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«Accompagner le pouvoir d’agir des parents, croiser les savoirs, Une nouvelle approche de la parentalité» Colloque des Universités Populaires de Parents 2

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Page 1:  · Web viewJe ne fais que reprendre leur discours : Nous ne voulons nullement imposer notre vision de la société, ni devenir des professionnels ou des experts de la Parentalité,

«Accompagner le pouvoir d’agir des parents,croiser les savoirs,

Une nouvelle approche de la parentalité»

Colloquedes Universités Populaires de Parents

Paris, 30 janvier 2012

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Ce document rend compte des différentes interventions réalisées lors du colloque.

Les recherches qui ont été présentées par les parents lors des ateliers ne sont pas intégrées à ces actes, mais seront consultables sur le site internet des UPP à la fin de l’année 2012, à partir du lien suivant : http://uppacepp.eu/

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Table des matières

Mots d’accueil par les parents des UPP..................................................................................................5

Ouverture du colloque...........................................................................................................................6

Présentation de la démarche des Universités Populaires de Parents : origines et fondements ............7

Les attentes des parents : quels repères pour leur implication dans les actions parentalité ?.............10

Quelles méthodologies, postures des professionnels pour permettre la participation des parents ?. 12

La rencontre parents – institutions : quelles actions, quels effets et bénéfices pour les acteurs et les territoires ?...........................................................................................................................................15

La réalisation de recherches par des parents : Quelles méthodologies ? Quelle production de savoirs ? Quels effets pour les parents, les universitaires, et pour les universités ?...........................................19

Les UPP, une démarche pour penser l’accompagnement des parents ?..............................................23

Regards et questionnements de l’ACEPP sur la parentalité.................................................................23

La démarche des UPP : quels intérêts, quels questionnements pour les actions parentalité et les politiques d’accompagnement des parents ?.......................................................................................25

Synthèse et Conclusion de la journée..................................................................................................34

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Mots d’accueil par les parents des UPP

Bonjour, nous, parents de l’UPP de Le Portel, sommes contents de vous accueillir et que vous, institutions, soyez là pour que nous puissions vous montrer tout notre investissement.

Bonjour nous sommes l’UPP d’Avranches, en tant que parents, nous sommes ravis que vous soyez avec nous pour partager notre travail ainsi que vous soyez là pour apprécier nos compétences.

Bonjour, nous sommes l’UPP d’Angers, nous sommes très heureux que vous soyez là aujourd’hui, pour vous faire connaitre et reconnaitre les UPP.

Bonjour, nous sommes parents de l’UPP de la Rochelle, et nous sommes aussi très heureux d’être là pour construire avec vous et laisser la place aux perspectives.

Bonjour, nous sommes les parents de l’UPP de Grigny-Viry et nous sommes contents d’être là pour enrichir nos connaissances, et nous voulons croiser les regards entre institutions et parents.

Bonjour, nous sommes l’UPP de Chambéry, nous sommes contents d’être là pour partager nos compétences et nous sommes contents d’être là, nous parents, pour que vous, vous soyez là institutionnels et professionnels, pour réfléchir ensemble et pourquoi pas, trouver des solutions ensemble.

Bonjour, nous l’UPP de Saint Priest, nous sommes contents de vous voir ici pour vous donner une nouvelle image des parents.

Bonjour, nous sommes l’UPP de Villeurbanne, nous sommes heureux d’être là pour partager nos expériences, nos savoirs, nous sommes des parents responsables.

Bonjour, nous sommes l’UPP de Nice, nous excusons l’UPP de Serres qui n’est pas loin de chez nous mais comme c’est l’année du dragon, toutes les mamans sont en train d’accoucher. Nous sommes contents d’être là pour partager nos valeurs, échanger et croiser nos savoirs.

Bonjour, nous parents des premières UPP, nous sommes contents d’être là, nous représentons les UPP de la première génération : UPP du Bassin minier, UPP de Lezennes, UPP de Pau, UPP de Vénissieux, UPP de Pierre Bénite et Saint Genis Laval. Nous sommes heureux d’avoir vu naitre une nouvelle génération d’UPP pour continuer à partager nos réflexions sur la parentalité.

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Ouverture du colloque

par Samia Zemmit co-présidente de l’ACEPP

Bonjour à tous et bienvenue,Merci aux parents et merci à vous tous d’être venus si nombreux. Vous êtes 450 participants : des Conseils Généraux, des CAF, des PRE, des centres sociaux, des chefs de projets de la politique de la ville, des associations, des parents. Un merci tout particulier à ceux qui ont cru dans ce projet et qui nous ont soutenu, y compris financièrement : la DGCS, du Ministère des Affaires Sociales, l’ACSE, la CNAF. Merci aussi au Ministère de l’Education Nationale, lui aussi présent. Merci d’avoir répondu si nombreux à la proposition de l’ACEPP et des Universités Populaires de parents.Depuis les années 1980, L’ACEPP fédère des lieux d’accueil petite enfance dans lesquels les parents se rencontrent, échangent, confrontent leurs pratiques éducatives pour trouver chacun leur propre chemin. Dans ces lieux, les parents animent avec des professionnels un projet commun au bénéfice des enfants. Ils prennent ainsi des responsabilités qui peuvent se prolonger par un investissement plus large, dans la vie locale.

C’est une parentalité active, solidaire et citoyenne qui se met en œuvre dans ces lieux. Une parentalité respectueuse de la diversité des pratiques éducatives et des familles, qui met en lumière les compétences de chaque parent et l’incite à prendre des initiatives. Une parentalité qui repose sur l’idée que tous les parents ont des ressources, des compétences, et on sait, aujourd’hui, à quel point la parentalité est un enjeu de société. Pour l’ACEPP, l’éducation est fondamentalement une responsabilité partagée entre parents et institutions. L’enfant grandit à la fois dans son milieu familial et dans la société, on est donc dans la sphère familiale et dans la sphère publique. Des lors, c’est l’idée de coéducation que nous visons, et le défi est pour nous d’instaurer des instances de dialogue et d’échanges entre parents, institutions, élus pour construire les conditions de l’éducation. Pour nous, il est donc nécessaire de croiser, partout où cela est possible, les savoirs des parents avec ceux des institutions, des professionnels, des élus pour élaborer des projets pour chaque enfant, mais aussi des politiques éducatives adaptées aux attentes des parents. Ainsi, il est possible, chacun de la place où on se trouve, de construire ensemble les politiques publiques. C’est cette même vision d’une parentalité active, solidaire et citoyenne que l’on retrouve dans les Universités Populaires de Parents, un projet qui croise les points de vue, les savoirs en reconnaissant l’expertise des parents ; un projet qui leur donne un espace pour agir collectivement pour améliorer les conditions d’exercice de la parentalité au quotidien dans leur quartier.

Dans cette même perspective de croisement des regards et des savoirs, la journée d’aujourd’hui va nous permettre d’entendre ce que les parents ont à dire sur les conditions de leur participation dans les projets parentalité et sur les résultats de leurs recherches. Nous aurons ainsi l’occasion tout au long de la journée, à partir de l’expérience des UPP, de pouvoir nous interroger tous ensemble sur l’accompagnement des parents et les conditions de leur participation active.

Pour finir, en tant que présidente mais aussi en tant qu’ancienne animatrice d’une UPP, je voudrais saluer, de manière complice les parents des UPP, les animateurs, les universitaires, et leur dire mon admiration pour le travail qu’ils accomplissent, pour la créativité dont ils font preuve, pour leur engagement au jour le jour depuis trois ans … Sans en avoir l’air, et avec modestie, là où vous êtes, vous agissez, ouvrez des portes, semez des graines... Chacun à votre place, vous avez enrichi ce projet au fil du temps vous avez fait de vos diversités une force, vous avez cheminé ensemble, parfois dans le doute pour en arriver là aujourd’hui. Et sans oublier les acteurs moins visibles, les conjoints, les enfants, les voisins qui soutiennent, écoutent et permettent que cela soit possible.

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Je tenais donc à les remercier chacun tout particulièrement et à tous, à eux comme à vous, je souhaite donc une très bonne journée.

Présentation de la démarche des Universités Populaires de Parents : Origine et fondementspar Michelle Clausier, Coordinatrice des UPP

- Présentation de l’ACEPP et origine du projet

L’ACEPP est un mouvement parental, éducatif et citoyen qui, depuis 30 ans, a acquis une expérience de la parentalité construite à partir de fondements partagés:

- Les parents sont les premiers éducateurs de leurs enfants - L’idée que les parents ont besoin de lieux et d’espaces pour partager ensemble sur les

questions d’éducation et de parentalité- Une démarche participative dans tous les projets et actions mises en place qui génère

une dynamique entre les parents, qui propose des espaces de débats entre parents/élus/professionnels, avec une visée de coéducation et de citoyenneté.

En 2005, de nombreux experts de différentes disciplines, relayés par les médias parlent de la parentalité. Mais, pour l’ACEPP il semble que la voix des parents est absente, que leur expérience est peu reconnue. C’est dans ce contexte, à partir de ce constat qu’est née l’idée d’Université Populaire de Parents.

- Présentation des Universités Populaires de Parents

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Aujourd’hui on compte 16 UPP en Francedont 5 UPP de la première génération qui ont démarré en 2005.11 UPP dans la deuxième génération qui a commencé en 2009 de même que les4 UPP à Berlin et6 en Belgique.

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Les attentes des parents : quels repères pour leur implication dans les actions parentalité ?

