zibeline n°30

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du 20/05/10 au 17/06/10 | un gratuit qui se lit 30 Adieu Zarafa Le foot contre le livre ?

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Toute l'actualité culturelle mai/juin 2010 en région PACA.

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du 20/05/10 au 17/06/10 | un gratuit qui se lit30

Adieu Zarafa Le foot contrele livre?

RetrouveZ nos éditions précédentes sur www.journalzibeline.fr

Politique culturelleThéâtre et histoire 4, 5La culture en danger 7FestivalsMarseille, Châteauvallon 8Gageron 9L’Alhambra, AFLAM, Flâneries d’art 10Festival du livre de la Canebière 11Musiques, arts de la rue 12, 13Musique 14BJCEM, Minoterie, Bernardines 16GMEM 18

ThéâtreLes Bernardines, La Criée 20LAM, Festival de théâtre amateur, Bancs publics 21Daki Ling, Vitez, ATP Aix 22Avignon 23Arles, Cavaillon, Port-de-Bouc 24Port-Saint-Louis, Vitez, Sirènes et midi net 25Au programme 26, 27DanseBNM 28MOD, Ballet d’Europe 29Le Merlan, Château-Arnoux, 30Pavillon Noir, Canebière 31MusiqueSymphonique, Sacrée 32, 33Musique de chambre 34, 35Spectacles 36, 37Musique du monde 38Chanson, métal 40Jazz 41Au programme 42 à 45

JeunesseMartigues, Draguignan 46Aubagne, Vitrolles 47ÉducationTélémaque en collège, compagnie Skappa 48Le printemps des lycées, la Criée 9SpectaclesThéâtre de Nîmes, GTP, théâtre de Grasse, PôleJeunePublic 50La Friche, la Colonne, Forum de Berre, Théâtre Durance, Vélo Théâtre 51Toursky, Gymnase, Salins, PôleJeunePublic, Massalia 52Théâtre de Fos, la Criée, Simiane 53Au programme 54, 55Livres 56 à 58

LivresArts, littérature 60, 61, 62Rencontres littéraires 63, 64, 65PhilosophieRéalisme politique, livre 66Sciences et techniquesLivre, Au programme 67PatrimoinePont du Gard, Quinson, les Baux, les Saintes 68, 69CinémaLes rendez-vous d’Annie, Cannes Panafricain 70Portrait d’Alain Cornu, Festival Reflets 71Les Variétés, l’Alhambra, Pascal Kané 72Arts visuelsFondation Van Gogh, CAC Istres 73Printemps de l’art contemporain, Musée Cantini 74Musée d’art de Toulon, les arts éphémères 75Au programme 76, 77Rencontres /Adhérents 78, 79

Voilà que ces derniers jours la télé tout entière semble descendueici pour adouber les héros de deux épopées majeures : le Festivalde Cannes, et l’Olympique. Stars et tapis rouge d’un côté, bleuazur et liesse populaire de l’autre. Le mistral dans les cheveux nese ressemblait pas, ébouriffant pour les uns, déplaisant pour lesautres. Il faut dire que les caméras ne traquaient pas les mêmes,braquées sur les foules au Vieux-Port, tournées vers les acteurssur les marches. Deux «people» d’étoffe diverse, avers et faced’une même médaille, rassemblés aux pieds des miroirs auxalouettes qui seuls aujourd’hui font scintiller la gloire et l’argentdans les yeux des petites gens.C’est que tous les médias convient au rêve commun : qui oseraitdire qu’il faudrait ne pas inciter à ces rassemblements ? Régulière-ment ils mettent à sac le bien public, les commerces, et nécessitentde grandes manœuvres onéreuses des forces de l’ordre (Cannesaussi d’ailleurs, et des subventions). La destruction de la girafede livres fleure l’autodafé : elle symbolisait la reconquête ducentre-ville par la culture populaire. Les supporters de footveulent-ils la mort de la lecture ?Rien n’est moins sûr, l’acte est marginal. Et puis ailleurs d’autresfoules se pressent, invitées sur Facebook à un gigantesque apérochips and bière. Mobilisées pour rien ? Il faut voir. Dans les sallesde spectacles, de concerts, durant la nuit des musées, la fêtedes voisins, lors des salons du livre, de la BD, aux spectacles derue, la foule aussi est là, débordante, inattendue, même lorsqu’ilvente et que le printemps tardif semble jouer contre le plaisir duplein air. Seules les urnes et les mobilisations sociales ne ras-semblent plus, surtout pas les classes populaires, surtout pas lesjeunes, dominés par le sentiment d’avoir été grugés, d’être audehors. Car ces rassemblements sont violents et sentent la révolte. S’enprennent aux forces de l’ordre, manient le fumigène, hurlent contrele pouvoir central -Paris, on t’encule- même quand l’OM gagnecontre Bordeaux. Cela tient de la revanche, conséquence d’uneoppression ancienne, et de l’affirmation des valeurs multicultu-relles et populaires d’une ville. Valeurs qui séduisent d’ailleursbien au-delà de la cité, et ont concouru au succès de la candi-dature à la Capitale Culturelle Européenne.Le foot contre la culture ? Non, mais clairement contre le pou-voir. Il faut simplement, aujourd’hui, que les artistes ne soient pasperçus comme une classe caviar-cocktail enrubannée de laquepour se dérober aux effets du vent qui se lève.AGNÈS FRESCHEL

Cocktail ou apéro ?

Brecht ? Il apparaît évidemment comme un pré-curseur : c’est lui qui a ouvert la voie d’un théâtremilitant, opposé à un simple esthétisme. En fait, cequi est déterminant aujourd’hui, c’est le rapport duthéâtre à la recherche scientifique. Il doit échapperau cadre universitaire car le théâtre n’est pas seule-ment une technique ou une esthétique : il est aussicivique. Au lieu de fournir un spectacle clos sur lui-même, une sorte de boite noire, le théâtre décided’éclairer les éléments du récit par une interventioncritique sur la production même de l’histoire racon-tée, comme le faisait d’une autre manière le théâtrebrechtien. Et, par renversement, l’événement ou ladestinée historiques sont complétés (on remplit lesvides de l’histoire) par une fiction réaliste au vudes connaissances sur le sujet. Cette élaborationplausible permet, par le truchement du récit inven-té, la réflexion du spectateur. Elle permet aussi l’appropriation par le public del’histoire, de son histoire ! Déplorant la vision minis-térielle de l’efficacité de la recherche, limitée à laseule fourniture d’une expertise auprès des entre-prises, Gérard Noiriel défend cette activité créatricecomme parfaitement compatible avec les obliga-tions et les préoccupations d’un chercheur. Si lethéâtre doit raconter des histoires, il permet, com-me dans un ouvrage scientifique, de présenter deshypothèses. La frontière entre l’art et la sciences’efface. La dimension sociale du chercheur réappa-rait car le théâtre est un lieu irremplaçable pourcréer du lien social, pour réhabiliter et développerla culture populaire.

Le financement et l’évolution de l’institutionII existe dans le milieu théâtral, comme dans lechamp historique, des représentants dominants,liés nommés ou approuvés par les institutions.Ceux-ci mettent, au travers de leur identité créatri-ce, une distance de plus en plus grande avec lepolitique et le social alors que les dominés (les«bricoleurs d’avenir») s’aventurent encore, eux,dans ces domaines. Ce jeu est encore compliquépar une constante : si les artistes sont à même dedéfinir l’artistique, la tendance fait que ces profes-sionnels s’adressent avant tout aux professionnels-c’est vrai aussi des universitaires. Cette tendancene peut qu’entrer en contradiction avec le principede démocratisation.En France, la tension se fait jour avec le financementpar l’État du théâtre public, après 1945. S’avancealors le problème de la légitimité et de la destina-tion des subventions. Le principe de la transparenceest incontournable ! Il faudrait aussi établir des cri-tères, mais sur quelles bases ? Comme le bailleur ale dernier mot, il faut revenir sur la notion de culture.

Ce que n’est pas la cultureAvant tout, il faut affirmer qu’elle ne peut être défi-nie comme une expression de soi. Elle doit être auservice des citoyens, et non conçue comme uneentité abstraite. Quant à la démocratisation, lethéâtre ne concerne que 6% d’ouvriers : les poli-tiques volontaristes ne peuvent effacer le résultatd’une domination sociale et culturelle.

Que faire ?Eviter de penser à une démocratisation verticale(c’est le cas aujourd’hui avec une diffusion, commeune dilution, des sphères éthérées vers le popu-laire). Il faut recourir à une diffusion horizontale,en élargissant les publics du côté des milieux

artistiques, de l’enseignement et de l’action cultu-relle. Résoudre cette équation n’est pas simple carle contexte actuel, fait d’insécurité financière, nepousse évidemment pas à l’innovation. Faut-il dèslors, en se gardant de donner prise au credo libéralde la réduction des dépenses, remettre en cause leministère de la Culture ? L’institution ne pèse-t-elle pas dans le sens de l’immobilisme?

L’avenir ?Il semble passer par la diffusion au travers de ré-seaux, par la mise en place d’une sorte de mondecollaboratif. Il faut inventer de nouvelles relationsavec les gens, créer des espaces de visibilité pourles expériences innovantes. Plus on renforcera lesliaisons entre ceux qui tirent dans le même sens etplus la résistance face aux contingences et auxpesanteurs se développera.Gérard Noiriel conclut et témoigne ; son projet neconsiste pas à vouloir éliminer les autres modes duthéâtre mais à y trouver une petite place. Si celadébouche sur un nouveau genre, tant mieux ! Pourcelui qui ne peut s’empêcher d’être un universitairecitoyen, l’essentiel comme le disait Brecht, c’est laplace de la connaissance.R.D.

Avant d’entamer l’échange, l’auteur se présenta et expliqua sa démarche et sonprojet. Il affirma s’inscrire dans une démarche ancienne : celle d’un enseignant,investi depuis toujours dans l’expression théâtrale. Désireux de sortir de latour d’ivoire où se tiennent, pour cause d’objectivité, les chercheurs en scien-ces sociales, il lui paraissait indispensable de se coltiner au vivant !

Entraîné par l’historienne Madeleine Rebérioux dans le champ culturel, sonexpérience débute lors des mouvements de grèves qui agitent la Lorraine desannées 80. Intervenant sur les ondes d’une radio locale, il en déduit lanécessité de concevoir la pratique de l’historien au contact de la sociétéenvironnante. D’ailleurs, constate-t-il, il n’est pas d’objet historique majeurqui ne soit issu des tressaillements du social : ce sont les mouvements asso-ciatifs qui ont fait surgir les nouvelles interrogations des sciences sociales (lesfemmes, les immigrés..). Pour lui, le laboratoire de l’historien c’est la rue!

FondateurÀ partir de ce préambule s’esquisse pour l’auteur sa relation au théâtre, commela trajectoire de ses recherches d’universitaire. Pour avancer sur son chemin,Gérard Noiriel participe à la fondation de la Cité nationale de l’Histoire del’Immigration. Il s’agit de créer là un lieu de mémoire et de débat, un lieu derencontre qui confronte les expériences des historiens, des militants associatifset des artistes. Mais cette expérience ne peut se prolonger. La mise en placedu ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale le conduit à démis-

POLITIQUE CULTURELLE THÉÂTRE ET POLITIQUE04

Le théâtre de la Minoterie organisait, en collaboration avec l’associationApproches, Cultures & territoires (A.C.T.),une après-midi théâtre et politique. Au centre, l’historien Gérard Noiriel, venu dans le cadre de son spectacle,Chocolat, participer à une rencontre-débat

Théâtre esthétique, théâtre militantAyant clos son exposé introductif,Noiriel se mit à l’écoute de la salle. Lesquestions furent nombreuses. Ellespermirent de préciser ou d’éclairer lesopinions de l’auteur. Florilège !

Pour un nouveau

© Francois Fogel

Des caisses, grosses et petites, alignées en demi-cercle. À gauche, debout, l’acteur conférencier, àdroite, encerclé comme dans un bastion, le musicien.Au milieu, de petites lumières insérées dans le soldélimitent un cercle, la piste. Au fond, clôturantl’espace, se dresse un châssis autour d’un drap blanc,l’écran, au travers duquel filtre la réalité dissimuléede Chocolat, l’auguste. Le conférencier entame son propos. Jeux de lumiè-res et voilà Chocolat en scène. Saynète courte, unehistoire de passager et de train. Qui prendra place,et quel sera son sort. C’est Footit qui distribue lessièges et les claques. C’est Chocolat qu’on moque etqu’on bat ! Musique et images complètent le propos.Tandis que Chocolat regagne l’envers du décor,l’historien explicite. Qui est donc ce «nègre» qu’onexhibe pour rire, ce clown ridiculisé et battu ? Rafaelde Leios revient témoigner : dans les plantationsde Cuba, il apprend la souffrance, le désespoir. Ilapprend l’esclavage et l’état de chose. Amour, haine,destinée qui échappe! Mais notre homme n’abdiquepas, il prend la fuite. Il abandonne ce monde d’hom-mes qu’on mutile, qu’on dégrade, il fuit vers l’Europeet la terre de la Révolution. Et c’est justement en 1889, lors des festivités ducentenaire de la Révolution, qu’il rencontre sonfutur acolyte : Footit. Le conférencier s’est immiscédans le récit. Il raconte la France de l’Affaire Drey-fus, la France coloniale du Noir et du Blanc. Lemusicien se laisse aller, lui, à une marseillaise dé-glinguée, mais saisissante. Images projetées sur ledrap blanc, intervention de Chocolat, musique, com-mentaire, tout s’enchaîne pour poursuivre le récit. Notre clown noir fréquente Montmartre, il se lieavec Marie, sa femme, une blanche, dont l’humanitéet l’amour contrastent avec ceux des «opportu-nistes» récemment installés dans leur République.Chocolat fait aussi la rencontre de Toulouse-Lautrec,peintre génial mais homme infirme, curiosité aussi

dans sa propre catégorie. Aux témoignages de recon-naissance du clown envers ces êtres, le conférencierrajoute ses commentaires sur la société du temps.Il découvre un monde qui se cache derrière lesrideaux de la scène. Rafael, Chocolat, est le sujetd’une peinture de cirque. Le tableau, projeté sur lechâssis, nous le montre surmontant un cheval maissa face est celle d’un singe. Lautrec n’a pu, ou n’a

pas voulu, échapper au préjugé. Et voilà notre an-cien fugitif ravalé au rang de bête !Dans cette France bousculée par l’affaire Dreyfus(1894-1906), le duo avait encore sa place. Mais lesvaleurs évoluent. Les injustes accusations contrele capitaine ont provoqué un changement dementalité : plus question de rire du préjugé racial.Alors l’équipage artistique tangue et s’échoue, il nefait plus recette. Footit se retire nanti, mais Rafaeln’a plus rien. Il reparaît devant nous, épuisé, navré,désobligé. Il a tenté une carrière de comédien maison ne le lui a pas vraiment permis. Il lui reste lasolitude -Marie est morte- et la misère, retour nar-quois à la case départ. Il meurt quasi-seul, à Bordeaux,en 1917.Le rideau qui tombe clôture le spectacle mais pasl’intervention : elle se poursuit par un échange entreles acteurs et le public, qui demande des précisions,interroge sur les situations, sur les objectifs pour-suivis. On change de posture et c’est là une volontéconsubstantielle à cette expérience théâtrale. Lepublic s’approprie le spectacle. Il voudrait plus degravité ou plus de rire, il voudrait plus d’explica-tion... Et l’auteur, lui, écoute, enregistre, note pourpouvoir tenir compte de l’échange. Le mélange des genres est surprenant, il désoriente.On ne sait plus qui de Marcel Mankita l’acteur oude Gérard Noiriel le conférencier tient le premierrôle. On se laisse bercer ou surprendre par l’inter-vention musicale, instrument sensible de la scènequi se déroule. On apprécie les images qui défilent.Spectacle complet, spectacle engagé mais surtoutspectacle émouvant, original, qui témoigne et quiinstruit, qui révolte et qui apaise. Une voie pour lethéâtre ?R.D.

Chocolat s’est joué à la Minoterie le 24 avril

Chocolat, un théâtre coloré

05POLITIQUE CULTURELLE

théâtresionner et à interrompre ses expériences culturelles : la promotion d’une iden-tité nationale à fonction d’exclusion ne pouvait être compatible avec sa démarchescientifique et civique. Dès lors l’expérience de Gérard Noiriel s’inscrivit dansl’association DAJA (http://daja94.free.fr), réunion d’auteurs et artistes, maisaussi de chercheurs en sciences sociales, d’enseignants et de travailleurssociaux. L’idée du spectacle Chocolat allait en naître.

Une nouvelle voix ?Ce spectacle, conçu comme une conférence-théâtre, a pour sujet l’histoire dupremier clown noir, longtemps oublié, en France. Dans ce cadre, le rôle que sefixe l’historien est de donner des éléments informatifs et contextuels. Il élaboreainsi une critique de la société, en référence à Brecht. Il donne une dimensioncivique à son intervention car il défend et diffuse la science, tout en se démar-quant du rôle d’expert dans lequel le confinent les média, le transformant ensuppôt des élites. Il veut participer à la diffusion de la connaissance dans unlarge public, en faire un élément de formation citoyenne.Le système est fondé sur l’association et la mise en commun des expériences

et des opinions du savant, du comédien et du dramaturge. L’élaboration dialec-tique permet alors de progresser, non vers un consensus, mais vers une meilleureexpressivité. Gérard Noiriel déplore la perte de cet idéal de la discussion depuisla déliquescence du marxisme et l’appesantissement d’un pouvoir libéral dansun cadre social de plus en plus individualiste.Cette expérience théâtrale est aussi un engagement social. L’effort pourpromouvoir la science dans un public large, celui de transformer la perceptiondes gens au travers d’une histoire romancée mais réaliste, est conçu commeune œuvre éducative. Mais c’est aussi une trajectoire à double sens, car l’auteurveut établir une relation dialectique avec son public : il débat. Il charge aussiune sociologue d’analyser la réception du spectacle. Cette situation lui paraitidentique à celle rencontrée dans l’université, où la question de quelleformation pour quel public est tout aussi essentielle.RENÉ DIAZ

À lire : Théâtre, histoire et politiqueed Agone (voir Zib’22)

© Francois Fogel

07LA DÉFENSE DE LA CULTURE POLITIQUE CULTURELLE

Chacun a pris la mesure, au cours des dernièresannées, des difficultés croissantes : la réforme durégime des intermittents a paupérisé artistes ettechniciens, et la baisse des subventions, enparticulier de l’État, a d’ores et déjà ralenti l’activitéde la plupart des lieux de spectacles, et faitdisparaître les compagnies les plus fragiles -qui nesont pas forcément les moinsintéressantes, mais les plus jeunes,les plus pointues, les moins dociles,ou les moins repérables dans unmonde culturel replié de désarroi.Mais aujourd’hui la menace va plusloin, et prend des allures de mise àsac : la deuxième révision généraledes politiques publiques (RGPP2) etla réforme des collectivités territo-riales font craindre, une à une et dansleur combinaison, un coup d’arrêtdéfinitif de la création. «Pour ne pasajouter le chaos à la crise», l’ensem-ble des syndicats* se mobilise etdemande au gouvernement desréponses et des garanties.

Drôles de Révisions !La RGGP1 est en route depuis 2006dans tous les domaines qui relèventde la dépense publique d’État(éducation, santé et administrationpubliques, police et défense…). Si lescoupes sombres ont généralement des effets désas-treux, elles restent sans commune mesure aveccelles à l’œuvre au Ministère de la Culture (et de laCommunication, mais il y a un certain danger àassocier ces deux termes) : la Région PACA rappellepar exemple que la dépense de l’État envers lescompagnies conventionnées est passée en 4 ansde 2.5 millions à 1.6 million d’euros, soit une dimi-nution de 36%. Aucun autre secteur n’est attaquéainsi.D’autant que la destruction n’en est qu’à sa pre-mière étape: François Fillon a clairement demandéau Ministère de la Culture (et de la Communication)de poursuivre et amplifier la réduction des dé-penses pour répondre à la RGPP2, notamment par«la reconfiguration du secteur muséal» et «laréforme des modalités d’intervention de l’État dansle secteur du spectacle vivant». Il est ainsi ques-tion de supprimer des orchestres, de recentraliser

les directions régionales du ministère, de geler,voire de diminuer de 5% les subventions des théâ-tres et scènes nationales, de déconventionner uncertain nombre d’établissements et de festivals, de«rationaliser» le réseau des établissements d’ensei-gnement artistique, et de geler tout label ouconventionnement nouveau…Ce retrait de l’État aboutit d’ores et déjà à un ap-pauvrissement évident des formes proposées auxpublics, qui souvent éclatent de misère. Mais il aaussi des conséquences indirectes très graves,puisqu’il donne presque tout pouvoir aux réelssubventionneurs : les collectivités locales.Celles-ci, qui sont plus directement sujettes auxpressions de proximité, mettent aujourd’hui fran-chement le nez dans les programmations des lieux

culturels. Imposant dans «leur» salle et «leurs»musées des manifestations de leur choix, et/ouobligeant les artistes à légitimer leur travail enl’accompagnant d’actions sociales (ce qui peut êtretrès bien, mais n’est pas a priori leur boulot).Nombre de directeurs de lieux déplorent les pres-sions qu’ils subissent de la part des Élus, sensiblesau moindre mécontentement de spectateurs/con-sommateurs qui n’ont pas forcément raison derécriminer (la création ne saurait obéir à la garantiecommerciale du «satisfait ou remboursé»…).La situation est donc extrêmement préoccupante.Mais le pire semble à venir.

Domaine réservéLa réforme des collectivités territoriales, Dépar-tements et Régions, leur retire la compétencegénérale et les recentre sur leurs missionsparticulières. La culture n’en fait pas partie. Les

collectivités, maintenant qu’elles ne perçoiventplus la taxe professionnelle, vont dépendre presqueexclusivement de versements compensatoires del’État : les régions et les départements, s’ilsdemeurent, se verront retirer toute autonomie, etseront contraints de restreindre leurs interventionsà leurs missions obligatoires (les établissementsscolaires, les routes, le RMA, l’Allocation aux Per-sonnes Agées…). Ce qui leur interdit de fait de menerune politique, culturelle ou non d’ailleurs.Le 6 mai, à l’occasion de la conférence de presse duFestival de Marseille, l’intersyndicale du spectaclea demandé des éclaircissements, rappelant queNicolas Sarkozy a promis de conserver la compé-tence culturelle aux collectivités territoriales, alorsque le texte voté au parlement ne garantit en rien

ce maintien. Patrick Mennucciprécisa clairement le danger : «Sur400 millions alloués dans la régionPACA à la Culture, 250 millionssont dépensés par les collectivitésterritoriales. Retirer aux Départe-ments et aux Régions la possibilitéd’intervenir dans ce domaineaboutirait à la mort du secteur.»Renaud Muselier réagit lui aussiclairement, donnant rendez-vousà l’intersyndicale : «Il fautvraiment apaiser les inquiétudesinutiles, et je m’engage à relayervotre parole auprès du Parlementpour que soient levés les malen-tendus, et les rumeurs qui circulentau sujet de cette réforme, que j’aivotée.» Une passe d’armes rassurante ?Tant que la Culture demeurera unenjeu politique (et non de simpleCommunication), les profession-

nels pourront faire entendre leurvoix sans trop la dévoyer !AGNÈS FRESCHEL

* CGT spectacle, CGT Culture, CGC, FO de l’audiovisuel, Syndeac, Synavi, Fedurok Syndicats de l’édition, du cinéma, des scènes publiques, du théâtre itinérant, des professionnels de l’Art contemporain, des Arts de la rue, des musiciens d’orchestre, des musiques actuelles…

Défendre l’Art et la culture. C’est le mot d’ordre d’une profession rassemblée le 6 mai, salariés et employeurs ensemble…

Rester debout

FESTIVALS MARSEILLE | CHÂTEAUVALLON08

Depuis 15 ans la manifestation débute aux prémissesd’un été de Festivals, avant les géants que sontAvignon et Aix, dans une Région qui consacrebeaucoup (trop ?) de ses subsides culturels auxmanifestations estivales. Avec ses 13 000 placesmises à la vente et ses 1 680 000 euros de budget(dont 67% de subventions de la Ville de Marseille,12% de la Région, 3% de l’État et rien du départe-ment), le Festival pourrait passer pour unemanifestation municipale, et élitiste. Il n’en est rien,et depuis 15 ans Apolline Quintrand veille à concocterune programmation d’une grande exigence qui ouvreMarseille à des esthétiques contemporaines duspectacle, interroge le public, fasse débat, et permetteà la création d’éclore, puisque la majorité desspectacles programmés sont co-produits (faitrarissime dans les festivals!). Tout ceci en privilégiantla danse mais en restant pluridisciplinaire, et engardant une place pour la création régionale tout enaccueillant de grands artistes internationaux.Un équilibre qui cette année encore semble atteint,même si, sur le papier -mais on ne peut juger que surpièces-, le programme semble un brin décevant: pasde théâtre, peu de musique, des formes en cours…Quelques points forts cependant: la présence, grâce àla Japan foundation, de nombreux artistes Japonais,depuis un duo de Teshigawara qui l’an dernier avaitfasciné le public, jusqu’au travail sur Barthes de Shiro

Takatani, jeune directeur de Dumb Type ; la dernièrecréation de Joseph Nadj, inspirée d’une fable de saville natale ; deux pièces de Ginette Laurin,magnifique chorégraphe québécoise qui ouvrira lefestival en musique, avec Steve Reich interprété parl’OJM (direction Georges van Gucht), puis le termineraavec sa dernière création sur une musique de MichaelNyman ; deux cartes blanches, à Marseille ObjectifDanse et au GRIM, qui promettent de belles soiréesexpérimentales et ouvertes ; Christophe Haleb pourune création et une reprise; et un hommage qui sera

rendu à Merce Cunningham par Foofwa d’Imobilité,Jérôme Bel et Jonah Bokaer.Rendez-vous donc à la Salle Vallier qui redevient unlieu de spectacles, grâce au Festival et au BNM (voirp. 28).AGNÈS FRESCHEL

Festival de MarseilleDu 17 juin au 6 juillet04 91 99 02 50www.festivaldemarseille.com

Le Festival de Marseille s’annonce, ce qui est toujours un événement

15 ans de créations

Onde de choc, Ginette Laurin © Ginette Laurin

Le Nouveau Festival 2010 (3 juin-31 juillet) est unconcentré de théâtre, de danse et de musiques avec,été oblige, plus de têtes d’affiche qu’à l’accoutumée.Et toujours cette ouverture au monde qui permet devéritables découvertes venues d’Iran, d’Afrique duSud, de Colombie, d’Inde, des États-Unis, d’Espagne.La musique y tient une place prépondérante -commeun fil naturel et historique- avec les chants a capelade Mahotella Queens suivis d’un concert dutrompettiste Hugh Masekela et d’une jam session (4juin). Rencontre entre l’Inde du Nord et la Grande-Bretagne à l’occasion de la création du collectif SizeroTabla Experience aux sonorités singulières (19 juin).Les inconditionnels du jazz et plus particulièrement deRon Carter, présent l’été dernier pour un hommage àMiles Davis, le retrouveront en trio avec Russel Maloneet Mulgrew Miller (9 juillet). Jazz toujours, mâtiné demusique traditionnelle iranienne, à l’issue d’unerésidence de l’Ensemble Shanbehzadeh et du trioMatthieu Donarier : un dialogue musical inédit quiaboutira à la création de Zâr (23 juillet). CommeChâteauvallon aime à traverser les continents, il necraint pas non plus de quitter les rivages des musiquesdu monde pour ceux de la musique classique ; sansaller jusqu’à la contemporaine, mais en invitant Katiaet Marielle Labèque autour d’un programme début

XXe : Ravel et Albeniz (17 juillet).De la musique, encore, imbibée d’une bonne dose dethéâtre comme Omar Porras et William Ospina enont le secret (18 et 19 juin) avec leur poème épico-musical Simon Bolivar… Si le théâtre n’est pasdominant au Nouveau Festival 2010, Châteauvallon

frappe fort avec la mise en scène de Jean-BaptisteSastre présentée en avant-première du Festivald’Avignon, La tragédie du roi Richard II deShakespeare (16 juillet). Tandis que L’Incroyablecompagnie ouvre le bal avec son opéra clownesque ÔCarmen (3, 4 et 5 juin).Question danse Châteauvallon n’hésite pas à faire legrand écart entre les Ballets de Monte-Carlo (25 et26 juin), les étoiles et solistes de l’Opéra de Paris(23 et 24 juillet), les chorégraphies d’Alonzo King(20 juillet), Hervé Robbe (25 et 26 juin) et les formescourtes de Julie Dossavi et Kubilai KhanInvestigations (20 juillet). Jusqu’au bouquet finaldes Nuits flamencas de Juan Carmona (30 et 31juillet).Une programmation éclectique, donc, à la fois pointueet populaire, qui devrait piquer la curiosité des plusclassiques et satisfaire les plus iconoclastes.M.G.-G.

Nouveau Festival 2010du 3 juin au 31 juilletCNCDC Châteauvallon, Ollioules04 94 22 02 02www.chateauvallon.com

Pour tous les sens et les goûtsDédié aux écritures contemporaines et aux formes innovantes, le CNCDC Châteauvallon renoue avec la tradition estivaleet lance son Nouveau Festival 2010. Entre découvertes, retrouvailles et stars

Alonzo King © M

arty Sohl

GAGERON

Au cœur de la vaste communed’Arles, au Mas du Grand Arbaud, àGageron, est organisée pour la 5eannée consécutive par l’associationCultures Nomades une expositiond’art contemporain axée sur lacréation in situ. L’art au cœur dupaysage pour être exact, dans lecadre particulier de la Camargue queles artistes sélectionnés sur dossieren février, et qui viennent de tous leshorizons, ont pu appréhender lorsd’une résidence de création d’unedizaine de jours. Les œuvres exposéesdu 15 mai au 15 juillet sont donctoutes créées pour l’occasion, lethème de la lumière étant cetteannée au centre de toutes lesréflexions : lumière du jour, de lanuit, artificielle ou naturelle, avec enprime une dualité possible jour-nuit,les œuvres étant visibles durant deuxnuits. Seront donc visibles les travauxd’Elodie Tanguy (NaCl), PascalePlanche (Le retour des lucioles),Flavie Cournil (Alouettes-alouettes),

Philippe Domergue (L’Île solaire),Guillaume Corentin (Interaction),Hugo Verlinde (Univers îles), PierreLaurent (NaCl), Thierry Godet(Sunrise) et Made (Fils de vie), desœuvres à n’en pas douter réalisées«en interaction avec le lieu etpaysage». À noter qu’un Prix seraattribué à la meilleure réalisation, surdécision de l’association assistée parun jury de professionnels, le 27 mai à19h.

In Situ 0.5Exposition du 15 mai au 15 juilletMas du Grand Arbaud, Gageron04 90 49 89 10http://culturesnomades.org

Colonnes de sel d'Isabelle Barruol, oeuvre exposee lors de In Situ 04

© X-D.R

Artistes en libertéFESTIVALS 09

FESTIVALS L’ALHAMBRA | AFLAM | FLÂNERIES D’ART 10

Quatre ans après le lancement des Flâneries d’art dansles jardins aixois par la comédienne Andréa Ferréol, ilsemble que peu de jardins résistent encore à latentation de marier art et nature. Le temps d’un week-end, les espaces privés et publics, les musées et mêmeles traverses transforment leurs «allées» en galerie àciel ouvert et en lieux de rencontres inédites. Sur leparcours, accompagné par des musiciens classiques etdes chanteurs, on découvrira une batterie d’œuvres etl’on croisera également leurs auteurs : c’est là toutel’originalité de l’opération que de permettre au publiccette proximité avec les artistes…Deux stars comme Hervé di Rosa (Pavillon deVendôme) et le sculpteur Jean-Michel Othoniel (àl’Atelier Cézanne pour une œuvre créée en l’honneurdu peintre) entraîneront dans leur sillage pas moins de22 artistes. Toutes disciplines confondues : de lapeinture à la fresque, de la sculpture à la création debijoux et même l’art culinaire, en fonction des coupsde cœur d’Andréa Ferréol qui a poussé la porte deleurs ateliers avant de les inviter. Ce qui a pour effetde composer une programmation éclectique, ouverteà tous les courants et totalement subjective. Audétour d’un bosquet donc, ou à l’ombre d’un murvégétal, les amateurs éclairés et les simples curieux(21000 visiteurs en 3 ans) pourront converser, s’initieraux techniques (comme la sculpture sur fer auprès deMyriam Paoli) ou découvrir une palette de matières(taffetas et bois chantourné chez Charlotte Gaveau)…Bref, saisir l’univers de chacun.M.G.-G.

Flâneries d’art dans les jardinsLes 12 et 13 juin, Aix-en-ProvenceExposition Hervé di Rosa au Pavillon de Vendômejusqu’au 20 juin et Jean-Michel Othoniel à l’atelier Cézanne jusqu’au 14 juinwww.aix-en-œuvres.com

Art bucolique

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S’embarquer pour un voyage au Maroc, c’est ce quenous propose AFLAM en partenariat avec laCinémathèque de Tanger. Deux tables rondes, l’une àl’Alcazar autour de «Tanger et les artistes» le 27 maià 18h, après la projection du film d’Yves de Peretti,Une fenêtre à Tanger, réalisé pour l’exposition Le Marocde Matisse ; l’autre aux ABD, le 2 juin sur «Tanger etle cinéma» après Paris sur mer de Munir Abbar.Et, bien sûr, des projections : au cinéma Variétés, plusd’une quinzaine de films, courts et longs métrages,

réalisés entre 1938 et 2009. En ouverture, le 28 mai à 20h30, Fissures, qui racontela rencontre de trois marginaux en quête d’amour etde délivrance, sera projeté en présence de sonréalisateur, Hicham Ayouch. Sera présent aussi, le 3juin, Jilali Ferhati pour son film Tresses qui évoqueun drame dans une famille modeste d’un quartierpopulaire de la ville. Le 30 mai, à 20h30, EmmanuelPonsart du Centre International de Poésie de Marseilleprésentera Le festin nu de David Cronenberg, inspirédu roman écrit par William Burroughs, entre 1954 et1957 alors qu’il résidait à Tanger. Dans l’après-midi, neratez pas le beau court métrage de Michael Dreher,Fair Trade, qui fait réfléchir sur l’adoption. Et ceux quivoudraient revoir Pierre Brasseur sur grand écran lepourront le 29 à 20h30 dans l’Homme de la Jamaïquede Maurice de Canonge.La programmation présentée à Marseille se poursuivraà la Cinémathèque de Tanger en 2011.Alors, entre rêve et réalité, cinémas marocains etfrançais, bon voyage à Tanger !A.G.

Tanger RêvéeDu 27 mai au 4 juin04 91 47 73 94www.aflam.fr

Cannes à MarseilleLa Quinzaine des Réalisateurs est une manifestationnée à la suite des évènements de Mai 68 au Festivalde Cannes, pour protester contre l’éviction d’HenriLanglois de la direction de la Cinémathèque Française.«Les films naissent libres et égaux entre eux : il faut lesaider à le rester» déclara Pierre Kast, cinéaste etfondateur de la Quinzaine.L’Alhambra Ciné Marseille accueille douze longsmétrages issus de cette sélection, permettant aupublic de découvrir ces œuvres présentées lors duFestival de Cannes, mais pas toujours reprises, commecelles de la sélection officielle, dans les salles.Au programme donc quatre films français dont lepremier long de Katel Quillévéré, Un poison violent ;Pieds nus sur les limaces de Fabienne Berthaud, enouverture, avec Ludivine Sagnier et Diane Kruger ;un documentaire de Florent de la Tullaye et RenaudBarret, Benda Bilili, (Au delà des apparences). Il y auraaussi Evelyne qui aime Albert, qui aime Arthur, quiaime la fille qui fait l’actrice, qui aime… dans Le Petittailleur de Louis Garrel ; des arrestations declandestins dans Illegal du Belge Olivier Masset-Depasse ; un vieux berger des montagnes de Calabredans Les Quattro volte de Michelangelo Frammartino.Cleveland vs Wall Street du Suisse Jean-StéphaneBron raconte l’histoire d’un procès qui aurait dû avoirlieu… et dans All good friends de l’Irlandaise AliciaDuffy, Dara tombe amoureux de Bella. Deux filmsd’Amérique latine, La Mirada invisible de l’Argentin,Diego Lerman et Somo los que hay du Mexicain JorgeMichel Grau.ZedCrew de Noah Pink dresse le portrait de troisjeunes hommes qui espèrent réussir comme rappeursen Zambie, et The light thief d’Aktan Arym Kubatnous emmène avec un électricien au Kirghiztan.

Un vrai tour du monde en cinéma, sans les ors, lesclichés et les bousculades de la Croisette.ANNIE GAVA

Alhambra CinémarseilleDu 25 au 30 mai 04 91 03 84 66www.alhambracine.com

Et juste après…Le 4 juin, à partir de 18h 30, l’Alhambra souffle sesvingt bougies et vous invite à un bal sur la scènedevant l’écran, sur la musique de Roberto Tricarri et deson orchestre de huit musiciens juste avant laprojection de Playtime de Jacques Tati. Et lelendemain, on continue la fête avec Monsieur Tati ensuivant la tournée «à l’américaine» du facteur pourun vrai Jour de fête.Des réjouissances en perspective… Il est conseillé deprendre ses places à l’avance !

Passer le détroit

Pieds nus sur les limaces © Christophe Henry-Le Bureau

Fissures de Hicham Ayouch

La 1re édition s’intitulait Les Bouquinades. Ce terme,amusant, rappelait les sardinades et autres tapenadesrégionales, et avait finalement assez peu de rapportavec une fête de la lecture et de l’écriture, quoiqu’onpuisse aussi engloutir des bouquins ! La manifestation,qui se rôdait, naviguait entre têtes d’affiche à grostirages et animations plus intimistes, et louvoyait entrele commercial et l’associatif. L’équipe organisatrice,coordonnée par Cécile Silvestri de l’associationCouleurs Cactus, a choisi pour cette 2e édition derecentrer son propos et de privilégier ce qui lui tient leplus à cœur : «accompagner TOUS les publics à la lecture,la littérature et l’écriture pour une meilleure connaissancede l’autre et un mieux-vivre ensemble.» Une entréepopulaire donc, et non populiste, dans la culture, avecun ancrage fort sur le solide réseau des associations duquartier et de la ville. Et des propositions variées, pourpermettre à tous, petits et grands, d’être acteurs et passeulement spectateurs, ou consommateurs de livres etde propos : cette fête du livre se veut surtout unecélébration du plaisir d’écrire, et d’échanger.La manifestation sera inaugurée vendredi 11 juin en finde matinée en présence de sa marraine Edmonde

Charles-Roux, figure emblématique de la ville, et dePatrick Mennucci, maire du 1er secteur. Et puis ceseront 3 jours d’un festival littéraire, visuel et musicalaux accents de la mer et sous la protectionbienveillante de Zarafa la girafe de livres, qui faitdésormais partie intégrante des allées de Meilhan ettente de rendre à la Canebière sa dimension culturelle.Le vendredi après-midi sera destiné aux scolaires mais,dès le début de soirée et jusqu’au dimanche après-midi,tous les publics seront invités à voir des films ou desexpositions, à écouter des contes et des concerts, àéchanger des livres, à participer à des rencontres avecdes auteurs, éditeurs et libraires de la régionessentiellement, à des ateliers d’écriture oud’illustration, bref à s’emparer des mots, des images etdes sons. Et pour que tous les sens soient à la fête,goûters en chansons, ateliers culinaires, apéroslittéraires ou musicaux et pique-nique dominical géantponctueront de leurs saveurs méridionales et métisséesces jolis jours de juin.

Zibeline partenaireOn imagine aisément pourquoi notre journal estheureux de s’associer à ce festival. À Zibeline aussi nousdéfendons l’idée d’une culture pour tous, échangée dansun esprit d’émulation festive. C’est pourquoi nousparticiperons activement aux nouveaux concoursproposés cette année. À celui de La Bonne Nouvelle deLa Canebière, qui récompensera la meilleure nouvelleécrite sur le thème des Accents de la mer. Au concours

d’illustration de La vague et le rocher d’Hélé Beji, enpartenariat avec Libraires à Marseille. Vous pourrezégalement vous initier à l’écriture journalistique(chroniques de livres, reportage) sur notre stand. Lanouvelle et l’illustration lauréates, ainsi que lesmeilleurs reportages et chroniques seront publiés dansnotre numéro du 16 juin… À vos stylos !FRED ROBERT

Le 2e Festival du Livre de la Canebièrese déroulera du 11 au 13 juin.Le concours de La Bonne Nouvelle de la Canebièreest ouvert à tous jusqu’au 22 mai.Sur le thème Les Accents de la mer, il s’agit d’écrire une nouvelle courte (12000 caractères maximum) à envoyer à la mairie du premier secteur. Voir modalités sur notre site www.journalzibeline.fr ou au 06 98 72 29 07

Après le festival CoLibriS fin avril, lestentes et les stands vont à nouveauinvestir le cœur de Marseille pour 3jours d’un Festival du Livre de LaCanebière éclectique et convivial

FESTIVALS 11FESTIVAL DU LIVRE DE LA CANEBIÈRE

© X-D.R

Avé les accents de la mer

FESTIVALS MUSIQUES | ARTS DE LA RUE12

La Ville de Gardanne transforme son centre-villeaux rythmes et couleurs des cinq continents : deuxjours durant, Arts et Festins du monde met àl’honneur l’artisanat et la restauration de tous lespays, avec, cette année, un éclairage spécial surles États-Unis. Au menu, parcours découverte des

Histoires d’Amériques, animations Far West, expossur des motos et voitures américaines, concertsrock et country avec Home Cooking, New Orleansavec la fanfare Gugus Band, gospel avec le JoyfullyGospel et, last but not least, le Rock and BluesAmerican Show ! Sans oublier la fête-kermesse de

Peuples en parade qui défilera en préambule, le 19mai, les repas et le marché artisanal en plein air…

Arts et Festins du mondeLes 21 et 22 maiCentre-ville de Gardanne04 42 51 79 00

Mondialiser

Qu’on se le dise, qui dit rural ne désigne pasforcément un désert culturel. La preuve par troisavec le 3e festival Sons dessus de Sault qui setiendra dans le Vaucluse les 29 et 30 mai. Avec desvaleurs comme le partage, l’écoute, la découverte,la proximité et l’action pédagogique, c’est unrendez-vous artistique protéiforme à ne pas man-quer. Les traditionnelles et attendues petites formespermettent aux musiciens de groupes programmésde se rencontrer et d’entamer de véritableséchanges musicaux. Le 29 les détonants Quelques

fiers Mongols revisitent Led Zeppelin façon fanfare(11h30, gratuit). Viennent ensuite les Dithyrambe,improbable duo où l’aphorisme Baroque is not deadrappelle étrangement le punk! (14h, gratuit). Puisla déambulation Dans les rues de 14h à 19h avecl’atelier l’Artisan des Vents, la libraire éphémèreSans Paradis Fixe, le Philharmonique d’occasionet ses sérénades à louer et les surprises décalées !De quoi s’occuper pour aussi découvrir les petitesformes pour deux rencontres étonnantes (16h et18h30) avant d’écouter The Great Melting Poets(place de l’église 4/6 euros). De quoi être paré pourles concerts du soir : les festifs Bratsch, Mazalda& Dunumba, Le Grand Bal-Bœuf avec scène etpiste de danse ouverte, rien que ça… (Salle polyva-lente, 21h. 10/12 euros). Et dimanche ? Le Lit (10h 4/6 euros) pour ununivers excentrique, La Grande Déjambulation(11h gratuit) pour un immense cortège, encore ettoujours Les petites formes (14h et 16h gratuit)rythmées par Dans les Rues (14h à 18h gratuit,mêmes artistes que la veille), Chin Na Na Pounsous la houlette de Manu Théron (17h30 4/6euros), avant Le Grand Apéro Final avec La Farfande Gohu et un immense bœuf collectif pour Legrand Déchiffrage (18h30 gratuit). Pas de quois’ennuyer !FRÉDÉRIC ISOLETTA

Son dessus de SaultLes 29 et 30 maiSault (84)06 29 05 41 99www.pharealucioles.org

Le grand SaultSitué entre Pertuis et Manosque, Beaumont dePertuis est un village du Vaucluse. Le festival Sondu Lub est à découvrir avec notamment lesDrunksoul, Melchior Liboa et Madjahpol, maisaussi Leda Atomica et Poum Tchack : de quoi faireun petit tour musical dans le Luberon. Mais ce quicompte avant tout c’est la très importante 6eédition de la Bourse aux instruments qui rythmerales trois scènes et les 19 concerts. Initiative àdécouvrir pour les collectionneurs et les passionnésde musique, le tout gratuitement grâce à la volontéde l’association Arc en Sol soucieuse de développerdes activités culturelles en milieurural. Un moment d’échanges etde rencontres à ne pas rater.F.I.

Sons du Lub’Le 23 mai06 14 75 45 59http://arcensola.free.fr

Découverte

Bratsch © X-D.R.

Fort de Bouc !Les 4 et 5 juin il va falloir longer lacôte bleue et stopper à Port-de-Boucpour un Festival des Agglos plein devitalité et de fraîcheur en ce prin-temps qui se fait un peu attendre. 9eédition et une programmation quifait déjà saliver, avec entres autres lerock surréaliste de Raoul Petite (4/6)et la fanfare ska rock jazz de Ceuxqui marchent debout (5/6) pourfaire vibrer le site magique de l’AnseAubran. Deux jours à sentir la mer auson assourdissant des DissonantNation et de l’hybride punk rockdisco de Skip The Use (4/6), avant lepape du funk français Juan Rozoff,l’expérimental reggae d’Izmo DubBox et les funky Selecter The Puni-

sher (5/6), le tout rythmé par desjoutes provençales (5/6 à midi). Pourun festival qui, en plus de ses quali-tés musicales, se révèle toujours trèsconvivial : ouverture à 19h30, 10euros pour la soirée, et gratuit auxmoins de 12 ans accompagnés !FREDERIC ISOLETTA

Les AgglosLes 4 et 5 juinPort-de-Boucwww.festivaldesagglos.com

Raoul Petite © Juliette Gueiko

Melchior Liboa ©

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FESTIVALS 13

Le théâtre Toursky accueille du 18au 22 mai le VIe Festival Flamenco souscouvert du XXeFestival Mai-Diterranée.La Compania Mara Martinez pour Hijasde Eva entre sensualité, émotion etvirtuosité par la jeune prodige du fla-menco (18 et 19 mai à 21h et 19h),une soirée cinéma avec Farruquito yFamillia, meilleur film flamenco en2008 (20 mai à 21h) et la CompaniaJoaquin Grilo (un des grands nom duflamenco) pour son nouveau specta-

cle Leyenda personal (21 et 22 mai à21h). Devenu incontournable, cefestival attaché à un lieu cher auxmarseillais est toujours un grandmoment de danse.F.I.

