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VOTEZ POUR MOI ! Airs d’opérettes et chansons politiques sur les élections et l’art de gouverner LA CLIQUE DES LUNAISIENS Lara Neumann soprano : La France Ingrid Perruche soprano : La Candidate féministe Arnaud Marzorati directeur artistique, baryton et siffleur : Le Politicien prestidigitateur Mélanie Flahaut f lûte, f lageolet et basson Pierre Cussac accordéon Daniel Isoir piano Flannan Obé collaboration artistique et mise en espace

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VOTEZ POUR MOI !Airs d’opérettes et chansons politiques sur les élections et l’art de gouverner

LA CLIQUE DES LUNAISIENS Lara Neumann soprano : La FranceIngrid Perruche soprano : La Candidate féministeArnaud Marzorati directeur artistique, baryton et siff leur : Le Politicien prestidigitateurMélanie Flahaut f lûte, f lageolet et bassonPierre Cussac accordéonDaniel Isoir pianoFlannan Obé collaboration artistique et mise en espace

I LEMEETING Giuseppe VERDI La Force du Destin AVENEL-BLAQUIÈRE Le Candidat Léon XANROF La Chambre et le Sénat Nicolas BOILEAU Quand on n’a pas le sou Gustave CHAILLIER La Femme de mes rêves Charles POURNY L’Impôt sur les célibataires Charles LECOCQ La Fille de Madame Angot : « Voyons, Monsieur, raisonnons politique » Jules JOUY Un Bal chez le Ministre Frédéric BOISSIÈRE Un Vrai Républicain Vincent HYSPA Les Complots Pierre DEGEYTER Variations sur L’Internationale

II LERÊVE Adrien-Francis RODEL Le Galant Siffleur Sur un air de Maurice MAC-NAB Le Métingue des femmes Maurice MAC-NAB / R. BACCHINI Le Clysopompe Joseph-André VIGNIX La Prière de Jeanne d’Arc Jules OUDOT Les Lamentations de Jeanne d’Arc Raoul PUGNO Les Rois en exil : Hymne dalmate

III LERÉVEIL Gustave NADAUD Droite, gauche, centre Gaston SERPETTE Shakspeare : Couplets de la politique Aristide BRUANT Plus d’patrons Vincent HYSPA Le Toast du Président Léonie COLLONGUES Le Drapeau de la France / G. ROSE Citoyens, unissons-nous !

Durée du concert : 1h15

Production Bru Zane FranceLicences d’entrepreneur de spectacles du Palazzetto Bru Zane :n° 2-1087107 et n° 3-1087054

VOTEZ POUR MOI !

Le Palazzetto Bru Zane présente

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Votez pour moi !Louis XIV et Napoléon avaient bien compris à quel point la musique – et en particulier les genres populaires de la chanson, de l’opéra-comique et de l’opérette – étaient des armes de propagande politique extrêmement efficaces. Il n’est pas étonnant que le XIXe siècle, qui vit se succéder tant de régimes opposés, offre un répertoire presqu’infini de pièces satiriques ou démagogiques sur le thème des élections et de la souveraineté. Le récital Votez pour moi ! convie l’auditeur au spectacle de l’exercice de rhétorique, de la complainte populaire ou de la manipulation mensongère. Un fil rouge permettra de mettre en scène ces œuvres piquantes d’esprit ou touchantes de piété : la France en personne sera tiraillée tout au long du spectacle entre deux candidats aux prochaines élections, l’un plus charlatan qu’énarque, et l’autre – parité oblige – plus séductrice qu’économiste. Toute ressemblance avec… sera purement fortuite.

La chanson politique au XIXe sièclepar Alexandre Dratwicki, directeur scientifique du Palazzetto Bru Zane

L’origine de la chanson politique se confond avec celle de la politique elle-même. Son expansion au XIXe siècle est permise par la diffusion à prix bon marché d’éditions et d’arrangements de toutes sortes. La démultiplication des lieux de concerts ou – plutôt – de harangue populaire (et notamment le caf ’conc’ montmartrois) permet le développement d’un genre à deux visages : la chanson politique oscille entre propagande (Boissière : Un Vrai Républicain ; Bruant : Plus d’patrons) et protestation (Hyspa : Les Complots ; Pourny : L’Impôt sur les célibataires), entre dévotion (Vignix : La Prière de Jeanne d’Arc) et calomnie (Xanrof : La Chambre et le Sénat ; Jouy : Un Bal chez le Ministre). Accompagné du piano ou d’un instrumentarium plus étoffé (souvent improvisé, et parfois très original), le chansonnier développe des thèmes d’actualités au fil de mélodies faciles à mémoriser et de refrains irrésistiblement entraînants. La structure de la chanson s’articule selon la forme strophique : parfois très long, le texte se découpe en trois, quatre… et jusqu’à dix couplets dont la chute ramène systématiquement l’auditeur au thème principal développé. Bien entendu, les doubles sens grivois ont toutes les faveurs du parolier et certaines chansons sérieuses ou attendries sont en fait élaborées avec un second niveau de lecture très poussé (Nadaud : Droite, gauche, centre ; Hyspa : Le Toast du Président). La virtuosité de ce répertoire réside d’ailleurs dans sa partie littéraire plutôt que dans une ligne de chant et un accompagnement peu compliqués (Xanrof : Le Métingue des femmes). Des compositeurs « savants » n’ont toutefois pas hésité à mettre en musique les textes de Béranger par exemple, comme Lalo et son Vieux Vagabond d’un socialisme saisissant.

Le succès de la chanson politique dépasse bientôt le cadre intime des réunions de café. On en introduit volontiers dans des œuvres de grande envergure : là où l’opéra-comique traditionnel préfère la sage romance de salon (« Connais-tu le pays » de Mignon d’Ambroise Thomas ou la « Berceuse » de Jocelyn de Godard), l’opérette et l’opéra-bouffe choisissent la chanson, à l’image de celle de Clairette dans La Fille de Madame Angot de Lecocq (intitulée précisément « Chanson politique »), ou des « couplets du diplomate » dans Le Roi Carotte d’Offenbach. Applaudi d’abord sur scène, ce type de morceau a tôt fait de rejoindre le répertoire de café-concert dans des versions réaménagées, et de résonner dans des arrangements instrumentaux aussi bien sous les kiosques des parcs publics, qu’au son de l’orgue de barbarie, en plein boulevard. Les « Couplets de la politique » tirés de Shakspeare de Serpette et le duo extrait de La Fille de Madame Angot de Lecocq (« Voyons monsieur, raisonnons politique ») sont de ceux-là.