Avec :Fatiha Khadraoui, parent de l’UPP de Chambéry, Marcelle Langevin, parent de UPP de Le Portel, Charlotte Lambert, parent de l’ UPP de La Rochelle, Khalida Oumira, parent de l’UPP de Grigny-Viry,Bariza Rahem, parent de l’UPP de Nice, Sabah Rassif, parent de l’UPP de Grigny-Viry,

Question : Pourquoi en tant que parent avez-vous eu envie de vous investir dans une UPP, qu’est-ce qui vous a motivé ?

- Khalida Oumira: J’avais un souci avec un de mes enfants, j’ai rencontré les UPP et c’est comme cela que j’ai eu l’idée de venir.

- Charlotte Lambert : Ce qui m’a intéressée, c’est la recherche universitaire, réfléchir sur la parentalité, prendre du recul sur ma façon d’être parent, et rencontrer d’autres parents pour discuter de l’éducation.

- Bariza Rahem : C’était l’occasion pour moi de montrer que, malgré mes difficultés à parler et écrire le français correctement, je pouvais participer. L’UPP a été l’occasion que je donne le meilleur de moi-même. Parce qu’on m’a fait confiance, cela m’a donné la liberté d’expression.

- Sabah Rassif : Personnellement, je n’avais pas de difficulté avec mes enfants. J’étais dans un groupe de paroles. On se réunissait une fois par mois sur un sujet comme la violence, les jeunes, mais après cela s’arrête là, ça ne va pas plus loin. L’UPP me donnait la possibilité d’être sur le terrain, d’agir avec d’autres parents mais surtout avec des institutions.

- Marcelle Langevin : Moi c’est par curiosité, j’y suis venue cela m’a plu et j’y suis restée. - Bariza Rahem: Je voulais aussi montrer qu’en tant que femme voilée, je ne suis pas

différente des autres, les femmes voilées comme moi, ont des choses dans leur tête. Sabah Rassif : On voulait s’investir et être écouté. Les parents ont leur mot à dire sur la

parentalité, ils sont légitimes. On veut tendre la main aux professionnels pour avancer ensemble.

Marcelle Langevin: Cela m’a donné beaucoup d’ouverture par rapport à l’école. J’ai assisté au conseil de discipline, j’ai pu donner un regard différent de celui des professionnels.

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Charlotte Lambert : C’est le croisement de regard avec les professionnels qui était important pour moi car on n’est pas parent tout seul.

Sabah Rassif : On voulait aussi montrer dans notre quartier qu’on est là pour l’avenir de nos enfants. On voulait changer cette image de parents démissionnaires. Grâce aux UPP, on voulait devenir et se faire reconnaitre comme des parents experts et citoyens.

Marcelle Langevin : Faire partie des UPP nous donne la force de faire en sorte que cela change pour nous mais aussi pour notre quartier. Pourtant, nous ne sommes pas des super parents, nous sommes des parents ordinaires. Si on a pu le faire, ça montre que d’autres le peuvent aussi.

Question : Quelle est, selon vous, l’originalité des UPP ? Bariza Rahem : Généralement, les professionnels montent des projets pour les parents,

sans les concerter. Dans les UPP, ce sont les parents qui sont forces de proposition pour monter des projets, les animateurs du groupe nous font confiance, et grâce à cela on avance. Les UPP sont un bateau à mener et c’est nous les capitaines. On demande le soutien des professionnels pour que ce bateau arrive au port.

Sabah Rassif : Ce qui fait l’originalité, c’est la durée, trois ans et de faire une recherche. On choisit le thème, la méthodologie alors que ce n’est pas notre métier. On montre qu’on a des ressources, qu’il faut nous prendre en considération. C’est un projet de parents acteurs décideurs.

Charlotte Lambert : Dans les UPP, il y a une relation égalitaire : chacun est expert, on a seulement un regard différent entre universitaire, parents, animateurs. C’est le croisement de regard qui est important car du fait que chacun ait sa place, il y a un véritable échange.

Fatiha Khadraoui : L’UPP ce n’est pas une école de parents, où les parents seraient là pour apprendre des choses, on agit ensemble avec les professionnels, on a un objectif commun.

Sabah Rassif: Ce qui fait l’originalité et la force des UPP c’est aussi la dimension collective. Un proverbe africain dit : « toute seule je vais vite, mais ensemble, on ira loin. »

Question : Comment, selon vous, peut-on faciliter la participation des parents ? Bariza Rahem : Les parents se mobilisent quand on tient compte de leur avis, que leur

parole n’est pas une parole en l’air, quand on les écoute. Fatiha Khadraoui: Dans l’UPP, on ne nous dit pas comment éduquer nos enfants, c’est

cela qui a facilité notre participation et la confiance. Charlotte Lambert : Ce qui est important, pour mobiliser les parents, c’est de faire avec

les parents et non pas pour les parents. Sabah Rassif: Les parents s’impliquent si on croit en eux parce qu’on est d’égal à égal

avec les professionnels. Bariza Rahem : Il faut surtout qu’on ne nous juge pas, qu’on soit côte à côte, parents et

professionnels pour travailler ensemble. Charlotte Lambert : Tous les parents peuvent s’impliquer : on a fait les recherches, on

arrive au terme de trois années mais on n’est pas pour autant devenus des parents experts, on reste des parents ordinaires. Il n’y a pas des parents qui peuvent s’impliquer et d’autres qui ne peuvent pas. N’importe quel parent peut faire ce que nous avons fait.

Question : Qu’est-ce que les UPP vous apportent ? Quels sont les effets des UPP ? Khalida Oumira: Etre dans les UPP m’a donné de la force. Quand je vois des parents en

difficulté avec leurs enfants, j’ai un regard différent sur eux aujourd’hui. Ma famille a aussi un regard différent sur moi.

Bariza Rahem : Mon statut d’UPPiste me permet de m’engager au sein de l’école. Avant je n’osais pas aller à l’école parce que j’avais peur avec mes difficultés. Maintenant, oui j’ose aller à l’école, oui j’ose dire oui, j’ose dire non ! Mais aussi j’ose participer avec d’autres parents, les accompagner vers l’école lorsqu’ils n’osent pas. Je suis devenue déléguée de parents d’élèves.

Marcelle Langevin : Je me lève car les UPP m’ont mise debout, cela m’a déculpabilisée.

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Cela m’a donné confiance en moi, m’a donné des ouvertures. Au sein de ma famille, le dialogue est beaucoup plus élargi. Je participe à des animations, je me suis intégrée dans les lycées et collèges, ce que je ne pouvais pas faire avant.

Khalida Oumira : J’étais déjà parent d’élève mais je n’avais pas la force de donner mon avis, j’écoutais sans rien dire. Maintenant je peux dire quand je ne suis pas d’accord et je sais que les professionnels m’écoutent, ils demandent même mon avis. Maintenant, je sais que je peux travailler avec des professionnels, je peux les écouter car je sais qu’ensemble on y arrive mieux. On a besoin d’eux aussi.

Charlotte Lambert: Ces trois années m’ont aidé à prendre du recul, à me décentrer, on serend compte qu’on n’est plus tout seul. Quand on a des parents debout, comme Marcelle a dit, la société va mieux. Les UPP nous donnent confiance en nous, ce qui, dans un moment où la société est en crise, nous aide à avoir confiance en l’avenir.

Fatiha Khadraoui : C’est vrai : cela a permis à certains parents de notre groupe de sortir de l’isolement.

Sabah Rassif : les UPP ont eu des effets pour les parents individuellement : certains parents ont repris des formations, d’autres ont trouvé un travail alors qu’ils ne pouvaient pas l’envisager avant. Les UPP ont un effet sur les familles également, cela a parfois changé le rôle des pères, car on discute avec eux du travail de l’UPP. On en parle aussi avec nos enfants…

Khalida Oumira : Dans les UPP, on a fait une recherche pendant trois ans, et moi je n’ai pas fait d’études élevées, mais cela m’a permis de connaitre d’autres choses. Je fais maintenant de l’informatique à 50 ans et je n’aurais jamais cru cela possible. Le regard de ma famille a changé aussi, mes enfants m’encouragent, ils sont fiers. Je sais que ce soir ils vont me poser des questions sur la journée d’aujourd’hui. Même mon mari est fier, il me dit que je suis devenue une intellectuelle.

Quelles méthodologies et postures des professionnels pour permettre la participation des parents ?

AvecBasma Ayed, animatrice de l’UPP de Nice, professionnelle au sein d’un centre social géré

par le CCAS de Nice,Anne de Chalandar, animatrice UPP de La Rochelle, directrice d’un lieu d’accueil petite

enfance parental. Sophie Delabrousse, animatrice de l’UPP d’Avranches, assistante de service social à la

CAF de la Manche,Magali Jacquet, coordinatrice de l’UPP d’Avranches, responsable des travailleurs

sociaux à la CAF de la Manche,Sandrine Pilloy, animatrice de l’UPP de Le Portel, portée par le CCAS de le Portel,

Question : Quelle est la fonction d’animatrice/coordinatrice dans les UPP ? Magali Jacquet : La fonction d’animatrice est d’abord de créer un climat de confiance au

sein du groupe, faire en sorte que chacun ait sa place. C’est entretenir la motivation sur la durée, accompagner le processus de recherche durant trois ans. C’est aussi être l’interface entre tous : parents, professionnels, universitaires, partenaires. C’est coordonner l’action tout au long de la recherche des parents. C’est être garant de l’éthique du projet UPP, du respect de la charte, de la méthodologie du projet.

