work tout remettre au lendemain, Ça peut...dossier : faire parler de soi, en bien, en mal les...

27
3’:HIKOSF=[UZUUW:?a@c@q@l@a"; M 04856 - 261 - F: 5,00 E - RD MARS 2018 TRAVAILLER MIEUX, VIVRE PLUS BEL : 5,20 € - CH : 8,30 CHF - CAN : 9,95 CAD – D : 6,00 € - LUX : 5,20 € - DOM Avion : 6,90 € - MAY : 6,90 € - Maroc : 55 DH – Tunisie : 6,5 TND - Zone CFA Avion : 4 700 XAF - Zone CFP Avion : 1 500 XPF Dossier : faire parler de soi, en bien, en mal Les petits malins de la cybersécurité Enquête : ces patrons qui reviennent en France Tout remettre au lendemain, ça peut avoir du bon Mieux s’endormir, pour mieux se réveiller MARS 2018 N° 261 FAIRE PARLER DE SOI LES MEILLEURES TECHNIQUES POUR RÉUSSIR SA COM “Pour faire le buzz, une bonne idée est plus efficace qu’un gros budget” HAPSATOU SY Entrepreneuse ...EN MAL EN BIEN... BUSINESS LES PETITS MALINS DE LA CYBERSÉCURITÉ WORK TOUT REMETTRE AU LENDEMAIN, ÇA PEUT AVOIR DU BON ! AFTERWORK COMMENT MIEUX S’ENDORMIR ET MIEUX SE RÉVEILLER Ces patrons qui reviennent en France

Upload: others

Post on 05-Jun-2020

1 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

3’:HIKOSF=[UZUUW:?a@c@q@l@a";

M 04

856 -

261 -

F: 5,

00 E

- RD

MARS 2018

TRAVAILLER MIEUX, VIVRE PLUS

BEL : 5,20 € - CH : 8,30 CHF - CAN : 9,95 CAD – D : 6,00 € - LUX : 5,20 € - DOM Avion : 6,90 € - MAY : 6,90 € - Maroc : 55 DH – Tunisie : 6,5 TND - Zone CFA Avion : 4 700 XAF - Zone CFP Avion : 1 500 XPF

Dos

sier :

faire

parle

r de s

oi, en

bien

, en m

al

Les p

etits

mali

ns de

la cy

bersé

curit

é En

quête

: ces

patro

ns qu

i revie

nnen

t en F

ranc

e To

ut re

met

tre au

lend

emain

, ça p

eut a

voir

du bo

n M

ieux s

’endo

rmir,

pour

mieu

x se r

éveil

ler

MARS

2018

N° 2

61

FAIRE PARLER DE SOI

LES MEILLEURES TECHNIQUES POUR RÉUSSIR SA COM

“Pour faire le buzz, une bonne idée

est plus efficace qu’un gros budget”

HAPSATOU SYEntrepreneuse

...EN MALEN BIEN...

BUSINESS LES PETITS MALINS DE LA CYBERSÉCURITÉ

WORK TOUT REMETTRE AU LENDEMAIN, ÇA PEUT AVOIR DU BON !

AFTERWORK COMMENT MIEUX S’ENDORMIRET MIEUX SE RÉVEILLER

Ces patrons qui reviennent en France

4. Postez votre texte sur les réseaux sociauxet récoltez les fruits de votre nouvelle notoriété !

3. Ecrivez votre propre éditoFaites-vous mousser (voir notre dossier p. 54)

2. Collez votre photo ici

1. Ce mois-ci, c’est vous la star du magazine

L’ACTU DE MANAGEMENT : FORMEZ-VOUS EN LIGNE AU MANAGEMENT 3.0

Avec les nouvelles générations, les attentes

des salariés évoluent. Et le management aussi ! Si vous (ou votre boss) avez du mal à déléguer, pensez à Bill Gates, qui disait : «Dans l’avenir, les leaders seront ceux qui savent donner le pouvoir aux autres.» Plus concrètement, le nouveau cours conçu par l’équipe du magazine pour la plateforme d’e-learning

Coorpacademy vous explique (ainsi qu’à votre boss !) le pourquoi et le comment du management 3.0. Au menu de cette formation en ligne d’une dizaine de chapitres : tout sur les fondements du management agile et sur les nouveaux rôles du manager. Vous apprendrez aussi à construire des équipes performantes et créatives.

www.coorpacademy.com

3

L’ÉDITO DONT VOUS ÊTES LE HÉROS

MArS 2018

@lomigg

Lomig Guillorédacteur en chef

LÉA

CRES

PI

Pour faire parler de vous... soyez vous !

En visite chez Google, Sébastien Pierrot s’est fait une nouvelle amie...

Hapsatou Sy capte la lumière... pour mieux la renvoyer vers les autres !

Notre reporter Thomas Lestavel et l’une des stars d’Avenue Q, à Brodway.

QUE FAISAIT LA RÉDACTION CE MOIS-CI ?

Connaissez-vous l’histoire de la première publicité sur Internet ? Le 27 octobre 1994, le magazine amé-ricain Wired, consacré aux nouvelles technologies, et donc nécessairement pionnier en la matière, inau-

gure son site. Wired vit alors en grande partie de la publicité et l’accès à son site est gratuit. Ces concepteurs ont donc logi-quement l’idée de proposer à des marques de payer pour s’afficher en ligne. Un espace est créé, sous la forme d’une bannière en haut de la page Web, et plusieurs marques sont sollicitées pour l’acheter.

Première société à répondre favorablement : l’opérateur de télécoms américain AT&T. A l’époque, on n’a aucune idée de la cible potentielle de cette publicité ni de l’impact qu’elle pourrait avoir. Il n’existe alors aucun cookie capable de retra-cer l’origine des internautes, aucun data à recueillir, aucune mesure d’audience. Pourtant, les commerciaux réussissent à vendre la bannière pour un mois au même prix qu’une pleine page de publicité dans le magazine papier, soit 30 000 dol-lars. Avec un argument plutôt efficace pour convaincre les annonceurs : «Nous leur avons suggéré d’investir sur le site, pour qu’ils puissent dire “Hey ! je suis intelligent et je pense au futur”, relatait récemment Andrew Anker, qui dirigea le site de 1994 à 1998. Nous ne leur avions pas garanti un

nombre de visiteurs, poursuivait-il. Nous leur avons sim ple- ment expliqué que ces publicités n’allaient pas seulement être vues par les internautes et qu’elles allaient surtout intéresser la presse.» Et, effectivement, de nombreux journaux, comme le New York Times, en ont parlé.

En tout, 14 sociétés acceptent de payer pour être sur le site, dont le constructeur Volvo et le Club Med ! Et, au final, 44% des internautes cliquent sur cette première campagne. Un score largement au-dessus de la moyenne des publicités en ligne actuelles (le taux de clics moyen était de 0,1% en 2017 pour une bannière en haut de page d’un site).

Cet exemple illustre on ne peut mieux l’une des principales vérités à connaître lorsqu’on cherche à faire parler de soi, thème de notre dossier : quoi qu’on fasse, il est capital d’être le premier. Attention, cela ne signifie pas nécessairement inno-ver à tout prix. Mais être original, adopter une posture diffé-rente, rompre avec la grisaille ambiante. En somme, se démar-quer pour se faire remarquer. Sans tricher ni jouer un rôle. C’est la seconde vérité : une communication réussie passe par la sincérité et l’authenticité. Soyez original, tout en restant vous-même. Et n’oubliez pas, comme le rappelle l’un des té-moins de notre micro-trottoir, cette citation inspirante d’Oscar Wilde : «Soyez-vous même, les autres sont déjà pris.» •

PHO

TOS :

DR,

FRA

NK

SÉRA

C,

JAM

ES L

EYN

SE/R

ÉA

5

ÉDITO

MARS 2018

RÉAGISSEZ EN DIRECT SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX Facebook : /MagazineManagement -  Twitter : @ManagementMag

ÇA ÉCHANGE SUR TWITTER

ÇA COMMENTE SUR LINKEDIN…

ÇA S’ENTRAIDE SUR FACEBOOK

@MarineJouet : Un peu de lecture pour les prochaines heures : @ManagementMag avec en couverture @DavidLayani, patron de @onepoint, pour les nouvelles façons de travailler. #Livepoint, dossier que je vais lire avec beaucoup d’attention. Sujet passionnant : #innovation #futureofwork

@ClaireGoussard : Au vu des chiffres de l’absentéisme publiés dans @ManagementMag, il y a encore du boulot côté qualité de vie au travail #QVT ! #absenteisme #happyatwork

@FABREMatthieu : Derrière un salarié en arrêt maladie, il y a systématiquement un professionnel de santé qui est rémunéré pour poser un diagnostic. Un salarié, lui, n’a jamais la possibilité de «se mettre en maladie»…

@ClaireGoussard : Notons surtout qu’aujourd’hui le mal-être du salarié au travail peut peser lourd dans l’activité d’une entreprise.

Céline : Serait-il possible d’avoir des conseils ou des solutions sur la meilleure façon de gérer un manager toxique ? Ou sur la manière de gérer un manager qui ne manage pas ? L’ėliminer ne peut pas être une fin en soi, mais comment réussir à l’ėcarter et à le contourner sans nuire à sa motivation ?

