale Donald Walsh

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- Ta vie ressemble exactement à l'idée que tu t'en es faite jusque-là...

- Je ne crois pas non...

- Prend donc un moment pour le vérifier..."

Je m'apprêtais à répliquer quelque chose pour faire dévier la conversation sur sa réapparitionsoudaine après toutes ces années. J'avais encore tellement de questions à lui poser et peur aussi qu'ildisparaisse aussi soudainement qu'il était revenu, mais mon ami me devança une nouvelle fois :

"Nous aurons tout le temps de discuter de cela plus tard. La priorité pour le moment, c'est de tedonner ce que tu as demandé : rentrer chez toi, mais de là où tu te trouves, d'un point de vueterrestre j'entends... Même si ce "chez-toi" n'est pas tout à fait ce que tu pourrais imaginer dansl'instant, puisque tu l'as demandé avec tant de force, tu dois être exaucée. Il ne peut en êtreautrement. Permets-moi donc de te donner ce que tu demandes. Peux-tu choisir quelque chose quine va pas actuellement dans ta vie terrestre ?

- Est-ce que "tout" est une réponse acceptable ?

- J'aurais besoin d'un exemple un peu plus précis." me répondit-il en riant de bon coeur, alors que jene plaisantais pas tant que ça finalement. Je me sentais tellement écrasée par ce que j'avais vécujusque-là que "tout" me semblait vraiment être la meilleure réponse possible. Je fis néanmoins uneffort pour fournir à mon ami fraîchement retrouvé une réponse plus pertinente.

- Bon, très bien... Alors disons... ma vie amoureuse...

- Parfait ! De quelle façon as-tu considéré cette facette de ta vie jusque-là ?

- Hum... Comme une galère sans fin !

- Précisément... Combien de fois au cours d'une seule et même journée t'es-tu dit que l'amour c'étaitcompliqué, que les hommes étaient tous les mêmes, que jamais tu n'arriverais à construire une vraierelation et encore moins une famille ? Combien de fois t'est-il déjà arrivé de croiser quelqu'un qui teplaisait à tous points de vue, ou correspondait parfois même à ton idéal alors que ta pensée étaitqu'un tel homme ne voudrait jamais d'une fille comme toi ? Combien de barrières as-tu érigées partoi-même par la seule force de ton esprit parce que tu as émis toutes sortes de jugements à ton sujetet que tu as décrété que telle chose n'était pas possible pour toi pour telle ou telle raison ?"

A mesure que Pietro faisait défiler les exemples, je faisais défiler les souvenirs dans ma tête,associant ce que j'avais vécu à ce que j'en avais pensé à chaque fois, et plus je poursuivais ce travailde comparaison, plus j'avais du mal à respirer. C'était comme avoir toujours eu une gigantesquemontagne devant soi sans jamais s'être rendu compte de sa présence avant ce jour. Ça ne pouvaittout de même pas être aussi simple que ça ?

"Bien sûr que si... Sauf si tu penses que ça doit être plus compliqué. Ta réalité sera toujoursconforme à ce que tu tiens pour vrai. Si tu estimes que comprendre le fonctionnement de la vie estquelque chose de difficile, alors ce sera difficile pour toi et pour toute personne qui penserait lamême chose que toi... jusqu'à ce que vous choisissiez une nouvelle idée à ce propos."

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Je restai bouche bée, laissant le temps aux infos reçues de cheminer jusqu'à mon cerveau, d'en fairetrois fois le tour au minimum jusqu'à réaliser que Pietro avait bien dit ce que je croyais l'avoirentendu dire. D'un point de vue extérieur, on pouvait sans doute voir de la fumée sortir par mesoreilles à cet instant précis tant ce qui était en train de se passer me semblait démesuré. En faitc'était surtout les conséquences de ce que mon ami était en train de me dire qui me paraissaient troplourdes à porter à ce moment-là, parce que si ma réalité était toujours en tous points conforme à ceque j'en pensais, ça voulait dire aussi que j'étais entièrement responsable de tout ce qui m'arrivait, etdonc de toutes ces horribles galères aussi.