Anne de Chalendar : la recherche se passe sur trois niveaux : une dimension individuelle puisque chaque parent arrive avec un questionnement personnel, des attentes propres à chacun ; une dimension collective avec la création du groupe dans un climat de confiance, préparer les temps de rencontres, et une troisième dimension qui consiste à assurer le lien avec

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l’environnement institutionnel. Il s’agit de gérer donc ces points de tension entre individuel et collectif, mener la recherche sur la durée jusqu’à produire un résultat collectif et assurer le lien entre le niveau local et le niveau national dans lesquels il se passe beaucoup de choses importantes.

Basma Ayed : Etre animateur UPP, c’est être garant de la démarche vis-à-vis de l’ACEPP, garant de la charte. Notre rôle est aussi de favoriser la prise d’initiative des parents, de valoriser leurs compétences. Les animateurs assurent le lien entre le local et le national. Sans l’UPP, il est probable que tous les parents investis n’auraient pas pu se rencontrer. A ce titre, l’UPP est un outil de cohésion sociale.

Question : Quelle est la posture nécessaire pour être animateur des UPP ? Magali Jacquet : Etre animateur d’une UPP, c’est d’abord un changement de regard. Dans

beaucoup de projets, on a tendance à rester centrés sur les difficultés des parents. Le changement de postures, c’est déjà partir du fait que les parents ont des ressources, du potentiel. C’est un projet qui nécessite d’être détecteur de talents, dans lequel on change totalement notre regard. Le changement de posture, c’est également faire absolument confiance aux parents.

Sandrine Pilloy : Ce changement de posture nécessite une ouverture et une capacité à se remettre en question pour être capable d’entendre ce que les parents ont à dire, car ils ont énormément de choses à nous apprendre. Cela nécessite de se décentrer totalement.

Basma Ayed : Notre formation professionnelle en travail social nous a appris la nécessité de garder une distance. Mais dans ce projet, on ne peut pas ne pas mouiller notre chemise. On est animateur engagé, impliqué comme le sont les parents, mais chacun à sa place. On est professionnels, les parents le savent, mais on travaille d’égal à égal. La dimension militante est présente, car qu’on le veuille ou non, cela nous prend parfois le week-end. On mange, on rêve UPP. Il faut être convaincu par le projet, sans quoi on ne serait pas arrivés là où nous sommes aujourd’hui.

Magali Jacquet : Souvent dans les projets, en tant que professionnels, on a un temps d’avance parce qu’on construit le projet entre professionnels et institutions et après on convie les parents. Il y a donc un décalage dès le départ. Là on construit et on murit le projet ensemble, la participation est différente.

Sophie Delabrousse : Je suis issue du travail social, j’ai appris et j’ai toujours en tête cette question de distance, de recul. On ne la perd pas totalement dans les UPP mais on réfléchit à cette notion de distance entre animateurs et avec les parents. Les parents m’ont d’ailleurs renvoyé des choses sur cette distance. Et je pense aussi avoir changé maintenant en tant que professionnelle au niveau de ma pratique individuelle avec les usagers. Et cela, je l’ai réalisé avec les parents sur la durée car les UPP c’est trois ans au cours desquels on a acquis cette réflexion qui rejaillit sur les autres facettes de notre travail. Pour moi, la place du parent n’est plus la même. Y compris en situation individuelle (au cours des entretiens individuels), je pense à ce que les parents des UPP ont pu dire. Et cela me sert vraiment tous les jours.

Magali Jacquet: Ce que j’ai trouvé de spécifique dans ce projet c’est qu’on met volontairement les difficultés des parents de côté pour viser les ressources.

Sophie Delabrousse : Quand on est animateur UPP et assistante sociale dans une CAF, comme moi, la posture change. Mes collègues savent que j’anime l’UPP, ce n’est pas le projet d’une professionnelle, mais celui d’une institution et de ce fait le projet a un impact sur l’institution dans son ensemble.

Question : Comment dans le temps on maintient cette posture, comment les institutions jouent un rôle ?

Sandrine Pilloy: On ne se réveille pas un matin en étant devenu animateur d’UPP. Cela se fait progressivement, c’est un travail qui se fait grâce aux parents, à leur regard sur nous, qui nous permet de nous remettre en question. Les coordinations du réseau national sont des espaces essentiels d’échanges mais surtout de formation.

Basma Ayed : L’UPP c’est un engagement de notre institution également. Nous sommes

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les premiers dans le département à porter ce projet singulier. Il n’a pas été simple de l’expliquer en interne et aux partenaires : le lien avec le niveau national nous a beaucoup aidé pour cela, car cela nous a donné une sorte de légitimité.

Magali Jacquet: le niveau national offre des temps collectifs pour les parents et les animateurs, des temps dans lesquels on peut partager nos expériences, nos doutes, pour ajuster nos pratiques. Le niveau national permet de garder le cap sur la durée, et d’aller au bout du projet.

Basma Ayed : La méthodologie que l’on a acquise dans les UPP, j’essaie maintenant de la reporter dans mes autres fonctions au sein du centre social.

Magali Jacquet: Ce projet est possible également parce que les institutions, les partenaires eux aussi s’engagent et portent les valeurs du projet.

Anne de Chalendar : A l’ origine la crèche parentale qui porte le projet d’UPP a apporté son expérience de coopération et aujourd’hui, l’UPP propose en retour aux parents de la crèche et aux partenaires locaux une réflexion enrichie autour de la parentalité et de la place des parents dans la société.

Magali Jacquet : L’institution, pour moi, la CAF, permet ce type de projet, mais ce projet permet aussi à l’institution d’évoluer. Les références, les valeurs véhiculées dans ce projet peuvent/doivent être intégrées dans tout projet

Basma Ayed : Tout ne se passe pas toujours sans accrocs, on peut se tromper parfois, mais la confiance a atteint un tel niveau qu’on peut se le dire, sans reproche : les parents ne se gênent pas pour nous dire : « ce n’est pas ce qu’on a dit, pourquoi vous n’avez pas pris en compte ce qu’on a proposé … ». De sorte que même lorsque les parents ne sont pas présents on garde cette vigilance : « est ce que les parents seraient d’accord ? que diraient-ils ? »

Anne de Chalendar : quand on travaille avec un public, on a tendance à dire : les parents, ILS….. l’UPP nous fait dire Nous.

Question : Que vous apportent les UPP sur le plan personnel et professionnel ? Anne de Chalendar : Plus de force Basma Ayed : Un enrichissement dans nos pratiques Sandrine  Pilloy: Une remise en question quotidienne Basma Ayed: On ne travaille pas pour les parents, mais avec les parents. Sophie Delabrousse: Cela donne du souffle, l’énergie, cela transforme l’activité

quotidienne. Magali Jacquet : Les UPP développent la notion de confiance, valable aussi dans mon

travail d’accompagnement des travailleurs sociaux : c’est aussi une formation car cela traverse toutes nos actions au quotidien.

Sandrine Pilloy: C’est aussi très fatigant, cela oblige à se surpasser. Sophie Delabrousse: J’ai compris aussi quelles représentations les parents se faisaient

de l’assistante sociale, en les partageant avec eux. Les parents ont découvert que les professionnels ont a aussi nos soucis, nos enfants parfois aussi ont des mauvaises notes !

La rencontre parents – institutions : quelles actions, quels effets et bénéfices pour les acteurs et les territoires ?

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Avec  Orkia Benaissa, parent de l’UPP de Grigny-Viry Laurence Cartier, Caf de Charente Maritime, Françoise Chavagne, adjointe au maire chargée de la politique de la ville de Saint Priest,Françoise Dubouchet, directrice du département enfance, familles au conseil général du

RhôneCharlotte Lagnier : Programme de réussite éducative de Saint Priest, Fréderic Manceau : directeur Prévention Sécurité Hygiène de la ville de Grigny, Sophie Pignol, cadre territoriale de la Caf de Charente-Maritime, référente

départementale parentalité, Saoucen Sahout, parent de l’UPP de Saint Priest, Alexandra Vinsonneau, animatrice du Réapp des Alpes-Maritimes,

Question : Une UPP est ouverte sur l’extérieur. L’idée de l’UPP, c’est aussi de produire du changement dans l’environnement, dans le quartier. Comment une UPP peut-elle avoir un impact sur son quartier ?

Saoucen Sahout : A Saint Priest, l’UPP a redonné vie au quartier. Une salle était désaffectée depuis plusieurs années et avait été détériorée par les jeunes. Nous y avons organisé les réunions de l’UPP, ce qui a modifié l’image de cette salle, mais aussi du quartier. Ensuite, nous avons organisé des fêtes de quartier, des repas festifs, en bas des immeubles avec les enfants, les parents, les jeunes, élus, professionnels. Plus de 150 personnes, un chiffre qui a épaté les professionnels du quartier. L’UPP a créé un lien social, les gens se sont rencontrés. L’UPP a créé une dynamique dans le quartier mais aussi entre les différents quartiers, car grâce à l’UPP, des familles et des professionnels de toute la ville se sont déplacés pour pénétrer notre quartier.

Orkia Benaissa: L’UPP de Grigny, mais aussi d’autres UPP, se sont constituées en association pour pouvoir intervenir dans leur quartier. Les UPP sont ainsi un tremplin pour mener des actions sur le territoire. Par exemple, l’UPP de Pau a créé la maison de la parentalité, qui propose des services et des actions, et qui est gérée et animée par des parents.

Question : Pourquoi est-ce important pour une UPP de rencontrer les institutions et de travailler avec elles ?