Festival Flamencodu 18 au 22 maiThéâtre Toursky, Marseille0820 300 033www.toursky.org

Le festival de Correns, les JoutesMusicales du Printemps, organise sa13e édition du 21 au 23 mai. Unetrentaine de concerts organisés parLe Chantier, centre de création desnouvelles musiques traditionnelles etmusiques du monde. L’oxymore entrenouvelles et traditionnelles semblefécond, puisqu’il rassemble entreautres A Filetta, la Cie Montanaro,François Rossé, Annie Ebrel, Jean-Marc Montera, The Samurai et letrio Chemirani. Le paradoxe d’unéclectisme de choix est au rendez-vous dans le Var, et ce depuis 1997 !Chant Corse, d’Irlande, de Sicile, per-cussions persanes, musique occitaneinclassable, sons de Bulgarie, d’Iran,

sans parler de l’incroyable rencontreentre un piano et une cornemuse,Correns parie sur une composition etune transmission orales de la musi-que. Pour le week-end de Pentecôte,il n’y a pas à hésiter si vous voulezallier découverte et verdure sur unsite incroyablement beau, pour desmoments uniques festifs ou intimis-tes (théâtre de verdure, fort Gibron,salle la Fraternelle, église, place duvillage).F.I.

Les joutes musicales de Corrensdu 21 au 23 mai04 94 59 56 49www.le-chantier.com

Les joutes de Pentecôte

Nous sommes en 2010 après J-C, toute la Gaule estoccupée par le rap. Toute ? Non, un petit local d’irréduc-tibles gaulois résiste encore et toujours à l’envahisseur ! Avecune accroche pareille de la part des résistants métalleux leschoses sont claires non ? Alors, et ceci pour 5 euros,rendez-vous les 4 (dès 17h) et 5 juin (dès 18h) au Local dela Penne-sur-Huveaune pour la Local Fest IV afind’organiser l’encerclement du Rn’B et consorts dans un

déchainement de bons groupes de métal qui enchanterales adeptes et fera vibrer l’étonnement des néophytes.F.I.

Local Fest IVLes 4 et 5 juinLocal, Penne-sur-Huveaunewww.myspace.com/lelocalmetal

Métal Gagnant

Olé !

La Folle histoire des arts de la ruefinit sa folle tournée en un feu d’ar-tifice… et de moutons ! Après avoirmis en mouvement Saint-Cannat,Mallemort, Velaux et les Pennes-Mira-beau, les cinq compagnies vont marierleurs arts, leurs danses, leurs musi-ques et leur théâtre dans les rues deSaint-Rémy, pour des petites formesqui vont se succéder à un rythme deplus en plus rapide, et culminer à laPentecôte… lorsque traditionnelle-ment les moutons traversent la villeprovençale pour gagner les pâturagesd’été. Escarlata circus, Les Groomsen fanfare, les saynètes de Kumulus,la danse de rue de la cie Pernette etde Retouramont résisteront-elles auxmoutons ? Trois jours de fête à ne pasmanquer : profitez-en, c’est férié !A.F.

La Folle Histoire des arts de la ruedu 20 au 24 maiSaint Rémy04 96 15 76 30www.cg13.frhttp://follehistoire2010.karwan.info/

Transhumancecommune

Joaquin Grilo, Leyenda ©

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MUSIQUEFESTIVALS14

Le moins que l’on puisse dire, c’est que son Festivaldes Heures Musicales affiche des solistes de pre-mier plan. Pour la 27e édition, Liliane Valsecchiannonce, sur la côte d’Azur, deux Russes parmi lesplus grands pianistes actuels : Nikolaï Lugansky(en clôture du festival le 24 juin) et Boris Berezovsky(à deux pianos avec Alexeï Petrov le 9 juin).Chopin est à l’honneur avec deux grandes Dames dupiano français : Brigitte Engerer (et le récitant Jean-Yves Clément le 23 mai) et Anne Queffélec (le 15 juin)pénètrent l’âme et la vie du poète romantique du clavier.Les frères Capuçon, à leur tour, présentent des récitalsavec piano : si Gautier ouvre les festivités au violon-celle en compagnie de Gabriela Montero (le 18 mai),Renaud et son violon chantent Brahms ou Bartokavec Khatia Buniatishvili (le 4 juin). On n’oubliepas également la soirée Gospel donnée par MarcelBoungou And the Gospel Move Singers (le 28 mai).J.F.

27e Festival des Heures Musicales de Biotdu 18 mai au 24 juinConcerts à 21h Église de Biot (06)04 93 65 78 00 www.biot.fr

Piano jubiléC’est au pied de l’illustre montagne Sainte-Victoire, peinte par Cézanne, au cœurdu village du Tholonet qu’a lieu la 4e édition du festival Autour des Claviers

Le parrain de la manifestation provençale, François-René Duchâble, retrouve son compère le comédienAlain Carré pour un voyage mêlant littérature,correspondance, biographie et musique en hommageà Frédéric Chopin (faut-il rappeler que l’on célèbre

cette année le bicentenaire de sa naissance?). LeurVie de Chopin nous plonge de sa Pologne natale àParis, dans sa liaison avec George Sand à Nohant,aux Baléares (et Marseille !), au cœur du roman-tisme (le 30 mai à 18h30 à l’église).Les Britanniques Thomas Gould (violon) et AlasdairBeatson (piano) interprètent la fameuse Sonate «àKreutzer» de Beethoven, tout en reliant le chef-d’œuvre à la nouvelle éponyme et postérieure deTolstoï. Le duo joue aussi la virtuose et ardenteSonate en fa mineur de Prokofiev (Soirée russe le 6juin à 18h30 à l’église).La jeune et talentueuse pianiste Sarah Lavaudchoisit des Nocturnes et Mazurkas de Chopin et livreégalement les huit pièces passionnées des Kreisle-riana op.16 de Schumann (on se souvient qu’il estné aussi en 1810 !). Une Promenade de Chopin àSchumann (le 13 juin à 18h30 à la nouvelle sallede Palette). À entrée libre !JACQUES FRESCHEL

4e festival Autour des claviersdu 30 mai au 13 juinLe Tholonet04 42 96 96 96www.autourdesclaviers.com

À quelques lieues d’Avignon, dans la cité de Morières,le Festival des Vents met à l’honneur, comme sonnom l’indique, les cuivres et les bois, flûte à biseau,trompe à embouchure ou autre doudouk à anche…ainsi que toute machine musicale aimant à prendrel’air ! L’idée originelle est issue d’une tradition defabrique, dans la commune vauclusienne, d’anchesdoubles (pour hautbois, cor anglais basson…) à partirde roseaux. Et le but avoué par l’Amicale créatricedu festival, est de donner l’idée, le goût, au plus grandnombre d’amateurs de pratiquer ces instruments.Eric Sombret, cor solo à l’Orchestre Lyrique de RégionAvignon Provence et professeur au Conservatoire demusique d’Avignon programme cette saison quatreévénements.En ouverture, le trompettiste virtuose Bernard Sous-trot joue Vivaldi accompagné par l’Orchestre desSolistes Français dirigé par Paul Rougé (le 12

juin). Le Chœur Régional Provence Alpes Côted’Azur (directionMichel Piquemal) chante, au sondu cor, des pièces de Michael Haydn, Brahms, Schu-mann, Schubert, Mendelssohn (le 13 juin). Avec Gershwin, le clarinettiste Frédéric Cellierdonne sa Soirée Jazz (le 19 juin), quand la manifes-tation s’achève avec l’Orchestre d’Harmonie de laMusique de l’Air de Paris dirigée par le Lieutenant-Colonel Claude Kesmaecker pour des musiques defilm, et le Concerto pour 4 cors de Robert Schumann(le 20 juin).J.F.

Festival des ventsDu 12 au 20 juin à 21h15Centre culturel Folard, Morières-les-Avignon06 22 28 48 88 www.festivaldesvents.com

Le magnifique village médiéval deBiot, perché au-dessus de la Rivieraprès de Sophia Antipolis, a une vieculturelle riche d’événements…

Têtes d’affiche

Sarah Lavaud © Yannick C

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Khatia Buniatishvili © Julia Wesely

Le Festival estival qui anime la région Toulonnaisedepuis 60 ans débute dès le 12 juin à la Tour Royale(sauf repli nécessaire à l’Opéra ou à l’église St-JeanBosco en cas d’intempéries) avec le pianiste CédricThiberghien et l’Orchestre de l’Opéra de Toulon (dir.Wolfgang Doerner) dans un programme Chopin,Mozart et Beethoven. (à 21h30, 04 94 92 70 78).Ce sont ensuite des Sonates romantiques de Weber,Schumann et Beethoven qui résonnent sous les doigts

de la violoniste Isabelle Faust et du pianisteAndreas Staier (le 14 juin à 21h30).J.F.

Festival de Musique de Toulon et sa Régionjusqu’au 29 juilletTour Royale, Toulon04 94 18 53 07http://musiquetoulon.pagespro-orange.fr

Été espéré !

Soave sia il vento…

FESTIVALS16 BJCEM | MINOTERIE | BERNARDINES

Notre Dallas que la Cie L’Individupeaufine et améliore (à voir bientôtle Diable en bouche, voir p. 24) clôtu-rait une série de représentationsthéâtrales, musicale et dansées auxréussites diverses.

Jouer contre soiLa Cie la Parenthèse est vraimentagaçante. On l’a vue bourrée detalent inventer un Boléro époustou-flant de brisures et d’ironie, puiss’égarer dans une théâtralité datéedans d’autres pièces, et revenir de seserreurs en replongeant dans la danseavec bonheur. Sélectionnée pourpartir à Skopje avec L’heure du bain,pièce courte, intime, centrée sur lesgestes, voilà qu’elle présente à Mar-seille, sur le plateau du Gymnase, unecréation bâclée, formée de 5 solossuccessifs entrecoupés de saynètesidentiques, et accompagnés par unguitariste insupportable qui neconnaît que 5 accords et est capablede les répéter en boucles pendantd’interminables minutes. Les inter-

prètes cherchent l’intime mais ne letrouvent pas, dansent mal pour laplupart, présentent un objet non fini.Il faut être sacrément vaniteux pourvouloir créer en quelques jours etavec peu de moyens un spectaclechorégraphique de deux heures ! Maisla vanité n’a jamais tué le talent,pourvu qu’on en revienne.

Sous la peauLe nom de sa compagnie créée en2004 est déjà tout un programme :Post Partum, après la naissance…C’est de l’évolution du corps, de sonépanouissement au monde, de sonconfort que Jean-Baptiste Bonilloveut nous parler. Il le fait de façonsurprenante. D’abord il écrit sur untableau des phrases qui évoquent lesentraves du corps, puis il remplit lesblancs laissés entre les lignes. Unebande son lancinante accompagne lenoir qui envahit la scène. Le danseurrevient caché par le tableau surroulettes et traverse la scène, on nevoit que ses jambes nues, puis une 3e

et une 4e jambes, des mains surgis-sent sur les côtés effaçant le texte.Les 4 jambes avancent sur un rythmetrès lent en parfaite symbiose commeun même corps, même taille, mêmesfesses, on devine pourtant que lesecond corps qui disparaît ensuite estféminin. Le danseur se retrouve seul,une voix lénifiante donne desconseils pour reprendre possession deson corps, le ressentir de l’intérieur.

Très beau moment ensuite : le corpsde Jean-Baptiste Bonillo est commeoccupé par une petite image qui naîtau niveau de son diaphragme et vagrandir jusqu’à envahir tout sonespace ; le corps d’une femme secalque sur le sien, l’un est le Palimp-seste de l’autre... et inversement.CHRIS BOURGUE ET AGNÈS FRESCHEL

Jeunes et précieuxDe retour de Skopje les jeunes créateurs ont présenté des spectacles divers

Parenthèses © Agnès Mellon

Arrêt[er] le gaspillage ne suffit plus à donner unsens aux ardeurs civilisatrices du théâtre desBernardines ; voici venu le temps de déjouer leshabitudes, libérer les horaires, multiplier les rendez-vous hors piste : programme ambitieux et louablequi, en association avec La Minoterie, prend laforme d’une carte blanche donnée au metteur enscène Xavier Marchand et à ses invités. Le premier volet a vu se succéder dans une impec-cable maîtrise des lieux et des moments sept ouhuit pièces courtes, des brunchs, un auteur mortde longue date (Beckett et son Premier Amour),un autre depuis peu (Raymond Feder-man et le Crépuscule des Clochards),deux bien vivants (Pascal Omhovèreet Noël Casale) aussi acteurs de leurpropre fiction... un homme à l’har-monica que l’on retrouve çà et là...On y rencontre donc des personnagesplutôt humbles ou carrément enmarge, comme les clochards deFederman qui dialoguent vivementen parcourant le monde autour deleur pupitre ; l’amitié, le temps quifile, les chaussettes à partager,toutes conversations célestes dont ladrôlerie et la mélancolie reposent surles ressources expressives des deuxcomédiens en manque de rythme à lapremière.

Les quatre saisons -en trois comédies et un drame-et les mille et une voix de Noël Casale sont aussibien réjouissantes : dans une unité absolue de lieu(Bastia et nulle part ailleurs) se reconstruisent despans de vie réelle ou rêvée dans des pensions defamille ou des meublés ; la langue corse, jaillissantnaturellement à tous les moments de particulièreintensité, constitue littéralement une part de dra-maturgie ; l’auteur/acteur/metteur en scène, toutà la fois Jean-Jojo, Annonciade, Tino Rossi (ouioui), son fils et tant d’autres dans Forza Bastiaproduit une énergie virevoltante qui brasse l’intime

et le social, le singulier et le collectif avec une gran-de justesse ; on rit beaucoup et ce n’est pas tout ! Il est plus difficile en revanche de tenir tous lesfils de Reprise d’un triomphe qui mêle plusieursniveaux de fiction, personnages à double ou triplefond (Hubertus Biermann, par lui-même déjà siprésent -alias Gunther- alias Dean Martin...), récitsenchâssés et formes diverses d’un aimable désen-chantement intemporel (Bastia, l’été prochain) quiralentissent et anesthésient un peu la réception,jusqu’à ce que l’irruption tonitruante de l’idiot duvillage-capitaine d’industrie Ulysse/Pascal Omhovère,

de retour dans sa patrie vienneréveiller tout le monde !MARIE-JO DHO

À venirLe Hors Piste des Bernardineset de la Minoterie se poursuit avec une programmation et des horairescomplexes du 18 au 22 mai. Avec à nouveau Pascal Omhovère et Noël Casal, mais aussi SuzanneJoubert, Haïm Menahem et AlainFourneau. Et Xavier Marchand !

Géométrie variable : 1res figures

Le crepuscule des clochards © Fabrice Duhamel

Une journée de festivalLe 23 avril. Rendez-vous à midi trente au muséeCantini pour un solo époustouflant de clarinette.Horaire peu commun très agréable qui meuble lapause repas du centre ville et prestation décapanted’Alain Billard, soliste de l’Ensemble Intercontem-porain. Avec comme œuvre la plus ancienne leDialogue de l’ombre double de Boulez composé en1985, le ton contemporain est donné. La pièce,dont le titre est emprunté au vocable du Soulier desatin de Claudel met en scène l’instrumentiste etson double préalablement enregistré et diffusé parun dispositif électroacoustique. Singulière, cettecorrespondance intérieure se diffuse dans l’espacesans affrontement et se tuile dans une fluidité in-timiste. L’étonnante virtuosité du soliste trouveraun autre terrain de jeu avec Windex d’Ivan Fedele,explorant les limites timbriques de l’instrument àl’image des multiples aspects du vent. Spectaculaireseront les deux dernières pièces du concert avectout d’abord Trace V de Martin Matalon, pour cla-rinette et dispositif électronique en temps réel, cequi rend la performance spatialisée et réactive.L’important travail effectué sur bande et la com-plémentarité avec l’instrumentiste laissait présagerune fin explosive avec Art of metal II de Yann Robinpour clarinette contrebasse et toujours live élec-tronique. Avec un instrument entièrement en métal(même le bec construit pour l’occasion) et des sono-rités travaillées inouïes crachées des baffles, lerésultat fut dantesque. Ajoutons à cela la maîtrised’Alain Billard, soufflant, parlant, hurlant dans sonbec et offrant des sons paroxystiques, quasimentindéfinissables.

Mythes et sacrificeEn soirée au Ballet National de Marseille, l’en-semble Musicatreize, le Chœur Contemporain etl’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée PACAdirigés par Roland Hayrabedian. En ouverture, lacréation d’Alexandros Markeas Dionysos, le vin, lesang pour douze voix et dispositif électro-acousti-que. La disposition scénique des 12 solistes attablésévoquant la Cène face au chef, assis également,contribua à l’évocation du vin dans tous ses excès,d’Anacréon à Molière (du rire aux larmes en passantpar la colère). Markeas, à la recherche d’une vocaliténouvelle inspirée du chant traditionnel méditer-ranéen, s’inscrit certainement dans une filiationsubtile avec Maurice Ohana. Son Llanto por IgnacioSanchez Mejias sur des textes de F. Garcia Lorca àla mémoire du célèbre matador, est une des pièces

que les ensembles de Roland Hayrabedian ontenregistrée avec bonheur il y a 7 ans. Bien défen-due par les jeunes musiciens même si on n’yretrouvait pas le souffle du disque, cette cantateassociant un chœur féminin, un récitant (OlivierBoudrand), un baryton (Job Tomé) et un clavecin(Jean-Marc Aymes) se rapproche de la déplorationet des sonorités ibériques, l’étonnante utilisationdu clavecin, martelé, évoquant les guitares. Les motsse fondent habilement dans le tissu orchestral,Ohana jouant davantage sur l’aspect phonétiqueque sémantique, cherchant lui aussi des voies nou-velles au cœur du siècle dernier. Une journée commeon en redemande!

Danser la musiqueIl est rare que les chorégraphes contemporains osentdanser sur la musique des compositeurs «savants»de leur temps. La Compagnie Mossoux-Bonté a prisun parti minimal en accompagnant les musiquesplanantes de Scelsi et Giya Kancheli d’une dansevoltige faite des mêmes cercles lancinants, des mêmesrépétitions, variations, duplications et changementsde direction : trois corps féminins suspendus, iden-tiques, tournent, posant parfois le pied au sol commeles sons profonds de Scelsi lancent discrètementleurs attaques pour laisser planer, longtemps, leursrésonnances… Dans Khoom cependant la musiquevarie ses timbres, passant du petit ensemble (Musi-que Nouvelles, dirigé par Jean-Paul Dessy) au solo,et variant ses effets sinon ses dynamiques. La dan-se des trois femmes reste quant à elle sur se belleidée de départ, hypnotique et fascinante, puis sou-levant un peu le cœur comme dans un manège danslequel on resterait trop longtemps. Alors on fermeles yeux et on écoute la profondeur des sons…Plus radical le pari de Thierry Thieû Niang : lesœuvres qu’il choisit de danser sont des monuments…Il le sait, et ne relève pas le défi de les circonscrire :

il donnera simplement non une lecture de cesœuvres, mais comme une illustration, discrète, encoin de page, de quelques éléments perçus ça et làdans les partitions. Avec Stéphanie Auberville ilsuit parfois le rythme, plus souvent les lignes, plussouvent encore les émotions et étonnements queces pièces suscitent en chacun d’eux. Très simple-ment, tandis que la violoniste virtuosissime SaoriFurukawa enchaîne les difficultés de For AaronCopland (Feldman), Anthème (Boulez), la Sequenza(Berio) pour finir sur les 10 minutes d’harmoniquesde Waka Pleats (Tomoyuki Hisatome). Au Zenith,son exploit. Autour, des satellites modestes.

En toute libertéEn conclusion du festival, le 1er mai, le concert duTrio Paj (Michel Portal à la clarinette et au bando-néon, Roland Auzet aux percussions et PierreJodlowski aux «machines») a rempli sans peine lesobjectifs pourtant ambitieux fixés par ses musi-ciens. Des sonorités familières issues du jazz, maiségalement du tango (choix de tempi et de sem-blants de métriques plus langoureux) et d’autresrecoins de notre imaginaire musical (plus popu-laire ?) furent savamment entremêlées, appuyéespar des ostinatos électroniques et un recours fré-quent aux questions-réponses, les petites pousséesde la clarinette se mélangeant souvent à leurspropres échos et à leur anticipation. Le tout futporté par un sens de la tension/détente visible-ment rodé, et captivant. Reste la promesse de cette«nouvelle sorte de langage» chère à Michel Portal,entre improvisation et musique savante, qui inter-rogerait notre rapport ambigu à la modernité.Peut-on parler de renouveau stylistique simplementen rassemblant, même fort brillamment, les apportset trouvailles des XXe et XXIe siècles ?SUSAN BEL, FRÉDÉRIC ISOLETTA ET AGNÈS FRESCHEL

FESTIVALS18

Depuis quelques années le festival du GMEM parvient à rassembler 7 à 8000spectateurs pour venir écouterde la musique contemporaine.La recette ? Des formes croiséeset un prix attractif

GMEM

Moments rares

Thierry Thieu Niang © Agnes Mellon

THÉÂTRE20 LES BERNARDINES | LA CRIÉE | LE GYMNASE

Tout est question de désir. Mais est-cechez l’homme ou la femme qu’il s’émous-se en premier lieu ? C’est à cette questionque se proposait en son temps derépondre Marivaux dans La Dispute.Un couple de nobles cruels, curieux deconnaître la nature de l’homme, a en-fermé dès leur naissance et séparémentdes enfants des deux sexes ; les jeunesgens sont «libérés» à l’adolescence etmis en présence. Les dés sont jetés !Nadia Vonderheyden a monté cettepièce avec les élèves-comédiens del’ensemble 18 de l’ERAC, l’école d’ac-teurs de Cannes. Elle y a associé Lacontention, écrit par Didier-GeorgesGabily pour en être une suite, maisqu’elle a choisi d’éclater à différents

moments de la pièce de Marivaux. Ledébut plonge le spectateur dans ununivers glauque où évoluent des no-bles désoeuvrés et masqués en quêtede séductions. Mais le Maître tue sa

maîtresse Hermiane et déclenche unedernière dispute avec son cadavre. Leplateau s’éclaircit ensuite pour les scènesdes découvertes des jeunes gens quisont parmi les moments les plus jubi-

latoires du spectacle, avec ravissements,petits cris, halètements, dans lesquelsexcellent ces jeunes comédiens. Jalou-sies et tromperies s’enchaînent àl’épreuve d’une séparation forcée : lebon sauvage n’est pas meilleur que lecivilisé, le cœur humain n’est pas fidèle.Gabily rappelle que la férocité de noscontemporains n’a rien à envier à nosancêtres cannibales. Fin d’une grandenoirceur pour un spectacle qui faitbasculer Marivaux vers Sade.CHRIS BOURGUE

Crimes de l’amour a été joué aux Bernardines du 20 au 24 avril

Petits arrangements avec le désir

© Didier Grappe

Omar Porras connaît à merveille les jeux de masque.Il travaille depuis des années, avec sa troupe de comé-diens surdoués, à fabriquer une théâtralité qui s’assume,joue de ses ficelles et de ses plaisirs, maquille, exagère,chante, fait le clown, l’acrobate, surprend, émerveille,dévoile… Coloré et saturé de fantaisie, son Scapin ré-vèle une fidélité au texte qu’on n’attendait pas chezun metteur en scène qui a trahi avec bonheur aussibien Brecht que Lorca, Cervantes ou Molière. C’estqu’il a trouvé dans Les Fourberies de Scapin une farceparfaite : la mécanique comique de Molière n’en finirajamais de susciter le rire, pourvu qu’elle soit jouée àla bonne vitesse. Mais le metteur en scène retrouveaussi en Scapin la quintessence de sa figure favorite: celle du valet qui domine ses maîtres et tire lesficelles. La compagnie d’Omar Porras, qui s’appelle leTeatro Malandro, pratique un art populaire et subver-sif dans ses finalités, mais aussi dans son inspiration…Un regret, infime ? que la subtilité sentimentale deslongues tirades sur les rencontres amoureuses l’aitennuyé : il les parasite et les ridiculise (avec succès)alors que leur fraîcheur élégiaque n’est pas ridicule,et peut sonner vrai…AGNÈS FRESCHEL

Les Fourberies de Scapin ont été jouées au Gymnase du 20 au 24 avril

Misère affectiveC’est le lot dissimulé des cadres supérieurs à LaDéfense, cœur économique et financier d’un systèmecapitaliste en déroute… Push up de Roland Schim-melpfennig est une pièce cruelle, désespérante parcequ’elle brise les rêves d’ascension sociale, et réjouis-sante parce qu’elle met définitivement à bas l’idéalsale du gagnant. Dans les sphères supérieures, là-haut, au dernier étage, on ne baise plus, on crève dejalousie, de solitude, et on compense son renonce-ment à la vie sociale en regardant du porno, en jouissantde ses promotions, en s’enfonçant dans ses obses-sions, en regardant avec soulagement les autrestomber, vieillir, grossir. Les femmes s’habillent commeon passe une armure, ces hommes ne savent pasaimer, partager, converser même, et tous vivent dansla peur constante de stagner, d’être lourdés, dépas-sés. L’entreprise n’est qu’un immeuble où le ridiculetue, où l’on vit en apnée, sans autre idéal que degrimper les étages. Un monde sans désir, sans valeuret sans vie qui n’est que le reflet perverti d’un idéaldélétère. La mise en scène du jeune Gabriel Dufay

est discrète, et repose sur un décor naturaliste, maisécrasant, et des comédiens qui naviguent habilementdans les sub-tilités d’un texte juxtaposant dialoguesréalistes et soliloques fantasmés. Glaçant, juste cequ’il faut pour vous donner envie de fuir à jamais lacompétitivité économique…A.F.

Push up a été joué à La Criée du 27 au 30 avril

Sales caractèresGoldonisait peindre à merveille les caractères déviants,qui se plongent sans l’aide de personne dans dessituations impossibles. Les Amoureux mettent en scènedeux jeunes gens qui s’aiment mais ne savent que sefaire du mal, lui étant aussi hystérique qu’elle… L’oncleaussi est un barbon de comédie, puissamment versa-tile, obséquieux et avare, comme il se doit. Seul lehasard et tout l’effort d’auxiliaires raisonnables pour-

ront les mener au mariage, même si on doute de leurpossibilité de bonheur ! La pièce est savoureuse etdrôle, légère, enlevée, et Gloria Paris en propose unelecture tapageuse, déconnectée de la Venise du XVIIIe

siècle et plongée dans notre réel : Fulgenzio et Eugeniaressemblent à des petits bourgeois adolescents, lon-gue mèche sur l’œil et dégoût affecté, qui se trémoussentsur du rock. La transposition fonctionne, même si ony perd un peu en rythme, et en subtilité : si GloriaParis a, dans sa traduction, réactualisé la langue, lesrapports entre les personnages restent dominés parles conventions du XVIIIe siècle, et ne cadrent pasavec la mentalité de notre époque. Les comédiens, for-midables d’énergie physique, ne parviennent pastoujours à faire coller les deux lignes divergentes, cequi occasionne quelques temps morts. Oubliés dèsque ça redémarre ! A.F.

Les Amoureux ont été joués au Gymnasedu 4 au 8 mai

Scapin en farce

© Pidz

© Marc Vanappelghem

© Ines Dufay

THÉÂTRELAM | FESTIVAL DU THÉÂTRE AMATEUR | BANCS PUBLICS 21

Léda Atomica Musique, depuis plusde 10 ans, relie théâtre populaire,musique, cabaret et toutes les formesgénéreuses de l‘art. Ils ont concoctéun spectacle iconoclaste pour unpublic qu’on sentait très complice ;pour entrer dans l’ambiance, une voléed’encensoir, suivie d’une note tenue àl’orgue : la cérémonie peut commen-cer ! Bref rappel de la création dumonde -parodie de la Bible- avec,parmi l’énumération des êtres vivants,l’insertion du Yorkshire et des fraisesTagada. «Dieu trouve ça beau!», et dansun dernier effort il crée... l’argent. Carc’est du capitalisme, des banques, desplus-values, de la bourse, et de la crisedont il est question dans le texte dePhil G., qui fait le lien entre les chan-sons réalistes ou humoristiques, clind’oeil aux années 30 avec 2 chansonsde Jules et Julien, 50 avec Vian et Piaf,

60 avec la vache à 1000 francs de JeanPoiret… toutes très bien interprétées, etintelligemment relookées. Jubilatoire !Les arrangements de Phil Spectrumet Jean Sallier Dolette sont pleinsd’inventivité, et les deux comédiennes-chanteuses usent avec malices dudécalage : ah ! la choucroute magnifiquede Marie Démon et les chaussureskitsch de Danielle Stéfan ! Une leçond’économie décapante !CHRIS BOURGUE

Crashcashocac, mes Patrick Rabier,s’est joué au Marie-Jeannedu 23 au 25 avril.À noter : le spectacle sera repris le 3 juillet à Marseille au festival des Arts de Passage à Emmaüs,et au Centrte culturel LouisAragon de Septèmes-les-Vallons le 21 mai (04 91 96 31 00).

Cabaret militant

Les comédiens amateurs du Théâtre de la Grimaced’Aix-en-Provence sont ambitieux et courageux : ilsn’ont pas eu peur de monter un spectacle terrible quiparle d’un crime, l’inceste, qui vient d’ailleurs enfind’être reconnu comme tel par nos autoritésjudiciaires. Cette troupe a choisi de monter Festend’après le film danois de Thomas Vinterberg quifait date en la matière. La scénographie estintelligente, isolant certaines scènes par deslumières, les acteurs sont tous très engagés dans desrôles pas faciles et une langue crue. Le sombrerèglement de comptes a lieu dans une famillehonorable, à l’occasion de l’anniversaire du père, etl’addition est salée ! La mise en scène est de ClairePrati, seule professionnelle de l’équipe, elle avait

commencé une pratique bénévole avec la troupe puisfinalement elle est engagée pour faire les mises enscène. Bravo à cette équipe d’amateurs qui n’a paschoisi la facilité !CHRIS BOURGUE

Festen s’est joué au Parvis des Arts le 30 avril dans le cadre du Festival de Théâtre Amateur

À noter : Après la pluie de Sergi Belbel par une troupe amateur de Paris au collège Izzo le 21 mai.04 91 61 15 37

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.R.

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La création de Terra Cognita estl’aboutissement d’un projet de longuedate, qui repose sur un rapport réel quis’est construit dans le temps. JulieKretzschmar et Guillaume Quique-rez ont rencontré Alger par hasard, enallant d’abord là-bas pour un spectaclesur l’Algérie. Mais Terra Cognita les aramenés à Marseille avec un autredésir : il s’agissait pour eux d’essayerd’adopter le regard de l’autre, de voirce que signifie vivre à Marseille pourchacun. Pas uniquement ce qu’être unimmigré à Marseille veut dire. AvecSamir El Hakim, Eric Houzelot etSharmila Naudou, ils ont fabriqué unobjet violent dans ce qu’il met en jeu :Alger et Marseille apparaissent commedes villes qui se ressemblent, se frottent,et rejettent, excluent, définitivement,

l’une comme l’autre. Parmi ceux quiquittent Alger aucun ne parvient ici àtrouver une place. Terra Cognitaaborde les choses très simplement, enracontant des histoires vraisemblables,sans jouer au documentaire, mais eninventant des paroles directes quis’énoncent comme des témoignagessuccessifs. Et racontent la difficultéd’obtenir un visa, la violence desregards, la position de clandestin, lesmots qui rabaissent. Situations quigagneraient à plonger dans unethéâtralisation plus radicale.A.F.

Terra Cognita a été créé aux Bancs Publicsdu 20 au 24 avril

Inquiétante étrangeté

Fête à la Grimace !

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idier Nadeau

THÉÂTRE22 DAKI LING | ATP (AIX) | VITEZ

Après une performance réjouissante et déjantée surle parvis de l’Opéra (voir p.25), rendez-vous avecl’Apprentie Compagnie sous le chapiteau Gardenspour Prozband, le spectacle. La scène ressemble àcelle d’un concert de rock. Un groupe de quatremusiciens, Les Pistoleros, accompagne Proserpineherself, qui joue de la voix et accessoirement duconcertina. Pendant une heure, titres et parodiesmusicales s’enchaînent, ponctués de quelques brefséchanges avec le public. La diva, tenue skaï etléopard, moumoute noire sous les aisselles etsoutien-gorge doré, «s’éclate» : elle ne cesse de lecrier. Dommage que ce soit toute seule ou presque !Qu’elle ait envie de «faire un truc olé olé avant demourir» comme elle l’a déclaré, on peut lecomprendre. Après tout, la musique entre dans latradition du clown. Mais qu’elle oublie son public enroute, on n’en est toujours pas revenu ! Ils étaientpourtant là, ses fans, prêts à l’acclamer, à subir ses

interpellations les plus trash, à danser avec elle. Elle,elle était sur scène, loin, dans son truc. Le sonexécrable du premier soir n’a pas arrangé les choses.On avait beau tendre des oreilles meurtries, rien àfaire, on perdait les � des paroles. Bref, la déception.D’autant plus forte qu’on avait tant aimé les premiersspectacles de cette clowne extraordinaire, àl’agressivité cathartique et aux sketches désopilants.S’il te plaît, Proserpine, redeviens celle que nousaimons. Et tes couplets sur la décrépitude du couple,sur la mort, sur le temps qui détruit tout, viens doncplutôt nous les cracher de près.FRED ROBERT

Prozband, le spectacle a été présenté sous chapiteaules 7 et 8 mai, dans le cadre du Festival TendanceClown (5e édition) qui se poursuit jusqu’au 23 mai.04 91 33 45 14www.dakiling.com

Proserpine fait son show

D’abord un mot sur la mise en scène proposée parles ATP d’Aix au Pavillon Noir : Jacques Vinceyréussit une forme tout à fait surprenante, six femmesjouant sur un vaste échiquier symbolique une partiedont elles sont les pions magnifiques, caparaçonnéesdans des robes sur roulettes et dominées pard’immenses perruques rigides, toupies d’un destinqui les dépasse et dont le manipulateur est absent.Madame de Sade, sa mère, sa sœur, les acolytesprude ou perverse sont sublimes dans leur irréalistejeu de marionnettes féroces. Mais pourquoi faire ?Le texte de Mishima sur le «Marquis de Sade vu parles femmes» est traversé de magnifiques fulgurancesd’écriture, mais trimballe un discours très limite…Il n’est pas question de faire ici le procès d’un auteurhyper nationaliste qui écrivit des romans sublimes deculpabilité et de désir d’illumination, mais se suicidaaprès avoir fomenté un coup d’État visant à rétablirl’autorité de l’Empereur. Cependant que nous raconteson histoire ? Si Sade représente la liberté absolue,on est en droit de se demander pour qui. Ses écrits,franchement ennuyeux la plupart du temps,contiennent effectivement quelques diatribes bienpensées (et sacrément bien écrites) sur la société

d’Ancien Régime. Mais enfin ce n’est pas ce qu’il afait de pire, ce régime en fin de course, qued’emprisonner un homme qui, sans doute, a fouettéà mort plusieurs prostituées, et violé nombre defemmes. Ou au moins fait l’apologie du viol, puisqu’onn’a pas de preuve formelle qu’il l’ait pratiqué.Comprendre la littérature de Sade, cette plongéesans retenue, fantasmée, vers le fond noir des désirs,vers ce Don Juanisme de la douleur où Valmont feraitfigure de niais, est une chose. Mais l’homme ? Et puisimaginer cinq femmes qui se pâment en évoquant lasodomie ou le plaisir de dégoutter le sang est un brinridicule : lorsqu’on se targue d’adopter un point devue féminin, peut-on vraiment imaginer ainsi leurplaisir ? D’ailleurs comment Mishima le pourrait-il ?C’est à lui, qui se fit photographier en Saint Sébastienà la chair transpercée, que cette Madame de Saderessemble. Les femmes ne sont pas deshomosexuels masochistes.AGNÈS FRESCHEL

Madame de Sade a été jouée le 10 mai au Pavillon Noirdans le cadre de la programmation des ATP d’Aix

Sade par Mishima : double peine

«Un orage serait bien beau, ici...»Un titre au conditionnel fatigué, expres-sion d’un désir discret et néanmoinsintense, tiré sans emphase de La Pro-menade de Robert Walser, écrivainsuisse de langue allemande mort dansla neige, la nuit de Noël 1956 après 23ans d’internement...Une officine à deux bureaux, quintes-sence de toutes les administrationsdésuètes et éternelles où œuvrentmodestement les poètes de Kafka àPessoa lorsqu’ils sont de retour deleurs merveilleux vagabondages...

Trois employés à pas grand chose :ranger, classer, bailler, rêver peut-êtredans leur chemise à carreaux, et uneaccompagnatrice en coin si effacéedevant son petit clavier... Un art dejouer à rebours de la représentationdans l’intelligence sidérante d’un textemarqué par une ingénuité dérangeanteet un minimalisme actif... Marie JoséMalismet finement en scène l’inquié-tante étrangeté des joies simples dumarcheur, narrées tour à tour par cha-cun des acteurs sous le regard dévorantdes autres : elle sait dire la puissance

d’émerveillement devant le mondeseule capable peut-être de le transfor-mer, ce monde, l’air de rien ! Affronteret habiter vraiment le décalé entre lesparoles ailées et la lumière crue del’administration, lui donner ses lettresde noblesse sans ironie, faire chanter àgorge déployée des lieder de Schubertaccompagnés d’un doigt au synthéti-seur, sortir la bannière de la CGT 66 duplacard et l’y remettre, manger unsandwich ou remonter un pantalon quitient mal à la taille participent du mêmeart poétique qui mêle le travail et la

rêverie, la mélancolie et l’exaltation.Tout cela émeut profondément, in-quiète un peu «...il est déjà tard et toutest sombre...» et rappelle discrètementque l’homme est bien un roi sansmajesté...MARIE JO DHO

Un orage serait bien beau ici a été présenté au Théâtre Vitez, Aix,les 27 et 28 avril

© Anne G

ayant

Fantaisie en émois mineurs

Proz

band

© X

-D.R

THÉÂTREAVIGNON 23

Poursuivant une collaboration artistique entre lethéâtre luxembourgeois et avignonnais, les 11 acteursdu Théâtre des Capucins ont investi le Chêne Noirpour jouer la dernière comédie de Jean Anouilh, crééeen 1981 avec Bernard Blier. LeNombril nous parle dustatut d’auteur de théâtre, et Jean Anouilh s’y dissi-mule à peine derrière les traits du personnage principalLéon, incarné par Marc Olinger au sommet de saforme. Cette pièce grinçante redonne à Anouilh saplace d’auteur important du répertoire français qui,même s’il est admis dans le prestigieux cercle desédités de la Pléiade et reconnu pour son incontour-nable Antigone, n’en demeure pas moins exclu descercles universitaires. Ce Léon, goutte au pied etcigarette au bec, profondément reconnu comme

égoïste par sa famille et ses amis, nous entraîne dansl’écriture de sa prochaine pièce et nous fait le coupdu Malade Imaginaire. Enfants, ex-femme, maîtresse,

ami d’enfance, médecin, tout son petit monde graviteautour de sa plume et de son chéquier, qui lui permetd’acheter son calme et une relative tranquillité. «Je suisun égoïste raffiné, je passe ma vie à m’occuper desautres.» Une vraie mère nourricière! La mise en scènetrès traditionnelle de Claudine Pelletier et le décorboulevardier respectent scrupuleusement cette comé-die délurée et drôle, dans laquelle, à travers un canevasquasi pirandellien, Anouilh règle une part de sescomptes avec «l’intelligentsia».DE.M.

Le Nombril s’est joué au théâtre du Chêne Noir du 22 au 25 avril

Voilà une troublante excursion dans lechaos de fin de siècle que nous pro-pose le metteur en scène/scénographeAlain Timar dans Simples Mortels, sacréation 2010. Adapté du roman dePhilippe de la Genardière (Actes Sud),ce «voyage» raconte la dislocation d’unefamille dans la débâcle de l’humanismeoccidental. Timar s’est focalisé préci-sément sur le récit, accablant, desannées 90 en conservant «la sombrelitanie des désastres accumulés» quevont nous distiller quelques survivants.C’est un gros Blues, voire gueule debois, des années 90 qui nous est offert! Une crise de croissance interprétée àl’imparfait, et en didascalies, par PaulCamus, Yaël Elhadad, Nicolas Geny,Roland Pichaud etClaire Ruppli (unpeu désorientés dans l’imposant décorapocalyptique qui leur ravit la vedette).Ils nous tendent un miroir amèrementdépressif de notre société postmoderne.

De la chute du mur à l’effondrementdes tours jumelles, des guerres ethni-ques ou religieuses au capitalismetriomphant (et le taux de suicide, lamutation des femmes, le clonage, la

sacro-sainte information…), ils racon-tent le déclin de notre humanité,cherchant visiblement les traces d’unevie passée. Sous fond de symphonieBrucknérienne, les acteurs cherchent

aussi la lumière, qui s’élève au rythmede leur progression dans l’espace, etparviennent miraculeusement, malgréquelques longueurs et errements inso-lites, à composer dans ce marasmeune partition surprenante. Leurs voixse font écho, leurs corps se croisent,se frôlent et s’interrogent au ralenti, lesvieux réflexes se réveillent et commelorsqu’on regarde une image tridimen-sionnelle, nous apparaît un balletvirtuel diablement composé. Unemécanique des corps dans la mécani-que du monde qui nous fait espérer, unpeu, des lendemains qui chantent.DELPHINE MICHELANGELI

Simples Mortels s’est joué au Théâtredes Halles (Avignon) du 27 au 30 avrilet sera repris lors du Off

Un égoïste raffiné

© C

hristophe Olinger

© Valerie Suau

La cie On est pas là pour se faire engueuler,menée par Laetitia Mazzoleni et Noam Cadestinmetteurs en scène et acteurs en alternance, fonc-tionne de la ville à la scène sous le mode de la fusion.Ce drôle de nom de scène emprunté à la poésie deVian et au culot de Coluche leur porte chance. Aprèsavoir reçu l’aide du fonds de diffusion du Off en 2009avec La Vieille dame qui fabrique 37 cocktails molotovpar jour de Visniec, ils offrent un nouveau spectacleréussi. Laetitia Mazzoleni interprète très justementLes règles du savoir-vivre dans la société moderne deJean-Luc Lagarce, une des rares pièces drôle, caus-tique, d’un auteur à l’écriture généralement pathétique.Ici, «il s’agit de connaître et d’apprendre, dès l’instantdéjà si mondain de sa naissance, à tenir son rang etrespecter les codes qui régissent l’existence.» Conve-nances, manières et protocole, aussi détaillés quedéfinitivement obtus, sont ainsi énumérés de la nais-sance au deuil. La comédienne, bien qu’encore un

peu timide lors des premières représentations, a l’œilqui frise délicieusement et compose un personnageamusant/amusé qui rend savoureuses ces règles debienséance. Elle a trouvé une mécanique de dictionet un phrasé rapide qui ajoutent à la beauté del’écriture. Ce «savoir-vivre» d’un «autre temps», quipourrait parfaitement être dicté par Nadine de Roths-child, peut-il faire de quiconque un «être respectable» ?En y regardant de plus près, ces mondanités ridiculesne sont pas loin des prescriptions de notre époqued’apparence, et de formules toutes faites. Ça feraitpresque froid dans le dos.DE.M.

Les Règles du savoir-vivre dans la société moderne a été joué le 30 avril et 1er mai au Théâtre du Balcon

Prescriptions mondaines

Gueule de bois

© X

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THÉÂTRE24 ARLES | CAVAILLON | PORT-DE-BOUC

«Que venez-vous chercher ici ?», «Pourquoi êtes-vousvenu à La Mourre ?» Ils s’invectivent les uns les autres,se scrutent et se jaugent, ne savent pas forcémentpourquoi ils participent à ce jeu très spécial de LaMourre au cours duquel les étiquettes feront lemoine, à moins que ce ne soit l’habit… Bref, avoirquelques minutes l’illusion que l’on peut s’affranchir

des étiquettes que l’on nous colle sur le dos ou aucontraire conforter l’opinion des autres en adhérantcomplètement à l’image… Et comme un négatif quiviendrait se greffer sur le jeu, comme s’il existait undouble pour chacun dans un monde parallèle, undeuxième spectacle vient s’intercaler, physique,visuel, où chacun effectue, sous le regard des autres,des figures avec différents agrès, répétitives ethypnotiques, saisissants tableaux qui éloignent untemps les participants du jeu et de leurs étiquettes.Une fois encore la liberté est au cœur du travail de lacompagnie la Scabreuse, éternelle quête quiinterroge le libre arbitre et l’assignation sociale, avechumour et finesse, et dont La Mourre nourrit lesquestions en laissant le public face à ses réponses…DOMINIQUE MARÇON

La Mourre a été jouée le 29 avril au Théâtre d’Arles

Yannick Jaulin s’est lancé dans l’écriture de La bêteà deux dos après avoir lu La stratégie du caméléon deJean-François Bouvet, où «toutes les stratégies duvivant pour séduire, se cacher et tout ce qui faitl’adaptation à la vie» sont évoqués. Programmée auxNomade(s) de la Scène Nationale, l’énergiqueAngélique Clairand a donc mené dans les villagesdu Vaucluse une séance de coaching amoureuxdevant des petites jauges de spectateurs qu’elleutilise pour en faire les «otages» de sa démonstration.Si la complicité créée par la comédienne est effec-tive, le texte drôle et documenté, son talent pourl’improvisation évident, le spectacle dérape rapide-ment vers le style «camping des Flots Bleus». Tout lemonde joue le jeu bien sûr et s’amuse, bien obligé,mais certaines situations tiennent plus de l’art d’ani-mer un groupe de vacances que du théâtre. «Comédienneen phase de reconversion professionnelle», devenuecochère de l’amour et le public son groupe de travail,elle crée donc une vraie/fausse séance collective de

rencontre amoureuse. Un «Tournez manège» imposé,drôle certes, à prendre au second degré, mais quel-que peu pathétique. À l’image de cette habitante, trèsgênée de se voir imposer la lecture d’un texte cru(«baise-moi encore, oui baise-moi…»), de cette autreobligée de choisir «l’homme qui lui tape le plus à l’œil»,ou encore de cet homme qui doit faire la parade dupoulpe (il avouera s’être senti surtout «plouc»). Pasde problème pour ceux qui aiment faire du «testing»façon cirque, moins supportable pour les autres.DE.M.

La Bête à deux dos ou le coaching amoureuxs’est joué aux Nomade(s) de la ScèneNationaledu 27 au 30 avril

À noter : La bête à deux dos est programmé à Gap, au Parc de la Pépinière, dans le cadre du Festival Cité Cirque ( voir p 54).

Complément d’objet

© Jean-Louis Fernandez

La mourre ©

Milan Szypura

Des portes s’ouvrent -3, alignées en fond de scène-,claquent, ils rentrent, sortent, sautent, gestes bizarreset répétés jusqu’à prendre sens, tandis qu’unguitariste rock solitaire va nous conter l’histoire d’unefamille un peu barrée, par bribes parlées et musicales.Tous les personnages sont là, simplement visiblesdans une encoignure ou traversant le plateaujusqu’au mat sur lequel les figures ne vont pas tarderà s’enchaîner, lumineux moments hors du temps oùse fabrique cette histoire familiale. Tout le travail de lacie Hors Pistes se base sur le cirque, un travail ducorps et de l’espace qui prend ici une dimension plusimportante puisque mélangée à de la danse, à de lamusique, impulsant au spectacle un rythme parti-culier qui permet d’alterner les souvenirs, les flashs,et d’aborder des thèmes chers aux artistes tels lamémoire, le rapport de l’homme au travail (en l’oc-currence une chaîne automatisée qui pourrait bienrendre fou), la solitude, le pouvoir… Les saynètes s’en-chaînent avec une énergie folle, les portes donnent leton, laissant à chacun le soin d’interpréter les portés,les sauts, les performances à la barre, et l’histoire sedéroule, des années 60 à nos jours, curieusementfamilière et pourtant bien particulière !DO.M.

