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La Tourmente Grecque 02 mars 2015 | Le blog de Françoise Degert Quoi qu’on pense des relations du nouveau gouvernement grec avec Bruxelles, l’austérité imposée par la Troïka a fait plonger un pays où il faisait bon vivre dans un cauchemar total. C’est cette réalité que dévoile « La Tourmente Grecque », un documentaire de Philippe Menut qu’il faut voir pour mieux comprendre les enjeux des négociations. « Notre pays souffre comme s’il y avait eu une guerre » déclare une jeune fille. Et c’est bien d’une guerre économique et sociale contre le peuple dont il s’agit. Hausse vertigineuse du chômage, de la pauvreté, des sans abris, « les gens vont mourir dans la rue » prédit un médecin hospitalier, le budget de la santé ayant été réduit de plus d’un tiers. Les salaires et les pensions ont diminué de 30%, les commerces mettent la clé sous la porte, 1000 PME disparaissent chaque semaine, près de la moitié des Athéniens n’ont pas pu se chauffer l’hiver dernier, l’espérance de vie a chuté de trois ans depuis 2010 et la mortalité infantile a fait un bond de 40%, les femmes ne peuvent plus accoucher gratuitement à l’hôpital. Le peuple Grec a faim, des enfants s’évanouissent à l’école… Et la dette dans tout ça ? La dette se porte bien, merci ! Grâce aux dix plans d’austérité imposés depuis 2009 par l’Europe, la Banque centrale européenne (BCE) et le FMI, elle a augmenté de 50%. C’est une excellente affaire pour ceux qui ont acheté la dette grecque, au point que Marc Fiorentino, de BFM Business, a lancé l’expression « va gagner du pognon chez les Grecs ». Ils n’ont aucun souci à se faire, puisque l’argent attribué par la Troïka (245 milliards €) a été essentiellement englouti par les banques et les fonds d’investissement (77%), le reste disparaissant dans la plus totale opacité. Autre intérêt : les « plans d’aides » de la Troïka imposent des ouvertures au marché. Tout est à vendre, les ports, les aéroports, la distribution de l’eau, les chemins de fer, l’énergie, les territoires, 110 plages, 47 îles… La Chine et le Qatar se sont déjà servis à très

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Page 1: Web viewLe peuple Grec a faim, des enfants s’évanouissent à l’école ... a lancé l’expression « va gagner du pognon chez les Grecs »

La Tourmente Grecque02 mars 2015 |  Le blog de Françoise Degert

Quoi qu’on pense des relations du nouveau gouvernement grec avec Bruxelles, l’austérité imposée par la Troïka a fait plonger un pays où il faisait bon vivre dans un cauchemar total. C’est cette réalité que dévoile « La Tourmente Grecque », un documentaire de Philippe Menut qu’il faut voir pour mieux comprendre les enjeux des négociations. 

 « Notre pays souffre comme s’il y avait eu une guerre » déclare une jeune fille. Et c’est bien d’une guerre économique et sociale contre le peuple dont il s’agit. Hausse vertigineuse du chômage, de la pauvreté, des sans abris, « les gens vont mourir dans la rue » prédit un médecin hospitalier, le budget de la santé ayant été réduit de plus d’un tiers. Les salaires et les pensions ont diminué de 30%, les commerces mettent la clé sous la porte, 1000 PME disparaissent chaque semaine, près de la moitié des Athéniens n’ont pas pu se chauffer l’hiver dernier, l’espérance de vie a chuté de trois ans depuis 2010 et la mortalité infantile a fait un bond de 40%, les femmes ne peuvent plus accoucher gratuitement à l’hôpital. Le peuple Grec a faim, des enfants s’évanouissent à l’école…

 Et la dette dans tout ça ? La dette se porte bien, merci !  Grâce aux dix plans d’austérité imposés depuis 2009 par l’Europe, la Banque centrale européenne (BCE) et le FMI, elle a augmenté de 50%. C’est une excellente affaire pour ceux qui ont acheté la dette grecque, au point que Marc Fiorentino, de BFM Business, a lancé l’expression « va gagner du pognon chez les Grecs ». Ils n’ont aucun souci à se faire, puisque l’argent attribué par la Troïka (245 milliards €) a été essentiellement englouti par les banques et les fonds d’investissement (77%), le reste disparaissant dans la plus totale opacité. Autre intérêt : les « plans d’aides » de la Troïka imposent des ouvertures au marché. Tout est à vendre, les ports, les aéroports, la distribution de l’eau, les chemins de fer, l’énergie, les territoires, 110 plages, 47 îles… La Chine et le Qatar se sont déjà servis à très bon prix. Ce qui fait dire au comité d’audit créé à Athènes que la dette n’est rien d’autre « qu’une lessiveuse qui sert à convertir les ressources publiques vers le privé ».

Le pillage est parfaitement organisé sous les auspices de l’Europe, de la BCE et du FMI. Pour le masquer, la Troïka fait croire que les Grecs n’ont que ce qu’ils méritent. Une véritable propagande de guerre tend à façonner l’opinion. « Les Grecs ne paient pas leurs impôts » ;  or leurs impôts sont prélevés à la source.  « Les Grecs sont paresseux » ; or la durée hebdomadaire du travail est la plus élevée d’Europe. « Les Grecs sont corrompus » ; or la grande corruption est équivalente à celle constatée dans les autres pays européens… En fait, la Grèce sert de laboratoire à la politique européenne fondée sur la dette, comme le prévoient les traités de Maastricht et de Lisbonne. À qui le tour ? L'Allemagne se dit déjà « outrée par la clémence de Bruxelles sur le déficit français »…

 Pour voir ce film, organiser une diffusion publique, le plus simple est de contacter le réalisateur Philippe Menut. [email protected]