On retient plus volontiers le pendant caustique et revendicateur de la chanson politique, mais il ne faudrait pas oublier le répertoire sentimentaliste développant les thèmes de la pauvreté, de l’abandon, de la solitude. Le laissé-pour-compte de la société se reconnaît dans les romances parfois larmoyantes comme celle de Boileau (Quand on n’a pas le sou). Ces malheureux trouvent le réconfort au son de chansons édifiantes à forte connotation religieuse et morale (Le Drapeau de la France de Collongues, par exemple) ou dans celles qui mettent en avant des figures nationales courageuses et déterminées. Jeanne d’Arc est la plus célèbre, particulièrement inspirante après la défaite de la guerre de 1870 (écoutez Les Lamentations de Jeanne d’Arc de Oudot). Ses origines de l’est français entrent alors en résonnances avec la perte de l’Alsace-Lorraine et le redécoupage de la frontière prussienne. Jeanne d’Arc qui sera même le sujet de la cantate pour le prix de Rome de 1871 remporté par Serpette, un futur maître de l’opérette…

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Note d’intention par Arnaud Marzorati, directeur artistique de La Clique des Lunaisiens

« La République vous appelle...pour elle, un français doit mourir... ». Voilà ce que disait la chanson. Ou plutôt un certain type de chansons ; celles issues de1789, de ce temps où les hymnes surgissaient des barricades. Mais depuis 1789, les Français ont appris à confier leurs convictions et leurs idéaux à des politiciens élus au suffrage universel, un suffrage concédé au « sexe faible » seulement depuis 1945. La route fut longue pour que chaque citoyenne et citoyen puisse enfin voter ! Les chansons nous le rappellent avec Le Métingue des femmes et L’Impôt sur les célibataires. Le combat fut difficile contre des sénateurs, « galants siffleurs », qui avec des « toasts » à la langue de bois relayaient la femme et ses blanches mains à des fonctions matriarcales, leur interdisant l’accès à l’urne. Une femme pourtant revient dans de nombreuses chansons : c’est Jeanne d’Arc et son flambeau. Pléthore de romances, de mélodies, de chansonnettes qui rêvent de Jeanne comme d’une gardienne de la grande France. Par bonheur, certains chansonniers conscients de la mascarade, invitent notre Pucelle à ne pas descendre de son piédestal pour tomber entre les bras de politiciens véreux ou extrémistes. Déjà sous la troisième république, les extrêmes se ressemblent, avec un Gustave Nadaud (1820-1893) qui dans sa chanson Droite, gauche, centre nous donne un diagnostic contemporain de députés de tous bords. Xanrof (1867-1953), dans La Chambre et le Sénat, semble raconter cette histoire tant entendue de politiciens « politicards et carriéristes » qui ne pensent qu’à leurs portefeuilles. Vincent Hyspa (1865-1938) décrit dans Les Complots un ministre heureux à l’idée qu’on puisse comploter contre la Nation, car tout cela va « arranger ses affaires »... Quelles affaires ? Des affaires politiciennes, comme toujours. Mais des affaires qui inspirent les chansonniers, qui les invitent à chanter l’histoire d’un président « prisonnier de l’Élysée », d’un député qui sait si bien faire la « girouette » et d’un républicain qui aime tout, « sauf la République ». Bref, c’est un regard par « l’œil-de-boeuf » que propose la Clique des Lunaisiens, un regard cocasse, et bienfaisant sur toutes ces chansons qui nous racontent notre Histoire ; l’histoire de nos politiques et de leurs électeurs.Rappelons-le, la route fut longue... sans électeurs, plus d’élections ! « Votez, mais votez pour moi ! », comme dirait l’autre, comme vous dira ce spectacle bonenfant, avec tous ses Cliqueux, chanteurs et instrumentistes, populaires et inspirés qui n’ont qu’une seule envie : « vous amuser sur des sujets sérieux » !

I LEMEETING

Giuseppe VERDILa Force du Destin

AVENEL-BLAQUIÈRE Le Candidat

LE CANDIDAT Nous avons un gouvernementQu’on ne trouve pas dans l’Histoire

LA CANDIDATE C’est un phénomène vraimentQui de la France fait la gloire !Au moment des élections,

LE CANDIDATIl nous fait des concessions ;Il est si bon, c’est sa manièreDe plair’ à la class’ ouvrière

Refrain :Entrez, bourgeois et paysans,Votez, mais votez dans mon sens,Les démocs-socs auront beau direRien ne vaut le Second Empire !

LE CANDIDAT Grand’ est sa popularité

LA CANDIDATE Il la mérite à plus d’un titre ;

LE CANDIDAT Il aura pour l’honnêtetéDans l’avenir un long chapitre.

LA CANDIDATE Chez lui de très honnêtes gensTouchent de très gros traitements,

LE CANDIDAT Ils trouvent que le prolétairePeut vivre d’un mince salaire.

Refrain

Léon XANROF (1867-1953)La Chambre et le Sénat

LE CANDIDATLa Chambre dit au Sénat :Vous retardez l’char de l’État,Tirant à droite constammentVous trouvez qu’on march’ trop viv’mentVous siégez tous les quinze jours,Ça ne peut pas durer toujours.

LA CANDIDATELe Sénat répond : Chez vous,On ne voit que de jeunes fous,Vous avez beau faire du bruit Et travailler même quelquefois la nuit,La roue n’en fait pas plus d’un tourEt cela peut durer toujours.

LE CANDIDATParbleu, dit la Chambr’, chaqu’ foisVous repoussez mes projets d’loi !Pour vous rendre vos bontés,Chaqu’ fois que les vôtres me sont présentés,J’m’assieds d’ssus, mais s’jouer des tours,Ça ne peut pas durer toujours.