Coma Idyllique a été joué le 7 mai au théâtre du Sémaphore, à Port-de-Bouc dans le cadre des Nuits Circulaires

Saga familialeL’humour a bon dos

© Lucie Dufranc

THÉÂTREPORT-ST-LOUIS | VITEZ | SIRÈNES ET MIDI NET

«Bienvenue dans l’espace mental de Daniel Meynard!»L’invitation est lancée dès l’entrée du Citron Jaunepar les membres de la compagnie 3 points de sus-pension qui présentent-là une étape de leur travailNié qui tamola, L’œil voyageur. Nous sommes enAfrique, une Afrique singulière que dévoile un dispo-sitif original et foisonnant : un itinéraire d’œuvresdiversement exposées invite le public à «se docu-menter» ; accrochées aux murs ou posées sur le sol,elles forment un puzzle intelligent, du simulateur de

marchandage au grand jeu des origines (remarquepercutante selon la réponse que vous apportez à laquestion «je suis africain parce que…») en passantpar une fenêtre qui pleure ou un cabinet de curiositésénégalais des plus curieux, dont le sens n’apparaîtrapleinement que plus tard… une fois digéré le specta-cle hilarant et très documenté qui narre les péripétiespolitiques de la «Françafrique». De de Gaulle àSarkozy, petits et grands personnages de l’histoirecoloniale et postcoloniale défilent, au cours du

spectacle durant lequel on assiste à une dénoncia-tion sans concession des politiques menées depuisune cinquantaine d’années. Une «sortie de chantier»plus que prometteuse dont on attend avec impa-tience la prochaine apparition…DO.M.

Nié qui tamola a été visible le 27 avril au Citron Jaune à Port-Saint-Louis-du-Rhône

Création en cours

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Voilà une pièce jubilatoire, d’une énergie fulgurante,entre performance ultra distinguée et métaphysiquepalpable, hautement recommandée par les tempsqui courent. Habilement monté par la comédiennemetteur en scène Agnès Régolo, qui signe lapremière pièce de sa nouvelle Cie Du Jour auLendemain, Que d’Espoir de Hanokh Levin risquebien de devenir le petit bijou à ne pas rater. AgnèsRégolo a réussi à rassembler musique et théâtre enune tribu hétérogène et non dissociée de talentsconfirmés, complices et inclassables, autour de lalangue «coup de poing» de l’auteur israélien. Lesmusiciens du Collectif Inouï (Nicolas Chatenoud,Guigou Chenevier, Frédéric Giuliani, GuillaumeSaurel) plongent sans peur ni reproche au cœur duthéâtre, s’immergeant avec délectation dans lesmots et les notes de ce cabaret expressionniste, tirédes textes courts et chansons de Levin. Lescomédiens (Catherine Monin, Nicolas Geny,Kristof Lorion) se fondent et se démultiplient detout leur corps dans la musique live, en partie issuedu Bal Inouï qui revisite des morceaux des Résidentsà Robert Wyatt (grandiose). Le résultat est rock,généreux, drôle, cynique, burlesque, hargneux maistoujours tendre, et la dépense qui s’en dégagecombinée à la prose Levinienne ressemble à l’effetque procure cette dernière : elle électrise. On plongeavec ces «créatures de scène» dans l’absurdité du

monde au cœur de la domination politique et sociale.Et au cœur de l’humanité. Un coup de fouet etsurtout du très bon théâtre qui donne les contoursd’un paysage vraiment singulier, magnifiquementéclairé par Erick Priano.DE.M.

Que d’Espoir s’est joué au Théâtre des Halles,Avignon, du 13 au 16 mai et au théâtre de la Colonne,Miramas, le 18 maiÀ noterQue d’espoir sera joué le 20 maiau Théâtre Vitez, Aix04 42 59 94 37http://theatre-vitez.com

Tribu Levinienne poético-rock

© Delphine Michelangeli

C’est rouge, pétaradant, enflammé…Le numéro proposé par l’ApprentieCompagnie à midi net est un hommageaux clowns anciens, perruques orangeet maquillage blanc, qui grimpaient àla grande échelle avec d’immenseschaussures et des tuyaux d’incendiecapricieux. Aux fenêtres les cris lyri-ques des victimes potentielles, desfumigènes, des explosions de bombesaux confettis… sur le parvis un défiléde camions rouges à bretelles, du sautà bascule, des acrobaties claudi-quantes, et des tartes à la crème, dela mousse de neige sur les maigrichonspalmiers qui survivent là… C’est tapa-geur, et joyeux, et simple, drôle commeles bonnes surprises sans prétention,

mais réglé au millimètre pour qu’aucunpassant de s’éclabousse, et que touss’éclatent !A.F.

On ne s’improvise pas pompiera eu lieu le 5 mai à midi net sur le parvis de l’Opéra de Marseille

À venirSoto ni Deru, la dernière sirène avant l’été, sera proposée par Kubilaï Khan Investigation. Une création sur le flux urbain, et comment le corps y inscrit son intimité. Cinq danseurs, perturbés par trois musiciens, entre deux sirènes.Le 2 juin à midiParvis de l’Opéra, Marseille04 91 00 81 28www.lieuxpublics.com

Au feu et tous aux abris !

© Daniel Simon

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Vian’s Show !Jérôme Savary retrouve l’esprit revue pour rendrehommage à Boris Vian, écrivain touche-à-tout degénie, symbole de l’esprit jazz qui régna sur Saint-Germain-des-Prés. Avec juste ce qu’il faut de nostalgieet toute la folie retrouvée de l’époque, Savary a plon-gé dans les chansons et les petits textes poétiques,mais aussi dans les romans, pour y trouver un échoà son propre univers. Une revue pas comme lesautres, avec cinq comédiens-chanteurs, et six musi-ciens.

Une Trompinette au ParadisDu 25 au 29 maiLe Gymnase, Marseille0820 000 422www.lestheatres.net

Beau babil nouveau

Les Nouvelles brèves de comptoir sont arrivées ! Jean-Marie Gourio et Jean-Michel Ribes livrent leurnouvelle fournée de saynètes autour d’un blanc, oud’un p’tit noir. De l’aphorisme qui frappe l’imaginaireà la formule cassante qui cloue le bec, en passantpar de plus longues circonvolutions, et des échangesétonnés, émus ou vifs, les répliques de ces piliers decomptoir fusent et désopilent, parlant simplement del’époque, avec juste ce qu’il faut de caricature et decouleur. Pour finir la saison en légèreté, et parler dela crise autrement !

Les Nouvelles brèves de comptoirDu 1er au 12 juinLe Gymnase, Marseille0820 000 422www.lestheatres.net

DévorantLa jeune et talentueuse cie L’individu poursuit saroute, forte du succès de Notre Dallas, et reprend Ledi@ble en bouche, une histoire de relation anthropo-phage consentie... L’écriture de Charles-Eric Petit,parfois trop labile, ne manque ni de souffle, ni de person-nalité, ni d’énergie, et touche juste là où les trentenairesont mal de notre siècle. Thomas Cérisolaet GuillaumeClausse ne manquent pas non plus de ces talentsmultiples qui font les très bons comédiens…

Le di@ble en boucheDu 3 au 5 juinBancs Publics, Marseille04 91 64 6000http://bancspublics.free.fr

Entraînés

Comme toutes les années, le théâtre des Ateliersconclut sa saison par des présentations publiques desa compagnie d’entrainement. L’occasion bien sûrde prendre la mesure d’un travail pédagogique degrande qualité, et de découvrir de jeunes comédiens.L’occasion aussi de plonger dans l’univers d’unauteur : les Ateliers ne conçoivent pas leur formationsans l’établissement d’une relation profonde entreauteur et comédiens. Cette année, ce fut JoëlJouanneau qui leur donna la main. Alain Simon lesdirige pour interpréter Les dingues de Knoxville.

Les dingues de KnoxvilleLa cie d’entrainementDu 3 au 16 juin à 21hLes Ateliers, Aix04 42 38 10 45www.theatre-des-ateliers-aix.com

Leçon d’amourLes Fausses Confidences sont sans doute le chef-d’œuvre de Marivaux. Celui où l’on voit la naissance dusentiment amoureux, le renversement des stratégiesde domination, le basculement de la noblesse vers desintérêts d’argent. Les personnages et les dialogues ysont ciselés avec le plus fin des couteaux, et offrentaux comédiens des rôles de rêve. Didier Bezace,qui sait rendre dans l’espace les relations de pouvoiret de prédation, y dirige Pierre Arditi et AnoukGrinberg… Aux Salins, qui accueillent la program-mation exilée de la Criée en leurs murs… Une navetteest prévue, gratuite sur réservation, dans la limite desplaces disponibles.

Les Fausses ConfidencesDu 2 au 5 juinLes Salins, Martigues04 91 54 70 54www.theatre-lacriee.com

Alpes diversesAngela Konrad met en scène les étudiants descursus Théâtre et Musique de l’Université de Proven-ce pour un spectacle sur les Alpes bavaroises, inspiréde l’esprit de l’opérette L’Auberge du Cheval Blanc, etdes affres précipiteux d’Elfriede Jelinek… Deux visionspour le moins contrastées des sommets enneigés !

Au Joyeux TyrolDu 8 au 13 juinLes Bernardines, Marseille04 91 24 30 40www.theatre-bernardines.org

Créer, mentirExplorant les rapports entre fictions et mensonges,récits fondateurs et arts en création, le 3bisf proposeune longue soirée festive autour des mythes et de lacréation contemporaine. Avec un solo d’Anne-MarieChovelon, le Lit de mars, une conférence de Jean-PierreRaffaelli, une performance théâtrale chantée parMiriam Palma sur un texte de Lina Prosa, une vidéo…Comme toujours au 3bisf l’événement sera précédéd’ateliers (les 8 et 9 juin) et on pourra se restaurer sur place.

Mito !Le 11 juin3bisF, Aix04 42 16 17 75 www.3bisf.org

IrréelAvec les musiciens de la fanfare le S.N.O.B. (Service denettoyage des oreilles bouchées), Ulik parcourt les ruespour offrir un défi de taille : leur Glisssssssssendo sur-prend les yeux et les oreilles ! Avec un répertoire éloignédes brass-bands traditionnels, basé plutôt sur des com-positeurs contemporains, les musiciens jouent sur desinstruments de musique extravagants aux formes inéditestout en glissant, comme par magie, parmi les spectateurs,vêtus de costumes noirs dignes de derviches tourneurs.Leurs silhouettes apparaissent et disparaissent avecgrâce et magie tandis que dure leur Fugue musicale.

GlisssssssssendoLe 21 juin à 11h et 22hThéâtre de Cavaillon04 90 78 64 64www.theatredecavaillon.com

SombreLibrement adapté de l’œuvre de David Peace par la com-pagnie Fraction, Swanest tiré de la tétralogie Red RidingQuartet qui a pour cadre la ville de Leeds et la régiondu West Yorkshire, et se déroule de 1974 à 1983. La miseen scène de Jean-François Matignon s’attache aupersonnage de Clare, jeune fille de 13 ans retrouvéemorte en 1983, sorte de petit chaperon rouge qui auraitrencontré l’Enfer en allant voir sa grand-mère, ou seraitsimplement tombé au cœur d’un vaste réseau decorruption qui mêle policiers, politiciens, industriels,journalistes et voyous.

SwanDu 3 au 5 juinThéâtre des Halles, Avignon04 90 85 52 57www.theatredeshalles.com

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© Brigitte Enguerand

© Brigitte Enguerand

Jubilatoire

Dans une volonté de «mise en condition réelle», le Théâtre de l’Unité adapte OncleVania de Tchekhov et le joue à la campagne. C’est donc en plein air, à Lavalduc,non loin de Fos, que se déploiera la pièce, un espace ouvert qui est l’«un des partipris le plus innovant de la mise en scène» comme le disent Jacques Livchine etHervé de Lafond. Le texte du dramaturge russe s’inscrit dans un contexte dont lesdeux metteurs en scène démontent les mécanismes, des personnagessecondaires ou fantômes jusqu’aux traditions russes qui émaillent le spectacle,samovar et bortch compris…

Oncle Vania à la campagneLes 11 et 12 juin à 20hLavalducThéâtre de Fos04 42 11 01 99www.scenesetcines.frdu 24 au 26 mai Plateau de RoquevignonThéâtre de Grasse04 93 40 53 00www.theatredegrasse.com

DépaysantAu Macumba, improbable Salle des fêtes où règne Madame Gravotta, se croisetout un monde de chanteurs, danseurs, musiciens pressés d’en découdre avec lascène. Macha Makeïeff et Jérôme Deschamps retrouvent-là l’univers qui colle sibien à leur peau, parodique et émouvant, au cœur d’un microcosme où chacunest toujours un peu à côté de sa vie mais heureux. Que les fidèles de la compagniese rassurent, la pièce s’inscrit parfaitement dans le répertoire connu et habituelqui est leur marque de fabrique. En plus musical !

Salle des fêtesLes 27 et 28 maiThéâtre de l’Olivier, Istres04 42 56 48 48www.scenesetcines.fr

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© Marc Enguerand CDDS

© J. L. Fernandez

À l’Opéra on a pris plaisir à revoir la pièce de LucindaChilds, à l’écriture précieuse et au rythme précis,épatant surtout dans le mouvement rapide… Les deuxcréations étaient moins intéressantes pour des raisonsdifférentes : Eric Oberdorff, qu’on a vu plus inspiré,semblait avoir conduit ses danseurs hommes vers ununivers assez convenu ; quant à la pièce d’OliviaGrandville, elle débutait avec génie -ah ces filles ensurvêt traversant sur pointes la scène- puis se perdaitun peu en longueurs, et en références drôles, maispas exemptes, bizarrement, de clichés féminins (im-portance du déguisement, de l’habillage/déshabillage,de l’échevelé…). Mais il était évident ce soir-là que leBallet de Marseille avait subi une transformation, amor-cée depuis un an : finis les manques d’impulsion, dedynamique, et les décalages fréquents d’une troupequi ne parvenait plus tout à fait à danser ensemble.Les nouveaux danseurs ont visiblement impulsé uneénergie nouvelle, reprise avec bonheur par les plusanciens qui les canalisent…

À chat perché La dernière pièce de Frédéric Flamand en témoi-gne également. La vérité 25 fois par seconde a montréau Théâtre de Chaillot un Ballet en plein essor. Lachorégraphie est en effet fondée sur les qualitésindividuelles des interprètes, qui offrent de très beauxduos ou moments solitaires qui témoignent de leurspersonnalités. Ils font également preuve d’une grandecohésion qui permet des ensembles parfaitementréglés, et d’une généreuse ampleur. Mais l’intérêt decette création réside dans son propos. Accompagnéepar une musique omniprésente, la pièce repose surune scénographie sans effets tapageurs, toute enfinesse : comme dans le Baron Perché dont il

s’inspire, Flamand conçoit un monde terre à terrerépétitif et factice, où l’illusion règne, projetée sur desécrans qui mentent en désaxant l’image, en emmêlantcaptations immédiates et enregistrées. Un Œil énor-me surveille le tout, et les buissons d’échelle conçuspar Wei Wei séparent le bas du haut, qui semble unciel inatteignable vers lequel personne n’osera s’échap-per, ou dont les jeunes barons ne pourront plusdescendre. Une pièce où la rotation domine pour mieuxbrouiller les repères et dont on sort presque étourdi.

Ouverture à 360°Lors de la Carte Blanche aux danseurs au GrandStudio, leurs 9 pièces courtes ont fait preuve de liber-té, et d’un plaisir à chorégraphier les uns pour lesautres, à mêler leurs esthétiques et leurs cultures. Lerésultat est décapant ! Énergie et maîtrise les animenttous, avec des atmosphères très différentes. Travailplastique et réflexions sur le couple de Marion Zurbachet Martin Harriague, images désarticulées du pan-

tin dans un monde fou d’Angelo Vergari, originalitépleine d’humour de Malgorzata Czajowska, duosensible de Marcos Marco, interrogations douloureu-ses de Gabor Halász. Mais aussi un travail sur lacouleur et les différences avec Noir et blancdu bielorusseAnton Zvir et celui de Nahimana Vandenbussche,danseur d’origine burundaise dont la peau noire joueavec la farine dont il s’enduit le corps. Enfin la choré-graphie déjantée de Martin Harriague joue sur ledépaysement japonais en envahissant la scène de25 poupées en plastique à l’image de la fameuseKitty, héroïne «mignonne» et mièvre qui fait fureurchez les ados. Comme quoi une Ouverture peutmener loin !

Masculin C’est à un jeu très viril, intitulé Super Man Project,que Yasuyuki Endo invitait au [Mac] lors de la nuitdes musées. Si l’interprète du Ballet demeure tou-jours aussi fascinant lorsqu’il danse, majestueux etouvert comme un sphinx épanoui, sa propositioncontenait beaucoup de maladresses, quelques trèsbelles idées, et des moments éblouis. Les maladresses ?Des bananes qui sortent des slips, d’interminablesvidéos dont une course travestie dans les couloirs duBNM, une juxtaposition de saynètes n’ayant rien àfaire ensemble, et par-dessus tout un spectaclefrontal mal pensé dans l’espace, offert à un publicnettement trop nombreux dans cette configuration.Les trouvailles pourtant -la danse scotchée au sol, lescorps à corps athlétiques, les costumes souples etcolorés, la belle masculinité de cinq interprètesvisiblement très bien guidés- laissent le spectateuren attente d’une proposition plus resserrée ou plusaccomplie, sans vidéo maladroite, et dans une sallede spectacle…CHRIS BOURGUE ET AGNÈS FRESCHEL

À venirLa Vérité 25 fois par secondeSalle Vallier, MarseilleDu 8 au 12 juin04 91 32 72 72www.ballet-de-marseille.com

Le BalletNational n’en finit pas de danser…

DANSE28 BNM

Après son programme à l’Opéra de Marseille, un autre à Danse en avril(Aubagne), Métamorphosesaux Salins, une tournée en Italie, la carte blanche deses danseurs, un [Mac] envahi lors de la nuit des musées… le BNM va danser la dernièrecréation de Frédéric Flamanddans une Salle Vallier rééqui-pée… À ne pas manquer !

La verite 25x par seconde © Pino Pipitone

BNM a l'Opera © Agnes Mellon

DANSEMOD | BALLET D’EUROPE

En ces temps de disette des concepts, la program-mation de MOD fait du bien par où elle passe, posantde fondamentales questions même si on n’aime pastoujours les réponses ! Avec Appaix d’abord, à laMinoterie et aux ABD, puis avec Yvonne Rainer. Enattendant Meredith Monk, pas moins !

Diptyque et variationsPaul Verlaine aimait les vers qui boitent sans peser niposer... ne pas compter douze mais onze et respirerla joie du suspens... Les jeunes interprètes du groupeColine, issu des classes de formation professionnellede La Maison de la Danse d’Istres, interprétaientdonc en impair et sans le moindre faux pas la piècepour eux chorégraphiée par Georges Appaix, Dodecaou presque... Le titre à l’oreille sautille et affiche uneliberté assumée ; nulle désinvolture pourtant danscette prestation serrée, impeccable et d’une lisibilitérevigorante : les danseurs livrent le temps d’un par-cours sur plateau des fragments d’autobiographiesimaginaires parlées (on y est souvent Suisse, tendanceChameau; on pense à Godard-le-Fou), scandées parle geste, emportées par la course, scindées et tra-versées par l’irruption de l’autre, toujours interrompuesdonc et toujours à remettre en mouvement ; les Inven-tions de Bach dans leur précision didactique, légèrementdéréglées par le souffle de Glenn Gould et le doigtéd’Olivier Renouf semblent jaillir de l’énergie de chacun.Avec émotion on y reconnaît les matériaux qui ontconstruit l’histoire de La Liseuse : générosité de latransmission et intelligence de l’assimilation. L’exer-cice est parfaitement réussi !Georges Appaix aime-t-il Paul Verlaine ? Quand notredanseur, en aparté troubadour, chante sur sa guitare-jouet, défiant Fauré et Debussy, nul ne doute plus desa malignité. À ce moment délicat, la salle de lecturede la BDP se remet à peine des perturbations savam-ment orchestrées par le sextet (voir plus haut): lespectateur a d’abord foulé aux pieds un seuil de livrescouchés, mosaïque ironique, avertissement sans frais ;

assis à la table de travail, il a vu s’agiter de sombresemployés en quête de sens (où ? à quel endroit ? dupied de la lettre à l’échelle des mots ?), passer à viveallure un hippocampe vibrant du feuilleté de toutesses pages ; un peu perdu dans ce wonderland remplide bruissements (la langue de Flaubert croise cellede Ghérasim Luca / les livres finement animés parJean Pierre Larroche se rebellent / les danseurs ontles mots aux fesses et se glissent partout dans lesoreilles), il a goûté à la délicieuse frustration qui faittendre le cou dans toutes les directions : autant enemporte la vue et tant pis pour l’ouïe (ou l’inverse) !

En perspectiveCroiser Yvonne Rainer a de quoi déboulonner quel-ques attentes du spectateur de danse. Parce que sonstyle affirmé, dansé, refuse la torture du corps, le troptendu trop placé trop sec trop vite que l’on voit chezle danseur contemporain comme chez le classique.Mais elle ne sombre pas non plus dans le rien, leminimal, l’esquisse (qui n’est autre que l’envers dutrop-tendu-trop…). Ses quatre danseurs tranquille-ment laissent leurs corps divers dire toute la gammedes joies d’être, dans un relâché qui n’est pas avachiou morbide mais expressif, suggestif, humain, simplecomme des gestes quotidiens que vous ne feriez pas,pourtant. Dans Spiraling down elle parle de cela, ducorps, qu’on endurcit ou pas, qu’on aime ou pas, quia un vécu, une forme. Ros indexical questionne desurcroît la place du public. En s’attaquant au Sacre eten rappelant combien, il y a près d’un siècle, il avaitfait scandale ; en imposant un univers où les dan-seurs répondent, quand ils le veulent, aux élans de lamusique et non à l’argument; en introduisant desperturbations lumineuses, puis en théâtralisant uneintervention de spectateurs préparés. À l’heure où lepublic se comporte souvent en consommateur insa-tisfait, et trouve parfois des échos auprès des pouvoirspublics, il est bon de rappeler que les grandes œu-vres du passé ont souvent été accueillies par des

scandales peu pertinents… Ouvrir son esprit à desformes inhabituelles, revendicatrices dans leur pro-pos ou dans leur radicalité, redevient urgent.MARIE-JO DHO ET AGNÈS FRESCHEL

À noterMarseille Objectif Danse poursuit sa programmation avec Meredith Monkdu 4 au 6 juin à La Friche04 95 04 96 42www.marseille-objectif-danse.org

Remue méninges

Yvonne Rainer, Spiraling down © Paula Court - Courtesy of Performa

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Comme chaque été le Ballet de Jean-Charles Gilmultiplie les événements et les créations en Provenceet en Europe. Avec une première étape le 10 juin, àLa Friche : l’occasion pour le chorégraphe deprésenter son projet sur l’eau, qui le conduirajusqu’en 2013 au terme d’une recherche, déjà bien

entamée, sur la fluidité et la sensualité. Témoin ceComme un souffle de femme, ballet en deux triomixtes qui, sur des musiques de Theodorakis, laissevoir comment des corps différents s’emparent de lamême partition chorégraphique pour donner jour àdes interprétations très dissemblables. La soiréeverra aussi la création de Extra-vaganza, sur lamusique de Vivaldi, référence des danseursclassiques. Un duo d’une belle étrangeté avait étécréé en 2008, intégré à Folavi. Jean-Charles Gilprolonge, et monte tous les mouvements de laStravaganza, concerto mythique, avec six de sesexcellents interprètes.

Comme un souffle de femme. Extra-vaganzaBallet d’EuropeLe 10 juinLa Friche, Marseille04 96 13 01 12www.balletdeurope.org

Europe poursuit sa route

Comme un souffle de femme © J.-C. Verchere

Ça démarre dans un lavomatic et ça finit derrière desparavents en bois dentelé. Entre les deux ? Unspectacle sans queue ni tête, à croire que sentir lepropre rend fou ! Des étendages désarticulésbougent seuls, des corbeilles en plastique attaquent

les acteurs-danseurs-chanteurs et des planches sedéhanchent ; les objets parlent avec des hommes àtête d’ours. Et après ? Deux danseuses en poupéesglacées enrobées d’une mini robe en lamétransforment la laverie en champ de bataille : chacunvaque à ses occupations (euh, lesquelles ?) dans undésordre indescriptible. Ils avaient annoncé «unspectacle surréaliste imprégné d’humour absurde»imaginé par la chorégraphe Grace Ellen Barkey, ona droit à une représentation tape-à-l’œil, racoleuseet terriblement ennuyeuse. Et quand les corpsdansent, leur maladresse feinte exaspère et leurgestuelle outrancière frise le ridicule : la pauvreté dulangage chorégraphique laisse pantois. Ensuite ? Unefois le plateau débarrassé de ses scories (la laverien’est plus la métaphore d’un paradis blanc ou d’unbordel…), les corps dessinent une partition qui oscille

entre la ronde des faunes et la cour des miracles :gnomes tordus, ils éructent, crient, rient jusqu’à s’enfaire péter les cordes vocales. De cette folie qui n’arien de Surréaliste (pauvre Breton !) ni d’absurde(Ionesco en resterait muet), on en sort naufragé,vaincu par tant de vacuité. Et si ce n’était laNeedcompany, dont on avait plébiscité La chambred’Isabella, on s’interrogerait sur les intentions réellesde This Door is too small (for a Bear) : que cachedonc cet «ours» débridé et voyeur derrière soncostume de clown ?MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

This Door is too small (for a Bear)a été joué les 28 et 29 avril au Merlan

DANSE30 MERLAN | CHÂTEAU-ARNOUX | PAVILLON NOIR

Le Belge Jan Lauwers et sa Need-company ont présenté au Théâtredu Merlan le dernier volet de la tri-logie Sad Face Happy Face consacréeaux tragédies contemporaines. Unemaison des cerfs dans la lignée descréations de cette troupe éclectique etpolyglotte, qui associe théâtre, musiqueet danse dans des décors ahurissantset avec une belle énergie. De fait, hor-mis quelques-uns qui ont quitté la salle,le public a été conquis et a réservé auxartistes un accueil des plus enthou-siastes. Cela peut se comprendre. Cespectacle en trois temps, né d’undrame personnel, la mort en You-goslavie du frère d’une des danseuses,repose sur de réelles performancesd’acteurs sinon de danseurs et offre,outre sa singularité même, des mo-ments de magie. Durant l’acte central,sorte de mise en abyme, La maison

des cerfs, havre inquiétant au milieudes bois, apparaît comme le lieu demémoire de toutes les catastropheshumaines et de toutes les grandesœuvres dramatiques. L’intrigue rappelleles tragiques grecs, les comédiens etdanseurs, affublés d’oreilles posticheset de costumes mi-tulle mi-fourrure,évoquent des elfes shakespeariens. Etlorsqu’enfin, dans un décor d’héca-tombe, les cerfs sont débités enmorceaux et servis à table, que mortset vivants se retrouvent autour durepas de Noël puis qu’ils entonnent lechoral final, un brin consensuel, ons’aperçoit qu’on a été pris. Il n’y a pas à dire, Jan Lauwers sait yfaire pour entraîner le spectateur.Reste à savoir vers quoi. Le propos,que le premier acte, situé dans les ves-tiaires de la compagnie, est censéexposer, part tous azimuts. On ne sait

plus où regarder, qu’entendre. Est-cepour pallier cela qu’un livret de 10 pages,pas moins, est distribué aux spectateurs ?FRED ROBERT

La maison des cerfs a été présentéeau Merlan du 22 au 24 avril.

Pour qui sont tous ces cerfs ?

© Agnès Mellon

Le 30 avril, le Théâtre Durance présentait sesurbanités chorégraphiques à son public enthousiaste.Anthony Egéa, talentueux chorégraphe de laCompagnie Rêvolution basée à Bordeaux, pré-sentait son Urban Ballet, poésie chorégraphique enquatre strophes créée en 2008. Une écriture subtile,précise et sensuelle qui semble s’affiner avec letemps. Le débat avec la troupe, à la suite du spec-tacle, permet au public de vérifier les causes de sesimpressions premières : la volonté d’une architecturedu geste aussi solide que rigoureusement bâtie surdes fondations musicales puissantes et amples(Stabat mater de Vivaldi, Boléro de Ravel, compositionde Xenakis puis de Franck II Louise) ; une harmonienerveuse et vive entre les corps et l’âme du groupe,hydre à dix têtes ondulante et foisonnante ; une

émouvante osmose entre ceux qui créent et ce quicroît en l’œuvre collective ; le geste chorégraphiqueample et aérien de la danse de rue allié à la précisionhorlogère d’une danse contemporaine aux accentstrès classiques. L’émotion seule est portée par lesperformances physiques époustouflantes. «…Quandon reste sur la scène durant plus d’une heure, à unmoment c’est l’esprit qui prend le pas sur la fatigue ducorps…» Une abnégation qui permet à un publicsubjugué de savourer un vrai moment esthétique…pour un rêve d’évolution qui emporte vers dessommets d’émotion.YVES BERCHADSKY

Urban Ballet a été dansé au Théâtre Durancede Château-Arnoux (04)

Dancité

© Jean-Jacques M

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La planète s’affole

© Agnès Mellon

Musique et diaporama en guise demise en bouche, Via KatlehongDance plonge derechef le spectateuren Afrique du Sud. Il ne quittera plusle township de Katlehong, dont legroupe est originaire, jusqu’auxdernières mesures de Woza, épuisépar le rythme d’enfer mais totalementréjoui. Woza, par son énergie de tousles mouvements, son sourire un peufigé et sa générosité, atteint en unefraction de seconde les cœurssensibles au chaos festif, aux rituels età la danse parfois incantatoire.Costume traditionnel pour l’un, jean etbasket pour l’autre, complet-vestondigne d’un Sapeur (mouvement ancréà Brazzaville, Kinshasa et Paris…) pourle troisième… Salutations tonitruantes,palabres éternelles, rumeurs et chantsmêlés : on se croirait au marché unjour de grande affluence ou lors despréparatifs d’une cérémonie… Partableaux successifs -qui font de Wozaune revue plutôt qu’un spectacle- latroupe alterne scènes de groupe,parade, musique afro-jazz et standardsaméricains. Parfois elle s’offre unepetite pause avec un solo nostalgico-langoureux et un duo amoureux à l’humourpoussif. Bref, Woza est un mixte entre Johannesburg et Broadway ! Qu’importe…cet «exotisme» séduit d’autant plus que Via Katlehong Dance modernise lapantsula (style de vie de la jeunesse rebelle des townships dans les années 60incluant mode, musique et danse), lui apporte sa touche personnelle en l’associantaux gumboots, aux claquettes et à la musique traditionnelle. Une musique debottes en caoutchouc symbole de fête et de protestation.MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Woza a été interprété du 27 au 30 avril au Pavillon noir, Aix

Woza, Welcome,Bienvenue

© John Hogg

L’art discret de Christine Frickerinterroge le quotidien. En mettant sesdanseurs en vitrine, sur la Canebièrede surcroît, elle interroge sans tapage,simplement en faisant surgir l’incongru,notre regard dans la ville. Que sesinterprètes soient une très belle jeunefemme, un homme plus ténébreux ouune dame moins jeune, tous sontcaptivants parce qu’ils se livrent sansdémonstration. Regardent ou non les

passants, miment ou non des gestesréels, répètent ou non des boucles.Comme toujours l’incongruité arrêteles passants, suscite des questions Onpeut regarder ? Ils vendent un truc ? C’estun spectacle ? et des remarques épa-tées Ben dis donc la vieille elle est plusen forme que moi, des rapprochementsamusés On se croirait à Amsterdam,mais en plus habillé ! Jusqu’au bourruqui passe en pestant. Lui aussi, finale-ment, ça l’a ému.A.F.

Inventaire des corps mouvementésa été créé dans les vitrines de l’Espace Culture, 3 fois par jour, du 7 au 11 mai

Comme àAmsterdammais…

Le dernier concert de la saison de l’Orchestre del’Opéra de Toulon, en collaboration avec le Festivalde Musique de Toulon et sa Région, a attiré dumonde au Palais Neptune le 22 avril dernier. C’estqu’au pied du Faron on avait envie d’entendre lepianiste Mikhaïl Rudy dans Rachmaninov et son 2e

concerto. Le Russe, fort à l’aise dans l’expressionsombre de l’âme slave, rompu aux traits virtuosestravaillés depuis le Conservatoire Tchaïkovski, a faitpreuve de cœur et de puissance dans ce morceaude bravoure. L’ensemble n’a pas manqué degénérosité, malgré une acoustique déséquilibrée,quelques accrocs et flottements dynamiques entrele piano et l’orchestre. Au programme, on a également apprécié une belleinterprétation de la trop rare Symphonie de Bizet. Cechef-d’œuvre de la littérature symphonique française,écrit par un tout jeune homme, fut servi par unedirection vibrante (Giuliano Carella) et un solo dehautbois à élever l’âme, livré avec finesse et goût parla dernière recrue de la phalange varoise : GuillaumeDeshayes.JACQUES FRESCHEL

Succès symphonique

MUSIQUE32

Obérons rapidement la sempiternelle 5e symphoniede Beethoven et les insipides Quatre psaumes deSchütz de Betsy Jolas pour nous focaliser sur l’axeprincipal du concert proposé à Salon dans le char-

mant théâtre à l’italienne Armand : à savoir, le concer-to L’Empereur par Brigitte Engerer. Seule face à sonSteinway, à la sonorité métallique et agressive, et àl’orchestre de Cannes, au pupitre des vents particu-lièrement désertique, la concertiste de renoms’attaqua au monument de Beethoven. Bien soutenuepar l’ensemble dirigé par Philippe Bender, lapianiste nous fit oublier la piètre qualité de l’instru-ment alternant passages robustes et dynamiquesavec des arabesques perlées d’une rare beauté. Lesecond mouvement, longue dentelle mélodique enopposition au rondo final destructeur nous permitd’admirer toute l’étendue de la palette de jeu d’Enge-rer : trilles cristallines, virtuosité sans faille, emprisetotale sur l’orchestre… du grand art ! un face à facemonumental entre l’œuvre et l’interprète: impérial !CHRISTOPHE FLOQUET

Ce concert a eu lieu à Salon le 28 avril et aux Pennes-Mirabeau le 27 avril

L’Empereur s’habille en tailleur

Brigitte Engerer © Anton Solom

oukhaLe 4 mai, Frank Braley et Gautier Capuçon ontjoué pour un concert organisé par le Rotary Club : lasoirée s’est ouverte sur les Variations H378 deMartinu -à la place de l’Arpeggione de Schubertprogrammée- et, outre une Sonate de Schumann etdes Variations de Beethoven, c’est dans l’opus 119 deSerge Prokofiev que l’intensité émotionnelle a été laplus forte. Créée en 1949 par le Grand Rostropovitch,l’œuvre envoûte immédiatement : au piano, FrankBraley a su dévoiler sa virtuosité tout en laissantGautier Capuçon (et son superbe violoncelle, un«Goffriler» de 1701) séduire une salle déjà sous lecharme de l’artiste qui avait interprété avec talent leConcerto opus 104 de Dvorak en février 2009. Lepublic, électrisé par tant de passion, a longuementrappelé les artistes qui ont rejoué avec générosité.Le 6 mai, ce fut au tour de Laurent Korcia -qui jouele «Zahn», un «Stradivarius» de 1719- de nous faire

rêver en interprétant avec fougue le Concerto op.26de Max Bruch, pages virtuoses dont tous les jeunesviolonistes connaissent le lyrisme. L’orchestre, placésous la baguette de Jérôme Pillement, a dignementsoutenu le soliste qui s’est vu bissé plusieurs fois parle public. Le concert s’est achevé par la Symphonie«l’Horloge» de Haydn, chaudement applaudie.Le prochain concert symphonique (11 juin) seraencore placé sous le signe des cordes puisque c’estl’immense virtuose russe Vadim Repin qui viendrainterpréter un Concerto de Prokofiev.CHRISTINE REY

Cordes d’exception !Les grandes scènes nationales n’ont qu’à bien se tenir ! c’est en Avignon que sesont produits trois immenses artistes : Frank Braley, Gautier Capuçon et LaurentKorcia

Frank Braley © King Records

Laurent Korcia © Andres Reynaga

Gautier Capucon © M. Tammaro

SYMPHONIQUE

Mikhaïl Rudy © X-D.R

MUSIQUE33

Le Requiem de Verdi est une immense fresque ensept parties qui commémore l’anniversaire de ladisparition du poète Manzoni et fait preuve d’unemaîtrise parfaite du sens liturgique, d’une écrituremagistrale, entre drame et aspiration sacrée. L’opérade Toulon avait invité le chef Bruno Aprea, survolté,imprimant toute la palette de nuances exigée par lapartition. Le quatuor soliste était de haute tenue : lasoprano Hasmik Papian, domptait à merveille uneredoutable tessiture, avec un Liberame me superbe ;la mezzo-soprano Elisabetta Fiorillo, aux gravesimposants, donnait au Lacrimosa de belles couleursplaintives ; le ténor Antonio Gandia, à la ligne dechant superbe, fut lumineux dans l’Ingemisco, labasse Marco Vinco noble et imposant dans leconfutatis maledictis. Les chœurs de l’opéra, placéssur quatre rangées en haut de scène, étaient trèsconvaincants dans les passages pianissimi planants,salva me, ou reprenant l’Agnus Dei des solistes,paliers a cappella, sur un fil, avec contrechants desbois, comme dans l’étonnant Dies Irae aux attaquesdécidées, leitmotiv puissant. Leur disposition, très enhauteur derrière les trois rangées de vents et lestimbales, ne servait cependant pas la projection.L’orchestre de l’opéra donnait toute son énergiedans un Dies Irae tonique et on appréciait lesnombreuses interventions des vents ; quelquesdécalages dans le début du Sanctus n’empêchèrentpas la fugue de s’imposer de façon rayonnante. Verdiau sommet de son art, entre Aïda et Otello, laisse uneœuvre d’une immense poésie, pleine de force etd’espérance : liberame, Domine ! On pouvait aller enpaix après cette interprétation généreuse et intègre.YVES BERGÉ

Le Requiem de Verdi a été chanté les 14 et 16 mai à l’Opéra de Toulon

Sacrémentthéâtral

Hasmik Papian © Zaven Khachikyan

Le Festival de Musique Sacrée c’est aussi desconcerts gratuits organisés dans des églises dedivers quartiers de la ville par les élèves avancés desclasses du Conservatoire. Le 9 mai à St-Julien, on apu ainsi apprécier de beaux airs et ensembles vocauxinterprétés avec talent et goût par de jeunes chan-teurs de la classe d’Isabelle Vernet. La professeure,nouvellement arrivée dans la cité phocéenne pour

prendre la succession de Claude Méloni a assuréune forte présence pour soutenir ses élèves. Elle adirigé et présenté ses «protégés» avec un enthousias-me communicatif. Des chanteurs pleins d’avenir quifurent accompagnés rituellement (et au cordeau !)par la pianiste Marie-France Arakélian !J.F.

Le quinzième festival de musique sacréepoursuit sa route jusqu’au 28 mai…

Elias est une fresque lyrique magistrale. Mendelssohnl’a composée (il n’y manque que peu d’atoutsscéniques pour en faire un opéra) en se souvenantde Bach et des oratorios de Haendel. C’est du Livre

des Rois qu’est tiré le livret d’Elias. Durant deuxheures et demie les voix sont très sollicitées. Dansl’acoustique délicate de l’église St Michel, où lespupitres choraux ont tendance à se dissoudre dans laréverbération, le Chœur de l’Opéra de Marseille amontré sa brillante maîtrise technique. Sans éco-nomie, déployant un chant puissant, il a, d’une seulevoix, articulé le texte à souhait dans les grandschorals, les contre-points variés, tout en préservant lesouffle inhérent aux phrasés romantiques. On souli-gne le travail rigoureux effectué en coulisse par laphalange phocéenne et son chef Pierre Iodice. Pourles quatre principaux solistes, Maurice Xiberras avaitfait appel à des talents de dimension internationale :Jean-Philippe Lafont et sa déclamation puissante,le charme vocal de Kimy Mc Laren, le timbre som-bre de Qiu Lin Zhang et le ténor lumineux de GillesRagon, soutenus par la direction experte de FriedrichPleyer à la tête de l’Orchestre Philharmonique deMarseille, ont donné toute sa dimension à cet opusqui manquait depuis quinze ans à l’affiche du festival.JACQUES FRESCHEL

L’église Saint-Michel accueillait le 11 mai l’orchestrelyrique de Région Avignon Provence et le ChœurRégional PACA dirigés par Michel Piquemal, dansdeux œuvres majeures: Pauken Messe (Messe ditedes timbales) de Haydn et Lauda Sion op.73 deMendelssohn. Le chœur, intense dans l’immensecrescendo du Kyrie soutenu par les timbales, et re-cueilli dans un Benedictus planant, suit un chef précis,libérant un lyrisme communicatif : vigoureuse fuguedu Credo et Agnus Dei impressionnants, crochesrégulières des cordes sur des roulements de timbaleset les accents jubilatoires des cuivres. Dans le quatuorsoliste, on retiendra l’engagement lumineux deSandrine Eyglier, soprano expressive au timbreample. Le ténor Vincent De Rooster et le barytonUlrich Studer assurent correctement des partiesmoins exposées. Jacqueline Mayeur, mezzo-soprano,colore son timbre chaud, proche du contralto.L’OLRAP est homogène, cordes veloutées et inter-ventions solides des vents. Le Lauda Sion, salvatorem(Sion, acclame ton sauveur), traduction musicale dela transsubstantiation du pain et du vin en corps et en

sang, de Mendelssohn, prouve la science du compo-siteur dans le domaine de la musique religieuse.Dessinée en traits larges fortement orchestrés, elledégage un romantisme alternant rythmes vifs -châti-ment du jugement dernier (sumit unus)-, motifsapaisés (Bone pastor) ou le magnifique choralchœur/soprano (sit laus, plena, sit sonora).YVES BERGÉ

Souffle romantique

Vibrations polyphoniques

La classe !

Jean-Philippe Lafont © X-D

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Orchestre de l'OLRAP © Stephan Caso

Temps et espace habitent ce programme : temps dela mort en valeurs longues, temps de la fête en ryth-mes incisifs. Un voyage acoustique aux dispositionspertinentes : Trois Etudes hongroises de Ligeti, Quatrechants populaires hongrois de Bartok, Madrigalko-mödien de Peter Eötvös et les Eight sacred andprofane lyrics songs de Britten.Le lyrisme de Britten impose de grands intervalles,des entrées par paliers en appels douloureux, encrescendos saisissants. Les fins de phrases pianis-simi de la Prière à la Vierge sont magiques, et dans Sije connais l’amour le solo de Kaoli Isshiki au chro-matisme chaloupé plane sur les nappes du chœuraux attaques parfaites. La direction de Roland Hayra-bedian, expressive, entraîne ici un bel engagement. Les Études de Ligeti sont plus agressives dans leurspolyrythmies, et les chants populaires de Bartok serévèlent d’une grande difficulté : ambitus large,métrique des Balkans, textes sombres sur leprisonnier, la fuite, dissonances acerbes. Plus ludi-ques, les Comédies madrigalesques d’Eötvös :Insetti Galanti (Insectes galants), que Gesualdo utilisadans ses Madrigaux, évoque des ébats de mous-tiques, regorge de jeux vocaux, fait un clin d’œil àl’opéra, et donne lieu à une merveilleuse alchimie destimbres : le chef devient cocasse et l’ensemble vocalsemble enfin relâché ! Le Madrigal du mariage, d’unefolle théâtralité, évoque la joie de vivre au momentdes photos, occasion d’ironiques arrêts sur images.

Chaque voix s’amuse, se répond, dans une allégressevocale tourbillonnante. Un moment très jubilatoire !YVES BERGÉ

Ce concert a eu lieu le 7 mai à la Bibliothèquedépartementale Gaston Defferre

Une musique sculptée

MUSIQUE34 MUSIQUE DE CHAMBRE

Du lyrisme à la joieL’ensemble vocal Musicatreize poursuit son cycle de concerts dans l’auditorium de la bibliothèque départementale

© Guy Vivien

La belle salle de l’Oustau Calendal de Cassis, situéeidéalement sur la jetée qui sépare le port de la mer,accueillait ce soir-là, le 27 avril, pour la fin de lasaison, un concert tout d’harmonie et de passion.Dana Ciocarlie au piano et Sébastien Van Kuijkau violoncelle (un superbe instrument de FrançoisFendt, fin XVIIIe) ont offert à un public averti uneexécution virtuose et inspirée d’œuvres deMendelssohn et de Schumann, dont l’anniversaireest occulté par celui de Chopin cette année… Unecomplicité de huit années était rendue sensible par lejeu des deux artistes. Si les variations concertantesde Mendelssohn mettaient en valeur la virtuosité desdeux instrumentistes, et Romance sans paroles lafluidité du clavier, la 2e sonate en ré majeur (op 58)soulignait l’ampleur du jeu arpégé du piano, lasouplesse et le lyrisme jusque dans les pizzicati duvioloncelle. Les passages de Schumann,Märchenbilder, Quatre Phantasiestücke (op. 12 et op.78), sont à la fois brillants et sensibles dans uneesthétique de la surprise sans cesse renouvelée. Lesublime ici devient évidence tangible. Le publicdemande rappels sur rappels et les artistes accordentle bonheur de la Romance sans Paroles et la pièceinachevée Albumblat de Mendelssohn. On sort de làréconciliés avec le monde, une mer tendre offre unmiroir uni au beau lever de lune sur les falaises…Exceptionnel.MARYVONNE COLOMBANI

Dana C

iocarlie © X-D

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L’arrivée en trombe sur la scène du foyer des sixmusiciens (Laurent Cabaret et Julien Lucchi auxtrombones, Thomas Leleu au tuba, Eric Laparrade Salgues au cornet, Denis Cartier Million à latrompette et Bernard Pereira aux percussions) etl’entonnement hâtif naturel du célèbre gospel Just acloser walk, suivi de la Danse du sabre d’AramKhachaturian, a su donner à un public complice le tonde ce dernier concert de musique de chambre de lasaison. Programme éclectique donc, quoiquecantonné à des pièces tonales, interprété avecthéâtralité et humour (le Duo des chats de Rossinis’avéra tout simplement délicieux, et la Danse desheures de Ponchielli vivifiante), et une musicalitéindéniable. Plus à l’aise dans le folklore (espagnol oubalkanique) que dans un répertoire plus «sérieux»(l’adaptation de la Nuit sur le Mont Chauve tombaitun peu à plat), la bande des Zin’q n’a cependant pashésité à resituer les compositeurs, à remercier l’opérade l’importance qu’il aura accordée aux cuivres cetteannée (en rappelant la prestation acclamée du tubisteThomas Leleu au dernier concert symphonique) et àprésenter tour à tour les membres du quintette (+1)dans la bonne humeur. Le résultat a très vite conquisle public, qui a exigé deux bis ; amusés, les musiciensont à plusieurs reprises rejoué à la cadence finale, enla réduisant peu à peu, jusqu’à ne tonner que ledernier accord. Un joli teint cuivré pour préparer l’été !SUSAN BEL

Ce concert a eu lieu le 15 mai au Foyer de l’Opéra deMarseille

Zin’q à six

MUSIQUE 35

La soprano a le don de revisiter le format classique durécital. Une habile mise en espace, un Steinwaybordé de plantes vertes, l’appui d’accessoires et depercussions mobiles servent un talent scénique hors-norme. Son personnage de poupée rouquinetragico-loufoque, pince sans rire, déclenche l’hilaritécomme à d’autres instants, habitée par une émotionvraie, tire les larmes…En prime, les musiciennes font découvrir unrépertoire peu connu du XXe siècle, enchaînementde mélodies françaises, ibériques ou américainesinouïes. Il faut les voir, parées d’un déguisement decow-boy et de plumes sioux, interpréter de Vieilleschansons américaines de Copland, jouer de bruitageset d’appeaux, lunettes «tournesol» au pif, déclamerquelque Satie version Dada ! Chez Rosenthal, lachanteuse introduit, avec un naturel confondant, des

grognements de chien (Fido Fido) ou desmâchonnements évocateurs (Le vieux chameau duzoo)… On en oublierait presque les splendeurs de sonsoprano aérien, les virtuosités déployées, si l’onn’entendait, comme en clôture du spectacle, unirrésistible pastiche technico-délirant d’air d’opérasigné Isabelle Aboulker (Je t’aime). On vire du rire auxlarmes avec Reynaldo Hahn ou Canteloube, onreconsidère le cante jondo de Falla et Turina et l’onfredonne à l’unisson les «standards» de Poulenc (LesChemins de l’amour) ou Satie (Je te veux).Un concert où s’harmonisent, grâce à une gestuelleplastique au millimètre, le burlesque, l’émotion et lerespect des œuvres.JACQUES FRESCHEL

Caprices de DivaQuelle fantaisie déployée par Patricia Petibon et sa pianiste-complice Susan Manoffle 5 mai au théâtre du Jeu de Paume !

