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" Le besoin d’images va être multiplié par 100 dans les 10 ans qui viennent et la pub est le premier fabricant d’images qu’il soit, et la pu- blicité aujourd’hui ce n’est pas seulement les spots et les annonces, c’est la coproduction de court-métrages, c’est la coproductions de contenus, c’est la fabrication de sites, c’est la coproduction de films, les américains com- mencent à faire des films en liaison avec la pu- blicité, ça reste le plus beau métier du monde mais ce qui est formidable, c’est qu’il a changé avec le monde alors qu’il y a beaucoup de plus beaux métiers du monde qui sont restés en retard sur le monde. L’argent n’a pas d’idées, seules les idées font de l’argent et notre métier n’est rien d’autre que d’avoir des idées. Faites de la publicité, ayez des idées, vous deviendrez riches et heureux. " Jacques Séguéla lors d’un entretien, février 2010

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Réflexions autour de "la guerre festive du tous contre tous."

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" Le besoin d’images va être multiplié par 100 dans les 10 ans qui viennent et la pub est le premier fabricant d’images qu’il soit, et la pu-blicité aujourd’hui ce n’est pas seulement les spots et les annonces, c’est la coproduction de court-métrages, c’est la coproductions de contenus, c’est la fabrication de sites, c’est la coproduction de films, les américains com-mencent à faire des films en liaison avec la pu-blicité, ça reste le plus beau métier du monde mais ce qui est formidable, c’est qu’il a changé avec le monde alors qu’il y a beaucoup de plus beaux métiers du monde qui sont restés en retard sur le monde. L’argent n’a pas d’idées, seules les idées font de l’argent et notre métier n’est rien d’autre que d’avoir des idées. Faites de la publicité, ayez des idées, vous deviendrez riches et heureux. "

Jacques Ségué la lo rs d’un ent re t ien, févr ie r 2010

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W A R K E T I N GR é f l e x i o n s a u t o u r d e l a g u e r r e f e s t i v e d u t o u s c o n t r e t o u s

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Impassibles sont les tristes décors du début de ce nouveau millénaire. Inexorables sont les montées des tensions à l’inté-

rieur et par les individus constitués par la télécratie et les piliers contemporains d’une trop lourde symbolisation de notre vieille civilisation. Les possibilités de troubles deviennent, elles-seules, innombrables. «Un problème contient toujours au moins une solution, donc s’il n’y a pas de solutions, il n’y a pas de pro-blèmes.» Tout le monde le voit bien rétorquera le soldat ambi-tieux. Est-il étonnant de vivre dans une société d’enfants-rois, monarques au même titre que le client peut-en être du magasin qu’il foule du pied, lorsque la régence est sophiste ? L’Histoire du logos et de son utilisation par le pouvoir est somptueuse, l’image comme sa fidèle compagne, couple destructeur régnant sur les misères symboliques 1, se matérialisant à volonté, tantôt à caractère religieux, tantôt politique. Les siècles de stratégies dialectiques ont permis ce Nouvel Ordre Mondial, celui des consommateurs-panélistes dévorés par l’envie et l’ennui 2 et bercés par les paradoxes transformés en contradictions à travers le filtre manichéen des démocraties-marchés. Les obs-curantismes ont cru bon de placer leur progénitures au coeur même des fonctions sociales, des rapports aux mondes, des pa-radigmes, dans la joyeuse compétition qui mène, à terme, à la mode des suicides et des passages à l’acte, ainsi qu’aux moules résolument fascistes des idées des faux héritiers du monde libre 3. Les pulsions satellitaires n’ont que faire de ce qui les liait autrefois. Marchandises immatérielles achetées par le Capital qui spécule sur leur intensité et leur durée de vie, elles vont et viennent sans limites grâce aux flux, reflux et à leurs propres externalités, à ce qu’elles créent en valeurs ajoutées. Le Capital qui ne peut se vêtir d’habits que comme seul Dieu peut le faire à travers les âges, est l’entité sans précédent qui n’a jamais eu autant de variétés, de formes, de dogmes, de schismes, et par extension, d’adorateurs.

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La voix du vieux chantre de la fabrication du consentement en dé-mocratie, et grand-père du marketing hyper-industriel, résonne mal-heureusement avec fracas dans les esprits amoureux d’utopies li-bertaires. Le démocrate fort des valeurs républicaines restera muet face au sens du troublant exercice gymnastique à l’oeuvre dans l’esprit de celui qui, sans complexes, affirme que «la manipulation consciente, intelligente, des opinions, et des habitudes organisées des masses joue un rôle important dans une société démocratique. Ceux qui manipulent ce mécanisme social imperceptible forment un gouvernement invisible qui dirige véritablement le pays. Nous sommes pour une large part gouvernés par des hommes dont nous ignorons tout, qui modèlent nos esprits, forgent nos goûts, nous soufflent nos idées. C’est là une conséquence logique de l’organisa-tion de notre société démocratique. Cette forme de coopération du plus grand nombre est une nécessité pour que nous puissions vivre ensemble au sein d’une société au fonctionnement bien huilé.» 4

Elle est là toute entière cette société au fonctionnement bien hui-lé, elle se présente enfin à nos yeux sous son véritable jour. Les an-nées d’allégresse, notre génération n’en a pas senti le souffle. Les systématismes qui conduisent au naufrage des savoirs-vivre, sont d’abord liés aux vices de conduite de ceux qui spéculent encore et toujours plus pour gagner plus. On prétend régler les dettes par plus de dettes, comme les écrans nous assurent que l’on règle le problème du désir par toujours plus d’exploitation de ce dernier, le Grand Pouvoir d’Achat nécessite quelques sacrifices pour que l’on s’assure de sa bienveillance. Tant qu’il y a du pétrole, le but est de construire des automobiles. Ne vous en faites pas êtres technolo-giques, un jour les problèmes finiront bien par devenir solutions si l’on y croit dur comme fer. Le matérialisme toxique à tendu la main à la rationalisation, usurpatrices sont les tendances qui nous ont fait croire au développement de la vie de l’esprit.

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Une vidéo d’ultra-violence précédée par un spam pour un site

érotique porteur de mentions légales, le tout sur un support

I-Pod nacré et noir au design très épuré, en voilà une, d’allégo-

rie du spectacle intégré contemporain. Souvent les prêcheurs

de la nuance démocrate ne révèlent que leur incapacité à

s’abstraire de la longue marche sinistre du néo-libéralisme,

l’oxymore en selle de leurs différents chevaux de bataille, et

les extrémismes s’en régalent braquant à leur tour les canons

à pulsions chargés sur la foule. On critique les actes désespé-

rés sans questionner la désespérante situation, on mêle discus-

sions vaseuses et débats salutaires d’ordre public, on oppose

sans relâche les sacro-saints «points de vue», en oubliant trop

souvent que les conséquences visibles proviennent de «réser-

voirs de pensée» à l’ombre médiatique, gérant fermement les

décisions officieuses.

Les instances du pouvoir mondialisé tiennent absolument à

nous présenter leur nouvelle organisation comme moderne,

technologique et progressiste. Ils sont nombreux leurs chiens

de garde qui nous louent les avancées somptueuses de la so-

ciété de l’information. Mais peut-on réellement apprécier la

qualité, le sens et donc la réalité même d’une information

sans questionner le langage à l’oeuvre derrière sa communi-

cation ? Sans revenir aux fondements de ce qui constitue le

logos ? Comment peut-on nous faire croire que la démocratie

contemporaine et mondialisée serait délibérative quand les

débats se limitent à mettre en scène les bretteurs d’intérêts

économiques privés et leurs sympathisants ?

« Les moyens de pseudo-communication instantanée de notre époque ne servent évidemment pas à transmettre les questions et les réponses de cette époque, mais un spectacle unilatéral, comme l’ont très bien montré les situationnistes. »

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Quand Asger Jorn s’exprime sur ce sujet, nombre de stratégies

du marketing restaient à inventer, et des bataillons entiers s’y

employaient sous couvert du statut de barbouzes du relationnel,

mains noires d’une démocratie toujours plus mobile et éphé-

mère. Beauté, luxe, sécurité, rapidité, bien-être, optimisation,

création, effectivité, transparence, visibilité participent d’un

seul corps dans leur projection, au dénouement des pulsions

débarrassées du désir qui les liaient, utilisées comme telles puis

redirigées vers les solutions hyper-industrielles. Dans la guerre

impitoyable de l’ultra-concurrentiabilité où le rêve et le vécu

s’échangent et où la valeur symbolique s’est depuis longtemps

substituée à la valeur d’usage, les citoyens doivent choisir.

Délier la langue des ambitieux à l’assaut de la redécouverte

d’expériences esthétiques communes, se retrouver derrière une

prise de soin indispensable du désir encore trop enfermé dans

leurs cages métalliques sponsorisées JC Decaux, faire réinter-

venir la raison dans toute cette rationalisation honteuse d’un

monde, comme ils aiment le voir c’est à dire en perpétuelle

mutation, générer la prise d’initiative dans la création d’espaces

de liberté toujours plus précaires aujourd’hui, telle peut être

l’énorme tâche de l’artiste qui se veut engagé, tel est le devoir

de l’individu qui veut encore pouvoir aimer et sent , au fond de

lui, qu’effectivement résister c’est créer et créer c’est résister. 5

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E U L O G I A *

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A R G U M E N T U M A D C O N S E Q U E N T I A MRaisonnement fallacieux. Il consiste à déduire une conclusion (en général une croyance) à partir d’une conséquence, positive ou négative, de la croyance à prouver.

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La porte était ouverte, il suffisait de passer le pas. Au lende-imain des premières horreurs du fonctionnement physique

du tout-chiffré et de l’administrativisation sans limites, plus loin déjà des premières crises de l’idéologie productiviste, la banalité du mal se chargeait de son potentiel réflexif et la mise à jour de la compréhension du monde, organisé en sociétés industrielles, aurait pu s’améliorer, mais le miroir s’est brisé en mille fragments. Le Grand Mal Radical est le diable que l’on présente aux foules pour les dissuader des alternatives qui pourraient se présenter à elles. Les tendances Eichmanniennes auraient pu se retrouver en-cerclées par l’expérience d’un savoir nouveau, mises au ban dans une contribution planétaire d’un nouveau genre humain guéri des fractures répétitives de son passé. L’homme dégarni, d’un air pincé par une rigueur mathématique, derrière son parloir en vitre n’avait pourtant pas la prétention d’ensemencer le comporte-ment des générations qui allaient suivre, contrairement à ses pairs, sévères idéologues et convaincus, à travers la mauvaise lecture de l’auteur, que la naissance d’un surhomme Nietzschéen passerait par leur action : « j’ai changé d’avis et je ne parle plus de “mal radical” […]. A l’heure actuelle, mon avis est que le mal n’est plus “radical”, qu’il est seulement extrême, et qu’il ne possède ni profondeur ni dimension démoniaque. Il peut tout envahir et ravager le monde entier parce qu’il se propage comme un cham-pignon. Il “défie la pensée”, comme je l’ai dit, parce que la pensée essaie d’atteindre à la profondeur, de toucher aux racines, et du moment qu’elle s’occupe du mal, elle est frustrée parce qu’elle ne trouve rien. C’est là sa “banalité”. » 1

L’acte du mal est le résultat du manque de pensée, le degré zéro de la pensée permet aux hommes la confortable aisance de se soumettre à des ordres qui les transforment en impitoyables mer-cenaires à la solde de leurs émetteurs et il n’y a pas que dans les prisons d’Abou Ghraib, de Guantanamo ou dans les ghettos

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modernes ni dans la constitutions des camps de réfugiés au Moyen-Orient et en Afrique que les effets des ordres donnés par les instances du pouvoir flirtent avec l’infamie. Dans le désor-mais connu test de Milgram 2 qui montrait, grâce aux analyses d’Arendt, le pouvoir terrifiant de l’autorité (notamment scienti-fique mais qui peut être de toute nature du moment qu’elle est acceptée) sur le comportement individuel et la soumission aux ordres les plus cruels et inhumains, la régression de la pensée dans la production du mal procédait délibérément d’un enca-drement très particulier de l’individu cobaye dont les sens et la raison ont été sévèrement cadré par un important dispositif. La structuration parfaite d’une hiérarchie administrative qui ap-paraît alors comme plus naturelle encore que la rotation des planètes, est génitrice des actions débarrassées d’éthique, du mal légal qui n’est plus alors un mal. Il n’ y a pas que chez Youssouf Fofana et les populations banlieusardes où il fait chaud, pour les chiens de gardes éditorialistes du Grand Paris, que cette banalité du mal se fait ressentir aujourd’hui, mais elle est même devenue un spectacle très prisé par toutes les couches de la société, toutes les classes prolétarisées 3 qui la ressentent qu’elle soit latente ou vive. Dans une civilisation où les excès de zèle de soldats peu engagés à faire parler leur auto-critique côtoient les passages à l’acte désespérés renon-çant à l’intelligence, l’humain s’efface. Quel énorme para-doxe de penser une politique industrielle de l’esprit qui en prenne soin, quel projet ambitieux, quelles en pourraient être les formes ? Quelles situations auraient pu faire grandir des avant-gardes et leurs propositions esthétiques à l’ensemble des centres décisionnels ? Par quels curieux stratagèmes au-rions-nous pu faire de la servitude et de ses dérivés spirituels de l’histoire ancienne ? Il est trop rare que le contrôle se sa-tisfasse de la disparition des superstitions et des mythologies,

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il en est l’amical parasite et, sans son hôte-porteur, un parasite ne survit que peu de temps. Le mal extrême n’a donc besoin ni de mousses, ni d’un climat particulier pour se propager, le mal radical n’en étant que son ersatz fantasmé, un chapeau my-thologique cachant les lames toxiques de cette amanite phal-loïde. Un sporophore sur lequel il est facile de projeter tout le potentiel empoisonnant de l’organisme, qu’il est aisé de voir et de nommer mais qui cache une réalité bien plus nocive. On s’emploie alors à fabriquer des unités de brigade spécialistes en mycélium que l’on entraîne comme des cochons capables de détecter la moindre petite truffe empoisonnée. Les hommes en bleu qui agissent dans les bacs de rétention savent depuis longtemps que leur noble tâche les forcent à voir le danger par-tout, à être les preux chevaliers qui défendent la pauvre plèbe contre elle-même et attaque la diffusion des terribles spores de la radicalité du mal. La vie du bon vieux chasseur de prime américain solitaire, quasi-asocial, doté d’une puissance hors du commun, capable de flairer un gangster dans tout un secteur, est l’imagerie de l’autorité que la messe du soir entend bien encore appliquer pendant longtemps à des populations qui se méfient de leur propre cohésion. On lui pardonnera alors ses quelques bavures qui ne sont autres que des dommages collaté-raux infligés uniquement à une colonie surement déjà infectée par le pollen destructif.