LA CANDIDATEL’Sénat dit, C’qui m’choqu’ surtout,C’est de voir votre mauvais goût ;Vous recevez des gens mal mis,Et les vestes que portent messieurs vos amis,Se décous’nt comme leurs discours !Ça ne peut pas durer toujours.

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LE CANDIDATLa Chambr’ répond : mon vieux, je Reconnais qu’vous êt’s sérieux.Vos discours sont instructifs,Semés d’imparfaits de tous les subjonctifsMais vous n’fait’s pas de calembours ! Ça ne peut pas durer toujours.

LA CANDIDATEMais l’Sénat dit ; mon enfantS’disputer c’est inconvenant ;N’blaguez plus sur la religionNous pourrons, tranquill’, à cett’ conditionDe notr’ mandat finir le coursCar il peut pas durer toujours.

Nicolas BOILEAU (1636-1711) Quand on n’a pas le souMusique attibuée à Nicolas Boileau

LA FRANCEPendant que dans un char bondit le millionnaireLe pauvre à l’hôpital va porter sa misère,L’impertinent fripon vit bien de charité,Mais l’indigent honteux meurt dans l’honnêtetéJugeant vos qualités toujours d’après la somme, Quand on est pauvre, hélas, on n’est pas honnête homme,Pour un riche fripon, on n’a pas de dégoût,Mais on est délaissé quand on n’a pas le sou.

Dans une église, un jour, croyant être à mon aiseJ’allais sans hésiter m’emparer d’une chaise ;Mais un certain bedeau me dit sans bégayer :Une chaise en ces lieux, madame, doit se payer ;Mettez-vous à genoux sans crainte sur la pierre

Ou bien restez debout si cela peut vous plaireDans la maison de Dieu l’on doit rester deboutHélas, mes bon amis, quand on n’a pas le sou !

Riche, songe à la mort, cette embûche profonde,Qui sans les avertir, moissonne tout le monde ;Pourquoi par tant d’éclat étonner l’univers ?Puisque dans le cercueil on est mangé des vers ?Malgré tous les trésors, ta majesté si fièreAu jugement de Dieu, va devenir poussièreAu lugubre départ tu regretteras tout :On ne regrette rien quand on n’a pas le sou !

Gustave CHAILLIER (?-1910)La Femme de mes rêves

LE CANDIDATSi je devais épouser une femme,Je la voudrais blonde comme les blés,Je la voudrais ayant une belle âme ;Je la voudrais ayant un joli nez,Je la voudrais plus douce qu’une amande,Je la voudrais en simple falbala,Je la voudrais sans aucune contrebande,Pensez-vous que j’puiss trouver ça?

TUTTIRefrain :Non !Ah ! Madame quel que soit votr’ nom,Je crois bien qu’vous avez raison.

Si je devais épouser une femmeJe la voudrais rond’ et pleine d’appas ;Qu’ell’ n’soit pas gross’ comm’ un hippopotame,Qu’ell’ n’soit pas mince comm’ un échalas.Je la voudrais plus douce qu’une biche,

Je la voudrais, c’est dur à dire comm’ çaJe la voudrais fidèl’ comm’ un canichePensez-vous que j’puiss’ trouver ça?

Refrain

Si je devais épouser une femme,Je la voudrais seulement faite au tour ;Je la voudrais pleurant au mélodrame,Je la voudrais palpitante d’amour ;Je la voudrais sans parents, de manièreÀ n’avoir pas, vous comprendrez cela,Cet animal, qu’on nomme Belle-mère,Pensez-vous que j’puiss’ trouver ça?

Refrain

Si je devais épouser une femmeJe la voudrais ignorant ses appasJe la voudrais peu forte sur la gamme,Je la voudrais surtout ne ronflant pas ;Je la voudrais confiante et discrèteJe la voudrais me traitant en pacha,Je la voudrais sachant fair’ un’ om’lettePensez-vous que j’puiss trouver ça ?

Refrain

Charles POURNY (1839-1905) L’Impôt sur les célibataires Paroles d’Angélina Lamy

LA CANDIDATESexe barbu, qui de l’espèce humaine, Forme ici-bas la plus laide moitié,L’heure est venue et nous brisons la chaîne,Qui sous tes lois nous relient sans pitié.Bientôt, maris, vos épouses rebellesDe nos exploits vont suivre les leçons.Nous commençons, debout mesdemoiselles,Et déclarons la guerre aux vieux garçons !

Refrain :En guerre ! En guerre !

De la révolte levons le drapeau !Nous voulons un impôt Sur les célibataires !

Tout ici-bas, à ce que l’on assure,A son emploi, cela dépend du goût.Tout est utile et seul dans la natureLe vieux garçon ne sert à rien du tout.Arbres sans fleurs, parasite, stérileQui, grâce à nous, sera bientôt détruit…Il faut couper, puisqu’il est inutile,Tout arbre qui ne porte pas de fruit.

Refrain

Au genre humain ne rendant nul service,Le vieux garçon vivant sans embarras ;Ne payant pas même un mois de nourrice ;De qui fait-il le bonheur ici-bas !...Dans son sérail aux passions jalouses,Voyez le Turc ! Ce digne enfant d’Allah,Lui, chaque jour, de ses soixante épousesFait le bonheur… parlez-moi d’ces homm’s-là.

Refrain

De sa moitié le mari plein d’usagePorte l’enfant, porte le petit chien ;Porte l’ombrelle et parfois davantage…Le vieux garçon que porte-t-il, lui ?... Rien !Objets de luxe, ornements d’étagère ;Du Créateur oubliant les leçons,Ces monstres-là seraient-ils sur la terreSi leurs papas étaient restés garçons ?

Refrain

Charles LECOCQ (1832-1918)La Fille de Madame Angot : « Voyons, Monsieur, raisonnons politique »

LA CANDIDATEVoyons, Monsieur, raisonnons politique.

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LE CANDIDATParler politique, avec vous ?

LA CANDIDATEEt pourquoi pas ?