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La villa Magalone constitue un bel écrin pourapprécier la musique de chambre. Au pied du doubleescalier encadrant son vaste hall, surplombé de staffet de dorures, le public a formé un ample arc decercle autour du piano. Un instrument certes assezmédiocre, mais dont Marie-France Arakélian a sutirer profit en réalisant des prouesses. Son jeutoujours clair, égal et précis a fait écho au style fin etchatoyant du violoniste Yann Le Roux-Sédes. Dansla célèbre Sonate «A Kreutzer» de Beethoven, ladisciple de Barbizet a dû se souvenir avec émotiondu duo que formait autrefois son maître avec

Christian Ferras.En trio classique avec piano, l’équilibre cordes/clavierest souvent aléatoire, et l’équation parfois impossibleà résoudre selon l’acoustique du lieu. Si la balance apenché du côté du piano au début du Trio op.70 n°2de Beethoven, on a ensuite, grâce à l’écoute et lacohésion des artistes, saisi le rigoureux travail dechambriste réalisé en amont, apprécié le lyrismechaleureux du violoncelliste Xavier Chatillon, lescouleurs diaphanes et subtiles du violon comme lesmajestés d’un clavier symphonique.JACQUES FRESCHEL

Des ors dans Beethoven

Fidèle à leur tradition de qualité, les MomentsMusicaux proposaient le 20 avril au public habituédes mardis de Carry un plaisant et judicieux parcoursau cœur de la musique romantique allemande. Au trioen si bémol majeur, œuvre de jeunesse de Beethoven,succédaient deux pièces de Schumann, dont les 3Fantasie stücke, une œuvre de maturité du maître,avant l’un des chefs-d’œuvre de Brahms, le trio en lamineur opus 14 écrit au sommet de sa carrièremusicale.

Dès les premières mesures du Beethoven, le triocomposé de Diana Ligeti au violoncelle, VéroniquePelissero au piano ainsi que du très jeune JérômeChristophe au saxophone laissait percevoir saqualité, faisant alterner avec fougue l’exaltationromantique avec le recueillement et la pudeurintérieure des thèmes joyeux ou nostalgiques auxréminiscences bucoliques. L’instrument à ventsemblant se jouer de la délectation morose et desaccents languissants de l’adagio. Après l’éblouissantduo piano clarinette du premier morceau deSchumann, les Fantasie stücke, mêlant le fougue etl’ardeur du piano à la retenue, à la générosité ampledu violoncelle : les artistes ont littéralement mis lefeu par la grâce de leur maestria et de leur complicitétotale. Mais c’est avec le trio de Brahms que leconcert allait atteindre l’apothéose, la rondeur et lachaleur du saxophone lui conférant une modernitérare, alliée à la clarté d’un jeu intelligent, tout ennuances, d’une extrême finesse de l’ensemble desmusiciens. Une piquante Romance sans paroles deMendelssohn venait remercier le public de la longueovation amplement méritée.JEAN-MATHIEU COLOMBANI

Aimez-vous Brahms ?

Diana Ligeti ©

Claire M

ouginot

MUSIQUE36 SPECTACLES

Cette production de l’opéra de Niceest une réussite. Verdi y est servi parun orchestre et un plateau homogènes,des lumières magnifiques et mise enscène subtile. Indra Thomas, sopra-no américaine, campe une Aïda trèsengagée, voix égale dans tous lesregistres, pianissimi d’esclave torturéeNumi Pièta succédant aux imprécationsfortissimo d’amoureuse passionnéeRitorna vincitor. Radamès est le coréenJeong-Won Lee, voix solide de liricospinto, parfois éclatante; cependant,l’attitude est figée et l’absence denuances entraîne des duretés dans lespassages diminuendo. La mezzo russe

Elena Manistina est une Amnérisétonnante: voix chaude, présence gran-diose. Amonastro, Carlos Almaguer,roi déchu, magnifique baryton au tim-bre d’airain. Jean Teitgen, roi puissantet sobre, Nicolas Courjal, valeureux

Ramfis. Décors, costumes et lumièresétonnantes nous dévoilent des scènesoù le blanc domine ; contrastes saisis-sants sur les appuis de bleus et doré :une esthétique remarquable. Le balletest expressif et chatoyant, les chœursde l’opéra de Nice se joignant à ceuxd’Avignon et des pays du Vauclusepour un beau travail, dans les passagestriomphaux comme dans les invoca-tions aux dieux, plus subtiles. Ladirection du jeune chef Rani Calderonest précise, enthousiaste, dégageantun lyrisme sensible sans emphase :l’orchestre dévoile de belles couleurs.Une intelligente mise en scène de

Paul-Emile Fourny où l’on voit bougerla société égyptienne, les artisansfaçonnant des colonnes, peintres, tein-turiers, musiciens, avec bien sûr, le Nil,les pharaons, les dieux, mais le drames’y déroule dans une Egypte vivante.Sans anachronisme inopérant...YVES BERGÉ

Aïda de Verdi s’est joué à l’Opéra Théâtre d’Avignon les 25 et 27 avril

À la sauce italienneAu faîte de son art lorsqu’il composa Don Pasquale en1842, Donizetti, grand compositeur italien à la mode,était un homme brisé, affecté par la perte de sa filleet de sa femme quelques années auparavant. Le per-sonnage central de la pièce, Don Pasquale, hommed’un certain âge, va se retrouver au cœur d’uncomplot ourdi par son «ami» le docteur Malatesta…Derrière une rhétorique parfaitement huilée, Donizettidépassa le monde trivial de la farce et dépeignit avecjustesse des portraits d’une grande humanité his-toriés d’une légère mélancolie ; tous les sentimentshumains furent explorés avec grande justesse dansune partition marquée d’une profonde maturité. Lerôle, superbement soutenu par la voix chaude etronde de la basse, Carlo Lepore, vint ici s’opposer àla légèreté et la frivolité de la soprano, la jeuneitalienne Daniela Bruera. Le personnage d’Ernesto,bien évidemment ténor, composé pour l’occasion parFrancesco Marsiglia, compléta ce triangle adultère.Le public ne s’y est pas trompé, marquant son en-thousiasme sous une salve drue d’applaudissements.En cette journée quasi estivale, Toulon fleurait bonles parfums d’Italie !CHRISTOPHE FLOQUET

Don Pasquale s’est donné à l’Opéra de Toulon du 20 au 25 avril

Une Égypte vivante

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© X-D.R.

Didon et Enée est un bijou baroque, miracle de concision, devant lequel ons’incline. Le public ne s’y est pas trompé, remplissant les travées de l’église Saint-Laurent, le 15 mai, soir de mistral, nuit des musées et de hourras footballistiques.Quelle bonne idée a eu Rémy Littolff de monter le chef-d’œuvre de Purcell ! Sadirection, taillée au millimètre, a poli son diamant, dosé les contrastes et lesrespirations, fait briller ses facettes : de l’hystérie des sorcières à la chutemortuaire, des ballets festifs aux chaconnes douloureuses, de la «chasse» obstinéeà la froide annonce du messager…Soutenu par un ensemble instrumental de haut-vol (Quatuor Opus 16 et Julien

Ferrando au clavecin), le Chœur Phocéen s’est montré particulièrementimpliqué, en place et précis pour des interventions finement mesurées. KarineMagnetto a campé une Didon noble et émouvante avec, pour sommet, le fameuxairWhen I am laid et ses déchirantsRemember me ! à tirer des larmes. Le plateaude solistes, judicieusement distribué, a contribué à rendre à l’œuvre sa sobriététragique : Jean-Christophe Born (Enée) ténor tout en majesté, Laury Littolff(Belinda) aérienne et claire à souhait, Ambre Monray, sombre et inquiétantemagicienne… Une version de concert chaleureusement applaudie.JACQUES FRESCHEL

No trouble in thy breast

MUSIQUE

L’idée ? Laurence Equilbey se trans-forme en Iko, s’adjoint les chœurs etl’orchestre Private Domain accom-pagnés d’artistes «électro» et chanteurs«pop». Ensemble ils revisitent, arrangentet transforment des opus classiquesde Bach, Mozart, Schubert, Beethoven,Rameau ou Monteverdi, avec l’aide dePara One, figure de l’électro française,Murcoff, électro expérimental, MarcCollin, musicien Nouvelle Vague, Paulet Louise, couleur pop et RosemaryStandley, de Moriarty, craquante dansses interventions vocales, et de troisordinateurs pour les sons échantillon-nés. When I was laid (Didon et Enée) dePurcell devient, avec la basse obsti-née à la guitare électrique, une chansond’un bel effet. Death and maidend’après Schubert, reste original :thème du Lied chanté par un chœurtrop figé, l’ensemble instrumental jouantles variations du quatuor à cordes sursons échantillonnés. Le lamento dellaninfa (Monteverdi) reste émouvant,Rosemary répondant au chœur (Mise-rella) sur pulsations rock aux guitares.

La meilleure surprise : les Indes Galan-tes de Rameau devient un super tubepop-rock, une danse des sauvagesendiablée avec Paul et Louise. La 7e

symphonie de Beethoven garde unecouleur trop classique. Dans la sublimemélodie de Fauré Après un rêve,Rosemary, très sensuelle, dialogueavec claviers, cordes frottées et chœursen nappes. Ce projet ambitieux permettait d’es-pérer un feu d’artifice. La richessemélodique et harmonique des musi-ques au programme sont un trésorpour des remix pop, rock, électro, quipeuvent puiser dans le beat essentieldu baroque et jouer sur les bouclescaractéristiques des musiques électro-niques aux possibilités inouïes. Mais lerésultat manquait d’audace et de folie,de sons qui décoiffent, de mix plusappuyés, plus osés. Un mariage som-me toute conventionnel !YVES BERGÉ

Le Grand mix s’est joué le 23 avril au GTP

Mixer sans folie

© X-D

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Le Flâneur de Jean-Louis Clot, opéra créé il y aquatre ans lors du festival du GMEM, a été repris auGyptis dans une version qui lui va bien : un concert,simplement mis en espace, qui laissait toute sa placeà l’écoute, et à l’imaginaire. Il y est question d’unpromeneur qui passe de pays en allégories, derencontres en retrouvailles, de quêtes aventureusesen rendez-vous tacitement convenus. L’espacedramaturgique y est ductile, à la fois référencé etrêvé, affectif, littéraire. La mise en scène et en voix du

quatuor d’interprètes -un banc, un pupitre, presquerien- laisse justement place à tous les espacesimaginables, présents, comme il se doit, dans lamusique… Car aucun instrument n’accompagne cetopéra : simplement une bande, faite de conversationsinidentifiables, de chœurs, de sons concrets et desynthèse qui, diffusés et spatialisés, lui donnent nonseulement son épaisseur sonore, mais aussi unegrande richesse évocatrice, comme documentaire,qui fait vivre les halls de gare, le bord de mer, les

foules, l’intimité… Là-dessus les lignes vocales dessolistes viennent, presque étrangères, imprimer leurlyrisme qui semble une parole intérieure. Avecmodestie, et une grande musicalité. Une très bellereprise !AGNÈS FRESCHEL

Le Flâneur a été recréé par Alain Aubin, Marie Prost,Felicitas Bergman et Laurent Grauer le 5 mai au Gyptis,dans le cadre de la programmation du GMEM

Question d’espace

37

C’est un opéra miniature qui était repris au Théâtred’Arles le 20 avril sous la baguette de RolandHayrabedian dirigeant Musicatreize en formationresserrée accompagné d’un ensemble instrumental:clarinette, guitare, percussions, trio à cordes aveccontrebasse et piano. Sur scène, trois sopranoscommentaient l’action comme un chœur grecantique, à l’exemple du Requiem aeternam introductif,chanté recto-tono après le quatuor en sol mineur avecpiano de Mozart jouant le rôle d’ouverture. Unglissement subtil opéré par le compositeur BrunoMantovani nous amenait donc dans la musique duXXIe siècle afin de décrire le coup de cœur d’unpassant devant une gravure de L’enterrement deMozart exposé par un vieillard antiquaire et donnantson nom à cet opéra. Inscrit dans le cycle des Septcontes de Musicatreize, le livret de cettecommande lyrique a été écrit par Hubert Nyssen à

partir d’une nouvelle qualifiée de «conte baroque».Souvent cocasse, cette pochade donne à l’éditeurarlésien l’occasion de dériver sur les évocationsloufoques de notre boutiquier, mélangeant le souvenird’un chien philosophe au travers de quiproquosbasés sur les assonances et les jeux de mots faisantparfois référence à l’univers Lacanien dans un mondequi oscille entre Kant et Kafka. Dans un décor fait devolumes sobres et mobiles, et mis en scène parJeanne Roth, la musique illustre ce beau babil encréant des effets d’atmosphères musicales basés surdes modes de jeu contemporains, du trémolo auxlongues trames de sons tenus en passant par lesenvolées d’une clarinette volubile. Sans fulgurancenotoire, cette création de 2008 a néanmoins lemérite de la concision (1h avec le prologue) et del’équilibre dans un discours musical varié et novateur.P.A HOYET

Nyssen ni fulgurance

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ves

Petit

MUSIQUE38 MUSIQUE DU MONDE

Dans un monde où l’intolérance religieuse refaitsurface, il est bon se replonger dans la richesse decette époque… l’Espagne médiévale métissée estapparue comme un modèle de convivencia, quand

Musulmans, Chrétiens et Juifs échangeaient leursarts et respectaient leurs pratiques. FrançoiseAtlan, imprégnée de ses racines judéo-berbères,nous a plongés dans la beauté et les contours de ses

mélodies aux riches couleurs d’Al Andalus :merveilleux voyage, conte des mille et une odeurs,mélismes, ornementations dans les modes les pluscomplexes et les plus raffinés. Programme articuléautour de chansons séfarades, arabo-andalouses.Une berceuse en mode persan hijaz, une deSalonique en hommage à l’errance des juifs, bijouxfinement ornés ; Cette terre qui est la mienne est aussila vôtre, chant de Grenade, où Françoise Atlanimprovise; un chant mystique en arabe dans latradition de Fès (Allahou ya Alamou) ; une romancejudéo-espagnole qui relate l’histoire de Moïserecevant la mission de délivrer les juifs du joug duPharaon, un chant arabo-andalou El Boulboul : lachanteuse passe d’un registre à l’autre sans à coups,fins de phrases en écho, sans laisser retomber lesouffle, en faisant vibrer simplement les cordes pourune ligne de chant parfaite. Un art vocal unique etrare aux odeurs de citronniers, d’orangers, desrangées d’oliviers, jardins fleuris de roses, de jasmins.Splendeurs de l’Alhambra !YVES BERGÉ

Ce concert a eu lieu le 16 avril au temple d’Aix-en-Provence

L’esprit de Cordoue

Francoise Atlan © X-D

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À l’heure où les émissions de cuisine fleurissent sur les petitsécrans, Peter Hens nous donne un cours de gastronomiemusicale, à consommer sans modération aucune, à l’imagede ce spectacle sans temps mort, rapide, enlevé, danslequel l’artiste s’amuse visiblement, jongle avec les mots,pratique l’esprit d’escalier, concaténation, échos farfelus etautres mignardises… Les passages musicaux s’enchaînentavec la même verve, jonglant entre les styles et les époques,effectuant des rapprochements saugrenus : MichaelJackson, Schubert, Verdi, The Queen…. Chorégraphieshilarantes, acrobaties vocales (la voix change de registreavec une aisance déconcertante), tout est réuni pour fairerire, mais avec un souci permanent de qualité. Le piano,

mené avec humour par Yves Gourmeur, complice, permet denombreuses fantaisies… les deux musiciens se relaient surun même morceau en tournant sur le tabouret du piano, letempo ne varie pas ! Mimiques, appels, mésententes feinteslorsque violoncelle et clavier doivent duettiser… Le publicaussi participe. Peter Hens réussit même à faire chanter Letemps des cerises… et ça finit dans une débauche delumières, feux d’artifices, parodie des scènes à grandspectacle, Aïda en chœur… C’est bon comme un gâteau àla crème chant-chantilly !MARYVONNE COLOMBANI

La Framboise Frivole s’est jouée au Toursky les 29 et 30 avril

Une recette fruitée

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Jaco

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Dans le cadre de Mai-Diterranée, un double concertétait donné le 11 mai au Toursky. Sardaigne et Corseétaient à l’honneur, avec des voix de femmes : leschants donnés en concerts le sont traditionnellementpar les hommes, et la polyphonie est une chassegardée masculine… On retrouvait avec plaisir la voixde Jacky Micaelli, nuancée et vibrante, qui sedévoilait avec grâce lorsqu’un simple bourdonl’accompagnait. Dommage que l’équilibre des voixn’ait pas été assuré dans les passages polyphoniquesoù certaines voix oubliaient toutes les nuances etmême la justesse, et où la terza recouvrait parfoistout le reste.Scénographie, enjouement, vivacité, caractérisaienten revanche le groupe des femmes sardes, Laras deCoraddu, Lèvres de Corail… Projetés en fond descène, des images en noir et blanc de la vie

quotidienne, processions, mariages, travaux desfemmes. Sur scène, quatre chanteuses aux voixsuperbes, accordées entre elles par une joyeusecomplicité. Berceuses, chansons d’amour, de travail,

de deuil, comptines réarrangées, et c’est toute leSardaigne qui s’offre à nous, jusque dans les objetsqui se transforment en instruments de musique… Lestambours, frottés ou frappés, donnent une tonalitéparticulière. Un homme les accompagne, OrlandoMascia, il ne chante pas, mais joue avec un belentrain de l’orgue diatonique, de la guimbarde, maissurtout d’une étrange flûte, une clarinettepolyphonique en roseau composée de trois tuyauxd’inégales longueurs, la launeddas, au son proche decelui de la cornemuse… On a même droit à unedémonstration de danse au rythme endiablé. Quellelégèreté !MARYVONNE COLOMBANI

Îles

Teatro Actores Alidos © X-D

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MUSIQUE40 CHANSON | MÉTAL

Quand Anton Newcombe monte sur scène etentame une tournée, il joue pour ses fans etuniquement pour eux. Il n’est pas question de séduireles curieux, venus nombreux au Cabaret Aléatoireconstater que le nouvel album n’est même pas enpromotion. Les Brian Jonestown Massacreinvestissent donc la scène de la Friche et ne font pas

dans la demi-mesure : pas moins de 8 musiciens,organisés autour de la mascotte au tambourin JoelGion dont l’endurance de l’avant bras est à recon-naître et saluer. S’ensuivent deux heures d’un concertrigoureux où les morceaux s’enchainent -dans unrelatif brouhaha acoustique parfois, à distance d’unpublic partagé entre la ferveur des fans et le retraitmesuré des simples amateurs. Le jeu de scène,réduit à sa plus simple expression, rappelle que lesmusiciens du BJM ne sont là que pour jouer. Qu’on sele dise ! Anton Newcombe, excentré et de profil, n’ade regards que pour son groupe qui, lui, concède unfrontal stoïque à la fosse scandant compulsivementle nom adulé du leader intouchable. À défaut d’un«merci», il répond par le choix de ses morceaux,anciens, populaires et attendus pour la plupart. Il n’enreste pas moins que le concert alterne ambiancesplanantes d’un rock psychédélique travaillé et élanspop californiens sentant plus clairement le Friscooriginel. Le groupe terminera son concert comme undevoir bien fait, sans un merci pour l’auditoire, lequelaura su se contenter du cadeau de ces deux heuresrares. Demandait-on autre chose ?PASCALE FRANCHI

Le 21 avril, The Brian JonestownMassacre investissait le CabaretAléatoire, entraînant les amateurs de rock teinté de références ironico-décalées au cœur de l’univers directif du groupe californien

Jeu de Massacre

The Brian Jonestown M

assacre © X-D

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Avec une moyenne d’âge avoisinant lesquinze ans et les tee-shirts Spliknot ouLinkin Park, la relève est là, nombreuse,devant la Maison des Jeunes de LaFare les Oliviers. Cloneshop et Jack-face, qui avaient pour tâche de chaufferla salle, ont rempli leur rôle, certes sansréinventer le métal, mais correctement.Le temps d’évacuer tout le monde,d’aérer, et l’Esprit du Clan s’installepour une ambiance hard-core/metal,avec un groupe réputé pour ses showstrès «in-your-face» et sa proximité avecle public. Il manque un des chanteursce soir, mais celui restant ne va pasfaire pâle figure, mêlant jeu de scènehxc, discours très «unity-bon esprit» etvoix bien «tough». Côté musique çaenvoie, mélangeant le métal, le hxc etquelques rythmiques hip-hop.C’est enfin aux Black Bomb A delancer les hostilités et c’est pour euxque la foule se masse et que les mainsse lèvent... et c’est parti pour uneheure de folie pure! Comme à leurhabitude, les BBA desservent un showà l’énergie communicative qui sent lasueur, le rock’n’roll, la bonne humeuret le chaos. Le groupe alterne les tubesdu nouvel album et certains titres datantde la première heure, sans oublier letrès apprécié Oh Marry que le publicentonne en chœur ! Même les meta-

leux old-school se laissent prendre parla rafale BBA, se demandant encorecomment les chanteurs tiennent avecune telle décharge d’énergie sans ja-mais faiblir vocalement ! C’est pro etpéchu, le duo de choc établit le contactentre scène et fosse avec une facilitédéconcertante. Les musiciens ne sontpas en retrait pour autant, alternantavec autant de hargne que d’aisanceriffs bien lourds et moments pluspunk’n’roll et sautillants. Le set setermine avec l’excellent Tales from theOldschool, et la fosse déchaînéeachève en ovations ce qui lui restait devertèbres et de voix.HUDGARD

Renan et BenoîtEn ce 29 avril au Dock des Sud, Renan Luce et BenoîtDorémus ont fait chanter MarseilleNe lui dites plus que son style musical rappelle étrangement celui de Renaud,Benoît Dorémus l’a trop entendu. À l’occasion de la sortie de son second albumen mai 2010 : 2020 (Capitol /EMI), le chanteur débarque fraîchement pour, en unetrentaine de concerts, assurer la première partie de Renan Luce. Autre jeune etremarqué artiste français actuel, ses chansons sont néanmoins plus légères queson compagnon de soirée. Au Dock ses textes s’enchaînent sur une musicalitétantôt pop, tantôt plus douce, devant un parterre de fans avertis de tous âges, etnotamment de très jeunes auditeurs venus en nombre pour le très médiatiséRenan Luce, mais tout heureux de découvrir cette très bonne première partie.Benoît Dorémus enchante : Bilan carbone, T’as la loose ou encore Deux piedsdedans racontent un peu l’histoire de chacun d’entre nous. Une guitare, une voix,des questions plus ou moins graves sur fond de refrain joyeux : telle est la signaturedu nouveau venu. Un album qui se laisse écouter, en attendant sa tournée (à lui toutseul) qui débutera à l’automne 2010. Pour la suite, je vouslaisse deviner l’aura quedégage désormais l’artistephare de cette soirée etla ferveur qui accom-pagne chacun des titresdu nouveau chanteur à lamode, applaudi comme ilse doit par une fouledense et bon enfant.SONIA ISOLETTA

La Fare en Feu !Dans ce petit village provençal a eu lieu le 30 avril un concertmétal éclectique

Renan Luce © Jean-Baptiste Mondino

Black Bomb A © Toon

Marjolaine Reymond est une chanteuse auparcours musical complexe, passée par Berio, Kagel,Stockhausen, Messiaen ou Cage. Sa musique est lefruit de ce rapport entre le répertoire contemporainet l’improvisation que permet le jazz. Des textes, enanglais, sont dits ou chantés, poèmes d’Alfred LordTennyson, Thomas Lodge ou Emily Dickinson. Deuxmicros nourrissent le son, et elle s’est entourée pource concert d’une section rythmique batterie-

contrebasse (Yann Joussein et XuanLindenmeyer). Tous deux, très à l’écoute, saventrester discrets au besoin lors de séquences vocalesimprovisées allant de la transe hypnotique versd’autres climats très changeants, entre paroxysmeet apaisement. L’apport du vibraphone, ici instrumentcentral, joué par David Patrois, contribue à lacréation d’atmosphères oniriques. Les titres despièces sont évocateurs : Les Cupidons Glacés, VénusTransfert, Carnaval des Elfes. Une soirée singulièredonc pour le public du Moulin à Jazz qui a faitpreuve, comme à son habitude, d’une grande qualitéd’écoute.DAN WARZY

Circonvolutions de l’Ecuyère a eu lieu le 8 mai àVitrollesCD’s : Chronos in USA Kapitaine Phoenix Collectif,2008Eternal Sequence, Kapitaine Phoenix Collectif, 2005www.marjolainereymond.com

MUSIQUEJAZZ 41

Fabien Mary est un trompettistenormand qui vient de fêter ses 32 ans.Il est récompensé par un Django d’OrJeune Talent en 2003 et devientRévélation instrumentale lors duFestival de jazz à Juan-les-Pins en2004. Depuis il vit et travaille à NewYork… La formation pour ce concertest le 4tet composé de MouradBenhammou à la batterie, SamuelHubert à la contrebasse et HugoLippi à la guitare. Le rythme estenlevé, à la façon des premiersbopeurs, Charlie Parker ou DizzyGillespie. Les longues phrases rapidesà la trompette sont ponctuées depauses attendues, pour laisser respirerla musique, le souffleur, mais aussi lepublic, sollicité à une écoute attentive.La guitare inventive fait défiler de

constants changements harmoniques,plaquant des accords à la clausule desgrilles. La contrebasse est précise,

véloce, explorant la totalité de satessiture, tout en bas et tout en hautdu manche. La batterie est là, en

puissance et finesse, encourageantchaque musicien de petits cris,imprimant une cohésion brillante etune écoute manifeste. Kenny Dorham,Benny Golson, Cole Porter, Thad Jones,Oscar Pettiford sont magnifiés,entièrement revisités mais avec uneadulation extrême. Alors be-bop, hard-bop qu’importe ! C’est l’histoire du jazzqui s’enrichit!DAN WARZY

CD en 2003 Twilight / en 2005Chess / Four and Four en 2008 -Label Elabethwww.elabeth.comwww.fabienmary.comCe concert a eu lieu au Cri du Port le29 avril 2010

Be and Hard

Fabien Mary © Armel Bour

Le Cri du Port donne décidément à entendre desmusiciens français qui sont partis à la Mecque dujazz. Le quartet de Jérôme Sabbagh (saxophonessoprano et ténor) est assurément New-Yorkais etcomposé de musiciens au beau pedigree. Onretrouve Joe Martin à la contrebasse, le même qui aparticipé au dernier CD de Raphael Imbert NYProject, Jochen Rueckert à la batterie et unguitariste très recherché, Ben Monder. La musiquede Jerôme Sabbagh est originale, d’une profusion desources telles que la pop music, la musique arabo-andalouse, et aussi le jazz sous toutes ses formes.Electric Song est une ballade à la couleur très rock,guitare et saxophone saturés. L’univers improbableet féerique de Contine donne l’impression de voir unogre géant qui se ballade dans une forêt sombre et

profonde (son de cathédrale du saxo, batterie frappéeavec de grosses boules et accords de guitare àl’envers). Les lignes mélodiques sont simples etriches à la fois. La liberté d’improvisation estaccordée à chacun des musiciens. Un bon concertqui gagne en complicité. Les décalages horaires devoyages transatlantiques doivent y être pour quelquechose !D.W.

Cds One Two-Three Bee Jazz 2008 / Pogo-Bee Jazz-Sunnyside 2003 / North Fresh SoundNew Talent 2004.Ce concert a eu lieu le 6 mai 2010 au Cri du Port à Marseille

Ballade d’un exilé

Entre deux mondes

Marjolaine Reymond © Gerard Tissier

L’église de Simiane Collongue se bat pourrassembler les fonds nécessaires à la réfection desses orgues. Le concert du 25 avril était donné dansce cadre généreux. Un ensemble remarquable par sacomposition proposait un florilège de suitesirlandaises, de tangos et de morceaux plus classiques(Fauré, Bach, Satie). L’originalité de l’orchestre :trente clarinettes… oui, trente ! Toutes les tailles decet instrument sont représentées. Le nom de cetteformation atypique, L’arbre D’ébène, reprend unesymbolique expliquée par la responsable du groupe,les basses, comme les racines, l’harmonie pour letronc, les branches, en contre-chant, le feuillage, lamélodie… Étrangement, le son perçu varie selon lesunivers abordés, cornemuse, accordéon… Lepassage des tangos est particulièrement réussi,saveur d’un bal populaire sous les voûtes sonores del’église qui a connu le rythme entraînant des suitesirlandaises. Le chef d’orchestre, Christian Richard,dirige avec passion, rattrape les parties… On a leplaisir de la découverte de ses propres compositions,qui ont le charme de l’atmosphère de MichelLegrand… Le Trio Zelf lui prête alors ses voix. Cegroupe dynamique, composé de trois jeunes femmes,interprète avec humour une série de chants, qui vontdu Poinçonneur des Lilas au Poulailler song, mettanten valeur un joli tempo jazzy dans lequel les troiscomplices excellent. Elles arrivent avec uneinébranlable bonne humeur à surmonter lesproblèmes liés aux câbles et à l’espace qui brouilleles harmoniques. Une après-midi musicale bienagréable, dont on retiendra l’enthousiasme et lafraîcheur.MARYVONNE COLOMBANI

Les elfes aux bois

MUSIQUE

AIXSalle du Bois de l’Aune : Raoul Petite, Under Kontrol,Subliminal Sanctuary, Stentor, Mushroom (22/5)

04 42 59 30 13Pasino : Opérette Trabucco Il était une fois les comédiesmusicales (30/5), Air (12/6)

04 42 59 69 00www.casinoaix.com/fr

Théâtre et Chansons : Jean Vasca (29/5), Hombeline(12 et 13/6)

04 42 27 37 39www.theatre-et-chansons.com

ARLESCargo de Nuit : Poum Tchack (22/5), Féloche (28/5),Hindi Zahra (5/6)

04 90 49 55 99www.cargodenuit.com

AUBAGNEL’Escale : Kabba Massa Gana (29/5)

04 42 18 17 17www.mjcaubagne.fr

AVIGNONCDC Les Hivernales : l’atelier des Hivernales chanteNino Ferrer (25 au 29/5)

04 90 82 33 12www.hivernales-avignon.com

Les Passagers du Zinc : Carte blanche à Dj Zebra(21/5), Max Romero & The Charmax, Conquering Sound(27/5), Soirée de soutien au label T-Rec avec Tue-Loup etRedeye (28/5), Apéro concert Dub Welders (3/6), Behindthe illusions, Khat, Spëculons, Papaya Cake (4/6)

04 90 89 45 49www.passagersduzinc.com

BERRE L’ÉTANGForum des jeunes et de la culture : Concert deBatucada et de musiques brésiliennes, projet réalisé avecles écoles de Berre l’Etang dans le cadre des itinérairesmusicaux (28/5 à la Salle polyvalente)

04 42 10 23 60www.forumdeberre.com

HYÈRESThéâtre Denis : Original Folks, Starboard Silent Side(22/5), Antoine Hervé (12/6)

04 94 35 38 64

ISTRESL’Usine : Finale Tremplin découverte 2010 (28/5)

04 42 56 02 21www.scenesetcines.fr

MARSEILLECabaret Aléatoire : Get the blessing, Minimal orchestra(20/5), Breakbot, Boombass, Jackson (21/5), Red BullManny Mania, Poni Hoax (22/5), Cocorosie (27/5), Enattendant les plages ( 28/5), Festival Geek & Music(29/5), soirée now future (5/6), Raul Midon (7/6), GizelleSmith (10/6), Camo & Krooked, Disaszt, Body & Soul,Gunston feat. Pulla, C.Kel & John E. Boy (11/6)

04 95 04 95 09www.cabaret-aleatoire.com

Centre Edmond Fleg : Soirée de clôture de l’Espagnedes trois cultures avec un spectacle de contes judéo-espagnol avec Djoha, voix parlée, voix chantée de AngèlePerla Saül et Sylvie Cohen (27/5)

04 91 08 53 78www.horizontesdelsur.fr

Cité de la musique : Pour un printemps avec N. Bauffeet J. Raynaut (26/5 à l’auditorium), Quartier Sud (27/5 àl’auditorium), Ensemble Dulcisona (28/5 à La Magalone)

04 91 39 28 28pages.citemusique-marseille.com

El Ache de Cuba : Sandra Goboy (21/5), Va FanculoNight and day (22/5), Sylvie Paz et El Tchoune (28/5),Kazou (29/5)

04 91 42 99 79www.elachedecuba.com

Embobineuse : Melted Men, Baseck, Nomex, Dj Tronc(21/5), Marvin, Slutspurt (25/5), Secret Chiefs 3, Fat 32,Congo for Brums (28/5)

04 91 50 66 09www.lembobineuse.biz

Espace Julien : Micky Green (20/5), Milow (21/5), Lafinale Emerganza (22/5), Noa et Mira Awad (23/5),Pierpoljak (26/5), Terez Montcalm (27/5), EmmanuelleSeigner (4/6), Yvi Slan (4/6), Beenie Man & the Cautionband (15/6), Duval MC (16/6), Ed Mudshi (18/6)

04 91 24 34 10www.espace-julien.com

L’Intermédiaire: Lady Palavas (20/5), Dj Kafra et guest(21/5), Dj Phonic et guest (22/5), Synopsis (26/5), Drumto Tek (28/5), Organik (29/5)

04 91 47 01 25www.myspace.com/intermediaire

L’Affranchi : Casey (22/5), Les Solos de la Scred, Mysa,Kalash (28/5), Ysaé (29/5), Soprano, la Swija, CarpeDiem, Mino, Révolution Urbaine (4/6), Big Twins ofInfamous Mobb, Mr Bars, Sabotage 16’s, Just Music(12/6)

www.l-affranchi.comLa Machine à Coudre : No-Guts-No-Glory, Lazy Bones,Menpenti (21/5), Antonio Negro et ses invités (27/5),Diego Pallavas, Koit Electric Nymphonic, ETC (28/5), Ichbin dead, Keith Richards Overdose (29/5), Zodiac Killerset guests (31/5), Bombardiers, Out of the order (5/6),Jack Dope’n’noise, Gilbert et ses problèmes (12/6)

04 91 55 62 65www.lamachineacoudre.com

La Mesón : Akosh S. & Gildas Etevenard (21 et 22/5),Ahamada Smis (3/6), Tablao Flamenco Ana Vidal et LauraDubroca (5/6), Harragas (6/6), Terca-Feira Trio (12/6)

04 91 50 11 61www.lameson.com

Leda Atomica Musique : Ciné Concert Nosferatu, eineSymphonie des Graens (4/6 au Musée du Terroirmarseillais, à Château Gombert))

Réservations au musée provençal au 04 91 68 14 38www.musee-provencal.fr

Le Paradox : Fat Freddo & Teddy Flint (21/5), La Cumbia(22/5), Dj Djel aka Diamond Cutter (23/5), The Glasses(25/5), Beatbox free session 4 (26/5), Jigsaw tribute toMarillion (27/5), Katalaï (28/5), Djezziré (1er/6),Marabout Fonk System (5/6)

04 91 63 14 65www.leparadox.fr

SALON-DE-PROVENCEPortail Coucou : The Host, Rescue Rangers (21/5)

04 90 56 27 99www.portail-coucou.com

42 AU PROGRAMME

AGENDJAZZARLESChapelle du Méjan18 au 22/5 15e Edition de Jazz in Arles

04 90 49 56 78 - www.lemejan.comHYÈRESJazz à Porquerolles, Théâtre Denis12/6 Antoine Hervé, Leçon de Jazz n°4 (KeithJarrett)

06 31 79 81 90 - www.jazzaporquerolles.orgMARSEILLECri du Port20/5 Christian Brazier 4tet

04 91 50 51 41 - www.criduport.frCité de la Musique, L’Auditorium27/5 Quartier Sud7/6 Samenakoa fanfare14/6 Jazz made’n Cité (concert des profs)Cité de la Musique, La Cave31/5 Jazz en Scène (Jam Session)7/6 Pierre Fenichel 4tet

04 91 39 28 28 - http://pages.citemusique-marseille.com

La Mesòn 52, rue Consolat 1300121 et 22/5 Akosh S et Gildas Etevenard (Ethno-jazz)3/6 Ahamada Smis Trio à20h5/6 Tablao Flamenco Ana Vidal & Laura Dubroca12/6 Terca Feira Trio (Choro-Jazz Brésil)19/6 La Mal Coiffée & Hos Ayas (Occitanie-Mongolie)

04 91 50 11 61 - www.lameson.comThéâtre Toursky29/5 Patshiv (Fanfare Vagabontu & Taraf TraioRomano) Bal Tzigane0820 300 033 - www.toursky.orgJazz Club Music’Cale, l’Inga de Riaux21/5 Camion-Pizza 4tet27/5 Serge Dupire trio28/5 Jean Charles Parisi trio4/6 Thierry Maucci11/6 Alert’O’Jazz18/6 Faroa

06 07 57 55 58 - www.inga-des-riaux.frVITROLLESMoulin à Jazz 23/5 Christophe Marguet 4tet21/6 Fête de la Musique dès 20h Les durs à cuivre& Docteur Lester Brass Band

04 42 79 63 60 - www.charliefree.comSALONIMFP 9518/5 Mario Canonge et Michel Zenino 20/5 Douce France invite Olivier Ker Ourio 25/5 Didier Del Aguilla Alain Richou Quartessencefeat Domingo Patricio1/6 Pierre Camas 4tet15/6 L’IMFP fête son quartier - Entrée gratuite

04 90 53 12 52 - www.imfp.fr

Mad MapLe Nomad’Café propose des rendez-vous de qualitédans son accueillante salle du boulevard de Briançon.La chanteuse Madjo, dans un style folk chansonfrançaise et a cappella est programmée le 21 mai à20h30. Un véritable univers intimiste à découvrir et quisera précédé en première partie de Plume. Le 27 mai,c’est Z.E.P, comprenez Zone d’Expression Populaire,qui se fera entendre au Nomad dans le cadre duFestival Artéfada, petite bombe artisanale prête àexploser dans ce temps d’échange, de découverte etd’expérimentation. La soirée se déroulera en deuxtemps : 20h30 pour le micro ouvert «Viens Tchatcher»animé par le Collectif des Pavillons Noirs etl’1consolable pour se laisser ensuite entraîner à 22hpar Z.E.P, nouveau projet du M.A.P, Ministère desAffaires Populaires ! F.I.

Nomad’Café0491624977www.lenomad.com

MUSIQUE 43

C.N.I.P.A.L.Derniers récitals du Centre National d’InsertionProfessionnelle d’Artistes Lyriques. De jeunesvoix de demain à suivre !

MARSEILLE. Les 20 et 21 mai à 17h15 04 91 18 53 18TOULON. Le 27 mai à 19h - 04 94 92 70 78AVIGNON. Le 29 mai à 20h30 - 04 90 82 81 40

En bateauCroisière musicale en Méditerranée initiée par levioloncelliste Dominique de Williencourt avecRoger Muraro, Caroline Sageman, EmmanuelRossfelder, l’Orchestre Santa Cecilia dirigé parGeorges Prêtre… Eve Ruggieri et OlivierBellamy… Du beau monde !

BARCELONE, MALTE, TUNIS, ROME… du 24 au 31 mai01 44 50 58 58 www.europe-art.com

InstallationDans le cadre de l’Odyssée de Martigues, Champharmonique est installé sur le littoral (site des Laurons)sur 1000 m2. Une symphonie de Pierre Sauvageotpour auditeurs-marcheurs et 500 instrumentsétonnants : tambours vibreurs, moulins-glockenspiels,sifflets-bambous, hélices-sirènes, boîtes à musiquegiratoires, épouvantails balinais, tepees chroma-tiques, graals pentatoniques, arcs sonores, arbres àflûtes, zoophones, cannes à pêche à la crotale…

MARTIGUES. Du 26 mai au 6 juin04 42 44 32 26 www.odyssee-martigues.org

RestaurationDaniel Roth organiste à Saint-Sulpice joue sur l’ins-trument de 1847 nouvellement restauré de l’égliseNotre-Dame du Mont.

MARSEILLE. Le 27 mai à 18h30

DernièreLe spectacle burlesque à la gloire des musiques dumonde de l’ensemble de percussions Symblêma(dir.Frédéric Daumas) achève, pour cette saison,son voyage régional...

CABRIÈS. Le 28 mai à 20h30 Salle la Bergeriede Trébillane. Tout public - Entrée libre : réservation conseilléeau 06 09 89 50 3604 86 31 62 73 - www.symblema.com

Nouvel orgueChristophe Guida (titulaire à la tribune du SacréCœur à Marseille) donne un récital dans le cadre del’inauguration du nouvel orgue de l’église Saint-Antoinede Padoue.

CUGES-LES-PINS. Le 29 mai (inauguration à 18h et récital à 20h)

Trompette et orgueLe trompettiste Gérard Occello est accompagnépar Chantal de Zeeuw dans Bach, Vierne…

MARSEILLE. Le 29 mai à 20h30Eglise Notre-Dame du MontEspace Culture 04 96 11 04 61 (Marseille Concerts)

Le plus bôô…Immuable Vincent Scotto pour une opérette localechérie sous nos tropiques (parfois tristes…) ! Un de laCanebière est mis en scène par Jacques Duparcavec une distribution foisonnante dirigée par DidierBenetti.

AVIGNON. Le 29 mai à 20h30 et le 30 mai à 14h30Opéra Théâtre 04 90 82 81 40 - www.avignon.fr

BaroqueL’ensemble vocal Opus 13 et l’Orchestre deChambre de Toulon et du Var annoncent unconcert de musique baroque, la Missa Votiva deZelenka et l’Ode pour l’anniversaire de la ReineAnne de Haendel.

AIX. Le 30 mai à 18h Chapelle du Sacré-Cœurle 5 juin à 21h à l’Eglise du Saint-Esprit 04 42 28 62 95

Rossini et tournedosLucile Pessey (soprano) et Amandine Habib (piano)concoctent un menu «Pour oreilles et papilles» autourd’opus de Rossini, musicien et éminent gastronome,«célébrant les petits pois, les noisettes, les hachis oules hors- d’œuvre»…

MARSEILLE. Le 5 juin à 19h Station Alexandre04 91 00 90 00 - www.station-alexandre.org

Piano et chantLe pianiste François-Frédéric Guy et la mezzo-soprano Sophie Koch interprètent des airs de Thomas,Donizetti, Berlioz (Nuits d’été, Damnation, Les Troyens)Massenet (Werther)…

AVIGNON. Le 8 juin à 20h30Opéra Théâtre 04 90 82 81 40 – www.avignon.fr

Intégrale BeethovenDavid Galoustov (violon) et Caroline Sageman(piano) achèvent leur cycle d’enregistrements en public(pour le label Lyrinx) de l’intégrale des Sonates pour vio-lon et piano (n° 7 8 & 10) de Beethoven sur le Vieux-Port.

MARSEILLE. Le 8 juin à 19h. Théâtre de la Criée04 91 54 70 54 - www.theatre-lacriee.com

Cours d’EspagneLuis Fernando Perez et Jean-François Heisser(pianos) en compagnie du Quatuor Arriaga inter-prètent de la musique espagnole de Granados, DeFalla, Albéniz Turina et Mompou. Concerts à 19h auxJardins de l’Hôtel Imperator et à 21h dans le Cour del’Hôtel Boudon

NÎMES. 4e édition de Musique sur courles 8 et 9 juin à 19h et 21h et le 10 juin à 21h04 66 36 65 10 - www.theatredenimes.com

Violon tsarLe grand violoniste russe Vadim Repin interprète le2e concerto de Prokofiev en compagnie de l’Orches-tre Lyrique de Région Avignon Provence qui joueégalement la 1ère symphonie de Nielsen et un Adagiopour cordes de Tanguy.

AVIGNON. Le 11 juin à 20h30Opéra Théâtre 04 90 82 81 40 - www.avignon.fr

DivaLa formidable mezzo soprano Béatrice Uria-Mon-zon est accompagnée au piano par Jean-MarcBouget dans un programme alliant Bellini, Pergolèse,Falla…

MARSEILLE. Le 16 juin à 20h30 au Théâtre du Gymnase0 820 000 422 (Marseille Concerts)

Électro-comiqueLucie Prod’homme est ses Acousmonautesprésentent un concert commenté de musique dechambre électronique. L’humour du son : unepléiade d’opus désopilants !

MARSEILLE. Le 18 juin à 18h30 – Urban Gallery 04 91 37 52 93

ChoristesLes Petits Chanteurs de la Major accueillent leurshomologues de Saint Marc qui, il y a quelquesannées, ont gravé la B.O. du film Les Choristes (dir.Nicolas Porte et Rémy Littolff).

MARSEILLE. Le 20 juin à 16h30Eglise Saint-LaurentEntrée libre 06 27 03 78 34 www.pch-major.fr

Cocktail lyriqueAprès Bizet était une femme, Jonathan Soucasse(piano) et Cathy Heiting (diva) livrent leur deuxièmeopus «lyrico-déjanté» mis en scène par André Lévè-que. Opéra Molotov mêle Puccini aux ballades dejazz ou à la variété décalée. Explosif !