DR/

ABI

KER

POUR S’ABONNER ET COMMANDER DES NUMÉROSPar courrier. Service abonnements. Management. 62066 Arras Cedex 9Par téléphone. France métropolitaine.

Abonnements et anciens numéros : prismashop.management.frwww.management.fr (magazine)Pour un abonnement d’un an/11 numéros FRANCE MÉTROPOLITAINE : 55 €AUTRES PAYS et DOM-TOM : nous consulter par téléphone au 00 33 1 70 99 29 52Pour un abonnement d’un an Management + 4 Hors-Séries /15 numéros FRANCE MÉTROPOLITAINE : 79,90 €

Laurence : Je vous conseille Mon boss est nul, mais je le soigne, de Gaël Chatelain, un livre qui cartonne. Je crois que l’unique solution face à une personne toxique est de s’en éloigner pour se protéger. Si cela n’est pas envisageable, il faut se recentrer sur ses valeurs, ses priorités et prendre du recul. La force de ces tyrans est de toucher à l’intégrité des collaborateurs les plus sensibles. A ces derniers de trouver comment faire de leur sensibilité une force, pour leur propre (sur)vie. Devenir un des «guerriers de la lumière» chers à Paulo Coelho ? Bon courage.

RÉDACTION13, rue Henri-Barbusse, 92624 Gennevilliers CEDEX.

Tél. : 01 73 05 45 45. Fax : 01 47 92 66 85. Pour joindre votre correspondant, composez le 01 73 05

puis les quatre chiffres figurant entre parenthèses après son nom. Pour lui envoyer un e-mail, tapez la (ou les) première(s) lettre(s)

de son prénom, son nom et @prismamedia.com.

Rédacteur en chef : Lomig Guillo (48 98).

Directeur artistique : Frank Sérac (45 93).

Rédaction : Francis Lecompte (48 46), chef de service, André Mora (49 56), chef de service,

Marie Peronnau (48 11), chef de service, Sébastien Pierrot (46 90), chef de service.

Maquette : Thaïs Fouquet (48 23), chef de studio, Stéphanie Hamelin (49 55), rédactrice graphiste.

Photo : Claudia Zels (48 16), chef de rubrique.Secrétariat de rédaction : Jean-Pascal Comte (48 15),

premier secrétaire de rédaction.Secrétariat : Béatrice Boston (48 01) et Dounia Hadri (48 53).

Comptabilité : Franck Lemire (45 36). Fabrication : Eric Zuddas (49 51), Jean-Bernard Domin (49 50).

Ont collaboré à ce numéro : Véronique Fuvel, Bernard Redureau , Hélène Sonsino, Christine Tambourin, Peggy Tardrew (secrétariat de

rédaction), Véronique Danis, Claire Durovray, Françoise Hérold (révision), Marie Dethire, Claire Doyhénart (rédactrices graphistes).

PUBLICITÉ13, rue Henri-Barbusse, 92624 Gennevilliers CEDEX.

Tél. : 01 73 05 45 45. Fax : 01 47 92 66 85. Pour joindre votre correspondant, composez le 01 73 05 puis les chiffres figurant

entre parenthèses après son nom.

Directeur exécutif Prisma Media Solutions : Philipp Schmidt (51 88).

Directrice exécutive adjointe : Anouk Kool (49 49). Directeur délégué PMS Premium : Thierry Dauré (64 49).

Brand Solution Director : Camille Habra (64 53).Account Director : Nicolas Serot Almeras (64 57).

Senior Account Managers : Frédérique Anceau (64 06), Charles Rateau (45 51).

Luxe et Automobile Brand Solution Director : Dominique Bellanger (45 28).

Trading Managers : Alice Antunes (46 69), Katell Bideau (65 62).Planning Manager : Sandra Missue (64 79).

Assistante commerciale : Catherine Pintus (64 61).

MARKETING ET DIFFUSIONDirecteur marketing opérationnel : Charles Jouvin (53 28).

Directrice des études éditoriales : Isabelle Demailly Engelsen (53 38). Directeur marketing client : Laurent Grolée (60 25).

Directrice de la fabrication et de la vente au numéro : Sylvaine Cortada (54 65).

Directeur des ventes : Bruno Recurt (56 76).

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION :Rolf Heinz.

DIRECTRICE EXÉCUTIVE DU PÔLE PREMIUM :Gwendoline Michaelis.

Directrice marketing et business development : Dorothée Fluckiger (68 76).

Chef de marque : Katarina Dear (50 78).Imprimé en Allemagne : Mohn Media Mohndruck GmbH,

Carl-Bertelsmann-Straße 16 1 m - 33311 Gütersloh. Provenance du papier : Autriche

Taux de fibres recyclées : 11% Eutrophisation : Ptot 0,007 kg/To de papier

© PrismaMedia 2018. Dépôt légal : janvier 2018. Diffusion : Presstalis - ISSN : 1627-4792. Date de création : mars 1995.

Commission paritaire : 1019 K 85861.

13, rue Henri-Barbusse, 92624 Gennevilliers CEDEX. Tél. : 01 73 05 45 45. Internet : www.prismamedia.com

Société en nom collectif au capital de 3 000 000 d’euros ayant pour gérant Gruner und Jahr Communication GmbH. Ses trois principaux associés sont : Média Commu-nication SAS, Gruner und Jahr Communi cation GmbH et France Constanze-Verlag GmbH & Co. La rédaction n’est pas responsable de la perte ou de la détérioration des textes ou des photos qui lui sont adressés pour appréciation. La reproduction, même partielle, de tout matériel publié dans le magazine est strictement interdite.

Olivier Bay : L’inspiration et l’envie d’avoir envie sont partout où l’on veut (ou peut) bien les voir… J’aime l’idée que chacune de nos rencontres soit des «co-naissances», et que dans ce jeu de miroir naisse l’envie d’en savoir plus sur l’autre et sur soi. Si tel est le cas, alors on devrait «se donner envie».

Véronique Sharayri : Un article très inspirant, qui reflète mon ressenti. C’est pour cette raison que j’ai fait le tour des séminaires. Je suis plutôt dans les actions de tous les jours qui font effet boule de neige par leur simplicité. Merci.

Stanislas Tison : Ceux qui m’inspirent sont ceux qui croient encore qu’il peut advenir quelque chose de bon de cette considérable et inédite transformation (technologique, économique et anthropologique) du monde, à laquelle s’ajoute le défi climatique. Nous avons

besoin de personnalités qui savent mobiliser le meilleur en chacun de nous (intelligence et éthique) afin de continuer à avancer, coûte que coûte et quelles que soient les difficultés rencontrées. Pour rendre l’avenir acceptable, voire désirable, les personnalités inspirantes croient autant dans le potentiel intellectuel et scientifique de chaque individu que dans la bienveillance et l’altruisme dont l’être humain est capable.

A propos de la chronique de David Abiker sur «l’envie»

En quête d’inspiration, David Abiker rencontre le moine bouddhiste Matthieu Ricard.

EN VIDÉO Découvrez les coulisses d’une entreprise libérée avec David Layani, PDG de Onepoint.

À VOUS

10 MARS 2018

TOUPARGEL AMORCE LE DÉGELAprès dix ans d’hibernation, Toupargel sort du congélateur. Refonte du marketing, lancement d’une appli mobile et, bien sûr, nouveau logo : le livreur de produits surgelés à domicile par camions magasins vise l’équilibre d’ici à 2019 grâce au numérique. Toupargel compte 3 500 salariés pour 293 millions d’euros de chiffre d’affaires et 5,8 millions de pertes.

Legalized ! La Californie devient le plus gros marché légal du cannabis à usage récréatif, taxé à 15% et estimé à 7 milliards de dollars en 2020. En 2021, la fumette pèsera 22,6 milliards de dollars dans l’économie américaine.

En rayon, Blue Dream, Sour Diesel et Girl Scout cookies : le top 3 des variétés de cannabis cultivées sur la côte Ouest.

Avant Maintenant

INCLUSIVENe dites plus économie sociale, solidaire, collaborative,

participative ou «durable», mais « inclusive » : après l’écriture non genrée, c’est l’économie qui s’adapte au mot attrape-tout.

DES SALARIÉS des entreprises de plus de 500 personnes estiment que leur supérieur n’est pas choisi en fonction de son aptitude à décider. Les salariés des TPE ne sont «que» 31% à penser que leur boss est un indécis.Source : Baromètre Ifop-MPI Executive.

54%

L E L O G OQ U I A D I T   ?

L ’ I M A G E

ÉRIC LARCHEVÊQUE, PATRON DE LEDGER CARLOS GHOSN, PDG DE RENAULT-NISSAN

TIM COOK, DG D’APPLE

RÉPONSE. Eric Larchevêque, patron de Ledger, la future licorne française des cryptomonnaies, qui vient de réussir une levée de fonds de 75 millions d’euros.

“Mais qu’est-ce qu’on va faire de tout

cet argent ?”