LE CANDIDATMais entre nous, c’est un sujet peu poétique ?

LA CANDIDATEJe veux pourtant savoir pourquoi,Lorsque vous êtes devant moi,L’ancien régime seul vous tente.Parlez-vous, si jeune et si beau ?Que vous a fait le régime nouveauQu’aujourd’hui je vous représente?

LE CANDIDATAh ! Ne me dites-pas cela :Si le nouveau régim’ est là,Il est charmant car il n’opprimeQue par l’éclat de ses beaux yeux,En le voyant si gracieux,Si doux, si beau, si généreux,Comment ne pas être amoureuxAmoureux du nouveau régime ?

LA CANDIDATEAh ! Vous rendez mon cœur à l’espérance!Que tout regret soit effacé,Allez, poète du passé, Rajeunissez avec la France,Voyez ce qu’elle vous promet.

LE CANDIDATMais la vielle France m’aimait,Serais-je aimé de la nouvelle ?

LA CANDIDATEOui, je vous en fais cautionEll’ vous aim’ à l’adorationEt c’est moi qui parle pour elle.

LE CANDIDATAh ! Ne me dites pas cela

Si la nouvelle Franc’ est là...

LA CANDIDATEEh bien ?

LE CANDIDATEh bien, je la trouve sublime,Et lorsque je l’admire en vous, Je rêve le sort le plus doux.Le Paradis s’ouvre pour nous :Voyez, je tombe à vos genoux,Aux genoux du nouveau régime!

Jules JOUY (1855-1897)Un Bal chez le Ministre

LA FRANCEDans ses salons, un ministre,Pour les victimes d’un sinistre,Avait organiséUn grand bal déguisé.On y voyait tous les membresD’l’Institut et des deux chambres,Sénateurs, députésÉtaient invités.

Sur un air de concert,Tous ces illustres mazurkaient Et polkaientSous les grands lustres,Gros richards ou dêchards,Nobles ou rustres,Harassés, entassés,Tournaient enlacés.

Sur le trottoir, en face, dans la rue,Le bon peuple des badauds Regardait les grands rideauxEt s’écriait à chaque ombre apparue :« De tous ces jolis danseurs,J’sons les électeurs.Regardez-les donc sauter ;C’est nos députés ! »

Tous les partis politiques,Les modernes, les antiques,Obscurs ou réputés,Étaient représentés.Les r’présentants des deux centresY balladaient leurs gros ventresLe parti ouverrierAvait envoyé.

Hobereaux, radicaux,Entre chaqu’ danse,Détalaient et filaientS’remplir la panse.L’air joyeux, chacun d’eux,Faisant bombance,S’étouffait et bouffaitDevant le buffet.

Sur le trottoir, en face, dans la rue,Le bon peuple des badaudsRegardait les grands rideauxEt s’écriait à chaque ombre apparue :De tous ces jolis mangeurs,J’sons les électeurs.Regardez-les boulotter ;C’est nos députés ! »

Lorsque sonnèrent deux heures,Pour regagner leurs demeures,Sénateurs, députésFir’nt appl’er leurs coupés,Engoncés dans des fourrures,Pénétrant dans leurs voitures,S’assir’nt commodémentEt filèr’nt viv’ment.

R’présantants importantsDu mond’ moderneDont la main su’ l’chemin,Seul’, nous gouverne,Là-bas, luit, dans la nuit,L’feu d’leur lanterne.Éméchés, d’vin bouchés,I’s rentr’nt se coucher.

Sur le trottoir, en face, dans la rue,Le bon peuple des badaudsRegard’ filer leurs landausEt s’écriant à chaque ombre apparue :« C’est tout d’mêm’ rud’ment flatteurD’êtr’ leurs électeurs.I’s vont tous se pagnotter ;C’est nos députés ! »

Frédéric BOISSIÈRE (?-1889) Un Vrai Républicain

LA FRANCETu dis, Finot, que t’aim’s la République,T’es employé, tu voudrais d’l’avanc’ment,Et fidèl’ment tu chang’s de politiqueÀ chaque fois qu’chang’ le gouvernement.Servir la Franc’ est d’un bon patriote,Mais blanc ce soir et demain sans culotte…Ta politique est cell’ d’un arlequin,Ce n’est pas cell’ d’un vrai républicain.

LA CANDIDATETu veux, dis-tu, soulager la souffrance,T’aim’s ton prochain, c’est d’la fraternité ;Mais on prétend que quand tu fais bombanceTu n’invit’s pas l’camarad’ d’à côté,S’régaler seul, c’est d’un aristocrate.Puisque tu veux passer pour démocrate,Aux malheureux, fais partager ton pain,C’est c’que doit fair’ un vrai Républicain.

LE CANDIDATEt moi, je dis qu’l’heur’ est enfin venueDe supprimer tous les gros traitements.J’suis pas furieux parce qu’on diminueDe quinze francs sur mes appointements.En vérité, j’admire votr’ bonhommie,Vous, démocrate par goût d’économie !À condition qu’on gratt’ sur le voisin,Oui, moi je suis un vrai Républicain.

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TUTTIEnfin, Finot, tu n’es qu’un égoïste,C’que t’aimes au fond c’est pas l’pays, c’est toi,Tu te prétends aujourd’hui socialiste,J’t’ai vu jadis, crier : « Vive le Roi » !C’est chez les autres que tu veux qu’on réforme,C’que tu d’mand’s là, farceur, c’est pour la forme,Tu n’as jamais été qu’un mannequin ;Tu n’fras jamais un vrai Républicain.

Vincent HYSPA (1865-1938) Les Complots

LE CANDIDATDe grand matin le préfet de policeAu ministre de l’IntérieurQui est toujours sorti,Dit avec terreur :On m’a parlé d’un complot anarchisse !Hein ? fait le Ministre en sursaut ;Que ne le disiez-vous plus tôt !Un complot, nom d’un chien !Ah ! Diable, mais ça va bien !Cela va m’éviterLa pein’ de l’fabriquer…Vl’à plus d’un mois et d’miQu’on n’a sauvé l’Pays,Et si ça continu’,L’ministère est foutu !