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(AFP) – 2 nov. 2009

PARIS — Le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux a assuré lundi, devant la commission élargie de l’Assemblée natio-nale qui l’auditionnait sur le budget 2010 de la «mission sé-curité», que celui-ci permettrait de recruter 10.754 policiers et gendarmes. Le budget «mission sécurité» se monte à 16,4 milliards d’euros, en «hausse de 1,28%» par rapport à celui de 2009, a souligné Michel Diefenbacher, rapporteur pour avis de la Commission des Finances, dont 8,7 mil-liards d’euros pour la police et 7,6 milliards euros pour la gendarmerie. Cela permettra de recruter «4.240 personnels dans la police et 6.514 dans la gendarmerie», a indiqué le ministre. Pour la police, il s’agira de «40 commissaires, 100 officiers, 1.500 gardiens de la paix, 1.600 adjoints de sécu-rité et cadets de la République, ainsi que 1.000 personnels administratifs, techniques et scientifiques», a précisé le mi-nistère de l’Intérieur à l’AFP. Dans la gendarmerie, ces re-crutements porteront sur «315 officiers, 1.243 sous-officiers, 3.840 gendarmes adjoints volontaires et 1.116 personnels administratifs, techniques et scientifiques», a-t-on indiqué de même source. Toutefois, notamment en raison de la révi-sion générale des politiques publiques (RGPP), la police per-dra dans le même temps «1.390 (postes) équivalents temps plein et la gendarmerie 1.354», a relevé M. Diefenbacher. Pour le groupe socialiste, Delphine Batho a d’ailleurs sou-haité «stopper la RGPP pour les forces de sécurité», en sou-lignant que les effectifs de police passeraient d’aujourd’hui «146.000 à 138.000 en 2014». Le groupe socialiste a déposé un amendement en ce sens. Elle a également interpellé le ministre sur «la politique du chiffre», en matière de sécu-rité, qualifiée de «contreproductive» ou de «risque grave de rupture» par certains syndicats de police, a-t-elle rapporté. «Vous pouvez critiquer le thermomètre, mais c’est encore le meilleur moyen pour prendre la température», lui a rétorqué le ministre.

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http://www.taser.fr/

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Surtout lorsque le thermomètre est non-létal, ne permet pas le meurtre direct et qu’il est donc aisé de déployer sur l’ensemble du territoire pour en déceler les moindres racines de pur li-bertarisme terroriste ou d’anarcho-autonomisme, très certaine-ment lovés dans chaque commune, mychorize de chaque ma-nifestation qu’il convient d’éradiquer à coup d’armes soniques et électriques que les techniques de psychocorrection russes, canadiennes, britanniques et américaines ont su développer. Ainsi, pas besoin de superacides pour détruire le grand mal ra-dical et absolu mais des armes propres adaptées à tout type de situation, tout type de sommation, tout type de répressions. La segmentation des types de comportements de différents ac-teurs au coeur même des mouvements sociaux actuels montre, aussi clairement que les présentations de statistiques, qu’il y a dans toute révolte contre le système spectaculaire-marchand une essence de ce dernier, une trace indélébile et régressive de la psyché de l’audience 4, et qu’il est possible à un gouvernant d’affirmer sans vergogne que désormais, quand il y a une grève en France personne ne s’en aperçoit. Admirez donc, unités né-gligeables, la toute puissance de nos industries de programmes et leurs effets sur votre agglomération en public impulsif et in-fantile. Et tandis que des deux côtés des cordons de sécurité les tensions s’exacerbent, la plasticité de leurs mouvements évo-lue selon l’innovation technologique de ces armes non-létales de répression. La fulgurante rigidité d’un coup de batte dans un distributeur automatique de la banque populaire se mêle dans l’imaginaire de la peur télévisuelle à la violence extrême d’une polémique autour d’un policier zélé grimé en civil as-sénant un coup de pied à un paisible manifestant indigné. La cohésion psychique des éléments hétéroclites est alors facile à construire à coup de séquences flash répétitives, sous-titres chocs, couleurs crues, musiques électro-hiphop récupérées des

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films ou séries à succès, voix graves d’orateurs implacables, qui dans une recette aussi simple que celle des sachets lyophilisés de girolles des bois, fait accepter à son consommateur l’idée qu’une chose qui n’est pas de ce format rythmique et sensuel est inadmissible. L’accoutrement du cochon truffier moderne s’inspirant du style post-apocalyptique des blockbusters du dé-but des années 1990 illustre parfaitement son rôle institution-nel de défense du psychopouvoir5 tant celui-ci agit en phago-cytant plutôt qu’en attaquant par le front. Et ce n’est pas sans rappeler les révoltes en Argentine contre les restrictions bud-gétaires et les infamies financières qui qualifiaient, à l’heure de grande écoute et au regard international, les « piqueteros », à qui l’on avait tout pris, de dangereux terroristes. Tout cela étant digéré par le sac et le ressac des ambitions populaires matéria-lisées dans la rue qui prennent désormais systématiquement la forme du vain exercice de la fontaine qui n’en finit pas de faire jaillir ce qui lui retombe automatiquement dessus. Téta-nisés, nauséifiés, étourdis par les hautes fréquences des people repellers ou du LRAD 6 parce que quels que soient vos raisons d’être ou de manifester ici, nous vous sommons de vous dis-perser, électrifiés à la hauteur de 300 décharges de 50 000 volts par des pistolets qui sauvent la vie, les organisations des corps qui se mettent en porte-à-faux aux décisions des commandants du bien-être social et de la paix civile sont désormais tenues de reconnaître que leurs émulations sont leurs propres en-nemies, que leurs volontés leurs sont nuisibles, et que grâce aux exemples du savoir-faire qui est reconnu dans le monde entier de nos forces de sécurité, elles comprennent que leur propre liberté n’est garantie que par son assassinat. «Les tribu(s) prophétique(s) aux prunelles ardentes» comme les a anticipées Baudelaire sont priées de reconnaître que leur raison d’être n’est générée que par le mal radical, que le pouvoir démocratique de

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l’ordre mondial l’a bien cernée et qu’elle ne pourra plus défaire quoique ce soit sans que leurs rétines ne finissent par fixer le ciel sans lueur et dans un fracas de spasmes hérétiques. Elles devront historiquement comprendre qu’elles détruisent leur propre cohésion puisque le langage des chiffres, le discours du politiquement correct et la bonne foi républicaine le montrent bien. Le travail sur les oxymores pathétiques et les démagogies sophistes intenses rivalisent alors de trouvailles dialectiques pour réactualiser la novlangue moderne 7, douce musique ac-compagnant la maîtrise du langage urbaniste qui conditionne les perceptions adéquates à cette dernière et permet alors ce chaos charmant qui pourfendra la terrible radicalité du mal. Il nous est donné de croire que le chaos émergé n’est vraiment que l’enfant d’une démocratie pure, que sa présence n’est le résultat que de la liberté essentielle des individus dans nos villes où illustrations simplistes passés au rang de campagne publicitaire pour assurances s’agencent avec photos de femmes aux pro-portions plastiques anormales communicant de manière sys-tématique les orgies des étudiants universitaires juxtaposées à leur tour aux différentes affiches injonctives des principes de précaution. Chaos sublime où la ville, promise à devenir méga-lopole fonctionnerait comme l’univers du macro au microsco-pique, du trou noir à l’agencement moléculaire des hyphes du bolet, et, glorifiée au paroxysme, deviendrait l’unique matrice des modes d’emploi de la vie humaine.

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« Nous proposons que le savoir-faire qui est reconnu dans le monde entier de nos forces de sécurité permette de régler des situations sécuritaires de ce type.C’est la raison pour laquelle nous proposons aux deux pays, dans le cadre de nos coopérations, d’agir en ce sens pour que le droit de manifester puisse se faire en même temps que l’assurance de la sécurité. »

Michèle Alliot-Marie au sujet des révoltes tunisiennes en janvier 2011

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D I R C O MAbréviation pour directeur de communication

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A = 0.754 / B = 1.163 / C = -1.07 / D = 1.87

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A = 0.754 / B = 2.571 / C = -0.943 / D = 1.834

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Alors que le mal minuscule de la misère et de la faute… ,s’accumule sur terre sous forme de traces écrites la propa-

gande contre le mal radical hypothétique reste le moyen tech-nique le plus sûr pour continuer à mettre en place des systèmes toujours plus complexes pour le référencer et le transformer en leitmotivs autoritaires. Empêchant la compréhension d’un mal extrême dont les souches, une fois appréhendées, pour-raient aider à le résorber et le faire accéder, une fois devenu posthume, au rang de la chimère antique. Les virtualités éveillées par le chaos charmant qui se donne comme une nouvelle don-née naturelle et une compétition de possibles est pour Gilles Châtelet l’essence dans laquelle se voit plongée désormais l’hu-maniste honnête et son désir de réussir en tant que particule dans la yaourtière à classe moyenne 1. Parmi les générateurs de paradigmes les plus puissants, une idée du chaos ainsi que ses théories scientifiques, poétiques, artistiques et philosophiques sature l’environnement, puisqu’assurément le réseau des re-cherches en ce sens légitime de fait la théorie selon laquelle qui que vous soyez, d’où que vous veniez vous pouvez devenir ce que vos rêves préfabriqués vous poussent à être. Que vous n’êtes plus simple unité d’une strate qui définit pour vous le chemin que vous allez prendre et que pour cela, les offres du capitalisme vous sont uniquement bénéfiques : l’hallucination spectaculaire trouve ici sa manifestation la plus forte. En cela son utilisation intempestive l’a transformé en paradoxe maté-riel. Arrivés à un point où le non-lieu originel devient lieu omni-présent, où l’essence s’est retournée en surface, le mouvement qui fixe les points de repères des centres perdus est possédé par l’industriel qui programme. Le chaos est le non-lieu qui se définit autour d’un centre qui subit la désintégration des points de repères, des pôles d’identification, des noms et des choses. Par ce centre autour duquel tout s’organise, ce qui apaisait

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comme une nature mouvante d’errance dessine désormais un labyrinthe. Les ritournelles des industries de programmes s’éri-gent de cette façon comme amas de symbolismes matérialisant la délimitation du cercle, d’un cercle hors duquel le grand mal radical provoque effroi et désemparement fatal. Seulement, l’élément primitif spectaculaire tire son indifférenciation non pas d’un désordre qui suppose une remise en ordre possible mais d’une régularité parfaite qui annule toute possibilité de polarisation fixe et stable. La ritournelle n’est alors qu’un saut, une rupture de cette mesure régulière et loin d’être le moyen de reconstitution d’un cercle propre, elle est la technique qui brouille un tant soit peu la circonférence du labyrinthe sans la dispenser de sa transparence inhérente. L’évidence du spec-tacle comme programmation des modes de vie n’en est que mieux métastasé. En errant dans le Chaos affublé de créativité rampant des hypermarchés à ciel ouvert, que sont devenus les centre-villes où notre liberté s’est apparemment trouvé une famille, la ritournelle devient bouclier. L’antagonisme vécu transforme les accroches en paradoxes, l’arme qui est brandie est le bouclier contre laquelle il est bon de se protéger, fongus devenu élément phytothérapeutique qui essaime ses colonies, qui tente de classer et de hiérarchiser. Tantôt, ritournelles mu-sicales, lesquelles font répéter inlassablement la même rime, condensant à elle seule toute la réalité d’une facette de la vie, tantôt ritournelles dialectiques où la citation obsède. Dans les deux cas évidemment, elles sont techniques de rétention de la tendance pulsionnelle à désirer la fin instamment, une fin magnifique surgissant d’un souffle terrible où un pavé materait et briserait leur scintillement imposteur et notre propre col-laboration, notre consentement arraché à soutenir un modèle essoufflé.