L’ESSENTIELD E L ’A C T U

12 MARS 2018

Au Japon, Taisei Corporation fait voler un drone dans ses bureaux le soir pour inviter ses salariés retardataires à rentrer chez eux. Doté d’un système de reconnaissance faciale, le T-Frend leur diffuse la chanson Ce n’est qu’un au revoir. 25% des salariés nippons font plus de 80 heures sup par mois.

Marchand de sable

1LES ÉTATS-UNIS. Avec

un revenu annuel de 14,3 millions de dollars, les grands patrons américains

gagnent 265 fois plus que leurs concitoyens.

2L’INDE. Les patrons indiens

gagnent 1,46 million de dollars, soit 229 fois plus que leurs collaborateurs.

3LE ROYAUME-UNI.

Avec 7,9 millions de dollars, les boss britanniques

mangent 201 fois la paie de leurs plus humbles sujets.

4L’AFRIQUE DU SUD.

Un dirigeant coté, rémunéré 2,21 millions de dollars,

empoche 180 fois le salaire de ses employés.

5LES PAYS-BAS. Un baas (patron) gagne 171 fois

le salaire de ses bijdragers (collaborateurs), soit

8,24 millions de dollars.

TOP 5 DES PAYS OÙ LES GRANDS PATRONS ONT

LE PLUS D’APPÉTITUn PDG français du

CAC 40 gagne en moyenne 2,75 millions de dollars,

soit 70 fois le revenu moyen des Français, calculé sur

la base du PIB par habitant. Ce qui place l’Hexagone

en 15e position du palmarès des écarts de

rémunération dressé par l’agence Bloomberg, dont les gagnants sont…

La Société générale s’est vu notifier un redressement fiscal de 2,2 milliards d’euros. Soit le montant des cotisations sociales non réglées à la suite du trou de 4,9 milliards d’euros laissé par Jérôme Kerviel en 2008. Le fisc a estimé que cette perte, liée à un défaut de contrôle interne de la banque, ne l’exonérait pas du paiement des cotisations.

Un trou peut en cacher un autreE

n route pour le Forum de Davos, 140 grands patrons du monde entier ont fait un détour par Versailles début janvier, répondant à l’invitation d’Emmanuel Macron, pour un banquet concocté par le chef Alain Ducasse. Le dessert aux agrumes devait

être succulent : à l’issue du festin, les PDG se sont bousculés pour offrir leurs subsides afin de développer la formation des Français au numérique. Sheryl Sandberg, numéro 2 de Facebook, a mis 10 millions d’euros sur la table pour renforcer le laboratoire parisien du groupe sur l’intelligence artificielle et initier 65 000 Frenchies à l’informatique d’ici à 2019. Sébastien Missoffe, DG France de Google, a annoncé qu’il allait créer un centre de recherche sur l’intelligence

artificielle et former 10 000 Français dans ses ateliers numériques. Satya Nadella, CEO de Microsoft, va quant à lui créer quatre data centers en France et… allez, tiens, une école d’intelligence artificielle. Le plus gros chèque est signé SAP, éditeur allemand de logiciels, qui a annoncé 2 milliards d’investissement sur cinq ans et l’ouverture d’un incubateur

de start-up. Suivent Novartis, qui va engager 900 millions

pour son siège de Rueil-Malmaison, et Toyota, 300 millions dans son usine du Nord. «France is back», s’est félicité M. Macron. Et les business angels font le printemps ! •

Emmanuel Macron se frotte les mains : son dîner a rapporté 3,3 milliards d’euros et 2 200 emplois.

PHO

TOS :

ZU

MA

/B. C

AH

N/M

AX

PPP,

CO

CA-C

OLA

, T. C

AM

US/R

EUTE

RS, T

AIS

EI, O

. BO

ITET

/MA

X PP

P

IL PLEUT DES GAFA SCHOOLS

ET SI ON BUVAIT DE L’EAU ? Le changement des habitudes de consommation sonne lentement le glas des sodas dans le monde. Aux Etats-Unis, les ventes de Coca-Cola ont chuté de 25% en vingt

ans. La firme d’Atlanta a encore baissé de 4% en 2017 et a lancé un plan de suppression d’emplois en France. Teneur élevée en sucres, aggravant les risques d’obésité, recettes «secrètes» et marketing

vieillot, les sodas n’ont plus la cote. L’époque est aux eaux en bouteille, aux jus de fruits, au thé et aux boissons diététiques. Mais les géants du soda n’ont pas dit leur dernier mot et diversifient leurs marques.

P O D I U M

L’ESSENTIEL 13

L’ESSENTIEL

80%DES SALARIÉS FRANÇAIS REFUSENT D’ÊTRE MANAGERS. Motifs : 61% redoutent le stress, 56% la lourdeur administrative et 42% le manque de reconnaissance. Enquête BVA pour Audencia Business School auprès de 1  001 salariés (non cadres).

LA LEVÉE DE FONDS DU MOIS

1 VOYAGEUR D’AFFAIRES

SUR 3 a profité d’un déplacement

professionnel pour prolonger son séjour à titre

privé en 2017.

99,74 % des décisions que l’on prend

sont inconscientes, selon Huawei. Chaque jour,

le cerveau humain accomplit près de 35 000 arbitrages,

mais seuls 0,26% de ces actes seraient effectués en toute conscience. Pour

la firme chinoise, cela prouve que le fonctionnement

de l’intelligence humaine est très similaire à celui

de l’intelligence artificielle, c’est-à-dire qu’il s’exerce en arrière-plan, afin de ne pas perturber notre vie.

Ç A D É G R A I S S E

Ç A P R O G R E S S E

482 000emplois en moins au

Royaume-Uni d’ici à 2030… Ce serait une conséquence directe du Brexit, selon une

étude commandée par le maire de Londres auprès de Cambridge Economics.

+ 2 dollarsC’est l’augmentation du

salaire horaire décidée par Walmart. Début janvier, le géant américain de la distribution, premier

employeur privé du pays, a en effet annoncé que

les employés qui travaillent dans ses rayons (près de

1 million) seraient désormais payés 11 dollars l’heure,

contre 9 jusqu’à présent.

ILLU

STRA

TIO

NS :

GRÉ

GO

IRE

GIC

QUE

L

88% des directeurs et des managers envisagent d’accorder une augmentation à au moins un collaborateur au cours des prochains mois, selon une étude du cabinet Robert Half. Pour la plupart (17%), ils prévoient une progression de salaire de 2%.

QUE FAISAIENT LES ENTREPRENEURS AVANT LA CRÉATION DE LEUR BOÎTE ?

PENDANT LES PAUSES… LES SALARIÉS PARLENT SURTOUT DE TRAVAIL !

92%ESTIMENT

qu’une pause améliore la qualité du travail.

91% pensent que cela augmente la

productivité et 83% que cela facilite la diffusion

de l’info en interne.

36%S’ACCORDENT

une récré inférieure à quinze minutes par jour et 1% s’offre plus de deux heures hors repas. Les salariés des

TPE sont ceux qui «pausent» le moins.

42%PENSENT

que leurs collègues se reposent

davantage qu’eux ! 53% croient profiter du

même temps de détente. Et 4% se disent champions de la pause.

23%JUGENT

que ces interruptions agacent leur manager.

Mais pour 37% des sondés,

le management accepte ces breaks d’une façon

plutôt bienveillante.

Le boulot reste au cœur des discussions autour de la machine à café. Selon un sondage BVA, c’est le premier thème abordé pour 38% des salariés en France.

BAVETTES DE CHOIX.A la pause, 18% des employés aiment avant tout parler enfants et famille, 14% commentent d’abord l’actualité et la politique, 13% discutent d’emblée des relations entre collègues. Les vacances et la météo ne sont prioritaires que pour une minorité. Et tout le monde, managers comme salariés, s’accorde à trouver ces échanges bénéfiques.

millions d’euros ont été levés par StaffMe, start-up qui relie entreprises et jeunes indépendants pour des missions ponctuelles. 1 000 clients et 25 000 jeunes sont déjà inscrits sur la plateforme.3

43,9 %ÉTAIENT SALARIÉS

24,4 %DEMANDEURS

D’EMPLOI

17,1 %ENTREPRENEURS

7,3 %

7,3 %

Employeurs, sachez-le : c’est parmi votre personnel que se trouvent les big boss de demain.

Enquête réalisée par Polycom auprès de 25 234 personnes dans 12 pays, dont la France.

FONCTION- NAIRES

ÉTUDIANTS

E N C H I F F R E SL’ESSENTIEL

14 MARS 2018

P armi les revêtements de sol, le PVC n’a pas bonne réputation. La société Tarkett a pourtant réussi à en faire un produit

tendance avec sa nouvelle collection de dalles colorées, d’une dizaine de formes différentes, qu’on assemble à sa guise. Une gamme conçue grâce au design thinking. Depuis trois ans, la multinationale française a formé 140 collabo-rateurs (sur 12 000) à cette méthodologie.

En vogue chez Google, Procter & Gamble et General Electric (lire l’encadré ci-dessous), mais aussi utilisé par les gouvernements britan-nique ou singapourien, cette démarche s’ins-pire des pratiques des designers pour conce-voir produits et services. A l’origine de cette idée, le professeur David Kelley, connu pour avoir participé à la conception d’une des pre-mières souris d’Apple. Il fonde, en 1991, le cabinet Ideo, qui produira le Palm Pilot, un

succès mondial. «Penser avec les mains» : voilà comment Kelley – par ailleurs, créateur de la d-school de Stanford – résume le concept.