Orkia Benaissa: En préalable, il est important pour une UPP d’être visible car si on est caché, non ne peut pas travailler avec les institutions. L’idée des UPP c’est croiser les regards, permettre que le parent soit reconnu comme légitime en tant que partenaire. Croiser les savoirs pour pouvoir travailler ensemble, car on a remarqué que souvent, dans les débats politiques sur la parentalité, le chainon manquant c’est le parent. Rencontrer les institutions, c’est montrer que les parents des quartiers populaires ont des savoirs et qu’on peut travailler ensemble main dans la main, parents-institutions. C’est une porte ouverte sur l’avenir.

Saoucen Sahout: Rencontrer les professionnels nous permet d’avoir un autre regard sur eux. On est parent mais on a aussi besoin des institutions pour co éduquer avec eux nos enfants.

Question : Comment avez-vous fait pour rencontrer les institutions ? Orkia Benaissa : Nous avons d’abord organisé un comité de suivi pour lequel nous avons

invité la CAF qui soutient le projet, le Conseil Général, la déléguée du Préfet à l’égalité des chances. Elle a facilité le lien entre les partenaires et nous. Nous avons de cette façon rencontré monsieur Manceau, ici présent, avec lequel nous travaillons sur un groupe de travail habitants/ institutions dans lequel nos idées sont vraiment prises en compte, respectées, on travaille vraiment ensemble.

Saoucen Sahout : Nous avons organisé plusieurs comités de suivi avec les partenaires : un au niveau de la ville avec les élus, et un au niveau départemental puisque sur le Rhône il y a quatre UPP. Nous avons également organisé un forum à la mairie de Saint Priest qui a accueilli 80 personnes dont des élus, professionnels, enseignants, et des habitants. Nous allons participer à l’évaluation du programme de réussite éducative. Le préfet de l’égalité des chances est venu

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nous rencontrer pour qu’on lui présente la démarche et la recherche. Nous participons également à de nombreux groupes de travail. Au conseil général, par exemple, nous sommes intervenus dans une journée de protection de l’enfance. Actuellement, nous travaillons avec les collèges et les écoles pour organiser des forums de parents dans les écoles. Suite à toutes ces actions, la ville de Saint Priest nous a associé aux groupes de travail concernant l’éducation pour que la voix des parents soit prise en compte. On a énormément de soutien de la part de la ville.

Orkia Benaissa : Sur Grigny, pour notre recherche, nous avions besoin de rencontrer des enseignants. Nous avons sollicité l’inspecteur d’académie à qui on a présenté le projet et qui a facilité le fait que les enseignants puissent répondre à notre questionnaire. Depuis, on continue à travailler avec les écoles et les collèges. Je voudrais ajouter une chose : Cette rencontre entre partenaires institutionnels et parents ne doit pas se réaliser uniquement avec les parents des UPP mais il faut que ce soit une pratique élargie à tous les parents.

Question : Après les parents, nous allons entendre les institutions. Quel est l’intérêt pour vous d’avoir une UPP sur son territoire ?

Françoise Dubouchet : Nous avons eu la chance d’avoir quatre UPP sur le département : deux sur la première génération (créées en 2005) et deux sur la deuxième (créées en 2009). Grâce à un partenariat antérieur fort avec l’ACEPP, on a d’emblée été fort intéressé par les travaux des UPP en termes de levier sur une réflexion sur la coéducation. A la période de l’installation de la commission départementale de l’accueil des jeunes enfants (CDAJE), nous avons travaillé sur la qualité de l’accueil et ces travaux ont débouché sur le premier schéma de l’accueil de l’enfant et de sa famille que nous avons élaboré avec nos partenaires institutionnels légitimes : Caf, Education Nationale, mais aussi avec des parents des UPP. Et là, nous avons tous été scotchés parce que nous avons mesuré la qualité de la réflexion, même si la participation des parents, dans ce type d’instance n’est pas une chose si simple au début. Nous avons pu apporter un soutien financier aux UPP grâce au montage d’un contrat enfance jeunesse signé entre la CAF et le département du Rhône. Enfin, grâce aux UPP, nous sommes alimentés en permanence sur la question des représentations parents/ professionnels, et nous mesurons l’importance de formations conjointes sur ces questions. Nous avons intégré les UPP dans des actions du schéma de protection de l’enfance qui portent sur la question de la place des parents. C’est un formidable pas en avant, car on a pu voir comment au travers du travail sur l’estime de soi des parents, ces actions pouvaient participer de la prévention.

Question : Qu’est-ce que l’UPP apporte à une collectivité  locale? Françoise Chavagne (élue) : Sur ma ville, l’UPP apporte ce que des élus recherchent

c’est-à-dire la participation des habitants à la vie citoyenne. Certains parents des UPP étaient auparavant impliqués dans d’autres actions, des lieux passerelles par exemple, ce qui a un impact dynamisant car ces parents sont visibles sur la commune. Ils sont présents aux évènements de la ville, en organisent, et leur parole est importante.

Laurence Cartier (caf) : L’objectif de l’UPP est de s’ancrer dans le territoire, de mailler, essaimer, faire réseau, et ainsi être plus forts ensemble, pour pouvoir être mieux entendus et compris, et travailler ensemble, parents et institutions. Concrètement, l’UPP redonne une nouvelle image au quartier dans lequel elle est implantée, un quartier en pleine mutation en raison d’un renouvellement urbain.

Frédéric Manceau (ville) : L’UPP est une bouffée d’oxygène dans des territoires qui sont souvent dégradés, abimés socialement et humainement, et dans lesquels il peut y avoir repli individuel ou identitaire. Dans les relations interinstitutionnelles, il y a généralement deux piliers qui sont la collectivité et les partenaires institutionnels. On s’aperçoit que les parents sont absents ou alors sont présents uniquement lorsque cela ne va pas. L’UPP met en avant un troisième pilier : les parents. Sur notre ville, l’UPP intervient dans les commissions éducation

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citoyenneté santé. L’UPP intervient aussi dans les collèges et au niveau du PRE. Nous avons découvert avec l’UPP la réciprocité des rapports des parents avec la municipalité mais aussi avec les services de l’Etat. L’UPP est une assise sur laquelle on peut construire, changer les regards, amener la citoyenneté, renforcer le lien social pour la prise en main des territoires.

Charlotte Lanier (PRE) : Grâce à la présence de l’UPP, à Saint Priest, nous avons pu nous interroger de manière plus approfondie sur la façon dont les parents pouvaient être acteurs de la réussite éducative des enfants, notamment dans des instances pluridisciplinaires dans lesquelles les professionnels discutent de la situation de l’enfant alors qu’il manque un acteur fondamental qui est le parent. On a donc donné une place aux parents dans ces instances. Les parents peuvent donc être acteurs de l’analyse de la situation et décideurs des solutions apportées collectivement. C’est une pratique sociale qui est aujourd’hui un peu décloisonnée. De plus, des parents qui sont aujourd’hui dans le programme de réussite éducative ont pu rejoindre l’UPP, dans laquelle ils ont pu s’épanouir. Et enfin, nous mettons en place un diagnostic autour de la parentalité sur le territoire, et à l’image des parents des UPP, nous irons à la rencontre de 50 parents qui sont dans des structures de soutien à la parentalité mais aussi au pied des tours, aux portes des écoles pour rencontrer les parents engagés plus formellement mais aussi ceux dont l’engagement est moins explicite et moins lisible par les institutions mais qui œuvrent au quotidien à la réussite éducative des enfants et qui ont leur place dans la définition des politiques parentalité. L’UPP enrichit des dispositifs qui sont connexes et interrogent les pratiques professionnelles autour de la coopération avec les parents.

Frédéric Manceau : L’UPP est devenue un acteur incontournable dans l’activité territoriale, qui permet de revisiter la notion de service au public, et permet de faire en sorte que les parents soient totalement impliqués sur la reprise en main de la gestion au quotidien du territoire sur lequel ils vivent, pour ne plus vivre en subissant mais en étant acteur. Et cela peut se retrouver à la fois sur la question de la citoyenneté, sur les déclinaisons urbaines des choix de proximité mais aussi dans le cadre du PRU (programme de rénovation urbaine). On voit bien que tout cela est important et concoure aussi au système éducatif, parce que l’implication des familles permet de reconsidérer le territoire et les populations en dehors de tout intérêt partisan, de rapprocher les familles sur ce qui les concerne et non sur ce qui les divise.

Question : A partir de l’expérience des UPP, quelles recommandations pourriez- vous faire aux institutions qui cherchent à associer les parents ?

Alexandra Vinsonneau (Reaap) : Il faudrait arrêter de vouloir donner une place prédéfinie aux parents. Pourquoi des professionnels détermineraient- ils eux-mêmes la place des parents ? Il me semblerait important que les professionnels modifient leur posture pour permettre aux parents de proposer, de construire et de trouver eux-mêmes leur place dans les actions parentalité. Il est donc important de faire évoluer ses pratiques et postures professionnelles pour permettre aux parents d’être forces de proposition dans toutes les actions parentalité.

Sophie Pignol (CAF): L’UPP est un exemple du respect de la parole des parents et de participation des familles. Et je retiens surtout le fait qu’il s’agit d’une vraie démarche participative. Les familles trouvent leur place aux côtés de professionnels qui ont encore à cheminer vers un rapport d’égalité tel qu’il a été évoqué au cours de la matinée, de reconnaissance mutuelle de ce que chacun peut apporter. L’exemple des UPP peut permettre de développer d’autres actions parentalité, montrer que la participation des parents est possible, qu’ils peuvent trouver une place quand ils sont accompagnés.

