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Thème 3 – la 3 ème République avant 1914 : un régime politique, un empire colonial Leçon 6 – La mise en œuvre du projet républicain. INTRODUCTION Entre 1870 et 1914, la France se dote progressivement d’un nouveau régime politique : la III ème République. Proclamée après la chute du Second Empire, elle s’impose dans le pays. Les républicains réalisent un projet dont les racines remontent à la Révolution française. Ce projet s’appuie sur les libertés, la démocratie parlementaire, l’égalité ou encore la laïcité. Sa mise en œuvre s’effectue au fil des événements politiques : les contestations sont nombreuses. Mais la République résiste. Livre p. 166 et p. 167. PROBLEMATIQUE Comment la III ème République s’enracine-t-elle entre 1870 et 1914 ? I. L’instauration de la République dans l’urgence entre 1870 et 1879. A. Une naissance dans la douleur. 1. Une République fragilisée par la guerre . Rappels : en 1870, Napoléon III (1851 – 1870) déclare la guerre à la Prusse. L’Empereur français est obligé de déposer les armes après la bataille de Sedan, le 2 septembre 1870. Les opposants au régime (les républicains) proclament le 4 septembre 1870, devant l’Hôtel de ville de Paris et forment un gouvernement de Défense nationale (le général Trochu, Léon Gambetta, Jules Ferry). Ainsi débute la III ème République. Ce gouvernement de Défense nationale veut poursuivre la lutte contre les Prussiens. Mais, il doit renoncer car les Allemands envahissent une large partie du Nord de la France et encerclent Paris.

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Thème 3 – la 3ème République avant 1914 : un régime politique, un empire colonialLeçon 6 – La mise en œuvre du projet républicain.

INTRODUCTIONEntre 1870 et 1914, la France se dote progressivement d’un nouveau régime politique : la IIIème République. Proclamée après la chute du Second Empire, elle s’impose dans le pays. Les républicains réalisent un projet dont les racines remontent à la Révolution française. Ce projet s’appuie sur les libertés, la démocratie parlementaire, l’égalité ou encore la laïcité. Sa mise   en   œuvre   s’effectue   au   fil   des   événements   politiques :   les  contestations  sont nombreuses. Mais la République résiste. Livre p. 166 et p. 167.

PROBLEMATIQUEComment la IIIème République s’enracine-t-elle entre 1870 et 1914 ? 

I. L’instauration de la République dans l’urgence entre 1870 et 1879.A. Une naissance dans la douleur.

1. Une République fragilisée par la guerre. Rappels : en 1870,  Napoléon III  (1851 – 1870) déclare la guerre à la  Prusse. L’Empereur français est obligé de déposer les armes après la  bataille de Sedan, le  2 septembre 1870. Les opposants au régime (les républicains) proclament le 4 septembre 1870, devant l’Hôtel de ville de Paris et forment un gouvernement de Défense nationale (le général Trochu, Léon Gambetta, Jules Ferry). Ainsi débute la IIIème République. Ce gouvernement de Défense nationale veut poursuivre la lutte contre les Prussiens. Mais, il  doit  renoncer  car les Allemands  envahissent  une large partie du Nord de la France et encerclent Paris. 

La guerre de 1870 – 1871.

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Inquiet   de   l’agitation   révolutionnaire   qui   gagne   les   grandes   villes   dont   Paris,   le gouvernement en place décide de signer l’armistice le 28 janvier 1871 au prix de conditions de paix très dures et …une assemblée nationale constituante doit être élue dans les délais les plus brefs afin de pouvoir signer la paix. Lors des élections législatives (Assemblée constituante) le 8 février 1871, les royalistes (ou monarchistes)  remportent  les   élections :   ils   sont   favorables   à   la  paix  et  hostiles  à   la République. La nouvelle Assemblée nationale installée à Bordeaux puis à Versailles nomme le conservateur Adolphe Thiers chef du pouvoir Exécutif. Attention ! Le nouveau régime ne possède pas encore d’institutions – doc.2 p. 169.