Avec le design thinking, il s’agit en effet de mettre la main à la pâte. Un nouveau produit à imaginer ? L’équipe chargée de la conception se réunit dans un atelier équipé de Lego ou d’imprimantes 3D pour bidouiller un proto-type et le soumettre à des utilisateurs poten-tiels avant même qu’il soit abouti. Les inven-teurs n’ayant pas eu le temps de s’attacher à leur création, ils peuvent accueillir les retours les plus critiques sans broncher.

CRÉATIVITÉ ET BRICOLAGE. «C’est une approche de bricoleurs, dans laquelle tout est concentré sur l’action. On essaie, on modifie, on essaie encore jusqu’à ce que cela fonctionne», raconte Pierre d’Huy, professeur en manage-ment de l’innovation à l’Edhec. La recette se prête particulièrement bien à la conception de produits d’équipement et de consommation. Mais le design thinking trouve aussi des appli-cations immatérielles. «Un service comptable peut améliorer le parcours d’une facture du point de vue du fournisseur en dessinant de nouveaux circuits de validation», explique Flo-rian Bougault, directeur artistique chez Tarkett.

COMME UN ANTHROPOLOGUE. L’autre apport majeur du design thinking est l’atten-tion portée aux besoins et aux habitudes des futurs clients. Plutôt que de faire appel à des instituts de sondage coûteux, les spécialistes du marketing sont invités à réduire la distance avec l’objet d’étude et à se fondre avec lui. Cela implique de passer du temps au côté du consommateur, de l’interroger et d’observer son comportement. L’empathie est indispen-sable pour percevoir les non-dits. Comme ce fut le cas avec une quinquagénaire presbyte qui n’osait pas avouer qu’elle avait du mal à lire un packaging… «J’ai animé un atelier avec une quinzaine de cadres qui devaient imagi-ner un produit destiné au quatrième âge. Pour cela, nous avons passé deux heures dans une maison de retraite», raconte Pierre d’Huy. En immersion, comme un anthropologue. •

Méthode d’innovation et de créativité, le design thinking fait la part belle à l’expérimentation et au prototypage. Une approche

par tâtonnements, centrée sur le client. Par Thomas Lestavel

Arrêtez de penser. Designez !

UNE IRM PENSÉE POUR LES ENFANTS

L’IRM EST UN EXAMEN MÉDICAL REDOUTÉ DES PETITS. Pour rendre l’expérience moins traumatisante, le fabricant GE Healthcare a misé sur le design thinking. La bruyante machine a été transformée en navire (bateau pirate, fusée spatiale…), et des aventures ont été imaginées dans lesquelles les enfants tiennent le rôle principal (ils doivent,

par exemple, trouver un trésor caché). Résultat : de jeunes patients rassurés et un moindre usage de sédatifs. Cette même logique – qui place l’utilisateur du produit au cœur de la réflexion – a conduit GE Healthcare à améliorer l’ergonomie des appareils de mammographie en questionnant plus de 400 manipulateurs radio, médecins et patientes.

GE

HEA

LTH

CARE

L’ESSENTIEL 15

L ’ O B S E R VAT O I R E D U M A N A G E M E N TL’ESSENTIEL

M O N B O S S S U R I N T E R N E T

Comment se faire 100 millions d’amis sur Facebook ? Facile : en créant Facebook ! Quatorze ans après la naissance du plus important réseau social mondial – plus de 2 milliards

d’inscrits ! – son créateur reste plus populaire que jamais. Si la réussite des entrepreneurs du high-tech peut fasciner, la vie de Mark Zuckerberg telle qu’il l’expose au public ne semble pourtant pas hors du commun. Quand il n’endosse pas son rôle de papa – l’occasion de constater que le milliardaire possède au moins deux tee-shirts –, il intervient dans une multitude de débats pour porter la bonne parole que se doit d’incarner tout jeune patron qui se respecte. Ou toute icône du rêve américain à qui l’on prête forcément des ambitions politiques ? Droit des minorités, défense

“Imagine all the

people…”

de l’environnement, responsabilité sociale…  Zuckerberg a clos, à la fin de l’année dernière, une tournée en bonne et due forme aux allures de précampagne électorale. Sa page, gérée par une équipe de 12 personnes, en rend compte méthodiquement. De quoi provoquer des ava-lanches de commentaires dans toutes les langues et dans tous les alphabets. Ce n’est plus un mur Facebook, c’est une muraille (de Babel). Peu expansif sur les sujets qui fâchent, comme l’influence du réseau sur le Brexit ou les élections américaines, le patron de Facebook a quand même annoncé sur son compte que le réseau social contrôlerait davantage à l’avenir les contenus liés à la publicité. Qu’on se le dise : Facebook doit rester une grande chaîne d’amis qui, tous ensemble, créeront un monde meilleur. •

CAPT

URES

D’É

CRAN

  FAC

EBO

OK

C’est la rentrée ! Rien n’est plus beau que la famille. Sur l’estrade du Facebook Social Good Forum, en novembre 2017.

Alex Schultz, responsable marketing, fête ses 10 ans de maison. Avec sa femme Priscilla, en visite sur une plateforme pétrolière.

LE FACEBOOK DE MARK ZUCKERBERGPar Francis Lecompte

L’ESSENTIEL

16 MARS 2018

L’ESSENTIEL

PAR PIERRE BLANC-SAHNOUN, COACH ET CONSEIL

DE DIRIGEANTS

C e soir, tu n’es pas à la maison avec ta copine. Tu es à la soirée mensuelle du boulot, la soirée hypersympa où, non contents de travailler ensemble

dix heures par jour, on se la raconte «en mode» bande de chouettes copains. On se donne à soi-même un spectacle : celui d’une commu-nauté professionnelle joyeuse et fraternelle où l’on peut s’engueuler le matin au bureau et picoler ensemble le soir au bistrot. Ce soir, tu aurais bien zappé la cérémonie au profit du dernier film des frères Coen. Mais, et c’est là que le bât blesse, cela aurait été mal vu.

Bien sûr, personne ne te l’aurait reproché directement. Après tout, chacun sa vie. Les gens sont libres de choisir leurs amis. Libres aussi de ne pas appartenir à la communauté professionnelle de cette boîte si jeune et si conviviale. Libres de s’exclure. On ne va pas t’envoyer les flics. Mais on te fait quand même sentir que tu choisis ton camp. Loin, très loin de ces rencontres gaies et sans soucis, à l’abri de toute relation hiérarchique. Au bistrot, le chef deviendrait un pote. Quelle bonne farce ! Tous les groupes humains produisent une

conformité et cette conformité s’exprime par des rituels. Ceux-ci ont été étudiés depuis longtemps par les anthropologues. Leur prin-cipale fonction est de permettre aux membres du groupe de faire acte de loyauté. D’affirmer leur appartenance en célébrant la joie d’être ensemble. En creux se tisse une impalpable frontière entre ceux qui «en sont» et les autres, qui revendiquent égoïstement une vie privée déconnectée de leur travail.

Ce n’est pas une éviction franche, plutôt une mise à l’écart voilée : des collègues qui partent déjeuner entre eux, un brusque silence lorsque l’intéressé arrive, des évaluations mitigées sans être ostensiblement mauvaises… Toute une évolution en demi-teinte qui peut mal se ter-miner. Ainsi, on dira d’un franc-tireur remer-cié à la fin de sa période d’essai : «La greffe n’a pas pris.» Comme tout cela se passe dans le non-dit, ces phénomènes sont, par définition, difficiles à mettre en mots. La victime se re-trouve isolée malgré ses efforts pour raccro-cher les wagons. Voilà pourquoi il faut être at-tentif aux rituels de groupe, cette partie im-mergée de l’iceberg des relations de travail.

Pour ne pas sombrer comme le Titanic, trois principes s’imposent. D’abord, se persuader que la façon dont les gens se comportent réel-lement entre eux est plus importante que les règles sociales qu’ils prônent. Puis, observer de près tout ce qui concerne les salutations, le partage de nourriture, les territoires privés, les mimétismes vestimentaires… et en tenir compte. Enfin, si l’on décide d’esquiver cer-tains rites de la boîte, il faut expliquer pour-quoi et, surtout, s’excuser, sous peine d’être perçu comme un être arrogant.

Vouloir s’affranchir des coutumes sociales de l’entreprise condamne, au mieux, à être toléré, si l’on est par ailleurs hyperperfor-mant, au pire exclu, d’abord sournoisement, puis tout à fait ouvertement lorsque le choix d’un maillon faible devra être effectué. •

T’AIMES PAS FAIRE LA FÊTE ? T’ES BIZARRE !

Si l’on décide d’esquiver

certains rites de sa boîte,

il faut dire pourquoi

et, surtout, s’excuser…

ILLU

STRA

TIO

N : S

TÉPH

AN

E TR

API

ER

C O N S E I L S D ’ U N V I E U X G U E R R I E R

18 MARS 2018

Quand il fait froid dehors, on est bien au bureau. Surtout si l’on a pris soin de se concocter une déco cocooning… Par Edouard Devon

On va bosser tout schuss !

