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M1 MEEF SES – SOCIOLOGIE -JMR Thème « Intégration et changement social » Intro générale : Intégration et lien social Science économique, sociologie, science politique : trois façons d’envisager le lien social Une crise du lien social ? Leçon 1 : Les supports de l’intégration Questionnement : Quels sont les supports du lien social identifiés par les sociologues ? Comment caractériser et expliquer l’évolution des formes de solidarité dans les sociétés contemporaines ? L’affirmation de l’individu implique-t-elle un affaiblissement des formes de solidarité traditionnelles ? Plan Introduction : Penser le lien social I/ Différentes formes d’intégration A/ La solidarité mécanique, ciment de l’intégration normative B/ La solidarité organique au fondement d’une intégration fonctionnelle C/ La sociabilité, support de l’intégration communicationnelle II/ Mise en perspective socio-historique A/ Une tendance de fond : l’affirmation de l’individu B/ Les résistance des formes communautaires C/ Des configurations multiples Conclusion : Une perception ambivalente Notions Intégration sociale, cohésion sociale, division du travail, solidarité mécanique et organique, sociabilité, socialisation, groupe primaire/secondaire, communauté, individualisme, modernité, anomie Bibliographie Ouvrages généraux : Serge Paugam, Le lien social, QSJ, 2013 et L’intégration inégale, Puf, 2014 Mohand Khellil, Sociologie de l’intégration, QSJ, 2005 Ouvrages de référence : Emile Durkheim, De la division du travail social, PUF, coll. « Quadrige », 1991 Georg Simmel, Sociologie, étude sur les formes de la socialisation, P.U.F., 1999

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Page 1: m1meefsesdijon.files.wordpress.com…  · Web view · 2017-09-19Erving Goffman, La Mise en scène de la vie quotidienne, tome 2 : les relations en public, Éditions de Minuit, 1973

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Thème « Intégration et changement social »

Intro générale : Intégration et lien socialScience économique, sociologie, science politique : trois façons d’envisager le lien socialUne crise du lien social ?

Leçon 1 : Les supports de l’intégration

Questionnement :Quels sont les supports du lien social identifiés par les sociologues ? Comment caractériser et expliquer l’évolution des formes de solidarité dans les sociétés contemporaines ?L’affirmation de l’individu implique-t-elle un affaiblissement des formes de solidarité traditionnelles ?

PlanIntroduction : Penser le lien social

I/ Différentes formes d’intégrationA/ La solidarité mécanique, ciment de l’intégration normativeB/ La solidarité organique au fondement d’une intégration fonctionnelleC/ La sociabilité, support de l’intégration communicationnelle

II/ Mise en perspective socio-historiqueA/ Une tendance de fond : l’affirmation de l’individuB/ Les résistance des formes communautairesC/ Des configurations multiples

Conclusion : Une perception ambivalente

NotionsIntégration sociale, cohésion sociale, division du travail, solidarité mécanique et organique, sociabilité, socialisation, groupe primaire/secondaire, communauté, individualisme, modernité, anomie

BibliographieOuvrages généraux :Serge Paugam, Le lien social, QSJ, 2013 et L’intégration inégale, Puf, 2014Mohand Khellil, Sociologie de l’intégration, QSJ, 2005

Ouvrages de référence :Emile Durkheim, De la division du travail social, PUF, coll. « Quadrige », 1991 Georg Simmel, Sociologie, étude sur les formes de la socialisation, P.U.F., 1999Erving Goffman, La Mise en scène de la vie quotidienne, tome 2 : les relations en public, Éditions de Minuit, 1973Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique, Folio, 1986Norbert Elias, La Civilisation des mœurs, Paris, Calmann-Lévy, 2001 et La société des individus, 1991Louis Dumont, Homo hiérarchicus, Gallimard, 1967

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1/quelques citations…a-« La question de savoir de quelle manière et pour quelles raisons les hommes se lient entre eux et forment ensemble des groupes dynamiques spécifiques est un des problèmes les plus importants, pour ne pas dire le plus important de toute la sociologie » Norbert Elias, La société de cour

b-« Aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tient en respect, ils sont dans cette condition qui se nomme guerre, la guerre de chacun contre chacun. » Thomas Hobbes, Le Léviathan

c-« C’est presque une règle générale que, partout où il y a des mœurs douces, il y a du commerce ; et que, partout où il y a du commerce, il y a des mœurs douces » Montesquieu, L’esprit des lois.

d- « Comment se fait-il que tout en devenant plus autonome, l’individu dépendent plus étroitement de la société ? Comment peut-il être à la fois plus personnel et plus solidaire ? » Durkheim, De la division du travail social.

e-« Les hommes se regardent les uns les autres, ils se jalousent mutuellement, ils s’écrivent des lettres, déjeunent ensemble, ils éprouvent sympathie et antipathie par delà tout intérêt tangible .. . et sans aboutir à des formes d’organisations caractéristiques (…)  dans les moments sérieux de leur vie, les hommes parlent à cause d’un contenu qu’ils veulent communiquer ou sur lequel ils veulent s’entendre. Dans la sociabilité au contraire, le discours devient sa propre fin »