2. Très vite la Commune de Paris s’exprime ! Assiégée  par   les   Prussiens   +   l’armistice  +   la   volonté   d’Adolphe   Thiers   (gouvernement installé   à  Versailles)   de  retirer  les   canons  de   la  Garde  nationale   installés   sur   la   butte Montmartre = les Parisiens s’estiment humiliés et trahis par le pouvoir !Les Parisiens se révoltent le 18 mars 1871 et élisent un Conseil général de la Commune de Paris. Ce gouvernement insurrectionnel  s’oppose  au gouvernement de Versailles et veut instaurer  une République  démocratique  et  sociale  (lutter  contre   les   inégalités).  Mais   la Commune   est  divisée,  isolée  par   l’indifférence   de   la   campagne   et  discréditée  par   la propagande de Thiers. Celui-ci décide d’en finir ! C’est la  Semaine sanglante  du 21 au 28 mai 1871 – doc.1 p. 168.Les Versaillais passent à l’attaque le 21 mai dans Paris. Ils doivent conquérir les barricades l'une après l'autre. Les combats de rue font au total 4 000 tués (877 du côté des troupes versaillaises).   S'ajoutent   à   ce   bilan   les   victimes   de   la  répression  car,   à   l'arrière,   des liquidateurs  tuent  méthodiquement   les   suspects.   Les  Communards  ripostent  en   faisant fusiller  environ 80 otages. Ils  allument aussi des foyers d'incendie – plusieurs monuments illustres partent en fumée : le palais des Tuileries, le palais de Justice gothique, l'Hôtel de Ville hérité de la Renaissance, le Palais-Royal et le palais d'Orsay – doc.4 p. 173.Le bilan total de la Semaine sanglante est d'environ 20 000 victimes, sans compter 38 000 arrestations. C'est à peu près autant que la guillotine sous la Révolution. À cela s'ajoutent les  sanctions   judiciaires.   Les   tribunaux   prononceront   jusqu'en   1877   un   total   d'environ 50 000 jugements. Il y a quelques condamnations à mort et près de  10 000 déportations (parmi les déportées qui rejoindront les bagnes de Nouvelle-Calédonie figurent une célèbre institutrice révolutionnaire,  Louise Michel) –  Point de passage et d’ouverture  p.  172  et p. 173.Répondre aux Q° 1 à 6.Q°1  –  L’expression «  semaine sanglante  »  désigne  les   journées  au cours  desquelles  les troupes gouvernementales envoyées par Adolphe Thiers reprennent le contrôle de Paris en révolution.   Entre   les   21   et   28   mai   1871,   les   soldats   du   gouvernement   de   Versailles réduisent  une   à   une   les  barricades  dressées   par   les   Communards   procédant,   à   des exécutions  de masse.  De  leur  côté,   les  Communards  fusillent  une centaine  d’otages  et mettent le feu à un tiers de la ville – doc.4 p. 173.Q°2 – Louise Michel s’engage fortement dans l’expérience de démocratie directe qu’est la Commune.   Elle   continue   de   faire   classe   à   des   élèves,   est   secrétaire   de   la   société   de moralisation des ouvrières par le travail, organise le Comité central de l’Union des femmes et anime des comités de vigilance.  2

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Partout, elle exprime ses idées sur la  révolution sociale. Le tribunal, au moment de son procès, lui attribue la responsabilité du vote sur la suppression de la magistrature. Elle est proche de Jules Vallès, le rédacteur en chef du Cri du peuple et rédige des articles pour ce journal. Dès l’automne 1870, elle participe à la défense de Paris assiégée par les Prussiens. Louise Michel prend également part aux combats sur les  barricades  lors de la « semaine sanglante » – doc.3 p. 172.Q° 3 – La Gazette des tribunaux du 17 décembre 1871 se montre critique vis-à-vis de Louise Michel. Les termes « exciter » et « discours incendiaire » participent à la présenter comme une  agitatrice   dangereuse.   Le   texte   l’accuse   de   chercher   à   se   faire   aimer   du   peuple, donnant à son action des motifs peu nobles. La peinture de Jules Girardet, qui date de la même année, présente au contraire Louise Michel comme une héroïne tragique. Placée au centre de la foule, le visage baigné de lumière, elle est calme et apparaît décidée à affronter ses juges. Les soldats qui semblent l’accompagner, lui témoignent un grand  respect. Ces documents montrent combien se développent très tôt des mémoires contradictoires de la Commune et de Louise Michel en particulier.Q°4 – Dans son histoire de la Commune publiée en 1898, Louise Michel présente le peuple comme victime de la violence de ceux qui possèdent les  richesses et le  pouvoir politique. Elle reprend dans cet extrait les propos des membres de l’Internationale jugés à la fin du Second  Empire.   La  révolution  est   le   résultat  d’une  juste   indignation  qui  a  pour  but   la véritable   liberté.   Lors   de   son   procès,   elle   présente   la   révolution   comme   un affranchissement inéluctable et rejette la responsabilité des violences et des incendies sur les   troupes du gouvernement  de Versailles.  Louise  Michel  participe  ainsi  à   renforcer   le clivage entre le pouvoir républicain et le mouvement social.Q°5 – Tableau : 