Question : Quels sont selon vous les défis à relever demain sur la parentalité ? Alexandra Vinsonneau (Reaap) : Il faut faire confiance à tous les parents et non

uniquement à des parents ciblés par les professionnels. Permettre à des parents d’intervenir dans des formations de travailleurs sociaux par exemple, permet de changer le regard des professionnels sur les actions parentalité. Il serait intéressant de pouvoir instaurer des instances

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locales durables dans lesquelles parents et professionnels, élus pourraient échanger sur les questions de parentalité.

Sophie Pignol (CAF) : Le défi c’est aussi de reconnaitre que ces démarches s’inscrivent dans la durée : on ne peut pas faire des changements de façon trop rapide, avec l’idée que les solutions soient imminentes, et visibles.

Françoise Chavagne (élue) : Le défi serait d’associer réellement le maximum d’habitants dans les projets. Deux exemples sur Saint Priest, dans la lignée de l’UPP : les habitants sont associés dans les conseils de quartier, une épicerie solidaire est portée par des habitants. Le défi est que les parents retrouvent la parole et se trouvent à égalité avec les professionnels.

Laurence Cartier (CAF) : Le défi est faire un trait d’union entre parents et professionnels, car nous professionnels nous nous réunissons beaucoup, réfléchissons beaucoup pour savoir comment impliquer les parents davantage. Et de l’autre côté, il y a des familles qui un peu désespérées parfois parce qu’à force de n’être pas entendues, vues, crues, d’avoir été déconsidérées, un fossé s’est creusé. L’UPP doit permettre aux familles de réapproprier un rôle dans la société, et aux professionnels de réinterroger leur posture, d’aller vers, et c’est ensemble que cela devrait pouvoir conduire à un beau résultat.

La réalisation de recherches par des parents : Quelles méthodologies ? Quelle production de savoirs ? Quels effets pour les parents, les universitaires, et pour les universités ?

Avec Emmanuelle Jeanneteau, parent de l’UPP d’Avranches,Chantal Monteiro, parent de l’UPP de Grigny-Viry, Anne Sanlaville, parent de l’UPP de Villeurbanne.Marie-Pierre Turc Magnificat, de l’UPP de Chambéry, Franck Rexand-Gallais, universitaire de l’UPP d’Angers, Ariella Rotheberg, universitaire de l’UPP de Villeurbanne,

Question : A vous, parents des UPP : qu’est-ce qu’une démarche de recherche dans le cadre des UPP ? Comment avez-vous fait pour mener la recherche ?

Marie-Pierre Turc Magnificat: Nous sommes partis des questionnements individuels de

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chaque parent pour arriver peu à peu à construire une question de recherche collective. Cette phase de questionnements individuels constitue la phase exploratoire, avant la question de recherche. Elle se déroule dans la durée, elle permet la construction de la cohésion du groupe. Elle est essentielle pour arriver à une question de recherche qui soit vraiment collective et qui soit une question de société. A partir de cette question de recherche, nous émettons des hypothèses, puis choisissons les éléments de méthodologie d’enquête. Nous recueillons alors des informations que nous traitons, analysons pour arriver à des résultats finaux.

Question : Comment plus précisément passe-t-on de questionnements individuels à une question collective ?

Emmanuelle Jeanneteau: Chacun arrive avec son histoire, ses questions, ses envies, et ondoit arriver à construire une seule question de recherche collective. Pour construire la question de recherche, nous avons utilisé la méthode des petits papiers. Chacune avait trois papiers sur lesquels elle devait indiquer les questions qui la préoccupaient. Nous avons ensuite affiché ces papiers, nous avons regroupé les questions, nous les avons classées. Nous sommes arrivées à deux mots prédominants à partir desquels nous avons construits notre question de recherche.Ce processus nous a fait prendre conscience que souvent nous partagions les mêmes questions et préoccupations, que nous n’étions pas seules à éprouver des difficultés. Nous nous sommes aussi rendu compte que derrière nos problèmes individuels, il y avait des questions de société, plus larges, ce qui nous a aidés à déculpabiliser.D’autres UPP ont utilisé la méthode de théâtre forum pour construire cette question de recherche.

Question : Quels outils d’enquête avez-vous utilisés ? Anne Sanlaville : Certaines UPP ont utilisé les questionnaires, notre UPP a utilisé l’outil

photo pour travailler sur l’image des quartiers, car il nous paraissait très accessible : nous avons pris des photos donnant une image positive du quartier, d’autres une image négative, nous en avons fait une exposition pour interroger le public, recueillir leur point de vue sur l’image des quartiers.

Question : Comment permet-on à tous les parents de participer à ce travail de recherche ? Chantal Monteiro : Pour faciliter l’expression de tous, nous avons utilisé dans le groupe

des images. Pour dépasser les problèmes d’écriture, nous avons travaillé en binôme avec l’une qui parle et l’autre qui écrit. A certains moments, pour être sûr de bien se comprendre, nous avons aidé à la traduction pour les parents qui maitrisaient mal le français.

Emmanuelle Jeanneteau : Chacune a participé au choix des outils, en a proposé ; une maman par exemple s’est intéressée aux revues qu’elle voyait chez le médecin par exemple, les empruntait, pour faire des photocopies qu’elle apportait à l’UPP.

Question : Qu’est-ce que cela vous apporté de faire une recherche ? Emmanuelle Jeanneteau: On a enlevé les mains de la vaisselle pour être autre chose. Cela

nous a laissé le temps de réfléchir à l’éducation, pourquoi on agit d’une certaine manière. Nous avons alors été perçues différemment par l’entourage.

Chantal Monteiro: La recherche c’est très nouveau pour nous. C’est un vocabulaire nouveau, c’est un état d’esprit particulier de réaliser une recherche. J’ai appris à analyser des documents, je me suis remise à lire. Je suis allée vers les autres, et ce n’est pas toujours facile, car pour les questionnaires, nous avions fait le choix d’utiliser des typologies (un nouveau mot que j’ai appris). J’ai appris à prendre des notes en réunion, j’ai fait et tapé des comptes-rendus également, tout un travail différent de mon rôle de maman.

Anne Sanlaville : La recherche permet de prendre du recul par rapport au quotidien, par rapport aux faits, cela apprend à relativiser les choses, à se distancier.

Emmanuelle Jeanneteau : On a testé le questionnaire auprès de nos proches dans un premier temps. Cela m’a permis par exemple d’avoir des discussions nouvelles avec mon mari sur l’éducation, et d’avoir ses discussions tranquillement, sereinement, « à froid.»

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Chantal Monteiro: C’est aussi très valorisant pour nous car il y a une progression, un but, un résultat.

Question : Quelles sont vos relations avec l’universitaire ? Marie-Pierre Turc Magnificat : c’est surement l’aspect qui nous tous fait peur au départ.

Comment allait-on pouvoir garder notre place d’acteurs avec l’entrée en scène d’un universitaire ? L’UPP a pour objectif de laisser aux parents un réel espace de parole dans lequel ils vont construire des savoirs des compétences. Mais sur ce chemin, nous avons besoin d’aide méthodologique, l’universitaire intervient à ce moment-là. Les parents restent maitres du thème de leur recherche, du choix de la méthode parmi celles proposées par l’universitaire. Lui sera garant ensuite de cette méthode. Mais la recherche reste du début à la fin la propriété intellectuelle du groupe. On est pilote, mais on ne peut pas l’être seuls, il nous a fallu des animateurs, un universitaire, mais chacun avec un rôle précis, et c’est ensemble qu’on a pu avancer.

Emmanuelle Jeanneteau: L’aspect universitaire au départ n’a pas été facile pour notre UPP. A la première réunion, nous étions impressionnées, nous l’avons surtout écouté. Mais depuis nous avons su lui dire quand nous n’étions pas d’accord avec lui !

Question : Quels enseignements vous tirez de vos recherches ? Emmanuelle Jeanneteau: Une recherche c’est long, c’est très structuré. Je viens de finir

l’encodage du questionnaire, je ne serai jamais sociologue, mais avoir réussi à le faire, c’est bien. Marie-Pierre Turc Magnificat : On a tous utilisé des outils qu’on ne connaissait pas. Cela

n’a pas toujours été facile d’aller vers les gens, d’utiliser des dictaphones, des logiciels de traitements d’information. Cela a été une aventure technique, mais avant tout une aventure humaine extraordinaire, dans un groupe dans lequel pour la première fois de ma vie j’ai le sentiment qu’on a avancé ensemble, parents, animateurs, universitaire dans un rapport d’égalité.

Question : Comment, vous, en tant qu’universitaire, décrivez-vous votre rôle dans ces UPP ?

Ariella Rotheberg : Un cadre a été proposé au départ aux universitaires  par l’ACEPP; le rôle des universitaires a été défini comme situé principalement dans l’accompagnement et le soutien méthodologique du groupe de parent, en lien avec l’animateur. Comment l’universitaire va-t-il comprendre ce rôle d’accompagnement, quelle posture va-t-il adopter au sein des UPP ? Comment va-t-il s’investir dans les travaux des parents, quelle perception a-t-il du rôle de l’animateur ? De mon point de vue, je retiendrais des notions que nous avons évoquées lors d’un séminaire animateurs-universitaires sur la recherche : celle d’alchimie et celle de connivence. Le dispositif tel qu’il est construit, n’enferme pas l’universitaire dans un carcan méthodologique dont il n’aurait aucune possibilité de bouger. Bien au contraire, il donne une ligne directrice, qui va s’incarner dans chaque UPP en fonction de cette alchimie précisément. C’est ce qui en fait sa richesse et sa complexité. Ce soutien méthodologique se manifeste dans le fait d’aider les parents à investir cette posture de parents-chercheurs, avec un rôle important à la fin de la phase exploratoire, au moment de la définition de la question de recherche.