PERTUIS. Le 21 mai à 20h3004 90 79 56 37 www.theatre-pertuis.com

J’ay pris amourVoyage dans l’Europe baroque avec l’Ensemble Dul-cinosa : Anne Périssé (soprano) et Jean-PaulJuchem (baryton) et au continuo Anne Garance etIsabelle Chevalier.

MARSEILLE. Le 28 mai à 20h30 Villa Magalone04 91 39 28 28 http://pages.citemusique-marseille.comLES PENNES-MIRABEAU. Le 12 juin à 20h30 Eglise St Blaise04 42 02 51 51

Blanc CassisFestival Le verre musical au Clos d’Albizzi : l’en-semble Mescolanza joue des musiques médiévales(le 23 mai à 18h30) et Jaroslaw Adamus (violonbaroque) et Jean Paul Serra (claviers) nous fontremonter Aux origines du violon (le 29 mai à 18h30).

CASSIS. Clos d’Albizzi - Ferme Saint-Vincent06 60 56 44 21 www.organo-forte.fr

Orgue et OrchestreVivaldi, Bach, Paganini avec le quatuor Opus 16,Georges Minassian (flûte), Alex Boghossian(guitare) et Thomas Girard aux tuyaux.

MARSEILLE. Le 13 juin à 17hEglise de Montolivet (Entrée libre)04 91 87 09 65 http://orguemontolivet.free.fr

MUSIQUE44 AU PROGRAMME

Raoul Lay et l’Ensemble Télémaquemettent en regard deux œuvres. L’uneest magistrale : un monument de la mu-sique de chambre du XXe siècle ! LeQuatuor pour la fin du temps de Messiaenfut écrit pour clarinette (Linda Am-rani), piano (Hubert Reynouard), violon(Yann Le Roux-Sèdes) et violoncelle(Guillaume Rabier) alors que le musi-cien était prisonnier au Stalag VIII-A deGörlitz en 1941 (voir p.48). Son langageregorge d’expression lyrique, de puis-sance mystique, puise son inspirationdans l’Apocalypse de Saint Jean : c’est unesorte d’allégorie sonore du combat del’Esprit contre la matérialité du Présent.

L’autre opus, Preludium, Postludium andPsalm (2007) de la compositrice hol-landaise Hanna Kulentyest quasimentinconnu sous nos latitudes. L’accor-déoniste Jean-Marc Fabiano et levioloncelliste Guillaume Rabier enassurent sa «Première française». Uneœuvre qui questionne, comme chezMessiaen, les notions de couleur et defusion des timbres instrumentaux.JACQUES FRESCHEL

MARSEILLE. Le 29 mai à 19h30au Théâtre des Bernardines04 91 24 30 40 - www.theatre-bernardines.org

Le dernier Conte du cycle initié parRoland Hayrabedian (voir p.37) pour-ra être entendu en juin dans sa versionmusicale. «Antti Puuhaaraest un mélan-ge de cycle choral et de mélodrameinspiré d’une légende finlandaise» écritle compositeur finnois Tapio Tuomela,qui cosigne aussi le livret avec ErikSöderblom. Un «univers magique oùse mêlent géants, devins, fille-oiseau etsorcière» sur un mythe héroïque et unemusique interprétée par l’ensembleMusicatreize, à découvrir avant lacréation scénique qui sera imaginéepar Aurélie Hubeauet Damien CaillePerret en novembre 2010 au Théâtredu Gymnase… J.F.

MARSEILLE. Antti Puuhaarale 11 juin à 19haux ABD Gaston Deferre04 91 00 91 31 - ww.musicatreize.org

Dernier volet du Mai en musique àLenche avec l’ensemble Baroques-Graffiti (dir. Jean-Paul Serra) : aprèsdes transcriptions autour de thèmescommuns à Zoroastre de Rameau et LaFlûte Enchantée de Mozart (le 21 mai à20h30), des opus pour viole de gambede Marin Marais (le 22 mai à minuit)…On assiste à des représentations «mi-niatures» de la tragédie-lyrique Zoroastremise en scène par Renaud Marie Le-blanc avec fresque et projections (les26 et27 mai à 19het le 28 mai à 20h30).Un mois baroque qui s’achève par unrécital de flûte à bec par Marine Sablon-nière dans C.P.E. Bach (le 29 mai àminuit : c’est pas du pipeau !) .J.F.

MARSEILLE. Mai en Musique au Théâtre de Lenche jusqu’au 29 mai04 91 91 52 22 -www.theatredelenche.info

Le Chœur de Dames chante Char-pentier & Port Royal (le 26 mai à 20h30à Marseille – Eglise St-Laurent). Le Chœurmixte trace un tableau de L’esprit fran-çais, du Moyen-âge à nos jours (le 28mai à 20h30 à Aix – Église du St Espritet le 1er juin à 20h30 à Marseille – EgliseSt-Laurent). L’ensemble instrumental

joue un florilège de la Provence baro-que (le 3 juin à 20h30 – Chapelle de LaBaume-les-Aix) et l’ensemble vocal LucienBassmet en regard Josquin des Prez &le XXe siècle (le 17 juin à 20h30 à Aix –Oblats).J.F.

Les Festes d’Orphée04 42 99 37 11 - www.orphee.org

Fleurons et fleuretLe contre-ténor Alain Aubin est accompagné par Jean-Paul Serra au pianofortedans des Lieder de Mozart et des Romances inédites d’un compositeur métis,contemporain de «Wolfi», maniant aussi bien le violon que l’épée : le Chevalier deSaint-Georges est le fils d’une esclave et d’un noble, qui l’a élevé dans l’espritdes Lumières. Un concert-lecture intitulé Amadeus & le Don Juan noir àdécouvrir, d’autant que la plupart des partitions sont inédites !J.F.

MARSEILLE. Le 4 juin à 20h30 à la Villa MagaloneARLES. Le 5 juin à 20h30 au Temple Réformé09 51 16 69 59 - www.baroquesgraffiti.com

On sait combien Shakespeare a cons-titué un modèle pour les romantiques.Ambroise Thomas (1811-1896) est unmusicien français qui a marqué la pro-duction lyrique au XIXe siècle. Il est hélasaujourd’hui un peu délaissé, même enses propres terres… comme tant d’autresdes ses pairs : Adam, Auber... Ce com-positeur a trouvé dans Hamletune sourced’inspiration qui a définitivement scellésa notoriété internationale (après Mignon,son second chef-d’œuvre). L’Opéra de Marseille a la bonne idéede produire ce bijou lyrique en faisantappel à l’équipe qui fut saluée dansMaria Golovine en 2006. C’est VincentBoussard qui met en scène le dramenordique «pris dans les canons du siècleromantique» ; les décors sont signéspar Vincent Lemaire, les costumes

de la main de Katia Dufflot, le toutéclairé par Guido Levi.Tête d’affiche internationale, se produi-sant sur les plateaux les plus prestigieux,c’est la soprano Patrizia Ciofi quiinterprète, pour la première fois de sacarrière, le rôle aérien d’Ophélie. Elleest entourée d’une distribution royaleemmenée par la mezzo Marie-AngeTodorovitch (Gertrude) ou le barytonFranco Pomponi invité pour le rôle-titre. L’Orchestre et les Chœurs del’Opérasont dirigés par Nader Abbassi.J.F.

MARSEILLE. Hamletdu 26 mai au 6 juinà l’Opéra 04 91 55 11 10 -http://opera.marseille.fr

Le Festival de Musique Sacrée sepoursuit à St-Michel avec les Corsesd’A Filetta. L’éminent groupe polypho-nique emmené par Jean-ClaudeAcquaviva imagine un programmeconstruit autour de la Passion du Christet plus généralement de l’idée de lamort. Des chants sacrés issus de latradition orale ou des créations originalesfondent une sorte de liturgie originale(Passione le 21 mai à 20h30). La manifestation s’achève avec le NisiDominus, le Laudate pueri de Vivaldi etle douloureux Stabat mater de Pergo-lèse, expression baroque de la douleurde la Mère au pied de la Croix chantée

par les voix entremêlées de PascaleBeaudin (soprano) et Marie-AngeTodorovitch (mezzo). L’OrchestreRégional de Cannes PACA est placésous la direction de Philippe Bender(le 28 mai à 20h30).Sans oublier Les plus beaux AirsSacrés  à l’église des Olives le 21 maià 16h et à la Basilique du Sacré-Cœurle 26 mai à 20h30 par les élèves duConservatoire Pierre Barbizet.J.F.

MARSEILLE. 15e Festival de MusiqueSacrée jusqu’au 28 mai04 91 55 11 10 - www.marseille.fr

En fin de Contes

Orphée en juin

La Ciofi dans Ophélie

Passions sacréesMai baroque

Miroirs du temps présent

A Filetta © Boccalini

Ensemble Telemaque © Agnes Mellon

An die MusikKlaus Weise est un grand chef, spécialiste en particulier de la musique alle-mande. Gageons qu’il insufflera à l’Orchestre Philharmonique de Marseille,une flamme passionnée vitale dans les fameux Prélude et Mort d’Isolde (Tristan undIsolde), l’Ouverture et Bacchanale (Tannhäuser) de Richard Wagner et la Symphoniealpestre, op.64 de Richard Strauss.J.F.

MARSEILLE. Le 12 juin à 20h à l’Opéra04 91 55 11 10 - www.marseille.fr

Mandarin merveilleuxPour ses deux derniers rendez-vous, laChapelle du Méjan invite un pianistepuissant et virtuose. Zhong Xu jouedes extraits des Années de pèlerinage(Italie : Sonetti del Petrarca etSuisse:Valléed’Obermann) de Liszt, la Sonate n°3op.58 en si mineur de Chopin et laSonate n°28 op.101 de Beethoven (le4 juin à 20h30). Deux jours après, enmatinée, on entend Stéphanie-MarieDegand (violon), Miguel Da Silva(alto) et Henri Demarquette (violon-celle) dans le Divertimento en mi bémolmajeur K.563, avant que le pianistechinois les rejoigne pour le Quatuor enmi bémol majeur op.47 de Schumann.(le 6 juin à 11h).J.F

ARLES. Chapelle du Méjan04 90 49 56 78 - www.lemejan.com

Père & filleSi Bernard Foccroulle dirige depuis 2006 le festival d’Art Lyrique d’Aix-en-Provence, on n’oublie pas qu’il est (avant tout ?) un éminent organiste ayantenregistré, entre autres, l’intégrale de l’œuvre pour orgue (chez Ricercar) de Jean-Sébastien Bach sur desinstruments historiques.Visiblement, le musicien aeu quelques tuyaux aupays de Cézanne, puisquec’est à la tribune de Saint-Jean de Malte qu’il mêleles jeux du buffet de l’orgueau coffre de sa sopranode fille Alice qui émerveil-le dans Schütz, Buxtehude,Purcell… et Bach (le 26 maià 20h30).Le dernier récital de la sai-son des Concerts d’Aixréunit deux jeunes pianis-tes : l’aixoise CélimèneDaudet et EmmanuelDespax autour d’un pro-gramme Chopin (le 6 juinà 20h30 dans la Cour del’Hôtel de Ville).J.F.

AIX. Concerts d’Aix04 42 63 11 78 -www.concertsdaix.com

B. Foccroulle © Johan Jacobs

H. D

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MARTIGUES | DRAGUIGNANCAHIER JEUNESSE

Théâtres en Dracénie essaime ses Petites formes decirque depuis Draguignan jusqu’au Muy, Ampus etTrans-en-Provence (10, 11, 12 juin). Pas un espacepublic n’échappera à la déferlante ! Places et parkings,jardins et boulodromes sont «réquisitionnés» pouraccueillir Prise de Pied, Dare d’Art, L’Aimant et BegatTheater, quatre compagnies et autant de visages dela création circassienne actuelle. Il faudra bien troisjours pour découvrir les acrobaties de la Cie Prise dePied qui, dans Un p’tit porté, explore les émotions dejeunes parents, de la naissance de leur enfant jusqu’àses premiers pas. Poétiques en diable, Saïlen Rose etBenoît Heliot ont l’art de danser avec un parapluie etun accordéon, et même un landau… Le duod’acrobates Gréta et Gudulf qui marie l’humour etla voltige aérienne avec un sacré sens du rythme, dela répartie et de l’apesanteur ! Il faut avoir le cœurbien accroché… Antoine Le Menestrel (Cie Lézardsbleus) qui n’a rien trouvé de mieux que la danse

escalade pour conquérir le cœur de sa belle : alorsquand Folambule-Roméo cherche sa Juliette auxbalcons des façades, sachons garder les pieds surterre. Quant au Begat Theater, le spectateur devrapénétrer, seul, dans sa boîte à histoires où l’attendentLes Demeurées : la Varienne, l’idiote du village, cellequi perçoit la vie autrement, sa fille Luce etl’institutrice, Mlle Solange… Ah, la, la, quelleexpérience : intime, déroutante, sonore et imagée !Attention, décollage imminent…M.G.-G.

Petites formes de cirquedu 10 au 12 juinThéâtres en Dracénie, Draguignan04 94 50 59 50www.theatresendracenie.com

Un p’tit porté, C

ie Prise de pied © X-D

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Exit l’Odyssée des lecteurs, biennaleconsacrée aux livres et aux auteurs !Mais bienvenue à une plus vasteOdyssée : la manifestation martégales’ouvre plus largement sur le métissageculturel, la biodiversité et l’environ-nement et dure plus longtemps, touten investissant pleinement la ville et sesalentours. L’Odyssée, dont le conceptoriginel est de «construire avec et pourle plus grand nombre des parcours, desespaces culturels et artistiques pluri-disciplinaires» prend place dans le cadrede Marseille capitale européenne de laculture 2013 autour de deux axesforts : «Martigues, la Méditerranée, lemonde» et «Babel Martigues, ailleurscomme ici». La manifestation, engagéeentre autres dans la sauvegarde de la

biodiversité en Méditerranée, pro-gramme donc une conférence (Tortues,requins et cétacés… pouvons-nous lesprotéger ?), une table ronde sur Lesespèces migratoires face aux embûchesqui jalonnent leur voyage et une expodu CESTmed d’une dizaine de pan-neaux traitant des tortues marines,ainsi que deux spectacles événements.Champ Harmonique et L’Odyssée deBigsi, spectacle déambulatoire du plas-ticien scénariste Thierry Pierras sur latortue Caouanne, espèce migratoireprotégée en Méditerranée, créé à lademande de l’association pour l’Ani-mation des maisons de quartiers deMartigues. Bigsi, immense automate de10 mètres de long devrait faire sensa-tion lors du défilé avenue Louis Samut

le 29 mai à 21h. En clôture, le 5 juin à 21hà la Halle, le spectacle Punjabcaravan :c’est le fruit d’un travail qui mêlemusique et danse, mené conjointe-ment par Eric Fernandez, Souad Massi,Dj Ravin et les musiciens et danseursdu conservatoire, les associationsculturelles de danse et de musique dela MJC. Ce n’est pas tout puisque laquinzaine sera émaillée, dans diverslieux de la ville, de récits de voyages, deprojections, de débats, d’un parcoursurbain sur l’immigration et le refuge, decontes…

Faire chanter le ventDurant toute la durée de l’OdysséePierre Sauvageot, compositeur lunaireet néanmoins directeur inspiré deLieux Publics, installe 500 éoliennessonores sur la longue bande de terrede la Pointe de Bonnieu - après lepont, tout juste entre l’Étang, le ciel etla mer. Un endroit où les ventss’emmêlent souvent les pinceaux.L’idée : faire entendre les sons produitspar ces souffles dans des instrumentsconstruits tout exprès, depuis lemoulin à deux, trois ou cinq tons, jus-qu’aux épouvantails balinais, en passantpar des hélices, des sirènes, des gongs,des arbres à flûtes… Tout y est prévu,composé aléatoirement mais pas parhasard : selon la force et la directiondes vents les percussions, accordéesou non, déclinent leurs modalités. Leséoliennes sont aussi sublimes, belles deleur ferraille et de leur artisanat, et leparcours est soigneusement chorégra-

phié… À voir et à réentendre, quandle jour se lève, en plein soleil, quand lanuit apaise les derniers souffles de lamer : au festival d’Oerol plus de 10000visiteurs n’en sont pas revenus. Ouplutôt : y sont revenus souvent ! DO.M. ET A.F.

L’Odyssée de MartiguesChamp Harmoniquedu 26 mai au 6 juin04 42 44 32 26www.odyssee-martigues.org

Martigues sur tous les fronts

ça bourdonne !

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47AUBAGNE | VITROLLES ÉVÉNEMENTS

Le rendez-vous traditionnel des artsde la rue aubagnais Chaud Dehorss’annonce aérien, clownesque, enflam-mé… et transformera, durant deux jours,le centre-ville d’Aubagne. Ouverturedes festivités le 4 juin avec le Filoscopedes frères Thonessen de la cie Carabosse(visi-ble le lendemain également), un «ma-nège» aérien sur lequel les 3 zigotosaccrochent de fabuleux tableauxanimés, véritables pépites poétiques quiforment un journal intime pour le moinsoriginal… Une autre de leurs fantaisies,un peu plus tard dans la soirée, devraitréjouir petits et grands : Chez Cocotteest une machine, un théâtre à vapeuret soupapes sorti tout droit de l’ima-gination de Cocotte, vrai-faux cheminotretraité… Et pour clore cette pre-mière salve, les clowns de La IndustrialTeatrera sèmeront leur optimisme, lenez Rouge de l’amour remplaçant pro-gressivement le nez bleu du désastredans un spectacle inspiré d’un poèmede Palau I Fabre. Le lendemain dès 18hsur le cours Foch, entraîné par Rogerle Montreur, le public s’initiera à ladanse avant de participer au Ballet du

Montreur, poétique et festif. Plus in-timiste, mais tout aussi poétique, Wemeet in Paradise de la cie ThéâtreFragile, fable humaniste et touchantesur l’asile, le déracinement, l’accueil…En fin de soirée la cie Entre Terre et Cielproposera un voyage envoûtant aupays du feu et de la danse avec Neigede feu, spectacle étonnant créé et jouépar Lara Castiglioni.

Rendez-vous Chaud Dehorsles 4 et 5 juinCentre-VilleThéâtre le Comœdia, Aubagne04 42 18 19 88www.aubagne.com

Cie C

arabosse Chez C

ocotte © Sylvie M

onnier

La fête despitchounsDans le parc du domaine de Fontblan-che à Vitrolles, Festi’Pitchou proposeaux enfants et aux familles des momentsconviviaux (goûter collectif), ludiques(manèges à pédales) et artistiques(fanfare Samodiva et théâtre de ma-rionnettes). Au programme : Latypiquecompagnie et sa célèbre Mémère  !dans sa caravane pliante, Kartoffelnavec Mon ange gardien, le ThéâtreChignolo qui perpétue la tradition duGuignol lyonnais dans Le déménage-ment fantastique et Fluide corporationqui offre aux tout-petits dès 18 moisun Blou Baladou tout doux…

Festi’Pitchoumercredi 9 juin à partir de 14hDomaine de Fontblanche, Vitrolles04 42 02 46 50

Quand la rue s’enflamme

48 ÉDUCATION TÉLÉMAQUE EN COLLÈGE | COMPAGNIE SKAPPA

Dans le cadre des actions initiées par le Conseilgénéral envers les collégiens, l’Ensemble Télémaquea proposé une lecture du Quatuor pour la fin dutemps d’Olivier Messiaen à des élèves de 3e ducollège Vieux Port. Comment des élèves en Zoned’Éducation Prioritaire allaient-ils entrer dans cetteœuvre difficile ? Le professeur d’éducation musicale,Anne Ligonnière, avait remarquablement préparé sesclasses pour une écoute et une participation parfaites. 1941 : quatre musiciens, prisonniers dans un stalag,créent avec des instruments médiocres et lacomplaisance d’officiers mélomanes, ce quatuor..C’est tout l’art de Raoul Lay, chef de Télémaque, decaptiver l’auditoire, entre récit, interprétation et

analyse. Il énonce les quatre facettes du styleMessiaen : doctrine catholique, rythme, son-couleur,chant des oiseaux. Les musiciens sont de merveilleuxcomplices de ce jeu permanent entre l’art et lapédagogie souriante. Hubert Reynouard, piano, nousenvoûte par sa générosité, dans les passages lyriquesfortissimo et une sensibilité à fleur de peau dans despianissimi suspendus (Vocalise pour l’ange qui annoncela fin du temps). Le violoncelliste Guillaume Rabierexplique les sons harmoniques, effleure les cordes,les fond en de grands glissandi (Fouillis d’arc-en ciel,pour l’Ange qui annonce la fin du temps). Épreuve dusouffle, temps suspendu  : Abîme des oiseaux à laclarinette solo de Linda Amrani, très expressive,

évoque la terre (longues tenues) et les oiseaux (traitsvirtuoses). Louange à l’éternité de Jésus est un voyagedu pianissimo au fortissimo, et le violoncelle signe unlegato pour la fin des temps  ! L’énorme unissonDanse de la fureur, pour les sept trompettes, estsaisissant. Le chef demande aux élèves de reproduireun rythme : très concentrés, ils comprennent mieuxà la deuxième écoute. Puis le débat s’installe : pourquoile choix de cette œuvre ? Combien d’heures de travailsont nécessaires pour monter ce quatuor ? La Louangeà l’immortalité de Jésus pour violon et piano est unlent abandon, extatique, magnifié par les deux artistes,accords au piano accompagnant l’élévation finale duviolon de Yann Le Roux-Sèdes, élégiaque etmélancolique.Quatre musiciens exceptionnels, un chef conteur etmusicien, ont conquis des adolescents attentifs etadmiratifs. Élever l’écoute en défendant des choixdifficiles est tout à l’honneur de l’EnsembleTélémaque qui poursuit son travail de recherche etde création, sans le distinguer de la diffusion et de ladémocratisation. Puisse cette séance annoncerd’autres vibrations pour ces collégiens ! YVES BERGÉ

Cette séance pédagogique a eu lieu au collège duVieux Port (Marseille), de Saint-Chamas et de BerreL’étang du 27 au 30 avrilÀ noter : Le Quatuor pour la fin des temps sera jouéaux Bernardines le 29 mai (voir p 44) www.ensemble-telemaque.com

Zone sensible : la qualité comme exigence

Te� le�maque © Yves Berge�

Nouvelle action éducative du Conseilgénéral 13, à destination des plusjeunes des collégiens, et d’un grandraffinement : la compagnie Skappa aprésenté une installation IN 1 et unspectacle sur le thème de la natureautonome, résistante au béton,créatrice de poésie et de voyages.L’installation visible ce jour-là au collègeLongchamp par une classe de 6e estcelle des bottes. Le dispositif en estsimple : deux bottes de jardin sontposées au sommet de trois petitesmarches de bois et une dizaine de

spectateurs s’assoient en demi-cercleen face. Une bande-son s’élève tandisque la lumière baisse, les yeuxs’habituent à la pénombre et - l’oncroit rêver - quelque chose se met àsortir très doucement des bottes, desombres se projettent sur le mur. Peu àpeu on voit que ce sont des fleurs quigrandissent et s’épanouissent, puisregagnent l’intérieur des bottes. Fin decet instant magique. Certains enfantsont senti le parfum des fleurs ! IN 2 a lieu dans la salle d’arts plastiques.Au début Isabelle Hervouët s’adresse

au technicien et l’on rentre dans lespectacle sans s’en apercevoir. Elle luidemande de régler la lumière, puis elledessine une fenêtre sur le mur tendude papier. L’image d’un arbre qui agiteses feuilles est alors projetée. Le doigtde la comédienne se déplace sur lemur et un rayon de lumière le suitcréant l’illusion que la lumière vient deson doigt. C’est une leçon de«rajdinage» qui commence, terre etboutures sur fond de musique jazzy. Lepersonnage dessine de plus en plusfébrilement, les lignes se croisent, les

taches de couleur s’étalent, les papiersse déchirent ou se superposent. Unjardinier, maître du monde végétal,occupe tout le mur. Le dessin semélange aux graphismes projetés.Chants d’oiseaux, bruits légers de l’eauqui goutte, histoire du temps qui passeet du temps que l‘on compte.CHRIS BOURGUE

IN 1 et IN 2 sont joués jusqu’au 21 maidans les collèges Longchamp, Pont deVivaux et Romain Rolland (Marseille)

Nature vivante

In 2 , Skappa ! © C

hristophe Loiseau

49PRINTEMPS DES LYCÉENS| LA CRIÉE ÉDUCATION

La Grenouille et l’architecte est un travail réjouissantqui rend hommage aux élus locaux de tous les bords,à partir des actes de divers conseils municipaux,introduits par quelques extraits de la République dePlaton : les élus défendent-ils leur conception du biengénéral, ou leurs intérêts propres ? La réponse deThierry Roisin est généreuse, appuyée sur lescomptes-rendus de débats, et quelques confidences– une fois par an, entre des centaines d’invectives et deréclamations, on reçoit une ou deux lettres defélicitations... La comédie, alerte, sedétache du ton documentaire pourjouer une polyphonie… à laquelletous les élèves de troisième ducollège Gaston Defferre ont assisté.Préparés par leurs professeurs et lemetteur en scène, leur écoute futparticulièrement attentive, et ils nousont livré leurs impressions :Plusieurs thèmes importants de la viedes citoyens sont abordés avec unegrande justesse, sans porter dejugements  : diverses opinions sontdonnées, le côté positif et le côté négatifde la démocratie, de la politique actuelle,laissant ainsi le spectateur libre de

réfléchir à ces notions fondamentales.MATHILDE ET MARINEJ’ai été surprise que les acteurs puissent jouer plusieursrôles. J’étais perdue dans les personnages. Je necomprends pas qu’une femme puisse jouer le rôle d’unhomme. MYRIAMQue les acteurs jouent plusieurs rôles apporte del’originalité à l’œuvre. MATHILDE ET MARINEPour moi, ce n’est pas du théâtre, les acteurs étaientcomme des musiciens. ANNA 

J’ai trouvé cette pièce très active même si le débutressemble à une leçon de philosophie  ; la suite estmarrante. ANTOINECette pièce est drôle alors que le sujet n’est pas censéêtre drôle. Ils nous font découvrir un conseil municipald’une autre manière. CORALIE Le rapport public-acteurs est une dynamique importantedans cette création. Les gradins en fond de scène medonnaient l’impression d’être dans une assemblée. Je mesuis alors sentie plus impliquée et j’avais envie de

participer au débat et de donner monavis. RAPHAËLLALe plateau à roulettes avec le sable etles projections enrichissent la pièce.MARCC’était la première fois que j’allais authéâtre avec de véritables spectateurs.MATHIASJ’ai vraiment apprécié d’aller réellementau théâtre, même si je pensais être dansune plus grande salle. Sans le collège jen’y serais sans doute jamais allée. LÉA

La grenouille et l’Architecte a été joué du 21 au 24 avril à La Criée

Vive la politique !

Cette manifestation existe depuis 1992 et en 2000,sous l’impusion de Michel Vauzelle, les pays dupourtour méditerranéen y ont été invités pourfavoriser les rapprochements de leurs adolescents,mettre en valeur leurs forces créatrices et œuvrerpour la Paix. En 2006, la manifestation s’est ouverteaux autres Régions de France. Ainsi le cercle s’estagrandi : 3000 jeunes, 450 enseignants, 146établissements publics et privés, 15 centresd’apprentissage, 7 régions françaises, 16 pays commele Liban, Israël, l’Égypte, l’Albanie... dont les délégationsviennent d’établissements sélectionnés généralementdans les lycées des capitales.

Citoyen... et festif !Les groupes sont totalement pris en charge par laRégion (transport, hébergement, restauration) et dumatériel professionnel est mis à leur disposition.Chaque établissement peut proposer plusieursprojets pour des groupes de 6 à 10 élèves, chacunsous la responsabilité d’un enseignant. Aprèsl’ouverture par le grand défilé des étendards, lesépreuves se sont déroulées durant 2 jours. Auprogramme théâtre, arts de la rue, danse, musique,mode, vidéo, et des défis Sports de printemps. Maisaussi performances en direct en arts plastiques avecmatériel fourni, identique pour tous, et présentation

de projets citoyens à but humanitaire, civique ouenvironnemental. Radios et journaux ont aussi leurplace : les lycéens exposent la maquette de leurprojet et réalisent les reportages du Printemps avecinterwievs, photos, restituant la mémoire des instants

forts de ce Printemps ; pour la radio 10 minutesd’antenne. En tout 33 lycées ont été primés.Dans une ambiance excellente, un concert avec DJet VJ, video-jockey, a animé la soirée tandis que dansla journée un orchestre, l’Impérial Kikiristan, faisaitrésonner ses cuivres. Le tout sous le soleil et le longdu canal avec vue sur la vieille ville de Martigues…CHRIS BOURGUE

Le Printemps des Lycéens et des Apprentis a eu lieules 6 et 7 mai

Alors que les intempéries avaientempêché son bon déroulement l’andernier, le Printemps des Lycéens et des Apprentis de la Région PACA a réussi sa 18e édition

Int�grerValérie Tersen, professeure d’une classe du CAPNouvelles chances au lycée Ferdinand Revoul àValréas, accompagnait ses élèves avec un projetcitoyen : «Les élèves de cette classe sont sortis de 3e

sans orientation et avec un niveau faible. On leurpropose une remise à niveau encadrée par un projetpédagogique fort qui les remotive. Il s’agit d’une actionde solidarité intitulée Ne laissons personne sur lebord du chemin. Nos élèves correspondent avec desmineurs en centre de détention, font des animationspour des malvoyants, des enfants malades... LaRégion aide ce type de projet dans le cadre d’uneConvention Vie Lycéenne et Apprentie (CVLA)». Leur sélection pour participer à ce Printemps leuraura peut-être donné le coup de pouce dont ilsont besoin, pour s’intégrer en intégrant l’autre.C.B.

Printemps effervescent

La grenouille et l’architecte © Éric Legrand

Printemps des lyce�ens et des apprentis © Vale�rie Tersen

50 SPECTACLES NÎMES | GTP | GRASSE | LE REVEST

«Calme, calme… Patience, patience» répèteinlassablement la voix off aux quatre compères encamisoles enfermés entre 5 blocs de bois, grands etencombrants, et 12 boîtes. C’est que ces hommesau crâne rasé, quasi interchangeables, pourraientdevenir fous s’ils n’y prenaient pas garde  !Heureusement, ils rivalisent d’inventivité - questionde survie - et s’ingénient à déborder du cadre pourêtre heureux. Comme dans un jeu de quilles, tout iciest question d’équilibre, d’abord entre leurstempéraments bien trempés (le facétieux, l’angoissé,l’incrédule, le naïf) ensuite dans leurs corps quigrimpent aux arbres, échafaudent des installationspérilleuses, jouent au chat et à la souris, jonglent avecdes boules en bois. Le ballet des Argonautes est siminutieusement orchestré et sa partition exécutéeavec la précision d’un métronome que rien ne peutenrayer la machine : pas un mouvement du corps,pas un déplacement d’objet, pas même une fausse

note de violon (les jongleurs acrobates sont aussimusiciens !). Alors d’où vient cette folie absurde quidéclenche l’hilarité ? De l’interprétation muette etjoyeuse, de la fantaisie de l’histoire, du comique desquatre bâtisseurs, de la réjouissance de leursperformances. Chacun teste les limites de l’autre,adopte une allure désinvolte ou fait mine d’être encolère quand le bon ordonnancement des chosesest en péril. Gare à celui qui pousse un peu trop lafarce ! Mais tout est bien qui finit bien et le quatuorparvient à s’accorder : ce n’est pas la compositionpour 1 violon à 4 mains qui dira le contraire…M.G.-G.

Pas perdus a été donné les 21 et22 avril au Théâtre de Grasseet les 26 et 27 avril au PôleJeunePublic au RevestPa

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Le 9 mai dernier, un public jeune, très jeune, étaitassemblé au GTP pour assister à Chante-moi unehistoire. Accompagnée avec finesse au piano par

François Kerdoncuff, la cantatrice entre en scène,précédée de son chant. Clair obscur, robe longuerouge, impressionnante… mais une connivence quasiimmédiate s’instaure avec le public. La diva se raconte,ses routes, ses tours de chant, elle prend une pause,grâce à nous. La robe laisse la place à un costumeplus commode, dans lequel on peut bouger, jouer…rappeler des souvenirs d’enfance, depuis lasavoureuse chanson du bébé de Rossini où les  «pipicaca» s’en donnent à cœur joie, jusqu’à La Fontainerevisité par Offenbach (impossible d’oublier la cigaleet la fourmi après cela !), ou Prévert qui nous entraîneautour du monde «en sortant de l’école»… Uneinterprétation enjouée, juste, sans faux effets, une voixqui ne bouge pas malgré les difficultés, et unemagnifique articulation qui rend compréhensibles lespassages vocaux même les plus délicats ! Le voyage

musical s’appuie avec intelligence sur de petits objets,livres cartonnés qui s’ouvrent sur de merveilleusesarchitectures de papier : les animaux naissent ainsi surle piano, une valise s’ouvre sur un voyage quis’anime… Une veste et un chouchou dans lescheveux, l’aventure est à nos portes ! La cantatricereprend sa robe de travail, remercie le public dubonheur de cette récréation… Agnès Mellon reçoitun succès mérité : elle a captivé pendant une heurele plus terrible et le plus exigeant des publics : lesenfants !MARYVONNE COLOMBANI

Le récital d’Agnès Mellon s’est déroulé le 9 mai au Grand Théâtre de Provence

EnvoûtantLe rêve parfois sur scène se matérialise. C’est ce quise passe lors de Flowers in the mirror par la troupe del’Opéra du Sichuan de la ville de Chengdu, dans lasuperbe mise scène de Charles et Vincent Tordjman.Le court livret précise l’importance de l’œuvre,inspirée d’un roman qui fait partie des grandsclassiques de la littérature chinoise de la dynastie Qing(1644-1911), mais c’est à la magie extraordinaire duspectacle que l’on est le plus sensible. Le décor jongleavec les reflets, la mise en scène travaille les espaces,joue sur les profondeurs, l’artifice théâtral se trans-forme en objet même de théâtre… Les modulationsdes voix, les intonations, les phrasés nous emportentdans un autre monde, tout de subtilité, de décalagesinfimes… Les costumes participent de la fête, dansleur chatoiement, leur variété, leur infinie complexité. Le conte de la déesse desfleurs bannie puis réconciliée avec le monde des immortels est charmant, et gardecependant au-delà du merveilleux une vision critique du monde des mortels,prenant les allures du conte philosophique… Quant aux saluts, c’est un autrespectacle offert au public que ces virevoltes, ces acrobaties gymniquesépoustouflantes, ces cracheurs de feu (on comprenait alors le vide des premiers

rangs!), et cet art des masques, qui se transforment le temps d’un battement decils… On côtoie le merveilleux !M.C.

Flowers in the Mirror a été joué le 4 mai au Théâtre de Nîmes et les 7 et 8 mai au GTP

Fantaisie hypnotique

Histoires de chant

Re�pe�tition Fleurs dans le miroir © X-D.R

Chante moi une histoire 2 © X-D.R.

51SPECTACLESLA FRICHE|MIRAMAS |BERRE | DURANCE | APT

Éric Goulouzelle construit ses figurinesdans l’atelier du Tas de sable à Amiens,lieu de création, de formation autourde la marionnette, créé par SylvieBaillon, metteure en scène, égalementformatrice à l’ENSAM de Charleville-Mézières. Pour Léon, Li, Louis unecommande a été passée à ValérieDeronzier sur le thème des peurs etdes émotions enfantines. Résultat : troishistoires de 15 minutes qui s’enchaî-nent, chacune dans une tonalitédifférente. Les marionnettes sontmanipulées à vue par leur créateur etÉlisa Voisin devant un décor trèssobre  : des arbres blancs découpésderrière lesquels se cache le jeuneLéon avant de partir à l’école où ilretrouve ses copains, figurines coloréesen ribambelles. Ce jour-là il rentre pour

la 1ère fois en contact avec «la toujoursseule» et toute bleue, Ilka. Et c’est ungrand trouble qui les saisit : Léon sesent tout léger et tout à l’envers, et il

s’envole comme un ballon! Puis vient lapetite fille modèle, Ma, tout en rose etdiadème, sollicitée pour compterjusqu’à 100 et qui pique une colère

terrible. Pour finir le petit Louis a peurdu noir et ne veut pas dormir...Spectacle qui apprend à nommer lesémotions sur fond de musique électro-acoustique et de voix d’enfantsenregistrées. Chaque histoire estsoulignée de comptines et certainsenfants des trois classes maternellesprésentes le 30 avril chantonnent enrepartant… Création sensible pourenfants sages... ou pas !CHRIS BOURGUE

Léon, Li, Louis, par la Cie Ches PansesVertes, s’est joué du 24 avril au 4 maiau Petit Théâtre de la Friche Bellede mai

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Accueillis par de drôles de spatio-nautes silencieux, sous un dôme éclairémuni de grandes fenêtres, les petitsspectateurs étaient prêts à décoller, àaller voir de plus près ce qui se passedans les étoiles, dans cette soucoupeétrange, quand la lumière du jours’éteint… Sur les murs et par les hu-blots, des jeux d’ombres, magnifiquesapparitions colorées, qui laissent présagerd’un voyage lointain. À des années-lumières de la terre, une petite planètese laisse approcher : là, hors du temps,vit un drôle de petit bonhomme, Ploum,marionnette manipulée dans le noirqui se déplace sur son parapluie etdont on savoure les sauts en ape-santeur pour attraper les étoiles, jouerau ballon ou échapper au monstreglouton dévoreur de planète… Et

rencontrer celle qui, comme lui, habiteun bout d’univers, celle avec qui ilpourra flotter encore longtemps aumilieu des étoiles. Revenus sur terre, lesenfants, presque déçus de reconnaîtreun environnement familier, purentapprécier un nouveau lever de soleil(malgré la pluie !). Formidable ouver-ture sur l’imaginaire concoctée par lacompagnie Le Clan des songes, qui,par des silences et des images, permetun véritable voyage bien loin de laterre…DO.M.

La Nuit s’en va le jour a été joué au théâtre de la Colonnele 28 avril et au Forum deBerre le 5 mai

Au fin fond de l’universLa nuit sen va ©

JL Sagot

Dans son grand livreillustré, le Vélo-Théâtre aouvert la page à la lettreL comme loup et Mcomme maison. Et sur lacouverture, il a écrit engrosses lettres noires,bien épaisses, «Et il memangea». On pense im-médiatement au PetitChaperon rouge, bien sûr,sauf que sa version estinédite, sombre, cruelle etsi décalée ! Le loup a unequeue de loup (la tris-tesse de Charlot Lemoinehurlant à la mort arra-cherait des larmes à un macchabée !) ; la maison de mère-grand est là, mais réduiteà une maquette ou dessinée sur du calque à partir d’un rétro projecteur (lacompagnie excelle dans le théâtre d’images). Et le Petit Chaperon rouge estméconnaissable : il a pris un sacré coup de vieux avec ses cheveux gris et son pastraînant, égrenant ses souvenirs (le filet de voix monocorde de Tania Castaing dittoute la détresse de la violence vécue). Et puis, dans cette maison qui devient «lethéâtre de nos peurs», il y a un drôle de personnage : un factotum muet quimanigance, épie, et qui, à ses heures perdues, se fait passer pour un lapin. ExcellentJosé Lopez dont c’est la première apparition sur scène. Dehors, le loup rôde ;dedans, la petite fille se souvient. Et tout se mélange : la metteure en scèneFrancesca Bettini et ses complices déstructurent l’histoire, inventent despersonnages, transforment le loup en victime et le Petit Chaperon rouge enbourreau. Un comble ! Mais qui a mangé qui ?… Admirablement éclairée,ingénieuse dans sa forme (théâtre d’ombres, papiers déchirés, accessoiresminiatures), la nouvelle création du Vélo-Théâtre raconte modestement unehistoire bestiale. Et livre un dernier message subliminal : soyez courageux, sortezla nuit !M.G.-G.

Et il me mangea a été créé au Théâtre Duranceles 22 et 23 avril, et au Vélo-Théâtre à Apt les 25 et 26 avril

Naissance des émotions

Une histoire criminelle…

Et il me mangea © X-D.R.

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Annoncé pour un public à partir de 6ans, Le Globe de Thierry Bedard met ladragée haute : il faut être âgé d’aumoins 10 ans pour comprendre «uncertain état du monde, et un certaindésastre dans nos relations avec lemonde». Si la scénographie et l’inter-prétation sont admirables, il estinimaginable de croire que de jeunesenfants peuvent retenir une once d’infor-mation sur la théorie de l’incertitudede Kant et la pensée co-constructivisted’Edgar Morin ! Excepté les intervallescomiques de la conférence, l’inter-activité ponctuelle avec la salle, lesglobes en plastique qui font pschittquand ils crèvent et le vrombissementd’images stroboscopiques, ils décro-chent immédiatement et le calme estbien difficile à retrouver… Dommagecar le duo de choc maître de conférenceet assistant fonctionne à merveillejusque dans la caricature : rigidité pro-fessorale pour l’un, esprit lunaire pourl’autre et facéties pour les deux.

Mitraillés par une avalanche de chiffreset de noms propres, seuls des élèvesaguerris à l’économie, la culture, lareligion, le social, la diplomatie, la démo-graphie pourront tirer le meilleur partide cette leçon de géopolitique intel-ligente et instructive. Et dépasser lestrouvailles ludiques et visuelles duspectacle pour en saisir tout l’enjeu :depuis le premier homme sur la terre,la guerre fait rage, et l’avenir estincertain. Bombes atomiques, réchauf-fement climatique, exploitation desrichesses, contrôle des voies d’accès…la compagnie Notoire est en alerte etavise la jeune génération de l’état dumonde : adultes de demain, réveillez-vous !MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Le Globe a été joué les 11 et 12 maiau PôleJeunePublic au Revest et au Théâtre Massaliales 18 et 19 mai

SPECTACLES52 TOURSKY | GYMNASE | SALINS | PÔLEJEUNEPUBLIC | MASSALIA

Philippe Genty est-il jamais retombé sur terre ? Oupréfère-t-il vivre entre deux océans, deux déserts,sans se détacher de ses voyages rêvés ou réels ni despaysages traversés aux quatre coins du globe… Il enfait même la matière de son spectacle, Voyageursimmobiles, prolongement de Voyageur immobile crééen 1995. Là où il était question d’un seul personnageprisonnier de ses propres voyages intérieurs, voiciqu’une horde d’ombres errantes le rejoint.Semblables et pourtant distinctes. Et leur chevauchéeimprobable, leur quête d’absolu ne font quecommencer à travers des mers déchaînées, desdéserts blancs comme neige, lunaires, ou noirscomme la surface des lacs. Face au déploiement dedécors majestueux, aux dialogues surréalistes, à lacombinaison magique entre acteurs et marionnettes,à la débauche d’accessoires insolites (masques,

artifices poétiques, sacs plastiques, prothèses,chapeaux, bandelettes), le spectateur n’offre aucunerésistance. Le théâtre visuel et esthétique de PhilippeGenty l’embarque aussitôt vers des terres inconnues,des contrées désolées, vers un Eden enchanteur, àbord d’une barque chancelante ou d’unemontgolfière légère, légère… Le spectacle prendappui sur des situations réelles, un imaginaire collectif,des contes familiers et des chansons populaires avantde s’offrir de beaux dérapages contrôlés pour direque la vie est joyeuse et la haine le clignotant rougeavant la fin du monde…M.G.-G.

Voyageurs immobiles a été donné les 22, 23 et 24 avrilau Toursky

Voyageurs imm

obiles © Pascal Francois

Les adaptations des contesdes Grimm par OlivierPy ont un côté clinquant,factice et grosses ficellesabsolument réjouissant.Tapageurs, parlant tropfort, exagérant les effets,les comédiens adoptentla distance du clown, avecclins d’œil au public, àl’actualité, en glissant par-dessous, avec délectation,un discours subtil surl’amour, la vérité cachée,la révélation. La langueest toujours aussi belle,regorgeant d’aphorismes,illuminée de trouvaillespoétiques posées com-me négligemment dansles tirades. Quant auxdécors ils empilent desportes, dévoilent leursenvers, exhibent leursmachineries. C’est rouge,violet et noir, lumineux,énergique, dévoyé, provocet trans juste ce qu’il faut pour que lesenfants ne se choquent pas, et que lesparents rigolent, mystique et sublimejuste assez pour titiller un peu l’âme,sans trop agacer les matérialistes. Uneesthé-tique du factice qui montre quela vérité ap-parente n’est qu’un reflettrompeur, que l’illusion est partoutprête à vaincre, que rien n’est plusprofond et véritable que ce que l’oncroit faux. Excepté le faux des musi-

ciens, qui franchement, dans La VraieFiancée, arrache les oreilles…AGNÈS FRESCHEL

La Vraie Fiancée et L’eau de vie ont étéjoués au Gymnase du 27 au 29 avrilet aux Salins (Martigues) les 6 et 7mai

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Le Globe © T. Burlot

Extra-ordinaires voyageurs

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Le vrai du faux

Une forme allongée dans la pénombre remue, sortede mue gémissante qui n’a pourtant rien d’uninsecte… Dans cet univers souterrain où se meuventdes ombres menaçantes, un homme émerge,titubant, les gestes imprécis. Les minutes puis lesheures passent sans qu’il parvienne à se dresser. Dansla nuit Gregor Samsa, insecte modèle qui travailled’arrache-pied pour rembourser les dettes de sonpère et faire vivre sa famille s’est transformé en êtrehumain. C’est ainsi que le théâtre Mu s’empare de l’œuvre deKafka, inversant les rôles en rendant humain celui parqui le scandale arrive. La scénographie renforceencore la situation, la famille de Gregor étantreprésentée par des marionnettes de plus de 2mètres, manipulées à vue, fragiles et magnifiques. Mais

alors que le texte de Kafka s’attache à rendre réalisteet tangible le sentiment de l’absurde, la mise en scèned’Yvan Pommet se focalise sur la métamorphose etses conséquences sur le microcosme familial, et dansune moindre mesure social, de façon essentiellementvisuelle, reléguant le texte à une portion congrue.C’est dommage, la pièce perd de son intensité,laissant le spectateur au seuil du terrier…DO.M.