L’analyse du sort du peuple La conception de la révolution Les circonstances de l’affrontement en mai 1871

Pour   Louise   Michel,   les prolétaires  vivent   dans   une situation   de  soumission  et d’exploitation. Le pouvoir répond systématiquement   à   leurs aspirations par la  répression. Elle estime que  le  peuple  ne  pourra s’affranchir   de   cette   domination qu’en   se   gouvernant  lui-même. Louise   Michel   fait   le  lien  entre son analyse du sort du peuple et l’expérience   de  démocratie directe  qu’a   été   la  Commune. Lors   de   ses   années   d’exil   en Nouvelle-Calédonie,   elle   a embrassé la cause anarchiste.

Pour Louise Michel, la révolution doit être une révolution sociale. Il ne   suffit   pas   de   proclamer   la République. Le gouvernement de Versailles,   pourtant   issu   des élections   de   février   1871,   est considéré  comme  illégitime.  Elle évoque   les   «  envahisseurs de Versailles ».   En   se   disant appartenir   «  tout entière  »   à   la révolution sociale,  Louise Michel rejette  toute   autre   forme   de gouvernement   que   le gouvernement des ouvriers.

Les   affrontements   de   la «  Semaine sanglante  »   ont   été particulièrement  dramatiques, faisant plusieurs milliers de morts dans   la   capitale.   Louise   Michel, lors   de   son   procès,   mais également dans son histoire de la Commune   publiée   en   1898,   a insisté   sur   la  violence  déployée par les troupes versaillaises. Elle a participé à  la construction d’une mémoire   communarde  des événements,   allant   jusqu’à rejeter   la   responsabilité   des incendies   sur   les   soldats   du gouvernement.

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Q°6 – Louise Michel est considérée comme l’une des figures majeures de la Commune, si ce n’est   la  principale.  Elle  a  donné un  visage  au mouvement.  Une véritable  légende  s’est construite autour d’elle. Cela tient en partie à son attitude lors de son procès, au mois de décembre  1871.   Les   journaux,   comme   la  Gazette des tribunaux  du  17   décembre,   ont largement   relaté   la   manière   dont   elle   a  apostrophé  ses   juges,   demandant   à   être condamnée et mettant le gouvernement de Versailles en accusation. Même les publications les plus conservatrices, qui voient en elle une extrémiste des plus dangereuses, se montrent impressionnées. Elle est présentée comme une  combattante, prête au  sacrifice : «  je ne veux pas être défendue ». Elle est tout entière vouée à la cause de « la révolution sociale » et entend être la  porte-parole  de tous les  morts des barricades, de tous les  fusillés. Cet extrait montre à quel point Louise Michel est parvenue à utiliser ce procès pour défendre ses idées. La peinture de Jules Girardet, qui est contemporaine des événements, consacre la  dimension  d’héroïne   tragique  de Louise  Michel.  Elle  vient  de  se   rendre  aux   troupes versaillaises et est accompagnée par le peuple de Paris, une mère avec son enfant dans les bras, un jeune garçon qui rappelle  le Gavroche des Misérables, une vieille femme...  Elle semble  guider  ces   Parisiens   qui   sortent   à   peine   des   affrontements   de   la   «   Semaine sanglante », tout en les protégeant. Alors que le ciel est encore chargé des nuages des incendies, des rayons de lumière éclairent son visage, accentuant sa nature héroïque. Cette peinture montre que Louise Michel  a  immédiatement occupé une  place à part  dans les événements de la Commune. Elle fait écho au poème de Victor Hugo « Viro major » rédigé au même moment. Dès la fin de l’année 1871 se mettent en placent les éléments du mythe de la «  vierge rouge  »,  surnom donné à Louise Michel par  les tenants d’une révolution sociale. 

Vidéos à lire :1) Louise Michel / Quelle histoire / TV5 Monde – 7’02.2) Louise Michel / une anarchiste en Nouvelle-Calédonie / Arte – 12’30.