Mais subit’ment au Préfet de PoliceLe Ministr’ de l’Intérieur lui dit avec terreur :« Dites-donc ce complot, c’est-y bien sérieux ? »« On ne connaît pas encor’ les complices »Répond le préfet, « mais depuis hierÀ Saint-Denis on sent ça dans l’air. »Le ministre à ces motsDit : «N’hésitons pas ! Il fautQue sans retard aucun,Nous arrêtions quelqu’un !

Pour commencer, voyons, Voyons… arrêtez donc…Arrêtez… Déroulè-de, et nous verrons après. »

Un mois plus tard : conspiration nouvelle.« Dans quel quartier ça s’passe-t-il ?Demand’ le Ministre en fronçant le sourcil ».« Je crois, dit l’préfet, qu’ça s’passe à Bruxelles,À moins que nos douaniers pourtant… »Mais le Ministr’ l’interrompant :« À nous les grands moyens !Parlons peu, mais parlons bien.D’abord sans r’tard aucun,Faut arrêter quelqu’un.Pour commencer voyons,Voyons, arrêtez donc…Arrêtez… Déroulè-de, et nous verrons après ! »

Un mois plus tard, grand complot royalisse :« Avez-vous au moins quelques noms ? »Demand’ le ministre en plissant le front.« Nous n’avons pas encore le moindre indiceDit le préfet, mais ça ne va… »« Mais si ! Fait le Ministre, ça va !Ça va, soyez-en sûr,Comme un complot sur mesur’ !D’abord, sans r’tard aucun,Faut arrêter quelqu’un.Pour commencer, voyons,Voyons, arrêtez donc…Arrêtez… Déroulè-de, et nous verrons après ! »

« Ça ne s’peut pas dit l’préfet au Ministre,Car Déroulède est arrêté ! »« Allons bon ! S’écrie l’ministre épaté,Il est dedans ? L’imbécile ! Ah ! Le cuistre !Qui donc l’a arrêté ? Nous vl’à frais,L’animal l’aura fait exprès…Si l’on pouvait seul’mentL’faire sortir un instant…Pourtant, sans r’tard aucun

Faut arrêter quelqu’un,Et puisque vous n’pouvezEn somme l’arrêterCe sinistre farceur…Arrêtez donc sa sœur !... »

Pierre DEGEYTER (1848-1932)Variations sur L’Internationale

IILERÊVE

Adrien-Francis RODEL (?-1926)Le Galant Siffleur

LE CANDIDAT« Les mains des femmes sont-elles bien faites pour le pugilat de l’arène publique ? Plus que pour le maniementdu bulletin de vote, les mains de femmes sont faites pour être baisées, dévotement quand ce sont celles des mères, et baisées amoureusement quand ce sont celles des femmes et des fiancées... séduire et reproduire, c’est pour cela qu’est faite la femme ».

Sur un air de Maurice MAC-NAB (1856-1889)Le Métingue des femmesParoles de Léon Xanrof (1867-1953)

LA CANDIDATEL’aut’jour je lâch’ mon homme et la boutique :Des citoyenn’s y avait convocationPour discuter en réunion publiqueLe droit d’la femme et sa r’vendication.Quoiqu’ma fill’ n’ait qu’cinq ans, comm’ é s’distingueJ’la mèn’ entendr’ les discours de nos sœurs ;Et nous voilà tout’s les deux au meetingue,Au grand meeting’ des femmes électeurs.

V’là que j’demande à c’qu’on m’fich’ la parole ;La présidente, un’chipi’, m’dit comm’ça :« Faudrait d’abord que tu z’aill’ à l’école,Avant d’vouloir parler d’ces questions-là ! »Moi, j’lui réponds en la traitant d’grand’ bringue,D’boîte à poubelle et d’chaussett’s de facteur ;On s’aurait cru à la Chambre, dans le meetingue,Dans l’grand meeting’ des femmes électeurs.

Là-d’ssus é m’trait’ de dernièr’ des dernières,Et j’l’escalade pour lui crêper l’chignon ;J’l’aurais mangé, mais vl’à qu’sur mes derrières,D’un lâch’coup d’pied j’reçois l’affront d’un gnon.C’était mon homm’ qu’arrivait d’chez l’mann’zingueM’offrir le s’cours de ses bras protecteurs ;Et j’suis r’venue avec lui du meetingue,Du grand meeting’ des femmes électeurs.

Nous somm’s rentrés, mais avant d’faire un somme,Mon mari m’a donné ses argumentsEt fait voir la supériorité d’l’homme,Avec un grand renfort de documents ;Si j’me souviens, i m’en a montré cinqu,Mêm’ qu’en voyant ses talents orateurs ;J’y ai dit : « J’te jur’ que j’irai plus au meetingue,Au grand meeting des femmes électeurs ! »

Maurice MAC-NAB / R. BACCHINI Le Clysopompe

LE CANDIDATN’auriez-vous pu, Madame, à mes regards cacher

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L’objet dont vous ornez votre chambre à coucher ?Je suis observateur, et si je ne me trompe,Le bijou dont je parle était un clysopompe.Jamais on n’avait vu pareil irrigateur ;Spectacle sans égal à l’œil d’un amateur,Orné d’un élégant tuyau jaculatoire,Vers le ciel il tendait sa canule d’ivoire !

Sur votre table de nuit, dans l’ombre et le mystèreSans doute il attendait votre prochain clystère...Mais qu’importe si j’ai, d’un regard indiscretDe vos ablutions pénétré le secret !

Ce qu’il faut vous conter, c’est que la nuit suivante,Un cauchemar affreux me remplit d’épouvante :J’ai rêvé... que j’étais clysopompe à mon tour,De vos soins assidus entouré nuit et jour.

Vous me jetiez soudain au fond d’une cuvetteVous pressiez mon ressort d’une main inquiète,Sans vous douter, hélas, que votre individuContre mes yeux n’était nullement défendu.

Et moi, je savourais l’horizon grandioseQue je devais, madame, à ma métamorphose,Si bien qu’en m’éveillant, j’étais bien convaincuD’avoir toute la nuit pénétré votre...