Franck Rexand-Gallais : L’universitaire est le garant méthodologique de la recherche, il est le garant de l’utilisation d’outils dans un cadre méthodologique rigoureux. Je suis garant et en même temps j’apporte mon expérience, la recherche étant en grande partie mon métier. Je sais par exemple ce que représente le fait de faire un questionnaire, de l’encoder, je fais des propositions et ce sont les parents qui font le choix d’un outil ; un choix qui n’est pas toujours celui que j’aurais réalisé. Les parents apprécient beaucoup les questionnaires, alors que mon expérience de chercheur me conduit à utiliser d’autres outils. Mais les parents choisissent et je les accompagne.

Question : Qu’avez-vous appris en tant qu’universitaire dans une UPP ? Franck Rexand-Gallais: L’univers de la recherche est compétitif et individualiste. Toutes

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les semaines, j’ai des séminaires d’accompagnement à la recherche auprès d’étudiants. Ils arrivent avec chacun une question, une approche, avec une grande difficulté à mettre en commun, à s’aider. On voit peu de travail collaboratif. L’UPP apporte la possibilité d’accompagner des chercheurs qui travaillent en collaboration. C’est une transformation du regard qu’on peut avoir sur sa pratique, son objet de recherche, cela introduit quelque chose qui est de la dimension collective.Cela modifie la posture d’universitaire parce que cela produit une ouverture.

Ariella Rotheberg: L’UPP m’a apporté dans le fait d’avoir un regard collectif, de ne pas être celui qui conduit la recherche, mais celui qui accompagne.

Question : Est-ce que l’université gagne quelque chose à ce qu’un de ces membres participe à une UPP ?

Ariella Rotheberg : Dans les UPP, pour l’instant, nous sommes là, universitaires, plus en tant que personnes que représentants de l’université. Des portes ont été ouvertes, par exemple dans la proposition qu’une UPP intervienne dans un colloque universitaire. L’université gagnerait beaucoup à coopérer avec des UPP, mais il y a encore du chemin.

Franck Rexand-Gallais : Le monde de la recherche évolue. Des critères de qualité qui s’imposent de plus en plus à nous, la recherche est de moins en moins libre par le fait qu’on travaille de plus en plus sur projets financés. Il est donc difficile de pouvoir s’investir sur une thématique qui ne serait pas fléchée. Beaucoup d’universitaires auraient pourtant un intérêt pour des sujets et des approches différentes.

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Les Universités Populaires de Parents, une démarche pour penser l’accompagnement des parents ?

Regards et questionnements de l’ACEPP sur la parentalité

Avec Michelle Clausier, Responsable des formations « Parentalité et Diversité » à l’ACEPP,

Coordinatrice des UPP,Emmanuelle Murcier, Déléguée Nationale « Parentalité et Diversité » à l’ACEPP,

Coordinatrice des UP.

Question : Quelle est l’originalité des UPP ?- Emmanuelle Murcier : Les UPP sont nées en 2005, à partir d’une réflexion que l’ACEPP

avait élaborée depuis déjà de longues années sur les conditions de la participation des parents au sein des lieux d’accueil parentaux. En effet, l’ACEPP, qui est un mouvement de parents et de professionnels, travaille depuis sa création, en 1980, pour permettre aux parents de s’impliquer activement et collectivement dans les lieux d’accueil petite enfance, mais aussi plus largement dans l’ensemble des lieux et espaces d’éducation. En créant des lieux d’accueil parentaux dans les quartiers populaires, l’ACEPP a dû travailler ensuite sur la question de la diversité, notamment entre parents et professionnels. Il nous a fallu rechercher comment permettre la coopération entre parents et professionnels n’ayant pas toujours les mêmes cultures et références éducatives ; et construire aussi des repères pour que les tous les parents puissent participer, s’engager, quel que soit leur milieu.La démarche parentalité promue par l’ACEPP est donc une démarche qui vise à favoriser la participation des parents comme acteurs et citoyens, de tous les parents, en prenant en considération leurs contextes de vie, leurs cultures familiales, leurs particularités.

La démarche des UPP a été pensée à partir de la réflexion et des valeurs de l’ACEPP mis en œuvre dans les lieux d’accueil parentaux. Mais les UPP ont à leur tour enrichi cette réflexion en permettant de l’élargir.

Pour répondre à votre question : Tout d’abord, l’originalité des UPP tient à son objectif, sa visée : faire entendre la voix des parents, notamment de quartiers populaires, et favoriser la rencontre entre parents et institutions. On se décentre alors de la relation parents enfants, n’ayant pas de visée directe sur elle, pour construire un cadre qui favorise la participation réelle des parents. Une seconde particularité des UPP est de s’inscrire dans une démarche ascendante dans laquelle la parole des parents remonte vers l’espace public et vers les institutions, et non une démarche descendante dans laquelle les professionnels pensent les actions pour et/ou avec les parents. Un autre point : Les UPP s’appuient sur une recherche réalisée par les parents, ce qui leur permet de changer leur regard sur les experts que sont les universitaires mais aussi sur les professionnels. Pour des parents qui n’ont pas toujours été longtemps à l’école, c’est une valorisation importante. Or, l’implication des parents s’explique aussi par cette valorisation qui est un moteur important. Ainsi, les UPP sont une démarche dans laquelle les parents ne sont pas des bénéficiaires, mais des chercheurs-citoyens. Enfin, les UPP sont une démarche qui vise la coéducation et qui recherche donc des effets sur un territoire, sur des institutions, sur un système. Ainsi l’évaluation ne porte pas sur les parents, ni même sur leur implication mais sur l’évolution du système et sur la manière dont les parents-professionnels-élus ont pu se rencontrer pour faire bouger des choses ensemble.

Question : Quels sont, selon vous, les éléments qui favorisent l’implication des parents et qui pourraient donner des pistes pour d’autres actions parentalité ?

- Michelle Clausier : Les parents s’investissent plus volontiers lorsqu’on les interpelle à

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partir de leurs ressources plutôt qu’à partir de leurs difficultés. D’autre part, même si l’implication dans les UPP a pu avoir un effet sur leur façon d’exercer leur parentalité, cela n’a pas été un objectif. Les parents sont alors plus facilement en confiance dans les relations entre eux et avec les professionnels, si justement, il n’y a pas d’attente, de visée sur la relation avec leurs enfants. Un autre point : les parents s’impliquent d’autant plus volontiers qu’ils sentent à leurs côtés des professionnels eux-mêmes impliqués, engagés dans les actions et dans la relation. Cet engagement nécessite une posture spécifique dans laquelle les professionnels cherchent à se décentrer, c'est-à-dire à identifier leurs valeurs éducatives, pour travailler à ne de ne plus les considérer comme universelles. C’est ce qui peut alors leur permettre d’entendre le point de vue des parents sans jugement. C’est cette capacité d’ouverture importante dont les animateurs des UPP font preuve, pour entendre la réalité des parents qui n’est pas nécessairement la leur. Une ouverture qui facilite l’approche des situations et préserve du risque de jugement sur une parentalité étrangère à sa propre connaissance et sa conception.

- Emmanuelle Murcier : Ce qui a favorisé l’implication des parents, c’est aussi qu’on les a interpellés parce qu’on avait besoin d’eux. Les parents se sont investis parce qu’ils se sont sentis utiles non seulement pour leurs enfants mais aussi pour leur quartier, pour permettre de faire évoluer leurs conditions de vie sur leur territoire. C’est ce sentiment d’être utile qui permet leur implication dans la durée parce que cela les valorise.

Question : Qu’avez-vous appris sur les attentes des parents en matière de parentalité ? - Emmanuelle Murcier : Il parait important qu’il y ait une diversité dans les propositions

qui sont faites sur la parentalité, c'est-à-dire qu’il y ait à la fois des actions individuelles et des actions collectives. Les parents souhaitent également pouvoir rencontrer d’autres parents, créer des réseaux, faire des choses entre parents, même sans professionnels. C’est comme cela qu’ils construisent leur parentalité, en voyant d’autres manières de faire. Certains disent que cela leur est plus utile que des conseils d’experts ou de professionnels et qu’ils sont alors plus ouverts. Ils veulent pouvoir confronter leurs pratiques, expérimenter, pour construire leur solutions eux-mêmes.

- Michelle Clausier : Concernant l’accompagnement des parents, Frédéric Jésu dit qu’accompagner, ce n’est pas se placer « au-dessus » dans une position surplombante, dominante, pas non plus au-dessous comme pour supporter le poids de ce fardeau que deviendrait le parent. On n’est pas placé devant, car il s’agirait alors de montrer le chemin, ni derrière où il s’agirait de suivre voir de pousser … Accompagner ne peut être que se placer aux côtés pour avancer ensemble, et j’ajouterais, sur le chemin choisi par le parent. C’est aux parents de choisir là où ils souhaitent aller, les professionnels mettant alors leurs savoirs et leurs moyens à disposition des parents.