B. La construction d’un nouveau modèle politique. Finalement, Adolphe Thiers devenu président de la République le 31 août 1871, opposé à une restauration monarchique et rallié à  la République  inquiète  les monarchistes qui  le forcent   à  démissionner.  Le  24   mai   1873,   l'Assemblée,   constatant   son   manque d'empressement à restaurer la monarchie, lui retire sa confiance et porte à la présidence le maréchal Patrice de Mac Mahon, un royaliste.Mais les monarchistes sont divisés et ne parviennent pas à s’entendre sur les conditions du rétablissement monarchique. Et, pour ne pas précipiter les choses … l’Assemblée nationale (à forte majorité monarchiste) vote la loi sur le Septennat le 20 novembre 1873 : cette loi décide  que  Mac-Mahon,   le  président   en  exercice,  dont   la   durée  du  mandat  n'est   pas précisée, « garderait la place » en attendant que les négociations aient avancé / elle institue le septennat pour le président de la IIIème République.La République est entre  les mains des royalistes mais … un  compromis  est établi  entre républicains et monarchistes pour adopter les lois constitutionnelles : plusieurs étapes.

1- Le  30 janvier 1875  l'Assemblée nationale adopte l'amendement  proposé par  Henri Wallon (député républicain du Nord) qui établit la  forme républicaine du régime et l’élection d’un président de la République. 

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2- La Loi du 24 février 1875 relative à l'organisation du Sénat.3- La Loi du  25 février 1875  relative à l'organisation des pouvoirs publics (la Chambre 

des députés, le Sénat, le président de la République, le gouvernement …).4- La Loi constitutionnelle du 16 juillet 1875 sur les rapports des pouvoirs publics.

Schéma p. 171 – les institutions de la IIIème République. 

Les élections de  1876 portent au pouvoir les Républicains et  Mac Mahon  tente un coup d’Etat en 1877 qui échoue. Finalement, il doit se démettre de ses fonctions en janvier 1879.  L’élection du   président  de  Jules  Grévy  (1879  –  1887)  consacre   le  triomphe  des républicains. 

II. Une IIIème République source d’unité et source d’exclusion. A. Elle enracine ses valeurs dans le pays. 

1. Jules Ferry et les lois scolaires (1880 – 1882). La période de 1879 à 1887 met en avant les libertés fondamentales. Ainsi, l’école permet d’inculquer les valeurs républicaines car elle touche des générations successives de Français – doc. p. 175. Sous l’influence du ministre de l’Instruction publique, Jules Ferry, fait voter en 1881 – 1882, des lois scolaires rendant l’école primaire laïque, obligatoire et gratuite pour les enfants de 6 à 13 ans. Les personnels des établissements publics sont laïcisés en 1886 (loi Goblet du 30 octobre 1886 / ministre de l’Instruction publique de 1885 à 1886 – achève la laïcisation de l’enseignement). 5

1) Le Parlement est tout puissant. Les députés,   élus   au  SU   masculin, peuvent  renverser  le gouvernement. L’Assemblée   est   le   cœur   de   la   vie politique :  le lieu de  débats  souvent enflammés.   L’éloquence  devient essentielle :   par   leurs   discours,   les députés   peuvent   faire   tomber   un ministère ou s’opposer à une loi.  2) Le  président n’est qu’un symbole. Par   peur   d’une   répétition   du  coup d’Etat  de  1851,   le  monde  politique décide que le président sera élu par le Parlement et non au SU direct. Le régime   est  parlementaire :   le président   n’a   que   peu   de   pouvoirs réels. 3)  Les  gouvernements  sont   souvent de  courte   durée.   Le   Conseil   des ministres  change  donc régulièrement,   ce   qui   est   source d’instabilité politique. 

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2. De nouveaux droits accordés. La IIIème République contribue aussi à la mis en place de la  liberté de la presse  (loi du 29 juillet  1881), de la  liberté syndicale  (loi du 21 mars  1884) – elle affirme que les  syndicats « pourront se constituer librement sans l'autorisation du Gouvernement ».Met en place également la loi sur le divorce (loi Alfred Naquet du 27 juillet 1884 – député et sénateur du Vaucluse et partisan de l'amour libre / le divorce est possible uniquement pour faute et  à  condition d’en  apporter   la preuve).  Cette  loi  permet  à  une société  plus   libre d’apparaître. La loi du 1er juillet  1901 / mise en place par Waldeck-Rousseau (alors président du Conseil et   ministre   de   l'Intérieur   et   des   Cultes)   –   introduit   la   liberté  d’association   laïque  non professionnelle.  Cette  loi  permet  la  constitution des  premiers  partis  politiques :   le  Parti républicain   radical   dès   1901   /   un   rassemblement  hétéroclite  de   personnalités :   Emile Combes, Camille Pelletan.Un   mouvement  socialiste  et  ouvrier  en   pleine   structuration   s’unit   autour   d’un   parti politique de  gauche : la  SFIO  (Section Française de l’Internationale Ouvrière) / création à Paris, salle du Globe, boulevard de Strasbourg (10ème arrondissement) – Jean Jaurès, Jules Guesde.