Joseph-André VIGNIXLa Prière de Jeanne d’ArcParoles de Camille Soubise (1833-1901)

LA FRANCEOh, toi, Jeanne la Lorraine,Dont les souvenirs touchants

Font aimer mieux qu’une reineUne humble fille des champs,Autrefois par la bruyère,Tu t’en allais en rêvant,Et dans ma douce prière,Je murmurais bien souvent :

Refrain :Veille, veille mon Dieu,Sur la colombe et l’abeille !Veille, veille mon DieuSur notre France au ciel bleu !

À tous rendant l’espérance,Vierge à l’auréole d’or,Tu fus l’ange de la France :Tu peux la venger encore !Car la prière est puissantePrès du père des humains,Et de ta voix caressanteTu lui dis, joignant les mains :

Refrain

Jules OUDOT (1861 - ?)Les Lamentations de Jeanne d’Arc

LA CANDIDATEOn n’en finira donc jamaisDe m’faire ici-bas d’la réclame !Partout j’obtiens mon p’tit succès,À propos de tout l’on m’acclame.Je pensais après mon trépas,Jouir du r’pos… erreur amère :Tout ça, parce que je n’ai pasÉgaré la croix de ma mère.

À tous les partis j’appartiens,Je suis la femme universelle ;Royalistes, républicainsSe réclament de la Pucelle.On avait même prétenduEn moi voir une socialisse ;Pourtant puisque j’nai rien perdu,

Je suis plutôt conservatrice.

On me plante droite à chevalSur la place des Pyramides ;J’avoue que je suis assez mal,Surtout quand les temps sont humides.Je reste là les bras en l’air,Enfermé’ dans mes balustrades,Si seulement j’pouvais m’abriter,En cas de pluie sous les arcades.

Raoul PUGNO (1852-1914)Les Rois en exil : Hymne dalmate

IIILERÉVEIL

Gustave NADAUD (1820-1893)Droite, gauche, centre

Refrain :La droite qui boîte, emboite, déboite ses preux.La gauche qui fauche, embauche, débauche ses gueux.Le centre qui rentre son ventre, reste entre les deux.

LA FRANCEThéâtre folâtre de tous leurs exploits,Nous sommes les hommes dits simples bourgeois ;La cible sensible qui reçoit les coups ;L’agnelle qui bêle au milieu des loups.Matière première de tous les impôts ;Commerce qui verse le vin le vin dans les pots ;Sans gloire, sans boire, nous les remarquons,La bouche farouche, vidant nos flacons.

Refrain

TUTTILa lice propice s’ouvre au noble duc ;Il lance la lance d’un parti caduc.Sans phrases Decazes fait un court discours ;Debroille s’embroille en discours moins courts.Le prince qui grince en ce désarroi,Veut être son maître, plutôt qu’être roi.Défaite parfaite, qui bien le convainc,Qu’à battre le quatre, vaut mieux que le cinq.

Démordre de l’ordre, c’est s’abandonner.La palme du calme, à qui la donner ?L’épée trompée du duc Mac-MahonAchève le rêve du Roi Pharaon.Mais vite, la suite, à qui donc ? Je croisTon zèle fidèle, Bocher-Sainte-Croix.La paire espère qu’au bout de sept ansUn maître peut-être viendra d’Orléans.

Refrain

Gaston SERPETTE (1846-1904)Shakspeare : « Couplets de la politique »

LA CANDIDATEQuand on gouverne et qu’on est maître,Mon cher, il est une raisonQu’il faut savoir, qu’il faut connaître :Elle est bonne en toute saison.

LE CANDIDATVoyons la raison.

LA CANDIDATEC’est le moyen le plus pratiqueDe museler les indiscretsVoulant pénétrer vos secrets ;On dit c’est d’la politique !

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Refrain :LA CANDIDATE

Grâce à ce mot magiqueOn peut avec simplicitéSe moquer de la loyauté,On peut, avec sérénitéManquer à la moralité,Ou s’arroger la privautéD’ignorer la légalitéL’honnêteté, la dignité, l’équitéOn peut n’avoir nulle capacitéD’un mot tout est escamoté, Chut ! C’est de la politique !

LE CANDIDATQuoi, d’un mot unique ?J’en suis épaté !

LA CANDIDATEOui, je vous l’indique.

ENSEMBLEC’est de la politique !

LA CANDIDATEVous ne savez pas vous y prendre,Si vos gens d’un air insolent,Vous sollicitent de les prendre,Répondez-leur incontinent.

LE CANDIDATRépondre ? Et comment ?

LA CANDIDATEPermettez que je vous explique.C’est un complot, un attentat !

LE CANDIDATJ’invoque la raison d’État !

ENSEMBLEMessieurs, c’est de la politique !

LA CANDIDATEGrâce à ce mot magique

On peut avec simplicitéSe moquer de la loyauté.

LE CANDIDATOn peut, avec sérénitéManquer à la moralité,

LA CANDIDATEOu s’arroger la privautéD’ignorer la légalité

LE CANDIDATL’honnêteté,

LA CANDIDATELa dignité,

LE CANDIDATL’équité

LA CANDIDATEOn peut n’avoir nulle capacité

LE CANDIDATD’un mot tout est escamoté,

LA CANDIDATEChut ! C’est de la politique !

LE CANDIDATQuoi, d’un mot unique ?J’en suis épaté !

LA CANDIDATEOui, je vous l’indique ;

ENSEMBLEC’est de la politique !

Aristide BRUANT (1851-1925) Plus d’patrons

LA FRANCEJ’suis républicain socialisse,

Compagnon, radical, ultra,Révolutionnaire, anarchisse,Eq’coetera… eq’coetera…Aussi j’vas dans les métingues,Jamais je n’rate un’ réunion,Et j’pass’ mon temps chez les mann’zinguesOùs qu’on prêch’ la révolution.