1 Luge de bureau. Malin : des skis recyclés en chaise ! Up Deco, 129,95 €, dawanda.com 2 Stick ski. Un autocollant pour transformer votre MacBook en roi des pistes… The Decal Guru, 5 $, thedecalguru.com 3 Tempête intérieure. Une boule à neige

qui contient juste des flocons. Boule à neige blanche, 69 €, Paul Smith. 4 Cerf-livres. Un faux livre a été accolé à chacun de ces bois… pour que les vrais tiennent bien en place. The French Bedroom Company, 35 £, frenchbedroomcompany.co.uk. 5 Le temps retrouvé.

Une horloge murale vintage, comme dans un chalet. Red Horse Arts, 89 €, wayfair.ca 6 Sacrée descente ! Une série de mugs aux noms de stations célèbres. Angel des montagnes, 96 € les six, ksl-living.fr 7 Piste aux étoiles. Cette lampe semble esquisser un chasse-neige.

Bloomingville, 129 €, madein-design.com 8 Bureau glacier. Bossez au sec avec cette table en verre trempé. Elstron, 279,99 €, vente-unique.com 9 Flocon travaille. Un cahier au look rétro pour s’évader derrière son bureau. Zazzle, 13,80 €, zazzle.fr

3

1

2

6

5

4

9

8

7

PHO

TOS :

LIP

DEC

O, S

TAG

SPEA

RE, M

ID, A

PPLE

, W

AYFA

IR.C

A, D

R, K

SL L

IVIN

G, Z

AZZ

LE

M A V I E A U B U R E A UL’ESSENTIEL

L’ESSENTIEL 19

L A V I E D E S E N T R E P R I S E SBUSINESS

20 MARS 2018

TEMPS FORTS

PHO

TOS :

SM

ILEY

, P. S

TRO

PPA

/SA

FRA

N, G

ARO

/PHA

NIE

22LE PATRON DU MOIS

IL A LE SMILE Nicolas Loufrani a hérité

du sourire de son père… qui a déposé le Smiley en 1971.

28COULISSES

ÇA TURBINE ! Visite de l’usine Safran du

Havre, d’où sortent certaines pièces des moteurs d’Airbus.

40SAGA

QUIES LÀ ? Les boules Quies ont 100 ans, mais elles ne se reposent pas

sur leurs lauriers.

21BUSINESS

PHO

TO : J

.-C. M

ARM

ARA

 / FIG

ARO

PH

OTO

Installé à Londres avec sa société, le Français Nicolas Loufrani est à la tête de l’une des 100 premières licences mondiales.

Et déborde d’idées pour la développer. Largement de quoi sourire. Par Marie Le Tutour

L’endroit ne pourrait pas être plus typiquement londonien : c’est au Leather Market, une ancienne tan-nerie reconvertie en hôtel d’entre-prises, à une dizaine de minutes à pied du London Bridge, que nous

accueille Nicolas Loufrani. Dans son grand bu-reau de briques chaulées, un tableau attire iné-vitablement le regard : on reconnaît La Cène de Léonard de Vinci, à ceci près que les visages du Christ et des douze apôtres ont été remplacés par des bouilles jaunes et rondes. Pas de doute : nous sommes bien à la Smiley Company ! «La bonne humeur, c’est le moteur de ce que nous sommes», proclame le patron quadragénaire, tout de noir vêtu mais grand adepte de la pen-sée positive. Ces derniers jours, il a même tro-qué La Cène pour une Joconde tout aussi facé-tieuse, preuve qu’il peut garder le sourire : quarante-six ans après sa naissance officielle, le Smiley n’a pas pris une ride. La société, en croissance continue depuis douze ans, compte même parmi les 100 premières licences au monde, avec plus de 300 millions de dollars de produits Smiley vendus en 2017.

La saga Smiley, c’est d’abord une histoire de famille. Elle commence en 1971. Alors que la France pompidolienne se complaît dans une douce morosité, le journaliste Franklin Loufrani, dit Frank, propose à Pierre Lazareff, patron de France-Soir, le plus grand quotidien national à l’époque, une grande opération bap-tisée «Prenez le temps de sourire». Son idée est de mettre en avant les bonnes nouvelles

dans le journal, grâce à un petit pictogramme tout simple, un visage rond fendu d’un sourire, qui a été imaginé en 1963 par un graphiste américain, Harvey Ball, pour une campagne publicitaire. L’opération France-Soir, un formi-dable succès, est bientôt imitée par d’autres quotidiens européens. Contrairement à Ball, Frank Loufrani est un businessman avisé et il a pris soin, auparavant, de déposer sa propre version du logo. L’effet tirelire est immédiat : les produits frappés du visage jaune se multi-plient – gadgets, tee-shirts, pellicules photo Agfa, bonbons Treets, jeans Levi’s…

DES DÉBUTS DOUX-AMERS. Entre-temps, le petit Nicolas Loufrani, le fils de Frank, a bien grandi. Entrepreneur dans l’âme comme son père, il monte à 19 ans une affaire d’import de poissons, avec des amis sénégalais rencon-trés à l’école des Roches, le très chic pension-nat normand où il a décroché son bac. Deux ans plus tard, cette société périclite et il aban-donne définitivement les cours à l’ISG (Institut des sciences de gestion) qu’il suivait en paral-lèle. Avec son père, il se tourne vers le lucratif business de barter, qui consiste à récupérer des stocks d’invendus auprès de sociétés en échange d’espace publicitaire.

Un an plus tard, en 1994, il fait la connais-sance d’Ozwald Boateng, un jeune styliste an-glais bourré de talent, avec qui il décide de monter le premier tailleur londonien branché, sur Savile Row, le temple de la mode british haut de gamme. Le succès est là, mais les

L E PAT R O N D U M O I S

BIO

NICOLAS LOUFRANI1971Naissance à Neuilly-sur-Seine.

1990Il monte une entreprise d’import.

1996Il crée avec son père The Smiley Company, pour relancer le logo, déposé en 1971.

1997Le Smiley devient expressif.

2001Début d’un conflit de dix ans avec Walmart, qui revendique la propriété du logo.

2005Loufrani ouvre son studio de création.

2016The Smiley Company obtient la commercialisation du Rubik’s Cube.

NICOLAS LOUFRANI, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE THE SMILEY COMPANY

Le Smiley en héritage

B

22 MARS 2018

NOTRE MOTEUR, C’EST LLA BONNE HUMEUR…

relations entre les associés dégénèrent, et Nicolas Loufrani finit par décider de reprendre ses billes. Il a à peine 25 ans, et l’expérience lui laisse un goût amer.

SOURIRE CONTRAINT. Pour le remettre en selle, son père lui propose de relever un nou-veau défi : relancer le Smiley. Depuis le début des années 1990, en effet, la petite bouille jaune a pâli. «Pour moi, Smiley, c’était mort, il n’y avait plus de société, plus de structure, à peine une poignée de contrats de licence ac-tifs», se souvient Nicolas Loufrani, qui freine alors des quatre fers. Mais on ne résiste pas si facilement à Loufrani père quand celui-ci a une idée en tête. En 1996, Frank et Nicolas créent The Smiley Company et donnent enfin un nom au fameux sourire jaune. C’est le début d’un vaste plan de redéveloppement, piloté par Nicolas sous l’œil vigilant du paternel. «Ma première initiative a été de créer un Smiley en 3D, pour en faire un vrai visage, auquel on

pourrait donner plein d’autres expressions que le seul sourire qu’on lui connaissait. On a frôlé le psychodrame, car mon père ne voulait pas qu’on touche au Smiley original, mais j’ai tenu bon.» Pour redéployer rapidement la marque, il décide de frapper fort et fait appel à des agents de licence dans 50 pays, chargés de dé-marcher les futures entreprises partenaires. «On a imaginé de nouvelles catégories de Smiley : triste, amoureux, sportif, animal… Cela a permis de relancer l’intérêt et de signer à nouveau des contrats partout dans le monde.» Les versions se multiplient, en parti-culier avec la vague des émoticônes qui déferle dès la fin des années 1990 sur Internet. Ce qui est très bon pour la notoriété du Smiley et la sympathie universelle qu’il suscite… mais ne rapporte rien à la société !

Raison de plus pour en faire une marque durable sur le marché de la licence, pourtant volatil par nature et où une mode chasse l’autre. En 2005, après trois années de baisse du chiffre d’affaires, en partie liée à un conflit juridique avec le géant de la distribution amé-ricain Walmart sur la paternité du Smiley et à un épisode personnel de dépression, Nicolas Loufrani décide d’internaliser tout le proces-sus de création au sein du studio Smiley.

L E PAT R O N D U M O I S

PHO

TOS :

TH

E SM

ILEY

CO

MPA

NY

FURAX, TRISTE, AMOUREUX… C’EST GRÂCE À SES ÉMOTIONS QUE LA BOUILLE JAUNE SÉDUIT

DANS LES LOCAUX DE LONDRES, les créatifs sont majoritaires.

LA RENCONTRE de deux sourires qui ont fait le tour du monde.