"Responsable oui... Impliquée... mais impliquée ne veut pas dire coupable. Il n'y a personne àaccuser ni à juger.

- Tu veux bien m'expliquer ?

- Tes désirs sont des ordres, me lança-t-il avec un air ravi. Tout ce que tu vis dans ta réalité concrètepart de toi et de toi seule. Quand tu crois que quelqu'un d'autre te fait quelque chose, c'estuniquement parce que TU CROIS que cette personne a un quelconque pouvoir sur toi qu'elle peuteffectivement en avoir un. Tu permets à l'autre d'agir sur toi, de t'affecter en entretenant la penséeque l'autre peut quoi que ce soit contre toi. Si tu n'avais pas cette pensée, peu importe ce que feraitou dirait l'autre, ça ne pourrait avoir aucun impact sur toi et ça irait même encore plus loin : si tun'avais pas de pensées de ce type, de pensées permettant à cette expérience de prendre forme sur tonchemin, tu n'aurais même pas à croiser sur ta route les personnes que tu qualifies de négatives. Cesont tes pensées qui invitent de telles personnes au sein de ton expérience, et rien d'autre que ça.Est-ce que ça veut dire pour autant que c'est de ta faute ? Bien sûr que non. Ce n'est pas quelquechose que tu as provoqué intentionnellement, et même si ça avait été le cas, tu as le droit de vivrecette expérience terrestre exactement comme tu le souhaites. Il n'y a pas à se blâmer de quoi que cesoit. Au final, on peut dire que les résultats que tu obtiens dans ta vie sont le fruit d'une simpleéquation. C'est aussi carré et fiable que les mathématiques. Si tu additionnes 1 + 1 tu obtiendrasencore et toujours 2. Tu ne peux pas obtenir 3 ou 12. Le résultat est prévisible et immuable. De lamême façon, si tu plantes une graine de tournesol, tu vas obtenir un tournesol et non un bananier. Tume suis ?

- Je crois que oui... lui répondis-je très lentement, sourcils froncés et esprit en mode "ouverturemaximale". Ma tête allait sans doute finir par prendre feu, mais tant pis, il fallait vraiment que j'ailleau bout de cette conversation.

- Bon, eh bien... Si tu cultives une pensée qui te dit que la vie est compliquée, tu ne peux pas obtenirune expérience concrète allant dans une autre direction que "la vie est compliquée"... "

Pietro me regardait paisiblement, me laissant sans doute le temps de digérer l'information.

"Et c'est tout ?

- Oui. C'est vraiment tout, me répondit-il avec cette même voix chaleureuse et bienveillante quej'avais si souvent entendue par le passé, cette voix qui respirait la patience et la sérénité.

- Mais ça veut dire alors que, quel que soit le chemin que j'ai parcouru jusque-là et quelles quesoient les circonstances actuelles de ma vie, je peux vraiment commencer à attirer à moi absolumenttout ce que je veux, à partir du moment où je commence à changer mes croyances à ce sujet ?

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- C'est exactement et précisément ça... Peu importe ce que tu désires, du moment que tu commencesà ressentir à l'intérieur de toi que ce que tu veux fait déjà partie de ton expérience, c'est bel et bience qui va se manifester pour toi. Crée en toi le sentiment de déjà vivre tout ce que tu veux vivre,imagine comment ce serait d'avoir déjà franchi la ligne d'arrivée, et quelle que puisse être la taillede tes rêves, tu vas tous les voir se manifester... Absolument tous, sans exception..."

Alors que je m'apprêtais à bombarder mon ami de questions au sujet de ce qu'il venait de metransmettre, j'entendis soudain un bruit familier qui me fit sursauter. C'était la sonnerie de montéléphone... Je détournai alors un instant le regard me demandant où pouvait bien être ce mauditportable, et c'est là qu'en un battement de paupières je me rendis compte que j'étais revenue dans machambre, installée exactement où je l'étais avant que ne débute cet étrange voyage...

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