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Comme en apnée à ce moment, nageant dans la désagréable sensation de la désagrégation individuelle et de l’impossibilité de se reconnaître en un nous, ce qui se révèle n’est que la sorte de programme informatique généralisé qui annule toute possi-bilité de bifurcation et de singularisation. Cette unité de temps qui correspond au temps de plongée dans l’urbanisme chaoti-sant permet une utilisation, ou plus exactement une réminis-cence flottante qui donne le carburant à une ontologie plus propice à la lutte contre le chaos, une chaosmose où «le créa-teur part à la recherche des subjectivité partielles produites par ces foyers». 2 Le psychopouvoir et son homologue le chaotisant se proposant de prendre en mesure les limites asymptotiques du modèle, afin d’en modifier les trajectoires si besoin est, pro-pose en ces temps de crise des attracteurs étranges d’une ter-rible forme, natifs de déterminismes complexes et violents. Les créatifs débauchés par les grands bureaux de programmation des foules n’ont jamais été si prompt à user de parallèles gro-tesques, à créer des rapports au monde aussi grégaires, à former des aspirations animales. Oxymores et sophismes deviennent état-major de troupes violentes et surarmées composées par le bestiaires de figures de style et ce que d’aucun, pseudo-pro-tecteur de la sacro-sainte liberté d’expression et investisseur de prestigieux cabinet de communication, appellerait la poésie du monde. Les dieux néo-libéraux se vantent d’avoir reconstruit ce que la foule aurait détruit dans sa rage taurine et incontrô-lable, et Henri Lefebvre de faire remarquer, à l’époque où la révolution des modes de vie à choisi le chemin que l’on connaît aujourd’hui, que la Publicité devient ainsi la poésie de la Mo-dernité, le motif et le prétexte des spectacles les plus réussis. Elle capture l’art et la littérature, l’ensemble des signifiants dispo-nibles et des signifiés vacants. Elle devient art et littérature. 3

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Dans la guerre festive du tous contre tous qu’est le capitalisme contemporain et ses logiques entrepreneuriales, certains déci-dent de combattre en portant le drapeau de l’objet a Lacanien 4 dont il savent pertinemment que la tâche est infinie et l’ob-jet de leur conquête, quant à elle indéfinissable et multiforme tandis que d’autres, affalés dans leur tranchées se font soldats d’objets pulsionnels, défenseurs forcés de la rationalisation de l’environnement comme de la vie de l’esprit ; laissant l’amateur des signes perdu au milieu des tirs. Pour les premiers, la fidélité de leur désir projeté combat, il fréquente une tension inhérente d’une part créée par leurs propres tendances pulsionnelles et d’autre part par l’oeuvre de ceux qui précisément, et sans ver-gogne applique le plus sommairement possible la maxime qui veut que l’on ne persuade quelqu’un qu’en s’adressant à son in-conscient. L’objet du désir dépasse celui qui le porte, la pulsion qui est le dynamisme du désir et de la stimulation reste à son stade grégaire et régressif dans les mains de ceux qui ont pour important objectif de réguler la baisse tendancielle du taux de profit, de consolider les fondements de ce qui n’est vu que comme porteur de toutes thérapies : la question économique.

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John Stuart Mill, dans son ouvrage Système de logique déductive et inductive

(1843), étudie les sophismes. Il propose une classification, laquelle est consti-

tuée en quatre groupes :

1. Des sophismes de simple inspection, ou sophismes a priori. Il s’agit des cas où il n’y a pas de conclusion tirée, la proposition étant acceptée, non comme prouvée, mais comme n’ayant pas besoin de preuve, comme vérité évidente en soi, ou du moins comme d’une si grande vraisemblance intrinsèque, que la preuve externe, bien qu’insuffisante par elle-même, suffit comme adjuvant de la présomption antérieure.

2. Les sophismes d’observation. Ce sont les so-phismes qui consistent en un mode vicieux de procéder dans l’opération de la preuve. Et comme une preuve, dans toute son étendue, embrasse un ou plusieurs ou la totalité de trois procédés, l’observation, la généralisation, et la déduction, il faut examiner les erreurs qui peuvent être commises dans ces trois opérations. Un sophisme par observation peut consister en une erreur de non-observation (négligence des faits parti-culiers qu’il fallait remarquer), ou mal-observation (lorsque le fait ou le phénomène, au lieu d’être reconnu pour ce qu’il est en réalité, est pris pour quelque chose autre).

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3. Les sophismes de généralisation. cette classe est considérée, par Mill, comme la plus étendue de toutes, en embrassant un plus grand nombre et une plus grande variété d’inférences vicieuses. Pour qu’une erreur de généralisation soit sophistique, précise Mill, il faut qu’elle soit la consé-quence d’un principe ; elle doit provenir de quelque fausse conception générale du procédé inductif ; le mode légitime de tirer des conclusions de l’observation et des expériences doit être fondamentalement mal compris.

4. Les sophismes par confusion. Cette dernière classi-fication des sophismes de Mill, regroupe tous ceux qui ont leur source, non pas tant dans une fausse appréciation de la va-leur d’une preuve, que dans la conception vague, indéterminée et flottante de ce qu’est la preuve. En tête de ces sophismes s’offrent ces multitudes de raisonnements vicieux résultant de l’ambiguïté des termes comme lorsqu’une chose est vraie dans le sens particulier d’un mot on argumente comme si elle était vraie dans un autre sens.

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La définition de la torpeur que provoque l’agissement de l’ap-prenti-sorcier brandissant belliqueusement son totem-com-munication, défendant de fait son bastion hyper-industriel, est éclairée à la lecture de l’ancestrale lutte grecque entre ceux que l’on appelait les sophistes et d’autres orateurs que l’on ap-pellera plus tard, philosophes. Les premiers, versés dans l’art de la guerre dialectique, vendant leur culture emballée dans un packaging stratégico-rhétorique aux plus offrants ; et les autres, initiés par la pratique socratique à dénoncer l’oeuvre so-phiste de la manipulation consciente et la crétinisation ration-nelle des jeunes athéniens pouvant se payer leurs services. Les émulsions langagières et leurs impacts sur les paradigmes de l’époque, propagés dans l’agora nous rappellent que, quelques 2500 ans plus tard, les comptes sont loin d’être réglés. « So-crate, tu m’as l’air d’un jeune chien fou, tu parles comme si tu étais en train d’haranguer le peuple entier. » Comprendre les raisonnements pseudo-sociaux des politiques-spectacles et déduire de leurs formes leur addiction aux manipulations de l’oralité par l’expertise sophiste, révèle à l’esprit de celui qui ai-merait comprendre les tenants et les aboutissants des décisions au sein d’un gouvernement mondial ce que Gorgias à l’époque tenait en manifeste : Je parle du pouvoir de convaincre, grâce aux discours, les juges au Tribunal, les membres du conseil au Conseil de la Cité, et l’ensemble des citoyens à l’assemblée, bref du pouvoir de convaincre dans n’importe quelle réunion de citoyens. En fait si tu dispose d’un tel pouvoir, tu feras du médecin un esclave, un esclave de l’entraîneur et, pour ce qui est de ton homme d’affaires, il aura l’air d’avoir fait de l’argent, pas pour lui-même - plutôt pour toi, qui peut parler aux masses et qui sais les convaincre. Sachez reconnaître que prendre le temps d’éclaircir le champ sémantique et les subtili-tés du sens des mots et des concepts utilisés lors d’un débat sur

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la plateforme la plus prisée par l’attention du genre humain de-vient pure hérésie lorsque le budget moyen de communication sur cette même plateforme s’élève en France à 8 000 millions d’euros par an et tend à grossir de manière exponentielle en fonction du progrès. Pour reprendre Bourdieu, si la télévision, catalyseur sacré de la démocratie et porte-parole de la Weltans-chauung, voile toujours un peu plus quand elle dévoile, c’est que par delà tous les acteurs de programmation de cette der-nière et de ses organes, leur devoir de rentabilité, transforment la possibilité de clairvoyance en carburant du mensonge géné-ralisé. 5 Si désormais, chaque fois qu’un politique s’efforce de considérer l’ampleur - c’est à dire la complexité des problèmes - il ne sait que faire et recule épouvanté, comme l’affirme Edgar Morin, il ne l’est assurément que dans la mesure où les spé-cialistes du langage ont donné substance aux problèmes plus que leurs propres manifestations ne pourraient en avoir dans le champ social, dans la mesure aussi où cet écran glorifiant le confort hyper-industriel, oxymore en puissance, que les débats institutionnels ne feront pas s’effondrer, risque bien de ne se dissiper que trop tard. 6

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«Développement durable», croissance négative», «marché civilisationnel», «financiarisation durable», «flexisécurité», «moralisation du capitalisme», «offre d’emploi raisonnable», «vidéo-protection», «décélération de la décroissance», «mal propre», etc. La montée des oxymores constitue un des faits marquants et révélateurs de la société contemporaine, par-ticulièrement française. Le propre de l’oxymore est de rap-procher, d’associer, d’hybrider et/ou de faire fusionner deux réalités contradictoires, d’où la diversité des formes qu’il peut revêtir et des fonctions qu’il peut assumer. Le «poisson soluble» de Breton visait à nous décon-ditionner en court-circuitant nos associations mentales ha-bituelles. Mais le clip publicitaire qui nous montre la chevau-chée d’un 4x4 dans un espace vierge cherche au contraire à nous conditionner à l’idéologie consumériste : en associant deux réalités contradictoires, l’espace naturel et la machine qui le dévore, il nous suggère perfidement la possibilité de leur conciliation. Et le «4x4 urbain» est la consécration de ce fantasme : une coûteuse et absurde machine de plu-sieurs tonnes, dévoreuse d’espace, de matières premières et d’énergie. Un oxymore de métal et de plastique.»

Bertrand Méheust la politique de l’oxymore, les empêcheurs de penser en rond, la découverte,

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En Grèce ancienne, ce mot désigne à la fois un remède, un poison, et un bouc-émissaire. Tout objet technique est phar-macologique, à la fois poison et remède. C’est une autre ma-nière de dire avec Hölderlin que là où croît le danger, croît aussi ce qui sauve. Toute technique, originairement, est ambivalente : l’écriture alphabétique, par exemple, a pu et peut encore être aussi bien un instrument d’émancipation que d’aliénation. Raison-ner pharmacologiquement c’est, autre exemple, comprendre que pour lutter contre les effets néfaste du web, il convient non pas de ne plus se servir du web (ce qui n’aurait pas de sens) mais de s’en servir autrement. Si le web peut être dit pharmacologique c’est qu’il est à la fois un dispositif tech-nologique associé permettant la participationi et un système industriel dépossédant les internautes de leurs données pour les soumettre à un marketing omniprésent et individuelle-ment ciblé (user profiling) Une pharmacologie est une étude (organologique) des effets suscités par ces techniques qui suppose des prescriptions, soit un système de soin ou une thérapeutique. Une pharma-cologie de l’attentioni, par exemple, s’intéresse aux effets, positifs ou néfastes, qu’ont sur l’attention, les nouveaux mé-dias, afin bien entendu de susciter les premiers et d’éviter les seconds.

Définition du pharmakon par l’association Ars Industrialis : www.arsindustrialis.org

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Menant sur le chemin tortueux de l’aporie et des questions sans réponses pré-établies, le proto-philosophe Socrate et son fils spirituel Platon cherchent à discréditer la puissance abusive que les hommes placent en le langage et les processus experts qui en font une arme de conviction et non un outil du savoir. Ils ont permis en cela de révéler le caractère pharmacologique du langage : celui-ci peut être remède, poison et bouc-émissaire. Lorsque l’expertise de la fabrication du consentement qui peut s’incarner en Jacques Séguéla ou en nombre de ses pairs et frères idéologiques, affirme que faire de la publicité rend riche et heureux, comment ne pas entendre Gorgias en -400 av J.C « ordonner qu’il n’y a aucun art à apprendre, sinon un seul, la rhétorique, et on n’est pas moins fort qu’un spécialiste ! » Nombreux sont les hommes ayant accédé à des postes de haute responsabilité dans notre société qui, comme ses plus ances-trales schèmes 7, tend à s’équilibrer par des formes rendues inefficaces par le travail de ces premiers, seuls experts du juste et de l’injuste, défendant leurs tristes institutions à coup de ba-selines prétendument moralistes. Le savoir-faire de la flatterie a muté à travers les âges, en fonction des avancées techniques des civilisations, tout en gardant son essence technique, tel le pigment du tableau des ornementations du temple de Delphes à l’impressionnisme. Pigment utilisé dans la constitution du ta-bleau des conditions modernes de production, et de la repré-sentation spectaculaire de l’ère hyperindustrielle. Le manuel de cuisine à décliné ainsi ses formes selon les crises systémiques du capitalisme, s’adaptant à ses moyens de subsistance, ses or-ganes de contrôle, ses propres mythologies, à l’ensemble de son être spectaculaire-marchand. Ce qui est bon apparaît, ce qui apparaît est bon reste le seul déterminisme rhétorique qui anime unanimement l’ensemble des mercenaires de la sophis-tique marchande. Autant de Calliclès prêts à tout pour asseoir

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leur conception d’un monde entériné par leurs armes de dé-sinstruction massive. Constat amèrement féroce que celui qui veut que l’oxymore et le sophisme, pourvus de leur potentiel flatteur subsistent en opercules galéniques destinés à la foule, substituant à l’origine et à l’échelle individuelle le libre arbitre aux intérêts de l’interlocuteur , et qu’elles deviennent armes ef-ficacement meurtrières des choix que les peuples peuvent faire pour eux-mêmes. Les mécanismes d’équilibration des termes de la machine libérale, qui à travers ses crises systémiques et désormais séculaires, tend vers le totalitarisme spirituel le plus grégaire, est une machine qui avait déjà plusieurs décennies d’expertise de son propre langage à l’aube des horreurs qui ont celle l’histoire. Son triomphe redoutable à l’heure actuelle nous parvient dans sa propre forme langagière, comme une formi-dable apocalypse.