FRANKLIN LOUFRANI,DIT FRANK, LE PÈRE FONDATEUR.«Un génie relationnel», affirme son fils.

B

24 MARS 2018

Aujourd’hui, deux tiers des 35 salariés de Smiley sont des créatifs, chargés de repérer les tendances de couleurs ou de matières et d’imaginer les produits que la marque propo-sera à ses partenaires – à charge pour ces der-niers d’en assurer la fabrication. «C’est assez rare dans l’univers de la licence, où seules des entreprises comme Disney travaillent de cette façon», souligne le patron, qui veille jalouse-ment à la qualité des produits arborant le fa-

meux visage jaune. Pas question pour Smiley d’accorder une licence au pre-mier gadget venu.

OBJECTIF INTELLIGENCE. Le pa-tron modifie également sa manière de recruter. «J’ai arrêté de prendre des gens qui venaient de la licence et de

cette culture du one-shot pour engager des personnes issues de groupes comme Adidas ou IBM…» La commercialisation de la marque Smiley revient aussi sous son contrôle : fini le réseau d’agents de licence indépendants du début, tout est désormais piloté depuis le siège londonien, qui participe aux plus gros salons mondiaux de la licence – Las Vegas, Paris, Londres, Tokyo, Shanghai…

Après s’être développé dans le textile (Mango, Orchestra, mais aussi des stars du luxe comme Fendi, Moncler et Moschino), les accessoires et la maison, Smiley s’attaque de-puis quelques années à l’alimentaire. Dernière innovation en date : les chips à l’effigie du smi-ley cocréées avec son partenaire Intersnack. «Ils ont travaillé des mois pour trouver le pro-cédé permettant d’incruster le smiley dans la chips elle-même.» En vue également, l’édition,

avec le lancement imminent d’une bande dessinée imaginée avec les éditions Glénat. «Notre crédibilité nous permet aujourd’hui de lancer des projets qu’on n’aurait pas pu envi-sager il y a quelques années», se réjouit Nicolas Loufrani. Avant d’ajouter très vite : «N’allez pas imaginer pour autant que c’est facile. Convaincre nos partenaires de continuer à tra-vailler avec nous, saison après saison, repré-sente beaucoup de travail.» Ce patron ne passe d’ailleurs pas une semaine sans prendre l’avion pour rendre visite à ces entreprises réparties dans une centaine de pays ou sans faire appel à son père, aujourd’hui à la retraite, pour convaincre les clients les plus difficiles. «Moi, je suis créatif et organisé, mais lui, c’est un vé-ritable génie relationnel : il aime profondément les gens et connaît la terre entière !»

Hyperactif, le quadragénaire n’est pas près de se reposer sur ses lauriers. Son nouveau défi : développer la licence, obtenue en 2016, du Rubik’s Cube – rien moins que le jouet le plus vendu au monde, avec plus de 450 mil-lions de cubes écoulés à ce jour ! The Smiley Company fourmille d’idées : «On va en faire la marque du développement de l’intelligence à tous les âges, avec des jeux digitaux, des livres pour enfants, des jeux de construction Rubik’s...» révèle le boss. Et d’exhiber fière-ment la gamme qu’il vient tout juste d’imagi-ner : Professeur Rubik’s, une série de jeux rétro destinée à un public d’adultes. «Dans la vie, comme dans le business, il faut toujours continuer à avancer et ne jamais rien consi-dérer comme acquis», conclut-il avec philo-sophie. Loin de l’optimisme béat du logo qu’il promeut depuis vingt ans. •

L E PAT R O N D U M O I S

SMILEY ET RUBIK’S, UN MARIAGE ROYAL

PHO

TOS :

TH

E SM

ILEY

CO

MPA

NY,

RU

BIK’

S CU

BE

Le secteur alimentaire est lui aussi un adepte du grand sourire.

B

26 MARS 2018

Au Havre, entre robotique et intelligence artificielle, les employés de ce fournisseur de l’avionneur Airbus s’adaptent aux exigences de l’usine de demain.Par Julie Krassovsky Photos : Benoît Decout/Réa pour Management

SAFRAN NACELLES

Tout près du cœur du réacteur...

B

28 Mars 2018

UNE ENTREPRISE VUE DE L’INTÉRIEUR

ZÉRO DÉFAUT La qualité prime sur tout : c’est à la main que les opérateurs traquent le

plus infime défaut d’usinage.

Retrouvez d’autres histoires d’innovation et de réussite sur le site lafrenchfab.fr, la nouvelle vitrine des savoir-faire industriels français.

BUSINESS 29

Presque entièrement dissimulée sous l’imposante pièce d’avion, Sophie lisse du bout de son index ganté de blanc un minuscule dé-faut apparu le long du revête-ment noir et brillant. Au-dessus

d’elle, le bras du robot qui pose des fibres de carbone par bandelettes de huit s’est immobi-lisé. Pour l’opératrice, ce temps de mainte-nance doit être le plus court possible. Dans l’usine havraise de Safran Nacelles, en effet, une course contre la montre est engagée. Le carnet de commandes du champion français des nacelles d’avion (l’ensemble support et ca-pot du moteur) est plus que plein depuis les contrats signés en 2012 et 2014 pour équiper l’A320neo (le moyen-courrier vedette remo-torisé d’Airbus) et l’A330neo. Sur ces avions, les nacelles se révèlent d’autant plus straté-giques qu’elles contien nent aussi les inver-seurs de poussée, produits dans cette usine. Ces derniers gèrent à la fois l’atténuation acoustique, le freinage de l’appareil et le main-tien de sa trajectoire en phase d’at terris sage. Les exigences d’Airbus quant à la qualité et aux délais sont donc ultrarigoureu ses. Pour y ré-pondre, l’équipe men tier a entièrement revu ses procédés industriels en faisant appel aux technologies numériques et robo tiques les plus récentes. Une salle de réalité virtuelle permet notamment de concevoir de nouveaux outilla-ges et de tester la ligne de production en gran-deur nature avant son installation physique.

BONDS DE PRODUCTIVITÉ. Au Havre, Safran a investi des millions d’euros dans la construction d’un hangar ultramoderne de 1 500 mètres carrés, situé au cœur des 68 hec-tares de son site historique et mis en service en 2015. Première machine à y avoir été ins-tallée, le robot de drapage de composites tra-vaille deux fois plus rapidement qu’un ouvrier. Maxime Coin, le responsable de l’unité, en chante les louan ges : «C’est ce robot qui recou-vre de fibres de carbone la partie fixe interne de la nacelle (IFS), l’une des pièces principales des inverseurs de poussée de l’A320neo.» L’équipe de Maxime Coin, 60 collaborateurs et 10 robots en tout, travaille en continu, car, depuis la première livraison de 80 nacelles en juin 2016, le rythme n’a cessé de s’accélé-rer. Et cela va continuer, l’objectif étant de produire pres que 600 unités en 2019… Une vraie révolution, sachant qu’il aura fallu trente ans à Safran pour atteindre ce niveau de pro-duction avec les inverseurs de poussée de l’A320 de première génération !

TROIS ÉQUIPES SE RELAIENT JOUR ET NUIT POUR HONORER LES CONTRATS AVEC AIRBUS

POLYVALENCE Depuis la robotisation, les opérateurs ne sont plus confinés à un poste de production, mais interviennent à différents niveaux du processus (ici, le marouflage).

TEST EN GRANDEUR NATURE Dans la salle de réalité virtuelle, on expérimente un nouveau chariot qui facilitera la pose des brides en titane.

Pour tenir la cadence, l’atelier tourne donc jour et nuit : trois équipes d’opérateurs s’y re-laient, tandis que les machines fonctionnent non-stop, sauf en cas de panne. Sophie, qui a commencé sa journée à 6 heures du matin, achève sa vérification et relance le robot de drapage. Dans une petite cabine surchauffée, elle observe, sur un écran de contrôle, le mou-vement régulier et incessant de la tête de pla-cement tout en surveillant des indicateurs chiffrés comme la température ou le métrage des bobi nes de fibre de carbone. Passée de la

B

30 Mars 2018

UNE ENTREPRISE VUE DE L’INTÉRIEUR

CONFORT ET SÉCURITÉ avant 2015, ces plaques en matériau composite tout juste sorties du four étaient transportées à la main.

PROGRAMME PHARE Lancé en 2014, l’a320neo est un gros succès, avec à ce jour près de 6 000 commandes fermes.

pose manuelle à une activité polyvalente, comme la plupart de ses collègues, l’opératrice peut être appelée à assurer aussi le marou-flage, c’est-à-dire l’application d’une toile de plastique polyamide sur certains éléments.

ROBOTS ET SÈCHE-CHEVEUX. Chaque poste bénéficie d’une technologie dernier cri. Une machine d’usinage permet, par exemple, de percer 100 000 trous sur la surface de la même pièce pour augmenter ses performances acous tiques, avant que deux robots effectuent, à l’aide de griffes, la pose de la structure d’alu-minium en nid-d’abeil les qui servira à réduire encore le bruit. «Avant, on projetait l’emplace-ment de la plaque sur la pièce et on traçait les délimitations au feutre pour la pose», explique Maxime Coin. Autre innovation, un convoyeur géant télé commandé déplace des éléments à la manière d’un rail de pressing, le dos des techniciens étant ainsi épargné. Cer tai nes opérations continuent pourtant de se faire manuellement, comme l’ajustement très technique des nid-d’abeilles à la paroi. Armé d’un petit pic et d’un sèche-cheveux pour détendre l’alliage, le jeune Bruno traque les petits défauts d’adhésion. La machine n’a pas encore remplacé cette action soigneuse et millimétrée. «Mais c’est seulement une ques-tion de temps…» commente, fataliste, l’un de ses collègues plus âgé.