Question : Quelles réflexions retirez-vous sur la parentalité ?- Emmanuelle Murcier : La parentalité est une question complexe, avec de multiples

dimensions, à la fois individuelles et sociales ou sociétales. La parentalité et l’éducation touchent et sont influencés par de multiples domaines comme le temps de travail des parents, les espaces publics dédiés aux familles, le logement. Or, le risque est de vouloir simplifier la question de la parentalité et de ne pas prendre en compte cette complexité et cette globalité. On risque alors d’individualiser des problèmes qui sont aussi des problèmes sociaux et de faire peser sur les parents des questions sur lesquelles ils ne peuvent pas agir seuls, les renvoyant à un sentiment d’impuissance, d’insécurité.Les parents revendiquent de se sentir responsables mais non coupables. Les parents ne sont pas les seuls éducateurs, il y a les institutions, les élus. L’éducation est une notion dans laquelle la responsabilité est partagée, c’est bien le sens de la coéducation tel que l’entend l’ACEPP.

Un autre point : On assiste actuellement à une hyper valorisation du rôle des parents, et parallèlement à une hyper culpabilisation. Il y aurait comme un modèle de bon parent flottant

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dans l’atmosphère, véhiculé par les médias entre autres. Or, ce modèle est intégré par les parents. C’est ce que les recherches des UPP ont montré en analysant le fait que les parents interrogés reprenaient à leur compte un discours ambiant pour donner à celui qui interview une image de bon parent. Ce mouvement de valorisation, culpabilisation, se double dans certains cas d’injonctions paradoxales. C’est ce qu’ont montré aussi certaines UPP en analysant des revues qui demandent aux parents d’avoir plus d’autorité et quelques lignes plus loin leur demande de valoriser le dialogue, de savoir négocier avec leur enfant. Il est donc parfois difficile pour des parents de répondre à la feuille de route, qui est exigeante, floue et parfois contradictoire.

- Michelle Clausier : on parle beaucoup de perte de repères de la part des parents, mais il semble qu’en matière d’éducation, les lignes aient bougé et que les parents tout comme d’autres professionnels, experts, élus, tous cherchent ce que peuvent être les repères actuels.La coéducation apparait être une piste pour trouver ensemble, mais elle est freinée par les représentations réciproques. Chacun se dit « on aimerait bien mais ce n’est pas possible,  l’autre  ne l’acceptera pas, ou cela ne marchera pas. »

Question : le terme accompagnement devrait-il être réfléchi autrement ? - Emmanuelle Murcier: Dans les UPP et dans d’autres actions, accompagner c’est être à

côté de... Il faut toujours se demander si on est bien à coté et non devant, derrière, dessus, dessous.

La démarche des UPP : quels intérêts, quels questionnements pour les actions parentalité et les politiques d’accompagnement des parents ?

Avec Fabienne Chambry, chargée de mission éducation à l’agence nationale pour la cohésion

sociale et l’égalité des chances,Martine Carn, conseillère technique, Direction générale de l’enseignement scolaire,

ministère de l’Éducation nationale, de la jeunesse et de la vie associative,Véronique Delaunay-Guivarc’h, responsable du Pôle Jeunesse-Parentalité, Caisse

nationale des allocations familiales,Hélène Paoletti, cheffe du bureau Familles et Parentalité de la Direction générale de la

Cohésion sociale, ministère des Affaires Sociales,

Présentation des intervenants : Hélène Paoletti : Je travaille à la direction générale de la cohésion sociale, c’est-à-dire

pour le ministère des Affaires Sociales, je suis en charge de la politique familiale, tout ce qui est développement de la garde d’enfants et la parentalité, le soutien à la parentalité. C’est mon rôle d’animer cette politique au niveau ministériel, d’écrire les circulaires relatives à la parentalité par exemple.

Fabienne Chambry : Je remplace Serge Fraysse, je suis chargée de mission éducation à l’agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances ACSE et je travaille sur le programme de réussite éducative et sur les questions de petite enfance et parentalité.

Martine Carn : Conseillère technique à la direction générale de l’enseignement scolaire au ministère de l’éducation nationale. Je suis accompagnée par Catherine Mermiès qui travaille à la direction recherche expérimentation innovation, c’est donc, par rapport aux UPP, extrêmement important qu’elle soit présente, et par Christine Morisson qui travaille au bureau de la réglementation et des relations avec les parents d’élèves. Elle a entre autre coordonné la

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mise en œuvre d’un dispositif « la mallette des parents.» Je suis plus particulièrement chargée des questions de parentalité au bureau de la santé, de l’action sociale et de la sécurité qui intègre toutes les questions de prévention.

Véronique Delaunay Guivarch’ : Je suis responsable du pôle jeunesse et parentalité à la caisse nationale des allocations familiales CNAF qui avec toutes les caf de France forment la branche famille. Dans ce pôle nous animons et suivons les politiques parentalité, donc les réseaux d’écoute d’appui et d’accompagnement des parents REAAP, les contrats locaux d’accompagnement à la scolarité CLAS, et la médiation familiale, les lieux d’accueil enfants parents et toutes les politiques jeunesse qui croisent également des préoccupations autour de la parentalité.

Question : A partir de ce que vous avez entendu aujourd’hui, pouvez-vous choisir un mot qui évoque pour vous les UPP ?- Véronique Delaunay-Guivarc’h, C’est un peu plus long qu’un mot : « Les UPP sont des espaces de parole et d’écoute qui permettent aux parents de construire eux-mêmes les actions qu’ils souhaitent porter ». J’ai choisi cette phrase dite par un parent de l’UPP de Chambéry, car les UPP est une démarche participative qui place le parent en tant qu’acteur et coproducteur d’une recherche. Il le place également comme expert de la parentalité vécue, ce qui donne une force particulière à sa parole. Il donne aux professionnels la possibilité de penser la place des parents avec les parents, sans la définir pour eux, car les professionnels n’ont pas à penser la place des parents à la place des parents. Le cadre des UPP permet aux parents d’être dans l’ensemble de la démarche, cette place est pensée mais ce sont eux qui définissent leur place. Ce décalage est pour moi très intéressant.

- Martine Carn, « un grand souffle » : Les UPP évoquent un grand souffle, une invitation à embarquer à plusieurs sur un bateau pour arriver ensemble sur l’autre rive qui peut être celle du savoir. La mission de l’école est de permettre à tous les enfants de pouvoir réussir leur scolarité et leur vie. Et pour cela, l’école a besoin des parents. L’école s’ouvre aux parents, ils participent à la communauté éducative, encore faut-il qu’ils puissent oser. Ce vent qui souffle fait bouger les postures et les représentations, place parents et enseignants non plus dans un face à face, mais dans un coude à coude. La spécificité des UPP est de permettre une construction de savoirs ensemble.

- Hélène Paoletti, «  engagement » : Le terme d’engagement est celui qui ressort lorsqu’on rencontre l’ACEPP au niveau national, mais aussi localement, les parents, les UPP, les bénévoles. Engagement, c’est ce que ressent chaque fois que je les rencontre. Il y a un engagement des parents dans une action très longue, et non comme on le voir parfois dans des actions ponctuelles, sous forme de service rendu. Engagement donc de la part des parents pour construire ce savoir, ces actions citoyennes, l’engagement de l’ACEPP qui est toujours dans l’innovation, engagement de tout un réseau national pour faire vivre ces UPP, et engagement des institutions pour accompagner les porteurs de projets.

- Fabienne Chambry : « actions citoyennes », le travail réalisé dans les UPP se décline au niveau des quartiers. Et il est important que vous puissiez vous impliquer avec votre regard, vos attentes, que votre voix de parent soit non seulement écoutée mais aussi entendue, que vous puissiez faire évoluer les politiques publiques dans les quartiers.

Question : Qu’est-ce que les UPP apportent de particulier aux politiques que vous conduisez ? - Hélène Paoletti : Dans les UPP, il y a 2 choses importantes pour nous : la formalisation d’une méthodologie et innovation. Les UPP ne s’inscrivent pas dans une réponse toute faite sur une problématique identifiée. C’est une démarche innovante parce qu’elle part des parents. Et en même temps, l’ACEPP a su y apporter une formalisation ; il y a une méthodologie, ce qui veut dire que c’est diffusable, qu’on peut en tirer des enseignements. Pour parler de la parentalité, il nous est alors possible de les donner en exemple. C’est donc une démarche très

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pensée, construite et paradoxalement en même temps c’est très innovant, évitant les stéréotypes, l’individualisation. Pour nous au niveau du ministère, le fait qu’une tête de réseau nous remonte tous ces éléments nous garde en alerte.

- Véronique Delaunay-Guivarc’h : Depuis de nombreuses années, les administrateurs de la CNAF portent très haut la question du travail avec les parents, de la valorisation des compétences parentales et de la participation des habitants. La démarche UPP construite dans des allers retours national/local, au fil du temps, dans les échanges entre l’ACEPP nationale et les UPP locales, par des rencontres dont les professionnels ont expliqué toute l’importance, ce travail de formalisation s’est réalisé. En interrogeant les dix CAF qui soutiennent les UPP, les effets apparaissent à différents niveaux : sur les parents, on l’a vu ce matin avec cette maman qui s’est levée en disant « maintenant je suis un parent debout avec les UPP », des effets sur les professionnels qui ont ici un cadre qui leur permet vraiment de travailler avec les parents sans être dans des injonctions contradictoires d’avoir par exemple à travailler avec les parents mais sans être en posture de pouvoir le faire. Mais surtout, les parents ont un nouveau rapport aux institutions dans une compréhension réciproque plus importante. On arrive dans les UPP à une vraie collaboration. Une des Caf disait avoir pris conscience que la relation classique parent-institution est un frein à l’engagement, il faut donc aller plus loin et c’est ce que permet la démarche des UPP. On l’a vu avec l’exemple d’un parent qui a été élu comme personne qualifiée au conseil d’administration de la CAF d’Avranches. C’est porter jusqu’au bout le changement dans les rapports entre parents et institutions.