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A R G U M E N T U M A D V E R E C U N D I A Margument d ’au to r i té qu i cons is te à invoquer une au to r i té ou recour i r à l a v io lence p lu tô t que de p résente r un ra i sonnement

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La propagande n’est pas née dans les régimes totalitaires lmais dans la démocratie libérale américaine. Les médias

actuels qui sont les descendants directs de ceux mis en place au début du siècle pendant la révolution industrielle d’abord aux Etats-Unis, véhiculent des représentations du monde de ce qu’on a appelé audimat mais non des parties qui le compo-sent. L’audimat qui prend ces représentations comme autant de sources d’informations agissant pour leur propre compte, répond avec un consentement inégalé dans l’histoire aux pa-radigmes des tenants du pouvoir médiatique. Le consentement ainsi créé constitue le moteur de l’exploitation capitaliste des forces de production à toutes les dimensions de leur existence. En cela, le rôle des bureaux de communication situés en amont des industries de programmes qui régissent les différents ca-naux de diffusion ont comme moyen d’action de faire accepter leur point de vue comme le plus légitime, le plus naturel, le plus pur, afin que le déchargement de conscience de l’audi-mat, indispensable à la transformation de la représentation en source objective soit optimale. Ainsi, il n’est pas rare de voir de nombreux débats qui portent sur la question de la respon-sabilité des programmes sur la salubrité publique, sans qu’au-cune sanction ne puisse être prise puisque le modèle de notre société s’est basé sur le détournement des représentations publiques et par la même opération, de l’opinion publique, de l’imaginaire commun, en bref de tout le paradigme occi-dental. C’est en ouvrant sur le pouvoir non pas comme subs-tance, c’est-à-dire, comme source unique et homogène, mais en tant que pouvoirs qui sont autant de pratiques disciplinaires, d’exercices et de stratégies que Foucault analysa les structures de contrôle et comme il aurait fallu considérer, à qui aurait vou-lu saisir l’étendue des dommages, les effets du psychopouvoir et de ses effets sur le biocontrôle. Or l’étude de cette microphy-

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sique suppose que le pouvoir qui s’y exerce ne soit pas conçu comme une propriété, mais comme une stratégie, que ses effets de domination ne soient pas attribués à une « appropriation » mais à des dispositions, à des manœuvres, à des tactiques, à des techniques, à des fonctionnements ; qu’on déchiffre en lui plutôt un réseau de relations toujours en activité, plutôt qu’un privilège qu’on pourrait détenir (...) 1 La terrible baisse ten-dancielle du taux de profit inhérente à n’importe quel format du capitalisme est devenue très rapidement dans l’histoire des sociétés industrielles, le grain de sable dans le rouage qu’il a fal-lu éliminer et on s’y est acharné de générations en générations de communicants. Les hommes n’étant jamais conscients des règles fondamentales des systèmes et des cultures qui consti-tuent le milieu où ils vivent, il s’avère primordial de chercher à déceler, à la façon du poisson volant, la raison des horizons qui saturent nos univers et de nous attarder à ce moment sur les bribes d’origine de ce en quoi peut consister nos imagi-naires contemporains. Lorsque la gouvernance est le réseau de décisions qui modèle la conduite des conduites, se conduire à sauter au-dessus de l’espace de nos aspirations matérielles mar-ginalise. Si Michel Foucault récuse l’idée de révolution comme solution aux processus de domination analysés, son analyse ne débouche pas pour autant sur un pessimisme. A la microphy-sique du pouvoir, répond une multiplicité de résistances et de luttes locales visant à contester l’agencement de pouvoir dans lequel les individus sont pris. Ces luttes (telles que le fémi-nisme, le mouvement des détenus ou des homosexuels) suppo-sent un processus de subjectivation qui désigne la capacité des individus à devenir sujet par la problématisation des rapports de pouvoir dans lesquels ils se trouvent pris.

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Du panoptique de Bentham à la télé-réalité, les intérêts des élites ont convergé à réduire les différences entre les struc-tures. Déterminer les motivations et le statut de l’Etat-major premier, la genèse de la première pompe à désir permettrait alors de déchanter face à la gloire des empereurs actuels qui, à l’image de ClearChannel corporation fondée en 1972 et qui se permit d’établir une liste de créations musicales inap-propriées et non diffusées sur ses quelques 1200 stations de radio au lendemain du 11 septembre, trahissent la naturelle réaction mutinière qu’un commandant ne peut accepter. Plus que simple manifestation de la censure d’un nouvel âge, cette action, comme des millions d’autres qui interviennent chaque jour, met en exergue la malléabilité des positions conviction-nelles d’une société, simple pâte à modeler dans leurs mains décidées. La société hellénique a commencé à se mouvoir à travers ce pharmakon qu’est devenu l’écriture, parallèlement à l’oralité du discours et si l’on connaît les pensées de Socrate, ce n’est que dans la mesure où Platon, dans son courage à faire face à cette drogue utilisée par les sophistes, s’en servit pour renverser son pouvoir toxique inhérent, précipita son propre pharmakon au contact des autres pour renverser leur surface, l’inscrivit et le figea dans le temps comme mnémotechnique, extériorisation de l’activité cérébrale. Depuis le XIX ème siècle, l’explosion de l’industrialité du monde demanda à ses acteurs une soumission si parfaite que les mnémotechnologies (photo-graphie et phonographie, cinéma et radio, télévision) devenant supports même de la vie industrielle, furent soustraits du débat politique, on oublia le caractère toxique des pharmaka, leurs excès n’étant vus que comme autant de progrès, la contamina-tion put se développer sans renversements notables. Plus on adoucit ce qu’ils considèrent comme la force incontrôlable et bestiale des foules d’êtres humains, plus on rend humains les organes de contrôle, et plus ils deviennent nécessaires : le phar-makon non renversé en sa surface perd son caractère curatif.

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«L’instruction généralisée devait permettre à l’homme du commun de contrôler son environnement. A en croire la doc-trine démocratique, une fois qu’il saurait lire et écrire il aurait les capacités intellectuelles pour diriger. Au lieu de capaci-tés intellectuelles, l’instruction lui a donné des vignettes en caoutchouc, des tampons encreurs avec des slogans pu-blicitaires, des éditoriaux, des informations scientifiques, toutes les futilités de la presse populaire et les platitudes de l’histoire, mais sans l’ombre d’une pensée originale. Ces vi-gnettes sont reproduites à des millions d’exemplaires et il suffit de les exposer à des stimulis identiques pour qu’elles s’impriment toutes de la même manière. Il peut paraître abu-sif d’affirmer que le grand public américain doit la plupart de ses idées à une technique de vente en gros. Le mécanisme qui permet la diffusion à grande échelle des idées a pour nom propagande : soit, au sens large, tout effort organisé pour propager une croyance ou une doctrine particulière.»

Propaganda _ Edward Bernays , éd. H Liveright 1928

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Les institutions de programmes que sont la famille et l’école ont désormais pour concurrentes les industries de programmes que sont les industries culturelles. Si on peut qualifier l’école d’institution de programme c’est qu’elle a en effet pour fonction de faire adopter des programmes, des conduites, des savoir-faire et des savoir-vivre. Ceci de-mande bien sûr de former l’attention des élèves. L’école de Jules Ferry fut, de ce point de vue, un dispositif, fondé sur le livre, de formation de l’attention (rationnelle), et au-delà de la majorité. Les industries de programmes, en tant que bras armés de la télécratie, ont pour but de prendre le contrôle des programmes comportementaux qui régulent la vie des groupes sociaux, et donc d’en dessaisir le système éducatif, pour les adapter aux besoins immédiats du marché. Il faut ne pas connaître d’enfant ou d’adolescent pour ne pas sa-voir que la télécratie est le principal ennemi de l’école.

www.arsindustrialis.org

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The public be damned !

William Vanderbilt

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Lors des premières grandes mouvances de ce que l’on nomme-ra plus tard mondialisation, l’Europe est au centre d’un mar-ché économique et financier qui s’étend alors tous les jours un peu plus selon des logiques d’accumulations centripètes. Du côté du vieux continent, une bourgeoisie aux appétits hors-normes et sans précédent, à l’ambition cavalière se développe telle une batterie d’infanterie romaine, ce qui permettra à John Meynard Keynes d’écrire qu’avant 1914, un habitant de Londres pouvait, en dégustant son thé du matin, comman-der par téléphone les produits variés de toute la Terre en telle quantité qui lui convenait (…) ; risquer son bien dans les ressources naturelles et les nouvelles entreprises de n’im-porte quelle partie du monde (…) ; envoyer son domestique à la banque voisine s’approvisionner d’autant de métal pré-cieux qu’il lui conviendrait ; et partir dans les contrées étran-gères, sans rien connaître de leur religion, de leur langue ou de leurs moeurs, portant sur lui de la richesse monnayée.2

Encerclés par le commerce triangulaire, tenaillés par les nou-veaux intérêts des banquiers internationaux, les populations voient alors apparaître à leur insu de nouveaux types d’êtres sociaux : les firmes et leur statut de personnes immortelles et sans conscience morale.3 Désormais soumise à la Division Internationale du Travail, au pouvoir monétaire des grands banquiers, des nouveaux industriels et leurs innombrables ré-seaux de connivences politiques et militaires imposant leurs cadences de productions machiniques, la piétaille ouvrière se voit prolétarisée4 et les revendications libertaires exhumées de l’humilité fondamentale qui constituait la chair à usine et à canon. Grèves de mineurs, d’ouvriers, d’agriculteurs et des tout nouveaux prolétarisés, désillusion de la liberté matérielle promise, misère symbolique, répulsion naturelle d’un nouveau système mis en place de force au nom de la toute nouvelle

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passion pour la rapidité et l’efficacité, la révolution industrielle fut, dès son éclosion, porteuse de tous les stigmates des maux qui la rongent désormais jusqu’au noyau. Les barons voleurs américains, porte-drapeaux du libéralisme et patrons de corpo-rations furent au sens propre les pionniers de la rentabilité à toute épreuve et de la concentration phénoménale de capitaux, bien avant qu’un certain Ford adepte de la doctrine nazie, ne trouva sa méthode d’organisation terrifiante. Astor, Vanderbilt, Rockefeller, Hanna, Morgan et tant d’autres que l’histoire des manuels scolaires oublie de mentionner, foncièrement proches d’autres tels que Borsig, Stinnes, Thyssen, agissant de l’autre côté de l’Atlantique et qui porteront le IIIème Reich ; vont alors voir dans le pouvoir médiatique le seul rempart contre la révolte généralisée et pour la continuation de leurs entreprises qui poursuivent leur ascension, en temps de paix comme en temps de guerre, en temps de crise comme en temps de croissance.5 Pour assurer cette pérennité, les empereurs vont voir les gens qui parlent aux masses : des journalistes devenus représentants de presse vont diffuser communiqués à leurs pairs et les rencontrer pour faire asseoir une image irrépro-chable aux entreprises de leurs employeurs. Dissimulant licen-ciements abusifs, misère créée voire massacres de travailleurs révoltés, ces proto-publiscistes vont s’avérer pour le début as-sez efficaces mais au champ d’action limité. Tout commence alors en 1913, Edward Bernays, neveu de Sigmund Freud, né américain va mettre au point une des innovations des plus influentes, mutagène et désastreuse du capitalisme : ce qu’il appellera le conseil en relations publiques. En cette année Ed-ward Bernays travaille pour la medical revue of reviews, et il y publiera une critique élogieuse d’une pièce de théâtre. Cette pièce contant l’histoire d’un homme contractant la syphilis sans le révéler à sa femme qui accouchera d’un enfant portant

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la même maladie, montra à Bernays que le tabou des discus-sions autour des maladies sexuellement transmissible (encore très virulent à cette époque) pouvait être brisé en déplaçant le cadre dans lequel le problème était communiqué. La même année un acteur réputé Richard Bennett s’engage à monter la pièce mais redoute l’opposition farouche des organismes conservateurs. Bernays s’engage alors auprès de Bennett à faire jouer la pièce et même à prendre en charge les coûts de sa production. Pour y parvenir, il va inventer une technique qui reste une des plus courantes et des plus efficaces des relations publiques, une stratégie qui permet de transformer ce qui pa-raît être un obstacle en une opportunité et de faire d’un objet de controverse un noble cheval de bataille que le public va, de lui-même, s’empresser d’enfourcher. La technique qui permet une telle métamorphose de la perception qu’a le public d’un objet donné consiste à créer un tiers parti, en apparence dé-sintéressé, qui servira d’intermédiaire crédible entre le public et l’objet de la controverse et qui modifiera la perception qu’il peut s’en faire. Le jeune Bernays va mettre en place un fonds d’aide le sociological fund comitee du medical review of re-views. Des centaines de personnalités éminentes et respectées vont payer pour faire partie de cet organisme et leurs cotisa-tions vont permettre à Bernays de tenir sa promesse de faire jouer la pièce, désormais perçue comme une méritoire œuvre d’éducation publique sur un sujet de la plus haute importance. Plus tard Bernays travaillera dans le milieu du spectacle es-sayant de promouvoir des chanteurs d’opéra ou encore des ballets russes peu prisés par la population américaine, qui se transformeront alors en boulimiques de ces mêmes spectacles lorsqu’ils sont promus par le jeune neveu de Freud. Ces efforts lui donnent l’occasion de raffiner ses stratégies et de déployer de nouvelles techniques par lesquelles la publicité emprunte

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des voies restées jusque-là inexplorées. En particulier, au lieu de simplement décrire en les vantant les caractéristiques d’un produit, d’une cause, ou d’une personne, cette nouvelle forme de publicité, qu’on est tenté de décrire comme étant d’inspi-ration freudienne, les associe à quelque chose d’autre que le public, croit Bernays, ne peut manquer de désirer. Le travail qu’il accomplit en 1915 en faveur des Ballets russes en tournée aux Etats-Unis donnera une idée de l’habileté de l’homme à cet exercice. La vaste majorité des Américains ne s’intéresse alors guère au ballet et a plutôt un préjugé défavorable à son en-droit. Pour le transformer en attitude positive, Bernays va s’ef-forcer de relier cet art à des choses que les gens aiment et com-prennent. Dès lors, l’énorme campagne de publicité qu’il met en œuvre ne se contente pas de transmettre aux journalistes des communiqués de presse, des images ou des dossiers sur les artistes : elle vante dans les pages des magazines féminins les styles, les couleurs et les tissus des costumes qu’ils portent; elle suggère aux manufacturiers de vêtements de s’en inspirer; elle veille à la publication d’articles où est posée la question de savoir si l’homme américain aurait honte d’être gracieux; et ainsi de suite, avec le résultat que la tournée des Ballets russes connaîtra un extraordinaire succès et qu’elle ne sera pas ter-minée qu’on en annoncera une deuxième — tandis que de nombreuses petites américaines rêvent de devenir ballerines.