La Métamorphose a été jouée le 23 avril au Théâtre de Fos

SPECTACLES 53 THÉÂTRE DE FOS | LA CRIÉE | OMC SIMIANE

La Metam

orphose © Stephane Vallet

C’est à un beau voyage dans l’espace et le temps, àbord de l’Hirondelle et la Mésange, que nous ontconviés Fotokino et la Criée en proposant le filmd’André Antoine, restauré par la Cinémathèquefrançaise. On nous avait prévenus : datant de 1920, lefilm est projeté en 18 images/seconde, ce qui créeun scintillement… ce fut un éblouissement !Accompagnés brillamment à l’accordéon diatoniquede Marc Perrone, les spectateurs se sont promenésau fil de l’eau, le long des berges de l’Escaut. Quittantles péniches pour les rues d’Anvers, ils ont suivi lecortège de l’Ommegank qui fêtait ses 25 ans encompagnie du marin, Pierre van Groot et de safemme, Griet, de la jeune Marthe «en âge d’êtremariée» et de son prétendant, Michel, le «poisson

d’eau douce» qui navigue en eau trouble. Ils y ont vudes chars tirés par des chevaux, dont celui deRubens  ; ils ont franchi ponts et écluses, quitté laCriée pour le marché aux poissons de Tamise, assistéau dur travail de halage et à la savoureuse séance dephotos-truquages.Ce film, poétique et documentaire à la fois, quiraconte une histoire de contrebande, d’amour et detrahison, a permis aux spectateurs de s’évaderpendant 80 minutes de Marseille pour les Flandres etle Nord, et de découvrir qu’André Antoine, figurehistorique du théâtre, fut un réalisateur hélasmésestimé !ANNIE GAVA

L’Hirondelle et la mésange a été projeté le 30 avril à La Criée

Au fil de l’eau

Marc Perrone © X-D.R.

Réunir sur une même scène autour d’un mêmepropos deux théâtres aussi éloignés par la géographieet l’esthétique que celui de la commedia dell’ arte etl’opéra chinois, relève d’une double gageure, concilierdeux univers et deux langues. Cette improbable

entente s’est produite sur la scène de Simiane. LeThéâtre des Asphodèles, dans une mise en scèneinventive et drôle de Luca Franceschi, réussitbrillamment cet impossible pari. Les huit comédiens,chinois et européens, font un jeu du décalage des

langues. Inénarrables instants de doublage, detraduction simultanée, de dialogues dans lesquels lesphrases créent un tissu musical qui ajoute à la forcecomique des personnages. L’argument repose sur l’intrigue classique des amourscontrariées, tous les personnages de la comédie sontlà, de l’ingénieux Arlequin au vieux barbon bougon etau Matamore, marin en l’occurrence… Bien sûr, il ya les amoureux, la douce princesse chinoise enlevée,et l’amoureux rêveur qui poétise. Tout concourt àune magistrale réussite  : le jeu traditionnel desmasques et les prestations acrobatiquesépoustouflantes de l’Empire du Milieu, un langage dessignes comme universel, une connivence entre lesacteurs et le public, avec un jeu dans et hors duthéâtre : les comédiens se griment, se bousculentpour aller endosser un rôle, hurlent qu’ils ne sont pasencore prêts… L’art est vraiment le ciment despeuples.M.C.

Arlequin navigue en Chine a été joué à l’OMC Simiane le 24 avril

Commedia del mondo

Au fond du trou

Arlequin navigue en Chine © X-D.R

RoublardLa compagnie Ecla Théâtre, qui propose depuislongtemps des spectacles conçus pour le publicjeune, revisite-là un classique du répertoire, LesFourberies de Scapin. Si le texte est bien celui deMolière, la mise en scène d’Antoine Herbez privilégiela farce, lorgnant vers la fête, la liberté, l’humour et lasensualité avec force cascades et gags visuels qui fontde la pièce une comédie moderne.

Les Fourberies de ScapinCompagnie Ecla Théâtredès 9 ansjeudi 27 et vendredi 28 mai 9h30 et 14h30Auditorium de Vaucluse, Le Thor04 90 33 97 32www.auditoriumlethor.com

InsoliteQue peut-on faire avec quelques chambres à air ?Vous et moi sans doute pas grand chose, mais lesChapertons, eux, inventent un dompteur de cirqueet ses phoques, un couple de pingouins délurés, uncircuit de Formule 1, des poulpes et… Véritable odeau pneumatique, Goma Gom est un monde à partdans lequel les trois clowns espagnols se passent deparoles au profit d’un humour visuel dévastateur !

Goma Gomsamedi 29 mai 21hOffice municipal de la culture, Simiane04 42 22 62 34www.omcsimiane.com

RêveriesAuteur, compositeur, interprète, Robinson poursuitson exploration de la vie quotidienne des enfantsavec une nouvelle formule magique, titre de sonquatrième album : Ailleurs sera demain ! Unprogramme que le chanteur propose avec sesmusiciens Marc Hévéa (chœurs, claviers, accordéon,guitare et percus) et Bruno Perren (chœurs, guitareet banjo).

Robinsondès 4 ansvendredi 21 mai 18h30Espace Robert Hossein, Grans04 90 55 71 53www.scenesetcines.fr

HommageTout l’art du théâtre de marionnettes à gaine auservice de l’un des maîtres du théâtre, Antoine Vitez.À partir de quelques-uns de ses écrits théoriques, deses lettres et poèmes, le Théâtre aux Mains nuescompose Vitez en effigie comme une esquisse, «uneexpérience de théâtre/récit» et signe un magnifiquehommage à l’art de l’acteur tel que Vitez le concevait.

Vitez en effigieThéâtre aux Mains nuesspectacle présenté dans le cadre du Printemps sous lesigne de la marionnettedès 11 ansjeudi 3 et vendredi 4 juin 20hThéâtre Massalia, Marseille04 95 04 95 70www.theatremassalia.com

Trop court !Le collectif Et Doc !, le cinéma Utopia et le Théâtredes Doms font la fête aux courts toute une nuit !L’occasion de découvrir trois séries de films etrencontrer Louis Héliot (Centre Wallonie Bruxellesà Paris) et le réalisateur Christophe Lemasne (Anniede francia). Au programme, une sélection de courts-métrages belges, une séance long-court proposéepar l’association Cinambule et pour les noctambules,une séance «C’est provoc !». À l’heure des entractes,tout le monde est convié à apporter son pique-nique… le plus «long» possible.

Jolis courts de maivendredi 28 maiEt Toc !, 18h, Théâtre des DomsEt Doc ! 21h, UtopiaEt Hop ! à partir de minuit, UtopiaCinéma Utopia, Avignon04 90 82 65 36www.cinemas-utopia.orgThéâtre des Doms, Avignon04 90 14 07 99www.lesdoms.eu

De l’Art et du cochonLaurence Janner décape les Trois petits cochons deleur vernis hollywoodien pour revenir à la source duconte populaire anglo-saxon qui fait des petitsporcins de vrais animaux. Mais chut, surprise, d’autantqu’elle en profite pour faire couler beaucoup…d’argile  ! Changement de registre avec CommentWang-Fô fut sauvé, la plus célèbre des nouvellesorientales de Marguerite Yourcenar. Là, la poésie etle rêve l’emportent qui nous promènent de l’universdu vieux peintre Wang-Fô à celui du jeune empereur,qui ne connaît du monde que son dessin, et veut touten comprendre…

Trois petits cochonsdès 3 ansles 26 et 29 mai, les 2, 5, 9 et 12 juin 14h30reprise en septembre Comment Wang-Fô fut sauvédès 6 ansles 16, 19 23 et 26 juin 14h30Badaboum théâtre, Marseille04 91 54 40 71www.badaboum-theatre.com

SPECTACLES54 AU PROGRAMME

En piste !

Cité cirque n’a pas fini de faire son festival dans lesHautes-Alpes ! L’aventure se poursuit en compagniede Dominique Rousset et Claude Broyasse qui fontla tournée des Excentrés avec leur théâtre forainDomi et Claude (jusqu’au 25 mai, dès 7 ans). Ou l’artde transformer l’espace d’une caravane en haut lieude parodie. À Gap, Mathurin Bolze continue sur salancée et présente à La Passerelle, après Ali avec HediThabet, son tout dernier succès : Du goudron et desplumes (20 et 21 mai, dès 12 ans). Tandis quedéboulent en fanfare, sur le parking du Quattro, latroupe du Théâtre Dromesko et sa ménagerie pourArrêtez-le monde, je voudrais descendre (du 25 mai au1er juin). Un univers insolite où se côtoient hommeset animaux et se succèdent situations cocasses, balletd’amoureux, mariages improbables, anges musiciensencagés et malades perfusés à la vodka… Bouquetfinal avec la compagnie Pré-O-Ccupé/Nikolaus et sonRaté-Rattrapé-Raté qui jongle avec les mouvementsdu corps, les numéros de clown et la parole (28 et29 mai, dès 7 ans). Attention, ratages et chute deballes annoncés !M.G.-G.

Cité cirqueFestival de cirque et de théâtre de ruejusqu’au 1er juinGap et Hautes-Alpes04 92 52 52 52www.theatre-la-passerelle.euwww.theatre-le-cadran.eu

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Vitez en effigie © Em

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Cauchemar blanc d’après Moebius, réal. Mathieu Kassovitz

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Percuasif !Toute la réussite de Parce qu’on va pas lâcher reposesur la combinaison équilibrée du step (percussioncorporelle dont Onstap a fait sa marque de fabrique),du slam et du théâtre. Sur l’histoire simple d’enfantsde cités racontée en dialogues imagés. Et sur lacomplicité entre Hassan Razak et Mourad Bouhlaliqui jouent de leur corps comme d’une batterie etparviennent, avec une économie de moyens, à ferrerl’émotion du public par leur énergie et leur présencegénéreuse.

Parce qu’on va pas lâcherCie Onstapjeudi 2 mai20h30, Paluds de Novesvendredi 21 mai 20h30, Morières-les-Avignonsamedi 22 mai 20h30, Châteauneuf-de-GadagneThéâtre de Cavaillon04 90 78 64 64www.theatredecavaillon.com

Descendance Il était une fois… les fables de La Fontaine revues etcorrigées par William Mesguich, à mi-chemin entrel’univers des Monty Python et celui de Tim Burton !Ironie de la mise en scène, La Fontaine est sur leplateau en chair et en os, maître de cérémonie de ceballet du genre animal qui ressemble tant à celui deshumains avec ces drôles de bêtes déguisées en hommeset ces drôles d’hommes déguisés en bêtes… En plussa langue n’a pas pris une ride et continue de faire rireà travers une galerie de personnages au lisse plumageou au tendre langage.

Il était une fois… les fablesWilliam Mesguichdès 5 ansmercredi 19 et samedi 22 mai 15hLa Criée, Marseille04 91 54 70 54www.theatre-lacriee.com

Western

Qui n’a jamais entendu «Sésame, ouvre-toi…» ? Si AliBaba est dans tous les esprits avec son flot d’images,La Cordonnerie en donne une version toutepersonnelle dans L’Histoire d’Ali Baba et de quarantevoleurs exterminés par une esclave. Prenez un endroitdésertique, abandonné de tous, et deux frères quitravaillent dans une vieille station-service  : l’un senomme Cassim, l’autre Ali Baba… Le tout donne unciné-concert fantasque où la bande son et lesbruitages joués en direct par les musicienscommentent et accompagnent l’action d’un filmmuet réalisé par Samuel Hercule.

L’Histoire d’Ali Baba et de quarante voleurs exterminéspar une esclaveCie La Cordonneriedès 6 ansmardi 8 juin 19h30PôleJeunepublic, Le Revest04 94 98 12 10www.polejeunepublic.com

InitiatiqueTel Ulysse qui dut parcourir le monde, Odyssée etBernie, deux enfants, vont voyager dans le temps etdans le monde, rencontrer des artistes et des savantspour devenir adultes… Grégoire Callies déroule le filde la grande et de la petite histoire pour bâtir unparcours initiatique en trois parties, avec la complicitédu marionnettiste Yeung Faï qui mêle tradition desmarionnettes à gaine chinoise et imagerieeuropéenne. Pour dire que tout s’accomplit aussidans l’amour, l’amitié, l’art, la pensée, bref, dans tout ceque l’homme sent et ressent.

La Petite odyssée (trilogie)Grégoire Callies et Yeung Faïspectacle présenté dans le cadre du Printemps sous lesigne de la marionnettedès 8 ansdu 10 au 12 juinThéâtre Massalia, Marseille04 95 04 95 70www.theatremassalia.com

Jouer au maladeConfrontée à une pièce du répertoire classique, la com-pagnie Vol plané se plaît à mettre le Malade Imaginaireen abyme, jouant à le jouer, et passant sans transitionde la farce à sa férocité, de la scène à la violence d’unring contemporain : quatre acteurs, pas de décor nide costumes, pas de lumières ni d’artifices, tel est leparti pris du metteur en scène Alex Moati pourdénoncer à son tour l’imposture de la médecine faceà un malade obsessionnel… et en bonne santé !

Le Malade imaginaireCompagnie Vol planédès 11 ansles 27, 28, 31 mai et 1er juin en tournée dans lescollèges (représentations ouvertes aux familles)Théâtre Massalia, Marseille04 95 04 95 70www.theatremassalia.com

Tellement vraiAvec un talent qui n’a que faire de l’âge, le GroupeGrenade (les danseurs ont entre 8 et 13 ans !) s’estemparé avec succès du roman réaliste de Dickenssur l’enfance maltraitée. Sous la houlette de JosetteBaïz, ils revisitent chaque étape de la vie d’Oliver Twist,son parcours jalonné de petits bonheurs et degrandes souffrances, en autant de tableaux expressifs.Dans un langage chorégraphique caractéristique dutravail de Josette Baïz depuis 20 ans, ils offrent unspectacle saisissant de vérité.

Oliver TwistGroupe Grenadedès 8 ansvendredi 28 mai 19h30Théâtre des Salins, Martigues04 42 49 02 00www.theatre-des-salins.fr

PlanantPeter Pan n’a qu’à bien se tenir, Alexis Moati et sesacteurs ne lui laisseront pas une minute de répit ! Surle plateau encombré de canapés de récupération, lafamille Darling s’apprête à vivre de drôles d’aventuresen compagnie de l’éternellement jeune Peter Pan, dela fée Clochette et du capitaine Crochet… C’est quela compagnie Vol plané aime le théâtre -qui le lui rendbien-, sait raconter des histoires et tirer les meilleuresficelles de l’illusion théâtrale.

Peter Pan où le petit garçon qui haïssait les mèresCie Vol planédès 8 ansAprès le Théâtre de l’Olivier à Istres et la captation parArte, le spectacle sera présenté le 11 juin 14h30 et19h à L’Astronef, Marseille04 91 96 98 72www.ch-edouard-toulouse.fr/-Le-Theatre-de-l-astronef-.html

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La Cigale, La Fontaine ©

X-D.R.

Ali Baba et les 40 voleurs © X-D

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Oliver Twist, Groupe Grenade © Le�o Ballani

LIVRES56

Mémoire des originesLes trous de mémoire ne sont pas pleins de

vide ! Ils peuvent être emplis de souvenirs cachés, enattente, prêts à surgir à la première occasion. C’estle cas de celui dont parle Annie Agopian dans unalbum très sensible qui lui a été commandé pourmarquer le 95e anniversaire du génocide arméniendu 24 avril 1915.À l’occasion de la banale demande derenouvellement des papiers d’identité de sa mère àune fonctionnaire municipale, le jeune narrateurdécouvre le nom de son grand-père paternel et sonlieu de naissance : Kharpout, Asie Mineure. Sa mèrelui explique alors des mots étranges comme«naturalisé» ou «apatride», puis lui raconte lemariage de son grand-père arménien avec sa grand-mère, née dans un petit village bien français. La mèreretrouve des livres, écrits dans une langue inconnue

avec de vieilles photos, des articles de journauxjaunis… L’auteure suggère, fait ressentir, ne rentre pas dansdes explications trop précises, mais la date du

génocide et le nombre de morts sont marquéssur deux pages noires. Son livre raconte entre leslignes, s’appuie sur les dessins d’Alfred, précis, cernésde noir, parcourus de grands à-plats souventorangés, puis d’une pluie d’étoiles à la fin pourmontrer que la vie est là, avec ses plaisirs simples,son goût de miel et son parfum d’épices.CHRIS BOURGUE

Le trouAnnie Agopian et AlfredÉd. du Rouergue, 16 euros

La vocation principale de Libraires à Marseilleest de proposer des manifestations autour du livre,des rencontres avec les auteurs. À destination d’unpublic adulte mais également des plus jeunes. Elleorganise ainsi chaque année le Prix du livrejeunesse Marseille. En partenariat avec l’ACELEM(Association culturelle d’espaces lecture et écritureen Méditerranée), elle est aujourd’hui à l’origine d’untout nouveau projet, Au tour de l’album, qu’elleentend bien pérenniser.Libraires à Marseille a choisi Sara, auteure etillustratrice réputée (pas moins de 18 publicationsen une quinzaine d’années), organisé sa résidence àMarseille et coordonné les actions. L’ACELEM a misà disposition les locaux et le personnel de sonespace lecture. C’est pendant les vacances deprintemps que s’est déroulé le premier temps de ceprojet, qui vise à favoriser l’accès au livre d’enfants dequartiers défavorisés et à stimuler leur imaginaire.Une vingtaine de lecteurs de 8 à 12 ans ontparticipé aux ateliers de création animés par Sara etse sont initiés à sa technique de prédilection, lepapier déchiré. Durant cette première étape, lesjeunes stagiaires ont créé des histoires selon cettetechnique, avec des contraintes de couleurs (3maximum) et de personnage (un poisson rouge).Leurs travaux, scannés, seront réunis en un recueilet présentés lors de la 2e session, pendant lesvacances scolaires d’octobre. Au programme : unesortie sur le Vieux-Port (que la plupart des enfantsdu quartier de la Solidarité ne connaissent pas bien)suivie d’une création graphique et une grande fêtepour l’inauguration du nouvel espace lecture del’ACELEM (Edouard Vaillant, dans le 3e ardt), avecexposition des œuvres réalisées par les enfants.Un projet, qui, outre qu’il favorise la rencontre dujeune public avec un auteur et son œuvre, l’amèneà pousser les portes de lieux dédiés à lalecture… et à y revenir !

FRED ROBERT

Le travail de Sara est passionnant. Dans ses nombreux albums elledéploie les histoires, presque sans mots, avec juste quelques papiersdéchirés et un choix volontairement limité de couleurs. La beautéprimitive des compositions parle à tous, petits et grands. De désir deliberté, d’amitié, de solidarité, de deuil et de solitude aussi. Sara meten scène les émotions qui la traversent avec une grande économiede moyens et une force de suggestion peu commune, renforcéepar des cadrages très cinématographiques. Chaque lecteur, quelque soit son âge, peut plonger dans les pages pour y inventerSON histoire, se rencontrer soi-même. Parfois aussi l’album, sans

texte, s’accompagne d’un DVD et d’une lettre en post-scriptum. C’est lecas pour À quai réalisé dans une gamme colorée très série noire. Ainsi, le

livre propose trois entrées dans cette histoire d’amitié entre un chien jauneet un capitaine de navire. Trois points de vue. Car y a-t-il jamais une seuleversion de l’histoire ?

F.R.

À lire de Sara : Eléphants, Éd. Thierry Magnier, 17 euros ; Nu et À quai, Seuiljeunesse, 15 et 24 euros, ainsi qu’une superbe sélection de quelquesMétamorphoses d’Ovide aux Éd. Circonflexe.

Un projet qui déchire

Rencontre avec l’auteure et illustratrice Sara © X-D.R

Multiplication des histoires

LIVRES 57

La collection Benjamin des éditions Actes Sudravit par la diversité et la qualité des ouvragesproposés. Format agréable, papier épais, capable desubir les assauts gourmands des lecteurs en herbe,caractères larges, mais pas trop quand même, onn’est plus des bébés  !, mise en page aérée,illustrations délicieuses, cultivant la simplicité et laclarté… Les thèmes abordés ne se contentent pasde reprendre les grands topiques de la littératureenfantine. Certes, il y des contes, reprisestraditionnelles, comme Le bateau qui marchait sur laterre et sur l’eau de Alain Le Goff, qui s’apparente auBaron de Munchausen (le héros pauvre, obtiendra-t-il la main de la belle princesse  ? une série depersonnages hauts en couleur vient à larescousse…) ; mais la vie quotidienne des enfantsest aussi mise en scène : véritable guide pour lesparents, Mathilde et les petits papiers apprend, sousla plume toute de nuances de Béatrice Fontanel, àaccepter la réalité particulière de son enfant, àtrouver une entente, à concilier une passion avec lavie commune, à transformer l’objet de litige encomplicité. Et que dire du morceau de choix de ce

conte à rebrousse conventions La princesse qui

n’aimait pas les princes de Alice Brière-Haquet ?Rares sont les livres pour enfants qui abordentl’homosexualité… Sa prose brillante et légère mêleles échos des histoires de nos enfances à desreprises enflammées de Racine «Elle la vit, elle rougit,pâlit à sa vue»… il y a du Phèdre dans l’air, et unemise à mal des tabous avec une subtilité et unevivacité confondantes… Un régal et pas seulementpour les petits ! MARYVONNE COLOMBANI

La princesse qui n’aimait pas les princesAlice Brière-Haquet, Lionel LarchevêqueMathilde et les petits papiersBéatrice Fontanel, Marc BoutavantLe bateau qui marchait sur la terre et sur l’eauAlain Le Goff, Rémi SaillardActes Sud junior collection Benjamin, 7,50 euros

Des histoires pour bien grandir

Dernier né de la collection À petits pas, La Photopropose aux enfants de mieux découvrir cetteimage qu’ils croient connaître. De la camera obscuraau laboratoire numérique, Laura Berg explique lesétapes qui ont conduit à la photo d’aujourd’hui. Lesenfants y verront le daguerréotype, la chronopho-tographie, l’autochrome ; ils réfléchiront à la photoen tant qu’art, à son utilisation dans les domainesscientifiques ; ils comprendront la différence entrel’argentique et le numérique, les processus enœuvre dans la prise de photos ou le dévelop-pement, les métiers qui s’y rattachent, les droits etdevoirs des photographes professionnels.

Quelques jeux et activités permettent de tester lesconnaissances ou de les mettre en pratique etd’aborder les notions de cadrage, de compositionde l’image.Dommage que les seules images soient les dessinsde Vincent Bergier ! Quelques photographiesauraient permis de former le regard…ANNIE GAVA

La photo à petits pasLaura Berg et Vincent BergierActes Sud junior, 12,00 euros

La photo sans cliché

Actes Sud junior propose aux adolescents unecollection revigorante, qui a tout pour séduire àcommencer par son titre : Ceux qui ont dit non. Souscette bannière sont réunies des biographies roma-nesques de personnages historiques exemplairespar leur engagement combatif. Ces figures charisma-tiques, célèbres ou oubliées, permettent d’aborderdans leur actualité des sujets polémiques laissés decôté par les manuels d’histoire, de la violencecarcérale à la torture en Algérie.Ainsi de Louise Michel, petite institutrice de pro-vince devenue activiste anarchiste, égérie de laCommune de 1871 et mythe énigmatique d’unesorte de vierge laïque ayant épousé la cause ou-vrière. Ainsi de Simone Veil, rescapée d’Auschwitz,devenue ministre de la santé, identifiée à la loi de1975 qui porte son nom, et légalise en France

l’avortement contre l’hostilité des conservateurs

et des religieux. Tout oppose ces deux femmes : lapremière est une femme du peuple qui a passé leplus clair de sa vie devant des juges et en prisonpour avoir fomenté le désordrepublic ; la seconde est de l’autre côté,issue de la bourgeoisie et de la hautemagistrature, aujourd’hui académicienne.Mais l’une et l’autre partagent l’expé-rience de la déportation, et unedétermination infaillible qui les fait agir, etqui donne aux questions de société qu’ellesincarnent un visage à la fois touchant etimpressionnant.La volonté pédagogique louable de l’entre-prise conduit parfois à une simplificationnarrative qui échoue à donner une vraieconsistance aux personnages, et à des dossiershistoriques d’accompagnement sché-matiques.

Mais cela n’enlève rien à l’ori-ginalité et à la générosité de cetteentreprise salutaire, qui rappelleaux adolescents l’éternellejeunesse, et la nécessité renou-velée, de l’esprit de révolte. AUDE FANLO

Louise Michel«Non à l’exploitation»Gérard DhôtelSimone Veil«Non aux avortementsclandestins»Maria PobleteActes Sud junior,

7,80 euros

Noms de non !

LIVRES/DISQUES58

Les enfants ignorent la plupart du temps ce quise cache et vit dans les rivières. Une boîte à trésorpropose une démarche originale pour découvrir lemonde aquatique et les petites bêtes qui lapeuplent. La boîte de carton renferme 3 livrets.D’abord un dépliant explique comment faire desprélèvements avec une épuisette dans les coursd’eau pour juger de leur propreté et de leurshabitants, larves, vers, escargots. Puis un récit devacances de Luis Espinassous entraîne les jeuneslecteurs à la suite de quatre enfants qui construisentcabane et radeau, et bravent le danger d’une crue.Enfin une brochure, rédigée par Frédéric Lisak,explique le cycle de l’eau, de la source à l’estuaire,présente la faune et la flore des ripisylves. Le toutcomplété par le 1er trésor d’une collection future,un bout de bois rongé par un vrai castor, auprèsduquel on propose aux enfants de rangercoquillages, sables et cailloux ! Ils pourront aussi

fabriquer un bateau en bois à hélices avec l’aided’un adulte. L’ensemble, ludique et pédagogique, est jolimentillustré de dessins et personnages confectionnésdans du carton par Christian Voltz.CHRIS BOURGUE

La boîte à trésors : larivièreÉd. Plume decarotte, 16,50 eurosDans la mêmecollection : La forêt

L‘eau toute douce

La comédienne Mathilda May (néeHaïm) est une danseuse émérite (1er prix auCNSMD de Paris), également chanteuse etpassionnée de musique classique depuisl’enfance : elle est «tombée» dans le spectacleavec un père dramaturge et une mère danseuseet chorégraphe. Avec une nouvelle collection, Lecoffret des musiciens, la belle artiste veut fairepartager aux enfants sa passion pour la musique.L’idée est, à partir de faits réels, d’associer deuxpersonnalités, l’une historique ou littéraire, l’autremusicale. Le récit, lu par l’actrice, est accompagnéde bruitages et extraits d’opus (CD) alors que le«pitchoun» tourne les pages d’un livre illustré. Lesdeux premiers ouvrages associent, en pleinromantisme, Chopin & Sand et Lully & d’Artagnanau siècle du Roi-Soleil.J.F.

Livres + CD aux Éd.Bleu nuit (dès 6 ans)

Binômes

On dira qu’Universal ne se casse pas la têtepour cette nouvelle collection Musique pour lesenfants. Format des plus sommaires, sans notice, nilivre illustré, pas de narration : juste de la musiquecompilée par thème  ! On est loin des effortsaccomplis par les labels spécialisés qui pensent etarticulent leur production destinée à la jeunesseavec soin, et détails attrayants. Le principal atout dela major est de pouvoir puiser dans un fonds d’unequalité exceptionnelle et d’une diversitéinsondable… Le slogan défendu est «Faites découvrir à vos enfantsla musique que vous aimez !». Sur les trois galettesdisponibles, on comprend aisément le choix desœuvres réunies dans Classics for kids  (480 2249)avec les variations symphoniques de The YoungPerson’s Guide to the Orchestra de Britten, les Jeuxd’enfants de Bizet, Les Chidren’s Corner de Debussy(par Alexis Weissenberg) et L’Apprenti sorcier deDukas. Le fonds de Deutsche Grammophon estconstitué d’orchestres et chef prestigieux : Maazel,Levine…

La qualité artistique du florilège de standardsde jazz assemblés autour du thèmeberceur Lullaby (531 4522) n’est pas à remettre encause, hors quelque choix au goût contestable, maisil semble parfois un peu tiré par les cheveuxd’anges ! La majeure partie de ce répertoire n’estpas à proprement parler destiné aux séraphins…Cependant «papa & maman jazzy» se plaisent àpartager avec bébé des «classics» de SarahVaughan, Armstrong, Bill Evans, Miles Davis … Il en va de même pour le disque consacréexclusivement à Ella Fitzgerald Miss Ella’Playhouse (531 4949) : on est sous le charme desvieux enregistrements s’étalant de 1937 à 1966,mais pas sûr que l’indication «De 1 à 4 ans»convienne réellement à tous les titres  ! Rienn’empêche d’essayer ? Swing avant toute !JACQUES FRESCHEL

Musique pour les enfants

Collection Universal

For childrens ?

Dans l’insupportable chaleur de l’été à Pékin,une petite fille se promène avec son grand-père…Un coin d’ombre, un banc, le grand-père raconteune histoire… du temps où les dragons vivaientencore en Chine, un temps de légendes… Levillage du petit Bao est riche, très riche, grâce àl’exploitation du jade. Mais un dragon vient ruinerles villageois par ses exigences. Bao trouvera-t-il lehéros capable de chasser le dragon ? Même si dèsla rencontre avec le moine, l’on se doute de laconclusion, le récit ne manque pas d’intérêt. Lesépreuves que le petit Bao affronte le feront grandir,n’est-ce pas le but de tous les contes initiatiques ?Un charmant petit ouvrage, fragment précieux dejade, qui s’efforce de déchiffrer le monde

énigmatique des apparences et de nousaffranchir de nos dragons.M.C.

Bao et le dragon de jadePascal Vatinel, Peggy AdamActes Sud junior, Cadet, 7 euros

Énigme de Jade

LIVRES60

En 1995, paraissait le n°173 de la revue Marseille,dirigée par Pierre Echinard, consacré au cinéma. Enavril 2010, quiconque s’intéresse au 7e Art lira avecenthousiasme le n°228 de cette même revue à l’icono-graphie soignée, et à la superbe couverture rouge.De l’architecture des salles aux projets en cours, enpassant par les tournages, l’exploitation et la diffusion,sans oublier les cinéastes qui ont marqué Marseille,c’est à un tour de ville que nous convient les auteurs,cinéphiles compétents et passionnés. Daniel Armo-gathe, directeur de la Cinémathèque, y évoque lespremières années du cinéma à Marseille, et les courtesbandes comiques de Feuillade et son héros, Bébé, puisBout-de-Zan dans les années 1910, l’histoire desStudios Paul Ricard, des Films du Soleil ou de l’INA-Méditerranée.Le «château» de Pagnol va devenir la Maison des ciné-matographies de la Méditerranée. Mais qui connaît lepassé de cette bastide érigée au XVe siècle, appelée laBuzine par féminisation de Buzens, son propriétaire?Georges Reynaudnous en conte l’histoire jusqu’à sonrachat en 1941 par Marcel Pagnol qui voulait en faireune cité du cinéma !

Architectes, historiens, universitaires se succèdent pourrappeler que Marseille, où se déroulent annuellementquelque 200 tournages, est une vraie ville de cinéma,même si, comme le souligne Jeanne Baumberger, lasituation du cinéma «Art et Essai» y est très fragile, etparadoxale. Certains films ne passent pas à Marseille :bon nombre de cinéphiles ont dû aller à Aix voir ledernier film de Jane Campion ! Heureusement, ledynamisme d’une dizaine d’associations de cinéphilesamène à Marseille «une quantité impressionnante defilms et de réalisateurs», organisant tout au long del’année ces rencontres et festivals qui font la richesse del’offre cinématographique.Au moment où sortait le n°173 disparaissait René Allio.Pierre Murat lui rend hommage dans ce numéro, etson film, le très émouvant L’Heure exquise a été projetéle 8 avril au CRDP. Le n°228 salue la mémoire d’unautre cinéaste, Paul Carpita, disparu récemment. Lespages tournent, marquées d’étranges analogies…ANNIE GAVA

Revue Marseille, 8 euros

L’ai-je d’espritDepuis Phare de la Mariée, première étude du GrandVerrepar Breton en 1935, combien d’exégèses suscitéespar l’œuvre de Marcel Duchamp ?Avec cette biographie filmée, Fabrice Maze réussit unegrande œuvre, vraiment. Il nous permet de suivrel’anartiste dans la transformation radicale de son artvers une esthétique novatrice et intransigeante, deJeune homme et jeune fille dans le printemps (1911) àÉtant donnés… conçu à partir de 1946 et seulementdévoilé après sa mort survenue en 1968, selon lesouhait de l’artiste. Riche de nombreux documentsd’époque, films et témoignages exceptionnels ce docu-mentaire, en deux DVD et un livret sous coffret, suitune chronologie en trois chapitres entre France etÉtats-Unis principalement, complétée par une séried’entretiens avec des proches (hommages en contre-

partie desquels manquent les contradicteurs). Jeux dedécouverte scientifique enfantins et jeu d’échecs,recherche de la quatrième dimension, principe dehasard, l’Almanach Vermot côtoyant Nietzsche etStirner, calembours et contrepèteries, détournementd’objets banals, théorie de l’infra-mince ont constituéun fonds de pensée complexe chez Rrose Sélavy quiestimait qu’en art «le choix est la chose principale.» Etl’on sait l’influence de cette pensée sur l’art jusqu’au-jourd’hui.Iconoxydable et passionnant !CLAUDE LORIN

Marcel Duchamp, Iconoclaste et InoxydableEditions Seven Doc, coll. DVD Phares, versions fr.,angl., esp., 270 min., 23 euros

Marseille, ville de cinéma

ARTS | LITTÉRATURE

Dans l’Algérie des années 2000, Djo, commissaire à laretraite, reprend du service pour régler une dette, semettant du même coup sur le dos une affaire opaqueet sanglante. Autant le dire tout de suite, l’énigme dece court roman très noir, La prière du Maure, est moinsimportante que l’atmosphère générale et que le côtépolitique, très descriptif. Et c’est heureux, car l’auteur,Adlène Meddi, qui n’est autre que le rédacteur en chefd’El Watan Week-end à Alger, connaît son affaire.C’est là la force de ce roman, qui lorgne aussi vers ledocumentaire et la chronique politique, et se nourritégalement de réalité et fiction. Sous couvert d’uneenquête sur la disparition d’un jeune homme, Djo,réactivant ses réseaux policiers, journalistiques etamicaux, va se retrouver mêlé à une lutte sans merci au

sein des forces censées représenter la loi. Et l’on seretrouve plongé au cœur de conflits bien réels, desecrets politico-militaires qui éclabousseront jusqu’auxpays étrangers… Personne n’est à l’abri de cesturbulences, et l’on suit, au fil de chapitres de plus enplus courts et angoissants, le sombre destin desprotagonistes dans une Alger qui n’est plus «lablanche» mais bien celle où certains doutent «del’existence de l’aurore», et dans laquelle Djo est «un mortqui s’est peut-être oublié chez les vivants.»DO.M.

La prière du MaureAdlène MeddiEd Jigal, polar, 15 euros

Et Alger ferme les yeux sur le reste

LIVRES 61

Titre énigmatique que celui-ci, Le Londres-Louxor…ça sonne comme un voyage, une promesse d’exotismeet d’aventures… Le prologue (n’est-ce pas théâtral ?)nous détrompe bien vite, avec son sous-titre, Note surl’architecture du bâtiment, et l’entrée en matière sanséquivoque, «Le Londres-Louxor est un ancien cinémaparisien.» Un autre cinéma Paradiso ? Non, ce n’estpas encore cela. Après un prologue tout à fait fantas-tique -disparitions inexpliquées, lieux chargés demystère- se développe un roman étrange, aux voixmultiples, aux points de vue fragmentaires. La plumeoscille entre intériorité et détachement. Véritablemétaphore de l’écriture, le texte détruit ses personnages,les reconstruit, fait intervenir des êtres inquiétants quisemblent se nourrir de l’essence même de ceux qui leurtombent entre les mains : les Vieilles, Parques contem-poraines, viennent prélever des échantillons d’ADN ;le patron du cinéma brouille les pistes ; les échos de laguerre, la diaspora bosniaque, tissent une fine envelop-pe à l’intrigue. Que sont devenus les tableaux volés de

la fondation Bührle dans laquelle Ariane, la sœur deEsme, le personnage principal, a travaillé ? Qui estvraiment Esme ? Prête-nom d’un écrivain, évanescentedans une blondeur fabriquée, fragile et pâle, retrou-vera-t-elle sa sœur, et prendra-t-elle enfin consistance ?

Ce roman attachantpratique une esthé-tique magistrale del’effacement. Ainsi lecritique littéraire de-vient analphabète entombant amoureux !Une musique sourdcurieusement decette écriture pro-fondémentoriginale…MARYVONNE

COLOMBANI

Londres-LouxorJakuta AlikavazovicEditions de l’Olivier, 16,50 euros

Fragments

En 2006, Le chemin des âmes a révélé le talent deJoseph Boyden. De l’épopée de deux jeunes IndiensCree pendant la 1re guerre mondiale, un objet estl’écho dans le deuxième grand roman du Canadien,Les saisons de la solitude. Il s’agit du vieux fusil rapportéd’Europe par l’un des héros, père et grand-père desdeux protagonistes principaux de ce nouvel ouvrage.Si la carabine joue évidemment son rôle d’arme dansle récit, elle tient sans doute une autre place, plussymbolique ; comme un lien entre les deux romans etune figure concrète de la transmission, thématiquecentrale de ces saisons de la solitude.Quel héritage laisser à ses enfants quand on habite uneréserve au bord de la baie James, que la plupart d’entreeux ne rêvent que de fuir pour un sud moins rude,plus opulent, Montréal, New York ? Quelles traditionsde chasse leur enseigner quand ils préfèrent lesfastfoods et les supermarchés et qu’on n’est plus «rien

que des hommes et des femmes devenus vieux et fatiguésqui n’ont plus la force de lutter pour ce qu’ils aiment» ?Boyden ne fait pas de grands discours mais la fictionqu’il imagine est éloquente : deux monologuesalternent de chapitre en chapitre, celui de Will plongédans le coma et celui d’Annie, sa nièce, qui vient luiparler chaque jour sur les conseils de l’infirmière. Deuxvoix, deux itinéraires mouvementés, deux personnagesforts de leurs fragilités mêmes. Au chevet de son oncle,la jeune femme comprend que sa place est parmi lessiens, tout près de la Moose River, et que la beauté creen’a que faire des sunlights. Une belle histoire defamille, de peuple et de grands espaces.FRED ROBERT

Les saisons de la solitudeJoseph BoydenAlbin Michel, 22,90 euros

À noter : Joseph Boyden fera escale dans deuxlibrairies du département, le 26 mai à Gardanne(librairie Aux vents des mots) et le 27 à Marseille(librairie l’Attrape mots).

Indian saga

Les ouvrages sur la danse contemporaine ne sont paslégion, hors quelques monographies. Philippe Noisette,critique de danse aux Echos, aux Inrockuptibles et àDanser, publie un ouvrage généraliste intitulé sobre-ment La Danse contemporaine, dans la collection Moded’emploi de Flammarion. L’ouvrage est attrayant parses couleurs, sa maquette, son prix aussi, raisonnable,et ses photos pleine page très nombreuses illustrantavec soin le propos. En tenant lieu parfois, tant ellessont parlantes. Mais il n’échappe pas aux aléas dugenre : comment choisir, lorsque l’on veut balayer toutun art, seulement 6 précurseurs, 30 chorégraphesmarquants, et une dizaine de dates-clefs ? Son livrehésite donc entre l’ambition d’être un ouvrageconsultatif de référence -ce qu’il réussit par endroits- etcelle de constituer une porte d’entrée pour néophyte.Les premières parties, intitulées C’est quoi ? puis Quelintérêt ? et Ne dites plus… combattent quelques

préjugés mais, parce qu’elles gadgetisent les tendances,ne semblent pas s’adresser au même lectorat que lasuite, plus pointue, de l’ouvrage. Un deux en unpréjudiciable !AGNÈS FRESCHEL

La Dansecontemporaine moded’emploiPhilippe Noisette,photos LaurentPhilippeFlammarion, 24,90 euros

Vulgarisation ou encyclopédie ?

LITTÉRATURE

Trois univers se côtoient sans se rencontrer dans unpetit immeuble de Madrid en 1960. Trois voix, troisstyles différents, trois femmes. L’une, Evita Perón, estmorte depuis 8 ans ! On ne le sait pas tout de suite, onle comprend au détour d’une phrase, d‘une allusion ;fantôme ou bonne fée, elle assiste à la vie de son ex-mari en exil avec sa nouvelle femme. Elle s’adresse à luicomme s’il pouvait l’entendre, lui parle de ses étrangesrapports avec son embaumeur (morte d’un cancer à33 ans, son corps a réellement été embaumé, puisenlevé et caché). L’autre femme célèbre et bien vivantedans la sensuelle beauté de ses 38 ans est l’AméricaineAva Garner, déjà pas mal alcoolique, installée àMadrid; elle se confie et raconte ses débuts au cinéma,ses amours, à la jeune sœur de sa voisine. Sous formed’un long monologue, écrit en courts paragraphes

commençant par des minuscules et s’enchaînant sanspoint, comme des vagues. La jeune fille, Carmina, nelui répond jamais, refuse de boire mais écoute avec elletous les disques de Frank (Sinatra !). La dite Carmina,quant à elle, écrit son journal ; elle y raconte unrendez-vous amoureux raté et ses souvenirs d’enfance.Le tout se passe sous les yeux d’un jardinier qui remplitle petit jardin de fleurs exclusivement blanches à lademande d’Ava. Tant de blancheur isole de la vie etdes amours véritables. Laura Alcoba l’écrit sansnostalgie, avec une cocasserie certaine.CHRIS BOURGUE

Jardin blancLaura Alcobaéd. Gallimard,13,90 euros

Si belles, si seules...

Volantes, entêtantes, obsédantes, les mouches res-semblent à des notes de musique. Comme elles, ellesaccompagnent l’existence des hommes, l’inspirent;parfois même elles donnent un léger coup d’aile audestin. De ce parti pris original est né Fly Blues. Tel estle titre du thème inspiré à un trompettiste de jazz parl’absorption inopinée d’un de ces diptères indiscrets.C’est aussi celui de l’album scénarisé par CarlosSampayo, dessiné et colorisé par son complice OscarZarate. Un hommage du tandem argentin au musi-cien Kenny Dorham (1924-1972), et plus largementau jazz, à la musique et à tous les autres arts. Le récit,mené par le chœur des mouches, se fonde sur le motifcentral de Fly Blues, chaque épisode adjacent y tenantsa partition jusqu’au flamboyant chorus final, commedans une session de jazz. C’est d’ailleurs de cela qu’ilest question au cœur de l’histoire, de l’enregistrementdu morceau, malgré toute une série d’obstacles etd’imprévus, comme autant d’improvisations sur le

thème. En contrepoint, une sanglante affaire de meur-tres filmés en direct et vendus sur Internet.Sampayo a conçu une intrigue de série noire, chao-tique, heurtée, dont les dessins expressionnistes deZarate accentuent la violence. Pourtant, l’impressiongénérale est celle d’une énergie communicative, quianime tous les personnages de créateurs mis en scènedans cette BD inspirée. Musiciens, réalisatrice de filmsd’animation, écrivain, leur enthousiasme explose enun feu d’artifice de couleurs éclatantes. Comme unemétaphore de la puissance de l’art et des joies de lacréation.FRED ROBERT

Fly BluesSampayo et Zarateéditions Dupuis, 18 eurosLes auteurs de l’album étaient présents à Marseillependant le festival CoLibriS

Des mouches et des hommes

LIVRES

Tout commence par une histoire de panda. Cepréambule alléchant introduit un livre étonnant quitient à la fois de l’encyclopédie naturaliste désuète et dela chronique journalistique. Chaque vendredi surFrance Culture, Marc Kravetz esquisse le portraitd’un animal qui illustre l’actualité. C’est cette revueanimalière qu’il publie, agrémentée de petites noticestechniques et de croquis réalisés par les élèves de l’Ecoled’Estienne. Ce bestiaire fantaisiste aux illustrationsnaïves a le charme des recueils de mirabilia de l’anti-quité qui déclinaient avec émerveillement l’inépuisablediversité de la nature. Avec ses stars, tels le springbokqui symbolise l’histoire sud-africaine, le renard de feu,héros de Kung Fu Panda et emblème de Mozilla, ouencore Snowball, le cacatoès qui swingue sur You tube.Avec ses divas capricieuses, comme Delores, pieuvretrop prude, et avec ses parias, comme Xiguang l’élé-

phant héroïnomane. On se promène dans ce livrecomme dans un cabinet de curiosité aux dimensionsde la planète, réunissant de petits apologues d’unnouveau genre, à la fois ludiques et désenchantés, quiretraceraient en filigrane une histoire darwinienne àrebours, où l’évolution des espèces buterait inlassa-blement sur la bêtise de l’homme qui les décime.AUDE FANLO

Portraits d’animauxMarc KravetzEditions du sonneur, 15 euros

À noter : Marc Kravetz sera présent pour des Escalesen librairie le 17 juin au Lièvre de Mars (Marseille)et le 18 juin Au poivre d’Âne (La Ciotat).

Du coq à l’âne

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Quelle excellente formule que celle d’Ecrivains endialogue, qui permet d’authentiques rencontres avecdes auteurs remarquables ! Le public est invité à entrerdans leurs mots au fil de leur conversation, avec ce quecela suppose de spontanéité (apparente au moins), dedigressions, de formules comme des perles. On les ap-proche aussi par les extraits que les lecteurs professionnelsfont résonner. On les rencontre enfin durant le débatqui clôt chacun des entretiens. Et lorsque les deuxinvités se connaissent et s’apprécient (cela fait partiedes principes de base), qu’ils sont brillants (c’est fré-quent), les soirées à la BDP ne sont rien moins quemagiques.Ce fut le cas, une nouvelle fois, début mai, grâce àLaurent Mauvignier et à Yannick Haenel. Acuitéthéorique, vaste culture, profondeur des interrogationset, en même temps sensibilité et modestie, les deuxamis -naguère corésidents à la Villa Médicis- ontdécidément beaucoup en commun. Et une parentédans l’appréhension et la transmission d’une mémoiretue, refoulée. Qu’il s’agisse de la guerre d’Algérie dansDes hommes ou de la Shoah au travers de Jan Karsky,«l’histoire s’est emparée de nos voix narratives» dit Haenel,qui voit là le signe d’une nécessité générationnelle,qu’on retrouve d’ailleurs dans Zone de Mathias Enard

ou dans Démon de Thierry Hesse : celle de la confron-tation au récit de l’histoire et aux choix narratifs à fairepour «écrire ce qu’il est impossible de dire». Haenel viseà «faire parler le silence de Karsky», Mauvignier à «incar-ner des inconnus», les appelés anonymes ; dans les deuxcas, des témoins qu’on n’a pas pu ou pas voulu enten-dre, auxquels les deux romans donnent superbementvoix. Les lectures de Michel Bellier et de RaphaëlFrance-Kuhlmann ont souligné la singularité et laforce de ces deux écritures d’aujourd’hui, qui sondentl’opacité du monde pour tenter, par la fiction, de lecomprendre.FRED ROBERT

À lire : Laurent Mauvignier, Des hommes, éditions de Minuit ; 17,50 euros. Yannick Haenel, Jan Karsky,éditions Gallimard ; 16,50 euros.

À venir : Écrivains en dialogue, le 8 juin à 18h30 à la Bibliothèque départementale Gaston Defferrepour Des corps et des voix, un dialogue entre Marie-Hélène Lafon et Xavier Bazot.Des auteurs aux lecteurs09 81 65 26 44www.adaal.fr

LIVRESRENCONTRES LITTÉRAIRES 63

Pour ces 3e journées du livre latino-américain à Marseille l’Argentine étaità l’honneur. Alors, forcément, le centre-ville et particulièrement le quartierRéformés-Canebière ont vibré au sonlangoureux et sensuel du tango.