G. Simmel, Sociologie. Études sur les formes de la socialisation.

f- « La Gesellschaft implique un cercle d’hommes qui, comme dans la Gemeinschaft, vivent et habitent en paix les uns à côté des autres mais, au lieu d’être essentiellement unis, sont au contraire essentiellement séparés, et tandis que dans la Gemeinschaft ils restent unis malgré toutes les distinctions, ici ils restent distincts malgré tous les liens (…) Personne ne fera rien pour autrui à moins que ce ne soit en échange d’un service similaire ou d’une rétribution qu’il juge être l’équivalent de ce qu’il donne...». F Tönnies, Communauté et société.

g- « La culture avancée élargit de plus en plus le cercle social dont nous faisons partie…mais en revanche elle abandonne davantage l’individu à lui- même et le prive de bien des secours et bien des avantages du groupe restreint » Simmel, Sociologie.

h-« la transformation globale des sociétés se caractérise non seulement par une transformation du lien social mais aussi par une redéfinition du rapport entre les différents liens sociaux » Serge Paugam, L’intégration inégale.

i- « « Le suicide varie en fonction inverse du degré d'intégration des groupes sociaux dont fait partie l'individu […] Quand la société est fortement intégrée, elle tient les individus sous sa dépendance, considère qu'ils sont à son service et, par conséquent, ne leur permet pas de disposer d'eux-mêmes à leur fantaisie » Durkheim, Le suicide.

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2/ extraits de E Durkheim « De la division du travail social »a-

b-

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c- 

3/

(site de la revue « Sciences Humaines » article paru en 2003)

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4/ extrait s de Serge Paugam, Le lien social, QSJ, 2013

 

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4/ Extrait de Claude Coquelle, Le psy et le politique : être soi, être citoyen, 2002, ed Mardaga

5/ (lecture complémentaire) extrait de D. Desmulier in Sciences Humaines hors série n°38 « Le lien social » 

L'expression lien social désigne ce qui permet aux hommes de tenir ensemble et de vivre en société (…)

La sociologie a longtemps été marquée par l'opposition, systématisée par Ferdinand Tönnies, entre la communauté et la société : au lien communautaire, caractéristique de la communauté villageoise ou de la corporation de métiers, se substitue un lien sociétal fondé sur la dépersonnalisation des relations interindividuelles, la rationalité et le calcul. C'est ce lien sociétal qui caractériserait la vie dans la grande ville moderne et industrielle, telle que la percevait F. Tönnies, mais aussi Emile Durkheim et Max Weber. Or, derrière l'expression « lien social » se cachent des réalités multiples, qui dépassent et recouvrent l'opposition entre communauté et société. En témoignent les réponses diverses apportées par les sociologues à la question de la nature du lien social.

Le lien social peut, en premier lieu, être abordé sous un angle politique et moral et se décliner sous la forme des civilités, c'est-à-dire l'ensemble des liens unissant le citoyen à la collectivité. Ainsi, Norbert Elias s'est attaché à décrire le processus sociohistorique de « civilisation des moeurs » en Occident. Selon lui, on a assisté, depuis la Renaissance, à la codification des règles qui pèsent sur l'usage du corps, l'expression des émotions et des désirs et la satisfaction des besoins matériels. L'évolution des moeurs aboutit à une intériorisation croissante de ces normes. Les individus sont amenés à exercer un contrôle sur eux-mêmes si bien que l'on assiste à une canalisation de la violence. L'Etat s'approprie ainsi progressivement le monopole de la violence.

Le lien social peut également être appréhendé sous l'angle des relations interindividuelles et prend alors la forme de ce que l'on appelle la sociabilité. Georg Simmel la définit comme « la base ludique de la socialisation » : elle correspond à l'ensemble des échanges d'un individu avec sa famille, ses amis, ses collègues de travail, ses voisins... Toutes ces relations constituent le « capital social » de l'individu que les sociologues s'attachent à mesurer par le biais d'enquêtes empiriques. Celles-ci montrent que le nombre et la nature des relations varient fortement selon l'âge, le sexe, le statut social et professionnel.

La notion de lien social recouvre enfin celle de solidarité. Pour le Durkheim de La Division du travail social (1893), les sociétés archaïques se caractérisent par une solidarité « mécanique » liant des individus indifférenciés et interchangeables ; en revanche, les sociétés modernes permettent, en particulier grâce à la division du travail, la différenciation des individus et l'émergence d'une solidarité « organique ». Sous quelle forme se décline alors la solidarité dans les sociétés contemporaines ? Celle-ci est présente à différentes échelles de la société. A l'échelle microsociale, on constate que la famille reste le lieu de l'entraide et de la solidarité intergénérationnelle, ceci en dépit de la déstabilisation de l'institution familiale. A l'échelle macrosociale, c'est l'Etat qui assure la mise en oeuvre des liens de solidarité par le biais de la protection sociale et de ce que l'on appelle plus généralement l'Etat providence.