C’est vrai que j’comprends pas grand’choseÀ tout c’qu’y dis’nt les orateurs,Mais j’sais qu’i’s parl’nt pour la bonn’ causeEt qu’i’s tap’nt su’ les exploiteurs.Pourvu qu’on chine l’ministère,Qu’on engueul’ d’Aumale et Totor,Et qu’on parl’ de tout fout’ par terre !...J’applaudis d’achar et d’autor.

C’est d’un’simplicité biblique.D’abord faut pus d’gouvernement,Pis faut pus non pus d’République,Pus d’Sénat et pus d’ParlementPus d’salauds qui vit à sa guise,Pendant qu’nous ont un mal de chien…Pus d’lois, pus d’armée, pus d’Église,Faut pus d’tout ça… faut pus de rien !

Alors c’est nous qui s’ra les maîtres ;C’est nous qu’on f ’ra c’qu’on voudrons,Y’aura pus d’chefs, pus d’contremaîtres,Pus d’directeurs et pus d’patrons !Minc’ qu’on pourra tirer sa flemme,On f ’ra tous les jours l’lundi,Oui… mais si n’y a plus d’patrons même,Qui qui f ’ra la paye l’sam’di ?

Vincent HYSPA (1865-1938) Le Toast du Président

LE CANDIDATJe suis heureux… et je vous remercieDu grand espoir que vous fondez sur

nous…Je suis heureux et puisqu’on m’y convie,Je dirai plus… je dirai comme vous.La République sera toujours prospère,Tant qu’on vivra… dans la prospérité…C’est dans c’t’esprit que je lève mon verre,Et que je bois à sa félicité.

LA CANDIDATEJe suis heureuse… lorsque je considèreQue le progrès a marché… jusqu’ici…Vos hôpitaux sont pleins… tout est prospère…Et le négoc’ ne va pas mal… merci.Les banquiers prennt’ jusqu’au dl’à des frontièresVos intérêts… et votre capital…C’est dans c’t’esprit que je lève mon verre,Et que je bois au progrès général.

LE CANDIDATJe suis heureux… ma joie est ineffable,Et c’est un peu pour ça que je vous l’dis,Heureux… de boire en ce jour mémorable,Qui tous ensemble… ici… nous réunit.Aux habitants, tout comme aux fonctionnaires,Aux étrangers… qui ne sont pas d’ici…C’est dans c’t’esprit que je lève mon verre,Et que je bois au jour… d’aujourd’hui.

LA CANDIDATEJe suis heureuse… de boire, on l’imagine,À nos marins… ces braves matelots,Sans les marins… y aurait pas d’marine,Sans les marins… pas d’vaisseaux et pas d’eau ;Grâce aux marins, c’est extraordinaire,Nos cuirassés… revienn’t souvent sur l’eau.C’est dans c’t’esprit que je lève mon verreEt que je bois à ces dompteurs de flots.

LA FRANCEJe suis heureuse… car mon âme… est joyeuse…

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De cette joie… qui fait mon bonheur ;Et ta sœur ? Dites-vous, est-elle heureuse ?Elle est heureus’, ma sœur, elle est ailleurs !Elle est ma sœur parce que je suis sa sœur,Je suis sa sœur… parce qu’elle est ma sœur…C’est dans c’t’esprit que je lève mon verre,Et que je bois à tous les liens du cœur.

TUTTIOn est heureux… comme tout vous l’indique,On croit d’ailleurs… vous l’avoir déjà dit…Quand on voyag’ c’est un’ joie uniqueD’trouver quelqu’un pour parler… du pays ;Malheureus’ment, les jours… sont éphémères…Il va falloir qu’on fout’ le camp d’ici…C’est dans c’t’ esprit qu’on lève notre verreEt qu’on boit… tout comme on vous le dit.

Léonie COLLONGESLe Drapeau de la France G. ROSECitoyens, unissons-nous !

LA FRANCELes voilà partis, ces sauvagesDont notre sol comptait les pas,Dont nos cœurs gardaient les ravagesEt dont nos regards étaient las !

Ils sont partis, levons nos têtes,Déchirons leur noir oripeau,Librement commençons nos fêtes,La France a repris son drapeau.

Pour nous, reprends ton vol, Symbole de puissance,Plane sur le progrès victorieux !Pour célébrer le bonheur de la FranceQue nos accents s’élèvent jusqu’aux cieux !

Peuple français pour que la RépubliqueEn grandissant soit forte aux yeux de tous

Plus de partis, plus de politique,Soyons unis, soyons unis, Citoyens, aimons-nous !

LESINTERPRÈTES

Lara Naumann sopranoLara Neumann étudie le théâtre aux Cours Simon et aux Enfants Terribles (1997-2001). Elle interprète Lucienne (Lucienne et les garçons) et reçoit le prix Spedidam (2006), Félicie (Ô mon bel inconnu/Hahn) à l’Opéra de Rennes et à l’Opéra de Metz (2009), Aspasie (Phi-Phi/Christiné) puis Angélique (Les Chevaliers de la Table ronde/Hervé) avec la compagnie Les Brigands (2010-2012), Fleur (Mon amie Cordy !) spectacle qu’elle écrit avec Emmanuel Touchard et Flannan Obé.

Ingrid Perruche sopranoAprès une licence de lettres, Ingrid Perruche intègre le Conservatoirenational supérieur de musique de Lyon puis celui de Paris dans les classesde Glenn Chambers. Elle est « Révélation artiste lyrique de l’année » aux Victoires de la musique classique 2005. Son aisance dans le répertoire baroque lui permet d’aborder les grands rôles de Lully et Haendel avec notamment Christophe Rousset. Sa carrière internationale la conduit à New York, Londres, Vienne, Lausanne, Genève ainsi qu’en Turquie, en Espagne et au Japon. En France, elle se produit au Théâtre des Champs-Élysées, au Théâtre du Châtelet, à l’Opéra Comique, à la Salle Pleyel ainsi qu’à Lyon, Versailles, Montpellier, Beaune, Bordeaux ou Nancy.