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A D E T E M(Association Nationale pour le Dévelope-ment des Techniques de Marketing : As-sociation professionnelle des profession-nels du marketing qui réalise notamment des actions d’information, de formation et d’édition (Revue Française du Marketing) à destination de ses membres. Elle regroupe des responsables marketing «annonceurs» et des prestataires (agences, sociétés d’études…).)

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Dans le rôle du corps, Henry Bergson analyse le fait que la présence d’une image et la représentation que

l’être s’en fait mesure l’intervalle entre celle-ci et la percep-tion consciente qu’il en a. Il soustrait, lors de sa perception (vécu de conscience), l’existence pure et simple de l’image, il n’en garde que la croûte extérieure. Je la convertirais en représentation si je pouvais l’isoler, si surtout je pouvais en isoler l’enveloppe. En associant l’enveloppe de l’objet d’une perception à une représentation voulue et en gérant les sur-faces visibles de l’objet que l’on montre, on modifie bien évi-demment la relation que le spectateur va avoir à l’objet, qu’il s’agisse de son affect associé ou de sa représentation qu’il croit objective. (L’attirance de la représentation de la beauté des tissus utilisés pour la pièce par exemple ne sera optimale que si cette image est diffusée au préalable dans une de ses représentations qui est liée au désir inconscient). En disposant d’un maximum de caractéristiques du temps et de l’espace de la perception de l’autre, la façon dont l’autre va se représen-ter et se construire une mémoire de la perception vécue, sera entre les mains de celui qui montre. Sont ainsi posés les pre-miers objectifs de l’entertainment ainsi que de sa logique impi-toyable : il ne suffit pas de montrer une image de telle ou telle manière pour persuader sa cible qu’un produit, un évènement sont les meilleurs. Il s’agit de modifier les données de l’espace et du temps dans lequel son corps entier est plongé, la disposi-tion des objets qui suivent ou précèdent celui que l’on désire mettre en avant, de gérer une scénographie qui tire son agen-cement de la volonté de représentation du produit, de prêter attention aux idées en vigueur lors de la conceptualisation de sa mise en valeur. En d’autres termes, il s’agit d’agencer avec précision le fond pour que la con-forme de la volonté de l’an-nonceur puisse en être tirée. Il faut néanmoins rappeler ici que

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le groupe n’a pas les mêmes caractéristiques psychiques que l’individu selon Gustave Lebon 1, il ne faut donc, dans une ana-lyse partir de la perception de l’individu en tant que tel mais de l’individu collectif qui fait, à force de stratégies similaires dans tous les domaines de la vie intellective, une mutation co-gnitive de sa propre perception singulière vers celles dictées par les industries. Car ce genre de communication que l’on peut analyser comme étant celle du producteur au consom-mateur fonctionne parfaitement en même temps qu’il devient parfaitement toxique pour la représentation singulière que si les dispositifs qui la relaient sont à la base synchronisés sur le même ordre. Ainsi il n’est pas rare de voir des agents de com-munication pour une industrie culturelle par exemple, devenir agent de communication politique plus tard ou porte-parole d’une organisation non-gouvernementale. Ainsi le travail de Bernays ne s’arrêta pas à la promotion d’évènements culturels et ne trouvera ses réelles concrétisations que lorsqu’il s’atta-qua à la politique.

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Alors que Bernays fait ses preuves en tant que publiciste émé-rite, celui-ci deviendra en 1917, membre de la commission Creel ou Council of public information. Ce conseil d’experts en communication devient vite un laboratoire de la propa-gande moderne en matière de politique et créera nombre de manipulations médiatiques pour faire consentir aux masses les décisions du pouvoir en place. La population américaine vota pour le gouvernement Roosevelt sur une promesse de paix, une des premières réussite de la commission fut, à travers les nouveaux moyens de diffusion tels que la radio mais aussi à travers la production d’affiches, de création de situations (les four minutes men par exemple sont des acolytes détenant une bonne position sociale dans leur communauté, qui vont pré-senter sous une apparente spontanéité,un discours, un poème ou autre qui sera en faveur de la politique alliée ou démontera au contraire les positions de l’ennemi que l’on veut faire faire pointer du doigt par la foule). De là, la communication globale et guerrière va devenir synonyme du beau, de seul outil de développement du bonheur qui devient un concept matériel à son contact dans tous les milieux. Généreuse émancipatrice du monde tel qu’on le connaissait, s’habillant du triste costume de la stratégie infaillible du faire-consentir, on va multiplier ses incarnations, faire adopter aux individus l’ineffable certitude que la puissance de l’autorité est désormais si intime à l’être qu’il n’y a plus de raison de s’en inquiéter, et que son nouveau-né le psychopouvoir des industries deviendra leur compagnon. S’emparer des médiums, des techniques et des technologies qui prennent en charge les messages, fut alors une question primordiale et l’est bien encore aujourd’hui, à l’heure où les recherches sur les nano-technologies et les robots intelligents d’analyse corporelle sont au centre des financements privés. Comme l’ont théorisé Bernays et Mc Luhan, le dilemme pour

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qui veut plier les goûts et les aspirations des masses, est de s’emparer des processus actifs que représentent les espaces de lecture, les réseaux numériques, les bureaux d’éditions et tout ce qui, horizontalement et verticalement créent des liens entre eux. En effet, le «message» d’un médium ou d’une tech-nologie, c’est le changement d’échelle, de rythme ou de mo-dèles qu’il provoque dans les affaires humaines. (…) L’art de dominer et de prédire consiste à éviter cet état inconscient de transe narcissique. Le plus important c’est, avant tout, de savoir, tout simplement, que le charme peut opérer au premier contact, comme les premières mesures d’une mélo-die. (…) Les analyses de « contenu » et de programmation n’offrent aucun indice du pouvoir magique des médias ni de leur puissance subliminale. 2 Edward Bernays mentionnait avec mélancolie que son chauffeur travaillait 14h par jour sans rechigner avant d’adopter de nouvelles positions syndicales. Plus d’un demi-siècle plus tard, notre liberté se limite au pou-voir d’achat. L’apparition du cinématographe n’est pas fortuite à l’émergence de cette idée élitique que la démocratie peut très bien se faire à cette schizophrénie qui consiste à promou-voir le libre-arbitre tout en forçant les représentations collec-tives d’un peuple qui est trop bête et dangereux pour penser de lui-même. En analysant l’image-mouvement, Gilles Deleuze décortique les forces en puissance dans le montage : Ce que nous avons essayé de montrer, c’est la variété pratique et théorique des types de montages suivant les conceptions or-ganique, dialectique, extensive, intensive, de la composition de l’image-mouvement. Ce fut la pensée ou la philosophie du cinéma, non moins que sa technique. Il serait stupide de dire que l’une de ces pratiques-théories est meilleure que l’autre, ou représente un progrès (les progrès techniques se sont faits dans chacune de ces directions, et les supposent

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au lieu de les déterminer). La seule généralité du montage, c’est qu’il met l’image cinématographique en rapport avec le tout, c’est-à-dire avec le temps conçu comme l’Ouvert. Il donne ainsi une image indirecte du temps, à la fois dans l’image-mouvement particulière et dans tout le film.» 3 Ce que le philosophe développe dans son argumentaire est que le sujet percevant est soumis à l’ancrage dans le monde à travers ses cordonnées existentielles, toute conscience est conscience de quelque chose. Dès lors, le mouvement perçu ou fait, doit se comprendre non pas certes au sens d’une forme intelligible (Idée) qui s’actualiserait dans une matière, mais d’une forme sensible (Gestalt) qui organise le champ perceptif en fonction d’une conscience intentionnelle en situation. Or le cinéma a beau nous approcher ou nous éloigner des choses, et tour-ner autour d’elles, il supprime l’ancrage du sujet autant que l’horizon du monde, si bien qu’il substitue un savoir im-plicite et une intentionnalité seconde aux conditions de la perception naturelle. [...] avec le cinéma, c’est le monde qui devient sa propre image, et non pas une image qui devient monde. L’intime rejoignant le collectif, dans la grille des pro-ductions audio-visuelles dont Holywood est l’énonciatrice et principale industrie, très vite rejointe par les studios du monde entier et des nouveaux pays devenus plus puissant que leur propre maître en matière de schémas ultra-capitalistes.

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Avec la séparation généralisée du travailleur et de son pro-duit, se perdent tout point de vue unitaire sur l’activité ac-complie, toute communication personnelle directe entre les producteurs. Suivant le progrès de l’accumulation des pro-duits séparés, et de la concentration du processus productif, l’unité et la communication deviennent l’attribut exclusif de la direction du système. La réussite du système économique de la séparation est la prolétarisation du monde.

Guy Debord la société du spectacle

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Le wait marketing popularisé par l’ouvrage éponyme de Diana Derval consiste à profiter des temps d’attente des consommateurs pour leur soumettre des messages publici-taires et marketing. Il présente deux avantages. Les espaces sont encore souvent sous utilisés et donc financièrement accessibles. D’autre part, et c’est le principal avantage, la situation d’attente maximise la perception et la mémorisa-tion du message. Les supports du wait marketing sont donc essentiellement des affiches et écrans placés dans les dif-férents espaces d’attentes (médecins, aéroports, bureau de poste, etc..).

www.definitions-marketing.com

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«L’art est partout, il est dans tout : dans la rue comme dans le musée, et je dénie le droit que s’arrogent quatre ou cinq industriels de maculer avec leurs enseignes outrecuidantes la ville qui abrite un millions d’habitants !»

Charles Garnier, 1871

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La société du tertiaire, portée par les industries de services ont apporté la possibilité aux gens de ne plus s’occuper eux-mêmes de tâches qu’il est bon de présenter systématiquement comme irritantes, fatigantes, ou pire, ringardes, la technologie et la sous-traitance en deviennent alors les clés et permet à l’individu de désapprendre à faire la cuisine, la mécanique, le nettoyage, et toutes sortes d’activités primaires. De fait, la libé-ration du temps de cerveau disponible de consommateur y est sa malédiction, les laboratoires Derval de recherche d’applica-tions sensitives et d’autres l’ayant bien compris, les alternatives à cette vie pulsionnellement porcine qu’ils nous imposent nous échappent. Le panneau et l’écran publicitaire occupe le temps de conscience disponible de l’individu qui y est confronté. Son gabarit, sa forme, sa disposition dans l’urbanité, les fréquences de ses reproductions sont les caractéristiques propres des intentions du psychopouvoir, des constantes dé-rives des choix des industries de programme, les différents messages présents ne fonctionnant bien évidemment pas en agissant sur l’inconscient de leur propres chefs, mais c’est dans l’infanterie Decausienne, le bombardement clearchannelien et les agissements d’autres mercenaires qu’il faut voir la dispari-tion de tout soin du désir puisqu’il se retrouve alors jalonné d’objets-marchandises, cadavres spirituels de l’épanchement spectaculaire. Surplombant toute l’histoire des conditions mo-dernes de production, la remarque qui fait dire à Bernays que dans le domaine éducatif, le constat est identique à celui que nous avons déjà dressé en politique et dans d’autres secteurs de la vie sociale : les spécialistes de la profession n’ont pas évolué au même rythme que la société moderne et ils ne se sont pas saisis des outils qu’elle a conçu pour assurer la dif-fusion des idées est à peu près la même que peut faire Jacques Séguéla quand il dit que la publicité est le seul domaine à avoir

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suivi l’évolution de la société industrielle et hyperindustrielle. Comment pourrait-il en être autrement ? Constat hypocrite et faussement progressiste qui consiste à faire glisser la responsa-bilité des industries culturelles de programme, en ce qu’elles suppriment les institutions de programme, loin du débat sur la crise des métiers traditionnels et de l’éducation en particulier. There Is No Alternative, telle est l’accroche de ceux qui vou-draient nous faire croire à l’inéluctabilité fatale de la malheu-reuse double-conjoncure dans l’histoire du capitalisme. La vie de l’esprit ne serait pas soumise aux impératifs d’un marché aujourd’hui complètement globalisé. Les gens qui se révoltent doivent se tromper en pensant que c’est à travers les indus-tries de programmes qui se convertissent alors en organes de contrôle, que le désir ou la motivation qui était le moteur du capitalisme se réduisent à peau de chagrin, comme certains se trompent surement en doutant de la compétence et de l’indé-pendance des organes de surveillance sur les sites d’exploita-tion d’énergies fossiles. En tournant en ridicule les gens qui se doutent qu’une publicité mettant en scène des bébés sur des rollers pour promouvoir une bouteille d’eau en plastique contenant des PCB n’est pas seulement ce qu’il faut détruire mais bien toute la machinerie obscure qui se développe der-rière elle, les publicitaires rassurent les autres qui se soucient de savoir si la dernière application Apple est aussi novatrice qu’on le prétend. Ils continuent leurs besognes, plongeant leurs mains sales d’intérêts et d’envie de compétition dans les boyaux du désir. Et puis voilà, en plus de détruire le narcissisme primordial4 condition immanquable au développement du sen-tir ensemble dans la cité ainsi que son énergie, le désir ; les in-dustries des relations publiques et leurs annexes que sont les industries de programmes, dégradent chez l’individu, à travers le langage du populisme industriel, toute conception de sor-

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tie de sa propre condition qui devient parfois inhumaine. Le populisme industriel, c’est aujourd’hui les conséquences de ce que Bernays a mis en place avec brio à son époque : l’art de faire consentir à l’insoutenable. Ainsi aujourd’hui, parallè-lement aux différents aspects des crises (crise économique, écologique, financière, sociale mais aussi crise du désir, crises à l’intérieur de la famille) qui sont systémiques (qui ont les mêmes gabarits qu’au début du XX siècle), les débats sur les tenants et les aboutissants du contexte, les critiques de tout bords et la pseudo-information se mêlant avec parcimonie à la diffusion de la vie sexuelle des élites ou encore des émissions dégradantes de la télé-réalité forment un ensemble complexe mais uniforme. Aujourd’hui la politique se mêle au spectacle qui se mêle de la même manière à tous les aspects de la vie sociale comme spirituelle de l’individu.