- Fabienne Chambry, Dans les programmes de réussite éducative (PRE), l’idée de considérer les parents d’égal à égal se diffuse, il y a des actions des PRE en lien avec les UPP. On constate dans les PRE un changement de posture à l’exemple d’un papa qui étant en grande difficulté dans l’éducation de son adolescent, qui a pu reprendre confiance en lui et s’engager dans le conseil de quartier avec d’autres parents qu’il a emmené avec lui pour faire valoir ce qu’ils souhaitaient en matière de sécurité dans le quartier. Le changement de regards doit se faire tant du côté des parents et des professionnels. Certains PRE ont fait le choix d’associer les parents des UPP dès la conception du projet. Il s’agit là d’une politique ascendante. La politique de la ville permet encore un peu cela.

- Martine Carn : Les UPP rejoignent une volonté de mieux associer les parents dans une dynamique de coéducation. Ce qui est novateur c’est de valoriser les ressources et les potentiels, cela rejoint la volonté de valoriser les compétences sociales civiques, l’autonomie, l’initiative des enfants. L’ouverture de l’école part souvent d’initiatives locales. On constate généralement qu’à la maternelle et à l’école primaire les relations sont bonnes, c’est parfois plus compliqué au collège. C’est pourquoi une académie a expérimenté un outil appelé « la mallette des parents » qui permettait d’inviter des parents non pas parce que leurs enfants avaient des difficultés mais à venir dans des réunions collectives pour échanger avec des enseignants et mieux comprendre le fonctionnement de l’école, car lorsque les codes culturels sont éloignés par exemple, ce n’est pas toujours facile de suivre la scolarité de son enfant. Cette expérimentation a été évaluée et étendue. Les UPP vont encore plus loin dans l’innovation avec une démarche qui permet que les parents participent à un croisement de savoirs avec les enseignants, ce qui aboutit à un changement de posture mutuelle.

Question : Quels défis auriez-vous envie de relever ? Quelles actions aimeriez-vous engager ?- Hélène Paoletti : Notre rôle est de conduire des politiques publiques de cohésion sociale en nous appuyant sur les initiatives locales pour voir comment elles peuvent participer à des actions plus larges, être soutenues. Notre enjeu est de faire comprendre à ceux qui ne sont pas sur la parentalité que des actions du type de celles des UPP méritent notre soutien car elles ont un bénéfice sur la relation parents enfants, sur le parent qui reprend confiance, sur la société puisque cela se concrétise par des

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actions citoyennes, bénéfice enfin sur le travail social. Importance donc de le faire comprendre pour maintenir un engagement des institutions dans un contexte difficile qui nécessite qu’on définisse des priorités. Maintenir la parentalité comme une action publique importante ; favoriser la coordination pour que puisse naitre un réseau qui bénéficie du savoir-faire de l’ACEPP et des parents qui ont créé les UPP, deux enjeux majeurs pour nous. C’est un travail de coordination nationale mais aussi au niveau local pour qu’il y ait démultiplication des effets.

- Véronique Delaunay-Guivarc’h  On a repéré un certains nombres d’effets dans les UPP à différents niveaux, mais il est essentiel qu’elles fondent un regard plus aiguisé sur ce qui constitue une action de soutien à la parentalité et que la démarche des UPP alimente toutes nos réflexions sur les politiques publiques et les actions de soutien à la parentalité. On a évoqué, la nécessité d’un terreau favorable pour la création d’une UPP, mais plus largement nous approfondissons avec l’ACEPP les conditions favorables à toute action d’appui à la parentalité que nous portons dans les politiques publiques que l’on anime conjointement ou collectivement.- Martine Carn : Des liens se sont créés au niveau local entre UPP et école par exemple, au niveau national par la participation de l’ACEPP à des rencontres des référents académiques parents d’élève. Mais entre ces deux niveaux, il y a des échelons intermédiaires, qui pourraient être activés. Il y aurait également à évaluer l’impact de l’implication des parents dans l’école. Que des parents deviennent délégués parents d’élèves est important c’est la version citoyenne. Evaluer permet une généralisation possible, les UPP devenant partie intégrante du droit commun.

- Fabienne Chambry, Les pratiques de l’UPP doivent être essaimées et une autre perspective se trouve dans la formation initiale des travailleurs sociaux pour encourager ce changement de regard, qui devrait être pris en compte dans les politiques publiques, et dans la formation des bénévoles également pour accompagner un changement de posture qui se décale du rapport entre ceux qui savent et ceux qui ne savent pas.

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Accompagner les parents, un enjeu de société Manuel Boucher,

sociologue, directeur du laboratoire d’études et de recherches sociales à l’IRTS de Haute-Normandie, auteur du livre : « Gouverner les familles, les classes populaires à l’épreuve de la parentalité.»

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Synthèse et Conclusion de la journée Par Dennis Gomez, co-président de l’ACEPP

Bonsoir à tous,Avant d’essayer de faire une synthèse de cette grande journée qui nous a réuni aujourd’hui, chose qui je dois l’avouer n’est pas des plus faciles étant donné la richesse des témoignages, et des débats, je voudrais vous remercier, une fois de plus, pour votre présence et votre participation. Je voudrais remercier bien sur et avant tout, les parents, ceux qui sont présents, mais aussi tous ceux qui n’ont pu être là, pour leur travail, pour leur participation, leur engagement et leur courage, car croyez le bien, il n’est pas chose aisée que de communiquer sur ces choses qui nous paraissent si évidentes que l’on a du mal à trouver les mots. Je voudrais remercier aussi tous les autres participants, les représentants politiques, les représentants institutionnels, les administrateurs locaux, les associations, les parents et tous les anonymes, enfin tous ceux qui de par leur présence nous prouvent l’attention qu’ils portent à l’écoute de la parole parentale et à la démarche citoyenne que l’ACEPP mène à travers les UPPs. D’ailleurs, votre présence et cette diversité répondent à elles seules à un des principaux objectifs de la démarche que nous menons aujourd’hui : à savoir, mettre autour d’une table, les parents, les chercheurs, les institutions et les politiques pour qu’ensemble on pense la société de demain, pour que chaque parole soit entendue et écoutée, pour que chacun, avec ses prérogatives, ses envies et ses besoins participe à cette démarche que nous appelons « croisement des regards » co-éducation, car comme je le dis souvent, nous avons tous quelque chose à apprendre, mais nous avons aussi tous quelque chose à enseigner.Parmi les premières conclusions que l’on peut tirer aujourd’hui c’est que la parentalité est devenue un point focal pour notre société, ainsi elle attire le regard de tous les acteurs et elle se pose soit comme un problème qu’il faut régler, soit comme une hypothétique solution à des problèmes sociétaux réels et graves, mais peut être trop complexes pour que les effets soient assimilés à des causes simples. Ce qui est remarquable ou en tout cas paradoxal, c’est que si on veut bien s’accorder sur le fait que la Parentalité est un facteur clé de la bonne marche de notre société, il est difficile, voir presque impossible de trouver une définition consensuel de ce que nous mettons derrière ce mot. D’ailleurs, vous avez pu l’entendre, que ce soit lors des présentations des intervenants, des tables rondes, des discussions et/ou des débats, on a chacun des nous, une vision, une représentation intellectuelle et des réponses différentes à apporter à cette simple question : C’est quoi être un bon Parent ? Une autre conclusion importante qui marque cette journée, et la démarche des parents engagés dans les UPPs d’une façon générale, c’est qu’il ne s’agit nullement pour eux de trouver une définition de la Parentalité, ni de trouver une réponse unique et standard aux différents problèmes rencontrés dans les quartiers, ni encore moins de faire de leur démarche une solution qui peut être standardisée à l’ensemble de la société, mais tout simplement de dire que dans chaque quartier, dans chaque territoire, il existe des forces, des volontés, des expériences qui peuvent contribuer à améliorer les conditions de vie de tous les habitants de ces quartiers. Ce que l’on peut traduire par, pour donner un avenir meilleur à mes enfant, nous nous engageons à essayer d’améliorer les conditions de vie de tous les habitants dans leur globalité.Enfin, ce qui me marque dans l’action et l’engagement des Parents des UPPs c’est leur humilité. Je ne fais que reprendre leur discours : Nous ne voulons nullement imposer notre vision de la société, ni devenir des professionnels ou des experts de la Parentalité, ce que je fais un autre Parent pourrait le porter : avec d’autres mots, d’autres valeurs, mais qui sont aussi importants que mes mots et mes valeurs. Ce qu’il en ressort de cette démarche et vous l’avez tous vécu, entendu aujourd’hui, c’est que la démarche UPP ne cherche pas à s’opposer, elle ne cherche pas non plus à remplacer, ni à rencontrer en compétition avec tel ou tel acteur ou professionnel, mais bien au contraire elle se place, comme le disait en Introduction notre chère présidente dans une logique de co-éducation et pour reprendre ses mots et ainsi la boucle sera bouclée : « la démarche UPP c’est d’instaurer des instances de dialogue et d’échanges entre parents, institutions, élus pour construire les conditions de l’éducation. Pour croiser, partout où cela est

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possible les savoirs des parents avec ceux des institutions, des professionnels, des élus pour élaborer des projets pour chaque enfant, mais aussi des politiques éducatives adaptées aux attentes des parents »Je ne pourrais finir sans vous remercier pour votre attention et vous demander de continuer à vous engager, de continuer à soutenir ce si beau projet, de le faire connaître et ainsi de le renforcer.

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