Arnaud Marzorati directeur artistique, baryton et siffleurArnaud Marzorati débute le chant à la Maîtrise du Centre de musique baroque de Versailles et obtient un premier prix au CNSMDP, où il se perfectionne ainsi qu’à l’Opéra Studio de Lyon. Illustré par une trentaine de disques, son répertoire s’étend du baroque à la création contemporaine. Avec la Clique des Lunaisiens (ensemble soutenu par la DRAC Hauts-de-France), il s’entoure d’artistes ayant le même idéal de « l’art du mot chanté ». Ses recherches sur les origines de la chanson ont permis la sortie chez Alpha de trois disques sur Pierre-Jean de Béranger, Gustave Nadaud et 1789. Un dernier, autour des chants révolutionnaires du XIXe siècle et paru chez Paraty, a fait l’objet d’un soutien du Palazzetto Bru Zane, tout comme celui dédié à Gustave Nadaud.

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La Clique des LunaisiensFaire chanter la mémoire : avec sa Clique des Lunaisiens, Arnaud Marzorati propose au public de (re)découvrir la chanson française, de ses origines au XXe siècle. En explorant ce répertoire, trop souvent oublié dans les bibliothèques, ce baryton passionné de littérature remet au goût du jour les premières chansons à textes de l’histoire. Des œuvres qui sont autant de témoignages précieux du passé, de l’aventure humaine et de la musicalité foisonnante propre à chaque époque. Tragique ou ludique, savante ou inventive, la chanson française permet à la fois d’instruire, d’émouvoir et d’éveiller. Puisant dans une littérature qui va de l’univers enfantin à celui de l’adulte, elle touche tous les publics et révèle ainsi son potentiel de passeuse, de gardienne d’une noble poésie populaire qui chante à nos oreilles et à nos âmes. À travers ce patrimoine vocal et populaire et en choisissant de sortir des concerts traditionnels, c’est bien l’histoire et la littérature que la Clique des Lunaisiens transmet dans ses spectacles depuis bientôt dix ans. Avec Votez pour moi !,requête du Palazzetto Bru Zane en 2016, l’ensemble se plonge avec délectation dans une escapade ludique et politique !

L’ensemble La Clique des Lunaisiens bénéficie du soutien de la DRAC Hauts-de-France, au titre de l’aide à la structuration. Ce spectacle a bénéficié d’une résidence de création au Théâtre du Château de la Ville d’Eu.

ETPOURPROLONGERLESPECTACLE,RETROUVEZLECDAUTOURDELACHANSONPOLITIQUEDUXIXESIÈCLE

Votez pour moi !LA CLIQUE DES LUNAISIENSArnaud Marzorati directeur artistique, baryton et siff leurLara Neumann sopranoIngrid Perruche soprano

APARTÉ/PALAZZETTOBRUZANE(2017)Référence:AP146

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LEPALAZZETTOBRUZANECENTREDEMUSIQUEROMANTIQUEFRANÇAISE

Le Palazzetto Bru Zane – Centre de musique romantique française a pour vocation la redécouverte et le rayonnement international du patrimoine musical français du grand XIXe siècle (1780-1920). Il s’intéresse aussi bien à la musique de chambre qu’au répertoire symphonique, sacré et lyrique, sans oublier les genres légers qui caractérisent « l’esprit français » (chanson, opéra-comique, opérette). Installé à Venise dans un palais de 1695 restauré spécifiquement pour l’abriter, ce centre, inauguré en 2009, est une réalisation de la Fondation Bru.

Afin de mener à bien sa mission, le Palazzetto Bru Zane développe de nombreuses actions complémentaires :

• La production de concerts et de spectacles présentés à Venise – au sein d’une saison alternant événements musicaux et conférences –, à Paris – chaque année au mois de juin dans le cadre du Festival Palazzetto Bru Zane – et dans le monde entier, en partenariat avec de nombreuses salles et festivals.

• La production et la publication d’enregistrements qui fixent l’aboutissement artistique des projets développés : trois collections de livres-disques, « Prix de Rome », « Opéra français » et « Portraits »

et de nombreux partenariats avec des labels tiers.

• La coordination de chantiers de recherche en collaboration avec des musicologues, des institutions internationales et des descendants de compositeurs du XIXe siècle.

• Le catalogage et la numérisation de fonds documentaires et d’archives publiques ou privées en lien avec le répertoire défendu : fonds musical de la Villa Médicis, livrets de mise en scène de la Bibliothèque historique de la Ville de Paris, archives Pleyel/Érard/Gaveau de la Cité de la musique, archives privées liées au violoniste Pierre Baillot…

• L’organisation de colloques en collaboration avec différents partenaires : Centro Studi Opera Omnia Luigi Boccherini, Bibliothèque nationale de France, Opéra Comique, Conservatoire national supérieur

de danse et de musique de Paris, CNRS…

• La réalisation de partitions inédites et la publication d’une collection de livres en coédition avec Actes Sud – ouvrages collectifs, essais musicologiques, actes de colloques, écrits du XIXe siècle ou livres de poche.

• La mise à disposition de ressources numériques en lien avec la musique romantique française via la base de données bruzanemediabase.com.

• Une webradio, Bru Zane Classical Radio, qui diffuse « 24h/24 » une programmation consacrée au romantisme musical français.

• Des actions de formation à destination de jeunes musiciens professionnels grâce à l’organisation de master-classes avec le Jeune Orchestre Atlantique (démarche d’interprétation sur instruments anciens), l’Académie Internationale de Musique Maurice Ravel (interprétation du répertoire chambriste et lyrique), ainsi qu’une collaboration artistique avec la Chapelle Musicale Reine Elisabeth (formation de haut niveau dans les disciplines du chant, violon, piano, violoncelle, alto et de la musique de chambre).

• L’attribution de Prix Palazzetto Bru Zane dans le cadre de concours internationaux afin de récompenser l’interprétation d’œuvres rares du répertoire romantique français (Concours international

de musique de chambre de Lyon).

• Des actions en direction du jeune public grâce au programme Romantici in erba, en lien avec les écoles maternelles, primaires et collèges de la Vénétie, et à un cycle de concerts pour les familles à Venise.

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Palazzetto Bru ZaneCentre de musique romantique françaiseSan Polo 2368, 30125 Venise - Italie+39 041 52 11 [email protected]

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