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«Il ne s’agit pas de programmes ou de manifestes puisque le programme c’est de dé-programmer»

Félix Guattari derniers entretiens lutter contre le chaos

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A R G U M E N T U M A D I G N O R A N T I A MArgument qu i p ré tend que que lque chose es t v ra ie seu lement parce qu ’ i l n ’a pas é té démont ré qu ’e l l e é ta i t f ausse , ou qu ’e l l e es t fausse parce qu ’ i l n ’a pas é té démont ré qu ’e l l e é ta i t v ra ie .

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Les origines du psychopouvoir, les recherches de sa puissance leffective, ses théorisations, l’impunité et l’inconscience de

ses acteurs ont participé au fil des décennies à établir une struc-ture qui dépasse complètement les questionnements et les ré-férencements éthiques aux échelles de responsabilités. Nous sommes tous concernés par le dérèglement climatique, nous en sommes tous les responsables, il faut que chacun fasse un geste. Nous sommes tous acteurs du climat. Epanchement pa-thétique et humaniste des tombeurs de rideaux qui oublient un peu vite que l’obsolescence programmée fut régulièrement conçue dans des arrières-salles de grenelles par des cartels in-dustriels. Comme ils oublient à bon compte aussi que les pas-sages à l’acte désespérés ne sont que manifestations de la crise du désir trop exploité par la machinerie consumériste. La ma-quette racoleusement dégradante d’un « détective magazine » qui titre en une le massacre de quatre enfants par leur mère excédée d’une vie qu’elle n’a pas voulu pour elle comme pour eux, rivalise en ce sens de stupidité immorale et coupable avec ce PDG qui affirme qu’il ne comprend pas qu’il y ait eu quatre suicides en un mois dans la filiale de son groupe irréprocha-blement doté d’un cadre social hors-pair. Investissements du capital, spéculations, opérations financières, manœuvres bour-sières, achat et vente de marchandises sont l’équivalent d’un désormais séculaire rite religieux qui châtie et culpabilise plus qu’aucuns de ses prédécesseurs structurels. Premièrement, le capitalisme est une religion purement cultuelle, peut-être la plus extrêmement cultuelle qu’il y ait jamais eu. Rien en lui n’a de signification qui ne soit immédiatement en rapport avec le culte, il n’a ni dogme spécifique ni théologie. L’utilitarisme y gagne, de ce point de vue, sa coloration religieuse.1 Ce culte sans trêves et sans merci s’adapte à tous types de dogmes sans toutefois être libre de séquelles et d’effets à retardement sur

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la vie de ceux qui le subissent. Des plaines fumantes et noires pavées d’autels maléfiques de la consommation réalisée du monde, au cri d’un des milliers de contremaîtres d’une usine chinoise qui donne ses ordres de bonheur et d’effectivité aux ouvriers dont il a la charge, le recouvrement de toutes les acti-vités humaines par le spectre terrifiant d’un modèle qui prouve déjà ses limites réelles emporte avec lui esclavagisme et déses-poir, matérialisme et régression. Black & Grey marketing d’e-commerce, ambush marketing, wait marketing, cybersquatting, brand switching, lead nurturing, lead scoring, benchmarking stratégique, white & black Hat SEO, scraping, … l’inexhausti-vité inhérente de la liste des moyens d’agression tactiques des bataillons agencés de la communication est à l’image de l’am-pleur de l’utilisation de raisons scientifiques dans le déploie-ment de leurs différents laboratoires sur l’humain. La barbarie de leur nom ne reflète quant à elle que la sauvagerie de leurs principes, le départ d’une situation de crise aussi fulgurant que le rachat des ressources planétaires à la bourse, leur soi-disante capacité à entretenir une croissance economique par la concurrence est aussi fausse que la pseudo-philanthropie des milliardaires-carnassiers. Ces activités de l’entreprise d’au-jourd’hui en sont les moteurs profonds, l’entreprise n’est alors qu’une machine à tuer, le collectif déconstruit et rematérialisé n’est entrepris que comme ce qui fait désormais association et qui détermine ce que certains tenants aiment à affirmer : tout est entreprise. Les corporations maladroitement traduites par sociétés en français, ne sont que ce qu’elles désignent : une tendance fasciste intrinsèque à leurs métabolismes, conglomé-rant le monde du marché comme Benito Mussolini, agent des services secrets anglais avant de devenir dictateur italien, au-rait aimé le voir : autoritaire et omnipotent.

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« Mais, pourquoi le nier, certains enjeux politiques nous tien-nent à cœur, et surtout certains refus qui nous conduisent, à nos risques et périls, à nous engager dans certaines aven-tures plus ou moins risquées. Notre expérience des formes dogmatiques d’engagement et notre inclination irrépres-sible vers les processus de singularisation nous prémunis-sent — du moins le pensons-nous — contre tout surcodage des intensités esthétiques et des agencements de désir, quelles que soient les propositions politiques et les partis auxquels on adhère, fussent-ils les mieux intentionnés. Il n’y a d’ailleurs qu’à suivre la pente. Chaque jour se fraient sous nos yeux de nouvelles voies de passage entre les domaines autrefois cloisonnés de l’art, de la technique, de l’éthique, de la politique, etc. Des objets inclassables, des «attracteurs étranges» — pour paraphraser une fois de plus les physi-ciens — nous incitent à brûler les vieilles langues de bois, à accélérer des particules de sens à haute énergie, pour dé-busquer d’autres vérités. »

Félix Guattari La guerre, la crise ou la vie, Change International, Paris, septembre 1983 ; repris dans Micropolitiques, Les Empêcheurs de penser en rond, Paris, 2007, p. 268-272

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«Les droits de l’homme ne nous feront pas bénir le capi-talisme. Et il faut beaucoup d’innocence, ou de rouerie, à une philosophie de la communication qui prétend restaurer la société des amis ou même des sages en formant une opi-nion universelle comme «consensus» capable de moraliser les nations, les Etats et le marché. Les droits de l’homme ne disent rien sur les modes d’existence de l’homme pourvu de droits. Et la honte d’être un homme, nous ne l’éprouvons pas seulement dans les situations extrêmes décrites par Primo Levi, mais dans des conditions insignifiantes, devant la bassesse et la vulgarité d’existence qui hantent les démo-craties, devant la propagation de ces modes d’existence et de pensée-pour-le-marché, devant les valeurs, les idéaux et les opinions de notre époque. L’ignominie des possibilités de vie qui nous sont offertes apparaît du dedans. Nous ne nous sentons pas hors de notre époque, au contraire nous cessons de passer avec elle des compromis honteux. Ce sentiment de honte est un des plus puissant motif de la phi-losophie.Nous ne sommes pas responsables des victimes, mais devant les victimes. Et il n’y a pas d’autre moyen que de faire l’animal (grogner, fouir, ricaner, se convulser) pour échapper à l’ignoble : la pensée même est parfois plus proche d’un animal qui meurt que d’un homme vivant, même démocrate.»

G. Deleuze, F. Guattari Qu’est ce que la phlosophie? les Éditions de Minuit, Paris, septembre 1991

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L’intégration des racines gâtées de mucus du spectaculaire intégré et du mensonge généralisé se fait désormais partout autour du globe et à ce titre la résistance est plus que jamais un travail de longue haleine complétée obligatoirement par la persistance et le calme, le calme soudain du fusillé lorsqu’il est en joue. De john Heartfield et du photomontage comme ma-nifeste du pouvoir ouvrier sur ses propres choix aux lettristes et situationnistes, jusqu’à certaines manifestations de l’artivisme comme les collages de JR. De la production d’ affiches des écoles d’arts pendant la révolte de 1968 au hacking citoyen de groupe comme raspouteam. De Joseph Beuys à John Jordan, du collec-tif Bazooka à Burtynsky, de COBRA aux graphistes activistes, la réalisation d’hétérotopies qui luttent contre les règles de style devenus emplois de tendances, parsèment régulièrement, en tension avec l’expérimentation plastique subordonnée, l’auto-ritarisme d’un modèle déifié. Des fois l’énergie pure condensée par une position ou une condition sociale, souvent la fréquen-tation assidue avec la reflexion permettent la mise en marche de tels projets. La subversion et la mise en œuvre de l’entre-deux cadres, moteurs de l’imagination n’ont pas encore voyagé à travers tous les paysages, n’ont pas encore essaimé sur les nouvelles applications grégaires de l’exploitation de l’éner-gie du désir. Les nouvelles technologies de l’esprit ainsi que les réseaux sociaux sont jeunes mères de toutes les nouvelles abstractions singulières et utiles au domptage du nouvel audi-mat. Générateur du point d’orgue catastrophique dans lequel baigne le citoyen qui, malgré tout, entend encore pouvoir s’ac-complir en marge des modes d’emplois hyperindustriels. La beauté du devenir permanent des réflexions post-anarchistes seront évidemment à mettre en tension contre la forme sta-tique du développement, et doivent pouvoir percuter de plein fouet cette ontologie du développement économique et les

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stratégies du toujours plus. Nous inventons des enseignes et des objets qui peuvent être utilisés pour fabriquer des figures, le glissement de l’art contemporain dans le champ du réalisme socialiste est une épreuve de longue haleine comme peut en témoigner la Société Réaliste. Révolutionnaire ou pastiche co-mique ? Là n’est pas véritablement la question pour un travail de design politique et de résistance aux conceptions écono-miques du monde, car encore une fois la preuve de l’intégrité d’une action se fait dans l’oubli de sa fin, dans le refus de justifi-cations pratiques qu’elle pourrait soi-disant proposer. Réinvestir le terrain trop longtemps laissé à l’expertise privée, se saisir des enjeux que peut soutenir le concept de design politique, d’ergonomie territoriale, l’esthétique de la résistance c’est principalement remettre sur le devant de la scène les ques-tions d’importance pour le sentir-ensemble politique, sous sa vraie forme, constamment relégué par le psychopouvoir dans les poubelles des loges des plateaux de télévision. L’écono-mie de l’incurie qui génère la bêtise systémique a assez vécu aujourd’hui pour que les plasticiens armés de méthode et de quelque savoir puissent charger dans cette voie, en sortant des sacro-saintes salles d’expositions, pour renverser les concep-tions finales d’un monde politique désubstancié par l’organisa-tion économique mondiale. Penser global, agir local, telle est la devise de la plus grande firme mondiale de mort et d’asser-vissement qu’est Carlyle 2 et tel est le leitmotiv de n’importe quel mouvement alter-mondialiste du plus précaire au plus subventionné, de n’importe quel ensemble ou coopérative consciente des mouvements disgracieux et catastrophiques de leur Nouvel Ordre Mondial.

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SSI2 | Le 14 Octobre 2008 de 17H00 à 17H45

Blackmarketing…zoom sur le coté sombre du web Quelles techniques illégales emploient certains concurrents mal-veillants et comment les contrer.Ces techniques sont « limites » et parfois totalement illégales en France… mais parfois totalement légales dans d’autres pays parfois limitrophes. Mais en matière de business comme dans de nombreux domaines, il vaut mieux ne pas perdre la bataille par simple naïveté. Profitez en 45 minutes d’un tour d’horizon des techniques d’undercover et de black marketing. Tout savoir sur le référencement «Black hat SEO» (le coté obscur du référencement) : comment faire une «opti-misation à outrance de son site pour le faire remonter en pre-mier sur google. 20 exemples de techniques parmi plusieurs centaines et zoom sur les sites de référence. Comment faire du buzz à outrance : comme promouvoir son site ou ses pro-duits en spammant les blogs, forums... ou en publiant des liens sur les Digg likes, en achetant des liens aux gros blogs ou aux gros sites, en payant des articles à des blogs. Com-ment fonctionnent les faux témoignages sur les forums ou les avis positifs dans les sites (ex: site rueducommerce.com pour les logiciels ou les sites d’avis comme Ciao...). C’est un classique ! Faire des Splogs ou SPAM blog (= blog qui n’ont pour intérêt que de parler d’un site), créer un vrai faux site pour parler de ses produits (ex: le blog de ma peau). Faire

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des faux livres blancs pour recruter des clients et autres techniques diverses (avoir un nom de domaine proche d’un de ses concurrents, avoir plusieurs noms de domaine...), acheter les mots clés de ses concurrents dans google ad-words... Qui utilise les aspirateurs de site pour se constituer des millions d’adresses utilisables sans contraintes depuis l’étranger ? Comment certains Spyware acquièrent-ils avec votre consentement les adresses de votre carnet d’adresse email ? La diffusion de spams « tous azimut » fonctionne-t-elle vraiment ?Webtracking : suivre ses clients et ses employés bien au-delà du raisonnable et des limites fixées par la déontologie ?Que fait la CNIL, que font les grands sites et acteurs mon-diaux, pour lutter contre les acteurs déloyaux ? Quels sont les risques réels ?Grey marketing : quelles techniques demeurent à la limite de la légalité et doivent être connues pour ne pas vous faire croquer par vos concurrents déloyauxComment mesurer votre identité numérique ?

www.rsi-rhonealpes.com//forum/forums.php

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C H U R N R A T EIndicateur qui permet de mesurer le phénomène de perte de clientèle ou d’abonnés. Le churn rate ou taux d’attrition est le ratio (nombre de clients perdus / nombre de clients total) mesuré sur une période donnée qui est le plus souvent l’année.

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Des échantillons appariés sont des échantillons identiques, c’est à dire des échantillons composés d’individus possé-dant les mêmes caractéristiques. Là où les caractéristiques faisant l’objet de l’appariement peuvent être variables (âge, sexe, etc..).Des échantillons appariés vont par exemple être utilisés pour tester des produits auprès des consommateurs lorsqu’on souhaite que les testeurs ne soient exposés qu’à un produit.