L’OMNIMOVE EN FAIT DES TONNES. De fait, à l’heure de la robotique et de l’intelli-gence artificielle, le travail se transforme en profondeur, exigeant des profils qualifiés et polyvalents, mais forcément moins nom-breux… même si Safran Nacelles se targue d’avoir procédé à 400 embauches en quatre ans. Dans un autre bâtiment du site, où l’in-dustriel produit des nacelles pour l’A330neo, on trouve ainsi beaucoup de machines et peu d’opérateurs. Ins tallé au milieu de la ligne d’as sem blage, un seul robot assure en

aIr

BUs

BUSINESS 31

TRAVAIL COLLABORATIF a tout moment, l’opératrice peut stopper le bras du robot pour vérifier l’état des bandelettes de fibre de carbone.

quatre heures le perçage, le fraisurage et le rivetage de 115 fixations en carbone, là où deux opérateurs avaient besoin de quatorze heures pour accomplir les mê mes tâches. Un peu plus loin, le déplacement d’une station de travail à l’autre du transcowl, la partie mobile d’un inverseur de poussée, est désormais réa-lisé par une machine appelée l’Omnimove. Ce Mec cano géant, télécommandé et muni de quatre gros pneus, est capable de transporter l’inverseur dans toutes les directions. Son sys-tème de guidage optique avec marquage au sol le positionne en permanence au bon endroit. Finis, le treuil, le pont roulant et les élingues de levage fixés à plus de 10 mètres de hauteur qui menaçaient la pièce de chocs ou même de chute lors de son déplacement ! Le travail évo-lue ainsi constamment au rythme des innova-tions techniques intégrées sur le site.

EN QUÊTE DE LA CADENCE IDÉALE. Pour le fonctionnement des deux lignes d’as-semblage de l’unité voisine, Safran s’est ins-piré des méthodes de l’industrie automobile. Deux rails de 45 mè tres de long (la mooving line) transportent les inverseurs de poussée de l’A320neo d’un poste de travail à l’autre en avançant en continu de 8 millimètres à la mi-nute. Quatorze ajusteurs-monteurs cal quent leurs gestes sur cette cadence hypnotique, po-sant des joints d’étanchéité et des rivets. En actionnant un joystick qui commande un bras articulé, Nadia, l’une des quatre fem mes de l’unité, est capable d’orienter la pièce en tous sens. «Ainsi, nous n’avons pas à tourner autour ni à nous accroupir. On adapte désormais la hauteur de la pièce à notre posture», explique-t-elle en souriant. Depuis l’installation des rails, les inverseurs n’ont plus besoin d’être dé-placés à la force des bras. Cette action de ma-nutention, appelée dans le jargon des mana-gers «une non-valeur ajoutée utile», a donc défini tivement disparu. «Nous gagnons ainsi en efficacité tout en améliorant les conditions de travail», se réjouit Sébastien Penneroux, le responsable de la ligne d’assemblage.

Pour l’instant, pourtant, la cadence idéale n’est pas atteinte. Alors, quand la moving line s’immobilise à 18 h 30, les opérateurs conti-nuent d’y travailler pendant deux heures. «Nous n’allons pas encore assez vite poste par poste. Mais nous y arriverons cette année», assure le chef d’équipe tout en jetant un regard furtif sur sa montre. En théorie, la vitesse maximale de cette chaîne d’assemblage peut atteindre 16 mil-limètres par minute. «Nous n’irons pas jusque-là», croit-il bon de préciser. Vraiment ?•

TOUT AU LONG DE LA MOVING LINE, CHAQUE MILLIMÈTRE COMPTE !

POIDS LOURD L’Omnimove transporte le transcowl d’un a330neo, qui pèse 1,5 tonne avec la structure de fixation.

SYSTÈME D Un simple

coton-tige est le meilleur outil pour peaufiner

la pose des joints

d’étanchéité.

CHAÎNE DE MONTAGE L’unité d’assemblage final fonctionne comme une ligne de production automobile de 145 mètres de long.

B

32 Mars 2018

UNE ENTREPRISE VUE DE L’INTÉRIEUR

AV E N I R

Dans un monde où les objets connectés sont plus nombreux que les humains et où les machines règlent notre vie quotidienne,la protection des flux informatiques devient une priorité absolue. Par Jean-Bernard Gallois

Tout le monde a encore en tête la spectaculaire attaque du virus WannaCry, en mai de l’année dernière, qui a paralysé près de 200 000 entreprises pour leur réclamer une rançon. Depuis,

les pirates informatiques ont multiplié leurs offensives en visant les failles d’entreprises d’autant plus vulnérables qu’elles sont en pleine transformation digitale.

Autres proies ciblées, les millions d’objets connectés et le secteur industriel, où les ma-chines intelligentes communiquent entre elles dans les usines robotisées. Et ce n’est pas fini : les cybercriminels concentrent maintenant leurs efforts sur les technologies émergentes, comme la blockchain, qui stocke et transmet les informations, et les intelligences artifi-cielles. Bref, la surface d’attaque devient gi-gantesque, et les points d’entrée de ces cyber-pirates sont démultipliés par la migration généralisée vers le Cloud. La prolifération des

menaces ouvre un boulevard aux professionnels de la cybersécurité. Un marché poussé par les réglementations, notamment le règlement eu-ropéen sur la protection des données person-nelles (REPD), qui va obliger, dès le mois de mai, les sociétés à une mise en conformité. «La cybersécurité est devenue une des priorités des comités exécutifs depuis un an», indique Gabriel Amirault, consultant chez Wavestone, et la demande explose. Le marché mondial devrait atteindre les 100 milliards d’euros en 2018, 40 fois plus qu’il y a dix ans.

Leurs services informatiques étant déjà confrontés à une pénurie de compétences et de personnel formé, les entreprises devront implanter des outils d’analyse automatiques, légers et performants. Précisément ce que sont en train de développer des start-up françaises très innovantes. Une centaine d’entre elles tient tête aux Américains et aux Israéliens, longtemps leaders dans ce domaine. Voici les meilleures pistes à suivre. •

CybersécuritéCes start-up qui hackent le business

34 mars 2018

B

SÉCURISER LEs OBJETs CONNECTÉs

Cette année, on devrait dépasser

les 12 milliards d’objets connectés dans le monde, prédit le cabinet Gartner. «C’est un marché fabuleux pour les hackers, car on peut connaître parfaitement le fonctionnement de ces appareils, et les possibilités d’exploiter les vulnérabilités à distance sont nombreuses», explique Christophe Pagezy, directeur général de Prove & run. après cinq longues années de développement, cette société, fondée en

2010, a lancé un logiciel à intégrer dans les équipements connectés. «Il s’agit d’un petit système d’exploitation quasi inviolable où sont logées toutes les fonctions de défense de l’appareil et qui est placé à côté du système d’exploitation habituel par les équipementiers.» avec pour clients des géants de l’automobile, Prove & run, qui compte 35 personnes, pourrait être le gardien de la sécurité de votre future voiture autonome.

GARANTIR LE CHIFFrEmENT DEs DONNÉEs

Domaine essentiel de la cybersécurité,

la cryptographie permet de chiffrer les informations pour les rendre illisibles par les attaquants. Elle concerne tout particulièrement les applications de banque à distance ou les réseaux de distributeurs de billets, par exemple. Les protections cryptographiques ont un défaut : elles sont fragilisées par tout changement de l’architecture des réseaux informatiques. Chaque fois, il faut détecter leurs failles éventuelles. C’est la mission de Cryptosense, une start-up créée en 2013, qui emploie

sept personnes. après deux ans de développement, elle a lancé un logiciel qui «simule les actions d’un pirate informatique pour détecter les vulnérabilités et sécuriser le système avant que ces dernières ne soient exploitées», explique Graham steel, le fondateur. Ex de Cambridge et ancien chercheur à l’Inria, ce Britannique a choisi la France pour son exceptionnel vivier de grosses têtes en maths. Cryptosense compte une quinzaine de clients, dont deux agences nationales de sécurité informatique, une référence dans le secteur.

PHO

TOs :

  T. T

rUTs

CHEL

 / G

ETTY

ImaG

Es, C

aPT

UrE

D’É

Cra

N T

EsLa

2021 (projection)6 000 milliards

de dollars

20163 000 milliards

de dollars

20131 000 milliards

de dollarsCybercriminalité : un coût en progression constante

La voiture autonome serait particulièrement

vulnérable aux agressions à distance.