3. Multiplication des symboles républicains. La République diffuse ses valeurs de diverses façons. Villes et villages se couvrent de places de la République comme celle inaugurée à Paris en 1879. De plus, les symboles ont souvent pour origine la Révolution française de 1789 :

- le drapeau, officiellement instauré en France en 1830,- la  Marseillaise  composée   en   1792   mais   adoptée   officiellement   comme  hymne 

national en 1879.- la devise « Liberté, Egalité, Fraternité » est inscrite sur le fronton des édifices publics 

à partir de 1880.- à cette même date  Marianne  devient   la  représentation de  la  République  (sur   les 

places, les timbres, son buste orne toutes les mairies de France). - en célébration de la prise de la Bastille en 1789 et de la fête de la fédération en 1790, 

la IIIème République adopte, en 1880, le 14 juillet comme fête nationale. Le centenaire de la RF est fêté avec faste en 1889.

De plus, les grands hommes de la patrie et de la République sont honorés par des obsèques nationales, tels Adolphe Thiers ou Victor Hugo panthéonisé le 1er juin 1885. Point de passage et d’ouverture – livre p. 178 et p. 179 / répondre aux Q°.Q°1 –  Le gouvernement entend faire des funérailles de Victor Hugo un grand moment de communion   républicaine  et   nationale.  Une   loi   du   24   mai   1885  accorde   au   poète  des funérailles nationales. Le président de la République Jules Grévy prend ensuite par décret la décision  de  nationaliser  l’église  Sainte Geneviève pour  en  faire  un  panthéon  où seront déposés « les restes des grands hommes qui ont mérité la reconnaissance de la patrie ». Un second   décret   prévoit   que   le   corps   de   Victor   Hugo   sera  déposé  au  Panthéon.   L’État républicain est le grand ordonnateur et orchestrateur de cet événement.Q°2 – Sur la peinture de Georges François Guiaud datant de 1885, les drapeaux tricolores qui flottent dans  le vent,  ainsi  que  le  quadrige  (char)  de  la révolution qui surmontait  à l’époque l’Arc de triomphe, rappellent la dimension républicaine d’une cérémonie  6