Echantillons appariés sur www.definitions-marketing.com

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« En posant son équation sinistre : nègres = chicanos = jazz = marijuana, M. Hearst découvre que l’on peut amplifier l’effet bien connu du bouc émissaire en mettant les «bêtes noires» en série, comme des piles électriques, le signe = possédant ici le pouvoir de faire détester n’importe quoi n’importe comment — la haine peut tout ronger en se mul-tipliant par bouture… Explicitons un peu cette réaction en chaîne. Lorsque j’écris jazz = marijuana, je ne me contente pas de juxtaposer deux termes, je pose une équivalence qui construit un effet de preuve : « Vous voyez bien que le jazz est malsain puisque certains l’écoutent en fumant de cette herbe maudite»,, et, réciproquement, « vous voyez bien que cette plante n’est pas innocente car elle aide à écouter le jazz… ». Toute la «preuve» tient naturellement dans l’espèce de contamination de la similitude accentuée par le «récipro-quement», et c’est tout le méchant miracle des métaphores cannibales… »

Gilles Châtelet, Vivre et penser comme des porcs, Ed. exils, 1998 p. 106

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Je propulserai mon pharmakon sur celui des cerbères du ca-pitalisme afin de récolter de l’explosion des bouts de réalité

indispensables à la conquête des droits que nous a promis l’ap-parition de notre cortex cérébral.

Je n’ai plus de télévision, je ne mange plus dans les fast-food, mes achats dans les grandes surfaces se limitent aux produits de première nécessité. Je pose systématiquement sur le papier ce qu’il me vient à l’esprit dans l’idée de me laver de leurs conceptions du monde. Je ne désire pas travailler dans une agence de communication ou dans une des succursales où la propagande démocraturique s’étale, baignant dans la bien-pensance visqueuse des directeurs des ressources humaines de tout acabit. Je ne me reconnaîtrai jamais dans le human-ware orgueilleux de sa médiocrité et de sa non-position dans le temps et l’espace, qui dilapide dans une rationalité ubuesque, consistance contre aisance précaire de la subsistance. J’anti-cipe la surveillance des positions de mon corps et l’analyse de mon comportement dans les centres commerciaux ou les com-plexes cinématographique comme dans la rue. J’interagis avec les autres et me force à ne pas transpirer une fois plongé dans ces univers de l’orientation vulgaire. J’abhorre les mimiques bouffonnes de ceux qui tentent de nous faire oublier l’histoire de l’Homme, prétendent en connaître les rhizomes démocra-tiques, noyées dans les clips de principes de précaution mais en rirai en expliquant mes positions. Je promet de maudire les intérêts financiers. Je ne compte pas essayer de prendre un siège dans leur machinerie obscure pour tenter d’y mettre un grain de sable, des dunes entières attendent encore aux portes de leurs directoires. Je souhaite vivre dans la question de la vérité pour pouvoir défier ce qui pensent vivre dans cette der-nière. Je n’accepterai pas de concevoir que la joie soit quatre

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roues, un moteur V12 écologique et un fauteuil en cuir. Je ne souhaite concéder aucun compromis aux chiens de l’hyperin-dustrie et aux poilus soumis des firmes. Je questionnerai inlas-sablement les divers ordres qui me seront donnés aux cours de mon chemin. Je refuse les applications conformes aux modes d’emploi pour la vie qu’ils nous livrent gracieusement. Je vo-mis maladivement sur la rigueur mathématique de la rentabi-lité et sur la plasticité du seuil que la baisse tendancielle du taux de profit ne doit dépasser. J’entends tordre les lignes des-sinées pour nous aider à «être ce que nous sommes». Je crierai de toutes mes forces aux oreilles de ceux pour qui «cela a tou-jours été comme ça». Je raidirai la flexibilité déconcertante et tout juste bonne à être imposée à la matière ouvrière et sous-traitée. Je porterai de mes forces des émulsions humaines où la politique grégaire du chiffre et du «social» se sont imposés en réalité. Je ne me réjouirai pas de ce qui réjouit les porte-paroles du pouvoir néo-libéral, le psychopouvoir des programmes et le bio-contrôle étatique. Je refuserai la tentative scientifico-structu-raliste du désir, les théories sur ce qui lie par l’invisible et les in-terprétations intempestives de l’objet a. Je m’efforcerai de révé-ler que tandis que le pouvoir décide d’adopter d’inadmissibles positions liberticides en réponse à la violence de quelques-uns, ce sont leurs partenaires qui en créent les causes. Je refuserai la légitimité de la propriété intellectuelle et préférerai les li-cences creative commons, pour que les avancées que je fais pour moi, je les fasse aussi pour la communauté humaine et non pour les personnes immortelles sans conscience morale que sont les firmes. J’aimerais mon prochain comme moi-même et c’est pour cela que je distillerai l’idée d’anarchie et d’auto-gestion. Je ne me sentirai plus mal à l’aise chez quelqu’un qui arbore au milieu de son salon avec fierté assumée un écran plasma et discuterai avec lui du choix des conceptions qu’il

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fait pour lui-même et ses proches, du monde qui l’entoure. Je comprendrai que la relation politique du sentir ensemble est essentiellement une question esthétique qui se construit avec justice, patience et raison. Je lutterai tant bien que mal face aux contradictions apparentes qui s’offrent à moi dans le question-nement de mon environnement économique, social, psychique concentrés dans la question esthétique de mes expériences et de mon rapport aux autres. Je ne me satisferai pas de l’ap-parent choix manichéen entre la réflexion stérile ou l’action désastreuse sans conceptualisation mais me battrai jours après jours dans cette quête de l’impossible qu’est la question de la vérité. Je n’assimilerai pas une équivalence entre la rationalité économique et la raison. Je doterai aux luttes minoritaires et véritablement humaines, des bras un système cognitif et une aspiration esthétique.

Que ce soit dans les pôles d’excellence, les écoles privées de commerce et d’arts appliqués, les icônes, les modes d’emplois du réussir, et les pédagogies arbitraires sont précisément les rouages d’une machine contre laquelle il va être bon d’entre-prendre un long travail. Dans l’art de la guerre, Sun Tzu désigne les stratégies de celle-ci comme simple extension politique là où la politique s’arrête. La politique s’est depuis longtemps faite phagocytée par la foire d’empoigne inutile que l’on connaît, il a donc été commun de mettre en place les éléments stratégiques de la logique guerrière à tous les niveaux stratifiés des démocraties-marchés. Je ne dis pas que l’enjeu d’une pra-tique artistique puisse être d’un quelconque utilitarisme social ou pédagogique mais bien qu’en tant que sismographe d’une période effroyable, le ton est à la réaction anti-utilitariste du potentiel humain, la lente création de refuges et de protec-tions contre cette restriction de conceptions d’un monde in-

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fini. Créer un horizon de particules libertaires, agencer formes et textes d’émancipation sociale ne peut se traduire en un seul tableau, en une seule teinte : il faut beaucoup d’énergies et de bras pour un projet de révolution des consciences. Ce travail est constamment recommencé toujours inachevé, je propose mes services pour l’entretien de ses cycles. Je déploierai mes forces en quête de résilience…1

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* EULOGIA : déesse de l’éloquence, serait remonté au ciel après la mort de l’orateur Demosthène en -322 av J.C. La société secrète Skull & Bones (ou Chapter 322) basée à l’Université de Yale aux Etats-Unis regroupe en fratrie un bon nombre de grands indus-triels, juristes, communicants, hommes politiques,… avant leur accès au monde du travail. Ils organisent leurs rites occultes en fonction de l’adoration qu’ils portent à cette figure mythique.

* AIDA : Un des maîtres-mot du marketing : attirer l’Attention, susciter l’ Intérêt, provoquer le Désir, pousser à l’ Action. Célèbre pièce de Verdi.

* TINA : slogan des néo-libéraux : There Is No Alternative. Sus-cite l’idée que le progrès et la démocratie exigent l’actuelle organisation économique et politique du monde et que sans elles, les sociétés sombreraient dans la barbarie.

I N T R O D U C T I O N

1. « La misère n’est pas seulement matérielle, mais symbolique. Une richesse matérielle peut être accompagnée d’une misère symbolique. La misère symbolique est la perte d’individuation qui résulte de la perte de participation à la production de sym-boles (fruits de la vie intellective et de la vie sensible). La mi-sère symbolique s’accroît depuis le tournant machinique de la sensibilité (la culture comme production industrielle), accom-pagnant le tournant machinique de la politique (la représenta-tion politique comme production industrielle). Un électeur du font national est misérable, mais exclure cette misère est mépri-sable. Lutter contre elle suppose de lutter contre le populisme industriel bien plutôt que de se satisfaire d’une bien-pensance anti-raciste. » Vocabulaire www.arsindustrialis.org

2. Gilles Châtelet, Vivre et penser comme des porcs, éd. Exils 1998

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3. « A partir de 1945, après un drame atroce, c’est une ambi-tieuse résurrection à laquelle se livrent les forces présentes au sein du Conseil de la Résistance. Rappelons-le, c’est alors qu’est créée la Sécurité sociale comme la Résistance le sou-haitait, comme son programme le stipulait : Un plan complet de Sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se les procurer par le travail ; une retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours. Les sources d’énergie, l’électricité et le gaz, les charbonnages, les grandes banques sont nationalisées. C’est ce que ce programme pré-conisait encore, le retour à la nation des grands moyens de production monopolisés, fruit du travail commun, des sources d’énergie, des richesses du sous-sol, des compagnies d’assu-rance et des grandes banques ; l’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale, impliquant l’éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l’économie. L’intérêt général doit primer sur l’intérêt parti-culier, le juste partage des richesses créées par le monde du travail primer sur le pouvoir de l’argent. La résistance propose une organisation rationnelle de l’économie assurant la su-bordination des intérêts particuliers à l’intérêt général et af-franchie de la dictature professionnelle instaurée à l’image des Etats fascistes, et le Gouvernement provisoire de la Répu-blique s’en fait le relais. (…) C’est tout le socle des conquêtes sociales de la Résistance qui est aujourd’hui remis en cause. » Stéphane Hessel, Indignez-vous, indigène éditions 2010

4. Edward Bernays Propaganda, éd. H Liveright, Etats-Unis 1928

5. Slogan du Programme du Conseil National de la Résistance

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1. Hannah Arendt dans une lettre à Gershom Scholem , à voir aussi Eichmann à Jérusalem, Rapport sur la banalité du mal (Hannah Arendt, reportage, 1963), Condition de l’homme mo-derne, Hannah Arendt, Calmann-Lévy, 1983

2. Le jeu Zone X-trême était un prétexte en 2010 pour réaliser un reportage intitulé «le jeu de la mort : jusqu’où va la télé?» par Christophe Nick qui transposait les études faites par Mil-gram au niveau du spectacle pour révéler le potentiel autori-taire que peut avoir le programme audio-visuel sur les choix de l’individu qui acceptait zélemment d’électrocuter leur par-tenaire en cas de mauvaises réponses donc d’échec au jeu. Voir aussi le film du réalisateur allemand Oliver Hirschbiegel The experiment qui reprend l’histoire d’une expérience alle-mande menée dans un laboratoire transformé en prison pour l’occasion et qui donnait l’autorité à certains participants et supprimait leur liberté des autres.

3. Je rappelle d’abord que la première Division Internationale du Travail ainsi que la répartition des tâches n’étaient les te-nants que d’un seul projet patronal, l’effectivité des acteurs ne pouvait passer que dans leur prolétarisation, la soumission absolue de leurs gestes à leur poste dans la machine de pro-duction : « Tout d’abord rappelons que Marx ne dit pas que le prolétariat est la classe ouvrière, il dit que la classe ouvrière est la première classe à être touchée par la prolétarisation. Est prolétarisé celui qui perd son savoir : le producteur prolétaire perd son savoir-faire, passé dans la machine, il devient pure force de travail ; le consommateur prolétaire perd son savoir-vivre, devenu mode d’emploi, il n’est plus

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qu’un pouvoir d’achat. Le prolétaire, disait Simondon, est le travailleur qui perd son savoir faire parce que ce savoir-faire est passé dans la machine. L’ouvrier n’est plus l’individu tech-nique parce que la machine a formalisé ses gestes et c’est ainsi qu’il devient prolétaire ; la prolétarisation est contemporaine du machinisme dans la mesure où l’individualité semble passer de l’ouvrier à la machine, accompagnant une perte d’individuation dans le travail. Au XXe siècle, se déroule la deuxième phase de prolétarisation. Ce qui est prolétarisé n’est plus alors le savoir-faire du producteur mais le savoir-vivre du consommateur. C’est une privation de savoir qui rabat le prolétaire sur le besoin, c’est une perte de savoir-vivre. Le prolétaire ne produit pas des propres modes d’existence, ceux-ci lui sont imposés par le marketing. La prolétarisation est une désindividualisation. » Prolétarisation, vocabulaire sur www.arsindustrialis.org

4. « La distinction entre l’audience et le public rejoint celle entre le consommateur et l’amateur (et donc celle de l’usager et du praticien). Il n’est pas de public qui ne soit critique, et il n’est pas de critique sans attention profonde, celle précisé-ment qui est liquidée par les stratégies d’audimat cherchant à augmenter la disponibilité des cerveaux pour la publicité. »Audience/Public, vocabulaire sur www.arsindustrialis.org

5. « Comme son nom l’indique, c’est un pouvoir exercé sur et par le moyen du psychique. Psychopouvoir et biopouvoir : Le psychopouvoir est un terme qui vient compléter celui de bio-pouvoir (Foucault). Depuis la seconde moitié du XXe siècle la question n’est plus de contrôler la population comme machine de production (biopouvoir), mais de contrôler et de fabriquer des motivations comme machine de consommation (psycho-pouvoir). L’époque du psychopouvoir est une époque de cap-tation industrielle de l’attention. Ce ne sont plus seulement des Etats qui cherchent à contrôler le corps et la vie des citoyens,

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mais des multinationales qui visent le contrôle des esprits.»Psychopouvoir, vocabulaire sur www.arsindustrialis.org