Tango-ci…La démonstration de danse initiée lorsde la soirée d’ouverture à la BMVR Al-cazar s’est poursuivie à l’Academia delTango, durant deux soirées festives trèsréussies. Dans ce lieu chaleureux, on apu admirer les évolutions des élèves del’école de tango, tandis qu’Oscar Zaratecroquait au fusain le bandonéoniste quiaurait pu les accompagner et que, plustard dans la nuit, le romancier ErnestoMallo récitait des paroles de milongas àla langue bien pendue. Les trottoirs deBuenos-Aires ou presque…

… chapiteau làL’accordéon gémissait également sousla tente dressée près du kiosque des Mo-biles, pour ponctuer les rencontres

littéraires qui s’y tenaient et inviter lesbadauds à passer la tête, ce qu’ils n’ontpas manqué de faire. Est-ce un effet dela suavité du castillan d’outre Atlan-tique ? Est-ce parce que les auteurs invitésavaient tous de l’humour (même pourévoquer l’exil ou la dictature), des anec-dotes pétillantes à raconter et de lachaleur humaine à revendre ? Quiensàbe ? Chacun avait envie de rester là,sur son pliant, à les écouter parler deleurs parcours souvent compliqués,qu’ils évoquaient avec légèreté. De leurpassion commune pour la littératureaussi, qu’ils savaient partager.Des invités captivants, des lectures, un

beau choix de livres à faire dédicacerpuis à déguster tranquillement chez soi(merci aux librairies Prado-Paradis etL’Ecailler pour leur sélection et leursconseils), CoLibriS 2010 a été unevraie réussite. Et lorsque la dernièrechanson du jeune (et fort talentueux)groupe toulousain LiuBila a été chan-tée, qu’il a fallu se séparer, tout plier,tout ranger, on a senti flotter un vrairegret que ce soit déjà terminé.FRED ROBERT

CoLibriS s’est déroulé du 21 au 25 avril à Arles puis à Marseille.

À lire :James Canon ; Dans la ville des veuvesintrépides, paru au Livre de Poche.

Eugenia Almeida ; L’autobuset La pièce du fond ; édités chez Métailié.

Jardin blanc de Laura Alcoba

et Flyblues, de Sampayoet Zarate (voir p 60)

Livres, débats et milongas…Le festival CoLibriSa commencé sous la pluie, il s’est terminé dans unechaleur estivale. Mais 5 joursdurant, l’ambiance est restéemuy caliente

L’histoire comme un récit

© X-D

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© X-D.R

Laurent Mauvignier ©

Helene Bam

berger

RENCONTRES LITTÉRAIRES

Quatre femmes de la région. Quatreauteures de polar, mais pas seulement,accueillies, à l’initiative de l’Écrit duSud et de Bruno Richard, pour unetable ronde animée par PatrickCoulomb. Quand le roman s’habille denoir, joli titre pour cette rencontre avecAnnie Barrière, Joëlle Gardes, SylvieCohen et Pia Petersen, qui a étél’occasion d’interroger le genre et lesfrontières, souvent poreuses, quidélimitent les littératures «noire» et«blanche», comme on les nomme enréférence aux célèbres collections deséditions Gallimard. De fait, les quatreinvitées ne voudraient sous aucunprétexte être enfermées dans un cadrestrict. L’une, Pia Petersen, écrit desromans très noirs édités dans unecollection blanche. L’autre, SylvieCohen, publie des «mélos déjantés».Annie Barrière, entrée dans le narratifpar le polar, est en train d’écrire unroman tout court. Quant à Joëlle

Gardes, linguiste, grammairienne,longtemps directrice de la fondationSaint John Perse, elle s’essaie depuis peuau policier ; avec un tel bonheur qu’elleest en train de finir son 2e ouvrage dugenre.Quatre façons de flirter avec le noir.Mais pour toutes, la conviction que cegenre mésestimé offre des territoiresféconds à l’imagination, et qu’il permet,par la confrontation avec le mal, deposer les questions cruciales.FRED ROBERT

Cette rencontre a eu lieu le 30 avril à l’Espace EcureuilÀ venir : Rencontre le 4 juinà la BMVR Alcazar avec DidierDaeninckx. www.lecritdusud.comÀ lire : Joëlle Gardes, Le Charognard,éd.du Rocher. Pia Petersen, Une livrede chair, Actes Sud. Tueuse d’AnnieBarrière, BD par Damien May, aux éditions Des ronds dans l’O.

Pour la première édition de la manifestation nationaleÀ vous de lire initiée par le ministère de la culture, lesÉcritures Croisées invitent le romancier, dramaturge,metteur en scène et peintre Chinois Gao Xingjian,qui reçut le Prix Nobel de littérature en 2000 «pourune œuvre de portée universelle, marquée d’une amèreprise de conscience et d’une ingéniosité langagière, qui aouvert des voies nouvelles à l’art du roman et du théâtrechinois.» L’artiste, déjà invité en 1995 lors de laparution de son roman La Montagne de l’Âme(éditions de l’Aube, 1999), revient présenter le travailde création entrepris depuis l’attribution du Nobel etévoquer ses projets futurs, que ce soit en littérature,peinture ou cinéma. La Montagne de l’Âme sera le filrouge qui rythmera les quatre jours durant lesquels sedérouleront les lectures publiques dans différents lieuxde la ville, librairies, galeries, bibliothèques... À noterle temps fort programmé le mercredi 26 mai, à 18h à

la Cité du Livre, avec la rencontre prévue entre GaoXingjiang, Noël Dutrait, professeur de langue etlittérature chinoises à l’Université de Provence et GuyAstic, directeur des éditions Rouge Profond etenseignant de lettres modernes et de cinéma au lycéePaul Cézanne d’Aix, et la projection, le même soir, deLa Neige en août, épopée lyrique créée à Taipei en2002 d’après un livret, une mise en scène et des décorsde Gao Xingjiang.DO.M.

À vous de lireDu 25 au 29 maiLes Écritures Croisées, Aix04 42 26 16 85www.citedulivre-aix.com

Nobel âme

Ces dames en noir

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urth France Erstein © Jose

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Grosse affluence au Portail Coucou, à Salon, où avaitlieu la clôture de la 5e édition de Lire Ensemble le 30avril. La manifestation prenait fin après quinze joursde spectacles en tous genres (théâtre, lectures, ateliers,balades littéraires…) sur le thème du voyage enMéditerranée. Des résidences d’auteurs se sontdéroulées en amont de cette quinzaine, en février etmars, avec les auteurs Régine Detambel et PatriceFavaro, et les illustratrices Françoise Malaval et UrsiSchmidt, et de nombreux ateliers y furent menés, avecà la clé créations de carnets de voyage, illustrés ou pas,en accordéon, avec peu ou beaucoup de mots… Lerendu de ces ateliers étaient visible un peu partout cesoir-là, exposés et consultables par tous, tandis que les

auteurs et les apprentis auteurs étaient présents pouren parler. Moments chaleureux où chacun put donnerson ressenti, raconter sa «grande aventure», ou, commepour Régine Detambel, dire l’aide «à mettre en voixune parole qui a du mal à se dire…» et ce que celareprésente. Certains élus présents prirent aussi laparole, et notamment Georges Virlogeux, Vice-président d’Agglopole Provence, délégué à la culture etMaire de Lançon, pour qui «la culture permet, entreautres, d’intégrer un territoire et d’apprendre à seconnaître», ce qui rend Lire Ensemble si pertinent.Aussi conclut-il, emballé par le succès de cettequinzaine, «Il faut continuer !». Personne n’en doute,d’autant que le tournant pris cette année laisse présager

d’un futur riche de rencontres et de productionslittéraires !À noter que cette production sera rassemblée sousforme d’Actes qui se trouveront dans les bibliothèquesdu territoire, et que les nouvelles primées sontconsultables dès à présent sur le site d’AgglopoleProvence (www.agglopole-provence.fr).DOMINIQUE MARÇON

Lire Ensemble s’est déroulée du 16 au 30 avrilsur le territoire d’Agglopole Provence

Vivre ensemble

LIVRES64

Pia Petersen © Jean-Jacques Le Berre

LIVRES 65

Du 24 avril au 2 mai s’est déroulé à Cassis le 22ePrintemps du Livre, événement majeur de l’actualitélittéraire de notre région qui a su, au fil des ans, attirerun public de plus en plus nombreux -l’entrée desrencontres est gratuite- et le guider vers des débats dequalité. Refusant d’être une foire aux livres de plus, etrevendiquant sa volonté d’être un lieu de question-nement affirmant «la passion d’écrire telle un pont tenduentre deux rives», cette 22e édition avait pour thème lesrapports ambigus France-Amérique.

Les livresLa séance inaugurale, en présence de nombreuses per-sonnalités dans la cadre féérique de l’hôtel des RochesBlanches, permettait au Président d’honneur du jury,Patrick Poivre d’Arvor, de récompenser l’essai surMadame de Staël de l’historien Michel Winock et, àce dernier, d’évoquer le rôle prépondérant de cettefemme romantique qui tenait salon et faisait l’opinion,égérie adulée mais honnie d’un Napoléon misogynequi la redoutait et la réduisit à l’exil. Femme, lanotoriété l’a placée dans l’ombre de Chateaubriand etde Benjamin Constant, même si elle a fait découvrir auxlecteurs français les grands romantiques allemands, leSturm und Drang, Goethe et Schiller, à travers sonDe l’Allemagne notamment.Les Rencontres qui devaient se dérouler à Fondation

Camargo ont dû être déplacées en raison des intem-péries à l’Oustaou Calendal, en présence de l’équipede la librairie Préambule.Animées avec fougue, pertinence, irrévérence parfois,par Serge Koster et Olivier Spire, elles ont été suiviespar un public fervent. Au fil des débats ? La Révo-lution américaine revisitée avec Johnny Bel-Œil deJérôme Charyn, histoire d’un soldat Noir et borgnependant la guerre d’indépendance, d’un traître atta-chant, sorte de pendant de Fabrice del Dongo, hérosd’un roman à la fois noir et burlesque où se côtoienthorreur et humour dans un savant mélange des genresque n’auraient renié ni Laurence Sterne ni Shakes-peare, soulignant le rôle majeur joué par les «éternelsoubliés» de l’hagiographie officielle et de la «visionmythologique» des historiens de la guerre d’indépen-dance ; L’Amérique aux multiples facettes, celles desFemmes et des Noirs, avec Quitter le mondede DouglasKennedy qui souligne avec bonhomie le challengedifficile que constitue pour un auteur l’adoption d’unpoint de vue féminin dans une œuvre; puis Sciencesans frontières avec Tout le monde doit connaître cettehistoire, cosigné par le professeur Jean-Claude Chermannet le journaliste Olivier Galzi. Le découvreur du virusdu SIDA, spolié du Prix Nobel au profit de deux deses «confrères», s’interrogeait avec humour sur lehasard et la nécessité qui l’ont conduit à devenir

chercheur en vitro virologie -les vocations scientifiquespeuvent-elles s’amplifier en fonction d’une chute enVespa ?-, et sur les conditions octroyées en France auxchercheurs, qui conduisent à utiliser un pot-au-laitpour transporter le ganglion d’un malade qui per-mettra la découverte du virus. Un être peu rancunierqui continue d’affirmer que «la recherche ne saurait êtrequ’internationale» et persévère, sans guère d’aidesofficielles, dans sa recherche obstinée d’un «badge»,étape essentielle pour un hypothétique vaccin.

Les ArtsAu Centre culturel de Cassis, un hommage cinémato-graphique était rendu à Clint Eastwood. La musiqueétait également de la partie avec un programme Mozart.L’Orchestre de l’Opéra de Toulon Provence Médi-terranée, sous la direction impeccable du jeune chefAlexandre Piquion, commençait avec le concerto pourviolon en sol majeur, interprété avec sensibilité etvirtuosité par Laurence Monti, violoniste solo del’Opéra. Le concerto pour clarinette et orchestre en lamajeur, avec un Michel Portal souverain, tendait unautre pont transatlantique entre les délicatessesclassiques et le jaillissement enfiévré du jazz. Et dans laSymphonie en La Majeur l’orchestre déchaînaitl’assistance pour un ultime tabac !JEAN-MATHIEU COLOMBANI

Nuit des sorcièresÉtonnant de reprendre un tube de Johnny pour unesoirée poésie Retiens la nuit… Mais il s’agit de la nuitdes sorcières, la plus longue, et puis la poésie peut aussiglisser de subtiles provocations… Le 30 avril, àBarjols, devant l’étroite vitrine du célèbre ZIP 22, unepetite foule s’attroupait, attendait en bavardant latombée du jour. Au crépuscule, une voix d’enfant

s’écrie «ça commence !» et la magie peu à peu s’éveille…De l’obscurité de la pièce apparaissent les ramuresd’une forêt imaginaire, branches torturées auxcouleurs d’arc-en-ciel, parmi lesquelles d’étrangesmarionnettes passent, têtes aux yeux énormes,chevelures dansantes… les sorcières hantent le paysagecrée par Günter Vossiek. Pour lui, il s’agit de la forêt

du Brocken dans le massif du Harz. C’est là que setenait le sabbat des sorcières de Faust. Lieu mythique,et doublement : comme il est situé en Allemagne del’Est, Günter, vivant de l’autre côté du mur, ne pouvaits’y rendre. Inaccessible, la montagne restait pour lui«virtuelle et mystérieuse». Le montage musical deHeiner Rath et Michel Baré accordait un caractèresurréaliste à cette performance. Les visages desspectateurs se reflétaient dans les vitres, participaientaussi de cette création, animée par ce jeu mouvant demiroirs. Une version psychédélique de la forêt de nosinconscients, Brocéliande et Merlin ne sont pas loin…Une lecture de poème suivait, avec, bien sûr, entreautres poèmes, l’évocation de la Nuit de Walpurgis deVerlaine, du Roi des Aulnes de Goethe… Le troisièmemouvement de la soirée s’articulait autour duconcours de balais, présentation enjouée, pleine defantaisie, d’originalité, d’ingéniosité. Comment choisirentre le «balai-niversaire», le balai qui fait tomber lesmurs, le balai de celles qui furent brûlées parce qu’ellesne balayaient pas avec, le balai danseur, le balaistimide? Esprit bon enfant, plaisir de partager lesmots… Autre facette de l’édition poétique affirmeÉric Blanco, le directeur de la Zip et des éditionsPlaine Page. La performance sur scène participe de lapublication. Qui a dit que la poésie moisissait dans lesantres perdus des bibliothèques ? En voici un magistralet vivifiant contre exemple ! Succès : Retiens la nuit...a été repris le 14 mai.MARYVONNE COLOMBANI

Quelques ponts transatlantiques

Installation de Gunther Vossiek © Charles Gros

Il est de coutume de considérer les opinions de gauche com-me un idéalisme : elles projetteraient sur le monde des notionsabstraites de justice auxquelles la réalité opposerait unerésistance farouche. À l’inverse, les idées de droite sont de cou-tume qualifiées de réalisme puisque opposant à cet idéalismela dure réalité des faits : il y a des riches et des pauvres on n’ypeut rien changer ; toute politique doit donc soutenir l’effortdes premiers à faire travailler les seconds.Or la fiscalité de droite est un idéalisme. Qu’entendons-nouspar-là ? qu’elle considère ses idées indépendamment de la pra-tique : elle soutient que la baisse des charges des entreprises etles économies d’impôts des riches seront réinvesties dans lecircuit de production, même si cela s’est toujours avéré faux.Cet idéalisme est soutenu par un autre que la droite manie :la liberté, qui se réduit en fait à la possibilité de s’enrichir quandon est déjà riche. Toute analyse montrant que cette définitionréductrice de la liberté ne profite qu’à une minorité n’entameen rien les principes. Ainsi pour la droite le droit se substitueà la réalité. Puisque la liberté est principe de droit, peu im-porte qu’elle n’existe pas dans les faits.Cet idéalisme est en fait plus absolu que l’idéalisme radicalde Platon. Celui-ci posait que les idées existaient indépen-damment de la réalité matérielle : s’il n’y avait pas d’hommeou d’arbre, l’idée d’homme ou d’arbre existerait bel et bien.

Idem de l’idée de justice dont l’absence d’exemple pratiquen’implique en rien l’inexistence de l’idée. À tout le moins ya-t-il chez Platon une définition concrète de la justice, qui estque chacun reste à sa place. Ce qui est, dans les faits, le fonde-ment de l’ordre social de droite.

La justice est affaire de réalismeÀ l’inverse le réalisme considère qu’une idée n’a aucune exis-tence indépendante de la réalité ; c’est le vieux débat d’Aristotecontre l’idéalisme platonicien. On peut connaître ce mondepar nos expériences et notre réflexion. La connaissance estdonc toujours une connaissance de la réalité telle qu’elle est,et la science consiste justement à généraliser à partir de nosobservations. De même la pensée de gauche s’enquiert de laréalité de l’expérience pour définir et construire théorique-ment autour de cette enquête. Les débats concernent alorsl’analyse contradictoire de l’expérience et des rapports de forceréels, et non idéals. Un réalisme philosophique et politique se doit de revendiquerune fiscalité élevée, garante d’un état protecteur faisant fonc-tionner un système par répartition, des services publics forts,condition pour qu’une société fonctionne à peu près correc-tement. Les riches ne doivent pas payer parce que c’est idéalementjuste, mais parce que le fonctionnement social, d’après lesexpériences réelles, se portent mieux à l’aune d’une fiscalitéélevée. La justice est affaire de réalisme.La fiscalité n’est qu’un angle d’attaque parmi d’autres mon-trant qu’une politique de gauche est dans ses fondementsréaliste et une politique de droite idéaliste. Ainsi la gauche quiaccepte le libéralisme est idéaliste, et non réaliste comme ellevoudrait le faire croire.RÉGIS VLACHOS

PHILOSOPHIE

Tout peut-il être objet de science ? La réponse néga-tive, soucieuse d’humanisme, a l’avantage de balayerles dangers fascistes d’une mise en équation de l’actionhumaine. Il n’empêche que la science pourrait per-mettre à divers champs de la pensée, de l’histoire à laphilosophie, de produire des discours plus rigoureux.Parmi les divers critères de la démarche scientifique, lesouci des faits est indiscutablement la première exi-gence : il serait inconcevable qu’un scientifique ignoretelle découverte majeure, alors que l’on admet qu’his-toriens et philosophes puissent ignorer des faits. Lessciences humaines reproduisent souvent la penséedominante, et le monde intellectuel semble davantagesoumis aux assauts de la propagande que la population.L’exigence d’objectivité, consubstantielle du combatémancipateur, est la principale préoccupation de l’œu-vre de Chomsky et de son dernier livre, choix d’articlessur la nature humaine, la vérité et la liberté. S’appuyersur la science pour définir la nature humaine permet-trait en effet d’en finir avec certaines balivernes, commela méchanceté ou le besoin d’un chef. Chomsky s’ap-puie donc, dans un premier long article, sur les acquisde la linguistique, sa spécialité. Le langage est tout à lafois une clé et un modèle pour une étude sur la nature

humaine : étudier le langage c’est étudier un systèmede contraintes formelles. L’étude de ces contraintesprésente un triple avantage: mettre à jour les principesobjectifs de ce qui semble résister à l’enquête scien-tifique de l’homme ; comprendre qu’il n’y a pas d’actescréatifs aux infinies possibilités sans un système decontraintes formelles ; en finir avec l’idéologie de lamalléabilité infinie de l’homme, qui ouvre la voie à lanégation du principe constituant cette nature hu-maine, et qui est la liberté.Sur cette dernière question et comme toujours avecChomsky, l’enquête philosophique va de pair avecl’attention minutieuse aux faits. L’homme a-t-il besoind’être gouverné ? Les préjugés concernant le besoin duchef et de soumission ignorent les faits pour conforterla pensée dominante : l’auteur rappelle les nombreusesexpériences de coopératives ouvrières dont l’efficacitéétait telle qu’elles durent être renversées. Par une ana-lyse de la politique anarchiste en Espagne en 1936, ilmontre l’efficacité pratique des politiques d’émanci-pation et leur supériorité d’adéquation avec l’idée denature humaine, à l’opposé du capitalisme de soumis-sion qui est présenté comme allant de soi.On peut conclure avec Bouveresse dans son indis-

pensable préface que toute recherche objective enphilosophie, histoire, dans le domaine des scienceshumaines, mène à des conclusions radicales. La véritéest donc bien une question de courage !R.V.

Raison et libertéSur la naturehumaine,l’éducation et le rôle desintellectuelsNoam ChomskyPréface deJacquesBouveresseAgone, 25 euros

Idéalisme du bouclier fiscal :

Recherche objective

Platon est-il de droite ?

RÉALISME POLITIQUE | LIVRE66

SCIENCES ET TECHNIQUES

Souvenez-vous, chers Zibelecteurs, les tempshéroïques où unies Sciences et Techniquesnaviguaient sur l’onde longue de cette rubrique.Hélas, vers le 22e mois de son histoire, Techniquestomba à l’eau, alors que les Sciences resplendiSSantessurvécurent. Le plus surprenant est d’avoir ignoré lenaufrage. Pourtant c’était en conscience que nousavions embarqué les techniques à la proue de notrerubrique ! Heureusement, fin 2009 parut le très éruditouvrage de Robert Halleux, Directeur de Recherchesau Fonds National Belge de la Recherche Scientifiqueet Professeur à l’Université de Liège. Le Savoir de lamain, savants et artisans dans l’Europe pré-industrielle,blasphème au culte de la déesse Science, est en effet lepremier ouvrage qui analyse de façon approfondie lesrapports épistémologiques et historiques entre scienceset techniques. C’est la lecture de ce travail (quepourraient vouer aux gémonies beaucoup demandarins) qui nous fit prendre conscience de ladisparition du mot «technique» dans le titre de notrerubrique culturelle.«De l’Antiquité à la Révolution Industrielle, ce n’étaientpas les mêmes gens qui écrivaient des livres et quipratiquaient les métiers, les uns étudiaient la nature, lesautres la transformaient. Entre eux il semble exister une

cloison imperméable. En réalité, la faute en est auxhistoriens des sciences et historiens des techniques quidepuis longtemps se tournent le dos.» Pauvres historiens!N’y a-t-il pas plus généralement une division -osons lemot- de classe entre ceux qui définissent le travail etceux qui le font, le pratiquent ? Cette division entre«intellectuels» et classe productive remonte en effet àla plus haute antiquité. Le mépris de la tête pour lesbras et… ses mains. Et pourtant, comme le dit si bienAristote : «Anaxagore dit que l’homme est le plusraisonnable des animaux parce qu’il a des mains.»Notre civilisation spectaculaire revient sur les acquisdu matérialisme en refaisant marcher le monde sur satête, en replaçant la définition imaginaire des chosesavant la forme de leurs pratiques. Alors tant pis si onnous brûle, tout ce que j’ai appris c’est dans le rapportdialectique entre ma pratique technique [manuelle] etla théorie enseignée. Je tiens ce que je sais de ce quej’étudie en écho à ce que je fais. Mais lisez donc ce livre qui écrit bien mieux que moice que je pense si haut, et Madame la Rédactrice enChef… je vous en conjure, rétablissez La Technique àcôté de sa sœur et amie La Science pour le plus grandhonneur et bonheur de la Culture zibelinienne.YVES BERCHADSKY

Le savoir de la mainRobert HalleuxArmand Colin, 22,20 euros

Technique ? T’es chnoque !LIVRE | AU PROGRAMME 67

Bio : divers citésLe cycle organisé par l’IRD dans le cadre de l’année dela biodiversité se poursuit avec deux nouvelles confé-rences présentées dans la salle de conférence de laBibliothèque de l’Alcazar de 17h à 19h à Marseille.Le 26 maiDes perturbations à haut risque !par Jean-François Guégan, épidémio-logiste. Et le 5 juin Voyage au cœur desrécifs coralliens par Pascale Chabanet,biologiste marine.

Institut de Recherche pour le Développement, Marseille04 91 99 92 00www.ird.fr

Charisme éthiquehospitalièreLe 29 mai de 9h00 à 18h00 à laBibliothèque de l’Alcazar, les premièresConversations de Salerne, rencontresméditerranéennes autour du thème l’hu-main à part entière, Humanisation etmédicalisation en Méditerranée. Au coursde cette journée organisée par denombreux centres hospitalo-universi-taires du pourtour méditerranéen, ondébattra à coups de bâton interrompussur l’histoire et l’actualité de la tensionexistant depuis toujours entre huma-nisation et médicalisation. Ces rencontrestenteront de faire pencher le balancier

vers un équilibre dont l’homme serait la mesure. Ellesinterrogeront la création et la culture comme contri-bution à restaurer le malade dans sa complétude, sasingularité et sa sensibilité face son enfermement dansla souffrance et les contraintes thérapeutiques. Une

manifestation qui donne l’occasion à l’AssistancePublique-Hôpitaux de Marseille de débuter unpartenariat solide avec Marseille Provence 2013.Entrée libre dans la limite des places disponibles.Réservation recommandée.

Conversations de SalerneAP-HM, Marseille04 91 38 29 73www.ap-hm.fr

Laser à quoi ?Plusieurs laboratoires marseillais duCNRS dégainent leur pisto-laser entrela Bonne Mère et la Faculté Saint-Charles à l’occasion des 50 ans de lamise au point de cette technique. LaSociété Française de Physique et laMaison des Sciences organisentplusieurs manifestations destinées à unlarge public. L’événement «laser» serade mesurer la vitesse de la lumière pardes «tirs» de rayon laser vert entre lecentre scientifique de St-Charles et laBonne Mère les 4, 11, 18 et 25 juin dela tombée de la nuit à minuit. Desanimations seront proposées sous letrajet du laser au niveau du Vieux-Port,du cours Estienne d’Orves et duparvis de la gare Saint-Charles.www.cnrs.fr/50anslaser

Au Programme

Conversations de Salerne, illustration /

Sabine Allard

PATRIMOINE68

Nature, Provence et Curieuse conjonction direz-vous… Provence et nature, cela semble aller de soi, mais voilàque notre région va chercher aux antipodes de quoi faire voyager votre été !Les lieux patrimoniaux se parent de fêtes à venir, de rénovations, de derniers coupsde pinceau avant le début de la saison… pariant que chacun, d’humeur plus enso-leillée, prendra le temps de se promener, de s’aérer le corps et l’esprit… Nos pas nous

ramènent vers les lieux aimés pour leur beauté, leur intérêt, d’autant que la saisonnouvelle s’enrichit d’activités, d’expositions inédites. Ainsi, les retours n’impliquentaucune monotonie…

Avec «les petites histoires de la garrigue», et des prome-nades guidées au cours desquelles vous êtes initiés auxvertus des plantes. Le 6 juin est d’ailleurs une date à re-tenir, avec (à 14h30) un atelier qui présente les plantesdestinées à la teinture et à l’écriture à l’époque romai-ne. On peut même emporter le nuancier que l’on aurafabriqué à cette occasion (activité familiale et instruc-tive n’est-ce pas ?).Le point fort du mois de juin sera cependant le specta-cle donné par le Groupe F, Le pont dans tous sesétats (les 4, 5, 11, 12, 18 et 19 juin). Chorégraphies,musiques, feux d’artifice, flammes, lumières, vidéo,seront au rendez-vous pour évoquer le pont dans sesdifférentes formes, tel qu’il a été, tel qu’il est, tel qu’ilsera ou tel qu’il aurait pu être… Bien sûr, les muséesarchéologiques pour les grands et les enfants donnentune idée plus rationnelle et tout autant passionnantede l’histoire du monument, et il serait ridicule de sepriver de la visite ! À celle-ci, ajoutez la remarquableexposition temporaire (du 28 juin au 3 octobre) ayant

pour thème Casanova forever. Reprenant le tempé-rament esthète du personnage, Rüdiger Schöttle,galeriste et artiste allemand, a eu l’idée d’une œuvremultiple composée de quinze réalisations juxtaposéesde 15 artistes dont lui-même. Chaque pièce est dispo-sée à différentes hauteurs. L’ensemble constitue unnuage dans lequel le spectateur peut se promener. Uneprojection clôt cet itinéraire particulier… M.C

Le Pont du Gard0820 903 330www.pontdugard.fr

Attention, ne le cherchez pas à Avignon, il se situe enCamargue (seul inconvénient : les moustiques !) surla route des Saintes-Maries-de-la-Mer. Classé au titredes monuments historiques en 2003, il a connu uneimportante restauration de ses planchers, restitué dansson intégralité au public, sa visite guidée dure 1h30. Ledomaine et le château forment un tout harmonieuxdans lequel se tissent de subtiles correspondances. Lanature se glisse dans les motifs de la décoration inté-rieure, les plantes osent leurs volutes dans la trame destapisseries, échos muets au paysage savamment orches-tré du parc dans lequel la nature est mise en scène avecart. Cette idée de la nature et de ses représentations seretrouve dans l’exposition D’après nature qui dureradu 26 juin au 31 octobre : 27 artistes et designers livre-ront leur vision de la nature croisant leurs œuvres dansun parcours qui établira des liens entre le dedans et ledehors, une perception contemporaine de nos rela-tions avec notre environnement. Le 5 juillet à 16 heures,on aura le privilège de rencontrer le sculpteur améri-cain Richard Nonas pour une séance de dédicaces.Précédant cette exposition, une autre, du 15 mai au 13juin, Espacés, lui servira de préambule (20 étudiantsdes Beaux-Arts de Nîmes travaillent sur le thème de lanature habitée, et sont confrontés aux conditionsréelles liées à la topographie, au climat…). J’oublie lesthés de l’après-midi, les journées patrimoine, lesconcerts, les spectacles, les sorties consacrées à la biodi-versité… Un domaine départemental d’une richesseremarquable, un cadre superbe, une étape de choix !

Château d’Avignon04 90 97 58 60www.cg13.fr

La cathédrale d’images des Baux-de-Provence a choisicette année de nous emporter dans un long voyagedans les mers du Sud. De la mer naissent des mondesde couleurs et de formes extraordinaires, magnifiés parles reliefs de la carrière des Baux. La mangrove établitle lien entre l’eau et la terre, zone intermédiaire où toutreste possible… puis la cité fantôme de Litchfield sedresse, protégeant de ses formes impressionnantes lesgrottes aux peintures rupestres. Un nouveau monde,et pourtant si ancien, se dessine alors, celui des abori-gènes, danses, rites, et ces œuvres aux lignes entrelacéessi évidentes et complexes, du «dreaming art»… chaquesigne devient symbole, et retrace les débuts du monde,par la magie du Dreamtime, le temps du rêve… C’estlà que le Serpent Arc-en-ciel laisse ses œufs, énormesrochers, abandonnés comme un jeu de billes géantesen plein désert… Puis une autre civilisation s’installe,le bateau du capitaine Cook accoste… la ville moder-ne de Sydney apparaît avec son opéra, le jazz, lesexplosions de la nouvelle année… mais sur les mursmodernes survivent les dessins primitifs, marqueindélébile d’une histoire qui a tant de mal à s’écrire…Les réalisateurs de ce remarquable montage (sons etimages), Jean Charbonneau et Dong Wei, ont recher-ché avant tout à composer «un voyage au temps desrêves», un «retour aux sources», un hommage au peuple

aborigène. Un moment de magie et de liberté…Lieu ouvert, la cathédrale d’images accueillera le 18juin l’un des concerts du festival des Alpilles créé auxBaux en 2002, celui de John Illsley, ex Dire Straits andhis Band.Date à retenir, le 26 juin, avec l’embrasement de lacitadelle des Baux… Le site magnifié par une fête oùles Mireille et ses tambourinaires s’en donnent à cœurjoie ! M.C

AustraliaLes Baux-de-Provence04 90 54 38 65www.cathedrale-images.com

Miroir de nature…Bienvenue au château ! Le domaine duChâteau d’Avignon a rouvert ses portes

Cathédrale australienne

Nature, art et pyrotechnieLe Pont du Gard invite à une découverte de la nature sauvage et apprivoisée

© S. Barbier - A. Baie

Uluru © X-D.R.

PONT DU GARD | QUINSON | LES BAUX | LES SAINTES

Cette nouvelle expositiontemporaire, entièrementbilingue anglais/français,(du 15 mai au 15 décem-bre) est conçue enpartenariat avec l’ambas-sade d’Australie en France,le Muséum d’HistoireNaturelle de Toulon et duVar et le Musée du quaiBranly.La culture des Aborigè-nes, malgré les massacresliés à l’arrivée des Euro-péens au XVIIIe siècle est«la plus ancienne culturevivante durable dumonde» ! Animée par unevolonté d’exhaustivité, l’ex-position s’articule autourde trois pôles : scientifique ;artistique (art contempo-rain des aborigènes) ;ethnologique. Les dates-clé permettent au visiteurde se situer dans le mou-vement de l’histoire. Uneétude des mythes fonda-teurs explique la penséeaborigène, la compositionde cette société. Depuis le«temps du rêve», où lesgéants primitifs donnentnaissance au monde, touts’orchestre : le rêve crée lelien entre le passé, le présent et le futur. Certains personnages sont institués gardiensdes rêves et des lieux où ils sont nés… appréhension mystique du monde quiinstaure une relation particulière entre l’homme et la nature : plus encore que durespect, c’est la reconnaissance d’un esprit de la matière elle-même. Les peinturesreprésentent les rêves et conduisent à des interprétations… dont chacun peutressentir la désarmante beauté. Objets, panneaux, photos, accordent, exposentscientifiquement l’histoire géologique, biologique et anthropologique. Du boome-rang à la ceinture d’écorce, de l’herminette au propulseur (Crocodile Dundee n’estpas loin !), les instruments du quotidien racontent la vie des «habitants des origines».Les animaux naturalisés, comme le dingo, l’ornithorynque, l’échidné, l’émeu, lekoala et le kangourou, ont pratiquement disparu de la surface du monde… Letravail du cinéaste australien Jeff Doring apporte des témoignages sur la penséedes Aborigènes, leur interprétation du temps des rêves, et sur l’origine des tribus dunord de l’Australie. Une exposition alliant peintures rupestres et créations contemporaines, qui accordeune unité, un sentiment de la permanence et de l’évolution tout à la fois. Exception-nel et passionnant ! M.C

Musée de la Préhistoire, Quinson04 92 74 09 59www.museeprehistoire.com

AustralieSciences, rêve et beautéA deux pas des lacs et des gorges du Verdon, le musée de lapréhistoire de Quinson s’évade aussi en Australie, et présente60 000 ans de culture Aborigène

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Jusqu’au 1er juin l’Institut de l’Image à Aix rendhommage à Éric Rohmer, rédacteur en chef desCahiers du cinéma, et fondateur avec BarbetSchroeder des Films du Losange, l’un des piliers dela Nouvelle vague même si son ton, plus littéraire,d’un naturel un peu faux et si juste, sentimentaltoujours, était sensiblement différent de ceux deChabrol, Truffaut et Godard.Huit de la trentaine de longs métrages qu’il aréalisés seront présentés : trois des six ContesMoraux, La Collectionneuse, Le Genou de Claire, MaNuit chez Maud ; quatre des six Comédies etProverbes, La Femme de l’aviateur, Pauline à laplage, Les Nuits de la pleine lune, Le Rayon vertainsi que Perceval le Gallois, d’après l’œuvre deChrétien de Troyes.Le 25 mai à 18h30, Charles Tesson, critique decinéma, fera une conférence sur l’œuvre du cinéasterécemment disparu.

Institut de l’Image, Aix04 42 26 81 82www.institut-image.org

Les mardis de la Cinémathèque proposent le 25 maiTop Hat de Mark Sandrich, une des comédiesmusicales signées RKO, quatrième et délicieusecollaboration du couple Fred Astaire et GingerRogers. Le 1er juin, ce sera Le Salaire de la peur deClouzot, avec Yves Montand, Charles Vanel et descamions pleins de nitroglycérine sur de cahoteusesroutes mexicaines…Ces séances débutent à 19 heures.

La Cinémathèque de Marseille, CRDP04 91 50 64 48www.cinememoire.net

Du 26 au 30 mai se tiendra à La Ciotat le Festival duPremier Film, destiné à faire connaître les toutpremiers films de jeunes cinéastes. Au programmede cette 29e édition, 9 longs métrages en compétitionpour le Lumière d’Or, attribué par un jury présidépar la comédienne Agnès Soral, 9 courts, unhommage à Georges Lautner et une sélection dufilm du patrimoine, restaurés. De nombreux invités,réalisateurs, dont Georges Lautner, acteurs, pro-ducteurs, seront présents dans le berceau ducinéma.

Association La Ciotat Berceau du Cinéma04 42 71 61 70www.berceau-cinema.com

Le 27 mai à 20h, l’association Cinépage propose, aucinéma Le Prado, Bug, réalisé en 2006 par WilliamFriedkin : Agnès vit seule dans un motel désert. Elleest hantée par le souvenir de son enfant kidnappé etredoute la visite de son ex-mari, un homme violentrécemment sorti de prison. Agnès s’attache peu àpeu à un vagabond excentrique, Peter. Leur relationtourne au cauchemar lorsqu’ils découvrent demystérieux insectes capables de s’introduire sous lapeau.

Cinépage04 91 85 07 17www.cinepage.com

Le 27 mai à 20h30, dans le cadre de la rencontre litté-raire Gao Xingjian, dix ans de création après le prixNobel organisée par Les Écritures Croisées, l’Institutde l’Image propose la projection de La Neige enaoût, (sous-titres anglais), une épopée lyrique endeux actes, dont les livret, mise en scène et décorssont de Gao Xingjian. Celui-ci présentera le film.Un écrivain, indifférent aux turbulences du monde,voudrait entendre une chanson, La Neige en août,chantée par une belle femme, le double plein desensualité de la nonne Trésor Infini chez quiHuineng est venu livrer du bois et auprès de qui ils’initie au bouddhisme…

Institut de l’Image, Aix04 42 26 81 82www.institut-image.org

Le 3 juin à 18h30 au cinéma Le Mélies, en collabo-ration avec le Réseau Santé Ouest Étang de Berreet l’Équipe de Prévention en Santé Mentale du C.H.de Martigues, aura lieu une projection-débat : Ils nemouraient pas tous mais tous étaient frappés deMarc-Antoine Roudil et Sophie Bruneau, un docu-mentaire qui dénonce magistralement lessouffrances endurées au travail.

Cinemelies, Port-de-Bouc04 42 06 54 45www.cinemeliesportdebouc.com

Le 2 juin à 17h, au théâtre de la Minoterie, àMarseille, le club Cinétilt propose Cour(t)s-y-vite!,deux programmes de courts métrages sélectionnéspar une douzaine d’enfants de l’école La Major-Cathédrale, Alexandra, Anaïs, Angelina, Assad,Asmata, Faïnou, Haïtem, Hafoussoiti, Halima,Melvin, Myrième, Tatiana et Younès, qui ontvisionné, tous les mardis soirs, pendant six mois,une cinquantaine de films. Ils proposent ici leurspréférés.

Association Tilt04 91 91 07 99http://cinetilt.blogspot.com

Partant du constat que le plus souvent, aujourd’hui,on voit les grands classiques sur des écrans télé oudes ordinateurs, Télérama associé à l’Associationfrançaise des Cinémas d’Art et d’Essai, l’Agencepour le Développement Régional du Cinéma etl’Association des Distributeurs de Films duPatrimoine propose le festival Les Éternels deTélérama. Du 2 au 8 juin, l’Institut de l’Image présente 5 filmsparmi les 25 : Les Vacances de Monsieur Hulot deJacques Tati ; L’Invasion des profanateurs de sépul-ture de Don Siegel ; Le Fanfaron de Dino Risi ; LaVie privée de Sherlock Holmes de Billy Wilder etSoldat bleu de Ralph Nelson.

Institut de l’Image, Aix04 42 26 81 82www.institut-image.org

Du 16 au 22 juin se tiendra la onzième édition deRegards sur le cinéma israélien au cinéma Variétésà Marseille. Films, rencontres avec des réalisateursinvités et une soirée de musique à La Mesón.

04 91 53 40 46www.judaicine.fr

Du 21 au 25 avril, s’est tenue à Cannes la 7e édition du Festival Internationaldu Film Panafricain : un programme alléchant avec une cinquantaine defilms, des expos, des concerts… Si les films sont bien là et certainsréalisateurs aussi, cette manifestation n’a pas vraiment trouvé son public. Lesamedi soir, après la projection du film de Frances-Anne Solomon, A WinterTale, qui aborde les problèmes de la drogue et de la violence dans lacommunauté de Parkdale à Toronto, les deux chanteurs de Manbouss ontmis beaucoup d’énergie pour animer la salle du Miramar, remplie au tiers.Il est vrai que les projections des films se font en DVD, avec les risques que

cela comporte, et que les horaires ne sont pas toujours respectés.Heureusement, la convivialité du Président, Eitel Basile Ngangue Ebelle, etde ses collaborateurs de l’Association Nord-Sud Développement estcommunicative, et fait oublier ces disfonctionnements.Le Jury présidé par l’écrivaine Léonora Miano a récompensé Finding Lennyde Neal Sundstrom, Harlem à Montmartre de Dante J. James pour les longsmétrages, Door to Door d’Ida Akesson pour les courts. Il a attribué le «Dikalode la paix» à Balles et Armes à Feu de Francesco Cafua.A.G.

CINÉMA70

Un autre Cannes

LES RENDEZ-VOUS D’ANNIE | CANNES

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>Bug de William Friedkin © Anthony Friedkin

Le genou de Claire d'Eric Rohmer

Le salaire de la peur de Henri-Georges Clouzot

Les images ? Alexandre Cornu y est tombédedans tout petit ! Dès cinq-six ans il fréquenteles plateaux, jouant dans des publicités. Plusgrand, toujours très attiré par ce milieu -il s’estpourtant promis de ne pas suivre les traces de sonpère Jacques-Gérard-, c’est un peu par hasardqu’il se retrouve dans la production de films.Après avoir fait son service militaire à l’ECPA etavoir acquis les bases théoriques pour devenirassistant réalisateur à l’ESEC, en 1987, il fondeavec des amis, à Avignon, une société deproduction, Les films du tambour de soie, dontle nom vient d’une œuvre théâtrale de Mishima,avec l’envie de produire des films «hors cases». Ilest le seul à savoir taper à la machine : c’est luiqui montera les dossiers, qui aidera à la réécritureet cherchera les financements, permettant ainside passer de l’intention d’un film, quelques lignessur une feuille blanche, à un vrai projetcinématographique. C’est lui. Dès lors, Alexandre réalise que c’est une granderesponsabilité, un vrai travail. Il suit des stages deformation professionnelle et rencontre desproducteurs, tels Jacques Bidou, un de ses«maîtres». «Avant tout, il faut savoir écouter, nepas prendre la place du réalisateur ; il faut l’aiderà aller jusqu’au bout de son projet artistique. Ilfaut aussi lui permettre de trouver l’argent, doncêtre un fin stratège auprès des chaînes de télé,

par exemple, sans que le film y perde son âme !»Si une chaîne prend le projet, on a 90% dechances d’obtenir l’aide à l’écriture ou audéveloppement, ce qui permet à l’auteur decontinuer à travailler, de commencer lesrepérages.