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Décidée et organisée par le gouvernement. Les funérailles de Victor Hugo sont l’occasion d’une véritable  mise en scène du régime, avec son décor et ses figurants. La lithographie intitulée « Liqueur de l’immortel Victor Hugo » montre la foule présente autour de l’Arc de triomphe la veille de la cérémonie, ainsi que devant le Panthéon le 1er juin. Cette foule, ainsi que  les   loueurs  d’échelles,   les  vendeurs  de  souvenirs  et   les  affiches  ou cartes  postales éditées  pour   l’occasion  montrent  qu’il   s’agit  d’un  événement  populaire,  d’une  fête  qui réunit les Français. L’Arc de triomphe renvoie aux victoires napoléoniennes et à la grandeur du pays. Il donne à l’événement une dimension nationaliste. Victor Hugo, considéré comme le  poète   national,   incarne   la  grandeur  de   la   France   dont   il   est   censé  rassembler  les habitants par-delà les clivages politiques.Q°3 – L’extrait du journal La Croix du 24 mai 1885 montre que le consensus national n’a pas été total.  Victor Hugo, qui  a mené une carrière politique, siège à  l’Assemblée nationale comme député sous la IIème République. En 1850, il prend la tête d’un combat pour la laïcité, notamment   dans   le   domaine   de   l’enseignement.   Ce   combat   explique   en   partie l’attachement  des républicains à  la figure de Victor  Hugo, mais également  l’hostilité  de certains  catholiques.   Le   fait  que  le  gouvernement  entende  faire  de  ses   funérailles  une grande   cérémonie   laïque  aggrave  cette   hostilité.   La  nationalisation  de   l’église   Sainte-Geneviève, décrétée deux jours plus tard, est perçue comme une nouvelle manifestation de l’anticléricalisme républicain.Q°4 – Ces funérailles sont des funérailles nationales, décidées sur décret du président de la République. L’État républicain ordonne l’événement et prend en charge son organisation. Il s’agit   de   célébrer   le   grand   poète   et   écrivain,   ainsi   que   le   républicain,   opposant   à Napoléon III et  défenseur de nombreuses causes, dans une grande cérémonie  laïque. Les jours qui précèdent les funérailles, alors que le cercueil est exposé sur un catafalque sous l’Arc de triomphe, la foule se presse pour rendre un dernier hommage au poète national. L’événement   prend   la   forme   d’une   grande  fête   populaire.   C’est   aussi   un   moment d’exaltation   nationale,   voire  patriotique.   La   procession   qui   relie   l’Arc   de   triomphe   au Panthéon est un geste de reconnaissance de l’ensemble de la patrie, censé réunir tous les Français.  Mais   il   y   a   tout  de  même des  résistances.  Celle  des  milieux  catholiques  par exemple. Ils s’opposent à la nationalisation du Panthéon et ne se reconnaissent pas dans la figure de Victor Hugo qui a combattu pour un État laïque et manifestait son athéisme. Les documents proposés n’évoquent pas l’opposition de la gauche révolutionnaire qui ne se reconnaît pas non plus dans cette cérémonie organisée par un gouvernement républicain considéré comme un ennemi. Les funérailles de Victor ont donc bien été un événement à portée nationale mais il faut relativiser la notion de communion qui masque les divisions et oppositions.Q°5 – Les documents proposés sont deux représentations iconographiques des funérailles de Victor Hugo. La peinture de Georges François Guiaud, datant de 1885, représente la foule  parisienne rendant  hommage au poète  sous   l’Arc  de  triomphe dans  les   jours  qui précèdent la cérémonie. La lithographie colorisée de 1885 représente également l’Arc de triomphe ainsi que le Panthéon, avec au 1er plan, le couronnement de Victor Hugo par une Marianne drapée dans le drapeau tricolore. Ce drapeau national, omniprésent autour de l’Arc de triomphe, renvoie à la révolution parisienne de l’été 1789. Il pavoise les rues des villes et villages lors de nombreuses occasions, en particulier le 14 juillet,  fête nationale depuis 1880.  7

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La Révolution de 1789 est riche en symboles réinvestis lors des premières années de la IIIème 

République.   Le   bonnet   phrygien   connaît   un   grand   succès.   Les   deux   documents   nous permettent   de   comprendre   combien   le   nouveau   régime   s’est   approprie   des   œuvres monumentales existantes pour leur donner une dimension proprement républicaine. L’Arc de triomphe est un monument d’une autre époque. Voulu par Napoléon 1er, il célèbre des victoires  militaires,   la   grandeur  d’un  empire   français   conquérant.   En   le   surmontant  du quadrige intitulé « Triomphe de la révolution », les républicains revendiquent les valeurs de patriotisme et s’inscrivent dans une quête de grandeur nationale. La personnification de la République, principalement sous la forme de Marianne, est autant la manifestation que l’instrument de la diffusion d’une culture républicaine. Maurice Agulhon, dans Marianne au pouvoir, a travaillé sur l’imagerie et la symbolique républicaine entre 1880 et 1914.Le Panthéon, représenté sur  la  lithographie colorisée, correspond à une autre forme de réappropriation. Son histoire a été tumultueuse : une première fois nationalisé pendant la Révolution, puis rendu à l’exercice du culte sous la Restauration, le président Jules Grévy décide d’en faire à nouveau un monument dédié à la « mémoire des grands hommes ». Le bâtiment a désormais une double dimension patriotique et  républicaine.  La République marque de son empreinte la ville de Paris et l’ensemble du territoire français. Les écoles et les mairies, construites à travers tout le pays, sont des bâtiments beaucoup plus modestes mais qui peuvent être également considérés comme des monuments républicains avec la devise de la République inscrite sur leur fronton.

Lecture vidéo :  Les funérailles de Victor Hugo – visites privées  /dailymotion / 2 nov. 2016 / 14’05 – France 2.