6. « Les hautes fréquences (2000 à 20 000 Hz) et les ultrasons (au-delà de 20 000 Hz) ont été utilisés, parmi d’autres armes non-létales, dès les années 1970 par l’armée américaine au Vietnam : aux côtés des cassettes diffusées par hélicoptère, les Opérations Psychologiques avaient mis au point le Curdler ( Le glaceur de sang ) ou People Repeller ( Le répulsif ), qui envoyait un sifflement extrêmement aigu à une très forte intensité. Au même moment, la Grande Bretagne faisait usage de sa Squawk Box ( La boîte à cris ) en Irlande du Nord pour disperser les émeutes : cette arme émettait deux hyperfréquences diffé-rentes [par exemple 16 000 Hz et 16 002 Hz], qui une fois mixées par l’oreille devenaient insupportables, et causaient des étourdissements, des nausées et des évanouissements. En 2005, l’armée israélienne mettait en action le Shriek ( le Cri perçant ) contre des Palestiniens protestant contre le Mur, et envisageait son usage contre ses propres colons s’ils refusaient de quitter la bande de Gaza. L’aviation israélienne a d’ailleurs employé le son d’une autre manière, en jouant non plus sur ses propriétés acoustiques mais sur sa vitesse (environ 1200 km/h) : les jets passaient le mur du son à basse altitude, créant des explosions sonores extrêmement violentes, que les Palesti-niens comparaient à un tremblement de terre ou à une énorme bombe. L’ONU a demandé l’arrêt de ces attaques, qui visaient à paniquer les populations civiles. Le LRAD, utilisé comme haut-parleur extrêmement puissant pour diffuser de la musique ou une voix au micro, peut également émettre une haute fré-quence allant, selon les modèles, de 1 kHz (1000 Hz) à 2,5 kHz (2500 Hz). » Article 11, n°1, le son comme arme (3/4) : les hautes fréquence et les ultra-sons, novembre-décembre 2010

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7. Voir à ce titre LQR d’Eric Hazan et ses commentaires sur les propagandes quotidiennes : http://media.la-bas.org/mp3/060215/

D I R C O M

1. « Le chaos aimerait se donner comme le Prince charmant qui éveille les virtualités. N’est-il pas tout simplement qu’un sinistre pugilat de possibles, une copulation abjecte de la règle et du hasard ? Rappelons-nous Milton :

«Le chaos siège en arbitre.Et son jugement ne fait qu’envenimer

la querelle qui assure son règne.Au-dessous de lui, la Chance est juge suprême…»

Gilles Châtelet, Vivre et penser comme des porcs, éd. Exils 1998, in 2. Du Chaos comme imposture et de l’autorégulation comme néoconservatisme festif p.39

2. Félix Guattari lutter contre le chaos, entretien avec Marco Senaldi, 1992

3. Henri Lefebvre la Vie quotidienne dans le monde moderne, Paris, Gallimard, «idées», n°162, 1968, p 202-203

4. « Ce... que dans mon jargon j’appelle l’objet a avec une mi-nuscule, est bien connu de tous les psychanalystes dans la me-sure où toute la psychanalyse est fondée sur l’existence de cet objet particulier » Chez Lacan l’objet a reprend ce que Freud a posé en parlant d’objets partiels : les objets dont le sujet a du se séparer, objets indicibles et ineffables sources du désir.

5. «Les faits divers, je l’ai dit, ont pour effet de faire le vide politique, de dépolitiser et de réduire la vie du monde à l’anec-dote et au ragot (qui peut être national ou planétaire, avec la

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vie des stars ou des familles royales), en fixant et en retenant l’attention sur des événements sans conséquences politiques, que l’on dramatise pour en tirer des leçons ou pour les trans-former en problèmes de société : c’est là, bien souvent, que les philosophes de télévision sont appelés à la rescousse, pour re-donner sens à l’insignifiant, à l’anecdotique et à l’accidentel, que l’on a artificiellement porté sur le devant de la scène et constitué en événement, port d’un fichu à l’école, agression d’un professeur ou tout autre fait de société bien fait pour susciter des indignations pathétiques à la Finkielkraut ou des considérations moralisantes à la Comte-Sponville.»Pierre Bourdieu Sur la télévision, Liber-Raisons d’agir, Paris, 1996

6. Voir Bertrand Méheust La politique de l’oxymore, éditions La découverte, Paris 2009

7. Toute société est traversée par des oppositions, des contra-dictions, où l’oxymore peut devenir une force d’équilibration ou d’aliénation, ce qui en fait un véritable pharmakon. La so-ciété grecque dans l’Antiquité était traversée par l’opposition Apollon/ Dionysos. Au XVIème, XVIIème siècle en France ce fut le cas entre la représentation du Soleil incarné par Louis XIV et la passion pour la nuit mystique.

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1. Michel Foucault : Volonté de savoir droit de mort et pouvoir sur la vie, dossier par Frédéric Rambeau, folioplus philosophie 2006

2. John Meynard Keynes The economic consequences for peace 1919 Harcourt Brace Jovanovich, New York 1920

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3. «Les sociétés ont les droits des personnes immortelles mais pas de n’importe lesquelles, de celles dénuées de conscience morale. C’est un genre de personnes très particulier créé par la loi pour ne s’occuper que de ses actionnaires.» Noam Chomsky interview in The Corporation, un film de Mark Achbar, Jennifer Abbott & Joel Bakan ARP Selection, 2003. www.thecorporation.com

4. A la lecture de Bernard Stiegler et de Marx, je rappelle une fois de plus que la prolétarisation est ce processus qui tend à déposséder l’ouvrier de son savoir-faire qui est passé dans la machine, ce processus s’appliquera plus tard, lors de l’expan-sion de l’industrialisation des services à de nombreux autres secteurs d’activités. Simple opérateur de la chaîne de produc-tion, il ne peut désormais plus s’individuer dans son milieu de travail.

5. Howard Zinn, Une histoire populaire des Etats-Unis : de 1942 à nos jours, Broché 2003

A D E T E M

1. L’incompatibilité de la sortie d’une réforme avec son asser-tion directe par le public a très vite été théorisée : « C’est que l’observation la plus attentive des faits de l’histoire m’a toujours montré que les organismes sociaux étant aussi compliqués que ceux de tous les êtres, il n’est pas du tout en notre pouvoir de leur faire subir brusquement des trans-formations profondes. La nature est radicale parfois, mais ja-mais comme nous l’entendons, et c’est pourquoi la manie des grandes réformes est ce qu’il y a de plus funeste pour un peuple, quelque excellentes que ces réformes puissent théo-riquement paraître. Elles ne seraient utiles que s’il était pos-sible de changer instantanément l’âme des nations. Or le temps

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seul possède un tel pouvoir. Ce qui gouverne les hommes, ce sont les idées, les sentiments et les mœurs, choses qui sont en nous-mêmes. Les institutions et les lois sont la manifestation de notre âme, l’expression de ses besoins. Procédant de cette âme, institutions et lois ne sauraient la changer. »Gustave Lebon La psychologie des foules, 1895, éd. Felix Alcan 1905La science sociale de Lebon est, comme celles à partir des-quelles Edward Bernays se réfèrent systématiquement, facilité de traduction à une légitimité des industries des relations pu-bliques.

2. Marchall McLuhan, Understanding Media: The Extensions of Man, McGraw-Hill, New-York, 1964.

3. Gilles Deleuze, Cinéma, tome 1. L’Image-mouvement, éditions de minuits 1983

4. «Le terme de «narcissisme primordial» désigne la part d’amour de soi qui peut devenir parfois pathologique, mais sans laquelle aucune capacité d’amour, quelle qu’elle soit, ne serait possible. Pour que le narcissisme du je puisse fonctionner il doit se pro-jeter dans le narcissisme d’un nous. Il y a faillite du narcissisme dans les sociétés de consommation lorsque les industries de programme tendent à synchroniser les je au point de nier leur différence. Le sujet consommateur est réduit au on.» Narcissisme primordial, vocabulaire sur www.arsindustrialis.org

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1. Walter Benjamin, Max Weber Le capitalisme comme religion, 1921 in le volume VI des Gesammelte Schriften, 1985

2. Voir http://www.carlyle.com/ ainsi que http://stopcarlyle.ifrance.com/

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1. Voir : http://theinfluencers.org/en

http://www.deboulonneurs.org/

http://graffitiresearchlab.com/

http://artiviste.wordpress.com/

http://www.lesinrocks.com/livres-arts-scenes/livres-arts-scenes-article/t/54811/date/2010-11-22/article/art-contempo-

rain-litalie-de-berlusconi-en-pleine-forme/

http://fffff.at/

http://www.sabotage.at/

http://www.raspouteam.org/

http://h4cker.net/blog/

Ainsi que les innombrables autres sites d’act- et art-ivistes, re-flets de ces petites pierres qui font les grands édifices.

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Giorgio Agamben, Qu’est-ce qu’un dispositif? Payot rivages 2009 Giorgio Agamben, Qu’est-ce que le contemporain? Rivages poche/Petite Bibliothèque, 2008.Giorgio Agamben, Profanations, Payot rivages 2009Hannah Arendt, Condition de l’homme moderne, Pocket 1988 Hannah Arendt, Eichmann à Jérusalem. Rapport sur la bana-lité du mal, folio 1991 Hannah Arendt, Du mensonge à la violence, Pocket 1989 Hannah Arendt, Responsabilité et jugement, Payot 1990Lutz Bassmann, Haïkus de prison, Verdier 2008Walter Benjamin, Max Weber Le capitalisme comme religion, 1921 in le volume VI des Gesammelte Schriften, 1985Edward Bernays, Propaganda, Zones, 2007 Etienne de la Boétie, Discours de la servitude volontaire, Mille et une nuits 1997Gilles Châtelet, Vivre et penser comme des porcs, folio actuel 2007 Noam Chomsky, Comprendre le pouvoir Tomes 1, 2 et 3, Aden 2008 Noam Chomsky Jean Bricmont, Raison contre pouvoir le pari de Pascal, L’Herne 2009 Guy Debord, La société du spectacle, Lebovici 1967 Guy Debord, Commentaires sur la société du spectacle, Lebo-vici 1989 Les Désobéissants, Désobéir à la PUB, le passager clandestin 2009Michel Foucault : Volonté de savoir droit de mort et pouvoir sur la vie, dossier par Frédéric Rambeau, folioplus philosophie 2006Stéphane Hessel, Indignez-vous ! Indigène, coll. ceux qui mar-chent contre le vent 2010Le Comité Invisible, L’insurrection qui vient, La Fabrique 2007John Meynard Keynes The economic consequences for peace

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1919 Harcourt Brace Jovanovich, New York 1920Gustave Lebon, Psychologies des foules, essai 1895Bertrand Méheust, La politique de l’oxymore, La Découverte 2009Marchall McLuhan, Understanding Media: The Extensions of Man, McGraw-Hill, New-York, 1964Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, le livre de poche 1983 Philippe Pignarre Isabelle Stengers, La sorcellerie capitaliste pratiques de désenvoûtement, La Découverte 2009 Platon, Apologie de Socrate, Luc Brisson (Traduction). Flamma-rion 1999, PochePlaton, Gorgias, Garnier Flammarion 1993Ignacio Ramonet, Propagandes silencieuses, Folio actuel 2007 Jacques Rancière, Le spectateur émancipé, La Fabrique 2009 Alexandra Robbins, Skull and Bones, Max Milo 2005 Bernard Stiegler et Ars Industrialis, Réenchanter le monde, Flammarion 2006 Bernard Stiegler, La télécratie contre la démocratie, Flamma-rion 2006 Bernard Stiegler, Prendre soin Tome 1 : de la jeunesse et des générations, Flammarion 2008 Bernard Stiegler, Economie de l’hypermatériel et psychopou-voir, Mille et une nuits 2008Bernard Stiegler, Passer à l’acte, Galilée 2003Henry David Thoreau, La désobéissance civile, Mille et une nuits 2010Antoine Volodine, Le post-exotisme en dix leçons, leçon onze, Gallimard 1998Howard Zinn, Une histoire populaire des Etats-Unis : de 1942 à nos jours, Broché 2003

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I N D E X D E S I L L U S T R A T I O N S E M P R U N T É E S

Pages 20 - 21 : capture d’écran sur www.taser.fr

Pages 28 - 29 - 32 - 33 - 56 - 57 : captures d’écrans, décompo-sition de geste d’une figure présente dans un film publicitaire pour une eau de toilette Guerlain

Pages 30 - 31 : image tirée de 101historylink.com

Pages 36 - 37 : diagrammes d’attracteurs étranges, cf la théorie du chaos en mathématique

Pages 44 - 45 - 48 - 49 - 114 - 115 : captures d’écran du film Les Grandes Batailles de Jean-Louis Guillaud et Henri de Turenne INA TF1 vidéo 2004

Pages 88 - 89 : publicité subliminale mise au point par BMW. voir à ce titre la grégarisation à l’oeuvre sur www.bmw.fr/fr/fr/insights/technology/joy/bmw_joy.html

Page 104 : Photographie de Andreas Gursky

Page 105 : Photographie d’une expulsion d’un squatt, Paris 2010

Page 122 : issue de l’oeuvre de Bazooka in éd Pyramid 2006

Page 123 : John Heartfield à l’oeuvre dans son atelier.

Page 124 - 125 : http://theinfluencers.org/en

Page 126 - 127 : photo reportage en Egypte lors des émeutes totallycoolpix.com

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W A R K E T I N G

Je tiens à remercier de tout cœur Bruno Guiganti pour son soutien et ses lumières, Jehanne Dautrey pour nos entrevues enrichis-santes, Daniel Corniaut et Clelia Zernik pour leur relecture et leur aide, ainsi que Fabrizio Terranova et Dominique Lohlé pour leurs engagements et le trop court mo-ment où j’ai pu profiter de leur expérience à Bruxelles.

Thibault SellierEcole Nationale Supérieure d’Art de Nancy

DNSEP Session Mai 2011Option Communication