BUSINESS 35

DÉFENDRE LEs sITEs INDUsTrIELs

Comment sécuriser des sites industriels qui n’ont

pas été conçus pour abriter des machines intelligentes ? Et quelles protections utiliser, capables de s’adapter aussi bien à une ligne de métro qu’à une centrale nucléaire ? réponse : des solutions de surveillance passives. «Nous plaçons aux nœuds des réseaux des sondes qui écoutent les échanges d’informations entre les systèmes métiers», explique Thierry rouquet, fondateur de la start-up sentryo. La solution identifie d’abord les faiblesses du réseau machine to machine en réalisant une cartographie

logique des flux pour comprendre comment le réseau industriel est conçu.«Nous détectons ensuite les comportements anormaux, puis nous donnons accès à tout l’historique de fonctionnement du réseau pour identifier la cause d’une attaque.» C’est alors aux spécialistes de la cybersécurité d’analyser le problème et de le contrer. avec 25 personnes, sentryo va effectuer sa deuxième levée de fonds. Thierry rouquet veut en faire la référence européenne pour titiller les américains sur leur terrain, qui génère la moitié du business mondial.

AV E N I R

Les informations sensibles, comme celles recueillies ici à la Direction de l’ordre public et de la circulation (DOPC), à la préfecture de police de Paris, exigent des systèmes de défense de plus en plus performants.

Certaines solutions aident les organisations à s’adapter à la modernisation progressive de leurs infrastructures.

PROTÉGER LEs sITEs INTErNET

Impossible de construire un pare-feu pour tous

les sites ? Pas selon InGen security, qui prétend pouvoir défendre n’importe lequel d’entre eux en moins de quinze minutes. son secret ? Un modèle d’intelligence artificielle breveté qui permet de comprendre la configuration de tous les sites. Tout se passe en deux temps : l’apprentissage puis le blocage. Le programme enregistre toutes les requêtes d’un utilisateur légitime naviguant sur le site et, à partir de là, peut mettre au point tout seul la «carapace», les pare-feu qui vont le protéger. «Notre

programme peut passer alors en mode blocage et la carapace devient bouclier», explique Valérian Perret, PDG d’InGen security : le moteur d’intelligence artificielle filtre sur le site toutes les requêtes entrantes, les compare aux requêtes saines et décide si elles doivent être bloquées ou acceptées. avec des dizaines de clients, depuis la boîte de com jusqu’à la grosse capitalisation du CaC 40, la start-up lancée en 2015 est en train de lever 1 million d’euros. L’occasion pour les trois salariés de renforcer l’effectif pour prospecter plus de clients.

NOTER LA CYBERSÉCURITÉ DES SOCIÉTÉSCyrating est la première agence européenne de notation en cybersécurité. «Nous examinons la protection de la messagerie, des sites de l’entreprise, des noms de domaine ou les fuites de données», explique le cofondateur, François Gratiolet. Puis des notes par catégories sont attribuées. Les entreprises abonnées disposent ainsi d’une visibilité sur leurs performances pour chaque thématique et mesurent directement l’impact de leurs actions.

Les usines, toujours plus automatisées, représentent une cible tentante pour les cyberpirates.

PHO

TOs :

  J. m

UGUE

T / H

aN

s LU

Cas,

G. r

OLL

E / r

Ea, W

. XIN

YaN

G / 

aFP

B

36 mars 2018

28%32%

53%

66%

DÉTECTER LEs FaIBLEssEs DaNs LEs aNNUaIrEs D’UTILIsaTEUrs

A lsid affirme pouvoir détecter une faille

avant même qu’elle ne puisse être exploitée par d’éventuels pirates. Le rêve pour tout responsable informatique. Les fondateurs, des anciens de la cellule de cybersécurité de l’agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (anssi), ont remarqué que les attaques de grande ampleur ciblaient toujours un point névralgique : les infrastructures d’annuaires. «C’est le vrai poumon informatique, présent dans 95% des grands comptes et qui assure la gestion des

droits d’accès des utilisateurs aux réseaux. si le hacker arrive à l’atteindre, il a accès à toutes les données de l’entreprise», explique Emmanuel Gras, président d’alsid. sa solution permet au directeur informatique de suivre l’évolution des infrastructures d’annuaires et d’en connaître les principales faiblesses à partir d’une cinquantaine d’indicateurs. Cette option est en outre très souple, car elle peut se déployer en quelques heures seulement dans une grande entreprise, sans implantation en profondeur dans son système informatique.

FAIRE TESTER sON INFOrmaTIQUE Par DEs HaCKErs ÉTHIQUEs

Yogosha veut dire «défense» en japonais.

Un nom tout en maîtrise pour ne pas affoler les clients, tel est l’objectif de Yassir Kazar lorsque, en 2015, il crée sa plateforme de collaboration entre des entreprises et des chercheurs en sécurité informatique. Cette pratique, qui s’appelle le bug bounty, consiste à mettre à contribution des pirates bien intentionnés, qui repèrent et corrigent les failles des systèmes informatiques. Ce hack légal permet aux entreprises de bien se préparer face au cyber-risque et de disposer

d’un diagnostic personnalisé.«Nous travaillons avec 200 chercheurs de toutes les nationalités», indique le cofondateur, qui s’est intéressé à la cybersécurité après s’être fait pirater son premier site… spécialisé dans les chansons de boys bands. Le business model de Yogosha est simple : la start-up prend une commission sur chaque faille détectée. avec plus de 700 chercheurs sur liste d’attente et une centaine de clients, Yogosha a réalisé sa première levée de fonds en septembre 2017, à hauteur de 1,2 million d’euros.

Evolution du pourcentage

d’entreprises touchées par la

cybercriminalité en France

2014 2015 2016 2017

37BUSINESS

L A S TA R T- U P D U M O I S

Le Collectionist s’impose dans le tourisme de luxeLa jeune pousse, spécialiste de la location de propriétés de luxe, a levé 8 millions d’euros pour développer son offre en Europe et partir à la conquête des Etats-Unis. Par Constance de Cambiaire

Envie d’un cadre d’ex-ception pour vos pro-chaines vacances ? Du château dans le

Médoc au riad à Marrakech, en passant par un chalet au pied des pistes à Megève, Le Collectionist propose sur le Web plus de 2 000 propriétés ultrachics à louer dans une centaine de lieux de villégia-ture. Le tourisme haut de gamme est en plein essor, et l’ambitieuse start-up pari-sienne, qui compte quelque 40 salariés, veut se tailler la part du lion. «Le marché de la location de propriétés de luxe pèse entre 25 et 30 milliards de dollars dans le monde», pré-cise Max Aniort, 31 ans, DG de la société fondée en 2013 avec deux associés.

BUREAUX LOCAUX. Mais pas question de comparer leur entreprise à un Airbnb pour riches ! «Notre modèle est dif-férent : nos locataires ne sont pas en relation avec le pro-priétaire et, grâce à nos im-plantations locales, nous gé-rons nous-mêmes l’accueil et le suivi de la clientèle.» En effet, Le Collectionist cha-peaute une quinzaine de bu-reaux situés dans des zones stratégiques comme Saint-Tropez, Mykonos et Ibiza. «Nous travaillons avec des in-dépendants payés à la com-mission et qui connaissent bien la région, raconte le DG, ancien d’HEC. Ils s’occupent de trouver les propriétés puis

de gérer la relation avec les clients.» Ceux-ci peuvent ré-clamer cours de yoga, excur-sions ou services d’un cuisi-nier… facturés en plus. Le Collectionist annonce un pa-nier moyen de 26 000 euros pour des séjours de dix jours.

LE RÊVE AMÉRICAIN. Le modèle simple de la start-up (elle se rémunère en prélevant 20% sur le prix des séjours) séduit les investisseurs. Après avoir levé 2 millions d’euros en 2015, la société a bouclé en 2017 un tour de table de 8 mil-lions auprès de ses investis-seurs historiques, XAnge et Partech Ventures, auxquels

s’ajoutent le fonds Red River West (famille Pinault) et deux business angels. La start-up a profité de cette augmentation de capital pour mettre la main sur sa concurrente espagnole Bonder & Co, installée à Ibiza. «Cette première acquisition nous permettra de lancer cinq destinations en Espagne», ex-plique Max Aniort. La levée, qui aidera la jeune pousse à étoffer son réseau d’agences – elle espère en compter 100 avant 2020 –, devrait égale-ment lui ouvrir les portes des Etats-Unis. L’objectif est double : attirer les Américains en Europe et proposer des vil-légiatures sur place. •

PHO

TOS

: LE

COLL

ECTI

ON

IST

EN CHIFFRES 10 millions d’euros, c’est la somme totale levée par Le Collectionist depuis 2013.

600 000euros. C’est la facture présentée en 2016 par la start-up pour un mois dans une villa à Saint-Tropez.

LES DATES CLÉS2013Création de la start-up par Olivier Cahané (34 ans aujourd’hui), Max Aniort (31 ans) et Eliott Cohen-Skalli (26 ans).

2015Le Collectionist lève 2 millions d’euros.

2017Deuxième levée auprès de XAnge, Partech Ventures, Red River West (la structure de capital-risque du fonds d’investissement de la famille Pinault) et de deux business angels.

Olivier Cahané, Max Aniort et Eliott Cohen-Skalli (de gauche à droite) ont lancé Le Collectionist en 2013.

B

38 MARS 2018