B. Des Français inégaux devant la République. Des préjugés tenaces tiennent les Françaises écartées du droit de vote. L’accès à la pleine citoyenneté permettant  l’usage des  droits  politiques  est réservé aux  hommes  âgés d’au moins  21 ans.  Ainsi,  plus  de   la  moitié  de   la  population  française  est  écartée  de  la  vie politique.  Des  militantes,   soutenues  par  des  hommes comme Victor  Hugo,   s’organisent pour demander le droit de vote et d’être élues.  Ces féministes (personnes militant pour l’égalité entre les femmes et les hommes) utilisent les libertés d’expression, de réunion et d’association pour fonder : 1)  des  mouvements  comme l’Union française pour  le  suffrage des  femmes  (= regroupe 12 000 adhérentes en 1914 derrière  Cécile Brunschvicg  – issue d’une  famille bourgeoise républicaine   alsacienne /   épouse   le   philosophe   féministe   Léon  Brunschvicg   /  son engagement   social   et   féministe   débute   en  1908 :   elle   crée   les  Réchauds   de   midi  qui permettent aux travailleuses de disposer d'un repas chaud le midi) 2) ou des journaux :  La Fronde  (journal français fondé par Marguerite Durand, journaliste, actrice, femme politique – le 9 décembre  1897, diffusé jusqu’en 1905. Il est le premier à être  entièrement   conçu  et  dirigé  par  des   femmes)  –  écouter   l’émission  France  culture « C’était à la Une » 5’ / 11 janvier 2019. ou La Française : est créé en 1906 par la féministe Jane Misme (Jeanne Marie Joséphine Maurice épouse l'architecte lyonnais Louis Misme et s’installent à Paris en 1893). De   manière   plus   spectaculaire,   certaines   femmes   présentent   leur  candidature  lors d’élections municipales ou législatives.  8

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III. Une République contestée mais consolidée entre 1885 et 1914. A. Des oppositions ou des crises multiples. 

Dans les années 1880, la France connaît une crise économique et sociale. Cela provoque un ralentissement  marqué de  la  croissance,  une  agriculture  sérieusement  touchée  (les prix chutent de 40 % entre 1880 et 1900). L’exode rural devient massif. La métallurgie, le textile, les industries du bois, et du bâtiment  piétinent. Les faillites  se multiplient et le chômage s’étend. Ce contexte difficile accroît les tensions sociales : multiplication des grèves.Le régime parlementaire est discrédité. 1. La crise boulangiste. Le  général   Boulanger,   ministre   de   la   Guerre   de   janvier   1886   à   mai   1887,   devient   en quelques  mois   très  populaire.   En  avril   1887,   son   soutien  à   l’espion   français  Guillaume Schnæbelé, capturé par les Allemands, le fait apparaître comme « le général La Revanche ». Alors écarté du gouvernement, il fonde un Comité républicain national financé secrètement par les monarchistes et rassemble les mécontents du régime.Il   propose   un   programme  antiparlementaire  et   national,   fondé   sur   la  révision constitutionnelle : il remporte des élections – il est élu député de Paris, le 27 janvier 1889. Dans la soirée, les partisans du général, au comble de l'excitation, et la foule des Parisiens, répètent d'une seule voix : « À l'Elysée ! », « À l'Elysée ! ». Certains de ses partisans, dont Alfred Naquet,  lui suggérèrent alors d'effectuer un  coup d'État  en marchant sur  l'Élysée mais il se refuse à les suivre sur cette voie.La menace d'un mandat d'arrêt est lancée contre lui le 1er avril 1889 pour complot contre la sûreté de l'État, et il  s'enfuit en Belgique. Mais, les  modérés  et les  radicaux se réunissent pour  défendre  la République qui fête en grande pompe le   centenaire  de la Révolution française : ils font bloc et remportent les élections législatives d’octobre 1889.Le général Boulanger s’installe à Bruxelles … sa maîtresse meurt le 16 juillet 1891 et … deux mois après, le général Boulanger se suicide le 30 septembre 1891 sur sa tombe au cimetière d’Ixelles, dans le quartier sud de Bruxelles.La menace est passée ! 

2. Le scandale de Panama. La découverte en  novembre 1892  d’un scandale concernant une  centaine  de députés et plusieurs ministres corrompus par la Compagnie de Panama en charge de réaliser le canal (créée le 20 octobre 1880 par Ferdinand de Lesseps pour construire le canal de Panama), renforce   le  discrédit  du   système.   Ce   scandale   est   révélé   par   le   polémiste   antisémite Edouard Drumont. 

 Les Boulangistes, les nationalistes, les antisémites réclament un « coup de balai » sur la République. Les élections législatives d’octobre 1893, marquées par une forte abstention et par la  défaite  de grandes personnalités républicaines, traduisent le  désarroi  de l’opinion. Mais … le régime républicain n’est pas remis en cause.