«Je suis le porte-voix : je peux dire en quatrephrases ce qu’est le film. Le réalisateur qui,souvent, n’a pas assez de distance, peut être long,voire confus.»Ce travail est un vrai travail d’équipe, et quand çamarche, c’est sur du long terme : AlexandreCornu a travaillé plusieurs années avec Jean-Paul Fargier ou Alain Bergala. Il vient de produirele troisième film de Lise Gabelier.Si d’abord il a produit des courts métrages defiction, très vite il leur a préféré le documentaire.En 1993, à Marseille, associé à DominiqueGibrail, il a développé une ligne dirigée vers le filmsur l’Art, en partenariat avec les Muséesnationaux.Aujourd’hui, il travaille en collaboration avecMuriel Sorbo. Pour la chaine Voyage, dans lasérie des Villes Mythiques, il a produit Alger etPalerme ; en projet, Istanbul, Katmandou etDjibouti. Le long métrage d’une réalisatrice quivient du documentaire et va traiter en fiction unsujet personnel qu’elle avait abordé dans sonpremier court, il y a dix ans, est aussi enpréparation. Des projets dont il parle avecpassion.«Le film dont je suis le plus fier ? Le prochain,bien sûr !»ANNIE GAVA

NOM : Alexandre CornuProfession : producteurSignes particuliers : aime écouter et accompagner

Alexandre Cornu © X-D.R

PORTRAIT D’A. CORNU | FESTIVAL REFLETS 71CINÉMA

C’est avec conviction que MichèlePhilibert a ouvert le festival Reflets,le 5 mai, au Cinéma Variétés, devantune salle comble, remerciant tousses partenaires grâce auxquels lefestival, qui n’a pu se tenir en 2009, apu repartir d’un bon pied cette an-née. Et le public s’est embarquédans une belle Alfa Roméo, rouge,pour un voyage d’Italie au Marocavec Shakira, un travesti, couturierqui part aider Zina à se «recoudre»une virginité. Corazones de Mujer deKiff Koosof aborde des sujets encoretabous dans certains pays : mariagearrangé, virginité obligatoire, traves-tisme, homosexualité ; l’imagegagnerait parfois à être plus sobre,mais l’histoire est tantôt touchantetantôt drôle et les comédiens jouentjuste, surtout Aziz Ahmeri. Le lendemain, le voyage s’est pour-suivi à Londres dans le sillage deGreek Pete, un «escort boy» séduc-teur et ambitieux, qui rêve d’une

nomination aux «World EscortAwards» de Los Angeles. AndrewHaigh a su approcher avec sensi-bilité et lucidité ces garçons qui onttrouvé ce «métier» pour se sortir deleur milieu. Puis la salle, en trèsgrande partie masculine, a laisséplace à un public essentiellementféminin pour la comédie de JamieBabbit. The Itty Bitty Titty Committeeraconte les péripéties d’un groupede féministes lesbiennes, le CIA(Clits In Action), qui a décidé demener des actions spectaculairespour lutter contre le machisme et lasociété patriarcale. On se laisseporter par une musique tonique etdes scènes légères, ce qui n’est pasdésagréable après le film précédent.La soirée s’est terminée par unecarte blanche à Bernard Latarjet, exdélégué général de la Cinémathèquefrançaise, aujourd’hui Directeur deMarseille-Provence 2013, avec laprojection du Satyricon de Federico

Fellini, une adaptation de Pétrone.Comme s’il l’écrivit «la variétéprévient l’ennui»; au Variétés, avecReflets, nul ne s’ennuie.ANNIE GAVA

Des films d’aujourd’hui pour penser demain

The Itty Bitty Titty Committee de Jamie Babbit

CINÉMA72 LES VARIÉTÉS | L’ALHAMBRA | P. KANÉ

Projeter dans la même soirée Suite parlée de JoëlBrisse et Marie Vermillard et Nénette de NicolasPhilibert, quelle drôle d’idée ! Et quel rapportétablir entre un documentaire animalier sur lacélèbre orang-outan du Jardin des Plantes, filméederrière la vitre épaisse de sa cage, et 23 sou-venirs enfouis, racontés par 23 comédiens assisseuls face à une caméra ? Selon Jean-MichelFrodon, présent ce mercredi 26 avril à l’Alhambra,une même réflexion sur le hors champ, l’invisible,le trouble ; une même volonté d’inviter le specta-teur à fabriquer ses propres émotions sans les luiimposer ; un même travail sur la représentation.Ainsi à partir d’un dispositif apparemment simple-absence de contrechamp, frontalité des plans,disjonction entre son et image-, Nénette envahit-elle l’écran de son grand corps sculptural et rouxdont on ne sait ce qu’il sent et du mystère de sesyeux dont on ne sait ce qu’ils voient. Indifférente,absorbant ou renvoyant infiniment la projection denos fantasmes. De même sur fond uni, sansdécor, à distance de confession, les interprètes deSuite parlée, front à la caméra, font-ils naître, horscadre, en chacun de nous, de petits films intimes.Shirin d’Abbas kiarostami saisissant le visage despectateurs devant un écran complète la propo-sition articulée à une exposition photos sur le mêmethème, prévue pour le vingtième anniversaire dela réouverture du cinéma de St Henri. Mettre enrésonance des univers cinématographiques auxdémarches communes: le projet de l’Alhambrarappelle ici que la richesse d’un film vient ausside ce qu’en font ses récepteurs.ÉLISE PADOVANI

Le poids des fantômesMarseille, 1941. Le seul port françaisencore ouvert sur l’espoir d’échap-per aux nazis. Des centaines de juifsanonymes, d’artistes célèbres, d’apa-trides, d’opposants politiques missur la liste noire de la Gestapo, tran-sitent dans les petites pensions desvieux quartiers. Louis Polonski,étudiant la médecine depuis plu-sieurs années en France, attend samère et ses deux sœurs que sononcle doit faire sortir de Pologne,pour s’embarquer vers l’Argentine.Les inserts de leur arrestation dansle ghetto de Lodz ne laissent pasd’espoir au spectateur. Mais Louisfait disparaître dans sa poche lalettre confirmant l’échec de la ten-tative, et apparaître devant lui le triode femmes toutes en robes et cha-peaux, encombrées de valises sanspoids, tendres et insupportables, le

reproche prompt à leurs lèvres vio-lemment rougies. Louis n’a pas été«un bon fils», «un bon frère» : ingrat,il les a oubliées.Pascal Kané signe ici un film étrange,flottant entre réalisme et fantastiquesans le budget de ses ambitions.Avec son directeur de photographieWilfrid Sempé, il théâtralise uneville kafkaïenne gagnée par l’ombre,l’éclaire comme un tableau d’EdwardHopper, joue sur les contrastes et lapâleur lunaire du visage de Louisincarné par l’excellent Rudi Rosen-berg. Les yeux très bleus du jeunehomme semblent errer avant de seposer sur la belle et pragmatiqueRosa (Fanny Valette), chanteuse derevue dont il tombe amoureux. Des-sillant à jamais ses paupières, ellele sauve de sa folie. Très documenté,convoquant les figures historiques

de Varian Fry, de Sylvain Itkine -hom-me de théâtre, de cinéma, incroyableinitiateur d’une coopérative de frian-dises autogérée-, je ne vous oublieraijamais est avant tout une œuvre per-sonnelle inspirée du roman familial

du réalisateur qui y «objective» sespropres fantômes, la culpabilité dessurvivants de la Shoah et leur deuilimpossible.ÉLISE PADOVANI

Entre les murs d’Algérie«Recherchez le savoir, et s’il le faut, jusqu’enChine». C’est de ce hadith du Prophète Mahometque le documentariste Malek Bensmaïl a puiséson titre, La Chine est encore loin, mais aussi saisil’occasion d’un état des lieux de la transmissiondu savoir en son pays, l’Algérie. Et si le constatpeut paraître amer, le ton lui ne souffre d’aucunpessimisme. Prenant pour centre névralgique deson film une classe de l’école d’un petit villagechaoui, berceau de la révolution algérienne,Bensmaïl et son cinéma d’observation mettent enlumière les blocages d’une société. Tiraillée entreun passé colonial étouffant, la place grandissantede l’enseignement coranique et une politiqued’arabisation aveugle qui piétine langues etcultures régionales, ici le berbère, la jeunesse

algérienne et son système éducatif semblent êtredans une impasse. Mais là où certains clôture-raient leur propos devant tant d’obstacles, Bensmaïllaisse sa caméra filmer, évitant soigneusement lacaricature ou la recherche de coupables. Et faceaux somptueux décors des montagnes des Aurès,aux sourires et à la malice de ces enfants, àl’abnégation de leurs deux professeurs, à la fiertéd’un peuple aussi, il ne peut que sauter d’un piedsur l’autre, et nous avec, entre juste inquiétude etfol espoir. «La société algérienne est bloquée…mais il y a une énergie» semblait résumer MalekBensmaïl lors de la présentation du film aucinéma Variétés, organisée en partenariat avecAFLAM.REMY GALVAIN

Jeux de miroirs

Je ne vous oublierai jamais de Pascal Kane

La Chine est encore loin de Malek Besmail

ARTS VISUELS 73

Un certain sentiment de la maison guide la fonda-tion, en écho au projet du peintre de fonder unemaison d’artistes en Arles : «Il y aura pour logerquelqu’un la plus jolie pièce d’en haut que je cher-cherai à rendre aussi bien que possible, comme unboudoir de femme, réellement artistique.» 

Chez moiPour cette première exposition depuis les change-ments survenus au sein de l’Association pour laFondation Van Gogh*, sa nouvelle directrice MaryGruber a confié le commissariat à une structureexterne, Le Factotum, spécialisée dans les projetsculturels. «Avec Nathalie Vo, nous avons conçu unesélection subjective d’œuvres en correspondanceavec le désir d’une maison d’artistes, un véritablelieu où s’établir qu’avait rêvé Van Gogh pour Arles»précise Justine Flandin. Exit les évènements dramatiques comme l’oreillecoupée pour une présentation apaisée. Nous retrou-vons les éléments de la mythologie van-goghienne :la chambre (la photo amusée de Fiodor Cyriel Buis,une vision plus littérale de Larry Rivers), le fauteuil(un César arachnéen), la chaise (un David Hockneyun peu ostentatoire), les sobres brodequins (LucienClergue), la combinaison des deux (FernandoBotero), la pipe, mais aussi la lumineuse couleur(Jan Voss, Jean-Jacques Surian) ou l’écriture (lepalimpseste pictural en filigrane de la chaise parJean-Paul Pancrazi en correspondance avec l’im-portante littérature du Hollandais). Plusieurs œuvres s’échappent de la représentationou de la picturalité pour nous y ramener autrement.

L’étonnante condensation en une seule touche quasiachrome de Lee Ufan contraste avec l’image récur-rente du Vincent vibrant de couleurs. En photographie,certaines propositions ouvrent d’autres champsdistanciés : le corps et la nature en sereine com-munion (Arno Mikkinen), le flux animiste du végétal(Lu Lubroth), l’éblouissement (Bernard Faucon).Obstinément énigmatique la lampe torche de JasperJohns. Devant être sous peu restitué à ses ayantsdroit, le Bacon sera remplacé par un Rauschenberg.

Pour un renouveau Pour la saison estivale, un accrochage renouvelé estprévu en attendant les projets annoncés. Plusieursaxes sont envisagés comme l’ouverture à la jeunecréation, des résidences d’artistes, le développementde partenariats et médiations : ainsi le travail déjàengagé par la jeune artiste Pauline Fargue avec lesélèves en classe d’arts plastiques du collège SaintCharles. Le déplacement de la fondation dans les

murs libérés par la Banque de France a été confir-mé par le maire, Hervé Schiavetti, le jour duvernis-sage. Choix nécessaire en regard descontraintes du Palais de Luppé dont une partie dufinancement sera apportée par Luc Hoffmann,président de l’as-sociation, dont la famille estdésormais à Arles avec le projet des Ateliers Sncf viaMaja Hoffmann, sa fille, et la Fondation Luma. Vincent devrait se sentir comme à la maison. Verra-t-il un jour en Arles une de ses œuvres entre sesmurs ? CLAUDE LORIN

Le sentiment de la maison jusqu’au 27 juin Fondation Van Gogh, Palais de Luppé, Arles04 90 49 94 04*création d’une nouvelle association, l’AACFV(association pour l’aide à la création de la fondationVan Gogh)

Entre ses mursRenouvellements à la tête de la Fondation Van Gogh, et nouvel accrochage

de gauche a droite Cesar, Botero, JP Pancrzai, D Hockney © J Flandin

Comment extirper la gravure de lacatégorie des arts graphiques et de sarestrictive connotation technique  ?Formé à ce média traditionnel etmaîtrisant ses arcanes, Marc Brunier-Mestas renouvelle le genre enpratiquant principalement la linogra-vure, appliquée sur papier mais aussicarton ondulé ou planches decagettes. Rappelant Frans Masereelou Ernst Ludwig Kirchner et lesexpressionnistes allemands, il cultiveun regard critique et distancié sur sonépoque, sarcastique et cocasse.Cette Valse à trois temps rythme lestrois étages du musée en commen-çant par le premier temps, celui del’enfance. Surprise : la gravure intègrel’objet et devient tridimensionnelle,naïve et amusée. Dans l’esprit Dadaou surréaliste, voire comme dans cer-taines formes de poésie contemporaine,l’image et le mot s’interpellent  etouvrent le champ libre à l’interpré-tation. Un portrait mi-humainmi-canard se redouble de l’inscription«C. A. N.» deux fois : pense-t-on au

coin-coin de la cane, au french-cancan ou au récent «Yes we can» ?Autant d’ouvertures possibles mais laplupart du temps l’image se passe del’écrit. Le travail de Marc Brunier-Mestas sejoue de ces procédés à significationsmultiples avec une grande économiede moyens. Chaque image nécessitealors une attention particulièrecomme dans cette série d’environsept cent cinquante formats 8x8cm,conçue sur «le principe d’uneidée/une image par jour, à quelquesuns près». Il reste deux étages àparcourir d’un œil et des deux autres.CLAUDE LORIN

Une valse à trois tempsMarc Brunier-Mestasjusqu’au 30 juinCentre d’art contemporainintercommunal d’Ouest Provence,Istres04 42 55 17 10www.ouestprovence.fr

De la page au murLa technique ne fait pas tout. Au CAC d’Istres Marc Brunier-Mestasréinvente la tradition et le métier de graveur pour s’évader hors cadre sur les murs

Marc Brunier-M

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3 temps, installation m

urale pour le Cac Istres, 2010 ©

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FONDATION VAN GOGH | CAC ISTRES

ARTS VISUELS74

Les musées français assurent trois missionsprincipales : collectionner, conserver, diffuser. Lemusée Cantini s’acquitte de ce dernier point avecune présentation abondante d’œuvres dignesd’intérêt, mais sans grande âme. Afin de profiter dela période couverte, du Fauvisme à César, on auraitapprécié diverses médiations spécifiques - en plusdes visites commentées et ateliers habituels, et dupapier d’accompagnement format A4 - mettant enévidence l’importance de certaines œuvres dans lacollection (Jardin d’ocre léger d’Olivier Debré), leurcompréhension dans le mouvement artistiqued’appartenance (les Dufy précubistes) et l’histoire del’art plus généralement. Ainsi les pièces du groupeGutaï ne peuvent à elles seules signifier toute leurdémarche ; il aurait fallu rappeler le moment où la

villa Air-Bel à Marseille est le refuge de nombre desurréalistes lors de la seconde guerre mondiale ; etmontrer comment les créations majeures (Klein)s’inscrivent dans les avant-gardes… Le choix estample, mais le propos patrimonial est sans surprise. En situant notre attente entre un passé mémorableet un lendemain qui devrait chanter en 2013, exige-t-on trop des Musées de Marseille ? L’exposition derentrée célèbrera le centenaire de la naissance del’écrivain et poète surréaliste Jacques Hérold. Sonouverture coïncidera avec la date de naissance del’artiste le 10 octobre 1910. Argument, espérons-le,de bel augure !CLAUDE LORIN

Picasso, Dubuffet, César…Musée Cantini, Marseille04 91 54 77 75www.marseille.fr

Le musée Cantini propose un nouvelaccrochage de ses collections pourpatienter jusqu’à la rentrée

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PRINTEMPS DE L’ART CONTEMPORAIN | MUSÉE CANTINI

En rassemblant à La Friche une foule croissante devisiteurs, la soirée d’inauguration a donné un signefort quant à la montée en puissance de l’évènement.Sur le toit terrasse le groupe Dunes proposait uneinstallation visuelle et sonore un peu aride, dans lagalerie la questionnante expo de Matthieu Clainchardet invités, à la Cartoucherie la stupéfiante perfor-mance Squelette de Fouad Bouchoucha, aux GrandesTables on pouvait voir ou revoir les vidéos Inferno deMarie Bovo en buvant un verre et échanger ses im-pressions. Lesquelles ne manquaient d’évoquer laplace de l’art contemporain dans la seconde ville deFrance, sa fragilité, mais aussi l’incroyable désirrenouvelé d’y survivre après la disparition des gale-ries Pailhas, VF galerie, Athanor, RLBQ en sursis,l’arrivée de nouvelles Saffir, GAD, La 3e Rue, Rétinele Lieu, et le [mac] en apnée. On pouvait entendrequ’un musée ne peut fixer à lui seul la création

contemporaine, que plaquer la recette Bilbao ou Metzà Marseille serait une ineptie pour une excellenteraison : la cité phocéenne possède deux musées, le[mac] et un autre éclaté dans la ville, porté par desinitiatives singulières, professionnalisées mais nonnormalisatrices, par lesquelles sont passés desartistes confirmés. Une dynamique spécifique donton doit tenir compte pour l’avenir.C.L.

Court circuitQuartier Longchamp-Belle de Mai : Wilson Trouvéprésente trois œuvres à la galerie Porte-Avion dontune réalisée in situ (Black canvas), fruit de d’une« recherche de l’épure avec une économie de moyens».Par choix, non par défaut. Avec Reflecting girl et Ba-roque broken lines, l’ensemble, d’une belle ampleur,résulte de sa volonté de s’épancher «au-delà desgenres convenus de la peinture et de la sculpture». Rue Consolat, au Buy-Sellf Art club, Yann Géraudintroduit sa pièce monumentale White Spirit / Pein-ture noire par ce texte prononcé par les esclaves aumoment de leur conversion au catholicisme : «Oui

de toutes mes forces je renonce». Puis invite à cir-culer entre 1 sculpture grillagée et 4 peintures surbois qui font écho à la circulation de la pensée, à l’af-frontement entre White et Black, à la domination dela matière sur la pensée. En résonance avec sa performance-lecture poétiqueet sonore, Anne Karwala installe à la Galerie Où saVitrine poésie Part(s) & qui donne à lire au passant,dans un entrelacs de graphes et de surimpressions,l’accroche INDIFFÉRENCE CERTAINE en lettresmajuscules. Seule la galerie Smp a fait le choix de l’accrochagecollectif avec 10 artistes dans Son Filetage mord dansla matière et sa tête tient l’assemblage #2. Et voilàle travail. Un titre chausse-trappe pour s’interrogersur «le bricolage dans l’art, une résurgence de laculture ouvrière ?» et développer discours théori-ques et approches ludiques du bricolage. M.G.-G.

Le Printemps de l’art contemporain, Marseillewww.marseilleexpos.com

Le Printemps de l’art contemporainconfirme avec cette deuxièmeédition le bien fondé et la nécessitéd’une telle initiative

Deux musées dans la ville

Maintenance permanente

White Spirit/Peinture noire, Yann Geraud, Buy-Sellf Art Club 2010 © X-D.RIt's like a jungle..., Matthieu Clainchard, Friche Belle de Mai/Triangle (vue partielle), 2010 © Zibeline/C.Lorin

75ARTS VISUELS

L’Algérie et l’Egypte, Vincent Courdouan et sescontemporains provençaux est le deuxièmerendez-vous du Musée d’art de Toulon avec sacollection, après Paysage vidéo qui inaugurait seshabits neufs. Selon un principe simple : fairedialoguer ses œuvres avec les prêts de fondsprivés et publics. Du coup Courdouan n’est plusseul (le musée lui avait consacré une rétrospec-tive de premier plan en 2000), mais accompagnéd’artistes fascinés par l’Orient. Notamment FélixZiem son contemporain qui, comme lui, a effectuédeux voyages, l’un en Algérie l’autre en Égypte, àquelques années d’intervalle. «Des artistes siproches et si différents qu’il était intéressantjustement de rapprocher» explique BrigitteGaillard, Conservatrice du Musée d’art. À l’heure où l’on fête le bicentenaire de sa nais-sance à Toulon, le Musée a choisi de valoriser sestalents de paysagiste tout en montrant sa diffé-rence avec l’École de Marseille. Car entre sesdessins et pastels datés du jour de ses voyages, etses huiles réalisées postérieurement en atelier,son approche de l’Orient diffère : l’une vécue, enprise directe ; l’autre rêvée, imaginaire, voire

fantasmée… L’exposition invite ainsi à des allerset retours : d’un tableau à un dessin de Cour-douan qui représente parfois la même scène (Lecanal Mahamoudieh à Alexandrie, entre autres) ;et d’un artiste à l’autre autour d’un même sujet,comme La Caravane vue par Huguet qui optepour une palette chromatique vive tandis queLauret privilégie un camaïeu gris-beige. Unedémarche qui démultiplie les angles de vue surles canons du 19e siècle, les thèmes en vogue(petits métiers, fantasia, marchés, felouques,mosquées), les variations subtiles des techniques(huiles sur toile, sur bois, sur papier). Et, surtout,révèle une vision sublimée de l’Orient par lesartistes occidentaux de cette époque.MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

L’Algérie et l’Egypte, Vincent Courdouan et ses contemporains provençauxjusqu’au 27 juinMusée d’art, Toulon04 94 36 81 07

Le Musée d’art lance un avis de recherche aux collectionneurs en vue d’une exposition consacrée à François Nardi(1861-1936) en mars 2011…

Un an après sa réouverture, suite àdes travaux de ravalement des façadeset des sculptures de la galerie vitrée, leMusée d’art de Toulon poursuit lavalorisation de sa collection d’artmoderne et contemporain

Au cœur du Parc de Maison Blanche (Marseille9e), le festival Les Arts éphémères rassemble lespropositions plastiques issues des Ateliers pu-blics de l’ESBAM et les œuvres des artistessélectionnés* par Thierry Ollat, directeur adjointdu [Mac]. Un dialogue vivifiant qui offre une plusgrande visibilité à la pratique amateur - 600 per-sonnes inscrites en 2010 - et une vitrine originaleà la création contemporaine marseillaise. D’autantque toutes ces œuvres ont pour socle commun lathématique «Les parts de l’ombre : matérialitéset fictions».À l’heure des derniers préparatifs, les atelierssont une ruche bourdonnante où chacun s’affaireà passer de la maquette à la réalisation grandeurnature ! Sur 11 ateliers disséminés dans la ville, 7participent au festival sous la houlette des artis-tes-enseignants  : Pierre-Louis Albert, PierreArchita, Bernard Briançon, Françoise Buadas,Pierre Chanoine, Christiane Parodi et GillesTraquini. Si leur approche pédagogique reposesur la pratique artistique et la sensibilisationesthétique, chacun développe son univers, appor-te sa propre couleur, initie à des techniquesdifférentes selon une méthodologie personnelle.De cette diversité naissent au bout du compte, etl’exposition en est un révélateur, autant de propo-sitions artistiques que de stagiaires (adultes,

enfants, déficients visuels et étudiants en courspréparatoire au concours d’entrée en école d’art).C’est dire si Les Arts éphémères sont uneformidable émulation auprès des participants qui

redoublent d’énergie et de motivation pourfinaliser leurs projets. Mais au-delà, remarqueChristiane Parodi qui encadre les ateliers LaSauvagère et cours Lieutaud, «le travail en atelierallie plaisir et rigueur, crée du lien social, de laconvivialité et un vrai sens du partage entre deshommes et des femmes de tous âges et de toutesconditions». Sur le site de Maison Blanche, instal-lations, livres-objets, peintures sur bâches,performances et sculptures se révèleront aupublic à la lumière d’une manifestation quiinterroge, plus largement, la part de l’ombre dansl’art.MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

(*) Boris Chouvellon, Gilles Desplanques, OlivierGrossetête, Caroline le Méhauté, Aymeric Louis,Yazid Oulab, Laurent Perbos, Géraldine Py &Roberto Verde, Solange Triger, Lionel Scoccimaro,Sandro Della Noce.

Les Arts éphémèresdu 20 mai au 9 juin04 91 14 63 26

Ateliers publics de l’ESBAM04 91 82 83 11www.esbam.fr

En pleine lumière

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MUSÉE D’ART TOULON | LES ARTS ÉPHÉMÈRES

Vincent Courdouan, Le canal Mahamoudieh, collection Musee d'art de Toulon © X-D.R

Fascinationsd’Orient

ARTS VISUELS76

10 bougies design !L’exposition Siège social aux Archives municipales de Marseille en 2000 marquait le top départ du

Centredesignmarseille. 10 ans après, il fête son anniversaire autour de 3 événements :l’exposition de peinture d’Enrico Freitag en binôme avec la ligne design Italesse (vernissage mardi

18 mai 18h) ; SpiringSpirit, une cueillette design à petits prix alliant arts de la table etgourmandises (28 et 29 mai) ; et enfin, l’inauguration du 3e Débarquements d’idées sur la plage du

Prophète avec l’installation d’une «bibliothèque de plage» (6 juin).M.G.-G.

Les 10 ans du CDM, Marseille04 91 54 08 88

www.designmarseille.org

Rubiks

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Éphémères durableB. Chouvellon, G. Desplanques, O. Grossetête, C. Le Méhauté, A. Louis, Y. Oulab, L. Perbos, G. Py & R. Verde, S. Triger, L. Scoccimaro… et les ateliers amateurs de l’Esbam, le festival s’étoffe et combine promotion de l’art contemporain, transmission des savoirs pour pérenniser le projet au-delà de 2013. C.L

Festival des Arts Ephémères 2e éditiondu 21 mai au 9 juinBastide et parc de Maison Blanche, Marseille04 91 14 63 26

TracesSuite au succès public de Traits…confidentiels en 2008, Arteum invite

quatorze artistes à fourbir leurs armes graphiques pour servir cet art dugeste et de la trace en pleine renaissance. Car selon Cy Twombly, «chaque

trait est habité par sa propre histoire». C.L.

Traits…particuliersdu 2 juin au 17 juillet

Musée d’art contemporain Arteum,Châteauneuf le Rouge

04 42 58 61 53www.mac-arteum.net

Art et économieLa CCI Marseille Provence lance son 3e Concours artistique, sur le thèmede l’économie du territoire, renouant avec la tradition de commandes aux artistes (peintre, sculpteur, plasticien, photographe, vidéaste) tout en constituant sa collection d’art contemporain. Les postulants devrontfaire preuve d’inventivité pour évoquer le monde du travail, les nouvellestechnologies ou le patrimoine économique et culturel… À la clef, une exposition au Palais de la Bourse le 24 septembre et, pourquoi pas, l’acquisition de l’œuvre par la CCI ?M.G.-G.

CCI Marseille Provence, MarseilleProjet à déposer avant le 7 juin 2010www.ccimp.com

Dragibus, Laurent Perbos, l’un des laureats 2009 © X-D.R

Robert Blanc /L’âge d’or. N°1 «Le Banquet»Papier arches marouflé sur caisson médium balsa, encre de chine - 90 x 90 x 3,3cm

Pont flottant, croquis, 2010, Olivier Grossetete © X-D.R

AU PROGRAMME

77ARTS VISUELS

150 artistes ont rendez-vous auDomaine de la Baume à Aix-en-Provence pour le 5e SM’ART créé parChristiane Michel, agent artistiqueet commissaire d’exposition. Depuisleur inscription sur le site du salon,leur candidature a été passée aufiltre du comité de sélection* qui leura octroyé un stand, moyennantfinance, car SM’ART est uneinitiative exclusivement privée.Tandis que 12 000 visiteurs sontattendus sur 4 jours ! Un succès quis’explique par sa double fonction, à la fois tremplin et vitrine, et son doublepositionnement, public et professionnel. Car la volonté des organisateurs estclaire : présenter un ensemble éclectique de mediums et de tendances pouroffrir à tous les publics - éclairé ou néophyte - un vaste panorama de lacréation actuelle. Ce qui a l’heur de leur plaire puisque 638 ventes ont étéconclues en 2009  ! C’est aussi pour beaucoup d’artistes une rampe delancement auprès des galeristes qui viennent en repérage et faire leurmarché : reconnus par leurs pairs, certains voient leur carrière décollerconstate Christiane Michel… Un salon, somme toute classique, qui s’enrichitde temps de réflexion ouverts à tous, notamment sur le mécénat et ladéfiscalisation qui avait réuni 140 chefs d’entreprises lors de son premiercoup d’essai en 2001. Cette année, il réapparaît dans le programme,accompagné d’un deuxième débat sur les droits d’auteurs et les droits dereproductions qui intéressent autant les professionnels que les familles quiont dans leurs armoires des trésors enfouis… Enfin, pour répondre à unedémarche «citoyenne», SM’ART poursuit son action humanitaire  etaccompagne en 2010 l’association Mécénat Chirurgie cardiaque «Enfants dumonde» et Sourire à la vie de Marseille.M.G.-G.

SM’ARTdu 4 au 7 juinDomaine de la Baume, Aix-en-Provencewww.salonsmart-aix.com

(*) Comité de sélectioncomposé «d’unhomme de lettres, d’unphilosophe, de deuxcollectionneurs, d’uncritique d’art, d’unnéophyte et de ChristianeMichel»

SM’ARTet ça repartQu’est-ce qui fait courir les artistes et le public à SM’ART ?

HENG, Street Art Risen © X-D.R

Il dirait le SudPierre Alechinsky fera les beaux jours d’Aix. Le musée Granet brosse un large panorama constitué des œuvres liées à ses nombreux séjoursdans le Midi de la France : les travaux à l’encre, huiles, estampages,céramiques, ouvrages de bibliophilie, dessins, aquarelles…Chez Alain Paire livres et lithographies réalisés avec les éditions Fata Morgana. C.L.

Alechinsky, les ateliers du Mididu 5 juin au 3 octobreMusée Granet, Aix04 42 52 88 32www.museegranet-aixenprovence.fr

Pierre Alechinsky et les éditions Fata Morganadu 5 juin au 31 juilletGalerie Alain Paire, Aix04 42 96 23 67www.galerie-alain-paire.com

L'atelier au Paradou,1992 © X-D.R

Little Buxy Rosso Pop dans l'entreprise À Juste titres © X-D.R

Sculptures silencieusesDifficile de passer à côté de ce Parcours de ville en compagnie

du sculpteur vauclusien Jean-François Coadou qui déploie dans trois lieuxaixois la puissante matérialité de son œuvre. Et, pour mieux appréhender

la «face nord» et la «face sud» de ses objets, la galerie Alain Paire propose,en collaboration avec les Écritures croisées, une lecture d’extraits

de La montagne de l’âme de Gao Xingjiang par Jean-François Coadou,Odile Solomon et Alain Paire (vendredi 28 mai 19h).

M.G.-G.

Parcours de villeJean-François

Coadoujusqu’au 29 mai

Galerie Alain Paire,Aix

04 42 96 23 67Jardin de Colette

Delmas, Aix06 10 07 62 35

jusqu’au 28 août Atelier Cézanne, Aix

04 42 21 06 53

Equation, Jean Francois Coadou, sculpture en metal © X-D.R

Libraires du sud /Libraires à Marseille - 04 96 12 43 42Itinérances littéraires : rencontre avec KéthévaneDavrichewy pour son ouvrage La Mer noire(Sabine Wespieser éditeur, 2010) le 26 mai à18h30 à la librairie Actes Sud (Arles), le 27mai à 19h à la librairie La Mémoire du Monde(Avignon) et le 28 mai à 19h à la librairie AuxVents des mots (Gardanne) ; rencontre avecDavid Vann pour son roman Sukkwan Island(Ed. Gallmeister, 2009) le 8 juin à 18h à lalibrairie Le Lézard amoureux (Cavaillon), le 9juin à 19h à la librairie l’Odeur du temps(Marseille), le 17 juin à 18h30 à la librairie LePetit pois (Manosque) et le 18 juin à 18h à lalibrairie la Carline (Forcalquier).Escales en librairies : rencontre avec JosephBoyden le 26 mai à 19h à la librairie AuxVents des mots (Gardanne) et le 27 mai à 19hà la librairie L’Attrape mots (Marseille) ;rencontre avec Lionel Naccache le 10 juin à17h30 à la librairie Prado Paradis (Marseille)et le 11 juin à 18h30 à la librairie Goulard(Aix) ; rencontre avec Marc Kravetz le 17 juinà 19h à la librairie Le Lièvre de Mars(Marseille) et le 18 juin à 18h30 à la librairieAu Poivre d’Âne (La Ciotat).

AIX-EN-PROVENCECité du livre – 04 42 91 98 88La nuit du conte, carte blanche à CatherineZarcate, Sam Cannarozzi et Victor Cova Correa.Le 21 mai de 20h à 23h.Conférence de Jacques Mény, Président desAmis de Jean Giono, vice-président de laFédération nationale des maisons d’écrivainset des patrimoines littéraires sur Les maisonsd’écrivains, lieux de culture vivante. Le 28 mai à 18h30.Les Écritures croisées – 04 42 26 16 85Rencontres avec les écrivains coréens ShinKyung-Sook, Hwang Sok-Yong, Lee Seung-Uet Kim Young-Ha, animées par Jean-Claudede Crescenzo. Le 4 juin à 18h.Librairie Book in Bar – 04 42 26 60 07Rencontre dédicace avec David Vann pour sonlivre Sukkwan Island (éd Gallmeister, 2009),le 10 juin à 17h30 ; rencontre avec ReginaldMarsh-Feiley pour son livre autobiographiqueA Poor Lookout, le 27 mai à 17h30.Festival Seconde Nature – 04 42 64 61 00Festival pluridisciplinaire qui présente créations

sonores, visuelles, plastiques, multimédia…Du 2 au 12 juin.

APTAssociation Le goût de lire en pays d’Apt –04 90 04 05 972e édition du salon du livre en pays d’Apt surle thème Voyage en salon : rencontres avec deséditeurs et des auteurs, stands de livres, ateliers,lectures… Du 26 au 29 mai.

ARLESMuséon Arlaten – 04 90 93 58 11Le musée est fermé pour rénovation jusqu’en2014, mais les activités continuent hors lesmurs : projection-rencontre avec Le Temps descarnavals, film de Pierre Willemin, le 3 juin à18h30 à la médiathèque d’Arles ; expositionJours de fêtes aux ABD Gaston Defferre, du 26mai au 23 décembre.Atelier Archipel – 06 21 29 11 92Exposition de Jany Garbouge-Floutier et LauraJonneskindt, Livres autrement : plus de 200livres pliés (sculptures) de J. Garbouge-Floutieret des macrophotographies de L. Jonneskindt.Du 6 au 27 juin.Le Méjan – 04 90 49 56 78Correspondances amoureuses du Moyen Âge à nosjours, lecture par Marie-Christine Barrault etCharles Gonzalès. Le 25 mai à 20h30.Palais de Luppé – 04 90 49 94 04Exposition Le sentiment de la maison, collec-tion d’art contemporain dédiée à Vincent VanGogh. Jusqu’au 27 juin.Galerie Voies Off – 04 90 96 93 82Exposition Rhodanie : photographies de Ber-trand Stofleth du 20 mai au 20 juin. Vernissagele 20 mai à 19h.Conférence-projection autourde l’expo au Musée départemental de l’ArlesAntique le 19 mai à 18h30.

BAUDUENEditions Parole – 04 94 80 76 58Soupes aux livres organisées à Puget-ville le 5juin à 17h30, La Palud-sur-Verdon le 12 juinà 18h30, le 18 juin à 18h30 à Bergemon et le26 juin à 18h30 à Cannes à 18h30.Rendez-vous le 22 mai à partir de 18h à lalibrairie Regain de Reillanes (04) pour une lec-ture à plusieurs voix de Rosentahl, une enfanceaustralienne de Juliet Schlunke ; le 23 mai à la21e foire bio de Signes (83) avec Le pain, le

levain et les gènes, livre de François Roddier quidonnera une conférence sur Qu’est ce quel’évolution ?de 14h à 15h30 ; le 27 maià Salernes(83) pour présenter Le cahier rouge du maquisà l’occasion de la projection du film de WalterBassam Retour en résistance ; et le 20 juin ausalon du livre de Sainte-Cécile-les-Vignes (84)pour la sortie du livre d’Agnès PastourelPresque encyclopédie de la vigne et du vin.

ENSUES-LA-REDONNEMédiathèque municipale – 04 42 45 72 871er Salon du livre : rencontre avec des auteurs,spectacle de contes avec Marie Ricard, confé-rence de Maurice Gouiran, en présence d’AndréFortin, Jean Contrucci, Pierre Grafféo et PhilippeCarrese (sous-réserve) sur le thème Marseille,terre de polar ?. Le 29 mai.2e édition de la Foire aux livres. Le 30 mai à 14h30.

FORCALQUIERAssociation Forcalquier des livres – 04 92 75 09 59L’art de mai avec l’artiste Phet Cheng Suor :exposition de peinture, installations et livresd’artistes, atelier de fabrication de livre d’artistesur le thème de l’herbier et Pique-niquepartageur et bavard (le 23 mai à 12h, jardin duCouvent des Cordeliers). Du 21 au 24 mai.Librairie La Carline – 04 92 75 01 25Rencontre avec l’éditeur Michel Foissier etPierre Lieutaghi, préfacier du livre L’Autre facedu monde (Éd. Propos 2) sur le peintre PierreHumbert. Le 27 mai à 19h.Association Apérilivres – 04 92 74 53 52Festival Impressions d’arts sur le thème L’ordes femmes : chemins de la création au fémi-nin. Le festival vise à montrer la richesse et ladiversité de la création féminine. Du 11 au 13 juin.

ISTRESCEC Les Heures Claires – 04 42 41 15 742e édition de Ivres de livres, salon du livrejeunesse sur le thème Raconte-moi une his-toire autrement : rencontres avec auteurs etillustrateurs. Du 3 au 6 juin.

LA CIOTATLibrairie Au Poivre d’Âne - 04 42 71 96 93Rencontre avec Patrick Gérard pour son livre

Je n’ai jamais été vieille ! (éd. L’Harmattan). Le20 mai à 18h30.

L’ISLE-SUR-LA-SORGUESEspace associatif municipal – 04 90 38 67 81Trace de poète : Un dialogue entre poésie,philosophie, musique et arts plastiques. Du 1er au 14 juin.

MARSEILLEAssociation Apatala c/o Mille Bâbords – 04 91 90 89 21Dans le cadre des Ciné rencontres qui aurontlieu du 7 au 27 juin prochain, l’associationApatapela, en partenariat avec Film Flamme,recherche quatre jeunes de 18 et 25 ans,souhaitant participer à un atelier de réalisationen 16mm, ainsi qu’à tout un programme derencontres autour du cinéma avec des jeunesgens venant du Chili, de Bolivie, du paysbasque espagnol. Ils pourront ainsi s’initier àl’image et au son durant trois semaines. Le filmréalisé sera proposé à la diffusion auprès dedifférentes structures afin de valoriser le projetet le travail des jeunes et inciter d’autresstructures à développer de nouvelles formes decoopération sud/sud entre les jeunes.Théâtre La Criée – 04 91 54 70 54Collecte de livres pour les enfants de la Timoneorganisée à l’occasion du spectacle Il était unefois… les fablesmis en scène par William Mesguich.Thème retenu : contes et fables du monde. Leslivres neufs (pour des raisons d’hygiène) col-lectés seront mis à la disposition du Centrescolaire de l’Hôpital de la Timone Enfants etprofiteront à tous les enfants hospitalisés.Jusqu’au 29 mai dans le hall du théâtre.La Baleine qui dit «Vagues» - 04 91 48 95 602e édition des Oralies, festival des contes voya-geurs et 10e édition du Salon du livre de contes:signatures, spectacles… Du 21 au 23 mai.CRDP – 04 91 14 13 402e édition du salon des éditeurs avec les princi-paux éditeurs scolaires et jeunesse. Le 26 mai de 9h à 18h.Dernière rencontre culturelle du CRDPorganisée en partenariat avec l’OCCE et lethéâtre Massalia : carte blanche à Joël Jouanneauqui lira 2 textes inédits, Mon Eden Cinéma etLe Colibri des Andes, suivie de la projection dufilm Les Amantes d’après l’œuvre d’ElfriedeJelinek. Le 20 mai.

Mensuel gratuit paraissant le deuxième jeudi du moisEdité à 28 000 exemplairesimprimés sur papier recyclé

Edité par Zibeline SARL76 avenue de la Panouse | n°1113009 MarseilleDépôt légal : janvier 2008

Directrice de publicationAgnès Freschel

Imprimé par Rotimpress 17181 Aiguaviva (Esp.)

photo couvertureZARAFA© Agnès Mellon

Conception maquetteMax Minniti

Rédactrice en chef Agnès Freschel [email protected] 06 09 08 30 34

Secrétaire de rédaction spectacles et magazineDominique Març[email protected] 23 00 65 42

Secrétaire de rédaction Jeunesse et arts visuelsMarie [email protected] 64 97 51 56

SociétéChris [email protected] 03 58 65 96

Arts VisuelsClaude [email protected] 25 54 42 22

LivresFred [email protected] 82 84 88 94

Musique et disquesJacques [email protected] 20 42 40 57

Frédéric [email protected] 03 99 40 07

CinémaAnnie [email protected] 86 94 70 44

Élise [email protected]

Philosophie Régis [email protected]

Sciences et techniquesYves [email protected]

Histoire et patrimoineRené [email protected]

PolyvolantesMaryvonne [email protected] 62 10 15 75

Delphine [email protected] 65 79 81 10

Marie-Jo Dhô[email protected]

MaquettistePhilippe [email protected] 19 62 03 61

Ont également participé à ce numéro : Dan Warzy, Yves Bergé, Susan Bel,Pierre-Alain Hoyet, Aude Fanlo,Christophe Floquet, christine rey,Jean-Mathieu Colombani, Rémy Galvain, Hudgard, Sonia Isoletta

Photographe :Agnès Mellon095 095 61 70photographe-agnesmellon.blogspot.com

Directrice commercialeVéronique [email protected] 06 63 70 64 18

Attachée commercialeNathalie [email protected] 08 95 25 47

RENCONTRES78 AU PROGRAMME | ADHÉRENTS

Nos Partenaires vous offrent invitations, réductions et avantages ! Pour les places gratuites, téléphonez-leur rapidement pour réserver, puis présentezvotre carte de membre (1 place par carte nominative). Pour les réductions, présentezsimplement votre carte (réduction valable seulement pour l’adhérent)

Auto Partage ProvenceVous offre6 mois d’abonnement gratuit d’essaivous disposez d’une voiture quand vous le souhaitez, à réserver par téléphone ou Internet,24h/24, 7j/7, selon vos besoins.04 91 00 32 94www.autopartage-provence.com

Le GymnaseVous offre10 invitations par soirpour Les nouvelles brèves de comptoirde Jean-Marie Gouriomes de Jean-Michel Ribesle 1er juin à 20h30le 2 juin à 19hle 3 juin à 20h30Réservations : [email protected]

La Minoterietarif réduit pour toutes les représentations8 € au lieu de 12 €04 91 90 07 94

Les Bancs Publics1 place offerte pour 1 place achetéepour tous les spectacles04 91 64 60 00

3bisf (Aix)Entrées et visites gratuites sur réservations04 42 16 17 75

Le Sémaphore (Port-de-Bouc)Vous offreUn tarif adhérent à 8 €Pour Warren ZavattaLe 21 mai04 42 06 39 09

Le Vélo Théâtre (Apt)Vous offre2 invitations par soirpour le spectacle Le T de n-1cie les Ateliers du spectaclele 8 juinle 9 juin04 90 04 85 25

L’institut culturel italienvous offre3 adhésions annuellesd’une valeur de 32 €, cette «carteadhérent» vous donnera accès à tous les services de l’Institut,médiathèque et programme culturel.Demande par mail : [email protected] au 04 91 48 51 94

Librairie Maupetit (Marseille 1er)La Canebière5% de réduction sur tous les livres

Librairie L’écailler (Marseille 1er)2 rue Barbaroux5% de réduction sur tous les livres

Le Greffier de Saint-Yves (Marseille 1er)librairie générale et juridique10 rue Venture5% de réduction sur tous les livres

Librairie Regards (Marseille 2e)Centre de la Vieille Charité5% de réduction sur tous les livres

L’histoire de l’œil (Marseille 6e)25 rue Fontange5% de réduction sur tous les livres

Librairie Imbernon (Marseille 8e)spécialisée en architectureLa Cité Radieuse280 bd Michelet, 3ème étage5% de réduction sur tous les livres

Librairie Arcadia (Marseille 12e)Centre commercial Saint Barnabé Village30 rue des électriciens5% de réduction sur tous les livres

Librairie de Provence (Aix)31 cours Mirabeau5% de réduction sur tous les livres

Librairie Au poivre d’Âne (La Ciotat)12 rue des frères Blanchard5% de réductionsur tous les livres

La Pensée de MidiVous offre3 exemplaires de De l’humain, nature et artifices3 exemplaires de son numérod’anniversaire Histoires d’un 20 janvierpar mail :[email protected]

AdhéreZ à Zibeline

Retrouvez nos formules sur www.journalzibeline.fr

Librairie l’Odeur du temps– 04 91 54 81 56Lecture d’extraits de Abonder de et par AntoineDufeu. Le 27 mai à 19h.Librairie Histoire de l’œil – 04 91 48 29 92Lecture d’extraits de ses textes par Alain Jugnon.Le 29 mai à 19h.Montévidéo – 04 91 37 14 04Soirées Manifesten : lectures de Petit traité descissiparité de Henri-Pierre Jeudy et MariaClaudia Galera (le 21 mai à 20h) et Commeun fracas, une chronique de et par Jacques-Henri Michot (le 21 mai à 21h) ; présentationde Pour une pensée-action, vivre et agir contreducollectif Contre-Attaques / perspective 1 :Michel Surya (le 28 mai à 18h), lecture de Duode duo (le 28 mai à 20h) et de La poétesse etLettres de Sainte Catherine de Siennepar LilianeGiraudon et Robert Cantarella (le 28 mai à21h30).ABD Gaston Deferre - 04 91 08 61 00Ecrivains en dialogue : Rencontre avec Marie-Hélène Lafon et Xavier Bazot sur le thème Descorps et des voix en partenariat avec l’assciationDes auteurs aux lecteurs. Le 8 juin à 18h30.Galerie Montgrand – ESBAM– 04 91 33 99 11Documents sonores, exposition réalisée dans lecadre d’une résidence de Pierre-Yves Macé avecles étudiants. Du 26 au 29 mai.Editions Parenthèses – 04 95 08 18 20A l’occasion de la parution du livre de PatrickWilliams Les quatre vies posthumes de DjangoReinhardt, Parenthèses et Émouvances propo-sent Django Reinhardt, une fiction ?, sur destextes de Patrick Williams et avec la guitare deRaymond Boni. Le 28 mai à 18h.Espace Ecureuil – 04 91 57 26 49Conférence organisée par l’association ScienceTechnologie Société Histoire des neurosciences.Le 25 mai à 18h30.Horizontes del Sur – 04 91 08 53 788e édition du festival L’Espagne des trois cul-tures : danse, expositions, concerts, rencontreslittéraires, théâtre, cinéma avec des artistesvenus du Maroc, de Catalogne, de Murcie,d’Algérie… Du 21 avril au 27 mai.Association Bulle It – 04 91 94 29 13Rencontres critiques autour de la BD : sixalbums sélectionnés, quatre chroniqueurs, unanimateur. Le 27 mai à 20h.CIPM – 04 91 91 26 45Rencontre avec Pascal Quignard pour sonlivre Lycophron et Zétès (Gallimard, 2010).Entretien et lecture d’extraits avec Alain Veinstein.Le 28 mai à 19h.Exposition de Jean-Pierre Bertrand De ce qui sefera – De ce qui sera fait, du 21 mai au 27 juin.Vernissage le 21 mai à 18h30.BMVR Alcazar – 04 91 55 56 34Rencontre/débat par Didier Daeninckx etJean-Paul Delfino sur La part de l’homme dansle polar avec les Cahiers de l’Ecailler. Le 4 juin.Conférence de Dominique Cardon, sur lesnouvelles technologies de la relation : Nos«amis» sont-ils vraiment des amis ?. Le 8 juin à18h30.Conférence de Jean-François Guégan, épidé-miologiste, sur Des perturbations à haut risque :pour mieux comprendre les multiples et com-plexes interactions entre environnement etsanté humaine. Le 26 mai à 17h en salle deconférence.

Conférence proposée par l’Assistance Publi-que-Hôpitaux de Marseille sur L’humain àpart entière : humanisation et médicalisation enMéditerranée. Le 29 mai à 9h30.Association Lumin’Arts – 06 27 81 37 00Festival Etang d’Arts : «La Planète comme toile defond, l’Art comme moyen d’expression», tel est lepropos de ce festival qui mêle danse, cirque,arts de la rue, théâtre, cinéma, musique, et unvillage d’artistes et artisans qui présentent leursproduits et œuvres d’art plastique. Les 21 et22 mai.Altermundi – 04 91 08 53 99Exposition d’Annaïg Dumarais, créatrice demobilier en carton. Du 21 mai au 30 juin.Vernissage le 21 mai à 18h.Institut Culturel Italien– 04 91 48 51 94Rencontre autour de la présentation du livreLa pêche du thon rouge en Tunisie de Luc Corso.Le 26 mai à 18h.

MARTIGUESMusée Ziem - 04 42 41 39 50Conférence de Sylvie Thorel-Cailleteau,professeur de littérature à l’université Charles-de-Gaulle, Lille 3, sur Le paysage dans la penséesymboliste. Le 20 mai à 17h30.

NÎMESCompagnie La Poudrière – 06 61 96 62 79La cie La Poudrière s’associe au Théâtre deNîmes et au Théâtre le Périscope pour recevoirl’auteure Sabine Tamisier du 26 au 29 mai : le26 mai chez l’habitant à Nîmes (résa 04 66 7610 56), le 28 mai avec l’ATP de Nîmes à Saze(résa 04 66 67 63 03) et le 29 mai à 18h30avec le théâtre de Nîmes dans la Cour del’Hôtel Boudon (résa 04 66 36 65 10).

ORANGEThéâtre Antique et Musée – 04 90 51 17 60Conférence avec Jean-Claude Golvin, archi-tecte DPLG et directeur de recherche auCNRS, sur Le théâtre dans l’Empire romaindans le cadre de l’exposition Voyage au cœurdes Théâtres Antiques de la Méditerranée. Le22 mai à 15h.

SAINT-RÉMYMusée Estrine – 04 90 92 34 72Exposition La Réalité retrouvée, la jeune pein-ture, Paris, 1948-1958. Du 19 juin au 12septembre.

VEYNESMairie – 04 92 57 24 2315e Printemps du livre de jeunesse sur le thèmeDis Mamie, c’était comment avant ?. Du 20au 22 mai.

VILLENEUVE-LEZ-AVIGNONLa Chartreuse – 04 90 15 24 24Lecture de textes par Bruno Allain et MatéiVisniec et présentation du travail en cours de2 cies, En vie par la cie migratori K merado /Sébastien Derrey et Avec Vannina maetri par lacie comme ça / Muriel Piqué. Le 20 mai à18h30.

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