3. L’action violente des anarchistes. L’exaspération devant la  misère et les  inégalités  sociales et le  peu de réformes engagées pour y remédier favorisent l’agitation des anarchistes : ils se lancent dans l’action violente et ciblent les symboles de la Républiques.   9

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Auguste Vaillant  lance une bombe en pleine  séance  de  la Chambre des députés  –  le  9 décembre 1893, vers 4 heures du soir, Auguste Vaillant lance sa bombe à clous du haut des tribunes de la Chambre, atteignant plus ou moins gravement des députés, un huissier, ainsi qu’un grand nombre de personnes qui assistent à la séance. Lui-même est blessé lors de l’explosion / condamné à la peine capitale / guillotiné le 5 février 1894 à Paris.Sante Geronimo Caserio, anarchiste italien,   assassine  le président de la République  Sadi Carnot – le 24 juin 1894, à l'occasion de l'Exposition universelle, internationale et coloniale qui   se  déroule  au parc  de   la  Tête  d'or à Lyon,  Sadi  Carnot,  président  de   la  République française depuis le 3 décembre 1887 participe à un banquet organisé en son honneur. Vers 21   heures   15,   alors   que   Sadi   Carnot   salue   la   foule  massée   à   la   sortie   du  banquet   … l'anarchiste italien  Caserio monte sur le marche-pieds et blesse mortellement d'un coup de poignard le président. Raison de son geste ? Pour avoir exécuté Vaillant. 

Le  pouvoir  riposte  par  des   lois  qui  répriment  les  anarchistes  et  restreignent  leur liberté d’expression. 

B. L’affaire Dreyfus consolide la République. Lecture vidéo – Affaire Dreyfus Arte / 29 avril 2017 – 9’30.Une affaire en trois étapes :

1) D’abord une affaire militaire.2) Devenue une affaire politique.3) Finalement, la vérité et la justice l’emportent.

A l’issue de la vidéo, compléter le tableau ci-joint + livre p. 185.

C. La République devient laïque. L’affaire Dreyfus permet aux partis de gauche de se structurer amenant au gouvernement Pierre   Waldeck-Rousseau  de   1899   à   1902   puis  Emile   Combes  de   1902   à   1905. Profondément  anticléricaux  ces   gouvernement  s’opposent  aux  catholiques  qui   ne pardonnent pas les lois laïques de Jules Ferry et se retrouvent dans l’antiparlementarisme. En 1904,   le  président  du Conseil  Emile  Combes  fait  voter   l’interdiction  d’enseigner  aux congrégations  non   autorisées   (ordre   religieux   ayant   une   vocation   précise :   soins   aux pauvres et aux personnes âgées, enseignement, santé). Les relations avec le Vatican (Pie X) sont rompues.La préparation de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat est confiée au député socialiste Aristide Briand (avocat issu d'une famille modeste de Nantes) – un anticlérical modéré : il n’est pas radicalement opposé à l’Eglise, il juge sa présence trop pesante, notamment dans l’enseignement, ce qui est un danger potentiel pour l’autorité nationale de l’Etat.Loi adoptée le  9 décembre 1905  – la nouvelle loi  brise  unilatéralement les engagements français relatifs au régime concordataire français de 1801, qui régissait les rapports entre le gouvernement   français   et   l’Église   catholique.   Inventant   la  laïcité  à   la   française,   elle proclame la liberté de conscience, garantit le libre exercice des cultes et pose le principe de séparation des Églises et de l’État.Désormais,   l’Etat   ne   nomme   plus   les   évêques   ni   ne   salarie  aucun   culte.   Les   biens ecclésiastiques deviennent propriété de l’Etat et les Eglises peuvent former des associations culturelles pour gérer les édifices religieux. La laïcité devient une valeur centrale de la République française. 10

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Ni les Protestants ni les Juifs ne s’opposent à cette loi. Point de passage et d’ouverture – lecture vidéo ww.youtube.com › watch▶      9:04    20 sept. 2010 – Ajouté par Entertainment-Education WebTV : du Concordat (1801) à la Loi sur la Laïcité (1905).

CONCLUSIONLa République est finalement stabilisée. Mais la question sociale et ouvrière est alors 

au cœur des débats devant la précarité de ce groupe social : nombreuses grèves de 1906 à 1910.   De   même,   les   relations   avec   l’Allemagne  deviennent   de   plus   en   plus  tendues notamment au niveau de la question coloniale. Lire les pages 170-171 / p. 176 et 177 / p. 180 et 181.

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